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Bonjour à tous. La 35
e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de ce lundi 25 octobre 2010 est ouverte.
Je rappelle à tous que la séance d'aujourd'hui est télévisée, et je vous demanderais de bien vouloir mettre votre cellulaire ou votre BlackBerry en mode silence afin de ne pas perturber nos délibérations.
Nous commençons aujourd'hui une étude de questions entourant la sécurité aux sommets du G8 et du G20. Nous souhaitons la bienvenue à l'honorable Vic Toews, ministre de la Sécurité publique, que nous allons entendre au cours de la première heure de séance.
Merci, monsieur le ministre, de prendre le temps de comparaître pour parler de cette question, malgré votre horaire chargé.
Du Bureau du Conseil privé, nous accueillons également comme témoin M. Ward Elcock, conseiller spécial, et Marie-Lucie Morin, conseillère à la sécurité nationale auprès du et secrétaire associée du cabinet.
De la Gendarmerie royale du Canada, nous recevons le surintendant principal Alphonse MacNeil, commandant divisionnaire des opérations 2010 du G8 et du G20, du service intégré de sécurité.
Je crois comprendre, monsieur le ministre, que vous allez faire une déclaration préliminaire. Vous avez déjà comparu devant notre comité à de nombreuses reprises. Nous vous en remercions. Vous connaissez la façon de procéder pour ce qui est des questions. Nous vous invitons donc à nous présenter vos observations.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais vous féliciter de votre élection comme président du comité; cela démontre toute la confiance que les membres du comité ont à l'égard de vos qualifications et de vos capacités. Je ne crois pas avoir eu l'occasion de comparaître devant le comité depuis que vous en avez assumé la présidence.
Quoi qu'il en soit, je suis heureux de comparaître devant le comité pour expliquer les coûts de la sécurité aux sommets du G8 et du G20.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné aujourd'hui de hauts fonctionnaires très qualifiés qui sauront répondre en détail à toutes vos questions. Ce sont de hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral qui ont participé à la préparation et à la mise en place de la sécurité aux sommets du G8 et du G20. Je suis certain qu'ils sauront répondre à toutes vos questions sur les points de détails opérationnels des sommets et notamment les coûts spécifiques.
Le portefeuille de la Sécurité publique comptait sur un certain nombre de partenaires pour assurer la sécurité des sommets du G8 et du G20. Le montant global attribué au portefeuille de la Sécurité publique était de 790,1 millions de dollars, ce qui représente environ 85 p. 100 du budget de la sécurité qui se chiffrait à 930 millions de dollars.
Les fonds ont été répartis de la façon suivante entre les organismes: 507,5 millions de dollars ont été attribués à la GRC pour les activités de planification et les opérations liées aux opérations de police et à la sécurité aux deux sommets; 278,3 millions de dollars à Sécurité publique pour l'administration de la Politique-cadre sur les coûts de la sécurité et le défraiement des partenaires de la sécurité pour leurs frais additionnels et exceptionnels liés à la sécurité; 3,1 millions de dollars au Service canadien du renseignement de sécurité pour la fourniture de soutien au renseignement de sécurité sur les menaces à la sécurité nationale du Canada, la sécurité des sommets du G8 et du G20 y compris; 1,2 million de dollars à l'Agence des services frontaliers du Canada pour les activités associées à la fourniture de services frontaliers supplémentaires et au soutien des programmes essentiels à l'occasion des sommets du G8 et du G20.
Des investissements de cette mesure s'imposaient compte tenu de la portée et de l'ampleur des opérations de sécurité associés à l'organisation de deux grands sommets qui se sont tenus de suite l'un après l'autre, ce qui ne s'était jamais vu jusqu'alors. Je suis en outre convaincu que nous pouvons tous être fiers de ce que nous avons accompli aux sommets mêmes.
Dans le cadre du Sommet du G8, nous avons abordé une large gamme d'enjeux planétaires, parmi lesquels la paix et la sécurité internationales, la durabilité de l'environnement et la reprise écologique ainsi que la reprise économique à l'échelle planétaire. De plus, les pays membres ont adopté l'Initiative de Muskoka, qui prévoit d'augmenter de 7,3 milliards de dollars les dépenses consacrées à la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
À Toronto, le Canada accueillait le premier Sommet du G20 depuis que ce dernier avait été désigné comme la principale tribune pour la coopération économique internationale. Parmi les nombreux secteurs où des avancées ont été faites lors du sommet, mentionnons la prise de mesure en vue de protéger et de renforcer la reprise économique; l'établissement des fondements d'une croissance mondiale forte, durable et équilibrée; la réforme du secteur financier et la stimulation du commerce et de l'investissement. Ce sont là des étapes décisives qui favorisent la mise en place d'une vision commune à l'échelle internationale au moyen de l'harmonisation des mesures et des décisions économiques prises par les pays du G20.
Les pays membres ont accompli beaucoup de choses lors des deux sommets et je pense, cela va sans dire, que le Canada peut se féliciter d'avoir organisé une manifestation d'une telle ampleur alors que le monde avait les yeux tournés vers nous.
Le déroulement sans heurts de ces sommets a nécessité un travail d'organisation énorme et complexe sur le plan de la logistique et de la sécurité. Les coûts ont été plus élevés que nous l'aurions tous voulu, certes, mais il était impossible de faire autrement.
Le Groupe intégré de la sécurité, qui était dirigé par la GRC, s'est occupé de la conception et de la mise en place de la sécurité. Le plan de la sécurité impliquait 10 ministères et organismes du gouvernement fédéral, entre autres, la GRC, Sécurité publique Canada, le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes, Santé Canada, Transports Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, Industrie Canada, ainsi que plusieurs services de police provinciaux et municipaux.
J'aimerais maintenant présenter au comité des chiffres qui permettent de mettre en perspective l'ampleur des sommets et des opérations de sécurité qui leur étaient associées. Le Groupe intégré de la sécurité dirigé par la GRC a été chargé de la coordination de la sécurité. Le GIS était composé de représentants de la Police provinciale de l'Ontario, du Service de police de Toronto, du Service régional de police de Peel et du ministère de la Défense nationale. Plus de 20 000 policiers et militaires ont été déployés dans les centres de commandement unifié ainsi que dans les lieux ou autour des lieux où se sont déroulés les sommets afin d'assurer la sécurité des personnes jouissant de la protection internationale et des membres de leurs délégations. Il est important de souligner qu'il y avait plus de délégués à ces sommets qu'il y avait d'athlètes aux Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver.
Une opération de sécurité d'une telle ampleur ne se fait pas sans engager des dépenses. Il faut un grand nombre d'effectifs, qu'il faut équiper pour qu'ils puissent s'acquitter de leurs fonctions. Il faut prévoir la logistique et l'hébergement pour toute la durée de leur déploiement. Cela a été reconnu par la vérificatrice générale qui a dit:
Il est évident que 1 milliard de dollars c'est beaucoup d'argent, mais je pense que nous avons accepté le fait que la sécurité a un coût élevé. Cela a nécessité la participation de beaucoup de gens pendant une longue période. Nous pensons peut-être que ces réunions ne durent que quelques jours, mais tous les préparatifs nécessitent une planification importante, une coordination à large échelle qui dure plusieurs mois avant l'événement, et je pense que nous devons être très prudents.
La sécurité coûte cher, mais on ne peut s'en passer. L'organisation de tels événements comprend l'obligation d'assurer le niveau adéquat de sécurité. Outre l'obligation morale de protéger les participants à ces sommets, le Canada est aussi lié à une obligation internationale en ce sens qui découle d'une convention adoptée par les Nations Unies en 1973 visant la protection des personnes jouissant de la protection internationale. Qui plus est, il est prévu dans la Loi sur les missions étrangères et les organisations internationales et le Code criminel d'assurer la sécurité des personnes jouissant de la protection internationale.
En tant que gouvernement, nous devons également faire preuve d'ouverture et de transparence au sujet des coûts — et c'est ce que nous faisons. Le gouvernement a fait preuve de transparence à propos du budget total de la sécurité, et ce, depuis le début. Le directeur parlementaire du budget en a convenu dans le rapport publié en juin sur l'évaluation des coûts prévus de la sécurité aux sommets du G8 et du G20 de 2010. Dans son rapport, le DPB a indiqué que le Canada avait fait preuve d'une très grande transparence par rapport à d'autres pays sur les coûts de la sécurité relative aux sommets. Vous savez probablement déjà que la vérificatrice générale procède actuellement à l'examen des coûts de la sécurité pour ces sommets et qu'elle peut compter sur notre entière collaboration. Monsieur le président, cela a certainement été mon intention depuis le début. J'ai dit depuis le début que nos livres sont à la disposition de la vérificatrice générale pour qu'elle en fasse l'examen.
À l'heure actuelle, des membres du portefeuille de la Sécurité publique ainsi que des partenaires de la sécurité qui ont participé aux opérations de sécurité des sommets sont en train de faire les comptes et le rapprochement des dépenses engagées pour la sécurité des sommets. Étant donné les mécanismes de vérification et de contrôle financier prévus dans la Politique-cadre sur les coûts de la sécurité, les coûts définitifs à cet égard ne seront peut-être pas connus avant plusieurs mois. Cela est attribuable au fait que la politique-cadre prévoit un remboursement des partenaires de la sécurité pour les coûts additionnels raisonnables et justifiables. Lorsque les partenaires de la sécurité auront présenté leurs dernières demandes de remboursement, une vérification externe sera menée afin de s'assurer que seuls les coûts admissibles soient remboursés. Toutes les demandes de remboursement doivent parvenir à Sécurité publique au plus tard le 1er décembre 2010. Les dernières vérifications commenceront à la réception de ces demandes et on espère que le processus de vérification sera terminé au 31 mars 2011.
Monsieur le président, je me suis engagé à divulguer entièrement tous les coûts de la sécurité des sommets du G8 et du G20 et je réitère cet engagement aujourd'hui. Le gouvernement, qui est responsable devant la population canadienne, s'est engagé à gérer les ressources financières d'une manière responsable sur le plan financier. Le comité peut être assuré que le gouvernement répondra à toutes les questions qui lui seront posées à propos du budget et des coûts de la sécurité et qu'il déposera le rapport financier complet sur les coûts réels qui ont été engagés dès que ce rapport sera prêt.
Merci. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions ou à demander à l'un de ceux qui m'accompagnent d'y répondre s'ils sont plus qualifiés que moi pour le faire en détail.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le ministre de comparaître devant notre comité aujourd'hui, et merci aussi aux autres témoins.
Monsieur le ministre, comment peut-on se retrouver avec le week-end le plus coûteux de toute l'histoire pour des réunions sans parler de mauvaise gestion. Je voudrais revenir avec vous sur les raisons pour lesquelles les choses se sont aussi mal passées.
Tout d'abord, une décision initiale a été prise pour tenter de coïncider ce sommet dans la circonscription de , un ministre du cabinet de votre gouvernement, mais quand on s'est aperçu que cela n'était pas possible, on a finalement décidé de tenir ce sommet à deux endroits différents, même après que le ministre Clement a expliqué combien d'argent il serait possible d'économiser si les deux sommets se tenaient dans un seul endroit. On a choisi Toronto au tout dernier moment.
Ensuite, plutôt que d'écouter la plupart de ceux qui conseillait de tenir le sommet sur le site de l'exposition nationale canadienne ou un endroit où il était plus facile d'assurer la sécurité et à un coût beaucoup moins élevé, vous avez choisi de le tenir dans le quartier financier en plein coeur de Toronto.
Monsieur le ministre, qui vous a conseillé de tenir ce sommet en plein coeur de Toronto? À qui avez-vous demandé conseil? Avez-vous tenu compte de ces conseils dans votre décision, et dans l'affirmative, pouvez-vous nous dire exactement à qui vous avez parlé et quel conseil on vous a donné?
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Je reviendrai à M. Elcock pendant la deuxième heure.
Monsieur le ministre, abordons maintenant la question des coûts. Vous avez dit à la Chambre, et je cite: « Nous attendons de voir les factures avant de déterminer les coûts ».
Nous avons attendu quatre mois — quatre mois — et nous n'avons encore aucun détail sur les dépenses. Nous savons que cela a coûté 200 millions de dollars, mais nous avons dû faire inscrire la question au Feuilleton pour soutirer cette réponse au gouvernement. Nous savons que cela a servi à acheter des bâtons lumineux et des amuse-gueule et des millions et des millions de dollars ont servi à toutes sortes de choses douteuses, y compris la création d'un lac et le drainage d'un lac. Ce que nous n'avons toujours pas, quatre mois plus tard, ce sont les factures.
Je regrette, mais votre explication ne me satisfait pas — à moins que vous ne vouliez dire que vous avez signé des chèques en blanc. Comment se peut-il que vous n'ayez pas su combien cela coûterait? Si des entrepreneurs vous disent quatre mois après le fait ce que sont des coûts raisonnables, combien de temps attendrez-vous, monsieur le ministre, avant d'obtenir des détails sur ces coûts? Comment se fait-il que quatre mois plus tard, nous n'avons toujours aucun détail sur ces dépenses qui se sont élevées à 1 milliard de dollars?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, mesdames et messieurs, bonjour.
J'aimerais aborder une autre question que celle des coûts, c'est-à-dire celle des droits de la personne. J'aimerais dresser un petit portrait rapide, monsieur le ministre. Plus de 1 000 personnes, approximativement, ont été arrêtées lors des manifestations liées au sommet du G20. On estime que 800 de ces personnes auraient été relâchées sans accusation. La majorité de celles qui ont été accusées ont été absoutes de leurs accusations. Au 14 octobre 2010, dans un rapport qui a été fait par la Ligue des droits et libertés, on indique qu'à peu près 6 personnes auraient été condamnées, et qu'entre 40 et 100 personnes attendent encore leur jugement.
De plus, j'ai rencontré des personnes. Certaines m'ont envoyé leurs déclarations par courriel. On me rapporte les faits suivants. La police aurait tenu des propos injurieux, racistes, haineux, homophobes et sexistes. Elle aurait traité les manifestants de terroristes, de criminels venus détruire la ville et de French shits. On allègue aussi que les propos suivants auraient été tenus envers des homosexuels: « You're fucking disgusting. »
Des journalistes ont aussi été pris à partie. Certains ont été incarcérés, d'autres tabassés. On parle de fouilles à nu, d'intimidation, d'humiliation, de faim, de peur, de froid, de gens qui ont été traités comme des rats et de femmes auxquelles on a enlevé leurs pilules. Des personnes qui avaient le diabète n'avaient pas le droit d'avoir leurs médicaments et des hommes ont été vaccinés sans leur consentement, sans savoir ce qu'on leur injectait. On parle aussi de serviettes hygiéniques. Les femmes auxquelles on a retiré leurs pilules ont toutes eu leurs menstruations. Les serviettes hygiéniques et le papier hygiénique étaient rationnés, les gens dormaient dans le froid, entassés dans des cages. Ils étaient entre 15 et 30 personnes.
On parle aussi de personnes qui ont pu attendre près de 24 heures avant d'avoir droit à un avocat et à un coup de téléphone. Elles ont vécu la peur et ont été traumatisées. Beaucoup de jeunes de 20 ans ou 25 ans, même une mineure, se seraient trouvés dans vos fameuses cages. On parle aussi de fouilles à nu, parfois quatre fois pour la même personne. Ces fouilles se faisaient devant une porte ouverte. Par conséquent, des hommes pouvaient voir tout ça. On parle également de toilettes chimiques dans les fameuses cellules où les gens faisaient leurs besoins devant tout le monde. Il y avait des propos sexistes envers les femmes, ce que j'ai trouvé absolument inacceptable.
Je termine par Mme Amy Miller, journaliste avec laquelle j'ai eu une discussion ce matin. Elle me disait qu'elle partait en vélo pour se rendre au centre de détention provisoire, où il y allait avoir une petite manifestation pour demander la libération de toutes ces personnes. Elle s'est fait arrêter en chemin parce qu'elle était en train de filmer un attroupement de jeunes qui étaient interpellés par la police. Elle avait son badge de journaliste, elle s'est identifiée, et on lui a dit que lorsqu'on aurait « terminé » avec elle, elle ne voudrait plus travailler comme journaliste. On lui a dit qu'on aurait beaucoup de « plaisir » avec elle et qu'elle ne voudrait plus venir à Toronto. On lui a dit: « We're gonna have fun with you. » et qu'on savait comment étaient les femmes de Montréal. Une des femmes qu'elle a rencontrées dans la fameuse cage où elle a été pendant plusieurs heures lui a dit que pendant la fouille à nu, on lui avait introduit le doigt dans le vagin.
Cela étant dit, monsieur le ministre, puisque vous êtes la personne responsable, en tant que ministre de la Sécurité publique, je voudrais savoir si vous allez vous excuser auprès de toutes ces personnes qui ont subi ces abus aux droits de la personne fondamentaux, ici, sur le territoire canadien, à Toronto.
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Je tiens à vous remercier tous d'être venus et de nous fournir certains détails, puisque le ministre est parti.
Lors du G20, les Canadiens se sont rendu compte essentiellement que la libre expression est un principe de notre démocratie. Je pense que lorsque la foule violente constituée de voyous et d'anarchistes qui ont mis le feu à des voitures de police et causé des dégâts pendant le G20... de toute façon cela ne représente absolument pas la démocratie ou notre mode de vie.
Je voudrais rappeler la façon dont la police, dans certaines situations extrêmement difficiles, a été mise à contribution et comment elle s'est comportée. Le chef de police de Toronto, Bill Blair, a affirmé que la police était sur place pour faciliter des protestations pacifiques. Il a ajouté que la responsabilité de la police dans une démocratie est de protéger les protestations pacifiques.
Ma question s'adresse à vrai dire au surintendant principal MacNeil. Pendant une entrevue la semaine dernière à la chaîne TV Ontario, le chef de police de Toronto, Bill Blair, a déclaré qu'il y avait une excellente communication entre les partenaires chargés de la sécurité et une structure de commandement très précise. Tout d'abord, êtes-vous d'accord là-dessus avec le chef Blair? Deuxièmement, pour donner aux Canadiens une idée du genre de planification préliminaire nécessaire, l'étendue de cette planification — car je voudrais plus de détails sur le temps de préparation des mesures de sécurité — sur les efforts consentis à cet égard ainsi que les coûts connexes?
Pouvez-vous nous en dire davantage?
Tout d'abord, je suis d'accord avec le chef de police. Il y avait une excellente coopération entre toutes les forces de sécurité participant à l'opération. Pour ce qui est du temps de planification, j'ai entrepris la planification du G8 en août 2008, c'est-à-dire deux ans avant le G8 et le G20.
Nous avons entrepris la mise sur pied de notre équipe dans la région de Barrie. Nous avions au départ retenu Huntsville, mais nous ne pouvions pas trouver d'endroit assez vaste pour y installer un centre du commandement et tout ce qui était nécessaire pour le G8. Nous nous sommes donc déplacés vers le premier endroit où de telles installations existaient et où nous pouvions tous nous loger. C'était à Barrie et c'est là que nous avons construit notre centre du commandement.
Je dois sans doute expliquer la structure du commandement pour que tout le monde s'y retrouve. On pose la question: qui dirigeait? La structure de commandement est telle que si nous commencions par la base, à chaque site, hôtel ou centre de conférence où les leaders descendaient, il y avait une personne responsable et nous appelions cela un site. Ainsi, il y avait le commandement du site, au départ, et c'est le premier échelon. C'est sur le terrain. Nous escomptions que les gens sur le terrain prendraient l'essentiel des décisions et que les choses seraient réglées à ce niveau-là.
L'échelon de commandement suivant est le commandement de secteur. Il y en avait un à Huntsville et un autre à Toronto. Le commandement de secteur s'occupait de tous les sites de Toronto, et celui de Huntsville de tous les sites Huntsville. Si un commandement de site avait un problème, il devait le présenter au commandement de secteur qui devait l'aider à prendre une décision. De plus, il était en contact constant avec le commandement de secteur.
Pour chapeauter cela, il y avait le commandement stratégique qui était basé à Barrie et c'est ce que nous avons appelé le centre unifié de commandement dont nous avons parlé tout à l'heure. Ce centre unifié de commandement était constitué de représentants de tous les corps policiers représentés sur le terrain, si bien qu'on surveillait toutes les activités. Le CUC était également chargé des déplacements des dignitaires étrangers protégés, de l'appui aérien dont nous avons parlé, de ce genre d'éléments. Toutefois, le CUC n'avait pas un contrôle direct sur ce qui se passait sur le terrain ou sur un site. Il oeuvrait surtout au niveau stratégique. Par exemple, si on avait besoin d'aide, si le commandant d'un site faisait appel au commandement de secteur pour signaler qu'il n'y avait pas assez d'agents de police au Royal York ou dans la ville de Toronto en général, il devait s'adresser au CUC et le commandant du centre devait dépêcher des renforts de Huntsville. Le centre avait cette capacité de surveillance stratégique pour déployer les effectifs.
Voilà donc les échelons du commandement. Ainsi, pour une arrestation donnée dans une rue de Toronto, la décision n'était pas prise à Barrie, et encore moins par le commandement de secteur. La décision était prise par quelqu'un dans une rue de Toronto.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, la meilleure méthode d'exercer des activités policières est de laisser la décision à l'échelon le plus bas et c'est ainsi que nous avons procédé. Il aurait été impossible que quelqu'un à Barrie prenne la décision de procéder à une arrestation.
J'ai tenté de vous expliquer la structure de commandement et cela peut-être aidera à dissiper certains malentendus.
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Le ministre nous a dit qu'il n'avait pas la compétence de répondre à bien des questions que je lui ai posées, si bien que je vais reposer les mêmes questions.
Aujourd'hui précisément, la Corée, qui sera l'hôte du G20, a annoncé ce qu'il en coûterait pour la sécurité. Elle a évalué ce coût à 24,9 millions de dollars canadiens. Eh bien, nous sommes loin de notre total, pas rien qu'un peu. Prenez par exemple Kananaskis, si vous voulez prendre un exemple canadien — même s'il s'agissait en fait d'un G8 —, la facture pour la sécurité s'est élevée à environ 200 millions de dollars, encore une fois bien meilleur marché.
J'essaie de comprendre. D'après ce qu'on nous a dit tout à l'heure, on ne pouvait tenir le G20 ailleurs qu'au centre de Toronto. Il n'y avait pas d'autre endroit. C'était le seul choix. C'était le meilleur choix, le plus sécuritaire, le moins cher. À vrai dire, j'ai l'impression que vous referiez ce choix. C'est ce qui m'inquiète le plus.
J'adresse ma question à Mme Morin et à M. Elcock: comparativement à d'autres endroits dans le monde et aux pratiques exemplaires suivies, le centre-ville de Toronto est-il encore le meilleur endroit pour tenir le G20? Si c'était à refaire, feriez-vous le même choix?
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Merci beaucoup, ce sera suffisant.
Si je comprends bien, ni vous, ni madame, ni le ministre n'êtes responsables. Selon vous, qui serait responsable? Vous avez dit que chaque policier était responsable. Quand tout le monde est responsable, personne n'est responsable. Je ne peux pas concevoir que le ministre de la Sécurité publique me dise qu'il n'est responsable de rien. Si c'est le cas, on n'a plus besoin de ministre.
Un peu plus tôt, le ministre a dit que le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada était responsable. Le problème est qu'on ne le voit pas. Vous nous dites tous ne pas être responsables, mais qui est responsable de quoi? Allons-nous avoir une réponse un jour? Cela fait déjà quatre mois. J'espère que les policiers de Montréal qui sont venus travailler à Toronto sont retournés à Montréal. Je ne peux pas concevoir qu'après quatre mois vous n'ayez pas fait parvenir une facture.
Je ne sais pas s'il y a encore des policiers sur le site de Toronto pour vérifier ce qui se passe, mais votre système a de gros problèmes. En fait, votre système est très mal organisé et c'est ce qu'on appelle notre système de sécurité publique! Par exemple, on se fie aux enquêtes de la GRC dans l'affaire d'Air India, en 1988, pour laquelle on n'a pas encore eu de réponse après trois enquêtes. Il y a réellement un gros problème. On devrait faire comme la vérificatrice générale du Canada qui demande une réponse au gouvernement et non pas à un ministre. Tout à l'heure, le ministre m'a dit qu'il n'était au courant de rien.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais reprendre là où mon collègue a laissé. Nous parlons des sommets du G8 et du G20. Il s'agissait d'un exercice fédéral, et il n'y a aucune enquête fédérale en cours, sauf ce qui se fait à notre comité. Toutes les autres entités qui se sont penchées sur la question sont de compétence soit provinciale, soit municipale.
Nous accueillons devant le comité le ministre de la Sécurité publique. Nous avons le conseiller spécial, M. Elcock. Nous avons la conseillère à la sécurité nationale auprès du premier ministre. Nous avons le commandant du Groupe intégré de la sécurité. Et tout ce qu'on entend, c'est que quelqu'un d'autre a les réponses.
J'essaie de ne pas me laisser distraire.
Monsieur Elcock, la question que M. Kania vous a posée quant à la demande au ministre concernait le choix des deux sites. J'ai très bien compris le témoignage du ministre. Il disait très clairement que c'était ce que vous lui aviez conseillé, d'avoir deux sites.
Ai-je raison? Vous avez prodigué ces conseils?
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Merci, monsieur le président.
Nous n'obtenons aucune réponse sur la responsabilité. Il semble y avoir beaucoup d'accusations lancées dans d'autres directions. Je vais m'essayer avec les coûts.
Monsieur MacNeil, les coûts sont énormes et on nous dit que nous ne pouvons pas obtenir de détails parce que les factures ne sont pas encore toutes arrivées. Ce qu'il y a de frustrant, c'est que les choses pour lesquelles nous avons des factures... on dirait que les factures n'arrivent pas; on n'arrive pas à obtenir de détails. Prenons l'exemple des bâtons lumineux. Vous nous avez fourni de l'information indiquant qu'ils ont été utilisés par les Forces canadiennes; or, le ministre a dit, et même M. Elcock a dit, qu'il était inapproprié — ce sont ces mots exacts — d'utiliser les Forces canadiennes pour ce genre de choses.
Je continue à parcourir la liste. Il y a des meubles de luxe pour 315 000 $; des chambres et de la nourriture au Yorkville's Park Hyatt Hotel, 85 000 $. Il y a une facture de 17 275 $ pour des collations au Pickle Barrel.
Pourquoi est-ce que nous ne pouvons pas obtenir le détail de ces coûts? Pouvez-vous comprendre que les Canadiens souhaitent plus d'information lorsque les dépenses dépassent 1 milliard de dollars.