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Bon après-midi. Bienvenue à tous.
C'est la 44e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale en ce mercredi 1er décembre 2010. Nous poursuivons aujourd'hui notre étude des questions entourant la sécurité aux sommets du G8 et du G20.
Vers la fin de notre réunion d'aujourd'hui, aux environs de 17 h 15, notre comité se penchera sur ses travaux si tel est encore son désir. Comme nous en avons parlé à la fin de la dernière séance, nous avons l'intention de passer aux travaux du comité, à 17 h 15 aujourd'hui.
Nos témoins sont Jenilee Guebert, directrice de la recherche, Groupes du G8 et du G20, à l'École Munk des affaires internationales de l'Université de Toronto; Mike Leitold, membre du Movement Defence Committee de la Law Union of Ontario; le brigadier-général John Collin, chef d'état-major, Commandement Canada, au ministère de la Défense nationale et le surintendant Brian Adams, de la Peel Regional Police.
Je crois que chacun de vous désire faire une déclaration préliminaire. J'espère que nous pourrons limiter ces déclarations à une dizaine de minutes chacune afin que nous passions ensuite à un premier tour, puis à un deuxième tour de questions. Le premier tour de questions sera d'une durée de sept minutes pour chaque parti.
Nous avons hâte d'entendre vos déclarations et je vous demanderais de bien vouloir commencer, madame Guebert.
Je vais essayer de ne pas dépasser dix minutes, car je sais qu'il y aura sans doute beaucoup de questions et qu'on aura peut-être aussi des observations à formuler.
Avant de commencer à lire mon mémoire, je voudrais décrire brièvement le contexte de mon propos. Je suis la directrice de la recherche des Groupes de recherche sur le G8 et le G20 de l'École Munk. Notre groupe s'est donné pour mission d'être la principale source indépendante d'information, d'analyse et de recherche sur les institutions, les enjeux et les membres des sommets du G8 et du G20.
À ce titre, j'étudie les tendances relatives à ces deux groupes sur le plan tant des politiques que de l'organisation matérielle des sommets. J'ai participé à plusieurs sommets du G8 et du G20, ainsi qu'à d'autres réunions ministérielles. En général, je participe à ces réunions en faisant partie des médias accrédités, ce qui nous permet de faire des analyses et des interviews sur place.
Je suis ici aujourd'hui pour parler des questions entourant la sécurité des sommets du G8 et du G20 dont le Canada a été l'hôte, en juin. J'essaie simplement de vous présenter des faits et des preuves que les groupes de recherche sur le G8 et le G20 ont réunis à l'occasion des derniers sommets et de vous faire part des conclusions que j'ai tirées de mon expérience personnelle à ces sommets.
Je ne suis pas une spécialiste des questions de police ou de sécurité. Je peux vous donner des exemples de cas problématiques qui se sont présentés à d'autres sommets ou vous donner une idée de certaines des mesures de sécurité qui ont été appliquées à l'occasion d'autres sommets. Toutefois, je ne peux pas vraiment dire quels instruments devraient ou ne devraient pas être utilisés, quels effectifs il faudrait déployer ou non à chaque sommet ou ce qui est illégal ou inapproprié.
Il est extrêmement difficile de prédire quel genre d'incidents se produiront à l'occasion d'un sommet du G8 ou du G20. Nous pouvons maintenant nous attendre à des manifestations, mais il est impossible de savoir s'il y aura de la violence, quel sera le nombre de manifestants, où ils se réuniront et quels instruments ils utiliseront. D'autre part, on craint maintenant des attaques terroristes potentielles à ces sommets.
Il est également difficile de chiffrer précisément combien un sommet du G8 ou du G20 coûtera, y compris pour la sécurité, et surtout de faire une comparaison pays par pays étant donné qu'un grand nombre de variables entrent en ligne de compte. Lorsqu'on évalue le coût global d'un sommet, il faut évaluer des facteurs comme la disponibilité d'installations déjà existantes sur les lieux du sommet, les salaires et les heures supplémentaires, l'hébergement, les frais de déplacement, les repas, la sécurité, la technologie, l'infrastructure, les communications et le personnel de service. Il y a aussi des différences en ce qui concerne le moment et la façon dont le pays hôte déclare ses coûts, ce qu'il considère comme des dépenses spéciales pour le sommet plutôt que des dépenses de fonctionnement ou des immobilisations ordinaires, la durée de la période de mise en oeuvre préparatoire au sommet et postérieure au sommet qu'il inclut dans son rapport, les dates de son exercice financier et le taux de change en vigueur au moment de l'établissement du rapport financier et ultérieurement, quand la plupart des coûts sont connus.
Certains pays hôtes profitent des installations militaires et des dispositifs de sécurité importants déjà en place, comme c'était le cas au récent sommet auquel j'ai assisté à Séoul. Ou encore, ils se servent du sommet pour faire d'importantes immobilisations dans une région. C'était le cas, par exemple, au Sommet d'Okinawa en 2000, au Japon.
Pendant la période qui a précédé les sommets, l'été dernier, on estimait que le gouvernement canadien allait dépenser 1,1 milliard de dollars, dont 930 millions de dollars pour la sécurité. Ce chiffre a diminué un peu depuis. Le dernier rapport que j'ai vu faisait état de 858 millions de dollars, c'est-à-dire moins que le coût prévu, mais quand même un des plus élevés de l'histoire du sommet, du moins d'après les données que nous avons réunies.
Le Sommet du G20, à Toronto, est effectivement celui qui a coûté le plus cher. Toutefois, si nous soustrayons les dépenses attribuables au Sommet de Muskoka, ce coût retombe au quatrième rang. Le sommet de 2000 et le sommet de 2008, dont les Japonais ont été les hôtes, arrivent en première et deuxième places et le Sommet de Russie, en 2006, se classe au troisième rang des sommets les plus coûteux.
Il n'est pas exceptionnel que la majorité des sommes consacrées aux sommets du G8 et du G20 soit dépensée pour la sécurité. C'est ce qui s'est passé dans la majorité des cas. Ce qui est exceptionnel en ce qui concerne les sommets canadiens, c'est la somme globale dépensée. Par exemple, les Britanniques estiment que le Sommet de 2005, à Gleneagles, leur a coûté 90,9 millions de livres, soit environ 157 millions de dollars US dont la majeure partie a été consacrée à la police et à la sécurité. Le Sommet du G20, à Londres, aurait coûté environ 30 millions de dollars.
On estime que le Sommet de Kananaskis, de 2002, a coûté entre 200 millions et 300 millions de dollars. Là encore, la majeure partie de cet argent a été consacrée à la sécurité. C'est le premier sommet qui a eu lieu après le 11 septembre, de même que le Sommet du G8 à Gênes, en 2001 où il y a eu d'importantes manifestations et où le premier civil est mort dans le contexte d'un sommet du G8.
Je tiens à souligner qu'il n'est pas étonnant que le Canada dépense plus pour la sécurité des sommets que les autres pays étant donné que nous n'avons pas un énorme dispositif de sécurité, par exemple un imposant contingent militaire comme c'était le cas au Sommet de Séoul, en novembre.
Le coût élevé des sommets du G8 et du G20, l'été dernier, n'était pas sans précédent. Le Sommet d'Okinawa en 2000 a été le plus coûteux. Selon les médias, son coût s'élèverait entre 750 et 780 millions de dollars. C'est moins que la somme de 858 millions de dollars dépensée pour les sommets canadiens, mais c'était seulement pour une réunion du G8. Le gouvernement japonais a choisi intentionnellement Okinawa comme emplacement du Sommet du G8 pour stimuler l'économie de la région.
On a aussi beaucoup parlé des dommages, du protocole de sécurité et du degré de force utilisé par les agents en service aux sommets du G8 et du G20. Ces difficultés n'accompagnent pas toujours les sommets. Par exemple, au premier Sommet du G20, à Washington, en 2008, il y a eu très peu d'incidents de ce genre. Toutefois, dans l'ensemble, cela n'a rien d'exceptionnel.
Par exemple, au Sommet de Gênes, en 2001, qui a sans doute été le plus violent de tous les sommets, on estime qu'il y a eu 200 000 manifestants, que des centaines de personnes ont été blessées et un homme a été tué par balle par un policier italien. Le policier a été acquitté de toutes accusations, car le juge a estimé que c'était un cas de légitime défense.
Après la réunion des ministres des Finances du G20, en Australie, en 2006, 26 personnes ont été accusées et arrêtées pour des motifs incluant des dommages aux biens, des incendies criminels et des infractions à l'ordre public. Au Sommet du G20 à Londres, en avril 2009, 86 manifestants ont été arrêtés et il y a quelques jours à peine, nous avons appris que le policier britannique qui a attaqué Ian Tomlinson au Sommet de Londres sera accusé d'avoir causé ou contribué à sa mort par négligence. Lors d'une audience pour faute grave, un policier est accusé d'avoir utilisé une force excessive ou déraisonnable dans les circonstances.
Je dispose de toute une série d'autres faits et renseignements concernant les sommets passés ainsi que les sommets canadiens que je me ferai un plaisir de vous communiquer. J'ai hâte de répondre à vos questions ou observations tout à l'heure.
J'aimerais remercier le Comité de m'accorder l'occasion d'expliquer le rôle et les actions des Forces canadiennes lors des sommets du G8 et du G20, ainsi que de répondre aux questions ou aux préoccupations que les membres du comité pourraient avoir.
Je me présente aujourd'hui à deux titres. Tout d'abord, je suis le Chef d'état-major du Commandement Canada, l'organisation responsable de toutes les opérations nationales de routine et de contingence, à l'exception de la défense aérienne dont s'occupe toujours le NORAD. Ensuite, le dernier poste que j'ai occupé était celui de commandant de la Force opérationnelle interarmées aux sommets du G8 et du G20 et, à ce titre, je veillais à la planification tactique et à l'exécution des opérations militaires liées aux sommets.
[Français]
Dans ce bref préambule, je voudrais simplement vous présenter quelques thèmes fondamentaux et vous décrire, en termes généraux, les fonctions principales exercées par les Forces canadiennes pendant les sommets.
[Traduction]
En tout premier lieu, il est important de se rappeler que les Forces canadiennes avaient pour but d'appuyer les autorités policières. Nous n'étions pas aux commandes de ces efforts. Vous savez que l'ensemble de la sécurité des sommets reposait sur la GRC. En travaillant avec cet organisme et d'autres forces de police locales, les Forces canadiennes ont élaboré des plans et exécuté des opérations dans le cadre de l'équipe élargie, mais toujours afin de répondre aux besoins et aux demandes de nos partenaires policiers.
Plus particulièrement, les Forces canadiennes ont soutenu directement et indirectement la GRC, l'OPP, les services de police de Toronto et la police régionale de Peel. Conformément aux pratiques normales et aux politiques du gouvernement, les actions des Forces canadiennes se sont résumées, tout au long de la mission, à fournir les capacités qui leur sont uniques et les capacités qui dépassaient manifestement celles des premiers intervenants. Nos rôles principaux peuvent se résumer en quatre grands domaines.
[Français]
Premièrement, les Forces canadiennes collaborant au sein du commandement binational connu sous le nom de NORAD étaient responsables de la défense aérienne. Il s'agit d'une tâche permanente que les Forces armées canadiennes exécutent au quotidien. Pour ce qui est des sommets, il y a eu une augmentation des demandes de « zones de vols restreints » ainsi qu'une hausse des forces nécessaires pour satisfaire aux demandes et répondre aux menaces potentielles. Cependant, c'est une tâche que nos forces armées exécutent régulièrement et de manière continue.
[Traduction]
Ensuite, les Forces canadiennes ont contribué de manière considérable à la surveillance et à l'alerte rapide. Pour cela, nous avons utilisé nos ressources terrestres, aériennes et en moindre partie navales. Notre tâche principale consistait à veiller à ce que tout danger et toute menace potentielle soient reconnus et communiqués rapidement et de manière exacte aux décideurs pour qu'ils prennent les mesures nécessaires
Les Forces canadiennes ont également assuré le transport aérien militaire, à l'aide d'avions et d'hélicoptères, pour soutenir les sommets. Parmi les tâches effectuées se trouvent le transport aller-retour de chefs d'État et d'autres dignitaires au site du Sommet du G8, ainsi que le transport administratif des forces de police à d'autres endroits. Nous étions également prêts à entreprendre d'autres activités telles que l'évacuation d'urgence de chefs d'État, le transport rapide d'équipes d'intervention policières d'urgence et l'évacuation médicale d'urgence. En fin de compte, nous n'avons pas eu à effectuer ce type de tâche.
[Français]
Finalement, les Forces canadiennes ont fourni de l'aide quant à l'établissement et au fonctionnement de l'architecture de commandement et de contrôle pour les sommets. Soyons clairs, nous n'avons pas dirigé ces efforts et nous n'avons pas été le seul organisme à y participer, mais notre expérience et nos capacités intégrées ont servi à améliorer les capacités de certains points de commandement, tout particulièrement celles du Groupe intégré de la sécurité et du Commandement unifié, deux éléments situés à Barrie, en Ontario, et dirigés par la GRC.
[Traduction]
En passant, il faut rappeler que l'on n'a jamais demandé aux Forces canadiennes de mener des opérations de contrôle des foules, ou ce que les forces de police appellent les fonctions de maintien de l'ordre public, et qu'eût-ce été le cas, les FC n'auraient pas accepté de le faire. Le maintien de l'ordre relève des forces policières et les FC ne sont ni entraînées, ni équipées pour s'adonner à ce type d'activité. D'ailleurs, nous n'avons entrepris aucune tâche qui pouvait être considérée comme une fonction policière, y compris les arrestations et le rassemblement de preuves. Tous nos partenaires de sécurité ont bien compris les limites de l'utilisation du personnel militaire et cela n'a nui aucunement à notre capacité de soutenir la police dans les quatre grands domaines que je viens de décrire.
[Français]
Pour assurer ce soutien, les Forces canadiennes ont fourni environ 3 000 militaires qui ont été dispersés principalement aux alentours de Huntsville, de l'aéroport Lester B. Pearson à Toronto et de la rive torontoise, ainsi qu'aux divers points de commandement et de contrôle et dans l'espace aérien de ces zones. L'affectation de la majorité de ces militaires n'a pas duré plus de 25 à 30 jours, y compris le temps de déplacement et d'instruction. Dans la plupart des cas, les affectations étaient bien plus courtes.
[Traduction]
Le budget alloué initialement au ministère de la Défense nationale s'élevait à environ 77 millions de dollars, desquels on s'attend à avoir dépensé près de 20 millions seulement, soit 26 p. 100 de l'enveloppe, mais les chiffres définitifs n'ont pas encore été calculés. La différence considérable peut être attribuée à plusieurs mesures d'économie qui ont été prises ainsi qu'au fait que, tout s'étant déroulé comme prévu, le fonds de prévoyance d'environ 20 millions de dollars n'a pas été touché.
Du point de vue des Forces canadiennes, la planification et les sommets ont été dans l'ensemble une véritable réussite. J'étais très satisfait du leadership et des compétences dont ont fait preuve nos partenaires des forces policières. Ensemble, nous avons formé une excellente équipe. À titre de commandant de la Force opérationnelle interarmées des FC, je me dois de terminer en indiquant à quel point j'ai été impressionné par le professionnalisme et les réalisations de tout le personnel militaire lié aux sommets. Je sais que je parle au nom de tous les dirigeants supérieurs des Forces canadiennes lorsque je dis que nous sommes ravis de la manière dont tout s'est déroulé et que nos hommes et nos femmes en uniforme continuent à nous inspirer de la fierté.
Merci beaucoup.
Bon après-midi. Au nom du service de police régional de Peel, du groupe de gestion de mon chef et de moi-même, je voudrais vous remercier de nous avoir invités à prendre la parole devant le comité au sujet du rôle et des responsabilités du service de police régional de Peel pendant les sommets du G8 et du G20.
J'étais le commandant désigné pour le service de police régionale de Peel et j'étais chargé de l'ensemble de l'opération. Pendant le déroulement des sommets, j'étais le commandant de lieux d'incident pour la police de Peel au centre de commandement unifié de Barrie.
Je voudrais commencer par vous présenter le service de police régional de Peel.
Le service de police régional de Peel, le deuxième plus grand service de police municipale en Ontario, fournit des services aux 1,2 million de résidents des villes de Brampton et Mississauga. Notre organisation compte 1 891 employés en uniforme et 764 employés civils.
Nous offrons des services à partir de cinq divisions, de 11 commissariats communautaires, du centre Emi V. Kolb et du quartier général de police, et nous sommes responsables d'un territoire de 538 kilomètres carrés, délimité à l'est par Toronto et à l'ouest par la municipalité régionale de Halton.
La région de Peel étant située en bordure du lac Ontario, notre service maritime patrouille tout le littoral accessible, y compris les plans d’eau intérieurs et les 272 kilomètres carrés d’eau qui s’étendent jusqu’à la frontière canado-américaine. Le service de police régional de Peel est aussi responsable de l’Aéroport international Lester B. Pearson-Toronto — l'aéroport le plus achalandé du Canada qui se trouve dans la ville de Mississauga — , et ce, en vertu d’une entente de recouvrement des coûts conclue avec l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto. On estime que cet aéroport accueille 32 millions de passagers par année.
Le service de police régional de Peel a pour mandat de maintenir la paix et l’ordre, de protéger la vie et les biens des habitants, de mener des enquêtes sur les activités criminelles et de les résoudre, de lutter contre la criminalité et de répondre aux besoins de la collectivité. Bien que sensible à l’importance de résoudre les crimes majeurs, l’organisation est d’avis qu’il faut établir un équilibre entre cet aspect du maintien de l’ordre et les services communautaires, des initiatives efficaces et proactives, des programmes de lutte contre la criminalité et l’aide aux victimes d’actes criminels, comme le prévoit la Loi sur les services policiers de l’Ontario.
En ce qui concerne le rôle du chef de police régional de Peel aux sommets du G8 et du G20, en juillet 2009, le service de police régional de Peel a été invité à participer à des réunions du Groupe intégré de la sécurité en prévision du Sommet du G8, l’Aéroport international Lester B. Pearson-Toronto étant considéré comme un point d’arrivée éventuel des dignitaires et de leurs familles. Le degré de notre participation au sommet était inconnu à l’époque.
Après qu’on eut annoncé en septembre 2009 que le Canada accueillerait aussi le Sommet du G20, il est devenu très probable que cet aéroport jouerait un rôle primordial dans les déplacements des chefs d’État considérés comme des personnes jouissant d’une protection internationale et qu’on aurait besoin du service de police régional de Peel pour assurer la protection de ces personnes.
C’est à ce stade que notre service a désigné un planificateur principal et un petit groupe d’employés pour préparer des plans préliminaires de sécurité opérationnelle pour les sommets, notamment dans les domaines suivants: la sécurité aéroportuaire, celle des cortèges motorisés, les postes de contrôle de la sécurité et de l'accréditation, ainsi que le maintien des opérations courantes de notre division affectée à l’aéroport.
En tant que membre du Groupe intégré de la sécurité, le service de police régional de Peel veillait à élaborer et à coordonner ses plans de sécurité en collaboration avec ses partenaires.
En décembre 2009, il a été annoncé que Toronto accueillerait le Sommet du G20 et que l’Aéroport international Lester B. Pearson serait le point d’entrée principal de plusieurs chefs d’État et de leurs délégations. Résultat: le service de police régional de Peel a dû augmenter l’effectif de l’équipe de planification initialement chargée du G8 pour qu’elle puisse tenir compte des fonctions additionnelles et de la portée du Sommet du G20. La nouvelle équipe s’est acquittée des tâches suivantes: élaborer des plans intégrés de sécurité opérationnelle; créer un groupe des relations communautaires pour s’assurer du concours des citoyens, des entreprises locales et de la collectivité touchés par la tenue des sommets; recueillir des renseignements et mener des enquêtes; élaborer des plans logistiques; préparer des plans financiers liés à l’opération de sécurité dans son ensemble; acheter des fournitures et de l’équipement ainsi qu’apporter les améliorations nécessaires aux infrastructures.
Tous les secteurs de notre organisation ont participé à l’élaboration des plans des opérations pour les sommets du G8 et du G20. Ces secteurs incluaient l'unité d’intervention tactique et de sauvetage; l'unité de désamorçage des explosifs; l'unité canine; l'unité des enquêtes criminelles; l'unité de l’identité judiciaire; l'unité de la police de circulation; l'unité de la police à vélo; l'unité du renseignement; l'unité de gestion du parc automobile; l'unité des systèmes et des services de télécommunications; l'unité des services d’infotechnologie et l'unité de la patrouille en tenue. J'ajouterais à cette liste les communications, les finances et l'administration ainsi que les affaires publiques.
Il est important de noter que le service de police régional de Peel a établi des partenariats solides avec l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto et les équipes de gestion d’urgence de la région de Peel, des villes de Mississauga et de Brampton, ainsi qu’avec nos partenaires des services d’incendies et des services médicaux d’urgence. Les contributions de ces organisations étaient essentielles à l’élaboration globale de nos plans.
Notre service souscrivait entièrement aux objectifs du Groupe intégré de la sécurité, dirigé par la Gendarmerie royale. Nous avons siégé à plus de trente comités et groupes de travail et participé à toutes les activités menées en prévision des sommets. Tous nos agents, peu importe leur grade, ont bénéficié d’un programme de formation en prévision des sommets, qui comprenait des séances sur le système de gestion des incidents, le système de commandement des interventions et les incidents CBRNE.
Le processus de mobilisation du service de police régional de Peel a commencé le lundi 21 juin 2010 et pris fin le lundi 28 juin 2010. Tous les jours de congé réguliers et de vacances ont été annulés durant cette période. Les policiers du service sont entrés en fonctions progressivement durant la semaine de mobilisation. Durant les moments forts des sommets, environ 650 policiers étaient de service chaque jour.
Le service de police régional de Peel a affecté des commandants de lieux d’incident au comité directeur, au centre de commandement unifié de Barrie et au centre de commandement de la région de Toronto, à l'Aéroport international Lester B. Pearson. Notre service n’était pas représenté dans d’autres zones de commandement pour les sommets.
Notre service a aussi aidé ses partenaires du maintien de l’ordre à Toronto. Un protocole d’entente a été signé avec eux pour que dix agents de l’unité de la police à moto, quatre agents de l’unité maritime et deux producteurs vidéo de notre service les aident durant la semaine des sommets.
Le vendredi 25 juin 2010, le service de police de Toronto a demandé que l’unité de sécurité publique du service de police régional de Peel prête main-forte à ses agents. Acquiesçant à cette demande, notre service a affecté 81 policiers à Toronto. L’unité de sécurité publique compte deux commandants et du personnel de surveillance. Ceux-ci ont travaillé à Toronto sous la direction du service de police de cette ville jusqu’à ce qu’on les libère le lundi 28 juin 2010.
Le samedi 26 juin 2010, le service de police régional de Peel a reçu une demande de ses partenaires du Groupe intégré de la sécurité. Ceux-ci avaient besoin d’autres ressources en uniforme à Toronto. Notre service a donc affecté un commandant de lieu d’incident, du personnel de surveillance et environ 128 agents en uniforme au service de police de Toronto pour le dimanche 27 juin 2010. Ces agents ont aussi travaillé sous la direction du service de police de Toronto.
Nous tenons à souligner le dévouement et le professionnalisme de nos partenaires du Groupe de sécurité intégré. Les efforts conjugués de notre service et de nos partenaires de sécurité ainsi que la planification minutieuse des opérations que nous avons menées ensemble ont été extraordinaires.
En conclusion, les sommets du G8 et du G20 ont constitué la plus grande opération de sécurité dans l’histoire du service de police régional de Peel. Les opérations policières efficaces et sécuritaires à l’Aéroport international Lester B. Pearson-Toronto ont grandement contribué au succès de ces sommets. Nous sommes très fiers d’avoir pu assurer la sécurité de la population et des chefs d’État à cette occasion. C’est tout à l’honneur des hommes et des femmes de notre organisation.
Encore une fois, merci infiniment de nous avoir permis de prendre la parole aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Je vous parle aujourd'hui en tant que membre du Movement Defence Committee du Law Union of Ontario. Je suis aussi avocat, mais aujourd'hui, je vous parle en tant que membre de ce comité. Je dirais seulement que c'est un groupe de travail du Law Union of Ontario et que nous offrons des services juridiques à des organismes progressistes et des militants de la justice sociale à Toronto.
Notre rôle avant, pendant et après les manifestations du G20 a été triple. Nous avons fourni à ceux qui avaient exprimé le désir de participer aux manifestations des renseignements sur leurs droits et une formation juridique. Dans le cadre de notre projet de soutien juridique pour le sommet, nous avons organisé ces ateliers dans le sud de l'Ontario. Nous avons également formé et renseigné une centaine d'observateurs juridiques chargés de prendre note des actions de la police et ces personnes étaient facilement identifiables, car elles portaient des chapeaux orange pendant les manifestations. De plus, nous avons organisé un service d'intervention juridique pour lequel nous avions prévu du personnel pendant une période de 12 jours, du 18 au 30 juin et un numéro de téléphone que les gens pouvaient appeler s'ils étaient harcelés par la police, détenus ou arrêtés, ou simplement pour faire état de fouilles ou d'autres excès de la part de la police. Dans certains cas, nous avons reçu des appels dénonçant la brutalité policière.
D'autre part, pour les personnes qui avaient été arrêtées, nous avons établi une liste d'avocats prêts à offrir leurs services pro bono. Nous avons finalement eu besoin des services des 25 avocats qui avaient offert leurs services gratuitement.
Dans bien des cas, nous avons été le point de contact, en dehors de la police, pour les 1 100 personnes et plus qui ont été arrêtées. Nous avons reçu des centaines d'appels en provenance du centre de traitement des détenus. Nous avons aussi soutenu les personnes détenues et arrêtées en les mettant en communication avec leurs parents, avec des sources de caution pour qu'elles soient libérées sous caution, en veillant à ce que l'on prenne soin des personnes à leur charge et de leurs animaux domestiques en leur absence et en adressant des demandes en leur nom pour obtenir des médicaments, des accessoires fonctionnels ou répondre à d'autres besoins.
Notre expérience directe de la situation nous donne, je pense, une perspective unique des mesures de maintien de l'ordre prises au cours du G20. Notre expérience nous a portés à conclure qu'il reste de nombreuses questions sans réponse au sujet de ces manifestations et des opérations de maintien de l'ordre. Nous espérons que vous vous joindrez à nous pour réclamer une commission d'enquête publique ayant le pouvoir d'assignation pour aller au fond des choses.
Certains ont caractérisé le maintien de l'ordre au Sommet du G20 comme un processus en trois phases caractérisé d'abord par une certaine retenue de la part de la police, puis par la négligence et enfin une réaction excessive de la police au cours du week-end. Ce n'est pas ce que nous avons constaté. Selon nous, la réaction excessive de la police n'est pas nécessairement une question de négligence. Nous avons, en fait, observé un ciblage systématique des mouvements de justice sociale au Canada au cours de la période précédant les manifestations du G20 — de même que pendant et après — ce qui revient à une répression systématique de ceux qui critiquent les politiques du gouvernement et s'y opposent.
Dans notre mémoire, nous soulignons les différences dans le maintien de l'ordre à l'occasion de deux grandes manifestations qui se sont déroulées en Ontario cet été: les manifestations anti-avortement qui ont eu lieu le 13 mai 2010 à Ottawa, par opposition aux manifestations du G20 qui, bien entendu, ont eu lieu au cours de la dernière semaine de juin 2010. Dans le premier cas, on n'a pas créé de prison ou dépensé des millions de dollars pour préparer le maintien de l'ordre comme cela a été fait dans le deuxième cas. Bien entendu, il s'agissait des manifestations du G20 dont nous parlons ici aujourd'hui.
Il y a sept principales formes de répression policière, que je vais passer rapidement en revue, dont notre comité a été témoin cet été, la première étant la fouille, le harcèlement et la détention des activistes et des manifestants. La deuxième était la militarisation des tactiques opérationnelles de la police. La troisième était l'utilisation de l'arrestation et de la détention préventive contre les manifestants. La quatrième était la violation des droits en matière de procédure des personnes détenues ou arrêtées. La cinquième était les conditions régnant au centre de traitement des détenus au sujet desquelles nous avons reçu énormément de plaintes et c'est une question que je vais aborder.
Également, nous avons constaté des violations massives du Code des droits de la personne et de la Loi canadienne sur les droits de la personne qui, bien sûr, régit la Gendarmerie royale du Canada. Enfin, il y a eu certains indices de la criminalisation de la dissidence au cours de ces manifestations.
Si vous le permettez, je vais passer cela brièvement en revue. En ce qui concerne le harcèlement, la détention et les fouilles, au cours de la période précédant les manifestations, nous avons été informés de dizaines de cas de harcèlement policier contre des activistes et des organisateurs. Cela s'est traduit par des visites à domicile, au travail ou à l'école de la part d'agents de la GRC ou des services de renseignement qui ont contacté ceux qu'ils considéraient comme les organisateurs des manifestations. Vingt-neuf incidents de ce genre nous ont été signalés.
Entre le lundi 21 juin et le samedi 26 juin, on nous a signalé que plus de 80 personnes ont été harcelées, détenues et fouillées par la police. Nous croyons qu'un grand nombre d'autres gens ont été également harcelés, détenus et fouillés mais qu'ils ne connaissaient peut-être pas l'existence de nos services.
Ce harcèlement et ces fouilles visaient presque toujours des piétons qui circulaient au centre-ville de Toronto, généralement des jeunes qui étaient ciblés à cause de leur apparence. À notre avis, la police s'est livrée à ce harcèlement sans motifs raisonnables. Souvent, des groupes de policiers armés entouraient ces piétons. Ils fouillaient alors systématiquement les sacs et les poches des gens sans les avertir qu'ils n'étaient pas tenus d'accepter cette fouille et souvent, ils ont saisi illégalement des objets personnels, y compris des publications politiques de gauche. Je mentionnerai seulement que c'était avant l'après-midi du samedi 26 juin.
Dans bien des cas, la police a invoqué des pouvoirs fictifs en vertu de la Loi sur la protection des ouvrages publics pour justifier la détention et la fouille de ces piétons. Bien souvent, elle a également prétendu avoir des pouvoirs élargis de détention et de perquisition en vertu de la Loi sur l'entrée sans autorisation.
Par exemple, le vendredi 25 juin, des personnes qui sont entrées dans le parc Allan Gardens, à Toronto, se sont fait dire qu'elles ne pouvaient pas pénétrer dans le parc sans que leurs sacs ne soient fouillés en vertu de la Loi sur l'entrée sans autorisation. De plus, près du métro, la police a souvent affirmé que cette même loi lui permettait de fouiller les personnes et leurs affaires personnelles.
À notre avis, ce qui précède et ce que j'ai décrit révèle une mauvaise foi évidente de la part de la police. Cela confirme également un ciblage proactif des militants de gauche, qui a commencé bien avant le samedi 26 juin.
Nous soulevons les questions qui doivent obtenir des réponses, par exemple qu'a-t-on dit aux agents de première ligne concernant les limites juridiques de leur pouvoir d'interpeller et de fouiller les gens et qui le leur a dit? Quels ordres ou directives a-t-on donnés concernant les fouilles et les détentions aux fins d'enquêtes effectuées par la police? Qui a donné ces ordres?
Je passe maintenant au deuxième sujet de préoccupation, la militarisation des tactiques opérationnelles de la police. Un grand nombre de nos observateurs juridiques ont dit qu'il y a eu à Queen's Park, le samedi 26 juin 2010, un effort concerté de la part de la police pour terroriser les participants à une manifestation sur les pelouses de l'Assemblée législative.
Des policiers à cheval ont chargé la foule à de nombreuses reprises. Ils l'ont également chargée en brandissant leurs matraques. La police encerclait des petits groupes de manifestants. Des escouades intervenaient alors pour cibler certaines personnes. La police s'est servie de gaz lacrymogène et de balles de caoutchouc. Et comme l'Unité des enquêtes spéciales l'a conclu, je crois, la police a usé d'une force excessive contre les personnes qui ont été arrêtées.
Nous demandons, à cet égard, pourquoi on a fait un usage militarisé de tactiques de force contre les manifestants à Queen's Park et quels ordres ont été donnés à la police concernant le rassemblement à Queen's Park, c'est-à-dire sur le terrain de l'Assemblée législative, qui a fait l'objet de tant de débats dans les médias et dans l'opinion publique.
Je mentionnerais également que les observateurs juridiques présents n'ont pas entendu la police inviter, de quelque façon que ce soit, la foule à se disperser.
En troisième lieu, je parlerais de l'usage endémique et illégal de l'arrestation et de la détention préventives. Le Movement Defence Committee a conclu qu'au moins 740 personnes ont été détenues en vertu des dispositions du Code criminel concernant la violation de la paix. Pour ceux qui l'ignorent, ce n'est pas une infraction criminelle. Cet article du Code exige que les contrevenants soient libérés dans les 24 heures.
Compte tenu de cette stratégie de détention à grande échelle et du fait que ces personnes ont été détenues pendant plus que les 24 heures prescrites, nous estimons que la police a abusé de ses pouvoirs. Nous nous demandons qui a ordonné ces abus et s'ils ont eu lieu pour prévenir ou saper de nouvelles manifestations au cours de ce week-end.
Pour ce qui est du quatrième domaine, les violations des droits de procédure dont j'ai parlé, un grand nombre de personnes détenues au centre de traitement des détenus n'ont pas été informées des raisons de leur arrestation et des francophones n'ont pas été informés, en français, des raisons de leur arrestation. Les personnes arrêtées ont dû attendre très longtemps avant de pouvoir téléphoner à un avocat. Un grand nombre d'entre elles ont été détenues pendant 24 heures sans voir un juge de paix, ce qui n'est pas justifié dans la région de Toronto. Il n'y a pas de pénurie de personnel empêchant de conduire les gens devant un juge de paix. Un grand nombre de ceux qui ont été libérés ont fait l'objet de ce que nous qualifierions de conditions de libération déraisonnables.
J'ai soulevé certaines questions qui doivent obtenir des réponses à l'égard de ces violations, et je demande surtout qui a donné ces ordres et si c'est vraiment à cause d'un manque de ressources que l'on a violé ces droits de procédure?
Vous avez beaucoup entendu parler des conditions qui régnaient au centre de traitement des détenus. Nous avons mentionné un grand nombre de violations qui nous ont été rapportées à l'occasion des 200 appels et plus que nous avons reçus des personnes détenues dans ce centre. Un grand nombre d'entre elles ont été photographiées dans des circonstances illégales, qui n'étaient pas justifiées en vertu de la Loi sur l'identification des criminels parce qu'elles n'avaient été accusées d'aucune infraction. Un grand nombre de personnes ont été détenues dans des conditions inacceptables: les lumières sont restées allumées toute la nuit, elles n'ont pas reçu de nourriture ou d'eau pendant 12 heures ou plus, les gens…
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Ce sont les militaires qui se sont servis des bâtons lumineux, en effet.
Je commencerai par répéter que nous avons dépensé avec parcimonie et que nous sommes restés en dessous du budget prévu, en partie grâce à la prudence, à la frugalité dont nous avons fait preuve.
En ce qui concerne les bâtons lumineux, il s'agit d'une source de lumière non électrique à faible intensité. Nous savons tous ce que sont les bâtons lumineux; beaucoup d'enfants s'en servent à l'occasion de l'Halloween, etc. Bien entendu, ce n'est pas l'utilisation que nous en avons fait.
Comme il s'agit d'une source de lumière non électrique, ces bâtons peuvent être utilisés dans n'importe quel environnement, y compris près des matières inflammables et des explosifs, et comme ils ne sont pas électriques, ils sont plus fiables. Les piles ne risquent pas de s'épuiser. Ce sont des torches incassables.
Nous utilisons des bâtons lumineux principalement pour des raisons de sécurité. Ils délimitent les barrières. Ils délimitent les tranchées, si nous participons à des opérations de combat. Ils signalent les fils. Ils signalent toutes sortes de dangers. Ils nous permettent de signaliser les pistes pour les opérations de nuit.
Pour les opérations sur le territoire national, tout cela devient encore plus important étant donné que nous nous trouvons dans la collectivité. Même si nous sommes dans une région boisée plongée dans l'obscurité, le risque qu'un membre du public pénètre dans la zone est très élevé. Nous ne voulons pas que les gens se heurtent aux barrières, trébuchent sur des fils ou marchent dans nos tentes — ou même pire, rentrent dans nos tentes avec leur automobile. Par conséquent, nous avons utilisé des bâtons lumineux pour la sécurité et pour l'éclairage le soir.