Bonjour à vous, monsieur le président et membres du comité. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter des questions qui touchent les délinquantes sous responsabilité fédérale.
Dans ce bref discours d'ouverture, je ne tiens pas à répéter les propos de l'ancienne sous-commissaire pour les femmes qui a comparu devant votre comité en novembre. J'aimerais plutôt faire le point sur les progrès des cinq derniers mois dans le dossier des délinquantes.
Dans un premier temps, je sais que les membres du comité ont eu l'occasion de visiter certains de nos établissements à la fin de l'an dernier, dont le Pavillon de ressourcement Okimaw Ohci pour femmes autochtones et le Centre psychiatrique régional de Saskatoon, qui est doté de l’unité Churchill, unité spécialisée pour traiter les délinquantes ayant besoin de soins intensifs en santé mentale. Vous avez été témoins, lors de ces visites, de deux approches très différentes que nous employons pour gérer une population de délinquantes dont le profil est complexe et diversifié. Si les membres du comité ont l'intention de visiter l'un de nos cinq établissements régionaux pour femmes pour élargir vos connaissances sur la façon dont nous prenons en charge la majorité des délinquantes, je me ferai certainement un plaisir d’organiser la visite.
Les questions de santé mentale nous posent toujours d'importantes difficultés; malgré cela, nous nous efforçons d'être à l'affût de nouvelles stratégies pouvant convenir à tous — aux délinquantes, au personnel du SCC et au grand public. Nous collaborons à cette fin avec la Direction de la recherche, qui est en train de dresser un profil national des besoins des délinquantes en santé mentale. Ce profil nous aidera à mieux cibler nos interventions, à conseiller plus efficacement les délinquantes et à leur offrir des programmes adaptés à leurs besoins et à ceux de la collectivité.
Nous sommes également en train de revoir la façon dont nous gérons les délinquantes qui présentent un risque élevé pour les autres détenues et pour le personnel du SCC. Nous suivons en ce moment ce que l'on appelle le protocole de gestion, lequel a fait l'objet de critiques de la part de l'enquêteur correctionnel et de l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, notamment. Le SCC admet que l'approche en question n'est pas idéale, et c'est la raison pour laquelle nous sommes en train de réviser notre stratégie, dans le but de délaisser le protocole de gestion. Nous avons d'ailleurs participé au cours des derniers mois à des consultations nationales, de concert avec des intervenants de l'extérieur et des experts. J'attends très prochainement un rapport sur leurs conclusions, qui nous aidera à élaborer une autre approche plus exhaustive qui concorde davantage avec un plan correctionnel intégré.
Dans le cadre du programme de transformation du SCC, nous en sommes aux dernières étapes de la mise en oeuvre de la stratégie communautaire pour les délinquantes. Celle-ci permettra de mieux soutenir les femmes libérées sous condition et de multiplier les possibilités à leur endroit. Comme plus de la moitié des délinquantes sous responsabilité fédérale vivent dans la collectivité, la stratégie aura des répercussions sur la plupart des délinquantes à notre charge. Je suis particulièrement fière de ce nouveau modèle qui améliorera le continuum des soins, encadrera mieux les délinquantes lors de leur transition dans la collectivité et améliorera les résultats en matière de sécurité publique pour l'ensemble des Canadiens.
Je continue de collaborer étroitement avec mes collègues des services de santé, avec le Bureau de l'enquêteur correctionnel et avec d'autres partenaires pour veiller à ce que nous échangions de l'information et des pratiques exemplaires sur la façon de gérer efficacement nos cas plus complexes. À ce sujet, j'organise régulièrement des téléconférences et des réunions en personne avec les directeurs et directrices d'établissement pour femmes et d’autres responsables, au besoin.
Je terminerai en vous disant que je suis ravie d'avoir à relever tous les défis de mon nouveau poste et que j'ai très hâte de me mêler aux autres membres de l'équipe: ils font un travail remarquable en s'efforçant quotidiennement d'améliorer la vie des délinquantes et en veillant à ce qu'elles réintègrent la société à titre de citoyennes respectueuses des lois.
Je vous remercie.
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Mme Thompson et moi-même avons le plaisir d'être ici aujourd'hui pour vous entretenir des questions touchant le programme de traitement de substitution aux opiacés offert aux délinquants du Service correctionnel du Canada (SCC). Le commissaire, M. Don Head, et la commissaire adjointe des services de santé, Mme Leslie MacLean, se sont présentés devant vous en juin 2009 et vous ont donné de l'information sur les initiatives et les stratégies que le SCC met de l'avant en santé mentale. Aujourd'hui, je vais vous informer sur le programme de traitement de substitution aux opiacés que le SCC a mis en place.
L'usage de drogues injectables, et surtout l'échange de matériel d'injection, comporte un risque important de transmission des maladies infectieuses, comme le VIH et l'hépatite C. La toxicomanie est aussi un facteur qui contribue à la perpétration de nombreux crimes. Le fait d'offrir un programme de traitement de substitution aux opiacés aux délinquants sous responsabilité fédérale permet de réduire la demande de drogue et d'améliorer du coup la capacité de notre organisation à contribuer à la sécurité publique.
Une étude a démontré qu'une participation active à un programme de traitement de substitution aux opiacés était associée à des résultats positifs de la mise en liberté. Johnson et al. (2001) ont découvert que les délinquants qui avaient participé à un programme de traitement d'entretien à la méthadone pendant leur incarcération étaient 28 p. 100 moins susceptibles d'être réincarcérés après leur libération que ceux qui n'avaient pas été traités.
Je vais vous parler de la création du programme, qui était au départ appelé Programme national de traitement d'entretien à la méthadone. Il a été mis en oeuvre en deux phases. La première, introduite en 1997, s'adressait aux délinquants qui avaient une dépendance aux opiacés et qui suivaient un traitement d'entretien à la méthadone dans la collectivité. Ils pouvaient dès lors continuer leur traitement pendant leur incarcération. La deuxième phase, annoncée en mai 2002, a accru la capacité de SCC de permettre aux délinquants qui réclamaient de la méthadone d'amorcer un traitement en établissement, si un médecin le jugeait approprié.
En décembre 2008, le programme de traitement d'entretien à la méthadone a été renommé Programme national de traitement de substitution aux opiacés en raison de l'ajout d'un autre médicament de substitution appelé Suboxone.
Un traitement de substitution aux opiacés, lorsqu'il est accompagné d'un programme d'apprentissage cognitif, d'un suivi intensif et de soutien, est très efficace pour aider ceux qui ont une dépendance aux opiacés. Les médicaments employés peuvent les aider à se libérer du cycle perpétuel de sevrage et de consommation. En stabilisant leur état, le traitement de substitution permet aux délinquants de se concentrer sur leurs travaux scolaires, de participer aux programmes, de travailler et, du coup, d'accroître leur capacité à participer activement à leur plan correctionnel.
Avant d'amorcer un traitement, le délinquant fait l'objet d'une évaluation détaillée de son état de santé physique et mentale pour déterminer s'il satisfait aux critères, l'un d'eux étant d'avoir obtenu un diagnostic de dépendance aux opiacés d'un médecin. À l'instar des pratiques qui ont cours dans la collectivité, le processus d'évaluation comprend une lecture des règles du programme, qui sont énoncées dans une entente de traitement que doivent signer le délinquant et les fournisseurs de soins, entente dans laquelle chaque partie atteste de ses engagements, notamment d'assurer un suivi continu.
En 2009-2010, le programme de traitement de substitution aux opiacés du SCC a coûté plus de 12 millions de dollars. En janvier 2010, 701 délinquants, dont 55 femmes, y participaient dans l'ensemble du pays. Cela équivaut à plus de 1 000 délinquants chaque année si l'on tient compte du roulement de la population. Le programme est géré suivant l'approche d'une équipe multidisciplinaire composée de spécialistes de la gestion de cas, des programmes et des services de santé, conformément aux lignes directrices nationales.
En 2009, des 512 délinquants admis au programme de traitement de substitution aux opiacés du SCC offert dans la collectivité, la majorité provenait d'établissements correctionnels provinciaux. La plupart de ces derniers assurent le traitement des délinquants qui prennent déjà de la méthadone dans la collectivité. Les délinquants qui prennent déjà de la méthadone poursuivent leur traitement lorsqu'ils sont admis dans un établissement fédéral, le temps d'être évalués pour vérifier qu'ils satisfont aux critères du programme.
Par mesure de sécurité, les délinquants demeurent sous observation pendant 20 minutes après avoir pris leur dose de méthadone. On s'assure ainsi qu'ils ont absorbé tout le médicament et on réduit les risques qu'ils ne le dissimulent pour l'utiliser à d'autres fins. C'est un membre du personnel infirmier qui remet le médicament au délinquant et l'observe pendant qu'il l'avale.
Tous les délinquants qui se font traiter doivent participer aux programmes courants de traitement de la toxicomanie. Ceux-ci sont adaptés aux toxicomanes qui ont une dépendance aux opiacés et sont donnés par des agents de programmes correctionnels formés. Les délinquants doivent aussi rencontrer régulièrement leur équipe d'intervention qui fait le suivi de leur progression.
Le programme de traitement de substitution aux opiacés fait régulièrement l'objet de révisions de la part des médecins et des établissements, le but étant de repérer de manière précoce tout sujet de préoccupation, d'adapter les séances de formation destinées au personnel et de modifier les politiques définissant les procédures.
Une préparation rigoureuse est effectuée pour chaque délinquant appelé à poursuivre son traitement de substitution aux opiacés dans la collectivité une fois qu'il est libéré, pour s'assurer d'une transition en douceur et de soins continus. Le processus débute dès qu'il amorce le programme. On vérifie et on confirme six mois avant sa libération qu'un fournisseur est disponible pour lui dans la collectivité.
Je vous remercie.
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Cela a été dit. Le compte rendu en fait foi.
Permettez-moi de dire une chose, madame Glover: vous êtes une bonne personne. Je ne remets pas en question vos intentions. Je ne suis pas d'accord avec les politiques que vous défendez peut-être, mais je ne remets jamais en question vos intentions. L'idée que je me soucie moins, en quelque sorte, du bien-être de mes enfants ou de ma famille que vous vous souciez de celui des vôtres nuit grandement à ce processus.
Je demanderais seulement à Mme Glover de rectifier le compte rendu à ce sujet. C'était un commentaire fâcheux, et je lui demanderais de se rétracter. Les mots exacts étaient que les libéraux avaient un intérêt direct, car les prisonniers votent pour eux. Voilà ce que vous avez dit.
Je crois simplement que c'est le type de discussion qui attribue des intentions à d'autres membres et j'estime que c'est très décevant. Je vous demanderais, madame Glover, de vous rétracter.
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Merci aux témoins de comparaître devant le comité aujourd'hui. J'apprécie énormément que vous ayez pris le temps de le faire.
L'une des choses qui me préoccupent, évidemment, est que plus de 80 p. 100 de nos détenus sont confrontés à des problèmes de toxicomanie. Alors ils viennent souvent dans nos installations à cause de ces problèmes. Le principal moyen que le gouvernement au pouvoir a trouvé pour composer avec la toxicomanie a été de tenter d'interdire l'accès aux drogues. On a dépensé énormément d'argent pour ce faire. Maintenant, nous savons qu'en 2005, les tests d'urine faits au hasard ont révélé que la consommation de drogue dans les prisons se situait à 12 p. 100 et qu'en 2008, la dernière année pour laquelle nous avons des données, elle s'élevait à 13,2 p. 100.
Vous savez combien d'argent a été investi dans ces mesures restrictives, et vu que la consommation de drogue dans les prisons a, en fait, augmenté pendant cette période, dans quelle mesure, selon vous, ces dépenses sont-elles efficaces?
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Je vais essayer de m'en tenir à l'essentiel, mais je m'en voudrais si je ne commençais pas par remercier le comité de m'avoir invité à venir à Ottawa, du Manitoba, pour m'adresser au gouvernement. C'est un privilège pour moi.
Vous venez tout juste de voir à l’écran, pour un bref moment, une photo de ma famille; la diapositive n’était pas traduite. Vous avez peut-être remarqué que quatre de nos enfants sont des Éthiopiens, des Canadiens de première génération, et ils sont très fiers de notre pays et du privilège que j'ai aujourd'hui de le servir, de façon aussi modeste soit-elle.
La raison pour laquelle je suis ici — et cela m'amène à mon deuxième remerciement —, c'est que Shelly Glover était dans nos bureaux il y a quelques semaines pour remettre à Momentum Healthware un certificat de chef de file canadien de l’innovation. Ce certificat était aussi un signe de reconnaissance à l'égard des investissements que vous, notre gouvernement, avez effectués dans Momentum Healthware au cours des dernières années. Plus récemment, vous avez dépensé 111 000 $, par l'entremise du Conseil national de recherches, afin d'investir dans le développement d'un module de santé mentale dans le cadre de la solution de TI en matière de santé de Momentum Healthware. La nouvelle a d’ailleurs été annoncée dans une conférence de presse. Je tiens à vous remercier de cet investissement dans nos activités de recherche et de développement et je veux vous donner une certaine rétroaction sur son efficacité. Nous nous apprêtons déjà à passer à la phase pilote de notre module de santé mentale communautaire au Manitoba. Nous avons reçu des déclarations d'intérêt de plusieurs autres provinces, ainsi que de la Nouvelle-Zélande, en vue d’un déploiement possible de ce même module. Alors, je crois que les faits parlent d'eux-mêmes: l’investissement du Conseil national de recherches a bel et bien porté fruit.
Le Canada est un pays qui compte plusieurs champs de compétence. À titre de directeur de TI en matière de santé, j’admets que mon travail est en fait très simple par rapport à votre rôle et à celui des témoins qui m’ont précédé, pour ce qui est d’élaborer des politiques et de respecter les valeurs des différents paliers de gouvernement, valeurs qui sont incroyablement complémentaires mais parfois conflictuelles. En tant que fournisseur de solutions technologiques en matière de santé, j'ai souvent observé, dans le cadre de mon travail dans divers secteurs de soins de santé — puisque les solutions de Momentum Healthware englobent les soins de longue durée, les soins à domicile, les soins communautaires, la santé mentale communautaire et les soins palliatifs —, que les fournisseurs de soins de santé dans chacun de ces secteurs et forums utilisent un langage différent pour décrire leurs activités. Ils utilisent différents processus pour fournir des services de santé à leurs clients. Grâce à nos solutions logicielles, nous sommes vraiment résolus à essayer d'éviter une telle disparité ou de nous en tenir aux éléments communs qui recoupent les différents secteurs de soins de santé afin de créer une solution très adaptable. On peut transposer nos solutions d’un secteur à l’autre et d’une langue à l’autre de façon à offrir un seul répertoire d'information sur la santé aux multiples fournisseurs de soins de santé.
En tant que citoyen canadien, je suis très conscient de cette réalité. En même temps, je suis citoyen du Manitoba. J’ai passé mon enfance auprès de la première nation de God's River; c’est ce qui explique mon allégeance et mon intérêt envers les collectivités des premières nations du Canada. Pour chacune de ces collectivités, je suis considéré, en quelque sorte, comme un intervenant. Dans le cadre de votre travail au Service correctionnel du Canada, vous vous occupez, encore une fois, de ces mêmes citoyens. À leurs yeux, vous êtes, vous aussi, un important intervenant dans les soins de santé qui leur sont dispensés.
Ce que nous essayons de faire avec nos solutions logicielles — et je vous dis cela vraiment à titre d'information générale —, c'est de souligner le fait que la technologie de l'information est un facteur déterminant pour les soins de santé. Vous avez l'occasion d'examiner une panoplie de déterminants en matière de soins de santé, mais je dirais que cette information en est peut-être l'un des plus importants.
Si vous aviez à demander l'avis des fournisseurs de soins de santé dans n'importe quel secteur de la santé sur la possibilité d'avoir accès à l'information d'autres fournisseurs dans le continuum des soins — qu'il s'agisse d'intervenants fédéraux ou provinciaux, ou qu'ils travaillent pour un centre de guérison autochtone, un établissement correctionnel ou un centre pour détenus en semi-liberté —, chaque fournisseur comprendrait que l'accès à l'information recueillie par d'autres fournisseurs qui s'occupent du même client permettrait d'offrir de meilleurs services, et ce, de façon plus éclairée et efficace.
Cette situation me fait penser à une fable indienne — et ici, je fais référence à l'Inde. C'est l'histoire de six hommes aveugles qui découvrent un éléphant et cherchent à le définir. Un des hommes, touchant une jambe de l'éléphant, dit que celui-ci est comme un arbre. Un autre, qui touche le ventre, dit que c'est comme un mur. Un autre encore, qui touche une défense de l'éléphant, dit que c'est comme une lance. Un autre, touchant la queue, décrit l'éléphant comme une corde. Et voilà qu'ils se lancent dans des débats enflammés pour déterminer en quoi consiste au juste un éléphant. S'agit-il davantage d'une lance ou d'un arbre? Aucun d'eux n'est capable de voir l'éléphant dans son ensemble, et cela les empêche d'avoir une discussion efficace sur les éléphants.
Je tiens à vous offrir mes services cet après-midi en vue de contribuer à votre discussion sur la façon dont la technologie de l'information en matière de santé pourrait servir à combler l'écart entre les établissements correctionnels fédéraux et la santé mentale communautaire.
Nous avons mis au point une solution logicielle qui peut modeler le système de prestation de services dans n'importe quel milieu de la santé. J'avais pris la peine de préparer quelques diapositives pour vous démontrer la capacité de prodiguer des soins dans un établissement correctionnel. Il n'est pas nécessaire, pour les besoins de la discussion, de simplement comprendre que le même client peut être suivi dans différents milieux de santé et traité par différentes équipes de fournisseurs. On peut partager une information sélective sur le client, selon les conditions en matière de sécurité et de protection des renseignements personnels qu'on définit — ou qu'on négocie avec les autres intervenants de soins de santé — afin de prodiguer des soins plus efficaces et de mieux comprendre chaque cas de manière à se faire une meilleure idée de l'éléphant.
Je vais m'arrêter là-dessus. Je suis disposé à répondre à toute question.
Monsieur Penner, bienvenue.
Je suis né et j'ai grandi à The Pas, au Manitoba, alors c'est agréable de retrouver quelqu'un du Manitoba ici.
Je sais que vous êtes un fournisseur de services d'information en matière de santé. Avez-vous une opinion sur la disponibilité de l'information, c'est-à-dire la mesure dans laquelle il y a une intégration au sein des services correctionnels fédéraux? Vous avez dit avoir préparé quelques diapositives, mais nous ne les avons pas vues.
Certains des témoins précédents ont parlé de certains aspects du problème. Le sujet qui nous intéresse particulièrement, c'est la toxicomanie et la santé mentale, c'est-à-dire le degré de connaissance des problèmes, le degré d'intervention et, bien entendu, ce qui est efficace et ce qui ne l'est pas, particulièrement la méthadone et d'autres traitements pour toxicomanes. Ajoutons à la liste les préoccupations en matière de sécurité publique ainsi que les préoccupations sur le plan des individus. Il y a donc, me semble-t-il, certaines pièces manquantes.
Avez-vous une idée de ce qui se passe dans les établissements correctionnels relativement à votre logiciel?
J'ai écouté très attentivement les témoins précédents et j'ai pris note de quelques statistiques, entre autres le fait que 24 p. 100 des femmes dans leur secteur de soins de santé particulier ont de graves problèmes de santé mentale. Je reconnais que ces personnes vont probablement ou définitivement être remises en liberté dans la collectivité ou dans des établissements de soins pour bénéficiaires internes au sein de la collectivité.
Je n'ai pas évalué la qualité des systèmes d'information au sein du système correctionnel. Pour ma part, si je me fie encore une fois aux propos des témoins précédents, je sais que le système correctionnel a élaboré des évaluations normalisées, et on les trouve très efficaces auprès des femmes qui participent au processus. Évidemment, la technologie de l'information n'est qu'un outil, mais c'est un excellent outil pour effectuer des évaluations normalisées, recueillir des données de façon à les partager facilement au moment voulu et éclairer les décisions futures parce qu'on essaie de comprendre l'impact de l'évaluation, de la planification du rétablissement et des résultats.
Quant à la question de savoir à quel point la technologie de l'information est utilisée dans le système correctionnel, je ne saurais trop vous le dire. À ma connaissance, cela semble limité, mais je ne me suis pas renseigné.
Dans le budget de 2008, le gouvernement avait promis un investissement d'environ 500 millions de dollars pour développer Inforoute Santé, que vous connaissez bien, j'en suis sûr, et qui au moins oriente quelque peu vos travaux, que ce soit à l'échelle provinciale ou nationale. Ces fonds n'ont pas encore été versés, pour diverses raisons.
Que pouvez-vous nous dire à propos du développement au Manitoba? Parce que les systèmes de santé provinciaux prennent souvent leurs décisions indépendamment du financement fédéral. Avez-vous une idée de ce qui est prévu? Avez-vous appris comment cette décision nationale s'inscrit dans le système du Manitoba? Encore une fois, je n'essaie pas de vous mettre sur la sellette du seul fait que vous venez du Manitoba, mais c'est peut-être un système de santé que vous connaissez mieux. Mais peu importe le ressort, à quoi servira cet argent fédéral? Dans quelle mesure cette approche peut-elle s'avérer efficace? Peut-elle nous aider à résoudre le problème que nous étudions aujourd'hui? Vous avez abordé cette question de façon générale.
Dans le secteur privé, c'est-à-dire auprès des entreprises qui aident à élaborer ces diverses solutions potentielles, qu'envisage-t-on et que sait-on relativement à l'utilisation de ces 500 millions de dollars — c'est beaucoup d'argent — et quand ces fonds seront-ils débloqués?
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Je tiens à vous souhaiter la bienvenue, monsieur Penner. Merci beaucoup de participer à nos discussions. Votre déclaration m'a beaucoup impressionnée. En fait, j'ai pu voir votre présentation, et elle m'a fait penser au point qui revient sans cesse depuis le début de l'étude, soit au continuum de soins.
J'ai trouvé appréciable le fait de voir des diapositives qui montrent non seulement qu'on peut enregistrer, conserver et recueillir des renseignements au sujet des traitements des maladies, des recommandations faites par différents représentants de la santé, ainsi que des méthodes qui ont fonctionné et de celles qui n'ont pas eu de succès, mais aussi qu'il est possible d'obtenir de l'information issue, par exemple, du service correctionnel, de la police ou d'autres organismes qui travaillent ensemble parce qu'ils souhaitent le bien des personnes atteintes d'une maladie mentale.
Je suis d'avis qu'il importe de tenter de trouver des solutions pour résoudre les problèmes. De nombreux témoins qui ont comparu devant nous nous ont dit qu'ils utilisent encore des dossiers papier. Bien sûr, dans le domaine des services correctionnels, c'est très difficile de transférer un dossier papier d'un territoire à un autre ou de trouver quelqu'un avec rapidité et efficacité. C'est pour cette raison que je pense qu'on doit prendre les dossiers électroniques en considération afin d'obtenir les renseignements rapidement, ce qui pourrait permettre d'améliorer les services offerts à une personne atteinte d'une maladie mentale.
Une sous-commissaire vient de nous dire qu'on doit procéder à une évaluation au sein du système carcéral, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Je crois que votre programme permettra d'accélérer le processus, car on aura accès aux traitements antérieurs, aux méthodes qui ont fonctionné et à celles qui n'ont pas eu de succès, ainsi qu'au diagnostic, bien entendu, ce qui aidera évidemment à soigner la personne plus rapidement.
Est-ce que j'évalue correctement votre programme?
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, chers membres du comité, de me donner l'occasion de vous faire part de certains des résultats de nos recherches sur le VIH-sida dans les prisons.
Je suis analyste principale des politiques au Réseau juridique canadien VIH-sida, une organisation de défense des droits de la personne établie à Toronto. Nous sommes une organisation nationale qui fait la promotion des droits des personnes atteintes du VIH-sida, et ce, par l'entremise de recherches et d'éducation, d'analyses juridiques et politiques, de sensibilisation et de mobilisation des collectivités.
Nous étudions le problème du VIH dans les prisons depuis bon nombre d'années. Plus récemment, nous nous sommes concentrés sur les programmes d'échange de seringues dans les prisons. En 2006, nous avons rendu public le rapport international le plus exhaustif à avoir été publié sur les données relatives aux programmes d'échange de seringues en prison offerts dans le monde entier.
D'après les conclusions des recherches, et comme l'un des derniers témoins du SCC l'a souligné, il n'existe aucune prison dans le monde où il n'y a pas de drogues. Malgré les nombreux efforts déployés par les systèmes carcéraux pour prévenir l'entrée de drogues dans les prisons, des drogues sont introduites et sont utilisées par des détenus. Dans nos entretiens avec des anciens détenus, ils ont souvent mentionné la disponibilité des drogues et le fait que dans certaines prisons, il y a plus de drogues à l'intérieur qu'ils ont pu en voir dans la rue. La toxicomanie est endémique dans les prisons. Des détenus s'injectent des drogues et ils partagent des aiguilles en raison de la rareté du matériel d'injection stérile à l'intérieur des prisons.
En 1995, le SCC a mené un sondage sur la consommation de drogues à l'intérieur des établissements fédéraux. Trente-huit pour cent des répondants ont signalé avoir utilisé de la drogue depuis leur incarcération, et 11 p. 100 d'entre eux affirment s'être injectés de la drogue. Il s'agit là d'une étude qui remonte à de nombreuses années, comme vous pouvez le constater. Elle a été réalisée en 1995. À partir de nos entretiens avec des détenus, nous croyons que les résultats indiqueraient probablement à l'heure actuelle un taux beaucoup plus élevé d'usage de drogues injectables et de partage de seringues. C'est malheureux. Une étude effectuée par le SCC en 2007 s'est penchée sur les comportements à risque et la prévalence du VIH et de l'hépatite C dans les prisons fédérales. Elle sera rendue publique dans une semaine à peu près. Si nous avions ces données sous les yeux, je suis persuadée que les taux d'hépatite C, de VIH et d'utilisation de drogues injectables seraient beaucoup plus élevés.
Comme dans bien d'autres pays, le taux de VIH et d'hépatite C est largement supérieur dans les prisons canadiennes que dans la population en général. Je sais que d'autres témoins vous ont déjà dit que le taux de VIH dans le système carcéral fédéral est au moins dix fois plus élevé que dans le reste de la population. Dans le cas de l'hépatite C, c'est au bas mot 30 fois ou près de 40 fois plus. Le taux a augmenté considérablement au cours des dix dernières années. En 1999, le taux de cas connus d'hépatite C était de 20 p. 100, tandis qu'il s'élève maintenant à près de 30 p. 100.
Nous avons étudié des programmes d'échange de seringues en prison dans le monde entier pour voir ce que les résultats révéleraient, comment ils fonctionnent et s'ils réduisent efficacement le partage des seringues et les maladies infectieuses.
Ces programmes ont été institués pour la première fois en 1992 dans une prison en Suisse. Ils sont offerts dans plus de 60 prisons dans au moins 11 pays. Plus récemment, en janvier 2010, le Kirghizistan a annoncé le lancement d'un programme pilote.
Ces prisons se trouvent en Europe de l'Ouest, en Asie et dans des systèmes bien dotés en ressources et moins bien dotés en ressources. Ce sont des prisons dans des systèmes carcéraux civils et militaires, dans des pénitenciers pour femmes et pour hommes, des prisons de tous les niveaux de sécurité et de toutes les tailles, ainsi que dans des établissements à l'aménagement nettement différent.
Les établissements ont eu recours à diverses méthodes pour distribuer les seringues. Certains utilisent des machines de distribution automatisées, où l'échange se fait entre l'individu et la machine. D'autres font appel aux infirmeries pour distribuer les seringues et les aiguilles par l'entremise de l'infirmière ou du médecin de la prison. Dans certains cas, des travailleurs en santé auprès des pairs en font directement la distribution. Et dans d'autres cas, des ONG ou des intervenants externes — des professionnels de la santé — distribuent le matériel d'injection à l'intérieur de la prison.
D'après les programmes qui existent dans le monde, un certain nombre d'évaluations systématiques ont été réalisées, notamment par l'Agence de la santé publique du Canada en 2006, comme l'a mentionné un député tout à l'heure. D'après les résultats de ces évaluations, ces programmes réduisent les comportements à risque et les maladies, ils n'augmentent pas la consommation ou l'injection de drogues, et ils ne mettent pas en péril la sécurité du personnel ou des prisonniers. En fait, on n'a signalé aucun incident où du matériel d'injection aurait été utilisé pour attaquer un membre du personnel — pas un seul cas depuis 1992, année où ces programmes ont été mis en oeuvre. Ils apportent d'autres résultats positifs pour les détenus, y compris des aiguillages vers des programmes de traitement de la toxicomanie.
Ce qui est également intéressant, c'est qu'en dépit de la résistance manifestée par les agents de correction dans certains de ces pays — en Allemagne et en Suisse, plus précisément —, ils ont fini par comprendre que ces programmes assurent leur sécurité car il y a moins de risques qu'ils tombent sur une aiguille qui a été cachée dans la cellule d'un prisonnier et qu'ils se piquent accidentellement. Mais si un tel incident se produit, pour une raison ou pour une autre, il y a moins de risques que l'aiguille ait été partagée par de nombreuses personnes et qu'elle soit infectée par le VIH ou l'hépatite C.
Nous estimons qu'en refusant de mettre en oeuvre des programmes d'échange de seringues dans les prisons, le SCC place inutilement les grands toxicomanes à risque d'infection grave par le VIH et l'hépatite C. Les programmes d'échange de seringues sont offertes dans la communauté depuis bon nombre d'années. En 2001, on comptait 200 de ces programmes au Canada, grâce à l'appui de tous les ordres de gouvernement — les administrations municipales, les provinces, les territoires et le fédéral. Bon nombre des personnes qui sont incarcérées sont réalistes. Elles utilisent ces programmes dans la collectivité, et à leur arrivée en prison, on leur refuse soudainement l'accès au service.
Le fait de refuser des programmes d'échange de seringues dans les prisons est discriminatoire à l'égard des détenus qui présentent un grand nombre des caractéristiques qui figurent sur la liste des motifs de distinction illicite. Je pense que des témoins ont déjà mentionné devant le comité permanent la représentation démesurée d'Autochtones dans les prisons. Ils sont surreprésentés dans les prisons fédérales, ainsi que dans la communauté parmi les utilisateurs de drogues injectables et les personnes atteintes du VIH.
Ces problèmes touchent également les femmes de façon disproportionnée. J'imagine que le dernier témoin a signalé le fait que de nombreuses femmes qui entrent dans le système carcéral fédéral ont un passé d'utilisation de drogues injectables, et ce plus que les hommes qui sont incarcérés. Elles ont vécu des traumatismes. On enregistre invariablement un passé de consommation de drogues injectables plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes dans les prisons canadiennes. La Commission canadienne des droits de la personne reconnaît ce fait et dit ceci:
Même si le partage de seringues usagées constitue un risque pour tout détenu, l’incidence sur les femmes est plus marquée en raison du taux plus élevé de toxicomanie et d’infection par le VIH au sein de cette population.
Inversement, les programmes d'échange de seringues sont non seulement bénéfiques aux utilisateurs de drogues dans les prisons, mais aussi aux autres prisonniers, au personnel des établissements et à la population en général. Compte tenu de la hausse du VIH et de l'hépatite C, la société assume le coût des traitements pour les personnes qui en sont atteintes. Selon le SCC, il en coûte 22 000 $ pour traiter une personne en prison pour l'hépatite C et 29 000 $ pour traiter une personne atteinte du VIH par année. C'est donc un coût à vie. Il est bien plus efficace de fournir du matériel d'injection stérile que de traiter une personne pour une infection par le VIH et l'hépatite C.
Je vais conclure avec une autre statistique du SCC. En 2006, plus de 2 000 personnes atteintes de l'hépatite C et plus de 200 autres atteintes du VIH ont été libérées dans la collectivité. La santé dans les prisons relève de la santé publique. Il n'y a aucune raison de traiter les prisonniers qui sont aux prises avec un problème de dépendance différemment des toxicomanes dans la collectivité qui ont accès aux programmes d'échange de seringues. En réduisant les risques d'infection par le VIH et l'hépatite C chez les utilisateurs de drogues dans les prisons, les risques que les Canadiens contractent ces maladies sont moindres.
Voilà qui met fin à ma déclaration. Je peux maintenant répondre aux questions. Merci.