À ma droite, au bout, se trouve Kristina Namiesniowski, sous-ministre adjointe du Secteur des Politiques stratégiques au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Entre elle et moi, il y a Laureen Kinney, directrice générale de la sûreté aérienne à Transports Canada. Enfin, à ma gauche, se trouve le surintendant principal Larry Tremblay, directeur général des Opérations criminelles relatives à la sécurité nationale à la GRC.
Je tiens à vous remercier de nous donner l'occasion de nous exprimer sur le Programme de protection des passagers.
Depuis l'incident du 25 décembre 2009, qui a confirmé que les terroristes voulaient toujours s'attaquer à des vols de passagers, le Canada, tout comme ses partenaires internationaux, examinent ses programmes de sécurité aérienne. L'approche qui prédomine au Canada, aux États-Unis, en Australie et dans d'autres pays en matière de sécurité aérienne comprend le recours simultané à différents dispositifs, ce qui permet d'établir un système de défense solide contre les menaces. Comme nos partenaires internationaux renforcent leurs mesures de sécurité actuelles ou mettent au point de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes d'évaluation des passagers, il est important que le Canada fasse de même pour que nous ne devenions pas un maillon faible et que le système de protection international demeure fort. Dans ce contexte, nous continuons d'améliorer le Programme de protection des passagers et de tirer des leçons de la mise en oeuvre du programme au cours des trois dernières années.
Le Programme de protection des passagers a été établi en juin 2007 dans le but que les personnes qui présentent un risque immédiat pour la sécurité aérienne ne puissent pas prendre l'avion. La conception du programme résulte d'une consultation approfondie avec les différentes parties concernées. On a notamment profité de la précieuse contribution du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Ce programme s'ajoute à d'autres éléments du système, dont le filtrage des passagers et des bagages. Le Programme de protection des passagers touche expressément notre mandat de base, lequel est axé sur la sécurité aérienne.
[Français]
Le Programme de protection des passagers et le Règlement sur le contrôle de l'identité, qui l'appuie, font appel à un partenariat entre les organismes gouvernementaux et les transporteurs aériens. En bref, ce programme permet à Transports Canada, au moyen de renseignements obtenus de la GRC et du SCRS, de formuler des recommandations au ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités concernant des personnes pouvant constituer une menace immédiate pour la sûreté aérienne si elles sont autorisées à monter à bord des aéronefs.
La liste des personnes qui constituent une menace, intitulée « la liste des personnes précisées », renferme le nom, la date de naissance et le sexe de chaque personne précisée, et cette liste est fournie aux transporteurs aériens. En vertu du Règlement sur le contrôle de l'identité, les transporteurs aériens sont tenus de vérifier si le nom d'un passager figure sur la liste avant d'émettre une carte d'embarquement. Si le nom, la date de naissance et le sexe d'un passager correspondent à une personne dont le nom figure sur la liste, le transporteur aérien doit en aviser le Centre des opérations aériennes de Transports Canada qui demeure ouvert en tout temps.
Un agent en service validera la correspondance, prendra une décision quant à savoir si une directive d'urgence est requise pour interdire à cette personne de monter à bord de l'aéronef ou prendre toute mesure nécessaire pour veiller au maintien de la sûreté aérienne.
Des préoccupations à l'égard de résultats faussement positifs ou d'erreurs sur l'identité d'une personne causant de longs délais ont été soulevées auprès du ministère avant la mise en oeuvre du programme. Ces préoccupations ne sont pas devenues problématiques. Les procédures intégrées au programme permettent de répondre efficacement aux appels des transporteurs aériens au sujet de correspondances possibles, ce qui minimise les retards.
Le ministre vérifie les retards signalés afin de déterminer s'ils sont associés au programme. Un seul cas a été signalé où le retard était attribuable au programme. Des dispositions ont été prises avec la personne pour faciliter ses futurs voyages en avion.
[Traduction]
Le Bureau de réexamen de Transports Canada prévoit un recours pour les personnes à qui on a refusé l'embarquement. Ce bureau, par l'entremise de conseillers indépendants, examine les cas présentés et fait des recommandations au ministre sur le retrait ou le maintien du nom de la personne en question. Il est aussi possible de présenter des plaintes à d'autres organismes, comme le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité et la Commission des plaintes du public contre la GRC. On peut également demander à la Cour fédérale de procéder à une révision judiciaire.
Comme pour n'importe quel nouveau programme, des questions et des défis peuvent se présenter. Ces défis, comme le cas qui fait l'objet d'une révision judiciaire, peuvent servir à renforcer le programme.
[Français]
Nous avons pris un bon nombre de mesures pour améliorer le programme depuis sa mise sur pied. Par exemple, nous avons modifié le Règlement sur le contrôle de l'identité en septembre 2008, après avoir consulté les intervenants.
Nous avons retiré l'exigence selon laquelle les passagers qui semblent être âgés de moins de 18 ans doivent présenter des pièces d'identité. Cette modification était fondée sur une évaluation attentive du règlement, en tenant compte du faible risque que présentent les personnes âgées de moins de 18 ans, de la difficulté associée à l'obtention du type de pièce d'identité exigé et de la possibilité de limiter la mobilité des vols intérieurs au Canada lorsque la pièce d'identité appropriée n'est pas disponible.
Pour faciliter les procédures d'embarquement, les exigences concernant les pièces d'identité utilisées à la porte d'embarquement ont également été changées. Nous avons renforcé le programme en incluant dans le règlement les éléments qui figuraient préalablement dans un protocole d'entente conclu avec chaque transporteur aérien du programme. Ces éléments comprennent les obligations réglementaires des transporteurs aériens relativement à la façon appropriée d'utiliser et de divulguer l'information, et d'accéder à l'information qui leur est fournie par Transports Canada dans le cadre du programme. Nous avons également réglé les problèmes potentiels de non-conformité en apportant des modifications qui autorisent les inspecteurs de Transports Canada à imposer des amendes aux transporteurs pour certaines infractions au Règlement sur le contrôle de l'identité.
[Traduction]
Le Programme de protection des passagers demeure un élément important du régime de sécurité aérienne du Canada, de même qu'un facteur clé dans le maintien de notre crédibilité en matière d'évaluation des passagers. Nous continuerons de chercher des moyens d'améliorer le programme, d'assurer la sûreté et la sécurité des passagers et de maintenir l'efficience et la compétitivité de l'industrie aérienne du Canada.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup, monsieur le président.
D'accord, j'aimerais maintenant parler du programme américain pour la sûreté des vols, qui m'inquiète davantage en ce moment.
Récemment, les lignes aériennes canadiennes ont appris qu'elles doivent envoyer leurs IPV — nom, date de naissance, etc. —, mais également tous les renseignements du système de réservation, au département de la Sécurité intérieure dans les 72 heures précédant l'embarquement d'un vol dans ce pays. Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis enverra ensuite une directive pour déterminer si le citoyen canadien peut embarquer ou non, ou si un passager devrait subir un deuxième contrôle de sécurité ou se voir interdire l'embarquement.
Nous avons appris que le Canada a réussi à obtenir une exemption pour les vols nationaux sans escale au Canada, même s'ils survolent les États-Unis, mais nous apprenons à présent que même dans ces circonstances, il y a eu des incidents où l'on a empêché à certaines personnes de prendre l'avion. Il y a un cas célèbre, je crois que c'est celui de M. Almalki, qui voyageait de Windsor à Ottawa l'année dernière et à qui on a refusé l'embarquement.
On nous dit que le programme américain pour la sûreté des vols ne s'applique pas dans cette situation et que nous jouissons d'une exemption. Est-ce exact? Savez-vous si c'est le cas? Est-ce que nous jouissons réellement d'une exemption?
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Je crois qu'un des problèmes que l'on vit dans ce domaine, c'est qu'il existe plusieurs listes d'interdiction de vol différentes qui sont mélangées. Parfois, lorsqu'un transporteur canadien dans un pays étranger refuse d'embarquer quelqu'un, ce n'est pas nécessairement à cause de la liste canadienne.
Je pense que la plupart d'entre nous savent qu'il existe une liste d'interdiction de vol des Nations Unies. Les Américains ont la leur, nous avons la nôtre et d'autres pays ont la leur. Je crois que parfois les listes sont mélangées. Si un Canadien se voit refuser l'embarquement, l'argument qui revient toujours, c'est que la raison de ce refus doit venir du Canada.
Je crois que M. Davies a dit qu'en tant que Canadien, nous devons être assurés que l'espace aérien au-dessus du Canada — puisque le Canada est un pays souverain —, c'est notre espace aérien. Nous sommes maîtres du ciel au-dessus du Canada, tout comme le sont les autres pays. Donc, les Américains ont peut-être leurs propres règles sur les vols qui passent par leur espace aérien, qui n'ont rien à voir avec le fait d'atterrir en sol américain.
Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que les lignes aériennes reçoivent la liste et que c'est à elle de faire un suivi des noms qui figurent sur cette liste.
Monsieur McDonald, je crois que vous avez dit qu'il y a eu deux faux positifs en trois ans.
Je tiens à dire tout d'abord que le rapport lui-même signale que les contrôles de collecte de renseignements personnels offrent une protection adéquate, que des contrôles satisfaisants pour l'utilisation des renseignements personnels sont en place, qu'il y a des contrôles pour la conservation des renseignements personnels et qu'on avait prévu les mécanismes nécessaires pour garantir la fiabilité de la liste des personnes spécifiées.
Cela dit, la commissaire à la protection de la vie privée a fait quatre recommandations visant à améliorer le programme. La première préconise qu'advenant une recommandation du groupe consultatif, le sous-ministre la reçoive accompagnée du dossier au complet.
En vertu d'un pouvoir délégué par le ministre, le sous-ministre prend la décision d'inscrire une personne sur la liste ou de l'en rayer. Quand le programme a été instauré, le sous-ministre ne recevait qu'un résumé du dossier et c'est seulement s'il le souhaitait, qu'on lui communiquait tous les renseignements disponibles. Nous avons modifié cette pratique. Si une recommandation est envoyée au sous-ministre, il reçoit le dossier au complet et il peut l'étudier avant de prendre sa décision.
La commissaire à la protection de la vie privée a aussi fait une recommandation concernant le système informatisé utilisé pour conserver cette liste. Elle préconise que l'on prévoit une accréditation officielle pour garantir la sécurité de cette technologie. Nous pensions l'avoir déjà fait. Il y a donc eu des pourparlers à cet effet. Afin de satisfaire à la recommandation de la commissaire, nous avons procédé à une accréditation sécuritaire du système et elle est désormais en place.
Troisièmement, la commissaire estimait que nous devrions modifier nos règlements de filtrage de l'identité pour exiger que les lignes aériennes signalent toute atteinte à la vie privée, comme par exemple, le fait qu'une personne non autorisée ait eu accès à la liste. En fait, en vertu des règlements, il est illégal de partager et de distribuer la liste, mais la commissaire à la protection de la vie privée estimait qu'il incombait aux lignes aériennes de nous aviser d'un éventuel partage des renseignements. C'est un élément qui fait partie de notre examen réglementaire dont je vous ai parlé.
Enfin, on a recommandé d'intensifier nos activités de surveillance des lignes aériennes pour ce qui est de la manipulation de la liste. Nous avons accepté cette recommandation et accru notre surveillance.
:
Merci beaucoup. Je suis avec Carman Baggaley, conseiller en politiques stratégiques à notre bureau.
Nous sommes ravis d'être ici aujourd'hui. Nous sommes heureux de discuter des répercussions sur la protection de la vie privée de certaines mesures canadiennes en matière de sécurité aérienne. Nous vous félicitons d'avoir décidé d'aborder cet enjeu. On pourrait dire que le défi d'intégrer la protection de la vie privée et la sécurité est le plus percutant dans le domaine de la sécurité aérienne.
Les mesures de sécurité aérienne nous touchent tous. Elles placent nos renseignements personnels entre les mains des autorités les plus puissantes du pays. Le risque d'une mauvaise utilisation associée à toute collecte de renseignements personnels est d'autant plus lourd de conséquence dans ce contexte. Mon principal message aujourd'hui est celui-ci: l'efficacité de la sécurité et la protection de la vie privée ne se posent pas comme un antagonisme. En fait, les deux résident dans une concentration de la collecte d'information personnelle à ce qui est strictement pertinent et nécessaire.
Pour appliquer cette démarche, nous devons examiner les valeurs canadiennes enchâssées dans la Charte canadienne des droits et libertés, ainsi que dans la Loi sur la protection des renseignements personnels. En se fondant sur ces textes de loi et sur la jurisprudence qui guide leur interprétation, on peut faire ressortir certains critères qui indiquent dans quelle mesure le gouvernement peut limiter le droit à la vie privée à des fins de sécurité. Ces critères peuvent être résumés en quatre points principaux: premièrement, le droit à la vie privée est un droit fondamental qui ne peut être enfreint sans que l'on puisse faire la preuve que cela est nécessaire pour protéger l'intérêt public; deuxièmement, il s'ensuit que la collecte des renseignements personnels ne doit se faire que lorsque le besoin est manifeste et qu'une telle collecte doit être proportionnelle à ce besoin; troisièmement, ce besoin doit être continuellement réévalué en vérifiant si la collecte est réellement efficace et nécessaire aux fins déterminées; en quatrième et dernier lieu, il faut également démontrer qu'il n'y a pas d'autres options moins envahissantes pouvant répondre à ce besoin.
Lorsque nous analysons les mesures de sécurité, cette lentille nous permet de garantir que le droit à la vie privée est respecté et que les besoins en matière de sécurité sont pris en compte.
[Français]
J'utiliserai donc cet angle pour étudier deux mesures de sécurité aérienne qui sont présentement en vigueur. Il s'agit du Système d'information préalable sur les voyageurs/dossiers du passager et du Programme de protection des passagers.
Parlons d'abord du Système d'information préalable sur les voyageurs/dossiers du passager. Les compagnies aériennes sont tenues de communiquer à l'Agence des services frontaliers du Canada l'information personnelle sur les voyageurs avant leur arrivée au Canada ainsi que le dossier du passager qui indique l'historique de voyage du passager. Dans les deux cas, l'information est gardée dans un système d'information des passagers, le SIPAX, pour une période de trois ans et demi. Le commissariat avait fait part de ses préoccupations à l'égard de ce programme dès son élaboration et, en réponse à nos préoccupations, on a intégré au programme les mesures de protection de la vie privée suivantes: la durée de rétention des données personnelles a été réduite à ce qui est jugé strictement nécessaire; nous avons obtenu qu'un processus de dépersonnalisation progressive soit mis en oeuvre de sorte que, après 72 heures, les données sur l'identité du passager soient séparées des données de voyage; finalement, l'usage des données personnelles est strictement limité à des fins de lutte contre la criminalité et de protection de la sécurité nationale.
Bien que nous soyons satisfaits de ces modifications, la question de la nécessité de la collecte de données personnelles ainsi que les mesures de protection de ces données doivent toujours être révisées.
[Traduction]
Comme vous le savez, et comme vous venez d'en discuter, nous nous intéressons au Programme de protection des passagers. En fait, nous en avons fait une évaluation récemment. Nous pensons que quelques améliorations pourraient être apportées, bien que nous ayons aussi déterminé que Transports Canada utilisait en général des mesures adéquates pour protéger les renseignements personnels dont il est responsable.
Comme on vous l'a dit, toutes nos recommandations ont été acceptées et mises en oeuvre, ou sont en cours de l'être.
Finalement, je sais que vous vous intéressez aussi au programme pour la sûreté des vols. À ce sujet, je vais seulement dire qu'il s'agit d'un programme du gouvernement américain et, par conséquent, qu'il ne relève pas de nous. Toutefois, nous allons collaborer avec Transports Canada et Sécurité publique Canada pour examiner toutes les mesures que mettra en oeuvre le gouvernement canadien en réponse au programme pour la sûreté des vols.
[Français]
En conclusion, j'aimerais insister sur la nécessité d'intégrer le respect de la vie privée aux mesures de sécurité aérienne, ce qui sera bénéfique sur le plan tant de la sécurité que de la protection de la vie privée, en limitant la collecte de renseignements personnels à ce qui est strictement nécessaire et justifié dans une société libre et démocratique.
Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions
:
Monsieur le président, membres du comité, merci beaucoup de nous accueillir. Je m'appelle Micheal Vonn et je suis directrice des politiques et avocate pour la British Columbia Civil Liberties Association.
Mes remarques compléteront celles de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles. J'aborderai le Programme de protection des passagers, et mon collègue, M. Tassé, parlera du programme pour la sûreté des vols.
Il me tarde de tirer cela au clair et de tenter de déterminer quels éléments de quelle liste constituent quels types de restrictions. Permettez-moi de vous donner un aperçu de la situation actuelle en ce qui concerne la liste canadienne d'interdiction de vol.
Le Programme de protection des passagers, comme des témoins l'ont dit, est entré en vigueur au mois de juin 2007. L'énoncé réglementaire de l'analyse d'impact au sujet du Règlement sur le contrôle de l'identité de cette loi cite explicitement les pressions exercées par les gouvernements étrangers lors de l'élaboration de ce programme et précise que le programme était censé constituer une étape importante vers l'atteinte de notre objectif, à savoir l'élaboration d'une approche comparable quant à l'évaluation des passagers, qui était un but important pour le Partenariat pour la sécurité et la prospérité. Le Programme de protection des passagers visait à dissuader les États-Unis, qui avaient à maintes reprises, dès 2005, menacé d'imposer la liste d'interdiction de vol américaine à tous les vols canadiens qui traversaient l'espace aérien américain; on voulait aussi limiter l'utilisation de la liste américaine d'interdiction de vol par les compagnies aériennes au Canada.
La British Columbia Civil Liberties Association a écrit à Transports Canada en 2006 au sujet de cette utilisation par les compagnies aériennes canadiennes, surtout Air Canada, qui utilisait la liste d'interdiction de vol américaine pour ses vols au Canada. Une réponse a été fournie, dont voici un extrait:
Transports Canada ne dispose pas de pouvoirs législatifs ou réglementaires pour empêcher Air Canada de prendre cette mesure. Toutefois, nous avons cru comprendre qu'une fois le programme canadien en place, les transporteurs aériens canadiens pourront mettre un terme à cette pratique.
Nous proposons qu'il est relativement impensable que Transports Canada n'ait pas le pouvoir d'empêcher les passagers de vols intérieurs canadiens d'être assujettis à une liste d'un gouvernement étranger compilée grâce à des renseignements secrets. De plus, on n'a pas cessé d'approuver des passagers au Canada en se fondant sur une liste américaine avec la mise en oeuvre de notre propre programme. Nous avions, en quelque sorte, le pire des deux mondes.
Le Programme de protection des passagers n'est pas aussi célèbre que son homologue américain, mais il demeure qu'il reste fortement lacunaire et très probablement anticonstitutionnel, à notre avis. Le programme est ostensiblement fondé sur des modifications apportées à la Loi sur l'aéronautique de 2004 qui ont été apportées par le truchement de la Loi sur la sécurité publique de 2002. Les dispositions clés sont intitulées « Directives d'urgence » et confèrent au ministre ou à son délégué le pouvoir d'émettre des directives d'urgence lorsqu'il estime qu'il y a une menace immédiate à la sécurité aérienne. Les directives d'urgence restent en vigueur pendant 72 heures.
Bien sûr, le programme dont nous discutons maintenant est une liste d'interdiction de vol. On m'a expliqué comment on décide des mois ou des années à l'avance qu'une personne constitue une menace « immédiate » à la sécurité aérienne en vertu de la loi. Une personne constitue une menace générale, puis devient une menace immédiate au moment où elle essaie d'entrer dans un avion.
Vous trouvez peut-être cette définition étroite ou incongrue. À mon avis, il s'agit de voeux pieux. On essaie de faire l'impossible. C'est la signature du Programme de protection des passagers. Il me semble infiniment plus probable que l'une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas aviser qu'il figure sur la liste d'interdiction de vol est que cela ne cadre pas du tout avec les dispositions de la Loi sur l'aéronautique relativement aux 72 heures nécessaires pour avoir une menace immédiate.
La Loi sur la sécurité publique a certainement fait l'objet de débats, mais il n'y a jamais eu de débat parlementaire sur la création d'une liste canadienne d'interdiction de vol. On a pris des règlements et rédigé des lignes directrices pour que le programme qui est censé être fondé sur des directives d'urgence ressemble quelque peu à, vous avez entendu la déclaration, un groupe consultatif représenté par Transports Canada, le SCRS et la GRC, lequel passe en revue les noms à inclure sur la liste qui sont soumis par la GRC et le SCRS. La loi ne mentionne pas du tout cette liste.
On nous a dit que les passagers sont tenus de montrer une pièce d'identité délivrée par un gouvernement pour voir s'ils correspondent à un nom sur la liste. S'il y a une concordance, le personnel des compagnies aériennes doit immédiatement aviser le bureau du ministre ou son délégué, qui décident d'émettre ou non une directive d'urgence.
La personne pour qui on a décidé d'interdire l'embarquement peut recourir au Bureau de réexamen, qui fait appel à des conseillers indépendants externes. Je dois cependant souligner que la personne n'a aucun recours immédiat, naturellement, pour ce qui est de prendre l'avion. Le Bureau de réexamen a des conseillers externes qui examinent sa demande et qui font ensuite une recommandation au ministre. Une recommandation dans les grandes lignes — vous l'avez entendu.
Depuis sa mise en oeuvre, de graves préoccupations ont été soulevées concernant la légalité et les pratiques de ce programme. Tout d'abord, le cadre législatif comme tel ne correspond pas au programme. Il n'y a aucune disposition en ce qui a trait à une liste, comme je l'ai souligné. Il y a un fossé si profond entre la loi habilitante, le règlement et le programme comme tel, qu'il prétend autoriser que de nombreux avis juridiques maintiennent que le programme n'est peut-être même pas prescrit par la loi aux fins de la charte.
Même si l'on déterminait que ce cadre législatif vague et disjonctif était prescrit par la loi, il y aurait encore d'autres obstacles à surmonter en ce qui a trait à la charte, notamment l'article 7 de la charte qui est, à mon avis, un obstacle majeur.
Parmi les préoccupations liées à l'équité procédurale, il y a le pouvoir discrétionnaire du ministre qui est pratiquement absolu. La vérification qui a été effectuée par le Bureau du Commissaire à la protection de la vie privée a révélé — et ce n'est pas une surprise, on nous l'a déjà dit auparavant — que ces décisions n'étaient pas réexaminées, mais qu'elles étaient entérinées d'office. On nous a dit que le sous-ministre, qui est le délégué, est maintenant saisi du dossier au complet. Il faudrait être très crédule pour croire que tout ce dossier sera examiné alors que la ligne aérienne attend la décision.
Le critère dont on a entendu parler est à la fois non exhaustif, vague et, franchement, non contraignant sur le plan juridique. Les « lignes directrices » pour le critère du groupe consultatif n'ont aucun statut légal.
Divers droits en vertu de la charte sont en jeu ici. On y a fait allusion, mais le principal, comme je l'ai dit, se trouve à l'article 7 — « droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec les principes de justice fondamentale ». Lorsqu'une personne se voit refuser le droit de prendre un avion, les conséquences sont toujours très graves, mais elles le sont encore plus, comme je l'ai dit, lorsqu'une personne inexplicablement étiquetée comme posant une menace pour la sécurité se trouve dans un pays étranger et se voit refuser la possibilité de prendre un avion pour rentrer chez elle au Canada.
Le Programme de protection des passagers fait actuellement l'objet d'une contestation judiciaire, comme vous le savez. Cette contestation est très révélatrice des problèmes que pose ce programme. La personne qui le conteste a présenté une demande au Bureau de réexamen, et ces examinateurs indépendants étaient d'accord pour dire qu'il s'agit sans doute d'un programme qui n'est pas légal. Ils étaient préoccupés par le fait que le pouvoir discrétionnaire était absolu; ils étaient profondément préoccupés par les éléments de preuve vagues et incomplets qui étaient fournis dans le cadre de ces décisions et les examinateurs indépendants ont effectivement recommandé au ministre, conformément à la loi, que son nom soit supprimé. Il a été décidé de ne pas le faire, de sorte que cette recommandation a été rejetée de façon sommaire.
En conclusion, permettez-moi de donner tout simplement les grandes lignes de cet exposé très bref. À maintes reprises, le gouvernement n'a pas présenté la moindre preuve à l'appui pour démontrer que les listes d'interdiction de vol améliorent la sécurité aérienne. Le système actuel a été en fait mis en oeuvre de façon furtive, il n'a jamais fait l'objet d'un débat, il n'a jamais été expliqué et il n'a même pas, semble-t-il, été prévu dans une loi habilitante. L'absence d'un cadre législatif pour ce programme est tellement prononcé qu'il est peu probable qu'il ait même été prescrit par la loi aux fins de la charte, et même si nous surmontions cet obstacle, nous aurions toujours de graves inquiétudes par rapport à la charte.
Il est grand temps de mettre fin à la mise en oeuvre bureaucratique silencieuse de programmes de sécurité qui affectent aussi profondément les droits des Canadiens. Cette question est même encore plus urgente étant donné les violations odieuses des droits qui pointent à l'horizon en raison du Programme de protection des passagers.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis Roch Tassé, coordonnateur national de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles. Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui.
[Traduction]
Je tiens tout d'abord à dire que la CSILC partage les préoccupations qu'a exprimées mon collègue ici présent de la BCCLA en ce qui concerne le Programme de protection des passagers, d'autant plus que le programme a été institué en catimini sans véritable fondement législatif et sans aucune discussion au Parlement et que, selon toute vraisemblance, il viole l'article 7 de la charte.
Je vais toutefois me concentrer dans mon exposé d'aujourd'hui sur le nouveau programme américain pour la sûreté des vols. Certes, le Programme canadien de protection des passagers et la liste américaine d'interdiction de vol rendaient déjà la situation difficile pour beaucoup de passagers aériens et insupportable pour d'autres. L'instauration graduelle au cours des derniers mois du programme américain pour la sûreté des vols suscite des préoccupations encore plus importantes et pourrait littéralement clouer au sol beaucoup de Canadiens et de personnes qui souhaitent visiter le Canada, mais qui n'ont aucunement l'intention de se rendre aux États-Unis.
Le but avoué du programme est de faire passer des compagnies aériennes à l'agence américaine de sécurité des transports la responsabilité de la liste de surveillance avant le départ, pour retirer des mains des compagnies aériennes les listes de surveillance secrètes. En vertu des règles finales de la composante aérienne du programme pour la sûreté des vols qui ont été publiées à la fin d'octobre 2008, les compagnies aériennes sont tenues de transmettre au département de la Sécurité intérieure et à la l'agence de protection douanière et frontalière des États-Unis, toutes les informations concernant les passagers, et ce, 72 heures à l'avance pour tous les vols en partance ou en provenance des États-Unis ainsi que pour tous les vols qui survolent le territoire américain. Les informations exigées comprennent, non pas seulement les informations de base de type IPV, comme le nom, le sexe et la date de naissance, mais aussi tous les renseignements contenus dans les systèmes de réservation qui sont consignés dans ce qu'on appelle le DP, ou dossier du passager.
Après avoir fait une évaluation du risque pour chaque passager à l'aide de la technologie du forage de données, le département de la Sécurité intérieure retourne un résultat de carte d'embarquement à la compagnie aérienne. Ce résultat indique à la compagnie aérienne qu'elle doit y émettre une carte d'embarquement sans restriction, refuser la permission de voyager ou émettre une carte d'embarquement avec filtrage renforcé.
Ainsi, les États-Unis auront accès à tout un sous-ensemble de renseignements sur des passagers aériens qui n'entrent pas aux États-Unis, mais qui ne font que survoler leur espace aérien. Le programme donne d'office au gouvernement d'un pays étranger le droit de décider qui peut se rendre au Canada ou en partir, étant donné que la grande majorité des vols canadiens en provenance ou à destination de l'Europe et tous les vols, bien entendu, à destination de l'Amérique latine et des Caraïbes survoleront le territoire américain.
D'après un document interne de Sécurité publique que la Presse canadienne a obtenu en décembre dernier, les États-Unis ont accordé une exemption au Canada uniquement pour les vols intérieurs entre deux aéroports ou emplacements canadiens qui passent par l'espace aérien au-dessus du territoire continental des États-Unis. Permettez-moi de citer la page 9 de ce document. C'est Sécurité publique Canada qui dit:
Le Canada sera soumis au programme pour la sûreté des vols à la fin de 2009, même si les responsables du département de la Sécurité intérieure ont confirmé qu'ils envisageraient d'accorder une prolongation si le Canada donnait des assurances qu'il cherche à mettre en place un programme comparable. Le programme pour la sûreté des vols soulève un certain nombre de préoccupations pour le Canada.
Le programme pour la sûreté des vols touche aussi bien les passagers que les compagnies aériennes. Les compagnies aériennes seront contraintes de communiquer des renseignements personnels au gouvernement américain, ce qu'interdit actuellement la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Il se pourrait que des Canadiens qui survolent les États-Unis se voient refuser une carte d'embarquement en raison des listes américaines d'interdiction de vol qui ont été dressées à partir d'un seuil de tolérance du risque moins élevé. Par ailleurs, il n'existe aucune garantie quant à l'utilisation que feront les États-Unis des renseignements qu'ils obtiennent des transporteurs qui survolent leur territoire.
Puis, on recommande dans ce document que, pour répondre à ces préoccupations, le Canada devrait se doter d'un programme plus robuste, appelé système d'évaluation des passagers aériens, qui serait comparable au programme pour la sûreté des vols.
Cette proposition soulève de nombreuses préoccupations et questions relativement à la quantité de renseignements qui seront recueillis sur les passagers, sur les normes et critères qui seront appliqués pour inscrire une personne à la liste et sur le nombre de personnes qui seront ajoutées à la liste pour répondre aux exigences des États-Unis. Par ailleurs, il n'est fait aucune mention dans le document du fondement législatif nécessaire à la mise en place de ce programme.
Le programme pour la sûreté des vols est entré en vigueur le 27 janvier 2009. Quand il aura été pleinement institué, il visera plus de 70 compagnies aériennes américaines et environ 150 compagnies étrangères. Au 31 mars 2009, le programme englobait déjà 74 compagnies américaines et touchait d'une manière ou d'une autre 19 compagnies étrangères, dont cinq pour lesquelles on supposait qu'elles avaient des listes de surveillance comparables aux listes américaines. Air Canada est fort probablement l'une de ces cinq compagnies aériennes qui utilisent déjà le programme.
Dans un courriel envoyé à la Gazette de Montréal en février dernier, un porte-parole d'Air Canada a reconnu pour la première fois que « pour les vols en partance ou en provenance des États-Unis ainsi que pour les vols survolant les États-Unis, nous sommes tenus par la loi d'appliquer la liste d'interdiction de vol des États-Unis ».
Il semble donc qu'Air Canada viole déjà la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui régit la protection de la vie privée au Canada. Il y a là de graves conséquences pour la souveraineté du Canada. Il est fort possible que le droit des Canadiens à la protection de leurs renseignements personnels et les droits qui leur sont garantis par la charte sont violés par la loi d'un pays étranger sans que le Canada puisse défendre ces droits. Plusieurs cas de Canadiens à qui les États-Unis ont refusé une carte d'embarquement, même pour des vols intérieurs au Canada, ont déjà été signalés, dont celui d'Abdullah Almalki, qui, après avoir été innocenté au Canada à la suite de l'enquête du juge Iacobucci, s'est vu refuser une carte d'embarquement pour un vol d'Air Canada entre Toronto et Windsor en décembre dernier. Air Canada lui a dit que son nom figurait sur la liste d'interdiction de vol des États-Unis.
Dans ce cas-là, non seulement Air Canada a violé la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, mais elle n'a même pas tenu compte du fait que le programme pour la sûreté des vols accorde une exemption au Canada pour les vols intérieurs qui ne font que survoler le territoire des États-Unis.
Il y a aussi d'autres préoccupations en ce qui concerne la souveraineté du Canada. Ainsi, la moitié des ministres du Conseil des ministres d'Evo Morales en Bolivie sont considérés comme persona non grata aux États-Unis et, si le Canada invitait l'un d'entre eux à participer à une rencontre diplomatique au Canada, ce serait les États-Unis qui, au bout du compte, décideraient si le ministre en question aurait le droit de se rendre au Canada après y avoir été invité par le gouvernement canadien. Il en serait de même pour les demandeurs du statut de réfugié en provenance de la Colombie qui, même s'ils étaient acceptés comme réfugiés par le Canada, pourraient se voir refuser la possibilité de quitter leur pays par les États-Unis.
Il pourrait aussi y avoir des conséquences très désagréables si des renseignements personnels sur les passagers se rendant à certains endroits, notamment à Cuba, étaient communiqués au département de la Sécurité intérieure. Ces renseignements pourraient notamment être utilisés pour identifier les entreprises canadiennes qui font des affaires avec Cuba ou pour pénaliser les passagers qui se seraient rendus à Cuba et qui pourraient ensuite se voir refuser l'entrée aux États-Unis. Comment le Canada pourra-t-il s'assurer que les États-Unis n'utiliseront pas le programme pour la sûreté des vols pour appliquer leur loi Helms-Burton, qui impose des pénalités aux entreprises étrangères qui font des affaires avec Cuba?
Et qu'en est-il du précédent créé par le programme pour la sûreté des vols? Comment le Canada, voire les États-Unis, réagirait-il si des mesures identiques étaient imposées par la Corée du Nord ou par d'autres pays non considérés comme des pays amis? Il existe aussi de sérieuses préoccupations en ce qui concerne le grand nombre de passagers qui sont interceptés comme des faux positifs et qui n'ont aucun recours, si ce n'est qu'on leur dit de changer leur nom.
La CSILC a reçu des témoignages de plusieurs Canadiens qui ont été interceptés comme des faux positifs dans des aéroports canadiens parce que leur nom figurait sur la liste américaine et qui se sont fait dire par le département de la Sécurité intérieure que le mécanisme de recours prévu dans le programme pour la sûreté des vols ne pouvait pas s'appliquer dans leur cas parce que l'incident ne s'était pas produit sur le territoire des États-Unis.
Enfin, les règlements qui ont été publiés sont extrêmement inquiétants, tant pour ce qu'ils contiennent que pour ce qui ne s'y trouve pas. Ainsi, il n'y est aucunement question des normes qui seront appliquées ni de la façon dont seront prises les décisions sur les missions de ces nouveaux documents de voyage, et aucun mécanisme n'y est prévu non plus pour que les passagers puissent savoir pourquoi ils ont été interdits de vol. Aucune de ces décisions ne sera non plus soumise à un mécanisme d'application régulière de la loi ou à une révision judiciaire.
Comme vous pouvez le constater, le programme pour la sûreté des vols aura déjà des conséquences très nocives pour les voyageurs canadiens et les gens qui visitent le Canada. Nous vous incitons fortement aujourd'hui à réagir rapidement et énergiquement à ces mesures. Les Canadiens s'attendent à ce que leurs gouvernements protègent la souveraineté du pays et défendent leurs droits.
Je vous remercie.
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Je peux peut-être essayer de répondre.
Il semble en fait, comme je l'ai indiqué dans mes remarques, que ce dont il s'agit vraiment ici, c'est qu'on essaie d'inclure de force le Programme de protection des passagers dans ces dispositions, ce dont on avait jamais vraiment envisagé de faire, et c'est ce qui explique que les personnes visées n'en sont pas informées.
Les gens peuvent être informés qu'ils sont visés par le Programme de protection des passagers. C'est facile, et c'est toujours ainsi que les choses se passent dans le cas des mesures de sécurité quand on décide de la façon de s'assurer que tout soit très secret. Si j'étais visé par le Programme de protection des passagers, je ne pourrais pas obtenir une carte d'embarquement électronique. Ce serait là pour moi le signal que j'aurais été fiché. Si nous nous inquiétons de donner trop d'information à l'avance aux personnes visées, nous avons déjà une disposition qui permet aux gens de savoir s'ils pourraient vraisemblablement être sur la liste ou s'ils y sont effectivement.
S'il y avait des mécanismes de protection comme ceux dont vous avez parlé, c'est sûr que le système serait d'ores et déjà plus équitable. Il serait toutefois important que nous précisions bien les critères à appliquer pour déterminer ce qui constitue une menace immédiate. À l'heure actuelle, il semble que certaines personnes sont considérées comme présentant un risque trop élevé pour qu'on leur permette de monter à bord d'un avion, mais qu'elles ne sont pas assez dangereuses pour qu'on les arrête, même pour complot. Notre Code criminel nous permet en fait d'arrêter quelqu'un qui planifie quelque chose d'illégal, et les préoccupations quant à l'efficacité du programme semblent justifiées si on en juge par la liste d'interdiction de vol des États-Unis, car on n'y inscrit pas ceux au sujet desquels on a de sérieuses appréhensions, de peur qu'ils en aient vent. À quoi donc sert la liste? À rien du tout.