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Bonjour tout le monde, et bienvenue.
La 62e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, du jeudi 24 mars 2011, est ouverte.
La première heure sera consacrée à l'examen du budget supplémentaire des dépenses du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile.
L'honorable Vic Toews, ministre de la Sécurité publique, comparaît devant le comité pour répondre à nos questions sur ce budget. Il est accompagné des cadres supérieurs des organismes de son portefeuille, qui sont William Baker, sous-ministre de la Sécurité publique, Rod Knecht, sous-commissaire supérieur de la Gendarmerie royale, Cathy Monroe, vice-présidente de la Direction générale des programmes de l'Agence des services frontaliers du Canada, et Don Head, commissaire du Service correctionnel du Canada. Nous avons aussi Laura Danagher, sous-directrice, Administration, du Service canadien du renseignement de sécurité, et Harvey Cenaiko, président de la Commission nationale des libérations conditionnelles.
Le ministre fera sa déclaration liminaire et répondra ensuite aux questions des députés, avec ses collaborateurs.
Monsieur le ministre Toews, bienvenue à nouveau devant le comité. Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président, membres du comité. Je suis content d'avoir l'occasion de vous rencontrer encore une fois, pour discuter du budget des dépenses du portefeuille de la Sécurité publique.
Il me fait plaisir d'être accompagné aujourd'hui du sous-ministre de la Sécurité publique Canada, William Baker, ainsi que de membres de la haute direction de cet organisme du portefeuille de la Sécurité publique, soit l'Agence services frontaliers du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, le Service correctionnel du Canada, la Commission des libérations conditionnelles et la Gendarmerie royale du Canada.
Vous avez devant vous le Budget principal des dépenses pour l'exercice 2011-2012, qui prévoit une augmentation de 797,4 millions de dollars dans le cas des dépenses du portefeuille pour l'exercice 2010-2011. Vous avez également devant vous le Budget supplémentaire « C », qui demande l'approbation des fonds de 48,5 millions de dollars dans le cas des dépenses du portefeuille pour l'exercice 2010-2011. Ces budgets ne tiennent pas compte des initiatives annoncées dans le budget de 2011.
La prochaine phase du Plan d'action économique du Canada tient compte de l'importance de maintenir la sécurité de nos collectivités en investissant dans la prévention de la criminalité et le système de justice, notamment grâce aux nouvelles mesures budgétaires suivantes : un investissement de 20 millions de dollars sur deux ans dans des programmes de prévention de la criminalité chez les jeunes; un investissement de 30 millions de dollars additionnels sur deux ans dans le Programme des services de police des Premières nations, qui vient appuyer les corps policiers en place; la confirmation de l'engagement du gouvernement envers la Politique sur le refus de refuge au Canada, dans le cas des personnes responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité ou d'actes de génocide, grâce à un financement de 8,4 millions par année par la suite; l'octroi de 26 millions de dollars sur deux ans à l'appui de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, afin de favoriser l'accès et la participation des victimes au système de justice; un financement de 20,9 millions de dollars pour continuer la suspension des droits de renouvellement des permis d'armes à feu, pour toutes les catégories d'armes à feu, de mai 2011 à mai 2012; et une contribution annuelle de 1,6 million de dollars afin d'appuyer l'amélioration de la sécurité dans les collectivités aux prises avec des crimes motivés par la haine.
Ce ne sont là que quelques-uns des points saillants du budget de cette semaine, qui témoignent de l'engagement continu de notre gouvernement à protéger la sécurité de tous les Canadiens.
Le Budget principal des dépenses de 2011-2012 prévoit des ressources pour les opérations quotidiennes du portefeuille tout au long de l'exercice financier, conformément à l'engagement continu de notre gouvernement pour ce qui est de continuer à assurer la sécurité des collectivités pour tous les Canadiens.
Par ailleurs, ces fonds seraient investis de façon prudente pour offrir à Service correctionnel Canada et à la Commission nationale des libérations conditionnelles les ressources nécessaires pour appliquer la Loi sur l'adéquation de la peine et du crime et la Loi sur la lutte contre les crimes violents.
Pour permettre à la GRC de répondre à la demande accrue en matière de services de police dans les provinces, territoires, municipalités et collectivités des Premières nations tout en réalisant ou en renouvelant un certain nombre d'initiatives pour lutter contre les activités de groupes du crime organisé, ainsi que d'autres groupes qui menacent la sécurité des Canadiens.
Pour renforcer la capacité de l'ASFC de protéger nos frontières tout en accélérant les mouvements transfrontaliers des personnes et des marchandises et pour permettre à l'Agence d'appuyer l'intégrité des programmes d'immigration et de protection des réfugiés du Canada en adoptant la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés.
Pour respecter l'engagement que nous partageons tous, selon moi, et qui consiste à protéger l'infrastructure numérique du Canada contre les menaces actuelles et naissantes en matière de cybercriminalité en offrant des ressources nécessaires pour la mise en oeuvre de la Stratégie de cybersécurité du Canada, annoncée par notre gouvernement en septembre.
Les efforts déployés pour lutter contre le crime nécessiteront plus d'argent. Nous comprenons que l'emprisonnement des criminels dangereux engendre des coûts. Et les Canadiens et les Canadiennes sont d'accord avec notre gouvernement. Il s'agit là du prix à payer pour veiller à ce que les criminels dangereux ne fassent pas de nouvelles victimes ou terrorisent d'anciennes victimes. Nous voulons faire en sorte que Service correctionnel Canada dispose des ressources nécessaires pour garder les criminels dangereux derrière les barreaux et faire en sorte que nos méthodes et notre infrastructure soient à la hauteur pour lutter contre les nouvelles formes de criminalité et même qu'elles prennent le pas sur celles-ci.
La protection des Canadiens doit avoir la priorité. Les victimes nous l'ont dit à maintes reprises, la libération hâtive des criminels engendre des coûts beaucoup plus élevés que le fait de les garder derrière les barreaux. Comme vous le savez peut-être, dans un récent rapport, le ministère de la Justice évaluait à 99,6 milliards de dollars le coût total de la criminalité pour la population canadienne en 2008. Je suis très heureux que les membres Conservateurs de ce comité aient récemment écrit au directeur parlementaire du budget pour lui demander de faire une étude du coût socio-économique de la criminalité pour les victimes, les gouvernements et nos collectivités. Je conviens avec mes collègues du comité qui s'agit là de questions n'ayant pas fait l'objet d'une attention et d'une analyse adéquates.
Notre gouvernement est conscient de la réalité et il est prêt à prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que Service correctionnel du Canada dispose des outils dont il a besoin. Le Budget principal des dépenses pour l'exercice 2011-2012 prévoit une augmentation du budget de Service correctionnel du Canada de l'ordre de 521,6 millions de dollars, dont 458 millions de dollars pour la mise en oeuvre de la Loi sur l'adéquation de la peine et du crime et un montant supplémentaire de 19,6 millions de dollars pour la mise en oeuvre de la Loi sur la lutte contre les crimes violents.
Par ailleurs, le Budget principal des dépenses de 2011-2012 prévoit une augmentation du budget de la Commission nationale des libérations conditionnelles de l'ordre de 2,8 millions de dollars, dont 1,6 million de dollars, qui représente le tiers des six augmentations annuelles associées à la Loi sur l'adéquation de la peine du crime du gouvernement fédéral. Les Canadiens nous ont dit qu'ils veulent se sentir en sécurité dans leurs rues et dans leurs collectivités. Ils nous ont dit qu'ils aimeraient que les services de police disposent des ressources nécessaires pour accomplir leur travail. Ils nous ont dit qu'ils veulent des conséquences et des peines plus sévères pour les crimes graves, surtout les crimes violents commis avec une arme. Ils nous ont dit qu'ils aimeraient que les contrevenants soient tenus pleinement responsables de leurs gestes. Et ils nous ont dit qu'ils voulaient que les intérêts des victimes passent avant ceux des contrevenants. Et c'est ce que notre gouvernement fait.
Nous collaborons avec les Canadiens pour rétablir la confiance dans notre système de justice. Nous avons tous été très occupés au cours de la présente session parlementaire. Ainsi, nous avons déposé le projet de loi S-13, c'est-à-dire la Loi visant à assurer la sécurité des Canadiens (protection des frontières), mieux connu sous le nom « Shiprider ». Cette loi est importante puisqu'elle permettrait à des membres désignés des organismes d'application de la loi du Canada et des États-Unis d'exercer leurs fonctions ensemble, à bord de navires, dans les eaux frontalières, et de poursuivre les criminels qui essayent d'exploiter les lacunes en matière d'application de la loi dans les eaux frontalières.
Nous avons travaillé fort pour faire adopter le projet de loi C-42, la Loi modifiant la loi sur l'aéronautique, une loi importante et vraiment nécessaire dans le cas des voyageurs canadiens étant donné qu'elle permettra aux compagnies d'aviation canadiennes de continuer d'accéder à des destinations du Sud de façon aussi rentable et opportune que possible. Et cette loi nous permettra de continuer à établir un équilibre approprié entre le respect des lois internationales et la protection des droits des Canadiens.
Nous avons procédé à des réformes en ce qui a trait au système de libération conditionnelle, pour veiller à ce que la Commission nationale des libérations conditionnelles jouisse des pouvoirs nécessaires pour déterminer si le fait d'accorder une libération conditionnelle risque de réduire la confiance dans l'administration de la justice.
Nos enfants ont le droit d'être protégés contre les délinquants sexuels et c'est pourquoi je suis très fier que nous ayons travaillé en vue de l'adoption d'une loi pour améliorer le Registre national des délinquants sexuels et la Banque nationale des données génétiques, de façon à ce que tous les délinquants sexuels soient enregistrés auprès de la police.
La lutte contre la criminalité reste l'une des principales priorités de notre gouvernement, et c'est pourquoi nous avons également adopté récemment une loi pour combattre le crime abject que constitue l'introduction de clandestins. En fait, il s'agit là d'une préoccupation majeure de notre gouvernement. Nous avons besoin de l'aide de tous les députés pour adopter des mesures fermes mais raisonnables pour empêcher l'introduction de clandestins et l'abus de notre système d'immigration, juste et accueillant.
Nous avons récemment adopté des mesures raisonnables pour éviter que les escrocs, les fraudeurs et les trafiquants de drogue soient libérés automatiquement après avoir purgé seulement un sixième de leur peine d'emprisonnement.
Enfin, notre Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme a été adoptée au Sénat, et nous avons annoncé une nouvelle technologie de la GRC qui contribuera à réduire les délais d'attente concernant la vérification policière des intervenants auprès des plus vulnérables de notre société, comme les entraîneurs de hockey et les professeurs.
La protection de nos collectivités est une priorité de notre gouvernement et je sais que c'est une priorité du Comité. Nous avons pris diverses mesures pour respecter notre engagement. Nous continuerons de le faire et j'envisage avec plaisir la possibilité de collaborer avec le Comité au cours des prochains mois en vue de l'adoption d'une série de mesures visant à protéger les Canadiens.
Je suis maintenant prêt à répondre aux questions, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre.
J'aimerais faire un bref rappel historique, monsieur le ministre, au sujet de questions financières, ce qui est l'élément central du budget dont nous sommes saisis. Il y a à peu près deux ans, j'avais demandé au directeur parlementaire du budget d'examiner le coût de tous les projets de loi ayant une incidence sur l'incarcération, et il avait accepté d'entreprendre cette étude. Depuis lors, la seule réponse que j'ai obtenue de son bureau est qu'il ne recevait absolument aucune coopération de la part de vos services ou de Service correctionnel Canada. De fait, la situation était tellement mauvaise qu'il devait consacrer un tiers de son personnel et toutes sortes de ressources à l'élaboration de modèles statistiques pour recréer les données qu'on refusait de lui fournir. La justification était qu'il s'agissait d'informations confidentielles du Cabinet.
Étant donné que le directeur parlementaire du budget a été empêché de faire son travail et que le Parlement n'a pu obtenir le coût des projets de loi, nous avons dû prendre d'autres mesures.
Mon souci, monsieur le président, est qu'il a fallu que le président de la Chambre affirme que cette attitude était complètement inacceptable, c'est-à-dire que vous ne pouvez empêcher le Parlement ou les Canadiens d'avoir accès à cette information. Malgré cela, nous n'avons pas encore obtenu les documents voulus. Un comité parlementaire a adopté une motion d'outrage au Parlement et, aujourd'hui encore, près de deux ans après la demande… Avec 18 projets de loi en cours d'examen, le directeur parlementaire du budget nous dit que plus de 55 p. 100 des données sont encore manquantes.
Ma question est simple : comment pouvez-vous demander aux législateurs de voter sur des projets de loi dont ils ne connaissent absolument pas le coût? Comment pouvez-vous vous attendre à ce que les Canadiens évaluent les priorités relatives du gouvernement quand on leur dissimule l'information et qu'on ne leur permet pas de connaître la vérité? Pourquoi, monsieur le ministre, refusez-vous de fournir les documents demandés, refusez-vous de coopérer avec le directeur parlementaire du budget, et refusez-vous de dire la vérité sur ces coûts?
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Je vais essayer de répondre et je laisserai M. Head compléter ma réponse. Vous avez posé plusieurs questions, quatre ou cinq si j'ai bien compris.
La première concerne le fait qu'il est difficile de calculer le coût de n'importe quel texte de loi sur la criminalité. Nous en avons déjà beaucoup parlé lors d'une autre séance de comité, la semaine dernière. Ce n'était pas devant ce comité-ci mais devant celui de la procédure. Si mon savant collègue veut vraiment connaître les réponses aux questions qu'il a posées, les mêmes ont été posées à ses collègues la semaine dernière.
Prenons un exemple simple. Mon personnel du Service correctionnel, le président de la Commission, a estimé que, par suite de la Loi sur l'adéquation de la peine et du crime, environ 1 300 nouveaux prisonniers entreront dans le système cette année. En fait, le nombre est de 500. Le Service correctionnel a tenté avec diligence de cerner exactement quelle serait l'incidence du projet de loi. Il y a toutes sortes de modèles de calcul des coûts. Le problème n'est pas qu'on n'a pas fourni d'informations, le problème est qu'il est souvent difficile, voire impossible, de faire ce genre de calcul.
De même, tenter d'établir le coût de la législation… Par exemple, lorsque mon collègue le ministre de la Justice a aboli la clause de la dernière chance, c'est-à-dire le droit de demander la libération conditionnelle après avoir purgé 15 ans d'une peine d'incarcération à vie pour meurtre, il a été très difficile de calculer ce que serait le coût dans 15 ou 25 ans.
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Nous reprenons nos travaux. Veuillez reprendre place.
Pendant la deuxième heure, nous allons continuer nos audiences sur le projet de loi C-23B, Loi modifiant la loi sur le casier judiciaire.
Nous accueillons à ce sujet messieurs Randall Fletcher, spécialiste de la déviance sexuelle, et William Marshall, directeur de Rockwood Psychological Services.
Nous avons aussi avec nous le chef de police adjoint de la police de Vancouver, Warren Lemcke.
Je connais un autre Warren Lemcke et je pensais que c'était lui qui allait comparaître aujourd'hui. Je vois qu'il a un homonyme.
Nous sommes très heureux de vous souhaiter la bienvenue, monsieur Lemcke.
Je crois comprendre que vous avez tous une déclaration liminaire, après quoi nous passerons aux questions. Notre objectif est de mettre fin à cette session 10 à 15 minutes avant la fin de la séance car nous avons certaines questions d'ordre interne à régler.
Monsieur Lemcke, comme c'est vous qui avez fait le plus long voyage pour venir nous rencontrer, c'est vous qui allez commencer. Vous avez la parole.
C'est un plaisir d'être ici. C'est la première fois que je viens à Ottawa, une bien jolie ville.
Bonjour, monsieur le président. C'est un honneur pour moi de m'adresser au comité au sujet d'un projet de loi susceptible d'avoir une incidence profonde sur la sécurité du public et sur la confiance de ce dernier, notamment les victimes, envers l'appareil judiciaire.
La question de la réhabilitation des contrevenants suscite beaucoup d'intérêt dans la population depuis plusieurs années, et c'est évidemment l'origine de ce projet de loi.
Il y a dans ce texte beaucoup d'éléments qu'approuvent les services de police du pays car ils nous aideront à protéger le public.
Tout d'abord, remplacer « réhabilitation » par « suspension du casier » est important du point de vue des victimes. Les victimes peuvent subir les effets des actes criminels longtemps après que le coupable ait obtenu la réhabilitation ou une suspension de casier. Dans bien des cas, elles n'accorderaient jamais la réhabilitation au criminel.
C'est une mesure très positive car la Commission nationale des libérations conditionnelles aura désormais beaucoup plus de pouvoir en matière d'octroi, de déni ou de révocation de la suspension de casier.
En ce qui concerne l'allongement de la période d'inadmissibilité et les préoccupations soulevées à ce sujet, il convient de rappeler que, même si l'on recommande dans le projet de loi une période de carence de cinq ans pour les infractions punissables par procédure sommaire et de 10 ans pour les infractions punissables par mise en accusation, il y a deux autres périodes du fait de l'utilisation d'absolutions inconditionnelles ou conditionnelles : une année pour l'absolution inconditionnelle, et trois années pour l'absolution conditionnelle, où les casiers sont automatiquement expurgés, soit immédiatement, soit après une période de probation terminée avec succès. Bon nombre de ces sentences sont infligées spécialement aux primodélinquants afin qu'ils n'aient pas à attendre la période plus longue imposée par ce projet de loi.
Je précise que, sur les 400 000 décisions de réhabilitation prises depuis 1970, 96 p. 100 sont encore en vigueur. C'est un chiffre important, mais qu'en est-il de ceux à qui l'on a accordé la réhabilitation et qui n'ont tout simplement pas été attrapés?
Je trouve intéressant qu'un très grand nombre de réhabilitations ont apparemment été accordées ces dernières années. Je constate aussi, selon les chiffres donnés, que des centaines de délinquants sexuels ont obtenu une décision de réhabilitation depuis deux ans, ce qui est très troublant.
Certains délinquants sexuels, surtout les criminels prédateurs et les pédophiles qui s'attaquent aux enfants, ne peuvent jamais guérir, selon certains spécialistes. Les inclure dans ce groupe pourrait avoir des conséquences tragiques. Je répète qu'un certain nombre de ces individus ont obtenu la réhabilitation ces dernières années. En outre, selon Statistique Canada, les crimes sexuels font partie de ceux qui sont le moins susceptibles d'être dénoncés au Canada.
Il y aura probablement des préoccupations sur l'inadmissibilité de ceux qui sont condamnés pour certains crimes sexuels contre les enfants ou qui auront reçu trois condamnations pour infraction punissable par mise en accusation. Quiconque commet un crime sexuel contre un enfant est un prédateur. Comme je l'ai déjà dit, il est bien établi que bon nombre de ces prédateurs ne peuvent jamais guérir et, par conséquent, ne devraient jamais bénéficier d'une suspension de casier.
En revanche, il est cohérent de prévoir les exceptions mentionnées, qui concernent certaines infractions à caractère sexuel contre des mineurs commises par des personnes d'âge comparable, et je crois que le grand public les comprendrait.
À mon avis, l'inadmissibilité d'une personne condamnée pour plus de trois infractions punissables par mise en accusation mérite qu'on s'y arrête. Prenons le cas d'un adolescent ou d'un jeune dans la vingtaine qui est condamné pour trois vols par effraction. S'il se réforme, devrait-il toujours être inadmissible à 30 ans ou à 40 ans? Globalement, je crois que les services de police et le grand public sont favorables à ce projet de loi et à son objectif de passer l'éponge pour ceux qui se sont réformés, afin de leur permettre de repartir d'un bon pied dans la vie. Par contre, ceux qui continuent de récidiver ou qui commettent des crimes sexuels contre les enfants ne devraient pas bénéficier de ce privilège.
Donner à la Commission nationale des libérations conditionnelles le pouvoir de prendre des décisions éclairées dans tous ces cas ne peut être que positif. Ce projet de loi permettra de renverser l'opinion largement répandue qu'il suffit de demander la réhabilitation pour l'obtenir.
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Permettez-moi de vous parler un peu de mes antécédents car je sais que j'ai un titre professionnel assez inusité : spécialiste en déviance sexuelle. Ça m'a déjà causé toutes sortes d'embarras, dans certains cas.
Je travaille pour le procureur général de l'Île-du-Prince-Édouard, mon rôle consistant à dispenser des services d'évaluation et de traitement à quiconque a été condamné pour un crime sexuel dans la province ou à quiconque présente des impulsions, des fantasmes ou des comportements de déviance sexuelle, avec ou sans condamnation pénale. J'exerce cette fonction depuis 16 ans à temps plein.
Avant cela, je travaillais pour les services de santé mentale, où je faisais la même chose à mi-temps.
J'ai été qualifié comme témoin expert dans ce domaine par la Cour suprême de l'Île-du-Prince-Édouard et, dans un poste précédent où je travaillais pour les services de santé mentale, j'ai également traité des victimes d'agression sexuelle.
En 1994, j'ai obtenu le prix du lieutenant-gouverneur pour la prévention de la criminalité, du fait de ma contribution à l'instauration d'un programme exhaustif d'évaluation et de traitement des personnes ayant commis un crime à caractère sexuel.
La raison pour laquelle j'oeuvre dans ce domaine est que je suis très préoccupé par la prévention de la criminalité, en particulier contre les enfants, et c'est de ce point de vue que je m'adresse à vous aujourd'hui.
Au Canada, on considère que les gens qui commettent des crimes à caractère sexuel peuvent être réhabilités et contribuer de manière positive à la société. Les programmes de traitement et de réhabilitation des personnes ayant commis toutes sortes d'actes criminels ont démontré qu'ils permettent de réduire la récidive, alors que la punition à elle seule s'est avérée soit inefficace, soit, dans le cas des peines les plus lourdes, susceptible d'avoir l'effet négatif d'accroître la récidive.
Si l'on veut interdire la suspension de casier pour telle ou telle catégorie d'actes criminels, on doit avoir une raison impérieuse, par exemple avoir la preuve scientifique d'un taux de récidive élevé dans cette catégorie, la preuve que ce type de comportement a toujours sur les victimes une incidence plus profonde que d'autres types de comportement, la preuve que la réhabilitation des personnes commettant ce genre d'infraction n'est pas efficace et, finalement, la preuve qu'il n'y a pas de différence marquée entre toutes les personnes qui commettent ce type d'infraction. Si ces choses-là sont démontrées scientifiquement, on peut arguer qu'il faut priver de suspension de casier les personnes qui commettent des agressions sexuelles contre les enfants.
Quand on adopte une loi ayant une incidence sur une population criminelle quelconque, il est également important d'en envisager les conséquences imprévues. Une loi ayant pour objectif de renforcer la sécurité des collectivités pourrait en réalité avoir comme conséquence imprévue d'accroître les taux de récidive en entravant la réinsertion sociale du coupable.
Si l'on veut priver de suspension de casier quiconque a été condamné pour avoir commis un crime à caractère sexuel contre un enfant, il importe de tenir compte des quatre éléments qui suivent. Premièrement, les gens qui commettent un crime à caractère sexuel contre un enfant ne constituent pas un groupe homogène. Ils diffèrent considérablement du point de vue de la motivation, de la dangerosité, du degré de dysfonctionnement et du risque de récidive.
Deuxièmement, leur taux de récidive n'est pas élevé. La plupart ne récidivent pas. Par rapport à de nombreuses autres catégories d'actes criminels, le taux de récidive est relativement bas.
Troisièmement, le traitement et la réadaptation des personnes ayant commis un crime à caractère sexuel contre un enfant ont fait la preuve de leur efficacité. Je pourrai vous parler par exemple d'une étude de 2006 concernant les gens ayant suivi un traitement à l'île du Prince-Édouard, étude qui montre que le taux de récidive sur une période de 5 à 10 ans se situait entre 3 et 4 p. 100. Je pense que M. Marshall peut vous donner des statistiques similaires pour son programme.
Finalement, les effets de la victimisation sexuelle des enfants peuvent être profonds et durer toute la vie, et il convient de les prendre au sérieux. Il existe cependant une échelle de traumatisme et, s'il est clair qu'aucun niveau de traumatisme n'est acceptable pour un enfant, toutes les infractions ne produisent pas nécessairement de traumatisme sévère ou durable. Des recherches ont montré que les dommages les plus graves causés aux enfants le sont par l'exposition à la violence familiale, étant donné que les enfants ayant été agressés physiquement, verbalement ou émotivement témoignent de séquelles similaires, en nature et en gravité, à ceux ayant été agressés sexuellement.
Pour replacer les choses dans leur contexte, il importe de comprendre que l'agression verbale ou émotive d'un enfant, qui peut avoir de très profondes séquelles, n'est pas considérée comme un acte criminel.
En résumé, les gens qui commettent un crime sexuel contre un enfant ne sont pas tous les mêmes. La plupart ne récidivent pas. Les traitements destinés à réduire le risque de récidive ont fait la preuve de leur efficacité. Les séquelles de l'agression sexuelle contre les enfants peuvent être graves et durer toute la vie mais il y a d'autres types d'agressions et d'actes criminels qui ont des séquelles similaires ou plus traumatisantes. Les solutions toutes faites ne sont pas adéquates. Notre système contient déjà des dispositions privant de réhabilitation les agresseurs sexuels dangereux et continuant de poser un risque élevé de récidive sexuelle.
Permettez-moi maintenant d'aborder brièvement le risque des conséquences imprévues. Selon la théorie de l'étiquetage, formulée par le sociologue Howard Baker, la déviance n'est pas inhérente à l'acte mais est plutôt reliée à la tendance des majorités à voir d'un mauvais oeil quiconque est perçu comme déviant par rapport à ce qui est jugé normal ou acceptable. La théorie porte sur l'actualisation de soi et le comportement de l'individu, et sur la manière dont ces éléments peuvent être influencés ou déterminés par les termes employés pour les décrire. Cela peut devenir une prévision autoréalisatrice dans laquelle la personne décide que c'est ce qu'elle est, qu'elle ne peut pas changer et qu'elle peut aussi bien l'accepter.
L'adoption d'une loi empêchant de manière universelle de suspendre le casier de quiconque a été condamné pour agression sexuelle contre un enfant pourrait donner le message suivant : vous êtes considéré comme l'un des membres les plus dangereux et les plus nuisibles de notre société, et vous ne pourrez jamais rien faire pour nous convaincre que vous pourriez guérir ou mériter la réhabilitation.
Il est important d'envisager l'effet que cela pourrait avoir sur la motivation à suivre un programme de traitement et à changer le comportement.
Finalement, un élément important de la réadaptation de quiconque a commis un acte criminel et a été mis en liberté dans la communauté après une période d'incarcération est l'obtention d'un emploi légitime. Il est bien établi qu'avoir un casier judiciaire peut entraver l'obtention d'un emploi, et c'est particulièrement vrai pour quelqu'un qui a un casier d'agresseur sexuel. Priver cette personne de la suspension de casier pourrait aggraver cette difficulté.
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Merci de votre invitation. Je suis très heureux de m'adresser au comité.
Je m'occupe de traitement d'agresseurs sexuels et de recherche dans ce domaine depuis 42 ans. J'ai enseigné à Queen's pendant 28 ans où l'on m'a donné la possibilité de faire ce genre de travail. J'ai été consulté par environ 25 pays sur l'élaboration de programmes de traitement d'agresseurs sexuels incarcérés, et j'ai mis sur pied des programmes de cette nature dans six pays différents, si je me souviens bien.
J'ai 380 publications à mon actif, dont 19 livres, la plupart concernant le traitement des agresseurs sexuels. J'ai des contrats avec le Service correctionnel du Canada, entre autres, et nous dispensons des programmes de traitement dans des établissements correctionnels de l'Ontario depuis une trentaine d'années. J'ai lancé mon tout premier programme de traitement en 1973 à Kingston. C'était le premier du pays.
Nous suivons nos délinquants de très près. Nous avons par exemple un groupe de 535 que nous suivons en moyenne depuis une dizaine d'années. Sur ces 535 délinquants traités, 5,2 p. 100 ont récidivé durant cette période. La récidive des agresseurs sexuels, qu'ils aient été traités ou non, se produit dans la plupart des cas dans les trois à quatre premières années. Donc, je pense qu'on peut dire sans crainte de se tromper que ce programme est très efficace.
Le Service correctionnel du Canada a été à l'avant-garde mondiale dans la prestation de services de réadaptation pour toutes sortes de contrevenants, notamment sexuels. Au fait, je partage l'opinion de M. Fletcher quand il dit que le taux de récidive moyen des auteurs non traités d'agressions sexuelles contre des enfants est de 18 p. 100 sur une période de 10 ans. Ce n'est pas un taux de récidive remarquablement élevé par rapport à d'autres types d'actes criminels.
L'un des problèmes que pose l'intégration d'agresseurs sexuels à un programme de traitement est qu'ils ont besoin de se considérer comme des personnes de valeur. L'accès à la libération conditionnelle est un facteur de motivation important pour les amener à suivre un programme de traitement durant leur incarcération, tout comme la possibilité d'être incarcéré dans une prison offrant des programmes plutôt que dans une prison n'en offrant pas, ainsi que, finalement, la possibilité d'obtenir une certaine rédemption par l'obtention d'une réhabilitation.
Évidemment, aucune société sensée n'accorderait la réhabilitation à tous les agresseurs sexuels. Ce que ceux-ci doivent faire, à mon avis, c'est démontrer avant tout qu'ils posent moins de danger et de risque pour les enfants innocents, et la meilleure manière de ce faire est de suivre un traitement efficace en prison. Le Service correctionnel du Canada a également le bon sens d'exiger de la plupart des agresseurs sexuels, notamment les agresseurs d'enfants, qu'ils participent à un traitement de suivi dans la collectivité pour obtenir la libération conditionnelle.
Je crois que la possibilité d'obtenir la réhabilitation est un incitatif mais, bien sûr, il y a certaines personnes à qui je ne recommanderais jamais d'accorder la réhabilitation, et je pourrais vous donner toute une série de noms que vous connaissez fort bien, j'en suis sûr. Il importe de sérier les cas. Il faut faire une différence selon le degré de risque et selon les efforts déployés par l'individu pour se réadapter, pas seulement en participant à des programmes de traitement mais aussi en témoignant d'un comportement satisfaisant dans la collectivité.
On peut parler des crimes non identifiés mais, comme le disait l'un de mes collègues, c'est un peu comme vouloir mettre un nuage dans une boîte. C'est très incertain. Nous ne pouvons pas savoir combien tel ou tel individu a pu commettre de crimes non déclarés. Tout ce que nous pouvons faire, c'est agir en fonction du dossier officiel, du comportement, c'est-à-dire de l'information dont la commission des libérations conditionnelles peut tenir compte pour décider d'octroyer ou non la réhabilitation.
Je m'oppose donc vivement à l'inadmissibilité absolue à la réhabilitation. Je pense que l'incitatif de la réhabilitation est très important, mais il nous incombe de prendre des décisions réfléchies à ce sujet et, je pense, d'être très prudents à cet égard.
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C'est le premier jour que nous faisons cela, monsieur le président, et je suppose que je vais devoir m'adapter à votre nouveau système, après toutes ces années.
En m'adressant donc à vous, monsieur le président, je prends l'exemple d'une personne venue témoigner devant ce comité qui avait été victime du programme des pensionnats, qui avait commis certaines erreurs à l'âge de 18 ans. Il ne s'agissait pas d'agressions sexuelles. Cette personne, qui n'a commis aucun crime depuis de nombreuses années, est aujourd'hui un leader dans sa collectivité et aide les membres des collectivités autochtones à sortir de leur situation. C'est quelqu'un qui a fait face à des choses terribles dans sa vie. Ce projet de loi l'empêcherait d'obtenir sa réhabilitation. Cela veut dire qu'il ne pourrait pas trouver de bon emploi. Cela veut dire qu'il ne pourrait pas faire de voyages.
Nous avons entendu quelqu'un, une mère de 18 ans, par exemple, qui avait pris une mauvaise décision et avait rédigé quatre ou cinq chèques sans provision, ce qui représente quatre ou cinq infractions. Elle aussi serait touchée par ce projet de loi et n'obtiendrait pas de deuxième chance.
Ce qui m'embête, c'est que les membres Conservateurs de ce comité expriment leur sympathie à l'égard des témoins qui ont exprimé ce point de vue, tout comme le ministre, qui a déclaré en comité que des changements s'imposent. Ensuite, il s'en va en Chambre dire que je prends parti pour les agresseurs sexuels parce que je pose ces questions. C'est foncièrement malhonnête.
Je vous demande donc si vous convenez avec moi que ces parties du projet de loi qui s'appliqueront en particulier aux personnes que je viens de décrire devraient être modifiées avant que nous adoptions le texte.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous le savons, il y a deux grandes parties dans ce projet de loi. Il y a une proposition destinée à interdire l'octroi d'une réhabilitation aux personnes commettant plus de trois infractions passibles de mise en accusation. Je pense que nous avons entendu chaque témoin, même le ministre, dire que c'est un chiffre arbitraire qui'il convient de revoir.
L'autre aspect de ce projet de loi est qu'il interdirait également à tout Canadien condamné pour une longue liste d'infractions à caractère sexuel contre les enfants d'être jamais admissible à la réhabilitation. Je crois qu'il faut dire dès le départ que parler d'infractions sexuelles contre les enfants implique un certain degré de protection et même, oserais-je dire, de répugnance et de dégoût de la part de tout le monde. Cela suscite chez chacun d'entre nous le désir impérieux de protéger nos enfants, et je crois que c'est compréhensible.
Notre rôle de législateurs est d'essayer d'adopter des politiques réfléchies afin de contribuer à cet objectif, et j'adresse ces remarques à nos deux témoins qui ont consacré toute leur vie, si j'ai bien compris, à se pencher sur ce problème.
D'après vous, est-ce que la perspective d'obtenir une réhabilitation contribue à la réforme de la personne condamnée pour agression sexuelle contre un enfant, au point de l'amener à ne jamais récidiver? Cela fait-il partie du processus de réforme? Cela joue-t-il un rôle ou non?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins dont les déclarations sont non seulement très intéressantes mais aussi très utiles.
Quand on se plaint que ce que nous disons et faisons en comité est rapporté en Chambre et cause du tort, j'ai constaté que la personne même qui s'était plainte de cela a verbalement éviscéré d'autres personnes. Certes, je sais que, dans le monde de la politique et des joutes oratoires, nous participons tous plus ou moins à ces échanges. Toutefois, certains d'entre nous avons dû présenter des excuses en Chambre, publiquement et en privé, et certains d'entre nous avons dû subir certaines foudres juridiques.
Je conviens avec lui que cela nous humilie tous, pas seulement l'un d'entre nous. Je dois partager cela. Si les gens ont une si mauvaise opinions des politiciens, je pense que c'est à cause de ce que nous faisons, parce que nous attachons beaucoup de prix à nos positions, et que nos positions ont un certain effet. Quoi qu'il en soit, nous sommes ici pour parler du projet de loi C-23B.
Monsieur le chef de police adjoint Lemcke, j'ai partagé la même profession que vous avant celle-ci. J'ai écouté les deux autres témoins et, même si je ne rejette pas ce qu'ils disent, je songe toujours que les gens qui exercent dans le domaine du droit ou de la santé exercent un métier. Je ne me souviens pas d'avoir jamais engagé un menuisier qui ne faisait qu'exercer la menuiserie. J'ai toujours voulu engager un expert qui savait ce qu'il faisait. Je ne veux insulter personne ici, je dis simplement que, quand on s'occupe d'êtres humains, il n'y a pas de choses exactes qui marchent pour tout le monde.
C'est une façon détournée de m'adresser à vous, monsieur le chef de police. Lorsque j'étais agent de police, nous nous occupions des méchants…
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Merci. Je vais vous parler de victimisation dans le contexte du projet de loi.
Je sais que le projet de loi porte sur le pardon ou la suspension de casier judiciaire mais, quand j'entends le chiffre de 535 personnes traitées et seulement 5 p. 100 qui ont récidivé, et 18 p. 100 des personnes non traitées, ce qui me trouble — et je ne pense pas que ce soit délibéré de la part de qui que ce soit —, c'est qu'on parle très peu des victimes. Cela me préoccupe.
Est-ce que le pardon aide la victime du crime? Je ne le pense pas. J'ai lu certains témoignages antérieurs, notamment lorsque Sheldon Kennedy s'est exprimé ici, et cela ne… Je suis sûr que la victime vit avec cette...
Les gens réagissent différemment au crime. Certains vivront à jamais avec cette horreur. En quoi ce pardon les aidera-t-il?
C'est bien beau de dire que cela aide le coupable, mais en quoi cela aide-t-il la victime? Lorsqu'il s'agit de crimes contre les enfants, nous devrions faire tout notre possible, du début jusqu'à la fin, pour éviter qu'ils soient commis. Nous devrions dire aux gens : « Les Canadiens n'acceptent pas cela. Nous ne le tolérons pas. Nous sanctionnerons cela très sévèrement. Si vous faites cela, les tribunaux vous traiteront très sévèrement dès le premier jour. Vous ne pourrez jamais vous débarrasser de votre casier judiciaire. Voici toutes les mauvaises choses qui nous arriveront si vous faites cela, parce que nous voulons protéger nos enfants. » Je pense que c'est là-dessus que nous devrions nous concentrer avec ce projet de loi.
Je conviens que certaines personnes peuvent se réformer. Il y a peut-être certains pédophiles qui peuvent se réformer, mais je pense aussi que c'est plus de la gestion de problème qu'ils font. La chose qui m'effraye considérablement est que leur casier pourrait être suspendu. Je sais qu'ils seront enregistrés dans le CIPC mais il y aura peut-être des manières pour eux de trouver un poste où ils seront à nouveau en contact avec des enfants. Or, aucune agression d'enfant ne saurait être tolérée.