La GRC relève du gouvernement du Canada. Est-ce que quelqu'un au Canada peut exiger que la GRC...?
Certaines de ces questions sont peut-être rhétoriques, mais le président peut y répondre s'il le désire.
La GRC procède à une vérification de l'institution. Ainsi, la gendarmerie relève du ministre de la Sécurité publique. On pourrait donc supposer que le ministre de la Sécurité publique, ou une personne qu'il aurait autorisée à le faire, demanderait qu'un document soit rédigé, ou qu'une vérification soit effectuée. Si la GRC procède elle-même à sa propre vérification interne, à qui fournit-elle le résultat de cette vérification? Qui est l'autorité compétente?
À mon avis, c'est le gouvernement, et si j'ai raison, l'autorité compétente serait la personne qui devait voir cette vérification. À qui était destinée cette vérification?
Évidemment, une fois que cette vérification est fournie au ministre, ce document devient public, à moins qu'il a trait aux activités du Conseil des ministres. Mais je pense que c'est l'interprétation qu'on doit donner.
Il semble y avoir une irrégularité, à mon avis. Je ne suis pas un avocat, mais je connais un peu la loi. Je ne veux pas accuser qui que ce soit; je veux simplement qu'on réponde à mes questions afin que je puisse déterminer s'il y a des irrégularités ou pas.
Cependant, monsieur le président, vous essayez, ou tout au moins c'est ce que je pense, de faire déposer un document qui appuierait une certaine opinion. Si c'est le cas, et s'il s'agit d'un document du gouvernement du Canada, nous devrions être en mesure, à titre de comité, de s'assurer que sa divulgation ne va pas à l'encontre d'un règlement du gouvernement du Canada. Nous ne pouvons le faire que si nous savons certaines choses, ce qui explique les questions que j'ai déjà posées...
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Je vous remercie, monsieur le président. À présent, vous n'avez pas à vous excuser. J'ai assisté à un spectacle et je n'avais pas à y participer, c'est presque des vacances.
Des voix: Ah, ah!
L'hon. Jacques Dupuis: Mais, il faut que je vous dise que ça ressemble beaucoup à ce qui se passe de temps en temps chez nous aussi. Alors, ne vous excusez pas, on comprend très bien ça.
Je vous remercie d'abord de nous accueillir. Depuis 2006, l'intention du gouvernement fédéral d'abolir l'enregistrement des armes à feu sans restriction est manifeste. En effet, trois projets de loi poursuivant cet objectif ont été déposés par le gouvernement, deux d'entre eux l'ayant été par des députés conservateurs. Par ailleurs, le gouvernement fédéral a décrété une amnistie, en mai 2006, qu'il a renouvelée depuis tous les ans, contribuant ainsi à affaiblir l'application de la Loi sur les armes à feu.
Le gouvernement du Québec a signifié, à plusieurs reprises, qu'il lui apparaissait essentiel que le Registre canadien des armes à feu soit maintenu dans son intégralité. Trois motions en ce sens ont en outre été unanimement adoptées par l'Assemblée nationale du Québec.
De plus, ma présence aujourd'hui devant votre comité s'inscrit dans l'engagement que j'ai pris de faire front commun avec les organisations policières du Québec, les associations et les divers organismes qui demandent le maintien intégral du Registre canadien des armes à feu.
Le gouvernement du Québec a été lui-même particulièrement proactif, ces dernières années, en matière de contrôle des armes à feu. Après la fusillade survenue au Collège Dawson à Montréal, le 13 septembre 2006, le gouvernement québécois a fait adopter la Loi favorisant la protection des personnes à l'égard d'une activité impliquant des armes à feu, communément appelée Loi Anastasia, en mémoire d'Anastasia De Sousa décédée lors de ce drame. Cette loi vise notamment à favoriser le signalement de comportements à risque en rapport avec des armes à feu. Il a aussi mis en place de nombreuses mesures opérationnelles dont la création, en 2008, du Module mixte d'enquête sur le trafic d'armes à feu, munitions et explosifs coordonné par la Sûreté du Québec.
Contrairement à certaines prétentions, les armes à feu sans restriction ne sont pas utilisées uniquement par d'honnêtes citoyens respectueux des lois. De 2003 à 2009, elles ont été impliquées dans près de 2 000 infractions violentes au Québec. Au cours de ces années, 45 homicides ont été commis au Québec, et au moins 534 personnes ont été victimes de vol avec un fusil ou une carabine. En 2009, parmi les 1 476 infractions contre la personne, réputées avoir été commises avec une arme à feu au Québec, 274 ont été perpétrées avec une arme à feu sans restriction.
Plusieurs raisons militent en faveur du maintien de l'enregistrement obligatoire des armes à feu sans restriction.
Dans un premier temps, Ie Registre canadien des armes à feu contribue à la prévention de drames et de crimes contre la personne. En effet, au Québec, entre 2007 et 2009, nous avons recensé 169 événements de violence conjugale impliquant des carabines ou des fusils, alors que 122 impliquaient des armes de poing.
Les statistiques démontrent aussi que parmi les suicides commis par arme à feu, 9 sur 10 impliquaient une arme à feu sans restriction. Des coroners ont d'ailleurs recommandé Ie maintien du Registre canadien des armes à feu à la suite de suicides par arme à feu sans restriction survenus au Québec.
Lorsque les policiers interviennent dans ces situations, une consultation du Registre canadien des armes à feu leur permet de savoir rapidement si les personnes impliquées disposent d'une ou de plusieurs armes à feu et, Ie cas échéant, de les retirer de façon préventive.
Le registre permet également d'assurer Ie respect et Ie suivi des ordonnances d'interdiction de possession d'arme. En vertu du Code criminel, des ordonnances interdisant la possession d'armes à feu peuvent être prononcées, lorsqu'une personne est condamnée pour un crime violent ou, à titre préventif, lorsque son état présente un risque pour elle-même ou pour autrui. Au cours des trois dernières années, 1 042 ordonnances d'interdiction ont été émises contre des propriétaires d'armes à feu sans restriction au Québec.
Advenant l'abolition du registre des armes longues, les policiers devront procéder à des enquêtes plus approfondies pour déterminer si les personnes visées par une ordonnance sont en possession d'une arme à feu sans restriction, ce qui impliquerait entre autres des coûts additionnels pour les organisations policières.
Le registre contribue également à la protection des personnes atteintes de troubles mentaux et de leurs proches. En effet, au Québec, l'enregistrement universel permet au contrôleur des armes à feu de vérifier si des armes à feu sont possédées par les personnes visées par une demande d'ordonnance de garde en établissement ou d'évaluation psychiatrique.
En vertu de la Loi Anastasia, le contrôleur des armes à feu est systématiquement informé de ces demandes. Entre le 1er janvier 2008 et le 31 mars 2010, 13 383 demandes d'ordonnance lui ont été signalées, et la consultation du registre a permis d'effectuer 1 193 interventions afin d'assurer la sécurité des personnes.
Le Registre canadien des armes à feu constitue aussi un outil essentiel pour les enquêtes et les interventions policières. La consultation du registre participe à la prise de décisions éclairées lors d'opérations policières en permettant notamment d'établir le nombre et le type d'armes à feu détenues par les individus visés par les interventions et de s'ajuster en conséquence.
Or, de 2006 à 2008, le Groupe tactique d'intervention de la Sûreté du Québec est intervenu lors de 125 missions où un suspect était en possession d'une arme à feu, dont 81 impliquaient des suspects armés d'une arme à feu sans restriction, soit deux interventions sur trois. Selon les dernières statistiques de 2010, le registre est interrogé plus de 600 fois par jour par les policiers du Québec.
L'enregistrement des armes à feu sans restriction est par ailleurs un outil important pour les enquêtes policières. L'interrogation du registre peut en effet constituer le point de départ d'une enquête lorsqu'une arme à feu est récupérée sur une scène de crime, et contribuer à en établir la chaîne de possession.
Jusqu'à maintenant, 1 507 874 armes à feu sans restriction ont été enregistrées par des particuliers au Québec, soit 95 p. 100 de toutes les armes à feu enregistrées sur le territoire. L'abolition du registre des armes à feu sans restriction nous ferait perdre la trace de ces armes.
Or, l'importance de la traçabilité des armes à feu est reconnue, sur le plan du droit international, par deux traités de l'Organisation des Nations Unies et de l'Organisation des États américains qui ont été signés par le Canada. L'objet de ces traités est de prévenir, combattre et éradiquer la fabrication et le trafic illicite d'armes à feu, notamment par le marquage, qui facilite la traçabilité et l'identification de chaque arme à feu.
Alors que sur le plan international, le Canada s'est engagé à assurer la traçabilité des armes à feu qui font l'objet de transactions transnationales, il est paradoxal de constater qu'il poursuit, sur le plan interne, une politique visant l'abolition d'un outil qui favorise justement la traçabilité des armes à feu sur son propre territoire.
Le registre est aussi un outil utile à la prise de décisions par les procureurs aux poursuites criminelles et pénales qui, lors de la détermination des conditions de mise en liberté d'un prévenu, en vue de favoriser la protection des victimes et du public en général, font des demandes spécifiques.
En terminant, monsieur le président, rappelons-nous les circonstances qui ont provoqué la mise en oeuvre du système actuel de contrôle des armes à feu au Canada: la tragédie de l'École polytechnique et les nombreux évènements similaires aux États-Unis ainsi qu'ailleurs dans Ie monde. L'abolition du registre affecterait la réputation du Canada au niveau international, celui-ci faisant figure de chef de file en matière de contrôle des armes à feu.
Je souhaite rappeler également que la position du gouvernement du Québec est partagée par les organisations policières du Québec, par plusieurs organismes qui oeuvrent dans le domaine de la sécurité publique et par les familles des victimes des tragédies survenues au Québec. Mme Suzanne Laplante-Edward et Mme Louise De Sousa, mères d'Anne-Marie et d'Anastasia, respectivement, sont d'ailleurs présentes parmi nous.
Je tiens à souligner que, bien que le gouvernement du Québec soit opposé à l'abolition de l'enregistrement obligatoire des armes à feu sans restriction, il ne remet aucunement en question la légitimité d'activités telles que la chasse pratiquée dans le respect des lois. L'enregistrement d'une arme à feu peut ne prendre que quelques minutes et ne comporte pas de frais. L'effort demandé aux agriculteurs ou aux chasseurs est sans commune mesure avec les bénéfices qui en découlent pour l'ensemble de la société sur le plan de la sécurité publique.
J'ai fait état devant vous de nombreux motifs, statistiques à l'appui, qui me convainquent que la cause défendue par le Québec aujourd'hui est importante et juste.
En terminant, en trame de fond de cet argumentaire, il y a avant tout la souffrance et le désarroi des personnes confrontées aux drames causés par des armes à feu, celles qui regrettent encore des êtres chers perdus, ou qui revivent au quotidien des tragédies qu'elles ne pourront jamais oublier.
Comme je l'ai mentionné, certaines de ces personnes m'accompagnent aujourd'hui. Vous n'êtes pas sans savoir que le Québec a été particulièrement affligé par des événements dramatiques qui auront marqué à jamais notre mémoire collective.
Je termine là-dessus, je vous le promets.
Dans cette perspective, si l'enregistrement des armes à feu sans restriction ne devait sauver qu'une seule vie, son maintien serait justifié sur le plan moral et si vous avez des doutes sur la pertinence de cette affirmation, parlez à Suzanne Edward et à Louise De Sousa.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, de nous avoir invités pour discuter de nos vérifications antérieures du Programme canadien des armes à feu, notamment le chapitre 10 de notre rapport de décembre 2000 et le chapitre 4 de notre rapport
Le point de mai 2006.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de Wendy Loschiuk, vérificatrice générale adjointe responsable des vérifications de la Gendarmerie royale du Canada.
Permettez-moi d'abord de préciser que depuis 2006, nous n'avons effectué aucun travail de vérification approfondi sur le Programme canadien des armes à feu. C'est donc dire que nous ne sommes pas en mesure de discuter d'événements ou de problèmes qui sont survenus depuis. Par ailleurs, dans le cadre des vérifications effectuées, nous n'avions pas examiné l'efficacité du programme ni les répercussions de la politique sur les armes à feu. Enfin, nous n'avons pas d'opinion à émettre au sujet du projet de loi.
[Français]
Dans le cadre de notre vérification de 2002, nous avions examiné l'évolution des coûts et de la portée du Programme canadien des armes à feu depuis sa création en 1996. Une de nos grandes inquiétudes concernait le peu de renseignements qui étaient communiqués au Parlement sur les coûts du programme et sur leur escalade.
Au moment de notre vérification, le ministère de la Justice du Canada estimait qu'il avait consacré environ 688 millions de dollars au programme, et il nous avait alors dit qu'il s'attendait à ce que les coûts atteignent un milliard de dollars à la fin de l'exercice 2004-2005.
Nous avions cependant constaté des problèmes concernant la communication des coûts du programme, c'est à dire que l'ensemble des coûts n'avait pas été estimé ni communiqué. De plus, dans les années précédentes, le ministère avait modifié sa méthode d'établissement des coûts, ainsi que ses systèmes financiers, et n'avait pu nous fournir de l'information fiable au sujet de ces coûts.
Dans le cadre de notre vérification du programme de 2006, nous avions examiné si le gouvernement avait fait des progrès dans la comptabilisation et la communication du coût total de la mise en oeuvre du programme depuis notre vérification de 2002. Nous avions aussi examiné la gestion du Centre canadien des armes à feu.
[Traduction]
Nous avions constaté que le gouvernement avait accompli des progrès satisfaisants en vue de comptabiliser et de communiquer les coûts totaux du programme. Nous avions fait remarquer, à l'époque, que les dépenses annuelles pour le centre avaient diminué, passant de 117,3 millions de dollars en 2002-2003 à 71 millions de dollars en 2004-2005. Nous avions aussi constaté que des améliorations avaient été apportées au traitement du grand volume de demandes, ainsi qu'aux rapports présentés au Parlement.
En mai 2006, la responsabilité à l'égard du Centre canadien des armes à feu a été cédée à la GRC. Depuis ce transfert, nous n'avons effectué aucun travail de vérification approfondie sur le Programme des armes à feu.
Monsieur le président, je remercie le comité de son attention. Je serais heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
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Merci beaucoup de votre invitation. Merci tout le monde de votre présence ici aujourd'hui. Étant donné que Mme Fraser a pris un peu moins de temps que prévu, ça va nous faire plaisir de prendre le reste du temps disponible.
Notre organisation représente les chasseurs et les pêcheurs du Québec, et j'occupe le poste de directeur général. Elle représente aussi des bénévoles sur le terrain. Je suis accompagnée de M. Bernard Pelletier. M. Pelletier est de l'Abitibi. Il est un instructeur qui forme les moniteurs au Québec pour les cours canadiens de maniement des armes à feu et les cours d'initiation à la chasse à l'arme à feu. Il a cette responsabilité depuis 30 ans déjà, au sein de notre organisation.
La fédération est présente dans toutes les régions du Québec. Elle est composée de plus de 200 associations. Les présidents dans chacune des 14 régions sont nommés par les associations locales et, de cette manière, on a une rétroaction. Il y a un conseil d'administration composé de 21 personnes, dont le président est élu à l'assemblée annuelle générale.
Notre mission est de s'assurer que la chasse et la pêche vont se perpétuer en tant qu'activités traditionnelles et patrimoniales pour les générations à venir. Je pense entre autres à mes filles; j'espère qu'elles vont pouvoir participer à ces activités de la même façon qu'on a pu en profiter, et générer la belle activité économique que cela peut représenter.
En ce qui concerne notre engagement dans le domaine des armes à feu, en 1968, le gouvernement provincial a accepté de mettre en place pendant trois ans une formation qui obligerait les chasseurs à suivre des cours de sécurité. On a fait cela pendant ces trois années expérimentales; ça a donné de bons résultats et, depuis 1972, c'est une obligation au Québec.
Notre engagement va plus loin. Lorsque la loi C-68 sur les armes à feu a été adoptée...
D'ailleurs, j'aimerais souligner que nous avons toujours été en faveur du permis d'arme à feu. On pense que c'est là la clé de ce dossier. Les gens confondent le permis d'arme à feu et le certificat d'arme à feu.
Il y a 500 moniteurs bénévoles sur le terrain dont 80 Autochtones, et 16 000 nouveaux chasseurs sont formés annuellement au Québec. Il y a augmentation du nombre des chasseurs au Québec. Les femmes représente 25 p. 100 de ceux qui suivent ces cours.
Je vais laisser la parole à M. Pelletier parce qu'on va manquer de temps.
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Merci de nous avoir permis de témoigner ici aujourd'hui.
Je répète rapidement la position de la fédération dans ce dossier. Nous sommes absolument pour l'abolition du registre des armes longues. À notre avis, c'est un registre qui est inutile. Il est aussi utile que de changer une crevaison alors qu'on est en panne d'essence sur l'autoroute.
Par contre, nous sommes en faveur du maintien du permis d'arme à feu, parce que pour obtenir un permis d'arme à feu, on doit être soumis à une enquête, et je sais que les gens font bien leur travail de ce côté-là. Cela nous semble très important.
Je ne reviendrai pas sur la formation, M. Cossette en a parlé, mais c'est une valeur fondamentale, à notre avis, en ce qui touche à la prévention. Le registre, au fond, quant à nous, ne vise pas la bonne cible — vous me permettrez cette comparaison —; il vise l'honnête citoyen alors que le criminel, normalement, n'enregistrera pas ses armes à feu.
Il faudrait qu'on m'explique, je n'ai toujours pas compris — malgré tout le chagrin que les gens peuvent ressentir par rapport aux tragédies qui se sont passées et, croyez-moi, j'y suis très sensible personnellement — comment un registre des armes à feu aurait empêché les événements de Polytechnique, comment il aurait empêché ceux de Dawson. Je vous rappelle que les armes utilisées à Dawson étaient toutes enregistrées. Ce qui a empêché que ce soit plus grave à Dawson, c'est qu'on avait des policiers bien formés, sur place, qui sont intervenus rapidement, d'après ce qu'on nous dit. Il faut donc chercher la solution ailleurs. Ça n'améliore donc la sécurité publique d'aucune façon. Si c'est appliqué de façon systématique, ça va dans certains cas criminaliser d'honnêtes citoyens, leur imposer des dossiers criminels. Si c'est quelque chose qui est bureautique, lourd, inefficace, particulièrement en cette période de restrictions budgétaires, on ne peut que se poser des questions.
Je vous donnerai juste un exemple, je ne vais pas vous inonder de chiffres et de comparaisons d'études. Une étude extrêmement intéressante a été effectuée par Mme Samara McPhedran, Mme Jeanine Baker et Mme Pooja Singh: elles ont comparé l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Cette étude conclut que la Nouvelle-Zélande est le pays qui obtient les meilleurs résultats en matière de sécurité publique. Et des trois pays, la Nouvelle-Zélande est celui qui a le moins de lois, et qui est le moins sévère au sujet du contrôle des armes à feu. Il n'y a pas de registre d'armes à feu, en passant, et le permis d'arme à feu est valide pour dix ans et non pour cinq ans comme au Canada.
C'est difficile, tant sur le plan des suicides que des homicides, si on regarde les chiffres globaux, de mesurer l'impact de ce registre.
Je vais me permettre une petite citation. Est-ce que j'ai le temps, monsieur le président?
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Merci, monsieur le président, merci, mesdames et messieurs les membres du comité, de nous avoir invités, mon collègue et moi, à présenter le point de vue de nos membres sur le projet de loi et à répondre à vos questions.
Je m'appelle Diana Cabrera, ancienne membre de l'Équipe nationale de tir du Canada, et je suis actuellement membre de l'Équipe nationale de tir de l'Uruguay. J'ai également reçu le prix de l'athlète de l'année 2009 de l'Uruguay.
La Canadian Shooting Sports Association appuie sans réserve les modifications proposées dans le projet de loi. Pour le moment, j'aimerais aborder les effets du registre des armes d'épaule sur les compétiteurs et les utilisateurs sportifs.
Il ne fait aucun doute que le registre des armes d'épaule a dissuadé certaines personnes de pratiquer les sports de tir. L'inclusion d'armes spécialisées comme les armes à air, les carabines de tir à la cible et les armes à chargement par la bouche dans le registre semble conçue pour atteindre cet objectif. Ces armes à feu ne sont pratiquement jamais utilisées pour commettre des crimes en raison de leur construction et de leur coût. Or, elles sont traitées avec le même zèle législatif que les armes à feu plus courantes. Au Canada, contrairement à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, la loi prévoit des exemptions pour ce genre d'armes à feu puisque bon nombre d'entre elles ne sont même pas considérées comme des armes à feu. Cela oblige souvent un adulte ou un entraîneur à acheter l'arme de compétition d'un mineur, d'être responsable de sa possession et de l'utilisation de ses armes d'une manière conforme à la réglementation.
La principale préoccupation des participants à des compétitions est la crainte de la criminalité imminente. Nous pourrions très facilement avoir maille à partir avec des agents de la paix ou des services frontaliers mal informés. Toute erreur dans la documentation pourrait entraîner une détention temporaire, des vols ratés, des compétitions ratées ainsi que la confiscation de nos biens. Chaque fois qu'on me demande mes documents, je ressens une crainte instinctive sachant ce qui pourrait arriver étant donné que les agents peuvent interpréter à leur façon nos lois qui prêtent à confusion.
L'application de la loi et la couverture de questions relatives aux armes à feu par les médias n'ont fait qu'aggraver la situation. La presse décrit des armes à feu tout à fait ordinaires de manière sensationnelle en les qualifiant d'arsenal, et des armes à feu sont mises hors circulation alors qu'en fait, elles appartiennent à des propriétaires ordinaires qui ont simplement négligé de renouveler certains documents.
Dans ces circonstances, comment pensez-vous que les propriétaires respectueux des lois se sentent? Serai-je la prochaine? Ai-je oublié quelque nuance dans mes documents qui m'attirera la visite de la police? Verra-t-on mon visage aux nouvelles de 18 heures, où je serai vilipendé devant mes amis, ma famille et mes collègues? Serai-je ciblé lors d'un contrôle routier après une vérification du CIPC?
Les propriétaires d'armes à feu vivent avec ces craintes tous les jours — tout cela pour justifier un système qui a échoué et qui n'a jamais empêché la perpétration d'un seul crime.
Je vous remercie. Je passe maintenant la parole à mon collègue, Tony Bernardo.
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Bon après-midi, monsieur le président, et bonjour à vous, mesdames et messieurs les membres du comité permanent.
J'aimerais vous parler des coûts actuels et à venir du registre des armes d'épaule.
D'abord, il est important de mettre tout cela en contexte. En 1998, le Centre des armes à feu du Canada a fait un sondage qui indiquait qu'il y avait 3,3 millions de propriétaires d'armes à feu au Canada. Lorsque les résultats du programme ont révélé que les gens se conformaient peu aux nouvelles lois, le centre a établi son consentement pour cette nouvelle législation dans le cadre de son sondage de l'automne de 2000. Il a indiqué que le nombre de propriétaires d'armes à feu au Canada avait chuté depuis 1998, passant à 2,3 millions seulement.
Plus d'un million de Canadiens sont devenus instantanément des criminels le 1er janvier 2001, et ce, par l'entremise d'une question de sondage qui demandait si quelqu'un dans le foyer possédait une arme à feu fonctionnelle. Mais la nuance relative à l'expression « fonctionnelle » n'avait pas été comprise.
Pour accepter ce chiffre réduit, il faut également accepter, et tout cela sans aucune preuve, le fait qu'un million de propriétaires d'armes à feu et que 2,87 millions d'armes à feu ont tout simplement disparu en deux ans. J'imagine que les vendeurs d'armes à feu ou encore la police l'auraient remarqué en constatant le volume d'armes à feu qui leur étaient ramenées. En passant, cela représenterait une telle quantité d'armes à feu que l'on pourrait enterrer tous les postes de police du Canada sous 32 pieds d'armes à feu.
En 1976, le ministre de la Justice libéral Ron Basford a déposé un document de 19 pages au Parlement, dans lequel il indiquait qu'il y avait 11,2 millions d'armes à feu au Canada. Ce chiffre était basé sur des données relatives aux importations et aux exportations, à la fabrication d'armes et aux données fournies par la GRC.
En utilisant la même méthodologie, nous pouvons faire une prévision raisonnable du nombre d'armes à feu qui se trouvent à l'heure actuelle au pays, tout en tenant compte des armes à feu qui ont été perdues, détruites ou qui n'ont pas été rapportées. Ce calcul indique qu'il y a environ 13,8 millions d'armes à feu au Canada entre les mains d'environ 3,4 millions de personnes.
Pourquoi est-ce que ce chiffre est important? Il l'est parce que le Programme canadien des armes à feu indique qu'il y a 7 493 033 armes à feu enregistrées auprès de 1 835 319 propriétaires. Cela représente environ la moitié de cette prévision.
Les 13,8 millions d'armes à feu qui se trouvent entre les mains d'environ 3,4 millions de personnes se rapprochent désormais du chiffre relatif aux 3,3 millions de propriétaires d'armes à feu dont on a fait rapport dans l'étude initiale de 1998 du Centre des armes à feu du Canada. Dans ce rapport, chaque propriétaire d'armes à feu affirmait en détenir quatre, ce qui représentait un total d'environ 13,2 millions d'armes à feu.
Le registre des armes d'épaule est loin d'être complet. On a souvent indiqué que ce registre était presque inutile, à moins que toutes ou presque toutes les armes à feu soient correctement enregistrées. Mais il y a toute une différence entre ce qui arrive et ce qui devrait arriver. Il semblerait que bon nombre de Canadiens ont retiré leur consentement à être régis par cette législation car ils ne font pas confiance aux motifs du gouvernement et des autorités compétentes.
Le registre des armes à feu a coûté plus de deux milliards de dollars. Et maintenant, les personnes en faveur du registre indiquent qu'il n'en coûtera que 4,1 millions de dollars par an pour le garder à jour, faire le suivi des autres propriétaires d'armes à feu et inscrire les six millions d'armes à feu restantes dans le système.
Mais s'ils ne parlent pas du coût total que cela engendrera, de quoi parlent-ils? Il s'agit d'un registre qui tient compte de la moitié des fusils au Canada, dont bon nombre ont été mal enregistrés. Ainsi, un policier n'a que 50 p. 100 de chance d'être certain de la rectitude du registre.
Pour que le registre atteigne les objectifs de ses créateurs, il faudrait que les six millions d'armes à feu restantes et leurs propriétaires se retrouvent dans le système. Est-ce possible? Quand le registre a été créé, nous avions prévenu les gens de ces conséquences involontaires. Bon nombre de spécialistes nous avaient avertis que l'application de cette loi répressive mènerait à un effondrement de la confiance qui règne entre le gouvernement, les forces policières et la collectivité des propriétaires d'armes à feu. Et maintenant, alors que la situation économique est difficile, on envisage de dépenser des millions de dollars sur un registre truffé d'erreurs, pour enregistrer un nombre inconnu d'armes à feu qui se trouvent entre les mains d'un nombre inconnu de Canadiens.
Il y a deux semaines, la Canadian Shooting Sports Association a effectué un sondage anonyme auprès de 2 018 propriétaires légaux d'armes à feu, qui ont été choisis de manière aléatoire partout au Canada. Les résultats seront dévoilés dans ce mémoire; ils n'ont jamais été divulgués auparavant. Ce sondage a une marge d'erreur de 2,2 p. 100 et il est fiable 19 fois sur 20. Le sondage portait sur leurs perceptions de la relation entre les propriétaires d'armes à feu et l'application de la loi. On leur a posé les questions suivantes et on a enregistré les réponses.
Première question: À titre de propriétaire d'armes à feu légal, de qui avez-vous plus peur, la police ou les criminels? Réponse: La police; 63,93 p. 100.
Deuxième question: Depuis la mise en oeuvre de la Loi sur les armes à feu, faites-vous encore confiance à la police canadienne? Réponse: Non; 74,28 p. 100.
Troisième question: Croyez-vous que des associations policières représentent les points de vue de leurs membres en ce qui concerne les questions portant sur les armes à feu? Réponse: Non; 94,49 p. 100.
Quatrième question: Croyez-vous que les associations policières font une fausse représentation des faits en ce qui concerne le registre des armes d'épaule? Réponse: Oui; 96,73 p. 100.
Cinquième question: Est-ce que vous pensez que les associations policières devraient prendre part à la création de la loi? Réponse: Non; 87,87 p. 100.
Sixième question: Est-ce que vous pensez que la police vise les propriétaires d'armes à feu? Réponse: Oui; 83,26 p. 100.
Septième question: Est-ce que vous connaissez personnellement quelqu'un qui a été accusé injustement d'avoir commis une infraction mettant en cause une arme à feu? Réponse: Oui; 46,29 p. 100.
Ces chiffres sont choquants. Comment se fait-il que ces gens, qui d'habitude sont ceux qui appuient le plus la collectivité policière, ont livré de tels résultats? Comment en sommes-nous arrivés à cette grave conséquence involontaire?
Eh bien, ces résultats sont plus clairs après ce que le chef Blair a dit hier lorsqu'il a indiqué qu'il préférait recourir au registre plutôt que d'embaucher du personnel supplémentaire.
La menace de se faire confisquer une arme n'a jamais disparu. Et pourquoi en serait-il autrement de toute façon? Lorsque la Loi canadienne sur les armes à feu a été mise en oeuvre, 585 000 armes à feu enregistrées se sont instantanément retrouvées sur une liste d'armes interdites. Récemment, la GRC a ajouté deux types d'armes enregistrées sur cette liste, sans donner aucune explication à leurs propriétaires et en leur demandant de rendre leurs armes au risque de se les faire confisquer.
Bref, la collectivité des armes à feu a très peur de cette confiscation. Lorsque les propriétaires d'armes à feu viennent au bureau de circonscription et se plaignent d'une application sévère de la loi, ils disent la vérité: en effet, 46 p. 100 d'entre eux disent qu'ils connaissent personnellement quelqu'un qui a été accusé.
Comment va-t-on inscrire dans le système les millions d'armes à feu non enregistrées et leurs propriétaires? Il faudra d'énormes engagements au chapitre des ressources financières et humaines. Bien entendu, le système est voué à l'échec lorsque l'on émet pour première hypothèse que les armes sont maléfiques, que les propriétaires légaux d'armes à feu sont des criminels éventuels et que le fait d'être propriétaire d'une arme à feu est en soi douteux. Les spécialistes vous ont à maintes reprises mis en garde contre cela.
Le registre des armes d'épaule est une question qui sème la discorde, qui crée un clivage depuis une décennie dans le Dominion. L'adoption du projet de loi démontrerait qu'on a confiance aux propriétaires d'armes à feu canadiens qui respectent la loi, ce qui contribuerait grandement à colmater la brèche existant dans notre société.
Merci beaucoup.
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Bonjour, je m'appelle Katherine Austin Leonard. Je suis pédiatre. Je suis accompagnée aujourd'hui par Mme Marie Adèle Davis, directrice générale de la Société canadienne de pédiatrie. Merci beaucoup de nous avoir invitées à comparaître aujourd'hui.
Je représente aujourd'hui non seulement la Société canadienne de pédiatrie, mais également l'Association canadienne pour la santé des adolescents. Ces deux organisations semblaient appuyer la loi qui a créé le registre des armes d'épaule. Nous sommes ici pour vous encourager à conserver le registre des armes d'épaule. Il est important pour la sécurité et le bien-être des enfants et des adolescents canadiens.
Cela fait plusieurs années que nous avons débattu de ces questions. J'aimerais donc aujourd'hui vous parler de nouveau du problème des blessures liées aux armes à feu chez les jeunes Canadiens.
Les facteurs développementaux chez les enfants et les adolescents les rendent plus vulnérables aux risques liés à la présence d'une arme à feu dans la maison. L'impulsivité, la difficulté à comprendre les conséquences de leurs actes, le manque d'expérience, la sensibilité à la pression des pairs, le désir de faire l'essai de substances illicites — tous ces problèmes font qu'il est plus dangereux pour les enfants d'être près d'armes à feu. Nous recommandons aux parents de ne pas conserver d'armes dans les maisons où il y a des enfants et des adolescents. S'il faut en avoir, elles devraient être entreposées en suivant à la lettre les dispositions de l'entreposage sécuritaire énoncées dans la réglementation fédérale.
Nous divisons les décès par arme à feu en trois catégories: les suicides, les homicides et les morts accidentelles. Nous nommons « blessures involontaires » les morts accidentelles. Les hommes sont touchés de façon disproportionnée. En 2005, 87 p. 100 des jeunes victimes canadiennes d'armes à feu étaient des hommes, et les adolescents ont été les plus touchés. Plus de garçons de 15 à 19 ans sont morts de blessures par arme à feu en 2005 que du cancer. Un plus grand nombre d'adolescents sont morts à la suite de blessures causées par une arme à feu que par chute, noyade, incendie et empoisonnement accidentel combinés. Pour les décès par arme à feu chez les jeunes au Canada, les suicides en sont la principale cause, suivis par les homicides, puis les morts accidentelles.
Nous avons dit en 1995 que l'enregistrement des armes d'épaule donnerait lieu à une meilleure application des règlements sur l'entreposage sécuritaire en raison d'un sens des responsabilités accru chez les propriétaires d'armes à feu. De plus, nous croyions que le registre mènerait à une diminution de la possession d'armes à feu à la maison. À l'époque, une étude d'Angus Reid a démontré que la moitié des propriétaires canadiens d'armes à feu n'avaient pas utilisé leur arme au cours de l'année précédente, et nous avions émis l'hypothèse que de nombreux propriétaires d'arme à feu décideraient de ne plus avoir d'arme à la maison si on leur demandait d'enregistrer leur arme. Nous avions prévu que des pratiques d'entreposage plus sécuritaires et la réduction du nombre d'armes à feu à la maison réduiraient l'accès qu'ont les adolescents et les enfants aux armes à feu, ce qui ferait ainsi baisser les taux de décès par arme à feu.
En 1995, cette année-là, il y a eu 105 morts par arme à feu chez les Canadiens de moins de 19 ans. En 2005, l'année la plus récente pour laquelle des statistiques sont disponibles, il y en a eues 62. Les décès chez les jeunes à la suite de toutes sortes de blessures par arme à feu — les suicides, les homicides et les blessures involontaires — ont diminué au cours des dernières années.
Dans une étude sur la mortalité par arme à feu au Canada publiée dans le Journal of Adolescent Health, le Dr Pan, du Centre de prévention et de contrôle des maladies chroniques de l'Agence de santé publique du Canada, a analysé le déclin des décès par arme à feu chez les jeunes Canadiens et il a conclu qu'il était important d'un point de vue statistique. Le taux de suicide par arme à feu a diminué considérablement. Il y a eu une certaine augmentation des suicides par d'autres méthodes, mais cette hausse n'était pas suffisante pour annuler le déclin du nombre de suicides par arme à feu. Par conséquent, le taux de suicide chez les 15 à 19 ans a diminué dans son ensemble.
Une tentative de suicide pour un adolescent est souvent une action impulsive, et la disponibilité d'une arme à feu est un facteur de risque pouvant mener à la réussite de cette tentative. Si une méthode létale n'est pas disponible, l'adolescent pourrait ne pas faire cette tentative ou utiliser une méthode moins létale, ce qui accroît les chances de survie.
La diminution importante des suicides chez les adolescents au cours des 15 dernières années justifie la théorie selon laquelle une moins grande disponibilité des armes à feu limiterait le nombre de suicides chez les adolescents. L'étude que j'ai citée plus tôt confirme que le taux de suicide par arme à feu et le taux de suicide général chez les adolescents a diminué, tout comme le nombre d'homicides par arme à feu et de morts accidentelles.
J'aimerais souligner quelques changements importants aux tendances d'homicides par arme à feu au Canada. En 1990, deux tiers des homicides par arme à feu étaient commis avec des armes d'épaule. C'était la tendance à l'époque. Cependant, depuis, le taux d'homicide par arme d'épaule a diminué et le taux d'homicide par arme de poing a augmenté. Maintenant, deux tiers des homicides par arme à feu sont commis avec des armes de poing et un tiers, avec des armes d'épaule. Ces changements aux types d'homicides confirment ce que nous avions prévu comme résultat d'un contrôle plus serré des armes d'épaule. On ne peut pas s'attendre à ce que le registre des carabines et des fusils de chasse ait un effet sur la violence avec arme de poing.
Les pédiatres savent que la violence au foyer a des conséquences sur les enfants même s'ils ne sont pas blessés physiquement. Il est très important de souligner que la majorité des homicides au Canada ne sont pas liés aux gangs ou au crime. Ils sont commis par un membre de la famille ou une connaissance.
Pour citer une publication de Statistique Canada, Jurista, dans l'article « L'homicide au Canada, 2008 », de tous les homicides résolus cette année-là, « environ 40 p. 100 des victimes ont été tuées par une connaissance et 33 p. 100, par un membre de la famille ». Le résultat de la violence entre connaissances et membres de la famille est dévastateur pour les enfants et leurs familles. Le même numéro de Jurista comprenait également une conclusion encourageante: en 2008, le nombre de femmes victimes d'homicide a atteint le niveau le plus bas jamais enregistré, et les homicides entre conjoints avaient diminué considérablement.
Il est évident qu'il y a eu des problèmes lors de la mise en oeuvre du registre, mais puisqu'il a coûté si cher à mettre sur pied, voilà donc une raison de plus de le conserver. Le registre en ligne est beaucoup utilisé par les policiers. On estime à seulement quatre millions de dollars par année les économies qu'engendrerait l'abolition du registre. Une étude du Journal de l'Association médicale canadienne estime que le coût des blessures par arme à feu en 1991 au Canada s'élevait à 6,6 milliards de dollars, lorsque l'on tient compte des services comme les soins médicaux et de santé mentale, les services publics comme les enquêtes policières, les pertes de productivité et les dépenses en funérailles.
J'aimerais également que vous compariez le coût du registre au coût de certaines autres initiatives gouvernementales qui sauvent des vies. Le coût de la vaccination contre la grippe saisonnière en Ontario coûte à elle seule 40 millions de dollars par année. En 2007, le gouvernement fédéral avait prévu 278 millions de dollars pour aider les provinces à payer pour les programmes de vaccination contre le papillomavirus. L'Agence de santé publique du Canada a dépensé 403 millions de dollars l'an dernier pour acheter des vaccins contre le H1N1.
Comme médecins...
J'arrive à la conclusion.
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Je réponds à M. Cossette, M. Pelletier, Mme Cabrera et M. Bernardo que ça m'attriste de voir qu'ils se sentent frustrés, lésés ou jugés par les Canadiens à cause du simple fait d'être obligés d'enregistrer une arme à feu. Ce n'est pas le cas.
Je comprends, il y a une tracasserie, un embêtement. C'est ce qu'ils plaident. Il est embêtant d'enregistrer l'arme à feu. On veut faire en sorte que ce soit le moins embêtant possible, le plus gratuit possible et le plus facile possible, afin d'éviter les tracasseries administratives.
D'un autre côté, il y a la protection du public et de la vie humaine. Vous avez entendu la Dre Leonard. J'ai été avocat de la défense pendant 12 ans, j'ai travaillé sur des dossiers de crimes passionnels et, malheureusement, les victimes, dans les cas pour lesquels j'ai dû plaider devant les cours, ont toutes perdu la vie à la suite d'une blessure causée par une arme longue. Par conséquent, quand on compare la sécurité du public aux tracasseries administratives, l'un ne fait pas le poids, il faut privilégier la sécurité du public.
Cela étant dit, monsieur Comartin, si vous me permettez, avec tout le respect que j'ai pour les chasseurs, tous ces gens enregistrent leurs armes, obtiennent des permis d'acquisition avec les meilleures intentions au monde. On ne vit malheureusement pas dans un monde froid, sans subjectivité. Il y a des émotions humaines, des situations où, malheureusement à un moment donné, la ligne entre la santé mentale et la folie est facilement traversée. Cela fait partie de la vie, il faut le reconnaître.
Cependant, on ne veut pas stigmatiser ces gens, on les aime. Quand ils pratiquent leur sport, ils le font correctement. Il est malheureux qu'ils se sentent...
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Merci, monsieur le président.
Je donne deux minutes de mon temps à M... à Borys.
Je ne vais pas essayer de prononcer votre nom de famille.
[Français]
J'aimerais commencer par remercier tous les témoins présents aujourd'hui. J'aimerais saluer particulièrement Mme Suzanne Laplante-Edward et Mme De Sousa. Pour moi, vous êtes deux héroïnes, vous êtes des modèles d'excellence, de détermination, de dévouement et d'engagement envers la société, pour le bien de nos jeunes femmes et de nos jeunes en général. Je vous remercie de tout coeur du travail que vous avez fait et que vous continuez de faire, d'être des avocates passionnées pour le maintien intégral de notre registre des armes à feu.
Madame Cabrera, on vous a demandé si vous aviez une photo où on vous voit avec une arme à feu. Vous avez répondu oui. J'en ai une aussi. Elle est affichée au mur de mon bureau sur la Colline du Parlement, et j'en suis très fière. Malgré le fait que je sache comment manipuler certaines armes à feu, autant des armes d'épaule que des armes de poing, je suis une avocate féroce du maintien intégral du Registre canadien des armes à feu et je n'abandonnerai pas la bataille.
Monsieur Dupuis, je vous remercie d'être ici. J'ai des questions pour vous. Puisqu'il ne me reste probablement que deux minutes, je serai brève. Si vous n'avez pas le temps de répondre, vous pouvez le faire par écrit en vous adressant au président. Croyez-vous que le projet conservateur d'abolir le Registre canadien des armes à feu soit cohérent avec le discours des conservateurs sur la loi et l'ordre?
De plus, ils veulent que les provinces construisent plus de prisons et qu'il y ait plus de fusils. C'est le modèle de la justice américaine, n'est-ce pas? Ce modèle a-t-il échoué? Comment expliquez-vous que les conservateurs du Québec votent contre le consensus québécois? Au bout du compte, les conservateurs menacent la sécurité des Québécois et des Canadiens pour plaire au lobby des armes à feu. C'est ce qu'on doit comprendre de leur acharnement à abolir le Registre canadien des armes à feu, n'est-ce pas?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voulais dire à quel point je suis déçue qu'il y ait autant de renseignements trompeurs qui circulent. Je vais donc citer des données sur les homicides tirées de notre Juristat de 2008. Je le fais pour une bonne raison.
Comme notre président l'a dit récemment, c'est-à-dire qu'il y avait trois ou quatre personnes qui ont été citées durant un débat particulier, et qu'il est ensuite revenu à deux... Je n'aime pas la désinformation. Je suis agente de police, et j'aime les faits. Or, les faits sont les suivants. En 2001, l'année où le registre est entré en vigueur, 553 personnes ont été victimes d'homicides, selon notre Juristat. Puis, si je regarde la liste qui figure dans ce document, je constate que jamais le nombre de victimes d'homicides n'a été moindre, à l'exception de 2003. En 2008, on a compté 611 homicides.
Certaines personnes nous ont dit que le nombre d'homicides a diminué considérablement, et que c'est grâce au registre des armes d'épaule. Toutefois, je suis Métisse, et je tiens à signaler que l'on compte 580 cas de femmes autochtones disparues ou assassinées. Des milliers d'autres femmes, hommes et enfants sont portés disparus partout au pays. Si demain on découvrait qu'ils avaient tous été tués par des armes d'épaule, cela n'y changerait rien, puisque les statistiques ne donnent pas une idée juste de la situation. Je veux que vous en teniez compte, vous tous, parce que les statistiques ne donnent qu'un aperçu, et non pas une vue d'ensemble.
J'ai été policière pendant 18 ans et demi, et laissez-moi vous dire que des milliers d'autres agents sont d'accord avec moi. Une policière de Montréal me supplie de veiller à ce que cette mesure soit adoptée. Elle croit que le registre des armes d'épaule a entraîné la mort d'un autre agent de police parce qu'il est inexact et qu'on ne peut pas s'y fier.
Je ferai mon possible, comme mon collègue de l'autre côté l'a fait, pour protéger les Canadiens. J'appuierai cette mesure législative et je verrai à ce que notre communauté soit plus sûre et à ce que nous fassions tout en notre pouvoir pour protéger non seulement les femmes, mais aussi tous les Canadiens.
Les policiers qui ont comparu devant notre comité nous ont donné des exemples de l'utilité du registre. De toute évidence, il aide à l'exécution des ordonnances d'un tribunal, puisque les agents qui pénètrent dans une résidence savent combien d'armes chercher. Ils savent du moins que c'est le nombre minimum d'armes qu'ils devraient trouver. C'est la même chose dans les cas de violence familiale: ils savent au moins qu'ils doivent continuer de chercher tant qu'ils n'ont pas trouvé le nombre d'armes indiqué. C'est la même chose pour le suicide, puisque cela permet de faire de la prévention auprès des gens qui sont à risque de se suicider. Le registre permet également d'éliminer ou de réduire la possession d'armes à feu volées ou de contrebande et il accroît la responsabilisation des propriétaires d'arme à feu, parce qu'évidemment, s'ils savent que l'arme est enregistrée, ils sont responsables si elle se retrouve entre les mains de quelqu'un d'autre. En outre, comme on nous l'a dit justement hier, les enquêtes policières pourraient coûter quelques millions de dollars; si, en outre, on doit trouver qui était le propriétaire de l'arme à feu ou d'où elle venait, cela ferait grimper les coûts.
Diriez-vous que le registre aide les agents de police à tous ces égards?
L'hon. Jacques Dupuis: Oui.
M. Andrew Kania: Je vais vous lire une citation. La parraine du projet de loi, Mme Hoeppner, a indiqué le 28 septembre 2009, lorsqu'elle l'a présenté: « Si je croyais que le registre des armes d'épaule pouvait contribuer à réduire la criminalité ou rendre nos rues ne serait-ce qu'un peu plus sûres, je serais la première à l'appuyer. »
Monsieur Dupuis, vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il est évident que le registre des armes à feu rend au moins nos rues un peu plus sûres, et j'imagine que vous serez également d'accord avec moi pour dire que, étant donné ce qui précède, elle devrait retirer son projet de loi.