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Merci, monsieur le président.
C'est toujours un plaisir de comparaître devant vous et le comité. Je sais que vous vous intéressez particulièrement aux questions touchant la sécurité publique puisque vous avez été porte-parole pour la sécurité publique pendant plusieurs années. Je sais que vous avez fait un travail admirable à ce titre et je suis sûr que vous mettez vos connaissances à profit maintenant que vous assumez le poste très important de président de ce comité.
Je dirais qu'après avoir comparu, avec 30 autres personnes, à huit séances de comité pour répondre à des questions sur le coût du G8/G20, je me réjouis de pouvoir enfin discuter d'un projet de loi du gouvernement. C'est avec plaisir que je participe à votre examen du projet de loi , Loi supprimant l'admissibilité à la réhabilitation pour des crimes graves.
Je suis accompagné de quelques membres de la direction du portefeuille que vous avez déjà présentés. Je m'en remettrai à leurs connaissances dans des domaines précis lorsque ce sera nécessaire pour que le comité obtienne tous les renseignements dont il a besoin.
Avec votre permission, j'aimerais tout d'abord prononcer une déclaration préliminaire, après quoi je répondrai avec plaisir à toutes les questions que le comité pourrait avoir.
En premier lieu, je tiens à souligner l'esprit de coopération dont ont fait preuve mesdames et messieurs les députés dans le cadre des efforts visant à resserrer le régime de réhabilitation du Canada. Ensemble, nous avons réalisé des progrès importants en remédiant à certaines des lacunes graves dans la loi — des lacunes qui étaient une source de préoccupation véritable pour les Canadiens et les Canadiennes et la Chambre a pu adopter certaines mesures avant que le Parlement ne s'ajourne pour l'été…
Grâce aux modifications à la Loi sur le casier judiciaire adoptées en juin, la Commission nationale des libérations conditionnelles peut désormais exercer son pouvoir discrétionnaire et rejeter une demande de pardon dans les cas où la preuve démontre hors de tout doute que la décision d'accorder le pardon risque de discréditer l'administration de la justice. La Commission doit rendre sa décision en prenant en considération différents facteurs, comme la nature, la gravité et la durée de l'infraction, les circonstances entourant la perpétration de l'infraction et les antécédents criminels du demandeur. Je vous rappelle qu'en vertu de l'ancienne loi, on ne faisait pas vraiment de distinction entre un pardon pour une infraction punissable par mise en accusation et un pardon pour une infraction punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité.
Dorénavant, les délinquants devront démontrer que le fait de leur octroyer un pardon leur apporterait un bénéfice mesurable. Le fardeau incombe au demandeur de convaincre la Commission nationale des libérations conditionnelles qu'un pardon contribuerait à sa réadaptation en tant que citoyen respectueux des lois. Par ailleurs, ces modifications ont pour effet de prolonger le délai à respecter avant qu'une personne reconnue coupable d'un crime grave puisse présenter une demande de pardon. Ainsi, quiconque reconnu coupable par voie de mise en accusation d'agression sexuelle sur un enfant ou de sévices graves envers la personne est tenu d'attendre dix ans avant de pouvoir présenter une demande de pardon, au lieu des cinq années prescrites auparavant.
Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les autres parties intéressées pour réaliser des progrès déterminants, et ce n'est que le début. En adoptant ces modifications, nous avons également démontré que nous respectons les souhaits des victimes et de nombreux autres Canadiens et Canadiennes respectueux des lois. Nous croyons qu'il y a encore place à l'amélioration, et je suis convaincu que nous pouvons continuer dans cette voie avec le même esprit de coopération qui nous habite depuis le début.
Afin de bien saisir l'importance du projet de loi , nous devons nous reporter à avril de cette année, lorsque la population canadienne a appris que les délinquants sexuels pouvaient faire sceller leur casier judiciaire, pourvu qu'ils démontrent qu'ils respectent les conditions et sont devenus respectueux des lois. Les Canadiens et les Canadiennes ont réagi — bon nombre étaient préoccupés.
Leur réaction s'expliquait en grande partie par l'utilisation du mot « pardon ». En effet, l'une des définitions du mot « pardon » dans le dictionnaire est « absolution ». L'autre signification du mot « pardon », soit « l'atténuation des conséquences juridiques d'un crime ou d'une condamnation », se rapproche toutefois davantage de l'intention de la loi. Toujours est-il que c'est la perception « d'absolution » qui prévaut dans l'esprit des gens. Or, dans certains cas très graves, il est difficile d'envisager une absolution lorsque la victime subit toujours les effets ou les blessures de l'acte en question.
C'est la raison pour laquelle ce projet de loi modifiera la terminologie employée dans la législation. Désormais, la Commission nationale des libérations conditionnelles n'accordera plus de pardon aux délinquants, mais bien une suspension de casier judiciaire. Cette modification donnera lieu à une description plus juste et justifiable de ce qui est accordé en réalité, à savoir une chance de faire table rase et, de recommencer à zéro.
Cette nouvelle formulation indique que le casier judiciaire d'une personne sera classé à part de ses dossiers actifs, mais précise qu'il ne sera pas effacé. Il s'agit là d'une modification importante proposée par ce projet de loi.
Une deuxième modification vise à protéger nos citoyens les plus vulnérables, nos enfants. Certes, le projet de loi a apporté certaines améliorations à cet égard, mais nous croyons qu'il y a encore matière à amélioration.
Je vous rappelle ici les modifications adoptées en juin dernier, qui énoncent que les délinquants reconnus coupables d'agression sexuelle à l'endroit d'une personne mineure ou poursuivis par voie de mise en accusation doivent maintenant attendre dix ans avant de présenter une demande de pardon. Dans le cas de délinquants qui ont commis une infraction sexuelle contre une personne mineure et qui sont poursuivis par procédure sommaire, ce délai est maintenant de cinq ans. La modification proposée dans le projet de loi irait plus loin encore et interdirait à quiconque reconnu coupable d'une infraction sexuelle à l'endroit d'une personne mineure une suspension de son casier judiciaire.
Je tiens à préciser que cette disposition comporterait des exceptions. En effet, si un délinquant arrive à démontrer qu'il était sensiblement du même âge que la victime et que l'infraction n'a pas été commise dans une situation d'abus de confiance ou de pouvoir ou sous la menace de violence ou d'intimidation, une suspension de casier judiciaire pourrait lui être accordée.
En outre, ce projet de loi interdira toute suspension de casier judiciaire à quiconque reconnu coupable de plus de trois infractions pour lesquelles il a été poursuivi par voie de mise en accusation. Nous estimons qu'il s'agit là d'un point de non-retour raisonnable.
Enfin, ce projet de loi propose une dernière modification, en vertu de laquelle la Commission nationale des libérations conditionnelles devra présenter un rapport annuel de ses activités relatives aux suspensions de casier judiciaire au ministère de la Sécurité publique. Ce rapport serait présenté au Parlement et pourrait donc être consulté par tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Le rapport informerait les Canadiens et les Canadiennes sur le nombre de demandes de suspension de casier judiciaire reçues par la commission, tant par des délinquants reconnus coupables par procédure sommaire que par mise en accusation, ainsi que sur le nombre de suspensions octroyées ou refusées pour chacune de ces deux catégories d'infraction. Ce rapport énumérerait également les suspensions de casier judiciaire octroyées par type d'infraction et par province de résidence des demandeurs.
Le but de cette modification est simple, et je n'ai aucun doute que mesdames et messieurs les députés seront d'accord avec moi: une plus grande transparence est toujours souhaitable. Nous estimons qu'il s'agit de renseignements auxquels les Canadiens et les Canadiennes devraient avoir accès. Ces renseignements sont également nécessaires aux membres du Parlement pour déterminer si le système est aussi efficace qu'il devrait l'être. Ce rapport ne contiendrait aucun renseignement personnel.
Monsieur le président, le gouvernement présentera également plusieurs modifications de forme pour concilier le projet de loi avec le projet de loi . Cette conciliation est nécessaire étant donné que ces deux projets de loi ont été séparés et que si la Chambre se contentait d'adopter le projet de loi C-23B, certaines divergences pourraient apparaître en l'absence de conciliation.
Pour conclure, monsieur le président, je tiens à souligner que nous sommes tous conscients des débats importants suscités ces derniers mois par certaines dispositions de la Loi sur le casier judiciaire. Nous avons tous lu les éditoriaux et les lettres à l'éditeur et écouté les appels téléphoniques des citoyens dans le cadre d'émissions-débats à la télévision. Pour ma part, je sais combien de courriels et d'appels j'ai reçus à ce sujet.
Il ne fait aucun doute que le pardon est un sujet qui touche une corde sensible chez les Canadiens et les Canadiennes. Les modifications que nous proposons dans ce projet de loi représentent une réponse réfléchie aux préoccupations plus que raisonnables de la population. Grâce au remplacement d'un seul mot, l'émotion qui teintait ce débat sera moins vive, et il sera plus facile de regarder la situation dans son ensemble et sous une perspective plus juste. Ces modifications, qui viennent s'ajouter à celles qui ont déjà été apportées à la Loi sur le casier judiciaire, permettront de s'assurer que les suspensions de casier judiciaire ne sont accordées qu'à ceux qui le méritent réellement. Elles permettront également aux Canadiens et aux Canadiennes de disposer de plus de renseignements sur les rouages d'un volet important de notre système de justice.
Je vous remercie, monsieur le président. Je remercie à l'avance les membres du comité et je suis impatient de prendre part à notre discussion.
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Merci, monsieur le président.
Et merci, monsieur le ministre, de comparaître aujourd'hui.
Monsieur le ministre, vous comprenez, j'espère, la nécessité d'agir prudemment à ce sujet. Je suis content que nous ayons divisé le projet de loi en deux parties. Nous avons pu trouver un terrain d'entente pour la première partie et nous en sommes maintenant à la deuxième. Comme vous vous en souviendrez, nous avons cru au départ que la question était réglée quand le ministre Day a apporté un certain nombre de changements en 2006. Il y a eu une affaire qui a défrayé la chronique, on nous a dit que le problème était résolu, mais nous réexaminons la question une nouvelle fois.
Mes objections, monsieur le ministre, ne portent pas sur les agressions sexuelles contre des enfants. Tout le monde est parfaitement d'accord à ce sujet, je pense. Il ne s'agit pas non plus du remplacement du mot « pardon » par l'expression « suspension de casier judiciaire ». C'est une mesure que j'estime souhaitable et que je peux appuyer. Je crains toutefois que cela ne touche un certain nombre de personnes qui n'étaient pas visées par ce projet de loi ou pour qui son application pourrait avoir des effets dévastateurs. Je vais vous donner quelques exemples auxquels vous pourrez peut-être répondre.
Supposons, par exemple, qu'une mère célibataire a de la difficulté à joindre les deux bouts. Elle prend une décision désespérée, la décision stupide de faire un chèque sans provision. Cela pourrait être une infraction mixte punissable par mise en accusation. Tout à coup, une mère célibataire âgée de 20 ou 21 ans, qui prend une mauvaise décision pour pouvoir nourrir ses enfants, une décision qu'elle n'aurait pas dû prendre, risque de ne pas pouvoir faire supprimer son casier judiciaire avant le milieu de la trentaine. Cela veut dire qu'elle va être…
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Je pense que ce sont effectivement des bonnes questions. J'ai déjà déclaré publiquement que si j'avais la garantie que les récidivistes ne pourraient pas profiter du système de pardon, j'envisagerais une autre proposition. Nous devons toutefois fixer des limites. La générosité et la tolérance des Canadiens est une bonne chose, mais nous devons respecter leurs préoccupations au sujet de la criminalité.
Au cours de mes discussions assez intensives avec les Canadiens à ce sujet, j'ai été très étonné de voir qu'ils ne souhaitaient pas donner aux criminels plus qu'une seule chance et encore moins quatre chances comme c'est le cas ici. Par conséquent, l'attitude du public s'est endurcie à cet égard.
Si le comité peut trouver une solution pour empêcher que les récidivistes profitent du système, tout en remédiant au problème que vous avez soulevé, il vaudrait la peine que le comité se penche sur la question. En attendant, je n'ai rien trouvé de mieux que ce qui est proposé.
Pour ce qui est des infractions de nature sexuelle, comme je l'ai dit dans mon discours, la personne qui fait le nuvite ne serait pas visée par cette interdiction automatique, même s'il s'agissait d'une infraction prévue à l'annexe 1. Je ne suis pas vraiment certain de la nature de toutes ces infractions dont j'ai la liste ici. Toutefois, à mon avis, si le délinquant pouvait démontrer qu'il n'y a pas eu de victime — contrairement à ce qui se passe dans le cas d'une agression contre un enfant — et s'il n'a pas commis l'infraction alors qu'il était en situation d'autorité ou de confiance, il aurait toujours droit à un pardon.
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Merci, monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, je vais poursuivre dans la même veine, car sans vouloir vous offenser, je crois que vous vous trompez. C'est peut-être une erreur de libellé, mais le projet de loi C-23B précise bien, au paragraphe 4(2) proposé:
(2) Sous réserve du paragraphe (3), n’est pas admissible à présenter une demande de suspension du casier la personne qui a été condamnée:
a) soit pour une infraction visée à l’annexe 1;
L'exception dont vous parlez, le paragraphe 4(3), porte que « La personne qui a été condamnée pour une infraction visée à l'article 3 de l'annexe 1 » — et ce n'est pas l'annexe 1, mais bien l'article 3 de l'annexe 1 — « peut présenter une demande de suspension du casier si la Commission est convaincue » qu'elle n'était pas en situation d'autorité ou de confiance, qu'elle n'a pas usé de violence et qu'elle était de moins de cinq ans…
J'examine les annexes et l'annexe 1 comprend trois parties. Il y a l'article 1, « Les infractions »; l'article 2, « Les infractions »; et l'article 3, « Les infractions ». Les infractions de l'article 1, le voyeurisme, etc., ne sont pas couvertes par l'exception dont vous parlez. Je vous demanderais donc de réexaminer cette question. C'est peut-être votre intention, mais vu la façon dont c'est libellé, ce n'est pas l'annexe 1; c'est l'article 3 de l'annexe 1 qui permet cette exception.
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Très bien. Je sais lire et je suis avocat également. Il est question de l'article 3 de l'annexe 1. L'article 3 signifie quelque chose. Vous faites comme si ces mots n'étaient pas là, sans vouloir vous offenser.
Monsieur le ministre, en juin dernier, les néo-démocrates ont travaillé avec le gouvernement pour adopter ce que nous considérons tous, je crois, comme d'importants changements pour renforcer le système de pardon au Canada. Le NPD a insisté pour que la proposition visant à conférer à la Commission nationale des libérations conditionnelles le pouvoir discrétionnaire de refuser le pardon dans les cas d'infractions punissables par voie de mise en accusation ou d'infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire s'il s'agissait d'une agression sexuelle contre un enfant soit adoptée rapidement si un tel pardon risquait de jeter le discrédit sur l'administration de la justice.
Le NPD a également insisté… en fait, notre parti a insisté pour que la liste comprenne l'homicide involontaire coupable et c'est la disposition grâce à laquelle Karla Homolka ne pourra pas demander un pardon cet été. Grâce au travail accompli par tous les partis, cette disposition est actuellement en vigueur en vertu de la Loi sur le casier judiciaire.
On peut dire, je pense, que la Commission des libérations conditionnelles a maintenant le pouvoir qui, comme vous l'avez dit, manquait par le passé, de refuser un pardon pour toute infraction grave et tous les actes criminels ou infractions sexuelles contre des enfants.
Monsieur le ministre, je me demande s'il n'est pas préférable que la Commission nationale des libérations conditionnelles ait le pouvoir discrétionnaire d'accorder ou de refuser les pardons dans les cas où c'est justifié plutôt que d'établir des catégories arbitraires comme l'accumulation de plus de trois infractions punissables par voie de mise en accusation ou certaines infractions qui vous interdisent pour toujours d'obtenir le pardon? Il y a divers facteurs. Les délinquants ne sont pas tous exactement pareils.
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Je reconnais que tous les délinquants ne sont pas exactement pareils.
Je me souviens de la discussion au sujet de l'homicide involontaire coupable. Ce qui s'est passé, je crois, c'est que le Bloc ne voulait pas que qui que ce soit se voit refuser un pardon pour une infraction punissable de moins de deux ans d'emprisonnement. Je pense qu'au départ nous avons toujours voulu que l'homicide involontaire coupable soit inclus. Je reconnais que nous avons eu une excellente discussion entre tous les partis et je suis reconnaissant à tous les partis d'avoir adopté cette disposition.
Je ne suis pas d'accord pour qu'un tribunal judiciaire, qu'il s'agisse d'un tribunal ou d'un tribunal administratif exerçant des fonctions quasi-judiciaires, ait le pouvoir discrétionnaire d'émettre une ordonnance lorsqu'elle est clairement contraire à l'intérêt public.
Notre gouvernement a déclaré sans équivoque que certaines peines de prison minimums obligatoires ne se prêtent pas à la détention à domicile, par exemple, du point de vue de la politique publique. De ce point de vue, dans les cas de meurtre au premier ou au deuxième degré, il devrait y avoir des périodes obligatoires d'inadmissibilité à la libération conditionnelle.
Également, notre gouvernement considère que les cas dans lesquels nous estimons qu'aucune raison valide du point de vue de la politique publique ne justifie l'octroi d'un pardon… je pense que c'est justifié. Les droits des victimes l'emportent sur les intérêts du criminel reconnu coupable qui a délibérément enfreint la loi. J'ai dit que je serai très ferme en ce qui concerne les infractions sexuelles.
Il y a certaines exemptions. Vous avez laissé entendre que vous pourriez avoir certaines réserves au sujet du libellé. Je veux bien demander à mes fonctionnaires de l'examiner.
En ce qui concerne certaines des autres questions, je ne suis pas aussi souple.
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Je dois dire que les Canadiens et les défenseurs des victimes ont appuyé majoritairement notre législation concernant le pardon. En fait, si nous prenons le projet de loi tel qu'il a été présenté au départ, certaines victimes bien connues, surtout celles qui ont souffert entre les mains de prédateurs lorsqu'elles étaient enfants, nous ont dit que nous n'étions pas allés assez loin. Elles ont toutefois appuyé ce projet de loi parce qu'elles croient que c'est un grand pas en avant.
Par conséquent, en général, elles ont largement appuyé notre législation sur le pardon et c'était évident, je pense, quand nous avons adopté le projet de loi qui proposait les aspects les plus essentiels de la réforme du pardon.
Je ferais remarquer, monsieur Lobb, qu'un grand nombre des associations de victimes étaient très inquiètes. En fait, j'ai lu dans le journal qu'au dire de nombreux experts, nous ne verrions jamais le projet de loi réapparaître et que cette idée serait abandonnée. De nombreux groupes de victimes en ont éprouvé de vives inquiétudes. Ils ont communiqué avec moi ou mon personnel politique afin que nous puissions leur assurer que nous allions présenter ce projet de loi. Ils considèrent que c'est le minimum que le gouvernement puisse faire pour respecter les droits des victimes.
Les victimes sont donc satisfaites de voir que le premier groupe de réformes est entré en vigueur et que nous donnons suite à notre engagement de présenter le deuxième groupe de réformes au comité. J'ai entendu certaines objections. Certaines sont, je crois, d'ordre rédactionnel, mais cela ne change en rien mon engagement envers le principe que nous préconisons dans le projet de loi .
M. Holland a soulevé une question et j'ai simplement dit que si le comité peut trouver un moyen de faire en sorte que les récidivistes ne profitent pas indûment du système de pardon, je serais prêt à envisager quelque chose de ce genre, mais je n'ai rien vu de mieux. Les Canadiens me disent que nous ne devons pas donner aux délinquants une troisième, une quatrième, une cinquième, une sixième ou de multiples chances.
Il y a certaines circonstances dans lesquelles, même pour les récidivistes, nous devons examiner la situation. Toutefois, en général, je ne veux pas trahir les victimes qui comptent sur notre gouvernement pour faire passer leurs intérêts avant ceux des criminels. Je suis donc déterminé à le faire.
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Je voudrais soulever deux questions pratiques.
Premièrement, à la page 8 de votre déclaration, vous parlez du but du pardon que l'on appellera bientôt la « suspension du casier ». Vous dites, et je pense que cela résume assez bien votre propos, que c'est « une chance de faire table rase, et de recommencer à zéro ».
Je suis d'accord avec vous pour dire que certains délinquants ne devraient pas avoir cette possibilité. Nous avons discuté de cette question et de celle des trois infractions ou des infractions de l'annexe 1. Je n'y vois pas d'objection. Toutefois, ce projet de loi envisage la possibilité d'accorder une suspension du casier à certaines personnes. Pour certains, c'est jamais et pour d'autres, c'est oui.
Par conséquent, lorsqu'on juge acceptable d'accorder à certaines personnes la suspension de leur casier, je voudrais savoir pour quelle raison la période d'attente passe de trois ans à cinq ans pour les infractions punissables par voie de déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de cinq à dix ans pour les infractions punissables par voie de mise en accusation? En quoi cela augmente-t-il la sécurité publique? Avez-vous des études ou des données empiriques objectives permettant de croire qu'en allongeant ces délais vous allez résoudre un problème qui se pose actuellement?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'ai une question en deux parties. Voici la première partie.
Vous avez dit que les délinquants qui ont commis de multiples infractions sont l'une des raisons pour lesquelles la loi est modifiée de cette façon. Je vous demande de déposer — pas aujourd'hui, car je suppose que vous ne les avez pas sous la main — les documents, données ou autres renseignements sur lesquels vous vous basez pour affirmer qu'il est nécessaire de modifier la loi pour cette raison. Vous devez avoir quelque chose.
Permettez-moi de poser la deuxième partie de ma question.
Voici. Le but de la loi — j'ai déjà lu ce passage — comme vous le dites à la page 8 de votre discours, est que c'est une chance de faire table rase et de recommencer à zéro. Je voudrais savoir si une personne qui obtient la suspension de son casier pourra dire qu'elle n'a pas de casier judiciaire si on lui pose la question, par exemple, sur une demande d'emploi. D'autre part, lorsqu'on fera une recherche de casier judiciaire, verra-t-on la suspension du casier, verra-t-on l'ancien casier ou l'intéressé pourra-t-il vraiment « recommencer à zéro » selon l'objectif énoncé ici?
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Votre interprétation est exacte, mais je tiens à dire par souci de justice et pour aider le comité que, bien entendu, l'article 9 du projet de loi C-23B est, disons, un véritable fouillis. Certaines des dispositions de l'article 9 reprennent des éléments qui ont été adoptés dans le projet de loi C-23A. Par conséquent, à un moment donné, le comité pourrait juger inutile de les réexaminer de nouveau.
Il y a certains éléments qui sont nouveaux. Par conséquent, je pense que le comité voudra les étudier et il y a certains d'entre eux que vous voudrez peut-être adopter, mais qui nécessiteront quelques modifications de forme.
J'ajouterais que, pour le moment, les renvois aux annexes sont peut-être une source de confusion. Il y a deux annexes à la Loi sur le casier judiciaire. La première, l'annexe 1, porte sur les infractions sexuelles contre les enfants. L'article 1 de l'annexe 1 porte donc sur toutes les infractions qui sont spécifiquement contre les enfants. À première vue, ce sont les infractions sexuelles contre les enfants.
La partie 2 porte sur les infractions dont un enfant est la victime, mais qui ne sont pas nécessairement, à première vue, des infractions sexuelles contre des enfants. Par exemple, le voyeurisme est une infraction qui pourrait être commise contre un adulte, mais seul le voyeurisme à l'endroit d'un enfant est visé ici.
Bien entendu, l'article 3 mentionne des infractions qui n'existent plus.
Vous avez raison de dire que pour le moment, l'exemption se rapporte seulement à l'article 3 de l'annexe 1. En fait, j'ai dit hier à M. Churney que cela semblait bizarre et je lui ai demandé pourquoi. Nous avons besoin d'une explication.
Ce que nous essayons d'établir, je pense, c'est si le projet de loi s'applique à la totalité de l'annexe ou s'il y a une raison pour laquelle nous mentionnons seulement l'article 3?
M. Churney et ses collègues semblent dire qu'en fait, il s'agit seulement de l'article 3 parce que, par définition, en ce qui concerne les infractions substantielles visées par le Code criminel, on ne peut pas être condamné si elles entrent dans une des exemptions prévues. Cela entraînerait donc une double exemption, ce qui serait illogique et ferait double emploi.
Je dois encore obtenir la confirmation de mes collègues du ministère de la Justice car, bien entendu, nous voulons que le comité comprenne et sache exactement s'il s'agit de l'article 3 ou de la totalité de l'annexe. Tout ce que je peux dire, c'est que nous examinons la question. Votre interprétation est tout à fait juste. Le ministre a également parfaitement énoncé ses intentions. Nous devons réexaminer tout cela pour nous assurer que ses intentions ont bien été traduites.
Comme il est 17 heures, nous allons suspendre cette partie de la séance pour passer aux travaux futurs.
Madame Campbell, je tiens à vous remercier encore une fois d'être venue ici aujourd'hui pour nous aider à examiner ce projet de loi. Je pense que nous avons fait de sérieux progrès aujourd'hui. Nous avons vu certaines modifications à apporter pour lesquelles tous les partis sont prêts à travailler ensemble.
Nous vous remercions pour votre présence ici et pour votre aide. Comme je le dis habituellement à nos invités, si vous avez d'autres renseignements à nous communiquer, si vous désirez nous aider à clarifier certains aspects, l'article 3, la partie 1, la partie 2, ou autre chose, vous pourriez le faire par écrit ou en communiquant avec notre greffier.
Nous allons suspendre la séance quelques instants et nous nous réunirons à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]