:
Merci beaucoup de cette aimable présentation, monsieur le président. Au nom du Conseil de recherches en sciences humaines, nous vous remercions de nous donner l'occasion de nous présenter devant vous aujourd'hui au sujet de nos activités, nos buts, nos difficultés et nos priorités stratégiques.
[Français]
J'aimerais d'abord vous parler brièvement du CRSH et de son rôle clé au sein du programme d'innovation et d'économie du savoir du Canada.
[Traduction]
Comme vous le savez probablement, les « sciences humaines » correspondent à une expression générique englobant une diversité remarquable de disciplines et de domaines de recherche touchant presque tous les aspects de notre vie: la psychologie, le travail social, les beaux-arts, la linguistique, les affaires, le marketing et les communications, pour n'en nommer que quelques-uns. Grâce à des subventions, des bourses de recherche et des bourses d'études, le CRSH aide les chercheurs et les établissements de recherche du Canada à former la prochaine génération de personnes d'action et de penseurs talentueux et créatifs; à approfondir les connaissances et la compréhension; et à développer les innovations permettant de relever les défis d'aujourd'hui et de demain.
Le CRSH dispose de trois secteurs de programme de base.
[Français]
D'abord, le programme Talent permet aux étudiants et aux chercheurs postdoctoraux de développer leurs compétences et leur expertise quant à la pensée critique, la prise de décisions complexes et l'exploration créative. Cela représente 49 % des dépenses du programme.
[Traduction]
Le Programme Savoir, notre programme de base, appuie les personnes, les équipes de chercheurs et les partenaires officiels pour créer de nouvelles connaissances et susciter une meilleure compréhension. Environ 41 % des dépenses de programme sont effectuées dans ce volet.
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Volontiers. Je peux répéter tout ce que j'ai dit.
[Français]
Je peux même le faire mille fois, si vous le voulez.
Grâce au programme Connexion du CRSH, les connaissances relatives à la recherche sont mobilisées pour informer les Canadiens et éclairer la recherche, les débats, les décisions et les initiatives à l'échelle internationale. Cela représente 10 % des dépenses du programme.
[Traduction]
En outre — et c'est un point important —, le CRSH administre aussi, au nom des trois conseils subventionnaires, quatre grands programmes dont vous avez peut-être entendu parler: le Programme des chaires de recherche du Canada, le Programme des chaires d'excellence en recherche du Canada, le fonds d'excellence en recherche Apogée Canada et le Fonds de soutien à la recherche. Je serais heureux de donner davantage de détails sur ces programmes lors de la séance de questions et de réponses.
Je tenais aussi à souligner le rôle clé du CRSH dans le cadre du programme d'innovation du Canada. Je présume qu'il y aura de nombreuses questions à ce sujet. Même si nous parlons souvent de l'innovation sur le plan de la science ou de la technologie, nous devons toujours nous rappeler que ce qui stimule la véritable innovation — et le vrai changement —, ce sont les gens.
Je suis persuadé que nous devons cesser de penser à l'innovation en termes stricts. La véritable innovation est une entreprise holistique, une activité multidisciplinaire qui va au coeur du comportement humain. Les chercheurs du domaine des sciences humaines peuvent nous aider à mieux comprendre les volets économiques, sociaux, environnementaux, juridiques et éthiques de notre monde changeant.
[Français]
La recherche dans le domaine des sciences humaines contribue aussi à la résolution de problèmes urgents actuels, ce qui est une autre vraie force.
[Traduction]
Par exemple, quelle sera l'incidence des changements climatiques sur les régions côtières et les collectivités nordiques du Canada? Quels types d'investissements dans l'infrastructure offrent les meilleurs bénéfices pour nos villes et nos collectivités rurales? Comment allons-nous gérer les mouvements de population et l'intégration des réfugies? Comment pouvons-nous rétablir et maintenir des relations positives entre les Canadiens autochtones et non autochtones?
[Français]
La recherche financée par le CRSH explore ces questions et bien d'autres questions critiques qui sont importantes pour l'ensemble des Canadiens.
[Traduction]
Pour vous donner une meilleure idée de notre travail, laissez-moi vous donner plus de contexte.
Actuellement, la communauté de recherche en sciences humaines au Canada comprend 24 000 professeurs faisant partie à temps plein du corps enseignant d'une université — chiffre qui inclut les nombreux professeurs qui enseignent nos disciplines dans les collèges —, 21 000 étudiants de doctorat et 46 000 étudiants de maîtrise à l'échelle du pays. Ces chiffres ne tiennent pas compte des centaines de milliers d'étudiants inscrits au premier cycle ou cherchant à obtenir un diplôme dans le domaine des sciences humaines au pays.
Au cours des années, notre financement lié aux subventions, aux bourses de recherche et aux bourses d'études est demeuré relativement constant, à un montant d'environ 340 millions de dollars. Mais comme la cohorte de chercheurs s'accroît, l'écart entre notre potentiel de financement et notre réalité s'agrandit. Il y a toutefois une chose dont je peux vous assurer: c'est que 93 ou 94 ¢ de chaque dollar que le Parlement du Canada alloue au CRSH sont utilisés pour financer directement les chercheurs du Canada.
Le CRSH gère de 12 500 à 13 000 demandes par année. En fonction de l'occasion de financement, un seul concours peut entraîner la réception de 100 à plus de 3 000 demandes. Pour évaluer ces demandes, nous nous appuyons sur un processus d'examen du mérite rigoureux de calibre mondial. Plus de 600 membres — qui sont des experts et des chercheurs — font partie de nos 90 comités d'évaluation chaque année, appuyés par 6 000 évaluateurs et experts externes supplémentaires du Canada et d'ailleurs dans le monde. J'insiste sur le fait que le travail de ces évaluateurs est complètement bénévole, ce qui représente une contribution de plus de 8 millions de dollars aux efforts du CRSH.
J'aimerais aussi dire quelques mots sur les partenariats. Au sein du CRSH, nous reconnaissons que le gouvernement, l'industrie et le milieu universitaire doivent travailler ensemble pour offrir une recherche fondée sur des données probantes de haute qualité afin d'éclairer les politiques et la prise de décisions. Le CRSH finance actuellement 212 partenariats intersectoriels multidisciplinaires touchant 46 établissements d'enseignement postsecondaire et près de 1 500 organisations partenaires. En moyenne, ceux qui reçoivent une subvention dans le cadre d'un de nos partenariats obtiennent plus de 80 ¢ pour chaque dollar de financement du CRSH, montant qui s'ajoute à la contribution de la population canadienne.
J'aimerais vous donner quelques exemples des partenariats que nous finançons.
Pavlos Kanaroglou, professeur émérite de géographie et de sciences de la terre à l'Université McMasters, travaille en partenariat avec l'Association canadienne des automobilistes, Ford Motor Company et Burlington Hydro pour faire de la recherche sur les coûts et les avantages sociaux de la mobilité électrique au Canada.
David Connell, professeur agrégé à l'Université de Northern British Columbia, travaille en partenariat avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'Institut Max Planck pour effectuer de la recherche sur l'aménagement des terres agricoles afin de contribuer à conserver les terres agricoles et faire la promotion de l'agriculture.
Susanne Lajoie, de l'Université McGill, travaille avec le Centre de recherche informatique de Montréal pour étudier les environnements d'apprentissage hautement technologiques et améliorer l'apprentissage et la rétention dans les écoles.
Passons maintenant à nos priorités stratégiques. Les chercheurs du Canada évoluent dans un contexte bien différent de celui qui existait lorsque le CRSH a été créé en 1977. Avec les technologies numériques nouvelles et émergentes, l'explosion de la recherche couvrant plusieurs domaines d'études, voire des disciplines entières, et la participation de plus en plus grande des secteurs non universitaires à la création et à la mobilisation du savoir, les campus d'aujourd'hui offrent un environnement de recherche très différent de celui d'il y a près de 40 ans.
[Français]
Pour aborder ce problème, nous avons soigneusement examiné notre programmation, mobilisé la communauté de recherche que nous servons et analysé les besoins du marché du travail en évolution du pays. Cela a formé et éclairé notre nouveau plan stratégique, un plan directeur destiné à guider les activités du CRSH pour les cinq prochaines années.
Les trois objectifs stratégiques suivants sont au coeur de ce plan.
[Traduction]
D'abord, nous voulons favoriser l'excellence dans un milieu de recherche changeant, que je viens de vous décrire. Le CRSH aidera le Canada à maintenir et à améliorer sa position concurrentielle à l'échelle mondiale en tant que producteur de recherche de haut niveau qui adopte des formes nouvelles et diversifiées d'excellence en matière de recherche.
Ensuite, nous voulons augmenter la portée, l'ampleur et l'incidence de nos investissements en matière de recherche, en établissant des partenariats nouveaux et innovateurs. Le CRSH cherchera et établira des occasions stratégiques prometteuses pour la recherche, la formation et la mobilisation des connaissances canadiennes par l'intermédiaire d'un financement conjoint et d'autres initiatives de collaboration, et ce, tant au Canada et qu'à l'étranger.
Enfin, nous explorons des façons de mieux établir un lien entre la recherche sur les sciences humaines et les Canadiens. Nous améliorerons les occasions pour que les résultats du financement du CRSH soient plus accessibles aux organisations de tous les secteurs, de façon à fournir des recherches fondées sur des données probantes afin de relever les défis d'aujourd'hui et de demain.
En conclusion, depuis près de 40 ans, le CRSH continue de satisfaire aux normes élevées et aux attentes du milieu de la recherche et de la population à son égard. Nous entreprenons toutes ces activités en tant que gardiens des fonds publics et de la confiance de la population canadienne, en rendant des comptes à cette dernière et en étant responsables de l'utilisation judicieuse de ses ressources.
[Français]
C'est pourquoi, avec ses conseils apparentés, soit les lnstituts de recherche en santé du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le CRSH s'efforce d'harmoniser ses programmes afin de les offrir de manière plus efficace et efficiente.
[Traduction]
Nous le faisons pour que les collèges et les universités puissent former et attirer une nouvelle génération de chercheurs talentueux qui accepteront le défi d'offrir de vrais résultats aux Canadiens.
[Français]
Nous le faisons parce que nous savons que la quête du savoir et de nouvelles idées améliorent directement notre vie pour le mieux.
[Traduction]
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. Nous serons plus qu'heureux de répondre aux questions portant sur ce sujet ou sur toute autre facette de nos activités.
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Certainement, je vais éclaircir ce point. C'est une excellente question, mais la manière dont je répondrai différera peut-être légèrement de la façon dont vous avez posé la question. Je ferais remarquer que nous disons que dans le cadre des projets que nous finançons, nous sommes en mesure de recueillir un montant supplémentaire de 80 ¢ pour chaque dollar fourni par le CRSH et le Parlement du Canada. Dans certains cas, dans le cadre de certains concours, nous avons réussi à récolter davantage, peut-être même un autre dollar.
La question que vous avez soulevée est d'une importance capitale, car elle montre que nous devons trouver des fonds pour pouvoir financer précisément le genre de coûts que vous avez énumérés. Dans le cas des chercheurs, les coûts se sont multipliés au fil des ans et l'inflation a grugé le financement offert; il faut toujours déployer des efforts pour nous assurer de couvrir tous les coûts qu'il faut assumer pour obtenir des résultats qui auront un impact.
Comme nombre d'entre vous le savent bien, les établissements ont leurs propres coûts, dont certains sont couverts par le Fonds de soutien à la recherche. Selon l'établissement concerné, de 20 à 25 % lui sont remis en financement supplémentaire pour l'aider à payer les frais d'électricité, d'entretien, des bibliothèques et des activités de transfert de technologie, dont les coûts sont de loin supérieurs au financement que nous fournissons aux chercheurs à cette fin.
C'est un système, qui comprend plusieurs éléments. Comme vous l'avez souligné fort justement, il y a la recherche qui est effectuée et les gens qui doivent être rémunérés. Dans notre cas, les chercheurs sont payés par les provinces, principalement par l'entremise de leur salaire. Ils ont besoin d'adjoints à la recherche, ils doivent voyager un peu et ils ont peut-être besoin de fournitures. En outre, nous ne pouvons oublier que l'université doit offrir l'environnement à l'appui de cette recherche, ce qui entraîne un coût supplémentaire de quelque 25 ¢ par dollar. Les universités affirmeraient que c'est deux fois plus, mais je ne suis pas ici pour parler en leur nom.
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Je tiens à ce que vous sachiez que nous partageons votre préoccupation. Notre mandat consiste à financer la recherche et la formation dans le domaine des sciences sociales au Canada, et à prodiguer des conseils au gouvernement. Nous sommes d'avis que ce financement est mieux investi en amont du processus de recherche afin de développer des idées et des approches nouvelles. Cela ne signifie pas que nous ne finançons pas la recherche appliquée ou la recherche dont les résultats font l'objet de brevets, de droit d'auteur ou d'autres formes de protection, mais conformément à nos pratiques et à nos règlements, nous restons silencieux à propos de la manière dont les chercheurs eux-mêmes et les universités et les collèges où ils travaillent appliqueront cela adéquatement.
Nous nous intéressons aux domaines de la commercialisation et du transfert de la PI, et nous avons effectué des recherches à ce sujet. Je serais ravi de vous en dire davantage à propos de ce qui se fait dans les domaines des grappes et de l'incubation. J'effectue moi-même des travaux actuellement sur l'innovation ouverte par rapport aux modèles plus fermés.
C'est, en un sens, ce qui fait la beauté du CRSH, lequel est, en fait, financé pour avoir une incidence sur les pratiques et certaines priorités et politiques que vous avez évoquées et qui pourraient orienter ou soutenir le transfert de la propriété intellectuelle au secteur privé. Je répéterai seulement que, fondamentalement, nous considérons que nous jouons mieux notre rôle en finançant davantage la recherche ouverte en amont du processus.
Je vous relaterai une anecdote que j'ai racontée à maintes reprises et qui concerne une étude réalisée il y a quelques années. Quand on a étudié la première page des demandes de brevet présentées aux États-Unis et lu les références y renvoyant à des recherches antérieures — et j'ignore combien de demandes ont été examinées, peut-être 5 000 —, on a constaté que 70 % de ces références venaient d'établissements bénéficiant d'un financement public aux États-Unis. Autrement dit, la science fondamentale favorisait l'innovation, qui faisait ensuite l'objet d'une demande de protection.
Nous avons donc un rôle absolument crucial à jouer en amont de ce processus.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Hewitt, chers collègues. Je vous remercie d'avoir pris le temps de vous joindre à nous.
En tant qu'ingénieur et homme d'affaires, je m'intéresse toujours aux nouvelles technologies et à leur application, tout particulièrement pour ce qui est de la création d'emplois et de leur contribution à la croissance économique.
Cela dit, j'ai eu l'occasion de regarder votre exposé de l'année dernière, que vous avez présenté, je crois, le jeudi 7 mai. Étant donné que je m'intéresse aux nouvelles technologies, une chose m'a sauté aux yeux.
[...] les technologies émergentes et la meilleure façon d'en tirer profit seront le sujet d'une Subvention sur la synthèse des connaissances qui sera lancée par le CRSH à l'automne.
C'était à l'automne de 2015. Vous avez dit que cette « possibilité de financement nous aidera », premièrement, « à déterminer l'état de nos connaissances sur les technologies émergentes », deuxièmement, « à repérer les lacunes dans nos connaissances » et, troisièmement, à repérer « les politiques et pratiques les plus prometteuses à cet égard ». Dans cette optique, je vais vous bombarder de cinq questions, auxquelles vous pourrez ensuite répondre.
Premièrement, quelle proportion des 340 millions de dollars se trouvant dans votre budget avez-vous consacrée à ce programme de subventions et sur quel secteur mettez-vous l'accent?
Deuxièmement, quelles sont les « technologies émergentes » qui ont été cernées jusqu'à maintenant?
Troisièmement, quelles sont les « lacunes dans nos connaissances » qui ont été repérées?
Quatrièmement, quelles sont les « politiques et les pratiques » connexes qui ont été repérées et qui doivent être examinées?
Enfin, en tant qu'homme d'affaires, pour chaque dollar investi dans ces nouvelles technologies, à votre avis, ou selon la recherche, quelles technologies créeront des emplois et auront un effet sur le PIB?
Allez-y.
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Oui. Je vais commencer, et tout le monde m'aidera.
M. Majid Jowhari: Bien sûr.
M. Ted Hewitt: Soyons clairs: le programme est déjà en place. Il fait partie d'une initiative plus vaste lancée par le CRSH à la suite de vastes consultations amorcées il y a deux ans et ayant pour thème « Imaginer l'avenir du Canada ». Le seul objectif de ce programme était d'aider à déterminer, de concert avec les Canadiens, les chercheurs, le public ainsi que les gens du gouvernement et d'ailleurs, quels seront les véritables défis en matière de recherche dans 10, 20, 30 ou 40 années. Nous en avons cerné un large éventail.
Au moyen de cette démarche, nous avons finalement constaté qu'il y en avait six.
Les nouvelles technologies représentent un de ces défis. Cela va de soi. Comme vous le savez, nous avons tous une de ces technologies sur nous. Elles nous sont très utiles, mais elles posent en soi de nombreux défis.
Il y avait également les nouvelles façons d'enseigner et d'apprendre. Je pense que nous avons tous une opinion sur la mesure dans laquelle nous favorisons l'apprentissage des étudiants dans nos écoles postsecondaires — et même dans nos écoles primaires et secondaires.
Un autre défi dont nous avons entendu parler à maintes reprises se rapporte aux Autochtones et à leurs communautés. Quelles difficultés éprouvent-ils? Comment pouvons-nous travailler ensemble? Comment pouvons-nous nouer des liens entre les communautés, tant autochtones et que non autochtones, pour les aider à prospérer?
Quels sont les défis que pose la densité de la population? À mesure que nous devenons plus nombreux, nous avons tendance à consommer plus de ressources. Comment allons-nous gérer cela?
Quelle est la direction prise par le Canada dans le monde? Où serons-nous dans 20 ou 30 ans? Le Canada est un grand pays commerçant. Qui seront nos partenaires commerciaux? Dépendrons-nous encore des États-Unis sur le plan commercial?
Le dernier défi se rapportait aux ressources naturelles et à l'énergie.
C'était le but de l'exercice. Les subventions proprement dites sont plutôt petites. Elles se situaient entre 25 000 $ et 50 000 $, je crois. L'objectif n'était pas d'effectuer la recherche pour répondre à la question, mais de la faire pour que nous sachions ce qui est déjà accompli et où sont les lacunes, car c'est une chose que nous devons faire avant de pouvoir aller de l'avant et commencer à examiner vraiment à fond les questions auxquelles nous devons nous attaquer.
Dans ce contexte, le montant consacré à l'ensemble du programme serait minimal — de l'ordre de 1 ou 2 millions de dollars tirés de fonds discrétionnaires sur lesquels je dispose essentiellement d'un droit de regard.
Pour ce qui est des répercussions de cet exercice, nous n'en sommes que tout au début. De toute évidence, l'argent sert, comme pour toutes nos subventions, à financer directement l'embauche d'étudiants et d'adjoints de recherche. En règle générale, environ 75 ¢ de chaque dollar investi dans la recherche et dans notre domaine est remis à des créateurs d'emplois.
Il est cependant beaucoup trop tôt pour que je puisse vous dire si cela mènera à la transformation de certaines industries. Par contre, je peux vous dire que cette démarche — nous n'avons fait que deux appels de propositions jusqu'à maintenant et nous sommes en plein milieu de celui ciblant les nouvelles technologies — nous a donné une meilleure idée des grands défis et des domaines dans lesquels nous devrions investir pour en apprendre davantage. S'agit-il des TI ou de la bande passante? Est-il question de l'enseignement et de l'apprentissage de nouvelles technologies? Ou s'agit-il plutôt des travailleurs et du recyclage professionnel? Nous aurons une bien meilleure idée des défis lorsque le processus sera terminé.
J'ai probablement oublié certaines choses.
Dominique, voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus nous parler de leur rôle extrêmement important.
Je veux entendre parler un peu des responsabilités du CRSH, ce qui revient surtout à jouer sur les mots. La plupart d'entre nous avons de l'expérience en sciences, en ingénierie et ainsi de suite. Lorsque nous examinons les différentes attentes et des aspects de vos études, ainsi que ce qui se fait actuellement, je crois que, de biens des façons, nous le faisons dans une optique axée sur les véritables découvertes scientifiques plutôt que sur les sciences politiques ou, peut-être, les sciences sociales. Comme je l'ai toujours dit au sujet des scientifiques, ils ne diront jamais qu'il n'y a aucun résultat, et c'est ici que la politique entre en ligne de compte en affirmant que cela signifie que c'est terrible. Je suppose que cela fait partie du tout.
On finit toujours par entendre parler d'« approbation sociale ». Je pense qu'il est important que tout le monde soit conscient des paramètres utilisés, car c'est ici que les sciences politiques entrent en ligne de compte. Lorsque vous examinez différents projets ou leurs divers éléments ainsi que les gens qui veulent y contribuer, il doit être extrêmement difficile pour vous de distinguer ce qui devrait être fait de ce qui devrait être exclu. C'est plus ou moins une observation que voulais formuler.
Par ailleurs, vous dites que vos subventions sont petites, mais les gens à qui nous avons parlé les ont certainement bien accueillies. Vous pouvez en être fiers.
J'ai passé en revue l'initiative « Imaginer l'avenir du Canada » que vous avez lancée en juin 2011. L'une des choses sur lesquelles je voulais mettre l'accent était que l'on posait la question suivante au sujet d'un des domaines des défis de demain: « Quels effets la quête de ressources naturelles et d'énergie aura-t-elle sur la société canadienne et la place qu'occupe le Canada à l'échelle mondiale? » Je pense que c'est là que je voulais en venir quand je parlais du concept de l'approbation sociale et du genre de choses qui sont faites à cet égard.
Je me demande si vous pouvez veiller à ce que toutes les discussions en cours soient équitables. J'ai également de l'expérience en agriculture, et j'ai donc remarqué qu'un de vos projets se faisait avec l'aide d'un étudiant des Instituts Max Planck, situés en Allemagne, qui s'intéressait à l'utilisation des terres agricoles. Je connais beaucoup d'Européens, et leurs pratiques agricoles diffèrent grandement des nôtres. Les attentes, le recours à des organismes génétiquement modifiés et toutes les choses de ce genre sont liés à ce que j'avançais plus tôt.
Je me demande si vous pouvez nous donner un aperçu de votre démarche visant à préserver la crédibilité à laquelle on s'attend de la part de ceux qui font de véritables travaux scientifiques.
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C'est une question extrêmement importante, et je tiens à être parfaitement clair. Je ne peux pas vous dire que tout le monde aime ce que nous finançons. C'est un fait. Par contre, je peux dire que — et je pense que les autres présidents peuvent dire la même chose... Je dois dire — et je veux être parfaitement clair à ce sujet — que, dans le cadre de nos appels de propositions, qui sont réalisés grâce au financement que nous recevons du Parlement du Canada, nous sommes complètement ouverts en ce qui a trait aux candidatures, aux choix de partenaires et aux questions étudiées.
Il arrive parfois que nous imposions des limites. Nous avons déjà eu du financement ciblé pour la gestion, les affaires, les finances ou l'environnement, ou pour le Nord, mais, en général, les appels de propositions sont très ouverts. Vous pouvez voir toutes sortes de choses venant de nombreux endroits différents.
Nous pouvons garantir aux chercheurs, à ce Comité et au Parlement du Canada que, en ce qui a trait à l'examen par les pairs et des spécialistes, le filtre que nous appliquons se fonde sur les meilleures normes et les meilleures pratiques au monde. Nous nous assurons ainsi que le projet choisi est le meilleur de sa catégorie, peu importe que les gens l'aiment ou non, et qu'il est financé uniquement pour cette raison. Nous n'en démordrons pas jusqu'à ce que nous ayons mis fin à nos activités. Sinon, nous perdrons tout. Je vous assure que nous faisons de notre mieux pour qu'il en soit toujours ainsi.
J'adore parler de la question de l'approbation sociale pour montrer à quel point nous sommes importants dans le cadre du processus d'innovation et pour l'économie du Canada.
Nous travaillons maintenant avec l'APFC, l'Association des produits forestiers du Canada; le secteur minier; et le Conseil canadien pour le commerce autochtone, notamment dans des dossiers liés à l'approbation sociale. Pourquoi?
Autrefois, les gens disaient: « À quoi servent les sciences sociales et les sciences humaines? » « Eh bien, cela se rapporte à des questions d'éthique. » C'est vrai. « Cela se rapporte à des questions juridiques. » Oui. « Cela se rapporte à des questions de politique. » En effet. C'est ce qu'on a répondu jusqu'au jour ou quelqu'un s'est réveillé et a dit: « Nous voulons faire passer un pipeline ici, mais la collectivité n'est pas très emballée. » Même si les lois vous autorisent à le faire, bonne chance pour ce qui est de creuser le trou. Il faut obtenir l'approbation sociale pour pouvoir servir ses intérêts, peu importe de quoi il s'agit.
La recherche que nous faisons se rapporte souvent aux enjeux qui ont cours, à ce que veulent les collectivités et à l'approche que les entreprises devraient adopter pour négocier avec ces collectivités et trouver des solutions qui profitent à tout le monde.
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Je ne veux pas nécessairement remuer la question des pipelines.
Si le but est d'extraire des ressources dans une région, par exemple, et que c'est avantageux pour la collectivité comme pour l'entreprise et le reste du Canada, cela ne veut pas nécessairement dire que tout le monde va s'entendre sur la façon de procéder.
Je pense que nos collectivités autochtones l'illustrent bien. Il arrive souvent que des entreprises ne puissent pas mener leurs activités en territoire autochtone, simplement parce qu'elles n'ont pas l'aval de la collectivité. Les négociations entre les entreprises d'extraction des ressources et les collectivités peuvent se rompre à tout moment.
Selon nous, notre rôle est d'aider les deux parties à se comprendre pour combler le fossé qui les sépare; je veux parler des entreprises, ou du gouvernement lui-même en ce qui concerne les politiques, et les collectivités qui résistent, peu importe les bonnes raisons justifiant leur réticence.
En fin de compte, il n'est pas question de facteurs juridiques, mais plutôt d'éléments non tangibles, en un sens, qui découlent des impressions ou des croyances de la collectivité, qui ne sont pas toujours fondées. C'est le type de recherches que nous faisons, et les spécialistes techniques du côté des sciences et du génie pourraient aider à apaiser ces inquiétudes, ou en fait trouver un moyen pour que l'entreprise et les gens touchés y trouvent tous leur compte.
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Permettez-moi de vous dire tout d’abord que nous sommes ici pour servir la population du Canada et le Parlement du Canada, point final.
De l’autre côté de l’équation en matière d’innovation, l’un des exemples que j’aime donner est la nouvelle technologie élaborée pour les appareils de communication, comme les téléphones intelligents, et ainsi de suite. Songez à ce que cela représente essentiellement.
Prenons, par exemple mon appareil iPhone. Il est équipé d’une technologie extrêmement perfectionnée, mais dès que je l’ouvre — et c’est là que je veux vous montrer où interviennent l’élément humain, les sciences sociales et les humanités —, qu’est-ce que je fais?
Premièrement, son design m’impressionne. C’est le design qui rend cet objet aussi attirant. Il a été conçu par les gens qui travaillent dans le domaine — peut être pas des architectes, mais des concepteurs, des concepteurs industriels — et c’est notre domaine.
Deuxièmement, je vais vérifier mes courriels. Tout au long de la journée, je traite avec d’autres êtres humains. Je vais vérifier ce qu’il faut que je fasse pour le travail, je vais vérifier si ma famille n’a pas besoin de moi.
Troisièmement, je pourrais lire un livre, regarder un film, les nouvelles de Radio-Canada ou celles de CTV, peu importe.
Tout ça pour vous dire que toutes les utilisations que je peux faire de cet outil technologique, et tout le design qui a été conçu pour faire marcher cet outil technologique vient de gens qui ont été formés dans nos disciplines, de gens hautement compétents en sciences et en technologie.