Monsieur le président, messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs, merci de votre invitation.
C'est un honneur pour moi d'être ici pour contribuer à votre étude de la diversité et de l'expérience vécue par les Autochtones dans les forces armées.
L'Association canadienne des vétérans et membres actifs autochtones est un regroupement d'anciens combattants reconnu à l'échelle nationale et internationale. Depuis 40 ans, nous représentons nos membres autochtones — des Premières Nations, métis et inuits — qui sont des anciens combattants, mais aussi des anciens de la GRC et des Rangers canadiens. Notre Association regroupe des anciens combattants de tous les horizons et de toutes les époques, que ce soit la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée, la guerre froide ou l'époque actuelle.
Le site Web national de l'Association est fréquenté assidûment par un très grand nombre de fidèles, qui l'ont visité plus de 750 000 fois à ce jour. L'Association soutient 20 groupes sur les médias sociaux un peu partout au pays, et elle fait une promotion active des possibilités de carrière dans les Forces armées canadiennes.
Je suis le lieutenant-colonel à la retraite David Quick, CD, ingénieur de profession et ancien membre du Corps des transmissions royal du Canada. Pendant ma carrière de 38 ans, j'ai occupé des postes de commandement et de génie dans la Première réserve et dans la Force régulière, et notamment au Quartier général de la 1re Division du Canada, dans la Brigade d'intervention rapide des forces en attente des Nations unies et le Commandement du renseignement des Forces canadiennes. J'ai été commandant du 724e Escadron des communications des stations des Forces canadiennes Debert et Alert.
Comme on n'en parlait jamais, j'ai appris en 2005 seulement que ma famille maternelle aux États-Unis était d'ascendance autochtone, et j'ai donc une expérience assez limitée de la vie en tant que personne autochtone. Mais dès que j'ai découvert mon ascendance autochtone, je suis devenu membre de la tribu Echota Cherokee, des États-Unis.
Pour ce qui est de mes expériences... En 2000, quand je suis devenu commandant de la Station des Forces canadiennes Alert, j'ai rencontré un jeune homme qui avait les cheveux aux épaules. Je lui ai posé des questions sur sa chevelure et il m'a fièrement répondu qu'il était autochtone et qu'il faisait honneur à sa culture. J'ai compris que la structure de commandement de la Station respectait son choix et l'appuyait. Au cours de mon mandat à Alert, je n'ai jamais eu connaissance de remarques désobligeantes ou d'une quelconque animosité envers une personne autochtone.
Après que je suis devenu membre de la tribu Cherokee, j'ai toujours été autorisé à participer au Groupe consultatif des Autochtones de la Défense du Quartier général de la Défense nationale. Nous avions des réunions mensuelles, et je pouvais m'occuper des affaires du Groupe consultatif et participer à des activités spirituelles et culturelles pendant mes heures de travail. J'ai toujours eu le sentiment d'avoir l'appui de mes supérieurs pour participer à ces activités.
L'adjudante à la retraite Iris Felix, une Micmaque anciennement membre du Corps des transmissions, a été invitée à agir comme recruteur d'un jour. Il s'agit d'un programme qui offre une formation suffisante pour aider des recruteurs qualifiés à présenter les possibilités de carrière dans les Forces armées canadiennes à des recrues potentielles d'ascendance autochtone. Iris s'est rendue à Terre-Neuve, où elle a discuté avec beaucoup de jeunes Autochtones des possibilités et des avantages d'une carrière militaire. Selon elle, c'est un programme formidable et très valorisant. Son seul regret est de ne pas savoir si des jeunes ont été enrôlés.
Un autre de nos membres, Richard Blackwolf, est un ancien combattant Métis qui, durant la guerre froide, a servi à bord des destroyers NCSM Skeena, Saskatchewan et Yukon.
Il se rappelle qu'au centre de formation des nouvelles recrues, le NCSM Cornwallis, les recrues autochtones étaient le point de mire. On lui a demandé plusieurs fois s'il voulait devenir opérateur-radio spécialisé au sein de la division spéciale de la radio maritime clandestine. Durant la guerre froide, les marins autochtones étaient très recherchés comme opérateurs-radio spécialisés parce qu'ils n'avaient pas de famille, d'amis ou de connaissances en Europe et en Union soviétique qui auraient pu les contraindre à divulguer des renseignements classifiés.
Richard a vécu une expérience positive dans la Marine, qui lui a notamment offert des chances d'avancement dans les domaines des sonars anti-sous-marins et de l'électronique numérique. Son application et ses bonnes notes dans les cours d'électronique de l'école de la flotte et les cours de formation sur le matériel en usine lui ont attiré le respect. Il n'a jamais senti que la race ou les origines posaient un problème dans les équipages des navires à bord desquels il a servi, ni dans les formations qu'il a suivies.
Richard Blackwolf a remarqué un changement important dans la Marine à partir de 1966. C'est à ce moment que, la politique s'en mêlant, la fusion imposée a entraîné la disparition de l'Amirauté, l'intégration imposée a entraîné la disparition de la Marine royale canadienne et, en 1969, les quotas de bilinguisme imposés ont obligé une proportion d'au moins 28 % de francophones dans tous les grades des Forces canadiennes. À son avis, ce quota fondé sur la langue a réduit les possibilités d'avancement de grade et de formation, et il a créé des divisions jusque-là inexistantes dans la Marine. Malgré la tourmente politiquement orchestrée qui a secoué les Forces canadiennes à la fin des années 1960 et qui a incité Richard à mettre fin à sa carrière militaire, il comprend maintenant que les temps ont changé et il ne rate jamais une occasion de militer pour l'enrôlement des jeunes Autochtones dans les Forces armées canadiennes.
Si j'en reviens à ma propre expérience, le seul aspect négatif est lié au Groupe consultatif des Autochtones de la Défense du Quartier général de la Défense nationale. Il était difficile pour les membres du Groupe d'obtenir la permission d'assister aux réunions mensuelles, qui sont pourtant sanctionnées, et à d'autres activités du Groupe. J'ai remarqué que les militaires du rang postés à une certaine distance de l'édifice Major-général George R. Pearkesen ne pouvaient pas assister aux réunions et aux activités du Groupe.
Quand je discutais avec eux, ils me laissaient entendre que leurs superviseurs ne voulaient pas prendre le risque de nuire à la productivité en accordant du temps pour une réunion de deux heures et les déplacements. Même quand le champion local de la cause des Autochtones, le commandant de l'Unité de soutien des Forces canadiennes, a proposé de communiquer avec les supérieurs des personnes visées, elles ont refusé par crainte que leur superviseur leur donne une mauvaise évaluation annuelle du rendement. Même si la participation des membres autochtones aux réunions et aux activités était parfaitement acceptée au sommet de la chaîne de commandement, l'application par les superviseurs semblait un peu moins parfaite.
Je comprends tout à fait que les superviseurs, tant militaires que civils, doivent jongler avec des pénuries d'effectifs et qu'ils doivent établir des horaires pour s'assurer que tout le travail est fait. Je crois que certains superviseurs ne sont pas très enclins à autoriser les absences du travail pour participer à une réunion ou à une activité paraprofessionnelle, du moins à leurs yeux. Je recommande d'accorder une plus grande importance à la politique sur la diversité, à sa mise en oeuvre et aux exigences juridiques dans les formations au commandement à tous les grades.
L'Association canadienne des vétérans et membres actifs autochtones milite avec passion pour intéresser les jeunes Autochtones à une carrière dans les Forces armées canadiennes. La promotion des carrières dans les Forces armées canadiennes prend notamment la forme d'une page destinée aux jeunes sur notre site Web national. Sur cette page, nous faisons un tour d'horizon complet des éléments des Forces armées canadiennes et de toutes les perspectives professionnelles offertes afin d'inciter les jeunes à s'enrôler et à embrasser une carrière militaire. Nous retenons des 40 dernières années que, dans l'ensemble, l'expérience a été positive pour les soldats, les marins, les pilotes et les rangers autochtones. Nos anciens combattants répètent très souvent que s'ils le pouvaient, ils reprendraient du service.
Monsieur le président, messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs, je vous remercie de votre intérêt et de votre écoute attentive.
Je m'appelle Tasina Pope ou, en langue autochtone, Îyâ To Wîyâ, qui veut dire Femme de la Montagne Bleue.
Je viens du territoire du Traité no 7, soit le territoire de la Première Nation Stoney Nakoda, de la Confédération des Pieds-Noirs, de la Nation Tsuut'ina, aux Métis de la région 3 et de tous ceux qui considèrent que cette terre est leur chez-soi.
J'ai quitté les forces volontairement en 2018, et c'est devenu une libération pour des raisons médicales. Je me sentais confuse, et il n'y avait pas de femme autochtone qui aurait pu me servir de mentore au grade de militaire du rang. Il y avait de la rivalité entre les femmes de tous les rangs, du dénigrement aussi. J'ai établi très peu de liens significatifs pendant mes années de service dans les Forces canadiennes. Les pratiques spirituelles autochtones étaient rares, voire inexistantes. On m'a refusé le droit de me faire pousser les cheveux, et j'ai dû accepter pour obtenir un poste permanent au sein de ma première unité d'appartenance. J'ai dû attendre deux ans. On m'a aussi refusé des permissions pour assister aux funérailles de membres de ma famille proche. Dans une communauté autochtone, la présence aux funérailles est un signe d'honneur envers le clan familial.
Mon histoire parle de l'enrôlement, qui malheureusement m'a conduite à une tentative de suicide. J'ai quitté les forces de mon plein gré pour retourner chez moi, puis j'ai obtenu une libération pour des raisons médicales.
Je n'ai pas perdu de temps à demander d'autres avantages auxquels j'aurais peut-être eu droit. Je suis partie de mon plein gré après le décès de mon frère. Alors que je me trouvais dans la réserve, mon frère unique a été assassiné. C'était à l'été 2016. Ma mère est morte de chagrin à l'automne 2017.
Ces deux deuils ont été extrêmement éprouvants, un défi énorme. J'essaie de proposer des modifications aux politiques en me fondant sur ce que j'ai vécu comme femme autochtone au sein des Forces armées canadiennes. Pour toutes ces raisons, je n'ai même pas pu aller dans un établissement postsecondaire. Je suis partie à trois mois de la fin de mon engagement de six ans.
Depuis l'an passé, je reçois les services du Programme de transition pour anciens combattants et j'ai recommencé à me sentir normale. Merci, isniyés, à ma famille et à mon mari de m'avoir soutenue depuis que j'ai quitté l'armée et réintégré ma communauté.
Je recommande d'offrir un soutien systématique à toutes les personnes autochtones, inuites et métisses, y compris les membres d'une minorité visible, dans les Forces canadiennes. Je crois qu'il serait possible de le faire d'ici à trois ou six mois, de mai à août cette année.
Je recommande aussi d'instaurer un programme de mentorat, d'envoyer de nouveau des lettres concernant les possibilités de réenrôlement aux anciens combattants. Les possibilités d'emploi sont assez limitées actuellement dans les marchés canadiens, pas seulement dans la Division de la Réserve, selon ce que j'ai lu dans des rapports qui ont été diffusés. Beaucoup de femmes autochtones se sont plaintes dans les médias sociaux du peu de ressources auxquelles elles ont accès.
Il faudrait créer un bulletin annuel, organiser des campagnes de lettres destinées aux anciens combattants, leur permettre de rétablir des liens par l'intermédiaire du Centre de ressources pour les familles des militaires.
Il faut réexaminer les affaires de harcèlement sexuel et tenir compte des données selon lesquelles 90 % des femmes en sont victimes. Je tire ces chiffres du rapport « Opération HONOUR — Sommaire statistique des incidents et des infractions relativement aux comportements sexuels dommageables et inappropriés pour l'année financière de 2017-2018 ».
J'étais isolée et ma situation m'a exposée à de mauvais traitements graves de la part de ma propre chaîne de commandement. J'ai été surveillée pendant des années. Même après mon transfert de la côte Est à la côte Ouest, je me suis retrouvée dans un environnement extrêmement malsain, qui a finalement conduit à ma libération.
Je devais éviter certaines personnes quand j'étais postée sur la côte Est, ce qui était très difficile dans une petite unité de la Marine dont tous les membres se trouvaient le plus souvent au même endroit.
Malgré tout, je suis très reconnaissante d'avoir pu servir non seulement ma nation, mais le Canada en général.
Je termine ici. Merci de m'avoir écoutée.
Isniyés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité permanent de la défense nationale.
C'est un grand honneur de m'adresser à vous à titre de troisième vice-chef de la Federation of Sovereign Indigenous Nations, qui regroupe 72 Premières Nations de la province de la Saskatchewan. Notre groupe compte aussi une association des vétérans des Premières Nations de la Saskatchewan parmi ses membres.
Je voudrais saluer mes collègues ici présents, Mme Pope et M. Quick, et souligner que nous nous trouvons en territoire algonquin.
Je ne suis jamais à l'aise quand je dois parler de moi, mais je peux vous dire ceci: je suis entré dans les forces en 1969, et je n'ai jamais eu de difficulté avec les protocoles rigides parce que j'arrivais d'un pensionnat, où la rigidité des protocoles était assez semblable, pourrait-on dire.
J'ai aimé l'expérience. J'y suis resté trois ans, puis je suis sorti parce que je voulais vivre d'autres expériences que les pensionnats et la vie militaire. En fait, je m'étais enrôlé en grande partie pour aller rejoindre mon frère.
Après avoir quitté les rangs, je suis retourné en Saskatchewan et j'ai dû apprendre à vivre. Ce faisant, comme beaucoup de survivants des pensionnats, je me suis adonné à toutes sortes de vices, y compris l'alcool. C'était aussi un vice dans l'armée, mais ce n'était pas mal vu.
Je vais faire un saut dans le temps pour revenir à aujourd'hui. Notre association en Saskatchewan est très dynamique et place les anciens combattants au coeur de tous ses projets. Nous avons 72 Premières Nations, avec des chefs et des conseils dans chacune, et nous collaborons étroitement pour faire avancer nos projets. Nous avons aussi des zones de traité, comme celle du Traité no 7 dont Mme Pope a parlé et qui comprend, je suppose, les traités de paix et d'amitié qui sont liés à cette zone en particulier. Je suis pour ma part lié aux traités nos 1 à 11, qui sont des traités économiques.
Les Forces canadiennes, selon les observations de notre fédération, ont évolué au cours de l'histoire, et c'est la même chose pour l'expérience qu'en ont eue les membres des Premières Nations. Aujourd'hui, nous tenons à souligner les nombreuses initiatives pour encourager les membres des Premières Nations à s'enrôler dans les Ffces armées. Je pense par exemple au Programme d'initiation au leadership à l'intention des Autochtones, au Programme d'enrôlement des Autochtones et aux programmes de formation estivaux comme Bold Eagle en Saskatchewan.
Nous soulignons aussi qu'historiquement, les citoyens des Premières Nations ont conclu des traités qui les dégageaient de l'obligation de participer aux guerres de Sa Majesté. Néanmoins, au moment de la Première Guerre mondiale puis de la Seconde Guerre mondiale, à cause d'un ancien régime qui interdisait à nos membres de quitter leur réserve sans laissez-passer, beaucoup se sont enrôlés. Malheureusement, en s'enrôlant, ils perdaient leur statut ou leur droit issu d'un traité d'être Indien, et ils devenaient donc des Indiens non inscrits. À leur retour à la maison après ces guerres, après s'être battus pour la liberté, ils se sont retrouvés dans le même environnement, dans la même situation qu'avant leur départ.
Pour en revenir à aujourd'hui, je me dois de souligner l'importance pour nous de célébrer notre passé et, bien évidemment, de rendre hommage à nos jeunes qui vont de l'avant, comme la jeune femme que nous venons d'entendre. Malgré les nombreuses difficultés, des progrès sont réalisés.
Aujourd'hui, nous reconnaissons les nombreuses possibilités qui sont offertes aux membres de nos Premières Nations de s'enrôler dans les Forces armées canadiennes, dans les Rangers canadiens, la Réserve et la Force régulière.
Beaucoup de bonnes mesures administratives sont prises pour protéger les droits religieux des personnes des Premières Nations qui sont membres des forces, comme le droit de porter des tresses. Dans l'Ouest, d'où nous venons — nous travaillons beaucoup en partenariat avec la base de Wainwright —, les cérémonies de suerie sont autorisées. Elles ne sont pas réservées aux membres des Premières Nations; elles sont ouvertes à tous. C'est notre église.
Nous saluons les politiques antiracistes qui ont été incorporées aux ordonnances administratives des Forces armées canadiennes et qui ont grandement favorisé le maintien en poste des membres des Premières Nations.
Malgré tous ces changements positifs, je m'en voudrais de ne pas mentionner la triste histoire du caporal Nolan Caribou, du Royal Winnipeg Rifles, qui avait terminé le programme Bold Eagle trois années avant. Parce qu'il n'a pas eu le soutien nécessaire, il a laissé un grand vide dans sa famille et son départ a affligé toute sa communauté. Nous remercions les Forces armées canadiennes d'avoir reconnu leur responsabilité. Nous attendons une résolution et nous sommes impatients de voir les changements qui continueront d'être apportés pour empêcher ce genre d'incidents regrettables parmi nos soldats et tous les soldats des forces armées.
Si on oublie les expériences des autres, elles n'auront servi à rien. C'est pourquoi je tiens à les souligner, les bonnes comme les mauvaises.
Messieurs et mesdames, ce que je constate, c'est que beaucoup de nos jeunes voudraient servir dans les Forces canadiennes, mais que les postes disponibles sont insuffisants en Saskatchewan. Il y aurait 10 candidats pour chaque poste offert. Le départ de la maison amène son lot de changements et de défis quand les jeunes commencent dans les Forces canadiennes. Le passage du programme Bold Eagle au service dans la Réserve n'est pas facile, et ils ne savent pas toujours comment poser des questions ou gérer leur carrière. La diversité pose un défi et ils peuvent avoir de la difficulté à trouver leur place. Beaucoup trouvent que même le processus de recrutement est compliqué et difficile. Toutefois, les jeunes qui se sont engagés dans les Forces canadiennes ont une influence très positive sur nos communautés, et beaucoup de personnes des Premières Nations tirent une grande fierté de leurs années de service. Nous en faisons des modèles et nous les honorons de la même manière qu'ils nous ont honorés en servant leur pays.
Les changements positifs au sein des Forces armées canadiennes ont été remarqués et c'est avec beaucoup d'optimisme que nous attendrons le retour à la maison de nos enfants, de nos guerriers. Ils sont depuis toujours des guerriers. Quand ils s'engagent, ils deviennent aussi les guerriers du gouvernement canadien.
J'aimerais glisser quelques mots au sujet du programme Bold Eagle, qui entre dans sa 29e année, et de son succès. Il est né d'une entente conclue entre le North Saskatchewan Regiment et le Grand conseil de Prince Albert, en Saskatchewan, et il propose un programme estival à nos jeunes. Il leur sert de tremplin vers une carrière militaire, mais aussi vers la poursuite de leurs études ou une carrière dans la GRC. Le programme les forme à devenir des leaders fiers. Il doit une bonne partie de son succès au partenariat entre les Forces armées canadiennes et les Premières Nations, mais aussi au fait que nous pouvons incorporer une grande composante culturelle durant la première semaine, pour aider les jeunes à se familiariser avec l'environnement de la base de Wainwright. Beaucoup de militaires en service qui sont d'ascendance autochtone contribuent au programme et servent de modèles aux jeunes.
Au début, il y avait une dizaine de candidats, je crois. Aujourd'hui, dans la zone de recrutement du Commandement de l'Ouest, ils sont plus de 180 à s'inscrire. Il y a 180 places offertes et, parmi les jeunes inscrits, 150 environ terminent le programme. Il donne de bons résultats parce que les jeunes reçoivent de l'aide pour traverser les moments où ils se sentent seuls ou d'autres difficultés liées à leur départ de la maison.
Deux aînés, une femme et un homme, travaillent avec nous. Nous avons tellement de succès que nous nous retrouvons à imposer une culture au détriment d'une autre qui vient d'un autre endroit, mais c'est un beau problème puisque les jeunes continuent de s'épanouir. Ils continuent de vouloir faire partie du programme.
J'aimerais aussi parler du Programme d'initiation au leadership à l'intention des Autochtones, ou PILA, à Kingston. Le programme Bold Eagle exige une 10e année, et le PILA exige une 12e année. Comme vous le savez, il existe deux groupes dans les Forces, soit les militaires du rang et les officiers. Le programme Bold Eagle peut mener à une carrière d'officier, mais la plupart des finissants se dirigent vers des postes de militaire du rang. Le PILA est axé sur les carrières d'officier uniquement, et il offre des matières scolaires autant qu'une formation militaire. Nous reconnaissons qu'une année de formation qui conduit à une formation d'officier équivaut à une année dans la Force régulière.
Nous reconnaissons la valeur de tous les programmes offerts. Nous attendons toujours un avenir meilleur, mais en même temps, à titre de président du comité de gestion du programme Bold Eagle et tout comme notre vice-président, le lieutenant-colonel Lee Mossop de la base Wainwright, je me dois de souligner notre réussite. Nous sommes toujours heureux d'en parler. C'est la même chose pour le programme Black Bear à Gagetown et le Programme Raven à Esquimalt.
Les partenariats avec les Forces canadiennes sont d'une importance vitale pour nos membres. Nous avons toujours été là. Nous étions là en 1812, nos membres ont fait partie du combat. Nous tenons à exprimer notre soutien. La diversité est importante à nos yeux.
De nouveau, merci. Je sais que je n'ai plus beaucoup de temps, mais je tiens à réitérer à quel point je suis heureux d'être ici. C'est la première fois depuis une vingtaine d'années que je m'adresse à un comité comme le vôtre, et je redécouvre le plaisir de discuter avec les leaders de notre pays.
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Merci aux témoins. Normalement, je ne suis pas membre du Comité — je suis un remplaçant occasionnel —, mais j'ai trouvé ces témoignages très intéressants et j'en remercie chacun de vous.
Je vais me concentrer sur le recrutement. Beaucoup des questions que j'avais ont déjà été posées. Je me concentrerai, alors, sur le service militaire. Et je vous remercie encore tous de votre présence.
L'armée n'est pas faite pour tout le monde. Mon père et mes oncles étaient des vétérans de la Deuxième Guerre mondiale, mais ils n'ont pas fait de carrière militaire. Mon père était dans l'armée et mes oncles dans la marine. Mon expérience, en tant que parlementaire, se résume à quatre ou cinq jours dans les Forces canadiennes. J'ai d'abord choisi l'armée, à Wainwright, puis je suis allé dans la marine, sur le Winnipeg. J'ai vite compris que je n'aimais pas la marine et sa nature répétitive, mais j'ai pensé qu'il serait très intéressant de faire carrière dans l'armée. Mais, là encore, je ne savais pas dans quoi je m'embarquerais si je choisissais cette carrière. C'était un thème récurrent, que les gens ne savaient pas dans quoi ils s'embarquaient.
Monsieur Lerat, vous avez mentionné la solitude. Vous avez recommandé qu'il y ait des agents de recrutement autochtones, mais Mme Pope a déclaré qu'elle s'était sentie isolée, dans un environnement très malsain, à tel point qu'elle a quitté les forces armées. Elle a parlé de solitude et du fait qu'elle aurait voulu avoir un mentor au cours de cette période.
Voici ma question. Est-ce que le service militaire est fait pour tout le monde? Comment mieux faire comprendre aux Autochtones ce à quoi ils s'engagent? Vous avez dit que vous ne saviez pas dans quoi vous vous embarquiez, mais que vous aimiez être militaire. Comment sélectionner les gens et leur expliquer ce qu'est la vie dans l'armée, dans les Forces canadiennes, pour qu'ils sachent ce qui les attend? Est-ce qu'il serait utile de prévoir un mentorat dès le départ, dès le recrutement? Ils s'engageraient et seraient soutenus concrètement, et ils sauraient à quoi s'en tenir. Est-ce que ce serait utile?
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Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre parce que différentes personnes réagiront différemment lorsqu'elles s'enrôlent dans les Forces canadiennes. Pour moi, c'était facile. Mon frère était militaire et ce qui était bon pour lui était bon pour moi. Cependant, dans notre situation actuelle, nous mettons tellement plus l'accent non seulement sur les prêtres, mais aussi sur nos sages, hommes et femmes.
Notre église est quelque peu différente. J'ai été élevé dans la religion catholique en pensionnat, mais depuis, je suis « le sentier rouge », comme on dit dans notre société. C'est la même chose. Nous sommes tous reliés par le Créateur, qu'on l'appelle Dieu ou autrement. Nous respectons tous les différentes confessions.
Pour revenir à votre question, toutefois, à savoir comment expliquer à quelqu'un, à un jeune, que la vie est comme ça dans les forces armées, cela me paraît difficile. Pour ce qui est du maintien au service, je sais que, comme l'a indiqué Mme Pope, nos cérémonies sacrées et nos protocoles nous sont utiles à nous, Premières Nations, et pas seulement, comme dans le cas des églises, mais elles sont ouvertes à tout le monde.
Cependant, les aînés et leur rattachement à des bases, aux endroits où les Autochtones sont employés, surtout quand ils s'engagent... Quand je me suis engagé, je suis allé à Cornwallis. C'est loin de la réserve en dehors de Regina.
En même temps, toutefois, il y avait la camaraderie que j'avais établie. Comme je n'étais pas trop exposé à des non-Autochtones ou à des Noirs, l'expérience s'est révélée enrichissante pour moi à mesure que le temps passait. Par ailleurs, on ne faisait qu'un. Nous formions des unités. Nous étions un collectif. Si l'un tombait, on le relevait.
Cette camaraderie ressemble à celle du programme Bold Eagle. Ce qui se passe dans ce programme, c'est qu'il y a une approche collective qui est soutenue par ceux à qui ses membres ont confiance. Je ne dis pas qu'ils ne font confiance à personne d'autre, mais il est plus facile de parler à un aîné parce qu'il fait partie de notre culture.