:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés, bonjour.
J'ai eu le plaisir, il y a plus d'un mois, d'exposer les défis relatifs à l'accueil des nouveaux arrivants au Canada à ce gouvernement et aux membres du comité permanent.
[Français]
Je suis sincèrement ravi de pouvoir, pour la deuxième fois, prendre la parole devant ce comité afin d'obtenir une fois de plus vos conseils et votre aide pour relever ces défis.
[Traduction]
Un grand pas à cette fin consiste à passer en revue, avec vous, les changements apportés au Budget principal des dépenses du ministère depuis l'année dernière et à obtenir votre appui en matière de financement.
Avant de discuter de ces changements, j'aimerais toutefois vous décrire mes objectifs en ce qui concerne Citoyenneté et Immigration Canada. Je crois que, si nous travaillons ensemble, nous pouvons améliorer considérablement le processus que nous utilisons pour attirer des immigrants et pour fournir des services aux personnes qui choisissent de faire du Canada leur nouveau chez-soi.
Je veillerai à ce que mon ministère améliore l'efficacité de ses programmes et de ses opérations. Nous montrerons aux nouveaux immigrants que nos politiques visent à leur offrir la possibilité de commencer une nouvelle vie. Je promets en outre à tous les députés que l'équité sera toujours l'un des principes fondamentaux qui nous guideront face à la souffrance et au désespoir des réfugiés légitimes et de leurs familles.
Je crois aussi que le fait de discuter de ce budget nous offre à tous une occasion unique de travailler vraiment ensemble dans l'intérêt supérieur et dans l'esprit de notre démocratie parlementaire, et de montrer aux personnes qui songent à s'établir au Canada que nous sommes dignes de leur choix et de leur confiance.
[Français]
L'avenir de notre pays passe par l'immigration.
[Traduction]
L'existence d'un système d'immigration bien géré et qui facilite l'accueil des nouveaux arrivants contribue grandement à notre croissance démographique, à notre prospérité économique ainsi qu'à notre diversité culturelle, et fait du Canada un modèle socio-culturel qui suscite l'admiration du reste du monde. Pourtant, le financement alloué aux services d'aide à l'établissement a été gelé en 1996. Au fur et à mesure que les niveaux ont augmenté, dans les années 1990 et pendant la première partie de la décennie, le financement est devenu de plus en plus insuffisant. Il n'est pas étonnant que les provinces aient désespérément manqué de ressources.
C'est pour cela que nous concentrons une grande partie de nos efforts et de nos ressources financières sur la question de l'intégration. Un système d'immigration bien géré devrait pouvoir nous permettre d'accueillir rapidement les immigrants et de les aider à réussir.
Vous remarquerez que nous avons attribué des ressources à la réalisation de cet objectif. En fait, je serai clair: nous nous efforçons cette année d'atteindre le sommet, soit environ 255 000 nouveaux arrivants, de la plage de planification établie par le gouvernement. Nous croyons qu'il s'agit d'une bonne chose pour le Canada, et que l'admission d'un aussi grand nombre de nouveaux arrivant nous permettra de combler, du moins en partie, le manque de travailleurs auquel nous devons faire face.
Comme je l'ai dit, l'objectif du présent gouvernement ne consiste toutefois pas seulement à octroyer le statut de résident permanent à un nombre établi d'immigrants, mais bien à mettre l'accent sur la situation des immigrants et à veiller à ce que chaque nouvel arrivant démarre sa nouvelle vie au Canada du bon pied. Le présent gouvernement s'efforcera de faire en sorte que les immigrants soient soutenus dans leurs efforts pour s'adapter à notre société et pour y contribuer.
Les recherches montrent qu'au début des années 1980, les deux tiers des travailleurs qualifiés — 66 p. 100 — gagnaient, un an après leur arrivée au Canada, un salaire plus élevé que le revenu moyen des Canadiens. En 1996, cette proportion avait chuté à 4 p. 100. Cette situation est désolante, tant pour les nouveaux arrivants et leurs familles que pour l'ensemble des Canadiens.
[Français]
Nous devons simplement trouver de meilleurs moyens de permettre aux nouveaux citoyens de retomber rapidement sur leurs pieds après leur arrivée au pays.
[Traduction]
L'écart entre le revenu des immigrants et le revenu moyen des Canadiens est aussi la raison pour laquelle le gouvernement tente, avec beaucoup de sérieux, de déterminer la meilleure façon de reconnaître et de tirer profit des titres de compétence acquis à l'étranger. Nous avons tous entendu parler d'ingénieurs et de médecins forcés de devenir chauffeurs de taxi pour survivre, alors même que leurs compétences et leur expérience de travail font l'objet d'une très forte demande. Le Canada peut faire mieux, et il le prouvera. Le budget de 2006 comprend des fonds de 18 millions de dollars alloués spécialement à cette question. Ces fonds nous permettront de travailler avec nos partenaires provinciaux à la création d'une nouvelle agence qui soutiendra l'évaluation et la reconnaissance des titres de compétence acquis à l'étranger. Je vous parlerai davantage de cette initiative dans quelques instants.
Les députés savent bien que le Budget principal des dépenses ne fait que dresser, de façon assez vague, les grandes lignes des intentions en matière de financement qu'un gouvernement a établies dans le but d'appuyer, sur une période d'un an, les politiques annoncées et adoptées. Je désire faire preuve de transparence et je suis disposé à rendre des comptes. Je serai heureux de répondre de mon mieux à vos questions sur le contenu du Budget principal des dépenses. Je suis aussi prêt à répondre à toute question concernant des éléments que vous vous attendiez peut-être à voir apparaître dans ce budget, mais qui devraient plutôt être mentionnés dans le Budget supplémentaire des dépenses, cet automne.
Je commencerai par vous présenter un portrait d'ensemble des dépenses générales. Je vous décrirai ensuite en détail les changements à apporter, de façon à ce que vous puissiez voir à quels endroits les plus importants d'entre eux sont survenus.
Au poste 1, les députés constateront que le Budget principal des dépenses de Citoyenneté et Immigration Canada pour 2006-2007 est de 1 226,8 millions de dollars, ce qui représente une augmentation nette de 392,9 millions de dollars par rapport à l'exercice précédent. Je demanderai encore une fois aux députés de bien vouloir prendre note que les postes individuels, les postes que les députés pourraient, à ma connaissance, avoir envi d'examiner directement et de façon approfondie, ne sont pas indiqués séparément dans le Budget principal des dépenses, à l'exception des subventions et des contributions.
Vous pouvez constater, au poste numéro 1, que les ressources liées à l'initiative de revitalisation du secteur riverain de Toronto, mieux connue sous le nom d'IRSRT, d'un montant de 115,8 millions de dollars, seront transférées au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada dans le Budget supplémentaire des dépenses de 2006-2007, en raison du transfert de la responsabilité de ce projet.
Comme je vous l'ai mentionné plus tôt, le Budget principal des dépenses du ministère sera augmenté de 392,9 millions de dollars par rapport à l'exercice précédent. J'aimerais cependant souligner que cette augmentation se chiffre en fait à 277 millions de dollars, si l'on tient compte du transfert des 115,8 millions de dollars affectés à l'IRSRT. Cette augmentation de 277 millions de dollars représente une augmentation de 33 p. 100 du financement alloué à CIC par rapport au Budget principal des dépenses de l'an dernier.
Je sais que certains membres du comité se sont dits inquiets de constater que CIC ne faisait pas partie des cinq priorités énoncées par le nouveau gouvernement conservateur. Je pense qu'il est important de distinguer les paroles et les gestes. Je crois que vous conviendrez avec moi que cette augmentation de 33 p. 100 du financement alloué à CIC représente un engagement important envers le mandat de CIC et nos objectifs communs.
L'augmentation du budget est en grande partie attribuable aux éléments suivants: un financement additionnel pour la prestation de services d'aide à l'établissement dans le but d'améliorer la situation des immigrants dans les provinces, à l'exception du Québec; l'Ontario reçoit 110,5 millions de dollars et les autres provinces, 42,3 millions de dollars; des ressources additionnelles pour les frais d'indexation en vertu de la subvention relative à l'Accord Canada-Québec sur l'immigration, 14,6 millions de dollars; un financement de 77,2 millions de dollars pour soulager les pressions à court terme en ce qui a trait aux demandes de citoyenneté à traiter, aux demandes des parents et des grands-parents ainsi qu'aux demandes des étudiants étrangers; un financement de 7,6 millions de dollars pour l'amélioration de notre service à la clientèle, ce qui comprend le site Web « Se rendre au Canada »; un financement additionnel de 16,8 millions de dollars pour combler le manque à gagner permanent en ce qui concerne le financement affecté au programme fédéral de santé intérimaire, qui fournit une protection en matière de santé temporaire aux demandeurs d'asile, aux réfugiés au sens de la Convention et aux personnes placées en détention par Immigration Canada.
Dans le cadre d'une initiative à portée élargie qui comprend des partenaires comme la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le ministère de la Justice et l'Agence des services frontaliers du Canada, CIC recevra une somme de 2,9 millions de dollars visant à soutenir l'amélioration du système d'octroi de l'asile, dont une augmentation de la vitesse de traitement, la réduction du nombre de cas en attente et l'accélération du processus d'octroi de la résidence permanente aux personnes reconnues comme étant des réfugiés.
Les députés devraient prendre note que le Budget principal des dépenses pour 2006-2007 comprend des réductions attribuables aux initiatives de réaffectation pangouvernementale découlant du budget fédéral de 2003, à des transferts liés à la création de l'Agence des services frontaliers du Canada ainsi qu'à la temporisation du financement relatif au projet de SMGC.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner brièvement d'autres initiatives progressistes mettant l'accent sur l'amélioration de la situation des immigrants qui ont été mises en oeuvre par le gouvernement.
Les frais relatifs au droit de résidence permanente ont été réduits de moitié. Ils sont passé de 975 à 490 $ pour les immigrants qui obtiennent le statut de résident permanent au titre des composantes de l'immigration économique et sociale et en vertu de considérations humanitaires.
Afin de tenir notre promesse de soutenir les familles canadiennes souhaitant adopter des enfants nés à l'étranger, nous avons récemment introduit des dispositions législatives qui faciliteront, une fois que le processus relatif à l'adoption aura été finalisé, l'obtention de la citoyenneté canadienne par les enfants nés à l'étranger et adoptés par des parents canadiens.
Environ 100 000 étudiants étrangers poursuivent actuellement des études au Canada et ils peuvent maintenant présenter une demande de permis de travail hors campus.
Nous avons aussi entrepris des démarches en vue de l'établissement de l'Agence canadienne d'évaluation et de reconnaissance des titres de compétence. Bien que cette agence ne soit pas placée sous ma responsabilité, j'aimerais signaler que j'appuie cette initiative dirigée par la ministre Diane Finley. Nous devons veiller à ce que les obstacles qui nuisent au développement d'un marché du travail efficace et souple, comme le manque de reconnaissance des titres de compétence acquis après un dur labeur, mais à l'étranger, soient passés en revue et, lorsque les circonstances le justifient, supprimés.
Je viens de vous faire part de mes objectifs en ce qui concerne la mise en oeuvre de politiques et d'activités améliorées, qui ne peuvent que permettre de renforcer le mandat et le rendement de CIC. Mon point de vue et mon objectif sont assez simples: plus nous ferons du bon travail en aidant les nouveaux immigrants à s'intégrer à la société canadienne et plus les immigrants se porteront bien et, en bout de ligne, plus le Canada et les Canadiens se porteront bien.
[Français]
Je crois que nos intentions en matière de financement reflètent le profond engagement du gouvernement en ce qui a trait à la prestation d'un meilleur soutien aux nouveaux arrivants au Canada, de façon à ce qu'ils puissent contribuer pleinement à la vie de nos collectivités et à notre économie.
[Traduction]
Comme je l'ai indiqué, la présentation et l'approbation du Budget principal des dépenses du ministère, qui prévoit l'attribution de sommes importantes et additionnelles, représentent un premier pas crucial pour l'atteinte des objectifs importants qui ont été fixés.
Nous avons fait un grand pas dans la bonne direction. J'aimerais, une fois de plus, vous remercier de m'avoir permis de partager avec vous ma vision de l'avenir de CIC. Je suis impatient de collaborer avec votre comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre. C'est la première fois que nous nous rencontrons. Il me fera plaisir de travailler avec vous.
J'aimerais parler de trois éléments. Les deux premiers seront assez courts. Le premier porte sur la sécurité. Je suis d'accord avec vous, le ministère a d'excellentes relations avec les groupes qui assurent la sécurité du pays, en particulier sur le plan de l'étude des dossiers des personnes qui veulent immigrer au Canada. Ce qui pose grandement problème, selon moi, est la période de temps. Il faut un temps énorme avant que les forces de sécurité ne fassent part de leur opinion sur le dossier d'un immigrant. D'ailleurs, j'ai l'intention, ce lundi, de présenter une motion demandant que ce comité puisse étudier cette question. Je désirais simplement vous en informer.
D'autre part, un peu plus tôt, mon collègue M. Wilson vous a posé une question portant sur le prix de la formation linguistique des nouveaux immigrants dans l'ensemble du Canada. Votre réponse a été, si j'ai bien compris, qu'il faut plus de temps qu'autrefois pour enseigner la langue française ou la langue anglaise parce que beaucoup d'immigrants viennent maintenant de pays où les racines de leur langue ne ressemblent pas aux racines latines de nos langues.
Ai-je bien compris ce que vous avez dit?
Permettez-moi de vous dire, à titre d'ancienne linguiste, que cela n'a rien à voir. Quelle que soit la racine, indo-européenne ou autre, d'une langue, il est tout aussi facile pour un individu d'apprendre une langue qu'une autre. La preuve est qu'au Québec, depuis plusieurs années maintenant, depuis que nous avons reçu les premiers immigrants vietnamiens que l'on a appelés boat people, de façon régulière, les premiers de classe en langue française dans les écoles francophones du Québec sont inévitablement des enfants d'immigrants vietnamiens et chinois qui sont venus ici ne parlant pas un seul mot de la langue française ou anglaise. C'est une preuve qui me semble incontestable.
Je voudrais en venir à ma question véritable. Cette question touche un autre problème lié à l'immigration. On a beaucoup parlé de démographie. J'aimerais maintenant parler de la démographie d'un groupe très particulier, les communautés francophones de langue officielle minoritaire dans tout le pays, au Manitoba, en Alberta, en Colombie-Britannique, dans les Maritimes, etc.
Pourriez-vous nous clarifier ce qu'il advient de l'accord conclu entre le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et le Plan d'action pour les langues officielles? Qu'advient-il de l'établissement et de l'intégration des immigrants de langue minoritaire officielle? Cet accord sera-t-il respecté par votre gouvernement? Si non, comment avez-vous l'intention de continuer à aider ces personnes? J'insiste beaucoup sur cet accord, car nous avons besoin d'immigrants partout au pays, même dans les communautés qui vivent à l'extérieur des grandes métropoles, en particulier les communautés de langue officielle minoritaire. Ces groupes ont grand besoin d'ajouter à leurs effectifs démographiques et économiques pour pouvoir survivre dans ce pays.
J'aimerais bien avoir des réponses, s'il vous plaît.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai deux ou trois points à aborder.
Pour ce qui est du 80 p. 100 des cas étudiés par la Cour fédérale qui se rapportent à des questions d'immigration, monsieur le ministre, c'est là la raison d'être des recours. C'est ce que nous disent les témoins qui comparaissent devant notre comité. Essentiellement, ils nous disent que si nous avions un système plus équitable, la Cour fédérale aurait moins de ces cas à examiner. Cela nous permettrait aussi de prendre des décisions beaucoup plus uniformes, contrairement à ce qui se passe actuellement. J'espère certainement que vous reverrez la question.
Deuxièmement — et j'y vois un problème —, nous avons parlé de la pénurie de travailleurs dans notre pays, et en particulier dans votre propre province, monsieur le ministre. L'une des causes de ce problème, c'est que le système des points ne permet pas vraiment aux travailleurs dont notre économie a besoin de venir dans notre pays. Lorsque le système des points a été adopté, j'y étais tout à fait opposé. Les membres du comité, indépendamment de leur allégeance politique, y étaient opposés.
Nous nous retrouvons maintenant dans une situation où il y a au Canada, selon les chiffres qu'on vous propose, entre 200 000 et 500 000 personnes qui n'ont pas de papiers, et la plupart d'entre elles travaillent. C'est vraiment une tragédie, parce que je crois que lors de la dernière élection votre parti a malencontreusement déclaré vouloir accélérer les déportations, et voilà que de nombreux travailleurs sans papiers sont pris dans les mailles du filet.
Il y a, dans ce groupe, environ 3 000 criminels, et nous devons faire des pieds et des mains pour nous en débarrasser, mais je crois que vous devriez être plus indulgents pour les travailleurs sans papiers, parce que, comme vous l'avez dit, les immigrants qui arrivent au Canada actuellement ne réussissent peut-être pas aussi bien qu'auparavant. Je peux vous dire que les ouvriers dont les talents répondent aux besoins d'un atelier s'en tirent très bien, même lorsqu'ils n'ont pas de papiers.
Mettons tout cela en perspective. Si Frank Stronach arrivait aujourd'hui au Canada — il a immigré en 1952 ou en 1954 —, il serait refusé. Si Frank Hasenfratz, le patron de Linamar, une société qui compte plus de 10 000 employés, arrivait ici aujourd'hui, il serait refoulé. Prenons un exemple encore plus contemporain pour nous — nous utilisons tous le BlackBerry —, le père de Mike Lazaridis, s'il se présentait ici aujourd'hui — il est arrivé vers le milieu des années 60 comme apprenti — serait renvoyé.
Il y a une véritable incohérence entre les besoins de l'économie et les immigrants que nous acceptons. D'une part, vous avez des médecins qui font le taxi, qui ne peuvent pas obtenir de permis d'exercer. D'autre part, vous avez des personnes dont l'économie a besoin et qui doivent travailler au noir.
J'espère que nous allons prendre exemple sur les États-Unis. Là-bas, on procède à la régularisation des sans-papiers. Je pense que nous pouvons faire quelque chose de semblable et que nous devrions tous unir nos efforts dans ce domaine. J'espère, monsieur le ministre, que vous étudierez cette question.
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Premièrement, je reconnais que ce que les immigrants apportent de plus important à notre pays, ce ne sont pas tant leurs compétences, que leur initiative et leur désir d'une vie meilleure.
Tous ceux qui sont assis autour de cette table sont des descendants d'immigrants. Ma famille n'aurait pas été acceptée ici si les règles actuelles avaient été en vigueur. Je suis d'accord avec vous. Il faut trouver un moyen d'éviter que les gens soient obligés d'avoir un doctorat ou un diplôme quelconque pour être acceptés au Canada.
Nous n'avons pas uniquement besoin d'eux parce que nous voulons qu'ils se fassent une place sur le marché du travail, mais parce que, comme vous l'avez fort justement fait observer, le simple fait que ces personnes aient décidé de quitter leur pays d'origine pour venir au Canada témoigne d'énormément de courage et d'esprit d'initiative, qualités dont nous voulons tirer parti. C'est donc vrai ce que vous dites, il faut que nous trouvions un moyen de faire une place à ce genre de personnes.
En ce qui concerne les travailleurs sans papiers, je ne suis pas prêt à accepter vos chiffres. Ceux que j'ai entendus mentionner, sont un peu plus bas. Néanmoins, je note comme vous que dans certains cas, ces personnes réussissent d'une manière remarquable. Mon problème, en tant que ministre, c'est que je dois assurer le respect de l'intégrité du système.
Si vous laissez entendre que nous allons autoriser une régularisation de la situation, vous allez donner l'impression que c'est maintenant qu'il faut venir au Canada, car vous y serez accepté. Nous n'avons pas d'entente concernant les visas avec certains pays. Dans d'autres situations, les gens peuvent utiliser d'autres moyens pour venir au Canada. Indiscutablement, il y aurait là un effet d'attraction.
Je voudrais discuter avec le comité des moyens de faciliter la venue de personnes ayant des compétences différentes, voire simplement des personnes qui sont prêtes à mettre la main à la pâte, comme on disait autrefois, et qui veulent réussir.
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Merci, monsieur le président.
Je conteste les chiffres que mon collègue Barry Devolin a fournis un peu plus tôt. Je n'ai aucune idée d'où il les tient et je me sens un peu obligée de lui répondre. Avec l'aide de mon collègue Andrew Telegdi, je voudrais fournir ces chiffres, pour la télévision et également pour les procès-verbaux de ces réunions.
Tout d'abord, au cours des neuf années du pouvoir conservateur, de 1985 à 1993, 1 583 000 personnes ont été admises comme immigrants au Canada, ce qui fait une moyenne de 175 947 personnes — disons 176 000 personnes — par année, sous le gouvernement conservateur. Si on fait la moyenne des 12 années de pouvoir libéral — il s'agit de 12 ans, comparé à 9 ans — , cela donne 2 668 000 personnes. Évidemment, il y a une différence de trois ans. Cependant, la moyenne du nombre d'entrées d'immigrants lors du régime libéral était de 220 323 personnes par année, ce qui fait une différence en faveur des libéraux. Au cours du régime libéral, 46 376 personnes de plus qu'au cours du régime conservateur ont été reçues chaque année.
Je voudrais également souligner un autre élément, avec l'aide de mon collègue Andrew Telegdi. On dit que sous le gouvernement libéral, nous n'aurions pas atteint nos objectifs d'immigration. Lorsqu'on se réfère au site Internet de Citoyenneté et Immigration Canada — et c'est de là que viennent mes derniers chiffres également —, on peut constater qu'en l'an 2000, alors qu'on s'était donné comme objectif d'accueillir entre 200 000 et 225 000 personnes, on avait reçu plus de 227 000 personnes. Je ne parlerai pas de chaque année, puisque je sais que le président me couperait la parole. Chaque année entre 2000 et 2005, on a excédé le minimum qu'on s'était fixé, qui était soit de 200 000 ou 225 000 personnes. À certains moments, on a même excédé le maximum qu'on s'était donné comme objectif. En 2005, l'objectif était d'accueillir entre 220 000 et 245 000 personnes, et nous avons atteint un taux d'immigration de 262 191 personnes.
J'ai obtenu ces chiffres en consultant le site Internet de Citoyenneté et Immigration Canada. Cela ne s'adresse pas à vous directement, monsieur le ministre, bien évidemment, mais je sentais qu'il fallait quand même qu'on ait des chiffres concrets et véritables.
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On se partage les questions.
Celle-ci, monsieur le ministre, va sera peut-être un petit peu plus dure. Par contre, je sens que l'on doit poser cette question maintenant.
Un changement administratif concernant le recouvrement des frais pour le traitement des dossiers a été instauré en 1994. On parle donc des frais de traitement d'un dossier d'immigration. Je sais qu'une question va être posée prochainement à la Cour fédérale et qu'un recours collectif a été déposé à Vancouver relativement aux violations de la loi portant sur l'administration publique au chapitre de la perception de ces frais par le ministère.
Lundi, nous recevions ici la vérificatrice générale du Canada qui nous a confirmé également certaines de ces allégations et qui a indiqué qu'elle fera un examen de ce qui s'est passé.
Je sais que cela date d'il y a longtemps.Tous ces chiffres sont vérifiables, ils se trouvent dans les rapports. Cela ne date pas nécessairement du temps où les conservateurs étaient au pouvoir.
Pouvez-vous nous indiquer, en fait, combien de personnes ont été lésées et devront être compensées? De plus, combien cela va-t-il nous coûter?
La raison pour laquelle je vous pose cette question est parce que dans les exercices précédents, lorsqu'on a examiné les crédits, il y a eu un mandamus. Par conséquent, au moment du mandamus, on a été capable d'évaluer combien cela nous a coûté. Par contre, les représentants du ministère ont dû revenir ici, devant le comité, pour nous demander des crédits supplémentaires.
Dans ce cas, si un mandamus a été émis, j'ose espérer que vous savez un peu à combien s'élèveront les coûts. Vous pourrez peut-être nous en aviser à l'avance, si possible.
Je voudrais revenir aux travailleurs sans papiers, car vous avez dit, monsieur le ministre, que cela compromettrait l'intégrité du système. Il me semble que les ministres précédents y ont tous vu un problème et qu'ils s'employaient à le résoudre.
Mes rapports avec le ministère remontent à 1998, et j'ai toujours ressenti une certaine hostilité de la part de bureaucrates, en particulier lorsqu'il s'agissait de quelque chose comme la régularisation. Le fait est que lorsque vous avez l'intention de consacrer des ressources considérables pour rassembler tous ces gens, pour les sortir du pays, que vous dépensez beaucoup d'argent pour les entrer dans le système et que vous attendez cinq ans pour les y réintégrer, cela ne tient pas vraiment debout. Après tout, si quelqu'un commettait une erreur et si cela changeait les chiffres…
Lorsque nous disons que les immigrants ne réussissent pas aussi bien que de par le passé, c'est effectivement vrai. Il est évident que si un médecin, un scientifique, un avocat ou un professeur est chauffeur de taxi, cela ne représente pas la même preuve de réussite que s'ils travaillaient comme avocat, professeur, scientifique ou comptable. Ce que j'essaie de dire c'est, si vous prenez un plombier qui travaille dans le secteur de la construction — et cela dépend du plombier — et que vous compariez ce plombier avec un autre plombier, je suis sûr que l'écart serait beaucoup plus grand. Ce que j'essaie de montrer, c'est que le problème a été créé par le système de points et que c'est une des raisons pour lesquelles les chiffres ont augmenté.
Monsieur le ministre, je vous demande instamment de collaborer avec toutes les parties afin d'indiquer une claire ligne à suivre. Je crois que nous pourrions alors accommoder la plupart des gens qui sont ici. À certains égards, on pourrait les considérer comme des immigrants en période probatoire. C'est une situation impossible, une fois que quelqu'un est un immigrant, c'est un immigrant, un point c'est tout. Si cette personne a montré qu'elle contribue à l'économie et à la société, j'estime que la régularisation de sa situation est justifiée et qu'il faut lui permettre de postuler au statut d'immigrant reçu, et à la citoyenneté canadienne.
C'est dans cette direction que les Américains se sont orientés, pour des raisons bien à eux, parce qu'ils savent que s'ils se débarrassaient de tous les travailleurs sans papiers qui vivent chez eux, ils déclencheraient une véritable dépression. Au Canada, cela créerait probablement une récession.
Je vous demande instamment de vous employer avec toutes les parties à essayer de trouver une solution. Demandez à vos collaborateurs de vous apporter les plans qui avaient été établis par les ministres précédents.