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La séance est ouverte. Il y a d'ailleurs un député qui vient de me dire qu'il faudrait commencer.
Je tiens à souhaiter à tous la bienvenue ici aujourd'hui à cette séance où nous étudions le .
Je souhaite la bienvenue ici aujourd'hui à nos témoins du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, M. Malcolm Brown, sous-ministre adjoint, Politiques stratégiques et programmes; Mme Micheline Aucoin, directrice générale, Direction générale des réfugiés; et M. Eric Stevens, conseiller juridique, Services juridiques. Merci d'être venus nous rencontrer aujourd'hui pour nous aider dans notre étude du projet de loi C-280.
Je pense que vous connaissez tous très bien notre façon de procéder. Je crois que vous avez des remarques d'ouverture à nous faire, alors je donne la parole à M. Brown, le sous-ministre adjoint, pour qu'il nous présente votre exposé. Avez-vous tous des remarques liminaires?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier le comité d'avoir invité des représentants du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration à vous parler de la question que vous examinez, à savoir le projet de loi C-280, Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Comme vous l'avez dit, monsieur le président, je suis accompagné aujourd'hui de Mme Micheline Aucoin, directrice générale de la Direction générale des réfugiés, et de M. Eric Stevens des Services juridiques du ministère.
Le comité est au courant des sujets de préoccupation du gouvernement en ce qui concerne le projet de loi C-280. Il sait également que le gouvernement s'oppose au projet de loi. Nous sommes ici pour répondre à des questions de procédure, par exemple concernant les préparatifs que demanderait la mise en oeuvre d'un calendrier, et à des questions relatives à la transition.
À Citoyenneté et Immigration Canada, nous sommes très fiers de notre système de détermination du statut de réfugié au Canada. Il est souvent décrit, y compris par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, comme étant l'un des meilleurs au monde. Il ne fait aucun doute que le Canada respecte ses engagements internationaux et les exigences de la Charte canadienne des droits et libertés, et qu'il va même au-delà de cela. Les Canadiens peuvent être fiers de leur tradition humanitaire.
[Traduction]
Permettez-moi tout d'abord d'attirer votre attention sur le document d'information intitulé « Section d'appel des réfugiés » que le ministère a déposé devant votre comité en décembre dernier. Dans ce document, nous décrivons les nombreuses possibilités qui s'offrent aux demandeurs du statut de réfugié pour ce qui est de montrer pourquoi ils ne devraient pas être expulsés du Canada.
Tout d'abord, les demandeurs ont accès à la Section de la protection des réfugiés de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié où des décideurs indépendants, bien formés et bien informés entendent les réfugiés expliquer pourquoi ils demandent l'asile et examinent les informations présentées à l'appui de la demande.
Deuxièmement, les demandeurs ont accès à l'examen des risques avant renvoi, où ils ont la possibilité de présenter de nouveaux éléments d'information qui n'auraient pas été examinés par la CISR. Nous avons des fonctionnaires bien formés et bien informés qui sont là pour veiller à ce que les demandeurs ne soient pas renvoyés dans un pays où ils pourraient être persécutés, torturés ou mis à mort.
Troisièmement, les demandeurs du statut de réfugié déboutés peuvent demander à rester au Canada pour des raisons humanitaires, y compris pour des raisons liées aux risques. Ils peuvent présenter une demande en ce sens, et beaucoup d'entre eux le font et sont acceptés. Environ la moitié de ceux qui demandent la résidence permanente pour des raisons humanitaires sont des demandeurs du statut de réfugié déboutés. Le taux d'acceptation pour ceux qui invoquent des raisons d'ordre humanitaire est de 50 p. 100.
Quatrièmement, les demandeurs du statut de réfugié déboutés peuvent demander un contrôle judiciaire de la décision de refuser leur demande. La Cour fédérale procède alors à un examen complet des documents liés à la décision de la CISR pour déterminer s'il n'y aurait pas eu une erreur de fait ou de droit, tout comme le ferait la Section d'appel des réfugiés dont la création est proposée dans le projet de loi .
La Cour fédérale peut renvoyer des cas à la CISR lorsqu'elle décèle des erreurs de fait manifestement déraisonnables, ce qu'elle a d'ailleurs déjà fait dans divers cas, y compris dans des cas mettant en cause la crédibilité du demandeur, l'évaluation des preuves médicales, la crainte de persécution fondée sur le sexe de même que les conditions existant dans le pays et la disponibilité des services de protection policière.
Je voudrais maintenant aborder certaines des questions d'ordre technique que soulève le projet de loi .
La première a déjà été soulevée par Jean-Guy Fleury, ancien président de la CISR, lorsqu'il a témoigné devant votre comité en décembre 2004. M. Fleury avait indiqué que la Commission aurait besoin d'un an environ pour mettre sur pied une section d'appel des réfugiés entièrement opérationnelle. À mon avis, il s'agissait là d'une évaluation optimiste.
Puisque la CISR doit témoigner devant vous plus tard ce matin, il convient de faire état d'un certain nombre de difficultés potentielles. Les commissaires qui seraient affectés ou nommés à la SAR auraient besoin d'avoir des compétences différentes de celles qui sont exigées à l'heure actuelle pour entendre les appels. Il faudra du temps pour les trouver et les former. Il faudrait aussi élaborer un nouvel ensemble de règles de procédure. Il lui faudrait prévoir des espaces à bureaux et qu'elle mette sur pied des systèmes permettant d'effectuer les applications nécessaires et qu'elle élabore des technologies de gestion de cas pour la mise en oeuvre de la SAR. Il lui faudrait réserver des ressources à cette fin avant même que le processus ne débute.
Le deuxième groupe de difficultés a trait à l'absence de dispositions transitoires dans le projet de loi , qui soulève un certain nombre de questions. Qui aurait accès à cette nouvelle procédure d'appel? La nouvelle procédure s'appliquerait-elle aux demandeurs déboutés depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en 2002, ou uniquement aux nouveaux demandeurs? Qu'en serait-il des cas qui se trouvent actuellement devant la Cour fédérale? Les cas renvoyés par la Cour seraient-ils entendus par la Section de la protection des réfugiés ou la Section d'appel des réfugiés? Quels risques y aurait-il à faire porter à la nouvelle section d'appel le fardeau d'un important arriéré, ce qui ne ferait que retarder encore davantage le traitement des cas? Ce sont là autant de questions qui pourraient avoir de graves conséquences si le projet de loi devenait loi.
Dans le document d'information que le ministère a déposé en décembre, nous indiquions que l'ajout d'une nouvelle section d'appel des réfugiés retarderait d'au moins cinq mois encore le délai de traitement qui est déjà assez long. En faisant cette estimation, nous partions du principe que la SAR commencerait à neuf, sans avoir à assumer d'arriéré, et qu'elle commencerait à exercer son activité seulement une fois qu'une équipe complète de décideurs formés serait en place. Dans le cas contraire, le délai pourrait s'allonger de plusieurs mois encore.
Je tiens par ailleurs à faire remarquer que, parmi les dispositions de la LIPR non encore proclamées, il y a l'article 73 qui permet au gouvernement d'interjeter appel de toute décision de la Section d'appel des réfugiés. Cet article n'a pas été incorporé au projet de loi . Tout comme les demandeurs déboutés ont accès à la Cour fédérale, le ministre de l'Immigration devrait, lui aussi, avoir la possibilité d'en appeler des décisions.
Merci d'avoir bien voulu m'écouter. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous, et merci de votre présence ici aujourd'hui.
Je retiens de votre exposé que certains défis se posent et que des difficultés se poseraient si nous devions mettre sur pied la section d'appel. Je suis sûr qu'il y a aussi des défis à maintenir tout simplement l'actuel système de la CISR pour les réfugiés tel qu'il existe à l'heure actuelle. Je ne veux pas minimiser les défis qu'il y aurait à mettre sur pied la section d'appel.
N'empêche que, lorsqu'on a ramené de deux à un le nombre de commissaires de la CISR chargés d'examiner les demandes, l'intention n'était-elle pas d'en arriver à un compromis, en ce sens que la procédure deviendrait plus efficiente mais que, en échange, la CISR mettrait sur pied une section d'appel?
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Vous me posez en fait deux questions, et j'essaierai de répondre aux deux.
Pour ce qui est des défis, il y a bien sûr des défis qui se posent, quel que soit le système en place. Ce que nous avons cherché à faire ici aujourd'hui, c'est de faire état des défis particuliers que poserait la mise en oeuvre du projet de loi , comme on nous avait demandé de le faire.
Il appartient aux fonctionnaires responsables d'indiquer quels défis se poseraient, et j'estime qu'ils seraient considérables, qu'il ne s'agirait pas simplement des défis qui caractérisent tous les importants systèmes opérationnels. Il s'agit de défis complexes.
Comme je l'ai souligné dans mon exposé, et je ne vais pas me répéter, l'adoption du projet de loi dans sa forme actuelle entraînerait des conséquences très importantes, à cause notamment de l'absence de dispositions transitoires.
Pour ce qui est de votre deuxième question, au sujet du « marché » qui aurait été conclu, si vous me passez cette paraphrase, il ne fait aucun doute que la LIPR contenait certaines dispositions et que la SAR n'a pas été créée. Je ne suis pas prêt à dire que c'est à cause de ce qui a précédé; c'est plutôt à cause des conséquences de la décision entourant la mise sur pied de la SAR. Il y avait à l'époque des conséquences pour ce qui est de l'arriéré, et c'est ce qui explique la décision qui a été prise.
Par ailleurs, nous sommes d'avis que le système que nous avons à l'heure actuelle fonctionne très bien. Pour ce qui est des craintes qu'avaient certaines personnes à l'époque du fait que la décision a été prise par une seule personne et que le système en place n'était peut-être pas assez robuste et que les mesures de sauvegarde étaient insuffisantes, nous estimons que le fait d'ajouter une nouvelle procédure d'appel ne changerait pas grand-chose et ne ferait en fait qu'entraîner de nouveaux retards et de nouvelles dépenses.
Nous considérons que les négociations qui ont abouti à l'adoption de la LIPR font partie du contexte historique. En tant que haut fonctionnaire, j'ai à me pencher sur les conséquences du projet de loi à l'étude et, pour tout vous dire, il n'entre pas dans mes attributions de m'engager dans un débat sur ce sur quoi on s'était entendu ou ce sur quoi on ne s'était pas entendu à l'époque.
Sans vouloir m'engager dans une discussion au sujet de ce qui s'est passé en 2002, il faudrait obtenir des réponses à des questions assez importantes avant que la SAR ne puisse être mise en oeuvre de façon cohérente, pour que l'on sache qui serait admissible. Il faut que les membres du comité soient pleinement conscients des conséquences de l'absence de mesures transitoires et de l'arriéré de 40 000 demandeurs de plus qui serait créé de façon instantanée. Voilà, d'après nos estimations, le nombre de personnes qui pourraient demander à être admissibles s'il n'y avait pas, comme cela se fait normalement, de dispositions transitoires pour préciser qui serait admissible parmi les demandeurs visés par une décision prise il y a deux, trois, quatre ou cinq ans.
Voilà un exemple. Nos collègues de la CISR seront plus en mesure de vous parler des conséquences qu'il y aurait pour eux.
L'autre aspect qu'il convient de préciser, si vous me permettez de réitérer, c'est que toutes les suppositions quant au délai de mise en oeuvre, qui ne font pas l'unanimité, partent du principe qu'il n'y aurait pas d'arriéré et que la CISR serait prête à aller de l'avant. Nos collègues pourront vous parler des conséquences à ce chapitre, mais les conséquences seraient assez considérables à mon avis si l'on mettait en oeuvre une décision sans avoir déjà en place les structures appropriées.
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Depuis, je suis retourné dans des camps de réfugiés. À titre de député, j'ai aussi eu à m'occuper d'affaires où les mauvaises décisions qui avaient été rendues avaient entraîné des expulsions. Dans certains de ces cas, j'ignore ce que ces personnes sont devenues et cela me hante encore, cela me tourmente. La Section d'appel des réfugiés ne sera pas parfaite, la Cour suprême ne rend pas non plus toujours des décisions parfaites, mais si la Cour suprême accepte d'entendre une cause et qu'elle rend une décision, je peux dormir la conscience tranquille.
Je vais vous lire un extrait — et je vous demande d'écouter, car vous n'êtes pas au ministère depuis très longtemps — d'un manuel rédigé pour l'étude article par article de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. On y dit que la création de ce droit d'appel et de la nouvelle section d'appel des réfugiés améliorera le processus de détermination du statut de réfugié du Canada car elle permettra de corriger les erreurs manifestes dans les décisions de la Section de la protection des réfugiés sans devoir en appeler à la Cour fédérale et parce qu'elle rehaussera — je souligne qu'on emploie le mot « rehaussera » — la qualité et l'uniformité des décisions puisque les décisions des tribunaux constitués de trois commissaires de la Section portant sur des questions de droit seront exécutoires pour la Section de la protection des réfugiés.
Dans le passé, l'un des problèmes, qui était certainement pire dans le cas des tribunaux constitués d'un seul commissaire, c'était que, comme la Cour fédérale d'appel établit les règles pour les juges de la Cour fédérale, la création d'une section d'appel des réfugiés...
Les propos des 40 dernières minutes semblent sortir tout droit d'un épisode de Yes, Minister. Je n'en crois pas mes oreilles puisque c'était la volonté du Parlement que de créer une section d'appel des réfugiés. J'espère que vous comprenez que la Section d'appel des réfugiés existera et que nous exigerons des comptes du gouvernement s'il ne lui donne pas vie.
Par ailleurs, je suis plutôt étonné que quelqu'un qui a si peu d'expérience au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration détienne un poste si important.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Oui, j'ai des remarques liminaires à faire. Je vais tenter d'être bref.
Je tiens à souligner d'abord que la Commission est un tribunal administratif indépendant qui ne traite pas de questions générales de politique.
Je vous donnerai un aperçu de la Section d'appel des réfugiés ou SAR, de la loi et son application, et des répercussions de sa mise en oeuvre sur le plan des coûts et des délais de traitement. Je ferai ressortir les défis particuliers que la Commission aurait à relever aujourd'hui si elle était appelée à mettre en place la Section d'appel des réfugiés.
Comme je l'ai indiqué, la Commission est un tribunal administratif indépendant. Vous savez sans doute tous qu'une de ses responsabilités est de statuer sur les demandes d'asile.
En 2006, la Section de la protection des réfugiés a statué sur près de 20 000 cas. Environ 9 300 demandes d'asile ont été acceptées et 8 100 ont été rejetées, et les autres demandes ont fait l'objet d'un retrait ou d'un désistement pendant le processus d'octroi de l'asile.
La création de la Section d'appel des réfugiés viendrait ajouter une quatrième section à la structure de la Commission — un tout nouvel organisme. Cette section donnerait le droit d'en appeler d'une décision de la SPR. Un demandeur dont la demande a été rejetée, ou le ministre, dans le cas où une demande d'asile a été accueillie, pourrait faire appel. Dans les cas où, au cours du processus d'octroi de l'asile, la SPR a prononcé le retrait ou le désistement d'une demande, le demandeur n'aurait pas le droit d'appel. Seules les décisions portant sur le bien-fondé d'une revendication peuvent faire l'objet d'un appel.
Comme dans tout processus d'appel, la SAR aurait deux rôles à jouer. Premièrement, rendre la justice dans les cas individuels et, deuxièmement, promouvoir la cohérence du processus décisionnel de la SPR en guidant celle-ci.
Nous tenons à le souligner parce que les médias sont parfois la cause de fausses perceptions sur la SAR. Il importe de comprendre ce que la SAR ne ferait pas. Permettez-moi d'illustrer par des exemples ce que j'entends par là. La SAR rendrait sa décision en se fondant sur les faits du cas dont elle est saisie tels qu'ils existaient lorsque la SPR a rendu sa décision. En d'autres termes, la SAR n'examinerait aucun nouvel élément de preuve.
La procédure d'appel à la SAR est une procédure d'instruction sur dossier. La SAR ne tiendrait pas d'audience en personne et n'entendrait pas le témoignage du demandeur d'asile.
Enfin, la SAR devrait seulement déterminer si la personne répond à la définition de réfugié prévue dans la loi. Autrement dit, un appel devant la SAR ne comprendrait ni un examen des risques avant renvoi ni ne permettrait à une personne de rester au Canada pour des motifs d'ordre humanitaire.
Trois possibilités s'offrent à la SAR lorsqu'elle examine un appel: elle peut confirmer la décision de la SPR, casser la décision de la SPR et y substituer celle qui aurait dû être rendue ou renvoyer l'affaire à la SPR pour qu'elle l'examine à nouveau.
Comme l'a fait remarquer M. Stevens dans son témoignage, les demandeurs d'asile déboutés peuvent présenter une demande d'autorisation en vue d'un contrôle judiciaire auprès de la Cour fédérale. Si la SAR était mise en place, une partie devrait interjeter appel devant la SAR avant de présenter une demande de contrôle judiciaire avec autorisation à la Cour fédérale.
[Français]
J'aimerais parler un peu du contexte au moment du report de la mise en place de la SAR et du contexte actuel. Lorsque la mise en place de la SAR a été reportée, le nombre de demandes d'asile atteignait son niveau le plus élevé, soit 52 000 demandes en instance.
Au cours de cette période, tandis que la commission s'efforçait de mener à bien d'autres réformes introduites dans la nouvelle loi, nous avons commencé également...
:
... à nous concentrer sur la résolution de la crise découlant de l'arriéré croissant des cas à traiter.
Notre ancien président s'est présenté plusieurs fois devant vous pour vous parler de son programme de transformation lancé en 2003. Ce plan comprenait plus d'une douzaine d'initiatives bien précises qui visaient à normaliser et à simplifier les processus, et à fournir aux décideurs un meilleur encadrement organisationnel pour améliorer la qualité et la cohérence de la prise de décisions et l'efficacité des audiences. Nous avons normalisé notre documentation sur les pays d'origine, nous avons introduit des directives du président et des guides jurisprudentiels et nous avons donné aux commissaires la pleine possibilité de discuter des meilleurs pratiques dans le cadre du processus décisionnel, toujours en vue de promouvoir la cohérence.
Je dois aussi vous rappeler qu'un financement temporaire supplémentaire a été accordé à la CISR pour engager des ressources supplémentaires en vue d'éliminer l'arriéré. Vers le milieu de 2006, le nombre de demandes d'asile en instance est passé de 52 000 à moins de 20 000.
Aujourd'hui, cependant, le nombre de demandes d'asile en attente d'une décision est de nouveau en hausse. Selon nos prévisions, d'ici la fin de l'exercice, nous aurons un arriéré de 26 000 demandes d'asile.
[Traduction]
En ce qui concerne les répercussions de la création de la SAR, comme je l'ai dit plus tôt, la Commission ne se prononce pas sur les questions de politique. Mais il va sans dire que la question qui consiste à savoir si l'on doit mettre sur pied la SAR ne concerne strictement que le Parlement. J'aimerais toutefois vous donner un aperçu de ce que la mise en oeuvre pourrait signifier pour la Commission, particulièrement pour ce qui est des coûts, du délai de traitement et du recrutement des commissaires.
Eu égard aux coûts, nous devons tenir compte des coûts de lancement ponctuels qui seraient engagés la première année. Par la suite, il faudrait tenir compte des coûts ordinaires de fonctionnement. Toutes les estimations dont je vais parler sont fondées sur un certain nombre d'hypothèses préliminaires sous-jacentes qu'il faudra peut-être réexaminer au cours de la mise en oeuvre.
Nous prévoyons que le travail réel de mise en oeuvre, sans compter la conception des systèmes de technologie de l'information, s'élèverait à environ deux millions de dollars. Étant donné qu'il faudra s'assurer que les personnes ayant les qualifications requises sont prêtes à faire leur travail le jour où le premier appel sera interjeté, la majeure partie de ces deux millions de dollars sera affectée à tout le travail initial des ressources humaines: l'établissement de profils de compétences précis, les mesures de classification et de dotation qui vont suivre et le recrutement du personnel et les mesures de classification. Il y aura aussi beaucoup de formation à dispenser. De plus, il faudra élaborer les règles de la Section et obtenir de l'équipement et des locaux.
J'aimerais vous toucher quelques mots de la technologie de l'information. En 2003, la Commission a commencé le travail visant à remplacer un système périmé de suivi des cas. La Section d'appel des réfugiés aurait besoin d'un système de gestion des cas qui serait compatible avec le système de gestion des cas de la Section de la protection des réfugiés qui vient d'être mis au point.
D'après un examen très préliminaire des exigences opérationnelles de la SAR, les coûts ponctuels de lancement pourraient s'élever à six millions de dollars. Nous en sommes donc à des coûts ponctuels de lancement de six millions de dollars pour la technologie de l'information et de deux millions de dollars pour le reste.
Les coûts de fonctionnement dépendent essentiellement de la demande — autrement dit, du nombre total d'appels que la SAR recevrait chaque année. Évidemment, le nombre total d'appels dépendra du nombre de cas que la SPR réglera chaque année. On prévoit que les coûts permanents se situeront entre six millions et huit millions de dollars par année selon, encore une fois, le nombre d'appels interjetés.
[Français]
Pour qu'il y ait un processus équitable, la loi exige qu'on accorde à l'appelant le temps d'examiner la décision initiale et de préparer ses observations écrites, ce qui prendrait environ 45 jours à partir du prononcé de la décision initiale. La SAR, la Section d'appel des réfugiés, aurait besoin de trois mois à trois mois et demi supplémentaires pour terminer le cas, en moyenne. Donc, nous estimons qu'en moyenne, le processus d'appel ajouterait à peu près cinq autres mois au délai de traitement moyen total de la commission.
Ce sont les coûts et les délais dont la commission peut parler. D'autres coûts peuvent être encourus par d'autres organismes fédéraux ou par d'autres paliers de gouvernement jusqu'au règlement de l'appel. Le succès de la SAR dépend du recrutement du bon type de décideurs. Dans le règlement d'un appel, le travail d'un processus d'instruction sur dossier est bien différent du travail nécessaire pour tenir une audience à laquelle les parties assistent et présentent des éléments de preuve.
Les commissaires de la SAR devront adopter une approche pratique au processus d'appel. L'expérience dans le règlement de demandes d'asile au premier niveau constituerait donc un atout important.
[Traduction]
Je vous ai résumé ce qu'il faudrait prévoir pour les préparatifs et la mise en oeuvre. En tenant compte de tous ces éléments, la Commission estime que la SAR pourrait être prête à fonctionner dans les 12 mois suivant l'adoption du projet de loi.
Je tiens à souligner, toutefois, que cette période d'un an repose sur certaines hypothèses essentielles. Il faudra que le financement soit disponible pour que la Commission passe à la mise en oeuvre. Deuxièmement, il faudra procéder aux nominations et au renouvellement des mandats des décideurs en temps opportun. Et troisièmement, et c'est l'hypothèse essentielle pour le succès de la SAR, la Section ne doit pas commencer à fonctionner avec un arriéré d'appels en instance d'une décision.
Si la Commission ne dispose pas d'un délai suffisant pour mettre la SAR sur pied et la doter en personnel avant que le droit d'appel n'entre en vigueur, la SAR commencera donc avec un arriéré de travail. Cela pourrait prolonger le délai de traitement, qui serait de cinq mois, comme je viens de le mentionner, et soulever des questions quant au côté pratique du processus d'appel.
Je voudrais vous remercier d'être venu au comité et d'avoir présenté les mêmes chiffres que votre prédécesseur, M. Fleury, qui a comparu précédemment à titre de président. M. Fleury tenait à ce que la Section d'appel des réfugiés soit mise sur pied, mais considérait que c'était une décision politique.
Les législateurs ont malgré tout adopté la loi ici, au Parlement. Les articles de la loi sont en place. Je sais que le tribunal est indépendant et que CIC tient les commandes pour ce qui est de la mise en oeuvre de la Section d'appel des réfugiés.
C'est le sous-ministre adjoint, M. Malcolm Brown, je crois, qui a dit plus tôt qu'il s'ajouterait 40 000 cas de réfugiés à l'arriéré et que ça aurait des répercussions sur la Section d'appel des réfugiés.
Savez-vous d'où viennent ces réfugiés?
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Merci, monsieur le président.
J'aurais simplement quelques commentaires et je tiens à remercier les témoins de leur exposé.
Je vais commencer par réfuter certaines des accusations qu'a portées le secrétaire parlementaire tout à l'heure, quand il a commencé à faire de l'obstruction, contre d'autres membres du comité qui ne voudraient pas s'acquitter convenablement de leurs tâches ou qui ne s'en acquittent pas, en ce qui concerne cette question et ce projet de loi. Je tiens à préciser que c'est entièrement faux.
Si le gouvernement, libéral ou conservateur, avait fait son travail, et si les conservateurs avaient maintenu la position qu'ils avaient prise durant l'ancienne législature qui était favorable à la SAR, si donc le gouvernement, libéral ou conservateur, avait respecté à la fois la volonté du Parlement et la loi qui a été adoptée, nous ne serions pas aujourd'hui en train de discuter d'un projet de loi visant à mettre en oeuvre une loi qui existe. Ceux d'entre nous qui préconisent un processus juste et équitable pour l'établissement du statut de réfugié au Canada ne seraient pas ainsi frustrés et n'auraient pas à recourir à ce genre de projet de loi.
Il est ridicule, comme l'a fait remarquer M. Gravel, que nous soyons obligés d'avoir un tel projet de loi pour mettre en oeuvre une mesure législative qui existe. La question aurait pu être réglée facilement il y a bien longtemps et nous aurions vu des résultats positifs.
Je dirai aux représentants de la CISR que personne ici ne veut la noyer. Tout ce que nous souhaitons, c'est qu'elle devienne plus efficace et c'est ce que nous avons fait en préconisant que l'on procède aux nominations nécessaires. Nous allons poursuivre nos efforts dans ce sens. Nous n'avons pas l'intention de gêner la Commission dans son excellent travail sur ces questions très importantes de vie et de mort pour beaucoup de monde, mais nous sommes très frustrés que le gouvernement refuse de mettre en oeuvre les dispositions de la LIPR.
La réalité, c'est que si le gouvernement craignait de créer des arriérés, il pourrait mettre dès aujourd'hui la SAR en oeuvre. Ce sont des mesures qu'il pourrait prendre. Il pourrait annoncer qu'il y tient. Il pourrait annoncer des dates et je suis sûr que nous serions tous prêts à examiner un tel calendrier et un tel système si l'on s'engageait fermement à le faire. Le gouvernement a choisi de n'en rien faire et c'est la raison pour laquelle nous nous retrouvons aujourd'hui dans cette situation.
Le gouvernement aurait pu court-circuiter le projet de loi la veille du jour où il a été adopté à la Chambre. Il aurait pu le faire — j'en suis certain — le lendemain du jour où il a été adopté à la Chambre. S'il avait voulu prendre en considération qu'une forte majorité des députés de la législature actuelle ont appuyé ce projet de loi parce qu'ils estiment que la SAR est un élément important de notre processus de détermination du statut de réfugié, il aurait pu réagir et il a choisi de ne rien faire. Voilà donc deux fois que le gouvernement a choisi de ne pas le faire.
Bien que je comprenne les problèmes que cela pourrait représenter et les tensions qui peuvent en ressortir, le gouvernement pourrait faire le nécessaire n'importe quand.
J'aurais une question à poser. Vous dites qu'il faudrait peut-être douze mois pour créer la SAR. Quand je demande un délai, je prévois habituellement un peu plus de temps que nécessaire. Si l'on vous pressait, est-ce que cela pourrait se faire un peu plus rapidement ou est-ce un minimum?
:
Merci, monsieur le président.
Je voulais que les choses soient claires car l'on a beaucoup discuté ce matin de la question majeure qu'est la SAR. Nous pouvons tous reconnaître que, par le passé, une loi a été adoptée qui incluait cette SAR. À l'époque, pour une raison ou une autre, le ministre d'alors, qui était libéral, et le gouvernement avaient décidé de ne pas mettre cette disposition en application. Par la suite, il y a eu au moins deux autres ministres libéraux qui ne l'ont pas fait non plus. Il y a eu deux ministres conservateurs de la Citoyenneté et de l'Immigration qui n'ont rien fait non plus.
En tant que parlementaire, je me dois de constater que cinq ministres actuels ou anciens semblent juger que ce n'était pas une bonne idée. Cela m'a laissé perplexe. Je puis vous dire que l'autre soir je regardais le vote et j'ai vu que les trois anciens ministres libéraux étaient là et qu'un d'entre eux a en fait voté contre le projet de loi C-280 alors que les deux autres sont restés assis, ce qui est très révélateur en soi, et n'ont donc pas voté pour ledit projet de loi. Ils n'étaient pas prêts à suivre leur parti qui appuyait le projet de loi C-280.
Je respecte le fait que beaucoup pensent que la SAR devrait être créée et je respecte le fait que les députés NPD et du Bloc sont de cet avis. Ma question s'adresse ainsi aux députés libéraux membres du comité. Je crois que vous devriez vous demander si certains de vos collègues, et je sais ce qu'a dit M. Telegdi...
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J'ai entendu la motion qui me semble très justifiée mais j'aimerais proposer un amendement favorable, si vous le permettez. Je pense qu'il faudrait la considérer dans un contexte.
J'aimerais donc ajouter: « À moins qu'il soit nécessaire de poser davantage de questions aux témoins quant à l'importance de la création de la SAR ».
Il est évident que si des tactiques dilatoires portent sur une autre question que celle qu'examine le comité, tous les membres ont le droit de contester et d'interdire ce genre de tactique dilatoire. Toutefois, il est clair que nous n'avons pas passé suffisamment de temps à examiner cette question de la SAR. Je crois que nous n'avons eu jusqu'ici que sept réunions pour entendre des témoins sur le projet de loi C-280.
La dernière fois que mon collègue le secrétaire parlementaire a essayé de prolonger la séance pour poser quelques questions supplémentaires aux témoins précédents, la pagaille a commencé. Par contre, la dernière fois que nous avons pu interroger les témoins, tous les députés de l'opposition ont pu le faire. Les députés ministériels les ont laissés poser ces questions qui étaient effectivement des questions brûlantes.
Je crois qu'il est très important que nous envisagions de modifier cette motion de M. Telegdi...
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Merci, monsieur le président.
Une chose dont nous étions fiers, et M. Telegdi le confirmera, était le fait qu'il régnait un grand esprit de coopération au sein du comité. Le travail du comité n'était jamais entravé. Si les membres du comité se posaient de sérieuses questions au sujet des délais, de l'ordre de préséance pendant les périodes de questions, du matériel dont le comité disposait, alors on prêtait attention à ces questions, ainsi qu'au fait que des députés avaient des intérêts particuliers au sujet de certains sujets.
Donc, en proposant cet amendement, je crois qu'il est clair que j'essaie de suggérer que toute capacité que nous avons comme députés d'examiner le projet de loi C-280, surtout si nous avons des questions pour les témoins... et pour ma part j'avais des questions pour les témoins précédents et je...
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Il a beaucoup d'expérience à titre de membre des comités. Il sait que lorsque la situation n'est pas favorable à un parti en particulier, cela ne veut pas dire que l'on peut commencer à crier « rappel au Règlement » pour essayer de modifier les règles en conséquence.
Maintenant qu'on a embrouillé la situation, je veux lire encore une fois ma motion. Je sais qu'elle a déjà été consignée au compte rendu, mais je veux la lire encore une fois. Je pense qu'il est clair que si nous voulons avoir la chance de mener ce processus à son terme de manière amicale — c'est exactement ce que je disais avant qu'on me coupe la parole...
En fait, M. Telegdi a eu la chance de présider notre comité et j'étais alors l'un des porte-parole de l'opposition. À notre comité, nous avons fait des efforts pour mener nos travaux de manière ouverte, amicale, non partisane. Je suis donc très troublé, surtout quand je propose une motion comme celle-ci, laquelle...
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Il me semble que s'il y a des questions pertinentes à poser au sujet de la SAR, nous devrions être en mesure de les poser dans ce cadre-ci. Si nous devons modifier légèrement l'horaire, je trouve que les membres du comité devraient au moins faire preuve d'un peu de bonne volonté pour permettre que cela se fasse.
Je n'ai pas l'habitude de proposer des motions comme celle-ci ni de prendre la parole sur des motions de cette nature, mais je dois admettre que j'ai été offusqué, comme je l'ai dit, durant le premier tour de questions. Quand nous avons eu la possibilité de poser des questions supplémentaires, nous avons envisagé de modifier l'ordre de comparution en fonction du calendrier. Je sais que nous avons fait cela bien souvent.
Je siège au comité de direction aux côtés d'un certain nombre de mes vis-à-vis et il arrive souvent que ce qui est décidé au comité de direction est modifié ensuite au comité plénier si la majorité des membres ne sont pas d'accord. Je sais que dans ce cas particulier, afin d'interroger les témoins juste un peu plus longtemps, même si, je le sais, le comité a un calendrier très chargé, il n'y a aucune raison qui nous empêche de retarder quelque peu la comparution des témoins. Je me rappelle qu'à la dernière réunion, pendant que nous examinions le rapport sur les certificats de détention, il y avait des témoins qui attendaient leur tour de comparaître, monsieur le président. J'étais désolé pour eux, mais notre comité a décidé de les renvoyer chez eux pour poursuivre l'étude du rapport.
Ma motion est bien simple, elle ne fait que signaler que, à l'heure actuelle, si nous voulons avoir la possibilité de poser d'autres questions, je crois qu'il n'y a aucune raison qui nous empêche de le faire. Les membres du comité ont fait des efforts légitimes pour essayer de découvrir, comme nous en avions discuté, quelle serait l'ampleur de l'arriéré à la SAR si c'était mis en vigueur et quelles seraient les échéances à la SAR si nous adoptions cette mesure.
L'opposition est peut-être majoritaire au comité et peut bien adopter ce projet de loi ici et par la suite à la Chambre, mais elle n'a pas le pouvoir d'ordonner que cela se fasse comme par magie. Il y aura des problèmes de mise en oeuvre dont le gouvernement doit tenir compte, notamment le coût. M. Aterman vient de nous informer que cela représentera 7 p. 100 du budget actuel, ce qui aura clairement une incidence sur l'arriéré des travaux.
Bien sûr, à titre de représentants du gouvernement du Canada, nous devons prendre cela en considération. L'opposition n'a pas nécessairement à s'inquiéter de ces problèmes de mise en oeuvre. Elle peut adopter tout ce qu'il lui plaît et dire ensuite tout simplement que c'est notre problème et que c'est à nous de mettre cela en vigueur. C'est pourquoi il est clair que nous devons avoir le temps de poser d'autres questions. Je le répète, mon amendement favorable à la motion vise simplement à faire cette suggestion. Pourquoi n'aurions-nous pas la possibilité de le faire?
Je sais que même la dernière fois, quand nous avons reçu les fonctionnaires, je voulais demander ce que le ministre ferait en cas de décision d'en appeler à la SAR et pourquoi le projet de loi comprendrait une disposition permettant au ministre de demander le contrôle judiciaire des décisions de la SAR. Je n'ai pas été en mesure de poser les questions aux témoins précédents. Dans l'esprit de l'amendement que je propose, nous aurions la possibilité de faire revenir ces témoins afin de leur poser les questions voulues. Je trouve que le comité devrait vraiment envisager de le faire.
Au sujet de la Section d'appel des réfugiés, je pense que nous avons entendu un certain nombre de nos collègues autour de la table, y compris tout récemment mon collègue Barry, qui posait une question précise que je trouvais valable. La dernière fois, il m'a fallu en fait proposer une motion au comité — je crois que c'était à la dernière séance du comité — et j'ai demandé explicitement que le comité fasse un suivi de la question que Barry avait posée aux témoins. La question était de savoir pourquoi les précédents ministres de l'Immigration, dans l'opposition, n'avaient pas appuyé ce nouveau projet de loi . Au sujet de la SAR, il me semblait évident qu'il y avait de profondes divergences, d'énormes problèmes.