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La séance est ouverte. Nous avons un ordre du jour assez long.
Je veux souhaiter de nouveau la bienvenue aux témoins du ministère — Mark Davidson, Alain Laurencelle et Karen Clarke, qui sont là pour nous seconder, j'imagine, lors de l'étude article par article tout à l'heure.
Nous allons commencer par les motions.
Je suis prêt à rendre ma décision sur le rappel au Règlement présenté par le secrétaire parlementaire et je tiens à remercier les députés de leur collaboration.
Premièrement, je déclare recevable la motion de M. Siksay. Elle a été examinée à fond. Je crois que le secrétaire parlementaire avait indiqué au début que la motion, si elle était adoptée telle quelle et transmise à la Chambre, présupposerait que des délibérations poussées et l'audition de témoins aient déjà eu lieu.
Nous concluons qu'un examen, une étude, une enquête peuvent signifier que le comité a examiné le sujet, en a discuté et débattu ne serait-ce que quelques minutes. Aucune règle n'impose à un comité d'entendre des témoins avant de présenter un rapport. Les membres du comité peuvent discuter d'un sujet entre eux sans entendre de témoins, puis faire rapport à la Chambre. Si un comité s'estime prêt à faire rapport à la Chambre sans convoquer de témoins, il peut le faire.
Aussi, la motion de M. Siksay est recevable.
Dans ces conditions, le rapport est-il adopté?
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Non, je veux continuer sur l'amendement à la motion.
Cet amendement remplacerait à toutes fins pratiques une partie de la motion et se lirait ainsi :
Que le comité permanent étudie, afin d'en faire rapport à la Chambre, l'opportunité d'appliquer un moratoire immédiat à l'expulsion des travailleurs sans papiers et des membres de leur famille ayant fait l'objet de vérifications de sécurité et de criminalité en attendant qu'une nouvelle politique d'immigration soit mise en place.
Puisque le comité étudie la question des travailleurs sans papiers, ce qui devrait réellement se passer est que le comité effectue un examen approprié puis adresse un rapport à la Chambre, au lieu de présenter un rapport directement à la Chambre sous forme de motion, c'est-à-dire qu'il utiliserait cette motion comme ajout à l'étude en cours sur les travailleurs sans papiers et l'application de moratoires.
Je dis aux membres du comité que si nous voulons faire notre travail, si nous voulons présenter à la Chambre un rapport que celle-ci puisse sérieusement étudier, nous devrions procéder comme avec les autres enjeux relatifs aux travailleurs sans papiers, à savoir faire de cette question un sous-chapitre du chapitre principal et réellement examiner la question. Les avis à son sujet divergent. Certains pensent que ce devrait être fait et d'autres pensent le contraire, pour diverses raisons. Certaines de ces raisons devraient être entendues par ce comité. Le fait que nous nous privons de ces témoignages alors que nous avons déjà en train une étude revient à ne pas assumer la responsabilité qui incombe à notre comité. Et je me retrouverai moi-même, en tant que membre, en situation de présenter à la Chambre un rapport sans fondement. Je pense que le comité doit prendre sa tâche beaucoup plus au sérieux que cela.
J'ai déjà fait valoir que nous devrions combiner cette motion avec l'étude sur les travailleurs sans papiers que nous envisageons et si nous adoptions cet amendement à la motion, il s'ensuivrait que le rapport ne partirait pas directement à la Chambre. Nous serions ainsi amenés à rédiger un rapport digne de ce nom, c'est-à-dire fondé sur quelque chose. Il est censé formuler une recommandation, sous forme de motion si vous voulez, fondée sur une étude réalisée par le comité.
Je sais que vous me rétorquerez peut-être qu'il y a déjà eu d'autres témoignages dans d'autres comités, à d'autres moments, en d'autres lieux, mais alors nous devrions nous procurer cette documentation pour l'examiner, aux fins de notre décision, avec la possibilité, ajouterais-je, de convoquer des témoins supplémentaires. De la même façon, si nous allons rédiger un rapport véritable, il devrait y avoir la possibilité de présenter un rapport dissident, par opposition à un rapport unanime.
Mais pour présenter un rapport dissident, il faut pouvoir l'asseoir sur un certain fondement. Cela suppose que des éléments soient présentés à ce comité, et en bout de course à la Chambre, qui reposent sur un fondement et sur la base desquels je pourrai rédiger un rapport dissident. De toute évidence, ce serait une contrainte pour moi, en quelque sorte, que d'être forcé à voter sur cette motion dans le vide, sans aucun appel à témoin, pour l'envoyer à la Chambre sans que j'ai la moindre occasion de présenter différents points de vue et de rédiger une opinion propre.
Si vous lisez Monpetit et Marleau, vous y trouverez une description assez détaillée de ce que devrait être un rapport. Un rapport suit une procédure assez stricte voulant que le comité signe le rapport de son nom, disant que les exigences d'un rapport sont remplies et que c'est là le texte soumis à la Chambre. Il y a aussi la possibilité pour d'autres partis, notamment quelqu'un comme moi, de rédiger un rapport dissident, mais il faut bien qu'il soit basé sur quelque chose, ce ne peut être une construction en l'air.
On demande à ce comité d'adopter une motion qui n'est étayée par rien. Si on nous demandait sur quoi nous nous basons, nous n'avons qu'une motion venue de nulle part, rien d'autre, et nous appelons cela un rapport. Je pense que ce serait commettre une injustice à notre propre égard si nous faisions cela aujourd'hui et dans d'autres cas similaires à l'avenir.
C'est une chose que de procéder ainsi si vous avez le consentement unanime, mais c'en est une autre que de tirer une motion de nulle part et de nous la présenter sous forme de rapport, alors que nous savons tous que ce n'est pas un rapport au sens de toute définition que l'on puisse trouver où que ce soit, y compris dans un simple dictionnaire, décrivant ce que devrait être un rapport.
Je dis donc que nous devrions adopter l'amendement à la motion, qui place l'enjeu là où il doit se situer. Il doit être placé devant ce comité, pour qu'il l'étudie et l'examine, comme nous faisons de tous les autres sujets, car ce ne sont pas là des questions techniques; il ne s'agit pas d'anniversaires. C'est un problème de fond et qui a des répercussions sur les grandes villes du Canada, sur divers groupes ethniques, sur divers immigrants et sur tous les sans papiers. C'est un sujet de très, très haute importance, un enjeu substantiel tellement primordial qu'il nous faut l'examiner sérieusement et ne pas l'expédier impulsivement.
Nous ne devons pas adopter cette motion sans faire preuve de la diligence requise. Ce comité se doit à lui-même, et certainement doit à un membre individuel comme moi, de mener une étude convenable.
Il n'y a rien à gagner. En déposant la motion telle quelle à la Chambre, nous n'aurons pas de réponse avant 120 jours, particulièrement à la veille de l'ajournement pour l'été, et donc cette motion n'ira nulle part. En fait, si la réponse est donnée avec autant de désinvolture que celle avec laquelle la motion aura été adoptée, rien ne sera résolu et il n'y aura pas de débat rationnel, raisonné, fondé sur des arguments solides susceptibles d'étayer une recommandation.
Je pense que c'est réellement un abus du pouvoir de ce comité que de procéder ainsi. C'est pourquoi je demande aux membres d'adopter un amendement à la motion qui dit que le sujet est important, qu'il mérite un examen approfondi et que nous allons effectuer cet examen en même temps que nous étudierons d'autres aspects de ce même domaine. Ainsi, nous pourrons formuler une recommandation raisonnée, logique, sur la foi de ce que nous aurons entendu, en vue d'une action gouvernementale.
Comme nous le savons tous, il y a toujours plusieurs facettes à considérer. Chaque médaille comporte un endroit et un envers. Il s'agit d'écouter les deux camps et de prendre une décision fondée sur la raison.
J'invite donc tous les honorables députés à se demander si cette motion est réellement nécessaire, si elle doit partir à la Chambre telle quelle. Elle finira par y aller, et elle pourra le faire sous la forme que nous proposons ici, après l'examen et le débat qui s'imposent.
Il ne servirait à rien qu'elle aille à la Chambre aujourd'hui sous sa forme actuelle. Elle pourra aller à la Chambre telle quelle si c'est la conclusion à laquelle nous parvenons après avoir pris connaissance de tous les éléments appropriés et que des gens comme moi et d'autres auront pu inviter des témoins, des groupements d'intérêts ou des intervenants à venir présenter leur point de vue.
Si je suis en désaccord avec les conclusions et si nous voulons qu'il s'agisse véritablement d'un rapport, alors je devrais avoir la possibilité de soumettre au président une opinion dissidente pour transmission à la Chambre, afin de présenter l'envers de la médaille. Mais cette motion, en sa forme actuelle, ne l'autoriserait pas.
Je demande donc aux membres d'amender la motion de manière à en préserver la substance mais de façon à ce que le comité puisse étudier la question en même temps que le sujet numéro deux à notre calendrier. Nous avons décidé que les réfugiés seraient notre premier sujet d'étude et les travailleurs sans papiers le deuxième.
La question suscite certainement l'intérêt à l'échelle nationale et elle est donc importante. Ce n'est pas une affaire de procédure, c'est une question de fond qui requiert toute notre attention. Je demande donc au comité d'admettre dans un esprit positif qu'il s'agit là d'un enjeu important, que la substance de la motion est bonne mais que la manière dont on veut l'envoyer à la Chambre, sans les délibérations requises, ne l'est pas.
Ma motion nous permettrait d'aboutir au même résultat, avec peut-être l'unanimité, une fois que nous aurons entendu les témoignages et pris connaissance des faits. C'est un sujet tellement important que j'irais même, si j'avais le choix, jusqu'à lui donner la première place, avant les réfugiés, sur notre calendrier de travail à l'automne, car il est impératif de l'étudier, sans doute aucun.
Si vous regardez ce qui s'est passé sous l'ancien régime comparé à l'actuel, c'est une problématique que le gouvernement a du mal à résoudre. C'est certainement un sujet de haute importance auquel j'exhorte toutes les parties à traiter avec tout le respect qu'ils méritent.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je m'oppose à la tentative de vider cette motion de sa substance, monsieur le président.
Sauf mon respect pour le secrétaire parlementaire, je ne crois pas une seconde que je me dérobe à mes responsabilités, que je ne prends pas au sérieux le rôle du comité et mes responsabilités, que je bouscule qui que ce soit ou réagisse impulsivement. Je dois réellement m'élever contre certaines des expressions employées par le secrétaire parlementaire.
Il s'agit là d'une question très importante qui touche de nombreuses familles canadiennes, de nombreux travailleurs du Canada et de nombreuses collectivités. Tout ce que fait cette motion, c'est demander au gouvernement de placer un moratoire sur l'expulsion de gens qui contribuent à notre société et à notre économie et dont les familles sont installées ici au Canada, jusqu'à ce qu'une étude soit faite et une politique mise en place à cet égard. Je pense qu'il est parfaitement raisonnable que notre comité recommande cela au gouvernement. C'est une recommandation adressée au gouvernement. Ce n'est pas une étude en règle. D'ailleurs, nous nous sommes engagés à faire cette étude poussée plus tard, mais dans l'intervalle, je pense que c'est une action parfaitement appropriée à entreprendre.
Particulièrement à Toronto, mais aussi dans d'autres villes, nous avons vu déraciner des familles et expulser des travailleurs dans des secteurs clés de l'économie -- des travailleurs dont les entreprises de construction, entre autres, ont besoin. On les déracine et on les envoie ailleurs, et c'est une situation inacceptable.
Je n'admets pas un seul instant que c'est se dérober à nos responsabilités; au contraire, c'est assumer nos responsabilités et recommander au gouvernement une mesure raisonnable vu la gravité de la situation. Oui, nous ferons cette étude, et nous aboutirons peut-être à des recommandations plus fouillées. Nous espérons certainement le faire dès notre retour à l'automne, mais dans l'intervalle, c'est une mesure très nécessaire. J'exhorte les autres membres du comité à rejeter l'amendement et à voter en faveur de la motion initiale.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à préciser que je comprends le point de vue du secrétaire parlementaire. Il est toujours important d'entendre, comme il l'a dit, les deux points de vue et d'étudier le fond d'une question.
Par contre, je me demande s'il n'y a pas deux solutions possibles, à mi-chemin entre ce que demande le secrétaire parlementaire et ce que demande M. Siksay. J'aurais deux propositions à faire, l'une n'excluant pas l'autre.
D'abord, le comité pourrait-il présenter une motion à la Chambre des communes plutôt qu'un rapport? J'aimerais que le greffier nous réponde sur l'aspect technique de la chose, qu'il nous dise si c'est possible.
D'autre part, je pense aussi qu'il serait important que le comité étudie la question en profondeur à l'automne, si tout le monde accepte que l'on accorde la priorité à ce sujet. Je me dis aussi que compte tenu de ce que vient de nous dire le secrétaire parlementaire, il y a d'importants problèmes techniques. Cependant, la motion elle-même ne porte pas sur des aspects techniques, elle porte sur des êtres humains et des familles que l'on sépare. Ces êtres humains seront rapidement déportés, des personnes perdent leur emploi et des employeurs perdent leurs employés.
Il y a certainement une question de fond qui va beaucoup plus loin que la simple question de ces individus que l'on a déportés ou que l'on va déporter très bientôt. Si on se penche sur la question qui se présente, je me demande s'il est possible que le comité présente une motion pour demander au gouvernement d'arrêter les expulsions de cette catégorie de personnes, en attendant le rapport de notre comité. Ce rapport serait plus ou moins conforme à ce qu'a demandé le secrétaire parlementaire.
En d'autres termes, je ne suis pas opposée à faire l'étude que propose le secrétaire parlementaire. Par contre, il y a un problème qui touche des êtres humains, et nous avons la responsabilité de nous attarder à la tragédie réelle que vivent ces personnes. Comment faire pour étudier une question en profondeur et protéger, du moins pour un temps limité, les personnes qui sont arrêtées et qui devront quitter le pays très rapidement?
Je demande à notre greffier de me répondre en ce qui a trait à l'aspect technique de ce que j'ai demandé.
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Monsieur le président, il faut rappeler que le comité a déjà eu des problèmes avec le rapport du secrétaire parlementaire, particulièrement lorsque il veut rédiger des rapports minoritaires. Je me souviens que la même chose est arrivée l'an dernier.
Quoi qu'il en soit, la réalité est que notre souci est de déposer ce rapport à la Chambre. Si le secrétaire parlementaire était réellement désireux de rédiger un rapport dissident, il aurait mieux fait d'appuyer la motion lundi, car le comité a pleinement l'intention que ce rapport soit déposé à la Chambre avant l'ajournement pour l'été.
La réalité est que le comité précédent a entendu toutes sortes de témoignages sur cette question en particulier. Nous en avons entendu ici, nous en avons entendu lors de nos déplacements à travers le pays. J'ose dire que s'il n'y avait pas eu ces élections importunes, pour ainsi dire, cette question serait réglée; elle était, comme je l'ai déjà mentionné, une grande priorité du ministre de l'Immigration précédent. Lorsque nous avons reçu le ministre de l'Immigration actuel, j'ai perçu quelques signes permettant d'espérer qu'il se pencherait sur tout ce problème des travailleurs sans papiers.
Nous avons dit également qu'au lieu de consacrer des ressources à rafler les sans papier et à les expulser, le gouvernement ferait mieux de se concentrer sur une tâche que tous les membres du comité approuvent. Nous avons deux ou trois milliers de criminels qu'il faut certainement arrêter et c'est eux qui devraient être la priorité, et les autorités devraient continuer à les rafler, mais il faut déterminer dans quelle mesure nous ne nous nuisons pas à nous-mêmes si les expulsions se poursuivent. Nous renvoyons des gens qui contribuent à l'économie. Ce sont eux qui font marcher l'économie, ils paient des impôts et ils sont installés ici. Ils vont énormément manquer à l'économie.
Le comité s'est toujours intéressé à cette question et je pense que nous pourrions tous convenir que la priorité doit aller à ces deux ou trois milliers de personnes. Ce sont des grands criminels dont il faut absolument se débarrasser, plutôt que d'aller arrêter le maçon ou le charpentier ou le mécanicien. Voilà le message que nous voulons transmettre.
Vous ne pouvez dire que vous voulez annexer un rapport et qu'il vous faut tant de jour pour contrecarrer la volonté du comité. Vous auriez mieux fait de ne pas contester la recevabilité de la motion, qui était parfaitement en règle et a été jugée ainsi; ainsi, vous auriez eu davantage de temps pour votre rapport.
Le fait est que demain est le dernier jour et nous voulons transmettre un message fort au gouvernement pour lui dire que nous voulons qu'il arrête d'expulser des travailleurs sans papiers qui contribuent à la société.
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Il ne fait aucun doute que le gouvernement a traité avec humanité les sans papiers. Ils sont nombreux, ils ont apporté une contribution considérable et nous-mêmes avons dit qu'il fallait revoir le système. C'est ce que nous disons que nous allons faire afin que ces personnes qui contribuent grandement à notre société puissent s'établir légitimement et selon les procédures normales.
Il faut trouver un moyen de régler la situation telle qu'elle est sur le terrain. Tout le monde admet que c'est un problème majeur, mais le gouvernement précédent n'a pas procédé à moins d'expulsions que nous. Toutes les considérations voulues sont prises en compte.
Cette motion avait été introduite au comité, puis retirée après une semaine ou deux, si je ne m'abuse, par M. Siksay, qui l'a réintroduite sans préavis au comité directeur, pour une raison que j'ignore. Elle a été groupée avec deux ou trois autres motions. Ensuite elle a refait surface ici tout récemment, lundi, et c'est là que j'ai objecté, à la première occasion qui m'a été donnée de le faire -- et sur la base de motifs appropriés, je trouve -- et la décision de recevabilité est intervenue à la réunion suivante, si bien que nous parlons là d'une succession très rapide d'événements.
Laissez-moi vous dire que tout le monde au gouvernement et dans l'opposition a conscience de ce problème. À part faire un peu plus de bruit, sachant que la Chambre va ajourner sous peu, je crois qu'il ne changerait pas grand-chose d'attendre et de faire les choses en règle.
De fait, si je ne m'abuse, cette motion -- et peut-être a-t-elle changé depuis qu'elle est sortie du sous-comité -- demande à la Chambre de répondre dans les 120 jours. Je ne sais pas si cela y figure toujours, mais c'était là initialement.
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J'ai exposé toute mon argumentation relativement à la question de la procédure. Mais pour ce qui est du point soulevé par M. Telegdi, vous pouvez certainement procéder ainsi si vous voulez modifier l'autre loi ou modifier incidemment la chose dans le cadre de ce projet de loi-ci. Mais à ce stade-ci, ce n'est pas quelque chose que nous pouvons faire, car le projet de loi a été déposé à la Chambre avec un but et un objet principaux bien précis, et le but et l'objet principaux n'étaient pas de prévoir un processus d'appel fonctionnel. Nous voudrons peut-être le faire, mais le gouvernement n'a pas déposé le projet de loi dans cet objectif-là, et nous ne pouvons pas non plus modifier une autre loi en vue de prévoir cela.
Le fait est que le processus d'examen judiciaire est toujours à la disposition de quiconque, non pas par voie de texte réglementaire, mais par d'autres moyens. Les gens peuvent, pour obtenir un examen judiciaire, faire appel, de façon administrative, ou autre, à la Cour fédérale, et c'est ce qu'ils font, dans bien des cas, lorsqu'un appel n'est pas prévu. Mais il s'agit là d'une question de procédure. Il ne s'agit pas d'un appel sur le fond, comme ce qui est suggéré ici, s'il s'agit d'une audience de novo au cours de laquelle vous déposez véritablement des preuves et ainsi de suite.
Et j'ajouterais, pendant que j'y suis, que si l'on allait modifier la loi à ce stade-ci pour y inscrire un processus d'appel fonctionnel, comme cela a été discuté par l'Association du Barreau canadien, avec une autre audition ou une nouvelle audition de l'affaire, cela exigerait des dépenses supplémentaires et du personnel administratif supplémentaire. Et je pense que cela constituerait une nouvelle dépense, et ce n'est pas quelque chose qui est prévu ou envisagé dans le cadre de ce projet de loi. D'après mon interprétation de Marleau et Monpetit, si ce doit exiger des dépenses supplémentaires ou devenir une charge pour le trésor public, alors cet amendement ne serait pas autorisé à cette étape-ci, après la deuxième lecture, et avant le renvoi du projet de loi à la Chambre.
La situation est claire; le genre d'appel dont nous discutons ici porterait sur le fond. Il s'agirait alors pour des avocats et d'autres de comparaître et de déposer des preuves et des preuves nouvelles -- l'on appelle cela un procès de novo --, alors ce serait tout un changement dans la façon dont le processus fonctionne et supposerait l'ajout de personnes et d'installations et l'adoption d'une vision toute autre.
Et si vous faisiez cela dans cette partie de la loi, pour viser cette situation en particulier, il vous faudrait demander ce que nous ferions pour les parents et les grand-parents. Et que ferions-nous pour les autres qui diront: « Si vous allez prévoir un niveau d'appel avec une nouvelle audition dans ce cas de figure-ci, en quoi sommes-nous différents, et pourquoi ne bénéficierions-nous pas du même processus? » Cela nous mènerait au-delà du contexte de ce projet de loi-ci et déboucherait sur quelque chose de beaucoup plus vaste.
Il est facile d'apporter un amendement, mais il nous faut réfléchir à tous les aspects. Mon sentiment est qu'à ce stade-ci de la partie, nous changerions l'objet, l'essence et le contexte mêmes de cette loi d'une façon que nous n'avions jamais envisagée ni prévue au départ, et ce que je dis c'est que cela ne peut pas être fait.
Pour ce qui est du point de procédure, ce que je dis c'est que ce ne serait pas approprié en ce moment, et non pas que ce n'est pas faisable. Ce serait faisable dans d'autres circonstances, d'une façon différente et à un autre moment. Si nous voulons que ce projet de loi qui a été déposé soit adopté, alors nous devrions l'adopter dans son libellé actuel. Si nous voulons faire quelque chose de très différent, alors cela pourra venir un autre jour, à une autre heure, mais non pas ici, à ce stade-ci.
Le gouvernement a, bien sûr, l'option de décider s'il veut changer la procédure d'appel. Il peut modifier la loi, ou procéder par voie de modification corrélative, mais il lui faut présenter le projet de loi dans son libellé actuel ici et maintenant. Ce n'est pas ce qu'il a fait. Ce dont il est question ici est si fondamental que je pense que ce serait inapproprié et j'invoque le Règlement pour demander que, dans ce cas-ci, l'amendement tel qu'il a été proposé soit déclaré inadmissible.
J'avertis le comité que si cet amendement est autorisé, ce sera sans issue. Auprès de qui allez-vous faire appel? Qui va entendre l'affaire? Qui va offrir les installations? Qui va fournir les juges? Qui va fournir les agents d'audience? Il n'y a en effet aucun mécanisme ni aucune loi qui prévoit cela. Une telle loi existe ailleurs.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Mes commentaires portent sur les amendements L-1, L-2 et L-3. On pourrait discuter de chacun d'eux, sauf que la même logique est sous-jacente aux trois catégories d'adoption par âge.
Par exemple, il y a les adoptions d'enfants de moins de 18 ans, les adoptions de jeunes gens âgés de 18 à 22 ans, et entre les deux, il y a les jeunes pour qui le processus d'adoption commence lorsqu'ils n'ont pas 18 ans, mais se termine après qu'ils ont eu 18 ans.
Il me semble que dans les deux derniers cas, soit lorsqu'ils ont plus de 18 ans et, donc, qu'ils sont des adultes au moment où ils sont reçus comme adoptés, ils devraient être traités comme des adultes en vertu de la loi. C'est ici que ces paragraphes interviennent, pour évaluer la sécurité et de la criminalité de ces personnes.
Donc, l'amendement L-1 au projet de loi C-14, qui dit que « [...] la délivrance du certificat de répudiation prévu [...] parce qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'il se livrera à des activités [...] », concerne l'évaluation de la sécurité et de la criminalité que l'on fait normalement pour toute personne adulte.
[Traduction]
En fait, c'est la même logique qui sous-tend les trois amendements. C'est tout simplement qu'ils interviennent à différents endroits dans le projet de loi.