Je souhaite la bienvenue à tous, et en particulier aux représentants du Conseil canadien pour les réfugiés. Je les remercie de consacrer une partie de leur précieux temps à nous entretenir de questions touchant les réfugiés. Nous recevons donc Francisco Rico-Martinez, coprésident du groupe de travail sur la protection au Canada; Janet Dench, directrice générale; et Debra Simpson. Je vous souhaite la bienvenue à cette séance du comité.
Vous aurez dix minutes environ pour faire un exposé, et ensuite, les membres du comité, en commençant par la gauche, vous poseront des questions et discuteront avec vous.
Je vous cède maintenant la parole.
Bonjour.
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Bonjour et merci beaucoup.
Chacun d'entre nous prendra la parole au cours de l'exposé.
Je vais d'abord vous parler un peu du Conseil canadien pour les réfugiés, qui est un organisme qui regroupe environ 170 organisations au Canada vouées à la défense des droits des réfugiés et des immigrants.
Notre mandat consiste à assurer la protection des réfugiés au Canada et dans le monde et à aider les réfugiés et les immigrants à s'établir au Canada.
[Français]
Depuis sa création il y a 28 ans, le CCR s'est taillé une réputation de défenseur principal des réfugiés au Canada.
Il nous fait un grand plaisir de vous adresser la parole aujourd'hui au sujet de certaines de nos préoccupations relatives aux politiques et programmes canadiens en matière de refuges, au moment où vous commencez votre étude sur les questions touchant les réfugiés.
[Traduction]
D'après le World Refugee Survey de 2006, publié par le U.S. Committee for Refugees and Immigrants, 7,89 millions de réfugiés sont parqués dans des camps depuis cinq ans ou plus; des réfugiés pour lesquels il n'existe aucune solution durable. L'enquête révèle aussi qu'il y a 21 millions de personnes déplacées dans le monde. Et pourtant, le Canada offre l'asile à un moins grande nombre de réfugiés qu'auparavant.
En 2005, le nombre de demandes du statut de réfugié présentées au Canada s'est établi en-deçà de 20 000 pour la première fois depuis le milieu des années 1980. Par comparaison, au cours des cinq années précédentes, la moyenne était de 34 700. Cette baisse est largement attribuable au fait que les États-Unis ont été désignés un tiers pays sûr, ce qui a fermé la porte à la plupart des réfugiés à la frontière canado-américaine. D'un autre côté, le nombre de réfugiés qui se sont réétablis en 2005 est demeuré inchangé. En effet, les dossiers des réfugiés parrainés par des particuliers se sont retrouvés sous la pile.
Nous avons toutes sortes de préoccupations au sujet des réfugiés, mais il n'y a pas suffisamment de temps pour discuter de chacune d'elles. On pourrait discuter des réfugiés qui bénéficient de l'aide gouvernementale, des mesures d'interdiction, de l'établissement des réfugiés et des répercussions de l'opinion publique négative et des idées fausses au sujet des réfugiés.
Nous voulons souligner, sans entrer dans les détails, notre préoccupation à propos des frais de traitement que les réfugiés reconnus au Canada doivent payer pour obtenir le statut de résident permanent, c'est-à-dire 550 $ par adulte. Il s'agit-là d'une somme excessive.
Nous voulons aussi exprimer notre préoccupation à l'égard de la détention des enfants, dont certains qui ont demandé l'asile au Canada. Cela soulève une question plus générale qui concerne l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous nous demandons comment le comité aborde la séparation du ministère de l'Immigration et de l'Agence des services frontaliers du Canada ainsi que la confusion que cette situation occasionne et la difficulté qu'elle pose sur le plan de la surveillance exercée par le comité parlementaire.
Enfin, nous encourageons les membres du comité à participer à la consultation qui aura lieu à Montréal en novembre. Ce serait là pour vous une excellente occasion d'en apprendre davantage sur toutes ces questions et bien d'autres. Cette consultation portera sur les jeunes, et peut-être que certains d'entre vous pourraient parrainer un jeune réfugié de votre circonscription afin qu'il participe à la consultation.
Je vais maintenant céder la parole à Debra qui vous entretiendra du programme de parrainage privé de réfugiés.
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Vous avez indiqué que le programme de parrainage privé de réfugiés est un dossier qui vous intéresse et qui est prioritaire à vos yeux. Je tiens à vous dire qu'il en va de même pour le Conseil canadien pour les réfugiés.
Je vais vous donner quelques raisons pour lesquelles vous devriez vous préoccuper du programme de parrainage privé de réfugiés. Il s'agit du seul programme de ce type au monde qui permet à des citoyens de contribuer à l'instar du gouvernement à l'établissement de réfugiés qui ont besoin de protection et d'un logis permanent. Les sommes versées annuellement par les personnes qui choisissent de parrainer un réfugié totalisent environ 79 millions de dollars. Le montant déboursé par le gouvernement pour aider les réfugiés à s'établir au Canada est minime.
En majeure partie à cause du parrainage privé, la population canadienne a reçu la médaille Nansen en 1986. C'était la première fois que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés décernait cette médaille à l'ensemble d'un pays.
Toutes les collectivités canadiennes, grandes et petites, peuvent accueillir des réfugiés par l'entremise du parrainage privé. Cela permet aux communautés de connaître personnellement des réfugiés, de s'engager à conserver la tradition d'aide humanitaire du Canada, de contribuer à la réussite de l'intégration et à réduire la xénophobie.
Le programme de parrainage privé de réfugiés est un complément au programme de réinstallation des réfugiés du gouvernement, dont bénéficient en majeure partie les réfugiés dont le dossier est transmis par le HCNUR, et il permet au Canada de venir en aide aux réfugiés dans le besoin qui autrement n'obtiendraient aucun soutien.
Ces dix dernières années, 29 000 réfugiés ont pu trouver un logis permanent au Canada grâce à ce programme. Si le gouvernement le veut bien, les parrains pourront faire encore davantage dans les dix prochaines années.
Si ce programme est tellement bien, quel est donc le problème? Il existe un manque de soutien clair de la part du gouvernement au parrainage privé, comme en témoignent les objectifs peu élevés, soit environ 3 000 à 4 000 par année, ce qui est considérablement loin de la volonté de parrainer qui existe au sein de la population.
Nous sommes également préoccupés par le fait que les dossiers des personnes qui arrivent au pays se retrouvent tout à fait au bas de la pile. En 2005, nous n'avons même pas réussi à traiter toutes les demandes. Par conséquent, nous avons accumulé un retard dans le traitement des demandes — environ 14 000 demandes devaient être traitées le 1 er septembre 2006 — et l'attente est longue. Seulement pour le traitement des demandes de visa, il faut plus de 22 mois dans 50 p. 100 des cas. Il faut plus de 34 mois dans un cas sur cinq. Nous sommes aussi préoccupés par la façon dont sont perçus le programme et les parrainages dans les bureaux du ministère de l'Immigration et les bureaux des visas à l'étranger.
Nous recommandons que le plan d'immigration pour 2007 comporte des objectifs de parrainage privé de réfugiés considérablement plus élevés. Nous souhaitons également un accroissement des ressources nécessaires au traitement des demandes de parrainage privé pour assurer l'atteinte des objectifs et l'élimination du retard accumulé. Nous recommandons également que le comité étudie les taux de refus de demandes de parrainage privé de façon à mieux comprendre les motifs de ces refus.
Je vais maintenant laisser la parole à Francisco.
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Bonjour. Je vais vous parler de la détermination du statut de réfugié au Canada.
Premièrement, pour commencer sur une note positive, je dirais que les fondements du système de détermination du statut de réfugié sont solides. Le processus de détermination est difficile en soi. Méfiez-vous de ceux qui vous conseilleront de remplacer le système actuel par un autre prétendument plus efficace. Examinez ce qui se passe dans d'autres pays qui modifient sans cesse leur système pour supposément l'améliorer, mais en réalité, ils rendent la situation plus difficile pour les réfugiés.
Voici les bons éléments du système de détermination du statut de réfugié : la plupart des demandeurs ont droit à une audience devant le décideur; il existe un tribunal quasi-judiciaire indépendant compétent en matière de détermination du statut de réfugié; les décideurs bénéficient d'excellents services de recherche et de documentation. Ce qu'il faut, ce sont des changements au système afin de l'améliorer; il ne devrait pas être question de l'éliminer. La base de ce système est solide.
Passons maintenant aux éléments négatifs. Depuis que le système de détermination du statut de réfugié a été mis en place en 1989, les défenseurs des droits des réfugiés n'ont cessé d'attirer l'attention sur deux grandes lacunes : l'absence d'une mesure législative et le processus de nomination à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Un autre point faible a depuis été ajouté à la liste; il s'agit de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Nous n'allons pas aborder ce sujet aujourd'hui. Nous vous conseillons de lire le rapport du Conseil canadien pour les réfugiés sur les premières années de cette entente. Ce rapport, qui a été publié le 4 août 2005 s'intitule Closing the Front Door on Refugees: Report on Safe Third Country Agreement .
L'Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis prévoyait un examen de l'entente et de sa mise en oeuvre au plus tard 12 mois après la date d'entrée en vigueur. En décembre 2005, les 12 mois s'étaient écoulés. Neuf mois plus tard, le résultat de l'examen n'a toujours pas été rendu public.
Je profite de l'occasion pour vous rappeler qu'en décembre 2002, le comité a fait état d'un certain nombre de préoccupations au sujet de l'entente et il a formulé une série de recommandations. La dernière recommandation était la suivante :
Le comité recommande que, lorsque le ministère procédera à un examen complet de l'accord un an après sa mise en oeuvre, il en fasse rapport au comité. Le rapport du ministère devrait comprendre les renseignements suivants...
Il s'ensuit une longue liste de renseignements exigés par le comité. Cela n'a pas été fait.
Par ailleurs, la loi adoptée par le Parlement en 2001 visant la Section d'appel des réfugiés prévoit un droit d'appel. La mise en oeuvre de la loi excluant le droit d'appel va à l'encontre de la volonté du Parlement et mine le processus démocratique. Les députés ont convenu de faire passer de deux à un le nombre de décideurs pour chaque cas étant donné que les demandeurs du statut de réfugié auraient le droit de faire appel. Depuis 2002, les demandeurs du statut de réfugié sont entendus par un seul décideur et ne bénéficient d'aucun droit d'appel sur le fond.
Inévitablement, des erreurs sont commises. Toute décision prise par un être humain risque d'être erronée. C'est d'autant plus vrai dans le cas de la détermination du statut de réfugié, qui est un processus très difficile qui est lié à des situations qui se produisent dans différents pays et dans le cadre duquel l'information est souvent limitée et les témoignages sont habituellement entendus par l'entremise d'un interprète. Les conséquences d'une mauvaise décision sont dramatiques. Il peut s'agir d'une question de vie ou de mort. Comme on l'a dit, depuis l'abolition de la peine de mort, la détermination du statut de réfugié est le seul cas où on décide au Canada de la vie et de la mort de personnes. Et pourtant, on ne procède à aucun examen valable des refus. Le seul examen possible est un contrôle judiciaire, qui est un examen juridique restreint et qui, par-dessus tout, est effectué uniquement sur autorisation.
Seule une demande d'autorisation sur dix est acceptée. Cela signifie que neuf personnes sur dix qui demandent cet examen pourtant restreint obtiennent un refus. Aucun autre examen n'est possible. Les autres options qui s'offrent aux demandeurs du statut de réfugié sont l'examen pour des raisons d'ordre humanitaire et l'évaluation des risques avant le renvoi. Dans le cadre de ces examens, il n'est pas possible de revoir la décision rendue par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Au contraire, les refus prononcés par la Commission sont souvent utilisés au détriment de la personne qui a recours à l'une ou l'autre de ces options.
Le 14 décembre 2004, le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration a adopté à l'unanimité la motion suivante :
la Section d'appel des réfugiés est incluse dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés;
le Parlement a voté la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et qu'il est donc en mesure de s'attendre à sa mise en oeuvre;
la Chambre des communes et les parlementaires sont en droit de s'attendre à ce que ces engagements soient respectés par le gouvernement du Canada;
...ou lui présente une proposition de rechange, et ce, sans délai.
Nous vous recommandons à ce sujet de demander au gouvernement qu'il explique pourquoi il n'a pas appliqué la motion du comité concernant la Section d'appel des réfugiés. Nous vous recommandons également d'appuyer le projet de loi d'initiative parlementaire qui prévoit la mise en oeuvre immédiate de la Section d'appel des réfugiés.
Le prochain sujet dont nous voulons parler est le processus de nomination à la Commission de l'immigration du statut de réfugié. Les nominations à cette commission causent depuis longtemps un problème. La mise en place d'un processus de sélection fondée sur le mérite a contribué à améliorer la situation. Cependant, il faut que le gouvernement procède aux nominations de manière impartiale. Ce n'est pas ce qui s'est produit, et par conséquent, la Commission est confrontée à une grave crise, car le gouvernement ne veille pas à renommer les membres compétents et à nommer suffisamment de nouveaux membres.
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Je vais parler de la réunification des familles. Il est important de se rendre compte que pour les personnes qui viennent d'obtenir le statut de réfugié, le processus ne s'arrête pas là. Elles doivent obtenir le statut de résident permanent et, comme c'est souvent le cas, réunir les membres de leur famille qu'elles ont quittés. Il est scandaleux qu'au Canada la réunification des familles des réfugiés puisse prendre des années dans bien des cas. Je vais vous donner quelques exemples. À Islamabad, un cas sur cinq prend 39 mois à être réglé; à Colombo, un cas sur cinq prend 35 mois à être réglé; et à Nairobi, c'est plus de 30 mois.
Ces longs délais sont bien entendu très coûteux pour les réfugiés, pour les membres de leur famille et pour la société canadienne en général. Tant que les réfugiés sont séparés de leur conjoint et de leurs enfants, ils ne peuvent pas s'installer. Les familles qui sont réunies après une longue période de séparation sont plus fragiles. Les enfants qui attendent deux ou trois ans dans une situation vulnérable de pouvoir venir au Canada sont plus susceptibles d'avoir des problèmes de santé et des retards d'apprentissage.
Ce qui est inexcusable entre autres, c'est qu'il n'existe aucun mécanisme pour faire en sorte que les enfants reconnus comme réfugiés soient réunis avec leurs parents ou leurs frères et soeurs. Cela va tout à fait à l'encontre de l'obligation qu'a le Canada de faciliter la réunion des enfants et des parents.
Nous recommandons donc que les membres des familles des réfugiés soient autorisés à se rendre immédiatement au Canada pour terminer leur processus de demande du statut de résident permanent et que le Règlement soit modifié de sorte que les enfants réfugiés puissent inclure leurs parents et leurs frères et soeurs dans leur demande de statut de résident permanent.
Il y a aussi bien d'autres problèmes liés à la réunification des familles qui ont une incidence sur certains immigrants. Nous tenons à souligner en particulier les répercussions très néfastes de l'alinéa 117.(9)d) du Règlement qui vise l'exclusion des membres de la famille. Cette disposition contribue à séparer de façon permanente les familles, notamment les enfants des parents.
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Le 9 mai, plusieurs membres de ce comité ont rencontré la délégation « Des vies en suspens », qui est venue attirer l'attention sur la situation très difficile des ressortissants des pays vers lesquels le Canada ne déporte pas à cause d'une situation de risque généralisé, ceux que l'on nomme les pays visés par un moratoire.
Les ressortissants de ces pays qui ne sont pas reconnus comme réfugiés sont protégés contre la déportation par le moratoire, mais il n'existe aucun mécanisme sûr leur permettant de devenir des résidents permanents et de poursuivre leur vie, même s'ils sont au Canada depuis plus de 10 ans.
Le ministre a rappelé à la délégation que ces personnes peuvent toujours invoquer des raisons humanitaires pour demeurer au pays.
Au cours de l'été, plusieurs personnes ont découvert péniblement que les motifs humanitaires ne leur offraient pas de solution. Des ressortissants des pays visés par un moratoire ont reçu toute une série de décisions négatives. Il s'agit de personnes qui sont au Canada depuis plus de quatre ans, six ans, sept ans et, dans un cas, 13 ans.
Une famille congolaise figurait parmi les gens qui ont été refusés. Le père faisait partie de la délégation qui a rencontré des députés le 9 mai. Il s'agit d'une famille qui parle le français et l'anglais. Les parents et la fille aînée travaillent. Les plus jeunes enfants réussissent bien à l'école, ils sont tous en santé et ce ne sont pas des criminels. Ils viennent d'un pays visé par un moratoire et ils habitent au Canada depuis cinq ans.
Que leur faut-il de plus pour être acceptés? Or, leur demande a été refusée. L'impact de ce rejet est dévastateur pour la famille. Les enfants qui demeurent au Congo n'ont aucune façon de les rejoindre ici, au Canada, et les enfants qui sont au Canada doivent abandonner leur rêve d'avoir une éducation postsecondaire. Les parents doivent se résigner à travailler au salaire minimum, même si dans leur pays d'origine, ils étaient des professionnels.
[Traduction]
Certaines des demandes rejetées ont été analysées par la Coalition Vies en suspens. Son rapport intitulé « Des vies en suspens — Les limites des considérations humanitaires » révèle que les décisions rendues dans les cas des demandes pour des raisons d'ordre humanitaire sont extrêmement inconstantes. On constate des décisions différentes pour des cas similaires. Cette inconstance est inévitable puisqu'il s'agit d'un processus au cours duquel chaque agent tire ses propres conclusions pour déterminer si les raisons d'ordre humanitaire sont valables.
De nombreuses personnes au Canada sont sans statut, et le Conseil canadien pour les réfugiés exhorte les parlementaires à trouver des solutions afin de régulariser leur situation. Dans l'intervalle, il faut s'empresser de régler le cas des personnes issues de pays visés par un moratoire. Leur situation est particulièrement urgente étant donné le risque qu'elles courent dans leur pays d'origine, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas y être renvoyées. Nous avons tout à gagner à les laisser continuer leur vie ici.
En ce qui a trait à la politique, nous avons deux recommandations à formuler. Premièrement, nous recommandons d'accorder la résidence permanente à toutes les personnes provenant de pays où il n'y a aucune déportation et qui vivent au Canada depuis au moins trois ans. Deuxièmement, nous vous encourageons à inviter des représentants de la Coalition Vies en suspens à comparaître devant le comité pour que vous en appreniez davantage au sujet de la situation.
Voilà qui met fin à notre exposé. Nous vous remercions beaucoup.
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Il y a une chose qu'il faut souligner, c'est que le délai varie énormément d'un bureau des visas à l'autre. Dans certains bureaux, c'est réglé souvent en quelques mois. Bien sûr, c'est ainsi qu'il devrait en être, selon nous. Les disparités entre ces bureaux sont en soi troublantes, parce que la façon dont on traite les gens ne devrait pas être fonction de l'endroit où se trouvent leur famille.
Cela signale aussi un problème dans les bureaux des visas. Il semble que certains agents des visas sont tout simplement débordés par le nombre de dossiers qu'ils doivent traiter et ils mettent plus de temps pour en arriver aux dossiers qui doivent l'être.
Nous avons parlé longuement au ministère de l'Immigration des divers obstacles que comporte le processus. Certains sont hors du contrôle des proches des réfugiés ici au Canada, comme les exigences de documents qui prouvent le lien de parenté. Les agents d'immigration en viennent parfois à demander une analyse de l'ADN. C'est un processus qui, à lui seul, prolonge les délais parce qu'il prend beaucoup de temps. Il arrive que des réfugiés doivent attendre d'avoir l'argent, parce que c'est assez cher, en plus du délai de traitement lui-même.
Divers efforts ont été déployés par le ministère de l'Immigration pour accélérer le processus. Mais quand on constate que les délais restent aussi longs en dépit de l'attention portée à ce problème, la question qui se pose, c'est pourquoi ne pas prendre le taureau par les cornes, reconnaître que c'est inacceptable, laisser les proches venir au Canada et faire tout le traitement au Canada? Ce serait probablement moins coûteux pour nous.
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Cela semble être une partie du problème. Ils parlent aussi des difficultés de communication.
De toutes évidences, les proches des réfugiés, par définition, sont souvent dans une situation très difficile. Ils peuvent être dans des pays déchirés par la guerre. Parfois, nous avons aussi à faire à des enfants séparés. Les parents sont au Canada et les enfants sont laissés en arrière, avec un proche ou un voisin. Même dans ces cas-là, qu'on pourrait penser que les Canadiens jugerait absolument de la plus haute priorité, cela peut durer des mois, même plus d'un an, très souvent.
S'il y a toujours des obstacles à l'avancement du processus, pourquoi ne pas simplement dire que ces gens-là devraient immédiatement venir au Canada, et régler la paperasse ici?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Puisque le Parti conservateur a posé les premières questions, je suppose que M. Komarnicki passera son tour à la première ronde.
Une voix: [Note de l'éditeur—Inaudible].
L'hon. Andrew Telegdi: Eh bien, d'accord. C'est ce que je faisais quand j'étais président, pour être sûr que tout le monde ait la chance de parler. Et ensuite, en fin de compte, quand c'était mon tour, je prenais la question.
Je suis heureux que vous ayez soulevé le problème du gaspillage de temps et de ressources. Si vous regardez le ministère, nous gaspillons des quantités incroyables de ressources, de temps et de main-d'oeuvre sur des choses absolument idiotes, selon moi, notamment l'analyse de l'ADN. C'est très coûteux et ce n'est qu'un obstacle pour empêcher les gens de venir ici, particulièrement de l'Afrique. Ces gens-là sont constamment en danger, bloqués là à attendre en zone de guerre, si je puis dire. Personne, ici, n'irait dire que les camps de réfugiés du Soudan et du Darfour ne sont pas très dangereux, et les femmes — et j'ajouterais même les enfants — ne peuvent pas en sortir en quête de bois sans risquer le viol.
Il y a autre chose qui nous fait perdre notre temps, et c'est ce genre d'affaires dont parle la presse actuellement, l'affaire de M. Joe Taylor. Notre comité a rencontré M. Taylor, le fils d'un soldat canadien et son épouse de guerre. Ce procès nous prend une quantité incroyable de ressources. M. Taylor a gagné devant les tribunaux, un juge de la Cour fédérale a déclaré inconstitutionnels des aspects de la Loi sur la citoyenneté, et pourtant, le gouvernement a interjeté un appel à 16 h 30 vendredi après-midi.
Quel gaspillage phénoménal de ressources! Le gouvernement doit payer une partie des frais de M. Taylor, et pourtant, les bureaucrates estiment encore avoir des ressources illimitées à gaspiller sur des procès aussi bêtes que celui-là. Et cela continue. Il y a aussi l'affaire des Canadiens perdus.
Alors c'est vraiment ennuyeux. Comme je siège ici depuis 1998, je sais que vous n'avez pas vraiment de problème avec les membres de ce comité. Le comité parvient à une entente. Le problème, c'est avec les sous-ministres adjoints du ministère et les directeurs des divers services. Il nous faut trouver le moyen de nous assurer qu'ils fassent le travail prioritaire qui doit être fait.
Vous avez parlé de la Section d'appel des réfugiés. Le comité a examiné la question et nous nous sommes tous entendus là-dessus, mais rien ne s'est passé. La réalité, c'est que si nous avions cette Section d'appel des réfugiés, nous aurions probablement pu accélérer le traitement des dossiers et la Cour fédérale en aurait moins à régler. Nous aurions un système beaucoup plus efficace. Nous en avons discuté au comité.
C'est qu'on pourrait continuer indéfiniment, ici. Prenez le Safe Third Country Agreement; vous avez raison, nous n'avons pas reçu ce rapport parce que les ressources sont monopolisées par la lutte contre M. Taylor et d'autres dossiers scandaleux. Cet accord du pays tiers m'a fait passer quelques nuits blanches. Le comité a toujours eu exactement la même perspective sur la question.
Pour revenir aux questions que vous avez soulevées, je peux parler d'après mon expérience personnelle ici. C'est le 50e anniversaire de la révolution hongroise. Je suis passé par le système des réfugiés. J'y suis passé quand il était à son meilleur. Il y avait un leadership politique qui avait sa source dans les plus hautes sphères. Le Canada était probablement au sommet de sa gloire. Certains changements qui ont été apportés ont eu une incidence sur M. Rahim Jaffer, qui est venu de l'Ouganda en tant que réfugié.
Quand nous le voulons, nous nous débrouillons très bien. Voyez ce que nous avons fait avec les Kosovars. Des efforts herculéens ont été déployés qui ont fait que les Canadiens ont ouvert leur coeur et leurs bras. Nous avons reçu bien des gens du Kosovo. Nous pouvons le faire. Mais il nous faut renoncer à certaines de ces choses qui gaspillent des ressources, qui gaspillent le pouvoir des gens et qui n'ont aucun sens. Il n'y a aucun sens à laisser un enfant pendant deux ans croupir dans un camp de réfugié, sans possibilité de développement, sans possibilité de s'acclimater à ce pays-ci, sans pouvoir aller à l'école, sous des prétextes d'analyses bureaucratique.
Vous avez parlé d'une chose... je vais y revenir. En tant que député,j'ai fait des recommandations de nominations. Croyez-le ou non, bien souvent, j'ai proposé la candidature de membres d'autres partis politiques parce que je savais qu'ils étaient intéressés à servir.
Cela m'amène à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Si j'ai bien compris, il n'y a pas de renouvellement de mandats. C'est le grand nettoyage.
Je sais que ce comité a parlé d'une proposition axée sur les compétences... Nous avons eu le rapport de la vérificatrice générale, et nous avons parlé de la nécessité de nous assurer qu'il y ait une durée de service et de la continuité.
Si on est lents à combler les postes vacants et on nomme de nouveaux membres, cela va vraiment nuire au système. Le comité a décrété, avec une unanimité spectaculaire, quand j'étais président, que nous ne devrions pas procéder à des nominations fondées sur des considérations d'ordre politique et que nous voulions nous assurer de suivre les conseils de la vérificatrice générale dans son rapport.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Je pense que ce pourrait être un excellent avant-projet pour les travaux de la commission des réfugiés, et vous dites qu'il y a une crise qui couve. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
:
Je pense que vous avez raison, pour ce qui est de la situation actuelle.
Nous vivons beaucoup de stress — le secteur des ONG, la société civile — parce que les gens parlent du processus des réfugiés qui devient de plus en plus long. Je pense que le gouvernement en est responsable en partie, parce qu'il n'y a pas eu de renouvellement des mandats, ou très peu. Je ne me rappelle pas qu'il y en ait eu. Le pire, c'est qu'il n'y a même pas eu de nouveaux membres nommés à la CISR. Son effectif a été réduit de près de 50 p. 100 de sa pleine capacité, donc il y a peu de membres pour traiter les dossiers, ce qui fait que le processus d'obtention du statut de réfugié est de plus en plus long.
Ce que nous craignons, c'est que certains secteurs de la société qui ne comprennent pas cette situation particulière vont l'exploiter, ce long processus, contre la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Si cela arrive, nous allons être confrontés à une crise politique et à des appels au réexamen du système de détermination du statut de réfugié parce que le processus est trop long. Il serait possible de résoudre ce problème si nous commencions à nommer des membres à la CISR de façon normale, ou comme on l'a fait dans le passé.
Je sais que nous avons des problèmes avec des membres de la CISR, ne vous méprenez pas, nous sommes très conscients de cette situation. Nous disons depuis longtemps que la solution ne réside pas dans les nominations politiques à la CISR. Mais d'un autre côté, le système nous fait défaut.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier le Conseil canadien pour les réfugiés de venir témoigner encore une fois devant nous. J'ai eu l'occasion d'entendre les représentants du conseil plusieurs fois depuis que je suis députée. Je commence à penser que personne n'écoute et que personne n'insiste sur la nécessité d'accueillir des réfugiés. J'ai côtoyé ces personnes au cours des dernières années et je peux vous dire qu'elles ont vraiment le goût de s'intégrer à la société, tant au Québec que dans le reste du Canada.
Depuis peu de temps, nous recevons des statistiques du ministère sur le nombre de personnes en attente. Ce qui me désole, c'est le nombre grandissant de personnes en attente qu'on observe au fil des ans dans certains bureaux, que ce soit à Nairobi, Damas ou Islamabad.
Dans le cas d'Islamabad, il est triste de constater qu'on refuse la demande de statut de réfugié de personnes provenant de l'Afghanistan parce qu'elles ne sont pas arrivées à se qualifier. Mon bureau se penche sur ces dossiers depuis quelque temps. Le Canada pourrait faire beaucoup plus pour accueillir ces gens, compte tenu de la guerre qui sévit à l'heure actuelle dans ce pays. Ces personnes sont parrainées par des groupes ou des organismes, et Mme Simpson a dit plus tôt que ces groupes recevaient un soutien financier. Ces personnes pourraient donc venir au Canada à moindre coût.
J'aimerais également parler de la question de la réunification familiale. Je parle encore des mêmes bureaux, soit ceux de Nairobi, d'Islamabad, de Colombo et de la Côte d'Ivoire, ce dernier s'étant ajouté au cours des dernières années. Ce qui m'attriste, c'est que le comité a eu la chance de rencontrer des gens au mois de mai dernier, dont une dame qui attendait la réunification de ses enfants. Son aînée est décédée au cours de l'été. Ses enfants sont maintenant ici.
Comme vous, monsieur le président, on a fait des pieds et des mains pour alerter les autorités sur place. Il a fallu six ans pour réunir la mère et ses enfants. La mère, alors gardienne de sécurité, avait été témoin d'un rapt d'enfant en vue d'en extraire des organes vitaux. Elle a d'abord cru qu'il s'agissait d'un groupe rebelle ou de bandits, puis elle s'est aperçue que c'était un système organisé. Elle en a subi le contrecoup, dont la perte d'un de ses petits garçons.
La situation des réfugiés n'est pas toujours facile. Lorsque des personnes déposent une demande et qu'elles sont appuyées par leur communauté, on doit faciliter leur venue.
Les gouvernements précédents et le gouvernement actuel ont promis de revoir le système de détermination du statut de réfugié. À plusieurs reprises, des témoins ont comparu devant le comité pour dire que le système fonctionnait mais qu'on pourrait en améliorer certains éléments. Le CCR pourra en dire davantage sur le processus décisionnel. Cependant, en ce qui concerne la nomination des commissaires, on fera très bientôt face à une pénurie de personnel, ce qui aura des répercussions sur la qualité des décisions.
J'aimerais que le CCR nous dise combien de temps il faut à un commissaire pour être totalement fonctionnel. De plus, j'aimerais qu'il fasse des commentaires sur le poids des exclusions dans les décisions qui sont rejetées. Le fait qu'on rejette d'emblée la demande d'une personne qui est un policier est un bon d'exemple d'exclusion.
Je reviendrai avec d'autres questions, mais j'aimerais qu'on m'explique auparavant comment on prend les décisions et pourquoi on a le faux sentiment que le système actuel est doté d'un filet de sécurité.
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J'aimerais souligner que les problèmes occasionnés au Canada par l'absence d'un mécanisme d'appel existent également à l'étranger. Plusieurs demandes parrainées par le secteur privé sont refusées et, dans certains cas, il nous semble que les décisions négatives ne sont pas fondées.
Lorsqu'une personne passe une audience devant la CISR au Canada, il peut y avoir des erreurs. Il y en a effectivement, et c'est la raison pour laquelle on lutte pour obtenir un mécanisme d'appel. Au Canada, à tout le moins, une audience dure deux heures au minimum, et la personne est même appuyée par un conseiller ou un avocat. Certains commissaires ont une formation poussée et ont accès à une base de données et à de la documentation.
Par contre, à l'étranger, les agents de visa n'ont pas accès à cette documentation et n'ont pas la même formation, et les réfugiés ne sont généralement pas représentés par un avocat. Ils ne comprennent probablement pas la définition de réfugié, et les entrevues durent souvent une demi-heure seulement. Il est certain qu'on ne peut pas prétendre prendre une bonne décision après une demi-heure d'entrevue, surtout lorsqu'il y a de l'interprétation.
En raison de l'absence d'un mécanisme d'appel et du manque de rigueur dans les décisions prises, le processus décisionnel à l'étranger devrait nous préoccuper beaucoup. Au cours de notre réunion, nous avons discuté des décisions prises à Damas, notamment au sujet de demandeurs irakiens. Nous savons tous ce qui se passe en Irak. Nous savons également que le taux d'acceptation y est très bas. Les demandes de personnes qui semblent avoir de bonnes raisons de fuir l'Irak sont refusées par nos agents de visa. Cette question est très préoccupante.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier d'être ici, encore. Le travail que fait le CCR dans tout le Canada, et avec toutes vos organisations membres, est tellement important pour tellement de gens. Merci pour tout cela.
J'aimerais pouvoir vous donner une chance d'exprimer plusieurs choses pendant les sept minutes qui me sont allouées. Je me demande, d'abord, Debra, si vous pouvez parler un peu du programme de parrainage par le secteur privé. C'est un programme très important, et comme vous l'avez dit, il est unique dans le monde. Je pense qu'il a été un modèle pour le monde et qu'il a fait l'envie partout. Le gouvernement nous dit souvent maintenant constater qu'il est exploité pour le parrainage en coulisse de membres des familles. Que pensez-vous de ce commentaire, et comment voyez-vous l'utilisation de ce programme? Qui sont les demandeurs de ces 14 000 dossiers en souffrance?
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Je vous remercie de soulever cette question, parce que quand j'ai parlé de l'inquiétude que suscitait la perception qu'avaient du programme les agents des visas et ceux de CIC, CIC a dit craindre que ce soit ce que nous faisons, que nous utilisions ce programme pour faire entrer des proches par la porte arrière.
La réalité, c'est que nous avons une obligation, en tant que signataires d'une entente de parrainage et que groupes de parrainage qui travaillent avec les signataires d'ententes de parrainage, d'évaluer chaque dossier que nous proposons. Nous devrons faire une évaluation, pour déterminer si, oui ou non, ces gens correspondent à la définition d'un réfugié. Ce n'est qu'après que nous allons soumettre un dossier pour le parrainage.
Il est vrai que les gens ont des proches à l'étranger. Il est aussi vrai que ce sont des réfugiés, et nous n'utiliserons ce programme qu'à cette fin. Nous sommes fermement convaincus que c'est un programme de protection seulement, et non pas un moyen pour faire venir des proches.
Il est malheureux qu'il n'existe pas de définition plus large de « membres de la famille » dans les autres programmes pour faciliter la réunification de certaines familles. Par exemple, si vous avez un membre de votre famille qui a plus de 22 ans, un enfant âgé de plus de 22 ans, vous ne pouvez pas recourir au programme de parrainage de la catégorie famille pour le faire venir ici. Je ne dis pas, quand même, que nous utilisons ce programme pour cela. Il sert à faire venir des réfugiés.
Au Canada, nous avons ce programme depuis, quoi, 27 ans? Bien des gens sont venus au pays, en tant que réfugiés, grâce à ce programme. Ces gens-là sont ici maintenant, au Canada, et ils connaissent des proches, à l'étranger, qui vivent des situations semblables à celles qu'ils avaient vécues. C'est ainsi que nous entendons leurs histoires.
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Oui. Je ne pense pas que nous puissions nous appuyer sur des études bien précises, mais logiquement, et d'après ce que nous observons, c'est très coûteux quand les familles ont été séparées longtemps. C'est en partie parce que les proches vivent dans des milieux terriblement malsains. Nous avons des gens — des enfants et des conjoints — qui n'ont pas accès à des soins de santé adéquats. Ils arrivent dans un état de santé lamentable. Si on les avait traités plus tôt, avec les services de Santé du Canada, leurs problèmes auraient pu être évités.
Il y a aussi les problèmes de la scolarisation. Les enfants qui n'ont pas été à l'école ou très peu, qui arrivent après plusieurs années, sont en retard, évidemment, et cela entraîne des coûts pour la société canadienne.
Il y a aussi les coûts de la fragilité de la famille, parce qu'il est très difficile pour les familles de se réunir après une très longue séparation. Il y a une chose en particulier, que nous disent encore et toujours des membres des familles, c'est qu'il y a un manque de confiance. Quand un enfant se fait dire à l'âge de huit ans que non, il ne peut pas être avec ses parents, ou qu'il ne peut être réuni avec son père, peu importe le nombre de fois qu'on lui dit que ce n'est pas faute de son père, que son père fait tout en son pouvoir pour convaincre le gouvernement canadien de le faire venir ici, l'enfant se sent abandonné par son père. Et cette relation devient difficile.
Ça l'est aussi pour les conjoints. Nous avons des tas de gens qui viennent en larmes dans nos organisations membres, disant... J'ai entendu parler d'un homme qui a demandé au conseiller de téléphoner à sa femme et de lui expliquer, parce que sa femme ne le croyait pas quand il lui disait qu'il faisait vraiment tout ce qu'il pouvait pour la faire venir.
Comment réparer ces relations? Eh bien, les familles viennent, et beaucoup d'entre elles s'en sortent, mais il y a aussi du stress, et il entraîne des coûts aussi.
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Merci, monsieur le président.
J'apprécie beaucoup vous entendre car j'aimerais participer à votre conférence à Montréal, en novembre. Je pense que ce serait très informatif, et cela nous aiderait certainement.
Merci pour cette présentation, d'avoir parlé des éléments de grande préoccupation. Il est évident qu'il nous faire des progrès dans certains de ces domaines.
M. Telegdi a soulevé le problème des nominations à la CISR. Nous avons pris certaines mesures dans ce sens. Je dois, bien entendu, rappeler à M. Telegdi que c'est un processus dont nous avons hérité. Nous avons fait quelque chose pour le régler. Nous espérons, bien sûr, nettement réduire ces délais pour les nominations. Pour les premières nominations, il y a eu des annonces dans divers journaux nationaux et régionaux. Nous avons reçu des candidatures et nous espérons pouvoir nommer à ces postes des gens compétents et qualifiés. Au fur et à mesure que les postes seront comblés, le problème dont vous parliez ne pourrait que s'atténuer.
J'apprécie vos commentaires sur la manière dont les demandes sont traitées dans le système. Vous avez dit qu'un examen judiciaire est peut-être coûteux; c'est un processus assez long, et très étroit. Comme vous l'avez dit, seulement une personne sur dix passe, alors elle en laisse beaucoup derrière.
J'aimerais vous poser une question. Comment cela se compare-t-il à une demande de statut de réfugié qui passe par tous les engrenages du système, quand on regarde le tableau d'ensemble? Quel pourcentage ne se rend pas au bout?
Deuxièmement, vous avez parlé d'examen des risques avant renvoi. Il y a la demande pour motif d'ordre humanitaire et de compassion, le contrôle judiciaire et, bien sûr, la décision est prise en premier lieu par celui qui examine les faits. Est-ce que nous devrions réévaluer tout ce système, sa mécanique, en ce qui concerne les réfugiés?
Comment est-ce que notre système se compare à celui d'autres pays? Il est évident que nous avons des demandes fondées sur les motifs d'ordre humanitaire et de compassion, que n'importe qui peut faire s'il est refusé. Nous avons l'autre processus d'examen des risques avant renvoi, le contrôle judiciaire. Est-ce que d'autres pays ont tout cela dans leur système? Comment nous comparons-nous? Est-ce qu'il y a des améliorations à apporter dans certains domaines?
Et puis aussi, j'aimerais poser une question à Mme Simpson au sujet du parrainage par le secteur privé. Il ne fait aucun doute que les délais sont coûteux et posent problème; c'est un problème évident qu'il faudrait régler. Est-ce qu'il y a autre chose qu'on pourrait faire en ce qui concerne les parrains potentiels du secteur privé? Peut-on faire plus pour stimuler l'intérêt pour cette démarche? Il serait sensé de stimuler la participation de ceux qui sont déjà intéressés et prêts à investir financièrement et par l'infrastructure et de catalyser l'empathie du public. Peut-être pouvez-vous aussi en parler.
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J'aimerais répondre à la question sur la nomination à la CISR. Nous nous inquiétons beaucoup qu'on ne renouvelle pas les mandats de membres actuels. Cela s'est déjà fait, mais on dirait que la règle générale, c'est que cela ne se fait pas.
C'est inquiétant pour plusieurs raisons. L'une est que le système se révèle politique si des candidatures sont éliminées parce que ce sont des gens qui ont été nommés par un gouvernement antérieur, et c'est certainement l'impression qu'on a. C'est ainsi qu'on perd beaucoup de membres hautement qualifiés de la Commission, des gens qui pourraient être des mentors et faire progresser le système.
Si on perd un grand nombre de gens qualifiés et qu'on les remplace par des gens nouveaux, les nouveaux peuvent être excellents, mais il leur faudra au moins six mois pour atteindre la bonne cadence, alors il y a beaucoup de gaspillage, et s'ils n'ont pas l'encadrement de membres chevronnés, ils pourraient mettre plus de temps à y parvenir. Alors nous nous inquiétons de la réticence apparente du gouvernement conservateur à renouveler le mandat de membres compétents et qualifiés actuels.
Pour ce qui est de votre commentaire général sur le système de statut de réfugié, je pense qu'on peut dire sans se tromper, selon notre perspective, que le système du Canada, comme Francisco le disait, est digne d'éloges, particulièrement en regard d'autres pays du globe. Il y a en a beaucoup qui ont des systèmes extrêmement compliqués avec de nombreuses étapes. L'un des grands avantages du système canadien, c'est que nous avons investi dans un processus décisionnel de premier niveau très compétent. Plutôt que de perdre du temps à prendre une décision de premier niveau qui, la plupart du temps, sera annulée en appel, nous avons un processus de détermination de premier niveau du statut de réfugié qui, de façon générale, est bon. Des erreurs sont faites, mais elles restent encore très peu fréquentes. Cependant, il arrive que des erreurs soient faites, et c'est pourquoi le système doit avoir un processus d'appel.
Nous ne demandons pas une refonte complète du système — vous avez parlé des divers éléments. Nous avons dialogué avec le ministère, et nous dialoguerons avec plaisir avec quiconque veut discuter des diverses possibilités d'ajustements ici et là, et il est certain que nous avons bien des suggestions à faire sur la manière dont toute la mécanique pourrait mieux tourner. Mais les fondements du système, selon nous, sont en fait très solides.
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Merci, monsieur le président.
Et merci à vous trois d'être venus nous faire cette présentation aujourd'hui.
Je suis relativement nouveau au comité, mais il me semble cerner un thème commun parmi tous nos témoins, et c'est le cumul du travail en souffrance dans tous les aspects de l'immigration, que ce soit chez les travailleurs spécialisés, les familles ou les réfugiés.
J'aimerais attirer votre attention — je suis sûr que vous en êtes au courant et vous en avez parlé tout à l'heure — sur le fait qu'il n'y a pas de renouvellement de mandats ou de nouvelles nominations de membres de la CISR. Quand je vois cela, je me demande si cette situation pourrait vraiment devenir pire, et pourtant, les jours passent, ce nouveau gouvernement est toujours en poste, et les problèmes ne semblent que s'accumuler.
Ça fait maintenant neuf mois, il manque 34 membres à la Commission, et d'après les prévisions, si rien n'est fait d'ici à mars, ce pourrait être 64 membres, ou près de 50 p. 100 de l'effectif de la Commission, qui ne seront pas reconduits dans leurs fonctions.
Je sais que certains membres du Parti conservateur ont une certaine expérience des affaires et ont siégé à des conseils d'administration, et s'il leur était arrivé de travailler dans une compagnie dont le conseil d'administration n'était pas reconduit dans ses fonctions comme ici, il me semble qu'il y aurait eu une révolte des actionnaires. Et je pense que les Canadiens sont sur le point de se révolter contre ce gouvernement, à tout le moins ceux qui, comme vous, sont prêts de cette situation.
J'essaie de cerner les problèmes qui vont être exacerbés parce qu'il n'y a pas de renouvellement des mandats ou de nouvelles nominations. De toute évidence, le travail en souffrance ne fera que s'accumuler et s'aggraver. L'incohérence du traitement de ces dossiers ne fera qu'augmenter.
Et comme vous l'avez dit tout à l'heure, le manque de membres d'expérience et très qualifiés va poser un gros problème. Comme dans toute autre organisation, les gens qui sont là depuis quelque temps sont les mentors des nouveaux, mais si nous maintenons ce système, si les gens ne sont pas reconduits dans des fonctions et les postes vacants ne sont pas comblés, nous allons perdre les compétences et l'expérience que ces membres ont acquises avec le temps.
Et comme on l'a souligné plus tôt, le manque de nominations de francophones ne fera naturellement qu'accroître les injustices pour ce segment de notre société. Nous avons aussi entendu les témoignages de la vérificatrice générale, qui a recommandé — comme vous l'avez dit — un système de nominations non politiques, fondé sur le mérite. C'est le processus qui est en place actuellement, et c'est celui que le ministère est sensé appliquer.
Je me demande ce que vous pensez des raisons qu'a ce nouveau gouvernement conservateur minoritaire de traîner tellement pour procéder à ces nominations. Nous avons reçu le ministre ici, nous avons parlé de budget, et nous avons augmenté le budget de près de 40 p. 100, alors ce n'est pas qu'il manque d'argent.
Je me demande s'il y a des objectifs cachés, chez les conservateurs, si cette pénurie de nominations à la CISR n'est en fait qu'une manoeuvre tortueuse pour bloquer le système et refuser l'accès à des réfugiés. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Nous suivons cela depuis quelque temps, depuis la création de la CISR, en 1988. Ce que nous avons remarqué, c'est qu'il y a eu des problèmes avec les nominations pendant toute cette période, quel que soit le parti au pouvoir, et il y a diverses façons de politiser le système.
Nous avons fait des progrès, parce qu'il y a maintenant un processus de sélection qui est indépendant, non partisan, pour interviewer et tester les candidats potentiels de façon à ce qu'à la fin du processus, on ait des candidats que le processus a jugé compétents. Les noms de ces candidats sont alors transmis au gouvernement du jour pour qu'il procède à des nominations ou non, ou qu'il renouvelle des mandats.
Ce processus reste aux mains du gouvernement et, comme nous le voyons, il est sujet à diverses considérations. Il n'y a pas que le raisonnement qu'applique le gouvernement pour nommer ou non les candidats, mais il y a aussi cette perception qui existe.
La perception, tant parmi la communauté de défense des demandeurs que d'après ce que nous entendons au sein de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié... Les rumeurs vont très vites et font l'objet de diverses interprétations, sur ce qui se passe. Mais parce que le processus est politique comme il l'est, ces perceptions vont persister.
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Vous pouvez me laisser parler, maintenant, monsieur Wilson.
Je trouve que ce comité collabore généralement plutôt bien, et je ne peux pas comprendre ce député particulier, qui est là depuis peu, quand il se plaint de ce que ce système est en déroute. Je suis ici depuis 1997, et tout ce que j'ai pu que constater des délais, c'est qu'ils se prolongent. Je n'ai jamais compris pourquoi c'était ainsi. Nous essayons de trouver des solutions, mais même quand M. Telegdi était président, ce comité a travaillé très bien et a fait des suggestions, et pourtant, il semble que le problème ne fait que s'aggraver.
J'ai une question particulière à laquelle vous pourriez peut-être répondre, Janet. Vous en avez parlé. Vous avez dit quelque chose au sujet de certains bureaux des visas qui prennent jusqu'à trois ans, ou quelque autre délai, pour faire le traitement d'un dossier. Vous avez dit qu'il y en a qui prennent quelques mois seulement, ou même beaucoup moins. Je me demande si vous savez quels sont ces bureaux — lesquels prennent plus de temps et lesquels en prennent moins.
Je m'inquiète un peu, par comparaison, du fait qu'il me semble que certains bureaux des visas n'ont pas les ressources suffisantes en fonction du nombre de demandes qu'ils reçoivent et quand nous passons de certaines régions où il n'y a pas eu tellement de demandes, nous maintenons le même niveau de ressources. Je ne sais pas si vous avez ces renseignements. Vous avez tout de même dit qu'il y en a qui prennent moins de temps.
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Bien sûr. Les renseignements sont très accessibles, dans le site Web de Citoyenneté et Immigration Canada. Il y a un tableau des délais de traitement par catégories.
Si c'est pour les personnes à charge de réfugié, les membres de familles de réfugiés qui sont au Canada, nous vous avons remis des statistiques sur les longs délais de traitement. Si on regarde certains des bureaux de visas où les choses vont assez rapidement, 50 p. 100 des dossiers à Kuala Lumpur ont été réglés en trois mois — en fait, c'est 80 p. 100 des dossiers qui ont été réglés en trois mois. À Séoul, 50 p. 100 étaient réglés en deux mois; à Berlin c'est en quatre mois; à Viennes, cinq mois. Il y a des bureaux où les choses, bien souvent, se passent très bien, et bien entendu, nous aurions une vision tout à fait différente des choses si c'était le cas partout.
C'est très difficile pour les réfugiés. C'est difficile pour les organisations qui travaillent avec les réfugiés de voir qu'il y a des gens qui arrivent quelques mois après avoir fait leur demande, et pour d'autres cela prend beaucoup plus de temps. Il est certain que dans certaines régions, notamment en Afrique, où c'est beaucoup plus long, les gens se demandent pourquoi et ils font des hypothèses qui pourraient être erronées, mais ils ont l'impression qu'il y a un préjugé contre les réfugiés africains.
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Au sujet de ces nominations, il est clair qu'on veut nommer à ces postes les personnes qui y seraient le mieux. Je participe un peu au processus de nomination — l'examen des candidatures et les recommandations au premier ministre. L'une des choses que nous essayons de faire, c'est d'empêcher le processus de rester strictement politique. Nous essayons de notre mieux d'atteindre le reste des Canadiens, des gens qui pourraient être de bons candidats mais qui n'ont jamais eu l'occasion de siéger à ces conseils, et de recruter les meilleurs candidats possibles pour ces postes.
Je sais qu'on peut dire que l'expérience peut aider dans le processus — des gens qui connaissent bien le système et peuvent encadrer les nouveaux — mais si on regarde ce qui est arrivé aux récentes élections, nous avons de tout nouveaux ministres du Cabinet aux premières banquettes, de tout nouveaux députés, et nous faisons un assez bon travail, compte tenu du fait que nous ne sommes ici que depuis neuf mois. En dépit de ce que pense mon honorable collègue, le renouvellement n'est pas une mauvaise chose.
Ce que j'essaie de dire, c'est que nous ne voulons pas perpétuer ces retards. Nous espérons combler ces postes dans les prochaines semaines ou les prochains mois, avant la fin de l'année à coup sûr. Si nous trouvons de bons candidats pour combler ces postes, tant qu'ils vont faire un travail impeccable, dans le meilleur intérêt des réfugiés et des futurs immigrants, n'est-ce pas nécessairement ce à quoi nous devrions aspirer, selon vous?
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et monsieur, bonjour.
En lisant votre document, je me disais qu'il était désolant de voir des problèmes qui pourraient, si on y mettait de la bonne volonté, être résolus assez rapidement. Vous faites état du problème de la nomination des commissaires et du temps perdu. Ce problème a un impact important sur la vie des réfugiés qui viennent au Canada et sur les considérations humanitaires.
C'est dommage qu'on utilise toutes sortes de considérations politiques et toutes sortes de peurs, et qu'on ne fasse pas preuve de plus d'ouverture dans le processus d'accueil des réfugiés. Tant et aussi longtemps qu'on jouera le jeu politique, on n'aura pas de considérations humanitaires et on continuera à avoir ces problèmes.
Des organismes comme le vôtre pourraient participer aux décisions que prend le gouvernement et que nous prenons comme députés, car nous ne savons pas toujours parfaitement ce que vous vivez sur le terrain. C'est pourquoi nous devons demander à des partenaires tels que vous de nous suggérer des moyens d'accélérer le processus afin d'aider nos réfugiés ou ceux qui demandent le statut de réfugié.
Vous avez fait état d'un problème que je trouve extrêmement important, soit celui du manque de commissaires francophones. On sait que le gouvernement a exprimé le désir d'avoir plus d'immigrants francophones. Quelles sont les conséquences du manque de commissaires francophones au Canada? J'aimerais que vous me donniez toutes les conséquences possibles, tant pour le Québec que pour les autres provinces.
Merci d'être des nôtres aujourd'hui. Comme je fais mes débuts au sein de ce comité et du Parlement, j'en suis encore à apprendre beaucoup de choses au sujet de ce dossier, mais je constate notamment, tant du point de vue de l'immigration que des réfugiés, qu'il ne s'agit pas d'une question de partisanerie et pas non plus vraiment d'une question d'idéologie. Il semble s'agir de problèmes de logistique ou de difficultés administratives et bureaucratiques reliées au fonctionnement du processus.
Vous avez notamment fait valoir qu'il serait certes moins coûteux de faire venir les gens ici au Canada pour traiter les cas de réunification des familles, plutôt que de le faire à l'étranger.
Lorsque certaines personnes demandent un visa de visiteurs, il semblerait qu'on le leur refuse par crainte de se retrouver dans une situation très difficile si ces personnes décident de ne plus repartir après être arrivées ici. Ainsi, des gens qui auraient pu obtenir un visa de séjour auparavant se le voit désormais refuser parce qu'ils risquent d'invoquer les droits que leur confère la Charte une fois arrivés au Canada.
Est-ce que la situation serait la même pour la réunification des familles? Suivant votre suggestion qui voulait qu'il soit moins coûteux et plus simple de traiter ces cas au Canada, plutôt que dans le pays d'origine, y a-t-il vraiment lieu de s'inquiéter de voir ces gens, une fois arrivés au Canada pour que leur cas soit traité, peu importe le résultat, considérer que la décision est rendue parce qu'ils sont déjà au Canada et ne plus en repartir? Pour un gouvernement qui veut faire montre de prudence, s'agit-il ou devrait-il s'agir d'un sujet de préoccupation?
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Quelle gentillesse et quelle générosité! Merci, monsieur le président.
[Français]
Tout d'abord, excusez mon retard. Je suis ici, comme d'habitude.
Madame Dench, je voudrais simplement corriger une petite phrase que vous avez dite plus tôt. Selon vous, il y a beaucoup de commissaires qui parlent français. Je changerais le temps du verbe pour dire qu'il y « avait » beaucoup de commissaires qui parlaient français. Malheureusement, il n'y en a pas assez.
Dans le document que vous avez distribué, vous dites que 64 postes doivent être comblés. J'adresse ma question aux députés d'en face. Le gouvernement a-t-il vraiment l'intention de combler ces postes le plus rapidement possible?
Quand 64 personnes manquent dans une entreprise, cela veut dire que toute l'expérience acquise au fil des années — en tant qu'ancienne commissaire, je le sais bien — disparaît d'un coup ou en quelques semaines. C'est certainement le cas à Montréal, et je pense que c'est également le cas à Toronto. Je vous encourage donc à exercer encore plus de pressions sur le gouvernement conservateur, afin que ces postes soient comblés le plus rapidement possible. Cette situation occasionne des temps d'attente plus longs. De plus, après leur nomination par le gouvernement, les commissaires passent par une période de formation formelle et doivent ensuite acquérir de l'expérience.
Je fustigerais le gouvernement pour avoir renvoyé tant de personnes en même temps. Il devait procéder à des renvois, mais il aurait dû le faire par étapes, afin que la commission, par l'intermédiaire de ses différents bureaux — Montréal, Toronto, Vancouver, etc. —, puisse disposer d'une relève au fur et à mesure.
En ce qui concerne la question de la vidéoconférence, je suis totalement d'accord avec vous. Comme ancienne linguiste, je sais que les gens qui ne parlent pas très bien une langue ont énormément de mal à comprendre et à répondre au moyen d'appareils comme le téléphone, la vidéo, etc. Là encore, je pense que vous êtes très bien placée.
Je vous pousse un peu dans la direction que vous avez prise depuis très longtemps. Il est très important de rappeler au gouvernement actuel que la vidéoconférence n'est pas une solution pour des gens qui ont vécu des événements traumatisants, qui ne parlent pas nécessairement bien l'anglais ni le français et qui, malgré la présence d'un interprète, se retrouvent devant une machine.