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Puisque nous avons le quorum, je crois que nous devrions commencer. La séance est ouverte. Veuillez m'excuser du léger retard, mais notre autre comité n'a pas libéré la salle à temps.
Je vous souhaite la bienvenue à cette séance, au cours de laquelle nous poursuivons nos audiences sur le processus de nomination à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada.
Nous accueillons M. Joseph Allen, avocat et président de l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration, et Mme Janet Dench, directrice générale du Conseil canadien pour les réfugiés. Nous accueillons également, de l'Association du Barreau canadien, M. Stephen Green, secrétaire de la Section nationale du droit de l'immigration et de la citoyenneté, et Mme Tamra Thomson, directrice, Législation et réforme du droit.
Je vous souhaite à tous et à toutes la bienvenue et je m'excuse encore de commencer la séance en retard. Je crois que vous connaissez la procédure; certains d'entre vous avez déjà témoigné devant le comité. J'ignore si vous avez désigné un porte-parole pour le groupe ou si vous ferez des déclarations distinctes, mais je vous cède la parole.
Vous êtes le premier sur la liste, monsieur Allen. Vous pouvez faire votre déclaration préliminaire si vous en avez préparé une.
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Bonjour, et merci de me donner l'occasion de témoigner.
Je juge important de faire un très bref historique de la Commission. Créée en 1989 dans le but d'entendre des demandes, la Commission est un tribunal indépendant relevant du Parlement par l'entremise du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. En 1995, un Comité consultatif a été mis sur pied pour aider à la sélection des membres de la Commission.
En 1997, le vérificateur général a examiné une partie du processus de sélection des commissaires et a exprimé quelques préoccupations à l'égard du processus. En 2004, la ministre était . Afin de donner suite aux préoccupations du vérificateur général, elle a créé un système comprenant un Comité consultatif et un comité de sélection ont été formés; c'est le système qui est en place aujourd'hui.
En 2006, la ministre a demandé un examen du processus de nomination, qui a donné lieu au rapport de janvier 2007 que nous avons devant nous aujourd'hui, qui a été produit par le Secrétariat de la Commission des nominations publiques et qui traite de ces recommandations.
Nous croyons qu'il est important de vous signaler que quatre entités distinctes entendent les demandes.
Premièrement, il y a les membres de la Section de la protection des réfugiés qui siègent à la Commission pour entendre les demandes d'asile.
Deuxièmement, nous avons les fonctionnaires qui entendent les demandes liés à l'admissibilité : Êtes-vous autorisé à venir au Canada? Êtes-vous autorisé à venir en visite?
Troisièmement, un autre groupe, composé aussi de fonctionnaires, est en charge de la détention : Cette personne devrait-elle être réintégrée dans la collectivité canadienne?
Enfin, le dernier groupe, tout aussi important, est responsable de la Section d'appel des réfugiés, devant laquelle des citoyens canadiens et des résidents permanents témoignent pour savoir si leur conjoint ou conjointe, qui s'est vu refuser l'octroi d'un visa dans son pays, peut être admis au Canada; si un immigrant qui a été expulsé du Canada parce qu'il a commis un crime par exemple, peut rester ou non au pays; si un immigrant perd son statut de résident permanent pour des motifs de non-respect des exigences relatives à la résidence de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés; et enfin, si le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration peut ou non interjeter appel d'une décision visant un résident permanent ou même d'une personne en visite ici au Canada.
Nous trouvons le système de sélection existant très professionnel. Il est très efficace, et nous avons des personnes très compétentes qui siègent à la Commission pour entendre ces demandes. Dans le cadre du processus de sélection, comme on vous l'a précisé, on évalue ces compétences pour déterminer si une personne devrait être nommée ou non à la Commission.
À notre avis, le processus est apolitique. Il n'est pas fondé sur l'idéologie mais plutôt sur le mérite. C'est un processus de nomination fondé sur le mérite qui tient compte des compétences qui ont été proposées. La décision finale revient au ministre. Le processus protège et respecte la prérogative ministérielle.
Bien franchement, il y a une crise à l'heure actuelle. Quand le gouvernement a pris le pouvoir, cinq postes étaient vacants; il y a en a maintenant plus de 50 à combler.
Les Canadiens devraient être préoccupés par ce système de nomination, et ils le sont. La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés définit clairement ses objectifs, dont l'un est la réunification des familles. Le problème, c'est que les gens qui témoignent devant cette Commission qui tentent de faire accepter au Canada des membres de leur famille qui ont été refusés attendent jusqu'à trois ans parce qu'il manque de commissaires pour les entendre. Les Canadiens et les résidents permanents sont séparés de leur époux ou épouse, conjoint ou conjointe et parent parce qu'il n'y a personne pour entendre leur cause. Il y a actuellement huit requêtes portant sur cette question particulière déposées à la Cour fédérale : « Je suis Canadien. J'ai mon statut de résident permanent. On a refusé d'accorder un visa à mon épouse. Il n'y a personne pour entendre ma demande. Aidez-moi ». C'est ce qui se produit en ce moment.
Au plan de la sécurité, il n'y a personne pour entendre les demandes de particuliers qui devraient ou non être renvoyés du Canada. Il manque de commissaires, et nous avons des gens qui ont peut-être été condamnés et qui ont parfaitement le droit dans certaines circonstances de comparaître devant la Commission et de se défendre pour pouvoir rester — ou le ministre fait valoir le contraire —, mais il n'y a personne pour les entendre en raison de la pénurie.
Enfin, un grand nombre de fonctionnaires qui nous représentent, vous et moi, pour soumettre ces demandes ont peu de travail à cause du manque de commissaires pour les entendre. Nous avons donc des fonctionnaires de l'ASFC qui sont prêts à présenter des demandes devant des commissaires tout simplement inexistants.
Nous devons prendre une décision rapidement concernant la sélection de ces commissaires. Nous croyons avoir un assez bon système. Il est transparent et fondé sur le mérite. À notre humble avis, le fait de permettre au ministre de participer à la nomination des particuliers qui seront responsables de cette sélection n'offre tout simplement pas aux Canadiens un processus transparent fondé sur le mérite pour soutenir notre Commission. Le système actuel accorde encore au ministre la prérogative finale d'accepter ou de refuser.
C'est ce dont nous voulions vous faire part aujourd'hui. Merci.
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C'est presque impardonnable, compte tenu que je témoigne régulièrement devant la Section de la protection des réfugiés. Je devrais y être habitué.
Merci.
J'ai eu l'occasion de prendre connaissance de la lettre et des excellentes suggestions soumises par l'Association du Barreau canadien. La lettre met en évidence un grand nombre, voire la majorité, des inquiétudes et des préoccupations de nos membres à l'AQAADI. Je vais donc essayer de ne pas répéter le contenu de la lettre ou le résumé factuel des événements qui ont donné lieu aux préoccupations que nous exprimons ici aujourd'hui.
Pour être direct et bref, nous n'appuyons pas, pour la plupart des raisons énoncées dans cette lettre, la recommandation formulée dans le rapport de M. Harrison de la Commission des nominations publiques selon laquelle le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration devrait nommer des membres au Comité consultatif de la CISR, et à plus forte raison 50 p. 100 de ces membres. Nous n'approuvons pas cette idée.
Après des années de grave inquiétude en ce qui concerne un système trop souvent considéré comme boiteux et à saveur partisane, notamment chez les membres du Comité consultatif sur les pratiques et les procédures, le CCPP de la CISR, dont je suis membre depuis plus de quatre ans, le comité consultatif externe de la CISR a été créé en 2004, sous la direction de l'ancien président, M. Jean-Guy Fleury. Il a été mis sur pied dans le cadre de tentatives fort appréciées de la Commission d'améliorer la compétence de ses décideurs et de mettre en oeuvre un processus de sélection fondé sur le mérite conçu pour trouver des candidats dont le nom serait soumis à l'approbation du ministre en vue de leur nomination par le gouverneur en conseil.
Ayant discuté avec M. Fleury, je sais que son objectif n'était pas uniquement de nommer des personnes compétentes en fonction du mérite, mais aussi de recommander au moins trois candidats pour chaque poste de décideur vacant. Malheureusement, cet objectif a été fixé, comme l'a dit M. Green, à un moment où la Commission n'avait que cinq postes à combler. Je crois que cet objectif ne tient plus, maintenant que 50 postes doivent être comblés. L'objectif était louable malgré tout et le processus établi était excellent.
Bien que de nombreux membres du CCPP continuent d'exprimer des préoccupations concernant les processus de reconduction des commissaires existants de la CISR, la création du comité consultatif externe, dont le mandat était de trouver et de recommander des candidats compétents en fonction du mérite, a été très grandement appréciée.
Depuis la création jusqu'à la récente décision, à la fois malheureuse et, je pense, compréhensible, de démissionner pour des motifs directements liés aux questions actuellement à l'étude, le comité formé de membres très compétents, indépendants et capables entreprend de remplir son mandat afin de trouver les commissaires requis.
Au moment de leur démission, comme je l'ai mentionné plus tôt, les membres ont soumis pour approbation le nom de quelques 50 candidats approuvés et recommandés pour leur nomination par le gouverneur en conseil mais, si je comprends bien, la plupart de ces candidats n'ont pas été pris en considération ou ont été ignorés. Et ce, selon les propos même de M. Green, avec lesquels je suis d'accord, malgré la grave crise à laquelle la CISR est confrontée en raison d'une importante pénurie de commissaires et l'incapacité subséquente à répondre aux demandes et à remplir le devoir de rendre des décisions justes et éclairées promptement.
M. Green a fait état du problème concernant la Section d'appel de l'immigration. Je dirais que la Section de la protection des réfugiés a le même problème. Les gens attendent actuellement 12 mois, en moyenne, pour que leur demande fasse l'objet d'une audience complète et qu'une décision soit rendue. Bien des gens attendent depuis plus longtemps encore.
Ces retards ont des répercussions très néfastes pour les revendicateurs qui vivent ainsi une période de stress et d'incertitude. Il va de soit que cela représente également un fardeau important pour l'ensemble des Canadiens qui doivent assumer les dépenses et les coûts nécessaires pour aider ces personnes qui, plus souvent qu'autrement, ne sont pas en mesure de subvenir à leurs propres besoins lorsqu'elles arrivent au Canada. Il s'agit bel et bien d'une crise et des correctifs doivent être apportés rapidement.
Bien que le comité consultatif externe de la CISR ne pourrait probablement pas et n'irait certes pas jusqu'à prétendre que tous ses choix sont judicieux, il est primordial à notre point de vue que ce comité ne dégage absolument aucune perception de parti pris ou de partisanerie politique, ou de toute motivation autre que la simple volonté de sélectionner les gens suivant le principe du mérite. J'estime que les agissements des membres de ce comité dans le contexte de la crise récente montrent bien à quel point ils craignent que leur indépendance soit compromise.
Les recommandations du rapport qui préconisent la nomination des membres du comité consultatif externe par le ministre s'expliquent partiellement, selon moi, par une adhésion au principe voulant qu'il soit légitime et approprié que les candidats retenus soient au diapason des politiques gouvernementales.
Je dois très respectueusement exprimer mon désaccord à ce sujet. Le mandat et les fonctions des commissaires de la CISR consistent uniquement à entendre les parties en cause et les faits présentés en preuve et à rendre une décision conforme au droit, aux principes de justice naturelle, à la Charte canadienne des droits et libertés et à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Les politiques gouvernementales ne peuvent pas, et ne devraient jamais, être prises en compte dans ce processus décisionnel.
Je n'ai rien à redire contre l'argument voulant que les instances administratives de la CISR travaillent en harmonie avec les politiques gouvernementales. J'estime important que le président et le directeur général aient la confiance de la ministre et qu'ils soient à l'écoute des besoins, des politiques et des priorités du gouvernement afin de pouvoir prendre leurs décisions administratives en conséquence. La CISR a d'importants dossiers administratifs à régler et, de toute évidence, il en sera toujours de même. À ce titre, elle doit bénéficier de l'orientation du gouvernement. Je crois que la ministre a le droit de se faire conseiller par des personnes en qui elle a confiance.
À titre d'exemple d'un dossier stratégique pour lequel une orientation doit être fournie via la consultation et la coopération entre la ministre et le conseil de direction, on pourrait citer la gestion du volume de travail dans le contexte des ressources à la disposition de la commission, en gardant à l'esprit les contraintes budgétaires. Certains membres du comité ignorent peut-être qu'en 1993 et 1994, l'augmentation du nombre de cas de personnes demandant asile au Canada a mis à l'épreuve les capacités de la commission presque jusqu'au point de rupture, et que la division des appels doit actuellement traiter des dossiers dont le nombre dépasse largement ses capacités. Les arriérés et les retards ne cessent d'augmenter, tant à la section d'appel qu'à la section de la protection des réfugiés. Il faut trouver des solutions administratives. Le président doit travailler de concert avec la ministre, et bénéficier de la confiance de celle-ci, pour régler les problèmes de ce genre tout en respectant les politiques gouvernementales.
Cependant, le commissaire indépendant et impartial chargé de rendre les décisions ne devrait pas avoir à tenir compte de telles préoccupations. Quel que soit le nombre de revendicateurs ou d'appelants qui frappent à la porte, quelles que soient les considérations budgétaires auxquelles la commission est confrontée, quels que soient les choix faits par la ministre relativement au traitement de ces questions, le commissaire a pour seul rôle de rendre des décisions conformes au droit, une à la fois, un cas après l'autre, sans égard aux politiques gouvernementales.
Pour ce qui est de la section de la protection des réfugiés, le commissaire doit avoir pour seule et unique fonction et préoccupation d'interpréter les éléments de preuve qui lui sont présentés lors des audiences de manière à respecter la Chartre, la jurisprudence et les principes de justice naturelle, et de faire ensuite intervenir les articles pertinents de la LIPR de manière à déterminer si le revendicateur craint à juste titre d'être victime de persécution. Pour que ses décisions soient justes et équitables, le commissaire ne doit pas s'inquiéter des questions d'arriérés et de budgets ni avoir un rôle quelconque à jouer à cet égard.
Je veux donc respectueusement faire valoir que la sélection de commissaires assujettis aux politiques gouvernementales n'est pas souhaitable, et que votre comité devrait formuler des recommandations à cet effet. En permettant de telles nominations, on marquerait un recul dans les efforts déployés pour doter la commission de décideurs compétents et qualifiés, de commissaires capables de rendre des jugements dans des causes pouvant devenir une question de vie ou de mort.
En guise de conclusion, je veux souligner qu'au moment de sa création en 1989, la CISR était reconnue à l'échelle internationale comme un modèle à suivre dans la détermination du statut de réfugié. Je dirais qu'il en est toujours ainsi, qu'elle peut toujours servir d'exemple. C'est un tribunal administratif qui mérite toutes les ressources et tout le soutien dont il a besoin. C'est un tribunal dont le Canada et les Canadiens devraient être fiers. Cependant, l'une des lacunes persistantes, l'une des préoccupations continuelles qui ont miné cette institution depuis sa mise en place a été le problème des nominations partisanes dans un contexte de décisions erronées et de conduite inappropriée de certains commissaires. Je veux donc encore une fois respectueusement faire valoir qu'en permettant ne serait-ce que le moindre soupçon de parti pris et de partisanerie politique dans le processus de nomination des commissaires, on nuit énormément à la bonne marche de ce tribunal.
Merci.
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Je suis ici pour représenter le Conseil canadien pour les réfugiés, qui est un organisme de regroupement. Nous avons à peu près 170 organismes membres dans tout le Canada. Notre mandat est de promouvoir la protection des réfugiés au Canada et dans le monde, et l'établissement des réfugiés et des immigrants au Canada.
Je vais commencer par faire un peu d'histoire. Depuis la création de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le Conseil canadien pour les réfugiés a toujours relevé deux préoccupations fondamentales relatives à la commission : la question des nominations et le besoin d'un appel sur le fond pour les réfugiés.
[Traduction]
La principale source de préoccupation a été la qualité des nominations et des reconductions, c'est-à-dire qu'il y a lieu de se demander si les personnes nommées possèdent les compétences requises pour accomplir le travail. Le moment où l'on procède à ces nominations pose un problème connexe, mais tout de même important; il faut que des commissaires soient nommés lorsque des postes deviennent vacants.
Ce n'est pas la première fois que la CISR vit une crise en raison de lacunes au chapitre des nominations. En effet, différents gouvernements ont fait intervenir leurs préoccupations partisanes au détriment du processus décisionnel efficace et rapide dont la CISR a besoin. Il convient de noter que nous nous inquiétons à la fois des nominations et des reconductions. Dans ce dernier cas, nous nous préoccupons notamment de la perte de commissaires efficaces et expérimentés, des torts causés à la crédibilité de la CISR lorsque la nomination de commissaires incompétents est reconduite et du manque de motivation et de mobilisation des commissaires en poste lorsqu'il est manifeste que la reconduction de leur mandat n'est pas liée à leur rendement.
On vous a déjà parlé, et je pense notamment à M. Green, des tentatives de réforme. En réponse aux critiques soutenues relativement aux nominations partisanes et à la nomination de commissaires incompétents, il y a eu effectivement certaines tentatives visant à réformer le système. En 1995, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration alors en poste, Sergio Marchi, a mis sur pied un comité consultatif ministériel. Ce comité n'a jamais réussi à établir sa crédibilité. Certaines rumeurs laissaient entendre qu'il était constitué notamment de partenaires de golf du ministre. C'est peut-être la raison pour laquelle, après l'annonce initiale, on a très peu entendu parler de ce comité et les ministres ont même refusé de divulguer l'identité de ses membres au cours des années subséquentes.
En mars 2004, la ministre alors en poste, , a mis en oeuvre une réforme plus significative. Nous avons considéré qu'il s'agissait d'un pas dans la bonne direction, bien que nous continuions à avoir certaines inquiétudes. Dans une lettre adressée à la ministre en avril 2004, le Conseil canadien pour les réfugiés a attiré son attention sur les risques d'une réintroduction des nominations partisanes par des voies détournées, surtout si les successeurs de la ministre ne donnent pas suite à ses engagements. Nous avons notamment souligné le fait que le nouveau processus n'établissait pas de ratio entre le nombre de candidats et la quantité de postes vacants, ce qui risquait de permettre aux ministres de reporter les nominations en demandant que l'on soumette encore de nouveaux candidats jusqu'à ce qu'ils en trouvent répondant à leurs critères politiques, ce qui minerait d'autant les efforts consentis dans le cadre du mécanisme de présélection pour identifier les candidats les plus compétents. Nous nous sommes également alors dit préoccupés du fait que le processus ne traitait pas de la question des reconductions pour lesquelles il convient également de prendre des mesures de protection à l'égard de l'influence politique partisane réelle ou perçue. Nous estimons que la suite des événements a montré que les préoccupations que nous avons soulevées en 2004 étaient bel et bien fondées.
Pour ce qui est de la situation actuelle, comme nous l'avons tous dit, la CISR vit une crise en raison d'un manque de commissaires. Le problème est grave, car les effectifs sont réduits environ du tiers. Ce problème a pris progressivement de l'ampleur au cours des dernières années. La question des nominations en nombre insuffisant a commencé à se poser lors des derniers mois au pouvoir du gouvernement précédent.
Nous voulons souligner les effets dévastateurs de l'incapacité du gouvernement à nommer des commissaires pour les réfugiés et les personnes en attente d'un appel dans les cas de parrainage par la famille. Les revendicateurs doivent attendre de plus en plus longtemps pour une audience parce qu'il n'y a tout simplement pas assez de commissaires pour tenir ces audiences. C'est une situation très pénible pour les réfugiés qui doivent vivre une anxiété incessante en attendant de savoir si le Canada va les protéger. Cette attente est d'autant plus atroce pour les réfugiés qui sont séparés des membres de leur famille immédiate.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Un Irakien qui fuyait la persécution dans son pays est arrivé au Canada il y a 10 mois. Il attend toujours de connaître la date de son audience pour la revendication du statut de réfugié. Son épouse est demeurée avec leur bébé au centre-ville de Bagdad où chacun risque sa vie sans cesse. Si la CISR pouvait compter sur un effectif complet, cet homme aurait probablement déjà eu droit à son audience. Dans la situation actuelle, nul ne sait quand cela se produira ni quand, si sa requête est accueillie, il pourra amorcer les procédures pour faire venir son épouse et sa fille au Canada.
La situation est problématique en raison du refus —
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C'est une requête tout à fait légitime.
La décision du gouvernement actuel de ne procéder qu'à très peu de reconductions est particulièrement problématique. Cette façon de faire a des conséquences dévastatrices pour la CISR qui perd ainsi des commissaires compétents et voient décliner le moral de ses troupes au fur et à mesure qu'il devient évident que la compétence n'est pas reconnu. Il y a également des répercussions importantes sur la crédibilité du processus de nomination étant donné que la décision d'éviter les reconductions vient alimenter les anciennes préoccupations voulant que les nominations ne soient pas fondées sur le mérite, mais bien sur les liens avec le parti au pouvoir.
Le CCR continue d'avoir des doutes sérieux quant à la qualité des commissaires, qu'ils soient nommés ou reconduits dans leurs fonctions. Nous avons toujours reconnu qu'il y a de nombreux commissaires fort compétents. Malheureusement, il continue d'y en avoir un certain nombre qui ne possèdent ni les compétences ni les qualités requises pour rendre ces décisions de vie ou de mort très difficiles qu'exige la détermination du statut de réfugié.
Depuis que l'on a fait passer de deux à un seul le nombre de commissaires chargés de rendre une décision dans chaque cause, l'impact de l'incompétence de certains d'entre eux a pris une ampleur sans précédent. La requête d'un revendicateur du statut de réfugié n'est maintenant entendue que par un seul commissaire. Comme la qualité peut varier considérablement d'un commissaire à un autre, le système peut être apparenté à une forme de loterie où le sort d'un réfugié peut dépendre de l'identité du commissaire qui est chargé d'entendre sa cause. Étant donné que le gouvernement n'a pas mis en oeuvre le processus d'appel prévu par la loi, il va de soi que les mauvaises décisions rendues par les commissaires incompétents ne peuvent être rectifiées.
Dans un tel contexte, c'est bien évidemment à la grande consternation du CCR que nous avons appris la décision du gouvernement d'accepter la recommandation numéro 5 du rapport Harrison. Ainsi, un processus de nomination qui connaît déjà des problèmes est orienté en plein dans la mauvaise direction pour devenir encore plus politisé et assujetti à des considérations idéologiques. La participation de la ministre à la nomination des membres du jury de sélection va à l'encontre de tous les efforts déployés jusqu'à maintenant pour instaurer un régime de nominations non partisanes fondées sur le mérite au sein de la CISR.
Nous estimons que la démission du président de la CISR, Jean-Guy Fleury, est reliée à la question des nominations. Nous ne pouvons bien évidemment pas parler en son nom ou présumer des motifs de sa démission, mais nous savons très bien qu'il mettait tout en oeuvre pour procéder à un nombre suffisant de nominations en suivant le principe du mérite. Il est bien clair que ses efforts n'ont pas porté fruit.
J'aimerais terminer avec une recommandation formulée à ce sujet par le CCR en 1998. Cette recommandation demeure encore d'actualité. Il convient d'instaurer un système dépolitisé de nominations s'appuyant sur un mécanisme efficace et transparent de telle sorte que les candidats soient sélectionnés et que leur mandat soit renouvelé en fonction de leur capacité à accomplir le travail.
Merci.
Nous vivons vraiment une période très sombre de l'histoire de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Vous avez tous parlé d'une crise et c'est le terme que j'ai moi-même utilisé mardi.
La commission doit rendre les décisions de vie ou de mort; des familles sont séparées et certaines personnes peuvent perdre la vie en raison de l'incompétence des commissaires. Cette situation de crise est en fait créée par le gouvernement dans ses efforts pour renverser une lente évolution du processus qui a exigé beaucoup de temps.
Je tiens vraiment à féliciter l'ancien président de la Commission, M. Fleury, pour s'en être tenu à ses principes car je crois qu'il est primordial que tout le processus soit dépolitisé.
Je suis également préoccupé par la sécurité des Canadiens qui est mise en péril lorsque des individus qui ne devraient pas se trouver au pays doivent y demeurer en attendant leur audience.
Il y a un aspect qui m'a toujours particulièrement préoccupé — Vous savez, lorsqu'un juge est nommé à la magistrature, il n'est pas nécessaire qu'il soit reconduit dans ses fonctions. Il reste en poste tant que sa conduite est irréprochable. Je n'ai jamais été très à l'aise avec le principe de la reconduction à moins qu'il ne s'agisse d'une période de probation, mais une fois cette étape franchie, si la personne est nommée pour une période de 10 ou 15 ans ou peu importe, j'estime que c'est une bien meilleure façon de faire, si l'on veut se mettre à l'abri des influences politiques.
D'un point de vue historique, depuis la création de la CISR, je crois que Stevie Cameron a bien fait ressortir le genre de nominations auxquelles on a procédé au sein de la commission. Dans son ouvrage intitulé On the Take - Crime, Corruption and Greed in the Mulroney Years, il montre à quel point une influence politique s'exerçait de façon manifeste sur les nominations effectuées alors qu'on a vu d'anciennes épouses être nommées commissaires pour éviter à quelqu'un d'avoir à payer une pension alimentaire, en plus des petites copines de certains qui ont aussi eu droit à une nomination.
Je dois avouer qu'il a fallu un certain temps aux libéraux, une fois en poste, pour faire le ménage dans tout cela. Mais il faut bien dire que le nécessaire a été fait.
Ceci étant dit, j'aimerais connaître votre point de vue sur le processus de reconduction. Il semble que le gouvernement au pouvoir essaie d'apposer un sceau politique sur tout ce mécanisme. Lorsqu'on constate qu'un commissaire accueille un plus grand nombre de revendications qu'il ne l'aurait dû, on peut facilement lui refuser une nouvelle nomination.
Il me semble que nous devrions minimiser la nécessité de recourir à des reconductions, si nous voulons procéder à des nominations fondées sur le mérite. Il faut protéger les commissaires nommés en leur assurant un mandat d'une durée convenable.
J'aimerais connaître le point de vue de chacun d'entre vous à ce sujet.
D'après ce que j'ai compris, le Comité était conscient d'implanter un nouveau processus d'évaluation. L'examen, comme l'indique le rapport Harrison, est devenu un test écrit. Ainsi, les membres du comité estimaient qu'ils ne savaient pas encore si ce test écrit pouvait déterminer de façon adéquate si les candidats avaient effectivement les capacités nécessaires. Je pense qu'ils voulaient, au départ, permettre à ceux qui avaient échoué à l'examen de subir les autres étapes du processus de sélection, de sorte qu'on puisse vérifier s'ils se révélaient être, par les autres méthodes d'évaluation, de meilleurs candidats que certains autres ayant peut-être mieux réussi l'examen écrit.
J'imagine que ce serait une bonne chose que d'examiner tout le processus de sélection, l'examen écrit compris, pour voir jusqu'à quel point il produit les résultats escomptés. Autrement dit, comment s'en tirent les gens nommés? L'une des choses qui m'ont déçue dans le rapport Harrison — peut-être que cela ne faisait pas partie de son mandat —, c'est le fait qu'il ne s'attaque pas à la véritable question, à savoir si les gens nommés après être passés par ce processus s'avèrent être de très bons commissaires.
J'ai bon espoir que ce processus de sélection constitue une amélioration par rapport à l'ancien système; il semble assurément plus rigoureux. Mais nous continuons de nous demander s'il est suffisant, et si nous devrions avoir un processus d'évaluation plus sévère. Certaines des nominations qu'on a faites ont créé beaucoup de surprise et de désarroi dans le milieu, car il s'agit de personnes dont la réputation ne laissait pas croire qu'elles seraient de bons commissaires.
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Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins de leurs exposés.
J'ai pris bonne note des commentaires de Mme Dench au sujet de l'examen. J'aimerais en parler. Dans le rapport Harrison, comme vous l'appelez, il est question de trois aspects: l'examen écrit objectif, la fusion du Jury de sélection et du Comité consultatif et la nomination de trois membres sur six du dernier comité.
D'abord, dans le rapport, on peut lire ceci : « Le nouvel examen, en soi, semble un étalon raisonnable permettant de choisir les candidats en fonction des compétences que doivent posséder les commissaires. » On conclut donc que l'examen est valable.
On poursuit en disant : « On évalue le rendement des candidats par rapport aux quatre compétences évaluées dans le cadre de l’examen en les notant de « A » (il s’agit de la note la plus basse, 3 points) à « E » (la note la plus élevée, 15 points). Les candidats qui obtiennent seulement des « A » dans les quatre compétences (c'est-à-dire 12 points en tout) ne sont pas retenus pour la phase suivante. » C'est ainsi que cela devrait être.
On a ensuite examiné ce qui se passait dans la réalité. On en indique ceci : « Il convient de signaler qu’en raison des pratiques actuelles, un nombre important de candidats (28 p. 100 des candidats actuellement recommandés au ministre) », qui ont été retenus par les comités consultatif et de sélection, « n'ont pas respecté les exigences minimales en matière de compétences sur lesquelles il y a eu entente (c.-à-d. au moins quatre « C » et aucune note inférieure à « C ») ». Ils ont fait l'objet d'une évaluation après ce processus.
Monsieur Allen, êtes-vous d'accord avec la conclusion du rapport Harrison selon laquelle l'examen écrit est une bonne chose? On y recommande en fait d'établir une note de passage et d'éliminer tous ceux qui ne l'obtiendraient pas, plutôt que d'avoir ce taux d'échec de 28 p. 100.
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D'accord, c'est ce que je vais faire. Dans notre gouvernement, de nombreuses décisions de nomination sont prises sans aucune ingérence politique, alors que d'autres sont fondées complètement sur une décision politique, que ce soit pour un poste de sous-ministre, d'ambassadeur, de dirigeant d'une société d'État ou de juge. Au bout du compte, les nominations aux postes de commissaires de la CISR sont politiques. Ce que je trouve déplorable, c'est que le terme de « nomination politique » soit devenu péjoratif. Toute intervention politique dans cette prise de décision est devenue inappropriée. Il faut faire la part des choses. Je pense que, de toute façon, tous ici conviendront qu'il n'est pas approprié de nommer une personne qui n'a pas les compétences requises.
Si je comprends bien, on administrerait un examen pour déterminer les candidats potentiels qui ont les qualités ou les compétences requises. Si cet examen nous permet de séparer le bon grain de l'ivraie, à ce moment-là, tous les candidats qui se présenteront devant le comité consultatif seront jugés compétents. À partir de ce bassin de candidats, le comité pourra donc recommander au ministre ceux qui devraient être considérés pour une nomination, tout en sachant qu'au bout du compte, la décision appartient au ministre. Je crois que le comité consultatif s'efforce de fournir au ministre plus de candidatures que le nombre de postes qu'il a à pourvoir. Je sais qu'actuellement il y a un urgent besoin de nommer des commissaires. J'essaie de penser à long terme et d'envisager un modèle durable et fonctionnel.
Il y a inévitablement un aspect politique dans ce processus, et je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus. Par contre, je n'arrive pas à comprendre pourquoi les membres du comité consultatif sont nommés directement par le ministre plutôt que par le président de la CISR qui, comme nous l'avons dit plus tôt, serait désigné par le ministre... Je sais qu'on cherche à adopter une conduite irréprochable et à dissiper tout soupçon de parti pris à cause des problèmes de partisanerie que nous avons vus par le passé. Mais il faut être logique; on ne devrait pas dire qu'il n'y a pas de problème puisqu'on s'inquiète du fait qu'il puisse y avoir apparence de problème.
Au bout du compte, le ministre devra choisir une personne à partir de la liste. Par conséquent, je ne comprends pas en quoi une intervention politique est déplacée en ce qui concerne le comité consultatif quand on sait qu'en définitive, les nominations seront politiques de toute façon.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un grand honneur pour moi de siéger à ce comité. C'est mon premier jour au sein du comité. Je trouve tout cela bien fascinant.
Je n'ai que quelques observations à faire et quelques questions à poser aux témoins.
Merci beaucoup à tous de comparaître aujourd'hui.
Pour commencer, j'aimerais féliciter M. Fleury, qui a passé presque 42 ans dans la fonction publique, d'après ce que j'ai ici, de toutes ces années dans la fonction publique. Je crois qu'il a manifesté le désir de passer plus de temps avec sa famille et de relever d'autres défis. Il en a bien le droit, évidemment, et je lui souhaite beaucoup de bonheur.
Monsieur le président, je trouve doublement étrange d'entendre les députés libéraux de l'autre côté parler de la nécessité de dépolitiser la CISR ou bien honnêtement, n'importe quel autre conseil pour la même raison.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins, je vous remercie de votre témoignage d'aujourd'hui. Je n'ai que quelques questions.
Je me demande bien quel est le problème que nous voulons résoudre ici. Quel est le problème que nous devons examiner? Eh bien, nous avons un problème flagrant sous les yeux, une crise évidente qui n'était pas là il y a 15 mois, quand nous nous sommes assis ici pour la première fois. Quand nous nous sommes assis ici pour la première fois, il y a 15 mois, il y avait cinq postes vacants, cinq, à la CISR. Aujourd'hui, il y en a 54 et bientôt, il va y en avoir 57.
Cela me montre — Nous avons eu deux ministres depuis 15 mois, pour commencer le ministre Solberg et maintenant la ministre Finlay. Ils n'ont ni l'un ni l'autre été capables de faire leur travail ou prêts à le faire. Il est clair qu'ils ne font pas leur travail s'ils ne peuvent pas renommer de juges, de membres de la commission, afin de rattraper ce retard énorme.
La première question que je veux vous poser est donc : pourquoi la ministre ne fait-elle pas son travail en ce moment?
Ensuite, pourquoi la ministre et le gouvernement conservateur essaient-ils de changer tout le système des nominations et de le repolitiser, parce que je suis d'accord avec ma collègue que c'est une repolitisation? On a pris un système fondé sur le mérite qu'on a changé graduellement — Je leur accorde ce fait, mais en 2004, nous avions un système fondé sur le mérite qui fonctionnait et qui fonctionnait bien. Le gouvernement essaie maintenant de revenir à l'époque de Mulroney et de repolitiser le processus.
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Le comité ne peut pas dire qu'en raison de circonstances exceptionnelles, il n'a pas eu l'occasion de recueillir le point de vue des témoins sur ce projet de loi. Je pense que nous devons écouter ce qu'ils ont à dire. Je l'ai déjà dit dans le passé : la situation concernant la section d'appel des réfugiés est inhabituelle. Le projet de loi a été adopté et, pour une raison ou pour une autre, le gouvernement de l'époque a choisi de ne pas proclamer l'entrée en vigueur du seul article que contenait le projet du loi. Je trouve cela bizarre.
Par ailleurs, quand la Chambre des communes s'est penchée sur le projet de loi il y a quelques semaines de cela, j'ai indiqué qu'il y avait à la Chambre un ministre titulaire du portefeuille et quatre anciens ministres qui en avaient déjà été responsables. Aucun d'entre eux n'a voté en faveur du projet de loi. En fait, un ex-ministre libéral a voté contre, et deux autres se sont abstenus, un geste qui, dans une certaine mesure, en dit plus que le fait de voter contre.
Je l'ai déjà dit dans le passé, et je sais que certains de mes collègues croient que la section d'appel des réfugiés devrait être mise sur pied, que cela fait partie du processus. Toutefois, malgré tout le respect que je leur dois, je trouve intéressant que les gens qui connaissent très bien le ministère et les rouages du système, qui devraient être conscients de l'importance que revêt cette section aient de la difficulté à accepter l'idée qu'elle soit créée. Franchement, je trouve que le comité a fait preuve d'irresponsabilité quand il a décidé de ne pas convoquer certains anciens ministres pour leur demander, « Vous connaissez ce projet de loi. C'est votre gouvernement qui l'a adopté. Pourquoi êtes-vous toujours contre sa mise en oeuvre? »
Ensuite, s'il y a des personnes, des témoins de l'extérieur du gouvernement qui ont des réserves au sujet de la section d'appel des réfugiés... Ce matin, nous avons entendu beaucoup de témoignages éloquents concernant les longs délais de traitement. Or, je relève une certaine contradiction : nous voulons, d'une part, un système plus efficace et plus juste, qui est l'argument invoqué pour justifier la mise sur pied de la section d'appel des réfugiés, et, d'autre part, nous voulons accélérer le processus en introduisant autre étape qui est censée régler l'un ou l'autre de ces problèmes.
Il est maintenant 13 h 5. Je trouve qu'il est irresponsable de la part du comité d'essayer de trancher cette question dans les quelques minutes qui suivent.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à préciser que nous avons déjà examiné la motion qui proposait de convoquer les anciens ministres, et elle a été rejetée.
Par ailleurs, je ne crois pas, comme vous le dites, que les anciens ministres connaissent mieux le dossier que les membres du comité — si je ne m'abuse, vous avez dit qu'ils connaissent très bien le ministère. Or, il y a autour de cette table des gens plus intelligents qui sont en mesure de vous renseigner sur le sujet.
Ensuite, le Parlement a adopté une loi que nous essayons par tous les moyens de mettre en oeuvre. Il faut la mettre en oeuvre tout de suite. Nous avons entendu toutes sortes de témoignages qui démontrent que cette mesure permettait d'accélérer le processus.
Je tiens également à porter à l'attention du comité la lettre que nous avons reçue de l'Association du Barreau canadien, lettre qui précise que le fait de ne pas avoir mis sur pied la section d'appel des réfugiés a influencé de manière négative la qualité du processus décisionnel.
Je suis certain que tous les membres du comité tiennent à assurer l'intégrité de ce processus. Quoi qu'il en soit, nous avons déjà, après en avoir discuté, rejeté l'idée de convoquer les anciens ministres.
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Merci, monsieur le président.
On laisse entendre que le comité n'agit pas de façon responsable dans le dossier de la section d'appel des réfugiés, et il n'y a rien de plus faux. Si M. Devolin souhaite savoir pourquoi les anciens ministres sont contre l'idée de créer une telle section, il n'a qu'à lire les comptes rendus. Les raisons y sont clairement exposées, et à maintes reprises. En fait, chaque fois que l'un des ministres a comparu devant le comité, il a été questionné par au moins un membre du comité, sinon plusieurs.
Le comité lui-même, au cours de la présente législature, a tenu des audiences sur les questions touchant les réfugiés et, notamment, la section d'appel des réfugiés. Nous avons reçu plusieurs témoins. Tous les partis ont eu l'occasion de convoquer des témoins dans le cadre de l'étude sur les réfugiés au cours de la présente législature. Je tiens à vous rappeler que nous avons terminé la partie audition des témoins et que nous travaillons maintenant sur l'ébauche du rapport. Donc, je n'accepte pas que l'on dise que le comité n'a pas fait preuve de diligence raisonnable dans le dossier de la section d'appel des réfugiés.
Cette information relève du domaine public. Si vous faites des recherches, vous allez la trouver. Je suis certain que l'analyste peut vous aider à trouver ce que vous cherchez. Les enjeux ont été clairement cernés. Rien n'a changé de ce côté-là. Le nouveau gouvernement invoque les mêmes arguments que nous entendons depuis des années.
En ce qui me concerne, je suis irrité de voir que le dossier n'avance pas. J'aimerais que l'on examine le plus rapidement possible la motion de Mme Faille, de même que le projet de loi d'initiative parlementaire.
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Je voudrais tout simplement faire quelques commentaires.
D'abord, il est question ici de quelques jours. Le comité a accepté d'entendre un témoin. Voilà qu'il dit maintenant qu'il n'est pas nécessaire de le convoquer, même s'il a jugé utile de le faire à un moment donné.
Ensuite, comme M. Devolin l'a indiqué, au cours des deux ou trois dernières semaines, nous avons entendu trois ex-ministres qui soit se sont abstenus de voter, soit ont voté contre le projet de loi. Leurs commentaires sont consignés au compte rendu. Ils ont déclaré que, lorsque la mise sur pied de la section d'appel des réfugiés a été envisagée, il existait un arriéré de demandes. Cet arriéré a maintenant été réduit. Ils craignaient que l'ajout d'une autre étape — ainsi qu'on l'a mentionné aujourd'hui — ralentisse un processus qui, déjà, ne fonctionnait pas comme prévu. Ils ne sont pas allés de l'avant avec cette mesure, comme ils l'ont expliqué dans le passé, parce qu'elle ne tenait pas compte des autres aspects du système.
Il y a peut-être d'autres raisons, mais il y a des gens, au sein du ministère, qui ont vu comment les choses se passaient et qui ont suivi l'évolution du dossier. Je ne vois pas pourquoi le comité ne peut pas inviter, à tout le moins, une des personnes qui s'est opposée au projet de loi afin qu'elle lui explique pourquoi elle s'oppose à la création de la section d'appel des réfugiés quand certains membres de votre parti appuient l'initiative. Il se peut qu'il y ait des raisons valables plus récentes. Je connais les faits. Toutefois, l'idée suscite une certaine opposition. À l'heure actuelle, ils sont contre. Je trouverais normal qu'on les invite à comparaître devant le comité pour qu'ils nous expliquent pourquoi ils s'opposent aujourd'hui au projet, compte tenu des positions adoptées dans le passé.
Je modifierais la motion en vue de permettre à l'un des ex-ministres, ou les trois, de comparaître devant le comité afin qu'ils nous expliquent de manière précise pourquoi ils se sont abstenus de voter ou ont voté contre le projet de loi.