:
La séance est ouverte. Le comité poursuit ce matin son étude sur les questions touchant les réfugiés.
Aujourd'hui nous parlerons de l'accumulation des causes en instance à la Cour fédérale. Pour nous aider à comprendre ce problème et déterminer quelle est la meilleure façon de s'y attaquer, nous avons invité des témoins à venir nous rencontrer ce matin. Nous recevons donc ce matin des représentants de la Cour fédérale du Canada qui seront avec nous jusqu'à environ 10 heures, et nous entendrons ensuite d'autres témoins.
Je vous souhaite la bienvenue à notre comité ce matin. Comme vous le savez, je pense que vous avez des observations liminaires à nous présenter après quoi nous donnerons la parole aux membres du comité qui voudront peut-être vous poser des questions ou avoir un échange avec vous au sujet de votre exposé ou d'autres questions.
Vous avez donc la parole, messieurs. Vous pouvez vous présenter, et nous allons commencer la séance. Il y a des écouteurs pour l'interprétation, et cela pourrait peut-être vous aider à mieux entendre si vous vous branchez. J'ai remarqué que vous aviez un peu de difficulté à m'entendre et mon rhume n'aide pas beaucoup. Si vous utilisez vos petits écouteurs, vous pourrez m'entendre beaucoup mieux.
Je vous donne donc la parole et je vous invite à nous présenter vos observations liminaires.
Merci.
:
J'ai l'habitude d'être rapide, dans mon domaine.
[Traduction]
La Loi sur le Service administratif des tribunaux judiciaires prévoit la fourniture par une seule entité des services administratifs pour les quatre cours fédérales, soit la Cour d'appel fédérale, la Cour fédérale, la Cour canadienne de l'impôt et la Cour d'appel de la cour martiale, qui sont des cours supérieures d'archives.
L'administrateur en chef est l'administrateur général du SATJ. Il exerce les pouvoirs nécessaires à la prestation de services administratifs efficaces et à la gestion efficiente de ceux-ci pour les quatre cours. Il n'y a qu'une administration centrale pour les quatre cours.
L'administrateur en chef doit consulter les quatre juges en chef lorsqu'il s'agit de régler les questions administratives se rapportant au fonctionnement des cours. La Loi sur le SATJ établit une distinction entre les fonctions administratives qui relèvent de la compétence de l'administrateur en chef et les fonctions judiciaires qui relèvent de la compétence de la magistrature.
La consultation et la coordination entre les activités administratives et judiciaires sont primordiales pour permettre une administration de la justice optimale pour les Canadiens, mais la primauté est accordée à la magistrature puisque les juges en chef peuvent, par des instructions écrites, ordonner à l'administrateur en chef de faire toute chose relevant de leur compétence. De telles instructions écrites exécutoires n'ont jamais été données jusqu'à présent.
[Français]
La Cour fédérale est présidée par le juge en chef Allan Lutfy. Elle est composée de 33 juges et cinq protonotaires. Présentement, un poste de protonotaire est vacant. En 2005, quelque 9 731 instances ont été présentées au greffe de la Cour fédérale, et environ 6 000 de ces affaires portaient sur le statut de réfugié. Au cours de l'année en question, 6 939 causes relevant de ce domaine ont été tranchées par la Cour fédérale. Les décisions rendues dans ces causes s'inséraient dans le contexte des demandes de contrôle judiciaire. Je vais en expliquer le processus dans la section suivante.
Les questions d'immigration et du statut de réfugié relèvent de la compétence de la Cour fédérale en vertu de sa loi. Elle peut entendre des demandes de contrôle judiciaire de décisions rendues par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, par Citoyenneté et Immigration Canada et par l'Agence des services frontaliers du Canada en vertu de la Loi sur les Cours fédérales et la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. L'article 18 de la Loi sur les Cours fédérales donne à la Cour fédérale la compétence exclusive en matière de contrôle judiciaire des décisions de certains tribunaux administratifs.
Comme elle est un office fédéral, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié relève de la compétence générale de la Cour fédérale en matière de contrôle judiciaire. Dans la plupart des causes, il faut obtenir l'autorisation d'un juge de la Cour fédérale pour présenter une demande de contrôle judiciaire devant la Cour fédérale, conformément au paragraphe 72(1) de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
À partir du moment où la cour accorde l'autorisation de demander le contrôle judiciaire d'une décision d'un office fédéral, la Cour fédérale se fonde sur les six motifs de contrôle prévus au paragraphe 18.1(4) de la Loi sur les cours fédérales.
Je crois que vous avez le texte devant vous. C'est pourquoi je ne lirai pas chacun des motifs, à moins que vous ne le souhaitiez.
[Traduction]
En ce qui concerne la procédure de demande d'autorisation et de contrôle judiciaire, il y a un processus détaillé en matière d'immigration et de protection du statut de réfugié.
Le demandeur dépose une demande d'autorisation et de contrôle judiciaire et signifie des copies certifiées au défendeur dans les 15 jours suivant la réception de l'avis de la décision du tribunal. Le demandeur paie les droits de 50 $ prévus dans les Règles de la Cour fédérale en matière d'immigration et de protection des réfugiés. Le demandeur dépose la preuve de signification dans les dix jours suivant la signification.
Le demandeur doit par ailleurs déposer un avis de comparution et une preuve de signification dans les dix jours suivant la signification de la demande. Si nécessaire, le greffe de la Cour fédérale envoie au tribunal une demande de motifs écrits ou d'avis, s'il n'y a pas de motifs écrits.
Le demandeur prépare et dépose un dossier, avec preuve de signification, dans les 30 jours suivant l'introduction de la procédure ou dans les 30 jours suivant la réception des motifs du tribunal. Le défendeur dispose alors de 30 jours pour déposer les affidavits, son mémoire et une preuve de signification. Le demandeur peut déposer un mémoire de réplique dans les dix jours suivant la signification du mémoire du défendeur.
La demande d'autorisation est examinée sans comparution des parties. Si l'autorisation est refusée, aucun droit d'appel n'est accordé. L'affaire est terminée et le dossier du greffe est clos.
Si la Cour fédérale accueille la demande de contrôle judiciaire du demandeur, la demande passe à l'étape suivante. Elle va donc de l'étape de « demande d'autorisation » à l'étape du « contrôle judiciaire ».
[Français]
Je vais vous résumer brièvement la procédure d'un contrôle judiciaire.
Si l'autorisation d'un contrôle judiciaire est accordée, la Cour fédérale rend une ordonnance qui prévoit les modalités et les délais pour le dépôt des documents supplémentaires, ainsi que la date, l'heure et le lieu de l'audition pour la demande de contrôle judiciaire.
Le greffe de la Cour fédérale envoie au tribunal cette ordonnance dans laquelle la Cour fédérale a accueilli la demande d'autorisation. Le tribunal, en retour, prépare un dossier et envoie des copies certifiées aux parties, de même qu'au greffe de la Cour fédérale.
L'affaire est instruite, et la Cour fédérale rend sa décision.
Si la Cour fédérale conclut que le tribunal administratif a commis une erreur au sens de l'un des six motifs de contrôle, la cour annule la décision du tribunal et renvoie le dossier au tribunal pour un nouvel examen.
Le juge de la Cour fédérale qui rend une décision au cours d'un contrôle judiciaire en matière d'immigration peut certifier une question en prévision d'un appel devant la Cour d'appel fédérale.
Pour qu'une question soit certifiée, il doit s'agir d'une « question grave de portée générale » qui amène la Cour d'appel à n'examiner que la décision qui a fait l'objet de l'appel.
Si la Cour fédérale certifie cette question dans le cadre d'un contrôle judiciaire, cela devient un appel devant la Cour d'appel fédérale.
[Traduction]
Je vais vous expliquer brièvement le processus devant la Cour d'appel fédérale.
L'appel devant la Cour d'appel fédérale doit être déposé dans les 30 jours suivant le prononcé de la décision de la Cour fédérale faisant l'objet de l'appel.
La Cour d'appel n'est pas limitée au traitement de la question certifiée. Elle peut examiner tous les points soulevés dans le cadre de l'appel.
Bien entendu, les parties peuvent déposer une demande d'autorisation à la Cour suprême du Canada au sujet de la décision de la Cour d'appel fédérale. Je ne vous expliquerai cependant pas ce processus.
Comme je l'ai déjà mentionné, 6 939 causes touchant le statut de réfugié ont été tranchées par la Cour fédérale en 2005. Parmi ces causes, 1 034 demandes d'autorisation de contrôle judiciaire ont été accueillies.
Cela conclut mon exposé.
Nous sommes tous les deux prêts à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Ma question va dans la même voie que celle de M. Komarnicki — même s'il ne s'agit pas d'une question, parce que vous lui avez donné une réponse.
Je voudrais formuler une observation à l'endroit du président du comité. Lorsque nous examinerons le type de rapport que le comité souhaite présenter à la Chambre des communes, je crois qu'il sera important d'examiner la SAR, et de ne pas l'envisager comme étant indépendante, mais de la considérer dans le contexte de tous les autres types d'appels auxquels ont accès les demandeurs du statut de réfugié déboutés. Je parle des motifs d'ordre humanitaire, de risque de retour, de la Cour supérieure, et ainsi de suite.
Si j'étais demandeur du statut de réfugié et que j'étais débouté, je me tournerais vers la SAR, si celle-ci existait, et si la SAR me disait que non je ne peux le faire, alors, évidemment, j'irais demander à quelqu'un d'autre, puis à quelqu'un d'autre, puis à quelqu'un d'autre. À l'heure actuelle, le système permet des recours presque à l'infini.
Je suggère au comité que lorsque nous formulerons nos suggestions et nos recommandations à l'intention du ministre et de la Chambre au sujet du rôle de la SAR et sur le fait de savoir si la SAR devrait exister, nous devrions la mettre dans le contexte de tous les appels qui sont possibles pour les demandeurs du statut de réfugié déboutés. Il faudrait tenter d'instaurer une certaine homogénéité et une certaine logique dans tout le système d'appel, au nom des demandeurs du statut de réfugié.
Peut-être voudrez-vous formuler une remarque à ce sujet, monsieur Guénette.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité.
Je vous présente mes excuses pour être arrivé en retard. Je me suis rendu au mauvais endroit, selon mes vieilles habitudes, puis j'ai erré et j'ai rencontré M. Farrell en bas, et il m'a montré le chemin.
On m'a demandé de participer à la séance du comité à la fin de la semaine dernière. Il s'agissait d'une surprise, parce que j'ai réalisé une étude pour le compte du ministère de la Justice au sujet de l'aide juridique il y a près de quatre ans. J'ai réalisé du travail dans d'autres domaines que l'immigration ces quatre dernières années. Donc reprendre mon propre document pour le relire était un peu pour moi comme un cours de mise à niveau.
Si je comprends bien, le comité s'intéresse à la question des coûts liés à la Section d'appel des réfugiés. Il s'agissait d'un élément accessoire de l'étude que nous avons réalisée au sujet de l'aide juridique et des facteurs de coûts liés à l'aide juridique; l'étude couvrait un grand nombre de sujets différents -- la pression mondiale, ce qui pousse les réfugiés à s'établir au Canada, les problèmes liés au processus au premier niveau, au second niveau et au niveau des tribunaux. La SAR était une partie importante, mais ne faisait partie que de l'étude globale.
Excusez-moi, j'ai le souffle court un peu après avoir couru.
Cette étude portait précisément sur les conséquences liées aux coûts pour l'aide juridique. Nous avons conclu que l'ajout d'un niveau d'appel aurait indéniablement des effets sur les coûts; nous avons également conclu qu'il y aurait augmentation des coûts de l'aide juridique simplement parce que le processus est plus long. Mais d'un autre côté, la Section d'appel est très importante, puisqu'elle simplifie le processus.
Le problème que nous avons à l'heure actuelle avec la décision de premier niveau, et puis avec le fait que le seul recours qui reste est le processus d'évaluation des risques avant renvoi ou le contrôle judiciaire, c'est que toutes les causes qui sont rejetées, ou un très haut pourcentage des causes rejetées, demandent une autorisation à la Cour fédérale.
Un important pourcentage de ces causes obtient l'autorisation, et lorsque la Cour fédérale entend ces affaires, le mieux qu'elle puisse faire, c'est de les infirmer et de dire que la décision comportait des défauts, puis de renvoyer la cause à la Section de la protection des réfugiés, pour une nouvelle audience.
Le processus de la Cour fédérale est intrinsèquement lent, en partie en raison des arriérés du tribunal. M. Farrell m'a dit que vous veniez tout juste d'entendre des témoins qui ont indiqué que, heureusement, les arriérés avaient été réduits, ce qui me fait plaisir. Mais il faut également dire que le processus judiciaire en soi est lent et lourd.
L'idée derrière la SAR est de disposer d'un tribunal d'experts composé de personnes qui connaissent les conditions des pays et qui connaissent les questions auxquelles s'intéresse la Section de la protection des réfugiés, et qui peuvent entendre ces appels de façon efficace.
La Section d'appel serait également différente de la Cour fédérale puisqu'elle aurait le pouvoir de rendre la décision correcte plutôt que de tout simplement infirmer une décision et de la renvoyer afin qu'elle soit réentendue. Si on examine son pouvoir réparateur et qu'on pense qu'elle peut prendre la bonne décision plus rapidement dans les causes pour lesquelles la décision du premier niveau devrait être infirmé, il s'agit d'une économie de temps significative. Le temps constitue l'un des principaux facteurs de coût dans tout le processus de demande d'asile -- le délai lorsque des gens restent au pays avant leur renvoi, lorsque ces personnes doivent être renvoyées, ou encore le délai pour que ces personnes voient leur statut régularisé, si elles on besoin de protection.
La Cour fédérale ne disparaîtrait pas complètement de l'équation, parce qu'elle a plein pouvoir pour ce qui est d'examiner les décisions de tribunaux inférieurs ou établis par une loi. On peut toutefois ajouter que la déférence qui serait accordée aux décisions de la Section d'appel des réfugiés serait plus importante que celle que l'on accorde actuellement aux décisions de la Section de la protection des réfugiés, simplement parce que la Section d'appel des réfugiés serait reconnue, constituée, désignée et, je l'espère, reconnue par la Cour comme étant un tribunal spécialisé.
Nous le voyons dans toute la gamme des tribunaux administratifs. On accorde à certains un très haut niveau de déférence — c'est-à-dire qu'un très petit nombre de leurs décisions sont infirmées par la Cour — et je crois que nous pouvons nous attendre à un niveau aussi élevé de déférence judiciaire pour ce qui est des décisions de la Section d'appel des réfugiés.
Cela signifie que nous obtiendrions des décisions finales sur le bien-fondé des demandes de statut de réfugié plus rapidement qu'en vertu du système actuel, et cela représenterait une nette économie pour le système, même si les coûts liés à l'aide juridique augmenteraient probablement en raison de la représentation lors des procédures devant la Section d'appel.
Il s'agissait de l'hypothèse centrale ou de la thèse figurant dans le document que nous avons préparé pour le ministère de la Justice.
Plutôt que de présumer ce qui pourrait être intéressant pour le comité, je répondrai maintenant à toutes les questions que vous pourriez avoir, et ce, du mieux que je le peux.
Ma préoccupation centrale est l'efficacité du système. C'est probablement la même que la plupart des membres du comité, qui sont bien entendu très préoccupés par le fait d'avoir un système de protection des réfugiés qui protège les véritables réfugiés ayant besoin de protection et qui filtre ceux qui n'ont pas besoin de protection, et avec un peu de chance les renvoie du pays aussi rapidement que possible.
:
La question des recours pour les demandeurs du statut de réfugié est très difficile et je pense qu'elle prête beaucoup à confusion. Madame Folco, vous qui avez été membre de la Commission, en savez quelque chose.
Les gens parlent de tous les recours dont disposent les demandeurs. Toutefois, selon les dispositions de la loi actuelle, les réfugiés ont une audience devant un seul membre de la Section du statut de réfugié. Ensuite, ils ont le droit de demander la permission de se prévaloir d'un contrôle judiciaire. Cela ne signifie pas qu'ils sont entendus devant un tribunal. Cela signifie qu'on obtient éventuellement la permission du tribunal de se présenter devant le tribunal. Je ne sais pas quelles sont les statistiques actuelles mais quand j'ai fait l'étude, j'ai constaté que seulement 12 p. 100 des demandeurs obtenaient cette permission. Cela signifie pas de chance pour 88 p. 100 des demandeurs déboutés qui avaient demandé cette permission.
L'autre recours est une demande pour des motifs d'ordre humanitaire, ce qui est offert à tous les immigrants. Cela n'a rien à voir avec une demande d'asile. Les motifs sont fondés sur la situation de la personne, ses circonstances familiales, etc., et l'on tient compte d'éventuelles difficultés excessives que causerait son renvoi. En fait, il s'agit d'une mesure discrétionnaire dont dispose le ministre.
Il existe une autre mesure, l'évaluation des risques avant le renvoi, qui intervient s'il y a un retard important entre le moment où le demandeur est débouté et le moment où il est renvoyé. Cette mesure porte uniquement sur des allégations de circonstances différentes dans le pays d'origine.
Ainsi le demandeur n'a jamais la possibilité de remettre en litige les éléments entendus par le membre unique de la Section du statut de réfugié. Le dossier est clos, à moins que la décision soit cassée par la Cour fédérale à l'occasion du contrôle judiciaire.
Lors de l'évaluation des risques avant le renvoi, on peut faire valoir, éventuellement, des preuves de changement de circonstances dans le pays d'origine, par exemple un coup d'État ou une guerre civile ou quelque chose de semblable, qui rendraient le renvoi dans le pays d'origine dangereux. Mais il s'agit d'un processus très limité. On constate donc que les recours à la disposition des réfugiés ne sont pas aussi nombreux que certains éditorialistes aimeraient nous le faire croire.
La grande difficulté du système est la lenteur à exécuter le renvoi des demandeurs déboutés et c'est une question de ressources pour le ministère de l'Immigration. Je ne pense pas que ce soit un manque de volonté, surtout au moment où nous avons eu 45 000 demandeurs par année dont un nombre appréciable a été débouté. Exécuter le renvoi de ces gens, aller les chercher pour que le renvoi soit exécuté est une tâche très difficile et on constate qu'un pourcentage très élevé d'entre eux n'est jamais renvoyé. C'est un problème fondamental dans le système, mais il ne tient pas au recours.
Ainsi, pour moi, la SAR serait un élément vital de ce système mais il ne faudrait pas supprimer l'évaluation des risques avant le renvoi ou la possibilité d'invoquer des motifs d'ordre humanitaire. Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'accès à la Cour fédérale est un recours juridique disponible parce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié est un tribunal établi par la loi. En pratique, voici ce que je souhaiterais: si la qualité des décisions de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, de la Section d'appel des réfugiés, était manifestement élevée, le nombre des contrôles judiciaires accordés baisserait considérablement et le retard serait du même coup éliminé.
:
Donnez-moi un instant... Quand nous avons élaboré ces scénarios, nous nous fondions sur le nombre d'autorisations accordées par la Cour fédérale et sur divers autres facteurs, car nous essayions de faire intervenir tous les éléments.
En fait, je vous ai peut-être induits en erreur. D'après mes calculs -- et il s'agit des coûts directs à l'échelle nationale pour l'aide juridique qui seraient partagés entre les provinces et le gouvernement fédéral -- on les évaluait à 6,5 millions de dollars avant la SAR pour les niveaux d'immigration qui existaient en 2002.
Selon le premier scénario, le plus optimiste, il y aurait une réduction de 50 p. 100 du nombre d'autorisations accordées pour le contrôle judiciaire car la SAR redresserait les décisions au besoin, décisions qui actuellement font l'objet d'une nouvelle instruction par la Section de la protection des réfugiés, et dans ces conditions, les coûts de l'aide juridique auraient été de 7,75 millions de dollars.
Ensuite, le deuxième scénario... J'essaie de penser clairement là-dessus. On tiendrait compte de 75 p. 100 des affaires actuellement déboutées pour le contrôle judiciaire auxquelles on ajouterait un tiers des affaires qui obtiennent l'autorisation de s'en prévaloir, c'est-à-dire 25 p. 100 plutôt que 50 p. 100... et la somme serait alors de 8,5 millions de dollars.
Dans le troisième scénario, la SAR ne trancherait que 50 p. 100 des affaires actuellement déboutées pour le contrôle judiciaire. Il y aurait donc une plus forte demande de contrôle judiciaire après le passage à la SAR. À ce moment-là, il faudrait 9,1 millions de dollars. Le nombre de cas sur lequel sont fondés ces chiffres est de 40 000 plutôt que 20 000.
Il faudrait que j'essaie de me rappeler comment j'en suis arrivé à ces chiffres, mais ils sont basés sur tous les divers éléments qui intervenaient dans le processus à l'époque.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec le principe de cette motion. Comme M. Karygiannis vient de le mentionner, lorsque les partis dont il a parlé étaient à l'opposition, je me souviens d'avoir appuyé ce genre d'effort. Cependant, je ne me souviens pas que le gouvernement de l'époque ait été d'accord avec cela, mais je suis heureux de constater que maintenant que les libéraux sont à l'opposition, ils ont changé d'avis.
J'ai un problème avec une partie de la motion. Je n'ai rien contre le fait que nous entendions ces gens par souci de transparence et de reddition de comptes, mais je serais plus enclin à ce que nous entendions des témoins qui sont des juges de la CISR, des juges de la Cour suprême, des personnes qui ont été nommées à ces postes qui ont vraiment une incidence sur la situation de ces gens.
Les juges de la citoyenneté sont plutôt symboliques de nature. Ils ont certainement un rôle important à jouer, ils accordent la citoyenneté, mais le processus est déjà terminé lorsqu'ils accordent la citoyenneté. Je serais donc enclin à ajouter même les juges de la Cour suprême et les autres personnes nommées qui ont un rôle plus important à jouer dans ces dossiers.
Nous faisions confiance au processus sous le gouvernement précédent, et je fais confiance au processus à l'heure actuelle. Je crois cependant que ce serait une perte de temps, puisque nos ressources sont limitées.
Je sais que M. Wilson a mentionné précédemment le coût pour le comité, et je pense que le fait d'entendre les juges de la citoyenneté plutôt que certains juges dont la nomination est plus importante, serait une perte de temps pour nous.
Donc, si on est prêts à accepter un amendement favorable, je demanderais que l'on élimine de cette motion la mention des juges de la citoyenneté. J'ajouterais peut-être même d'autres nominations qui ont une incidence sur la situation des immigrants et des réfugiés. Voilà ce que je proposerais. Je suis cependant prêt à appuyer...
:
Merci, monsieur le président.
J'appuie cette motion. C'est quelque chose que le comité devrait faire, et je voterai en faveur de la motion. J'appuie cependant également que nous examinions d'autres nominations, si nous sommes saisis de cette motion.
J'aimerais rappeler aux membres du comité le premier rapport de notre comité que nous avons présenté au cours de la présente législature et dans lequel nous demandions au gouvernement d'élaborer des critères liés aux compétences pour tous les postes comblés par nomination par décret, et nous demandions ce genre d'information.
Je sais que cela n'a pas nécessairement été accepté par le gouvernement à ce moment-ci, mais je me demandais si les analystes et le greffier pouvaient faire leur possible pour obtenir l'information qui existe, car nous devrions avoir tout cela lorsque nous rencontrerons ces personnes, si la motion est adoptée, notamment les descriptions de fonctions.
Je crois également que le cabinet du ministre devrait être en mesure de nous fournir les curriculum vitae des personnes qui ont été nommées. Nous devrions avoir ce genre d'information avant de rencontrer les personnes nommées.
:
Merci, monsieur le président.
Je pense que vous devriez tous avoir devant vous un exemplaire de la motion. Je vais tout simplement lire la principale motion :
Qu'il soit par conséquent résolu que le Comité de la citoyenneté et de l'immigration demande au ministre de l'Immigration et de la Citoyenneté d'annuler immédiatement la politique provisoire de CIC et de reconnaître les mariages légaux de couples de gais et de lesbiennes contractés à l'extérieur du Canada aux fins de l'immigration, exactement de la même façon qu'il reconnaît le mariages légaux de couples de conjoints de sexe opposé.
Monsieur le président, je trouve plutôt étrange que nous ayons une politique qui ne reconnaît pas les mariages légaux à l'extérieur du pays comme aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en Afrique du Sud et dans le Commonwealth du Massachussetts aux États-Unis, aux fins de l'immigration, alors qu'au Canada nous avons modifié nos propres lois et nous reconnaissons maintenant les mariages de couples gais et de lesbiennes contractés ici au Canada, alors que la semaine dernière justement nous avons réaffirmé cette politique à la Chambre des communes au cours d'un vote. Je pense donc qu'il est très important de demander au gouvernement de changer cela immédiatement et d'être très clair à ce sujet.
Je pense que le greffier a distribué l'information qui se trouve sur le site web de CIC et l'a justement imprimée ce matin. Je l'ai imprimée moi aussi ce matin, alors on peut voir exactement ce qu'on dit, l'information est à jour, elle vient tout juste d'être imprimée ce matin. Si on regarde la partie qui se trouve au bas de la première page, parrainez votre partenaire de même sexe à titre d'époux dans la catégorie du regroupement familial, ensuite on dit « la politique provisoire de CIC », si on tourne la page, à la page 2, juste en-dessous de la liste des différentes provinces, on trouve le paragraphe suivant :
Vous ne pouvez pas présenter de demande de parrainage à l'égard de votre partenaire de même sexe à titre d'époux si votre mariage a eu lieu à l'extérieur du Canada. Toutefois, si vous êtes citoyen ou résident permanent du Canada, vous pourriez être admissible à parrainer votre partenaire à titre de conjoint de fait ou de partenaire conjugal.
Monsieur le président, je pense que c'est clairement discriminatoire. Les partenaires gais et lesbiennes qui sont mariés doivent suivre ainsi un processus qui est différent, un processus prévu pour les gens qui ne sont pas légalement mariés. Ce processus est prévu pour les conjoints de fait ou les partenaires conjugaux, et je pense que cela est clairement inapproprié. Nous devons avoir exactement la même politique que pour les conjoints légalement mariés, qu'ils soient hétérosexuels, gais ou lesbiennes, et nous devons avoir ce genre de politique en place dès que possible.
Par ailleurs, monsieur le président, je voudrais proposer une modification rédactionnelle au deuxième paragraphe qui commence par les mots « et attendu que ». Il faudrait sans doute dire « Commonwealth du Massachusetts » plutôt que « État du Massachusetts », pour être plus exact. Si nous pouvions faire ce petit changement favorable, je vous en saurais gré.
Merci, monsieur le président.
:
Laissez-moi terminer. Je veux le dire aux fins du compte rendu. Je pense qu'il ne fait aucun doute que les couples gais et lesbiennes devraient être traités exactement comme les couples hétérosexuels lorsqu'il s'agit de questions d'immigration, et qu'en fin de compte il ne devrait y avoir aucune discrimination. Toute politique qui va à l'encontre de ce principe devrait être changée afin de concorder avec ce principe et le refléter. Donc, je pense qu'en principe nous sommes d'accord pour dire que ces mariages ne devraient pas être traités différemment de quelque façon que ce soit.
Cela dit, il ne fait aucun doute que le ministère devrait donner des directives aux gens qui travaillent dans le domaine au sujet de la politique. Il faudrait qu'ils modifient leur politique et cela prendrait du temps. Je devrais dire également que nous acceptons tous les paragraphes « attendus que » pour ce qui est des divers pays qui reconnaissent les mariages, mais aucun représentant du ministère n'est venu devant notre comité pour nous dire qu'elle était la politique, s'il était nécessaire de la changer, et comment elle pourrait être changée pour refléter ce principe.
Permettez-moi de faire une observation à l'intention de M. Siksay. Par exemple, la motion dit « reconnaître les mariages légaux de couples de gais et de lesbiennes contractés à l'extérieur du Canada aux fins de l'immigration exactement de la même façon qu'il reconnaît les mariages légaux de couples de conjoints de sexe opposé » et, j'aimerais dire, pourvu qu'ils soient légalement reconnus au Canada, car certains pays reconnaissent des mariages qui ne sont pas reconnus au Canada, notamment des relations polygames ou à l'intérieur d'une famille.
Je pense que nous devons entendre les préoccupations et déterminer s'il y aurait une meilleure motion à présenter, pourvu que le principe selon lequel les couples hétérosexuels et les couples de gais et de lesbiennes ou les couples de conjoints de même sexe ne devraient pas être traités différemment à quelqu'égard que ce soit. Nous devons mettre en place une politique qui est sensée et rien ne presse de le faire.
Je pense que nous pouvons réaffirmer en principe que c'est le cas. Je demanderais peut-être de mettre cette motion de côté jusqu'à ce que nous revenions, et je dirais que le ministère et le ministre ont laissé entendre qu'ils proposeraient une politique adéquate que notre comité pourrait approuver, plutôt que de tout simplement adopter la motion dans sa forme actuelle. Si nous avons l'intention de faire cela, si nous voulons disposer de cette motion aujourd'hui, je proposerais un amendement favorable à la motion. Cependant, je demanderais que l'on attende que le ministre et le ministère nous reviennent avec une proposition afin de s'assurer que le principe est respecté, que les mariages hétérosexuels et les mariages de conjoints de même sexe soient traités de la même façon.
Une autre chose que je voudrais dire, c'est qu'il y a certains dossiers en traitement et certains dossiers qui sont peut-être en appel et que le ministère devrait examiner à la suite de la décision que nous pourrions prendre, et cela pourrait prendre un certain temps.
Je dis donc qu'en principe, je ne pense pas que de notre côté de la table quelqu'un soit en désaccord avec ce que vous dites, mais il faut être logique et attendre un peu, car il y a des dossiers en traitement. Il y a sans doute des dossiers qui font l'objet d'un litige — je ne le sais pas. Il faudrait tout au moins que le ministère comparaisse devant notre comité pour répondre et revenir avec un principe qui soit acceptable.
Merci.