Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous pour vous parler d'un sujet important, la citoyenneté. À titre de nouvelle ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, je suis heureuse de vous faire part de mes réflexions et de vous décrire les mesures que j'ai prises récemment dans un domaine qui est au coeur de l'identité canadienne.
J'ai eu la semaine dernière l'honneur d'assister à une cérémonie de citoyenneté assez particulière, à la Cour suprême. Nous avons célébré le 60e anniversaire de la citoyenneté canadienne. Ce fut un événement spécial auquel des familles de toutes les provinces et territoires avaient été invitées pour prêter le serment de citoyenneté. J'ai trouvé cette cérémonie très émouvante, mais elle m'a aussi permis de réfléchir sur la chance que nous avons d'être Canadiens et sur ce que voulait dire être citoyen canadien — car la citoyenneté n'implique pas seulement des droits mais également des devoirs.
En ce qui concerne ma comparution devant vous aujourd'hui, je dois vous dire que je suis heureuse d'avoir la possibilité de parler des questions touchant l'acquisition, la conservation et la reprise de la citoyenneté canadienne.
Récemment, l'adoption de l'initiative des États-Unis relative aux voyages dans l'hémisphère occidental a accru l'attention portée à la question de la citoyenneté et l'augmentation du nombre des demandes de passeport a fait apparaître des questions liées à la citoyenneté et à la preuve de la citoyenneté. Des médias ont signalé le cas de diverses personnes qui ont été touchées par la perte de la citoyenneté canadienne et si certaines personnes ont perdu leur citoyenneté canadienne pour diverses raisons, d'autres, par exemple, n'avaient jamais obtenu la citoyenneté même si elles avaient toutes les raisons de croire qu'elles la possédaient. En revanche, d'autres n'ont pas perdu leur citoyenneté mais plutôt — et c'est une différence importante — ont perdu la pièce d'identité qui établissait leur citoyenneté et doivent en faire à nouveau la demande.
Pour reprendre les propos que j'ai tenus le 24 janvier, je vais rassurer les intéressés que, dans presque tous les cas, tous ceux qui sont nés au Canada, sont citoyens canadiens.
Les nouvelles parues récemment dans les médias ne donnent que très peu d'exemples de cas où des personnes qui ont vécu presque toute leur vie au Canada n'en ont pas la citoyenneté. Je souligne que les fonctionnaires de mon ministère ont identifié un petit nombre de personnes qui tombent dans la catégorie des anomalies. Comme je l'ai déjà dit, ces cas méritent notre attention immédiate et c'est pourquoi je leur ai accordé, et continue de leur accorder, la priorité.
Avant de poursuivre, monsieur le président, permettez-moi de vous dire que je sais que plusieurs membres du comité et d'autres intéressés souhaitent voir la question des anomalies de la citoyenneté réglée par le truchement de modifications à la Loi sur la citoyenneté. Sur ce point, je suis prête à envisager l'adoption de modifications appropriées à la Loi sur la citoyenneté et j'invite les membres du comité à revoir la nature et la portée du problème et nous aider à définir et à évaluer différentes options. Si ce problème pouvait être réglé en adoptant des solutions qui préservent la valeur et l'intégrité de la citoyenneté canadienne, il faudrait alors bien sûr les étudier. Si tous les membres du comité sont en faveur d'apporter des changements précis à la loi, je serais ravie d'examiner ces options.
Dans la situation actuelle, il est évident que l'unanimité est souhaitable. Nous désirons tous trouver une solution durable et je crois qu'il est possible d'en trouver une qui soit acceptable pour tous.
Cela dit, mon objectif immédiat est d'aider les personnes aux prises avec ce problème. L'adoption de modifications législatives peut prendre du temps et les personnes touchées ne devraient pas avoir à attendre indéfiniment que des modifications à la loi sur la citoyenneté soient adoptées.
Je serais très heureuse de prendre connaissance des recommandations du comité et d'entendre ce qu'ont à dire les divers témoins qui vont comparaître devant vous au cours des prochaines semaines. J'espère qu'il se dégagera de ces audiences des options intéressantes susceptibles de régler ces problèmes de façon efficace.
Je tiens à dire à tous les intéressés que j'examinerai avec soin les options présentées, qu'elles soient de nature législative ou autre, afin que nous puissions créer un système plus juste.
Je suis sensible au dévouement et à la créativité dont tous les membres du comité ont fait preuve pour tenter de résoudre ces questions et je sais que plusieurs se sont penchés pendant des heures sur les études et les rapports des comités précédents qui portaient sur la citoyenneté. J'espère sincèrement pouvoir profiter de vos 19 années d'expérience combinées au sein du comité.
Maintenant, j'aimerais replacer la situation actuelle dans son contexte. Le problème est bien réel et mérite qu'on s'y intéresse sans tarder mais il n'est certainement pas aussi grave que l'ont rapporté les médias ou certains députés.
Les reportages parlent de milliers, de centaines de milliers et voire même de plus d'un million de personnes touchées. Il est bon de faire savoir qu'en fait environ 450 cas ont été portés à notre attention et justifient un examen supplémentaire. Malgré le vif intérêt qu'a suscité ce problème, le nombre de ces cas n'a pas augmenté de façon significative.
En fait, la plupart des appels que nous recevons concernent des Canadiens qui ont tout simplement perdu leurs documents de citoyenneté. Ces Canadiens n'ont pas perdu leur citoyenneté, mais ils ont perdu leur preuve de citoyenneté et doivent en obtenir une autre, un peu comme la personne qui a perdu son certificat de naissance doit faire une demande pour en obtenir un autre.
Nous savons que cette démarche peut être frustrante pour qui a besoin de ce document pour demander un passeport, par exemple; toutefois, à une époque où la sécurité est devenue un enjeu important, il est essentiel de vérifier l'identité des demandeurs et d'écarter les demandes frauduleuses.
[Français]
Le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration traite chaque année plus de 60 000 demandes de titre de citoyenneté émanant de personnes qui en ont besoin pour demander un passeport ou une prestation quelconque. La plupart la reçoivent quelques mois plus tard, sans problème.
[Traduction]
À l'heure actuelle, notre attention se porte sur ces 450 dossiers. Ces cas concernent des personnes qui, selon la loi, devaient entreprendre des démarches pour conserver leur citoyenneté mais qui ne l'ont pas fait; d'autres touchent des personnes qui n'ont jamais eu la citoyenneté canadienne et qui auraient pu se faire inscrire comme citoyens mais qui ne l'ont pas fait.
Comme les membres du comité le savent bien, la Loi de 1947, celle de 1977 et les modifications qui ont été apportées, peuvent influencer le statut d'une personne, en fonction de sa situation. Toutes les demandes de citoyenneté canadienne ne sont pas légitimes, mais chacune d'entre elles reflète une histoire personnelle et mérite un examen attentif.
Dans l'intérêt de tous, j'aimerais vous parler de certaines mesures que j'ai prises récemment à ce sujet, depuis mon entrée en fonction, à titre de ministre, le mois dernier.
Monsieur le président, les fonctionnaires de mon ministère examinent ces demandes avec beaucoup de soin. Ils veillent à ce que ces demandes soient traitées rapidement, comme vous et tous les Canadiens que nous représentons le souhaitent.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'exerce les pouvoirs que me confère la Loi sur la citoyenneté, en qualité de ministre, pour résoudre ces cas le plus rapidement possible. J'ai récemment obtenu l'autorisation du gouverneur en conseil d'accorder, à titre exceptionnel, la citoyenneté à 33 personnes.
Ce groupe comprend des personnes qui ne répondent pas aux conditions établies par la loi actuelle pour l'attribution normale de la citoyenneté mais dont la situation personnelle justifie un traitement spécial. Ces personnes ont manifesté leur attachement au Canada, vivent actuellement ici et ont passé la plus grande partie de leur vie au Canada.
Dans bien des cas, il s'agit de personnes qui n'ont jamais eu la qualité de citoyen. Par exemple, il y a des personnes nées à l'étranger qui n'ont jamais fait enregistrer leur naissance. Entre 1947 et 1977, si vous étiez né à l'étranger d'un parent canadien, vous deviez faire enregistrer votre naissance à l'étranger. Certaines personnes qui vivaient près de la frontière canado-américaine sont nées aux États-Unis parce que l'hôpital le plus proche se trouvait en sol américain. Selon les lois en vigueur à l'époque, si la naissance n'avait pas été enregistrée au Canada, le nouveau-né était citoyen américain et non Canadien. Ces personnes auraient pu se faire inscrire comme citoyens canadiens mais ne l'ont pas fait.
D'autres cas concernent des personnes qui avaient la citoyenneté canadienne mais qui devaient prendre des mesures dans un certain délai pour la conserver, ce qu'elles n'ont pas fait. Selon la législation actuelle, toute personne née à l'étranger d'un père ou d'une mère canadien possède la citoyenneté canadienne. Mais si votre parent canadien est également né à l'étranger d'un parent canadien, il faut alors prendre des dispositions avant d'atteindre l'âge de 28 ans pour conserver cette citoyenneté. Ce n'est pas notre gouvernement qui a établi ces règles, puisqu'elles remontent à 1977.
Depuis que nous offrons la citoyenneté canadienne, monsieur le président, nous exigeons des personnes nées à l'étranger de parents canadiens qu'elles déclarent aux autorités vouloir conserver leur citoyenneté. Certains députés ont critiqué cette exigence, en affirmant qu'un Canadien est un Canadien point final; mais, à la limite, cela pourrait vouloir dire qu'un Canadien pourrait quitter le Canada et que ses descendants continueraient à être citoyen canadien pendant des générations, sans jamais avoir mis les pieds au Canada ni établi de véritables liens avec le Canada.
J'aimerais signaler qu'en 2005, le comité a lui-même admis que des restrictions devraient s'appliquer à ce type de citoyenneté et que le ministère devait réviser la carte de citoyenneté pour préciser ces choses. Je suis heureuse de pouvoir vous dire que cela est maintenant chose faite.
Pour ce qui est des cas que j'ai mentionnés, j'ai demandé à mon ministère d'examiner en priorité chacun de ces cas de façon individuelle. J'ai également demandé à mon ministère de prendre un certain nombre de mesures pour remédier à cette situation. Je vais vous en énumérer cinq.
Nous avons renforcé le personnel affecté au traitement des cas et créé une unité spéciale à notre télécentre, afin que les gens qui ont des questions au sujet de leur citoyenneté puissent parler directement à quelqu'un en mesure de les aider.
La plupart du temps, lorsqu'il s'agit de perte de la citoyenneté, le cas est confié à un agent de programme.
Nous veillons, avec nos partenaires, à ce que personne ne fasse l'objet d'une mesure de renvoi, ni ne cesse de recevoir ses prestations, comme les soins de santé ou les prestations de sécurité de la vieillisse, pendant que leur dossier est examiné.
Nous collaborons avec le bureau des passeports afin qu'il dirige les gens vers notre télécentre où ils peuvent s'adresser directement à des agents de la citoyenneté.
Nous accélérons également le processus pour les personnes qui n'ont pas perdu leur citoyenneté mais leur preuve de citoyenneté et qui doivent présenter une demande pour en obtenir une nouvelle.
Monsieur le président, j'aimerais donner aux membres du comité une idée de ce qu'a donné la mise en place de ces mesures.
Nous recevons tous les jours un rapport de situation. Les chiffres continueront de changer, mais depuis la mise en service d'une ligne spéciale pour les questions de citoyenneté au télécentre le 26 janvier 2007, nous avons reçu 692 appels au sujet d'une perte potentielle de citoyenneté. Pour vous donner une idée, ce nombre d'appels correspond à un demi de un pourcent de tous les appels reçus par le télécentre.
Dans 675 de ces cas, la citoyenneté a été confirmée et le dossier réglé. Sur les 17 cas restants, sept ont été invités à présenter une demande de citoyenneté discrétionnaire, trois autres possédaient le statut de résident permanent, et ont été invités à présenter une demande de citoyenneté normale; deux autres encore devaient demander la résidence permanente tandis que les cinq derniers doivent faire l'objet d'un examen approfondi.
Nous sommes bien loin des centaines de milliers, voire des millions de cas, dont on entend parler dans les médias.
[Français]
Monsieur le président, il faut étudier chaque cas individuellement. Lorsque le cas est fondé, je tiens absolument à le régler le plus tôt possible. Comme je l'ai dit, nous avons obtenu l'approbation pour accorder la citoyenneté à 33 personnes, et nous allons travailler afin de régler davantage de cas.
[Traduction]
Il m'est impossible de passer sous silence le cas de M. Joseph Taylor, même si je ne peux pas vous en parler en détail, étant donné que cette affaire est à l'heure actuelle devant les tribunaux. Le gouvernement du Canada a fait appel de la décision de la Cour fédérale dans l'affaire de M. Taylor, mais je tiens à faire savoir aux membres du comité que je ne suis pas insensible à sa pénible situation.
Nous sommes prêts à traiter de façon accélérée la demande de statut de résident permanent qu'il pourrait présenter. Cela lui permettrait de demander la citoyenneté lorsqu'il aura répondu à certaines conditions, notamment celle d'avoir vécu au pays pendant un certain temps. Je tiens à souligner que nous avons porté en appel la décision de la Cour fédérale parce que nous estimons que cette décision n'est pas fondée en droit. Elle redéfinit la citoyenneté et l'applique à une période où la Loi sur la citoyenneté de 1947 n'existait même pas. De plus, elle donne un effet rétroactif à la Charte, c'est-à-dire qu'elle l'applique à une période où la Charte n'existait même pas. Ces éléments, avec d'autres, ont des répercussions juridiques qui vont bien au-delà du cas de M. Taylor.
Je vais vous en donner un exemple, si vous le permettez. Dans sa décision, la Cour fédérale laisse entendre que le gouvernement n'a pas fait suffisamment d'efforts pour informer personnellement M. Taylor et sa famille des dispositions pertinentes de la Loi de 1947 qui pouvait avoir une incidence sur son statut. M. Taylor avait vécu au Canada pendant trois mois à l'âge d'un an et était retourné en Grande-Bretagne avec sa mère. Le gouvernement canadien n'avait aucun moyen de savoir où il se trouvait. La décision laisse entendre que le processus législatif et parlementaire normal est insuffisant et qu'il faudrait informer, quelles que soient les circonstances, toutes les personnes susceptibles d'être touchées par une modification législative.
Pouvez-vous imaginer l'impact que cela aurait? Les législateurs modifient régulièrement les lois fiscales, par exemple; les citoyens pourraient-ils prétendre que la nouvelle loi ne s'applique pas à eux parce qu'ils n'ont pas été informés individuellement et directement des changements? Si tel était le cas, il serait impossible d'appliquer la loi à qui que ce soit.
Monsieur le président, je répète ce que j'ai dit au début: nous avons de la chance d'être citoyens canadiens, et les Canadiens veulent que nous prenions très au sérieux la question de la citoyenneté. Il faut appliquer la loi et veiller à ce que le système fonctionne comme il doit le faire et comme il a été conçu. Bien entendu, il faut savoir faire preuve de compassion et de bon sens, et, lorsque cela est justifié, nous disposons d'une certaine latitude pour aider les gens. Je continuerai de profiter de cette latitude.
Avant de terminer, j'aimerais brièvement parler d'une question que les médias ont mentionnée hier. Nous nous sommes engagés à créer un bureau qui aiderait les professionnels formés à l'étranger à faire reconnaître leurs qualifications pour qu'ils puissent pratiquer dans leur domaine de spécialisation ici au Canada. Le budget fédéral de 2006 a affecté 18 millions de dollars sur 12 ans aux mesures nécessaires à la création de cet organisme et Avantage Canada a réaffirmé que le gouvernement entendait concrétiser cet engagement. Il est essentiel de faciliter l'intégration des nouveaux arrivants au marché du travail pour que le Canada puisse continuer à attirer et à conserver les immigrants spécialisés dont il a besoin.
Je tiens à souligner que tous les paliers de gouvernement ont un rôle à jouer dans l'intégration des nouveaux arrivants dans la société canadienne et dans notre économie. Mon collègue et moi avons invité nos partenaires à collaborer avec nous, notamment les provinces, les territoires, les 440 organismes de réglementation distincts qui sont tous reconnus par une province ou un territoire, les institutions postsecondaires, les conseils de secteur et les employeurs. Nous prévoyons faire connaître au cours des semaines qui viennent les progrès que nous aurons réalisés dans ce domaine.
Pour résumer, la citoyenneté est au coeur de l'identité canadienne. La citoyenneté comporte à la fois des droits et des devoirs. Pour l'avenir, je tiens à assurer les honorables membres du comité ainsi que les intéressés qu'en tant que ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, je serai très heureuse d'examiner les recommandations du comité. Je suis sûr que tous les membres du comité seront prêts à collaborer de façon constructive à l'élaboration de solutions appropriées à toutes ces questions. Je tiens également à dire aux honorables membres du comité que j'étudierai soigneusement les solutions, de nature législative ou autre, qu'il proposerait dans le but d'améliorer le système actuel et de le rendre plus juste.
Thank you. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, madame la ministre.
Vendredi dernier à la Cour suprême, nous avons tous vu la célébration d'un événement qui s'est produit le 3 janvier 1947. Permettez-moi de mentionner que nous aurions pu célébrer le soixantième anniversaire de la citoyenneté de façon plus appropriée en harmonisant cette loi avec la Charte, qui aura 25 ans cette année.
Il est évident que la Loi de 1947 sur la citoyenneté était très discriminatoire. La Cour suprême s'est prononcée à ce sujet dans l'affaire Benner.
Pour en revenir à la cérémonie de la citoyenneté, elle aura peut-être eu plus d'éclat si vous aviez invité Paul Martin, l'ancien premier ministre. C'est son père qui a été le maître d'oeuvre de la loi sur la citoyenneté. Il aurait également été utile d'inviter les membres du comité à cette cérémonie. C'est bien évidemment un sujet qui nous intéresse énormément.
Pour en revenir à vos chiffres, vous en avez lancé un et parlé de 450 personnes. Je dois vous dire, madame la ministre, que nous allons vous obliger à vous en tenir à ce nombre. Lorsque ces audiences seront terminées, vous constaterez qu'il y a des dizaines de milliers, peut-être des centaines de milliers de personnes dans cette situation.
À ce sujet, il y a M. John Reynolds, qui a travaillé sur le projet de loi S-2, et qui a déclaré qu'il se souvenait qu'un des fonctionnaires lui avait dit en comité qu'il pourrait y avoir jusqu'à 200 000 personnes dans cette situation. Eh bien, ce n'est pas énorme; nous accueillons près de 300 000 personnes chaque année, des immigrants, des réfugiés et d'autres. Si vous êtes Canadien, ne souhaiteriez-vous pas que le cas des personnes qui sont nées ici soit réglé un peu plus rapidement?
Eh bien, madame la ministre, il y a beaucoup de gens à qui ce droit est refusé.
Je vous invite à examiner l'arrêt que la Cour suprême — le plus haut tribunal du pays — a rendu en 1997 dans l'affaire Benner. La Cour a décidé qu'il est interdit de faire de la discrimination basée sur le sexe, c'est-à-dire en fonction du fait que votre citoyenneté vient de votre père ou de votre mère. C'est ce qu'a dit la Cour suprême.
Cette décision a été appliquée par le ministère jusqu'en 2004, année où Patricia Birkett, registraire de la Citoyenneté canadienne à l'époque, l'a qualifiée de décisions provisoire. Cela a été annulé en 2004.
Madame la ministre, comment pouvez-vous interjeter appel dans l'affaire Clark, d'un côté...? Un des frères Clark et une soeur... c'est une famille de quatre personnes. Trois d'entre eux ont récupéré leur citoyenneté aux termes du paragraphe 5(4) de la Loi à laquelle vous faites constamment référence et le quatrième s'est adressé aux tribunaux. Nous aimerions savoir où en est ce dossier.
Nous voulons savoir quel est le nombre de dossiers de la Citoyenneté qui se trouvent devant les tribunaux. Nous voulons également savoir ce que cela en coûte.
Madame la ministre, vous avez fait quelques remarques au sujet de l'affaire Joe Taylor. Je vais vous communiquer de l'information. Voici une photo de M. Taylor quand il était bébé. C'est le fils d'un ancien combattant canadien qui s'est battu pour son pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Je vais également vous remettre la brochure qui était distribué à ces personnes lorsqu'elles arrivaient sur le bateau. Elle disait :
Dès que le navire sera à quai, des fonctionnaires de l'immigration canadienne monteront à bord. Ces hommes se chargeront des formalités d'entrée au Canada, ce qui fera automatiquement de vous des citoyens canadiens.
Madame la ministre, je pense que cette information pourrait vous être utile.
J'aimerais également vous poser une autre question précise au sujet du paragraphe 5(4). Vous dites que vous en avez accordé 33. Eh bien, vous ne pensez pas que la ministre ne devrait pas accorder la citoyenneté comme elle l'entend...? N'est-ce pas une mesure politique? Ne devrait-ce pas être prévu par une loi?
Le Comité central mennonite nous a donné un chiffre de 30 000 personnes. J'ai une note de service — et M. Janzen comparaîtra devant le comité — qui parle de 30 000 personnes qui n'ont pas conservé la citoyenneté. Il y a ensuite tous ces gens qui se sont mariés à l'étranger au cours de cérémonies religieuses et non pas civiles. Je vous ai posé cette question à la Chambre. Comment expliquez-vous que les personnes mariées à l'église fassent l'objet de mesures discriminatoires?
Je vais en rester là pour les questions, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre et à vos collaborateurs d'être ici.
Je dois dire que je suis d'accord avec M. Alghabra. Il a énuméré un certain nombre de dossiers qui sont en train d'être examinés, mais cela ne se fait pas rapidement. Je comprends sa frustration. Notre gouvernement a hérité d'une situation désastreuse, celle que lui a léguée le gouvernement précédent. Je peux donc comprendre sa frustration.
Je sais, madame la ministre, que cela fait peu de temps que vous êtes en poste mais vous avez beaucoup travaillé non seulement pour faire avancer cet important dossier, mais pour mettre en route des mécanismes extrêmement importants, tout en le faisant avec prudence, comme vous le dites, en consultant les provinces. Je pense que c'est un aspect qui est très important pour notre gouvernement, le respect des compétences provinciales.
Si l'on regarde plus particulièrement la question de l'Alberta — je vais commencer par cela et poser ensuite une question précise sur les Canadiens déchus — nous savons que la province souffre actuellement d'une grave pénurie de main-d'oeuvre. Il arrive souvent qu'il soit difficile de traiter les permis de travailleur temporaire. Je pense que vous êtes très bien placée, étant donné que vous avez été à RHDS, et maintenant à Citoyenneté et Immigration, pour faire progresser certains de ces dossiers complexes.
L'Alberta fait face à une véritable crise à cause de la pénurie de main-d'oeuvre. Nous sommes en train de travailler, comme vous le savez, grâce au dynamisme de notre gouvernement, à l'élargissement du programme des candidats des provinces et également au renforcement de la coordination avec le système des permis de travailleur temporaire. C'est la raison pour laquelle, madame la ministre, je vous invite à continuer à simplifier et à améliorer les délais de traitement de ces permis de travailleur temporaire. Je suis en contact avec les secteurs industriels, en particulier en Alberta, et on me dit constamment que c'est un grave problème. J'apprécie beaucoup le travail considérable que vous avez accompli dans ce dossier.
Plus précisément, je pense qu'en 2005, un de nos collègues, John Reynold — il n'est plus ici — avait coparrainé un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi S-2. C'était la première fois que j'entendais parler des Canadiens déchus et je me souviens du débat que cette question avait suscité. D'après mon souvenir, le projet de loi modifiait la Loi sur la citoyenneté pour changer les dispositions relatives à la réintégration dans la citoyenneté pour les personnes qui avaient cessé d'être des citoyens canadiens en raison de leur minorité entre le 1er janvier 1947 et le 14 février 1977. Il est intéressant de noter à propos de ce projet de loi qu'il a obtenu la sanction royale. Je pense que tous les partis appuyaient ce projet de loi et reconnaissaient sa nécessité.
Depuis que cette solution est devenue loi, d'après ce que j'ai compris, je me demandais si vous ou vos collaborateurs pouvaient nous dire comment le ministère a mis en oeuvre les dispositions du projet de loi et quels ont été les résultats obtenus. Est-ce que cela explique certaines des choses dont vous avez parlé aujourd'hui dans votre rapport, madame la ministre?
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Eh bien, je suis né au Canada, et je suis né au Canada de deux parents canadiens mais je ne suis pas canadien. On m'a retiré ma citoyenneté canadienne contre ma volonté et sans me le dire.
La citoyenneté est devenue quelque chose de très important pour moi et je dois reconnaître que cela n'a rien à voir avec la politique. Je vais appuyer quiconque est prêt à m'appuyer moi sur cette question.
Je me bats pour faire respecter mes droits, comme l'a fait mon père. Mon père était officier dans l'armée canadienne au cours de la Seconde Guerre mondiale et il est mort sans pouvoir entrer dans la Légion canadienne, il n'était pas non plus citoyen canadien quand il est mort. Ma mère est né à Vancouver en 1917 et elle n'a pas la citoyenneté canadienne. Je suis la septième génération. Je suis très fier de mes racines et de qui je suis.
Le problème est que nous vivons dans un pays qui ne reconnaît pas les gens comme moi.
La Loi sur la citoyenneté de 1947 a été adoptée et tout a commencé en 1868. En fait, il faudrait remonter à 1867. Il y a eu l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui a fait du Canada un pays distinct.
En 1868, le Canada a adopté la première Loi de naturalisation. Nous étions des sujets britanniques mais des ressortissants canadiens. Selon les termes exacts de cette loi, je les cite mot à mot, les femmes mariées, les mineurs, les aliénés et les idiots étaient visés par la même incapacité en matière de nationalité. Cette loi est demeurée en vigueur pendant 79 ans.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Paul Martin père et plusieurs autres personnes ont eu l'idée de créer une identité canadienne distincte. C'est après la Seconde Guerre mondiale que Paul Martin père a visité les cimetières de Dieppe, qu'il a vu 707 tombes et qu'il s'est dit que ces soldats canadiens étaient morts comme des sujets britanniques; il a conclu que nous étions un pays sans citoyens.
Il est revenu et a fait une chose merveilleuse. Il a rédigé la première Loi canadienne sur la citoyenneté, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1947. Il a finalement accordé aux femmes mariées le droit d'être reconnues comme citoyennes mais elles n'avaient pas les mêmes droits que les autres.
La Loi sur la citoyenneté de 1947 reflète son époque. Elle disait, mot à mot, que « un mineur, un aliéné ou un idiot » serait visé par la même incapacité en matière de citoyenneté.
Ce qui est arrivé, c'est que le Canada a fait une erreur grotesque dans les années 1700 et encore une fois en 1977. Dans les années 1700, le Canada a aboli l'esclavage mais il l'a fait en utilisant des termes de ce genre. Le Haut Canada a déclaré que les personnes qui étaient esclaves le demeureraient jusqu'à leur mort mais que pour les nouveaux, l'esclavage était désormais illégal au Canada. C'est ce qu'ils ont fait en 1977. Ils ont adopté une nouvelle loi sur la citoyenneté. Le sénateur Kinsella faisait partie de ce comité et connaît très bien la question. Ils ont parlé des enfants qui se trouvaient dans ma situation, mais c'est la bureaucratie qui s'est opposée à tout cela.
Le Canada a donc changé la loi, mais il l'a uniquement changée pour l'avenir. Les enfants dans mon cas ont été mis de côté.
Je n'étais pourtant pas seul au Canada. C'est une chose très grave qui vient de l'Empire britannique. De nombreux pays avaient ce genre de textes et de lois — Trinidad, Australie, Mexique, Afrique du Sud, Philippines, Inde. Il y a beaucoup de pays qui ont maintenant modifié leur loi pour adopter un texte moderne.
Je viens de Vancouver et dans les années 1940, les Juifs qui vivaient à Vancouver ne pouvaient vivre sur les propriétés britanniques, devenir membre du Royal Vancouver Yacht Club, du Point Grey Golf and Country Club. Les Asiatiques, les Indiens et les Autochtones ne pouvaient pas voter au Canada.
Nous remontons à 1914 et au Komagata Maro. Nous remontons à 1935, je crois, et au navire St. Louis. Le Canada a toujours eu de graves problèmes avec l'immigration et la citoyenneté.
Il est temps que le Canada fasse comme les autres pays, qu'il mette à jour sa Loi sur la citoyenneté pour qu'elle respecte la charte et qu'il fasse ce que toutes les autres colonies britanniques ont fait, qui a consisté à reconnaître et à accepter tous leurs habitants.
Il faut accueillir les gens, même les adultes qui ont pris une autre citoyenneté, parce que s'il y a bien une constante au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration...
Monsieur Karygiannis, vous avez dit quelque chose; vous avez dit que vous aviez appelé CIC trois fois et aviez obtenu trois réponses différentes.