:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour et bienvenue.
Au nom du comité, je souhaite la bienvenue au ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration à la séance de notre comité de ce matin. Je souhaite également la bienvenue à ses collaborateurs, le sous-ministre Richard Fadden, et Wayne Ganim, dirigeant principal des finances et directeur général, Direction générale des finances.
Pour avoir comparu devant nous à quelques occasions dans le passé, le ministre connaît déjà le fonctionnement du comité. Aujourd’hui, il est ici pour nous parler de son budget des dépenses, après quoi, bien entendu, le comité fera ses commentaires et posera des questions. Le ministre devrait être des nôtres jusque vers 10 h 45; par la suite, nous passerons en revue les différents crédits inscrits au budget, etc.
Monsieur le ministre, je vous invite maintenant à faire votre déclaration préliminaire.
:
Merci, monsieur le président. Je suis très heureux de prendre la parole devant le comité une fois de plus.
Bonjour.
J’ai présenté aux honorables députés le Budget supplémentaire des dépenses (A) de mon ministère pour l’exercice actuel aux fins d’examen et d’approbation par le comité.
J’estime que la majorité des éléments sont question de routine. Si vous le permettez, je vais utiliser mon discours d’ouverture pour aborder certaines questions d’ordre plus général touchant la citoyenneté et l’immigration. Je vais naturellement répondre à toute question des honorables députés.
La responsabilisation est une priorité du présent gouvernement, monsieur le président.
[Français]
Au cours des derniers mois, j'ai eu l'occasion de voyager partout au pays et de constater en personne comment Citoyenneté et Immigration Canada contribue à l'essor de notre pays.
[Traduction]
Durant des cérémonies de citoyenneté, j’ai observé la joie et la détermination dans les visages des nouveaux citoyens. Au Manitoba, j’ai discuté avec des réfugiés karens arrivés au cours des derniers mois. J’ai parlé à des travailleurs d’organismes communautaires qui sont si dévoués et attentifs à offrir aux nouveaux arrivants le soutien dont ils ont besoin. J’ai également pris conscience des mesures additionnelles que nous pouvions prendre pour construire ce pays, et des raisons pour lesquelles nous devons en faire davantage. L’immigration a toujours été un élément fondamental de notre prospérité depuis des décennies, et son importance continuera d’augmenter dans le futur. En effet, d’ici dix ans, l’immigration représentera l’ensemble de la croissance nette totale de la main-d’œuvre.
[Français]
Nous avons besoin de cette main-d'oeuvre.
[Traduction]
Cet été à Whistler, en Colombie-Britannique, les propriétaires d’entreprises m’ont indiqué qu’ils faisaient face à une pénurie de main-d’œuvre de 3 500 travailleurs. Ils sont inquiets de ne pas avoir les travailleurs nécessaires cet hiver pour le fonctionnement des remonte-pentes. Les patrons mettent déjà la main à la pâte pour le nettoyage des chambres d’hôtel.
Le problème est même beaucoup plus sérieux. Selon le ministère du Développement économique de la Colombie-Britannique, la valeur des projets de nouvelles infrastructures en cours de réalisation ou prévus est évaluée à 100 millions de dollars. En outre, dans ma province d’Alberta, le Canadian Energy Research Institute indique que 100 milliards de dollars seront investis dans les sables bitumineux d’ici 2020. Il y a un besoin criant de travailleurs pour appuyer ces investissements.
[Français]
Nos réussites à venir reposent en très grande partie sur notre capacité de relever ces défis.
[Traduction]
Nous avons assurément besoin d’un plus grand nombre de travailleurs. Comme les honorables députés le savent, j’ai présenté le nouveau plan d’immigration la semaine dernière. Nous avons l’intention d’accepter entre 240 000 et 265 000 immigrants en 2007, le plan le plus ambitieux que l’on ait vu depuis 15 ans. Toutefois, notre succès ne se mesure pas seulement en chiffres. Notre réussite repose sur le sort des immigrants — sont-ils heureux et demeurent-ils dans notre pays. Dans les années 1980, le revenu des travailleurs immigrants qualifiés était 25 p. 100 plus élevé que celui de leurs homologues canadiens après une année au Canada. En 2003, le revenu des travailleurs immigrants qualifiés était pour ainsi dire 33 p. 100 moins élevé que celui de leurs homologues canadiens après une année. Nous devons analyser ce qui s’est passé pendant la dernière décennie et rectifier la situation.
Les montants alloués à l’établissement des nouveaux arrivants n’ont pas changé depuis le milieu des années 1990, mais le nombre d’immigrants n’a cessé d’augmenter. Notre contribution ne doit pas se limiter à dire « Bienvenue au Canada - Bonne chance ». Des ressources appropriées doivent être investies pour aider les immigrants. Les programmes d’établissement sont exactement ce à quoi on peut s’attendre; il s’agit de programmes qui aident les nouveaux arrivants à s’établir au Canada. La formation linguistique est l’un des programmes clés, mais les programmes d’intégration sont tout aussi importants, notamment comment inscrire les enfants à l’école, trouver un médecin ou trouver un emploi. Des choses essentielles pour accueillir les nouveaux arrivants et les aider à partir du bon pied.
[Français]
Voilà pourquoi notre gouvernement s'est engagé à investir 307 millions de dollars en fonds supplémentaires pour l'établissement au cours des deux prochaines années. Ces fonds serviront à appuyer nos partenaires au regard de la prestation de ces services importants.
[Traduction]
Nous offrons également une aide directe aux nouveaux arrivants. Nous avons réduit de moitié les frais relatifs au droit de résidence permanente, qui étaient auparavant de 975 $. Depuis l’entrée en vigueur (de cette mesure), 46 000 personnes ont économisé environ 22 millions de dollars. Nous travaillons fort pour attirer des travailleurs qualifiés et des professionnels. C’est ainsi que doit fonctionner un programme d’immigration souple, et je vais encourager la prise de mesures afin que le système réponde encore mieux aux besoins à court et à long terme. Par exemple, on relève quelque 150 000 étudiants étrangers au Canada à l’heure actuelle qui cherchent à obtenir un diplôme ou des titres de compétences au Canada. Et depuis que nous leur avons ouvert le marché du travail en mai dernier grâce au programme de permis de travail hors campus, plus de 7 000 d’entre eux ont pu obtenir un permis de travail. Il s’agit de jeunes personnes motivées possédant des compétences acquises au Canada et qui peuvent maintenant obtenir une expérience professionnelle au Canada — et pourtant, nous les renvoyons dans leur pays d’origine lorsque leur permis d’études vient à échéance. Nombre d’entre eux pourraient vouloir rester et accepter un emploi au Canada.
[Français]
Je veux qu'ils aient cette possibilité.
[Traduction]
Nous avons besoin de ces personnes instruites et hautement qualifiées — mais des employeurs m’ont répété à maintes reprises que le Canada a été bâti grâce aux efforts acharnés des travailleurs, et nous allons continuer de bâtir le Canada de cette façon. En d’autres termes, nous avons également besoin de travailleurs manuels, que nous recrutons au moyen du programme concernant les travailleurs étrangers temporaires. Nous acceptons 100 000 travailleurs temporaires par année. Nous avons créé à Vancouver et à Calgary de nouvelles unités chargées de traiter les demandes de travailleurs temporaires qui travailleront plus étroitement avec les employeurs pour répondre à leurs besoins. Nous comptons faire davantage. Cet automne, je prendrai des mesures pour faire en sorte que le programme concernant les travailleurs étrangers temporaires soit encore mieux adapté aux besoins du marché du travail, et j’examinerai d’autres changements fondamentaux pouvant être apportés au programme de façon à ce qu’il puisse répondre aux besoins du Canada dans les années à venir.
[Français]
Par ailleurs, il est manifeste que nous avons besoin de plusieurs de ces gens à plus long terme.
[Traduction]
Les travailleurs temporaires acquièrent une expérience de travail au Canada, apprennent la langue et s’adaptent à notre mode de vie. Ils disposent de tous les éléments nécessaires à leur réussite au Canada, puis, au moment où ils commencent à s’adapter, nous les renvoyons dans leur pays d’origine. Ce n’est un secret pour personne que je cherche toujours à encourager les étudiants et les travailleurs temporaires à rester au Canada de façon permanente — donnons-leur la possibilité de faire du Canada leur patrie.
Ces changements auront d’importantes répercussions, sans toutefois nuire au respect des règles du système ou à notre engagement à protéger la sécurité du Canada et de ses alliés. L’immigration à elle seule ne réglera pas les pénuries de main-d’oeuvre du Canada et n’assurera pas notre future prospérité. Il nous faut utiliser au mieux les ressources humaines dont nous disposons actuellement, et nous devons tenir compte d’éléments comme la formation et l’éducation, la mobilité des la main-d’oeuvre et la façon dont nous pouvons accroître dans la population active le nombre de personnes faisant partie de groupes sous-représentés. Ma collègue, , est responsable des grandes questions de ressources humaines et est notre partenaire au chapitre de la reconnaissance des titres de compétences étrangers.
[Français]
Il ne fait nul doute que l'immigration peut contribuer davantage. Nous en faisons plus et nous irons encore plus loin à l'avenir.
[Traduction]
Nous allons accroître notre capacité à fournir les compétences et les ressources humaines dont l’économie a besoin en offrant aux étudiants étrangers et aux travailleurs temporaires l’occasion de faire profiter le Canada des compétences qu’ils ont acquises au pays.
[Français]
Je remercie les députés du temps qu'ils m'ont accordé.
[Traduction]
Je remercie les députés pour le temps qu’ils m’ont consacré.
Je serai heureux de recevoir tout conseil ou question pouvant nous aider dans notre travail de construction du Canada.
:
Bonjour, monsieur le ministre. Nous sommes heureux de vous compter parmi nous.
Je note, à la lumière de votre allocution, que le besoin de nouveaux travailleurs, engendré par l’activité économique canadienne, vous préoccupe grandement. Je vais donc vous poser une question sur ce point précis.
Lorsque nous avons adopté notre nouveau système de points d’appréciation en 2002, nous avons assisté à un véritable chambardement. Il est devenu plus difficile pour les gens dont notre économie a besoin d’entrer au pays et d’y travailler légalement. Je parle ici des travailleurs sans-papiers. S’il y a autant de travailleurs sans-papiers— les estimations vont de 200 000 à 500 000 — cela s’explique par le fait que ces gens dont notre économie a besoin ne parviennent pas à se faire admettre sous le régime du système de points d’appréciation.
Monsieur le ministre, dans le rapport que notre comité a déposé l’été dernier, nous demandions l’imposition d’un moratoire applicable aux travailleurs sans titres de compétences, en attendant la refonte de notre système de points. Le comité avait aussi recommandé que les ressources que nous mobilisons pour nous défaire de ces travailleurs sans titres de compétences soient plutôt employées pour s’occuper de quelques-uns des dossiers criminels les plus graves que nous ayons au Canada, pour s’occuper de faire expulser les indésirables.
Cette question pose véritablement un problème. Le ministre précédent avait fait de la résolution de ce problème une priorité. Je suis convaincu qu’il avait fait préparer des rapports à ce sujet par ses fonctionnaires, rapports auxquels il ne semble pas avoir été donné suite.
Monsieur le ministre, vous et le ministre Day avez écrit une lettre, en réponse à notre rapport. J’ai lu cette lettre, dans laquelle vous nous suggérez de tenir des consultations publiques à l’échelle du Canada, et pas seulement à Toronto. J’aimerais préciser qu’au cours des dernières années, le Comité de la citoyenneté et de l’immigration a parcouru le Canada deux fois, et que le message que nous avons entendu provenait de partout au pays; pas seulement de Toronto, mais bien du Canada tout entier. Monsieur le ministre, je ne sais pas qui rédige les lettres pour vous à votre ministère, mais je crois qu’il y aurait des améliorations à faire de ce côté. Mais le fait est que c’est le son de cloche que nous entendons dans tous le pays.
Dans votre allocution, vous expliquez clairement que nous avons besoin d’opérateurs pour les remonte-pentes et de personnel pour le nettoyage des chambres d’hôtel. Les personnes qui pourraient faire ce travail ne sont pas admises au pays, sous le régime de notre système de points actuel. La question que je vous pose, monsieur le ministre, est la suivante: afin de venir en aide aux employeurs canadiens, pourquoi ne pas entreprendre un programme de régularisation pour les personnes qui ont fait leurs preuves et aider ainsi à construire l’économie canadienne?
:
Merci beaucoup, monsieur Telegdi, pour votre question. Je sais que cette question revêt une grande importance pour beaucoup d’entre vous, mais je crois important, avant d’y répondre directement, d’examiner simplement les faits.
Le fait est que pendant les années où il a été au pouvoir, le gouvernement précédent a expulsé environ 100 000 personnes qui n’étaient pas ici légalement — environ 100 000. Un grand nombre de ces personnes étaient des travailleurs sans titre de compétences, des sans-papiers comme vous les décrivez. Pendant les 13 années où il a exercé le pouvoir, votre gouvernement n’a rien fait pour régulariser la situation de ces personnes, et je crois que les ministres d’alors savaient bien que s’ils s’engageaient dans cette voie, ils risquaient de compromettre l’intégrité du système.
Je pense que certains redoutent également que, si l’on s’engage dans cette voie, l’on mette en péril les relations que nous avons, par exemple, avec les États-Unis, qui s’inquiéteraient sans doute de nous voir tenter de régulariser la situation de personnes qui sont entrées au pays sans passer par le système établi.
J’aimerais aborder un autre point, et il s’agit en fait d’une question, que je vous soumets. Si le gouvernement précédent était si préoccupé par cette question, pourquoi n’a-t-il pas fait de la régularisation de ces personnes l’un des enjeux de sa campagne électorale? Si le gouvernement était si préoccupé par la question et qu’il n’a pas eu le temps d’agir, comment se fait-il que vous n’ayez pas fait campagne sur cette question? De toute évidence, le Parti libéral n’a même pas jugé bon de passer aux actes; c’est pourquoi je ne pense pas que vous soyez très crédible lorsque vous affirmez que votre parti appuie une telle mesure.
Je crois pouvoir affirmer que les Canadiens ordinaires pensent que les gens doivent attendre leur tour et se disent que ceux qui veulent entrer au pays doivent le faire par la voie régulière, surtout lorsque l’on sait qu’en ce moment même, 800 000 personnes sont inscrites à la liste d’attente, dans l’espoir d’être admis au pays par la filière régulière.
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Je vais répondre à votre intervention et poser ma question de nouveau.
L’une des raisons pour lesquelles nous sommes aux prises aujourd’hui avec ce problème, monsieur le ministre, tient au fait que des ministres précédents, tout comme vous, ont malheureusement écouté la bureaucratie d’un ministère que je qualifierais de passablement dysfonctionnel.
Le ministre précédent était résolu à agir, et nous nous attendions à voir quelque chose se faire dans ce dossier. Je suis sûr d’une chose, c’est que vos collaborateurs auront certainement reçu des rapports sur la question, et si j’étais vous, je m’empresserais de dénicher certains de ces rapports.
Pour ce qui est des inquiétudes qu’auraient les États-Unis, laissez-moi vous rappeler, monsieur le ministre, que George Bush tente actuellement de régulariser la situation de millions de travailleurs aux États-Unis.
Vous dites que le Parti libéral n’était pas préoccupé par la question; nous étions, au contraire, très préoccupés par elle. J’irai jusqu’à dire que s’il n’y avait pas eu élection, nous aurions aujourd’hui une loi pour régler ce problème.
Je siège à ce comité depuis assez longtemps pour savoir de quoi il en retourne. Mais les problèmes que vous avez réellement — et que les ministres précédents ont également eus — viennent du ministère. C’est le ministère qui a recommandé de modifier le système de points. Je siégeais à ce comité, et si vous examinez les rapports antérieurs et les délibérations de ce comité, vous verrez que nous nous y étions fortement opposés. Le problème tient au fait que ce ministère obéit beaucoup trop à ses fonctionnaires, et pas assez au comité ou aux ministres.
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Merci beaucoup pour votre question.
L’étude dont nous parlons a été entreprise à la demande du président de la CISR, M. Fleury. Dernièrement, ce dernier a comparu devant le comité quelques fois et il a alors soulevé cette question. Il avait alors souligné que deux ans s’étaient écoulés depuis l’adoption des lignes directrices précédentes, et il estimait, qu’après quelques années, une étude s’imposait.
Nous avons demandé à la Commission des nominations publiques d’examiner la question et de le faire rapidement, et de s’assurer que le groupe d’experts qui seront appelés à siéger à la CISR sera le plus représentatif possible de l’ensemble de la population canadienne et, bien entendu, de s’assurer que ces gens sont compétents et peuvent faire le travail.
Évidemment, nous souhaitons éviter les problèmes que le système précédent a engendrés, et les retombées que nous continuons de voir aujourd’hui. M. Bourbonnais était l’une des personnes qui a été nommée sous le régime de l’ancien système, et nous savons tous quels problèmes il en a résulté.
En somme, le principe du mérite est primordial à cet égard; toutefois, le problème découle en réalité du fait que M. Fleury a demandé un examen après deux ans.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous vous souhaitons la bienvenue devant ce comité.
Vous avez parlé de l’augmentation du nombre d’immigrants prévus dans la planification pour 2007. Au fil des années, il y aurait eu des promesses faites par le gouvernement précédent pour tenter de porter à 1 p. 100 de la population la cible en matière d’immigration. Cet objectif n’a jamais été atteint au fil des années, mais il y a eu de modestes augmentations. Pourtant, je note, dans vos observations, que le financement pour l’établissement depuis le début des années 1990, 1994, n’a pas été fourni, alors même que les chiffres ont connu une hausse. Je trouve encourageant de voir que dans votre plan pour 2007 on prévoit une augmentation de 15 000 personnes dans la catégorie « Immigration économique » comparativement à 2006, et que l’objectif pour la catégorie « Regroupement familial » est à la hausse et passera à 5 000 membres, et qu’il y aura une augmentation de 1 000 pour les parents et les grands-parents. Cela dit, un poste budgétaire de 307 millions de dollars a aussi été prévu sur deux ans, devant servir à l’établissement et à l’immigration.
Quelles sont vos aspirations et vos attentes en ce qui concerne le financement pour l’établissement et le financement pour l’immigration? Et quelle corrélation voyez-vous entre cette hausse du financement et les objectifs ou l’augmentation des objectifs? A-t-on commencé à verser ces fonds? Et comment les choses se passent-elles?
:
Merci pour votre question.
Comme je l’ai dit dans mon allocution, les objectifs prévus dans notre planification sont les plus ambitieux depuis 15 ans. Nous croyons que nous devons accueillir plus d’immigrants au Canada. Les immigrants ont beaucoup contribué à la prospérité de notre nation dans le passé, et nous estimons que les immigrants sont essentiels à notre réussite future. Nous avons des besoins à combler sur le marché du travail, mais au-delà de cela, les immigrants enrichissent aussi notre pays, de manière considérable. Mais nous parlons ici de beaucoup plus qu’une simple hausse des objectifs. Nous devons aussi fournir du soutien, en termes de financement pour l’établissement, et c’est pourquoi, dans le budget, nous avons annoncé 307 millions de dollars d’argent neuf. Je signale au passage que cette hausse survient après de nombreuses années de stagnation du financement, ce qui s’est traduit par des coupes réelles pour les organismes d’établissement qui offraient de la formation en alphabétisation et de la formation linguistique de même que de la formation professionnelle, pour les nouveaux arrivants de toutes catégories, qui attendaient leur tour pour obtenir les services dont ils ont besoin pour réussir. Il ne s’agit pas simplement d’accueillir un plus grand nombre de personnes, bien que cela en soit essentiel. Il est tout aussi important de nous assurer que ces personnes reçoivent de l’aide pour qu’elles puissent réussir aussi bien que l’ont fait les nouveaux arrivants de la génération précédente.
En 1980, le niveau de vie moyen des nouveaux arrivants un an après leur arrivée au Canada était de 25 p. 100 supérieur à celui de l’ensemble des Canadiens, et en 2003, il était de 32 p. 100 inférieur à la moyenne canadienne. Cela n’est pas acceptable. Aussi, devons-nous accroître ce financement, ce que nous avons fait, et des sommes ont commencé à être versées. Nous avons déjà versé 60 millions de dollars à des organismes d’établissement des immigrants en Ontario, et cela va dans le sens de l’augmentation considérable du financement global que nous accordons pour l’établissement en Ontario, et qui représente une augmentation d’environ 70 p. 100. L’argent est là, et nous pensons que cet argent fera une énorme différence pour aider les nouveaux arrivants à réussir comme ils le devraient.
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Les données pour les programmes des candidats des provinces sont à la hausse. Nous croyons que c’est une bonne façon d’aider les provinces à répondre aux besoins du marché du travail, ou dans certains cas, à leurs besoins démographiques, puisque certaines provinces voient leur population baisser et souhaitent accueillir des personnes.
En Ontario, nous n’en sommes pas encore au point où nous avons effectivement conclu une entente relativement à la catégorie des candidats des provinces (CCP), mais l’Ontario est la province qui accueille le plus grand nombre de nouveaux arrivants. La situation peut ne pas être aussi critique en Ontario, mais nous croyons que c’est un bon programme.
L’autre question en est une à laquelle j’ai aussi fait allusion. Je crois que nous devons trouver le moyen de faire une place aux travailleurs temporaires qui ne possèdent pas nécessairement de diplôme universitaire, et qui ne peuvent satisfaire aux critères du système de points d’appréciation actuel. Nous devons trouver un moyen pour permettre à ces personnes de devenir des résidents permanents.
Je crois que si nous y arrivons, nous répondrons dans une certaine mesure à la préoccupation exprimée par M. Telegdi, à savoir que sous le régime actuel de points d’appréciation, nous fermons la porte aux personnes mêmes dont nous avons besoin le plus pour atteindre nos objectifs en termes de main-d’oeuvre. Nous devons inverser la tendance. Nous pensons que l’une des façons de le faire consiste à accueillir des travailleurs temporaires, qui démontrent déjà la contribution qu’ils peuvent apporter, et à faire d’eux des résidents permanents.
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Oui. Tout cela s’inscrit dans notre objectif d’obtenir de meilleurs résultats pour les nouveaux arrivants. Il s’agit de leur trouver dès le départ un emploi pour lequel ils sont formés et, du même coup, bien entendu, nous améliorons la situation de notre pays, car nous avons besoin de travailleurs.
En plus des 307 millions de dollars, qui sont essentiels, nous avons également pris des dispositions concernant la reconnaissance des titres de compétences obtenus à l’étranger. La ministre Finley mène en ce moment des consultations sur cette question, avec les provinces et les organisations professionnelles.
Nous espérons être en mesure de collaborer avec toutes ces organisations en vue de trouver une façon d’orienter les nouveaux arrivants, dès leur arrivée, vers la province dans laquelle ils sont appelés à travailler afin de trouver de quelles mesures de recyclage ils pourraient avoir besoin, le cas échéant. Nous devons aussi collaborer avec les organisations professionnelles afin d’aider les nouveaux arrivants à se conformer aux normes canadiennes qu’ils doivent respecter, dans la mesure où les titres de compétences qu’ils possèdent actuellement ne sont pas suffisants. Nous nous trouvons ici dans une situation où les gens doivent faire montre de bonne foi, plutôt que de travailler dans une optique de contrôle.
La ministre Finley oeuvre actuellement dans ce sens, et nous entendons jouer un rôle d’appui pour faire en sorte que les choses se concrétisent. C’est un dossier très important.
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Ce problème se pose particulièrement aux bureaux de Montréal. Lorsque les documents sont à Vegreville, leur obtention ne pose pas problème. Toutefois, c'est lorsque les documents sont transférés aux bureaux de Montréal qu'il semble y avoir une lacune à cet égard. Cela retarde évidemment le dépôt des demandes de résidence permanente des réfugiés acceptés, donc des gens qu'on accepte de protéger.
Parce qu'il est très difficile d'avoir une vue d'ensemble du coût des services d'immigration et que de plus en plus de gens nous demandent d'enquêter dans ce domaine, j'aimerais que le ministère dépose ici, au comité, la version la plus récente de votre modèle qui sert justement au contrôle, à la coordination et à la gestion des coûts.
Ce qui inquiète notamment les gens qui travaillent auprès des immigrants, ce sont les coûts d'opération des bureaux à l'étranger. Par conséquent, pourriez-vous nous donner un aperçu, par bureau à l'étranger, du nombre de ressources humaines dont vous disposez et des coûts d'opération afférents à la délivrance des services d'immigration, incluant également les bureaux régionaux ici?
En outre, vous parliez plus tôt des coûts unitaires des visas pour lesquels des coûts additionnels s'ajoutent aux 36 dollars, et dont on a fait mention dans les journaux. Pourriez-vous nous fournir un tableau plus exact des coûts unitaires des services d'immigration?
Je n'ai pas vraiment d'autres questions. Néanmoins, je tiens toujours à la Section d'appel des réfugiés, monsieur le ministre, car elle m'apparaît nécessaire. Compte tenu du fait que je ne vois pas de montants d'argent dans vos précisions ou vos demandes, est-ce un non définitif? À cet égard, avez-vous l'intention d'abroger la loi?
:
Merci, monsieur le président.
Et merci, monsieur le ministre, de votre présence ici aujourd’hui.
Lors de votre dernière présence parmi nous, j’ai mentionné que j’avais eu la chance de visiter le centre de traitement de l’immigration à Vancouver. Non seulement j’ai parcouru les bureaux afin de voir ce que les gens y faisaient, mais j’ai eu la chance de visiter la salle où sont conservés tous les dossiers. J’ai été frappé par le fait que chaque dossier correspond à une personne. Je crois que c’est l’une des choses qui fait que ce ministère est unique; c’est ce qui rend votre travail si important. Mais cela signifie aussi que le fonctionnement du système, a, en fin de compte, une incidence sur des personnes réelles, sur les personnes dont parlent ces dossiers.
Le système a adopté le système de gestion global des cas il y a quelques années. Je crois comprendre que ce travail se poursuit toujours. J’aimerais savoir si vous êtes en mesure de nous dire si vous êtes satisfait de l’état du système aujourd’hui et, si vous ne l’êtes pas, ce que vous comptez faire pour l’améliorer.
:
En premier lieu, je conviens avec vous que tous ces dossiers représentent des personnes. C’est pourquoi il est si important que nous fassions le meilleur travail possible pour passer en revue ces dossiers rapidement et efficacement, car dans l’intervalle, des personnes attendent; leur vie est en suspens, le temps qu’ils sont en attente de traitement.
La gestion globale des cas nous sera d’une grande aide dans l’exécution de ce genre de travail. Elle permettra finalement de mettre à niveau des systèmes informatiques qui ont de l’âge, dans certains cas, plus de vingt ans. Ces systèmes informatiques seront maintenant en mesure de parler à d’autres systèmes informatiques.
Je suis allé à Vegreville, et j’y ai vu nos employés prendre de l’information dans un système et la réintroduire dans un autre, parce que les ordinateurs ne communiquent pas entre eux. C’est un gaspillage considérable, et une perte de temps également, pour les gens qui sont en attente de traitement.
Suis-je satisfait? Non. J’aimerais que tout ce système soit mis en place beaucoup plus rapidement. Nous avons demandé à ce système de faire beaucoup plus que ce qui était prévu à l’origine, et il en résulte des retards. Nous y travaillons avec ardeur, et je fais le point régulièrement sur cette situation. Bien entendu, nous ne sommes pas aussi avancés que je le souhaiterais. Nous aimerions en avoir fini.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Karygiannis de son intervention.
J’aimerais aborder un autre sujet. Je m’interroge au sujet du financement et sur le fait que 307 millions de dollars ont été affectés au titre de l’intégration et de l’établissement. Je comprends que le Québec a quant à lui affecté 196 millions de dollars à cet effet, c’est-à-dire aux fins de l’établissement et de l’intégration des nouveaux Canadiens qui s’installent dans cette province. Une partie de cet argent est consacrée à la formation linguistique, et je remarque que, selon les rapports que nous avons, en matière d’acquisition de compétences et de formation linguistique, nous ne possédons pas de norme nationale s’appliquant uniformément dans toutes les provinces. J’aimerais que le ministre nous explique si une partie du financement pourrait être utilisée à cette fin.
Au sujet des fonds qui sont distribués — les 60 millions de dollars dont il a été question plus tôt relativement à l’Ontario —, y a-t-il des processus ou des mécanismes de contrôle pour s’assurer que ces fonds vont bien aux tiers qui fournissent les services d’établissement et d’intégration? Les fonds vont-ils véritablement aux tiers, et y a-t-il un quelconque processus de contrôle en place?
Tout d’abord, en ce qui concerne la formation linguistique, selon le Budget principal des dépenses, environ 100 millions de dollars ont été consacrés à ce chapitre dans l’ensemble du pays l’an dernier. Cette année, ce montant passera à 181 millions. C’est une augmentation de 81 millions de dollars — une augmentation considérable — aux fins de la formation linguistique des nouveaux arrivants.
Nous consacrons également du financement pour des cours de langue de niveau avancé, qui constituent une forme relativement nouvelle de formation linguistique. Les cours de langue de niveau avancé font acquérir aux immigrants le vocabulaire dont ils ont besoin dans leurs activités professionnelles. Depuis quelques années, les lacunes d’ordre linguistique sont l’un des principaux facteurs qui empêchent les immigrants de travailler dans leur domaine de formation et d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.
Nous croyons qu’il s’agit d’une question très importante, et nous considérons avoir fait un grand pas dans la bonne direction. Après plusieurs années de gel du financement consacré à l’établissement et à la formation linguistique des nouveaux arrivants, cette mesure constitue véritablement un grand pas en avant. Nous croyons que cela aidera beaucoup de gens.
Oui, il existe des normes que les divers organismes d’aide à l’établissement doivent respecter. Ces organismes doivent produire des rapports pour expliquer la façon dont ils dépensent l’argent qui leur est versé, dans la plupart des cas par le gouvernement fédéral en passant par les provinces ou, dans le cas de l’Ontario, directement du gouvernement fédéral.
Les organismes d’aide à l’établissement qui respectent les normes établies continuent de recevoir du financement. Par contre, dans les cas où l’on décèle des anomalies, on rappelle aux organismes concernés ce qui est attendu d’eux en matière de communication de renseignements, ainsi que les normes habituelles, les normes comptables et les normes de rendement qu’ils doivent respecter. Nous voulons que ces groupes nous montrent qu’ils obtiennent véritablement des résultats.
La bonne nouvelle est que les personnes qui travaillent dans les organismes d’aide à l’établissement sont parmi les personnes les plus consciencieuses du pays. Je dirais qu’en général, pour chaque dollar que nous leur donnons, nous recevons l’équivalent de trois dollars. Ces personnes ont la cause des immigrants à cœur et elles font un travail extraordinaire.
Je les applaudis. La plupart d’entre nous n’accepterions jamais de faire le travail qu’elles font, au salaire qu’elles reçoivent. Elles méritent réellement notre reconnaissance et notre admiration.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, , et bienvenue encore une fois à notre réunion.
[Traduction]
Vous avez mentionné que les travailleurs des organismes d’aide à l’établissement sont très dévoués et ne reçoivent qu’un très faible salaire. Vous avez mentionné il y a un moment que vous et votre gouvernement alliez investir 307 millions de dollars.
Je voudrais vous rappeler que l’an dernier, avant les élections, nous, le gouvernement libéral, avions investi 398 millions de dollars aux fins de l’établissement et de l’intégration. Le gouvernement libéral de 2003 avait été plus généreux que le gouvernement conservateur de 2006.
Je suis d’accord avec vous quand vous dites que les travailleurs des organismes d’aide à l’établissement sont très dévoués. Mais si vous accordiez non pas 307 mais 398 millions de dollars de financement, peut-être que ces travailleurs se porteraient mieux et pourraient vivre de leur passion d’aider les immigrants à s’intégrer à la société canadienne.
C’est un simple commentaire. Je ne pouvais m’empêcher de réagir à certains de vos propos.
[Français]
Je voudrais revenir sur le rapport annuel des niveaux d'immigration pour 2007.
Les résultats de fin d'année que vous nous avez présentés révèlent que 130 242 travailleurs qualifiés sont entrés au pays en 2005. La cible originelle était de 112 500, entre 112 500 et 124 500. Dans l'étude de votre rapport annuel, je remarque qu'en fait, 5 000 travailleurs qualifiés de plus qu'il n'était prévu sont entrés au Canada pendant cette période.
Cette année encore, le rapport annuel du ministère révèle que 53 p. 100 des travailleurs qualifiés sont déjà entrés entre janvier et juin, c'est-à-dire un peu plus de 55 528 personnes, alors que la limite supérieure était de 116 000 personnes.
Je remarque donc un grand écart entre les chiffres de votre rapport et les chiffres que nous souhaiterions. Vous soutenez, d'une part, que vous voulez faire entrer plus de travailleurs qualifiés, mais d'autre part, la cible de votre ministère est de plus en plus basse par rapport aux travailleurs qualifiés seulement.
Pourriez-vous nous expliquer cela, s'il vous plaît?
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Premièrement, c’est une chose de promettre du financement aux fins de l’établissement; c’en est une autre de le verser véritablement. Nous avons rempli nos promesses.
Quant à la hauteur du financement accordé, la fourchette de planification que nous avons établie est la plus haute depuis 15 ans. La façon dont cela fonctionne, si je comprends bien — et mes collaborateurs me corrigeront si je me trompe, ce qui est bien possible —, c’est que nous essayons de revoir chaque catégorie afin de respecter la fourchette. Nous jonglons avec les ressources afin de nous conformer aux fourchettes de planification, mais nous ne pouvons savoir quand les gens utiliseront les visas qui leur sont accordés — cette décision leur appartient. Je crois que les gens ont en moyenne six mois pour utiliser leur visa, si ma mémoire est bonne. L’an dernier, les gens ont attendu moins longtemps qu’à l’habitude — tout particulièrement, je crois, dans la catégorie des travailleurs qualifiés. Si je me souviens bien, je crois que les travailleurs qualifiés immigrants ont attendu 30 jours de moins qu’à l’habitude pour utiliser leur visa, de sorte qu’à la fin de l’année, on a constaté qu’on avait accueilli plus de gens que ce qui avait été prévu dans la fourchette de planification. C’est ce qui s’est passé l’an dernier.
Nous ne comptons pas là-dessus; nous nous fondons sur ce qui a été observé dans les dernières années. C’est ainsi que nous avons calculé nos prévisions.
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Je partagerai mon temps avec Mme Grewal. Je n’ai qu’un bref commentaire à faire, puis, pour mémoire, je céderai la parole à Mme Grewal.
J’ai écouté Mme Folco et j’ai lu le rapport annuel. Le rapport annuel indique qu’en 2005 — et je crois que ce sont là quelques-uns des chiffres auxquels elle faisait référence — il y a eu beaucoup plus d’immigrants que prévu, et ce, pour différentes raisons. Le ministre a fait allusion à certaines de ces raisons. L’une est que, comme je l’ai lu, en moyenne, en 2005, les immigrants ont attendu moins longtemps qu’en 2004 pour utiliser leur visa. En effet, le temps moyen écoulé entre la délivrance du visa et l’arrivée de son détenteur au Canada a diminué de près de 30 jours en 2005, de sorte que près d’un mois de plus d’admissions a été enregistré durant cette année. Toujours en 2005, le nombre de personnes possédant un visa d’immigrant mais choisissant de ne pas l’utiliser a diminué considérablement par rapport à 2004, ce qui constitue une aberration, en quelque sorte.
Quoi qu’il en soit, si je comprends bien, la limite supérieure établie par le ministère pour cette année est supérieure à ce que nous avons connu en 2005, compte tenu de la hausse. J’aimerais que vous nous donniez quelques explications, si possible, puis je céderai la parole à Mme Grewal.
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Merci, monsieur le président.
À mon tour de vous souhaiter la bienvenue, monsieur le ministre.
J’ai plusieurs questions à vous poser et puisque je dispose de peu de temps, je vous serais reconnaissant de vous en tenir à des réponses courtes, dans la mesure du possible.
La première question que je veux aborder est la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en Colombie-Britannique et dans l’ouest du Canada. La population de l’Ouest commence à trouver le règne conservateur plutôt difficile — le dossier des fiducies de revenu nous a privés de 25 milliards de dollars, puis notre industrie du tourisme s’est retrouvée avec un manque à gagner de 7 millions de dollars, conséquence de l’annulation du remboursement de la TPS.
Maintenant, comme vous le mentionniez dans votre préambule, il manque 3 500 travailleurs à Whistler, en Colombie-Britannique, Whistler qui est une communauté de petite taille, mais tout de même de grande importance, dans l’Ouest canadien. Quels efforts votre ministère fait-il afin de prolonger le visa des travailleurs temporaires d’un an à deux ans? De nombreux hôtels et restaurants font venir des travailleurs, les forment pendant un mois, puis, onze mois plus tard, doivent les laisser partir. Qu’est-ce que votre ministère fait dans ce dossier?
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Entendu, alors je vais passer à ma deuxième question.
C’est un fait, nous avons une grave pénurie de main-d’œuvre qualifiée au Canada. Comme vous le savez, il y a 800 000 personnes sur la liste d’attente, qui souhaitent immigrer au Canada, dont 500 000 dans la catégorie des travailleurs qualifiés. Ces gens doivent attendre cinq ans avant de pouvoir venir s’installer ici.
L’an dernier, le gouvernement libéral a autorisé l’admission d’un nombre record de nouveaux Canadiens, soit 262 000. Je suis heureux de constater que, par suite des discussions que nous avons eues, la fourchette de planification est passée de 240 000 à 265 000. Mais même si nous atteignons la limite supérieure de cette fourchette, soit 265 000, cela signifie que nous aurons seulement 3 000 nouveaux arrivants de plus que l’an dernier, alors que nous en avions accueilli 262 000. Je vous demanderais de réévaluer ce chiffre en tenant compte des graves pénuries dont souffre le Canada. Nos baby-boomers approchent de la retraite, ce qui fait qu’il y aura de moins en moins de personnes pour soutenir financièrement le système et de plus en plus de personnes à la retraite. Je vous demanderais de revoir ce chiffre à la hausse, pour l’établir aux environs de 350 000. En quoi croyez-vous qu’une augmentation de 3 000 immigrants ou nouveaux Canadiens va régler la situation? Cela ne réglera même pas la pénurie de 3 500 travailleurs qualifiés que nous avons à Whistler, en Colombie-Britannique.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous écoute et je trouve que vous n’aidez pas la cause du ministère — tout est dysfonctionnel. Vous venez de dire qu’il est inacceptable que le revenu des dernières vagues d’immigrants accuse un retard de 32 p. 100. Laissez-moi vous dire que si leurs revenus sont si bas, c’est entre autres parce qu’il y a des médecins étrangers qui, à leur arrivée au Canada, sont contraints de conduire un taxi. De toute évidence, ce n’est pas le genre de travail qui va leur procurer le revenu qu’ils devraient avoir; et tous les autres professionnels sont dans la même situation.
Le système de pointage ne fonctionne pas du tout, je ne vous le répéterai jamais assez, monsieur le ministre. Les ministres ne font que passer; les seuls postes ayant un taux de roulement plus élevé sont peut-être ceux des sous-ministres. Je l’ai dit et je le répète: c’était une décision stratégique horrible, une décision dictée par la bureaucratie, malheureusement, et entérinée par le ministre, qui n’avait pas plus d’expérience que vous; et c’est là le problème.
Il est question de responsabilité. Je souhaite vivement voir le ministre, le comité et les députés rendre les bureaucrates responsables de leurs actes. L’une des façons par laquelle on pourrait y arriver, monsieur le ministre, ce serait d’essayer de retracer les personnes qui ont orienté les décisions et qui ont formulé des conseils relativement aux diverses options stratégiques que le gouvernement a adoptées, inévitablement. Qui était responsable — qui a mené le dossier des changements apportés au système de pointage? Ce ne sont certainement pas les parlementaires qui ont dressé des obstacles aux Canadiens perdus. La politique du Parti conservateur était forte dans le dernier Parlement. Les promoteurs en étaient le sénateur Kinsella et M. Reynolds du Parti conservateur.
Et la liste continue. Ces jours-ci, les épouses de guerre ont rendez-vous au Quai 21 de Halifax, pour souligner le 60e anniversaire de leur arrivée au Canada. Il y aura aussi bientôt le jour du Souvenir, dont nous profiterons pour honorer nos anciens combattants. Pourtant par ailleurs, monsieur le ministre, votre ministère — avec votre autorisation — porte en appel la décision rendue au sujet de Joe Taylor, ce fils d’une épouse de guerre, fils d’un ancien combattant canadien qui a porté les armes pour notre pays au cours de la Seconde Guerre mondiale. Vous remettez en question sa citoyenneté, qui lui a été retirée à tort, comme l’ont statué les tribunaux. Et bien sûr, vous avez éliminé le programme de contestation judiciaire.
Monsieur le ministre, je vous appréciais vraiment beaucoup lorsque vous étiez porte-parole en matière de finances pour le Parti réformiste, l’Alliance et le Parti conservateur. Vous faisiez un travail remarquable et je vous appréciais beaucoup parce que vous connaissiez ce dont vous parliez; vraiment, je vous assure. Ce n’est rien de personnel, monsieur le ministre; voyons, un, deux, trois, quatre, cinq, six ministres sont passés, dont cinq depuis que je siège au comité.
Nous sommes tous d’accord que le sénateur Roméo Dallaire est un grand Canadien, qui fut un grand homme d’armée. Au sujet du cas de Joe Taylor, on lui a demandé ce qui, selon lui, avait motivé la décision du gouvernement d’interjeter appel. Je ne sais pas si vous avez vu cette entrevue, mais le sénateur Dallaire a qualifié la décision de totalement absurde.
Il s’agit là d’un homme qui a travaillé à l’intérieur d’un gros système, qui a composé avec la bureaucratie et qui connaît ce dont il parle. Il a fait allusion aux « terroristes bureaucratiques » [Traduction], soit au noyau de personnes qui se trouvent au cœur du système, grisées par le pouvoir et l’autorité et qui interprètent les choses non pas dans l’intérêt des citoyens, mais dans l’intérêt du gouvernement. Ce n’est pas leur devoir. Leur devoir est de s’assurer que le gouvernement se conforme aux lois, afin d’aider les citoyens.
Mais revenons au nœud du problème, monsieur le ministre, je souhaite que vous fassiez une vérification et que vous examiniez quelques-unes des mauvaises décisions qui ont été prises. Cela m’embête de devoir dire ça, mais je crois que ces décisions sont le fruit de la bureaucratie. Essayez de retracer qui a formulé les mauvaises recommandations. Travaillez de plus près avec les membres du comité, lorsqu’ils parcourent le pays et recueillent des renseignements sur des questions qui vous intéressent, et servez-vous-en.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureuse, aujourd'hui, d'avoir un peu plus de temps pour poser des questions au ministre.
Au printemps, j'avais fait part au ministre des inquiétudes par rapport au taux d'abandon des différentes catégories d'immigrants à l'étranger dans la poursuite de leur dossier. Je me demande si le ministre peut déposer auprès du greffier du comité un portrait de l'évolution du taux de personnes qui décident de cesser leurs démarches pour immigrer au Canada.
Plus tôt, j'ai écouté les propos échangés entre le ministre et mes collègues du comité, et j'ai demandé les coûts unitaires les plus récents. Néanmoins, nous avons besoin d'un portrait de l'évolution des coûts unitaires depuis la transition de gouvernement. Par conséquent, un portrait pour 2004, 2005 et 2006 serait apprécié. Ce ne sont que quelques précisions.
En outre, votre refus de mettre en place un programme d'amnistie ou de régularisation, comme les groupes le réclament, semble assez ferme.
Peut-on s'attendre à un engagement de votre part? Car vous pouvez user de discrétion en ce qui concerne les pénalités qui varient de six mois à deux ans. Aussi, les personnes sans statut qui occupent un emploi au Canada et qui doivent quitter le pays pourraient-elles être considérées par votre ministère comme faisant l'objet de peines minimales? Pourraient-elles n'écoper que d'une pénalité minimale de six mois?
Je préférerais assurément un programme de régularisation pour répondre aux besoins de l'industrie. Toutefois, un engagement de votre part au regard de peines minimales est-il possible? Cela ne semble être pas le cas actuellement, dans les bureaux à l'étranger; ceux-ci semblent appliquer une peine plus sévère.