Pour beaucoup de migrants, et surtout ce dont nous parlerons aujourd’hui, la migration était non un choix, mais une nécessité et un mécanisme de survie. Ils ont été obligés de se déplacer à cause de forces indépendantes de leur volonté, comme les conflits, les violations des droits de la personne, les catastrophes environnementales, les politiques de libre-échange qui inondent les marchés de produits agricoles à bas prix et ruinent les agriculteurs locaux, la rupture d’un barrage qui les a privés de leur terre, etc.
L’attitude de notre gouvernement envers les migrants semble contradictoire. Au moment où les frontières nationales s’ouvrent aux marchandises, aux services et aux capitaux, elles se referment de plus en plus afin de restreindre les déplacements des personnes, c’est-à-dire d’empêcher leur entrée licite au Canada à titre de résidents permanents. Comme tant d’autres pays, le Canada étend discrètement ses programmes de travailleurs temporaires étrangers.
Malgré l’important rôle que ces travailleurs jouent dans notre économie, leur contribution est peu reconnue. Les migrants sont exposés à de multiples formes d’exploitation parce qu’ils n’ont pas de statut officiel et sont dans le besoin. Cette exploitation croissante est maintenant connue des organisations religieuses, des défenseurs des droits, des organisations de travailleurs et d’autres membres de la société civile. De ce fait, différents groupes de la société civile ont commencé à joindre leurs efforts pour permettre à ces travailleurs de se faire entendre.
Par suite de cette situation, KAIROS a joué un rôle de premier plan dans la formation du comité directeur de la justice pour les migrants, dont des membres sont présents ici aujourd’hui. Le comité a préparé et organisé une rencontre nationale sur la justice pour les migrants à l’Université York en juin 2006. Cette réunion a regroupé une centaine de migrants et de défenseurs des droits représentant des universités, des groupes religieux, des syndicats et l’ensemble de la communauté des défenseurs de la justice pour jeter les fondations d’un réseau national de justice pour les migrants au Canada.
Au cours de cette rencontre de deux jours, les participants ont cherché à former des alliances intersectorielles pour conjuguer leurs efforts. La participation de personnes directement touchées – des migrants et des travailleurs sans papiers – a beaucoup contribué au succès de la conférence. Nous regrettons que ces personnes ne soient pas représentées ici aujourd’hui.
La rencontre a permis à des aides familiaux résidants, des travailleurs agricoles saisonniers et des immigrants sans statut d’exprimer leurs préoccupations et aux organisations d’aide aux migrants, aux groupes religieux, aux syndicats, aux activistes communautaires et aux chercheurs des universités de partager leur expérience dans ce domaine.
Comme résultat direct de la rencontre, une déclaration commune a été publiée pour exprimer la préoccupation collective des participants. Nous avons fourni au comité un exemplaire de la déclaration et du compte rendu de la rencontre. Nous invitons les membres du comité à examiner la déclaration en détail plus tard.
Avant de poursuivre, je voudrais mettre en évidence quelques points saillants de la déclaration commune.
Il est temps que le Canada assume la responsabilité du rôle qu’il joue à titre de pays d’accueil et de responsable du sous-développement dans le monde ainsi que des diverses formes d’exploitation et de violation des droits auxquelles les travailleurs migrants et les personnes sans statut sont extrêmement vulnérables. Nous exigeons que le Canada assure une pleine protection des droits des travailleurs migrants conformément à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
Nous demandons à nos gouvernements de rendre compte des politiques injustes qui entraînent des déplacements et contribuent aux raisons profondes de la migration. Nous demandons l’instauration de politiques d’immigration équitables qui reconnaissent les multiples causes de la migration forcée et témoignent de la compréhension et de l’appréciation des besoins réels de la société et du marché du travail au Canada.
Tous les migrants, indépendamment de leur statut légal, méritent un salaire juste, un traitement équitable de la part de leurs employeurs ainsi qu’un droit entier et équitable d’accès aux services médicaux, sociaux, juridiques, d’éducation et d’aide auxquels peuvent recourir tous les Canadiens.
À part la déclaration commune figurant dans le compte rendu de la rencontre, le comité a reçu d’autres renseignements, y compris une trousse KAIROS intitulée God’s People: A People on the Move, spécialement conçue pour les églises en solidarité avec les personnes déracinées, ainsi qu’un mémoire du comité directeur de la justice pour les migrants destiné à l’étude sur l’employabilité du comité des droits de la personne. Nous transmettrons au comité la traduction de ces documents dans les prochains mois.
Je voudrais enfin attirer l’attention du comité sur la nouvelle vidéo Sans frontières de KAIROS concernant les migrants qui vivent et travaillent sans papiers au Canada. La vidéo, qui est accompagné d’un guide d’étude, met en lumière les problèmes de l’exploitation des travailleurs et de la séparation des familles engendrés par des politiques d’immigration restrictives. Nous espérons que le comité trouvera ces renseignements informatifs et utiles.
Nous sommes heureux d’apprendre que les programmes de travailleurs temporaires figurent en tête de la liste des priorités du comité. Il est impératif que le Canada donne un visage plus humain à son processus d’immigration.
D’autres témoins aborderont des questions et formuleront des recommandations touchant leur domaine particulier, mais nous espérons vous persuader que l’exploitation des travailleurs temporaires et sans papiers est généralisée. Elle constitue un grand problème systémique auquel il importe de s’attaquer.
Je vous remercie.
Je m’appelle Avvy Go. Je suis directrice de la Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic. Nous sommes membres de la campagne STATUS, qui fait également partie de la conférence de la justice pour les travailleurs migrants.
La campagne est organisée par des particuliers et des organisations communautaires qui s’inquiètent de la situation des immigrants sans statut au Canada. Nous travaillons depuis quelques années de concert avec d’autres organisations de la base en vue de régulariser la situation de ces immigrants.
On estime qu’entre 20 000 et 200 000 personnes sans statut vivent au Canada. Elles font partie de nos voisins, de nos camarades au travail et en classe, des gens qui construisent nos maisons, nettoient nos vêtements, font cuire nos aliments et s’occupent de nos enfants. Toutefois, à titre de personnes sans statut, elles n’ont droit à aucun des avantages que les Canadiens ordinaires tiennent pour acquis. Souvent, leurs enfants n’ont pas droit à l’éducation et sont même parfois privés du droit aux soins de santé. Pourtant, ces personnes paient des impôts qui contribuent au financement des services publics auxquels elles n'ont pas accès.
Les gens se retrouvent sans statut au Canada pour diverses raisons. La plupart doivent leur situation d’opprimés à leur race, leur sexe, leur statut social ou économique, etc. Il y a parmi eux des réfugiés qui auraient dû bénéficier de notre protection, mais dont la demande a été rejetée à cause des lacunes de notre système. Ce sont des survivants du trafic de personnes. Il y a également parmi eux des femmes parrainées qui ont quitté leur conjoint parce qu’elles étaient victimes de violence domestique, et des travailleurs temporaires qui n’ont pas réussi à obtenir le statut de résidents permanents.
Contrairement à l’idée que le public se fait d’eux, les immigrants sans statut sont en très grande majorité des personnes respectueuses des lois qui ne menacent nullement notre sécurité nationale. Ils constituent cependant des cibles faciles pour les médias et le public parce que personne ne parle en leur nom dans notre système politique.
La seule possibilité qui existe actuellement pour ces gens est de demander le statut de résident permanent pour des motifs humanitaires. Toutefois, le taux de succès de ces demandes étant très faible, cette possibilité n’offre pas un choix réel aux milliers d’immigrants sans statut qui se sont établis au Canada.
Ces difficultés et d’autres problèmes systémiques ont entraîné la création de la sous-classe des immigrants sans statut au Canada. Elle existe à cause de l’injustice et du caractère restrictif de notre système d’immigration et d’examen du statut de réfugié. Nous estimons donc avoir la responsabilité collective de nous attaquer à ces problèmes. Nous croyons en outre que le moment est venu pour le gouvernement d’établir un programme inclusif de régularisation permettant aux immigrants sans statut de devenir des résidents permanents, comme ils le méritent.
Je tiens à signaler que tout le long de notre histoire, le gouvernement du Canada a de temps en temps mis en œuvre des politiques visant les gens qui vivent chez nous sans statut, reconnaissant ainsi que notre système avait manqué à ses obligations envers eux. De concert avec le Conseil canadien pour les réfugiés, l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants et d’autres groupes, STATUS a proposé un plan complet de régularisation dont je voudrais vous exposer les principaux éléments.
L’un de ces éléments a déjà fait l’objet d’une décision unanime de votre comité: c’est la création immédiate de la Section d’appel des réfugiés. Le plan comporte aussi d’autres idées: créer une catégorie réglementaire permettant aux survivants du trafic de personnes de demander le statut de résident permanent, permettre aux travailleurs agricoles saisonniers et aux autres travailleurs temporaires de demander le statut de résident permanent, et relâcher les restrictions liées au processus des considérations humanitaires. Par-dessus tout, nous demandons au gouvernement d’instaurer un programme de régularisation semblable à celui qui avait été adopté en 1970, qui permettrait à quiconque se trouvait déjà au Canada avant une date donnée et qui y a vécu un certain temps de demander le statut de résident permanent.
Je suis sûre que vous aurez des questions à poser sur nos propositions, mais je voudrais dire avant de conclure qu’il est vraiment temps d’agir tout de suite. La situation est très urgente. Cecilia et Stan vous parleront des conditions dans lesquelles ces travailleurs et d’autres vivent actuellement. Il nous incombe de régler immédiatement ces problèmes.
Je vous remercie.
Je m’appelle Cecilia Diocson. Je suis la directrice générale de la NAPWC, ou Alliance nationale des femmes philippines du Canada. Créée en 2002, l’Alliance compte 15 organisations dans le pays. Nous avons une mission d’éducation, de sensibilisation et de défense des droits visant à faire connaître les conditions de vie et la lutte des femmes philippines du Canada et à combattre leur marginalisation économique, sociale et politique.
La NAPWC s’efforce d’habiliter les femmes philippines en leur faisant comprendre les motifs des obstacles qu’elles doivent affronter comme migrantes, immigrantes, femmes de couleur et travailleuses marginalisées et en appuyant collectivement leur lutte pour les droits de la personne, l’égalité, la paix et le développement.
À titre de communauté de migrantes et d’immigrantes, une grande partie de notre travail est liée aux politiques d’immigration. À part la recherche communautaire relative aux répercussions de ces politiques sur les femmes philippines et la collectivité, nous faisons de la sensibilisation dans la communauté philippine pour habiliter les femmes et les amener à participer au processus de la politique publique. Nous faisons également du travail de défense de droits et de lobbying en faveur de changements précis de la politique d’immigration en vue d’améliorer la situation des femmes et de la communauté philippine au Canada.
Nous avons déjà présenté notre analyse et notre position dans des mémoires adressés au comité, par l’entremise du groupe consultatif d’examen législatif et des représentants élus et grâce à des conférences et des rencontres communautaires et universitaires. Grâce aux efforts de KAIROS et de son réseau, la NAPWC comparaît une deuxième fois devant le Comité permanent de la citoyenneté de l’immigration.
Depuis la fin des années 1960, la communauté philippine du Canada s’est considérablement développée. On estime qu’elle compte aujourd’hui plus de 400 000 personnes. Elle a augmenté de plus de 31 p. 100 depuis le recensement de 1996. Dans l’ensemble, les Philippins se classent quatrièmes en nombre parmi les minorités visibles du Canada. Les données du recensement montrent également que les Philippines se classent au troisième rang parmi les pays d’origine des immigrants qui sont arrivés au Canada dans les 10 dernières années.
D’après les études réalisées, la communauté philippine du Canada se compose à 65 p. 100 de femmes. Près d’un tiers de cette communauté est constitué d’aides familiales venues au Canada dans le cadre du programme des aides familiaux résidants et du programme précédent des employés de maison étrangers. En 2005, d’après les statistiques de l’ambassade canadienne à Manille, les femmes philippines représentaient 95,6 p. 100 des aides familiales résidantes du Canada, même si elles ne constituaient que 2,2 p. 100 de l’ensemble des employés de maison philippins travaillant à l’étranger.
La prédominance des femmes philippines parmi les AFR montre à quel point le Canada profite du programme d’exportation de la main-d’œuvre des Philippines et à quel point ce programme contribue à la fourniture de services peu coûteux de garde d’enfants, de soins aux aînés et aux personnes handicapées et de travail domestique.
Vous avez le mémoire de la NAPWC. Je ne reprendrai donc pas l'historique du programme des aides familiaux résidants, que vous connaissez sûrement très bien. Je voudrais cependant vous mentionner quelques faits saillants du programme.
Créé en 1992, le programme s’est substitué à celui des employés de maison étrangers. Il comporte trois conditions de base. La première est l’obligation de résidence, au terme de laquelle il est illégal pour une aide familiale de vivre ailleurs qu’au domicile de son employeur pendant la durée de son contrat. La deuxième est l’obligation de travailler pendant 24 mois dans une période de trois ans, sous peine d’expulsion immédiate. La troisième est le permis de travail n’autorisant l’aide familiale à travailler que pour un seul employeur à la fois, ce qui la rend vulnérable aux abus et aux exigences arbitraires de son employeur.
Le programme a eu différentes répercussions sur notre communauté dans les 20 dernières années. Nous les avons réparties selon leur nature économique, politique, sociale ou culturelle.
Voici quelques-unes des répercussions économiques:
1. Déqualification. Avec le temps, les femmes perdent leurs compétences et leurs connaissances professionnelles tandis qu’elles continuent à faire du travail domestique.
2. Non-reconnaissance des études et de la formation, malgré leur niveau d’instruction relativement élevé et le fait qu’elles ont exercé leur profession aux Philippines et dans d’autres pays.
3. Baisse de la mobilité économique, les aides familiales trouvant difficiles d’accéder à des emplois mieux rémunérés en dehors du PAFR.
4. L’obligation de travailler pour un seul employeur au salaire minimum impose à ces femmes, par voie réglementaire, de vivre dans la pauvreté.
5. Même après être sorties du programme, beaucoup de ces femmes sont limitées à des emplois sans avenir et à des salaires de misère parce qu’elles ont perdu leurs compétences et que leurs études antérieures ne sont pas reconnues.
6. La pauvreté et le manque de perspectives économiques ont amené certaines de ces femmes à devenir des victimes de la prostitution et du trafic du sexe.
Les universitaires qui ont fait de la recherche sur les aides familiales philippines et sur l’ensemble de la communauté philippine ont abouti aux résultats suivants pour ce qui est des répercussions économiques du PAFR:
M. Gerry Pratt, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, 2003: « Ces femmes souffrent d’une baisse à long terme de leur mobilité professionnelle tandis qu’elles continuent à travailler comme femmes de ménage et comme aides familiales. »
M. Dan Hiebert, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, 1997: « Les femmes philippines sont plus susceptibles que d’autres d’être des femmes de ménage et des gardiennes d’enfants. »
Les femmes philippines présentent le plus haut degré de fragmentation professionnelle de tous les groupes féminins. Elles ne gagnent que 52 p. 100 du salaire médian des femmes de Vancouver.
Sur le plan politique, le PAFR entrave la lutte générale des femmes pour l’égalité, la démocratie et les droits de la personne. À cause de la précarité et de l’incertitude de leur situation de travailleuses temporaires, elles ne peuvent pas participer à la vie politique de la société, ce qui les affaiblit encore plus et accentue l’inégalité sociale. Le programme crée un bassin de personnes essentiellement composé de femmes dont les droits sont facilement violés tant au travail que dans la société, tout simplement à cause de la nature temporaire de leur situation et malgré un séjour relativement long au Canada. Elles sont tenues à l’écart du cercle de la citoyenneté canadienne, avec les droits et les privilèges qu’il comporte, en dépit de leurs contributions directes à l’économie du pays.
Leurs demandes de résidence permanente sont retardées ou rejetées, ce qui peut entraîner leur expulsion, à cause d’obstacles bureaucratiques ou de simple négligence. Comme elles n’ont pas le droit de vote, les efforts déployés en leur nom ne retiennent pas l’attention dans le cadre des débats politiques. Personne ne parle du PAFR dans les discussions sur les programmes de garderies et le régime d’assurance-santé, alors qu’il est évident que ce programme et les femmes qu’il fait intervenir jouent un rôle dans les deux cas. Ces femmes n’ont pas accès à l’aide juridique nécessaire lorsqu’elles doivent affronter des problèmes occasionnés par leur statut temporaire.
Les répercussions sociales du PAFR sont les suivantes:
1. N’ayant pas le statut d’immigrantes, elles sont exposées beaucoup plus que d’autres au racisme et à la discrimination systémiques parce qu’elles ne font pas partie de la collectivité canadienne et qu’on le leur fait sentir.
2. Leur statut aux termes du PAFR fait que beaucoup d’entre elles ne se plaignent pas si elles sont victimes de violence parce qu’elles craignent qu’une plainte ait des répercussions négatives sur leurs chances d’obtenir la résidence permanente et, plus tard, la citoyenneté.
3. Elles restent très longtemps séparées de leur famille, que le programme ne leur permet pas de faire venir au Canada. Notre étude montre que la séparation dure en moyenne cinq à dix ans. Lors de la réunification aux Philippines ou au Canada, elles sont presque devenues des étrangères pour leurs proches.
4. Beaucoup sont immédiatement expulsées pour la moindre infraction aux règles du programme, comme le fait de ne pas travailler 24 mois comme aide familiale dans une période de trois ans ou de vivre hors du domicile de l’employeur, même avec sa permission.
5. Leur marginalisation économique et sociale entrave leur intégration dans une société multiculturelle, même après qu’elles en ont fini avec le programme.
Les répercussions culturelles sont les suivantes:
Même quand elles deviennent résidentes permanentes et accèdent à la citoyenneté, ces femmes continuent d’être victimes du racisme et de la discrimination systémiques. On ne reconnaît ni leurs compétences ni leurs études. Leur marginalisation entraîne une aliénation sociale croissante qui empêche une transition harmonieuse vers l’établissement et l’intégration.
Ces femmes restent individuellement et collectivement sans pouvoirs et continuent à ressentir les effets du programme. La longue séparation, les difficultés économiques et la marginalisation sèment le trouble entre parents et enfants et entre les personnes, leur famille et la société.
Le programme entrave ou empêche la participation aux affaires civiques et communautaires, qui aurait favorisé l’intégration dans la société. Malgré leur contribution sociale, ces femmes ont l’impression d’être transformées en symbole de chansons, de danses et de mets exotiques, au nom du multiculturalisme. Il est donc pour elles très difficile de combler le fossé créé par le programme.
Voici quelques-unes des conclusions et recommandations que nous avons formulées à votre intention.
Compte tenu de ces répercussions du programme des aides familiaux résidants sur les femmes membres de notre communauté, la NAPWC et ses organismes membres réitèrent leur appel en faveur de l’élimination du PAFR et de ses trois conditions de base. Nous avons fait d’importants efforts de lobbying aux niveaux local, national et international pour souligner les énormes défauts de ce programme qui viole les droits humains des aides familiales philippines, les plaçant dans un contexte d’abus systémiques et de vulnérabilité, entravant leur développement et accentuant l’inégalité et la discrimination économique.
Nous exhortons le comité à étudier soigneusement ces répercussions et à trouver des moyens de les atténuer en élaborant des politiques publiques plus progressistes et plus positives qui permettraient de consulter ces femmes et la communauté dans leur intérêt et dans l’intérêt du Canada. À cet égard, Citoyenneté et Immigration Canada devrait appuyer les organisations communautaires qui ont créé des programmes et des services pour habiter ces femmes, leur famille et la communauté.
Nous préconisons le plein accès aux services d’établissement et d’intégration, comme le logement et la santé pour les aides familiales résidantes. Ainsi, les femmes qui travaillent dans le cadre du PAFR et qui ont déjà présenté une demande de réunification de la famille n’ont pas accès à des logements sociaux abordables avant l’arrivée de leur famille. C’est là une pratique discriminatoire envers ces femmes qui, à ce stade de leur établissement et de leur intégration, devraient avoir les mêmes droits et les mêmes possibilités que n’importe quel autre immigrant.
Nous demandons au comité d’examiner positivement nos recommandations. Nous répétons qu’elles se fondent sur notre recherche communautaire et sur les conclusions de personnalités universitaires et d’autres défenseurs. Nous espérons qu’on y donnera suite pour alléger le fardeau de ces femmes et de leurs proches et pour faciliter la réunification des familles, l’intégration et l’établissement au Canada.
Je vous remercie.
:
Je m’appelle Stan Raper. Je suis le coordinateur national du programme des travailleurs agricoles de l'Union internationale des travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce.
Nous faisons du lobbying et essayons d’organiser et d’aider les travailleurs agricoles partout au Canada, et surtout en Ontario et au Québec, où se trouve la majorité des travailleurs agricoles saisonniers, dans le cadre du Programme des travailleurs agricoles saisonniers administré par RHDSC.
J’ai quelques observations à formuler à ce sujet.
Nous essayons depuis un certain nombre d’années d’organiser les travailleurs agricoles au Canada. Avant de travailler pour les TUAC, j’étais le coordonnateur canadien de la United Farm Workers of America. J’ai été formé par Richard Chavez et Dolores Huerta, cofondateurs de ce syndicat.
Je ne sais pas si certains d’entre vous se sont intéressés au boycottage du raisin et au combat livré en vue d’organiser les travailleurs agricoles de la Californie et d’autres régions des États-Unis, mais nous avons observé avec un grand intérêt le mouvement d’amnistie chez nos voisins du Sud.
Les gens viennent toujours me demander pourquoi le Canada n’a pas un programme d’amnistie pour les travailleurs migrants invisibles et pourquoi nous ne manifestons pas dans les rues. Je crois que la réponse s’inscrit dans le mandat de votre comité.
Je dis cela parce que la plupart des travailleurs agricoles de l’Ontario, par exemple, n’ont pas le droit d’adhérer à un syndicat. Les agriculteurs sont obligés d’être affiliés à certaines associations. Pour le reste des agriculteurs et des travailleurs, il n’y a pratiquement aucune organisation de travailleurs agricoles en Ontario ou ailleurs au Canada.
Voici ce qui est arrivé. Une loi avait été adoptée. Nous avons organisé les travailleurs, mais le gouvernement Harris a abrogé la loi en Ontario. On a ordonné aux agriculteurs de s’affilier à l’une de trois organisations de la province: la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, la Fédération des agriculteurs chrétiens de l’Ontario et le Syndicat canadien des travailleurs agricoles. C’était obligatoire. Les agriculteurs ne pouvaient se retirer qu’après avoir présenté une demande écrite au ministre.
Les travailleurs agricoles n’ont aucun droit réel à la négociation collective en Ontario. Ils constituent un groupe invisible de centaines de milliers de travailleurs, qui n’a en fait aucune organisation pour le représenter ou parler en son nom.
Il y a pire encore. Nous avons des travailleurs agricoles saisonniers venant de la Jamaïque, de Saint-Kitts, de Trinidad-et-Tobago et du Mexique. Ces travailleurs viennent passer huit mois de l’année au Canada, et 80 p. 100 d’entre eux vont en Ontario.
Ces travailleurs viennent chez nous depuis plus de 40 ans. Ils n’ont ni le droit ni la possibilité de devenir immigrants. On leur délivre des permis de travail temporaire leur permettant de venir travailler n’importe quand entre le 1er janvier et le 15 décembre. Ils doivent rentrer chez eux pendant 15 jours, après quoi ils peuvent revenir. Dans la seule province d’Ontario, il y a entre 15 000 et 16 000 travailleurs agricoles dans le cadre du PTAS.
Ces travailleurs sont séparés de leur famille pendant huit mois de l’année et travaillent dans des exploitations isolées des régions rurales de l’Ontario, du Québec ou de la Colombie-Britannique. Ils doivent affronter l’obstacle de la langue, connaissent mal leurs droits et ne reçoivent que très peu d’orientation. Les responsables consulaires qui sont censés les représenter ont essentiellement des contacts avec l’agriculteur qui les emploie. Comme ils vivent à la ferme, ils s’adressent à leur employeur s’ils ont des problèmes. S’ils ont un bon employeur, ils ont de la chance. Autrement, c’est tant pis pour eux.
Par-dessus tout cela, nous avons maintenant un nouveau Programme des travailleurs étrangers qui fournit lui aussi le secteur agricole en main-d’œuvre.
Je voudrais juste vous donner un exemple avant de commencer. L’industrie ontarienne des champignons a essayé pendant longtemps de se prévaloir du PTAS, mais en vain. Le gouvernement fédéral – et c’est tout à son honneur – a reconnu que cette industrie fait partie du haut de gamme du secteur agricole et ne lui a donc pas permis de recourir à des travailleurs saisonniers. La plupart des travailleurs de l’industrie des champignons sont des néo-Canadiens ou des Canadiens qui sont arrivés dans le pays dans les 15 à 20 dernières années, venant du Cambodge, du Vietnam, du Soudan ou de la Chine. La plupart d’entre eux ont encore des problèmes de langue et acceptent, pour survivre, une rémunération à la pièce pour faire la récolte des champignons.
À l’heure actuelle, l’industrie ontarienne emploie près de 50 p. 100 de travailleurs étrangers dans le cadre du programme des travailleurs peu qualifiés. Les employeurs obligent les néo-Canadiens à quitter leur emploi et à perdre un salaire décent qui leur permettait de survivre pour engager des travailleurs étrangers à 9,10 $ l’heure.
Nous avons écrit au ministre de RHDSC et aux ministres de l’Agriculture et du Travail de l’Ontario. Nous n’avons reçu absolument aucune réponse. Il n’y a pas eu d’enquête pour déterminer de quelle façon ces travailleurs migrants, qui vivent au Canada, en Ontario, sont déplacés par des travailleurs étrangers venant de Thaïlande et de la Jamaïque.
J’ai appris hier soir que d’autres travailleurs sont en train d’arriver dans la région de Belleville, déplaçant des travailleurs qui y vivaient. Et toujours aucune réponse du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial. J’ai honte parce que certains de ces travailleurs avaient 16 ans d’ancienneté dans l’industrie.
Nous aurons le témoignage de plusieurs personnes dans les deux prochaines semaines. Imaginez, 16 ans. Le travailleur en question venait du Cambodge. Il avait obtenu un emploi dans l’industrie des champignons et y était resté depuis. Il a été remplacé par un travailleur thaïlandais qui venait d’arriver et qui acceptait un salaire de 9,10 $ l’heure. Cela est contraire à tout ce que représente le programme d’immigration pour le rétablissement agricole, contraire à la raison d’être de tous ces programmes.
Je comprends qu’il y ait des pénuries de main-d’œuvre, mais je ne peux pas accepter qu’on déplace des travailleurs agricoles résidant en Ontario en faveur d’une main-d’œuvre bon marché venant d’un autre pays, qu'on cherche à exploiter. C’est bien ce qui se produit.
Je voudrais parler du rapatriement prévu à la page 16 du programme des travailleurs agricoles saisonniers. Lorsque des travailleurs migrants se plaignent à leur employeur, ils courent très sérieusement le risque d’être renvoyés chez eux en vertu des dispositions de rapatriement du PTAS. Ils sont expulsés en l’espace d’un jour ou deux et peuvent bien ne pas être autorisés à participer au programme à l’avenir.
Cette possibilité de rapatriement sans droit d’appel constitue une injustice fondamentale du PTAS, à laquelle il est impératif de remédier. En l’absence d’une procédure d’appel juste et équitable, les dispositions des contrats du PTAS n’ont aucun sens pour les travailleurs. Il n’y a presque pas de supervision ou de mise en vigueur des obligations contractuelles. De plus, un travailleur risque d’être rapatrié s’il cherche à faire respecter son contrat.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins. Certaines des préoccupations que vous avez exprimées ont déjà fait l’objet de recommandations du comité au fil des ans. Nous avons demandé par exemple que la Section d’appel des réfugiés soit mise en place. Nous l’avons fait officiellement. Nous croyons que cela rendrait le système plus équitable et accélérerait en même temps le processus, qui fonctionne assez mal à l’heure actuelle.
Au sujet des travailleurs sans papiers, vous savez probablement que nous en avons entre 200 000 et 500 000 dans le pays. Nous ne connaissons pas le nombre exact. Toutefois, ce nombre est assez élevé pour mettre en cause les politiques mises en œuvre. En effet, on peut se demander comment ces travailleurs, qui ne reçoivent de l’aide de personne et ne bénéficient d’aucun service d’établissement, arrivent à trouver des emplois. Pourquoi ces emplois ne sont-ils pas remplis par l’entremise du système normal d’immigration? De toute évidence, le problème est lié au système de points.
Au cours de la dernière réunion qu’il a tenue avant l’interruption de l’été, le comité a recommandé au ministre de déclarer un moratoire au sujet des travailleurs sans papiers et d’utiliser les ressources actuellement consacrées à la recherche de ces travailleurs pour poursuivre plutôt les éléments criminels qu’il faudrait expulser. Toute la question des travailleurs sans papiers était considérée comme une priorité par M. Volpe et par la ministre Judy Sgro. Malheureusement, ce n’est pas une priorité pour le gouvernement actuel.
Une réponse a été donnée à cette recommandation le 5 octobre. Notre greffier voudra peut-être, si vous le permettez, monsieur le président, fournir aux délégations des exemplaires de cette réponse. J’ai essayé de suivre le raisonnement exposé dans ce document, mais je n’y ai trouvé que les paroles creuses auxquelles la bureaucratie nous a habitués depuis que j’ai été nommé au comité en 1998.
L’un des problèmes que vous avez cernés, et qui devrait constituer un sujet de préoccupation pour le comité et le Parlement, est la mesure dans laquelle le Canada commence à dépendre des travailleurs temporaires. Nous les faisons venir pour un an, puis les renvoyons chez eux pour deux semaines. Nous allons vraiment au-devant des problèmes. Faire venir quelqu’un pendant 40 ans en le renvoyant chez lui deux semaines par année n’est pas très différent, pour moi, de la situation des Chinois qui ne pouvaient pas faire venir leur famille. C’est une tache dans notre histoire, que nous avons bien regrettée depuis. Nous sommes en train de créer des problèmes en établissant des distinctions dans la société, comme cela s’est produit en France avec le refus d’intégrer les nouveaux venus. La même chose est arrivée en Allemagne. Nous sommes en train de créer différentes catégories de citoyens.
À mon avis, quand quelqu’un vient chez nous pendant un certain nombre d’années, il devrait pouvoir accéder au système d’immigration. Autrement, c’est de l’exploitation pure et simple.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui se produit quand l’un de ces travailleurs étrangers tombe malade après avoir occupé le même emploi pendant 20 ans? Que lui arrive-t-il?
:
Je vais essayer de répondre à cette question.
La dernière fois que je suis venue à Ottawa, j’ai pris un taxi dont le chauffeur m’a fait une dissertation sur le féminisme postmoderne, etc., etc. Ce n’était qu’un chauffeur de taxi. Nous avons donc cette contradiction.
Beaucoup des immigrants qui viennent au Canada sont hautement qualifiés parce qu’ils sont choisis en fonction d’un système de points. Dans leur propre pays, ils étaient ingénieurs ou médecins, mais, une fois au Canada, ils doivent accepter de faire n’importe quel travail pour gagner leur vie. En même temps, nous avons des infirmières qui viennent comme aides familiales résidantes parce qu’elles ne se qualifient pas dans le cadre du système de points.
Pour remédier à toutes ces incohérences et contradictions, il faudrait trouver un moyen de mieux définir les caractéristiques des immigrants dont nous avons besoin. Cela nous ramène au système de points et à sa conception.
Le Canada a en fait besoin de travailleurs aussi bien qualifiés que peu qualifiés. D’ici 2011, tous les nouveaux membres de la population active seront des immigrants. Aujourd’hui, encore plus qu’il y a 10 ans, nous comptons sur les immigrants pour faire marcher notre économie et ce, à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de travailleurs agricoles, d'aides familiaux résidants, d’infirmières ou de médecins, nous avons besoin d’eux.
Pourquoi faut-il traiter différemment certains d’entre eux simplement parce que le système de points ne les favorise pas? Nous avons établi un système très artificiel. Qui sait? Les bureaucrates l'ont conçu il y a une dizaine d’années, et nous l’appliquons encore. Nous devons nous montrer assez audacieux pour réorganiser complètement le système de sélection des immigrants et les critères sur lesquels il se fonde.
:
Merci, monsieur le président.
M. Telegdi a mentionné qu’il n’y a pas de progrès dans ce dossier. Nous avons eu une succession de ministres – Elinor Caplan, Mme Robillard, Denis Coderre, Sgro, Volpe – et le programme s’est maintenu pendant toutes ces années. En fait, M. Telegdi a été président et vice-président du comité pendant beaucoup de ces années. C’est très bien de s’interroger sur ce qu’il conviendrait de faire, mais nous avons besoin d’agir dans ce dossier particulier, de faire quelque chose de concret, au lieu de faire toutes sortes de déclarations à des fins politiques.
En parlant du programme des travailleurs agricoles temporaires, ou du moins du programme de travailleurs saisonniers, je voudrais vous demander ce que vous pensez de provinces comme la Saskatchewan qui y recourent pendant la courte saison de la moisson. À ce moment, de nombreux employeurs s’inquiètent de la lourdeur de la bureaucratie et du fait que les choses ne vont pas aussi vite qu’elles devraient.
Je me demande si vous avez des observations à faire sur les problèmes du programme du point de vue des employeurs ou des deux points de vue.
Vous avez également soulevé la question des normes du travail, qui varient d’une province à l’autre. C’est vrai qu’elles sont différentes dans chaque province. Elles constituent en quelque sorte des conditions minimales qu’il faut respecter à l’égard de n’importe quel employé, quel qu’il soit, qui travaille dans la province. Il est certainement difficile d’avoir affaire à différentes provinces et à différentes normes.
Si j’ai bien compris, vous proposez d’établir une base nationale en inscrivant dans chacun de ces programmes des normes minimales. Je suppose que cela s’appliquerait aussi aux aides familiaux résidants: conviendrait-il d'énoncer certaines conditions et de charger quelqu’un d’en assurer l’application? Vous avez indiqué qu’il n’est pas facile actuellement de mettre en place un système de ce genre.
Vous avez parlé d’un mécanisme d’appel. Mais quel genre d’appel et quel genre de mécanisme? Nous avons besoin, dans ce domaine, de décisions rapides et impartiales. Vous devez songer à un organisme, à un groupe ou à une personne qui se prononcerait rapidement en cas de différend au sujet d’un contrat ou des normes minimales à appliquer.
Donnez-moi une idée de l’organisme de décision rapide et des normes minimales que vous envisagez.
Je me demande également si vous préconisez d’éliminer ces programmes. Est-ce bien ce que vous voulez dire? J’ai cru entendre une réponse positive au sujet du programme des aides familiaux résidants. En fait, certaines de ces personnes sont allées jusqu’au bout du programme, ont pu faire venir des membres de leur famille et ont demandé le statut de résident permanent. Le programme a donc bien fonctionné dans certains cas. Songez-vous à l’étendre ou à le supprimer?
Il y a enfin la question des travailleurs sans papiers. Nous parlons de réfugiés. Nous savons que nous ne pouvons en admettre qu’un certain nombre. Il en est de même pour les immigrants. Ceux qui viennent par d’autres moyens ou qui n’ont pas la documentation voulue réduisent donc le nombre de réfugiés ayant les papiers nécessaires que nous pouvons accepter.
Que dites-vous des gens qui ont une bonne raison de venir se réfugier au Canada? À qui donneriez-vous la priorité? À ceux qui sont déjà dans le pays, avec ou sans papiers, ou aux autres? Quels effets cela aurait-il sur l’intégrité du système, en vertu duquel il faut suivre un certain processus pour entrer au Canada? Je vous remercie.
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Bonjour. Je vous remercie d’être venus au comité. J’ai trouvé vos exposés très intéressants.
Il serait juste de dire, je crois, que tous les partis politiques reconnaissent l’importance de l’immigration. Je suis, relativement parlant, un nouveau venu au comité, mais, depuis mon arrivée cette année, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de problèmes administratifs et de difficultés attribuables aux processus adoptés. C’est à cela que le comité, le gouvernement et le Parlement doivent s’attaquer afin de trouver des moyens d’améliorer les processus.
Tout le monde convient, je pense, que nous avons aujourd’hui une pénurie de compétences et de main-d’œuvre, qui ne fera probablement qu’empirer à l’avenir. Il y a quelques mois, le comité a reçu une délégation finlandaise qui nous a dit que la Finlande envisage pour la première fois d’élaborer une politique d’immigration. Le pays connaît exactement le même problème de pénurie de main-d’œuvre et de vieillissement de la population. En fait, le problème est probablement plus grave en Finlande. Nous en sommes donc tous au même point.
J’ai écouté l’exposé concernant les travailleurs agricoles en particulier, qui passent plusieurs mois chez nous loin de leur famille. J’ai de la difficulté à imaginer ce que cela peut représenter sur le plan humain. J’ai moi-même deux jeunes enfants dont je suis séparé cinq jours par semaine pendant la moitié de l’année. Je comprends donc combien cette séparation est pénible.
Dans le cas de ma collègue Nina, son fils lui manque tellement qu’elle l’a emmené avec elle aujourd’hui.
Ma question s’adresse à quiconque voudra y répondre. Dans le cas des gens qui viennent chez nous, peut-être comme travailleurs agricoles ou aides familiaux, est-ce que l’une des solutions possibles consisterait à leur permettre de demander le statut de résidents permanents pendant qu’ils se trouvent au Canada? Si nous gardons le système actuel et qu’un travailleur agricole ou une aide familiale vient au Canada à titre temporaire et souhaite y vivre en permanence avec sa famille, est-ce que cela constituerait une solution pratique?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Pendant les quelques minutes qui restent, je vais répondre à M. Komarnicki.
Que je siège de ce côté-ci de la table ou de l’autre, j’ai toujours été conséquent. En fait, j’ai probablement été plus sévère envers mes ministres qu’envers les vôtres. Comme Barry, j’aurais bien voulu que nous fassions moins de politique pour arriver à mettre le doigt sur les vrais problèmes. J’espère que le comité peut le faire collectivement et qu’il exercera toute l’influence qu’il peut avoir.
Je voudrais dire aux délégations qu’en ce qui concerne les travailleurs sans papiers, les nombres que j’ai entendus vont d’un minimum de 200 000 à un maximum de 500 000. Aux États-Unis, les clandestins forment un pourcentage de la population active pouvant atteindre 10 p. 100. Au Canada, le pourcentage ne s’élève au maximum qu’à 1,6 p. 100. Autrement dit, les nombres sont beaucoup plus petits chez nous.
Comme Blair l’a dit, nous avons une pénurie de main-d’œuvre et le genre d’immigrants que nous admettons en appliquant notre système de points ne correspond vraiment pas à nos emplois vacants. C’est tout à fait évident. J’ose dire que lorsque le comité a examiné le système de points, il a condamné la documentation venant de chez notre ministre, qui s’était alors fait le porte-parole de la bureaucratie. Nous sommes maintenant très conscients du problème.
Je crois que nos témoins devraient examiner de près ce rapport que le ministre nous a envoyé en réponse à notre document sur les travailleurs sans papiers. Vous trouverez ce rapport sur le site Web du comité. Je voudrais que vous y jetiez un coup d’oeil, parce que je trouve qu’il n’a aucun sens. Il ne contient que des inepties bureaucratiques.
Je peux vous citer l’exemple du sénateur Roméo Dallaire, qui dit que nous avons dans notre système des terroristes bureaucratiques qui empêchent l’adoption de ce que nous croyons être la solution évidente. Je vous exhorte donc à examiner le rapport, à y répondre et à le diffuser. Le comité était d’avis qu’il fallait s’attaquer aux criminels dont il est important de se débarrasser et cesser de gaspiller de l’argent en s’en prenant à des gens qui contribuent à notre économie.
Stan, avez-vous une idée du pourcentage de non-Canadiens et de migrants dans la main-d’œuvre agricole?