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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis content d'être de retour devant le comité. Je suis toujours heureux de venir y témoigner et de faire ma part.
Mon allocution d'aujourd'hui comprend quatre parties différentes. Premièrement, j'ai des données et des tableaux sur la performance récente du secteur manufacturier. Une autre partie porte sur les répercussions de l'appréciation du dollar canadien sur notre économie; ensuite un seul tableau sur l'impact de la hausse du prix de l'énergie sur l'économie, et enfin les conséquences en termes de politiques.
Je vais commencer, en fait, par vous parler des politiques parce que, même quand vous aurez le texte, vous verrez qu'on n'y trouve absolument aucun détail. Ensuite, je prendrai quelques minutes pour passer en revue les tableaux sur la performance récente du secteur manufacturier et je ferai peut-être ensuite quelques observations sur les travaux que nous avons faits sur les relations entre la politique monétaire et ce qui se passe aujourd'hui dans le secteur manufacturier.
D'abord les conséquences sur les politiques. J'ai quatre points à ce sujet, après quoi je ferai quelques recommandations.
Mon premier point est une remarque que vous n'entendrez probablement pas souvent de la part des autres personnes qui viennent témoigner devant vous, mais rappelez-vous que je travaille dans une compagnie d'experts-conseils en économie. Notre travail consiste à analyser l'économie et à tenter de trouver des politiques qui pourraient rendre l'économie plus forte qu'elle ne le serait autrement.
Mon premier point au sujet des politiques est donc celui-ci. L'appréciation de la devise et la hausse du prix de l'énergie sont des risques bien connus dans le monde des affaires. Toute politique gouvernementale visant à atténuer l'impact de ces événements sur les entreprises manufacturières ne peut manquer de coûter de l'argent aux contribuables ou aux consommateurs. Cela étant, comment peut-on justifier aux contribuables ou consommateurs canadiens de les forcer à payer pour atténuer ces risques qui sont connus des gens d'affaires? C'est une question que je vous pose.
Deuxièmement, si le dollar canadien continue de tourner autour de 90 ¢US au cours des prochaines années et si le prix du pétrole reste supérieur à 55 $ pendant les prochaines années—c'est ce que nous prévoyons et l'on peut dire qu'il y a consensus dans le secteur privé pour dire que c'est effectivement ce qui va se passer—, alors il faut s'attendre à ce que le secteur manufacturier représente une proportion décroissante du PIB et de l'emploi au Canada. Il en découle plus particulièrement que les entreprises manufacturières qui n'exigent pas une forte concentration de savoir deviendront à moyen terme un élément de l'économie canadienne en voie de diminution.
Troisièmement, le gouvernement ne doit pas accorder de subventions spéciales ou de protection commerciale ou bien, ce qui est à la mode ces jours-ci, de crédits d'impôt au secteur manufacturier. Tout le soutien doit viser avant tout à faciliter le processus d'adaptation à la hausse du dollar canadien et du coût de l'énergie et la transition vers une économie du savoir. Plusieurs politiques seraient utiles au secteur manufacturier canadien, mais ces politiques sont recommandées pour promouvoir la force de l'économie canadienne, sans viser particulièrement les difficultés précises auxquelles sont actuellement confrontés les fabricants canadiens.
Je voudrais faire quelques observations sur la politique monétaire. Quand le dollar canadien prend de la valeur, que la demande qui s'exerce sur l'économie canadienne augmente ou diminue, cela dépend de ce qui fait monter le dollar. Si c'est surtout le cours des produits de base, l'économie canadienne va connaître une légère croissance, même si la production et l'emploi dans le secteur manufacturier diminuent. En pareil cas, la banque n'a aucune raison d'abaisser les taux d'intérêt.
Par contre, si la hausse du dollar canadien est causée par une baisse générale du dollar US par rapport à la plupart des devises, la demande qui s'exerce sur l'économie va baisser. Les fabricants, comme tous les autres exportateurs canadiens, seront malmenés. Et il y a beaucoup de gens qui exportent sans pour autant être des fabricants; ces derniers ne sont pas les seuls à souffrir de l'appréciation du dollar canadien. La banque, en pareilles circonstances, doit relâcher la politique monétaire pour compenser la demande plus faible, et je crois que c'est ce qu'elle ferait.
Par conséquent, dans certaines conditions, les fabricants pourraient souffrir énormément de la hausse du dollar, mais il ne conviendrait pas que la banque abaisse les taux d'intérêt pour les aider. Comme M. Dodge l'a dit, la banque a un instrument, un objectif, et le dollar peut monter pour une foule de raisons. Dans certaines conditions, on pourrait avoir un dollar plus fort et les fabricants en souffriraient grandement et je crois que la banque ne devrait tout de même pas réagir à une telle situation en relâchant la politique monétaire, et je crois qu'elle ne le ferait pas.
Je vais maintenant faire quelques observations sur la politique fiscale. À mon avis, nous devrions faire trois choses. Encore une fois, ce sont des choses que nous devons faire et aurions dû faire déjà, sans égard pour la situation précise du secteur manufacturier, simplement parce que c'est bon pour l'ensemble de l'économie canadienne.
Nous devrions réduire l'impôt sur les investissements des entreprises. Vous savez pertinemment qu'en termes d'impôt sur l'investissement, nous ne sommes absolument compétitifs par rapport aux États-Unis et la plupart des autres pays industrialisés.
Nous devrions réduire l'impôt sur les gains en capital. En janvier dernier, les conservateurs nous ont dit que c'est ce qu'ils prévoyaient faire. Manifestement, ils doivent encore réfléchir à la manière de s'y prendre exactement. Ce n'était pas dans le budget, mais espérons que ça se trouvera dans le prochain budget.
Nous devrions accélérer la baisse prévue du taux d'imposition des sociétés. C'est annoncé, mais en 2008 ou en 2010... J'affirme que, pourvu que la situation financière le permette, ce devrait être prioritaire. Ce serait bon non seulement pour les fabricants, mais aussi pour l'ensemble de l'économie canadienne.
Pour ce qui est des politiques relatives au marché du travail, les gouvernements fédéral et provinciaux et le secteur privé doivent renforcer leurs engagements au chapitre de la formation de la main-d'oeuvre. Cela aiderait les fabricants et les employés qui peuvent avoir perdu leur emploi. On aiderait ainsi les fabricants à devenir plus compétitifs tout en aidant l'économie dans son ensemble.
Nous devrions réviser la politique d'assurance-emploi. Il y a une foule de raisons pour lesquelles une telle réforme devrait figurer en tête de liste du programme politique. Aux termes du régime d'AE, par exemple, moins de la moitié des gens qui ont un emploi sont admissibles aux prestations de chômage. C'est un fait notoire. D'autre part, environ la moitié de l'argent accordé en prestations n'est pas versé aux prestataires au titre des arrangements ordinaires d'AE. Cet argent est consacré aux congés de maternité, aux programmes de formation, aux prestations prolongées, et tout le reste.
Jje soulève cette question—c'est évidemment une mesure que nous devrions prendre rapidement—parce que nous devrions réviser le régime d'AE de manière à pouvoir encourager les migrations interprovinciales en direction de marchés du travail plus prometteurs. Les gens qui perdent leur emploi dans le secteur manufacturier—ils sont des milliers, comme vous le savez—peuvent trouver des emplois dans l'Ouest. Il y a tout un éventail de métiers qui leur sont ouverts. C'est du jamais vu, en ce sens que jamais une personne qui se retrouve en chômage au Canada central ou dans les provinces de l'Atlantique n'a eu une aussi forte probabilité de trouver un emploi permanent ailleurs au Canada. Les gens doivent déménager dans l'Ouest, mais il y a des emplois là-bas et il y en aura encore pendant un certain temps.
Enfin, nous devrions faciliter une intégration plus efficace des immigrants dans des emplois qui leur conviennent grâce à des politiques d'accréditation plus efficaces, et nous devrions réduire les barrières interprovinciales qui empêchent la reconnaissance des titres et compétences. Cela pourrait également aider certaines gens et aider les fabricants, tout en aidant également les employés du secteur manufacturier.
Voilà les répercussions en matière de politiques qui me sont venues à l'esprit. Je vais également vous présenter des données qui m'apparaissent utiles pour établir le contexte d'une discussion sur le secteur manufacturier.
Premièrement, comme vous le savez, le dollar canadien a commencé à s'apprécier vers le début de 2003. Ce qui s'est passé depuis est que la production du secteur manufacturier est approximativement 8 p. 100 plus élevée aujourd'hui qu'elle ne l'était à la fin de 2002, mais l'emploi y a baissé d'environ 8 p. 100. Le problème tient donc en partie au fait que tout ce qui s'est passé dans le secteur manufacturier depuis deux ou trois ans—l'appréciation du dollar canadien, la hausse du prix de l'énergie et d'autres forces—a frappé beaucoup plus durement l'emploi que la production des entreprises manufacturières. Bien sûr, cela s'explique par l'accroissement de la productivité de la main-d'oeuvre dont on a parlé.
C'est donc très important de savoir que la situation du volet main-d'oeuvre est passablement plus grave que celle du volet production. Même en excluant ce facteur, certains fabricants, grâce à l'externalisation, ont réussi à maintenir leurs profits. Il en découle bien sûr que le secteur manufacturier est devenu une part décroissante de l'économie canadienne depuis deux ou trois ans, à la fois en termes de production et d'emploi. Même si la production manufacturière a augmenté, elle n'a pas augmenté aussi vite que l'économie dans son ensemble.
Par ailleurs, et je reviens à ce que disait David Dodge, si l'on observe ce qui se passe dans le secteur manufacturier, ce n'est pas homogène. Jusqu'à maintenant, nous avons vu les chiffres globaux, mais si l'on creuse davantage, on trouve quelques secteurs qui sont vraiment durement touchés, aucun doute là-dessus, mais il y en a d'autres qui sont en fait très florissants. Ils ne sont pas tous éprouvés. Et puis, bien sûr, il y en a d'autres qui se débrouillent bien en termes de production, mais en termes de nombre d'employés, ils ont dû faire beaucoup de mises à pied à cause d'une augmentation marquée de la productivité de la main-d'oeuvre. Une compagnie peut donc réussir à rester à flot, mais il est possible qu'elle doive faire beaucoup de mises à pied.
Dans le textile, en particulier, la production depuis deux ou trois ans a diminué et elle n'est plus qu'environ 70 p. 100 de ce qu'elle était il y a quelques années. C'est vraiment dur; aucun autre secteur manufacturier n'a vu sa production baisser dans une proportion pouvant atteindre 30 p. 100 depuis quelques années. Maintenant, on sait que dans le textile, le déclin ne s'est pas produit entièrement depuis deux ans à cause des fluctuations des devises ou quoi que ce soit; c'est un déclin amorcé depuis longtemps et l'accord multifibres a été renforcé. Mais la situation n'en est pas moins épouvantable. L'emploi dans le secteur du textile n'est plus que 62 p. 100 de ce qu'il était il y a trois ans; la situation est terrible.
Quant aux autres secteurs, il y a un groupe dont la production a légèrement baissé depuis trois ans, mais il y a trois secteurs dont la production a augmenté d'environ 15 p. 100 par rapport à ce qu'elle était il y a quelques années. L'industrie électrique présente une situation intéressante : sa production a à peine fléchi, mais l'emploi a baissé d'environ 30 p. 100. Dans l'industrie électrique, l'emploi a baissé autant que dans le textile.
Voilà donc quelques éléments d'information pour établir le contexte du secteur manufacturier. Je me ferai un plaisir de répondre à toute question détaillée que vous pourriez avoir.
Au sujet du dollar canadien, je voudrais faire quelques observations. J'ai dit que la probabilité que la banque réagisse à la hausse du dollar canadien dépend des facteurs qui causent cette hausse. Maintenant, depuis deux ans, la hausse du prix des produits de base a vraiment été le facteur primordial qui a causé l'appréciation du dollar—même s'il y a eu un peu des deux, le dollar US ayant subi une certaine baisse par rapport à toutes les autres devises. Si l'on se tourne vers l'avenir, d'après nous, de manière générale, les cours des produits de base vont probablement fléchir, mais le dollar canadien va probablement se maintenir à sa valeur actuelle, autour de 90 ¢.
La bombe à retardement—vous en avez d'ailleurs discuté—est que le dollar US a beaucoup de vulnérabilité à la baisse, c'est-à-dire qu'il va effectivement baisser, faisant monter le dollar canadien de même que d'autres devises. Donc, dans l'avenir, des pressions à la hausse vont s'exercer sur le dollar canadien. Si le dollar canadien monte à cause d'une baisse générale du dollar américain par rapport aux autres devises, notre demande va baisser et la banque va intervenir en abaissant les taux d'intérêt, tandis que si le dollar canadien est fort parce que les cours des produits de base le soutiennent, la banque n'interviendra pas, parce que nous avons des secteurs des produits de base qui sont solides, bien que le secteur manufacturier soit plus faible, de sorte que l'économie demeure équilibrée et se débrouille bien.
Sur le prix de l'énergie, je ferai seulement une observation. Si le prix du pétrole...
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...quoique je rogne déjà sur mon temps.
Merci beaucoup, monsieur Orr, d'être venu témoigner devant le comité. Je n'ai que quelques questions.
Nous venons d'entendre M. Dodge nous dire à quel point notre économie a fait preuve d'une bonne faculté d'adaptation. Elle s'est butée à beaucoup d'obstacles et a réussi à les surmonter avec beaucoup de succès jusqu'à maintenant. Nous avons une économie très solide. En fait, je dirais que dans le monde entier, l'économie s'en est très bien sortie après avoir été ébranlée par une foule de chocs dont nous pensions qu'ils auraient des effets plus graves.
La question, bien sûr, est de savoir ce qui nous attend à l'avenir. L'économie canadienne dans son ensemble et le secteur manufacturier en particulier sont confrontés à beaucoup de difficultés qui suscitent des inquiétudes pour l'avenir, et l'on peut se demander dans quelle mesure l'économie a la capacité de surmonter ces difficultés. Il y a évidemment le ralentissement de la demande qui va probablement se produire au sud de la frontière, et étant donné nos relations commerciales, cela va se répercuter durement sur nous. Et il y a l'appréciation rapide du dollar et le fait que, comme vous l'avez dit, il y a un risque que cette accélération se poursuive et que le dollar atteigne la parité ou même qu'il monte plus haut. Sur le plan de l'énergie, il ne semble pas que le prix de l'énergie ait atteint un sommet, mais il faut plutôt s'attendre à une période soutenue de hausses continues du prix de l'énergie.
Tout cela va exercer de très lourdes pressions sur l'économie. Il est donc évidemment impératif, non seulement pour notre comité mais en particulier pour le gouvernement, de prendre des mesures pour s'assurer que ce processus d'adaptation se poursuive, pour que l'on puisse continuer d'avoir du succès en dépit des nombreux obstacles.
J'en arrive maintenant au budget. Nous avons un budget qui augmente les impôts, d'une part, et réduit la taxe de vente, d'autre part, et je voudrais savoir si vous trouvez que c'est utile ou nuisible à cet objectif de l'adaptation et du progrès économique. Et puis il y a l'élimination des réserves pour éventualités qui existaient dans le budget précédent, c'est-à-dire qu'on utilise la plus grande partie de la capacité fiscale du Canada pour financer les programmes existants, réduisant d'autant la capacité de prendre peut-être certaines des mesures que vous proposez.
Je voudrais donc connaître votre point de vue sur le dernier budget et ses répercussions sur certains éléments dont nous venons de discuter.
Je voudrais d'abord répondre aux observations que vous avez faites au début sur la faculté d'adaptation. Je voudrais insister sur le fait que beaucoup de compagnies ont fait du bon travail d'adaptation de leur production et de leur rentabilité, ce qui a nécessité entre autres des mises à pied. Cela pose problème beaucoup plus pour les syndicats que pour les compagnies.
Quant à l'avenir, je suis vraiment optimiste, car l'un des grands avantages—David en a parlé—d'avoir un dollar canadien plus faible était que cela a permis aux gens et aux fabricants en particulier d'acheter des machines et de l'équipement et de payer le tout avec un dollar canadien plus fort. Je pense que nous sommes au tout début de la mise en place de ces machines et de cet équipement, que les gens doivent apprendre à utiliser, et nous en verrons les avantages en termes de productivité. Comme vous le savez, depuis six mois, la productivité est beaucoup plus élevée qu'elle ne l'était au cours de l'année précédente. Je pense donc que nous commençons à peine à voir les avantages de l'appréciation du dollar canadien et de ces achats de machines et d'équipement, avec la hausse de productivité qui en découle.
Mais ce que vous dites au sujet de l'économie américaine est troublant. Dans une grande mesure, en 2003 et 2004, nos exportateurs ont été protégés contre la hausse du dollar canadien parce que l'économie américaine était en pleine croissance. Ils ont perdu en termes de prix relatif à cause du taux de change, mais étant donné que l'économie américaine était tellement florissante, leurs exportations n'en ont pas été tellement touchées. Aujourd'hui, ce bouclier est en train de disparaître et l'on prévoit aux États-Unis pour les années 2007, 2008 et 2009 un taux de croissance qui se rapprochera davantage de 3 p. 100 que des 4 p. 100 qu'on y observait auparavant. Mais l'on ne prévoit pas non plus que le dollar canadien, en moyenne, s'éloignera beaucoup des 90 ¢ au cours des prochaines années.
L'adaptation budgétaire... Eh bien, j'ai parlé de l'AE. En fait, je pourrais vous citer quelques faits que vous connaissez peut-être très bien. Le taux de chômage dans les provinces de l'Est a été beaucoup plus élevé que dans les provinces de l'Ouest à chaque année, depuis 20 ans, dans chaque province. Aux États-Unis, si l'on remonte à 1995 et que l'on examine les 10 États ayant les taux de chômage les plus élevés, il y en a seulement quatre qui sont encore aujourd'hui dans le groupe de tête.
L'autre fait qui n'est pas très connu est ceci. Prenez la Saskatchewan. Les gens ne comprennent pas. La Saskatchewan a eu un taux de croissance de l'emploi plus bas que toutes les provinces de l'Est depuis dix ans—plus bas que dans n'importe quelle autre province—mais cette province a pourtant eu au cours de cette période l'un des taux de chômage les plus bas. Pourquoi? Quand les gens sont en chômage, ils prennent leurs affaires et ils s'en vont. Nous avons donc un sérieux problème parce que les gens dans l'Est s'incrustent dans des régions où le marché du travail n'est pas prometteur. Je soutiens qu'aujourd'hui il y a dans l'Ouest une occasion sans précédent. Les emplois y fourmillent.
L'AE est un élément de l'équation. Ce n'est que l'un des éléments, mais nous pouvons y travailler et procéder à une certaine adaptation.
Le budget? À mes yeux, la réduction de la TPS va coûter cinq milliards de dollars. C'est extrêmement coûteux. Cela n'aide pas tellement la productivité. Je ne dirais pas qu'il n'y a aucun avantage en termes de productivité, mais ce n'est pas grand-chose. Si l'on prenait cinq milliards de dollars et qu'on s'en servait pour diminuer le taux d'imposition des sociétés ou l'impôt sur le'investissement ou quoi que ce soit, il y aurait de plus grands avantages en termes de productivité. Je pense que même M. Harper le reconnaîtrait. Il n'a pas diminué la TPS pour augmenter la productivité, mais cela a coûté cher.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Orr, je dois vous rappeler qu'au début du XXe siècle, un million de Québécois sont allés vivre en Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les industries manufacturières. Si on avait eu, à ce moment-là, des politiques nous permettant de les garder chez nous, la population du Québec serait probablement aujourd'hui de l'ordre de 12 millions de personnes. Je comprends que vous avez une approche économique, mais en contrepartie, les gens ne sont pas des chaises ni des rats. On ne peut pas décider qu'ils vont déménager seulement pour un emploi; beaucoup d'autres facteurs entrent en ligne de compte.
Dans ma circonscription, par exemple, la Ville de Montmagny a perdu 500 emplois quand Whirlpool a fermé ses portes. Il n'y a pas une personne dans ce coin de pays qui dira aux gens que la solution est d'aller vivre en Alberta. Ce n'est pas acceptable socialement, c'est totalement à côté de la réalité qui est la nôtre. Il faudra que des choix soient faits. Je comprends vos propositions. En termes d'assise économique, ce que vous dites est très intéressant, mais je voulais quand même faire ce commentaire. Par contre, j'aurais quelques brèves questions à vous poser.
Vous avez parlé un peu de l'importance du gaz naturel. J'aimerais que vous développiez l'aspect de l'importance du gaz naturel et particulièrement la question de l'investissement des profits. Des gens font beaucoup d'argent actuellement dans le secteur de l'énergie. Font-ils suffisamment de réinvestissement? À la fin, si on laisse cela aux entreprises, en aura-t-on suffisamment aux bons endroits pour garder un équilibre au Canada? Si une ponction significative d'impôt était faite dans les profits des pétrolières, les gouvernements, qui ont une préoccupation du bien commun, auraient peut-être de meilleurs outils pour répartir les investissements.
J'aimerais vous entendre à ce sujet.
Dernièrement, je vais parler de l'assurance-emploi. Je veux seulement vous dire qu'il y avait un pacte au Canada: les gens des Maritimes et de l'est du Québec utilisaient le régime et fournissaient des matières premières. À un moment donné, on a cassé le régime. On l'a resserré tellement que les gens crèvent de faim, mais en contrepartie, on ne leur a pas donné d'argent pour les aider à transformer l'économie. Lorsqu'on voudra qu'il y ait un rééquilibrage au Canada, il faudra en tenir compte. Jusqu'à maintenant, on ne l'a pas fait.
Ce sont plusieurs questions, mais c'est très intéressant.