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Mesdames et messieurs, l'ARC du Canada souhaite d'abord vous remercier de l'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent des langues officielles. Nous sommes heureux de pouvoir ainsi vous aider à améliorer les programmes et la prestation de services qui sont destinés aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Active sur la scène nationale depuis 1991, l'Alliance des radios communautaires du Canada a été créée par les radios communautaires francophones et acadiennes qui souhaitaient prendre en main leur propre développement et ainsi assurer leur autonomie.
Gestionnaire globale de la radiodiffusion communautaire en milieu minoritaire francophone au pays, notre organisation sans but lucratif offre à ses membres divers services de consultation, formation, communication et liaison, ainsi que des services reliés à tous les aspects de la mise en oeuvre et de la gestion d'une radio communautaire.
Nos stations de radio — elles sont 27 — sont des entreprises d'économie sociale dont le rôle est essentiel à l'épanouissement, voire même la survie, de plusieurs communautés dans l'ensemble du pays. Elles contribuent à l'essor économique, social et culturel des villes et des régions dans lesquelles elles sont établies, et ce, de mille et une façons. En voici d'ailleurs quelques exemples.
D'abord, nos radios créent des emplois au sein de leur communauté et elles promeuvent à la fois l'entrepreneuriat et l'achat local. Elles contribuent ainsi à freiner l'érosion de l'économie locale et la fuite des capitaux vers l'extérieur. Ensuite, ces radios diffusent les oeuvres musicales des artistes des communautés et, ce faisant, contribuent à l'essor de leur carrière en chanson et en musique. En plus de contribuer à l'émergence de tous ces artistes, nos stations sont aussi en quelque sorte de véritables « laboratoires radiophoniques » où les Canadiens d'un peu partout au pays peuvent vivre leurs premières expériences en radio et même, dans certains cas, y faire carrière.
Ces médias communautaires représentent aussi une importante courroie de transmission de l'information pour des milliers d'organismes sociaux, culturels et communautaires du pays, sans oublier, bien sûr, les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux.
En fait, nous dirions que les impacts positifs des radios communautaires au sein des collectivités et, de façon générale, dans l'ensemble du pays, sont si nombreux qu'il serait trop long de les énumérer tous ici.
Nous sommes convaincus que l'apport de notre mouvement aux collectivités canadiennes ne peut être ignoré.
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Dans la définition du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, il est clairement indiqué ce qui suit:
[Une station communautaire] est possédée et contrôlée par un organisme sans but lucratif dont la structure permet aux membres de la collectivité en général d'y adhérer et de participer à sa gestion, à son exploitation et à sa programmation.
C'est certainement la raison pour laquelle autant de Canadiens y participent bénévolement et de façon aussi active. Par contre, il est ardu pour de petites organisations comme les nôtres d'assurer la formation et l'encadrement de ces ressources humaines et bénévoles, en même temps que le reste de leur mandat, sans qu'un financement adéquat et permanent leur soit consenti.
Concrètement, nombre de stations ne disposent pas des ressources suffisantes pour assurer l'achat de fournitures de studio, renouveler régulièrement les logiciels de programmation et de production, fournir un encadrement adéquat à leurs bénévoles et assurer un service de nouvelles locales et régionales de qualité.
Le budget de programmation de notre secteur correspond à environ 11,5 p. 100 des revenus moyens des radios FM commerciales au pays. Cela ne leur permet pas de soutenir de façon active la participation citoyenne et d'assurer pleinement leur mandat. Comme la radio communautaire doit offrir une diversité de voix et de programmation à la population et qu'elle est en ce sens, à notre avis, un service d'intérêt public, nous croyons fermement qu'elle devrait avoir accès à un mode de financement public.
Si la société canadienne souhaite que les radios communautaires continuent d'offrir une couverture efficace des volets locaux, communautaires et sociaux, volets dont ni la société d'État CBC/Radio-Canada ni les radiodiffuseurs privés ne veulent ou ne peuvent malheureusement s'acquitter, parce que ce n'est de toute façon pas leur mandat, nous sommes d'avis qu'il faudra alors que les radios communautaires disposent des budgets en conséquence.
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L'Alliance des radios communautaires du Canada, l'Association nationale des radios étudiantes et communautaires et l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, qui regroupent ensemble quelque 140 stations de radio communautaire et de campus au pays et qui comptent sur le soutien de plus de 500 employés et 10 000 bénévoles, ont déjà fait un pas dans la bonne direction.
C'est justement avec le souci d'assurer le développement et la pérennité du tiers secteur de la radiodiffusion que les trois associations ont créé le Fonds canadien de la radio communautaire en novembre 2007. Les trois associations ont estimé les besoins du secteur à plus de 20 millions de dollars. Jusqu'à présent, le fonds gère une enveloppe d'environ 1 million de dollars, ce qui représente moins de 5 000 $ par radio, une somme nettement insuffisante.
Nous estimons que pour assumer leurs responsabilités, nos radios devraient pouvoir compter avec certitude sur un montant annuel d'au moins 30 000 $, une somme qui leur permettrait alors d'assurer au moins le maintien d'un poste permanent par station.
Comme le modèle actuel de financement atteint ses limites et que les levées de fonds ne permettent en réalité aucune croissance possible, les médias communautaires doivent redoubler d'ingéniosité pour survivre. La vente de publicité est considérablement limitée, puisque nos stations occupent des marchés ou des créneaux de programmation qui ne sont pas ciblés par la radio privée, étant donné que celle-ci les juge non rentables. Le constat est clair: la croissance des revenus est limitée.
À notre avis, une contribution de l'État canadien viendrait appuyer la mention suivante inscrite dans la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013:
Des mesures sont aussi prévues pour donner un appui aux stations de radio et à d'autres médias communautaires qui contribuent notamment à l'animation culturelle et communautaire des jeunes. Pour les jeunes Canadiens, cela représente un meilleur accès aux activités et aux médias locaux dans la langue de la minorité.
Sans le financement récurrent de la part du gouvernement, nous craignons d'assister à une dégradation de la situation de nos radios et, en même temps, à la venue de conséquences désastreuses pour les collectivités en situation de minorité linguistique.
Nous tenons à remercier le gouvernement du Canada d'avoir inclus le projet Franco Médias 2010 dans la Feuille de route, soit dit en passant. L'initiative aura permis aux communautés francophones et acadiennes de contribuer elles aussi au succès des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver. Toutefois, il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin.
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Nos stations ne sont peut-être pas toutes forcément les « pierres angulaires » sur lesquelles repose complètement l'activité sociale et communautaire de leurs collectivités, puisqu'elles n'évoluent pas toutes nécessairement dans des marchés de taille et de réalité comparables. Mais il n'en demeure pas moins qu'elles doivent quand même déployer les mêmes efforts, peu importe la taille de leur marché, peu importe la population qu'elles ont à desservir, afin de s'acquitter convenablement de leur mandat de radiodiffuseur ouvert et inclusif.
D'autre part, on nous parle souvent des nouveaux médias et de la nécessité que les radios communautaires s'y trouvent aussi. En l'espace d'à peine quelques années, les technologies se sont multipliées à un tel rythme et ont tant modifié le paysage médiatique canadien que même les diffuseurs publics et privés sont dépassés par les événements. Imaginez ce qu'il en est pour des radios comme les nôtres.
Dans le contexte actuel de mondialisation, où les géants de la radiodiffusion fusionnent et diversifient l'ensemble de leurs activités afin de réussir à affronter cette ascension phénoménale des nouveaux médias, les radiodiffuseurs communautaires, et tout particulièrement ceux en situation de minorité linguistique, peinent à contrer l'érosion de leurs auditoires et livrent une lutte tout à fait inégale à Internet, un média qui ne connaît ni frontière ni règles claires et précises. Le CRTC a d'ailleurs répété encore dernièrement qu'il n'entendait pas, du moins à très court terme, réglementer le secteur du contenu Internet.
L'intérêt que portent les citoyens canadiens à l'égard des nouveaux médias est tel que nous devons faire face à cette migration massive de notre auditoire vers ces nouvelles plateformes de diffusion, sans pour autant disposer de tous les moyens pour retrouver ces auditeurs.
Mentionnons qu'encore récemment, le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, M. Hubert T. Lacroix, disait aux membres du Comité permanent du patrimoine canadien qu'il entendait doubler l'investissement de la société d'État dans le secteur du numérique d'ici à 2015. Ça veut dire qu'il faut investir davantage dans les nouvelles plateformes.
Nous aimerions d'ailleurs porter à votre attention que l'Alliance des radios communautaires du Canada a déposé récemment un projet à Patrimoine canadien, et nous espérons obtenir le financement afin de créer des applications mobiles qui permettront aux mobinautes de pouvoir syntoniser nos stations via leurs appareils mobiles tels que les téléphones intelligents ou les tablettes tactiles.
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Monsieur Chong, monsieur Bélanger et monsieur Godin, membres du Comité permanent des langues officielles, chers députés, l'Association de la presse francophone vous remercie de l'invitation de comparaître devant vous. Nous vous félicitons d'entreprendre une étude de la Feuille de route et nous vous assurons de notre entière collaboration. Il va de soi que la Feuille de route est importante pour la dualité linguistique et pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Cela dit, lorsqu'il s'agit d'évaluer l'impact de la Feuille de route sur le développement de la presse francophone au Canada, il est assez difficile d'établir un bilan juste et satisfaisant. En effet, lorsqu'on lit le document, on trouve une référence à la presse francophone. On y parle de mesures d'appui aux médias communautaires qui contribuent à l'épanouissement communautaire des jeunes. Alors, selon la Feuille de route, cela signifie que les jeunes Canadiens auront un meilleur accès aux activités et aux médias locaux dans la langue de la minorité.
À notre connaissance, aucune mesure précise visant le développement de la presse francophone ne ressort de la Feuille de route. D'ailleurs, quand la Feuille de route avait été lancée, on avait souligné qu'il y avait une quasi-absence du secteur des médias communautaires.
Malgré cela, on est quand même en mesure d'établir certains liens entre les priorités dans la Feuille de route et celles de l'APF. Vous n'êtes pas sans savoir que les médias locaux jouent un rôle important dans toutes les sphères de la vie communautaire. Nos journaux pourront se reconnaître dans certaines initiatives mises en valeur dans la Feuille de route, indirectement du moins.
Qu'il s'agisse de dualité linguistique, de jeunesse, de développement économique, d'accès aux services, de gouvernance, dans tous les cas les journaux sont les principaux véhicules pour informer et sensibiliser la population, contribuer aux débats et les alimenter. Les journaux communautaires sont des partenaires avec les commerces et les organismes de leur communauté. Ils sont également la courroie de transmission entre les citoyens et les instances publiques.
On pourrait dire de même pour les priorités d'action ciblées dans... Sans exception, on peut citer des exemples présentant le rôle indéniable que joue la presse francophone. La presse informe la population des services qui lui sont offerts par les organismes communautaires et les services gouvernementaux. Les journaux locaux sont également des piliers de l'activité économique dans leurs communautés respectives. Ils permettent, entre autres, aux entreprises de présenter leurs produits et services à la population. Je renchéris sur ce que l'ARCC a dit: le commerce local et l'achat local sont intimement liés aux médias locaux.
Je profite de l'occasion pour vous parler de certaines activités de l'APF dont on pourrait dire qu'elles sont en lien avec la Feuille de route. Cependant, je ne peux pas affirmer que ce sont des retombées de la Feuille de route. Aucune des activités qu'on a faites n'est venue avec le sceau « Feuille de route ».
Abordons la question de la jeunesse. La Feuille de route a ciblé de bâtir l'avenir en misant sur la jeunesse. C'est une heureuse coïncidence, car ce secteur d'activité est une priorité de l'APF. Depuis plusieurs années on mise sur deux choses, soit trouver des moyens de fidéliser et de recruter un lectorat jeunesse et développer une relève professionnelle qui serait, notamment, issue de nos communautés.
On a fait plusieurs interventions jeunesse. Depuis bien des années, on attribue des bourses d'étude et de stage qui n'ont aucun rapport avec la Feuille de route. Elles s'inscrivent dans la continuité de nos activités.
Je vais donner des exemples d'autres activités.
On a réalisé des fiches d'activités pédagogiques avec l'Association canadienne d'éducation de langue française. On a organisé un concours d'écriture dans les écoles d'immersion avec l'aide de Canadian Parents for French. Avec l'ARCC, on a créé une équipe de jeunes journalistes qui a participé aux Jeux olympiques de Vancouver.
Tous ces projets ont bénéficié d'un financement de la Direction générale des programmes d'appui aux langues officielles. Je crois que Patrimoine canadien pourrait vous dire si ça fait partie de la Feuille de route. Pour nous, cet argent provient de Patrimoine canadien.
Quant à l'Initiative de développement économique, l'expérience a été peu concluante pour l'APF et ses partenaires. Dans le cadre d'un projet conjoint avec l'ARC du Canada et l'Association des journaux régionaux du Québec, l'APF a fait plusieurs démarches dans le but d'obtenir du financement de ce programme, qui relève, je crois, de la Feuille de route. On a découvert qu'il était à peu près impossible de réaliser un projet national couvrant les deux communautés linguistiques ainsi que toutes les provinces et l'ensemble des territoires. Après plusieurs démarches, on a constaté qu'il n'y avait pas de mécanisme permettant d'établir un programme national. Il faut déposer six demandes auprès de six organismes différents, chacun évaluant le projet selon ses propres critères et modalités. Je n'ai pas abandonné la partie, mais c'est très compliqué. C'est faisable mais presque impossible. Si l'objectif était de ne pas financer de projets nationaux par l'entremise de l'Initiative de développement économique, je pense que ce but est pratiquement atteint.
En matière de gouvernance, je peux dire que de façon générale, nous avons à l'APF des relations satisfaisantes avec nos interlocuteurs fédéraux, tant au ministère du Patrimoine canadien que dans le secteur de la coordination de la publicité à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada ou au Fonds du Canada pour les périodiques. Ici, je parle avant tout de nos relations avec le fonctionnariat. Ça va relativement bien. La discussion est ouverte et nous sommes informés de ce qui s'en vient. Nous avons eu l'occasion de rencontrer le ministre Moore en 2010 et de lui faire part de nos préoccupations.
Je vais revenir à la Feuille de route. Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous ne nions pas son importance, mais il est impossible, dans bien des cas, de tracer des lignes directes entre ce programme et l'APF. Pour la presse francophone, les programmes gouvernementaux les plus importants sont les dépenses en publicité du gouvernement fédéral et le volet Aide aux éditeurs du Fonds du Canada pour les périodiques.
En matière de publicité, nous traversons en ce moment des années assez maigres. Au cours des deux dernières années, les journaux francophones ont fait face à une réduction de 35 p. 100 de la publicité fédérale. Les effets de cette réduction se font sentir. Les journaux publient moins de pages. Certains parlent du grand défi que représente leur survie.
Quant au volet Aide aux éditeurs, qui n'est pas nécessairement lié à la Feuille de route mais qui pourrait l'être dans le cadre de la prochaine édition, les résultats sont partagés. On a révisé le programme. On nous a fait part du fait qu'on voulait s'assurer d'appuyer de façon plus significative les publications de langue officielle.
L'aspect positif pour l'APF est qu'un plus grand nombre de publications sont admissibles au programme en raison de la modification des critères. Toutefois, l'expérience récente fait en sorte que nous connaissons enfin la formule de financement, ce qui diffère des critères, et que nous savons maintenant que certains journaux s'en sortent gagnants alors que d'autres y perdent sérieusement au change. Le malheur est que les grands perdants sont les journaux provinciaux qui desservent notamment des communautés de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Nouvelle-Écosse. Ça constitue des sommes importantes. Au Manitoba, par exemple, on parle d'une perte annuelle de 60 000 $ d'ici trois ans. Nous allons sensibiliser le gouvernement à cet égard et lui faire part du fait qu'en raison de sa formule, les journaux les plus vulnérables sont touchés.
En conclusion, faisant partie de la famille d'organismes et de communautés qui promeuvent la minorité linguistique francophone et la dualité linguistique, l'APF ne peut pas être opposée à la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. Nous y sommes favorables, mais l'APF ne peut pas parler d'actions découlant directement de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne ayant eu un grand impact chez nous.
Je vous remercie.
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Bonjour monsieur Chong, monsieur Bélanger, monsieur Godin et membres du Comité permanent des langues officielles.
Au nom de l'Association des journaux régionaux du Québec, je souhaite, dans le cadre de votre évaluation de la Feuille de route, vous parler des médias communautaires. Avant de vous dresser un portrait du milieu des journaux communautaires de langue anglaise et des défis auxquels ils sont confrontés en cherchant à présenter les informations à la population dans cette langue minoritaire au Québec, permettez-moi de vous expliquer la nature de nos relations avec la publicité.
Que signifie ce terme au juste? Pour les lecteurs de journaux communautaires, la publicité correspond à de l'information. En effet, bon nombre de lecteurs peuvent ne pas faire la distinction entre une publicité payée, un article d'opinion et un article de presse. Le fait est qu'ils lisent absolument tout, chaque mot, avec grand intérêt. L'élément clé dans ce contexte est que, avant d'envisager d'augmenter ou de diminuer les taux de publicité, il faut bien comprendre qu'il s'agira à ce moment-là d'augmenter ou de diminuer l'information communiqué aux résidents.
C'est particulièrement critique pour la minorité de langue anglaise au Québec. Nos petits journaux constituent parfois le seul moyen pour les résidents d'être informés d'activités qui les touchent directement, que ce soit celles de différents organismes, de la province ou même des municipalités. Entre 2008 et 2011, l'achat de publicité par les organismes fédéraux a diminué du même ordre de grandeur que la baisse constatée par l'APF. On ne trouvera pas de telles baisses en 2009, mais on peut néanmoins tirer une leçon intéressante de ce qu'on a vu cette année-là. Les organismes fédéraux ont été extrêmement proactifs dans la lutte contre le virus H1N1. Ils ont eu recours aux journaux communautaires pour mener une campagne d'information axée sur la prévention, et le degré de succès qu'ils ont connu susciterait l'admiration des meilleures agences de publicité. Les taux d'infection par le virus H1N1 ont été contrôlés en partie grâce à cette campagne de publicité agressive. Les lecteurs ont réagi en suivant les conseils donnés dans les publicités. Les lecteurs avaient peur, ils se sentaient isolés, et ils entendaient des histoires d'horreur venant de l'étranger ou à la télévision; mais ils n'ont pas compris ce qui était publié dans les journaux de langue française. L'argent consacré à la publicité dans les journaux communautaires les visait directement et les a aidés à s'en sortir en leur offrant des renseignements très fiables. Cela les a habilités, en leur permettant d'agir de façon responsable et de s'aider eux-mêmes. Cependant, l'achat de publicité par les organismes fédéraux a baissé en chute libre pour atteindre presque zéro à la suite de la pandémie. Feuille de route ou non, cela a eu l'effet d'une douche froide.
Le fait que les organismes fédéraux ne communiquent pas avec les citoyens touche l'ensemble du Canada; ce n'est pas juste une réalité québécoise. Pour une communauté de langue minoritaire, cette information est critique. Elle leur permet de savoir ce que les organismes font pour eux ou les activités elles-mêmes qui peuvent les toucher.
L'effectif-lecteurs des journaux communautaires du Canada est extrêmement élevé. Ceux qui prétendent que l'époque des journaux comme moyen de communication est révolue négligent de toute évidence le secteur des journaux hebdomadaires. Nous sommes plus prospères à présent que jamais auparavant. Notre tirage est en hausse, et il en va de même pour notre lectorat et nos bénéfices. De récents sondages indiquent que 74 p. 100 des Canadiens d'âge adulte lisent leur journal communautaire local. Les chiffres sont encore plus élevés pour les journaux qui visent les communautés de langue minoritaire.
Une étude menée par la firme Léger Marketing et commandée l'an dernier par certaines villes membres de l'Union des municipalités du Québec a indiqué des taux de lectorat qui atteignent 89 p. 100 — voilà le chiffre pour le Aylmer Bulletin qui est diffusé dans le secteur d'Aylmer de la ville de Gatineau. Journaux Canadiens, soit l'association canadienne des journaux dont l'Association des journaux régionaux du Québec est membre, mène une campagne d'information à l'heure actuelle qui pose la question suivante aux organismes fédéraux: Si trois Canadiens sur quatre lisent leur journal communautaire local, comment se fait-il que le gouvernement du Canada n'achète pas de publicité dans nos journaux? Pourquoi refusez-vous d'informer la population des collectivités de langue minoritaire?
Toujours dans le contexte de cette campagne, on explique que le lectorat augmente dans ce marché et que ce dernier correspond à un effectif-lecteurs de plus d'un million de citoyens dans tous les coins du pays. Les statistiques canadiennes indiquent que le gouvernement fédéral consacre moins de 10 p. 100 de son budget global de publicité à de tels journaux. Des résultats de ce genre ne sont pas la marque de gouvernements responsables. Cette tendance est-elle liée aux directives de la Feuille de route?
Internet est peut-être plus intéressant que les journaux. Bien entendu, Internet est très répandu et la plupart des journaux ont maintenant une version en ligne, mais il reste à prouver que la publicité en ligne permet aux organisme de s'acquitter de leur responsabilité de transmettre des renseignements critiques à la population canadienne. Or, cette responsabilité est décrite dans la Feuille de route.
Il y a actuellement une campagne de publicité en ligne qui rend hommage à nos anciens combattants. L'autre jour, sur le terrain, j'ai sondé tous les gens sur lesquels je tombais au centre commercial très fréquenté où sont situés nos bureaux. Personne à qui j'ai parlé n'était au courant de cette campagne. Mais, le jour même ou j'ai demandé aux gens s'ils avaient vu cette publicité, nous avons reçu 23 appels téléphoniques ou courriels à nos bureaux concernant des renseignements qui avaient été publiés dans notre journal ce jour-là et qui n'avaient rien à voir avec les anciens combattants ou cette campagne-là. Mais peut-être mon anecdote n'est-elle pas suffisamment convaincante.
Editor and Publisher, un magazine destiné à l'industrie médiatique, a publié les résultats d'une étude d'audience liée à la publicité dans son numéro de juillet 2011. Cette étude présentait une évaluation des différentes possibilités de publicité dans les médias ainsi que la réaction des lecteurs, des téléspectateurs et des auditeurs aux messages publicitaires. Encore une fois, il s'agit de messages d'information émanant des organismes. Trente-six pour cent des adultes préféraient les journaux et réagissaient aux renseignements qu'ils recevaient par l'entremise de leur journal communautaire. L'étude incluait un certain nombre de questions sur Internet, la télévision, la radio, les plates-formes de distribution directe aux utilisateurs, et les médias sociaux. J'ai des copies des résultats en question si cela vous intéresse.
L'Association des journaux régionaux du Québec exhorte donc les organismes fédéraux à accroître leurs communications avec les citoyens, notamment dans les régions du Québec où les anglophones ne comprennent pas ce qui est dit dans les journaux ou à la télévision dans la langue majoritaire. Il faut que ce soit fait de telle façon que les citoyens puissent assimiler l'information par le moyen le plus efficace, et ce moyen, ce sont les journaux communautaires. La minorité de langue anglaise du Québec soutient les journaux hebdomadaires car les résidents lisent leurs journaux chaque semaine. Ils lisent tout et ils réagissent en écrivant des lettres au rédacteur, et en soumettant des photos ou des conseils. Ils se servent constamment de leur journal. De même, les entreprises locales y achètent de la publicité. Cela vous indique à quel point c'est important. Quiconque veut communiquer un message à la population passe par le journal, et pourquoi quelqu'un souhaitant communiquer un message à la population ne voudrait-il pas passer par le journal communautaire? Les organismes fédéraux souhaitent-ils être assimilés à ceux qui ne suivent pas les pratiques exemplaires?
L'initiative de la Feuille de route, avec ses graphiques d'acheminement et ses guides sur les pratiques exemplaires, semble exiger que les organismes fédéraux passent par les journaux communautaires pour dialoguer avec les citoyens, étant donné les résultats qu'obtiennent ces derniers. L'Association des journaux régionaux du Québec et l'Association canadienne des journaux communautaires ont documenté la performance de ces journaux.
Il faut que le gouvernement ait recours aux moyens de communication utilisés par les citoyens. Au Québec, les minorités privilégient les journaux de langue anglaise.
Je vous remercie.
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Comme je l'expliquais plus tôt, l'Alliance des radios communautaires du Canada a soumis récemment un projet à Patrimoine canadien. Le but est notamment de concrétiser un projet que nous caressons depuis un certain temps, soit l'acquisition d'applications mobiles pour les quatre principaux systèmes d'exploitation mobiles que sont Android, BlackBerry, Windows Phone et iOS. Le but est que les auditeurs puissent nous écouter non seulement par l'entremise de la bande FM, mais également par celle des nouvelles plateformes.
On nous dit de plus en plus que les jeunes désertent la radio FM, qu'ils sont de moins en moins nombreux à l'écouter. La plupart du temps, ils ont leur iPod vissé aux oreilles. Je pense que parmi les plus jeunes, certains ne savent probablement même pas ce qu'est la radio FM. Par contre, ils savent ce qu'est la diffusion en flux. Ils souscrivent à des services de ce genre pour obtenir de la musique en ligne. Nous ne sommes pas encore présents dans ce domaine, mais ce n'est pas parce qu'on ne veut pas l'être. C'est un projet assez ambitieux, mais il n'empêche que nous aimerions éventuellement en arriver là. C'est pourquoi nous travaillons dans ce sens.
Vous avez aussi parlé des médias sociaux. Ça représente un certain défi pour nous, dans la mesure où les gens sont de plus en plus présents sur cette plateforme. À l'ARC, par contre, nous essayons de faire en sorte que ces médias soient davantage des alliés que des ennemis ou des concurrents. Par exemple, nous tentons de convaincre nos membres de l'importance d'être présents sur Facebook et de se servir de cette plateforme comme d'un forum servant à alimenter des discussions qui, par la suite, vont être diffusées sur nos ondes. Nous utilisons aussi Twitter pour relayer des bribes d'information qui vont amener les auditeurs à visiter le site Internet de la station afin d'obtenir la nouvelle au complet.
Il reste que les stations de radio dont les effectifs sont réduits ont de la difficulté à s'acquitter de leur fonction de radiodiffuseur tout en alimentant les plateformes sociales.
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En ce qui concerne les journaux, les membres de l'APF sont présents sur Internet depuis l'an 2000. Cependant, être présent n'est pas synonyme d'être performant. Il y a une différence. Comme pour tous les autres médias, il faut apprendre à être un média interactif, en plus d'être un média en papier qui paraît toutes les semaines.
Bref, le défi pour les journaux est le même que celui auquel sont confrontées les radios, soit des équipes de petite taille.
Hier, j'ai eu une discussion avec quelqu'un dont j'ai complimenté le site Web. Il m'a répondu qu'il était beau, mais qu'en raison des changements de personnel récents, la priorité irait au journal et que leur site ne serait plus mis à jour aussi fréquemment. C'est toujours un défi.
Internet est un média différent. C'est un média de l'immédiat, il doit être mis à jour constamment. Les comptes Facebook et Twitter demande qu'on soit continuellement en interaction. Il s'agit d'un apprentissage et on doit y consacrer des ressources. Chez nous, les résultats sont variés: certains s'investissent beaucoup, d'autres ne parviennent pas à s'investir autant.
Le deuxième défi, c'est la rentabilité. Les gens investiraient davantage s'ils faisaient plus de revenus avec Internet. Jusqu'à maintenant, aucun journal de notre association ne réalise de revenus appréciables par l'entremise d'Internet.
Il existe un troisième défi. Si l'APF veut appuyer ses membres à l'égard d'Internet, elle le peut difficilement car il n'y a pas beaucoup de financement disponible. Les ressources représentent un défi pour nous aussi. Elles ne sont pas illimitées.
La direction générale des Programmes d'appui aux langues officielles ne veut pas vraiment se lancer dans Internet. Sauf erreur, c'est parce qu'elle reçoit beaucoup de demandes de financement. Si elle ouvre cette porte, une pression supplémentaire s'ajoutera sur une enveloppe budgétaire limitée. Quant à Industrie Canada, il n'agit plus dans ce secteur, alors qu'autrefois il participait à une franco-communauté virtuelle.
Ça résume la situation. Dans un contexte de lutte contre l'assimilation, c'est sûr qu'un appui du gouvernement pour le Web serait apprécié de la part des médias francophones.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais, moi aussi, souhaiter la bienvenue à tous nos invités.
J'ai un rapport assez unique avec la radio communautaire. Quand j'étais enfant, j'étais animateur d'une émission d'enfants. Elle n'était pas diffusée par une radio communautaire, mais par une radio commerciale qui avait une antenne d'une puissance de 1 000 watts. J'en ai aussi fait quand j'étais adolescent.
Quand un mouvement de francophones de la région de la capitale nationale m'a interpellé, au cours de l'été 2008, à la suite d'un refus du CRTC d'accorder un permis de radio communautaire francophone dans la région, je suis monté aux barricades. Maintenant, on connaît les résultats.
Je suis à la Chambre des communes depuis 2 110 jours. Je dois vous avouer que malgré cet engouement, je ne suis allé vous voir qu'une seule fois. J'aurais peut-être dû y aller plus souvent. Cependant, vous êtes venus nous rencontrer.
J'aimerais qu'on parle de la culture. Comment pouvons-nous amener la radio communautaire, ou peut-être même les journaux communautaires, à devenir un meilleur miroir des sociétés linguistiques en situation minoritaire? Comment pouvons-nous vous aider dans ce cheminement?
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Il y a deux ou trois ans environ, les gens de l'Association des professionnels de la chanson et de la musique franco-ontariennes sont venus assister à notre assemblée générale annuelle, qui se déroulait à Ottawa, pour s'enquérir auprès de nos membres de la façon dont il pourrait y avoir un rapprochement entre les artistes des communautés et les radios communautaires.
Les artistes avaient exprimé le désir d'être entendus davantage, de bénéficier d'un meilleur rayonnement. Les représentants de nos radios ont répondu qu'il n'était pas toujours facile d'avoir accès à la musique des artistes des communautés. Les raisons sont, entre autres, que la distribution se fait difficilement, qu'il y a du roulement de personnel au sein des stations de radio et que les coûts inhérents à la promotion des artistes sont élevés. C'est coûteux, par exemple, d'envoyer des disques compacts par la poste. On en est venu à la conclusion qu'il faudrait créer une plateforme nationale où seraient téléchargés des fichiers musicaux des artistes de nos communautés. De cette façon, on pourrait avoir accès à ces fichiers gratuitement et rapidement, même instantanément dans le cas où une radio serait branchée sur le serveur au moment où la chanson serait ajoutée.
Le but était de faire en sorte que la musique d'un artiste de l'Ouest canadien, par exemple du Manitoba ou de la Saskatchewan, soit diffusée dans les provinces de l'Atlantique et vice-versa. Ainsi, les chansons d'artistes de l'Acadie pourraient être diffusées sur les ondes de stations de radio situées dans l'Ouest canadien ou en Ontario. Ce projet a été terminé cet été, sans aide financière supplémentaire, c'est-à-dire que l'ARC du Canada a pris à sa charge l'hébergement, la mise en oeuvre et le maintien de cette plateforme. Les artistes jouissent maintenant d'une plateforme qui leur permet de diffuser leurs oeuvres musicales. Ce faisant, les stations de radio peuvent accéder plus rapidement et plus facilement aux oeuvres de nos artistes.
Mieux encore, nos collègues de l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec se sont dit à ce jour très ouverts et enclins à adhérer à ce service. Ça ne s'est pas encore concrétisé, parce qu'on veut éprouver la plateforme. Il y a encore des ajustements à faire, mais on espère que d'ici très peu de temps, les quelque 30 radios communautaires de l'ARC du Québec auront elles aussi accès à ce matériel. Non seulement les artistes de nos communautés vont-ils pouvoir voyager dans les provinces à l'extérieur du Québec, mais ils pourront également voir leur musique diffusée par les stations de radio du Québec.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être venus ce matin.
J'ai quelques questions à poser sur les jeunes. La jeunesse, pour moi, représente le futur des communautés linguistiques en situation minoritaire. J'ai passé une bonne partie de ma vie en Alberta. J'ai eu recours aux médias francophones dans cette région et également en Ontario.
Maintenant, j'habite à Toronto. Encore une fois, les journaux et les radios francophones sont très importants pour la survie et l'épanouissement de la communauté francophone dans ces milieux.
Avez-vous des projets ou des initiatives pour attirer les jeunes? Comme vous le disiez, les plateformes pour les jeunes d'aujourd'hui sont différentes. Ils n'utilisent pas vraiment la radio traditionnelle, ni la télévision traditionnelle, ni les journaux.
En fait, ma question s'adresse à tous les témoins. Avez-vous des programmes, des projets et des initiatives qui visent la jeunesse? Y a-t-il un changement de cap, en termes de vos activités pour attirer les jeunes?
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Merci, monsieur le président, et merci à nos invités d'aujourd'hui.
C'était une conversation vraiment très intéressante, qui comportait plusieurs aspects. Il y a la question du partage des revenus gouvernementaux et celle des tendances dans nos médias, les journaux et la radio.
Je suis député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country. C'est là qu'ont eu lieu les Jeux olympiques d'hiver dont on a parlé plus tôt. À mon avis, il n'y a pas de radio communautaire dans la deuxième langue en Colombie-Britannique. Il est possible que CBC ou Radio-Canada fasse l'équivalent de la radio communautaire au Québec, sur un plan conceptuel.
Nous avons bien sûr des journaux communautaires. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de rencontrer un représentant d'une association nationale de journaux communautaires. Je pense qu'il va poser la même question que vous venez de me poser.
Je pense qu'il y a vraiment deux enjeux qui sont un peu mélangés. Il y a celui de l'égalité. M. Godin a demandé si on était conseillé. Je pense que cela touche un peu la justice et l'égalité. Le gouvernement partage-t-il équitablement ses revenus?
Le deuxième enjeu est de voir comment le gouvernement peut communiquer de façon plus efficace. Je vous pose cette question, madame Ryan. Sur quoi mettez-vous l'accent?
[Traduction]
Est-ce l'équité des dépenses gouvernementales?
[Français]
Est-ce l'efficacité du gouvernement à communiquer son message?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Ryan, messieurs Forgues, Côté et Potié, je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie d'être parmi nous ce matin.
En principe, on se rencontre pour évaluer une Feuille de route dont le programme d'évaluation est pour le moins saugrenu. On ne dispose pas encore du rapport de mi-parcours et on ne sait pas non plus si on l'aura un jour, ce qui rend un peu compliquée l'évaluation de cette Feuille de route.
On va donc sauter une étape et se projeter immédiatement dans la prochaine Feuille de route. Si jamais on obtient un rapport de mi-parcours, on pourra faire une comparaison entre ce que vous souhaitiez pour l'avenir et ce qui se passe essentiellement.
Le défi des prochaines quatre minutes et demie repose sur vos épaules. Vous vous partagerez le temps de parole. J'aimerais que chacun des organismes entende le plus clairement possible ce que sont vos attentes, et si le mot « attentes » est trop problématique, appelons cela des suggestions.
Quelles sont vos suggestions sur le financement de vos organismes, concrètement? Voulez-vous continuer à essayer de survivre à l'aide de la publicité ou attendez-vous autre chose?
Quelles sont vos suggestions sur la gouvernance et le mode de gestion en ce qui a trait aux relations entre le gouvernement et votre organisme?
Finalement, quelles seraient vos suggestions sur le mécanisme de consultation auprès des communautés linguistiques en situation minoritaire?
:
Je vais tenter de répondre à certaines de ces questions.
En ce qui a trait au financement, je dirais que pour les journaux, l'adaptation aux nouveaux médias est un défi de taille, compte tenu de la quantité limitée de ressources. Il s'agit non seulement d'un grand défi pour nous, mais aussi d'une sérieuse menace pour les francophones en situation minoritaire. On se trouve dans un contexte où les médias ont de la difficulté à être concurrentiels. C'est effectivement difficile de concurrencer avec The New York Times et CNN.
Pour ce qui est du Fonds du Canada pour les périodiques, c'est un très bon programme, mais je pense encore qu'il devrait être conçu de façon à tenir compte du fait que notre réalité, en termes de marché, n'est pas celle d'un journal qui peut être livré à domicile et atteindre 100 p. 100 de la population.
En ce qui a trait à la gouvernance, je vous avoue ne pas penser énormément à cette question. Je vais me fier davantage à mon porte-parole, la FCFA, pour vous faire part du point de vue de la communauté. Normalement, on appuie cela.
Quant à la consultation, j'aimerais qu'elle soit plus continue et davantage sous forme de dialogue. Je vais vous donner un exemple. On nous consulte, on nous demande ce qu'on veut, on retourne chez soi, on procède à la rédaction, puis on nous dit: « Voilà le programme ». Parfois ça fonctionne, et parfois ça ne fonctionne pas. Je pense que le fait d'opter plutôt pour des échanges continus serait plus satisfaisant et que le gouvernement disposerait d'un programme dont les objectifs seraient davantage atteints.
:
En ce moment, elle va bien.
M. François Côté: Oui.
M. Guy Lauzon: Elle était aux prises avec de sérieux problèmes, mais grâce à la publicité, elle commence à bien s'en sortir.
[Traduction]
C'est la même chose pour les journaux. Nous avons un ou deux journaux hebdomadaires à Cornwall, par exemple, soit Le Journal de Cornwall… Je ne sais pas si vous le connaissez. Il avait un tirage de 800 autrefois, mais maintenant, c'est 25 000. Par contre, le Seaway News, qui est un journal hebdomadaire, a un tirage de 37 000 en anglais. Les journaux sont distribués gratuitement. Et maintenant, ils ont une version française.
Les ventes de publicité se multiplient, mais je ne veux pas y mettre de publicité. Je ne veux pas faire de publicité dans Le Journal de Cornwall. J'ai écouté mon coeur à l'époque où il n'y avait que 800 abonnés, mais c'est d'autant plus intéressant maintenant qu'ils en ont 25 000.
Quand on veut faire de l'argent, il faut parfois en dépenser d'abord. Ce que vous dites est tellement critique, et je me demande s'il ne faut pas par moments aller un peu plus loin. C'est ça le sens même de l'activité commerciale, surtout que la concurrence dans le secteur des médias est féroce depuis cinq ans. Beaucoup d'organismes médiatiques n'ont pas survécu les cinq dernières années. Nous avions une radio de langue anglaise à Cornwall qui a fait faillite à cause de la concurrence. C'est le principe de la survie du plus apte et si je peux vous donner un conseil, je recommanderais que vous soyez plus agressif et que vous investissiez dans un responsable des ventes pour pouvoir vendre davantage de publicité.
[Français]
Avez-vous des commentaires à faire?
:
Je suis d'accord avec vous. Pour un journal, le nerf de la guerre est de vendre de la publicité.
Cependant, notre réalité est différente. Par exemple, de 5 000 à 6 000 personnes parlent français à la maison en Saskatchewan, alors que le total de citoyens de langue maternelle française est de 16 000 ou de 17 000 . Si tout le monde lisait le journal francophone, il serait encore difficile de convaincre le gars qui possède une station-service d'acheter de la publicité. Qu'on le veuille ou non, tous ces foyers sont éparpillés partout dans la province. Je suis d'accord avec vous, malgré tout, que ce journal devrait consacrer tous les efforts nécessaires pour augmenter sa publicité locale.
Pour renchérir sur ce qu'a dit Lily, la publicité est de l'information. Cela représente des revenus et cela rend le journal plus vital. Il existe des réalités de marché à Terre-Neuve, en Saskatchewan et à l'Île-du-Prince-Édouard qui sont très difficiles.
Cela étant dit, on ne demande pas votre pitié. Nos journaux font leur travail et génèrent des revenus, mais il y a une autre face à la médaille: on est un pilier pour la vitalité de la communauté.