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Bonjour. Merci, monsieur le président, messieurs et mesdames les députés. Je tiens à vous remercier d'avoir invité la Fédération des communautés francophones et acadienne à comparaître de nouveau dans le cadre de votre étude sur la Feuille de route pour la dualité linguistique.
Je m'appelle Marie-France Kenny et je suis la présidente de la fédération. Je suis accompagnée aujourd'hui de notre directrice générale, Suzanne Bossé. C'est un privilège pour nous de fermer la marche en ce qui a trait aux organismes des communautés francophones et acadienne qui ont témoigné devant vous. Cela nous donne une belle occasion de nous appuyer sur tout ce qui a été dit pour imaginer l'avenir et jeter les bases de la prochaine initiative, un peu comme l'a dit le sénateur Comeau: pas une nouvelle feuille de route, mais un GPS pour moderniser le tout qui succédera à la Feuille de route à compter de 2013.
Les deux grands piliers de la Feuille de route pour la dualité linguistique sont la participation de tous les Canadiens à la dualité linguistique et l'appui aux communautés de langue officielle en situation minoritaire. C'est à ces objectifs que les initiatives et les projets nés de la Feuille de route se sont consacrés. Les organismes des communautés qui ont comparu devant vous ont décrit assez éloquemment les résultats qui ont été atteints à cet égard. Ils vous ont parlé de défis, mais aussi de réussites, des difficultés rencontrées, mais aussi des occasions saisies.
Le rapport de mi-parcours publié par Patrimoine canadien il y a quelques semaines parle lui aussi de certains succès et avancées, tout en étant quelque peu laconique au sujet des défis. Ce que nous retenons des témoignages devant ce comité à propos du rapport de mi-parcours, c'est que si on se tourne vers l'avenir, les deux objectifs de la Feuille de route demeurent tout à fait pertinents. Cela nous amène à recommander que l'initiative gouvernementale, qui prendra la relève de la Feuille de route à compter de 2013, vise elle aussi la participation de tous les Canadiens à la dualité linguistique et l'appui aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Regardons maintenant la question du contenu de cette prochaine initiative gouvernementale. À cet égard, les communautés francophones et acadienne ont fait en sorte de se donner des priorités de développement dans le Plan stratégique communautaire né de la vaste concertation qu'a été le Sommet des communautés francophones et acadienne en 2007. Les représentants communautaires qui ont comparu devant vous sont tous membres du Forum des leaders, un regroupement de 43 organismes et institutions engagés envers la mise en oeuvre de ce plan. Plusieurs d'entre eux vous en ont d'ailleurs parlé.
Considérant les objectifs que nous venons de recommander, il serait tout à fait logique et naturel que l'initiative qui succédera à la Feuille de route s'arrime de près au Plan stratégique communautaire. Après tout, le gouvernement et les communautés recherchent le même résultat: des collectivités ou des individus qui ont tout ce qu'il faut pour réussir et pour contribuer à l'essor de notre pays. Le Plan stratégique communautaire comporte cinq grands chantiers et trois d'entre eux montrent la voie quant aux priorités de l'initiative qui prendra la relève de la Feuille de route, soit notre population, notre espace et notre développement. Eux aussi s'alignent de près sur les priorités du gouvernement.
Quand on parle de notre population, on parle de renforcement du poids démographique de nos communautés. On parle d'appui aux jeunes et aux familles afin qu'ils puissent transmettre la langue française et renforcer leur sens identitaire grâce à un accès accru aux activités culturelles et patrimoniales ainsi qu'à des programmes de soutien au développement de l'enfant. On parle aussi de stratégies de promotion d'accueil, d'intégration et de rétention de migrants et d'immigrants qui s'établiront chez nous pour réussir et contribuer à l'essor de nos collectivités et de nos régions. Notons d'ailleurs que les investissements de la Feuille de route ont permis au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration de mieux appuyer nos collectivités dans l'atteinte des objectifs du Plan stratégique communautaire pour favoriser l'immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire.
Cet appui devrait être reconduit et étendu afin de renforcer également les capacités des communautés à cet égard. L'initiative qui succédera la Feuille de route devrait également viser le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international en vue d'outiller les communautés et les ambassades pour faire un travail de promotion à l'étranger. Le chantier Notre espace parle de l'accès des citoyens et des citoyennes francophones à une vaste gamme d'activités et de services en français livrés avec efficience, qui leur permettent de participer activement à la croissance de leur communauté. Il est question ici d'un continuum de services qui touche tous les aspects de la vie quotidienne, de l'éducation à la santé, de la justice à la culture, de la jeunesse aux aînés.
Ce chantier aborde aussi l'enjeu de la responsabilisation, de la prise en charge et de l'engagement des citoyens envers la croissance et le bien-être économique et social des collectivités. Cela m'amène à une considération importante pour les priorités de l'initiative qui succédera à la Feuille de route.
La mise en oeuvre de la Feuille de route s'est faite par l'entremise d'un réseau associatif bien concerté et engagé auprès des francophones. Si la Feuille de route a mis l'accent sur le service aux citoyens, ce sont les organismes et institutions des communautés qui ont effectué cette prestation de services.
Ils l'ont fait sans un renforcement significatif de leurs capacités. Or, il nous semble que plus on investit dans les capacités du prestataire de services, plus on obtient de rendement de notre investissement sur le plan de l'efficacité, des résultats et de la satisfaction de la clientèle. Il est donc important que l'initiative qui succédera à la Feuille de route aborde la question de la prestation des services en même temps que celle du renforcement du réseau des associations et organismes qui, d'un bout à l'autre du pays, sont branchés sur le citoyen et sont le plus en mesure d'effectuer cette prestation de services à moindre coût.
Passons enfin au chantier de notre développement. Les communautés francophones et acadienne se donnent comme objectif de pallier le vieillissement de la population et l'exode rural, de stimuler l'emploi et la croissance économique. Elles veulent le faire en misant sur le dynamisme de leur réseau, sur leur entrepreneuriat privé et collectif, sur des stratégies novatrices de développement local, sur le renforcement du capital humain, sur l'acquisition des compétences nécessaires à la réussite de tous, ainsi que sur la reconnaissance des titres de compétences étrangers.
Il est essentiel, à cet égard, que l'initiative qui succédera à la Feuille de route comprenne, notamment, des investissements dans la formation de la main-d'oeuvre, que ce soit sur le plan des compétences essentielles comme l'alphabétisation ou l'éducation postsecondaire. Il est également important de soutenir l'entrepreneuriat et d'appuyer les initiatives de tourisme culturel et patrimonial.
Voilà donc, en quelques grands coups de pinceau, un portrait général qui montre les arrimages du Plan stratégique communautaire et ce qui deviendra une prochaine feuille de route pour la dualité linguistique. Je tiens absolument, par ailleurs, à souligner l'importance de s'assurer que les grandes initiatives de la présente Feuille de route ne se terminent pas le 31 mars 2013. Ces initiatives vont créer un élan qui ne devrait pas être freiné alors que les bénéfices se font sentir.
J'aimerais ajouter quelques mots sur toute la question de la participation des Canadiens à la dualité linguistique. À cet égard, la présente Feuille de route a mis de l'avant un certain nombre d'initiatives dont la mise en place du portail linguistique du Canada et un accès universel au logiciel Termium.
Quoique ces initiatives soient louables, il est important de faire la distinction entre le renforcement de la dualité linguistique dans la fonction publique et dans la société canadienne. Alors que l'initiative qui succédera à la Feuille de route nous amènera vers 2017 et le 150e anniversaire du Canada, nous verrions d'un bon oeil des initiatives qui créeraient des occasions de dialogue et d'échange entre les Canadiens et amèneraient une meilleure compréhension et un plus grand engouement pour la dualité linguistique.
Je vous livre, en terminant, quelques concepts clés sur la gouvernance de la prochaine Feuille de route pour la dualité linguistique. Nous estimons que le succès de cette nouvelle initiative dépendra de la précision avec laquelle on définira les rôles et les responsabilités de ceux et celles qui sont appelés à la mettre en oeuvre. Je parle non seulement des institutions fédérales, mais aussi des gouvernements provinciaux et territoriaux et de nos communautés.
Il est important qu'on crée un cadre de gestion et de responsabilité, et que nos communautés puissent participer à la définition des objectifs, des indicateurs et des échéanciers. D'autre part, les organismes et les institutions des communautés seront sûrement appelés à jouer un rôle de premier plan dans la mise en oeuvre de cette nouvelle feuille de route, comme ils l'ont fait pour la Feuille de route actuelle.
Dans une optique de planification des services et pour assurer le succès de cette initiative, il est important que tous aient un bon portrait de la mise en oeuvre de celle-ci au fur et à mesure qu'elle se réalise. Nous recommandons que la prochaine feuille de route soit dotée d'un tableau de bord qui permettra de suivre les investissements au fur et à mesure qu'ils se font, par ministère, par année et par programme.
En conclusion, j'aimerais vous laisser avec une réflexion d'ordre plus général. Le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, l'hon. James Moore, nous a demandé l'automne dernier quelle histoire nous, les communautés francophones et acadienne, aimerions raconter au terme d'une prochaine feuille de route vers 2017-2018 et dans le contexte des célébrations du 150e anniversaire du Canada. Nous aimerions raconter que l'appui du gouvernement fédéral a permis aux communautés francophones et acadienne de faire des pas de géant sur la voie de l'égalité réelle, qu'on a cessé de nous voir uniquement comme des minorités, mais plutôt comme des citoyens à part entière qui, fort de cette égalité réelle, contribuent pleinement à l'essor et à la prospérité économique, et que nous sommes plus confiants que jamais que nos enfants et nos petits-enfants pourront après nous continuer à bâtir ce pays dans les deux langues officielles.
Enfin, nous souhaitons que les Canadiens et les Canadiennes auront plus que jamais eu l'occasion de se parler, de se comprendre et d'apprécier toute la richesse de notre dualité linguistique.
Je vous remercie.
Je suis prête à répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur Chong, monsieur Godin, monsieur Bélanger et tous les autres membres du comité.
Je m'appelle Noel Burke. Présentement, je suis président par intérim du Quebec Community Groups Network, le QCGN. Mme Sylvia Martin-Laforge, qui présentera une partie de notre exposé, et M. Stephen Thompson, notre ressource dans le domaine des politiques, si je puis m'exprimer ainsi, m'accompagnent aujourd'hui.
Vous savez que le QCGN est une organisation axée sur les membres dont les 38 membres travaillent directement auprès d'un million de Canadiens qui vivent dans nos communautés anglophones en situation minoritaire, que l'on qualifie collectivement de communauté anglophone du Québec. Le QCGN, en tant que représentant stratégique de la communauté auprès du gouvernement a coordonné étroitement ses travaux avec les organisations et les institutions qui desservent notre communauté et qui ont fourni au comité des témoignages appuyant votre étude sur l'évaluation de la Feuille de route pour la dualité linguistique au Canada. Nous avons suivi leur comparution avec grand intérêt et croyons qu'en tant que communauté, nous avons démontré les avantages des investissements du gouvernement du Canada dans notre communauté minoritaire.
Le QCGN et ses partenaires communautaires comprennent que le but de notre présence aujourd'hui est de présenter notre résumé des commentaires que nous avons faits pendant l'étude sur la Feuille de route. Le comité a entrepris cette étude dans le but de faire des recommandations sur la stratégie du Canada en matière de langues officielles lorsque la Feuille de route se terminera l'an prochain. Vous songez à l'avenir, et nous sommes ici pour vous aider dans ces discussions.
Notre intention est de fournir au comité un résumé de notre point de vue sur la façon dont le gouvernement du Canada peut améliorer efficacement la vitalité des communautés anglophones en situation minoritaire. Pour appuyer notre exposé, nous allons utiliser deux événements clés: l'étude entreprise par vos collègues au Comité sénatorial permanent des langues officielles; et le Forum des priorités stratégiques, des consultations communautaires très complètes faites au cours de la dernière année.
À la fin de notre exposé de ce matin, nous espérons avoir réussi à faire mieux comprendre aux honorables membres du comité ce qui suit: les observations de notre communauté sur la façon dont le Canada pourrait appuyer plus efficacement la vitalité des communautés anglophones en situation minoritaire; et les critères que le gouvernement du Canada pourrait utiliser pour faire une priorité de l'appui public à notre communauté.
La discussion linguistique au Québec est fascinante, dynamique et ne se termine jamais. Nous avons noté votre intérêt et aimerions avoir l'occasion de vous en parler une autre fois. Cependant, aujourd'hui, la communauté que nous représentons a décidé que, tout comme votre étude, le QCGN devrait se concentrer sur l'avenir, sur la prochaine stratégie des langues officielles du gouvernement du Canada.
La communauté anglophone du Québec reconnaît notre partenariat indispensable avec le gouvernement du Canada, dont l'engagement envers la vitalité des deux communautés de langues officielles en situation minoritaire est très clair. Certains ont demandé si un jour ce partenariat ne serait plus nécessaire; nous pensons que non.
Le message du premier ministre, qui se trouve en préface de la Feuille de route, parle de la valeur canadienne essentielle qu'est la dualité linguistique, « pierre angulaire de notre identité nationale, la dualité linguistique est une source inestimable d'avantages économiques, sociaux et politiques pour tous les Canadiens. »
Le premier ministre a fait un lien direct entre notre engagement national envers la dualité linguistique — et, par extension, nos communautés de langues officielles en situation minoritaire — et notre avenir en tant que Canada uni. Le partenariat du gouvernement du Canada avec les communautés de langues officielles en situation minoritaire de notre pays est basé sur notre Constitution et représenté par la Loi sur les langues officielles. Notre collaboration sera à long terme.
Nous savons qu'un rééquilibrage du partenariat entre la communauté, et les secteurs public et privé s'en vient, et nous avons hâte de participer à cette évolution. Mais l'engagement du gouvernement du Canada envers la vitalité de notre communauté et la responsabilité des institutions fédérales de faire en sorte que des mesures positives soient prises pour la mise en oeuvre de ces engagements sont inscrits dans la loi. Il n'y a aucune autre communauté qui a ce genre de partenariat spécial avec le gouvernement du Canada.
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Le QCGN a comparu devant vos collègues du Comité sénatorial permanent des langues officielles la semaine dernière, afin de présenter les commentaires de notre communauté sur la réponse du gouvernement du Canada au rapport de fond du comité intitulé « L'épanouissement des communautés anglophones du Québec: Du mythe à la réalité ». Vous avez entendu des organisations sectorielles de notre communauté faire souvent référence à ce rapport, des organisations qui desservent notre communauté et qui ont témoigné en comité. Ce rapport historique et ses recommandations constituent une lecture essentielle pour ceux qui élaborent la stratégie du Canada en matière de langues officielles.
Nous tirons trois messages essentiels du rapport sénatorial. Premièrement, les communautés canadiennes francophones et anglophones en situation minoritaire, de même que tous les citoyens de notre grand pays, doivent avoir une voix égale dans l'élaboration des politiques et des programmes visant à améliorer la vitalité de nos communautés.
Deuxièmement, les Canadiens vivant dans des communautés anglophones en situation minoritaire doivent avoir un accès égal aux services et aux programmes gouvernementaux qui proviennent du gouvernement du Canada ou en reçoivent du financement. Pour citer l'honorable Dennis Dawson, prenant la parole en tant que membre du Comité sénatorial le 13 septembre 2010, il n'est pas acceptable que nos droits linguistiques deviennent des « dommages collatéraux » ou une pensée après coup en matière de prestation des programmes.
Cela mène au troisième message général. Nous méritons une part juste des ressources fédérales affectées à l'appui gouvernemental de nos communautés de langues officielles en situation minoritaire.
Lors de notre témoignage au Comité sénatorial des langues officielles, nous avons dit bien accueillir la réponse du gouvernement au rapport sénatorial et appuyer généralement son contenu. Nous exhortons le comité à examiner notre témoignage au comité sénatorial le 23 avril. Il souligne des pratiques exemplaires pour l'élaboration et le maintien de partenariats efficaces avec le secteur communautaire de notre communauté. Ce témoignage reconnaît le travail et souligne tout le mérite des ministères qui sont des chefs de file, comme le Conseil du Trésor, Industrie Canada, RHDCC, et surtout Santé Canada et Patrimoine canadien, dont les investissements accrus pour comprendre les besoins de notre communauté ont permis aux membres de notre communauté d'en tirer des avantages directs.
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Depuis 2005 et pendant toute l'existence de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne, de 2008 à 2013, des progrès réels ont été accomplis par plusieurs institutions fédérales afin de renforcer leur capacité à améliorer le développement de notre communauté. Cette réalisation a été atteinte de trois façons.
Premièrement, le gouvernement du Canada a fait des investissements pour aider la communauté à comprendre ses besoins et ses priorités et à planifier son avenir. Plus récemment, par exemple, Patrimoine canadien a fourni du financement pour une conférence en mars qui a permis à la communauté d'établir ses priorités, à la suite de près de neuf mois de consultation dans l'ensemble de la communauté.
En préparation pour la conférence, la communauté a fait des consultations internes et auprès des intervenants publics et privés qui l'appuient pendant près de six mois. Plus de 180 dirigeants de notre communauté, représentant les collectivités et les secteurs de partout au Québec, se sont rassemblés pendant la fin de semaine des 24 et 25 mars 2012 afin de décider de la vision et des priorités de l'avenir pour notre communauté.
La conférence s'est conclue par la signature d'une déclaration qui décrit les priorités visant un avenir dynamique et durable. Nous avons fourni des copies de la déclaration à votre personnel tout de suite après la conférence et avons apporté des copies avec nous aujourd'hui pour que le greffier puisse les distribuer. J'y reviendrai plus tard au cours de notre exposé.
Les priorités ne doivent pas être considérées de façon individuelle ou séquentielle, car elles représentent une vision globale et unifiée de la communauté. Nous avons mis de côté la production d'une autre liste de priorités en matière de développement.
Les collectivités fonctionnent comme des systèmes complexes et interdépendants. On ne peut pas travailler seulement dans un domaine et ensuite passer à un autre sans qu'il y ait d'effet communicant. Les gens ne choisissent pas de façon séquentielle entre s'occuper de leurs parents âgés, de l'éducation de leurs enfants ou de la sécurité économique de leur famille. C'est une faiblesse des deux gouvernements et des secteurs communautaires qui trop souvent cloisonnent de façon organisationnelle les secteurs d'importance pour la vitalité de la communauté et des personnes. Une coordination efficace constitue le remède. Nous sommes ravis de souligner que votre comité évalue les mécanismes actuels de coordination et se demande comment améliorer le système.
Ce que notre communauté a essayé de faire lors du processus de consultation que nous venons de compléter, est un énoncé des facteurs environnementaux pour la vitalité de la communauté. Les six priorités que nous avons annoncées contribueront ensemble à créer des collectivités durables. Vous pouvez vous référer à la déclaration de la conférence sur l'établissement des priorités par la communauté anglophone du Québec. Voici les six secteurs prioritaires que nous avons identifiés: l'accès aux services en anglais; le développement de la communauté; la prospérité économique; l'identité et le renouvellement; le leadership et la représentation; et des institutions fortes.
Nous proposons que le gouvernement utilise ces priorités comme critères pour fournir l'appui public à la vitalité de la communauté anglophone du Québec. La déclaration fournit des détails au sujet de chacune de ces priorités. Bien qu'elles semblent très générales, nous croyons qu'elles représentent les conditions essentielles pour notre vitalité.
Deuxièmement, le gouvernement du Canada a fait des investissements ciblés dans le domaine de la capacité de recherche. Par exemple, le financement fédéral a été le catalyseur de la création du Réseau de recherche sur les communautés québécoises d'expression anglaise, connu sous l'acronyme RRCQEA, une initiative conjointe de l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, l'ICRML, de Moncton et l'École de formation continue de l'Université Concordia.
Santé Canada a fourni à notre communauté un soutien important en matière de recherche grâce à sa relation avec le Réseau communautaire de services de santé et de services sociaux, un réseau d'organisations communautaires, de ressources et d'institutions publiques qui vise à assurer l'accès aux services de santé et de services sociaux en anglais pour les communautés anglophones du Québec.
Nous aimerions prendre le temps de souligner le leadership de l'ICRML pour la création d'une capacité de recherche servant notre communauté. Les bonnes politiques publiques sont basées sur des faits, ce qui sous-entend de la recherche. Le RRCQEA a joué un rôle essentiel pour créer un espace dans lequel les chercheurs du secteur communautaire peuvent se rencontrer, pour le bénéfice des membres de notre communauté. Par exemple, le RRCQEA nous a fait connaître et mis sur pied des séances de conférence et un thème à l'ACFAS, et a développé et appuyé des recherches axées sur la communauté. Un réseau naissant de personnes âgées a tiré profit de ces recherches.
L'investissement public dans la recherche est un excellent exemple de mesure positive que les institutions du gouvernement du Canada peuvent utiliser pour améliorer la vitalité de notre communauté et la raison d'être de l'élaboration des politiques. Nous sommes une communauté linguistique unique qui a fait l'objet de très peu de recherches, surtout en ce qui a trait à notre évolution dans le temps. Les secteurs public, privé et communautaire profiteront tous d'un programme de recherche ciblé pour notre communauté.
Enfin, troisièmement, grâce au leadership de ministères importants comme le Conseil du Trésor et Patrimoine canadien, et d'institutions comme le Parlement du Canada et le Commissariat aux langues officielles, un intérêt envers les communautés anglophones en situation minoritaire au Canada est en train de naître chez les institutions fédérales avec lesquelles nous n'avions pas établi de relations, et nous en sommes ravis.
Cela présente des occasions et des défis, dont nous pourrons discuter lors de la série de questions.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de l'invitation à comparaître devant le Comité permanent des langues officielles dans le cadre des consultations sur la Feuille de route de 2008-2013.
Je suis Richard Clément, directeur de l'Institut des langues officielles et du bilinguisme et doyen associé de la Faculté des arts de l'Université d'Ottawa. Je suis accompagné d'Hilaire Lemoine, cadre en résidence à l'Université d'Ottawa et ancien directeur général des programmes d'appui aux langues officielles au ministère du Patrimoine canadien.
Afin de créer un contexte pour mes remarques concernant la Feuille de route, j'aimerais commencer par vous dire quelques mots sur l'Université d'Ottawa et sa contribution au bilinguisme au Canada. Depuis sa création en 1848, l'Université d'Ottawa se distingue par son statut d'université bilingue, par son engagement et son leadership à promouvoir le bilinguisme et à favoriser le développement de la culture française en Ontario, au Canada et partout dans le monde, et par son ouverture à la diversité culturelle.
Grâce à un éventail toujours plus large de programmes d'étude en français de premier, deuxième et troisième cycles et de programmes professionnels, l'Université d'Ottawa attire une population croissante de francophones. Leur nombre a franchi le cap des 12 000 en septembre dernier, faisant d'elle le leader au Canada pour les études en français à l'extérieur du Québec.
[Traduction]
De plus, l'Université d'Ottawa accueille plus de 3 000 étudiants provenant des programmes d'immersion des écoles secondaires de partout au Canada. Pour faciliter leur intégration à une institution bilingue, l'université a mis sur pied le régime d'immersion en français langue seconde. Disponible depuis septembre 2006 et unique au Canada et aujourd'hui en vigueur dans plus de 74 programmes de cinq facultés, ce régime permet aux élèves provenant des programmes d'immersion et de français de base, ainsi qu'aux francophiles, de poursuivre un programme d'études de premier cycle dans leur langue seconde. Le diplôme qu'ils reçoivent atteste de leurs compétences linguistiques. En septembre 2012, plus de 1 200 étudiants étaient inscrits au régime d'immersion.
Enfin, mentionnons que, grâce à un partenariat entre l'ILOB et la faculté de droit, l'Université d'Ottawa a été choisie en 2009 par le gouvernement canadien pour héberger et administrer le nouveau Programme d'appui aux droits linguistiques, le PADL. Le PADL a récemment été reconduit pour une période de cinq ans, et l'université demeure le gestionnaire, une marque de confiance pour nous.
[Français]
Je voudrais vous parler de l'Institut des langues officielles et du bilinguisme et de sa contribution aux objectifs de la Feuille de route. L'Université d'Ottawa a créé l'Institut des langues officielles et du bilinguisme, l'ILOB, en juillet 2007. L'ILOB a pour mission d'être un centre d'excellence national et international en matière d'enseignement des langues officielles, de mesure et d'évaluation des compétences linguistiques et de recherche et d'aménagement linguistique.
C'est dans ce contexte que l'ILOB a mis sur pied le Centre canadien d'études et de recherche en bilinguisme et aménagement linguistique. Ce centre est un lieu de concertation nationale pour la recherche en matière d'enseignement des langues, de politiques linguistiques et d'aménagement. Parmi ses nombreuses activités, il est l'hôte chaque année d'un colloque portant sur des enjeux d'actualité et réunit de 125 à 150 chercheurs, enseignants, praticiens et professionnels de l'enseignement des langues provenant de partout au Canada ainsi que de plusieurs autres pays. À titre d'exemple, la semaine dernière, nous avons tenu notre colloque annuel, lequel portait sur l'utilisation des technologies nouvelles dans l'enseignement des langues.
[Traduction]
L'ILOB accueille également à chaque été, en partenariat avec l'Association canadienne des professeurs de langue seconde, près de 50 enseignants en exercice de partout au pays pour une formation en didactique des langues dans le cadre de son université d'été.
[Français]
L'ILOB s'est de plus doté d'un bureau de développement et de promotion pour coordonner la mise en marché de l'expertise canadienne au Canada et à l'étranger dans le domaine des langues officielles et du bilinguisme. Dans ce contexte, l'ILOB a conclu en janvier 2008 et renouvelé en mars 2012 un protocole d'entente avec le Centre européen pour les langues vivantes — le CELV — du Conseil de l'Europe. En vertu de ce protocole, l'ILOB agit à titre de point de contact canadien pour le CELV, coordonne la participation d'experts canadiens aux projets de recherche et développement du CELV et encourage l'échange de bonnes pratiques et de nouvelles méthodologies entre les professionnels de l'enseignement des langues du Canada et des pays de l'Europe.
L'ILOB est également très actif au sein de l'Association universitaire interaméricaine, qui regroupe plus de 400 universités en Amérique, dont 28 au Canada, et il a offert de développer et coordonner un réseau interaméricain de formation en langues. Ce réseau a été lancé à Rio de Janeiro la semaine dernière dans le cadre du Congrès des Amériques sur l'éducation internationale et vise les objectifs suivants: stimuler l'apprentissage des langues au sein de l'espace interaméricain; favoriser la mobilité et l'internationalisation; faciliter l'échange de modèles pédagogiques; promouvoir la recherche en enseignement des langues et en aménagement linguistique.
[Traduction]
L'ILOB est aussi le partenaire principal au projet de langues nationales au Sri Lanka de l'ACDI. Ce projet de quatre ans entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Sri Lanka vise à appuyer le Sri Lanka dans la mise en oeuvre de sa loi sur les langues officielles avec pour objectif la paix et la réconciliation entre les deux principaux groupes ethniques du pays qui se sont battus pendant plus de 30 ans.
L'ILOB a aussi été invité à participer à titre d'institution canadienne à un projet de la Commission européenne intitulée Languages in Urban Communities — Integration and Diversity for Europe. Ce projet d'une durée de trois ans est mené par un consortium de 12 institutions universitaires européennes, dont l'ILOB est membre. Ce projet vise à illustrer le rôle du multilinguisme dans le développement et l'évolution des grandes villes européennes. L'ILOB sera responsable de faire valoir l'expérience de certaines grandes villes canadiennes, comme par exemple Toronto, Montréal, Vancouver et Ottawa.
[Français]
Ces initiatives de coordination nationale et internationale, de rayonnement et de promotion de l'expertise canadienne en matière de langues officielles contribuent, entre autres, à mettre en valeur les compétences que le Canada a acquises au cours des 40 dernières années dans le domaine des langues officielles et du multiculturalisme.
Selon notre compréhension, une des retombées majeures de la Feuille de route 2008-2012 était le maintien, sur une période de cinq ans, du niveau d'investissement du gouvernement fédéral dans les langues officielles de la dernière année du plan d'action, c'est-à-dire 2007-2008. Cela a entre autres permis aux provinces et territoires de maintenir et, dans certains cas, d'élargir leur programme d'enseignement dans la langue de la minorité et l'enseignement de la langue seconde. La Feuille de route a également permis à des ministères ou agences de lancer quelques initiatives nouvelles qui ont profité à l'Université d'Ottawa et à l'ILOB dont, entre autres, le programme des Bourses universitaires en traduction de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et le programme d'accès aux produits d'apprentissage linguistique en ligne de la Commission de la fonction publique. Toutefois, le plus grand bénéfice de la Feuille de route demeure l'expression de l'engagement formel sur cinq ans du gouvernement canadien envers les langues officielles.
Une approche feuille de route ou plan d'action sur un horizon de cinq ans, avec un engagement financier précis, serait une occasion pour le gouvernement canadien de renouveler son engagement dans la promotion des langues officielles au Canada. Nous aimerions proposer cinq pistes d'action qui devraient se retrouver dans un prochain plan de cinq ans et qui contribueraient à l'avancement des langues officielles au Canada.
1. Le niveau de bilinguisme des jeunes Canadiens. Le gouvernement canadien et les gouvernements provinciaux et territoriaux devraient convenir conjointement d'une cible à atteindre pour le niveau de bilinguisme chez les jeunes diplômés du système scolaire. Cette cible doit être réaliste et, pour être atteinte, elle devra donner lieu à une révision des programmes d'études en langue seconde inspirés d'une adaptation canadienne du Cadre européen commun de référence pour les langues. Il devra prévoir une campagne nationale de promotion des avantages du bilinguisme auprès des jeunes et devra fournir des incitatifs pour encourager les universités à offrir des programmes d'études en langue seconde, selon le modèle du régime d'immersion de l'Université d'Ottawa.
[Traduction]
2. Apprentissage en ligne des langues officielles pour tous les Canadiens: l'apprentissage des deux langues officielles devrait être disponible gratuitement, en tout temps, et partout au pays à tous les Canadiens qui désirent apprendre l'autre langue officielle. Des programmes d'auto-apprentissage pourraient être développés ou adaptés au contexte canadien et mis en ligne sur Internet. L'apprenant pourrait aussi avoir accès à des moniteurs de langue, sous forme d'une ligne d'aide offerte dans chacune des provinces ou région par des institutions d'enseignement désignées, publiques et privées. Des tests de compétence linguistique seraient disponibles en ligne.
[Français]
3. Les bourses de mobilité. L'Université d'Ottawa offre plus de 350 programmes en français dans 10 facultés. Des bourses de mobilité permettraient à des étudiants francophones inscrits dans des universités anglophones au Canada de venir faire une partie de leur scolarité à l'Université d'Ottawa et de se joindre aux 12 000 étudiants francophones qui y sont présentement inscrits. Pour les étudiants des programmes d'immersion inscrits dans des universités anglophones et qui voudraient poursuivre leurs études ou une partie de leurs études en français, ces bourses de mobilité leur donneraient accès à notre régime d'immersion et à un encadrement linguistique unique au Canada pour une période déterminée pendant leur scolarité.
4. L'universalité pour les jeunes chercheurs en langues officielles. Le domaine de recherche en langues officielles au Canada a besoin de créer une relève et d'intéresser les jeunes chercheurs à ce secteur. L'Université d'Ottawa envisage d'offrir un programme d'été de formation en recherche dirigé par une équipe d'éminents chercheurs canadiens. Un tel programme pourrait s'inscrire dans les priorités de formation et de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
[Traduction]
5. Formation linguistique pour la fonction publique. Le gouvernement canadien a pris la décision de se retirer de l'offre directe de formation linguistique aux fonctionnaires et fait dorénavant appel à de tierces parties. Nous croyons que les universités qui ont des instituts de langue, et en particulier celles qui ont participé au programme de l'École de la fonction publique du Canada visant à élargir l'accès aux produits d'apprentissage linguistique pour les universités canadiennes dans le cadre de la Feuille de route actuelle, devraient être privilégiées pour offrir cette formation. Aussi, dans un souci de qualité de la formation linguistique, nous souhaiterions que l'ILOB, dans son rôle de centre d'excellence et de concertation nationale en matière d'enseignement des langues officielles, soit désigné par la Commission de la fonction publique comme coordonnateur d'un consortium d'instituts de langues pour la formation et la certification des professeurs de langues, ainsi que pour l'élaboration des programmes d'études en langue seconde. De plus, étant donné l'expertise de l'ILOB en matière de mesure et d'évaluation, la Commission de la fonction publique devrait considérer transférer à l'ILOB son unité d'évaluation des compétences linguistiques.
[Français]
Pour conclure, nous croyons que l'Université d'Ottawa et l'ILOB peuvent apporter une contribution importante au gouvernement canadien dans son rôle de leadership en matière de langues officielles au Canada. Nous croyons que l'Université d'Ottawa est très bien positionnée en tant qu'université canadienne pour appuyer les initiatives de bilinguisme de la fonction publique fédérale tout en lui fournissant une relève compétente et bilingue.
Nous vous remercions de votre attention et nous serions heureux de répondre à vos questions.
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Je vais répondre à la question de façon générale et je demanderai ensuite à Sylvia de donner des exemples précis.
Je pense que ce que nous avons accompli par le choix des six priorités nous permet de fournir un cadre pour des projets durables qui, nous espérons, pourraient devenir autonomes et ne pas dépendre éternellement du gouvernement.
Et l'accès aux services en anglais est un problème pour les Québécois ruraux comme pour les résidants de Montréal. Cet accès se fait de différentes façons, alors en fournissant ces priorités et en invitant les organisations communautaires et les membres qui défendent et proposent des projets liés à ces six priorités, nous croyons que cela sera durable.
Des initiatives et des organisations locales membres de notre réseau proposent des projets ayant des avantages à court terme et qui pourraient être financés par les secteurs privé, public ou par les provinces ou le fédéral. Nous proposons, et la communauté en a convenu lors de la conférence, qu'ils doivent entrer dans le contexte des six priorités, afin que les projets d'art, de culture ou de divertissement ne servent pas seulement la promotion de l'art, mais également, d'une certaine façon, la promotion de l'accès aux services, le développement de la communauté, la prospérité économique, etc.
Peut-être que Sylvia a un exemple précis ou deux concernant la dernière Feuille de route.
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Mesdames et messieurs, bonjour.
D'entrée de jeu, je voudrais annoncer que ce sera ma dernière séance au Comité permanent des langues officielles. Quelqu'un viendra me remplacer bientôt.
Vous savez, ça fait 17 ans que je suis au Parlement. J'ai toujours été associé, d'une façon ou d'une autre, au Comité permanent des langues officielles. Ce que j'aimais de ce comité c'était que, lorsqu'on arrivait ici, on mettait de côté notre chapeau partisan et on travaillait assez étroitement en collaboration pour aider nos communautés. Depuis un an, l'atmosphère a complètement changé. Maintenant, je me sens obligé de conserver mon chapeau partisan en arrivant en comité. C'est très déplaisant.
Depuis un an, on mène cette étude bidon relative à la Feuille de route. En fait, on est en train de faire la job de Patrimoine canadien. Ils n'ont même pas eu le courage de nous le dire au moment où l'on commençait. Ils ont attendu en février alors qu'on avait fait les deux tiers du chemin de parcouru.
Tout cela pour dire que j'avais espéré partir sur une note positive et vous montrer une petite vidéo. Malheureusement, ça ne se fera pas, mais je vais certainement la partager avec mes collègues. J'aurais voulu que vous voyiez cette vidéo parce qu'elle présente des choses positives qui ont été accomplies dans le cadre du Plan d'action et de la Feuille de route. Cette vidéo a été tournée en mars par une quarantaine d'étudiants stagiaires de l'hôpital Montfort. Ils viennent d'un peu partout au pays et ils étudient en santé à l'Université d'Ottawa et à la Cité collégiale. On espère qu'ils retourneront chez eux pour aider leurs communautés. C'est le produit, le fruit si vous voulez, de quelques programmes gérés par le ministère de la Santé et le Consortium national de formation en santé dans le cadre de la Feuille de route. Je la partagerai donc avec ceux qui voudront la voir.
Sur ce, monsieur Clément, j'ai bien noté vos recommandations. Je vous en remercie.
[Traduction]
Monsieur Burke, je vous rendrai visite. Je n'attendrai pas que le comité y aille, parce qu'avec une telle attitude, il est peu probable qu'il voyage, mais je continuerai de visiter, comme je l'ai déjà fait, les communautés anglophones du Québec,
[Français]
et les communautés francophones.
Je vais revenir de temps à autre remplacer au besoin la personne qui me succédera.
Je vais enchaîner avec l'une de mes grandes préoccupations, si vous me le permettez. Elle a d'ailleurs été soulevée en partie par M. Godin.
En passant, monsieur Godin, selon mes renseignements, 19 bureaux fermeront à travers le pays et le nombre de régions passera de cinq à trois. Le bureau du Québec et celui des provinces Maritimes seront fusionnés. Le bureau de l'Ontario sera conservé, alors que le bureau des provinces des Prairies et celui de la Colombie-Britannique seront fusionnés. J'ai entendu dire que le bureau de Vancouver déménagerait peut-être à Calgary. On se demande pourquoi, mais on verra bien.
Sur la question de l'immigration, je sais qu'on est passé de 1 500 personnes à environ 1 600 ou 1 700 personnes par année dans nos communautés.
Sur 200 000 immigrants ou plus par année, croyez-vous que ce soit suffisant, madame Kenny?
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Bonjour et bienvenue à tous les témoins. Merci de comparaître devant nous.
Avant de poser mes questions, je veux faire deux brefs commentaires. Premièrement, pour répondre à M. Trottier, si la Feuille de route était si importante pour ce gouvernement et que les travaux du comité étaient essentiels à l'élaboration d'un plan à long terme pour nos communautés, on aurait dû être avisés bien avant que les travaux du comité seraient utilisés pour évaluer la Feuille de route. Comme certains groupes n'étaient pas au courant de l'orientation que prendraient les travaux de notre comité, ils n'ont pas pu présenter toute l'information qu'ils auraient aimé présenter et ils n'ont probablement pas orienté leurs témoignages de la façon la plus efficace et la plus pertinente pour nos travaux. C'est quelque chose que je déplore.
Deuxièmement, j'ai été choquée et très déçue d'apprendre l'abolition de certaines mesures de la Feuille de route, contrairement à ce que nous avait fièrement annoncé le gouvernement. C'est également déplorable. Je pense à Destination Canada et au fait qu'on ne paie plus les déplacements. Il y a quelques rencontres à peine, certaines communautés du Nord sont venues nous parler de leur difficulté à mettre en place certaines mesures, programmes et initiatives à cause justement des coûts de déplacement. Ces groupes ont des contraintes beaucoup plus élevées. Je suis sûre que d'autres groupes ont également certaines contraintes à cet égard.
Destination Canada est un programme qui apporte beaucoup d'avantages aux communautés pour le renouvellement de leurs activités, entre autres. Les coupures à ce programme sont une autre chose que je trouve absolument déplorable. Comme dans toute chose, on reçoit l'information au compte-gouttes. J'espère au moins qu'on connaîtra rapidement l'étendue des dommages pour pouvoir réagir en conséquence et aider au développement de toutes les communautés, tant les communautés anglophones du Québec que celles francophones hors Québec.
Après mon petit éditorial, j'en viens à votre présentation, madame Kenny. Vous nous avez parlé de l'importance de bien définir les rôles et les responsabilités des intervenants appelés à mettre en oeuvre une nouvelle stratégie gouvernementale. C'est effectivement important, mais pensez-vous que ce soit suffisant pour bien impliquer tous les intervenants des différents paliers?
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Nous avons entre autres recommandé d'avoir un tableau de bord. Je suis désolée, d'autant plus que je suis traductrice, mais le mot ne me vient pas...
Une voix:Dashboard.
Mme Marie-France Kenny: Merci.
Nous savons d'où viennent les investissements et en ce moment, certains investissements prévus dans la Feuille de route sont renouvelés. Par exemple, les fonds pour le centre d'excellence en leadership, ou quelque chose de ce genre, comprend les salaires du Conseil du Trésor qui seront versés qu'il y ait ou non une Feuille de route. Ce sont des fonds renouvelables.
La dernière fois que je me suis entretenue avec le , il m'a dit qu'il y avait beaucoup de postes de ce genre. Ils ne devraient pas être comptabilisés dans les coûts de la Feuille de route, car il s'agit d'investissements que le gouvernement doit faire qu'il y ait ou non une Feuille de route. Le gouvernement va payer les salaires du Secrétariat du Conseil du Trésor.
Par ailleurs, nous ne savons pas quels programmes sont subventionnés. Il est possible, par exemple, que Santé Canada ait le programme Y. S'il ne fait plus partie de la Feuille de route, s'agit-il d'un nouvel investissement? Est-ce un programme qui existait déjà et qu'on a inclus dans la Feuille de route? Nous l'ignorons.
Ce tableau de bord nous indiquerait quels programmes sont financés en vertu de la Feuille de route, par ministère et par année, car à l'heure actuelle il est difficile de savoir exactement d'où vient l'argent.
Il faudrait aussi à notre avis inclure des mesures de reddition de comptes de la part du gouvernement et de la communauté pour qu'on sache où va l'argent. Il faudrait également des indicateurs faisant état des progrès accomplis quant à l'établissement et à la quête des buts.
Il faut rappeler qu'en ce moment nous n'avons pas les capacités nécessaires pour faire ce travail. Il faut donc miser sur les ressources des associations qui fournissent déjà les services prévus par la Feuille de route. Voilà donc trois recommandations.
Je ne veux pas dire que cela n'a pas été un succès, mais nous devons tabler sur ce succès.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je souhaite la bienvenue à tous les représentants d'organismes.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà indiqué, je suis un nouveau venu au comité, mais je dois dire que je suis troublé par ce que j'ai entendu. Le Canada est un pays anglais/français, français/anglais. Cela m'agace d'entendre parler « d'égalité » et de « minorité » lorsqu'il est question des communautés anglophones et francophones. Quant à moi, une langue minoritaire au Canada, ce serait le patois jamaïcain ou le créole.
Bref, de tels termes me dérangent. Mais c'est pour cela qu'il faut avoir un cadre comme la Feuille de route pour soutenir les langues dites minoritaires dans tout le pays. Quant à moi, le français, c'est le français.
Je pense que nous commettons une erreur en examinant la situation du point de vue linguistique. Nos témoins de l'Université d'Ottawa disent que les étudiants viennent chez nous pour apprendre une langue, ce qui est excellent. J'ai passé un an en Afrique du Sud, qui a 11 langues officielles. Regarder les actualités télévisées au Cap, c'est toute une expérience. On apprend une langue.
Au risque de répéter ce que j'ai dit lors de la dernière réunion, ce dont nous discutons, c'est de culture, la langue étant une extension de celle-ci. Je crois que c'est pour sa culture que la communauté anglophone se bat au Québec. Il en va de même pour les communautés francophones à l'extérieur du Québec.
M. Trottier a expliqué comment on peut inciter les gens à aimer l'autre langue, et je crois qu'il faut dissiper la peur. Nous sommes en présence de deux groupes qui représentent deux langues soi-disant minoritaires, et ce que je sens, c'est qu'ils craignent pour leur survie. Les Acadiens, qui ont toujours fait partie du Canada, se battent pour leur survie. Il en va de même de la communauté anglophone au Québec.
Il faut situer le débat dans un contexte plus large que la dualité linguistique et nous arrêter à la culture et aux messages qui sont véhiculés. Ainsi, excusez-moi d'être partisan pendant 30 secondes, lorsqu'on nomme un juge unilingue à la Cour suprême ou un vérificateur général unilingue, cela revient à dire à la communauté qu'elle n'est pas très importante.
Je ne veux pas me lancer dans une tirade, alors je m'arrête là, mais je vous demanderais de réagir à mes propos, en commençant par nos collègues d'Ottawa.
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Ma question s'adresse au représentant de l'Université d'Ottawa, compte tenu de ses études.
Je pense que la sensibilisation à la dualité linguistique dans notre pays va s'améliorer de génération en génération. Je viens d'une famille unilingue francophone et j'ai une petite base en anglais. Par contre, j'ai demandé à mes enfants de prendre le temps d'apprendre l'anglais parce que c'était important. Je leur apportais des films en anglais, ce qui leur permettait d'apprendre cette langue. Ils sont maintenant des adolescents et au début de l'âge adulte et ils écoutent presque toujours des films en anglais juste pour parfaire leur connaissance de cette langue. Une de mes filles étudie en langues.
Dans la fonction publique fédérale, on est rendu au début de la deuxième génération de fonctionnaires. Ils sont sans doute meilleurs que ne l'étaient ceux de la première génération à leur âge. Parmi les premiers fonctionnaires, certains étaient bilingues, mais d'autres ont dû apprendre une deuxième langue, que ce soit le français ou l'anglais. Les plus jeunes qui commencent dans la fonction publique sont pratiquement tous bilingues. Enfin, ils sont meilleurs que ne l'étaient leurs prédécesseurs et je suis convaincu que leurs enfants seront encore meilleurs. La nouvelle génération de Canadiens ne ressent pas de confrontation entre l'anglais et le français puisqu'elle est naturellement bilingue. Certains apprennent même une troisième langue, comme vous l'avez dit tout à l'heure, telle que l'espagnol, le portugais, l'allemand ou le mandarin, compte tenu du développement économique.
Il y a des avantages économiques à parler deux, trois ou quatre langues. Cela pourrait inciter plus de jeunes Canadiens à prendre le temps d'apprendre une autre langue pour leur carrière ou pour voyager, selon les ambitions de chacun et ce qu'il veut faire dans la vie. C'est un net avantage d'avoir deux langues au Canada et de nous démarquer dans la communauté économique mondiale. Le Canada est une porte d'entrée vers des communautés francophones et on y parle aussi l'anglais, qui est la langue de l'économie mondiale.
La prochaine génération de jeunes Canadiens est-elle consciente de l'avantage qu'elle a d'avoir cette dualité linguistique?