:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, bonjour. Je m'appelle Yvan Lebel, je suis le président du Conseil scolaire fransaskois de la Saskatchewan. M. Bernard Roy, qui est le directeur de l'éducation, m'accompagne.
Permettez-moi d'abord de vous remercier de cette invitation et aussi de l'occasion de vous faire connaître la communauté scolaire fransaskoise de la Saskatchewan et ses défis.
Le but de cette présentation est de sensibiliser les membres de ce comité au besoin et à la nécessité d'un appui du gouvernement canadien, tant pour assurer le respect de la loi constitutionnelle de notre pays que pour fournir à la communauté fransaskoise des moyens pour l'aider à soutenir son développement et son épanouissement.
La situation que nous décrivons dans le mémoire démontre que nos droits sont altérés et que les moyens dont dispose le Conseil scolaire fransaskois, le CSF, demeurent encore déficients et ne lui permettent pas d'assumer ses responsabilités en vertu de la Loi sur l'éducation — en français en Saskatchewan — de 1995, et ainsi que conféré par la Loi constitutionnelle de 1982 et la Charte canadienne des droits et libertés.
Le CSF s'est vu confier la responsabilité de la mise en oeuvre d'un système scolaire en français langue première en Saskatchewan de qualité équivalente à celle des écoles de la majorité. Également, le conseil répond non seulement au volet éducatif de son mandat, mais aussi, selon l'article 23 de la Charte, au volet culturel communautaire et au volet identitaire de nos élèves, contribuant ainsi à l'épanouissement et à la vitalité francophone de la province.
En Saskatchewan, au début du siècle dernier, on dénombrait 80 communautés francophones où l'enseignement se faisait en français. En 1918, des lois répressives viennent limiter l'enseignement en français à une heure par jour. Pire encore, en 1931, il devient illégal d'enseigner le français en Saskatchewan. Ce n'est que vers 1967 que le gouvernement de la Saskatchewan permet à nouveau un certain pourcentage d'enseignement en français dans les conseils scolaires anglophones. Le 15 avril 1982, suite à l'entrée en vigueur de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, un regroupement de parents d'ayants droit revendique auprès du gouvernement de la Saskatchewan une commission scolaire francophone gérée par les parents. Le gouvernement refuse et un recours judiciaire est donc déposé en 1986. Un jugement favorable est rendu en février 1988, mais ce n'est que sept ans plus tard, soit en 1995, que le gouvernement autorise la gestion scolaire par et pour les parents francophones, et adopte la Loi sur l'éducation de 1995. Le 9 novembre 1998, le CSF est établi. Il aura donc fallu près de 15 ans après l'adoption de la Charte pour qu'on puisse obtenir ce minimum de reconnaissance de nos droits linguistiques. Aujourd'hui, il ne reste qu'une douzaine de communautés francophones actives sur les 80 du début du siècle. Sur le plan géographique, le CSF doit répondre au défi d'une grande dispersion des communautés francophones partout en province.
J'espère que nous pourrons revenir sur l'aspect de la réparation des torts du passé lors de la période de questions.
En matière d'effectifs scolaires, les inscriptions de la maternelle à la 12e année ont presque doublé depuis 1998 pour atteindre 1 565 élèves au 30 septembre dernier. Le nombre d'écoles est passé de huit écoles à 16 écoles aujourd'hui. Nous estimons que ce nombre pourrait quadrupler si nous avions des facilités et des ressources adéquates comparables à celles de la majorité.
Les centres de la petite enfance, les prématernelles et les maternelles à temps plein sont des outils indispensables pour le recrutement et le développement des capacités linguistiques des enfants ainsi que pour leur cheminement identitaire en tant que francophones. Présentement dans nos centres de la petite enfance, il y a une liste d'attente de 250 enfants.
En ce qui a trait au sous-financement du système scolaire francophone de la Saskatchewan, nous vous présentons dans notre mémoire des exemples démontrant que, depuis la création du CSF, le financement accordé à ce dernier ne répond pas aux besoins de la clientèle actuelle ou de la clientèle latente, et que les effets sont cumulatifs. Les barèmes de financement ne considèrent pas les coûts réels des services que nous devons fournir pour assumer pleinement notre responsabilité.
Malgré un facteur francophone introduit en 2002, de nombreux recours judiciaires — oui, monsieur le président, nous sommes encore devant les tribunaux! — et une promesse d'une formule de financement maintes fois reportée, qui est maintenant prévue pour 2012, tous ces moyens ne répondent toujours pas aux besoins de notre système scolaire. Malheureusement, il semble que le recours judiciaire soit encore trop souvent requis pour la défense de nos droits. Or cela coûte vraiment très cher au conseil et aux francophones. Cette énergie pourrait être investie ailleurs, ce qui serait à l'avantage de nos enfants.
Vous donner tous les détails de la liste de services sous-financés ou sans aucun financement serait trop long. Vous trouverez dans notre mémoire une énumération et quelques exemples des principaux domaines qui justifient nos revendications. Nous pouvons quand même vous dire que selon notre évaluation, il nous manque toujours environ 13 millions de dollars pour combler le manque à gagner et répondre aux besoins de notre système scolaire, que ce soit en matière de transport scolaire, de services spécialisés, d'équipement technologique, de capacité de formation ou dans d'autres domaines. La formule de financement est déficiente et découle des besoins de la majorité. Il faut aussi comprendre notre situation de dispersion et d'isolement, le fait qu'il nous est impossible de générer des économies d'échelle, et beaucoup plus encore.
Nous avons soumis 10 recommandations dans notre mémoire. Je vais vous les résumer en disant simplement qu'il est impératif d'obtenir une plus grande implication de la part du gouvernement fédéral pour le soutien des responsabilités des conseils scolaires francophones oeuvrant en situation minoritaire. Que ce soit en petite enfance, en services spécialisés ou dans tout autre domaine, la situation requiert des moyens accrus. Il est nécessaire que l'on porte aussi une attention particulière à la mise en oeuvre de mesures compensatoires pour la réparation des torts subis dans le passé.
En conclusion, depuis la reconnaissance constitutionnelle du droit à l'instruction dans la langue de la minorité et la création de notre Conseil scolaire fransaskois, des progrès importants ont été réalisés. Il faut nous permettre de continuer à bâtir sur ces progrès afin que nous puissions assumer pleinement ce droit.
Sera-t-il possible un jour de compenser les énormes pertes subies dans le passé?
L'abolition récente de la Direction de l'éducation française au ministère de l'Éducation de la Saskatchewan n'est certes pas l'exemple le plus positif et encourageant. Tous reconnaissent la responsabilité exclusive des gouvernements provinciaux dans le domaine de l'éducation. Par contre, nous devons aussi reconnaître la particularité de l'éducation dans la langue de la minorité, qui est protégée par nos droits constitutionnels, et, par extension, le rôle du gouvernement du Canada relativement à la protection des minorités de langue officielle. Les enjeux sont différents et les moyens doivent au moins être équivalents à ceux de la majorité. Ils doivent s'adapter aux réalités de la minorité.
Par ailleurs, il est impératif — et cela va au-delà de la responsabilité exclusive des provinces — que le gouvernement fédéral s’assure que des conditions favorables sont créées et que les outils nécessaires sont disponibles pour assurer le plein épanouissement de ces communautés linguistiques de langue officielle vivant en situation minoritaire.
Merci de votre écoute. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Lebel et monsieur Roy. Cela me fait plaisir de vous recevoir. Il est regrettable que nous n'ayons pas pu le faire quand vous étiez en ville. Cela aurait coûté bien moins cher aux contribuables. Toutefois, le gouvernement avait décidé d'annuler la réunion. On aurait pu le faire, ça aurait été fait.
Avant de vous poser des questions, je dois parler d'autre chose. Ici, à Ottawa, c'est très rock-and-roll pendant les réunions à huis clos. Puisqu'on n'est pas à huis clos, je vais prendre une minute de mon temps pour lire publiquement deux motions que j'ai l'intention de présenter. Je profite du fait qu'on n'est pas à huis clos et que c'est mon temps de parole.
J'ai donné un avis de motion. Je souhaitais donc:
Que tous les travaux du Comité soient tenus en séance publique, sauf lorsque le Comité a l’assentiment d’au moins un (1) membre de l’opposition pour tenir une séance à huis clos.
Ça empêcherait le gouvernement de dicter les séances à huis clos. Je considère que ça touche mes droits de parlementaire, et que ça m'empêche de travailler pour les Canadiens et Canadiennes.
Au cas où on siégerait à huis clos à tout jamais et qu'on ne pourrait plus discuter de quoi que ce soit devant le grand public, je dépose cette motion. Ainsi, au moins, le public saura qu'on ne veut pas travailler à huis clos et qu'on veut le faire de façon transparente.
La deuxième motion au sujet de la quelle je donne avis prévoit:
Que le Comité invite le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, pour une séance publique et télévisée de 2 heures avant le 15 février 2012, vu l’importance de CBC/Radio-Canada dans la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Monsieur le président, le gouvernement se vante toujours de ne pas vouloir laisser tomber Radio-Canada et d'être de forts défendeurs de notre radio publique. M. Menegakis vante toujours Radio-Canada, mais M. Dean Del Mastro, secrétaire parlementaire du premier ministre, avait dit à un comité:
[Traduction]
...qu'il est temps pour le gouvernement canadien de revoir la situation et de dire qu'il est peut-être temps de sortir de la télédiffusion et de se mettre à investir plus d'argent dans le contenu? Nous investissons plus d'un milliard de dollars du gouvernement, comme vous le savez, dans un plateau de diffusion alors que le secteur privé n'utilisera pas en fait ce plateau...
[Français]
Compte tenu de la direction que prend le gouvernement, il faut faire venir des gens de Radio-Canada et obtenir des explications.
Je m'excuse d'avoir pris de votre temps. Maintenant, nous allons aller directement aux questions que j'ai à vous poser.
À votre connaissance, le gouvernement de la Saskatchewan gère-t-il mal la contribution financière du gouvernement du Canada? Y a-t-il des irrégularités ou de la négligence? Si oui, quelles sont-elles?
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonjour.
Nous sommes heureux et honorés de nous présenter devant vous ce matin, et nous vous remercions de nous accorder ce temps pour évoquer l'une des communautés franco-ontariennes les plus dynamiques, celle des écrivains et des artisans du livre.
Je m'appelle Jean Mohsen Fahmy et mon collègue se nomme Yves Turbide. M. Turbide est directeur général de l'Association des auteures et auteurs de l'Ontario français. Pour ma part, j'ai été président de cette association et président fondateur de la Table de concertation du livre franco-ontarien.
Nous, les auteurs et artisans du livre, sommes partie prenante de la communauté franco-ontarienne, qui, comme vous le savez, est dynamique et bien vivante. Elle est aussi nombreuse. En effet, nous sommes aujourd'hui plus de 600 000 francophones dans notre province. Nous sommes quatre fois plus nombreux que les habitants de l'Île-du-Prince-Édouard, et nous représentons les deux tiers de la population totale du Nouveau-Brunswick ou de la Nouvelle-Écosse.
Nos origines, en tant que Franco-Ontariens, sont d'une grande diversité. Enfin, nous disposons de nombreux outils pour continuer à grandir. Ai-je besoin de signaler la Loi sur les services en français de l'Ontario ainsi que la véritable myriade d'associations communautaires et culturelles qui l'encadrent et lui insufflent du dynamisme? Mais nous ne devons jamais tenir ce dynamisme pour acquis. Nous devons toujours chercher d'autres outils pour notre épanouissement. Et je dois souligner d'emblée que dans cette marche en avant, la communauté franco-ontarienne jouit depuis longtemps de l'appui des organismes fédéraux, particulièrement du ministère du Patrimoine canadien, du Conseil des Arts du Canada et de Radio-Canada. Votre comité a également exercé un leadership certain pour aider notre communauté, comme les autres communautés minoritaires de langue officielle.
Le ministère du Patrimoine canadien a été notre partenaire dans mille entreprises. Le Conseil des Arts aide les maisons d'édition. Radio-Canada diffuse ses émissions sur tout le territoire de notre province et a accepté d'emblée, à la suggestion de notre communauté, de créer un prix littéraire, soit le Prix des lecteurs Radio-Canada. Ce dernier était au départ un prix provincial, mais il est aujourd'hui un prix national prestigieux.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a créé en 2008 la Feuille de route pour la dualité linguistique. Dans le cadre de cette dernière, on a consacré un peu plus de 20 millions de dollars au volet culturel, dont près de 5 millions de dollars à la littérature. Nous souhaiterions qu'une partie plus importante des budgets accordés à la prochaine Feuille de route soit consacrée à la culture, notamment au secteur de la littérature et du livre. Pourquoi? La littératie et le livre sont des outils nécessaires dans la marche de notre communauté vers l'épanouissement de la langue et de la culture francophones en Ontario.
Je voudrais vous parler un peu de l'histoire de la littérature franco-ontarienne, qui est absolument fabuleuse. Le premier livre a été publié par une maison d'édition francophone de l'Ontario en 1973, à Sudbury. Et je me permets ici d'ouvrir une parenthèse pour dire que Sudbury a joué et continue de jouer un rôle important dans le développement de notre littérature.
Après ce premier livre, ce fut une explosion de créativité. Des dizaines de romanciers et de poètes écrivirent, dans la fièvre et l'exhalation, de belles oeuvres littéraires. En 1989, des auteurs créèrent à Ottawa l'Association des auteures et auteurs de l'Ontario français, que je représente ici, et les éditeurs fondèrent au cours de la même année le Regroupement des éditeurs canadiens-français. En 1996, le gouvernement de l'Ontario, reconnaissant cette réalité, créa le prix Trillium français, qui couronne chaque année le meilleur écrivain francophone de la province.
L'AAOF, c'est-à-dire notre association, regroupe aujourd'hui 180 membres. C'est-à-dire qu'il y a chez nous, en Ontario français, 180 auteurs en bonne et due forme. L'association leur fournit des services selon quatre axes précis: nous sensibilisons la population franco-ontarienne à la littérature, nous appuyons les auteurs dans le processus de création, nous parrainons des activités de promotion et nous tentons d'assurer une plus grande diffusion de nos oeuvres.
Le Regroupement des éditeurs canadiens-français, pour sa part, regroupe neuf maisons d'édition franco-ontariennes, dont quatre ou cinq ici même, à Ottawa. Nos auteurs sont des Franco-Ontariens de souche, mais il viennent aussi de partout en Afrique — des Rwandais, des Congolais, des Camerounais, etc. —, du Moyen-Orient — des Égyptiens, des Libanais, des Syriens —, de la France et du reste de l'Europe, de l'Argentine, d'Haïti. Bref, la communauté littéraire franco-ontarienne est un microcosme du Canada.
J'ai dit que nos auteurs écrivent de très beaux romans et des essais prestigieux. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, sept d'entre nous ont déjà obtenu le Prix du Gouverneur général.
Sur le plan de la créativité, il y a donc un foisonnement prodigieux, mais sur le plan de la diffusion du livre et de la formation d'un lectorat solide, nous avons vite constaté des lacunes. Et c'est pourquoi nous avons créé, en 2007, la Table de concertation du livre franco-ontarien, qui est gérée par l'AAOF.
Qu'est-ce que c'est que cette Table de concertation du livre franco-ontarien? Elle regroupe des représentants des auteurs, des éditeurs, des distributeurs de livres, des libraires, des bibliothécaires et des professeurs, bref, de tous les secteurs économiques et culturels associés à la chaîne du livre français en Ontario. On voit donc qu'il s'agit là d'un nombre très important de travailleurs, qui ont leur place dans l'économie de la province.
La Table de concertation du livre franco-ontarien a entrepris un certain nombre d'études et est rapidement arrivée à la conclusion qu'il fallait intervenir énergiquement afin que nos livres puissent atteindre de plus en plus de lecteurs, dans le grand public et dans nos écoles.
Nous en sommes venus à la conclusion qu'il fallait aujourd'hui créer une politique du livre en Ontario français — et c'est une des raisons principales pour lesquelles nous sommes ici devant vous, soit pour solliciter l'appui de votre comité dans nos démarches.
Nous sommes en train d'élaborer une ébauche de cette politique du livre. Pour ce faire, nous nous sommes inspirés en partie de l'expérience de deux autres provinces qui ont déjà des politiques du livre en vigueur.
La première est le Québec. La Loi 51 du Québec, sur la politique du livre, existe depuis près de 30 ans. Elle est contraignante sur certains plans: ainsi, les écoles québécoises et les bibliothèques publiques doivent se fournir en livres auprès des librairies québécoises agréées seulement, à l'exception des manuels scolaires. Cela assure immédiatement un vaste marché pour le livre québécois dans la province voisine et assure la pérennité des maisons d'édition et des librairies.
La deuxième province est le Nouveau-Brunswick, dont la politique est beaucoup plus récente et n'a été adoptée qu'il y a trois ans. Conçue au début pour aider la population acadienne de la province, elle a été étendue aux deux groupes linguistiques du Nouveau-Brunswick. Elle est moins contraignante que la politique québécoise, elle n'impose pas une forme de quota ou d'achat obligatoire, mais incite fortement tous les acteurs de la chaîne du livre à favoriser les productions néo-brunswickoises.
Ici, en Ontario, dans notre association et dans notre communauté, nous avons une vision de ce que devrait être une politique du livre franco-ontarien. Elle devrait favoriser des politiques d'achat publiques, elle devrait créer des programmes éducatifs pour favoriser la lecture et l'étude d'oeuvres franco-ontariennes, elle devrait établir des mécanismes d'aide à l'édition et créer des programmes de promotion du livre et de la lecture, elle devrait enfin favoriser l'achat de livres dans les librairies francophones de la province. En un mot, ce que nous souhaitons, c'est que l'accès aux livres et à la lecture soit fermement soutenu par nos gouvernements, et en premier lieu par le gouvernement ontarien.
Cette politique du livre devra en effet, bien sûr, étant donné les questions liées aux sphères de compétence, être le fait de notre gouvernement provincial, mais nous espérons, nous souhaitons fortement qu'elle permette aussi un partenariat éclairé entre les autorités fédérales et provinciales. Nous espérons ainsi que Patrimoine canadien continuera de nous aider à développer cette politique et, plus tard, à la mettre en oeuvre.
C'est dans cet esprit que nous sommes aujourd'hui devant vous. Nous savons que, comme vos collègues membres de ce comité l'ont fait dans le passé, vous allez nous prêter une oreille sympathique et vous voudrez nous accompagner et nous aider afin que la littérature franco-ontarienne continue de s'épanouir et d'être un objet de fierté pour tous les Canadiens.
Je vous remercie de votre attention. M. Turbide et moi-même sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Absolument. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes ici.
Si je peux me le permettre, j'aimerais résumer très brièvement nos propos. Il y a une offre fantastique dans la littérature franco-ontarienne, mais la demande n'est pas là. Ce n'est pas parce que les gens ne veulent pas en demander, mais c'est parce qu'il n'y a pas de canal qui favorise et suscite cette demande de la part des élèves.
Quand nos éditeurs veulent positionner leurs produits dans les librairies franco-ontariennes, ils font concurrence à un nombre très important d'autres maisons d'édition, qu'elles soient québécoises, françaises ou autres. Pour notre part, nous sommes relativement peu nombreux. Par conséquent, tant qu'il n'y a pas une façon active de dire à la population franco-ontarienne et francophile de notre province qu'il y a de beaux livres franco-ontariens, les ventes vont continuer à ne pas être à la hauteur de nos attentes, et des librairies vont continuer à fermer.
Comme vous le savez, nos librairies peuvent acheter leurs livres n'importe où. À l'inverse, les librairies du Québec francophone, qui est le principal marché francophone du pays, ne peuvent pas acheter leurs livres de ce côté-ci, en raison de la Loi 51 québécoise. Il y a donc une espèce de déséquilibre entre la demande des deux côtés et la politique du livre que nous envisageons.
Nous ne savons pas encore si nous allons proposer à notre gouvernement provincial une vision contraignante d'achat public ou si nous allons favoriser, comme le Nouveau-Brunswick, seulement une approche très fermement proactive. Toutefois, nous souhaiterions qu'une politique d'achat public permette à la librairie Champlain et à toutes les autres librairies de continuer à exister.
:
La réponse est un « oui » retentissant.
Permettez-moi de vous raconter l'histoire du fameux Prix des lecteurs Radio-Canada. Cela a commencé à Sudbury en 2001 avec un animateur de Radio-Canada, de Sudbury, qui a voulu favoriser la culture et la littérature en créant un prix des lecteurs pour les auteurs franco-ontariens. Il a donc demandé la permission à ses patrons qui ont accepté. On a créé un prix qui a commencé par être diffusé en Ontario. Il s'agissait simplement de choisir six personnes du public qui lisaient les livres envoyés par les éditeurs. Ensuite, on choisissait un gagnant lors d'une grande cérémonie. Les deux premières années, les cérémonies ont lieu à Sudbury et ensuite à Ottawa. C'était diffusé à la radio. De plus en plus de gens ont commencé à écouter ces programmes et à entendre parler de nos livres.
Soudainement, cela a attiré l'intérêt de bien d'autres personnes à l'extérieur de l'Ontario. Je ne sais pas par quelle voie de négociation, mais un beau jour, le réseau national de Radio-Canada a décidé de l'étendre à tout le pays. Cela a fait en sorte qu'aujourd'hui et chaque année, six ou huit lecteurs viennent de toutes les provinces du pays, du Québec, des Maritimes, de l'Ontario et de l'Ouest, lisent des livres qui viennent de tous les coins du pays et en débattent à la radio. Il y a même des vignettes à la télévision. C'est fantastique parce qu'on entend parler d'une personne qui a écrit un livre merveilleux à Moncton, une autre qui a créé un essai retentissant à l'Université Western, etc.
Si ce n'était de Radio-Canada, cela n'aurait pas existé. Pour répondre encore plus directement à ce que vous me demandiez, monsieur le député, je dirais que notre diffusion couvre tout le territoire. Nous avons Radio-Canada à Sudbury ainsi qu'à Toronto et ici. Radio-Canada couvre tout le territoire. Les gens de Sudbury entendent parler des questions de Sudbury. Ceux de Toronto entendent parler des questions de Toronto et nous, nous entendons parler de nos questions.
Selon moi, il n'y a aucune hésitation possible. Radio-Canada est un outil indispensable pour nous refléter, nous dire qui nous sommes, ce que nous faisons, ce à quoi nous contribuons dans ce pays.
:
Je vous remercie de votre présentation, que j'ai trouvé très intéressante.
J'aimerais parler un peu de CBC et de Radio-Canada.
[Traduction]
Je tiens à remercier mon ami d'en face d'avoir évoqué ses lectures du week-end, car j'ai de nouveau l'occasion de mettre les pendules à l'heure concernant Radio-Canada et la CBC.
Comme vous le savez peut-être fort bien, et c'est certainement le cas de tous les députés ici présents aujourd'hui, chacun a le loisir d'exprimer son opinion et ses désidératas. La politique du gouvernement émane toutefois du cabinet, et c'est le ministre Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, qui est responsable de la SRC au sein du gouvernement. Dans le témoignage qu'il a livré devant le comité du patrimoine, il a très clairement énoncé la position du gouvernement à l'égard de Radio-Canada et de la CBC, et je veux vous lire ce qu'il a déclaré, car je souhaite qu'il ne reste aucun doute à ce sujet. Nous comprenons tous à quel point Radio-Canada est importante pour la communauté francophone du pays.
Sans plus attendre, voici ce qu'a déclaré le ministre James Moore:
... Le conseil d'administration de Radio-Canada a approuvé le plan de 2015. C'est un plan que nous appuyons et défendons depuis longtemps, dans l'espoir que Radio-Canada le mettra en oeuvre. Il s'agit de rester dans les régions, d'adopter la technologie numérique, et de protéger le mandat pour des émissions totalement canadiennes.
Ce sont les trois choses que nous attendions de Radio-Canada, et la société les a intégrées à son plan de 2015... dans le budget, elle aura assez d'argent pour ce faire.
Voilà la position officielle du gouvernement à l'égard de la SRC. Même si cela constitue un merveilleux sujet de conversation — je ne veux pas parler d'« inquiétude » — pour les témoins qui comparaissent devant le comité, il n'en reste pas moins qu'il s'agit de la position officielle du gouvernement. Chacun est libre de dire ce qu'il veut, mais le gouvernement est parfaitement conscient de l'importance que Radio-Canada revêt pour la communauté francophone et de la contribution que cette société fait d'un océan à l'autre.
Je veux que tout soit très clair.
Je vous pose donc la question suivante.
[Français]
Comme vous le savez, nous étudions la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. Je voudrais entendre vos commentaires sur la Feuille de route, en particulier. Pouvez-vous partager avec nous quelques exemples de la façon dont la Feuille de route a aidé votre organisation et la communauté francophone en Ontario?
:
Sans aucun doute, nous en sommes absolument ravis. En ce qui concerne la Feuille de route, nous épousons pratiquement toute la présentation que la Fédération culturelle canadienne-française a faite devant vous la semaine dernière. C'est évident que par l'entremise du Fonds de développement culturel, la communauté francophone de l'Ontario et, de façon plus élargie, du Canada a bénéficié de fonds absolument nécessaires.
Dans le monde de la littérature, nous avons été un peu surpris de voir le Programme national de traduction pour l'édition du livre dans la Feuille de route en cours. Bien qu'il s'agisse d'un excellent programme et d'une excellente initiative, je ne crois pas que nous ayons demandé de façon très formelle qu'il y ait un programme de traduction.
Nous appuyons ce que la Fédération culturelle canadienne-française est venue vous présenter, c'est-à-dire que ce serait grandement intéressant, voire très apprécié, d'établir purement un axe des arts et de la culture dans la prochaine Feuille de route, de façon à s'attarder davantage sur des sphères telles que le développement culturel, l'infrastructure artistique, les artistes, le maintien de la présence des artistes dans un bassin dynamique partout au Canada, les industries culturelles et l'accès aux arts.
L'Association des auteures et auteurs de l'Ontario français a bénéficié de la Feuille de route grâce à certains programmes. Nous avons été en mesure de mettre sur pied des projets pour permettre à nos artistes, écrivains et auteurs d'aller à la rencontre de la population, de s'impliquer dans des projets communautaires, d'aller travailler avec la population et de lui insuffler ce goût de la création littéraire. Pour nous, cela a été absolument vital.
Je répète qu'après avoir pris connaissance du mémoire de la Fédération culturelle canadienne-français, nous l'endossons. Nous sommes d'avis que la Feuille de route devrait contenir un axe des arts et de la culture.