:
Bonjour à vous tous. Je suis heureuse d'être parmi vous. Je suis originaire de Thunder Bay. Avec un nom de famille comme Adams, j'étais loin d'imaginer que, dans ma vie, j'aurais la possibilité de faire une présentation devant le Comité permanent des langues officielles. Cela me fait donc grandement plaisir.
Je suis d'avis que la question que vous étudiez correspond de très près à ce que nous faisons tous les jours dans les écoles publiques d'Ottawa. Nous avons donc décidé de vous faire part de nos idées. J'ai remis quelques copies de mon document.
Comme vous pouvez le voir, notre conseil scolaire compte 72 000 élèves. C'est un très grand conseil scolaire. Nous avons près de 150 écoles publiques, soit 120 écoles primaires et presque une trentaine d'écoles secondaires.
[Traduction]
Notre mission est d'instruire les élèves pour assurer leur réussite en leur donnant le goût d'apprendre et de devenir de bons citoyens, et ce, au moyen des piliers suivants: bien-être, engagement, apprentissage et leadership. Cette réussite dépend largement de la disponibilité de programmes de français langue seconde très efficaces. Au sein des contextes local, national et international, il est fondamental pour nous en tant que district scolaire que les élèves puissent non seulement s'exprimer avec une certaine aisance dans les deux langues officielles, mais qu'ils les maîtrisent également.
[Français]
Notre conseil scolaire offre plusieurs programmes de français langue seconde. Le premier est un programme de base, qui démarre à la prématernelle et qui continue jusqu'à la 12e année, si les élèves décident de continuer. L'autre programme est un programme d'immersion. Nous avons deux programmes d'immersion, c'est-à-dire deux points d'entrée. L'un est pour les enfants de 5 ans à la maternelle, et l'autre point d'entrée est un programme d'immersion moyen qui commence en 4e année. Ce sont donc deux programmes distincts.
[Traduction]
Nos programmes d'immersion sont offerts dans 110 de nos 150 écoles. Il s'agit donc d'un programme très prisé. Environ trois de nos écoles sur quatre ont un programme d'immersion. Les parents peuvent choisir entre les deux niveaux d'entrée, que j'ai mentionnés plus tôt.
On a continué d'élargir les programmes d'immersion à l'OCDSB, à la demande des parents. Il y a 15 ans, en 1998, le pourcentage d'élèves dans le programme élémentaire d'immersion était de 31 p. 100. Aujourd'hui, il s'élève à 47 p. 100, pour un total de 22 500 élèves qui sont inscrits dans l'un des deux programmes d'immersion primaire du district. Je crois que notre programme d'immersion est le plus grand au pays. Le pourcentage d'élèves inscrits au programme d'immersion française de la maternelle a atteint 62 p. 100. Si nous regardons nos programmes de maternelle dans tout le district, 62 p. 100 de nos élèves de la maternelle sont inscrits à ce programme d'immersion précoce. La croissance importante qu'ont connue les programmes d'immersion française pour les années primaires et intermédiaires assure la durabilité de ces deux programmes.
Notre conseil scolaire a observé une croissance du nombre d'élèves inscrits dans des programmes de français langue seconde, dans les heures d'instruction reçues et dans la gamme de matières enseignées en français. Au cours des cinq dernières années, le nombre d'élèves au primaire admissibles au financement pour le programme de français langue seconde de l'Ontario a augmenté de presque 1 500 élèves. Qui plus est, le nombre de crédits en français obtenu par les élèves du secondaire cette année atteint 1 700 crédits de plus que pour l'année scolaire 2008-2009. Il s'agit d'un total de presque 20 000 crédits en français ou dans des matières enseignées en français au niveau secondaire.
Nous croyons que notre réussite repose sur le travail important de refonte des programmes que nous avons accompli. Il y a plusieurs années, comme le fait maintenant le Comité permanent des langues officielles, le conseil scolaire a envisagé un examen de ses programmes d'immersion française. En décembre 2006, un comité spécial d'examen des programmes de français langue seconde a été créé. Il était composé de trois conseillers de notre organisation et avait pour mandat d'élaborer un cadre d'examen non seulement du programme d'immersion française, mais aussi du programme de base en français. Il s'agissait donc du français de base ainsi que de l'immersion française.
Les objectifs étaient d'améliorer l'efficacité de l'instruction en français langue seconde, d'assurer un accès égal aux programmes de français langue seconde à tous les élèves du district, et d'assurer la viabilité, la durabilité et la rentabilité des programmes.
Il y a eu deux phases d'examen. Celle pour le primaire a eu lieu en 2007, et celle pour le secondaire, en 2009.
Nous avons fait un examen exhaustif des études disponibles. Nous avons réalisé des sondages auprès des parents, des élèves du secondaire, des intervenants et du personnel administratif. Je vais vous parler de certaines des recommandations et décisions qui ont découlé de ces examens.
D'abord, c'est à ce moment-là que nous avons choisi d'avoir deux niveaux d'entrée pour l'immersion française: l'entrée précoce et l'entrée intermédiaire. Nous avons déjà eu un troisième point d'entrée tardif, mais son taux d'inscription, comme celui pour l'entrée intermédiaire, était assez faible. Afin de nous assurer d'avoir des programmes à proximité du lieu de résidence des élèves, nous avons choisi d'avoir deux niveaux d'entrée.
Nous nous sommes penchés sur le français de base et nous nous sommes assurés qu'il s'agissait d'un programme de français de base de qualité de la maternelle jusqu'à la 12e année. C'est à ce moment-là que nous avons ajouté un test de compétences en français en 12e année. Il s'agissait d'un projet pilote qui continue même trois ans plus tard. Il s'agit d'un test de français volontaire basé sur le DELF, que certains d'entre vous connaissent sans doute, le diplôme d'études en langue française. Le test est ouvert aux élèves en immersion française et en français de base. Lorsqu'il a été offert pour la première fois il y a trois ans, 84 élèves ont choisi de s'y soumettre. Cette année, plus de 900 élèves ont choisi de subir le test, soit le tiers de nos élèves de 12e année. La plupart de nos participants au programme d'immersion française se sont attaqués au niveau B2 et ont réussi.
Au cours des trois dernières années, 1 700 élèves ont quitté notre système avec un certificat DELF. J'aimerais souligner que nous accordons énormément d'importance à l'instruction de qualité et à la communication orale. Grâce à ces examens et au test de compétences en 12e année, nous avons appris que la communication orale est un élément clé. Que les élèves aient suivi le programme de français de base ou le programme d'immersion, lorsqu'ils quittent le système scolaire, ils doivent avoir confiance dans leurs compétences et doivent être disposés à les utiliser à l'extérieur de la salle de classe.
En résumé, les recherches démontrent que l'apprentissage d'une langue est un atout pour un enfant. Nous avons la chance de vivre dans un pays qui reconnaît et encourage la dualité linguistique de notre patrimoine. Le Canada est doté d'une politique sur les langues officielles qui appuie et encourage le bilinguisme. Au niveau du district scolaire, l'appui à cette politique se traduit par la demande des parents pour les programmes d'immersion.
Afin de fournir des programmes efficaces de français langue seconde qui respectent les besoins uniques de chaque communauté, les districts scolaires bénéficieraient de deux types d'appui du gouvernement fédéral. Premièrement, il y a le financement continu aux provinces pour assurer la disponibilité des programmes de français langue seconde à l'échelle du pays. Deuxièmement, il y a l'appui en faveur d'un système de mesure nationale de la maîtrise du français afin d'améliorer notre capacité d'avoir une conversation nationale sur nos progrès vers l'atteinte du bilinguisme national. C'est en m'inspirant de ces objectifs que j'aimerais vous offrir les trois recommandations suivantes.
La première recommandation est que le gouvernement fédéral continue d'avoir des accords d'articulation avec les provinces visant à financer et à appuyer les programmes de français langue seconde pour les enfants d'âge scolaire. J'aurais une observation à faire au sujet de cette recommandation. En Ontario, les districts scolaires qui offrent des programmes de FLS reçoivent des fonds additionnels au moyen des subventions FLS de la part du gouvernement fédéral. Ces fonds contribuent à la disponibilité et à la possibilité d'offrir des programmes d'immersion. Les districts qui ont des programmes d'immersion peuvent devoir assumer divers coûts supplémentaires. Ils peuvent être notamment associés à la dotation en raison des petits volets de programmes dans des écoles à deux régimes d'enseignement, au transport, au recrutement d'enseignants compétents en français, à l'apprentissage professionnel et aux ressources étudiantes.
La deuxième recommandation est que le gouvernement fédéral explore la possibilité d'adopter un système de mesure nationale des compétences linguistiques. Voici ce que j'ai à dire sur cette recommandation. Le bilinguisme est une orientation politique canadienne depuis presque un demi-siècle. Le gouvernement fédéral a accordé du financement aux provinces afin d'assurer l'enseignement du français langue seconde aux enfants d'âge scolaire. Du point de vue de la reddition de comptes, il est raisonnable de supposer que les Canadiens souhaiteraient connaître le nombre de finissants des écoles secondaires canadiennes qui maîtrisent le français, ainsi que leur niveau de compétence. Pour pouvoir donner les résultats à un niveau national, il faut une mesure nationale.
Ma dernière recommandation pour vous, mesdames et messieurs les membres du comité permanent, c'est que le comité entreprenne une étude sur l'immersion en langues officielles dans les écoles en ce qui concerne l'accès, la capacité, les listes d'attente, les pratiques exemplaires et l'efficience.
Merci beaucoup.
Comme Justin l'a dit, je suis membre du conseil d'administration de Canadian Youth for French.
[Traduction]
Je suis également issue du programme d'immersion française de l'Ontario. Je vous ferai donc part de mon expérience personnelle car j'ai fait mes études en immersion française de la maternelle jusqu'à la fin du secondaire, puis j'ai continué mes études en français à l'Université d'Ottawa. Grâce à une bourse de l'association Canadian Parents for French, j'ai pu étudier en sciences politiques en français à l'Université d'Ottawa. Je continue maintenant d'utiliser mon français quotidiennement dans le cadre de mon travail pour une organisation sans but lucratif nationale bilingue.
Je suis devenue membre du conseil de Canadian Youth For French en 2012 car je croyais fermement au mandat de l'organisation d'assurer l'accès et d'offrir les occasions nécessaires aux élèves pour qu'ils puissent enrichir leurs compétences en langue française au-delà de l'école secondaire. J'aimerais vous faire part de mon expérience dans le système d'immersion française car ce programme me tient à coeur. Je crois cependant qu'il y a trois secteurs particuliers où l'on pourrait apporter des améliorations.
D'abord, j'aimerais parler d'accès. Comme j'habitais la métropole canadienne, Toronto, l'école d'immersion française la plus proche n'était jamais le choix le plus facile. Il fallait faire de longs trajets en autobus, ce qui imposait évidemment un fardeau financier à ma famille, qui devait défrayer les coûts de mes déplacements de 45 minutes en transport en commun pour traverser la ville.
C'est mon expérience à Toronto. Je sais qu'à l'échelle du Canada, il peut y avoir des distances encore plus longues à parcourir et des coûts encore plus élevés à assumer pour se rendre à l'école d'immersion française la plus proche. On voit donc comme résultat que la plupart des élèves dans les programmes d'immersion française viennent de familles plus aisées qui peuvent se permettre ces coûts additionnels.
Deuxièmement, il y a des incohérences à l'échelle du Canada au niveau de la qualité de l'enseignement et de l'éducation. J'ai fait un sondage informel parmi mes pairs en immersion française et, règle générale, nous avions tous des professeurs d'immersion française dévoués qui nous appuyaient et qui ont contribué à notre réussite. Cependant, les compétences en français des enseignants sont inégales dans le système. Afin de maintenir des programmes d'immersion française de haut calibre, nous devons nous assurer que nous engageons et formons des professeurs qui sont qualifiés en français afin de maintenir la haute qualité des programmes.
Enfin, pour ce qui est des étudiants qui souhaitent continuer à perfectionner leur français au-delà de l'école secondaire, il y a des pertes linguistiques importantes. Encore une fois, parmi un petit groupe d'étude de 11 étudiants qui sont maintenant de jeunes adultes et qui sont passés à autre chose, 80 p. 100 d'entre eux ont dit que leur français s'était soit empiré, soit maintenu depuis l'école secondaire. Seulement 20 p. 100 d'entre eux ont dit que leur français s'était amélioré.
Afin d'éviter de gaspiller l'énergie et les ressources que nous consacrons à l'immersion française, nous devons allouer des ressources pour aider les élèves qui veulent maintenir leur français au-delà de l'école secondaire. Je crois que Canadian Youth For French peut jouer un rôle important à ce chapitre.
Je vais maintenant redonner la parole à Justin.
Maintenant, j'aimerais prendre quelques minutes pour ajouter quelques éléments à ce qu'a dit ma collègue.
[Traduction]
Tout d'abord, je veux insister sur le fait que bien que votre étude porte sur les écoles d'immersion et les études en immersion, il ne faut pas oublier que les diplômés de ces écoles et de ces cours, d'après nos calculs, comptent pour moins de 5 p. 100 de l'ensemble des diplômés du secondaire au Canada anglais. Bien qu'il y ait une assez grande différence dans leurs connaissances du français, les diplômés des programmes de français de base et ceux qui ont abandonné le français dès qu'ils ont pu le faire sont confrontés aux mêmes difficultés que les élèves des programmes d'immersion.
Premièrement, ils ne comprennent pas vraiment les avantages qu'il y a à apprendre le français langue seconde. Ils savent qu'ils peuvent gagner plus d'argent, qu'il y a plus de possibilités d'emploi et qu'ils peuvent voyager dans les régions francophones du monde, mais ils ne comprennent pas vraiment pourquoi ils sont payés plus. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ont plus de possibilités d'emploi, en quoi le français est un atout professionnel, ou quelle incidence le français peut avoir sur leur développement personnel, ni à quoi le français leur sera utile, etc.
Deuxièmement, ils ne savent vraiment pas combien de gens, autour d'eux, parlent français. Les seules occasions que beaucoup de ces jeunes auront d'entendre parler français autour d'eux avant de terminer leurs études secondaires, ce sera en classe. Il ne leur viendra pas à l'idée qu'une personne qu'ils rencontrent dans la rue peut aussi parler français, parce que dans leur région, tout le monde s'exprime tout simplement en anglais.
Ensuite, comme le disait Calina, l'enseignement du français au pays n'est pas toujours de la plus grande qualité. Peut-être vaut-il mieux parler d'un manque d'uniformité. Il est vrai qu'il y a d'excellents enseignants dans les programmes d'immersion, mais il y en a aussi qui ne sont pas fameux. Il en est de même, d'ailleurs, des programmes de français de base. Donc, nous en avons à redire surtout, ici.
[Français]
L'Association canadienne des professeurs d'immersion
[Traduction]
a pour unique but d'appuyer les enseignants des programmes d'immersion, et comme nous ne doutons pas qu'elle soit très consciente de ce problème, nous n'en dirons pas plus sur le sujet. Nous laisserons ces représentants vous en parler.
J'aimerais néanmoins ajouter une chose. J'ai été invité, en 2011, à une table ronde qu'organisait Patrimoine Canada, intitulée « Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 ». On y a discuté de bien des défis, mais l'un deux m'a marqué, parce que j'y vois là une belle occasion.
[Français]
SPEAQ, soit la Société pour la promotion de l'enseignement de l'anglais, langue seconde, au Québec,
[Traduction]
a révélé que l'un de ses plus grands problèmes est et restera le manque de professeurs d'anglais qualifiés pour enseigner à leurs élèves. L'ACPI, l'autre organisation, a aussi parlé du manque de professeurs de français qualifiés.
D'un côté, alors que nous avons d'excellents professeurs de français, ceux-ci doivent tant bien que mal fournir un enseignement de qualité en anglais au Québec, et de l'autre, nous avons d'excellents professeurs d'anglais qui doivent, comme ils le peuvent, fournir un enseignement de qualité en français au Canada anglais.
Pourquoi ne pas simplement créer un programme d'échange d'enseignement au début de la carrière pour simplifier les choses et aider les anglophones à acquérir de meilleures connaissances du français et les francophones, de meilleures connaissances de l'anglais?
[Français]
Je constitue un bon exemple de ce qui peut arriver à quelqu'un qui est complètement immergé dans sa deuxième langue. Mon accent n'est pas si mauvais. Si l'on faisait cela, la qualité des professeurs d'immersion en français augmenterait.
[Traduction]
D'après ce que j'ai compris, même si c'était une bonne occasion, elle ne relevait pas de Patrimoine canadien car l'éducation est de compétence provinciale et le ministère n'a pas pu faire la transition.
Cela dit, je ne vois pas pourquoi le gouvernement fédéral ne pourrait pas encourager cette possibilité en offrant des incitatifs tels que des subventions, des bourses ou toute autre mesure qui permettrait la concrétisation de ces échanges.
J'ai un autre récit pour vous. Je ne sais pas si je dispose d'assez de temps, mais je vais essayer de vous le raconter. Ce sera un bon enchaînement des deux premiers points au troisième point.
Un étudiant à l'Université Western qui est chercheur m'a contacté. Il faisait l'analyse des articles sur les raisons pour lesquelles les garçons ne poursuivent pas les cours de français après la 9e année. Je lui ai demandé de me faire part de ses réflexions et il a accepté en me disant que les préjugés sociaux, le niveau de maturité et les autres choix de cours qui leur sont offerts sont des facteurs. Comme vous me connaissez bien, j'ai donc repris sa question sous un autre angle et je lui ai demandé de voir les choses différemment.
Que se passe-t-il lorsque nos élèves en immersion, ou toute autre personne en fait, quittent le secondaire? Quels sont leurs choix de carrière? La plupart des diplômés en immersion, une grande majorité d'entre eux, deviendront des enseignants de français — d'immersion française ou de français de base, l'un ou l'autre. L'enseignement est à prédominance féminine. Plus de femmes occupent ces emplois. Les jeunes filles voient l'avantage de poursuivre leurs études jusqu'en 12e année car elles savent qu'elles pourront par la suite devenir des enseignantes d'immersion et mener une belle vie, tandis que le jeune garçon qui ne veut pas vraiment devenir enseignant ne voit pas ce que le français pourra lui apporter à sa carrière. Que fera-t-il ensuite?
Encore une fois, il s'agit de voir quels sont les débouchés après le secondaire avec le français et ce qui est disponible pour un jeune homme ou une jeune femme au niveau postsecondaire.
Voilà le troisième point. Pendant des années, nous avons dépensé des millions et des millions afin de nous assurer que le plus grand nombre d'enfants possible aient accès aux meilleurs cours d'immersion possible. Si nous avons investi autant de ressources dans l'étude de l'immersion, je dois demander pourquoi nous étudions la question à nouveau. Pourquoi sommes-nous encore en train de l'étudier?
Le Canada est à l'origine des études par immersion. Nous sommes le chef de file dans le domaine. Nous voulons garder ce statut de chef de file. Il y a des milliers d'enseignants d'immersion. Il y a beaucoup de chercheurs qui étudient l'immersion. Lorsque la communauté francophone parle du français au Canada anglais, on sait qu'elle parle des étudiants en immersion. Tout porte sur l'immersion.
Évidemment, vous allez entendre parler de la nécessité d'améliorer les études en immersion puisque tout le monde vous dira que c'est la voie à suivre. Il nous faut intensifier l'immersion, mais je crois qu'il est bien connu, grâce à la recherche qui est réalisée dans le domaine, que l'intensification de l'immersion ne peut être que minimale. Nous n'allons pas voir une augmentation considérable du nombre de Canadiens bilingues ou de la capacité des Canadiens anglais de parler français si on ne met l'accent que sur l'immersion.
C'est tout le temps dont je dispose, mais je recommande fortement à votre comité ou à un autre, ou à des chercheurs au pays, de se pencher sur l'environnement postsecondaire pour les anglophones qui souhaiteraient apprendre le français. Quels sont les défis? Quelles sont les options disponibles? Quels sont les obstacles? J'estime que si nous commençons à nous pencher sur ces questions, nous allons commencer à voir une hausse draconienne dans l'atteinte de nos objectifs.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous souhaiter la bienvenue, madame Adams, monsieur Morrow et madame Ellwand.
Le comité a décidé de faire une étude portant sur l'immersion. Comme nous avions déjà parlé de l'enseignement de la langue seconde au niveau postsecondaire, par exemple dans les universités, j'ai aimé entendre M. Morrow en parler.
Nous aurions beaucoup de questions à vous poser, mais j'aimerais connaître votre avis sur une chose, à propos des universités. Peut-être avez-vous déjà répondu à cette question.
Je ne vous cacherai pas que je suis un des instigateurs du projet de loi pour que les juges de la Cour suprême du Canada soient bilingues et de celui visant à ce que les agents du Parlement soient bilingues. À cet égard, même les universités nous ont soutenus. Par exemple, les universités de Toronto et de Vancouver nous ont dit que si le projet de loi était adopté, elles auraient alors le pouvoir de dire à leurs étudiants qu'ils doivent apprendre l'autre langue officielle s'ils souhaitent travailler à la Cour suprême du Canada, et ce, peu importe qui ils sont.
De cette façon, les étudiants auraient un but à atteindre. Autrement, ils choisissent simplement de suivre des cours d'immersion sans trop savoir ce qui les attend et, comme vous le dites, une fois les cours d'immersion terminés, ils ne maîtrisent plus la deuxième langue officielle et la perdent.
Ne pensez-vous pas qu'il est temps que le gouvernement fasse preuve de leadership dans certaines choses, surtout en matière de services au public?
Par ailleurs, bien que le gouvernement soit l'un des plus gros employeurs au Canada, on constate qu'il ne fait pas la promotion des deux langues officielles dans les universités. En tant qu'employeur, le gouvernement devrait préciser le genre d'employés qu'il recherche, ce qui aiderait les universités à prendre des décisions.
À cet égard, je dois féliciter notre président, M. Michael Chong. En effet, il a fortement insisté pour que les universités offrent l'enseignement de la deuxième langue officielle, puisque notre pays est censé offrir des services dans les deux langues officielles.
Monsieur Morrow, j'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
:
En fait, j'aimerais répondre à cette question.
Selon ce qu'indiquent nos révisions et nos évaluations des programmes, avant même de voir ce qui se passe après l'école secondaire, il faut motiver les élèves à continuer à étudier le français jusqu'à la fin de leurs études. De plus, il faut s'assurer que la qualité de l'enseignement est assez bonne pour que, lorsqu'ils auront terminé l'école secondaire, ils puissent intégrer le monde du travail ou celui des universités et des collèges en ayant un niveau avancé leur permettant d'accéder à ces programmes ou à ces postes. Si tous les postes sont déjà officiellement désignés bilingues et que l'on a un grand écart entre les compétences des gens qui postulent, cela va être encore plus compliqué.
Je devrais souligner deux éléments du contenu de nos évaluations des programmes.
D'une part, nous évaluons ce qu'on fait dans les salles de classe pour motiver les élèves à rester aux études. Nous avons découvert que c'était basé sur la communication orale. Vous avez souligné un point par rapport aux garçons et aux filles. Depuis que nous avons recommencé à tenir compte de l'enseignement dans la salle de classe, soit de la pédagogie, beaucoup plus de garçons prennent des cours en 11e et 12e années. C'est une première chose.
Nous avons découvert une autre chose. Quand nous avons décidé de mettre cette évaluation à la fin de la 12e année, tous les élèves avaient alors une visée: ils voulaient avoir le certificat basé sur leurs compétences à l'oral, à l'écrit et ainsi de suite.
Avec ces résultats, nous saurons à quoi nous accorderons la priorité. Nous allons savoir combien d'enfants de plus pourront être motivés à continuer l'étude du français. Tout cela se fait en combinaison avec ce que l'on fait au niveau universitaire et dans le monde du travail. Il faut avoir ces deux éléments ensemble.
:
C'est pour cela que j'ai formulé mes deux premières recommandations en sachant que les provinces et le gouvernement fédéral avaient chacun un rôle à jouer.
Les programmes d'immersion et les programmes de base dans les provinces seraient impossibles à réaliser si ce n'était des fonds provenant du gouvernement fédéral distribués aux provinces. Par exemple, notre conseil scolaire, situé en Ontario, reçoit des fonds supplémentaires destinés à tous les élèves des programmes d'immersion ou des programmes de base. Nous ne pourrions pas offrir ces programmes si ces fonds n'étaient pas disponibles. Ma recommandation mentionne qu'il est très important que le gouvernement fédéral continue à distribuer cet argent aux provinces.
Pour ce qui est de la deuxième chose qu'il manque, c'est-à-dire l'idée d'avoir une mesure, je crois que vous pourriez jouer un rôle. Nous avions commencé cela au moyen d'un projet pilote à l'échelle de notre conseil scolaire. Aujourd'hui, l'outil que nous utilisons est utilisé dans plusieurs provinces.
Je sais que
[Traduction]
le Conseil des ministres de l'Éducation
[Français]
avait parlé du
[Traduction]
le Cadre européen commun de référence pour les langues.
[Français]
Ici, l'idée est d'avoir des standards afin de définir de quel niveau il s'agit quand on parle de quelqu'un qui est compétent. Avoir une langue commune, à mon avis, aiderait la politique fédérale du bilinguisme.
:
Je veux vous dire quelque chose. Si vous voulez motiver vos élèves, dites-leur que notre comité a fait une recommandation à la Chambre des communes voulant que, à partir de maintenant et pour toujours, 10 postes de leadership qui relèvent du Parlement devraient obligatoirement être bilingues. Plus jamais nous n'aurons un vérificateur général qui n'est pas bilingue le jour de son entrée en fonction. Alors assurez-vous de faire baisser le taux de décrochage.
Dans la ville d'Ottawa, il y a environ 120 000 habitants qui, comme moi, sont nés dans un milieu francophone et qui, par la force des choses, en sont venus à pouvoir parler et comprendre les deux langues, et qui sont donc bilingues. Nous sommes 120 000, mais saviez-vous qu'à Ottawa, vous êtes 180 000 anglophones qui parlez et comprenez les deux langues aussi? C'est en grande partie grâce à votre conseil scolaire, qui y travaille depuis le début. Je pense que l'école primaire Le Phare était probablement la première à s'engager. Je me souviens des dirigeants de l'époque.
De la façon que vous les qualifiez, Français et Anglais, il n'y a pas une seule personne ici qui soit française ou anglaise. Nous sommes tous des Canadiens. Nous sommes francophones ou anglophones, ou même bilingues, mais nous ne sommes ni français ni anglais.
[Français]
J'ai dit ce que j'avais à dire.
Monsieur Morrow, j'ai trouvé votre expérience un peu intéressante. Vous avez dit ne pas avoir fréquenté une école de plongée française — vous savez, en France on ne parle pas d'immersion, mais bien de plongée. Alors, où avez-vous appris à parler français?
:
Nous avons bien vu, au conseil scolaire, l'importance qu'avaient les activités parascolaires pour les parents et les enfants, notamment. Cette année-ci en a été un très bon exemple. Naturellement, c'est très important.
Nous avons la chance de disposer d'énormément de personnel pour soutenir ces activités, à l'extérieur des heures de classe et en français. Nous avons aussi la chance d'être en contact avec la communauté ainsi qu'avec des parents capables de s'exprimer en français. Tout ça est très bien et très important. Naturellement, la possibilité de profiter des activités ici, dans la ville, ou à l'extérieur de celle-ci est aussi très appréciable.
Il y a maintenant une réalité qui n'était pas aussi évidente auparavant dans nos salles de classe: il s'agit de l'importance de la communauté internationale. Nous avons maintenant toutes sortes de technologies à notre disposition. À la fin de notre évaluation des programmes au niveau secondaire, nous avons doté des laboratoires de technologie dans chaque école secondaire. En effet, pour améliorer les compétences linguistiques des élèves, il faut qu'ils aient davantage que des professeurs qui parlent bien.
Il y a 25 ans, lorsque j'ai commencé à travailler dans l'enseignement, la qualité du professeur était au centre de tout. Or si celui-ci parlait mal, nous étions foutus, il n'y avait rien d'autre. Maintenant, il y a l'accès à la technologie. Ce sont les enfants qui devraient parler, et non le professeur. Ce sont les enfants qui devraient interroger, parler, communiquer, accéder aux ressources. C'est la technologie qui nous permet d'arriver à cela.
À ce sujet, nous mettons sur pied un partenariat avec une région de la France. Dans quelques-unes de nos classes, nos élèves vont recourir à la technologie pour réaliser des projets d'étude ensemble. Comme l'a souligné Calina plus tôt, si les compétences linguistiques de certains professeurs ne sont pas parfaites, c'est par d'autres moyens qu'on pourra obtenir ces compétences.
:
Merci, monsieur le président.
Félicitations à vous tous pour votre implication et pour les valeurs que vous défendez.
Il s'agit de notre première rencontre sur ce thème. Évidemment, elle va servir à nous faire une opinion sur ce que nous voulons étudier, ce qui pourrait être assez large.
J'ai écouté attentivement vos présentations. À quelques reprises, vous avez parlé de la nécessité des fonds. Parallèlement à cela, je regardais les fonds qui sont investis actuellement par le gouvernement fédéral pour le soutien des deux langues officielles au Canada.
Récemment, ce comité a accueilli des représentants de Statistique Canada qui sont venus nous tracer un portrait assez sombre du bilinguisme, particulièrement chez les jeunes. Je vais donc y aller d'une manière générale.
Au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario, le bilinguisme se porte assez bien. En ce qui a trait au reste du Canada, on observe qu'aussitôt que les jeunes quittent l'école, soit qu'ils se dirigent sur le marché du travail, soit qu'ils aillent dans une école où il n'y a pas de programme d'immersion. Ils se définissent de moins en moins en tant que personnes bilingues.
Donc, il y a parallèlement deux phénomènes: on n'a jamais autant investi dans les langues secondes, mais il n'y a jamais eu aussi peu de jeunes qui se définissent comme étant bilingues. Il y a donc un problème dans cette machine. Le rêve de la nation bilingue canadienne a un peu de plomb dans l'aile. On va tenter de comprendre pourquoi. En quoi les écoles d'immersion peuvent-elles jouer un rôle à cet égard?
Par ailleurs, est-ce qu'autre chose se cacherait derrière cela? De fait, il me semble que le terrain de l'éducation soit drôlement bien consolidé. Je regarde le nombre de personnes qui suivaient des cours de langue seconde dans les années 1970 et je constate qu'il y a eu des bonds de géant depuis. Le nombre de personnes qui sont en immersion aussi a fait des bonds de géant. Pourtant, le bilinguisme stagne, ou encore il recule.
Pourriez-vous me donner votre analyse de la situation?
:
C'est un peu la raison pour laquelle nous avons fait l'évaluation des programmes dans notre conseil scolaire: nous nous demandions ce que nous produisions. Je crois que c'est aussi la question que vous vous posez. Que produit-on en tant que pays? C'est exactement pour cela qu'il faut avoir une vision nationale de ce que signifie être compétent dans les deux langues.
Pour avoir une vision nationale, il faudrait convenir des niveaux de compétence et avoir un outil de mesure. Alors, on pourrait parler de cela. Non seulement cela nous donnerait une langue commune, mais cela donnerait une vision aux élèves, ce qui serait très intéressant.
Je me souviens que lorsque j'avais présenté l'idée d'avoir une évaluation à la fin de la 12e année, un des conseillers m'avait dit que ce n'était pas possible. Cette personne ne croyais pas qu'il serait possible de motiver les enfants à étudier le français en leur disant qu'il y aurait une évaluation à la fin de leur cheminement scolaire, car les enfants détestent les évaluations. Le conseiller et moi avions rigolé un peu. Toutefois, il ne s'agissait pas uniquement d'avoir une évaluation. En fait, cela nous a montré ce qui manquait dans nos programmes: la communication et l'interaction.
Auparavant, nos élèves étaient capables de faire une présentation orale dans la mesure où ils avaient la possibilité de prendre des notes et de les lire. Or, M. Dion refusait maintenant que les élèves aient le droit de lire leurs notes. Il fallait que les étudiants s'expriment spontanément.
Quand nous avons commencé à faire ces évaluations la première année, les élèves nous disaient que la partie qui s'était avérée très difficile pour eux était celle où ils se faisaient poser des questions auxquelles ils devaient répondre sans aucune possibilité d'être préparés. Nous sommes donc en train de changer cette façon de faire dans nos salles de classe. Nous encourageons les enfants à se parler entre eux ainsi qu'à entrer en contact avec des francophones de partout dans le monde. Nous les incitons aussi à écouter des programmes qui viennent de l'Afrique et des pays francophones.
C'est pour cela que je dis que c'est important.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à Mme Adams.
Nous, les parents, nous demandons souvent s'il est mieux pour nos enfants de commencer tôt un cours de base dans une langue seconde, comme ceux que vous offrez en français, par exemple, ou s'il est préférable de commencer un peu plus tard, vers la quatrième année, en suivant soit des programmes de base, soit des programmes d'immersion.
Au Québec, cette question suscite présentement un grand débat. Les jeunes doivent-ils commencer à apprendre l'anglais dès la maternelle ou devraient-ils commencer plus tard, en sixième année?
Selon vous, qu'est-ce qui est plus avantageux pour les enfants?
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C'est une question de taille qu'on nous pose très souvent.
Nous avons mené une grande étude pour voir ce que la recherche disait à ce sujet. En ce qui a trait aux points d'entrée pour les programmes d'immersion, l'étude a démontré qu'à la fin de ces programmes précoces, les résultats sur le plan oral étaient normalement un peu plus élevés que ceux des autres programmes. Par contre, sur le plan de l'écrit, nous avons constaté que les cours d'immersion commençant plus tard produisaient les mêmes résultats.
Sur le plan démographique, nous avons découvert des différences entre les élèves inscrits au programme précoce et ceux inscrits au programme tardif. Nous avons constaté chez les enfants admis au programme précoce une démographie plus variée, un nombre de garçons et de filles plus égal, plus d'égalité sur le plan socioéconomique, etc. Par contre, nous avons observé que beaucoup plus de filles que de garçons participaient aux programmes commençant plus tard.
Pour ce qui est des résultats obtenus relativement au diplôme d'études en langue française, nous voyons très peu de différences entre les enfants qui complètent le programme intermédiaire et ceux qui complètent le programme précoce. La question se pose: est-ce le même type d'élèves qui suit les deux programmes? Je crois que l'effectif du programme d'immersion précoce est un petit peu plus varié que celui du programme d'immersion intermédiaire.
Nous avons aussi découvert qu'énormément de parents d'enfants qui participent à nos programmes sont des English language learners, c'est-à-dire des personnes qui apprennent l'anglais. Nous avons demandé à ces parents ce qu'ils préféraient. Nous avons découvert qu'énormément de parents qui parlent une autre langue que l'anglais et le français à la maison préfèrent inscrire leurs enfants au programme intermédiaire, afin de leur permettre d'acquérir une bonne base en anglais jusqu'à la troisième année.
C'est un peu pour cette raison que notre conseil scolaire a décidé de créer deux points d'entrée. Nous voulons donner le choix aux parents. Certains parents anglophones préféreront que leurs enfants apprennent d'abord à lire en anglais, afin qu'ils aient une très bonne base. Ainsi, les parents ont complètement le choix.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci à vous trois d'être là.
J'aimerais reprendre ce dont M. Morrow parlait, de même que Mmes Adams et Ellwand, en ce qui a trait à deux points. Nous parlions plus tôt du taux de décrochage entre la 9e et la 12e année. Vous disiez qu'il ne se passait pas suffisamment de choses au niveau postsecondaire. Quant à moi, ce que j'en déduis, c'est que si les jeunes décrochent entre la 9e et la 12e année, alors qui poursuivra au niveau postsecondaire?
J'aimerais savoir comment encourager les élèves à poursuivre leur programme d'immersion, et ce jusqu'à la fin. Comment créer un environnement qui est moins axé sur les crédits et les résultats scolaires, mais qui ressemble plutôt à la vie réelle?
J'ai un bref récit à vous raconter. Lorsque je suis arrivé ici d'Angleterre, je parlais un peu le français parce que c'était obligatoire dans mon pays. Je suis allé à l'école primaire Kensington dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Nous avions quatre classes de français en 5e année. Si nous étions très bons en français à ce niveau-là, nous pouvions passer à la classe de M. Levy. Dans la classe de ce professeur, tout le monde lisait des histoires de Lucky Luke, le cow-boy, et d'Astérix. Il n'y avait qu'un seul règlement: ne pas dire un mot d'anglais, pas un mot. Si on ne respectait pas le règlement, on était renvoyé à la classe de français habituelle où l'on enseignait — je m'appelle, tu t'appelles, et ainsi de suite. Même si nous étions obligés de traduire, il fallait lever la main et demander comment traduire telle ou telle expression. Je me souviens de cette classe, parce que nous avions comme objectif d'y aller.
Y a-t-il un rapport avec ce dont vous parlez — c'est une troisième question —, qui consiste à encourager les gens à parler français en dehors des salles de classe et à l'utiliser dans leur vie quotidienne? Comment pouvons-nous nous y prendre?
Je me souviens d'une possibilité qui j'ai eue lorsque j'avais 16 ans. C'était dans le cadre d'un programme d'échange étudiant et d'emploi d'été du gouvernement fédéral. Je ne sais pas s'il existe toujours; je sais que son financement était menacé. À l'âge de 16 ans, cela m'a permis de me rendre dans une très petite collectivité du Nouveau-Brunswick pendant six semaines et de travailler dans un camp d'été. C'était une collectivité entièrement francophone. J'ignorais jusque-là que de tels endroits existaient au Canada.
Le fait de profiter de ces six semaines qui m'ont sortie de ma zone de confort, de ma vie au centre-ville de Toronto, de ma vie d'anglophone, pour me plonger dans une communauté minoritaire, francophone, tout cela a véritablement changé mon point de vue sur l'utilisation du français et sur la façon dont on parlait cette langue au Canada, ainsi que sur comment apprendre le français pourrait m'être profitable plus tard. Je pense qu'il faudrait davantage de possibilités comme celle-là... Le programme a fait le contraire pour ma cohorte. Il a sorti cette jeune fille de son petit village et l'a envoyée à Toronto. Elle a pu améliorer son anglais. Ce genre de possibilités au Canada, où l'on change de milieu linguistique avec des personnes d'autres communautés pour comprendre d'autres réalités, peuvent vraiment influencer une jeune personne.
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
Mme Calina Ellwand: Des emplois? Dire aux jeunes qu'ils auront davantage accès aux emplois et qu'ils auront davantage de possibilités d'emploi... Quand on est en 8e année, on est encore un peu trop jeune pour en comprendre le plein potentiel. C'est un meilleur argument pour des jeunes de 11e et de 12e année.
Voilà ce que j'avais à dire.
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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs.
J'aimerais revenir sur l'immersion et sur le programme de base. Je suis francophone et mon mari est anglophone. Nous avons deux garçons et, depuis leur naissance, nous leur parlons autant en français qu'en anglais. Ils ont donc appris à parler un peu plus tard, du fait qu'ils assimilaient les deux langues, mais quand ils ont commencé à parler, ils s'exprimaient dans les deux langues. Cela s'est gâté un peu quand ils sont allés à l'école.
Tout à l'heure, quand vous avez répondu aux questions de M. Gourde, vous avez parlé de statistiques et aussi de parents d'enfants qui n'étaient pas francophones, ce qui n'est pas mon cas, car je suis une francophone et leur père, un anglophone.
Ne me parlez pas de statistiques ici, mais si vous aviez été directrice de l'école où j'ai envoyé mes enfants, quel programme m'auriez-vous suggéré pour vous assurer que mes enfants allaient continuer d'être aussi bilingues qu'ils l'étaient avant leur entrée à l'école?