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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, bonjour.
D'abord, merci d'avoir invité la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada à comparaître dans le cadre de votre étude sur les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne en 2017. C'est toujours un plaisir de me retrouver devant vous.
Aujourd'hui, grâce aux dernières données du Recensement de 2011, je ne vais pas vous dire que je viens au nom des 2,5 millions, mais plutôt des 2,6 millions de citoyens et citoyennes de langue française vivant dans neuf provinces et trois territoires. Je vais vous présenter quelques idées sur la façon dont on pourrait faire de ces célébrations l'événement d'une génération.
C'est la deuxième fois cette année que nous avons le privilège d'aborder ce sujet avec les parlementaires. La FCFA a déjà comparu plus tôt cette année dans le cadre de l'étude de vos collègues du Comité permanent du patrimoine canadien sur les fêtes du 150e anniversaire. D'ailleurs, nous avons pris connaissance des recommandations de ce comité. J'y reviendrai plus tard dans ma présentation.
Comme entrée en matière, je vous livre la citation suivante:
[...] le Canada est ce qu'il est aujourd'hui parce nous avons appris à accepter nos différences, à les célébrer, à nous en servir pour devenir plus forts, et parfois à regarder au-delà de ce qui nous différencie, vers nos valeurs et nos aspirations communes qui sont la liberté, la démocratie et la justice pour chaque personne et pour toutes les communautés.
C'est une citation du premier ministre du Canada qui provient d'un discours livré à Beaubassin, le 29 août dernier.
Il y a dans ces mots l'essence de la vision que propose la FCFA pour le 150e anniversaire: une vision de partage, d'échange et de dialogue qui met l'accent sur l'importance de saisir toutes les occasions de resserrer les liens entre toutes ces composantes du Canada.
En effet, si la dualité linguistique et la diversité culturelle sont aujourd'hui largement reconnues par le gouvernement et par les Canadiens et les Canadiennes comme des valeurs qui définissent notre pays et notre société, les occasions de dialogue et d'échange entre les différentes communautés demeurent limitées. On a souvent l'impression que la société canadienne est composée de groupes qui, à cause des distances ou des différences de contexte, n'ont pas l'occasion de se parler ni de se comprendre.
On n'a qu'à voir la couverture médiatique et le débat public autour de la publication des données sur la langue du Recensement de 2011, la semaine dernière. Si les Canadiens et les Canadiennes reconnaissent la valeur de la dualité linguistique, les interprétations qu'ils en font divergent considérablement. Certains affirment que le nouveau bilinguisme, c'est l'anglais et une des nombreuses langues immigrantes du pays; d'autres pensent que le français est au Québec et l'anglais ailleurs, point à la ligne, et font peu de cas des 2,6 millions de francophones qui vivent dans neuf provinces et trois territoires.
Il nous apparaît essentiel que l'on se fixe pour objectif, dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire, de redonner aux Canadiens et aux Canadiennes le goût de se connaître et d'avancer comme un « nous » collectif. Le but est qu'on puisse dire, en 2017, que toutes les composantes de la société canadienne ont pris le temps de se connaître, de se parler, de se reconnaître comme concitoyens, tout en se respectant dans leurs spécificités. Cela est non seulement souhaitable, mais infiniment utile pour l'essor d'un pays comme le nôtre.
Pour nous, les communautés francophones et acadienne, cela signifierait que l'on cesse enfin de nous voir uniquement comme des minorités et que l'on nous voit plutôt comme des collectivités de citoyens à part entière. Cela signifierait que l'on comprend une fois pour toutes que les citoyens de langue française et les citoyens de langue anglaise sont égaux en ce qui a trait à leurs droits linguistiques et que cette égalité profite au Canada tout entier.
Ces paroles résument les grands principes. Maintenant, voyons comment cela pourrait se concrétiser.
En matière d'échange et de dialogue, les initiatives qui touchent la jeunesse ont un effet particulièrement important. Nos communautés en savent quelque chose. On n'a qu'à voir les histoires à succès que sont les Jeux de l'Acadie, les Jeux de la francophonie canadienne ou les Parlements jeunesse pancanadiens organisés annuellement par la Fédération de la jeunesse canadienne-française. Nous avons recommandé au Comité permanent du patrimoine canadien qu'on se serve de ces initiatives comme modèles pour mettre en place des activités de grande envergure qui permettraient aux jeunes de langue française, de langue anglaise ainsi qu'aux jeunes des Premières Nations et des communautés ethnoculturelles de se rencontrer et de vivre ensemble ces valeurs qui font du Canada ce qu'il est aujourd'hui. Aujourd'hui, nous réitérons cette recommandation.
Une autre manière d'amener les jeunes à partir à la connaissance de leur pays serait d'encourager, par des initiatives conjointes fédérales, provinciales et territoriales, la mobilité des étudiants et des étudiantes de niveau postsecondaire. On a souvent l'impression — et nous ne sommes pas les premiers à le dire — qu'il est plus facile pour un étudiant universitaire de l'Ontario, par exemple, de faire ses études à l'étranger qu'au Québec. L'inverse est aussi vrai. Ces initiatives pour favoriser la mobilité étudiante débuteraient au cours de l'année scolaire 2016-2017 et se poursuivraient dans les années subséquentes, devenant ainsi un legs tangible des célébrations du 150e anniversaire. Non seulement ces initiatives permettraient-elles aux jeunes d'en apprendre sur la façon dont plusieurs autres Canadiens vivent, mais elles favoriseraient aussi l'acquisition de la langue seconde et la compréhension de la valeur que représente la dualité linguistique pour le Canada.
De façon plus générale, le gouvernement du Canada pourrait, à l'approche du 150e anniversaire de la Confédération, faciliter l'accès d'un plus grand nombre de Canadiens et de Canadiennes à l'apprentissage de la langue seconde en investissant davantage dans les programmes d'immersion, lesquels, on le sait, peinent à répondre à la demande sans cesse croissante. Un gouvernement qui veut souligner l'ensemble de l'histoire du Canada devrait inclure dans ses priorités la célébration du pacte entre les deux peuples fondateurs, les deux langues fondatrices, en se donnant pour objectif de travailler avec les provinces et les territoires pour éliminer les listes d'attente pour ceux et celles qui souhaitent apprendre l'une de ces deux langues.
Par ailleurs, la FCFA note que vos collègues du Comité permanent du patrimoine canadien ont recommandé, dans leur rapport, un accroissement de la collaboration des musées locaux entre eux dans le cadre de la création et de la promotion d'expositions liées au 150e anniversaire de la Confédération. Nous recommandons non seulement que cette collaboration accrue touche les musées, mais qu'elle vise aussi à créer des liens entre les sociétés patrimoniales et d'histoire, ainsi qu'à leur permettre de s'associer dans des projets concertés où l'ensemble des collectivités sont engagées. Cette collaboration favoriserait, entre autres, des contacts intergénérationnels où les aînés et les jeunes pourraient échanger sur l'expérience canadienne.
Voilà donc quelques idées qui permettraient de faire du 150e anniversaire de la Confédération l'occasion par excellence de célébrer nos valeurs partagées, y compris la dualité linguistique.
Enfin, vous me permettrez quelques considérations sur le comment, c'est-à-dire les mécanismes qu'on met en place en vue des célébrations de 2017. La FCFA se réjouit de voir que le Comité permanent du patrimoine canadien a recommandé au gouvernement de consulter les différents groupes de la société, incluant les représentants des peuples autochtones, des communautés ethnoculturelles et des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Au sujet du cadre qui sera mis en place pour les célébrations, il serait approprié et utile que le Comité permanent des langues officielles souscrive formellement à cette recommandation.
Le Comité permanent du patrimoine canadien recommande aussi que le gouvernement envisage la création d'une société ou d'un organisme indépendant chargé de planifier, d'organiser et de réaliser les célébrations du 150e anniversaire. Il est essentiel à nos yeux que cette société soit bilingue et qu'il y ait une représentation des communautés francophones et acadienne. En fait, il importe que, dès le début, lorsque le gouvernement fera connaître ses plans pour les célébrations de 2017, il donne le signal que tout ce qui sera créé, mis en place, construit ou présenté au public sera bilingue. On parle ici autant des expositions dans les musées que des activités pour les familles, des cérémonies officielles lors d'événements financés par le gouvernement du Canada et des legs physiques du 150e anniversaire, comme les monuments ou les édifices.
J'aimerais terminer cette présentation par une recommandation peut-être un peu plus philosophique, mais qui a son importance. Beaucoup de Canadiens et de Canadiennes qui ont vécu les célébrations du centenaire de la Confédération en 1967 s'en souviennent encore. D'ailleurs, j'ai encore mon petit passeport. J'étais très jeune à l'époque, mais j'ai encore mon passeport. C'est là un signe du succès de certaines initiatives qui ont réussi à toucher les gens et à les rassembler, et qui nous montrent où se situe la barre pour 2017.
Je recommande à ce comité de voir grand lorsqu'il préparera son rapport à la fin de cette étude. Certes, il est important de présenter les mécanismes et les processus à mettre en place, et certaines de vos recommandations traiteront sans doute de cet enjeu. Néanmoins, le comment ne doit pas occulter le pourquoi. Nous voulons célébrer le 150e anniversaire de la Confédération parce que nous souhaitons rassembler les Canadiens autour de nos valeurs communes et leur redonner le goût de se parler et de se connaître d'un bout à l'autre de ce vaste pays. Je vous souhaite, et je nous souhaite, d'imaginer des célébrations à la hauteur de cet objectif.
Je vous remercie. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
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Monsieur Chong, monsieur Godin, monsieur Dion, monsieur Gourde et les autres membres du comité, bonjour. J'ai le plaisir de témoigner de nouveau devant le comité au nom du Quebec Community Groups Network, que l'on désigne par son sigle, le QCGN.
Je suis accompagné aujourd'hui de Lorraine O'Donnell, coordonnatrice et chercheuse au Réseau de recherche sur les communautés québécoises d'expression anglaise, le RRCQEA, une initiative conjointe de l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques et de l'École de formation continue de l'Université Concordia.
Le RRCQEA est une association dynamique de chercheurs, de simples citoyens et d'institutions qui ont pour mandat de favoriser la recherche sur les communautés anglophones du Québec. D'importants efforts communautaires ont été faits pour fonder et soutenir le RRCQEA. Il est indéniable que l'énergie investie porte ses fruits. Mme O'Donnell s'est employée à créer un milieu propice aux recherches sur la communauté anglophone. Elle l'a fait aussi en tissant des liens avec le milieu communautaire. En créant des données utiles aux spécialistes et aux leaders politiques, le RRCQEA nous permet de stimuler la recherche de façon quasi organique.
Le QCGN se réjouit que le comité ait entrepris une étude distincte sur les préparatifs du 150e anniversaire de la Confédération. L'histoire antérieure et postérieure à la Confédération se fonde en bonne partie sur les luttes et les victoires des deux langues officielles du Canada et sur les compromis qui ont été faits. La dualité linguistique n'est pas un aspect de l'histoire du Canada parmi d'autres; elle en constitue l'essence même.
Nous avons pris connaissance du rapport du 11 octobre 2012 des membres du Comité permanent du patrimoine canadien, vos collègues. Les recommandations du rapport sont regroupées par secteur d'activité: la planification, les éléments commémoratifs, la participation et les musées. Nos observations et nos recommandations seront organisées de la même façon.
En ce qui concerne la planification: si le gouvernement du Canada décidait de créer un organisme indépendant chargé de planifier, d'organiser et de mettre en oeuvre les activités du 150e anniversaire de la Confédération, le QCGN espère que cet organisme serait notamment formé de représentants des minorités francophones et anglophones du Canada. Les minorités linguistiques incarnent parfaitement la dualité linguistique du Canada. Elles sont la preuve que, d'un bout à l'autre du pays, il y a des gens qui vivent dans chacune des langues officielles. Le QCGN aide souvent ses partenaires du secteur public à trouver les personnalités aptes aux entreprises de ce genre et vous propose son aide.
Au sujet des éléments commémoratifs: la minorité anglophone du Québec a la chance de pouvoir compter sur un milieu artistique dynamique et organisé qui contribue à sa vitalité. Mentionnons notamment l'English-Language Arts Network, un important organisme communautaire du secteur des arts et de la culture. Les activités de cet organisme touchent à six domaines qui cadrent bien avec les recommandations du Comité du patrimoine canadien associées aux éléments commémoratifs. Nous rappelons aux membres du comité que le secteur des arts et de la culture de la minorité anglophone du Québec est unique, tout comme l'histoire particulière de cette minorité. Il faut que le volet commémoratif du 150e anniversaire fasse autant valoir l'histoire des minorités francophones que celle des minorités anglophones du Canada.
La minorité anglophone du Québec aimerait aussi profiter du volet commémoratif de l'anniversaire de la Confédération pour numériser le patrimoine documentaire du Canada, ce qui serait un excellent moyen de nourrir son dynamisme.
Pour ce qui est de la participation: la minorité anglophone du Québec a aussi créé un réseau de médias sociaux qui pourrait contribuer à susciter la participation des gens au 150e anniversaire. Nous avons établi un réseau de journaux communautaires, dont plusieurs sont en ligne et actifs sur le Web 2.0.
Le tourisme est une importante activité économique; c'est d'ailleurs dans ce domaine que travaillent bien des anglophones vivant à l'extérieur du Grand Montréal. En plus d'avoir directement contribué à l'histoire de la Confédération, les régions de la Basse-Côte-Nord, de la Gaspésie, du Centre-du-Québec, des Cantons-de-l'Est et de l'Ouest du Québec pourraient tirer directement parti des efforts de promotion du tourisme axés sur le 150e anniversaire. Dans le même ordre d'idées, les initiatives qui inciteront les Canadiens à explorer leur pays en 2017 pourraient très bien mettre en valeur la patrimoine culturel des minorités francophones et anglophones.
À propos des musées: le Quebec Anglophone Heritage Network est un organisme de coordination qui, en collaboration avec ses membres, cherche à protéger le patrimoine culturel et naturel du Québec. Cet organisme a pour but de mieux faire connaître l'histoire des minorités anglophones du Québec en informant les gens, en étant une source d'inspiration pour eux et en organisant des activités qui créeront des liens entre eux. Les anglophones du Québec devraient participer aux expositions itinérantes et aux projets des musées, et ces activités devraient aussi porter sur eux. De plus, leurs institutions historiques devraient bénéficier des activités de promotion du 150e anniversaire.
La dualité linguistique est une valeur fondamentale du Canada. Elle doit donc faire partie intégrante des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération. Loin de se résumer au simple respect d'une loi, ces activités doivent représenter fidèlement l'histoire collective des Canadiens.
La minorité anglophone du Québec est l'une des deux minorités linguistiques du Canada. Elle existait déjà plus d'un siècle avant la Confédération. Son importante histoire est indissociable de l'histoire du Canada. Nous espérons que les recommandations du comité tiendront compte de cette réalité et que les festivités à venir mettront concrètement en valeur le patrimoine associé aux deux langues officielles.
Merci.
Bonjour à vous tous et toutes.
Avant de commencer, j'aimerais m'excuser d'avance auprès des interprètes. J'espère que je n'aurai pas à me faire arrêter trois fois, comme la dernière fois, parce que je parle trop vite. J'aimerais aussi faire un autre clin d'oeil à ma dernière comparution. Cette fois-ci, je n'ai pas le bonheur de manquer des cours à l'université, puisqu'on a eu la générosité de nous donner la semaine de congé. J'en profite donc pour être ici.
Avant tout, permettez-moi de vous remercier de l'invitation à comparaître devant vous aujourd'hui. Nous croyons — et je le crois personnellement — que la jeunesse représente l'ensemble de la diversité que notre pays a construite et a accueillie durant les 150 dernières années. C'est donc avec beaucoup de fierté que nous représentons les jeunes d'expression française du Canada devant vous aujourd'hui.
Depuis près de 40 ans, notre fédération porte les intérêts de la jeunesse d'expression française et cherche à contribuer à l'atteinte de son plein potentiel. Pour ce faire, elle coordonne des activités et des initiatives novatrices en collaboration avec ses membres associatifs dans neuf provinces et deux territoires.
Nous permettons à notre jeunesse de vivre des expériences en français à l'extérieur des salles de classe. Nous le faisons de diverses façons, que ce soit en offrant des programmes d'emploi et de stage ou en organisant des rassemblements pour cette jeunesse. Parmi nos événements nationaux, mentionnons le Parlement jeunesse pancanadien, qui a eu lieu dans la Chambre du Sénat en janvier, le Forum jeunesse pancanadien, qui aura lieu ici même, à Ottawa, et à Charlottetown en février, ou encore les Jeux de la francophonie canadienne, qui ont été mentionnés plus tôt et qui réunissent, tous les trois ans, un millier de jeunes Canadiens d'expression française de partout au pays.
Notre valeur fondamentale, ce sont les initiatives faites par et pour les jeunes. C'est d'ailleurs ainsi que nous désirons commencer notre présentation dans le cadre de cette comparution. Nous sommes ici avant tout pour encourager la participation active de représentants jeunesse dans le processus de planification du 150e anniversaire de la Confédération. Nous croyons qu'il est important de donner une place à la jeunesse en permettant à des jeunes représentatifs, par exemple de jeunes leaders qui ont été élus ou nommés par leurs pairs, de les représenter et de contribuer à toutes les étapes de planification menant aux célébrations de 2017. Ces jeunes doivent alors être partie prenante du processus pour que les événements qui concernent la jeunesse correspondent réellement à son image.
La contribution de ces jeunes est souvent très pertinente, voire surprenante, dans l'ensemble des sphères où ils sont inclus. Ces jeunes jouent un rôle de premier plan dans la promotion des valeurs fondamentales de notre pays. Ils devront entre autres adhérer aux principes de dualité linguistique en partageant la vision d'un pays qui valorise ses deux langues officielles. Je me permets ici de faire un commentaire, et vous me pardonnerez l'expression. Il est important d'inclure des jeunes qui ne sont pas des jeunes tokens, mais bien des jeunes qui ont un rôle actif à jouer et un certain pouvoir décisionnel.
Cette dualité linguistique dont on parle doit être mise en valeur dans toutes les communautés, tant anglophones que francophones. Nos deux langues officielles ont grandement contribué à façonner le Canada tel que nous le connaissons aujourd'hui. Elles définissent qui sont les Canadiens dans leur vie quotidienne. Elles constituent un aspect intégral de qui nous sommes, de notre histoire, et cet aspect doit transcender les actions entourant le 150e anniversaire de la Confédération.
Pour ce faire, plusieurs actions peuvent et doivent être entreprises, par exemple accorder une place à la dualité linguistique à l'intérieur des programmes pédagogiques qui pourraient être utilisés dans les écoles, ou impliquer les communautés de langue officielle dans les préparatifs autant que dans les festivités. Inclure l'aspect de cette dualité linguistique doit être un réflexe naturel dans l'organisation de cette grande célébration. Les actes valent mieux que les mots. Ce sont ces actes qui resteront gravés dans la mémoire des Canadiens à la suite des célébrations.
Un autre aspect essentiel de ce que nous prônons est la possibilité d'offrir aux jeunes d'expression française de partout au pays des milieux de vie en français, de sortir du cadre scolaire et d'offrir des occasions de célébrations communautaires.
Notre définition de la jeunesse d'expression française est bien simple. Dès qu'un jeune peut s'exprimer en français, il est invité à la fédération et il est le bienvenu à l'ensemble de nos activités. Nous devenons donc un point de ralliement entre les communautés. Notre expérience démontre que la jeunesse choisit de communiquer en français lorsqu'elle se trouve dans un environnement qui s'y prête. Il ne faut donc pas minimiser l'importance de l'environnement des jeunes sur leurs décisions linguistiques.
Dans ce contexte, il devient essentiel d'offrir des occasions de célébrer dans cette langue. Il faudra miser sur des programmes ou des rassemblements qui se feront à l'école, mais aussi hors des salles de classe, pour que l'effet positif chez les jeunes soit amplifié. Le 150e anniversaire peut devenir un outil de construction d'identité communautaire et de rapprochement entre les communautés. Mentionnons que ces occasions d'échanges peuvent être physiques ou virtuelles.
Vous savez comme nous — c'est une réalité grandissante — que les jeunes sont très actifs et engagés sur la toile. Il faut profiter de cette réalité pour leur offrir une plateforme de rencontres virtuelles. C'est une occasion à saisir pour ouvrir les dialogues entre les différentes communautés canadiennes. Cette plateforme pourrait être utilisée parallèlement aux diverses activités organisées dans le cadre des célébrations. Cet espace Web doit rapprocher les jeunes, qui se sentiront alors plus concernés par le 150e anniversaire du Canada.
Pour faire vivre cet univers Web, il sera essentiel de l'utiliser en concertation avec les autres outils de communication 2.0 que les jeunes ont déjà apprivoisés et qu'ils utilisent largement. Mais pour que cette idée fonctionne auprès des jeunes, il faudrait que le contenu soit à leur image. La meilleure façon d'y arriver est de confier ce mandat aux jeunes, par exemple en lançant à un groupe de jeunes le défi d'animer des discussions, d'ajouter du contenu ou de partager des bons coups jeunesse.
Il faut rejoindre la jeunesse là où elle se trouve, et non pas tenter de l'attirer ailleurs. On pourrait pousser cette idée encore plus loin, entre autres en formant des jeunes des quatre coins du pays qui auraient la mission de promouvoir le 150e anniversaire auprès de leurs pairs de diverses façons, par exemple en parcourant les événements, en organisant des discussions ou en rencontrant les jeunes dans les communautés. Le rayonnement de l'événement serait sans équivoque, et cette mission donnerait à des jeunes de partout une expérience inoubliable et inestimable des plus enrichissantes.
Il ne faut pas oublier non plus que les communautés ont déjà planifié des activités pour l'année 2017. Il faut tenir compte des efforts existants et les bonifier ou bien les jumeler avec des nouvelles initiatives. Nous croyons qu'il y a matière à être proactif dans ce domaine et que les occasions de mettre en valeur la dualité linguistique seront multiples.
Par exemple, à la fédération, nous préparons actuellement la tenue de la sixième édition des Jeux de la francophonie canadienne, qui aura lieu à Gatineau en 2014. Au cours de cette année, nous serons prêts à annoncer quelle ville sera l'hôtesse des Jeux de la francophonie canadienne de 2017. Ces jeux constituent le plus grand rassemblement de la jeunesse d'expression française du Canada et impliquent la participation de jeunes de toutes les provinces, de tous les territoires et de tous les horizons linguistiques. Cette initiative reflète parfaitement les valeurs d'inclusion de la FJCF. Elle représente des occasions d'échange qui resteront gravées pendant toute une vie et qui favorisent le sentiment de fierté canadienne.
Selon l'idée de mettre en valeur la richesse de la diversité canadienne, nous croyons que les célébrations du 150e anniversaire auront également comme rôle de promouvoir les initiatives existantes des Canadiens de langue anglaise et de langue française, des Métis, des Premières Nations ainsi que des néo-Canadiens et des communautés ethnoculturelles. Dans cet ordre d'idées, nous croyons qu'il faut miser sur ces activités et sur ce qui sera accompli d'ici 2017 afin de bien préparer les communautés dans leur rôle en vue des festivités.
Nous sommes d'avis que les célébrations du 150e anniversaire sont de belles occasions de favoriser le rapprochement des communautés d'expression française du Canada. C'est une occasion qui permet de rappeler que la francophonie canadienne est toujours bien vivante, très active et très dynamique, et ce, dans l'ensemble des provinces et territoires de notre vaste pays.
La participation des jeunes d'expression française provenant de partout au pays à l'organisation du 150e anniversaire est, selon nous, la clé du rapprochement des peuples. Elle renforce l'appartenance au pays. Ultimement, ces rapprochements facilitent la compréhension des diverses réalités que nous vivons d'un océan à l'autre et à l'autre.
Les jeunes d'expression française vivant en situation minoritaire s'identifient d'abord à leur province ou à leur territoire. Ils mentionnent sans aucune hésitation qu'ils sont Franco-Albertains ou Acadiens, mais s'identifient également fortement en tant que Canadiens. Nous constatons la même fierté chez les jeunes du Québec lorsqu'ils participent à nos événements nationaux. L'occasion de bâtir des ponts pour rapprocher les Canadiens et Canadiennes est devant nous, et pour ce faire, il faut miser sur les initiatives canadiennes inclusives.
Pour conclure, je dirai que ce qui est essentiel dans tout cela pour la Fédération de la jeunesse canadienne-française, c'est sans aucun doute l'importance d'inclure les jeunes par l'entremise d'initiatives faites par et pour les jeunes. Lorsqu'on vise la réussite, on doit s'assurer d'établir des conditions gagnantes dès les premières phases de la planification.
Nous sommes très heureux d'avoir eu l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui. Nous vous remercions de nouveau de cette invitation. Nous souhaitons rappeler que cette célébration du 150e anniversaire est l'occasion idéale de cimenter nos acquis et de créer ensemble un plus grand rapprochement de toutes les communautés.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
J'aimerais commencer par une mise en perspective. Au Comité permanent des langues officielles, nous nous sommes demandé si nous allions faire cette étude sur les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération du Canada. Mon équipe et moi pensions que c'était trop vite, puisque le Comité permanent du patrimoine canadien avait déjà étudié la question.
J'aimerais que notre comité ajoute quelque chose de différent à ce qui a été dit au Comité permanent du patrimoine canadien, sinon je me demande ce que notre étude apportera de plus.
Prenons, par exemple, l'étude qu'on a menée sur les Olympiques de Vancouver. Le COVAN, l'équipe et les organisations existaient déjà. On parlait déjà de budget. Bref, il y avait matière à poser des questions. On pouvait demander si les organisations avaient assez de moyens, si les communautés trouvaient leur place dans l'événement.
Dans le cas présent, la préparation du cent cinquantenaire ne fait que commencer. L'étude menée par le Comité permanent du patrimoine canadien a duré un an. Quelle est la différence entre les autres et nous? Nous sommes le Comité permanent des langues officielles, alors nous avons pour mandat de nous assurer du respect des langues officielles.
Monsieur Thompson, vous avez dit que tout devrait être planifié de manière à ce que tout soit égal, qu'on soit anglophone ou francophone.
[Traduction]
Vous dites que la part du français et de l'anglais doit être égale dans toutes les festivités. J'aimerais que vous précisiez votre pensée. Dois-je comprendre qu'il faudrait qu'on tienne compte autant des francophones que des anglophones, par exemple, dans les activités organisées en Alberta, pour que les gens comprennent mieux les deux peuples, « the two peoples »? Est-ce la même chose dans votre province, le Québec? Devrions-nous faire la même chose? J'aimerais en savoir plus et avoir votre avis sur la question.
J'ai assisté à la séance du Comité du patrimoine canadien, et le QCGN n'y a pas... Avez-vous été invité?
Je suis du même avis que Mme Kenny. Je travaille avec les anglophones, notamment dans le domaine de la recherche, mais j’ai une formation d’historienne. J’ai eu le privilège incroyable de collaborer à plusieurs projets communautaires retraçant l’histoire des différents groupes ethnoculturels qui forment la communauté anglophone du Québec. Je me suis penchée notamment sur l’histoire de la communauté irlandaise, de la communauté juive et des nombreuses communautés présentes à Québec.
Pour répondre à votre question, je dirais que les anglophones s’intéressent de très près à l’histoire, et qu’au fil des ans, ils ont fini par se doter d’un excellent réseau de groupes d’étude de l’histoire et d’organismes patrimoniaux, artistiques et culturels. Nous sommes très bien placés, je dirais, pour contribuer aux efforts collectifs qui se font dans la province de Québec, que ce soit en collaboration avec votre comité ou celui du patrimoine canadien. Nous avons et l’expérience et les structures nécessaires.
Je signale également qu’en ce qui concerne la recherche, il y a de plus en plus d’historiens francophones, pas seulement anglophones, qui s’intéressent au Québec anglophone, et je crois que ces gens ont beaucoup à nous offrir.
Si nos connaissances sont susceptibles de vous intéresser, je crois que les réseaux que nous avons établis un peu partout dans la province pourraient aussi vous aider à appuyer vos efforts collectifs, notamment à l’échelle locale, et à dresser un portrait global de la situation à partir des données éparses que vous pourriez avoir recueillies.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités.
J'essaie d'être très pratique et de voir quelles recommandations ressortiront de vos présentations. C'est ce qui est le plus important, ce qu'il va en rester. Il me semble qu'il y ait un consensus en français et in English, as well, pour qu'il y ait une structure indépendante responsable d'organiser les fêtes de la Confédération. Si c'est le cas, confirmez-le-moi et dites-moi pourquoi vous préférez cette option, plutôt que le ministère lui-même ou le ministre lui-même.
Ensuite, vous voulez être intégrés à cette structure, alors qui d'autre le serait? La structure ne sera pas efficace si elle est trop lourde.
Finalement, je vais vous faire un résumé de ce que j'ai retenu, car, comme Mme Bateman l'a dit, on n'a pas les textes. On ne blâme personne, mais c'est un fait. Alors, on en a peut-être laissé échapper.
J'ai senti un grand intérêt, dans les trois présentations, pour la mobilité étudiante, les listes d'attente dans les écoles d'immersion, les musées, l'histoire, les monuments, le tourisme, toutes les expressions d'art et de culture, la formation des jeunes afin qu'ils puissent participer comme animateurs à tous ces événements, et pour tenir compte des événements que vous planifiez de toute façon en 2017 afin de voir comment on pourrait les arcbouter à ces fêtes.
[Traduction]
Je résume, mais si j’ai oublié quelque chose, n’hésitez pas à me le dire.
[Français]
Merci.
On pourrait peut-être commencer par Mme Kenny.
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D'abord, je pense qu'il est important de créer une structure indépendante. Patrimoine canadien fait un excellent travail actuellement. Cependant, je ne suis pas certaine qu'il ait les ressources nécessaires pour continuer à remplir son mandat actuel tout en faisant ce travail supplémentaire. Il faudrait peut-être ajouter des ressources.
Or, même si Patrimoine canadien organisait les célébrations, il devrait quand même y avoir un comité consultatif au sein de ce ministère qui serait représentatif des différentes composantes de la société, c'est-à-dire les francophones du Québec et hors Québec, la jeunesse, les anglophones du Québec et hors Québec, les Premières Nations, les Métis, les communautés ethnoculturelles.
Si on veut créer cette grande fête, ce ne sont pas trois personnes, ni dans un ministère ni dans un comité indépendant, qui pourront répondre aux besoins de l'ensemble de la population.
Tout à l'heure, M. Couture a aussi parlé, en plus de me dire que j'étais vieille, des initiatives faites par et pour les jeunes, et c'est ce qu'on doit se dire et faire pour l'ensemble des composantes de la société canadienne, en plus des deux langues officielles.
J'aimerais faire écho aux propos de Mme Kenny. La question qu'il faut se poser, c'est de savoir s'agit-il de célébrations gouvernementales ou de célébrations que le gouvernement peut piloter. À mon avis, ce sont des célébrations que le gouvernement peut piloter.
Quand on y pense, la Confédération est le point de départ du gouvernement canadien tel que nous le connaissons aujourd'hui. L'histoire de notre pays ne débute pas à la Confédération, mais elle est néanmoins le point de départ du Canada moderne. Pour notre gouvernement, elle est la pierre angulaire de ce que nous sommes aujourd'hui.
Est-ce que le gouvernement, par l'intermédiaire du ministère du Patrimoine, devrait piloter ces célébrations ou devrait-il réunir les intervenants dans le cadre d'un organisme indépendant, lequel pourrait faire en sorte que ces célébrations reflètent ce que les Canadiens pensent de la Confédération, sans égard aux différends politiques quotidiens à Ottawa ou aux différends interministériels? Nous voulons élever le travail du comité au-dessus de ces différends, au-dessus de la mêlée.
Les pilotes savent qu'à une altitude de 3 000 pieds l'air est calme. Là-haut, on est loin de l'effet de sol que provoquent les turbulences. Il faut que le comité ou l'organisme indépendant puisse travailler à plus de 3 000 pieds, là où l'air est plus calme.
Bien sûr, des universitaires feraient partie des intervenants. En ce qui concerne le recours au secteur privé, cet arrangement se traduirait par des avantages économiques ainsi que des contributions considérables sous forme de commandites. Il ne faut pas non plus oublier le rôle que ce secteur a joué dans la Confédération, dans la période précédant l'établissement de la Confédération, et la raison d'être de cette dernière.
Les communautés de langue officielle joueraient certainement un rôle, mais il y a d'autres partenaires publics importants, comme l'a mentionné Mme Kenny, notamment les Premières nations.
À mon avis, ce n'est pas le gouvernement qui devrait chapeauter le comité, mais un organisme indépendant sans but lucratif.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être ici.
Je suis heureux de vous revoir. Nous nous voyons maintenant si souvent que nous pourrions utiliser nos prénoms.
Ceux qui sont ici pour la première fois, je vous souhaite la bienvenue. Je vais quand même vous vouvoyer.
Comme mon collègue M. Gourde l'a dit, nous sommes ici pour vous écouter. Nous avons quatre ans pour bien planifier cette grande célébration. Nous ne voulons pas refaire le travail de Patrimoine canadien, mais nous voulons nous pencher sur la planification pour nous assurer que la dualité linguistique sera promue, à titre de pierre angulaire du fait canadien, de notre pays.
On veut qu'il y ait une grande participation aux préparations de la célébration, comme vous l'avez mentionné lors de vos commentaires. Je pense que cet objectif est très important.
On vise aussi la créativité. Comment peut-on créer une structure pour favoriser la créativité? On ne veut pas que les célébrations soient imposées par le gouvernement. Comment peut-on amener la population canadienne à nous faire part d'idées créatives? J'aimerais entendre vos commentaires à ce propos.
En 1967, j'avais 2 ans, mais je sais que des choses créatives ont été faites. Je me souviens de la chanson Ca-na-da, de Bobby Gimby. C'était marquant.
Que peut-on faire en 2017, compte tenu des nouvelles technologies et des nouvelles forces qui existent dans ce pays? Que peut-on faire pour favoriser la créativité, afin qu'on se souvienne de 2017 pendant longtemps?
On va peut-être commencer par M. Couture, car lorsqu'on parle de créativité, on pense souvent à la jeunesse pour avoir de nouvelles idées.
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Je vous remercie de votre question.
En effet, créativité et jeunesse vont de pair. C'est un stéréotype positif. Toutefois, je travaille dans le domaine du droit, donc la créativité n'est pas vraiment mon domaine d'expertise.
Depuis tout à l'heure, on parle d'un organisme indépendant. Je crois qu'il devrait avoir pour mandat de définir une vision de ce qu'on célèbre. Lorsqu'on a au moins un cadre ou un certain contexte dans lequel travailler, par la suite, la façon dont on livre l'expérience et dont on s'y rattache peut être définie par différents partenaires à différents niveaux. L'important est que, quand on en arrivera à la mise en oeuvre sur le terrain et à ce qui va toucher directement les Canadiens, on ne demande pas à un agent de Patrimoine canadien de venir jouer, dans nos communautés, le rôle de maître de cérémonie lors d'un banquet. Ce ne serait pas très bien reçu, à moins que ce ne soit un agent absolument exceptionnel. Il faut donc se fier aux communautés et à nos institutions et organismes qui travaillent déjà sur le terrain.
Par ailleurs, comme vous l'avez mentionné, les nouvelles technologies vont nous permettre de communiquer et d'échanger beaucoup plus rapidement qu'il y a 50 ans. J'ai peine à imaginer ce que ce sera dans 50 ans.
Dans ce contexte, il faut créer l'occasion, avec certaines ressources. On peut utiliser du matériel librement, qu'on peut ensuite modifier, adapter, réinterpréter et diffuser. Il serait intéressant de voir des portails de partage et d'échange, par exemple. Le forum est déjà dépassé; cet outil n'existe presque plus. On est maintenant sur Twitter et dans les médias sociaux où on peut créer et animer des discussions et des échanges.
Finalement, il ne faut pas hésiter à voir grand quand on parle de créativité. Je pense qu'une des idées les plus intéressantes sur le plan de la créativité est de jumeler des gens qui ne se connaissent pas, qui ne se comprennent pas nécessairement et de leur dire de s'amuser.
On pourrait facilement imaginer un représentant des Premières Nations de l'Alberta discuter avec quelqu'un de descendance écossaise qui se trouve au Cap Breton et créer ensemble un projet artistique ou culturel. Je pense que de telles initiatives peuvent se faire à faible coût et avoir un effet absolument phénoménal.
Vous connaissez probablement le lieu historique national de Grand-Pré, qui a obtenu de l'UNESCO le statut de site du patrimoine mondial de l'humanité, cet été. Il y a quelques années, un grand arbre emblématique de Grand-Pré est tombé. Trois artistes ont en fait une sculpture tridimensionnelle à 360o. Une partie a été réalisée par un artiste anglophone de la région, une autre par une artiste acadienne et une autre par un artiste des Premières Nations. Le choc de ces cultures a créé quelque chose de phénoménal qu'on n'aurait pas pu imaginer. Je pense que pour le 150e anniversaire de la Confédération, on peut créer quelque chose de semblable.
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Nous allons faire une pause, mais avant cela, j'ai quelques questions à poser.
Il est clair que les institutions fédérales vont respecter la Loi sur les langues officielles dans le contexte du 150e anniversaire, qu'il s'agisse des ministères, des agences, des sociétés de la Couronne, des commissions ou d'autres institutions.
[Traduction]
Si une commission indépendante était créée, je pense qu'il va de soi qu'elle devrait respecter la Loi sur les langues officielles et utiliser les deux langues officielles.
Qu'en est-il des organismes tiers et des groupes indépendants, partout au pays, qui bénéficient de subventions du gouvernement fédéral pour les célébrations du 150e anniversaire? Devraient-ils être tenus d'organiser leurs célébrations du 150e anniversaire dans les deux langues officielles?
Si je pose la question, c'est qu'il existe deux modèles de financement. La disposition relative au bilinguisme figure dans certaines ententes de subventions et de contributions conclues avec le gouvernement du Canada, mais la majorité en sont dépourvues.
Par exemple, le gouvernement du Canada alloue quelque 150 millions de dollars par année à des organismes de sport indépendants partout au Canada. À ma connaissance, la disposition relative au bilinguisme figure dans toutes les ententes qu'il conclut avec ces derniers. C'est pourquoi Hockey Canada et le Conseil canadien du ski fonctionnent dans les deux langues officielles. Cependant, cette disposition ne figure pas dans la plupart des autres ententes de subventions et de contributions au Canada, parce que ces groupes ne fonctionnent pas dans les deux langues officielles.
Si nous allouons des fonds à des organismes tiers indépendants, au moyen d'ententes de subventions et de contributions, pour les célébrations du 150e, la disposition relative au bilinguisme devrait-elle figurer dans ces ententes, même si cela fera grimper la facture? Je pense que votre avis à ce sujet intéresserait le comité.
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D'accord, mais avec tout le respect que je vous dois, je ne vois pas les choses de la même façon.
Pour tout vous dire, ma langue maternelle est le français. J'ai dû apprendre l'anglais à l'âge adulte. Je suis en apprentissage perpétuel, j'essaie de perfectionner mon français. Ce qui m'aide, c'est d'évoluer dans un milieu francophone ou bilingue, comme la Chambre des communes ou ce comité, parce que le français y est abondamment utilisé, ce qui m'aide à me perfectionner et à absorber davantage cette langue. Je sais que c'est difficile, mais si je prends l'exemple de Chicoutimi, les anglophones qui participeraient aux célébrations et qui entendraient parler français la moitié du temps apprendraient, par osmose, quelques mots de français et vice versa pour les francophones. La communauté francophone et anglophone...
Je pense que les deux langues officielles doivent être utilisées durant les célébrations. Si les francophones organisent leurs célébrations avec la participation d'anglophones et vice versa, cela permettrait, à mon avis... Cela freine notre progression. Essayer de devenir bilingue n'est pas une mince affaire, comme vous le savez tous, mais je pense que nous devons tirer profit de toutes les occasions pour promouvoir le bilinguisme.
Si nous voulons un jour être en mesure de dire « Soyons bilingues et célébrons les deux langues officielles », alors nous devrions utiliser les deux langues officielles durant les célébrations. Voilà mon point de vue.
[Français]
Monsieur Couture, aimeriez-vous mentionner quelque chose à ce sujet?
Toutes vos présentations étaient magnifiques. C'est toujours un plaisir d'écouter Mme Kenny, car nous partageons certains points de vue.
Cela fait longtemps que nous, en tant que pays, n'avons pas eu de bonnes discussions au sujet des langues officielles et, pour moi,
[Français]
les célébrations du 150e anniversaire représentent une occasion parfaite pour avoir cette discussion, cette conversation, et partager ce qui se passe. Pour moi, c'est vraiment dangereux de commencer à parler de
[Traduction]
bilinguisme comme s'il s'agissait d'une entité, d'une chose ou d'un article qui doit être égal à tous. C'est une question d'accessibilité, comme l'a expliqué M. Couture de façon très éloquente.
Vous venez de m'apprendre quelque chose sur l'Alberta: là-bas,
[Français]
le premier regroupement ou village était composé d'une communauté francophone. C'est quelque chose qu'on a besoin de savoir sur notre pays, c'est-à-dire l'histoire à cet égard.
[Traduction]
Pourriez-vous nous parler de l'importance de l'accessibilité? Pour moi, cela ne signifie pas que le français et l'anglais doivent être sur un pied d'égalité; cela signifie simplement que les projets organisés en français dans les communautés francophones sont accessibles en anglais, afin que ceux qui ne parlent pas français puissent comprendre les origines de la communauté, de comprendre son histoire et de la célébrer, sans que la communauté ne soit obligée d'édulcorer les projets, si je puis m'exprimer ainsi.
La même chose s'applique à la communauté anglophone. Ses célébrations sont organisées en anglais au Québec, et sont accessibles en français, de sorte que
[Français]
quand les francophones arriveront à cette célébration, ils verront que cette dernière comprend l'histoire de cette communauté.
[Traduction]
Puis-je vous demander de commenter cette déclaration philosophique ou de nous faire part de vos commentaires à ce sujet?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présentation. Je vais continuer en anglais, parce que je parle mieux l'anglais que le français.
[Traduction]
Au sein du comité, je pense être le seul membre né hors du pays, mais peut-être pas. Quoi qu'il en soit, je viens d'un pays où trois langues sont parlées, le hongrois, le roumain et l'allemand, et j'aime beaucoup le bilinguisme canadien.
Je peux vous dire également que l'un de mes rôles consiste à promouvoir la langue française dans ma circonscription, qui comprend les villes de Pickering et de Scarborough. À Pickering, nous avons eu le privilège de hisser pour la première fois le drapeau franco-ontarien. Une école d'immersion française vient tout juste d'ouvrir ses portes dans ma circonscription. Il sera très important pour moi de mettre en valeur la dualité linguistique, donc les deux langues de notre pays, lorsque nous célébrerons le 150e anniversaire du Canada.
J'aimerais que vous me disiez comment nous devons nous assurer de la participation des provinces et des municipalités, pour que les trois pouvoirs publics participent aux célébrations. Je sais qu'à l'échelon fédéral existe la Loi sur les langues officielles, qui exige que nous respections les langues française et anglaise. Mais que faisons-nous avec les provinces? Le 150e anniversaire n'est pas seulement un anniversaire fédéral. C'est l'anniversaire de tout le pays, et les pouvoirs publics aux trois échelons doivent le célébrer. Nous fêtons un acte fondateur qui a une grande importance pour tout le pays.
À titre d'exemple de mon point de vue, dites-moi, par exemple, comment l'association des Franco-Ontariens pourrait, selon vous, faire la promotion de tous les événements dans les deux langues officielles. Le besoin existe.
Dans ma circonscription, par exemple, des gens sont venus du Québec pour s'établir à Pickering, il y a 40 ou 50 ans, pour diverses raisons. Ils adorent la langue française même si ce sont des anglophones ou des membres d'un autre groupe linguistique.
Comment pourrions-nous, selon vous, tirer profit de la coopération des trois échelons de pouvoirs publics autour de cet anniversaire?
Je veux tout d'abord vous remercier de vos présentations. Elles étaient toutes très intéressantes.
Cela semble confirmer une chose que nous savions déjà et qui avait été mise en lumière lors de la comparution des gens de Patrimoine canadien, c'est-à-dire que vous voulez vraiment que la communauté s'implique profondément afin d'orienter les célébrations qui seront tenues dans chaque partie du Canada. J'espère que votre message va être bien entendu.
J'aimerais revenir un peu sur la question des clauses linguistiques, parce qu'elle m'a un peu interpellée.
Vous avez parlé de l'importance d'offrir un accès à tous. J'ose imaginer qu'on essaie d'encourager le dialogue et une meilleure connaissance entre les différents peuples fondateurs. Dans ma circonscription, il y a entre autres la communauté de Shannon dont, par le passé, une grande portion de la population était irlandaise. C'est un héritage important à mettre en valeur.
Toutefois, je me demande comment on peut arriver à offrir cet accès à tous les groupes linguistiques dans tous les coins du pays sans avoir de clause linguistique obligatoire. J'ai cru sentir tout à l'heure que certains d'entre vous n'étaient pas certains de sa nécessité. J'aimerais savoir comment vous concevez obtenir une telle accessibilité sans y rattacher une certaine obligation.
Monsieur Thompson, vous pourriez commencer.
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Bonjour à tous. Je vous remercie d'être présents.
Je ne vous cacherai pas que j'ai un sentiment partagé, ce matin. En effet, nous nous livrons à un exercice imposé par la partie gouvernementale. Nous ne contrôlons pas l'ordre du jour du comité, évidemment. De plus, présentement, aucun budget n'est accordé ou prévu pour le 150e anniversaire de la Confédération. Si on se fie aux représentants de Patrimoine canadien, aucun cadre n'a été élaboré à ce jour. Peu de personnes y travaillent. Nous trouvions donc prématuré de discuter avec les différents organismes avant même qu'on ait un peu une idée de l'ensemble, d'autant plus que d'autres sujets nous préoccupaient. Je pense ici aux conséquences des compressions à Radio-Canada sur les services francophones. On a aussi réduit le soutien aux hebdomadaires communautaires francophones et effectué des compressions à Destination Canada, initiative qui permettait de favoriser l'immigration francophone hors Québec. Je pense aussi à la fermeture prévue du Centre de sauvetage maritime de Québec et aux répercussions de la fusion des ambassades sur les services qu'on pourra y recevoir en français. Il est question aussi de stagnation. En tout cas, la semaine dernière, la stagnation du bilinguisme hors Québec m'a semblé évidente.
Je voudrais quand même profiter de votre présence pour dire qu'il va falloir être vigilant. En effet, le budget entourant le 100e anniversaire de la Confédération était de 743 millions de dollars. On ne sait pas exactement vers quoi on s'en va. De plus, le ministère qui va s'occuper de ce budget va aussi s'occuper de la Feuille de route. On ne sait pas quel sera le budget alloué à la Feuille de route. Personnellement, j'ai une crainte, car lors de notre évaluation de la Feuille de route, nous avons constaté qu'on avait de la difficulté à déterminer quelles initiatives relevaient des responsabilités des différents ministères dans la défense de la dualité linguistique et lesquelles provenaient de la Feuille de route.
Et là, on ajoute un autre élément. Je ne sais pas si ça vous inquiète. Il y aura plus d'argent, évidemment. Cependant, on risque de limiter, de différentes façons, la portée de la Feuille de route, par exemple en assignant à la Feuille de route des sommes d'argent provenant du 150e anniversaire. J'ai une certaine crainte à cet égard.
Madame Kenny, qu'en dites-vous?