:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie mes collègues.
Ce matin, je suis accompagné par M. Daniel Jean, sous-ministre, et M. Hubert Lussier, sous-ministre adjoint pour la citoyenneté et le patrimoine, responsable du dossier des langues officielles à Patrimoine canadien.
Je vous remercie, monsieur le président, de m'offrir l'occasion de me présenter devant le comité ce matin.
J'aimerais souligner tout le travail qu'a accompli le comité depuis l'automne dernier dans le cadre de l'étude de la Feuille de route. C'est dans ce contexte que j'aimerais parler de ce que nous avons réalisé et de ce que nous accomplissons dans le cadre de la Feuille de route, ainsi que des étapes à venir.
[Traduction]
Je sais que dans le cadre de vos consultations, votre comité a entendu des questions posées par des témoins au sujet de la façon dont mon gouvernement et moi entendons consulter le public sur la Feuille de route actuelle, afin de planifier l'avenir. J'aimerais d'emblée répondre à ces questions.
Je mènerai cet été des consultations pancanadiennes exhaustives sur les langues officielles. Avec d'autres députés et des fonctionnaires de mon ministère, j'écouterai les Canadiens dans chacune des provinces et dans chacun des territoires, au sujet de l'avenir de la Feuille de route sur la dualité linguistique. Cet été, mes collègues et moi écouterons des Canadiens de collectivités réparties dans tout le pays: Victoria, Edmonton, Regina, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Sudbury, Québec, Montréal, Fredericton, Moncton, Halifax, Charlottetown, St. John's, Whitehorse, Yellowknife, et Iqaluit. Nous ne visiterons pas seulement les grandes villes du pays, mais aussi des banlieues et des collectivités rurales.
Nous créerons aussi un forum en ligne pour que les Canadiens qui ne peuvent participer à nos consultations en personne puissent le faire par Internet. C'est une méthode que nous avions déjà adoptée à la précédente législature, pour nos consultations sur le droit d'auteur. Nous avons pu constater que le nombre de Canadiens qui souhaitent participer à de telles consultations sur des grandes questions d'affaires publiques était bien plus grand que ce que l'on croit souvent. Nous reprendrons donc cette démarche pour nos consultations sur les langues officielles.
En comparaison, lorsque notre gouvernement a demandé à l'ancien premier ministre de Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, de mener des consultations en 2007, avant l'actuelle Feuille de route, il a visité sept collectivités. La démarche sera cette fois plus exhaustive, rejoignant plus de monde, à l'échelle du pays. J'y participerai, en tant que ministre, ainsi que mon secrétaire parlementaire et d'autres députés ministériels, en plus d'assurer une consultation par Internet.
Comparées aux consultations précédentes, celles-ci seront plus vastes et ouvertes à beaucoup plus de Canadiens. Nous sommes prêts à écouter toutes les nouvelles idées qui seront présentées sur l'avenir de nos politiques en matière de langues officielles. Il va de soi que l'excellent travail du comité, un travail consultatif, alimentera aussi ce processus et le complétera.
Il faut se demander pourquoi nous faisons cela. Nous le faisons parce que les deux langues officielles du Canada définissent qui nous sommes, comme Canadiens. Ce sont les langues de notre dialogue national, les langues qui permettent aux Canadiens qui arrivent au pays de participer plus pleinement à notre société. Nos langues officielles nous permettent de bâtir ensemble un Canada uni et prospère. Pour ces raisons, notre gouvernement est fier d'appuyer les langues officielles.
La Feuille de route pour la dualité linguistique du Canada est l'instrument qui nous permet d'y arriver. Il est clair que le Canada a investi beaucoup d'argent des contribuables dans la Feuille de route. C'est un engagement de 1,1 milliard de dollars sur cinq ans. C'est d'ailleurs l'investissement le plus important et le plus complet que le Canada ait fait dans ses langues officielles. La Feuille de route comprend 32 initiatives distinctes, mises en oeuvre par 15 agences et ministères du gouvernement du Canada. Elle permet d'intervenir dans des secteurs prioritaires comme l'acquisition de compétences, l'éducation, l'immigration, l'expansion économique et les arts.
Avec la Feuille de route, le gouvernement a pris l'engagement de promouvoir et de protéger les langues officielles du Canada et je peux vous dire que nous avons tenu promesse. En effet, cet engagement a été respecté. D'ailleurs, dans le budget de 2012 déposé récemment, nous disions, et je cite:
Les deux langues officielles du Canada font partie intégrante de l'histoire et de l'identité du pays... Le Plan d'action économique de 2012 continuera d'assurer le soutien des langues officielles en maintenant le financement destiné à protéger, à célébrer et à renforcer la dualité linguistique du Canada.
En d'autres mots, avec le budget 2012, nous tenons notre promesse de soutien aux langues officielles du Canada.
[Français]
À propos de nos transferts vers les provinces, notre budget protège les investissements de la Feuille de route pour l'enseignement des langues officielles ainsi que pour les programmes.
À propos du soutien à la culture, notre budget protège le financement de la Feuille de route pour les langues officielles en ce qui concerne l'engagement en matière de culture et d'expression dans le domaine des arts.
En matière de soutien à l'enseignement de la langue seconde, notre budget protège le financement de la Feuille de route pour les langues officielles pour que les Canadiens de tous les âges qui souhaitent améliorer leur compréhension de l'anglais ou du français puissent le faire. Pour l'enseignement en première ligne des travailleurs du domaine de la santé, notre budget protège le financement des services de santé en anglais et en français.
Je vais me reporter à nouveau au budget. Dans toutes ces matières, nous avons maintenu le financement pour protéger, célébrer et améliorer notre dualité linguistique. Nous avons tenu notre promesse et, grâce à cela, les communautés de langue officielle en situation minoritaire sont plus fortes que jamais.
Le 5 avril, peu après le dépôt du budget de 2012, j'ai présenté le rapport de mi-parcours de la Feuille de route pour la dualité linguistique.
[Traduction]
Il explique en détail comment le gouvernement tient les promesses que je viens de vous décrire. Le rapport confirme la mise en oeuvre des 32 initiatives que contient la Feuille de route et explique comment elles progressent, tout comme nous l'avions escompté. Ces initiatives sont gérées minutieusement, de manière transparente et efficace par tous les ministères et organismes impliqués. J'invite tous ceux d'entre vous qui n'ont pas encore lu le rapport de mi-parcours de le feuilleter et de m'envoyer vos commentaires et suggestions.
De façon générale, je suis satisfait de notre progrès et je vais vous faire part de certains exemples concrets illustrant notre réussite.
Au total, 2,4 millions de jeunes Canadiens apprennent le français ou l'anglais comme langue seconde. Près de 245 000 jeunes Canadiens de communautés minoritaires étudient dans la langue de leur choix dans plus de 900 écoles à travers le pays.
Depuis 2008, le soutien apporté par le biais de la Feuille de route a permis d'ouvrir 5 nouveaux centres communautaires scolaires et 14 nouveaux centres d'apprentissage communautaire au Québec, ainsi que 33 nouveaux services de garderie dans des communautés francophones.
Depuis 2008, plus de 2 000 personnes issues de communautés minoritaires se sont inscrites à des programmes de formation en santé en langue française.
Depuis 2008, plus de 140 centres d'accueil et réseaux d'intégration ont été créés pour offrir de nouveaux services aux immigrants dans les deux langues officielles.
Depuis 2008, plus de 100 nouveaux projets dans le secteur des arts et de la culture, au sein des communautés minoritaires, ont reçu un soutien.
Nous avons ajouté, comme je vous le rappelle, ce cinquième élément à notre Feuille de route parce que nous reconnaissons l'importance des arts et de la culture ainsi que de l'expression dans la protection et la célébration et la santé des langues minoritaires dans les communautés partout au pays.
Tous ces projets ont été lancés et mis en oeuvre sous la houlette de notre gouvernement.
[Français]
Comme je l'ai mentionné, je prépare une tournée de consultations dans toutes les régions du Canada. Cette tournée aura lieu cet été. Ces consultations seront plus poussées que celles tenues en 2007. Elles nous permettront également de voir si notre financement est approprié, de déterminer si nos programmes offrent un bon rendement pour les contribuables et de savoir quels changements peuvent être mis en avant pour mieux servir les Canadiens à l'avenir.
[Traduction]
Enfin, je terminerai où j'ai commencé, monsieur le président. J'aimerais, une fois de plus, remercier le comité pour son travail et pour avoir invité des témoins — invité des Canadiens — à venir témoigner devant votre comité pour contribuer à ces consultations et au prochain rapport sur la Feuille de route. Ce rapport nous aidera également à orienter nos délibérations sur la voie à suivre.
Merci beaucoup pour votre attention. Si vous avez des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre.
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Merci, monsieur le président.
Compte tenu de l'importance que le ministre a donné à ce comité et compte tenu de l'importance d'un ministre responsable des langues officielles, c'est triste qu'il ne nous accorde seulement qu'une heure aujourd'hui. On a fait du travail sur la Feuille de route depuis le mois de septembre. On reçoit enfin le ministre, mais on ne pourra pas poser les questions qu'on doit poser. Je tiens à le souligner publiquement.
À la Chambre des communes, j'ai affirmé que l'Association de la presse francophone avait subi des compressions et le ministre a nié que ce soit le cas. Il a dit que c'était faux. J'ai pourtant en ma possession une lettre de l'APF, qui a été envoyée au Comité permanent des langues officielles. L'association veut comparaître devant le comité. Dans la lettre, on peut lire ce qui suit:
En dépit de ces gains, la formule de financement mise en place fait en sorte que, globalement, les journaux de l'APF ont reçu, en 2011-2012, 27 000 $ de moins que l'année précédente. Pire encore, ce sont quatre journaux desservant les francophones de l'Alberta, du Manitoba, du grand Sudbury et de la Nouvelle-Écosse qui devront absorber une perte.
S'est-on fait raconter des menteries lundi, monsieur le président, ou le ministre s'est-il trompé dans sa réponse?
Je continue avec mes questions, monsieur le président, afin que le ministre puisse y répondre.
Avant les dernières élections, le gouvernement conservateur a demandé à ce comité une étude sur l'immigration. L'étude a été complétée et présentée au Parlement. On demande que le gouvernement réponde à cette étude puisqu'elle a été présentée. C'est le même gouvernement. Le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles est le même et le ministre de l'Immigration est le même. Ce sont toutes les mêmes personnes qui ont été reconduites à la tête de ces ministères.
Le ministre s'oppose-t-il à ce que le gouvernement réponde à cette étude? Des centaines de milliers de dollars ont été dépensés pour faire cette étude. Le ministre dit que ce comité fait du bon travail. On a fait une bonne étude. On l'a présentée au Parlement. Je pense que les Canadiens ont le droit d'avoir une réponse de la part du gouvernement.
Par ailleurs, nous avons aussi fait une autre étude. Le comité est allé dans le Grand Nord et a préparé une étude sur le sujet. L'ébauche de cette étude a été faites lors du gouvernement précédent. Le comité a le même greffier et le même recherchiste. L'ébauche a été préparée et était prête à être déposée à la Chambre. Pourtant, ce comité, qui prend partie pour le gouvernement, refuse que cette étude soit terminée. C'est ce même gouvernement qui présente des projets de loi et qui ne veut pas les étudier à la Chambre des communes. Les conservateurs prétendent que ces sujets ont souvent été débattus depuis 2006 et qu'on ne devrait plus en débattre puisqu'on a dépensé assez d'argent sur ces questions.
Ne devrait-on pas terminer cette étude? Ne devrait-on pas rendre justice aux personnes du Grand Nord, de Yellowknife et de Whitehorse. Elles devraient pouvoir s'exprimer publiquement sur leur façon de voir les choses.
Enfin, monsieur le président, il y a eu des compressions et des mises à pied à Patrimoine canadien de l'ordre de 40 p. 100. De plus, vous disiez que Citoyenneté et Immigration Canada faisait du bon travail. Ce ministère va pourtant fermer le bureau de Moncton, une région où il y a des minorités francophones. Le ministère va fermer tous ses bureaux en Atlantique.
Alors, j'ai toutes ces question, monsieur le président. J'aimerais avoir des réponses de la part du ministre.
:
C'est là M. Godin, qui se débat comme un beau diable depuis 1997; c'est ce qu'il fait de mieux.
[Français]
Premièrement, en ce qui concerne ma présence aujourd'hui, je tiens à dire que je me présente devant le comité chaque fois qu'il me demande de le faire et que je réponds toujours rapidement lorsqu'on m'y invite. Je crois que le président du comité pourra vous le confirmer. Je serai bref ce matin parce que j'ai une réunion après ma comparution et que je ne peux pas la manquer.
Vous avez soulevé plusieurs points, mais pour ce qui est des consultations que nous menons, il est certain que nous voulons impliquer les communautés partout au pays. Chez moi, comme vous le savez, en Colombie-Britannique, le français est la huitième langue parlée à Vancouver. Au cours des prochaines années, il pourrait devenir la neuvième, la dixième ou la onzième langue parlée à Vancouver et en Colombie-Britannique.
Il est essentiel qu'on sorte d'Ottawa et que je fasse moi-même des tournées pour m'impliquer et comprendre ce qui a été fait au cours des quatre dernières années, comprendre ce qui peut être fait pour que la Feuille de route continue au cours de la prochaine année et ce qui va être fait à l'avenir pour continuer à protéger le fait français dans toutes les régions du pays ainsi que les communautés anglophones au Québec et dans d'autres régions. Nous allons continuer dans ce sens. C'est un engagement personnel.
Vous avez parlé du Fonds du Canada pour les périodiques. C'est un fonds essentiel. Je veux également souligner que c'était autrefois quelque chose qui avait un échéancier pour le gouvernement, mais qu'on a changé cela. Il y a maintenant un engagement permanent de la part du gouvernement. C'est un engagement clair et ferme qui vise à protéger les périodiques dans les régions du Canada en matière de langues officielles. Comme vous le savez, l'objectif est de s'assurer que les Canadiens ont accès à ce type de magazines et de journaux qui ne sont pas des quotidiens, incluant les publications de langue officielle en situation minoritaire.
Je suis heureux que ces dossiers suscitent de l'intérêt, mais il reste que les changements dont il a été question ont été annoncés il y a presque trois ans. Il ne s'agit pas de changements à venir. Il n'y a rien de nouveau là-dedans. Si cela suscite des préoccupations, nous pourrons examiner la réglementation de notre programmation et, si ces préoccupations sont justifiées, nous pourrons nous pencher là-dessus.
De plus, je comprends la préoccupation que vous avez exprimée cette semaine ou la semaine dernière à la Chambre des communes à l'égard de ce dossier. Toutefois, nous ne prévoyons pas de changements pour le moment. Par contre, si des modifications sont requises pour protéger les communautés, par exemple si la clientèle des périodiques n'est pas assez importante pour cadrer avec notre formule de financement, nous pourrons considérer cette situation.
Vous avez également mentionné les réductions budgétaires au sein du ministère et non pas dans nos services ou dans nos investissements en matière de culture et de langues officielles. Vous avez parlé des économies que nous allons faire au sein du ministère. J'aimerais maintenant inviter mon sous-ministre à décrire la façon dont nous allons réaliser ces économies sans toucher à la Feuille de route, les langues officielles ou nos obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles.
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Le Canada est le deuxième plus grand pays au monde, mais en termes de population, nous nous classons au 36
e rang mondial. Si l'on veut se faire une bonne idée de l'ampleur et de l'échelle des frustrations, des besoins et des espoirs des communautés de langue officielle au Canada, il faut sortir d'Ottawa. Il faut sillonner le pays et voir du paysage. C'est la raison pour laquelle les députés se sont vu accorder tant de points de voyage pour que nous puissions nous rendre aux quatre coins du pays. Il ne s'agit pas simplement de faire la navette entre ici et nos circonscriptions, mais il faut également, à une époque comme celle-ci, lorsque les vacances d'été approchent, que les ministres puissent parcourir le pays, le visiter, et apprendre, de la bouche des Canadiens, comment les choses fonctionnent.
Le délai fixé d'une année avant la fin de notre Feuille de route est une occasion parfaite pour moi et d'autres membres de notre gouvernement de voyager et rencontrer les gens, dans leur contexte, et à travers le filtre des langues officielles.
La Feuille de route précédente était en bonne partie basée sur le rapport qui a été soumis au gouvernement et rendu public par Bernard Lord, ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, et sa consultation avait eu lieu dans 7 endroits du pays. Ici, nous envisageons au moins 17 différents endroits.
Vous remarquerez également, dans la liste des villes que j'ai mentionnées dans mon exposé, que nous allons nous rendre dans toutes les capitales provinciales et territoriales du Canada, en grande partie à cause de la question qui a été posée plus tôt sur l'éducation. Parce que nous avons des ententes avec les provinces, en vertu desquelles nous transférons des fonds à toutes les provinces, les provinces sont un élément essentiel de la réussite de la Feuille de route, surtout en ce qui concerne l'éducation. Nous allons donc nous y rendre et nous visiterons ces communautés.
Je me suis aperçu que, pour ce qui est du volet patrimoine et culture de mon portefeuille, lorsque vous sortez des plus grandes villes du pays et que vous visitez en fait les petites communautés et villages en banlieue et en zone rurale, vous commencez à vous faire une idée très différente des pressions, des besoins, des espoirs et des aspirations des communautés de langue officielle minoritaires.
La communauté francophone la plus importante à l'ouest de la rivière Rouge est Maillardville, qui se situe dans ma communauté de Coquitlam, en Colombie-Britannique, et ils ont des espoirs très précis. Ils ont subi d'incroyables changements là-bas, mais ce qu'ils espèrent, par exemple, c'est que le gouvernement de la Colombie-Britannique continue d'investir dans le premier cycle du secondaire à Maillardville, au même titre qu'une école secondaire francophone et qu'ils bénéficient des mêmes niveaux d'investissement qui leur permettraient de protéger l'élément francophone à Maillardville, ce qui est très important.
Cela est très différent de certaines des inquiétudes exprimées par le QCGN, les inquiétudes, les frustrations et les espoirs des communautés anglophones en situation minoritaire dans la province du Québec.
Mais ce n'est pas ce que vous entendrez si vous ne faites que la navette vers votre circonscription et que vous restez à Ottawa. Vous devez vous rendre dans ces communautés, les écouter, leur parler et ressentir véritablement les choses, car cela permet absolument de mieux comprendre la voie à suivre à l'avenir.
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Certainement. J'aimerais vous fournir un exemple. Je crois que j'en ai parlé auparavant.
J'étais particulièrement ému lorsque j'ai été nommé ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles. L'École secondaire Jules Verne est la première école secondaire francophone dans la province de la Colombie-Britannique. Je suis ministre des Langues officielles depuis le printemps de 2008 et, en 2010, l'École secondaire Jules Verne a officiellement ouvert ses portes.
Au début des années 1970, ma mère a été une des premières enseignantes de français en Colombie-Britannique. La Loi sur les langues officielles est entrée en vigueur en 1969. Cela a suscité beaucoup d'émotion publique quant à ce que cela représenterait et quelles en seraient les entraves.
Ma mère m'a raconté que le directeur de la New Westminster Senior Secondary avait demandé à tous les professeurs de se réunir dans une pièce et leur avait demandé s'ils parlaient français, car, tout d'un coup, il était inondé d'appel de parents qui voulaient que l'on enseigne le français à leurs enfants suite à la Loi sur les langues officielles et aux décisions de Pierre Trudeau. Les parents voulaient que leurs enfants parlent les deux langues officielles afin qu'ils soient dotés de bonnes perspectives d'emploi. Ma mère ainsi que quelques autres enseignants ont levé la main pour dire qu'ils parlaient français. Le français de ma mère était rouillé, quoique adéquat — elle vient de Scarborough — alors elle a dit: « Oui, je parle français ». Le directeur lui a dit: « Très bien. Vous êtes maintenant enseignante de français ». Alors sans livre ni curriculum, les conseils scolaires n'y avaient pas encore pensé, ils lui ont dit de créer un programme.
Ma mère est décédée en 1993, lorsque j'avais 16 ans. Passons maintenant à l'an 2008 puis à 2010. L'on se trouve à environ cinq minutes de voiture de l'école secondaire où on a demandé à ma mère d'enseigner le français. Tout d'un coup, je me retrouvais là, à inaugurer la première école secondaire française de la province de la Colombie-Britannique.
Cela revient à ce que vous disiez, monsieur le président, au sujet du progrès des langues officielles au pays. En dépit du fait que, si ma mémoire est bonne, en 1976, 75 à 80 p. 100 des Canadiens avaient l'anglais comme langue maternelle, et cela se chiffre à l'heure actuelle à 58 p. 100 en raison de la diversité culturelle que nous connaissons. Alors même s'il y a davantage de diversité et de pression exercées à l'endroit des budgets du gouvernement de la Colombie-Britannique afin qu'il investisse davantage dans l'anglais comme langue seconde et dans les programmes d'immersion anglaise, malgré toutes ces pressions, le budget et l'inscription dans les cours d'immersion française et d'apprentissage du français ont augmenté en Colombie-Britannique, car les Canadiens et les Britanno-Colombiens comprennent de plus en plus l'importance de parler plus d'une langue.
En Europe, parmi les gens âgés de 16 à 25 ans, 57 p. 100 parlent plus d'une langue. Le fait de parler plus d'une langue est perçu comme un atout en Europe. C'est perçu comme étant la chose à faire. Il faut éduquer ces enfants de la sorte. Ainsi, on a une meilleure culture générale, de meilleures perspectives d'emploi et plus d'exposition à la littérature, à la musique et au cinéma. Maîtriser plus qu'une langue vous enrichit la vie. C'est formidable.
Je suis ravi qu'au Canada nous ayons dépassé le stade de débattre de l'importance des langues officielles pour notre pays. Il s'agit d'un outil formidable et les Canadiens le comprennent bien.