:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, honorables membres du Comité permanent des langues officielles, c'est avec plaisir que je viens vous parler des préparatifs en vue des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération en 2017.
Tout d'abord, je tiens à mentionner que l'engagement du Canada envers les deux langues officielles est solidement enraciné dans notre histoire. Les célébrations anniversaires contribuent grandement à renforcer notre identité collective en tant que Canadiens. Chacun de ces anniversaires est l'occasion de raconter nos histoires nationales à tous les Canadiens, qu'ils aient fréquenté l'école au Canada ou non.
[Français]
L'histoire des relations entre francophones et anglophones au Canada depuis la Confédération est complexe. En fait, il existe deux façons de voir les choses. Cette histoire comprend un volet moins reluisant, qui raconte la pendaison de Louis Riel, la crise des écoles au Manitoba, le Règlement 17 et les deux crises de la conscription, et un volet plus positif, qui comprend des actions et des gestes de conciliation et de collaboration, dont on ne parle pas assez.
La dualité linguistique est une grande part de l'histoire du Canada et de son identité, et elle doit faire partie intégrante de toutes les célébrations nationales. Il est intéressant de rappeler que les Pères de la Confédération et ceux qui les ont inspirés considéraient la question de la langue comme l'un des principes fondamentaux du respect.
[Traduction]
C'est dans les années 1840 qu'ont été amorcées, conjointement par Robert Baldwin et Louis-Hippolyte LaFontaine, les premières étapes clés vers une démocratie canadienne. Comme l'a écrit John Ralston Saul, il s'agissait du premier acte stratégique dans la création du pays: les réformateurs francophones et anglophones avaient soudain compris qu'ils devaient travailler de concert. Dès lors, cette compréhension sera tissée dans la trame de notre histoire et devra se manifester dans tous les aspects des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération.
[Français]
On se rappelle lord Durham, mais on oublie le fait que, pas plus de 10 ans plus tard, son successeur, lord Elgin, a lu le discours du Trône en anglais et en français, consacrant ainsi le retour du français comme langue officielle du Parlement.
La dernière soirée des débats qui ont précédé la Confédération, le 10 mars 1865, John A. Macdonald, en réponse à une question sur le statut du français dans l'État politique en voie d'élaboration, souhaitait que « l'usage de la langue française formât l'un des principes sur lesquels serait basée la Confédération ». George-Étienne Cartier s'est immédiatement levé pour ajouter qu'il était également nécessaire de protéger le droit des minorités anglophones du Bas-Canada à utiliser leur langue.
[Traduction]
Wilfrid Laurier a consacré sa vie politique à réconcilier francophones et anglophones du Canada. William Lyon Mackenzie King, engagé à maintenir l'unité canadienne, a réussi à éviter que les tensions entre les deux groupes déchirent le pays. John Diefenbaker a instauré l'interprétation simultanée au Parlement. Lester Pearson a présenté les principes du bilinguisme officiel, et Pierre Trudeau les a transformés en loi. Le chef conservateur Robert Stanfield a aussi joué un rôle en s'assurant que la dualité linguistique devienne une valeur qui transcende les débats partisans, et Brian Mulroney a réécrit et renforcé la Loi sur les langues officielles en 1988.
[Français]
Ces histoires méritent d'être racontées et comprises. Une façon de les relater est de les présenter dans le nouveau Musée canadien de l'histoire. L'historien H. V. Nelles, dans son livre The Art of Nation-Building, qui porte sur le 300e anniversaire de la fondation de Québec, l'a clairement établi: comment nous célébrons en dit long sur qui nous sommes.
[Traduction]
L'historien Matthew Hayday a aussi tiré la même conclusion dans le cadre de ses travaux sur les célébrations de la fête du Canada et va un peu plus loin en déclarant que les éléments tels que la langue, l'affichage de drapeaux et le recours des médias au « nous » rhétorique renforcent et naturalisent les sentiments de nationalisme de façon continue.
Au moment où le gouvernement fédéral se prépare à célébrer le 150e anniversaire du Canada, il faut veiller à ce que les deux langues officielles soient visibles et audibles dans l'espace public, et ce, de diverses façons.
[Français]
Comme je vous l'ai mentionné lorsque j'ai présenté mon rapport annuel il y a quelques semaines, la dualité linguistique du Canada passe trop souvent incognito. Lorsque tout fonctionne bien, les services bilingues font partie de la vie quotidienne et passent inaperçus. Laissez-moi vous donner deux exemples.
[Traduction]
Les Jeux olympiques de Vancouver ont été un succès sur le terrain; la cérémonie d'ouverture, elle, a été un échec. Personne ne se souvient du succès sur place. Par contre, tout le monde se souvient du tollé qu'a provoqué l'absence de français à la cérémonie d'ouverture.
[Français]
Comme deuxième exemple, je pense aux funérailles d'État de Jack Layton. La cérémonie a été un grand succès sur le plan de la dualité linguistique, mais personne n'en a fait mention.
J'aimerais vous dire quelques mots au sujet du centenaire de la Confédération. Le point culminant des célébrations de 1967 était Expo 67, qui s'est déroulée à Montréal au même moment où la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme rédigeait son rapport. Je suis convaincu que Expo 67 a préparé le terrain du point de vue psychologique en vue de l'acceptation générale du bilinguisme officiel et de la Loi sur les langues officielles. Pour plus de 50 millions de visiteurs canadiens et étrangers, visiter Expo 67 signifiait faire partie d'un espace public où les deux langues officielles étaient visibles et audibles de façon équitable.
[Traduction]
C'était la première fois qu'on présentait un environnement respectueux des deux langues officielles. Dans le cadre de la cérémonie d'ouverture d'Expo 67 à Montréal, Lester B. Pearson a déclaré:
L'existence de notre propre pays a toujours reposé sur la réussite de l'unification des besoins de l'humanité au sein de la diversité de nos passés linguistiques, culturels et sociaux.
Expo 67 était l'un des rares événements qui ont braqué les feux sur l'existence de la communauté francophone du Canada. Cet événement a permis de montrer au monde entier, mais aussi au reste du Canada, que le français faisait partie intégrante de la société canadienne. Cinquante ans plus tard, nous devons le refaire.
[Français]
Un autre monument qui a été érigé à cette époque afin de célébrer le centenaire du pays et de témoigner de la dualité linguistique du Canada était le Centre national des arts, à Ottawa. Comme le mentionne le site Web du CNA, « cet organisme a pour mission de produire et de présenter de la musique, de l'opéra, du théâtre et de la danse, mais c'est également un établissement bilingue destiné à refléter la dualité linguistique canadienne — le premier et toujours le seul centre des arts de la scène au monde à se voir remettre un mandat aussi complexe ».
[Traduction]
L'un des éléments communs de ces initiatives était la promotion de l'anglais et du français en tant que langues officielles — la dualité linguistique du Canada — deux ans avant le vote sur la Loi sur les langues officielles.
Comment pouvons-nous faire en sorte que les valeurs de base de notre nation soient représentées dans le cadre des célébrations de 2017? Le fait d'encourager plus de jeunes Canadiens à faire l'expérience de l'autre langue officielle constitue une excellente façon de préparer le pays à célébrer son héritage commun.
[Français]
Dans mon rapport de 2011-2012, je formule deux recommandations en vue de favoriser l'apprentissage d'une langue seconde afin d'accroître le nombre de Canadiens qui parlent nos deux langues officielles. Je recommande au d'investir davantage dans les programmes d'échanges linguistiques et de prendre les mesures qui s'imposent pour doubler le nombre de jeunes Canadiens qui participent chaque année à des échanges linguistiques.
[Traduction]
Je recommande également au de collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi qu'avec les établissements d'enseignement postsecondaire, pour augmenter le nombre de programmes qui offrent aux étudiants la possibilité de suivre certains cours dans l'autre langue officielle.
Les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération sont l'occasion idéale de mettre ces recommandations en oeuvre.
[Français]
Les nouveaux médias étaient évidemment absents lors des célébrations du centenaire, en 1967, et du 125e anniversaire, en 1992. Ces plateformes sont un excellent moyen d'afficher la diversité canadienne et de susciter la conversation dans les deux langues officielles. C'est aussi l'occasion d'établir un lien entre le discours global du 150e anniversaire et les célébrations locales, tout en mettant en valeur l'histoire et l'héritage des communautés de langue officielle partout au pays.
Cependant, refléter la dualité linguistique ne se fait pas par magie. Cela demande de planifier suffisamment à l'avance, de développer un réflexe de tous les instants et d'en faire la promotion, sans quoi on risque que cela passe inaperçu. C'est vrai autant pour l'univers virtuel que pour le service au public en personne.
[Traduction]
Bien que des ressources bilingues considérables soient mises à la disposition des visiteurs de la capitale du Canada, elles sont souvent invisibles. Le public a le droit d'obtenir des services de qualité équivalente du gouvernement fédéral dans la langue officielle de son choix. Les célébrations de 2017 seront une occasion d'encourager les Canadiens à voyager au Canada, et des efforts particuliers devraient être déployés pour qu'ils soient accueillis dans les deux langues officielles. Les institutions ou les bureaux qui offrent des services aux voyageurs doivent faire plus d'efforts pour respecter les droits linguistiques du public qu'ils servent — et continuer de le faire lorsque les touristes seront de retour chez eux.
[Français]
Les Canadiens doivent mieux comprendre les communautés de langue officielle du pays, y compris leur culture et leurs institutions. Ainsi, ils doivent être exposés davantage à la dualité linguistique et aux valeurs qu'elle véhicule.
Pour cette raison, il est très important de veiller à ce que le contenu des célébrations reflète l'histoire commune des francophones et des anglophones du Canada. Afin d'aider les organisateurs d'événements de grande envergure à respecter les langues officielles, mon bureau a publié le document intitulé « L'organisation d'un événement sportif d'envergure au Canada: Guide pratique pour mettre en valeur les langues officielles ». Ce guide a été conçu pour les organisateurs d'événements sportifs, culturels et artistiques d'envergure nationale et internationale qui se déroulent au Canada, ainsi que pour les institutions fédérales qui participent à leur mise sur pied.
[Traduction]
Le but de ce guide n'est pas de remplacer l'expertise du comité organisateur ou des institutions fédérales concernées, mais plutôt de leur rappeler de tenir compte des langues officielles et des obligations linguistiques, et ce, aux toutes premières étapes de la planification. Mon personnel et moi-même y avons recours lorsque nous travaillons avec les comités organisateurs des Jeux panaméricains de 2015 et des Jeux du Canada qui auront lieu à Sherbrooke en 2013.
Nous continuerons d'encourager les organisateurs d'évènements d'envergure qui se déroulent au Canada à intégrer la dualité linguistique à leurs activités.
[Français]
J'espère que le 150e anniversaire de notre Constitution aura un succès retentissant et que tant les générations actuelles que les générations futures se rappelleront ces célébrations comme étant représentatives autant des anglophones que des francophones.
Merci.
:
Il y a deux raisons à cela. Tout d'abord, je pense que l'éducation, aux niveaux primaire et secondaire, constitue un terrain jalousement défendu par les provinces. C'est une compétence provinciale, tandis que pour le niveau postsecondaire, pour la recherche, les bourses, et ainsi de suite, on accepte généralement une collaboration avec le fédéral.
La deuxième raison est que je vois une certaine cascade d'influence du gouvernement fédéral sur les universités. En effet, le gouvernement et les sous-ministres jouent un rôle de recruteurs en envoyant le message selon lequel le gouvernement, en tant que plus grand employeur au Canada, a besoin d'employés bilingues. Cela peut amener les universités à envoyer le message aux écoles secondaires selon lequel elles valoriseront le français ou l'anglais dans les institutions francophones.
Un des problèmes est qu'en neuvième année en Ontario, le taux de décrochage du français est énorme, du fait que cela cesse d'être obligatoire. Comme M. Dion l'a mentionné, à l'ouest de l'Ontario, il n'y a aucune obligation. Il y a donc du décrochage.
Un étudiant du secondaire m'a expliqué que son professeur avait dit qu'à la fin du secondaire, les étudiants devraient choisir de se soumettre à l'examen de français de base au lieu de l'examen d'immersion, parce qu'il était plus facile. Ainsi, ils auraient une meilleure note. Selon lui, les universités ne regardent que le chiffre lors de l'évaluation des demandes d'admission. Je pense que c'est une incitation à la médiocrité. Les universités devraient regarder le bassin des candidats et considérer ceux qui ont pris des cours plus difficiles comme des candidats importants.
En fait, de plus en plus, on voit des universités reconnaître l'importance de ce bassin d'étudiants en immersion et même faire de la concurrence. On a, par exemple, des programmes pour les attirer à l'Université d'Ottawa. Le Collège Glendon, sur le campus de l’Université York, mène une campagne de recrutement d'étudiants en immersion.
Cependant, trop d'universités regardent seulement les chiffres. Cela ne les préoccupe pas. D'autres ne voient pas la nécessité d'offrir ces occasions aux étudiants, car elles se disent que le gouvernement fédéral s'en occupera s'il les engage comme employés.
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Je crois qu'il y a un certain nombre d'éléments.
Je dirais une chose. Je crois que, dans une grande mesure, beaucoup plus qu'à l'époque où la Loi sur les langues officielles a été adoptée, en 1969, les Canadiens voient le bilinguisme comme un atout. On n'entend plus les gens huer lorsque l'hymne national est chanté dans les deux langues, comme c'était le cas dans les moments de tension qu'on a connus par le passé, par exemple au Maple Leaf Gardens en 1976. Il n'y a plus ce genre d'hostilité ouverte lorsque les deux langues sont utilisées.
Les sondages montrent — et nous en avons fait mention dans notre rapport annuel cette année — que la dualité linguistique du Canada reçoit de plus en plus d'appui. L'une des choses qui m'a frappé lors des réunions que j'ai eues ou des forums que nous avons organisés avec des immigrants, c'est qu'un grand nombre d'entre eux ont été attirés par le Canada parce qu'ils aimaient l'idée que le Canada ait deux langues officielles.
On voit des familles immigrantes qui tiennent à ce que leurs enfants apprennent les deux langues officielles. Ces gens ont le sentiment de pouvoir ainsi affirmer leur canadianité, en apprenant les deux langues officielles ou en veillant à ce que leurs enfants puissent le faire.
En ce qui a trait aux emplois, il faut signifier clairement que le bilinguisme n'est pas une exigence d'embauche dans la fonction publique fédérale, que la connaissance des deux langues officielles n'est pas essentielle pour 60 p. 100 des emplois dans la fonction publique fédérale. Les personnes qui travaillent pour le gouvernement fédéral doivent être bilingues pour un nombre relativement limité de raisons: servir le public à un comptoir ou dans un bureau là où le nombre le justifie; être en mesure de gérer des employés qui ont le droit de travailler dans la langue de leur choix dans une région désignée bilingue, comme au Nouveau-Brunswick, dans certaines parties du Québec, dans la région de la capitale nationale et dans certaines parties de l'Est et du Nord de l'Ontario; et être capable de donner un briefing à un ministre. Les ministres ont, bien entendu, le droit de demander à recevoir un briefing en français, et le système a l'obligation de s'assurer que des fonctionnaires de niveau supérieur peuvent le faire. Enfin, il importe que les fonctionnaires de niveau supérieur comprennent le pays dans son ensemble. Soixante pour cent des emplois fédéraux, tous types confondus, ne répondent pas à ces critères.
Je me nomme Éric Dubeau. Je suis directeur général de la Fédération culturelle canadienne-française. Je suis en compagnie de Simone Saint-Pierre, notre chef des communications. Nous vous remercions de nous avoir convoqués à ces audiences.
La FCCF est un organisme national dont la mission est de promouvoir l'expression artistique et culturelle des communautés francophones et acadiennes. Elle réunit des représentants de regroupements nationaux en théâtre, en édition, en chanson-musique, en arts médiatiques, en arts visuels, un regroupement de réseaux de diffusion des arts de la scène et une alliance des radios communautaires, ainsi que des représentants de 11 provinces et territoires du Canada voués au développement culturel de la francophonie canadienne. La FCCF regroupe 22 membres, en tout et pour tout, et parle au nom de quelque 3 000 artistes et 150 organismes artistiques et de développement culturel qui oeuvrent dans plus de 250 communautés francophones et acadiennes partout au Canada.
Les arts et la culture doivent être au coeur des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération du Canada. En effet, l'artiste, par sa créativité et par son oeuvre, contribue à valoriser, à interroger, à faire valoir et évoluer la culture et à la rendre vivante et contemporaine. Le travail des artistes et des organismes artistiques et culturels contribue grandement à la cohésion sociale et facilite le dialogue interculturel, puisque les arts et la culture expriment à la fois nos émotions, nos pensées et nos valeurs. L'un des objectifs des festivités du 150e anniversaire est de resserrer les liens entre toutes les composantes du tissu social canadien. Les artistes peuvent assurer le succès des célébrations en ce sens.
Nous avons lu avec intérêt le rapport que le Comité permanent du patrimoine canadien a rendu public en septembre. Somme soute, nous appuyons les recommandations du rapport en matière d'arts et culture. Notamment, nous appuyons le gouvernement dans sa volonté de collaborer avec les provinces et territoires afin de maximiser l'effet levier de ses investissements. Mais nous tenons aussi à préciser que les investissements ponctuels que recommande le rapport auront moins d'effets que des appuis plus soutenus.
Vu l'envergure de l'anniversaire que nous fêterons ensemble en 2017, il nous semble de mise que les activités entourant le 150e anniversaire de la Confédération ne soient pas uniquement ponctuelles et éphémères, telle la tournée d'un spectacle concept ou d'une exposition thématique. Il nous apparaît aussi opportun que les investissements favorisent la mise sur pied de projets plus structurants ayant des effets plus durables. Par exemple, il serait avantageux que le gouvernement puisse appuyer des échanges d'artistes de divers coins du pays par la mise sur pied de résidences d'artistes durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et qui culmineraient lors du 150e anniversaire. Ou encore, on pourrait imaginer, au cours des prochaines années, la commande d'une série de nouvelles oeuvres qui seraient dévoilées ou qui feraient l'objet de performances tout au long de 2017 et pendant plusieurs années par la suite. Cette approche plus longitudinale multiplierait les effets positifs des investissements du gouvernement, au profit de tous les Canadiens.
Nous avons été interpellés par les propos du ministre Moore, cités dans le rapport du comité, qui confirme que les agences de portefeuille de son ministère s'engageront dans les festivités. Comme vous le savez peut-être déjà, la FCCF est signataire d'un document qui s'appelle l'Entente sur le développement des arts et de la culture dans la francophonie canadienne. Outre la FCCF, cette entente lie six signataires fédéraux: Téléfilm Canada, le Conseil des arts du Canada, le Centre national des arts, Patrimoine canadien, l'Office national du film et la Société Radio-Canada. Selon nous, non seulement il serait à propos que chacune de ces agences participe aux célébrations du 150e anniversaire, mais chacune devrait avoir l'obligation d'investir au moins 15 % des montants qu'elle consacrera aux célébrations à des activités menées par des artistes ou des organismes artistiques et culturels de la francophonie canadienne.
Nous sommes convaincus que tous les organismes artistiques et culturels de notre francophonie canadienne doivent être considérés, à même titre que les agences culturelles fédérales, comme des partenaires incontournables des célébrations. En effet, ces organismes sont les mieux placés, tant par leur programmation continue que par de projets spéciaux ponctuels, pour s'assurer que des actions concrètes sur le terrain mobilisent les Canadiens partout au pays. Pour ce faire, les organismes devront recevoir des appuis suffisants non seulement à l'occasion du 150e anniversaire, mais d'ici lors aussi. Nous invitons le gouvernement à prévoir les mécanismes et les moyens nécessaires en ce sens.
Une autre façon d'assurer un bon rendement de vos investissements dans le cadre de ces festivités, c'est de s'assurer que ceux-ci favorisent l'accès des citoyens à des activités artistiques et culturelles dans des espaces culturels haut de gamme. Investir dans les infrastructures culturelles, c'est assurer un héritage culturel permanent aux Canadiens. Comme précisé dans le rapport du comité, le Centre national des arts fut créé en 1967, lors des festivités du centenaire de la Confédération, et encore aujourd'hui, 45 ans plus tard, des milliers de Canadiens profitent de cette institution culturelle de classe mondiale chaque année.
Dans le rapport du comité, il est également question de mettre à profit des festivals et des événements à grand déploiement pour que ceux-ci organisent des occasions de rassemblement festif. Les rapprochements entre les festivals de diverses régions du pays au moyen d'échanges de programmation pourraient faciliter la collaboration entre les organisateurs d'événements locaux issus des CLOSM et des événements d'envergure nationale. On pourrait ainsi mieux découvrir la diversité des talents issus des CLOSM lors d'événements partout au pays.
Pour faire en sorte que les projets rassembleurs que porteront les diverses organisations puissent se réaliser et pour s'assurer que les artistes et organismes artistiques et culturels des CLOSM ne seront pas en reste, les mécanismes d'appui devront établir, de façon limpide, les obligations des divers organisateurs en matière de langues officielles. Cela nous fera plaisir, le temps venu, de travailler avec les responsables pour concevoir des programmes qui pourront favoriser et soutenir la participation de nos artistes et organismes artistiques. Sachez d'ailleurs que dans l'éventualité où le gouvernement donnerait suite à une des recommandations du comité qui propose la constitution d'une société ou d'un organisme indépendant responsable des célébrations, cela nous ferait plaisir d'occuper un siège au sein de cette instance.
Pour conclure, et en réponse aux préoccupations du ministre Moore qui semble craindre que le financement des manifestations artistiques ne laisse pas de traces pour les générations à venir, j'aimerais donner la parole à un artiste visuel et auteur de la francophonie canadienne, Pierre Raphaël Pelletier. En effet, il a écrit ceci:
Toute création artistique se doit de transformer à tout jamais notre espace [folklorique] en un nouveau territoire d'échanges, en un espace d'interactions intimes qui fait de chaque vie qui s'y prête, qui s'y voue, une formidable entreprise de libération, source et fondement de toute culture authentique [...]
Nous sommes persuadés que toutes les manifestations artistiques et culturelles auxquelles les Canadiens auront accès grâce à la commémoration du 150e anniversaire de la Confédération s'inscriront à jamais dans le code génétique de la nation. Les oeuvres, les performances et les infrastructures créées dans le cadre de ces festivités seront donc des legs d'une grande richesse pour les générations futures.
Je vous remercie de votre écoute. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Au nom du président de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada, M. Michel Vézina, qui ne pouvait être présent aujourd'hui, je tiens à vous remercier d'avoir invité la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada à comparaître dans le cadre de votre étude sur le 150e anniversaire de la Confédération canadienne.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada représente environ 27 000 aînés membres au pays, qui se retrouvent naturellement dans toutes les provinces et tous les territoires canadiens, sauf le Québec.
Nous sommes particulièrement fiers que vous ayez invité ainsi les aînés francophones qui ont énormément contribué à bâtir notre pays et qui, par leur ardeur au travail, leurs convictions et leur identité, ont façonné nos communautés et ont fait du Canada un si grand pays.
Le 6 novembre dernier, vous avez reçu les représentants de la Fédération des communautés francophones et acadienne. Ils ont proposé de faire du 150e anniversaire une occasion de développer une vision de partage, d'échange et de dialogue entre les différentes composantes du Canada. La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada s'inscrit dans le même mode de pensée que la FCFA.
La dualité linguistique et la diversité culturelle sont reconnues par le gouvernement et par les Canadiens et les Canadiennes comme des valeurs importantes de notre pays. Le Canada se doit donc, dans le cadre de ces festivités, d'offrir aux Canadiens et Canadiennes des occasions uniques de raviver ces valeurs, de partager et d'échanger sur des expériences communes et de rappeler les différentes étapes de notre parcours commun et collectif.
Il est important de rappeler les grands jalons de notre histoire commune, d'expliquer comment les trois peuples fondateurs du Canada, c'est-à-dire les Premières Nations, les francophones et les anglophones, ont contribué à la construction de notre identité nationale, et comment l'ajout des communautés culturelles a su enrichir cette identité. Il est très important de profiter de ces festivités pour démontrer également à quel point cette diversité a su faire des Canadiens et Canadiennes un peuple tolérant, ouvert sur les différences et ouvert sur le monde. Il faut également démontrer que ces peuples fondateurs se sont enracinés partout au pays et que, entre autres, la francophonie a pris son essor, non seulement au Québec, mais au sein de nombreuses communautés partout au pays.
Le Canada est certes un pays tourné vers l'avenir. Or, le Canada doit également profiter de cette occasion pour se rappeler et ne jamais oublier les peuples et les citoyens et citoyennes qui ont bâti ce pays. Un pays qui perd de vue les spécificités qui ont conduit à sa construction identitaire est un pays qui sera toujours en recherche et qui aura toujours de la difficulté à se définir. Pour les communautés francophones et acadiennes, le 150e anniversaire est donc une occasion unique pour que l'on cesse enfin de nous voir uniquement comme des minorités et que l'on nous voie plutôt comme des collectivités de citoyens à part entière qui ont contribué et qui contribuent encore à la vigueur du pays.
Maintenant, voyons comment cela pourrait se traduire concrètement.
Quand on parle de se rappeler de notre histoire, il faut que celle-ci se manifeste de façon vivante. Or, quoi de mieux que de faire appel à la mémoire collective des citoyens et citoyennes qui ont bâti ce pays? Pourquoi ne pas donner la chance aux aînés et à l'ensemble des citoyens Canadiens, en 2017, de se raconter, de partager, d'échanger et d'expliquer de quelle façon ils ont contribué à façonner ce beau pays?
Nous recommandons ici la tenue, au cours des prochaines années, de quatre activités qui s'inscrivent dans la perspective des langues officielles.
La première activité que nous proposons serait la diffusion d'un recueil national sous le thème « 150 ans d'exploits de la part des Canadiens et des Canadiennes ». On pourrait ainsi organiser un concours national où les Canadiens et Canadiennes seraient invités à présenter de courts récits décrivant des exploits réalisés par des citoyens et citoyennes qui ont contribué à bâtir nos collectivités et nos communautés au pays. Les meilleurs textes pourraient être ensuite regroupés dans un recueil ou sur un site Internet accessibles à un grand nombre de Canadiens. Il serait primordial que ce recueil traduise les réalités de nos trois peuples fondateurs, soient les Premières Nations, les francophones et les anglophones. Il serait aussi important de s'assurer de bien représenter les communautés culturelles qui ont le français ou l'anglais comme première langue officielle parlée.
Nous proposons une deuxième activité qui pourrait être intéressante. Certains aînés ou citoyens ont de la difficulté à s'exprimer par écrit. Ils pourraient donc le faire par vidéo. Il y aurait des capsules vidéo, toujours sous le même thème. En vertu du même principe que le recueil national, on pourrait inviter les milieux associatifs à rejoindre les Canadiens et les Canadiennes qui se sentent moins à l'aise d'écrire et à les inviter à livrer un témoignage sur leurs exploits de façon audiovisuelle. Les meilleures capsules vidéo pourraient faire partie d'une vidéo nationale ou être présentées sur un site internet, un DVD ou même faire l'objet de plusieurs émissions de télévision qui relateraient les grands exploits de nos concitoyens.
Une troisième initiative nous apparaît intéressante: il s'agit d'initiatives intergénérationnelles favorisant des échanges et le partage entre des individus des trois peuples fondateurs au Canada. La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada travaille déjà avec l'Association canadienne des professeurs d'immersion. On tente de développer des projets intergénérationnels entre aînés francophones et des jeunes du milieu de l'immersion. Nous croyons qu'on pourrait davantage promouvoir de telles initiatives dans le cadre des festivités du 150e anniversaire de la Confédération. On pourrait ainsi encourager des initiatives d'échange entre les aînés francophones et des jeunes en immersion, ou entre des jeunes francophones et des aînés des Premières Nations. Le 150e anniversaire de la Confédération doit être une occasion de rapprochement entre des individus de différentes générations provenant des trois peuples fondateurs de notre pays.
Une quatrième activité nous paraît intéressante: on pourrait tenir un sommet national afin de souligner la contribution des aînés à l'histoire canadienne et à la construction de notre pays. Ce sommet, qui se tiendrait en 2017, regrouperait un grand nombre d'aînés partout au pays, représentant les Premières Nations, les francophones et les anglophones. Ce sommet serait l'occasion de célébrer ensemble les grandes réalisations de notre pays et la contribution exceptionnelle de nos citoyens, et aussi de se projeter dans l'avenir afin de tracer les orientations d'un plus grand rapprochement entre les différents peuples fondateurs au cours des prochaines décennies.
Enfin, pour terminer, nous aimerions soumettre une cinquième recommandation ou, si vous préférez, initiative: nous proposons que le programme Nouveaux Horizons pour les aînés étende ses critères à partir de 2015 pour permettre aux groupes d'aînés intéressés à faire valoir leur contribution à la société canadienne de se manifester pleinement et de présenter des propositions qui vont dans le sens des quatre projets que nous avons proposés. Plusieurs des critères du programme Nouveaux Horizons pour les aînés vont déjà en ce sens, mais il serait important de préciser et d'orienter davantage les critères pour faire des festivités du 150e anniversaire de la Confédération un événement mémorable, dont nous allons nous souvenir pendant de nombreuses années.
Voilà donc quelques idées qui permettraient de faire du 150e anniversaire de la Confédération l'occasion par excellence de célébrer nos valeurs partagées, incluant la dualité linguistique.
Je vous remercie de votre attention. Je suis disposé à répondre à vos questions.