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Bonjour, monsieur Chan, monsieur Bélanger, monsieur Godin, mesdames et messieurs.
Le Quebec Community Groups Network est heureux d'avoir été invité à témoigner aujourd'hui. Nous félicitons le comité de jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration de la stratégie des langues officielles du gouvernement du Canada à la suite du rapport sur la feuille de route. Nous souhaitons vous offrir tout notre appui, ainsi que l'appui du secteur communautaire qui sert les communautés minoritaires linguistiques anglophones du Canada, la communauté anglophone du Québec, pour votre étude à long terme.
Il est fondamental d'écouter ce qu'ont à dire les Canadiens sur la dualité linguistique et l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Nous avons remarqué les efforts croissants de consultation avec notre communauté, et nous sommes convaincus que cela aura des répercussions positives sur les anglophones du Québec à court, moyen et long termes. Le ministre du Patrimoine canadien a rencontré le QCGN à deux reprises en autant d'années et a pris le temps, cet été, de visiter notre communauté et d'écouter nos travailleurs communautaires de première ligne.
De nombreux députés ont déployé des efforts manifestes pour bien comprendre les défis particuliers de notre communauté. Des parlementaires actuels, comme MM. Bélanger et Godin, et d'anciens députés de la Chambre comme M. Nadeau et d'autres ont fait des efforts continus pour qu'on puisse écouter et tenir compte des problèmes et des préoccupations de la communauté anglophone du Québec.
Notre communauté est également extrêmement reconnaissante de l'appui soutenu de vos collègues du Sénat. Le rapport du Comité sénatorial permanent des langues officielles, intitulé L'épanouissement des communautés anglophones du Québec: Du mythe à la réalité, a été publié à la suite d'une visite historique de ses membres l'automne dernier dans la province. Le rapport est un document remarquable qui traduit bien la réalité de la vie dans notre communauté minoritaire linguistique unique. Récemment, le Sénat a demandé une réponse du gouvernement d'ici le 12 mars 2012 quant aux recommandations du rapport.
Nous aimerions aussi souligner les efforts accrus des institutions et ministères fédéraux pour consulter la communauté anglophone du Québec. Le gouvernement montre un réel intérêt — que ce soit au ministère des Affaires étrangères, à l'Agence des services frontaliers du Canada, etc. — pour en apprendre davantage sur notre communauté et pour trouver des moyens d'accroître notre vitalité.
Trois facteurs convergents ont mené à ce changement attendu: la capacité accrue de la communauté anglophone de travailler avec le gouvernement fédéral; l'appui indéfectible du commissaire des langues officielles; et le soutien éclairé et pratique de Patrimoine canadien envers le QCGN et le secteur communautaire.
Nous croyons que le Parlement et le gouvernement du Canada sont réellement soucieux de notre communauté. Nous remarquons également une compréhension de plus en plus juste et avisée de la nature unique de notre minorité linguistique, une communauté qui cherche à s'intégrer à la majorité au sein de laquelle elle existe et dont la priorité n'est pas la survie ou la protection de la langue, mais plutôt le maintien et la viabilité de notre communauté.
Certains d'entre vous se rappelleront notre témoignage d'avril 2010 et remarqueront que nous sommes maintenant plus en mesure de participer, sur un pied d'égalité, au débat national portant sur les langues officielles du Canada.
Les membres du comité se souviendront aussi de notre frustration par rapport aux stratégies sur les langues officielles du gouvernement canadien qui ne tiennent pas compte de la réalité de notre communauté. Par exemple, les programmes qui dépendent d'un partenariat entre le fédéral et le provincial pour la prestation de services et l'appui de la communauté ne sont pas conçus en tenant compte du fait que le gouvernement du Québec ne reconnaît pas l'existence d'une communauté minoritaire anglophone.
Il en résulte que la prestation de services dans des domaines de compétence provinciale comme la santé, l'éducation et l'emploi est effectuée au niveau individuel. C'est attrayant, car cela facilite la gestion et permet une mesure quantitative. Les services ont-ils été fournis en anglais ou non? Le problème, c'est que cela ne favorise ni le dynamisme des communautés ni la capacité à long terme d'assurer la prestation de services dans des établissements qui appartiennent à la communauté ou qui sont gouvernés par celle-ci.
Dans certains cas, la relation qui existe entre Ottawa et Québec prive complètement notre communauté de programmes fédéraux. Par exemple, les programmes prévus en vertu de la stratégie fédérale actuelle, la feuille de route, en matière d'immigration, de formation de la main-d'oeuvre et de développement de la petite enfance sont, au bout du compte, inaccessibles à notre communauté, bien que certains progrès limités aient été effectués récemment.
Nous avons pris connaissance du témoignage des représentants du Secrétariat aux langues officielles et du ministère du Patrimoine canadien lors de la réunion du comité du 18 octobre. À titre de directeur du secrétariat, M. Gauthier ainsi que son personnel jouent un rôle essentiel dans l'évaluation à mi-mandat de la feuille de route. Nous avons fait savoir au ministère que nous demeurons très préoccupés par le fait que cette évaluation ne reflétera pas adéquatement les répercussions de la feuille de route sur notre communauté, que ce soit au niveau de chaque ministère ou sur le plan horizontal. Il y a deux raisons pour cela et celles-ci sont de nature logistique et systémique. Nous craignons que cela ait pour effet de fournir aux décideurs et aux dirigeants politiques des données non fiables concernant la communauté anglophone du Québec.
Tout d'abord, le processus d'évaluation supposait la consultation d'organisations communautaires, mais ce processus était trop complexe dès le départ et a finalement été retardé par les élections. Je pense que les élections constituent une cause de ces retards, mais qu'elles ne sont pas la seule. Ces retards ont eu pour effet de remettre les consultations communautaires à l'été, une période pendant laquelle un certain nombre de nos organisations fonctionnent à effectif réduit ou sont tout simplement fermées pour réaliser des économies.
J'ai parlé de la question logistique. Il y a aussi une question systémique.
Deuxièmement, un grand nombre des programmes évalués n'ont pas d'équivalent strict, voire pas d'équivalent du tout, au Québec. Par exemple, le programme de recrutement et d'intégration des immigrants — un programme de CIC — de 20 millions de dollars; le projet spécial en matière de garde d'enfants de 13,5 millions de dollars; l'initiative des programmes jeunesse de 12,5 millions de dollars. La feuille de route ne prévoit aucun équivalent pour la communauté anglophone.
Bien que la communauté anglophone ait reçu quelques milliers de dollars de Citoyenneté et Immigration Canada à des fins de recherche, ce ministère continue à faire preuve de réticence pour ce qui est d'envisager la création d'une initiative continue qui répondrait à nos besoins de renouvellement dans nos régions au Québec. Comme je l'ai mentionné précédemment, nous n'avons rien reçu dans le cadre du projet en matière de garde d'enfants et le fait que nous ne disposions pas d'un groupe communautaire consacré à la jeunesse nous empêche de profiter du programme des initiatives jeunesse.
Il ne s'agit pas là de problèmes abstraits. Les Canadiens membres de la communauté anglophone du Québec n'ont pas accès à certains programmes et services prévus par la feuille de route et ne sont pas pris en compte dans l'élaboration des politiques et des programmes, ainsi que des budgets de millions de dollars consacrés aux langues officielles par l'intermédiaire des voies normales de financement. Il faut assurer à cette communauté que la stratégie de remplacement de la feuille de route prévoira des efforts plus ciblés de la part du gouvernement fédéral et de ses partenaires pour appuyer le développement et la vitalité de notre communauté.
Un peu plus tôt, nous avons mentionné un rapport récent sur l'épanouissement de notre communauté produit par le comité sénatorial permanent. Ce rapport contient 16 recommandations remarquables.
Pour les fins de la réunion d'aujourd'hui, j'aimerais attirer votre attention sur la recommandation no 3 du rapport du Sénat, qui se lit comme suit:
a) Incite l'ensemble des ministères visés par la feuille de route (2008-2013), à revoir, en consultation avec les communautés anglophones, les stratégies de communications pour mieux faire connaître le financement disponible dans l'ensemble des régions du Québec.
b) Revoit dès maintenant, en consultation avec les communautés anglophones, le cadre de responsabilisation et de coordination et établit des critères et des indicateurs précis pour que toutes les institutions fédérales puissent tenir compte des besoins particuliers de ces communautés.
c) Exige la prise en compte de ces critères par les institutions fédérales qui participeront au développement de la prochaine stratégie gouvernementale en matière de langues officielles, afin de définir les montants consacrés aux deux communautés de langue officielle en situation minoritaire et de justifier les déséquilibres, le cas échéant.
Il ne s'agit vraiment pas d'un plaidoyer en vue d'obtenir davantage de financement. Cela vise plutôt à encourager les concepteurs de la prochaine stratégie fédérale en matière de langues officielles à prendre conscience du fait que, malgré la similarité d'un certain nombre de problèmes auxquels se heurtent les communautés de langues officielles en situation minoritaire francophones et anglophones du Canada, leur réalité politique et leur structure communautaire sont bien différentes. Comme nous l'avons déjà dit auparavant: une solution unique ne peut convenir à tous.
Nous sommes convaincus que les dirigeants fédéraux responsables des langues officielles comprennent la communauté anglophone du Québec bien mieux qu'au moment de la conception de la feuille de route ou de ses versions précédentes. En fait, je pense que notre communauté comprend aussi mieux ses propres besoins.
Il semble y avoir, au sein des institutions et des ministères gouvernementaux, une volonté de mettre en oeuvre des mesures positives afin de favoriser notre épanouissement. La volonté est là. Aidons-nous mutuellement à saisir cette occasion d'assurer la vitalité et la viabilité de la communauté anglophone en situation minoritaire.
[Français]
Merci.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Martin-Laforge et à M. Thompson. C'est un grand plaisir de vous compter parmi nous aujourd'hui. Ce n'est pas la première fois que vous comparaissez devant le comité, et je crois que votre relation avec notre comité par le passé a été très positive. Nous espérons pouvoir venir en aide à votre communauté, à la minorité, au Québec.
Vous parliez tout à l'heure des transferts. C'est un peu comme un contrat entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial dans des domaines de compétence qui ne relèvent vraiment pas du gouvernement fédéral — mais plutôt du provincial — comme la santé, l'éducation, etc. J'aimerais connaître un peu mieux votre opinion sur la voix que la communauté devrait avoir à cet égard.
Cela m'intéresse, car nous nous heurtons au même problème dans le reste du pays au sein des communautés francophones. On se plaint, par exemple, du fait que des fonds sont envoyés à la province pour la minorité francophone et que les francophones ont l'impression que ces fonds ne sont pas affectés. Nous avons fait valoir cette question auprès du commissaire aux langues officielles cette semaine, et il nous a répondu que son rôle consistait uniquement à enquêter sur les institutions fédérales et non les institutions provinciales. Le commissaire aux langues officielles n'a aucune autorité dans ce domaine.
Je suis toujours d'avis que le commissaire aux langues officielles aurait pu aller rencontrer le ou la ministre responsable pour lui dire: « Votre ministère a fait parvenir du financement à telle province. Cette province n'est-elle pas tenue de rendre compte de l'affectation de ces fonds? » Il aurait pu demander au ministère fédéral concerné de rendre des comptes afin de s'assurer que les fonds en question ont été affectés adéquatement. La province se plaint, les gens se plaignent, et on se demande si les fonds sont allés à la province et si les communautés les ont bel et bien reçus.
Vous avez aussi parlé de cela. Vous avez dit que vous avez l'impression que des fonds sont envoyés au Québec mais que ceux-ci ne se rendent pas à la communauté qui est censée en bénéficier. J'aimerais mieux connaître votre opinion sur la question.
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Vous avez parlé des aînés. En fait, il est clair que les aînés constituent une des priorités. Les statistiques démontrent que le taux de vieillissement des aînés anglophones au Québec est plus élevé qu'ailleurs au pays.
D'ailleurs, on tente présentement d'établir un réseau d'aînés pour voir, sur le plan stratégique, ce qu'on pourrait faire au Québec pour les aînés anglophones. En fait, traditionnellement, les aînés anglophones, à cause de la génération à laquelle ils appartiennent, n'ont pas le même niveau de bilinguisme que nos jeunes. Ces aînés ont 55 ans et plus.
On voit, surtout dans les régions, que les aînés reviennent. Ils prennent leur retraite. Ils sont allés à Toronto ou ailleurs au Canada et reviennent dans leur région d'origine. Ceux-ci n'ont pas un niveau de bilinguisme très élevé. Ce sont des Canadiens qui sont partis pour toutes sortes de raisons et qui reviennent chez eux, au Québec, mais leur niveau de bilinguisme n'est pas très élevé. Ils créent des pressions sur les services de santé ou d'autres services. Il est important que nous leur donnions un réseau fort pour qu'ils puissent rester là où ils ont choisi de revenir, que ce soit à Thetford Mines ou en Gaspésie.
À l'autre bout du spectre, il y a les jeunes. Pour nos communautés, l'important est le renouvellement de la population. Les gens partent, les gens reviennent. On ne peut pas attacher les jeunes dans un sous-sol et les y garder, mais cet attachement à la communauté est important. Il y a une communauté forte à Thetford Mines. Qu'elle soit anglophone ou francophone, ce n'est pas important, mais leur attachement à la communauté est important. Si les gens voient qu'ils peuvent revenir dans leur communauté et obtenir des services dans leur première langue, c'est important.
Il y en a beaucoup d'autres, mais souvent cela tourne autour de ces deux groupes cibles, soit les jeunes et les aînés, et de leur sens d'appartenance à leur communauté en région, au Québec.
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Dans notre groupe de 38 associations membres, il y a un grand nombre de groupes en région. J'entends tous les jours des histoires concernant ce qui se passe à Rouyn-Noranda, en Gaspésie ou dans les Cantons de l'Est. Ce sont des histoires individuelles qui nous aident à former cette communauté qui a le goût de vivre et
[Traduction]
... de vivre, jouer et travailler dans leur communauté. Comment peut-on vivre, jouer et travailler? Comment faire tout cela peut-il faire de vous un membre engagé au sein de votre communauté?
[Français]
On entend des histoires très intéressantes, des histoires qui viennent du coeur. On essaie de trouver dans les régions des moyens pour retenir les gens, mais aussi pour leur donner un sentiment d'appartenance à leur région.
[Traduction]
Je vais être des Cantons de l'Est ou de Shawinigan, mais je vais aussi être Québécoise et Canadienne.
C'est ce niveau d'appartenance.
[Français]
Il y a plusieurs projets qui, individuellement, dans les communautés, contribuent à cet essor.
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Je pense que le ministère de la Santé a été extrêmement important pour nous dans le cadre de ce travail. RHDCC contribue de différentes façons.
Si je peux aller un peu plus loin dans un ministère, si je cherchais à établir un lien avec ce qu'a dit M. Gourde plus tôt au sujet d'une initiative particulière touchant les aînés, je me tournerais peut-être vers RHDCC, dont les orientations stratégiques sont mieux adaptées aux aînés.
En ce qui concerne les communautés anglophones, il s'agit de creuser davantage dans ces ministères, ceux qui ont dans leurs orientations stratégiques les éléments qui peuvent nous aider dans le domaine des aînés, des jeunes, de l'immigration et du secrétariat rural, par exemple.
Si vous me donnez quelques instants, j'aimerais souligner que dans nos régions, nous avons examiné ce que les immigrants pouvaient nous apporter. Dans certaines régions, c'est assez bon et les immigrants et CIC pourraient apporter leur contribution, mais un autre élément nous serait encore plus utile au sujet des migrants — les gens qui viennent d'autres régions du Canada. Cela nous permettrait de renouveler nos régions grâce à des gens qui viennent d'ailleurs au Canada.
Dans le cadre de nos priorités, nous examinons de façon plus particulière quels ministères peuvent nous apporter quelque chose grâce à leur budget de base — au financement régulier qu'ils reçoivent actuellement.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Thompson, bonjour. C'est un plaisir de vous revoir.
Madame Martin-Laforge, laissez-moi vous dire que c'est un plaisir de pouvoir mettre un visage sur un nom puisque notre premier contact le fut par l'entremise d'une communication téléphonique. Merci d'être ici avec nous.
On a débuté, la semaine dernière ou au cours de celle qui précédait, l'étude de la Feuille de route. J'imagine que c'est dû à ma déformation professionnelle, mais la question de la méthodologie m'interpelle beaucoup. Il me semble qu'avant de songer à une prochaine Feuille de route, il faudrait d'abord pouvoir tirer le maximum d'informations de celle qui est déjà en place. Or, il m'apparaît qu'il y a un certain nombre d'incohérences dans le processus d'évaluation, entre autres le fait que chacun des ministères puisse développer lui-même ses processus d'évaluation. J'ai de la difficulté à m'imaginer, quand cela va atteindre un niveau supérieur, comment on sera en mesure de conjuguer ces différentes évaluations et d'en tirer des conclusions. Si mes renseignements sont exacts, vous avez recommandé que le ministère du Patrimoine canadien développe une méthodologie d'évaluation globale pour justement s'assurer que tous les ministères tiennent compte des priorités de la communauté d'expression anglaise au Québec. À votre avis, une telle méthodologie a-t-elle été mise en place? Vous a-t-on consulté sur cette méthodologie à venir? Avez-vous une idée de la forme que devrait prendre cette méthodologie?
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En ce qui a trait à l'évaluation générale, elle est appropriée seulement s'il y a des questions clés auxquelles les ministères doivent répondre avant d'effectuer leurs évaluations. Ce qui est difficile pour la communauté d'expression anglaise, c'est que l'expérience dans chacune des initiatives est différente. Dans le domaine de la santé, c'est pareil. Il y a eu, au niveau de l'élaboration de l'évaluation, la compréhension de ce qu'était la situation au Québec et comment on allait procéder relativement à cela. Dans les autres évaluations, soit qu'on n'a pas tenu compte de la situation ou qu'il n'en est tout simplement pas question. En termes d'évaluation — parce que vous étudiez cela —, vous savez qu'on se base sur le contenu du programme. S'il y a une brèche dans l'élaboration, l'évaluation n'en tiendra pas compte. Alors, si l'évaluation est relative au
[Traduction]
volet des soins aux enfants, par exemple, eh bien, l'élaboration n'a même pas tenu compte de la communauté anglophone. On oublie alors qu'il y a une brèche dans le travail réalisé.
Ma préoccupation, partagée par la communauté anglophone, est que quand nous avons été inclus dans l'élaboration du programme — inclus en bonne et due forme — le ministère est très susceptible de comprendre où les lacunes se trouvent.
La santé est un bon exemple. Un autre exemple est RHDCC et son Fonds pour l'accessibilité. Quand une initiative permet une contrepartie, le processus s'en trouve facilité. Mais nous avons un problème quand il n'y a pas de contrepartie, rien, que nous n'avons pas été consultés ou que nous n'avons pas communiqué nos besoins — et c'est parfois à cause de cette dernière raison.
[Français]
Cela se manifeste aussi facilement que de dire qu'on ne sait pas combien d'argent, dans le cadre d'un programme, est alloué à la communauté minoritaire anglophone et combien est octroyé ailleurs. Dans le cas de certains programmes, c'est plus facile, notamment en ce qui a trait à la santé, mais dans le cas d'autres programmes, c'est très difficile.
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Un nouveau programme mis sur pied dans le cadre de la Feuille de route a été très positif pour la communauté d'expression anglaise. Il s'agit du
[Traduction]
Fonds de développement culturel. Si nous pouvions demander qu'il soit bonifié, ce serait un programme très important pour notre communauté. Il a réalisé des choses intéressantes en créant une scène artistique et culturelle dans les régions. C'est une initiative d'envergure qui permet de faire voyager les arts, la danse et autres à l'extérieur de Montréal.
Le Fonds du développement culturel était un nouvel élément au financement abordable que notre communauté appuierait, à mon avis.
Bien entendu, il y a aussi la santé. Dans ce domaine, il est encore plus facile de démontrer les effets sur la population.
On peut aussi les démontrer pour les arts et la culture, parce que des habitants des régions réclament des activités culturelles. Je crois que le Fonds pour l'accessibilité...
Il y a aussi le développement économique. C'est un volet essentiel pour s'assurer que les membres de la communauté anglophone peuvent aller travailler, peuvent avoir du travail et peuvent rester dans leur région. Sans travail, on ne peut rester.
Le développement économique est donc très important.
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Merci, monsieur le président. Madame Martin-Laforge et monsieur Thompson, je vous souhaite la bienvenue.
J'ai noté deux choses que vous avez dites. Premièrement, vous avez dit que l'utilisation de la langue était un exemple d'engagement envers la communauté. Ce type d'engagement est caractéristique de l'épanouissement d'une communauté.
Vous avez aussi dit que vous mettiez l'accent sur le développement économique. De plus, vous avez dit que notre ministre a fait preuve d'engagement. Il n'y a pas de doutes, ce gouvernement met beaucoup d'accent sur le bilinguisme et sur l'épanouissement des communautés minoritaires.
Je suis un anglophone de la Colombie-Britannique qui fait l'effort de parler le français. J'étais très fier de notre ministre, lors des derniers Jeux olympiques, qui ont eu lieu dans la circonscription que je représente. Les deux langues officielles étaient représentées. Quand les deux langues n'étaient pas assez présentes, le ministre a posé des gestes pour s'assurer que le français soit parlé lors de la cérémonie de clôture.
Les membres de ce comité ont pris le même type d'engagement. Je pense que chaque membre du comité aime bien ce que vous faites et ce que font les communautés minoritaires dans leur région.
Que faut-il faire pour avoir une feuille de route, sans l'engagement du gouvernement?
[Traduction]
De quoi avez-vous besoin pour que la situation de votre communauté soit si exemplaire que vous n'ayez plus besoin de l'engagement du gouvernement? Qu'est-ce qui vous permettrait d'atteindre un niveau où l'engagement communautaire et le développement économique feront de la solidité et de la force linguistiques des thèmes allant au-delà de notre gouvernement?
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Je suis optimiste. Je dois le dire. Je suis optimiste et j'aimerais que le jour où la communauté anglophone... Je ne peux pas parler au nom des francophones,
[Français]
les francophones hors Québec.
[Traduction]
Je pourrais parler au nom des francophones du Québec, mais je vais me contenter de parler pour les anglophones.
Je suis optimiste de dire que, dans 15 ans, la situation sera telle que la menace de la minorité anglophone du Québec ne sera plus perçue comme la menace du moment. Dans 15 ans, ce ne sera plus perçu comme une menace. Au cours des 15 prochaines années, il nous faudra travailler et trouver des points communs sur lesquels miser pour notre communauté au sein du gouvernement du Québec. Il nous faudra démontrer que si on prive quelqu'un, on ne prive pas tout le monde. Nous prouverons que nous pouvons travailler ensemble, que notre groupe est axé sur la collaboration et qu'une forte communauté anglophone ne constitue pas une menace pour les francophones.
J'ai vécu à Toronto en tant qu'anglophone et je n'avais pas de sentiment d'appartenance à cette ville. Je suis de retour au Québec. Je suis Québécoise. Je suis une anglophone du Québec. Je ne fais pas partie de...
De nombreuses personnes ne comprennent pas comment se sentent les anglophones du Québec qui se retrouvent à Toronto mais qui ne s'associent pas à cette ville et au reste du Canada. J'aime la Colombie-Britannique, mais je ne... Je suis une Québécoise anglophone. Je veux rester au Québec, je veux vivre et je ne veux pas avoir l'impression d'être une menace.
Je ne suis pas atypique dans ma communauté. Même dans ma génération, je ne pense pas être atypique. Je pense que la population veut voir cette réalité se concrétiser dans 15 ans, sans la menace politique.
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Merci, et merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Je me retrouve à la fois un peu dans les deux mondes, c'est-à-dire le monde des langues minoritaires puisque je suis un Franco-Ontarien de Toronto. La famille de ma mère habite principalement dans l'ouest de l'île de Montréal aujourd'hui, mais elle vient de différentes régions du Québec. Mais bien sûr, les meilleures perspectives économiques se trouvent à Montréal pour les anglophones au Québec à l'heure actuelle.
Naturellement, je voudrais tout d'abord parler de la feuille de route et de l'évaluation à mi-parcours, ou peut-être de l'absence d'une telle évaluation. Comme l'a soulevé M. Bélanger, il n'y aura peut-être rien de publié à mi-parcours. M. Trottier a soulevé la question de savoir s'il y a des choses sur la feuille de route qui ne fonctionnent pas bien. Vous parliez vous-mêmes du besoin, peut-être, de mettre l'accent sur certaines questions clés plutôt que d'élargir la portée du mandat.
Je voulais tout simplement vous demander ce que vous pensez de l'utilité d'une évaluation à mi-parcours, car naturellement, même si l'on est en train de suivre cette feuille de route, la prochaine se prépare. Serait-il utile pour vous et pour d'autres d'avoir un rapport à mi-parcours pour commencer à planifier?
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Ils veulent savoir comment obtenir de l'information au sujet des services dans leur langue. Les gens du gouvernement offrent des programmes et des services, mais les aînés veulent savoir à qui ils doivent s'adresser — et pas seulement les aînés, mais aussi les soignants. Ils s'inquiètent beaucoup de ne pas pouvoir comprendre suffisamment la langue ou de ne pas pouvoir se procurer des services parce qu'ils ne savent pas où les trouver.
La communauté anglophone prend de l'expansion à Laval, mais elle explose également à Vaudreuil-Soulanges. Ces gens veulent savoir où se procurer des services. Ils veulent savoir comment attirer des gens qui leur offriront ces services — par exemple des infirmières, peu importe qu'elles soient francophones ou anglophones, tant qu'elles peuvent parler anglais et comprendre suffisamment la langue pour offrir les services.
La question des aînés est intéressante. Il y a les aînés anglophones, mais vous avez parlé des aînés grecs. Nous avons entendu des gens de la communauté italienne, de la communauté grecque et de la communauté noire. Chez les aînés, il n'y a pas seulement les classiques anglophones d'origine écossaise; il y a un recoupement en ce qui concerne les bénéficiaires.
Permettez-moi d'ajouter quelque chose, si j'en ai le temps. Gemma Raeburn-Baynes est l'une des lauréates mentionnées dans le petit ouvrage que je vous ai remis. Elle fait beaucoup de travail auprès des jeunes et des aînés. C'est une bénévole extraordinaire. Elle a déclaré à la télévision que quand les gens vous reconnaissent à l'extérieur de votre communauté, c'est révélateur. J'ai trouvé cela fascinant. Au Québec, nous avons une communauté de communautés.
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps avec mon collègue, M. Aubin.
Lors de votre comparution devant le Comité sénatorial permanent des langues officielles, vous avez constaté que « plusieurs initiatives énoncées dans la Feuille de route n'avaient aucune mesure à offrir aux communautés d'expression anglaise du Québec, notamment en matière d'alphabétisation et de soins aux enfants ».
Madame Martin-Laforge, on a fait une tournée nationale. On a rencontré les communautés minoritaires francophones. Ce qui étonnait beaucoup, c'était de voir des programmes dans les communautés. C'était grâce à l'argent provenant de la Feuille de route qui était envoyé aux provinces. L'argent alimentait des programmes d'alphabétisation, de services à la petite enfance ou de maintien des jeunes dans leur communauté. Par exemple, les familles d'Alberta ont pu avoir des garderies dans des écoles francophones. Cela leur assurait que les enfants fréquentaient une garderie francophone pour ensuite fréquenter l'école francophone.
Sauf erreur, plus tôt, vous sembliez dire qu'au Québec, l'accent n'a pas été mis sur cette question.
Si le gouvernement avait une autre feuille de route, est-ce que ce serait important, selon vous, qu'on considère pour le Québec la question de l'alphabétisation, par exemple, comme on la retrouve dans toutes les communautés.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout comme vous, tout à l'heure, j'ai parlé de l'importance de la communauté anglophone issue des régions comme la mienne. Vous avez parlé de l'importance économique, mais j'aimerais aussi vous parlez de l'importance historique. Malheureusement, elle est souvent oubliée au Québec. Ces communautés ont fait une différence à différentes époques.
J'aimerais souligner qu'en 1995, lors du référendum, contrairement à ce qu'on a véhiculé, les 30 000 voix qui manquaient étaient peut-être dans la région de Montréal. Cette communauté anglophone s'est humblement mobilisée et est allée voter massivement pour pouvoir préserver notre pays. Cette communauté a fait une grande différence dans l'histoire de notre pays.
Ces gens n'ont jamais été reconnus pour leur apport. Bien simplement et humblement, ils ont démontré, de façon démocratique, qu'ils étaient attachés à leur pays et qu'ils y tenaient. Ils ont fait une grande différence dans l'histoire de notre pays.
Je suis fier aujourd'hui de pouvoir le dire, parce que je l'ai senti à l'époque. En 1995, j'étais là. Compte tenu que je connais cette communauté, ils ont fait ce que nous sommes aujourd'hui, soit un beau et un grand pays.
Par l'entremise de nos programmes, pensez-vous qu'on devrait faire plus d'études de notre histoire et de l'histoire de ces communautés un peu partout, au Québec et à l'extérieur du Québec?
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Elle aurait dû l'être. Nous aurons peut-être la possibilité de la lui poser à un moment donné, s'il comparaît devant le comité.
En ce qui concerne les Olympiques, les jeux nous ont effectivement procuré un bon spectacle pendant deux semaines, mais c'était pour deux semaines seulement, et les 400 000 anglophones de l'extérieur de Montréal, ceux que vous appelez les anglophones des régions, n'y ont probablement pas assisté. Je comprends l'importance symbolique des Jeux olympiques, mais je comprends aussi l'importance au quotidien pour ces 400 000 anglophones d'avoir accès à des services d'éducation, d'aide à la petite enfance et de soins de santé dans leur propre langue, surtout pour les aînés, puisqu'arrivés à un certain âge, les gens ont tendance à revenir à leur langue maternelle. Et c'est l'âge auquel on peut être aux prises avec certaines maladies. Je sais de quoi je parle, j'en ai été témoin dans ma propre famille.
Je veux simplement situer les choses dans leur perspective. Je ne nie pas l'importance de ce que vous avez dit, monsieur Weston, mais je ne crois pas que la comparaison soit bonne. C'est pourquoi nous avions une feuille de route, et c'est pour cela que nous avions un plan d'action.
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Pour répondre à votre question, je vais me reporter aux observations qu'ont faites nos membres. Je pense que ce serait un endroit important. Je pense — non, en fait, je sais — que nos membres estiment que le QCGN offre une valeur ajoutée à leur organisation. Il y a un manque d'uniformité, mais nos membres travaillent sur le terrain pour assurer des services aux gens dans leurs collectivités.
Dans les endroits où ils sont moins en mesure de se rassembler et de parler de... En Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, dans les Cantons de l'Est, ils n'ont pas la possibilité de se réunir pour parler de la communauté en général. Ils travaillent dans leurs propres communautés, mais ils n'ont pas la possibilité de faire du réseautage et de discuter entre eux de ce qu'ils font pour les jeunes et de ce qui pourrait être fait à plus grande échelle.
Voici un exemple. Je pense que c'est un excellent exemple que j'ai à vous présenter. Sports Canada nous a consultés cet été relativement à son plan d'action. Les représentants ont rassemblé les communautés minoritaires francophones ainsi que les communautés minoritaires anglophones et leur ont demandé ce qu'elles pensaient du plan d'action de Sports Canada. Nous y sommes allés avec quatre de nos membres des régions. Nous avons discuté de ce que Sports Canada pouvait faire pour les anglophones du Québec. Nous savons par ailleurs que les Jeux du Canada auront lieu à Sherbrooke en 2013. Nous avons donc conçu avec les régions un projet qui vise à mobiliser toutes les régions pour montrer qu'au Québec, il y a une importante communauté anglophone, et cela se fera aux Jeux du Canada de 2013.
Si nous n'avions pas été en mesure d'aider les communautés afin qu'elles puissent venir discuter de cette question, rien ne se serait produit. Je ne sais toujours pas si le projet ira de l'avant, parce qu'il est possible qu'on ne reçoive pas de financement, mais il se pourrait qu'en 2013, les gens de partout au Canada qui se rendront aux Jeux du Canada au Québec, à Sherbrooke, puissent constater qu'effectivement il s'y trouve une communauté anglophone très dynamique. Voilà ce que l'on pourrait montrer, et ce projet a le potentiel de rassembler des jeunes qui pourraient offrir des services et servir de guides et de bénévoles, des jeunes de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, et ils pourraient discuter ensemble et rencontrer d'autres Canadiens.
Je pense que c'est tout à fait valable. Et j'espère avoir raison.