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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, bonjour.
Au nom de la Fédération franco-ténoise et de la communauté francophone des Territoires du Nord-Ouest, nous sommes heureux d'accepter l'invitation du Comité permanent des langues officielles. Je m'appelle Josianne Beaumont et je suis deuxième vice-présidente du conseil d'administration. Je suis accompagnée de notre directrice générale, Claire Beaubien, et de notre ancien directeur général, M. Léo-Paul Provencher.
La mission de la fédération est de promouvoir, encourager et défendre la vie culturelle, politique, économique, sociale et communautaire canadienne-française dans les T.N.-O. afin d'accroître la vitalité de nos communautés francophones. Pour ce faire, la FFT assure la représentation politique, la concertation, la promotion et l'appui au développement de ces communautés, en collaboration avec ses membres et ses partenaires.
En fonction depuis 33 ans, notre organisme offre des services aux citoyens dans les domaines suivants: la santé en français, la jeunesse, l'accueil d'immigrants, l'alphabétisation et les aînés. Nos membres sont présents principalement dans quatre communautés géographiques, soit Yellowknife, Inuvik, Hay River et Fort Smith. Outre le journal hebdomadaire L'Aquilon et la radio communautaire, quatre de ces organismes ont une vocation socioculturelle.
Selon le recensement de 2006, plus de 3 720 personnes ont la capacité de parler le français à l'échelle des territoires, soit 9,1 p. 100 de la population. Précisons que le français était la première langue officielle de 2,6 p. 100 de la population ténoise. Dans le domaine de l'éducation, nous dénombrons 230 élèves dans deux écoles francophones situées à Yellowknife et à Hay River. À cela s'ajoutent quatre programmes d'immersion qui regroupent 350 élèves.
Depuis 2008, la FFT a de grandes réalisations à son actif, dont la création d'une institution d'éducation postsecondaire à Yellowknife, la mise sur pied d'un service d'accueil des immigrants, la participation à Destination Canada à deux reprises et la publication par Réseau TNO Santé en français d'un bottin des ressources humaines et institutions offrant des services en français. Quant à notre service Jeunesse TNO, il a reçu une mention d'honneur de Patrimoine canadien grâce au Forum Multimédia en 2009. Toutes ces initiatives auraient été impossibles sans les investissements contenus dans la Feuille de route. Ces succès justifient amplement que celle-ci soit renouvelée.
Sur le plan de la collaboration et de la consultation communautaires, nous tenons à souligner les efforts de certaines agences fédérales qui prennent au sérieux leurs obligations en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Certains des membres du comité ont eu l'occasion de visiter notre communauté à l'hiver 2011 et de prendre connaissance de nos difficultés en matière d'espaces communautaires. Celles-ci ne sont toujours pas réglées, mais nous sommes satisfaits du résultat de nos démarches auprès du commissaire aux langues officielles.
Lorsqu'on jette un coup d'oeil aux investissements de la présente Feuille de route, on constate que plusieurs initiatives régionales y sont incluses. Nous nous désolons de voir qu'aucune de ces initiatives ne visait les territoires, malgré nos besoins en infrastructures, tant sur le plan scolaire que sur le plan communautaire.
L'un des problèmes récurrents de la vie dans le Nord est la grande mobilité de la main-d'oeuvre. La durée de résidence est inférieure à cinq ans. Les entreprises et les gouvernements peinent à pourvoir tous les postes disponibles et dépensent des fortunes en recrutement. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, notamment les services à la petite enfance. À Yellowknife, les frais de garde mensuels sont de 700 $ par enfant; à Inuvik, ils sont de 850 $. Cette réalité rend difficile la réintégration des jeunes mères sur le marché du travail et a donc un impact économique.
L'exemple précédent illustre bien les défis qu'occasionne le coût élevé de la vie dans le Nord. Cela se répercute aussi dans l'évaluation de nos résultats. Il est clair qu'en calculant la quantité de services dispensés par dollar investi, les territoires arrivent loin derrière les provinces ayant des concentrations urbaines élevées. Non seulement nos nombres absolus sont-ils faibles, mais nos dépenses en salaires, en logement, en transport et en énergie sont souvent décuplées.
À l'égard du traitement des citoyens du Nord, il nous semble donc nécessaire d'émettre le principe d'équité et d'égalité d'accès au moment de désigner les paramètres des programmes gouvernementaux et d'évaluer les résultats atteints. Au cours des dernières semaines, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et les représentants de la communauté francophone ont finalisé un plan stratégique en matière de communications et de services en français. Il s'agit d'un développement important et significatif dans l'histoire de la communauté francophone des T.N.-O.
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Bonjour,
good morning, ullaakkut. Monsieur le président, membres du comité, nous vous remercions de votre invitation à comparaître devant le Comité permanent des langues officielles. C'est avec plaisir que nous venons partager notre vécu dans le but de contribuer à l'évaluation de la Feuille de route pour l'amélioration des programmes et de la prestation des services.
Nous vous présenterons très brièvement l'Association des francophones du Nunavut, ses acquis et ses défis. Par la suite, nous expliquerons l'impact positif de la Feuille de route sur l'épanouissement de la communauté franco-nunavoise, et pourquoi il est essentiel que la Feuille de route soit renouvelée.
Organisme porte-parole de la communauté franco-nunavoise depuis 30 ans, l'AFN a pour mission d'oeuvrer à l'affirmation et au plein épanouissement de la francophonie au Nunavut dans une perspective d'harmonie avec les autres cultures. La gouvernance communautaire de la minorité francophone au Nunavut est un agent essentiel de sa vitalité.
À titre d'organisme représentatif de la communauté, l'AFN veille à la concertation et à la mobilisation du réseau associatif. Nous participons aux démarches pour la mise en oeuvre de la loi territoriale sur les langues officielles.
Au niveau du gouvernement fédéral, il y a peu de ministères sur place et peu de services en français. Du côté territorial, la Loi sur les langues officielles du Nunavut a été adoptée en 2008 et elle devrait être mise en oeuvre dès 2012. Il y a peu de services en français offerts jusqu'ici, mais le gouvernement du Nunavut dispose d'une direction des langues officielles, d'un ministre des langues et d'une commissaire aux langues.
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Depuis 1999, le ministère du Patrimoine canadien fournit un appui financier pour soutenir la vitalité de la communauté francophone. Grâce à des ententes de transfert de fonds du gouvernement du Canada aux provinces et aux territoires, nous recevons également un soutien financier du ministère de la Culture, de la Langue, des Aînés et de la Jeunesse du gouvernement du Nunavut. Nous avons aussi reçu du financement de RHDCC et de CanNor.
Les contributions nous permettent de travailler à consolider nos acquis, car la vitalité d'une communauté de langue officielle en situation minoritaire ne va pas de soi. Nous avons de nombreux défis, et le maintien de la vitalité linguistique et communautaire engendre des coûts réels très importants, surtout dans le Nord.
Dans le domaine des arts et de la culture, notre centre communautaire et culturel a une vocation multidisciplinaire. Les arts de la scène et la musique sont particulièrement prisés. Comme il n'existe aucune salle de spectacle à Iqaluit, le Franco-Centre est un lieu de ralliement privilégié pour les artistes locaux, toutes langues confondues, et pour les organismes qui désirent une salle pour présenter leurs activités culturelles.
Le soutien financier contribue à la création, à l'amélioration et à la prestation d'activités et de services aux francophones et à l'ensemble de la communauté. C'est en continuant à investir dans la tenue de nos activités que nous pourrons diversifier notre offre, bonifier notre programmation et augmenter le nombre d'activités et de participants, tout en appuyant les intervenants de la communauté dans leurs efforts pour promouvoir la culture sous toutes ses formes.
Dans le domaine des communications, la station CFRT — qu'on appelle « C-FRET » — est non seulement une radio communautaire, mais surtout la seule radio francophone au Nunavut. C'est le seul moyen disponible pour les francophones qui désirent être informés en français et écouter une radio locale dans leur langue, pour diffuser les messages publicitaires en français et pour diffuser les annonces publiques gouvernementales en français. Il en va de même pour le Nunavoix, notre journal local. Avec la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles du Nunavut, les médias français deviendront des incontournables, car les communications à la population devront aussi se faire en français. Sans financement, il n'y a plus de communications en français.
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Dans le domaine de l'éducation, la Commission scolaire francophone du Nunavut offre des services éducatifs aux jeunes du préscolaire, du primaire et du secondaire. En 2013, elle aura pour la première fois des finissants de 12
e année. En effet, les jeunes francophones de la 9
e à la 12
e année bénéficient actuellement d'un programme francophone en collaboration avec l'école anglophone Inukshuk.
Dans la foulée du développement économique d'Iqaluit et du Nunavut, la CSFN a vu sa clientèle doubler, c'est-à-dire passer de 47 élèves en 2006 à 93 élèves en 2011. De plus, elle offre des services de soutien à l'enseignement à domicile à des élèves francophones de Coral Harbour et de Pangnirtung.
En collaboration avec le ministère de l'Éducation du Nunavut et Patrimoine canadien, la CSFN souhaite offrir sous peu une classe de francisation à temps plein pour les enfants de 4 ans et réintégrer graduellement les élèves de 9e année à l'école des Trois-Soleils, de même que les élèves du 2e cycle du secondaire. Leur retour au bercail permettrait de consolider leur identité francophone et leur sentiment d'appartenance à une communauté qui a grand besoin de tous ses membres pour assurer sa survie et sa croissance.
Dans le domaine de la petite enfance, le CPE Les Petits Nanooks offre un service éducatif de haute qualité basé sur le programme éducatif en francisation. Le CPE Les Petits Nanooks offre aussi aux familles exogames des outils qui favorisent l'utilisation du français à la maison. Cependant, compte tenu des réalités géographiques, les coûts sont élevés, les effectifs réduits, la rétention du personnel difficile et les ressources éducatives manquantes ou non accessibles. Aussi, la faible capacité d'accueil nuit au développement de la garderie. En effet, la demande augmente, mais le nombre de places disponibles reste le même. Les défis sont grands et l'obtention d'appui financier est donc essentielle pour assurer la continuité des services en français aux familles et aux enfants.
En santé, le Résefan intervient dans le domaine du mieux-être de la communauté francophone, de l'état de santé de ses membres et des enjeux d'accessibilité aux services de santé et aux services sociaux. Le Résefan propose des activités rejoignant les gens dans leur quotidien dont le badminton, la baignade familiale, les samedis jeunesse et la sensibilisation aux maladies. Beaucoup reste encore à faire en promotion de la santé, en mise en place des services et en concertation avec le gouvernement territorial.
Pour ce qui est du développement économique, le Conseil de coopération du Nunavut a été mis sur pied en 2009. Le conseil oeuvre à favoriser le développement durable et l'entrepreneuriat social, et ce, en harmonie avec les cultures et les populations du Nord, tout en faisant la promotion des intérêts de la communauté francophone du Nunavut.
En résumé, l'AFN et les organismes communautaires du Nunavut ont réussi, grâce au soutien financier, à produire des résultats tangibles pour la communauté franco-nunavoise, et ces résultats s'inscrivent dans l'engagement du gouvernement canadien dans l'aide au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. C'est pourquoi nous recommandons le renouvellement et la bonification de la Feuille de route pour assurer la pérennité et l'épanouissement de notre communauté.
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Pour la prochaine Feuille de route, nous recommandons de miser sur l'expertise des organismes de la communauté francophone et de procéder à des consultations. Nous sommes solidement ancrés dans la communauté et nous comprenons la réalité des Franco-Nunavois. Il est important pour la vitalité et l'épanouissement de notre communauté que la Feuille de route corresponde à la réalité, aux besoins, aux attentes et aux priorités de la communauté franco-nunavoise.
Nous recommandons aussi de renforcer la capacité des organismes communautaires et d'accroître les investissements, afin de nous permettre de continuer à offrir des produits et des services qui répondent aux attentes des citoyens et auxquels ils ont droit. Grâce à la connaissance que nous avons de notre milieu, nous sommes en mesure d'apporter une contribution importante à l'épanouissement de la collectivité que nous desservons.
Il est un facteur à ne pas négliger: au Nunavut, il est difficile de recruter les ressources humaines requises et le taux de roulement est élevé. Si, en plus, la capacité financière diminue, il y a très vite érosion des services offerts. Cet état de fait fragilise la capacité des individus et des familles à recevoir des services en français, des services en santé, en éducation, en petite enfance et en produits culturels, artistiques et récréatifs dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit.
Nous recommandons aussi de favoriser la concertation et la collaboration entre les composantes de la communauté. Le réseautage, les partenariats et la collaboration interorganismes francophones sont essentiels, car nous partageons les mêmes défis, les mêmes problèmes et le même désir d'améliorer l'accès aux services. De plus, au Nunavut, nous avons besoin d'appui pour la mise en oeuvre de la loi territoriale sur les langues officielles afin d'atteindre des résultats concrets.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je m'appelle Jules Custodio et je suis président de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador. Je souligne la présence à mes côtés de M. Gaël Corbineau, directeur général. Nous souhaitons tout d'abord vous remercier de votre invitation à comparaître et de donner ainsi la chance à notre communauté de s'exprimer au sujet de la Feuille de route.
Depuis 1973, la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador oeuvre à l'avancement, à l'épanouissement et à la reconnaissance des communautés francophones et acadiennes de notre province. La fédération regroupe aujourd'hui six membres, dont trois sont des représentants des principales régions francophones de la province, et trois autres, des organismes provinciaux oeuvrant au développement de la petite enfance, de la jeunesse et de l'économie.
Présentes depuis plus de 500 ans, nos communautés sont aujourd'hui principalement réparties dans trois régions, toutes séparées les unes des autres par 800 à 2 100 km. Vous devinerez, mesdames et messieurs les députés, que l'éloignement géographique est pour nous un handicap majeur.
Selon le recensement de 2006, notre communauté représente 0,4 p. 100 de la population provinciale. En plus, environ 25 000 personnes savent s'exprimer en français. En 2009, avec l'appui de Patrimoine canadien, nous nous sommes dotés du Plan de développement global 2009-2014, qui précise les secteurs d'intervention prioritaires et les objectifs à atteindre pour notre communauté, lesquels correspondent aux domaines prévus par la Feuille de route 2008-2013.
Abordons maintenant l'impact de la Feuille de route 2008-2013 sur nos communautés. L'approche interministérielle de la Feuille de route actuelle a facilité notre développement dans la totalité de nos secteurs prioritaires en mettant plus en avant la responsabilité de l'ensemble des ministères fédéraux dans le développement de nos communautés. Depuis 2008, la Feuille de route a eu de nombreux impacts positifs dans la vie quotidienne de nos communautés.
D'abord, il y a les services à la petite enfance. En soutenant la continuité de l'offre, la Feuille de route a favorisé une forte croissance de ce secteur, à tel point que notre défi est désormais de pouvoir répondre à la demande et ainsi de limiter l'assimilation des plus jeunes. Par exemple, la garderie francophone de Saint-Jean peut accueillir 14 enfants, mais en compte en moyenne 30 sur sa liste d'attente. Ce sont autant d'enfants qui risquent fortement d'être assimilés, faute de pouvoir être accueillis dans un environnement francophone.
Ensuite, nous avons les infrastructures communautaires. Lors des dernières années, notre communauté a bénéficié de plusieurs nouvelles infrastructures importantes pour notre développement, dont un nouvel édifice pour l'école française Boréale de Goose Bay, la création de sites Internet communautaires pour faciliter la communication en ce qui a trait aux activités et aux services dans la communauté, et la mise en place de notre radio communautaire provinciale. Ces investissements sont essentiels au maintien et au développement de nos communautés et permettent d'offrir aux citoyens encore plus d'activités.
Nous avons aussi créé un Réseau en immigration francophone. Notre poids démographique étant faible et la communauté souhaitant le maintenir, voire l'augmenter, nous avons mis en place un Réseau en immigration francophone. Nos résultats augmentent d'année en année. Nous accompagnons les nouveaux arrivants, la communauté et les employeurs dont les besoins croissent proportionnellement à la situation économique favorable de notre province.
Il y a aussi le financement d'un Bureau des services en français. Par l'intermédiaire de la Feuille de route, notre gouvernement provincial finance le Bureau des services en français, qui apporte une aide précieuse à nos organismes en les dirigeant dans les méandres de l'administration provinciale. Nous regrettons que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador n'ait toujours pas mis en oeuvre une politique des services en français. Néanmoins, nous constatons que le travail de sensibilisation fait par le Bureau des services en français auprès des interlocuteurs provinciaux est fructueux, étant donné l'augmentation régulière de l'offre des services ou d'informations en français.
Je vous présente maintenant nos constats et nos recommandations en abordant l'opacité des fonds alloués dans la Feuille de route. Nous constatons avec regret qu'il est très difficile aujourd'hui de connaître avec exactitude le montant auquel s'élèvent les fonds qui sont dépensés dans notre province sous la Feuille de route et l'emploi qui en est fait. De plus, l'incertitude prédomine quant à I'utilisation des fonds transités par le gouvernement provincial.
Nous pensons qu'il serait bénéfique pour le gouvernement fédéral et les communautés linguistiques minoritaires qu'une politique de transparence complète relativement au suivi des fonds de la Feuille de route soit adoptée. Cela rendrait ainsi beaucoup plus claire l'action du gouvernement fédéral auprès des citoyens en fournissant de l'information sur les sommes réellement dépensées dans leur communauté plutôt que sur d'importants montants nationaux qui, bien souvent, sont peu concrets dans l'esprit des gens.
Parlons du secteur culturel et des fonds de programmation. Parmi tous les domaines sur lesquels les communautés travaillent, le secteur culturel en est un qui souffre terriblement du manque de financement, alors qu'il est un axe prioritaire de notre Plan de développement global. Si la culture est indispensable à la préservation de notre identité culturelle, le besoin dans une si petite communauté que la nôtre en est proportionnellement plus criant. Bien que nous ayons tout fait pour augmenter et diversifier les revenus de notre réseau ces dernières années, nous constatons avec regret que son autosuffisance financière relève de l'impossible si elle doit n'être basée que sur les revenus des projets. Nous souhaitons donc que, dans le cadre des futures Feuilles de route, soient prévus des budgets de fonctionnement des réseaux culturels afin qu'ils puissent relever ces défis et rendre à nos citoyens le service qu'ils sont en droit d'attendre.
En ce qui a trait à la pluriannualité des ententes de contribution, nous nous réjouissons que de plus en plus d'ententes de contribution soient aujourd'hui pluriannuelles, mais ce n'est pas encore toujours le cas. Cela est un facteur d'instabilité et de fragilité pour nos organismes, notamment à cause de la difficulté de retenir notre personnel dans de telles situations. Nous souhaitons donc que, pour toutes les ententes de contribution conclues entre les organismes communautaires et les ministères fédéraux, soit généralisée une durée de trois ans, et qu'il y ait un engagement pour que les processus de renouvellement de celles-ci soient clos au plus tard trois mois avant leur échéance.
Pour ce qui est du développement de la petite enfance, nous considérons comme primordial, monsieur le président, que cela demeure une forte priorité de la future Feuille de route, et que soient accentués les efforts afin de réduire l'assimilation, en favorisant la rétention des enfants dans le système francophone.
En conclusion, en ces temps de restrictions budgétaires, nous soulignons les effets désastreux qu'auraient des compressions dans les budgets déjà très serrés des organismes communautaires, et nous recommandons sans réserve le renouvellement et la bonification de la Feuille de route, conditions indispensables à la vitalité et au dynamisme de nos communautés et au bilinguisme du Canada.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, au nom de tous les francophones de Terre-Neuve-et-Labrador, nous vous remercions de votre attention.
J'ai l'impression d'être dans une course contre la montre.
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Bonjour. Je suis ici pour vous parler de l'importance de la recherche en ce qui a trait à l'appui au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Vous ne serez sans doute pas surpris de cela, puisque je représente un institut de recherche, mais nous ne sommes pas les seuls à parler de l'importance de la recherche. Je me suis d'ailleurs demandé si la question de la recherche avait été abordée au sein de votre comité. Selon les comptes rendus des séances publiques du comité disponibles par Internet, 20 organismes communautaires, agences ou ministères gouvernementaux ont parlé de la recherche. J'ai consulté les comptes rendus des séances nos 1 à 32; il faudrait faire une mise à jour.
Plusieurs organismes ont exprimé leur besoin de recourir à la recherche et à des données probantes pour mener leurs activités. Le besoin se fait sentir à deux étapes importantes dans les projets que mènent les organismes et les agences gouvernementales: lors de la conception et de la planification des projets, et lors de l'évaluation des résultats. Le danger d'un manque de recherche est d'élaborer des politiques publiques ou des projets communautaires qui ne maximisent pas les ressources investies. Le risque d'erreurs est accru.
Je cite deux extraits de comparutions devant ce comité-ci:
En n'ayant pas de données probantes, nous sommes obligés de nous rendre sur le terrain pour essayer d'identifier les besoins à l'aveuglette.
C'était un commentaire d'Aurel Schofield, de la Société Santé en français.
Un autre extrait se lit comme suit:
Sans recherche, nous devons — je dirais — donner beaucoup de coups d'épée dans l'eau avant de trouver un modèle qui fonctionne.
Cet extrait provient du témoignage d'une représentante du Black Community Resource Centre.
Une question me vient à l'esprit: le gouvernement veut-il investir dans les communautés de façon efficiente ou préfère-t-il prendre le risque d'investir dans des projets hasardeux? La réponse se trouve dans le rapport de mi-parcours de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne:
Alors que le gouvernement doit faire face à une période économique difficile, au cours de la dernière année de la Feuille de route, des efforts seront déployés pour maximiser l'utilisation des investissements publics dans l'espoir d'obtenir les meilleurs résultats possibles pour les Canadiens.
Le gouvernement et les organismes sont responsables des sommes qu'ils investissent dans les communautés. Pour s'assurer d'un impact maximal dans les communautés, le gouvernement doit donc prévoir une proportion des investissements qu'il fera pour la recherche, pour des études et pour l'obtention des données probantes.
Nous sommes d'accord avec la Fédération des Acadiens de la Nouvelle-Écosse qui a plaidé devant votre comité pour un renforcement des capacités de leur organisme et institution, notamment en ce qui a trait à la recherche et à l'évaluation. Je cite son représentant:
Or, à l'heure actuelle, les clauses linguistiques des ententes de transfert ne permettent pas au gouvernement de s'assurer que les fonds ont bien été dépensés de la manière prévue, avec un bénéfice pour les citoyens de langue française vivant en milieu minoritaire. Pourtant, il s'agit de l'argent des contribuables. [...]
En ce moment, nous avons de la difficulté à déterminer certains éléments, par exemple les indicateurs de vitalité, et ça rend le travail sur le terrain difficile.
Si j'étais à la place du gouvernement, je serais inquiet d'entendre de tels propos. Celui-ci s'apprête à investir des sommes importantes dans les communautés. Tous les organismes devraient réserver une portion de leur budget à la recherche et à l'évaluation afin de maximiser leur action.
Nous sommes d'accord avec l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne qui a recommandé que chaque groupe porte-parole des communautés minoritaires puisse recevoir du financement qui lui permettrait de travailler avec des chercheurs spécialisés en recherche sur la vie en situation minoritaire pour que soit réalisée une étude continue sur les impacts des investissements.
Au Sommet des communautés francophones et acadiennes tenu en 2007, les organismes et près de 700 participants ont aussi reconnu l'importance de la recherche pour le développement des communautés francophones.
Je salue les ressources et les efforts consentis par le gouvernement dans le domaine de la recherche en santé, mais il faudrait des ressources et un effort équivalents dans d'autres secteurs comme le développement économique et social, le développement des ressources humaines, les compétences essentielles et la littératie, l'immigration, les arts et la culture. Plusieurs intervenants font un lien entre la recherche, la vitalité et le développement des communautés en situation minoritaire. Dans une étude commandée par le commissaire aux langues officielles, les auteurs démontrent ce lien. J'en cite un extrait:
La connaissance, la recherche et l'évaluation de la vitalité paraissent essentielles au rehaussement de la vitalité elle-même.
Toutefois, il faut aussi de la recherche fondamentale. En ce sens, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada doivent jouer un rôle important. En 2008, le Commissariat aux langues officielles a publié un rapport sur le rôle des organismes fédéraux de financement de la recherche du Canada dans la promotion des langues officielles. Après avoir relevé les nombreux obstacles et défis qui se dressent devant les communautés de langue officielle en situation minoritaire en matière de recherche, il fait plusieurs recommandations. J'en cite deux:
établir un mécanisme de financement particulier à l'intention des petites universités bilingues et de langue officielle en situation minoritaire en vue de leur permettre de soutenir les capacités de recherche des professeurs et des étudiants et de fournir l'assistance administrative nécessaire;
prévoir un financement stable réservé à la recherche sur des questions liées aux langues officielles et en diffuser les résultats;
Or, les IRSC viennent d'abandonner leur programme de recherche pour les CLOSM. Le CRSH avait aussi un programme similaire qui a également été abandonné il y a quelques années. Je crois qu'on devrait ramener ces programmes et que ces agences fédérales devraient être incluses comme partenaires de la Feuille de route. Ces programmes étaient une façon de lever en partie les obstacles qui se dressent devant les chercheurs en milieu minoritaire.
Par ailleurs, je crois qu'on devrait également reconnaître Statistique Canada comme partenaire de la Feuille de route. Comme l'a souligné son représentant auprès de votre comité, Statistique Canada joue un rôle dans la mise en oeuvre de la Feuille de route en fournissant des analyses et des données essentielles au travail des ministères et des organismes communautaires.
En terminant, je dirai que le gouvernement fédéral doit reconnaître la recherche comme une composante importante de la vitalité et du développement des CLOSM. Nous sommes dans une société du savoir. Le savoir joue un rôle important et stratégique pour le développement de la société canadienne. Il le joue tout autant pour les communautés en situation minoritaire.
Les objectifs de la Feuille de route en matière de recherche étaient timides. On y faisait très brièvement mention de la recherche pour la petite enfance, l'immigration et les technologies langagières. Pour ce qui est de mieux coordonner la recherche, notamment entre les milieux communautaires, gouvernementaux et scolaires, ce n'était pas un objectif de la Feuille de route. Pourtant, cette question a été discutée lors du symposium organisé par le gouvernement fédéral sur la recherche portant sur les langues officielles, qui s'est tenu en 2008 et en 2011. Dans la Feuille de route, on a aussi oublié les autres domaines d'activité et de recherche qui sont tout aussi importants.
Je crois que nous pouvons en faire plus dans le cadre d'une initiative qui vise le développement des communautés en situation minoritaire. Je m'attends à ce que, dans la Feuille de route, le gouvernement prenne la mesure de l'importance de la recherche et de l'importance de mieux arrimer les trois pôles de la recherche, soit les milieux scolaires, communautaires et gouvernementaux.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je me joins à vous pour souhaiter la bienvenue à M. Benskin ainsi qu'à M. Dionne Labelle, qui sont de nouveaux membres au sein de ce comité. Je pense que cela va amener des nouvelles idées et qu'ils pourront peut-être nous aider à changer la manière dont le gouvernement se comporte en matière de langues officielles et à faire progresser l'agenda à cet égard.
J'aimerais souhaiter la bienvenue également à nos invités qui sont venus nous rencontrer ce matin.
Ma première question va porter sur la Feuille de route. En 25 ans, le Comité permanent des langues officielles n'avait jamais eu l'occasion de faire une tournée nationale. Finalement, on en a fait la demande et on a réussi à faire cette tournée. Cependant, les seuls qui n'étaient pas impliqués à ce sujet étaient les territoires. Par ailleurs, avant l'élection de 2011, on a fait une tournée chez vous. On a rencontré les gens. On a pris le temps de discuter pendant quelques jours pour commencer à préparer un rapport à présenter au Parlement. Cependant, vous avez constaté que le gouvernement a décidé qu'il ne voulait pas que ce soit présenté au Parlement.
Pourriez-vous me dire ce que vous ressentez à cet égard? Vous êtes les seuls qui n'ont pas été entendus au Parlement. Nous voulions aussi nous rendre au Nunavut. Vous sentez-vous comme des citoyens de deuxième classe? J'aimerais vous entendre à ce sujet. On parle de la Feuille de route et de l'amélioration des conditions des minorités au Canada. Le gouvernement a dépensé plus de 100 000 $ pour aller rencontrer les communautés. C'est comme si quelqu'un s'était allumé une cigarette avec ce montant d'argent.
La Feuille de route, globalement, a permis aux 12 ou 13 organismes communautaires de créer un milieu de vie plus dynamique et plus actif qui profite de certains services.
Je peux vous donner une mesure de rendement. En 2003, quand j'ai été nommé directeur général, les francophones demeuraient, en moyenne, deux ans et demi dans les Territoires du Nord-Ouest. Pour l'année 2011, année où j'ai quitté mes fonctions, le rapport indique qu'ils y demeurent presque cinq ans.
Je suis convaincu que cette différence de durée de séjour est attribuable à notre communauté. Elle est plus active et elle a été mieux soutenue, notamment par la Feuille de route.
On peut chiffrer cette différence. On est 1 200 francophones, même si, comme on l'a dit plus tôt, on est plus que ça à parler le français. Étant donné que le processus de sélection aux Territoires du Nord-Ouest peut coûter 15 000 $, si on garde 100 ou 200 francophones de plus par année, vous pouvez facilement faire le calcul des économies réalisées. J'en ai fait le sommaire et j'arrive à des économies de 1 million de dollars par année. Ça s'explique par une plus longue rétention des francophones. On les maintient longtemps parce qu'on a une structure pour développer une vie communautaire et une vie de partenaire communautaire avec notre milieu et notre gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, messieurs, mesdames.
Premièrement, je voudrais reprendre mon commentaire d'il y a quelques semaines. Lorsque quatre groupes viennent témoigner lors d'une seule séance, c'est leur rendre injustice. On n'a pas vraiment le temps d'approfondir les questions ni de bien les comprendre.
C'est d'autant plus vrai que, ce matin, les groupes présents proviennent de trois régimes linguistiques distincts. Le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et Terre-Neuve-et-Labrador ont, en effet, chacun un régime linguistique différent et des lois spécifiques. À Terre-Neuve-et-Labrador, c'est la Loi sur les langues officielles qui s'applique. Cette loi ne s'applique pas de la même façon dans les territoires. Alors, vraiment, on n'aura pas le temps d'approfondir le sujet, ce matin.
Par ailleurs, c'est la première fois que je rencontre des gens du Nunavut. Merci d'être là. Je comprends que vous ayez des contraintes. On pourrait rencontrer moins de gens ou étirer encore plus le temps. De toute façon, si on prolonge l'étude, ça va satisfaire la volonté du gouvernement que notre comité tourne dans le vide.
Bref, ce n'est pas rendre justice aux gens, surtout que notre sujet de recherche est...
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Qui plus est, il y a autre chose que vous ne savez pas. En septembre, lorsqu'on a commencé cette étude de la Feuille de route, on a reçu bon nombre de gens. En février, les fonctionnaires de Patrimoine canadien sont venus nous dire que c'était notre comité qui devait faire l'évaluation de la Feuille de route. On ne le savait même pas à ce moment-là. Alors, on a sept minutes pour vous entendre, et ça, c'est l'évaluation de la Feuille de route. J'ai hâte de voir le résultat.
Monsieur Forgues, je vous remercie de ce que vous avez dit. J'aimerais avoir une copie de votre témoignage parce qu'on y retrouve des éléments très importants qui n'ont pas encore été soulevés. J'espère qu'on va les retrouver dans le rapport. Il ne faut pas les oublier.
À la suite du recensement de 2006, on avait fait faire une étude en profondeur sur la vitalité des communautés. Il faut dire qu'on avait réussi à avoir un certain montant d'argent. Je pense que cette étude a coûté 7 millions de dollars. D'après ce qu'on a entendu jusqu'à maintenant, les gens de Statistique Canada ne disposeront plus de cette somme, à la suite du recensement qu'on vient de vivre. On va donc perdre la continuité.
Grâce aux gestes de la FCFA, quelques questions ont été incluses au questionnaire court. L'information qu'on pourrait aller chercher serait donc peut-être comparable, pour ce que ça vaut.
J'aimerais aborder le sujet de la petite enfance. Pour Terre-Neuve-et-Labrador, vous dites que vous avez 14 espaces. Depuis quand avez-vous 14 espaces?
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C'est surprenant ce qu'on vient de découvrir. Je m'excuse d'avoir découvert ces choses.
En 2006, le gouvernement a décidé d'annuler les ententes dans le domaine de la petite enfance. Vous êtes sûrement au courant de cela. Dans ces ententes, il y avait une clause relative aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, mais elle a été éliminée. Je veux que vous sachiez aussi que j'ai posé une question au gouvernement, qui est inscrite au Feuilleton. C'est un mécanisme que les députés peuvent utiliser pour obtenir de l'information du gouvernement. J'ai demandé combien de places avaient été créées pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire depuis 2006. On m'a répondu qu'on ne le savait pas. Le gouvernement n'est pas capable de donner une réponse et je viens de découvrir pourquoi. Je vous remercie de vos réponses de ce matin.
Madame Beaumont, je vous remercie infiniment d'avoir recommandé que le comité termine son étude et fasse un rapport. Malheureusement, cela a été proposé et a fait l'objet d'une séance à huis clos, de sorte qu'on ne peut plus en parler. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus.
Je vais changer de sujet et parler de l'immigration. J'ai cru comprendre que c'est un facteur important pour les communautés. Pouvez-vous me dire si des cours de français destinés aux immigrants sont offerts dans vos communautés? Je parle bien de cours de français.
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Merci bien, monsieur le président.
Merci à nos invités d'aujourd'hui.
Je ne sais pas si vous le savez, mais notre était avec le président Obama dans le Rose Garden, aux Bahamas, il y a quelques semaines. M. Obama a alors déclaré que M. Harper était plus intelligent que lui parce qu'il doit s'exprimer dans deux langues. C'était une petite blague, mais c'est quelque chose qui me rend fier d'être Canadien. Nous avons deux langues officielles et tout le monde sait que si on veut visiter le Canada ou demeurer au Canada, on peut s'exprimer dans deux langues.
Madame Chartrand, vous avez dit qu'il y avait de grands défis dans le Nord, où il y a une faible densité de population. D'autres témoins ont dit au comité qu'il y avait de l'espoir du côté de la petite enfance. Je pense que c'est normal. Les enfants ont plus d'années devant eux pour mieux apprendre des langues. Mes trois enfants ont eu la chance de suivre une formation en immersion française à West Vancouver, et leur avenir est meilleur grâce à cela.
Je ne suis pas certain de ce qu'on a dit aujourd'hui au sujet de la petite enfance. Quelles sont les installations? Qu'est-ce que la Feuille de route peut faire pour la petite enfance, madame Chartrand?
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Tout d'abord, je veux souhaiter la bienvenue à tous les témoins. Merci beaucoup d'être ici.
Je veux aussi me joindre à mes collègues pour remercier les gens de la Fédération franco-ténoise et de l'Association des francophones du Nunavut d'avoir parlé de l'étude sur le Nord.
Au cours du mois de novembre, j'ai eu la chance d'assister à l'assemblée générale de l'Association franco-yukonnaise. J'ai donc déjà un certaine idée des réalités nordiques. Je pense qu'il serait très bénéfique que tous les membres de ce comité aient plus d'information sur vos réalités avant d'élaborer une prochaine Feuille de route.
Je vous remercie donc d'avoir fait part de ce commentaire et j'espère que vos voix finiront par être entendues par ce gouvernement.
Monsieur Forgues, je pense que vous avez aussi soulevé des éléments très intéressants sur le plan de la recherche. On n'a pas assez abordé ce point au sein du comité. J'ai quelques questions pour vous.
On a entendu parler assez récemment, entre autres dans The Globe and Mail, des compressions budgétaires à Statistique Canada et des conséquences que ça pourrait avoir sur les études subséquentes.
Pourriez-vous nous parler plus précisément de l'effet que ces réductions à Statistique Canada pourraient avoir sur la recherche en matière de langues officielles?
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Au fond, le financement de base accordé aux organismes communautaires des Territoires du Nord-Ouest est d'environ 600 000 $ par année, et il est complété par des projets ponctuels. Le financement de base permet de maintenir un minimum d'infrastructures communautaires pour soutenir les activités destinées à offrir des services à la communauté, que ce soit pour la jeunesse, les aînés, l'immigration, la santé ou autre chose. Il faut un minimum de ressources humaines et d'organisation pour maintenir la vitalité communautaire du réseau. Au-delà de cela, les infrastructures mises en place au fil du temps ont été les écoles, les garderies, le collège dont j'ai parlé tout à l'heure, le maintien de la radio et d'un journal malgré le très petit nombre de personnes. C'est indispensable.
Monsieur le député, à la suite de votre question, j'aimerais faire des commentaires sur les répercussions du maintien et du roulement des ressources chez nous sur le plan de la capacité de gouvernance. On n'évalue pas toujours les conséquences du fait que le personnel et les bénévoles administrateurs de nos organismes changent régulièrement. Cela impose un soutien de gouvernance très important, de formation quasi perpétuelle ou continuelle. Chaque année, il y a de nouvelles personnes autour de nos tables et pour assumer le leadership du développement communautaire. Les liens avec les communautés et les organismes gouvernementaux sont à refaire régulièrement. Les fonctionnaires fédéraux vivent la même chose.
J'ai été témoin du changement des ressources à Patrimoine canadien depuis les huit dernières années, presque tous les ans ou tous les deux ans. Ces gens aussi font face au défi de connaître ceux avec qui ils font affaire, leur milieu et leur communauté.
Sur le plan de la gestion communautaire, c'est un défi énorme de former sans cesse des gens à se prendre en charge comme communauté.
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Merci et bienvenue parmi nous.
Je suis nouveau au comité et je vais faire un petit commentaire en anglais, car c'est moins élégant quand je parle en français.
[Traduction]
Il y a un point sur lequel j'aimerais revenir.
[Français]
Je parle de ce que M. Forgues a dit.
[Traduction]
Il a dit avoir présenté une demande d'étude et que celle-ci avait été refusée sous prétexte que les francophones sont bilingues.
[Français]
En général, on ne parle pas seulement de la langue.
[Traduction]
Des témoins ont parlé d'élever leurs enfants dans un milieu francophone.
[Français]
C'est une question de culture, que ce soit au Québec ou à l'extérieur du Québec.
[Traduction]
C'est une question de préserver la culture et tout ce qui l'entoure, dont la langue qui en est l'élément central.
Selon moi, il s'agit davantage d'une question de culture que d'une simple question de langue.
[Français]
Aujourd'hui, 97 p. 100 des gens de moins de 35 ans des communautés anglophones du Québec sont parfaitement bilingues.
[Traduction]
La communauté anglophone du Québec désire préserver sa culture. Je suis convaincu que dans le Nord — et à Terre-Neuve-et-Labrador —, les gens désirent non seulement enrichir et conserver leur langue, mais aussi enrichir leur culture. Celle-ci doit être tout aussi unique que le Nord lui-même, je n'en ai aucun doute.
Dans le cadre de ses travaux, le comité doit garder en mémoire qu'il ne s'agit pas simplement d'une question de langue, mais bien d'une question de culture.
[Français]
Quelques-uns d'entre vous ont parlé de la radio communautaire et des communications dans le Nord. Je viens du monde de la culture. Je veux seulement, si possible, étendre la discussion au rôle des radios communautaires.
De plus, j'aimerais savoir si les compressions de Radio-Canada ont des conséquences sur vos communautés du Nord.
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Monsieur le député, votre question est très large. Je suis d'accord avec vous sur la corrélation entre langue et culture. Lorsqu'on parle de l'une, on parle de l'autre. L'organisation d'une communauté ou encore le partage du territoire participe du même phénomène.
Lorsqu'on associe la Feuille de route au développement d'une culture dans un milieu donné où les nombres sont petits, comme le Nord, ça signifie qu'une communauté a les moyens de se donner un plan de développement. Par exemple, la Feuille de route a permis la réalisation d'un plan de développement global, dans les Territoires du Nord-Ouest, dans les années 2008 à 2010. Ce plan nous a donné des outils pour articuler des partenariats avec les autres communautés qui habitent le même territoire que nous. Ils nous ont bien sûr donné les moyens de nous développer entre nous en tant qu'organisations, mais également de développer des entreprises francophones et bilingues. Nous avons également développé des liens avec les autres éléments de la communauté.
Pour ce qui est de la radio et des médias de communication, on pourrait en jaser longtemps. Par exemple, si on n'entend jamais une voix francophone en ouvrant la radio le matin, on ne se sent pas chez nous. Les gens qui veulent habiter longtemps dans les Territoires du Nord-Ouest ont besoin de se voir ou de s'entendre dans les médias de communication. Ils ont besoin de se voir à Radio-Canada, par exemple. Ils ont besoin de voir leur réalité de temps en temps.
On a déjà mentionné que les élections dans les Territoires du Nord-Ouest avaient été oubliées, il y a trois ou quatre ans. Il n'en avait pas été question à Radio-Canada. Pourtant, il y avait une élection d'un gouvernement territorial dans les Territoires du Nord-Ouest.
Alors, le rôle des médias est indispensable pour que nous nous sentions connectés au reste de notre pays.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
D'abord, j'aimerais ajouter quelque chose aux propos de M. Bélanger.
Je sais qu'il y a beaucoup de tension. J'espère que vous ne couperez pas les séances en deux d'une heure chacune, car le cas échéant, nous, les ministériels — et j'imagine que les membres de l'opposition sont du même avis —, n'avons pas suffisamment de temps pour bien interroger les témoins qui nous intéressent particulièrement.
J'espère que vous en tiendrez compte.
[Français]
Bienvenue, et merci d'être ici aujourd'hui.
J'ai une question assez simple: pourquoi les services de garde et les services pour la petite enfance sont-ils importants pour vous, en tant que représentants de groupes minoritaires francophones? J'aimerais vraiment savoir pourquoi ces programmes sont importants pour vous.
Je pose cette question parce qu'il y a eu une élection, il y a six ans, et qu'il y avait alors deux idées à ce sujet. C'est peut-être une question simple pour vous, mais notre gouvernement avait un programme. L'ancien gouvernement avait promis un programme d'une durée de 15 à 20 ans, mais il ne l'a jamais réalisé, car il a été défait. J'aimerais donc savoir pourquoi c'est important pour vous.
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Je vais essayer de prendre juste trois ou quatre minutes.
Ce comité a vu ce que vous avez appelé la minuscule maison dans laquelle sont logés les bureaux à Yellowknife. Je pense que c'est M. Blaney — votre prédécesseur, monsieur le président — qui avait parlé d'une minuscule maison.
Depuis des années, nous disons avoir besoin d'infrastructures communautaires, ce qui est reconnu notamment par Patrimoine canadien. Une expérience récente nous a permis de contribuer à l'amélioration d'un des éléments du système. Il y avait une infrastructure gouvernementale à vendre: le bureau de poste. Dans l'exercice, on a fait une offre d'achat de 1,2 million de dollars et il s'est vendu 1,1 million de dollars. Notre offre était conditionnelle à la vente de notre maison. Il était assez normal qu'on mette une condition pareille ainsi qu'une autre condition, soit que le financement soit à peu près assuré par Patrimoine canadien. Comme on avait mis des conditions et que l'autre acheteur n'en avait pas mis et qu'il a probablement offert 1,1 million de dollars, on ne l'a pas eu.
Je remercie devant le comité M. le commissaire aux langues officielles d'avoir fait une analyse sur ce qui s'était passé dans ce dossier. Son bureau a fait cette recommandation: le Secrétariat du Conseil du Trésor devrait examiner la politique associée à la vente d'édifices en surplus du gouvernement fédéral. Certains groupes sont jugés prioritaires à l'égard d'une politique de vente d'édifices en surplus. Le commissaire aux langues officielles a suggéré d'introduire au Conseil du Trésor un élément non pas dans un mécanisme de consultation comme celui contenu dans la feuille de mi-parcours, mais dans une politique établissant que lorsque c'est un besoin prioritaire pour la communauté, le Conseil du Trésor pourrait le reconnaître et donner instruction à tous les ministères que la communauté devrait être considérée en premier.
Cela serait très précieux parce qu'à Yellowknife, d'autres édifices deviendront vacants et notre problème n'est toujours pas résolu. Nous sommes toujours dans une minuscule maison.
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Monsieur le député, je vais essayer d'être bref, car je sais que votre temps est compté. Vous parliez tout à l'heure de la façon de récupérer les nouveaux arrivants. Je vais me concentrer uniquement sur les nouveaux arrivants qui viennent de l'étranger.
En ce qui concerne la Feuille de route, il y a en ce moment quelque chose de très paradoxal. Citoyenneté et Immigration Canada donne du financement à notre organisme pour un programme d'établissement. Ce programme ne nous permet pas d'aider les résidents temporaires. C'est paradoxal, parce que c'est quand une personne descend de l'avion qu'elle a le plus de besoins. Ce n'est pas quand elle a obtenu sa résidence permanente après un an — si elle a fait vite — qu'elle a le plus besoin de nos services, mais lorsqu'elle descend de l'avion.
Déjà, on ne peut pas donner ce service lorsque la personne en a le plus besoin, mais en plus, ce même ministère fédéral nous donne du financement pour aller recruter à l'étranger. On a parlé de Destination Canada. Depuis des années, c'est un forum emploi en Europe qui fonctionne très bien et qui nous aide énormément à recruter des francophones pour nos communautés qui viennent avec un emploi. On reçoit du financement pour aller les chercher, on les recrute et une fois qu'ils ont mis les pieds sur le sol canadien, on ne peut plus rien faire pour eux, on n'en a plus le droit. Il faut attendre qu'ils aient un visa permanent après un an, un an et demi ou deux ans pour pouvoir les aider à nouveau, mais à ce moment-là, ils n'ont plus besoin de nous. Si c'est quelqu'un qui vit avec une famille, on risque de le perdre. Parce que c'est plus facile, il ira peut-être vers des institutions ou des écoles anglophones. C'est quelqu'un qu'on n'intégrera pas dans nos communautés aussi facilement.
La Feuille de route aurait un rôle à jouer pour nous aider à aider les nouveaux arrivants francophones dès qu'ils descendent de l'avion.
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À votre connaissance, vous n'avez pas été consultés pour la Feuille de route.
Revenons à la petite enfance. M. Williamson croit que c'est la responsabilité des parents, si l'enfant est âgé de moins de 1 an. Je ne sais pas à partir de quel âge de l'enfant il croit que d'autres devraient participer à ça. Or on parle de garderies, de parents qui travaillent, qui ne sont plus à la maison. Même si l'enfant est âgé de moins de 1 an, de 1 an ou de 2 ans, ses parents au travail ont besoin d'une garderie.
Il dit qu'il y a deux manières de penser: celle des conservateurs et celle des libéraux. Les conservateurs ont proposé 100 $ par enfant, mais ce montant est imposable, donc réduit de moitié. C'est comme dire qu'il en coûte 100 000 $ pour bâtir un édifice, mais qu'on enlève 50 000 $ après. C'est la même chose pour le montant de 100 $ par enfant, qui est imposable. L'argent ne serait-il pas mieux investi dans des garderies?
Nous avons fait une étude après avoir voyagé partout au pays et rencontré les communautés. Par exemple, on nous disait que s'il y a une garderie francophone dans une région, les parents sont portés à envoyer leur enfant à la garderie dès que son âge le permet et il est possible qu'il fréquente l'école française. S'il n'y a pas de garderie francophone, ils enverront leur enfant dans un lieu anglophone. On parle ici de francophones hors Québec. Il y a beaucoup de risques de le perdre puisqu'il passera plus de temps avec des adultes anglophones. Les parents se disent alors que pour le bien-être de leur enfant, ils vont l'envoyer dans une école anglaise plutôt que dans une école française.
Pouvez-vous commenter mes propos?