:
Merci, monsieur le président.
Messieurs Chong, Godin et Dion, bonjour. Bonjour mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
J'aimerais aussi saluer mes anciens collègues, M. Le Dorze et Mme Bourbonnais, de l'ACPI.
[Traduction]
Le Quebec Community Groups Network, QCGN, est représenté aujourd'hui par M. Stephen Thompson, notre directeur de la politique stratégique, de la recherche et des affaires publiques et par moi-même. Je suis Jim Shea. Je fais partie du conseil d'administration du réseau. Je suis un fier Aylmerois, de la ville de Gatineau.
De 2002 à 2011, j'ai également été directeur des Canadian Parents for French. J'ai été enseignant et directeur d'école au Québec et en Ontario. J'ai été l'un des enseignants pionniers — ce qualificatif n'est pas de moi — des programmes bilingues d'Ottawa et j'ai pris ma retraite alors que j'étais directeur des programmes d'enseignement à Ottawa pour me consacrer à ma passion pour la dualité linguistique au Canada avec les Canadian Parents for French. Je suis heureux de poursuivre mon travail de défense et d'illustration au conseil d'administration du Quebec Community Groups Network.
Je crois savoir que le comité entendra l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec et d'autres spécialistes du secteur de l'éducation de notre communauté qui pourront répondre aux questions précises qu'on leur posera sur l'accès, la capacité, les listes d'attente, les pratiques exemplaires, l'efficacité. Nous nous présentons ici, aujourd'hui, pour expliquer l'importance des programmes d'études dans la langue officielle seconde pour les communautés des minorités anglophones du Canada, c'est-à-dire la communauté anglophone du Québec.
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles a remarqué la vogue dont jouissent les programmes d'immersion chez les familles anglophones et les années d'efforts que nos parents ont consacrées à des campagnes pour l'amélioration de l'enseignement du français dans les écoles anglophones. Nos commissions scolaires tiennent à s'assurer que leurs élèves parlent couramment le français, et les programmes d'immersion sont un élément indispensable de ces efforts.
Le Québec anglophone est à juste titre fier de l'immersion en français, un produit né de la volonté de parents de Saint-Lambert, au Québec, qui ont trouvé une excellente façon de communiquer à leurs enfants les compétences linguistiques dont ils auraient besoin pour vivre et prospérer au Québec et, bien sûr, au Canada. Nous citons la commission scolaire Lester B. Pearson, dans le rapport du Comité sénatorial:
En outre, les écoles anglaises du Québec ont toujours été à l'avant-garde de l'enseignement et de l'apprentissage des langues secondes; on leur doit d'ailleurs l'élaboration de programmes d'immersion en langue française de renommée internationale. Nous avons tant perfectionné l'enseignement du français au moyen de l'immersion que nous accueillons des gens qui arrivent de toutes les régions du monde pour suivre nos méthodes afin d'acquérir une deuxième langue.
Nous tenons à ce que le comité comprenne que le bilinguisme n'est pas l'objectif d'une quête altruiste pour la jeunesse anglophone du Québec. Le bilinguisme ne se limite pas à élargir la gamme des possibilités ni à acquérir un atout souhaitable pour d'éventuels employeurs. D'ailleurs, nous recommandons vivement au comité d'entendre les parents francophones du Québec au sujet de leurs efforts pour que leurs enfants apprennent les deux langues officielles.
Pour le Québec anglophone, le bilinguisme est la clé de l'emploi. C'est une nécessité économique.
Par exemple, d'après un rapport de recherche que viennent de publier Patrimoine canadien et l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, le salaire de base de l'anglophone unilingue est inférieur de 18 p. 100 à celui du Québécois francophone unilingue. Les anglophones bilingues et les francophones unilingues gagnent le même salaire, tandis que les francophones bilingues gagnent 12,6 p. 100 de plus que ces deux cohortes.
Le bilinguisme n'est pas la solution magique pour trouver un emploi. Même si notre population est généralement plus instruite et qu'elle est bilingue dans une forte proportion, les données du recensement de 2006 montrent que le taux global de chômage dans la communauté anglophone du Québec se situe à 2,2 p. 100 de plus que chez la majorité francophone.
Parler français, le lire et l'écrire sont manifestement des compétences indispensables pour trouver un emploi au Québec. Par exemple, dans la Basse-Côte-Nord, où l'apprentissage du français est difficile, 22 p. 100 de la population anglophone est bilingue, contre 65 p. 100 dans l'ensemble de la communauté. L'effondrement des stocks de poissons a obligé les habitants à non seulement quitter leur village natal, mais la province aussi, pour trouver des emplois saisonniers, en raison de leur incapacité à communiquer en français.
Le long de la Côte-Nord, le taux de chômage chez les anglophones était de 28,7 p. 100, par rapport à 10,9 p. 100 chez la majorité linguistique. La promesse de bons emplois dans la future industrie minière du nord-est du Québec ne pourra pas se concrétiser pour cette communauté isolée, en grande partie faute des compétences nécessaires en français pour acquérir la formation requise dans les métiers et les techniques et obtenir l'agrément provincial.
Votre comité apprendra des spécialistes qui comparaîtront devant lui, pendant cette étude, que l'immersion en français n'est pas simplement l'enseignement de matières en français. C'est une spécialité qui exige des investissements à long terme de la part des écoles, des conseils scolaires et des enseignants. L'enseignement intensif en français est, pour notre communauté, une nécessité concrète, parce que, au Québec, on n'a absolument pas d'avenir si on ne parle pas couramment la langue de la majorité.
La prospérité économique est l'une des six priorités stratégiques reconnues dans notre document intitulé 2012-2017 Community Priorities and Enabling Strategies qui s'adresse à notre communauté. Pour nous, Québécois anglophones, la prospérité économique signifie un accès meilleur aux occasions d'emploi et aux possibilités de s'instruire et un taux élevé de bilinguisme.
Le bilinguisme est la clé de la prospérité économique des Québécois anglophones et de la résilience de nos communautés. Pour nos enfants et petits-enfants, l'immersion en français est la façon d'y parvenir.
Merci beaucoup.
:
Comme je le disais, je suis président de l'Association canadienne des professeurs d'immersion et je suis à l'emploi de la Division scolaire Pembina Trails à Winnipeg.
J'aimerais à mon tour saluer M. Shea, mon ancien collègue et voisin de l'ACPI à Ottawa.
[Traduction]
Toujours plein d'allant, Jim. Heureux de te revoir dans une forme si splendide.
[Français]
Reconnue comme la référence en matière d'immersion française au Canada, l'Association canadienne des professeurs d'immersion est une organisation professionnelle qui rassemble les éducateurs en immersion de toutes les régions du pays.
[Traduction]
L'Association canadienne des professeurs d'immersion appuie et enrichit la pédagogie de l'immersion en offrant aux enseignants des possibilités de perfectionnement professionnel, de recherche et de réseautage.
[Français]
En stimulant la recherche et l'innovation, l'ACPI se distingue par ses nombreuses réalisations et sa culture du dépassement qui favorisent l'essor de l'immersion française.
J'aimerais commencer par mentionner quelques faits sur l'immersion française.
Que de progrès en 40 ans! En matière d'apprentissage de la langue seconde, environ 350 000 jeunes canadiens anglophones sont inscrits en immersion française. Il n'y en a jamais tant eu capables de s'exprimer en anglais et en français qu'aujourd'hui. En effet, 5,4 millions de Canadiens peuvent parler l'anglais et le français, alors qu'il y en avait 2,8 millions en 1971. C'est presque le double.
Apprendre une langue seconde améliore même la santé. Des recherches récentes ont démontré que les personnes bilingues sont moins touchées par les maladies cognitives comme la maladie d'Alzheimer.
Si les programmes d'immersion française et de langue seconde sont en croissance au pays, c'est grâce aux gains de 10 % enregistrés dans les programmes d'immersion au cours des dernières années. L'immersion est en hausse presque partout au pays, et cela, malgré une démographie souvent négative des populations scolaires.
[Traduction]
L'immersion est et restera le meilleur programme pour apprendre le français langue seconde. Les élèves parviennent à un haut niveau de compétence en français sans appauvrir leur langue maternelle ni leurs connaissances d'autres matières. Il est donc essentiel de maintenir et d'augmenter l'accès aux programmes d'immersion, parce que la demande augmente dans beaucoup de régions du pays.
[Français]
Malgré la popularité de l'immersion, il en reste encore beaucoup à faire pour parler d'équité de l'accès à ce programme, qui fait aussi la renommée du Canada partout dans le monde.
D'une province et d'un territoire à l'autre, il existe une grande différence dans la prestation des programmes d'immersion. Certaines institutions limitent le nombre d'inscrits en immersion, tandis que d'autres exigent des frais supplémentaires pour le transport. L'accessibilité n'est pas garantie pour tous les Canadiens.
L'ACPI croit fermement que chaque enfant né au Canada ou tout nouvel arrivant devrait avoir accès à un programme d'immersion partout où il se trouve au Canada.
Dans certains cas, par exemple en Colombie-Britannique, l'immersion est comme une loterie: seuls les chanceux y accéderont. Nous déplorons cela. Tout parent qui choisit l'immersion pour ses enfants devrait y avoir accès. Aucuns frais additionnels ne devraient être exigés pour les programmes d'immersion.
Cela devrait être aussi accessible aux élèves en milieu urbain qu'à ceux en milieu rural. En général, les programmes d'immersion sont assez accessibles en milieu urbain. Toutefois, plusieurs régions rurales sont mal desservies. En Ontario, par exemple, au sein d'un même conseil scolaire, le programme d'immersion en milieu urbain consacre 100 % de la journée à l'enseignement en français, tandis qu'en région rurale, seulement 50 % de la journée se passe en français.
Il faut une vision provinciale ou territoriale qui soit la même pour tous. Il serait souhaitable d'appuyer l'ajout d'autres classes d'immersion en milieu rural là où il y a une forte demande.
[Traduction]
Beaucoup de conseils scolaires ne fournissent pas de service de transport aux élèves inscrits dans un programme d'immersion. Le transport devrait être fourni sans frais aux élèves des villes et des campagnes.
[Français]
Dans la prochaine Feuille de route pour la dualité linguistique, il serait intéressant d'inclure des cibles pour augmenter l'accessibilité aux programmes d'immersion pour tous les Canadiens. Il faudrait que les provinces et les territoires établissent des règles qui gèrent la création de politiques pour que leurs conseils adoptent des principes d'accès équitable. Le Manitoba, par exemple, a des politiques établies qui gèrent le programme et son accès. Il est un bon exemple en ce sens.
L'immersion devrait aussi être accessible aux nouveaux arrivants. Ceux-ci sont souvent exclus des programmes d'immersion. On ne les encourage pas à s'inscrire en immersion, parfois même on les décourage, en dépit du rendement impressionnant des élèves allophones qui sont dans ces programmes. Il n'y a aucune politique fédérale, provinciale ou territoriale en place pour veiller à ce que les élèves allophones et leurs parents soient mis au courant des programmes d'immersion afin d'y avoir accès.
Pourtant, les allophones tiennent beaucoup à apprendre les deux langues officielles, car ils estiment que c'est un atout réel pour accéder au marché du travail. Plusieurs études démontrent que les enfants d'immigrants réussissent très bien en immersion. Leurs résultats surpassent souvent ceux des Canadiens anglophones de souche.
Selon une étude de Canadian Parents for French, 80 % des parents allophones n'ont reçu aucune information sur les programmes d'immersion en français offerts dans le système scolaire. En dépit des efforts de nombreux éducateurs pour les décourager d'envisager ces programmes, le soutien des allophones pour la dualité linguistique et le français langue seconde demeure très élevé. En effet, 60 % d'entre eux étaient d'avis qu'apprendre les deux langues officielles du Canada serait un atout pour leurs enfants et 40 % avaient inscrit leurs enfants en immersion française.
[Traduction]
Dans la prochaine feuille de route pour la dualité linguistique, nous devrions songer à établir des objectifs et des stratégies pour favoriser l'apprentissage du français langue seconde ou troisième langue pour les allophones ou les nouveaux venus au Canada.
[Français]
L'immersion devrait également être accessible aux élèves présentant des difficultés d'apprentissage. Comme premier réflexe, on a souvent tendance à retirer des programmes d'immersion les enfants présentant des difficultés d'apprentissage. Beaucoup de gens pensent à tort que l'immersion est un programme pour les enfants doués. Or, les recherches ont démontré que les élèves anglophones avec des difficultés d'apprentissage ne sont pas plus à risque en immersion française que les élèves de même niveau inscrits à un programme anglais. Ces élèves obtiendraient même de meilleurs résultats aux tests linguistiques en français que les élèves inscrits à un programme de français de base.
Il y a dans plusieurs institutions une pénurie de services spécialisés en immersion pour les enfants présentant des difficultés d'apprentissage. Il est important de donner du soutien et de l'appui aux enfants, aux parents et aux enseignants d'immersion en leur donnant les outils dont ils ont besoin pour aider les enfants à s'épanouir et leur permettre de bénéficier de tous les avantages du bilinguisme.
Les points d'entrée dans les programmes d'immersion varient d'une institution à l'autre. Il existe principalement trois points d'entrée: l'immersion précoce, qui accueille les enfants à la maternelle ou en première année; l'immersion moyenne, en quatrième ou cinquième année; et l'immersion tardive, d'habitude en septième ou huitième année.
Le type de programme d'immersion et plus précisément l'intensité du programme sont déterminants dans la maîtrise de la langue. Les programmes d'immersion précoce produisent généralement de meilleurs résultats que les autres programmes. Or, au Canada, il n'existe pas de normes pour les points d'entrée. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, on a éliminé l'immersion précoce, malgré toutes les études démontrant que l'immersion n'a aucun effet négatif sur les habiletés en anglais et qu'au contraire, elles augmentent les capacités en français. Tous les chercheurs ont signalé que l'apprentissage d'une langue seconde avait des effets positifs sur les habiletés dans la langue maternelle.
Selon moi, le point d'entrée à favoriser pour donner le plus grand choix aux Canadiens et Canadiennes est la maternelle ou la première année. Un point d'entrée en maternelle jumelé à des appuis pour les élèves qui éprouvent de la difficulté assure la plus grande diversité au sein de l'immersion.
Cela ne veut pas dire qu'il faut l'imiter l'accès à l'immersion précoce. Il faut aussi encourager les institutions à offrir une gamme complète de points d'entrée pour permettre à tous d'avoir accès à l'immersion et avoir des nombres suffisants pour offrir la pleine gamme de cours au secondaire.
Chaque parent devrait être renseigné au sujet des programmes d'immersion et des points d'entrée, de même que des niveaux de maîtrise du français que procure chaque option.
Les programmes au secondaire et au postsecondaire sont aussi préoccupants. Dans certains cas, les élèves délaissent l'immersion au milieu du secondaire pour se préparer à leurs études universitaires dans leur première langue, souvent la langue anglaise, invoquant le manque de cours dans certains domaines, des conflits d'horaire ou juste une certaine lassitude.
La poursuite de l'apprentissage du français langue seconde à l'université est donc importante pour le succès de l'immersion au secondaire.
En 2009, le commissaire aux langues officielles a rendu publique une étude intitulée « Deux langues, tout un monde de possibilités » et portant sur l'apprentissage en langue seconde dans les universités canadiennes. L'étude indique que peu d'institutions offrent des programmes d'immersion ou des services d'accompagnement pour suivre un cours dans sa discipline dans sa langue. M. Fraser constatait aussi la faible collaboration ou le peu de partenariats entre les universités de langue française et de langue anglaise au Canada. De plus, on note une absence de politiques en langue seconde ou d'exigences en matière de compétences linguistiques. L'étude pointe vers certaines pistes d'avenir, par exemple favoriser un apprentissage fondé sur le contenu, offrir des occasions de parler la langue dans un contexte social et maximiser l'utilisation des ressources, soit des professeurs, de petites classes, une aide à l'apprentissage, des tuteurs et les nouvelles technologies, pour n'en nommer que quelques-unes.
[Traduction]
L'Association canadienne des professeurs d'immersion est convaincue que les universités ont un rôle important à jouer dans la formation de jeunes personnes bilingues pour aider la fonction publique à recruter quelque 5 000 employés bilingues par année dont elle aura besoin dans les quelques prochaines années.
[Français]
Les enseignants en immersion sont fiers de participer à la dualité linguistique au Canada. Toujours soucieux d'améliorer la qualité de l'éducation, ils sont préoccupés par la pénurie d'enseignants bilingues. Quelquefois, les écoles embauchent des enseignants qui n'ont pas tout à fait les compétences langagières suffisantes ou les connaissances des méthodes d'enseignement des langues vivantes.
La situation des ressources pédagogiques s'est beaucoup améliorée au cours des dernières années, mais trop souvent encore, ces ressources ne sont pas adaptées au contexte immersif et sont souvent de simples traductions. Il existe un besoin pour des ressources exclusives à l'immersion...
:
Merci, monsieur le président.
Comme les enseignants d'immersion travaillent pour des conseils anglophones, l'offre de perfectionnement professionnel en français et s'adressant aux enseignants d'immersion est souvent rare. Il serait souhaitable que des occasions de perfectionnement professionnel sur mesure pour les enseignants d'immersion soient en place pour permettre aux enseignants de se tenir au courant des nouvelles pratiques pédagogiques.
Je vous donne quelques pistes de solutions. On peut améliorer les compétences linguistiques et culturelles dans le cadre des études en offrant des cours de langue intensifs, des échanges et des séjours prolongés dans un milieu francophone. On peut encourager les facultés d'éducation à enrichir leurs programmes de formation initiale des enseignants de langue seconde. On peut offrir aux enseignants et au personnel éducatif une variété d'occasions de perfectionnement ou de formation continue. On peut offrir des services d'aide et de mentorat aux nouveaux enseignants. On peut offrir un programme de perfectionnement professionnel à l'intention des administrateurs scolaires sur la gestion de programmes de langue seconde. On peut favoriser la production de ressources éducatives ciblées pour l'immersion qui ne sont pas que des traductions.
Je vais rapidement parler du fait qu'il n'existe pas, au Canada, d'outils communs d'évaluation qui permettent d'évaluer le niveau de bilinguisme, qu'il s'agisse des systèmes d'enseignement ou des systèmes utilisés par les employeurs des secteurs privé et public. Cela nous empêche de parler la même langue lorsqu'on tente de définir ce qu'on entend par un niveau de bilinguisme.
Que signifie être bilingue? En l'absence d'outils communs permettant de définir ce qu'est le bilinguisme, un élève pourrait, comme c'est souvent le cas, sous-estimer ses compétences linguistiques et croire qu'il ne peut pas se qualifier pour un poste bilingue. L'inverse est aussi vrai. L'adoption d'un cadre commun pour les langues secondes pour le Canada permettrait de se doter d'un système commun pour évaluer les compétences linguistiques des élèves des programmes de langue seconde.
Pour les jeunes, l'avantage de connaître leur niveau de bilinguisme en fonction de critères reconnus nationalement et internationalement leur permettrait de mesurer leur apprentissage dans un monde réel, d'accroître leur intérêt pour l'apprentissage de leur langue seconde, de développer une confiance en leurs habiletés et de mieux se promouvoir auprès des employeurs potentiels au Canada et sur la scène internationale.
En ce moment, il existe un outil d'évaluation fort bien fait et de plus en plus populaire auprès des parents, des élèves et des enseignants au Canada. Il s'agit du DELF, un diplôme calibré au Cadre européen commun de référence pour les langues, ou CECR. Il évalue les quatre compétences langagières. Cet outil est reconnu sur le plan international et il est valide à vie. Près de 300 000 diplômes sont décernés chaque année, dont plus de 5 000 au Canada, et ce nombre est en pleine croissance.
De plus, le test scolaire s'harmonise tout à fait aux compétences langagières visées par les divers programmes d'études en français langue seconde à l'échelle pancanadienne. Certains ministères ont même entrepris l'arrimage de leur curriculum au Cadre européen commun de référence pour les langues. Il n'existe toutefois pas d'approche commune pour les provinces et les territoires qui permettrait l'échange d'expertise sur l'évaluation des compétences linguistiques et l'utilisation du CECR à cette fin.
[Traduction]
L'Association canadienne des professeurs d'immersion croit qu'il est temps de prendre des mesures pour la mise sur pied d'un outil national d'évaluation du français langue seconde pour les écoles, les universités et les professions libérales. Notre association pilotera volontiers ce projet national avec la participation des ministères de l'Éducation. Il n'y a aucun doute que nous possédons la compétence au Canada. Nous avons tout simplement besoin de collaborer ensemble à la création de ce nouvel outil canadien.
[Français]
L'éducation des jeunes Canadiens et Canadiennes en immersion française est garante de l'avenir bilingue de notre pays, avenir où la valorisation du français et de l'anglais valorise en même temps les autres langues parlées du Canada.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'aujourd'hui.
Mes questions vont un peu dans le même sens que celles de M. Dion et de M. Godin. Le rôle du gouvernement fédéral en matière d'éducation est en quelque sorte le noeud du problème, pour nous. C'est clairement une responsabilité provinciale. Nous cherchons donc des moyens d'ajouter de la valeur à cette question de l'immersion. La demande existe, surtout dans ma région. En effet, dans la région torontoise, plus de 25 % des écoliers suivent des programmes d'immersion.
Les programmes d'immersion existent depuis plusieurs années. Or il arrive que même après 12 ou 14 ans d'immersion, des finissants n'aient pas vraiment l'impression d'être bilingues ou vraiment francophones, malgré tous ces efforts. Je pense que vous avez touché à cela dans votre présentation, monsieur Le Dorze, quand vous parliez de ce qui se fait à l'extérieur des écoles, par exemple les programmes d'échange.
Comme vous le savez sans doute, il arrive que l'immersion ne soit pas vraiment tout à fait de l'immersion, dans une ville comme Toronto. Dans la cour de récréation, les élèves parlent anglais, et une fois qu'ils sont sortis de l'école, ils sont immergés dans une ville où l'anglais est tout à fait prédominant.
Que peut faire le fédéral pour combler ces lacunes du côté de l'immersion? C'est tout de même frustrant de constater, lorsqu'on parle à des gens qui ont passé des années dans des écoles d'immersion, qu'ils ne maîtrisent pas encore la langue.
:
Lorsqu'on parle d'immersion, la situation du Manitoba est présentement différente de celle de l'Ontario. Dans la plupart des cas, l'immersion est une créature des divisions scolaires. Par conséquent, ce qu'on appelle de l'immersion dans une division scolaire peut correspondre à un programme à 50 % à partir de la quatrième année. Les compétences acquises par le jeune seront reliées à l'intensité et à la quantité du français, ainsi qu'au nombre d'années passées à l'apprendre.
Au secondaire, dans plusieurs cas, il suffit de prendre 30 % de cours en français pour que cela s'appelle de l'immersion. Or dans un système semestriel, cela veut peut-être dire ne pas avoir de cours de français pendant un an. Est-ce vraiment de l'immersion?
Sur le plan de la gestion des types de programmes, le fédéral pourrait entre autres encourager les provinces à trouver une définition commune de ce qu'est un programme d'immersion, plutôt que de laisser à tout un chacun faire un peu comme il le veut.
On en fait beaucoup très tôt, et après, on ne sait plus ce qu'on fait. Ce serait bien d'avoir des règles qui établissent le nombre d'heures de contact en immersion française, du début à la fin, que ce soit clair et que tout le monde pratique un peu la même chose, au lieu d'avoir ce parapluie qui s'appelle immersion et qui est très différent d'un endroit à l'autre.
Le Manitoba a fait cet exercice. Je crois que cela a été très bénéfique pour les élèves en immersion de cette province. Elle s'est dotée d'une politique curriculaire en immersion qui définit un peu la manière dont l'immersion se fait chez nous, au Manitoba.
Je pense que cela serait un élément de solution.
L'autre rejoint aussi l'idée que vous avez soulevée dans votre question, soit les différentes compétences des finissants en immersion. Il faudrait avoir un outil national qui permet de déterminer le niveau de compétence en langue française de tous les Canadiens, peu importe d'où ils sortent, que ce soit de l'immersion, de cours de français de base ou de l'université. Un outil qui permet de déterminer les compétences, ça irait loin. Les parents de l'immersion seraient enchantés qu'un tel outil voie le jour et soit mis au point au Canada.
Présentement, nous utilisons le DELF. Ça fonctionne et ça commence à se répandre un peu partout au Canada. Toutefois, j'estime qu'un jour il faudrait avoir un outil canadien.
:
Vous comprendrez peut-être que les Québécois anglophones se sentent attaqués. Dans différentes régions, l'utilisation de la langue fait l'objet de débats. Quebec Community Groups Network représente 37 associations d'un peu partout au Québec: Montréal, Maniwaki, Côte-Nord, et autres.
C'est une question de survie économique. Une partie de cette survie dépend de l'apprentissage de l'anglais et le maintien des commissions scolaires anglophones. Je ne veux pas parler pour elles, même si je suis également commissaire d'école au Québec — j'ai plusieurs cordes à mon arc —, mais je ne veux pas parler du point de vue d'un commissaire. En vérité, les champions de l'apprentissage du français langue seconde au pays sont les commissions scolaires anglophones.
La vraie immersion pour mes petits-enfants
[Français]
se fait dans les écoles francophones.
[Traduction]
C'est la réalité. Même s'ils fréquentent une école française, ils font partie de la communauté anglophone.
Selon moi, il incombe au gouvernement fédéral de soutenir et de préserver les communautés anglophones, par exemple, en appuyant financièrement QCGN. Nous ne craignons pas la disparition de la langue anglaise; la réalité, c'est qu'il faut pouvoir...
[Français]
C'est comme le perfectionnement en français.
[Traduction]
Vous savez, lorsqu'on parle d'être parfaitement bilingue — je travaille encore à perfectionner mon anglais, disons, même du point de vue d'un Américain. Parler la langue, c'est une chose, mais ça en est une autre d'apprendre la langue, c'est-à-dire d'être capable de lire et d'écrire dans cette langue, de terminer son secondaire, de poursuivre des études supérieures, de devenir infirmier ou médecin.
Nous devons trouver une façon de permettre aux anglophones d'apprendre le français qu'ils veulent apprendre.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier les témoins pour leurs exposés.
Je vous remercie beaucoup de votre contribution à cette étude. Comme vous le savez, la diversité linguistique au Canada est immense. Pourtant, les citoyens continuent d'être très attirés par les deux langues officielles.
Quels sont les principaux obstacles à l'apprentissage d'une des langues officielles auxquels sont confrontés les immigrants? Nous accueillons chaque année 250 000 immigrants au pays. Les programmes actuels tiennent-ils compte de ces obstacles? J'aimerais avoir des renseignements à ce sujet.
Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au pays. J'ai participé au Sommet de La Francophonie, en 1999, à Moncton et j'ai bien aimé mon expérience. Je n'aurais jamais pensé, à l'époque, que je me retrouverais à la Chambre des communes 15 ans plus tard. Il serait très important de voir s'il n'y a pas des leçons à retenir du Nouveau-Brunswick en matière de bilinguisme. Le gouvernement fédéral étudie la question du bilinguisme. Donc, comme l'a souligné M. Godin, il n'est pas nécessaire de rouvrir la Constitution, puisque nous la respectons.
Comment les programmes d'immersion fonctionnent-ils au Nouveau-Brunswick? Quelles leçons les autres provinces pourraient-elles retenir afin d'accroître le bilinguisme au pays? Comme vous l'avez souligné, le bilinguisme est très important pour l'économie. Plus on parle de langues, plus il est facile de se trouver un emploi. C'est très important pour notre société et notre pays.
Pour revenir aux obstacles auxquels les immigrants sont confrontés, que fait-on pour les écarter? Vous êtes une organisation canadienne. Avons-nous des leçons à retenir du Nouveau-Brunswick?