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Monsieur le président, membres du comité, je tiens d'abord à vous remercier de nous inviter à comparaître devant vous ce matin. Je suis particulièrement heureux d'être ici parce que je devrais normalement être à mon cours d'Introduction au droit à l'Université de Moncton. J'ai donc une excellente excuse pour manquer une séance de trois heures. Ça me fait plaisir.
Je suis président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française et, bien entendu, je suis jeune. Au moment de la création de notre organisme, en 1974, la jeunesse avait un souhait clair, soit se doter d'un organisme par et pour les jeunes. C'est ce que nous sommes depuis toutes ces années.
Mes collègues administrateurs du conseil d'administration sont des jeunes d'expression française âgés de 14 à 25 ans qui proviennent de partout au pays, tout comme les jeunes qu'ils représentent.
Notre organisme définit la jeunesse d'expression française du Canada comme étant des personnes âgées de 14 à 25 ans qui ont le français pour langue d'usage, peu importe qu'elle soit leur langue maternelle ou non. Cette notion d'ouverture est fort importante à nos yeux, surtout que le Recensement de 2006 confirme que cette clientèle représente plus de 1,6 million de jeunes Canadiens.
Que veut dire « par et pour les jeunes »? Pour notre organisme, c'est de fonctionner avec une gouvernance entièrement composée de jeunes en concertation avec un réseau qui partage cette même philosophie dans le but d'outiller la jeunesse en fonction de ses besoins réels. La valeur ajoutée de ce mode de fonctionnement est que nous sommes le reflet de la jeunesse.
Bien que ce concept soit idéal pour la réalité de notre organisme, il n'est évidemment pas réalisable dans tous les aspects de la société, et nous en sommes conscients. Cependant, nous encourageons fortement le concept du « par et pour les jeunes » dans l'élaboration des initiatives qui les ciblent afin d'en assurer le succès.
C'est dans cette optique que la FJCF et ses membres ont pris soin de développer des partenariats concrets et productifs avec une vaste gamme de partenaires tant gouvernementaux...
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Donc, nous avons des partenariats productifs et concrets avec une gamme de partenaires gouvernementaux et communautaires. Ces partenariats permettent d'apporter une perspective jeunesse à ceux qui travaillent dans son intérêt.
Notre fédération porte les intérêts de la jeunesse d'expression française au Canada et cherche à contribuer à l'atteinte de son plein potentiel. Pour ce faire, elle coordonne des activités et des initiatives novatrices en collaboration avec ses membres associatifs dans neuf provinces et deux territoires, afin de permettre à la jeunesse de vivre des expériences en français à l'extérieur des salles de classe.
D'ailleurs, année après année, c'est en moyenne 20 000 jeunes qui bénéficient directement et concrètement des initiatives de notre réseau pancanadien. Notre organisme soutient depuis plusieurs années la nécessité de fixer la jeunesse comme priorité dans les démarches du Canada vers l'essor des communautés de langue officielle en situation minoritaire. D'ailleurs, ce message a été véhiculé à plusieurs reprises auprès du gouvernement fédéral et a été réitéré dans le cadre des consultations qui ont été organisées en amont de l'élaboration de la Feuille de route.
La FJCF est donc extrêmement enthousiaste de voir que l'un des cinq domaines d'action de la Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne est de bâtir l'avenir en misant sur la jeunesse. Pour la FJCF, la dualité linguistique est d'une grande importance pour la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire, puisque c'est en sensibilisant l'ensemble de la population à la richesse des deux langues officielles de notre pays que la langue française sera davantage appréciée et valorisée par tous.
Cette valorisation de la dualité linguistique est l'une des façons de freiner l'assimilation et la diminution des nombres en ce qui a trait à la population d'expression française. Il est donc encourageant de constater que le gouvernement comprend cette importance de la dualité linguistique, sachant que l'objectif n'est pas d'en arriver à une population canadienne bilingue, mais bien à un respect des deux cultures linguistiques officielles au Canada.
Le réseau de la jeunesse au Canada est content de constater que de nombreux projets ont été concrétisés pour sa jeunesse grâce au financement provenant de la Feuille de route. Des sommes importantes ont été allouées à différents niveaux pour la jeunesse, dont des bourses de stage, des stages d'emploi pour les étudiants en traduction, des bourses d'été en langue et, particulièrement, le Fonds Initiatives jeunesse.
Cependant, les sommes allouées pour les initiatives jeunesse n'ont certainement pas été injectées de façon optimale: premièrement, parce que la moitié du budget prévu pour les initiatives a été investie pour des infrastructures; deuxièmement, parce que les sommes pour les initiatives jeunesse devaient être dépensées dans une seule année financière.
Il est évidemment beaucoup trop tôt pour évaluer et connaître les effets considérables de ces initiatives sur la vitalité des communautés linguistiques en situation minoritaire et sur la dualité linguistique, puisque ce type d'effet n'est évidemment pas immédiat. Nous savons toutefois que des initiatives précipitées qui doivent être réalisées rapidement et donner des résultats immédiats ne sont pas des initiatives qui auront des retombées structurantes et permanentes dans notre société.
Voilà pourquoi des investissements à plus long terme auraient été préférables à un investissement ponctuel, sur une année, et que des initiatives jeunesse qui démontrent des effets structurants auraient été privilégiées.
Nous sommes tout de même heureux de constater plusieurs résultats concrets qui sont ressortis de certaines initiatives que nous connaissons très bien. Ces initiatives ont des objectifs distincts, mais ont toutes une chose en commun à laquelle nous avons fait allusion plus tôt: elles ont chacune offert une expérience de vie en français à de jeunes Canadiens. Ces expériences sont extrêmement importantes pour les jeunes d'expression française, puisqu'il s'agit d'un des moyens principaux de forger un sentiment d'appartenance à sa communauté et à son pays.
Les jeunes Canadiens vivent aujourd'hui dans une société moderne, en mondialisation, dans laquelle les principales sources de divertissement, d'éducation et d'information sont en anglais. À quoi servent donc ces expériences de vie en français si, par la suite, les jeunes retournent à leur vie quotidienne en anglais? Ces expériences ont une importance cruciale. Elles contribuent entre autres à la construction identitaire des jeunes d'expression française et au renforcement de leur capacité d'exercer une pleine participation citoyenne, un objectif plus que louable.
Imaginez l'effet d'une Feuille de route si tous les efforts collectifs étaient concertés et dirigés vers le but ultime d'offrir des milieux de vie en français aux jeunes Canadiens. Cela signifierait donc que tous les jeunes Canadiens auraient accès à des initiatives ponctuelles enrichissantes ainsi qu'à un milieu de vie qui permet aux jeunes de s'instruire, de travailler, de se divertir et de s'épanouir dans leur langue.
Imaginez maintenant l'effet d'une Feuille de route qui bâtit l'avenir avec la jeunesse, en misant sur la jeunesse.
Nous espérons que l'exercice que vous menez présentement aura pour but d'améliorer une prochaine Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne en considérant les propos du secteur communautaire, qui déploie des efforts constants dans le but d'assurer la pérennité des francophones vivant en situation minoritaire au pays. L'une de nos grandes recommandations relatives à cette Feuille de route est de clarifier la vision du gouvernement face à la jeunesse d'expression française.
Le gouvernement doit, avec la jeunesse, mieux établir le rôle de cette importante tranche de la population dans la perspective de l'essor des communautés de langue officielle en situation minoritaire et de la dualité linguistique.
La FJCF recommande que le gouvernement mise sur les acteurs actuels de la communauté en vue de leur permettre de mieux exercer leur travail auprès de la jeunesse.
Nous souhaitons également qu'un mécanisme soit développé afin de permettre une gestion des fonds pour et par les jeunes, en partenariat avec le gouvernement. Cela ferait en sorte que les fonds soient répartis selon les priorités de la jeunesse en matière de dualité linguistique.
Enfin, il est nécessaire que le gouvernement reconnaisse davantage l'apport des jeunes à la société canadienne en développant et en mettant en oeuvre des programmes structurants qui favorisent leur engagement. Nous demandons également que les initiatives pour les jeunes d'expression française à l'extérieur de l'école soient davantage valorisées, considérant les répercussions immenses qu'elles ont.
Finalement, il est nécessaire de miser sur l'éducation postsecondaire en français, et ce, tant sur le plan de l'accessibilité que sur celui de la qualité.
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité, c'est un plaisir pour nous d'être ici devant vous ce matin.
Nous avons déposé un document. Je vais le paraphraser, parce que je passerais pour un parlementaire si je lisais tout.
Tout d'abord, je suis accompagné d'un des deux vice-présidents de l'Assemblée de la francophonie, Me Gilles LeVasseur, qui sera là pour m'appuyer lors des réponses à vos questions.
J'aimerais commencer mes propos par une citation qui me motive et qui m'inspire, ce matin:
Notre fédération est née de la volonté des Canadiens d'expression française et des Canadiens d'expression anglaise de partager un avenir commun. Elle a été édifiée dans le respect de la langue et des cultures de toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. Pierre angulaire de notre identité nationale, la dualité linguistique est une source inestimable d'avantages économiques, sociaux et politiques pour tous les Canadiens.
Je reviendrai à cette citation à la fin de mes propos.
Ce matin, je veux vous parler de cinq sujets. Je vais d'abord parler de qui nous sommes, de ce qu'est l'Assemblée de la francophonie; je ferai aussi un bref portrait de notre communauté franco-ontarienne; je parlerai de la dualité linguistique en Ontario; je ferai un bref retour sur les investissements de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne en Ontario, sur les bons coups; et je ferai peut-être des suggestions, je parlerai de pistes d'action pour l'avenir.
L'Assemblée de la francophonie est le résultat d'une longue histoire d'une centaine d'années, qui a commencé en 1910 alors que les Franco-Ontariens et les Franco-Ontariennes défendaient leurs droits. À l'origine, cela s'appelait l'ACFEO, qui s'est transformée depuis en Assemblée de la francophonie. Nous regroupons des gens du secteur associatif institutionnel de notre communauté et même du monde des affaires. Nous avons un conseil d'administration de 24 membres qui proviennent de 14 secteurs et de la communauté.
Vous devez comprendre que la communauté franco-ontarienne est la plus grosse communauté francophone hors Québec de notre pays. C'est pourquoi nous disons qu'il faut réussir la dualité linguistique en Ontario pour que cela soit porteur pour le reste du pays.
Au cours des dernières années, la croissance de notre communauté s'est faite, en partie, grâce à l'immigration francophone. J'en parlerai un peu plus tout à l'heure. On compte 50 000 personnes immigrantes d'expression française. Afin que le principe de la dualité linguistique demeure, tant la composante anglophone que la composante francophone doivent être fortes et dynamiques. En Ontario, le bilinguisme dans notre communauté francophone est d'environ 90 p. 100, alors que le bilinguisme est de 8 p. 100 dans la communauté anglophone et de 6 p. 100 chez les allophones.
L'Ontario français est aux prises avec un phénomène d'anglicisation. Toute notre action doit avoir pour but de renverser cette tendance et faire s'épanouir notre communauté. Il faut, au sein des familles, — surtout dans les familles où les parents privilégient l'usage de l'anglais plutôt que celui du français —, travailler à valoriser la langue et la faire s'épanouir. La tendance se reflète dans nos écoles de langue française. En effet, nous devons, avec les écoles, fournir un appui pour qu'il y ait des balanciers compensateurs. Il sera important, au cours des prochaines années, de nous assurer de la vitalité linguistique et culturelle de notre communauté francophone. C'est d'ailleurs ce que nous avons incorporé dans un plan stratégique communautaire que nous avons élaboré avec la grande communauté. Nous avons consulté à peu près tous les villages et villes de l'Ontario pour arriver à développer notre potentiel et nous donner de grands axes d'intervention.
Vous verrez dans le document que nous voulons, comme citoyens francophones de l'Ontario et citoyens du Canada, apporter notre contribution et travailler à part entière avec la communauté. Nous nous sommes donné une vision pour le faire. Vous retrouverez dans le document — et je les répète rapidement — les cinq grands axes de notre intervention qui font consensus au sein de notre communauté. Évidemment, si on revient à la pierre angulaire de notre identité canadienne, on veut assurer la transmission de la langue française, de la culture de la communauté franco-ontarienne aux générations futures. C'est notre première raison d'être. Pour ce faire, on doit agrandir l'espace francophone dans toutes les régions de l'Ontario. On doit promouvoir la visibilité et valoriser l'usage du français partout en Ontario et partout au Canada avec la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. C'est ce qu'on souhaite.
On veut aussi contribuer à l'essor de la communauté franco-ontarienne ainsi qu'au mieux-être de la société aussi bien ontarienne que canadienne. Comme je le dis toujours à mes interlocuteurs, quand nous revendiquons des droits et des services en français, ce n'est pas pour les enlever à la majorité, mais pour être en mesure de contribuer à part entière à l'essor de notre province aussi bien qu'à celui de notre pays. Nous voulons le faire en tant que citoyens à part entière.
Pour ce faire, nous voulons nous responsabiliser. Nos axes d'intervention traduisent cette volonté. Le gouvernement fédéral et nos gouvernements ont un rôle à jouer pour ce qui est de la préservation de la dualité linguistique, mais le citoyen en a un également. Dans le cadre de notre plan d'action provincial, le plan stratégique communautaire, nous voulons nous donner les moyens, en tant que communauté franco-ontarienne, d'agir et d'évoluer dans toutes les sphères du développement de notre communauté et de notre province.
Passons maintenant à ce que nous considérons comme les bons coups de la Feuille de route actuelle, dans les cinq grands secteurs qu'elle propose.
Il est clair que pour l'Ontario français, les investissements en matière de santé ont été positifs. Le Consortium national de formation en santé, par exemple, permet de former des travailleurs de la santé en français et d'agrandir le réseau. En Ontario, par le truchement de la Société Santé en français, des réseaux de services en santé ont été créés, ce qui a permis aux francophones de participer à part entière à la planification des services. On ne peut pas renier cela. On va revenir sur la question de la santé et on pourra vous dire que c'est un dossier à poursuivre. En effet, quand on agrandit l'espace, il faut continuer à investir.
Du côté de la justice, on a noté qu'il y avait eu des gains significatifs dans le cadre de certaines initiatives. Mon collègue pourra en parler davantage, étant donné que c'est son domaine. Il n'en demeure pas moins qu'il y a eu des développements du côté des services de justice en français. Par contre, la question de l'accès est toujours un problème dans notre province, et c'est peut-être le cas ailleurs également. Ces initiatives doivent être maintenues.
Le développement économique était l'un des axes de la Feuille de route. En Ontario, on note les contributions du RDEE, qui a eu accès au Fonds d’habilitation pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. Ce financement permet le développement économique durable et la participation à part entière de nos concitoyens francophones.
Pour ce qui est du domaine des arts et de la culture, on a évidemment été très heureux de voir qu'il était inclus dans la Feuille de route de 2008. En fait, ce secteur valorise la langue davantage, développe ses artistes et fait en sorte que la communauté se sente pleinement épanouie. À nos yeux, il est donc important de bonifier ces programmes dans le cadre de la Feuille de route d'aujourd'hui et de demain.
Quant à l'immigration, elle influence certainement la croissance de notre population, comme partout ailleurs au Canada. Pour l'essor et l'épanouissement de la communauté francophone, l'immigration et l'accueil des immigrants francophones devient important. On a noté de bonnes initiatives, mais il reste que nous n'avons pas suffisamment de ressources pour faire valoir aux immigrants francophones le fait qu'il y a une place pour eux dans notre province aussi bien que dans notre pays.
Comme l'a dit mon collègue du secteur jeunesse, il est clair que les investissements dans des dossiers prioritaires de la jeunesse ont été bien accueillis en Ontario. Le réseau postsecondaire de notre province développe une jeunesse énergique et dynamique qui contribue, à bien des points de vue, à l'essor de notre communauté ontarienne de même qu'à la communauté canadienne. D'ailleurs, le succès des jeunes est tel qu'on a peine à les retenir en Ontario. En effet, leur contribution atteint les niveaux tant national qu'international. Certains de nos jeunes Franco-Ontariens évoluent sur la scène nationale et à l'échelle internationale à plusieurs endroits et dans tous les secteurs, qu'il s'agisse de main-d'oeuvre, de secteurs professionnels comme la santé ou d'autres encore.
Je termine en vous faisant part de notre point de vue sur le rôle du gouvernement fédéral à l'égard de la dualité linguistique.
Il est clair pour nous que le gouvernement fédéral a un rôle primordial à jouer quant au maintien de la dualité linguistique et, dans le cas du Canada, quant au maintien de la langue minoritaire. Si nous ne faisons rien et si nous ne sommes pas proactifs, la tendance ne sera pas en notre faveur. Si nous croyons que la dualité linguistique est une pierre angulaire de notre identité nationale, il faut nous y investir, à défaut de quoi nous risquerions de perdre ce riche héritage. L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario a fêté ses 100 ans, et nous souhaitons fêter les 200, les 300 et les 400 ans de la francophonie en Ontario et au Canada.
Nous souhaitons que le gouvernement fédéral continue à faire preuve d'un engagement proactif à l'égard de la dualité linguistique. Nous considérons que la prochaine Feuille de route devrait encore inclure les secteurs prioritaires. On devrait bonifier certains des investissements, car la francophonie doit réseauter. On doit appuyer davantage les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Une planification et un financement sur une base pluriannuelle seraient d'une grande aide pour ce qui est des investissements. Présentement, plusieurs projets sont annuels. On passe beaucoup de temps à préparer la demande et à répondre aux questions. Si les projets étaient pluriannuels, plus de temps serait employé à donner des résultats plus concrets.
On pense aussi que la Feuille de route devrait être mieux connue du grand public, et que les sources de financement devraient lui être communiquées davantage. Il est parfois très difficile de trouver des renseignements sur les différentes initiatives des ministères et autres.
Je veux terminer en disant deux choses. D'abord, nous sommes heureux d'avoir passé du temps avec vous. Nous vous réitérons notre désir de voir la francophonie de l'Ontario devenir un partenaire à part entière et de collaborer au grand projet d'une société canadienne qui s'inspire d'un riche héritage fondé sur ses langues officielles et sa culture. La citation du début qui nous inspire et à laquelle nous souscrivons complètement vient de notre premier ministre et apparaît au début de la Feuille de route.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord faire un aparté. Je remercie le greffier qui nous a fait parvenir les documents d'évaluation de Patrimoine canadien qui étaient disponibles. On s'inquiète quand même un peu de voir que le document est incomplet au moment où on est en plein processus d'évaluation. C'est pour le moins curieux. Merci tout de même des informations dont on dispose déjà.
Je voudrais remercier nos invités de la pertinence et la qualité de leurs présentations, qui contribuent vraiment à notre réflexion et à notre évaluation. Merci d'être ici. Aussi, je voudrais tirer mon chapeau au nouveau président de l'AFO et lui offrir tous mes voeux de succès, même s'il n'est pas présent physiquement ce matin.
Pour mon premier tour de parole, j'aimerais adresser mes questions aux gens de la Fédération de la jeunesse canadienne-française.
Une phrase dans votre présentation m'a particulièrement interpellé. Vous disiez souhaiter la pleine participation citoyenne des jeunes. Quant à nous, c'est une chose à laquelle nous sommes particulièrement favorables. Non seulement nous permettons à certains de s'absenter d'un cours de trois heures, mais nous avons aussi permis à certains de ces jeunes de quitter l'université pour quatre ans. Continuez donc à vous impliquer, l'avenir est vraiment là.
Ma véritable question touche plutôt cette recherche d'une pleine participation à la vie citoyenne. Croyez-vous que, dans la Feuille de route, cela soit assorti d'une pleine contribution financière? Pour tout dire, j'ai noté dans les détails de la Feuille de route qu'on avait inclus les Initiatives jeunesse dans le budget de Patrimoine canadien. C'est comme si on faisait des jeunes une classe à part, et qu'on considérait que ce programme ferait l'objet de toutes vos demandes. Or, ce programme, si je l'ai bien étudié, met 12,5 millions de dollars à la disposition de l'ensemble du Canada, dont 50 p. 100 sont réservés à des infrastructures, ce qui laisse bien peu d'argent pour faire valoir vos projets et vos idées.
On peut aussi lire que les projets annuels qui ne bénéficient pas de fonds récurrents devraient avoir un caractère innovant. J'aimerais entendre vos commentaires à cet égard. Il me semble que le personnel constitue une particularité de votre groupe — vous me direz si j'ai tort ou raison. En effet, il doit connaître un roulement plus grand, car aussitôt que les jeunes terminent leurs études et qu'ils sont aptes à obtenir un poste, ils quittent l'association pour des postes de responsabilité et laissent leur place à d'autres.
Trouvez-vous votre compte dans cette Feuille de route, et est-ce que la ventilation financière vous permet d'atteindre vos objectifs?
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Merci de votre question.
Je vais amorcer un début de réponse et je laisserai ensuite la parole à M. Sylvain Groulx, directeur général, afin qu'il la complète à l'aide de détails plus techniques.
Premièrement, le temps passé par un jeune dans le réseau jeunesse se situe autour de cinq à six ans, puisque la plupart d'entre eux s'impliquent vers l'âge de 14 ans. Ensuite, on peut commencer à observer un décrochage. Le jeune s'engage de manière différente, au niveau postsecondaire, dans son milieu de travail ou dans sa communauté. Donc, tous les quatre ans, et même lors de chaque événement, on constate un renouvellement assez important des jeunes.
L'objectif de chacune des initiatives de la fédération et de ses membres est d'avoir une influence considérable sur le jeune pour l'encourager à s'engager ensuite dans sa communauté. Le meilleur exemple d'un succès, c'est lorsqu'un jeune quitte la fédération pour ensuite se joindre aux rangs d'un organisme adulte, comme l'AFO, ou pour se joindre à un organisme dans un secteur particulier.
L'existence de projets pluriannuels nous permet de faire cela d'une meilleure manière. Cela nous permet de prolonger le développement du projet et d'impliquer des jeunes à plus long terme. Le besoin d'innovation se fait moins sentir. Si l'initiative est bonne, concrète et qu'elle donne de bons résultats, elle sera encore appropriée dans quatre ans. Il faudra la mettre à jour selon les nouvelles technologies, etc. Elle sera encore pertinente dans quatre ans, car des jeunes vont la vivre pour la première fois. Donc, ce besoin est un peu différent.
En ce qui a trait au financement, je vais laisser M. Groulx répondre.
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Merci. Je vais commencer et mon collègue pourra peut-être continuer.
Ayant oeuvré dans le domaine de l'éducation aux quatre coins de la province, je peux dire que vous avez parfaitement raison quand vous parlez de Toronto. Il est clair qu'il y a aujourd'hui dans l'Est de l'Ontario une plus grande concentration de francophones, ce qui rend certaines choses plus faciles. Par contre, dès qu'on s'éloigne de l'Est de l'Ontario, c'est-à-dire au-delà de Renfrew ou de Kingston, on atteint des communautés isolées. J'aime souvent dire que l'Ontario français représente, dans la province, toutes les caractéristiques de la minorité de l'ensemble du Canada. Il y a des endroits isolés et il y a des endroits où la concentration est élevée.
J'aime souvent dire que la francophonie de la grande région métropolitaine de Toronto est comme une francophonie rurale. Même s'il s'agit d'une grande agglomération, les francophones y sont isolés, d'où l'importance de créer du réseautage, des occasions, et d'agrandir l'espace francophone pour valoriser la langue.
À Windsor, il y a une autre sorte d'isolement. Un des projets principaux de l'Assemblée de la francophonie consiste à créer des réseaux, des occasions de travailler ensemble et de se connaître, de retourner chez nous, d'être fiers de ce que nous sommes et de prendre notre place.
Il y a des initiatives un peu partout, mais le défi de la distance ou de l'isolement demeure entier, même en Ontario, où l'on trouve une importante communauté francophone. Il y a dans le nord de la province des foyers de francophones. Hearst, par exemple, est une communauté dynamique. Certains l'appellent « le petit Québec », mais pour notre part, nous disons que ce sont des Franco-Ontariens. Ça fait maintenant plusieurs générations qu'ils sont établis à cet endroit. Il y a une vie culturelle, communautaire et économique francophone. Tous ces gens contribuent à l'essor de leur propre communauté.
Il y a des exemples à Kingston et à Penetang, notamment. Je pense à La Clé d'la Baie et à l'AFNOO, à Thunder Bay. Il y a là des organismes francophones qui deviennent partenaires des gouvernements provinciaux, et parfois du gouvernement fédéral, pour offrir des services dans les deux langues et desservir la francophonie.
Du côté de la responsabilisation, ces communautés ont contribué à relever certains défis. Il y en a toujours, notamment celui de garder cet espace vivant.
On parle de la radio communautaire et de Radio-Canada. Il y a des faiblesses du côté de Radio-Canada, comme l'a mentionné mon collègue. Or je demeure dans l'Est de l'Ontario, et quand je visite Toronto ou Sudbury, je constate que les stations locales reflètent vraiment l'Ontario et qu'elles font partie de la vie quotidienne. Même si je suis un peu plus vieux que mon collègue, je me lève au son de Radio-Canada. Dans l'Est de l'Ontario, ici, Radio-Canada dessert les deux côtés de la rivière, et il se peut qu'on nous oublie. C'est le défi auquel nous faisons face.
Pour en revenir à la dynamique franco-ontarienne, nous sommes dispersés et diversifiés, compte tenu des origines de notre communauté. Nous rassembler et agrandir l'espace francophone demeure un défi. Nos communautés sont vivantes et elles créent des événements. Toute une gamme d'événements a été promue par l'entremise des investissements de Patrimoine canadien, notamment. L'investissement fédéral dans le cadre de la Feuille de route a eu un effet domino: le gouvernement de l'Ontario se responsabilise donc lui aussi au moyen de certaines initiatives. On crée des partenariats intéressants pour agrandir l'espace francophone et valoriser la dualité linguistique.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais émettre quelques commentaires et poser quelques questions.
Monsieur Couture, je vous donne raison au sujet de la Société Santé en français. C'est le seul modèle où l'on retrouve à la table quelqu'un du gouvernement provincial. Je ne sais pas si elle est toujours membre du conseil mais, auparavant, une sous-ministre déléguée du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick était membre du conseil de la Société Santé en français. C'est le meilleur exemple d'une collaboration entre les ordres fédéral, provincial et communautaire. Ce serait peut-être bon d'envisager cela ailleurs.
En ce qui a trait à l'éducation et aux besoins, j'ai entendu dire qu'un des domaines sous-financés était celui de l'immersion. Cela a été dit ici, notamment par plusieurs groupes. D'ailleurs, il y a des listes d'attente en Colombie-Britannique. On a même commencé à offrir l'immersion au niveau postsecondaire à l'Université d'Ottawa et les listes d'attente sont très longues. Il faudrait peut-être que le comité se penche là-dessus.
Quand la Chambre siège, les mardi et les jeudi matins, je commence ma journée en écoutant M. Galipeau et je choisis de terminer ma journée en écoutant Mme Galipeau — Céline, de son prénom — à Radio-Canada. J'aimerais citer deux interventions au Parlement qui ont été faites il n'y a pas tellement longtemps.
La première déclaration est celle du député de , et je la cite en anglais:
[Traduction]
Monsieur le Président, j'ai l'honneur de présenter la première de milliers de pétitions qui demandent la fin des subventions publiques profondément injustes qui sont versées à CBC/Radio-Canada.
Des Canadiens de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan et de l'Ontario veulent tous mettre fin à la subvention de 1 160 000 000 $ octroyée à CBC/Radio-Canada à même l'argent des contribuables.
Des Canadiens des régions rurales d'Innisfail, en Alberta; de Chemainus, en Colombie-Britannique; de Waldheim, en Saskatchewan; et d'Exeter, en Ontario, exhortent le gouvernement à mettre fin à la subvention publique d'un milliard de dollars versée au diffuseur d'État.
Nous vivons dans un univers où nous avons déjà accès à un millier de chaînes. Pourquoi dépenser plus d'un milliard de dollars pour un diffuseur public comme CBC/Radio-Canada?
[Français]
Les propos de la deuxième citation proviennent du député de Yorkton—Melville. Ils se lisent comme suit:
[Traduction]
Monsieur le Président, j'ai le plaisir aujourd'hui de présenter un grand nombre de pétitions signées par des Canadiens de l'ensemble du pays.
Les pétitionnaires demandent au gouvernement d'arrêter de financer CBC/Radio-Canada. Ils aimeraient particulièrement attirer l'attention...