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Monsieur le président, monsieur Gourde, membres du comité, bonjour à vous tous.
Au nom de l'ACFA et de la communauté francophone de l'Alberta, je suis heureuse d'accepter l'invitation du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes à partager le point de vue de l'Association canadienne-française de l'Alberta, dans le cadre de l'étude sur l'amélioration des programmes et de la prestation des services de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne.
Notre présentation décrira brièvement l'ACFA, la manifestation de la dualité linguistique en Alberta, les priorités de notre communauté, notre appréciation des investissements de la Feuille de route en Alberta, ainsi que des considérations pour améliorer la Feuille de route.
Avant de poursuivre, je demande la permission de soumettre notre mémoire plus complet un peu plus tard. Le temps qu'on nous a accordé nous a permis de préparer cette allocution afin de nous présenter ici pour répondre à vos questions, mais un mémoire fournirait un portrait beaucoup plus complet.
Fondée en 1926 et régie par une loi de l'Assemblée législative albertaine depuis 1964, l'ACFA représente les intérêts et coordonne le développement global de la francophonie albertaine. Cette même loi a conféré un pouvoir à l'ACFA lui permettant d'incorporer 13 organismes régionaux et deux organismes affiliés, dans l'ensemble de la province. De plus, l'an dernier, l'ACFA a pu établir 12 coordonnateurs scolaires et communautaires au sein des communautés francophones isolées ou en émergence dans la province.
En plus de ces rôles, l'ACFA offre des services directs aux Albertaines et aux Albertains. Par exemple, nous exploitons un centre d'information bilingue, accessible par le Web et par une ligne téléphonique, sur plus de 1 000 services privés et non gouvernementaux disponibles en Alberta en français.
Nous gérons le répertoire ACCENT, qui assure la promotion des services parascolaires disponibles en français aux 34 écoles francophones et aux 204 écoles d'immersion française en Alberta.
Nous diffusons de l'information au moyen de différents canaux de communication sur des thèmes liés à l'emploi, à l'immigration, à la communauté francophone, aux activités communautaires, aux droits linguistiques, à l'histoire franco-albertaine et plus, attirant des milliers de visites, de clics, de commentaires, de tweets et de retweets chaque mois.
Nous offrons aussi une panoplie de services de formation, de sensibilisation, d'avantages collectifs pour les employés du milieu associatif francophone, d'activités promotionnelles et autres.
La province de l'Alberta arrive au troisième rang pour la population francophone vivant en situation minoritaire au pays. Aujourd'hui, 68 000 Albertains se définissent comme francophones, mais on estime à plus de 225 000 le nombre de personnes pouvant parler, vivre et travailler en français en Alberta. C'est donc dire que deux fois plus d'Albertains choisissent le français que ceux l'ayant comme langue maternelle. L'avenir de la vitalité francophone dépend donc d'une symbiose entre les francophones d'origine et les francophones de choix, pour le développement, l'offre et l'utilisation des services en français en Alberta.
Mais la francophonie albertaine vit d'autres défis. Elle est, entre autres, victime d'un déficit démographique de près de 9 000 enfants. Ainsi, même si 2,2 p. 100 de la population albertaine a le français comme langue première, seulement 0,7 p. 100 des enfants de 0 à 4 ans ont le français comme langue première. Le facteur prédominant est le faible niveau de transfert linguistique au sein des foyers où les parents ne parlent pas le français. Parmi les enfants ayant au moins un parent francophone, 82 p. 100 d'entre eux vivent dans un foyer interlinguistique, et seuls 15 p. 100 de ces enfants apprendront le français.
La mobilité de la population francophone est une autre réalité importante en Alberta. Entre 2001 et 2006, plus de la moitié des francophones de l'Alberta ont déménagé; 31 p. 100 sont venus d'ailleurs, dont 16 p. 100 d'une autre province ou d'un autre territoire; et 5 p. 100 sont venus d'un autre pays. Seule la Colombie-Britannique connaît une mobilité similaire. Chez les anglophones de l'Alberta, cette population se chiffre à 22 p. 100.
Il nous faut donc des modèles novateurs, adaptés à notre réalité, afin de rejoindre les besoins des masses dispersées de francophones.
Pour saisir les occasions stratégiques en faveur de la vitalité francophone en Alberta et minimiser les menaces contre le fait français, la francophonie albertaine s'est dotée d'une stratégie de développement à long terme intitulée Stratégie 2030.
Cette stratégie s'organise autour de trois grands axes pour assurer la vitalité de la francophonie albertaine.
Le premier axe est l'autonomie culturelle et le développement identitaire des francophones. Pour 80 p. 100 de la communauté, le taux de transmission linguistique est de 15 p. 100. Donc, comment transmettre la langue et la culture aux générations futures? De là l'importance, entre autres, de la défense et de la reconnaissance des droits linguistiques des francophones, de l'éducation francophone homogène, du développement culturel, de la petite enfance, de l'alphabétisation familiale, de la préservation et du rayonnement du patrimoine francophone.
Le deuxième axe est l'enracinement en toute dignité des nouveaux arrivants francophones. Environ 69 p. 100 de la population francophone n'est pas née en Alberta. Donc, comment faire en sorte que les francophones qui viennent s'établir en Alberta puissent s'épanouir? De là l'importance, entre autres, des services d'accueil et d'établissement, des services à l'emploi, du secteur économique, de la formation professionnelle et technique et de la reconnaissance des acquis des autres provinces et des autres pays.
Le troisième axe est la valorisation de la langue française auprès de la majorité albertaine, tant auprès de ceux qui la parlent qu'auprès des anglophones. Plus de 50 p. 100 des Albertains appuient la question de la dualité linguistique canadienne, et deux fois plus d'Albertains choisissent le français que ceux qui sont nés avec le français comme langue maternelle. Donc, comment faire rayonner le prestige de la langue française? De là l'importance, entre autres, de l'immersion française scolaire, postsecondaire et populaire, des communications, de la promotion et de la valorisation du bilinguisme et de la dualité linguistique comme valeurs citoyennes au Canada.
Tout comme les objectifs de la Feuille de route, les objectifs de l'ACFA sont de faire participer la population à la dualité linguistique et d'appuyer le développement de la communauté dans une diversité de secteurs clés de développement de la communauté francophone.
Nous avons choisi ici de souligner deux bons coups de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne.
En Alberta, les initiatives financées par Citoyenneté et Immigration Canada, par l'intermédiaire de la Feuille de route, permettent d'appuyer: un réseau de développement de l'immigration francophone qui rassemble les acteurs communautaires en vue de rejoindre les besoins des immigrants francophones au sein de la collectivité; des projets faisant la promotion de la tolérance et combattant la discrimination vécue par les francophones issus de l'immigration en Alberta; des activités de sensibilisation culturelle organisées par des centres d'accueil francophones en Alberta afin de rapprocher les communautés; et la création d'outils destinés à faciliter l'intégration des immigrants d'expression française, tels que le site Web www.destinationalberta.ca et le répertoire des services aux nouveaux arrivants francophones en Alberta. Il s'agit donc ici d'investissements qui atteignent directement les citoyens albertains d'expression française.
Par ailleurs, en novembre 2009, la communauté francophone de l'Alberta apprenait que Santé Canada investissait un montant de 1 million de dollars sur trois ans, provenant de l'investissement lié à la Feuille de route, par l'intermédiaire de la Société Santé en français. Dès le départ, nous savions d'où venait le financement, quel était le montant alloué et quels étaient les échéanciers.
À l'invitation du Réseau santé albertain, la communauté a participé à une rencontre de concertation afin de cerner les besoins et de déterminer les priorités. Trois projets communautaires d'envergure ont été sélectionnés et sont actuellement en période de mise en oeuvre. Les organismes responsables des projets sont accompagnés dans le processus et doivent rendre des comptes de façon régulière.
La communauté est donc responsable auprès du gouvernement. Pour nous, il s'agit d'un exemple concret d'un modèle gagnant où une communauté et le gouvernement peuvent travailler ensemble en vue d'atteindre leurs objectifs respectifs.
Afin de conclure, nous aimerions proposer quatre recommandations.
Premièrement, nous recommandons le renouvellement de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. Cette initiative du gouvernement fédéral a été et continue d'être d'une importance capitale afin d'assurer la vitalité et la dualité linguistique de l'Alberta.
Deuxièmement, si l'on veut la participation de tous les Canadiens à la dualité linguistique, il faut investir dans la visibilité et la promotion de cette dualité linguistique. Cela aura pour effet d'atteindre les clientèles ciblées, mais aussi d'assurer qu'une présence positive des deux langues officielles est ressentie par tous les Canadiens.
Troisièmement, il faut aussi investir dans les ententes fédérales-provinciales. La Loi sur les langues officielles dit qu'il faut respecter les compétences provinciales. Cependant, ce sont les provinces et les municipalités qui sont au premier plan lorsque vient le temps d'assurer la livraison de plusieurs programmes et services directs aux citoyens. Il est donc impératif qu'il y ait un dialogue fédéral-provincial afin d'assurer que les citoyens canadiens sont bien desservis dans la langue officielle de leur choix et qu'il y a un développement de programmes et de services dans les deux langues officielles.
Actuellement, 22 millions de dollars sont alloués à cette enveloppe à l'échelle nationale. De cela, 650 000 $ parviennent au gouvernement de l'Alberta, ce qui représente à peine 3 p. 100 de l'entente. Cela est totalement inadéquat afin de bien desservir la population francophone albertaine dans les domaines à développer.
Finalement, si on veut sincèrement appuyer les communautés de langue officielle en situation minoritaire et contribuer au développement des programmes et services directs pour les citoyens, il faut investir massivement dans le point central de la Feuille de route, c'est-à-dire l'appui aux communautés de langue officielle en situation minoritaire. Si nous avons aujourd'hui des écoles, des centres d'accueil et d'établissement, des agences d'emploi et d'autres services en français en Alberta, c'est parce que des organismes communautaires francophones ont détecté les besoins et ont par la suite effectué la mobilisation, la sensibilisation et la mise en marché de ces services.
En ce sens, nous recommandons donc que l'appui aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, qui représentent actuellement seulement 2 p. 100 de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne, soit bonifié.
Cela étant dit, je vous remercie.
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Pour le domaine d'action « Améliorer l'accès aux services pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire », nous retrouvons cinq axes.
En santé, l'accès à des services en français va au-delà du simple respect de la langue de l'individu. C'est aussi une question de sécurité personnelle, tant pour le patient que pour l'intervenant en santé. La population fransaskoise vieillit, et elle se renouvelle grâce à l'immigration et à la migration interprovinciale, surtout de non-anglophones. De plus, nos institutions scolaires permettent aux jeunes fransaskois d'être de plus en plus dominants dans leur langue maternelle.
En justice, il faut continuer d'augmenter le nombre et la variété de services juridiques. Non seulement la population fransaskoise prend-elle l'habitude d'une justice en français, mais le nombre de personnes employées dans ce secteur, chez nous, a augmenté de près de 40 p. 100 depuis 2008.
En immigration, depuis 2008, l'ACF a aidé 360 personnes, sans compter leur famille, en matière de services en immigration, et nous avons appuyé 85 immigrants en moyenne par année. En plus d'être très impliqués dans le recrutement d'immigrants à l'international et dans l'est du Canada, nous avons lancé, en 2004, le Réseau provincial en immigration. Il permet une meilleure coordination des activités, ce qui accroît l'effet des actions de chacun de ses membres.
En petite enfance, le réseau actuel comprend 6 centres éducatifs, 12 prématernelles, 10 groupes de jeux et 3 centres d'appui à la famille et à l'enfance. L'accès à ce réseau est surtout possible grâce à des investissements en nature ou en ressources financières de notre propre réseau communautaire, les investissements de la Feuille de route n'ayant pas su répondre à nos besoins à cet égard. À titre d'exemple, en 2010, 108 enfants étaient sur les listes d'attente pour un service de garde. Un an plus tard, 227 enfants sont toujours en attente de services. Afin de répondre aux besoins particuliers des groupes de parents, nous recommandons que la décision qui déterminera qui sera porteur du dossier de la petite enfance et comment ces fonds seront dispersés soit prise en consultation avec la Commission nationale des parents francophones.
On doit aussi maintenir un financement suffisant pour les arts, la culture et le patrimoine. Cette année, par exemple, le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts de la Saskatchewan ont créé le Portail culturel fransaskois, un fonds qui appuie directement les artistes fransaskois par un investissement de 690 000 $ répartis sur deux ans. Toutefois, il serait aussi nécessaire que la Feuille de route encourage les agences culturelles nationales, telles que l'Office national du film, le Conseil des Arts du Canada ou encore Téléfilm Canada, à investir chez nous, car c'est aussi à leur tour d'appuyer nos institutions culturelles en province.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi les témoins d'être parmi nous ce matin.
Madame Nolette, vous avez beaucoup parlé de chiffres, ce qui m'intéressait. Vous avez dit que 69 p. 100 des francophones de votre province ne sont pas nés en Alberta. En fait, cela doit sans doute être le résultat de la mobilité de la main-d'oeuvre. Personnellement, je connais des gens de ma région qui ont décidé d'aller travailler en Alberta, alors que d'autres ont choisi la Saskatchewan.
C'est toujours déchirant de voir des gens quitter notre région, car nous avons aussi des problèmes de main-d'oeuvre. Des leaders de certains secteurs d'activité — dans le transport, la construction ou la santé — quittent notre région. Nous sommes quand même un peu en compétition.
Une fois que la décision est prise, le modèle habituel est que l'homme part travailler dans une autre province pendant un an ou deux. La famille doit prendre une décision. Souvent, elle a de jeunes enfants. Parfois, l'épouse a un emploi au Québec, mais il est possible pour elle d'être transférée en Alberta. Les familles prennent parfois la décision de vivre en Alberta pour quelques années ou pour le reste de leurs jours.
À mon avis, votre organisation a un rôle à jouer au chapitre de l'intégration. C'est sûr que ces gens choisissent d'aller vivre dans un milieu anglophone, mais ils demeurent très attachés à leur langue maternelle. Vivre dans un milieu francophone et s'intégrer à une communauté francophone en Alberta, c'est plus difficile.
Comment les services que vous pouvez leur offrir aident-ils ces gens à s'intégrer et à apprécier leur séjour, ce qui vous permettrait de les garder plus longtemps?
L'Alberta et la Saskatchewan vivent un important essor économique. Vous avez besoin de main-d'oeuvre, mais si les gens viennent s'installer chez vous pour deux ou trois ans, ce n'est pas assez. Vous voulez les garder plus longtemps. De notre côté, nous sommes bien heureux de les voir revenir chez nous. On dit qu'on a gagné, parce que l'amour de leur endroit d'origine a fait en sorte de les faire revenir. De votre côté, vous voulez faire l'opposé. Expliquez-moi comment vous le faites.
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En fait, la question est de déterminer les services dont aura besoin le francophone qui veut venir s'installer en Alberta pour travailler. Ce seront des services à l'emploi et des services de différents types répondant à ses besoins de citoyen. Ces services sont fournis par le gouvernement provincial ou par les municipalités.
Quant à notre organisme, il veut rehausser les efforts des nouveaux arrivants et leur vie quotidienne par la vie communautaire. Par exemple, il se peut que quelqu'un parte pour l'Alberta avec un plan très clair en tête, qu'il sache où il vient travailler ou qu'il ait même déjà un emploi qui l'attend. Cependant, il a parfois besoin de services pour apprendre l'anglais, ce qui est nécessaire pour vivre en Alberta, ou de différents autres services.
C'est là que nous intervenons. Nous prenons le relais lorsque le gouvernement albertain ne se sent pas investi de l'obligation de promouvoir la dualité linguistique et de desservir la population dans les deux langues. Nous soutenons toutes sortes d'initiatives qui devraient, en fin de compte, être fournies par les institutions gouvernementales, qu'elles soient provinciales ou municipales.
Nous sommes très conscients que ces 69 p. 100 de francophones ne proviennent pas tous du Québec. Ils viennent aussi d'autres provinces où l'on parle français ou d'autres pays, et ils ont de très grands besoins.
Je vais donner un exemple spécifique qui pourrait répondre à la question de M. Godin. Cela illustre que notre relation avec le gouvernement albertain ne fonctionne pas tout le temps quand vient le temps de desservir les francophones dans la langue officielle de leur choix. Ce printemps, un appel d'offres a été lancé pour un service d'emploi à Fort McMurray. Fort McMurray est un endroit qui accueille une très forte population venant d'ailleurs, tant anglophone que francophone. Les francophones sont venus chez nous en grand nombre au cours des dernières années.
Finalement, l'appel d'offres pour desservir... Excusez-moi, parfois je me mêle dans le libellé de l'appel d'offres tel qu'il a été lancé. Je sais que Denis a le libellé exact de l'appel d'offres.
En passant, je n'ai pas profité de ma présentation pour nous présenter: Denis Perreaux est notre directeur général; moi, je suis présidente bénévole.
Je laisse donc mon collègue parler de l'appel d'offres.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités d'aujourd'hui.
Je ne sais pas si vous le savez, mais je suis un Franco-Albertain, un francophone d'origine. Je suis maintenant député de Toronto. J'apprécie les commentaires de mon collègue M. Galipeau qui a parlé du maire Van Brabant. Je le connaissais très bien.
Vous avez parlé, madame Nolette, des francophones d'origine et des francophones de choix. L'un des défis pour les communautés francophones en Alberta, en Saskatchewan et ailleurs au pays est de savoir comment les francophones d'origine peuvent rester des francophones de choix. Je suis heureux de voir l'esprit gaulois exister toujours dans les Prairies canadiennes, mais, à mon avis, la potion magique pour qu'un francophone d'origine reste un francophone de choix est constituée des arts, de la culture et du patrimoine.
Avoir des services en santé et en éducation, qui sont gérés par les provinces, pour la plupart, est une bonne chose. Toutefois, pour que quelqu'un ait la fierté et le courage de rester francophone et de parler français dans la famille, dans la communauté et dans les affaires, il faut une intervention de la communauté, appuyée — parfois, mais pas toujours — par le gouvernement, pour s'assurer que les arts, la culture et l'histoire restent implantés dans ces communautés.
D'ailleurs, ce sont des domaines où le gouvernement fédéral peut jouer davantage un rôle direct et où il a moins besoin de passer par les provinces et les municipalités.
Pourriez-vous parler des mesures que le gouvernement fédéral peut adopter à cet égard?
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Je pense qu'on a un peu les mêmes défis. Par exemple, en ce qui a trait aux médias, on parle de compressions possibles à Radio-Canada. Qu'aura-t-on comme médias télévisés et radiophoniques?
Les petits hebdos sont très fragiles. Pourtant, quand on parle à la direction de L'Eau Vive, on nous dit que les investissements du gouvernement fédéral, même en publicité, ont diminué de 40 p. 100 ou 50 p. 100. On ne reçoit même pas une part de publicité comparable à celle de The Star Phoenix ou de The Prince Albert Daily Herald, ou quoi que ce soit.
Nous avons aussi un patrimoine et des artistes. Plusieurs de nos gens font les manchettes un peu partout. Je suis d'accord avec Denis: c'est vital, c'est très énergique et beaucoup de choses se font, mais c'est souvent avec les moyens du bord.
C'est la raison pour laquelle on travaille sur le domaine des services en français du gouvernement provincial et fédéral. Dans la mesure où on peut vivre au jour le jour en français, la communauté reste vitale.
Il est à noter qu'en 1955, il y avait environ 55 000 personnes parlant français. Aujourd'hui, il y en a 47 000, 48 000 ou 49 000, mais à l'époque, il s'agissait de Canadiens français catholiques. Aujourd'hui, les gens comme moi sont en minorité. Il s'agit maintenant d'anglophones qui parlent français. Ce sont des immigrants, des gens d'un peu partout qui arrivent chez nous par migration, par choix, ou qui apprennent une langue seconde.
Je pense que les arts, la culture, le patrimoine et l'éducation sont importants. Par exemple, chez nous, le programme scolaire parle beaucoup des objectifs d'identité, de langue et de culture qui font partie intégrante de ce que les jeunes apprennent, soit une certaine fierté de qui ils sont.