:
Merci, madame la présidente.
Bonjour. Nous sommes très heureuses de témoigner devant ce comité pour fournir des renseignements sur le contexte général de la participation des femmes aux activités politiques, dans le but de soutenir votre étude sur les obstacles auxquels se heurtent les femmes en politique au Canada. Statistique Canada ne produit pas de données portant spécifiquement sur les processus de recrutement et de sélection des candidats, les réseaux professionnels ou les inégalités au chapitre des possibilités de perfectionnement professionnel ni sur le soutien aux femmes en politique au Canada.
Nous avons toutefois des données provenant de l'Enquête sociale générale qui illustrent les comportements sociaux des Canadiennes et des Canadiens en matière d'activités politiques. Nous présentons aujourd'hui une analyse comparative entre les sexes qui examinera la représentation des femmes aux postes parlementaires et gouvernementaux, leur participation au sein des organisations civiques et politiques ainsi que leurs opinions relativement à la scène politique. La majorité des données que nous présentons aujourd'hui sont issues de l'Enquête sociale générale de 2013 sur l'identité sociale.
[Traduction]
Nous savons que les femmes sont sous-représentées dans les postes supérieurs du gouvernement, les postes législatifs et les postes parlementaires au Canada. Au pays, les femmes comptent pour 46 % des cadres supérieurs de l'administration publique et des fonctionnaires, 35 % des législateurs et 27 % des personnes détenant des sièges au Parlement national. Toutefois, elles représentent 50 % des ministres du Cabinet.
La proportion de femmes qui travaillent comme cadres supérieurs de l'administration publique et fonctionnaires est conforme à la représentation des femmes sur le marché du travail, où globalement, les femmes demeurent sous-représentées. En 2015, les femmes comptaient pour 48 % de la main-d'oeuvre. Il importe toutefois de souligner que la participation des femmes au marché du travail augmente et que les femmes représentaient 37 % de la main-d'oeuvre en 1976.
Pour fournir un peu plus de contexte au sujet de la participation des femmes au marché du travail, pour les femmes qui travaillent, nous voyons qu'elles travaillent en moyenne 5,6 heures par semaine de moins que les hommes, et que, à l'heure actuelle, 19 % des femmes employées travaillent à temps partiel, par rapport à 6 % des hommes qui travaillent. La présence du cadet à la maison et son âge ont un effet notable sur les heures de travail des femmes, mais très peu d'effet sur le travail des hommes. Les heures de travail hebdomadaires moyennes des mères allaient de 34 pour celles qui ont un enfant de moins de 6 ans à 36 pour celles qui ont un enfant âgé de 18 à 24 ans. Les femmes qui n'avaient pas d'enfants de moins de 25 ans travaillaient le plus grand nombre d'heures par semaine, avec une moyenne de 36,4.
Maintenant que nous avons fourni un peu de contexte au sujet de la participation des femmes au marché du travail, examinons leur appartenance à des partis politiques et à des organisations.
Les femmes sont moins susceptibles que les hommes d'être membres d'un parti politique ou bénévoles pour un tel parti, mais elles vont plutôt faire partie de groupes scolaires, de groupes de quartier et de groupes communautaires. Les femmes comptaient pour 43 % des membres d'un parti politique en 2013. Environ 530 femmes et 700 hommes étaient membres d'un parti cette année-là. Cela se traduit par une proportion de 5 % des hommes qui étaient membres d'un parti politique en 2013, par rapport à 4 % des femmes. Lorsqu'on les répartit en fonction de l'âge, ceux qui font partie des groupes âgés de 65 ans et plus sont susceptibles d'être membres, à 7 %, et ceux qui font partie des groupes âgés de 15 à 54 ans sont le moins susceptibles d'être membres, à 3 %.
Nos données révèlent que 320 hommes, ou 2,2 %, ont été bénévoles pour un parti politique en 2013, contre 240 femmes, ou 1,6, %. La composition des membres des clubs philanthropiques démontre une tendance très semblable à celle des partis politiques, où 7 % des hommes ont été membres d'un club philanthropique en 2013, par rapport à 6 % des femmes. Il convient aussi de noter que l'appartenance à un parti ou à une association politique a tendance à être beaucoup moins populaire que d'autres types de clubs ou d'organisations.
Par exemple, même si 4 % des Canadiens sont membres d'un parti politique ou d'une association, près de 30 % des Canadiens sont membres d'une organisation sportive ou récréative, ou d'organisations à vocation culturelle ou pédagogique ou d'un club, d'après l'Enquête sociale générale de 2013 sur l'identité sociale. Les femmes manifestaient un plus grand intérêt que les hommes pour se joindre à un groupe scolaire, à une association de quartier, à une association civique ou à une association communautaire, dans une proportion de 20 % contre 15 %.
Regardons maintenant les différents moyens employés par les hommes et les femmes pour participer à certaines activités politiques.
Même si 17 % des hommes ont déclaré avoir assisté à une réunion publique au cours des 12 derniers mois, seulement 13 % des femmes l'ont fait. De même, une proportion plus élevée d'hommes ont exprimé leur point de vue sur un enjeu politique ou social en communiquant avec un journal ou un politicien ou au moyen d'Internet.
Par ailleurs, les femmes sont moins susceptibles que les hommes de signer une pétition et plus susceptibles de boycotter ou de choisir un produit pour des raisons éthiques.
D'autres types d'activités politiques, comme participer à une manifestation ou à une marche de protestation, porter un macaron ou un tee-shirt, afficher une pancarte pour appuyer une cause politique ou sociale ou s'y opposer ou signer une pétition sur Internet ne présentaient également aucune différence entre le comportement des hommes et des femmes.
La participation à des groupes politiques pourrait-elle être liée à un intérêt pour la politique? En comparaison avec les hommes, il semble que les femmes seraient moins intéressées par la politique. Même si 24 % des hommes ont déclaré être très intéressés par la politique en 2013, seulement 15 % des femmes ont dit l'être. À l'autre extrémité du spectre, plus de femmes que d'hommes ont dit qu'elles n'étaient pas vraiment intéressées, soit 25 % contre 19 % des hommes.
Lorsqu'il est question de voter, les femmes sont aussi susceptibles que les hommes de voter aux élections fédérales, et elles sont plus susceptibles que les hommes de voter aux échelons provincial ou municipal. Lorsque les femmes ne votent pas aux élections fédérales, elles fournissent des raisons légèrement différentes de celles fournies par les hommes qui ne votent pas. Plus particulièrement, en 2013, 13 % des femmes ont dit qu'elles n'avaient pas voté parce qu'elles n'étaient pas bien informées sur des questions, par rapport à 7 % des hommes. Les femmes sont également moins susceptibles que les hommes de chercher de l'information sur une question politique.
La participation à des activités politiques est associée de façon positive à l'éducation et au groupe de revenu. Plus les femmes et les hommes sont éduqués et plus ils ont des revenus élevés, plus ils sont susceptibles d'occuper des postes au gouvernement et d'entreprendre des activités civiques et politiques.
[Français]
En conclusion, lorsqu'on examine l'engagement communautaire et l'activité politique au moyen d'une analyse comparative entre les sexes, on observe des différences dans la participation politique des femmes et des hommes, alors que les femmes sont moins nombreuses que les hommes à être membres d'un parti politique.
Les femmes s'engagent dans leur communauté d'autres façons. Par exemple, elles s'intègrent plus souvent que les hommes aux groupes scolaires, aux associations de quartier, aux associations de citoyens ou à des groupes communautaires. Bien que les femmes soient moins susceptibles que les hommes d'assister à des réunions publiques ou d'exprimer leur opinion ouvertement, elles signent des pétitions et participent à d'autres activités politiques aussi souvent que les hommes. En général, cependant, les femmes sont moins nombreuses à déclarer s'intéresser aux questions politiques.
Les données du prochain cycle de l'Enquête sociale générale sur l'identité sociale seront recueillies en 2020. Il nous sera alors possible d'examiner l'évolution chronologique des attitudes et des comportements relatifs à la participation politique.
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de présenter nos données dans le cadre de votre étude. Mes collègues, Anna Kemeny et Jennifer Kaddatz, et moi seront heureuses de répondre à vos questions.
:
Regardons maintenant les données statistiques.
Comme l'a dit ma collègue Mme Harder tout à l'heure, vous ne pouvez pas commenter les chiffres de façon subjective. Je respecte cela, et je ne veux surtout pas vous mettre dans l'embarras.
Cependant, quand je regarde l'ensemble des chiffres, il n'y a pas beaucoup de distinction entre les hommes et le femmes, à l'exception des femmes « très intéressées » ou « pas du tout intéressées ». Quand il s'agit d'exprimer son opinion en communiquant avec un journal ou un politicien, le pourcentage de femmes s'établit à 9 % et celui des hommes, à 11 %. Il ne s'agit donc pas d'un écart important.
Je comprends que, sur le plan statistique, si on parle de 12 % et de 16 %, il y a une différence de quatre points, ce qui représente un tiers. C'est donc 33 % de plus. Il s'agit quand même de chiffres de 12 % à 16 %. C'est ma lecture bien personnelle et subjective. De toute façon, je suis payé pour être subjectif — pas vous. Je constate cela.
Avez-vous fait des analyses semblables relativement à un corps de métier, peu importe lequel, où on retrouve à peu près des chiffres similaires en matière d'engagement?
:
Merci beaucoup, Karen. Ne vous inquiétez pas. J'ai appris ma leçon.
[Français]
Je veux revenir sur le point que j'ai abordé avec vous tout à l'heure.
Évidemment, on met beaucoup d'accent sur le nombre de femmes qui se présentent en politique. En fait, 50 % des candidats peuvent être des femmes, mais il se peut qu'aucune d'elles ne soit élue. On ne peut pas présumer du vote des gens. Il serait aussi possible que 100 % des femmes soient élues et que la Chambre des communes soit composée uniquement de femmes, même si la moitié des candidats étaient des femmes. On met beaucoup d'accent là-dessus, mais il y a un élément qui est indépendant de notre volonté. Par contre, dans les autres métiers, il est possible d'agir en ce sens.
La raison pour laquelle je vous ai posé la question est la suivante. Les politiciens sont des gens en position d'autorité. Ce sont aussi des personnages publics. Selon les sondages, les gens n'aiment pas les politiciens en général, mais ils adorent leur politicien. C'est ce que nous constatons dans nos circonscriptions. Les gens nous aiment bien, mais, de façon générale, ils n'aiment pas la classe politique. Individuellement, ils nous aiment bien. Ils préfèrent l'arbre à la forêt.
J'aimerais faire un parallèle avec les gens qui travaillent dans le monde médical, par exemple les médecins. Ce sont aussi des personnages publics. Ils sont reconnus et ils sont en position d'autorité. Ils prennent des décisions très lourdes de conséquences.
Retrouve-t-on cette même proportion dans le milieu médical? Avez-vous déjà fait des enquêtes pour savoir quelles sont les capacités des personnes qui souhaiteraient travailler dans le monde médical, comme vous l'avez fait pour le monde politique?
:
Merci, madame la présidente.
J'ai raté la dernière comparution au Comité permanent de la condition féminine, et j'ai donc le plaisir d'être ici aujourd'hui, alors que vous entamez votre examen des obstacles auxquels se butent les Canadiennes dans la sphère politique.
Il y a 100 ans que les premières Canadiennes ont obtenu le droit de vote aux élections fédérales. Nous venons tout juste de célébrer l'anniversaire de cette avancée déterminante dans l'histoire du pays, sachant néanmoins que nous avons encore du pain sur la planche; nous accueillons donc cet examen avec joie.
[Français]
Il est essentiel d'augmenter la participation des femmes à la vie démocratique pour réaliser l'égalité entre les sexes et assurer à toutes et à tous un avenir meilleur.
[Traduction]
La nomination du premier Cabinet fédéral paritaire, en 2015, était un pas important pour le Canada. Cela dit, les femmes ne représentent encore que 27 % de la députation au pays: dans le classement de l'Union interparlementaire, le Canada arrive 61e sur 190 États pour ce qui est de la proportion de femmes élues au Parlement. À titre de comparaison, ce pourcentage, s'établit à 19 % à la Chambre des représentants aux États-Unis, à 39 % en France et à 44 % en Suède.
[Français]
Ces chiffres montrent que des obstacles continuent d'empêcher la participation égale des femmes à la vie démocratique, ce qui montre bien la discrimination systématique et les préjugés inconscients qui persistent toujours.
[Traduction]
Les obstacles qui empêchent la participation des femmes à la politique sont nombreux. Du lot, soulignons la perception qu'a la société des choix de carrière qui conviennent aux femmes, un manque de soutien de la part de la direction des partis, le manque de modèles, le harcèlement sexuel et la violence sexiste, la responsabilité disproportionnée des femmes en matière de soins et la peur des reproches et de la mauvaise presse découlant de normes de genre. Ces obstacles nuisent au développement d'une filière qui serait à même de conduire les femmes talentueuses et dévouées vers la vie politique au Canada.
Certaines femmes connaissent des obstacles supplémentaires à cause d'un éventail de facteurs identitaires, ce qui mine particulièrement la participation démocratique de celles qui sont jeunes, qui appartiennent à une minorité visible ou qui vivent en situation de handicap.
Les femmes autochtones, en particulier, se heurtent à des obstacles encore plus grands: en 2015, elles n'étaient que 3 parmi les 88 femmes élues au Parlement, et elles représentaient seulement 17,2 % des chefs de bande dans les Premières Nations.
[Français]
Pour que disparaissent les obstacles en tous genres qui continuent de freiner en grand nombre notre participation à la vie démocratique, de multiples parties prenantes doivent mettre la main à la pâte.
[Traduction]
C'est au niveau local qu'il faut commencer à préparer les femmes à diriger. Il faut mettre à profit la force et l'influence des réseaux et du mentorat pour donner aux femmes les outils et le soutien nécessaires à leur progression dans la filière vers le pouvoir politique. Voilà pourquoi Condition féminine Canada, par l'intermédiaire de son Programme de promotion de la femme, finance des projets qui favorisent la participation des femmes à la vie démocratique et qui améliorent leurs chances de faire carrière en politique.
Parmi ces projets, mentionnons le soutien à l'autonomie des femmes, grâce à l'octroi de plus de 13,5 millions de dollars pour 25 projets qui encouragent et renforcent la participation des femmes à la vie citoyenne et politique en s'attaquant aux obstacles systémiques. De cette somme, 5 millions de dollars ont été accordés aux projets qui visaient à amplifier la voix des femmes autochtones dans leur milieu. Un autre est le financement pour la promotion de l'égalité entre les sexes, avec 18 millions de dollars pour soutenir une cinquantaine de projets aux quatre coins du pays menés par quelque 150 chefs de file, des femmes qui travaillent à faire avancer l'égalité des sexes localement et au sein d'un réseau pancanadien.
Ces investissements nous permettent d'aider des organismes comme À voix égales qui, en 2017, a réuni à Ottawa, dans le cadre de son initiative « Héritières du suffrage », 338 jeunes femmes faisant figure de chefs de file afin qu'elles présentent leur vision de l'avenir pour notre pays — une par circonscription fédérale.
Le gouvernement cherche également des moyens d'éliminer les obstacles structurels que rencontrent les politiciennes. Tel qu'il l'a annoncé dans le budget de 2018, le gouvernement donne son appui aux mesures recommandées par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, afin de faire de la Chambre des communes un lieu plus adapté aux familles, un sujet qui va être abordé par mes collègues.
[Français]
Un véritable changement en faveur des politiciennes ne saurait se produire sans que les partis revoient leurs processus de recrutement et de sélection, qui sont porteurs de sexisme et de préjugés implicites.
[Traduction]
La chercheuse Melanee Thomas, de l'Université de Calgary, a démontré que, au moment du recrutement dans une circonscription qu'ils savent pouvoir gagner, les partis privilégient les candidatures masculines. Les femmes sont plus souvent choisies dans les régions considérées comme des bastions de partis adverses, ce qui réduit leurs chances de l'emporter et, globalement, le nombre de femmes élues. Les partis politiques pourraient s'inspirer de mesures prises par le gouvernement du Canada et utiliser l'analyse comparative entre les sexes plus dans toutes leurs décisions, notamment pour éliminer les préjugés qui teintent les procédures internes de nomination.
Grâce à l'approche ouverte, transparente et fondée sur le mérite adoptée par le gouvernement en 2015 pour la sélection des candidatures en vue des nominations par décret, les nominations de femmes ont augmenté de 10 % et s'établissent maintenant à 44 %.
[Français]
Malgré l'ouverture de possibilités et les changements structurels, le harcèlement demeure l'un des plus grands obstacles à la carrière politique des femmes.
Selon une étude menée en 2016 par l'Union interparlementaire, le sexisme, le harcèlement et la violence à l'égard des députées font entrave à l'égalité des sexes et minent les fondements de la démocratie partout dans le monde.
[Traduction]
Dans l'étude de l'Union interparlementaire fondée sur des entretiens avec les députées de 39 pays, plus de 80 % des participantes rapportent avoir vécu une forme de violence psychologique pendant leur mandat parlementaire, par exemple des menaces de mort, de viol, de passage à tabac ou d'enlèvement ou des menaces à l'endroit de leurs enfants. Cette violence psychologique est principalement véhiculée sur les médias sociaux.
Les insultes sexistes sont également fréquentes: près des deux tiers des participantes en ont été l'objet. Le harcèlement est monnaie courante, tout comme la condescendance. On note par ailleurs une proportion non négligeable de violence physique, 20 % des répondantes ayant été giflées, poussées, frappées ou visées par un objet qui aurait pu les blesser.
[Français]
Ces résultats s'apparentent à ceux d'un sondage mené en décembre 2017 auprès des députées canadiennes. Le gouvernement s'emploie à rectifier la situation, notamment avec le dépôt du projet de loi , qui vise à éradiquer le harcèlement sexuel et la violence sexiste dans les lieux de travail visés par une réglementation fédérale, dont le Parlement.
[Traduction]
En outre, le budget de 2018 prévoit 34,5 millions de dollars en 2018-2019, et 7,4 millions de dollars par année subséquemment pour la mise en application du projet de loi .
Il est évident que, pour que soit réalisée l'égalité des sexes en politique, un vaste éventail de personnes doit participer à la recherche et à la mise en place de solutions à long terme. Heureusement, il y a des signes que c'est en train de se produire à plusieurs endroits dans le monde. Au parlement britannique, les députés de tous les partis ont formé un groupe qui vise à améliorer le recrutement et la rétention des femmes en politique. Divers pays, comme le Mexique, le Rwanda et l'Espagne, ont instauré des quotas pour améliorer la proportion de candidates présentées par les partis politiques, et ces mesures portent leurs fruits.
Toutes et tous, nous devrions bénéficier de cet examen, qui nous aidera grandement à comprendre les obstacles qui entravent la participation des femmes à la vie démocratique canadienne, puis à concevoir des solutions adaptées. Condition féminine Canada a hâte d'entendre les témoignages des parties prenantes et des spécialistes du domaine. Nous attendons aussi avec impatience les recommandations du Comité pour favoriser l'apparition des changements institutionnels et culturels qui rendront notre démocratie plus ouverte à nous, les femmes, dans toute notre diversité.
:
Madame la présidente, j'aimerais commencer ma déclaration liminaire en remerciant la présidente et le Comité de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui sur ce sujet important des obstacles auxquels se heurtent les femmes en politique au Canada.
Je m'appelle Riri Shen. Je suis directrice des opérations pour le Secrétariat des Institutions démocratiques du Bureau du Conseil privé. Je suis accompagnée aujourd'hui de Selena Beattie, directrice des opérations, Affaires du Cabinet, Législation et planification parlementaire, et de Joshua Bath, analyste aux Institutions démocratiques.
[Français]
J'aimerais axer mes observations d'aujourd'hui sur l'état actuel de la représentation des femmes dans les institutions démocratiques au Canada, y compris au Sénat, et décrire certaines mesures prises récemment par le gouvernement pour accroître l'accessibilité de nos institutions démocratiques. Je concentrerai mes remarques sur le plan fédéral.
Comme vous le savez certainement, les élections de 2015 ont permis d'établir de nouveaux records en ce qui concerne la participation des femmes et le nombre de femmes élues à la Chambre des communes. Environ 30 % des candidats à l'élection de 2015 se sont identifiés comme étant des femmes et 26 % des députés élus à la Chambre étaient des femmes. À la suite d'un certain nombre d'élections partielles, qui ont eu lieu depuis la 42e élection générale, la proportion des femmes à la Chambre est passée à 27,1 %.
Bien qu'il s'agisse de sommets historiques en regard de la représentation des femmes à la Chambre des communes, il n'en demeure pas moins que la représentation des femmes se maintient à des taux bien inférieur à la parité et à des taux inférieurs à ceux de plusieurs démocraties ayant des vues similaires.
[Traduction]
Les recherches universitaires ont relevé un certain nombre d'obstacles à l'égard de la participation des femmes à la politique fédérale canadienne. En ce qui concerne le système électoral du Canada, les universitaires ont noté des obstacles allant de l'accès aux fonds et au financement jusqu'au réseautage, ainsi que des politiques internes de partis, comme des courses à l'investiture, le manque de soutien des partis aux candidates et le fait de placer les candidates dans des circonscriptions impossibles à gagner. De plus, les universitaires ont découvert que des facteurs extérieurs à notre système électoral jouent un rôle dans la représentation des femmes, y compris, sans s'y limiter, le ton à la Chambre des communes, les politiques favorables aux familles pour les députés, le harcèlement en ligne des représentantes, les engagements familiaux et d'autres grands phénomènes sociaux. L'augmentation de la participation et de la représentation des femmes est un enjeu complexe. Cela dit, le gouvernement continue d'agir pour éliminer ou atténuer certains des obstacles auxquels les femmes se heurtent lorsqu'elles se présentent à une élection.
[Français]
Dans le budget de 2018, déposé le 27 février, le gouvernement a annoncé qu'il appuie les recommandations formulées dans le rapport du Comité permanent de la procédure et des Affaires de la Chambre, qui est intitulé « Services destinés aux députés ayant de jeunes enfants », et qu'il collaborera avec le Parlement à cet égard.
Il s'agira, entre autres, de collaborer avec les parlementaires pour s'assurer que la Chambre des communes se montre flexible, empathique et raisonnable dans la prise de mesures d'adaptation pour les députés qui ont des besoins relatifs aux jeunes enfants dans le cadre de leurs fonctions parlementaires. Nous serons heureux de détailler ces besoins si vous avez des questions.
Le gouvernement a également donné suite à son engagement de modifier la Loi sur le Parlement du Canada, afin de prévoir la création d'un congé de maternité et d'un congé parental pour les parlementaires. Cet amendement figure dans le projet de loi , Loi no 1 d'exécution du budget de 2018.
[Traduction]
Le projet de loi , la Loi sur la modernisation des élections, qui a été présenté par la le 30 avril 2018, propose un certain nombre de mises à jour de la Loi électorale du Canada qui visent à rendre notre système électoral plus accessible pour les Canadiens.
J'aimerais faire ressortir des dispositions contenues dans le projet de loi qui visent à réduire les obstacles pour les candidats dans le traitement des dépenses réglementées afin d'augmenter l'équité et l'accessibilité pour ceux qui souhaitent se faire élire.
Le projet de loi modifierait la Loi électorale du Canada pour indiquer que les candidats peuvent choisir de payer les dépenses liées aux soins des enfants, au propre handicap d'un candidat ou à la fourniture de soins à une personne à charge handicapée à même leurs fonds personnels, en plus de la caisse électorale. Cela signifie que les candidats ne seraient pas désavantagés en exigeant que de telles dépenses soient appliquées à leur limite de dépenses durant une élection.
[Français]
De plus, ces dépenses seraient admissibles à un remboursement à la suite d'une élection, à un taux majoré de 90 % plutôt qu'au taux de remboursement actuel qui est de 60 %. Ces modifications profiteraient à la fois aux femmes et aux hommes, mais des données probantes suggèrent qu'elles seraient plus susceptibles de profiter aux femmes candidates. En veillant à ce que les femmes et les hommes dans toute leur diversité puissent participer à nos élections, le projet de loi apporterait aussi de nombreuses modifications dont le but serait de réduire les obstacles à la participation des personnes handicapées.
[Traduction]
Parmi celles-ci, on compte l'augmentation du soutien et de l'aide dans les bureaux de scrutin pour les personnes handicapées, l'augmentation des mesures d'accommodement pour participer au débat politique et l'élargissement de l'application des dispositions existantes dans la loi, de sorte qu'elles ne s'appliquent pas seulement aux personnes ayant un handicap physique.
:
Je vais répondre à cette question, mais je vais également inviter mes collègues à intervenir.
C'est un nombre incroyable de rôles différents.
Le projet de loi , qui portait sur le harcèlement dans une diversité de milieux de travail, est une des mesures les plus importantes.
Comme je l'ai dit, l'étude de l'Union interparlementaire a défini le harcèlement comme un des obstacles majeurs à l'entrée des femmes en politique. À quelques occasions, j'ai eu la possibilité de faire partie d'un groupe dirigé par l'Union à la Commission de la condition de la femme des Nations unies, et les histoires étaient vraiment poignantes, je dirais, en ce qui concerne les niveaux de harcèlement émotionnel et physique vécus par les politiciennes.
Assurément, le projet de loi va aider à cet égard, mais aussi le travail que Condition féminine fait pour aborder les questions de genre et d'égalité au sens large, en traitant de la violence fondée sur le sexe. Le travail que nous effectuons dans le cadre de ce programme aiderait également à cet égard.
Comme je l'ai mentionné, le Programme de promotion de la femme finance une bonne partie du travail dans le domaine du leadership, donc Nancy Gardiner va prendre la parole à ce sujet.
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Merci, madame la présidente.
Merci à vous d'être ici.
Il y a parfois des questions un peu partisanes qui fusent.
Madame Shen, j'ai beaucoup réagi à ce que vous avez dit au sujet des services destinés aux députés ayant de jeunes enfants. J'ai une petite fille qui va avoir 4 ans. Elle est donc née pendant mon premier mandat en tant que députée. Nous étions un groupe de députées à nous battre pour avoir ne serait-ce qu'une salle familiale pour allaiter et pour que toutes les salles de bain du Parlement, tant celles destinées aux hommes que celles prévues pour les femmes, soient munies d'une table à langer. Il y avait beaucoup de retard à cet égard, mais nous avons finalement obtenu que cela soit fait.
Cela étant dit, il reste encore des obstacles qui rendent les choses difficiles pour les femmes ayant de jeunes enfants. La garderie du Parlement donne la priorité aux enfants des députés, mais elle n'accepte pas d'enfants de moins de 18 mois. De plus, nous n'y avons pas accès si nous ne payons pas pour les faire garder cinq jours par semaine. Or souvent, ceux d'entre nous qui n'habitent pas dans la région d'Ottawa-Gatineau ne sont ici que trois jours par semaine.
Mme Christine Moore et moi avons mis sur pied un service de nounous. C'est quand même bien de pouvoir avoir notre enfant à la Chambre des communes. C'est tout à fait toléré dans le cas d'enfants de moins de 2 ans, mais ce n'était pas le cas quand nous avons eu nos enfants en 2014 ou en 2015.
Il y a autre chose qui m'a fait réagir dans le projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada, où il est question du « traitement des dépenses des candidats ». C'est une amélioration, mais il est quand même dit que ce sont des dépenses entraînées par la garde d'une personne ayant une incapacité ou d'une personne à charge. Qu'on considère, dans le remboursement de dépenses, le fait d'avoir un enfant comme un handicap pour la mère ou pour le père qui voudrait se présenter en politique, cela ne m'entre pas dans la tête.
Bref, il y a des avancées et j'espère qu'on continuera dans ce sens. Il se peut que j'aie mal compris, mais j'espère aussi qu'on pourra changer la notion de handicap.
Les deux groupes de témoins — surtout ceux de Condition féminine Canada — ont beaucoup parlé des initiatives prises pour faire avancer les femmes. Pouvez-vous nous parler un peu plus des préjugés inconscients? Prévoit-on donner de la formation à ce sujet sur la Colline? Vous avez surtout parlé de la situation au sein du gouvernement fédéral. On parle d'autodéfense intellectuelle. Des cours d'autodéfense intellectuelle pourraient-ils être offerts aux femmes?
On a consulté des femmes dans le cadre de programmes visant à les inciter à se présenter en politique. Elles ont dit ne pas savoir comment réagir aux commentaires dégradants, tant de la part de femmes que d'hommes. En entendant de tels commentaires, elles sont bloquées et ne savent pas trop comment y répliquer. C'est arrivé en comité. C'est aussi parce que nous sommes des jeunes femmes, pour ma part en tout cas. On ne nous a pas offert de formation ni d'information à ce sujet et je pense qu'il y a un manque à cet égard.
Il y a aussi le fait que les médias ne montrent pas de modèles féminins. C'est un problème, parce qu'on a l'impression qu'il n'y a pas de femmes qui s'intéressent à la politique, alors qu'il y en a, même s'il reste du chemin à faire. Y a-t-il du financement prévu pour la tenue d'entrevues avec des femmes en politique afin de démontrer que cela se fait, que c'est positif, agréable et utile?
:
Je crois que trois questions ont été posées. Je vais d'abord répondre à celle qui porte sur les mesures visant à rendre le Parlement plus propice à la vie familiale. Ensuite, je demanderai à mes collègues du Bureau de la coordonnatrice de la situation de la femme de répondre à la question qui porte sur les dépenses.
Le gouvernement a établi, très tôt dans son mandat, une priorité visant à rendre la vie familiale des parlementaires plus facile. Le leader du gouvernement à la Chambre a demandé à vos collègues du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'examiner la question. Ils ont produit un rapport l'automne dernier, qui traitait de cinq thèmes importants. Les deux premiers étaient liés à la question du système de points de déplacement.
À cet égard, ils avaient suggéré, premièrement, qu'on fasse preuve de flexibilité envers les députés ayant plus de deux enfants de moins de deux ans et qu'on explique aux députés que, dans ce cas, il était permis qu'un autre adulte accompagne les enfants.
La deuxième recommandation relative à la question des points de déplacement est celle d'étudier la possibilité de permettre aux députés qu'un enfant voyage avec eux sans que cela compte sur le plan des points. À cet égard, le Bureau de régie interne n'a considéré la question que le 24 mai dernier. Ses membres ont adopté quelques changements qui, je crois, ont été communiqués à tous les députés. En fait, le procès-verbal est disponible sur le site Web du Parlement. Les changements qu'ils ont apportés, si je ne me trompe pas, c'est que, aucun point ne sera déduit pour les enfants de mois de six ans et que les députés qui ont plus d'un enfant âgé entre 6 et 20 ans auront des points supplémentaires pour assurer que les points seront fournis pour le voyage des enfants.
Le troisième thème qui a été traité par le comité portait sur la question des congés de maternité et des congés parentaux. Comme vous le savez, en ce moment, les députés n'ont pas accès aux congés de maternité ou parentaux. Cependant, la Loi sur le Parlement du Canada exige, pour chaque jour de séance manqué au-delà de 21 jours, qu'il y ait une pénalité et que les députés ne puissent pas cotiser à l'assurance-emploi. Ils n'ont donc pas droit aux prestations de l'assurance-emploi. Alors, le Bureau a recommandé que cela soit changé.
Le gouvernement a introduit un amendement au projet de loi , Loi no 1 d'exécution du budget, qui est présentement à l'étude devant les parlementaires. Cet amendement vise à permettre au Parlement de créer un régime relatif à la maternité et aux congés parentaux. Cela permettrait à la Chambre des communes et au Sénat d'établir un tel régime. Évidemment, ce sera aux parlementaires de déterminer quelles seront les mesures précises.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins d'être ici aujourd'hui.
J'ai l'honneur de représenter les citoyens de Vimy, à Laval. De plus, je suis la seule députée de Laval.
J'ai été candidate aux élections à deux reprises avant de gagner. En même temps, j'élevais mes triplets et j'étudiais à temps plein à l'université en vue d'obtenir deux diplômes. Je suis donc une femme qui a essayé deux fois d'être élue, et je l'ai été en 2015. Je n'ai pas abandonné.
J'aimerais vous poser des questions concernant la participation des femmes à la politique. Pourriez-vous nous parler des obstacles auxquels les femmes se heurtent, mis à part le fait que, parfois, elles ne sont pas nommées dans des circonscriptions où la victoire est quasiment assurée. Est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence entre le contexte rural et le contexte urbain?
Une autre partie de ma question s'adresse aux femmes issues de groupes minoritaires, de groupes spéciaux. Pour ces femmes, y a-t-il plus d'obstacles liés à la vie politique que pour les hommes?
Ma question s'adresse aux représentantes du Bureau de la coordonnatrice de la situation de la femme.
:
Merci de poser la question.
[Français]
Je vais répondre en anglais, si vous le permettez.
[Traduction]
Les obstacles qui empêchent les femmes de participer à la vie politique comprennent notamment — et j'en mentionne une partie dans ma déclaration liminaire — la perception qu'a la société des choix de carrière qui conviennent aux femmes, le manque de soutien de la part de la direction des partis et la peur des reproches et de la mauvaise presse découlant des normes de genre. Les perceptions stéréotypées ou les partis pris inconscients au sujet des rôles de direction peuvent influencer la façon dont les politiciennes sont considérées et s'estiment.
Par exemple, un politicien pourrait être décrit comme compétitif et féroce, mais une politicienne qui a les mêmes qualités pourrait être perçue comme froide et agressive. Catalyst est une organisation à but non lucratif qui a découvert que les dirigeantes qui occupent des postes traditionnellement masculins sont jugées plus sévèrement par rapport à leurs compétences de leadership que leurs homologues masculins. Alors qu'un homme qui occupe un rôle de leadership peut être considéré comme compétent et sympathique, une femme compétente dans le même rôle est rarement considérée comme sympathique. D'autres perceptions préjudiciables comprennent l'idée que les femmes sont trop douces pour être en politique et qu'elles ne sont pas des dirigeantes naturelles.
Il y a des recherches. La recherche de Catalyst indique que les politiciennes de couleur font face à plus d'hostilité. Cela concerne la deuxième partie de votre question.
Nous avons un peu parlé de sexisme, mais cela se passe dans le recrutement des partis dont j'ai parlé, dans la recherche de Mme Melanee Thomas, de l'Université de Calgary. Nous en avons déjà parlé brièvement.
Puis, il y a les médias, qui réservent souvent un traitement déséquilibré aux femmes en politique, ce qui vient renforcer la politique comme arène masculine et comme quelque chose que les hommes devraient faire. Dans un examen de 2 500 articles mené sur une période de 37 ans, Mme Linda Trimble, politologue de l'Université d'Alberta, a constaté que les femmes qui menaient une course à la direction des partis politiques majeurs faisaient l'objet d'un examen disproportionné de leur corps, de leur apparence et de leur adhésion aux rôles de genre traditionnels, comme leur situation conjugale, comparativement à leurs homologues masculins. Sans surprise, les femmes déclarent être réticentes à se lancer en politique en raison de la façon dont les médias, y compris les médias sociaux, vont les traiter, et elles font état de préoccupations en matière de sécurité.
Comme j'en ai parlé plus tôt, les politiciennes sont souvent la cible de harcèlement sexuel, d'inconduite sexuelle et de chahut. Un sondage de la Presse canadienne mené en décembre 2017 auprès de députées féminines a révélé que 58 % disaient avoir été personnellement la cible d'une ou de plusieurs formes d'inconduite sexuelle durant leur mandat, et parmi les 22 députées qui avaient été victimes d'inconduite sexuelle, 15 ont dit que celle-ci avait été commise par un autre député.
Cela met simplement en évidence certains des obstacles dont vous parliez.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Mesdames, messieurs, soyez les bienvenus dans votre Parlement canadien.
J'ai eu le privilège de siéger à l'Assemblée nationale et je siège maintenant à la Chambre des communes depuis 10 ans. J'ai eu la chance et le grand privilège de siéger avec des gens, hommes ou femmes, de grande qualité. Je me souviens de Mme Sylvie Roy, qui a été ma première leader parlementaire et qui, malheureusement, est décédée il y a deux ans. Je pense aussi à Mme Agnès Maltais. C'était une péquiste convaincue, alors que j'étais pour ma part adéquiste et très fier de l'être. J'ai tenu avec elle de grands débats politiques absolument acerbes, mais extrêmement respectueux. Je pense aussi à Mme Michelle Courchesne, la première députée d'en face que j'ai cotôyée. Elle était ministre de l'Éducation quand j'étais porte-parole en matière d'éducation. Nous avons toujours travaillé de façon positive à l'avancement du Québec, à l'époque où j'y étais, malgré nos différences politiques et le fait que nous soyons de sexe opposé.
J'ai eu aussi la chance de siéger dans un Parlement dont le gouvernement était dirigé par une femme au Québec, soit Mme Pauline Marois. J'ai souvent dit que, Mme Marois et moi, nous nous entendions sur deux choses, à savoir que le soleil se levait à l'est et qu'il se couchait à l'ouest. Sinon, nos avis différaient sur à peu près tout. Il n'empêche que, pendant plus de 30 ans, cette dame a été très présente dans la vie politique québécoise et, par la bande, canadienne. Elle a assumé toutes les fonctions politiques importantes au Québec. Quand elle s'est retirée, l'ancien premier ministre Jean Charest a tenu ces propos:
Un jour, sait-on jamais, peut-être un homme fera la même chose. Permettez-moi d'en douter.
Depuis que je suis à la Chambre des communes, j'ai le privilège de rencontrer des gens de qualité, et ce, de toutes les formations politiques. Il y a Mme Harder, que j'apprends à connaître, et Mme Vecchio, bien entendu. Je pense aussi à Mme Ambrose, qui a été ma première leader parlementaire, ici. Elle a fait un travail exceptionnel et bien servi son pays en tant que chef de parti, mais également comme ministre.
Il ne faut pas oublier, sur le plan historique, Mme Flora MacDonald, qui a été la première femme à occuper le poste de ministre des Affaires étrangères. La situation était extraordinairement difficile. C'était en1979 et le gouvernement était minoritaire. Hier, cela faisait 39 ans qu'elle avait été assermentée. Mme MacDonald a assumé un rôle de premier plan sur la scène internationale au moment où le Canada vivait l'une des plus graves crises politiques qu'il ait jamais connu. Elle devait transiger avec six otages américains qui se cachaient dans l'ambassade du Canada en Iran, où une guerre civile sévissait. Grâce au leadership de Mme MacDonald, qui était soutenue par le très honorable Joe Clark, le premier ministre de l'époque, la diplomatie canadienne a connu, dans toute l'histoire du pays, l'un de ses plus beaux moments.
Toutes ces personnes avec qui j'ai eu le plaisir de travailler ont sans exception été élues dans le cadre du système politique actuel. Dans ce contexte, les gens se présentent et sont élus ou défaits. Ils doivent d'abord être choisis par leur parti politique. Dans certains cas, c'est le chef du parti qui les désigne, et dans d'autres cas, ce sont ses membres qui les élisent.
Ma question est fort simple. Comment, dans un système politique comme le nôtre, pouvons-nous atteindre l'équité, compte tenu du fait que, dans les partis politiques, qu'il s'agisse des conservateurs, des libéraux ou du NPD, ce sont les membres qui décident et, ultimement, la population?
Comment peut-on atteindre cette équité tant souhaitée?