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Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner au nom de Canada en programmation et soyez assurés qu'il me fera plaisir de répondre aux questions après mon exposé.
En ma qualité de directrice de la Programmation jeunesse de Canada en programmation, j'ai l'immense privilège, avec mon équipe, d'élaborer et d'offrir des expériences d'éducation en technologies accessibles aux jeunes du pays, et aux jeunes filles en particulier.
J'ai vécu l'expérience d'être une femme dans les STIM, et particulièrement dans le volet technologies. Je suis capable d'enseigner les disciplines du numérique au niveau postsecondaire et j'ai occupé des postes dans des organisations qui m'ont amenée à recruter dans des secteurs reliés aux technologies. Cette expérience m'a permis de comprendre le caractère problématique de la disparité entre hommes et femmes dans notre pays et cette constatation m'a amenée à me joindre à Canada en programmation afin de m'attaquer à ce problème en visant le système d'éducation.
La dure réalité de la disparité entre les hommes et les femmes dans les secteurs de la technologie saute aux yeux lorsqu'on regarde n'importe quelle classe d'informatique, lorsqu'on voit la composition des équipes qui conçoivent toutes les applications mobiles qu'on utilise tous les jours et lorsqu'on prend en considération les recherches menées.
Certaines études montrent que les femmes occupent moins de 25 % des postes en technologie au Canada et que 25 % de celles qui réussissent à se placer dans ce secteur industriel en sortent pour cause de sexisme ou de milieu de travail hostile, alors même que les femmes composent la moitié de la population canadienne. C'est un vrai problème.
Les femmes participent aux décisions des ménages au Canada. Les femmes inspirent la prochaine génération de scientifiques, de technologues, d'ingénieurs et de mathématiciens. En fait, les femmes représentent plus de la moitié des enseignants dans nos classes.
Étant donné que les technologies sont des moteurs constants et en croissance de l'innovation dans de multiples secteurs industriels, en tant que pays, nous avons l'occasion de réduire le fossé entre les sexes et de veiller à ce que nous travaillions à bâtir une nation plus prospère et unifiée.
Comment pouvons-nous résoudre ce problème? Il n'a pas de cause unique. Il est très complexe, très systémique et, par conséquent, il n'existe pas de solution unique.
Par ailleurs, ce que nous savons, c'est que l'écart entre les hommes et les femmes dans les technologies n'a rien à voir avec leurs différences biologiques. En fait, bien que plusieurs aient des doutes à ce sujet, de nombreuses études de recherche dissipent l'erreur. En effet, rien ne permet d'affirmer que les aptitudes des hommes et des femmes dans le domaine des mathématiques ne sont pas les mêmes.
Ce qu'il faudrait évaluer, c'est la conception des choses. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il faut se pencher sur les expériences vécues par tout le monde dès la naissance. Ces expériences façonnent notre vision de ce dont nous sommes capables et de ce que nous pouvons faire. Elles développent notre compréhension du monde, du leadership et de notre place dans la création de nouvelles technologies.
Nous devons outiller les femmes et les jeunes filles afin qu'elles aient confiance en elles, qu'elles acquièrent les compétences et les connaissances nécessaires pour passer de la situation de consommatrice à celle de conceptrice de technologies.
Canada en programmation considère que l'enseignement technologique peut jouer un rôle significatif à cet égard. Canada en programmation nous donne le privilège de concevoir des expériences d'apprentissage accessibles et inclusives pour les femmes et les jeunes filles, lesquelles forment deux groupes de Canadiennes qui, depuis toujours, sont marginalisés et sous-représentés.
Nous offrons des programmes destinés aux femmes adultes. Le programme Ladies Learning Code offre des expériences en technologies de base à ces femmes adultes ainsi que le mentorat de femmes de ce secteur.
Les programmes jeunesse visent tous à éveiller la curiosité et l'intérêt des filles à un jeune âge et à leur offrir ensuite un soutien durant leur cheminement vers l'âge adulte.
Les programmes destinés aux enseignants s'adressent aux éducateurs en tous genres. Ils visent à les outiller de toutes les ressources, les compétences, la confiance et la formation afin qu'ils mettent en place la littératie numérique dans les classes du primaire.
Dans cette quête d'équité, de diversité et d'inclusion grâce à une meilleure représentation des jeunes femmes et des filles au sein de la population active, Canada en programmation espère vraiment continuer à accroître cette relève sur le marché du travail et en éducation.
Je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Merci, madame la présidente.
Madame Van, nous vous remercions beaucoup de votre travail et nous remercions toute votre équipe de l'impact que vous avez. Cela nous aide vraiment.
Je vais citer deux recommandations formulées il y a un an, soit le 18 octobre 2016, par le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Un groupe de travail s'est demandé si le Canada avait respecté les engagements pris auprès des Nations unies en matière d'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Ce bilan n'est effectué que tous les cinq ans; il représente donc un document très utile pour nous.
Deux recommandations du comité en question qui visaient le Canada en particulier vont trouver un écho, je crois. J'aimerais savoir si votre groupe souhaite que notre rapport final rende compte des recommandations en question.
Il y a deux recommandations. La première se trouve au paragraphe 37b):
Le Comité recommande à l'État partie:
b) De renforcer ses stratégies de lutte contre les stéréotypes discriminatoires et les obstacles structurels qui peuvent décourager les filles d'aller au-delà de l'enseignement secondaire et de s'inscrire dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme les mathématiques, les technologies de l'information et les sciences.
La seconde se trouve au paragraphe 39b):
Le Comité recommande à l'État partie:
b) D'adopter des mesures effectives, notamment la formation professionnelle et l'incitation des femmes à exercer des professions non traditionnelles, et des mesures temporaires spéciales pour atteindre une égalité substantielle entre les femmes et les hommes sur le marché du travail et éliminer la ségrégation professionnelle horizontale et verticale, dans les secteurs public et privé, et d'adopter des quotas pour renforcer la représentation des femmes dans les postes de direction au sein des entreprises.
Il est question de professions non traditionnelles et d'études secondaires jusqu'à l'université.
À votre avis, si le Canada adoptait ces mesures, est-ce que cela favoriserait la présence des jeunes femmes sur le marché du travail, en particulier dans les domaines des STIM et en programmation?
Je désire tout d'abord mentionner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins et que nous sommes à une époque de vérité et de réconciliation avec les Premières Nations du Canada. Ce faisant, nous reconnaissons aussi que nos peuples autochtones sont surreprésentés dans tous les systèmes d'oppression.
Le mémoire que j'ai déposé s'appuie sur des faits et il est assez long. Il n'a pas été traduit, mais la greffière vous le remettra plus tard. Je ne croyais pas vraiment que c'était la meilleure journée pour se concentrer uniquement sur des faits, car les faits sont indiscutables. Du point de vue de l'intersectionnalité, ce sont incontestablement les femmes sourdes et les femmes handicapées qui présentent les plus hauts taux de pauvreté et de chômage au pays.
Je pourrais souligner quelques faits, mais je crois qu'il vaut mieux que vous lisiez le rapport, parce que les statistiques sont assez solides et convaincantes. En fait, le gouvernement du Canada s'est fait rappelé à l'ordre par trois organes de l'ONU — en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels, de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la CEDAW — parce qu'il avait laissé tomber les femmes et les filles handicapées, et s'est fait dire qu'il était temps d'agir.
[Français]
Tel qu'il a été mentionné dans l'appel du Comité permanent de la condition féminine pour la réalisation de ce mémoire, nous nous attacherons à démontrer les réalités des femmes en situation de handicap sous l'angle de la pauvreté, des statistiques portant sur leurs revenus, comme je le mentionne dans le rapport, de leur employabilité et des conditions de travail en vue d'examiner les conséquences sur leur bien-être.
[Traduction]
Au Canada, environ 1,5 million de femmes sont sans emploi. De ce nombre, 629 000... En fait, je vais arrêter de vous donner des chiffres. J'ai dit que je n'allais pas le faire, donc je ne le ferai pas, car c'est trop difficile.
Quelques statistiques méritaient d'être mentionnées, selon moi. En moyenne, les femmes handicapées gagnent 4 000 $ de moins que les femmes non handicapées. Encore une fois, dans la juxtaposition des femmes et de la pauvreté, les femmes handicapées ne touchent pas du tout le même revenu.
J'ai une autre statistique qui est importante lorsque nous parlons d'intersectionnalité.
[Français]
Rappelons que, en 2007, le rapport fédéral sur les incapacités annonçait que le taux de situations de handicap est estimé à plus de 30 % dans les communautés autochtones. Cela a été réaffirmé en 2017 dans le rapport d'Amanda Burlock en montrant une plus forte prévalence de situation de handicap chez les femmes des Premières Nations comparativement aux hommes, mais aussi chez les femmes n'étant pas des Premières Nations.
Ajoutons que les femmes autochtones racisées ou en situation de handicap sont surreprésentées parmi les femmes pauvres.
[Traduction]
L'objectif principal de mon exposé est de parler des femmes handicapées que ce comité ne voit pas, celles qui ne figurent pas dans les données et les statistiques. Je le fais parce que c'est nécessaire pour mieux comprendre ces femmes oubliées de tous. Je fais particulièrement référence aux femmes sans abri, aux femmes qui ont subi de graves blessures à la tête à la suite de violences. Comme certains membres du Comité qui m'ont déjà entendu parler de ce sujet le savent, les données récentes démontrent que le nombre de femmes qui sont handicapées suite à des gestes violents est beaucoup plus élevé que ce qui est reconnu à l'heure actuelle.
Je rappelle aux membres du Comité que certaines femmes sont victimes de trafic, soit pour le travail ou à des fins d'exploitation sexuelle. Encore une fois, lorsque nous nous penchons sur les données, nous pouvons présumer qu'il y a entre 25 et 35 % des femmes victimes de trafic qui sont handicapées.
Je tiens à rappeler aux membres de ce comité que les femmes transgenres handicapées, les femmes racialisées handicapées et les intersectionnalités existent. Il est important pour vous de ne pas penser uniquement aux femmes de race noire ou autochtones, ou encore aux prisonnières, mais aussi de penser aux intersectionnalités et de comprendre que, lorsque cette intersectionnalité comprend les handicaps, ces femmes sont les plus marginalisées.
En ce qui a trait aux recommandations, compte tenu du temps limité dont nous disposons, j'aimerais citer Sebastian Buckup, de l'Organisation internationale du Travail. Celui-ci déclare:
Il est utile de préciser que les personnes handicapées sont moins productives que les autres, non pas parce qu'elles présentent un « handicap », mais parce qu'elles vivent et travaillent dans des milieux qui les « handicapent ». Cela revêt une importance cruciale dans le message véhiculé par l'analyse: d'un point de vue économique, la création d'un milieu adapté aux personnes handicapées relève du bon sens.
La nouvelle réglementation sur l'accessibilité du gouvernement fédéral touchera naturellement diverses facettes de la vie des personnes handicapées. Je sais aussi que le gouvernement et chacun de vous, qui accomplissez un travail très important, devez collaborer avec vos homologues provinciaux et territoriaux dans ce dossier, puisque ces programmes et services sont offerts aux termes des ententes sur le marché du travail à l'intention des personnes handicapées conclues avec les provinces et les territoires. Nous devons impérativement y voir l'occasion de nous concentrer réellement dans nos échanges sur les groupes les plus touchés de la population.
Cela fait une dizaine d'années déjà que mon président et moi avons donné notre premier exposé. C'était en 2007. Nous avions mentionné à ce moment-là plusieurs éléments qui trouvent encore selon moi un écho considérable: l'établissement d'une distinction entre les différents programmes de soutien du revenu destinés à fournir aide et des services aux personnes handicapées; la création d'un milieu stable au sein duquel les personnes peuvent passer aisément d'un emploi rémunéré au soutien du revenu; l'augmentation des prestations de maladie prévues aux termes de l'assurance-emploi; l'extension de la définition de l'aide à l'emploi et du logement au foyer; l'établissement de forums permettant la mise en commun d'information et de groupes de soutien constituant une ressource précieuse pour les femmes handicapées désireuses d'intégrer la marché du travail, ainsi que d'aptitudes sociales nouvelles.
De concert avec ses partenaires du Conseil canadien de la réadaptation et du travail, RAFH Canada est en train de mettre à l'essai à Montréal le premier programme d'emploi à l'intention des femmes handicapées. Lancée il y a à peine six mois, cette initiative est le seul des quatre projets pilotes à être exclusivement centré sur les femmes et les filles.
Les constatations préliminaires confirment ce qui nous semble très clair: l'intersectionalité de l'invalidité et du sexe influe énormément sur l'emploi, et il est réellement important d'en tenir compte. Chez certaines femmes du pays, dans les Maritimes, par exemple, le taux de chômage peut atteindre 75 %.
Je pourrais insister sur le problème de la pauvreté, mais ce dernier a déjà été abordé. Les femmes autochtones handicapées sont celles dont la situation est la plus critique.
Pour en revenir à ces femmes oubliées, je voulais parler des maladies épisodiques et chroniques... et de certaines données en ma possession. Il y a deux éléments. L'un provient de Michael Prince et d'Yvonne Peters, qui ont réalisé une étude sur la pauvreté en collaboration avec le Conseil des Canadiens avec déficiences:
[Français]
Plus de quatre femmes handicapées sur dix vivant dans des ménages à faible revenu [soit] 43,7 % ne recevront pas au moins un des services de soutien requis, ou plus, pour leurs activités quotidiennes, comme la préparation des repas, les tâches ménagères, les courses, les finances, les soins personnels, la mobilité à l'intérieur de leur résidence etc. Moins d'une femme handicapée sur trois ayant un revenu supérieur au SFR [soit] 30,7 % vit la même situation.
Alors, comme je l'ai mentionné, je vous ai présenté un rapport vaste et précis avec beaucoup de détails sur les statistiques.
[Traduction]
En fin de compte, mesdames et messieurs, ce sont les femmes handicapées et les femmes sourdes qui affichent les taux de pauvreté et de chômage les plus élevés au pays.
Je pourrais rester assise ici et vous fournir des ressources. Je pourrais vous citer des statistiques, mais ce dont nous avons réellement besoin de la part de ce comité, c'est de leadership. Le gouvernement fédéral, y compris Condition féminine Canada et la ministre, en ont fait grandement preuve à certains égards. Vous devez soutenir la désignation des femmes handicapées comme l'un des groupes prioritaires auprès desquels intervenir, tant sur le plan économique que d'un point de vue social.
Merci.
Comme vous l'avez mentionné , je suis économiste en chef chez MEC. En plus d'être directrice, Affaires gouvernementales, chez 3M Canada, Elise siège à notre conseil d'administration national et préside notre groupe de travail Women in Manufacturing.
Nous sommes venus vous parler de la nécessité d'améliorer la représentation des femmes dans le secteur manufacturier. Elise et moi partagerons le temps qui est alloué à notre organisme.
Le secteur manufacturier est vital pour l'économie canadienne. Il emploie 1,7 million de personnes, représente environ 70 % de nos exportations et 11 % de notre PIB. Si l'on inclut les retombées du secteur, on peut affirmer que près de 30 % des emplois et de l'activité économique du pays sont tributaire de l'industrie manufacturière canadienne.
Cela dit, les manufacturiers sont confrontés à un certain nombre de difficultés qui les empêchent d'aller au bout de leur potentiel. Nos membres, par exemple, peinent à trouver des ouvriers, en particulier dans les métiers spécialisés et les STIM, pour sciences, technologies, ingénierie et mathématiques. Nous attaquer à ce problème constitue l'une des principales priorités de notre stratégie nationale Industrie 2030, dont l'objectif est de faire en sorte que la production manufacturière et les exportations doublent d'ici 2030.
La meilleure solution à ce problème consiste à attirer plus de femmes dans le secteur manufacturier. Les femmes occupent 48 % de tous les emplois au Canada, mais 28 % seulement des emplois dans ce secteur. La situation ne s'améliore pas. La représentation des travailleuses y est la même depuis une trentaine d'années. Cela ne touche pas que le Canada; partout dans le monde, d'autres pays dotés d'une industrie manufacturière développée vivent une situation semblable. Le déséquilibre des sexes constaté au Canada est encore plus prononcé dans les emplois liés à la production. Les femmes occupent moins de 5 % des emplois dans les métiers spécialisés et moins d'un quart de tous les emplois dans les STIM. Or, c'est justement dans ces types d'emplois que nos membres observent une grave pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.
Sous la direction d'Elise, MEC met en oeuvre une initiative majeure visant à résoudre ce problème. Nous avons publié notre premier rapport il y a environ deux semaines, ici à Ottawa. Je suis l'auteur de ce document, et Elise dirige les efforts relatifs au déploiement de l'initiative et aux étapes à venir. Nous avons apporté des copies de la version abrégée de ce rapport au cas où quelqu'un aimerait s'en procurer une version à la fin de la réunion. La version intégrale du rapport est disponible en ligne.
Compte tenu du temps qui nous est alloué, je ferai un bref survol de nos principales constatations, puis je céderai la parole à Elise qui vous parlera des étapes à venir.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que notre objectif, en préparant ce rapport, ne consistait pas uniquement à renforcer l'appui aux manufacturiers, mais aussi à ouvrir la voie à des occasions nouvelles et stimulantes pour les femmes. Le secteur manufacturier a beaucoup à offrir. Si on les compare à la moyenne nationale des emplois, ceux du secteur manufacturier offrent généralement plus de sécurité, sont plus souvent à temps plein et paient mieux. À l'échelle du Canada, pour chaque dollar gagné par un homme chaque semaine en moyenne, la femme touche 76 ¢. Ce montant atteint 82 ¢ dans les métiers spécialisés et dépasse les 86 ¢ dans les STIM.
Le rapport dont j'ai apporté quelques copies ici aujourd'hui est axé sur ce que les femmes ont à dire. En août et en septembre, nous avons réalisé une enquête au cours de laquelle nous avons posé à des femmes possédant une expérience directe du secteur manufacturier canadien une série de questions sur leur milieu de travail actuel, sur les défis et les obstacles qu'elles sont appelées à surmonter et, surtout, sur ce qui, à leur avis, devrait être fait pour attirer plus de femmes dans le secteur. C'est à partir des constatations tirées de cette enquête que nous avons préparé notre rapport et élaboré notre plan d'action.
La première et la plus importante de ces constatations est que les femmes oeuvrant dans le secteur manufacturier aiment leur travail: 80 % des répondantes estiment que si elles pouvaient recommencer leur carrière, elles envisageraient de demeurer dans le même secteur. La vaste majorité des répondantes encourageraient leurs filles à y faire carrière, et 91 % d'entre elles pensent que plus de femmes s'intéresseraient à ce secteur si elles voyaient à quoi ce dernier ressemble réellement.
Cela dit, les répondantes ont aussi cerné un certain nombre d'obstacles bien précis qui creusent l'écart entre les sexes. On dénombre trois aspects problématiques propres au lieu de travail dans le secteur manufacturier.
Le premier de ces aspects englobe le sexisme et la culture organisationnelle androcentrique. Nous avons constaté que de nombreuses femmes se sentent mal à l'aise dans le milieu de travail androcentrique qu'est le secteur manufacturier et qu'elles peuvent avoir l'impression de devoir travailler plus fort que leurs homologues masculins pour faire leurs preuves. En fait, l'écart entre les sexes dans le secteur manufacturier pourrait constituer, jusque dans une certaine mesure, l'oeuf et la poule: les femmes renoncent à faire carrière dans ce secteur parce que trop peu de femmes le font déjà.
Le deuxième aspect est le manque d'occasions d'avancement professionnel. L'enquête révèle qu'un nombre considérable de femmes quittent leur emploi dans le secteur manufacturier parce qu'elles y voient peu d'occasions d'avancement. Elles constatent en outre que les femmes sont sous-représentées à la haute direction et ont l'impression que les hommes ont davantage accès à des promotions.
Le troisième aspect est l'équilibre entre le travail et la vie personnelle. Les répondantes du secteur manufacturier disent qu'elles arrivent difficilement à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales. Nombre d'entre elles avouent avoir déjà quitté un emploi dans ce secteur pour cette raison. Celles qui ont des enfants craignent que leurs responsabilités familiales inéluctables entravent leur avancement professionnel.
Enfin, les femmes que nous avons interrogées soulèvent deux autres problèmes auxquels il faudrait s'attaquer. D'une part, le secteur manufacturier souffre toujours d'une mauvaise réputation. Les gens s'accrochent à une vision obsolète du secteur, qu'ils imaginent sombre, sale et dangereux. Selon certaines répondantes, cette perception incite les femmes à rejeter les occasions offertes dans ce secteur. D'autre part, les répondantes disent que le système scolaire n'en fait pas suffisamment pour encourager les jeunes filles à poursuivre des études dans les STIM et les métiers spécialisés. Elles croient qu'il est crucial d'attirer plus de filles dans ces programmes si l'on souhaite éliminer l'écart salarial entre les sexes observé dans le secteur manufacturier.
Voilà qui met fin à mon survol. Je cède maintenant la parole à Elise.
Je vais brièvement parler du groupe de travail Women in Manufacturing. Manufacturiers et exportateurs du Canada a créé ce groupe en mars. Pour la toute première fois, une femme venait d'être nommée à la tête du conseil d'administration de l'organisme qui existe depuis près de 150 ans. L'objectif du groupe est d'attirer plus de femmes dans le secteur manufacturier. L'une des premières mesures que nous avons prises a été de réaliser une enquête pour recueillir des données sur le marché canadien. À partir de ces données, nous avons fait cinq constats au regard desquels nous estimons nécessaire d'agir pour attirer les femmes dans le secteur manufacturier.
Premièrement, pour inspirer les jeunes femmes et les encourager à faire carrière dans le secteur manufacturier, il faut davantage de modèles féminins de grande notoriété. Les femmes doivent voir d'autres femmes réussir. Près de 37 % des répondantes sont d'avis qu'une des manières les plus efficaces d'attirer les femmes dans le secteur manufacturier est d'augmenter la visibilité de modèles féminins. Par rapport aux autres répondantes, les femmes âgées de moins de 35 ans sont considérablement plus enclines à dire que des modèles féminins permettraient d'attirer plus de filles dans le secteur manufacturier.
Deuxièmement, il faut exposer davantage les femmes aux installations manufacturières afin qu'elles aient une vision plus exacte des débouchés s'offrant à elles. Il faut tordre le cou aux idées fausses qui circulent au sujet du secteur manufacturier. Près de 61 % des femmes interrogées estiment que d'autres femmes seraient davantage disposées à envisager un emploi dans ce secteur si elles s'en faisaient une idée plus juste. Nous devons nous attaquer à cette idée éculée que le travail manufacturier est ennuyant, monotone et répétitif.
Troisièmement, il faut redoubler d'efforts pour encourager les jeunes filles à faire des études dans les STIM et les métiers spécialisés. Le principal obstacle à la réduction de l'écart entre les sexes dans le secteur manufacturier est le fait que le marché du travail ne compte tout simplement pas assez de femmes possédant les compétences requises pour occuper des emplois liés à la production. Sur 20 ouvriers dûment qualifiés, on ne compte qu'une femme environ. De nombreuses entreprises mettent tout en oeuvre pour recruter des femmes, mais leurs efforts demeureront vains à moins que le bassin de femmes disponibles ne s'élargisse.
Le quatrième constat est que les entreprises doivent rendre leur culture organisationnelle plus inclusive. Les femmes qui oeuvrent dans le secteur manufacturier aiment leur travail, mais relèvent des difficultés dans deux aspects précis. Le premier de ces aspects est l'écart entre les sexes en tant que tel, ou la question de l'oeuf et de la poule à laquelle Mike a fait allusion plus tôt. Les résultats de l'enquête sont sans équivoque: le déséquilibre des sexes fait en sorte que les femmes n'envisagent pas de faire carrière dans le secteur manufacturier. De plus, 30 % des femmes interrogées avouent que la culture organisationnelle androcentrique est ce qui les rebute le plus dans le travail manufacturier, et 30 % estiment que les femmes évitent ce secteur en raison du déséquilibre des sexes actuel.
Les entreprises doivent-elles aussi trouver des façons créatives de faciliter l'équilibre travail-vie personnelle de leurs employées. Beaucoup de femmes peinent à trouver un juste équilibre entre leurs responsabilités professionnelles et leur vie personnelle. Le travail par quarts, qui est monnaie courante dans de nombreux emplois liés à la production, fait en sorte que de nombreuses femmes ne postulent même pas à de tels postes.
Dans le mois à venir, MEC travaillera activement à l'élaboration de solutions avec des entreprises, le gouvernement et d'autres parties prenantes. Nous pouvons notamment promouvoir les carrières dans le secteur manufacturier auprès des filles et des femmes en renforçant la visibilité de modèles féminins au moyen d'activités et de campagnes sur le Web visant à diffuser leur profil. Celles-ci pourraient notamment prendre la forme d'une série de vidéos et de visites organisées montrant des carrières possibles dans le secteur manufacturier et des installations modernes. Cela permettrait d'exposer les filles et les femmes aux possibilités qui s'offrent à elles et de dissiper le mythe selon lequel il s'agit d'un milieu salissant et dangereux. Nous pouvons aussi faire connaître nos réussites dans la diffusion des réalisations de femmes dans le secteur manufacturier.
Enfin, nous pouvons soutenir les organismes qui contribuent à attirer les filles dans les STIM, des organismes tels que FIRST Robotics et Parlons sciences. Par exemple, depuis près d'une décennie, 3M Canada travaille de concert avec Parlons sciences, un organisme de bienfaisance qui encourage l'apprentissage et l'acquisition d'habiletés chez les enfants du préscolaire à la fin du secondaire aux quatre coins du Canada, afin d'aider les jeunes filles à être actives dans les STIM et à entrer en contact avec des professionnelles pouvant leur servir de modèles. 3M est également un partenaire fondateur de Canada 2067, une initiative nationale visant à repenser l'avenir de l'enseignement des STIM au pays.
Nous espérons que, d'ici quelques années, la participation des femmes au secteur manufacturier ne constituera plus un défi à relever, mais une force qui consolidera la compétitivité et la croissance de l'industrie manufacturière canadienne à l'échelle internationale.
Merci.
[Français]
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Je suis très heureuse de me présenter à nouveau devant ce comité. Nous étions ici au début de l'étude dont nous avons suivi le déroulement dans les derniers mois. Il est donc formidable de pouvoir être de nouveau ici aujourd'hui alors que vous êtes sur le point de la conclure.
[Français]
Cette étude est opportune, car la promotion de la sécurité économique des femmes est essentielle pour promouvoir l'égalité entre les sexes et assurer aux femmes un meilleur avenir.
Comme vous le savez, bien que nous ayons accompli de réels progrès, il reste du travail à faire. Au nombre des obstacles à l'égalité économique des Canadiennes, signalons la discrimination systémique qui prend notamment la forme de parti pris. Il y a aussi le colonialisme, qui touche particulièrement les femmes autochtones, et les normes sociales traditionnelles qui font largement reposer la prestation des soins sur les épaules des femmes.
[Traduction]
L'étude nous aidera tandis que nous travaillerons ensemble à réaliser l'équité pour toutes les femmes, notamment les plus vulnérables, y compris les femmes autochtones, les femmes membres de minorités visibles, les jeunes femmes et les femmes vivant en milieu rural. Atteindre l'équité pour tous les groupes de femmes exige un effort de concertation, non seulement à l'échelle du gouvernement fédéral, mais aussi de la part des gouvernements provinciaux et territoriaux.
Naturellement, le secteur privé et la société civile jouent aussi un rôle important. En conséquence, Condition féminine Canada a récemment lancé un nouvel appel de propositions pour des projets qui s'attaqueront aux obstacles institutionnels qui minent la sécurité économique des femmes. Intitulé Promouvoir la sécurité économique des femmes, cet appel vise à financer des projets qui favoriseront la sécurité économique des femmes partout au Canada. Ces projets seront réunis sous deux thèmes distincts.
Avec le premier thème, « Aplanir les obstacles systémiques grâce au partenariat », Condition féminine Canada invite les organismes à conjuguer leurs efforts en vue d'éliminer les obstacles institutionnels qui freinent l'avancement des femmes et minent leur sécurité économique. Ces obstacles comprennent le manque d'accès aux services de garde d'enfants, l'écart salarial et la disparité salariale. Avec le second thème, « Mobiliser le secteur privé et augmenter ses investissements dans la cause des femmes », Condition féminine Canada exige des organismes qu'ils établissent des partenariats avec le secteur privé pour mettre en oeuvre des solutions qui favoriseront la sécurité économique des femmes. Par de tels partenariats, le secteur privé pourra jouer un rôle de chef de file en contribuant à l'amélioration de l'égalité des sexes au Canada.
Condition féminine Canada a également lancé un appel de propositions intitulé Améliorer la sécurité et la prospérité économiques des femmes autochtones pour des projets qui soutiendront la sécurité et la prospérité économiques des femmes autochtones du pays. Cet appel invite les organismes à cultiver la collaboration entre les femmes autochtones, les organismes autochtones, les communautés autochtones et le secteur privé afin qu'ils favorisent ensemble la sécurité et la prospérité économique des femmes autochtones à l'échelle du pays. Leurs efforts conjugués feront fond sur les forces des femmes autochtones et permettront de cerner les occasions de réussite économique et de s'attaquer aux facteurs qui limitent de telles occasions.
Ces investissements ciblés par le truchement de Condition féminine Canada complètent la vaste série d'initiatives que le gouvernement du Canada a déjà mises en oeuvre pour s'attaquer aux facteurs faisant obstacle à l'égalité économique des femmes. Les membres du Comité qui connaissent Condition féminine Canada savent que nous sommes un tout petit organisme. Nous devons travailler avec tous les gouvernements afin de repousser les limites dans ce dossier. Depuis notre dernière présentation devant le Comité, nous avons continué de collaborer avec nos partenaires fédéraux. Des progrès ont été réalisés dans la réglementation fédérale au chapitre de l'équité salariale. Nous avons travaillé avec le Secrétariat du Conseil du Trésor et avec le Programme du travail. Nous avons obtenu les perspectives d'un grand nombre d'intervenants. Nous entendons les intégrer à la réglementation qui doit être proposée en 2018.
L'équité salariale n'est que l'une des facettes de la lutte contre l'écart salarial entre les hommes et les femmes. Les travaux se poursuivent au chapitre du Cadre multilatéral d'apprentissage et de garde des jeunes enfants et du financement consacré aux soins de garde d'enfants dans les réserves. Nous soutenons aussi les efforts déployés par nos partenaires fédéraux pour accroître la participation et la réussite des femmes dans les secteurs économiques clés que sont les sciences, les technologies, l'ingénierie et les mathématiques, ainsi que dans les métiers spécialisés. Condition féminine Canada soutient en outre l'élaboration d'un programme commercial progressiste qui favorisera l'égalité des sexes et la participation des femmes et de populations variées.
Nous poursuivons aussi notre interaction avec nos homologues provinciaux et territoriaux par le truchement du groupe FPT des ministres responsables de la condition féminine, afin de cerner les mesures collectives qui pourraient être prises pour éliminer l'écart salarial, y compris par la collecte de données. Réaliser l'équité économique pour les femmes exige qu'un large éventail d'intervenants travaillent ensemble à l'élaboration de solutions viables qui répondront aux besoins auxquels les Canadiennes sont confrontées tout au long de leur vie en matière de sécurité économique.
Pour améliorer la sécurité économique des femmes et assurer leur participation équitable à l'économie dans le futur, il sera impératif de continuer d'encourager le leadership à l'échelle du gouvernement; de créer et de soutenir des réseaux interministériels et intergouvernementaux visant à faciliter, entre autres, la collecte et la mise en commun de données ventilées; et de susciter l'établissement de partenariats entre les gouvernements, les dirigeants et les communautés autochtones, les organisations non gouvernementales, les institutions et le secteur privé.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui. Je suis heureux d'en avoir tant appris.
Je possède une certaine expérience de l'autre camp pour avoir été, pendant de nombreuses années, le seul homme d'un groupe de 35 femmes. Quand je suis entré en poste, la salle de bain des hommes servait de chambre fourre-tout.
Dans le monde de la fabrication, j'ai aussi vécu de nombreuses expériences en traitant avec les parents d'élèves du primaire et du secondaire. J'encourageais ces élèves à faire des stages et à acquérir de l'expérience de travail dès l'âge de 16 ans. À 20 ans, ils seraient prêts à entrer dans le monde du travail. À 30 ans, ils lanceraient leur propre entreprise. C'est ainsi que l'on devient propriétaire d'entreprise.
Toutefois, les parents me faisaient obstacle. En répondant à nos sondages et en discutant avec nous, ils ne pensaient qu'à l'université pour leurs enfants.
Avez-vous constaté cela vous aussi?