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Comme nous avons le quorum, nous allons commencer. Je vous souhaite la bienvenue à la 119
e séance du Comité permanent de la condition féminine.
J’aimerais également souhaiter la bienvenue à certains visiteurs présents dans la salle aujourd’hui. Nous accueillons des fonctionnaires de l’équivalent de Condition féminine Canada dans d’autres pays. Nous avons le groupe de travail Canada-Royaume-Uni sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ainsi qu’une représentante de l'Office for Women de l'Australie.
Bienvenue. J’espère que vous apprécierez notre rencontre.
Nous reprenons aujourd’hui notre étude sur le réseau de refuges et de maisons de transition qui desservent les femmes et leurs enfants affectés par la violence faite aux femmes et la violence par un partenaire intime.
Je suis heureuse d’accueillir John Gerrard, directeur général d’Habitat for Humanity Halton-Mississauga. Par vidéoconférence, nous accueillons, de la Table de concertation de Laval en condition féminine, Marie-Ève Surprenant, coordonnatrice, ainsi que Fabienne Héraux, intervenante sociale aux services externes pour la Maison de Lina.
Nous accueillons également Melpa Kamateros, directrice exécutive du Bouclier d’Athéna – Services familiaux.
Vous avez sept minutes pour faire vos présentations.
John, je vous cède la parole pour votre déclaration préliminaire.
Je m’appelle John Gerrard. Je suis le directeur général d’Habitat for Humanity Halton-Mississauga, un organisme de bienfaisance canadien qui vise à offrir à tous un endroit sûr et convenable où vivre.
Vous vous demandez peut-être pourquoi un représentant d’Habitat for Humanity se trouve ici aujourd’hui. Je suis ici parce que le logement et les refuges pour les personnes les plus vulnérables me passionnent. Je suis ici aujourd’hui pour parler au nom de mon conseil d’administration de la nécessité de sortir des sentiers battus et de la collaboration et des changements nécessaires pour construire plus de logements pour tous.
J’aimerais consacrer le temps dont je dispose aujourd’hui non pas aux statistiques, aux gens ou aux circonstances, mais plutôt à la réflexion sur la solution, à ce que nous pouvons faire pour offrir plus de lits plus rapidement, de façon à soutenir les organismes qui continueront d’offrir ces services essentiels pendant des années.
Parfois, une solution est si simple que nous ne la voyons pas, car nous avons tous des oeillères. Je suis ici pour vous dire qu'il est très simple de trouver une solution. On peut la trouver aujourd’hui, mais il faut que les organisations, y compris les organismes sans but lucratif et les organismes de bienfaisance comme Habitat, changent et se modernisent. Ils doivent surtout déterminer ce dans quoi ils excellent et ce sur quoi ils doivent concentrer leurs ressources limitées, afin que nous puissions tous travailler en collaboration.
Être différent, c’est difficile. C’est risqué et cela nous oblige à perturber certaines choses. J’aimerais vous dire pourquoi je pense que c’est simple et pourquoi la collaboration pour reconnaître les compétences de chacun est essentielle à la résolution de notre problème ici aujourd’hui.
Quelle est donc cette faille? Je crois qu'elle consiste à demander aux refuges et aux fournisseurs de logements de transition de devenir des promoteurs et des constructeurs plutôt que des experts en prestation de programmes de soutien. Comment pouvons-nous bien faire les deux? C’est une question que nous nous posons à Habitat for Humanity depuis mon arrivée en 2012.
Nous avons compris que nous ne pouvions pas tout faire et qu'en essayant, nous ne faisions que nous éloigner de l’objectif. Nous devons prendre des décisions difficiles et nous concentrer sur ce que notre conseil d’administration, à ma grande fierté, souhaite faire, c’est-à-dire devenir des bâtisseurs et des promoteurs dans nos collectivités pour le compte de toutes les organisations. Cela ne signifie pas que nous nous sommes éloignés de notre mission, mais plutôt qu’en concentrant nos compétences et nos ressources limitées, nous pouvons simplement construire plus de logements plus rapidement.
J’aimerais vous donner un exemple. En 2012, notre moyenne était d'une maison construite par année. Aujourd’hui, en 2018, nous avons commencé à construire 24 maisons de deux à cinq chambres à coucher et avons plus de 42 unités en planification. Le plus enthousiasmant, c’est qu’un grand nombre de ces bâtiments seront construits et remis à des partenaires communautaires locaux, y compris des refuges pour femmes et des logements de transition.
Cela représente-t-il un changement? Pas vraiment. Nos demandeurs sont les mêmes que ceux de bon nombre des organisations avec lesquelles nous collaborons. En fait, la plupart des personnes qui figurent sur notre liste d’attente de 100 personnes se retrouvent également sur la liste de 12 autres organisations qui oeuvrent dans nos collectivités. Je ne veux pas minimiser les besoins, car même s’il y a des dédoublements, nous savons aussi qu’il y a probablement de 3 000 à 5 000 personnes qui ont encore besoin d’un logement.
Pourquoi cette histoire est-elle importante et vaut-elle qu'on la raconte? Elle est importante en ce qu'elle donne une idée de la raison pour laquelle je crois que cet écart peut être comblé. En collaborant simplement avec nos partenaires, nous pouvons concentrer nos ressources et passer plus de temps à faire ce qu'il y a de mieux à faire, ce qui réduit le besoin de financement gouvernemental et permet aux bailleurs de fonds de cibler des domaines précis.
En fait, en 2017, nous avons établi un partenariat avec Halton Women’s Place pour fournir des logements à leur clientèle externe. Nous venons de terminer la construction de logements pour Community Living et nous sommes en train de construire des logements pour Milton Transitional Housing et de travailler avec Kerr Street Mission et Home Suite Hope, tous des organismes de bienfaisance qui offrent d’excellents programmes de soutien aux personnes qui vivent dans des logements de transition ou dans des logements pour femmes.
Cette orientation ne serait pas possible si nous n’avions pas un gouvernement engagé et passionné qui nous aide à penser différemment. Sans innovation et sans collaboration dirigée, les ressources limitées que nous devons ensuite distribuer aux masses continueraient de produire des résultats très limités. Nous avons besoin que le gouvernement incite les organisations à collaborer davantage et voie à ce que les ressources limitées soient affectées aux bonnes organisations au moment opportun, puis que ces organisations prennent ensuite leur place optimale dans ce casse-tête complexe.
Aujourd’hui, Habitat for Humanity est en mesure de construire une maison de quatre chambres à coucher pour 200 000 $ en mobilisant la collectivité, les bénévoles, les entreprises locales et le gouvernement, de même qu'en usant de stratégies qui permettent de desservir plus de familles. L'entreprise sociale que nous avons mise sur pied vise à accroître ses compétences et sa capacité en matière de construction et de développement. Nous sommes actuellement en train de construire 18 logements de plus à Burlington, un projet qui prendra trois ans à réaliser, et c'est la collectivité qui recueillera 4,3 millions de dollars sur les 7 millions de dollars que coûtera le projet. Les 2,7 millions de dollars restants proviendront des programmes fédéraux et provinciaux de l’IAH.
Une fois le projet terminé, Habitat for Humanity assumera les prêts hypothécaires et gérera les propriétés, tandis que nos 12 partenaires communautaires soutiendront les clients tout au long de leur parcours.
Ce que je vais dire maintenant ne sera peut-être pas bien perçu par mes pairs des autres organismes sans but lucratif. Je suis ici, parce qu'il nous faut construire plus, plus rapidement, et que la seule façon d'y arriver est de consacrer nos ressources limitées à ceux qui peuvent offrir une solution financièrement responsable à long terme. Nous avons besoin de prendre de l'expansion.
La résolution de la crise ne peut se faire rapidement et exige des décisions difficiles de tous les ordres de gouvernement et des fournisseurs de première ligne. Il est important que vous compreniez que nous avons déjà commencé à trouver des solutions pour que cela devienne réalité. Nous avons rationalisé nos processus et ceux des 12 autres groupes de travail communautaire. Nous avons signé des protocoles d’entente sur la façon dont nous allions rationaliser nos ressources et nos services afin de travailler ensemble à construire plus de logements, plus de lits et plus de refuges.
En qualité de partenaire collaborateur, nous pouvons offrir la construction physique, les compétences et la capacité pour procéder de façon plus rentable. Halton Women’s Place se concentrera sur les domaines dans lesquels elle excelle, c’est-à-dire la prestation de services essentiels aux femmes et aux enfants qui s’adressent à elle pour obtenir de l’aide.
Aujourd’hui, le gouvernement libéral a investi dans l’un des éléments les plus importants et essentiels de notre société, soit le logement et les refuges. Avec l’introduction de la Stratégie nationale sur le logement du Canada, Un chez-soi d'abord, le gouvernement a reconnu la valeur et l’importance cruciale de l’approche Logement d’abord. Mon organisation salue votre leadership audacieux et décisif. Le Comité a l’occasion de participer à la Stratégie nationale sur le logement, de formuler des recommandations en vue de mobiliser et de distribuer du financement et d’exprimer des préoccupations, de sorte que le processus soit rationalisé, ce qui nous permettra de maximiser la construction destinée aux personnes qui en ont le plus besoin.
Si nous sommes prêts à offrir 150 000 $ pour un logement locatif, pourquoi ne sommes-nous pas prêts à offrir 150 000 $ pour offrir des refuges et des lits? À Habitat, nous sommes à la recherche d’activités nouvelles et importantes que le gouvernement peut aider à diriger.
Je vous demande aujourd’hui de reconnaître qu’il y a, dans un programme, une différence entre le volet immobilisations et le volet exécution. Ne demandez pas aux spécialistes des programmes de s'occuper de la construction des logements. En même temps, ne demandez pas à vos spécialistes de la construction de s'occuper des programmes. Les joueurs traditionnels qui fournissent depuis toujours des logements et des lits ne seront pas les mêmes à l’avenir. Grâce à des partenariats de collaboration sanctionnés par le gouvernement, nous pouvons fournir le soutien nécessaire par des programmes et des logements.
Nous voulons que le gouvernement demande et gère la collaboration, qu'il la soutienne et l'alimente. Nous ne pouvons pas régler ces situations désastreuses par nous-mêmes.
En terminant, je vous demande de réfléchir à la façon de concevoir une nouvelle voie vers la transition en matière de refuges et de maisons de transition. Sortez des sentiers battus. Le gouvernement doit lui aussi être un chef de file.
J’espère avoir aujourd'hui semé un germe que la discussion et peut-être même le débat feront grandir. J’espère que notre discussion d'aujourd'hui aura réussi à accomplir cela.
Enfin, je crois que nous sommes plus grands, meilleurs et plus forts ensemble. Il suffit de combler les lacunes.
Merci beaucoup, madame la présidente.
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Nous sommes très heureuses de pouvoir participer aujourd'hui à cette étude sur les refuges et les maisons de transition pour femmes victimes de violences. Le Québec doit faire face à un déficit criant de places disponibles, et la situation est particulièrement grave à Laval.
Aujourd'hui, nous voulons faire rapidement un état de la situation dans notre région ainsi que vous proposer des pistes de solutions.
À Laval, comme ailleurs, il y a beaucoup de femmes qui voient leur demande d'aide en lien avec des violences vécues refusée, faute de places d'hébergement disponibles ou de ressources adaptées à leur situation.
La situation est assez alarmante à Laval, et c'est pourquoi nous avons documenté les besoins d'hébergement dans la région, dans le but d'assurer des trajectoires sécuritaires pour les femmes.
Cette étude nous a révélé, sans surprise, que l'offre de services est loin de répondre à l'ensemble des besoins. Nous allons y revenir plus tard.
Nous avons aussi fait un portrait des femmes en situation de vulnérabilité, et les résultats ont été publiés en 2015. Il a été démontré que les organismes présents sur le territoire devaient orienter, dans 98 % des cas, les femmes qu'ils accompagnaient vers d'autres ressources afin de pouvoir répondre à l'ensemble de leurs besoins. Dans 57 % des cas, les femmes avaient été envoyées hors de la région, faute de ressources.
Il faut noter qu'à Laval, il n'y a aucune ressource pour les femmes qui vivent des problèmes multiples en lien avec la violence. En effet, si elles ne subissent pas de violence conjugale, il n'y a aucun lieu d'hébergement de crise ou de transition pour ces femmes.
Par exemple, la population de Laval s'élève à plus de 435 000 personnes, et la ville compte seulement neuf ressources d'hébergement communautaire, que ce soit de crise ou de transition. Parmi ces neuf ressources, uniquement trois sont des ressources non-mixtes pour les femmes, et ces trois ressources non-mixtes ont pour mission l'accueil et l'hébergement des femmes victimes de violence conjugale et de leurs enfants.
Parmi les autres ressources mixtes, seulement deux accueillent des personnes en situation d'itinérance ou vivant des problèmes multiples. Ces deux ressources offrent sept places d'urgence, dont deux de moins de 24 heures. Cela vous donne donc une idée de l'offre d'hébergement à Laval.
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Selon nos dernières statistiques, 401 femmes ont été refusées à cause d'un manque de places, et 205 femmes et enfants en raison d'autres problèmes.
Bien que ces chiffres soient alarmants, ils ne témoignent que partiellement de l'ampleur des besoins. Ils ne tiennent pas compte des femmes qui ont été dirigées directement hors région par SOS violence conjugale à cause d'un manque de places ou d'autres problèmes.
Ils ne comptabilisent pas non plus les femmes hébergées à Laval, mais orientées vers d'autres ressources pendant leur séjour en raison d'autres difficultés, comme la santé mentale, les problèmes de dépendances. Ces femmes se retrouvent rapidement à l'extérieur de la région.
Comme il n'y a pas de ressources pour les femmes en difficulté, elles n'ont pas d'autre place où aller. Elles doivent faire face à une forme d'itinérance, se déplaçant d'une maison à l'autre. J'ai déjà connu une femme qui avait vécu deux mois dans son auto avant de se rendre à notre maison.
Par ailleurs, lorsque nous avons la possibilité d'offrir une place aux femmes en difficulté, cela signifie notamment un changement dans la vie des enfants, par exemple, un changement d'école. Si ces femmes sont réorientées vers un HLM ou une autre ressource en deuxième étape, il y aura un nouveau déménagement. Le manque de places d'hébergement à Laval est un vrai problème. Cela victimise à nouveau les femmes et les place dans un véritable état d'insécurité.
Tout d’abord, j’aimerais remercier le Comité de nous avoir invités à participer à ce sondage. C’est très important pour nous.
Je suis ici aujourd’hui à titre de directrice exécutive du Bouclier d’Athéna – Services familiaux, ainsi que pour l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape du Québec. Ma collègue, Mme Surprenant, a mentionné notre prochain projet de deuxième étape.
Le Bouclier d’Athéna a été créé en 1991 par un groupe de bénévoles. Notre réseau actuel, qui est jugé suprarégional, parce qu’il passe d’une région à une autre, comprend deux centres offrant des services externes et un refuge d’urgence, la Maison d’Athéna, qui a vu le jour en 2004.
Je veux simplement dire, même si c'est un peu hors sujet, qu’il nous a fallu 13 ans pour obtenir le premier refuge, et nous travaillons depuis 2010 pour la deuxième étape. C’est un processus très long et ardu.
Nous parlons 17 langues au Bouclier d’Athéna, et nous faisons aussi beaucoup de sensibilisation auprès du public et des communautés. Ce n’est pas un hasard si nous parlons autant de langues: c'est parce que nous voulons donner accès à l’information et aux services au plus grand nombre possible de personnes qui ne parlent ni l’anglais ni le français. Si l'on examine la réalité multiculturelle et multilingue du Canada, nous constatons qu’actuellement, un Canadien sur cinq est né à l’étranger. D’ici 20 ans, on estime que ce sera un sur trois. Pour nous, la langue est un enjeu énorme. C’est la porte d’entrée, et c’est ce qui permet aux gens d’avoir le choix de recourir à l'aide — pas l'aide, mais le choix d'y recourir.
Chaque Canadien ne devrait-il pas avoir la possibilité de recourir à l'aide? Il existe une inégalité fondamentale dans les questions relatives à la justice sociale au sein du système. Nous avons constaté cette inégalité, car nous travaillons avec une clientèle très vulnérable. Cette vulnérabilité est particulièrement flagrante dans les cas de violence conjugale ou familiale, où même si une victime connaît parfaitement l’anglais ou le français, elle est souvent très réticente à venir chercher de l’aide.
À l’heure actuelle, 60 % de nos clients externes nous sont référés par le réseau des établissements de santé et de services sociaux du Québec. Une personne sur quatre ne parle que sa langue d’origine. Comment envoyer cette cliente dans un refuge ou la faire bénéficier des services du système? Ce n’est pas facile.
Quoi qu’il en soit, de nombreuses statistiques révèlent la gravité de la situation en matière de violence conjugale partout au Canada, mais elles ne donnent qu’un aperçu partiel. C’est parce que, comme Statistique Canada l’a signalé, seulement 30 % des cas de violence conjugale sont signalés. Si nous ajoutons à cela les 30 % de personnes qui ne peuvent pas signaler la violence, non pas parce qu’elles ne s’en soucient pas ou qu’elles n’ont pas l'option d’agir, mais parce qu’elles sont limitées sur le plan linguistique et d'autre façon, ce nombre devient très élevé.
Comment pouvons-nous diversifier et augmenter le nombre des refuges et des services existants, afin d'offrir plus d’options aux femmes victimes et à leurs enfants, qui proviennent de ces clientèles très vulnérables?
Nous avons entendu parler de la nécessité d’augmenter le nombre de lits, mais en plus d’augmenter le nombre de lits et de rénover les refuges existants, nous devons aussi songer sérieusement au fait que le financement fédéral futur devrait inclure la création et la prestation de nouveaux services pour accompagner ces développements.
À notre refuge, à la Maison d’Athéna, comme dans beaucoup d’autres ressources d’urgence au Canada, les femmes arrivent souvent au milieu de la nuit, bien souvent avec leurs enfants, et ont toujours grand besoin de sécurité. Qu’arrive-t-il à ces femmes? Dans notre cas, le nombre de lits est limité. Mes collègues de Laval ont parlé du grand besoin de places supplémentaires, mais qu’en est-il si l'information et les services ne sont pas offerts dans leur langue maternelle? Tous les services s'avéreront alors inutiles. Il y a un besoin accru de places à Laval, mais on doit également pouvoir aider une clientèle vulnérable.
En ce qui a trait à la rénovation, nous constatons que beaucoup de temps s'écoule entre le moment où les fonds sont demandés et celui où les refuges les reçoivent. Des années peuvent s’écouler avant que les fonds ne soient accessibles et il arrive que des choses importantes ne puissent pas attendre.
En ce qui concerne la question des logements de transition, la chose la plus importante pour les femmes, pour toutes les femmes qui quittent les refuges d’urgence, c’est de trouver un logement de transition qui leur offre des services intégrés, la sécurité et la possibilité de se bâtir une vie autonome, tant pour elles-mêmes que pour leurs enfants.
Cela m’amène à formuler mes observations en qualité de membre de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape. Au Québec, il n’y en a que 19. Nous serons la 20e. Nous avons mis huit ans pour en arriver là et la construction n'est toujours pas entamée. Nous espérons que des fonds fédéraux y seront affectés.
Le problème de la double vulnérabilité se pose encore pour 65 % des femmes qui vivent actuellement dans des maisons de deuxième étape au Québec. Elles sont issues de différents groupes ethniques, mais les fournisseurs de services parlent l'anglais ou le français. Pour ces clientèles doublement vulnérables, il n’y a actuellement aucun accès sécuritaire aux logements de transition.
Si nous augmentons le nombre de lits d’urgence, c’est très bien, mais les logements de transition demeurent tout aussi importants, car si nous augmentons le nombre de séjours de femmes dans les services d’urgence et les refuges d’urgence, alors nous devons refuser l'accès à d’autres femmes en danger imminent. Encore une fois, nous devons insister sur l’importance de ces logements de transition.
À cet effet — et je serai brève —, nous recommandons que le gouvernement du Canada, particulièrement lorsqu’il s’agit de clientèles vulnérables, investisse davantage dans la création de places dans les refuges d’urgence existants, encourage la création de nouveaux logements d'urgence et de deuxième étape, et prévoie des programmes de financement d’urgence pour les cas très urgents qui exigent des rénovations et des réparations. Les toits qui fuient et l’humidité entre les murs ne pourront pas attendre des années.
Deuxièmement, nous espérons la création d'une politique pancanadienne sur le logement et la violence conjugale qui serait la même d’une province à l’autre, qui inclurait le financement des services et qui s’attaquerait au problème de la violence faite aux femmes d’un point de vue global et non seulement du point de vue du logement.
Enfin, je n'ai pas fini, mais je serai brève. J’espère sincèrement que le gouvernement du Canada pourra assurer l’égalité d’accès aux services lorsque la clientèle est incapable de s'en prévaloir pour des raisons linguistiques et autres. Sinon, notre système n’est pas équitable. Je crois que l’élargissement du rôle des services externes rendra cela possible pour tout le monde.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, madame la vice-présidente.
Merci beaucoup aux témoins d’avoir pris le temps de comparaître devant nous aujourd’hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
J’ai beaucoup travaillé avec Habitat pour l’humanité, et je suis ravie de vous voir présenter un exposé ici.
En ma qualité d'ancienne ministre de la Condition féminine, il va sans dire que j'apprécie tout ce que vous faites, notamment pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles.
Mes premières questions s’adressent à vous, John. Pourriez-vous nous donner une idée précise du processus de demande pour ces maisons?
Nous entendons toute une diversité d'organismes qui nous donnent une idée de leurs besoins, mais ce n'est qu'en écoutant notre dernier groupe de témoins que nous avons appris que beaucoup de gens ne savent même pas que s’ils se trouvent dans cette situation, ils peuvent demander à la SCHL leur mise de fonds au complet, sans avoir à payer pendant plusieurs années.
Nous tenons à ce que ces lacunes en matière de sensibilisation soient comblées. Pouvez-vous nous parler des processus suivis par votre organisme, pour que les gens soient au courant?
J’aurais ensuite une autre question à vous poser.
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J’ai formulé les trois premières, mais j’en ai d’autres. Certaines sont vraiment périphériques, mais j’ai pensé qu’elles étaient importantes.
Un commentaire — et je le dis avec beaucoup de conviction —, c’est qu’après près de 30 ans de travail dans le domaine de la violence faite aux femmes, j’ai aussi pu constater l'incidence des programmes de prévention sur l’accès des femmes aux ressources. C’est vraiment avant même que les femmes n’entrent dans le système des ressources.
Que pouvons-nous faire pour leur donner le choix?
Ce n’est pas juste pour moi si je parle anglais ou pour vous si vous parlez français ou pour quelqu’un d’autre qui parle une autre langue... Je ne veux pas nommer une langue en particulier, parce que je ne veux pas critiquer ou quoi que ce soit, mais si nous ne parlons pas tous la même langue et que l’information n’est disponible qu’en anglais et en français, il n’y a pas de façon équitable pour que ces gens, les femmes, les communautés... car nous travaillons aussi beaucoup auprès des communautés. Je crois que la prévention se fait auprès des victimes, mais aussi au niveau communautaire.
Je recommande qu’un plus grand nombre de ces programmes de prévention soient mis en oeuvre et financés par le gouvernement fédéral. Aussi, au niveau de Condition féminine, je sais que des projets sont financés, mais si un projet financé produit des services qui sont très bons pour les clientes vulnérables, ne serait-il pas plus logique de le répéter?
Je sais que la prestation des services relève des provinces, mais au niveau fédéral, on pourrait peut-être faire quelque chose en ce qui concerne l'élaboration des projets. Si les services développés à partir de ces projets sont bons, peut-être que ce financement pourrait être répété.
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Au Bouclier d’Athéna, nous avons toujours travaillé avec les communautés et avec les victimes. Nous avons constaté que lorsque nous travaillons avec les communautés, nous adoptons une approche plus inclusive et nous sensibilisons davantage les gens à la violence faite aux femmes, en particulier à la violence conjugale, à ses conséquences et aux ressources disponibles.
Je trouve que les programmes de prévention — et je reviens là-dessus parce que pour nous, l’éducation est extrêmement importante — sont la première partie de cette progression linéaire pour la femme, quelle que soit la situation. C’est la première étape pour la femme qui entre dans le système, mais c’est aussi un pas vers le retour d’un genre de conscience sociale dans la collectivité. Nous sensibilisons non seulement les victimes, mais aussi les collectivités. Pour nous, il est très important que le gouvernement du Canada fasse cette étape préparatoire avant que les gens ne soient dirigés vers le système.
Je crois avoir cité une statistique selon laquelle seulement 30 % des cas de violence seraient signalés. Où sont les 70 % restants? Comment pouvons-nous les amener à dire: « Je suis une victime » ou « Je veux aider une victime » ou « Pouvons-nous diriger les victimes vers cette ressource? » Je pense que c’est la première étape. Pour nous, la sensibilisation du public est toujours la première étape. Il en va de même pour la prestation de services dans un format multilingue. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les gens viennent nous voir. Nous devons être là pour leur tendre la main, rendre cette information et toute intervention disponibles dans leur langue d’origine.
Imaginez la difficulté d’une intervention auprès d’une femme victime de violence familiale. Nous appelons cela une invention tripartite. Nous avons formé ce que nous appelons des intermédiaires — ou interprètes — culturels pour qu’ils puissent y participer. Les échanges ont donc lieu entre le travailleur social et l’intermédiaire culturel, l’intermédiaire culturel et le client, le client et l’intermédiaire culturel et ainsi de suite. C’est long, c’est pénible, c’est très, très difficile et ça permet de faire le travail.
Je dirais qu’il nous faut plus d’information sur la langue d’origine, plus d’interventions — peut-être dans la langue d’origine — et plus de partenariats avec les ressources existantes. Je cite toujours le projet pilote qu’on a fait avec les refuges de Laval. C’est fabuleux. C'est ainsi qu'on réussit à faire des choses. Les refuges peuvent accueillir beaucoup de femmes. Nous offrons nos services linguistiques et nous desservons beaucoup de gens.
Habitat est en train de changer son modèle. Il ne peut faire autrement s'il s'agit de servir plus de familles conformément à sa mission. Nous sommes en train de lancer de nouveaux programmes destinés à un public de plus en plus nombreux et diversifié, qui comprend des organismes comme les refuges pour femmes et les logements de transition.
Vous avez mentionné Halton Women’s Place. Nous lui avons fourni trois bâtiments où offrir des programmes de transition secondaires. L'entité sélectionne les clientes qui iront dans ces foyers et leur offre du soutien. Nous gérons l’hypothèque ainsi que la relation, mais c’est elle qui gère la participation des clientes. Je pense que c’est une différence fondamentale dans notre orientation.
Nous commençons à adopter différents modèles de prêts hypothécaires. Dans le passé, nous insistions beaucoup sur l’accession à la propriété et nous continuons à nous concentrer principalement là-dessus. La différence, c'est que nous offrons maintenant d’autres stratégies pour permettre la mobilisation de personnes en situation précaire qui peuvent vouloir déménager, qui ont besoin d’une solution temporaire, mais qui veulent prendre l’avoir qu’elles ont contribué et déménager à un moment donné pour s’améliorer et mieux réussir dans la vie. C’est grâce à notre nouveau programme d’accession différée à la propriété ou de location avec option de rachat.
Enfin, je pense que le changement que nous apportons, c’est que nous construisons maintenant des bâtiments pour les organisations. C’est là que nous sommes en mesure de mobiliser nos forces et de fournir des logements que les clientes pourront utiliser pour combler leurs besoins, pas les nôtres. En travaillant en collaboration, nous aurons plus de succès.
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Bonsoir, madame la vice-présidente et membres du Comité permanent de la condition féminine. J’aimerais prendre un moment pour exprimer ma gratitude et dire à quel point c’est un honneur pour moi d’être ici dans la capitale nationale pour participer à l’étude sur les refuges et les maisons de transition qui desservent les femmes et les enfants affectés par la violence faite aux femmes.
En guise d’introduction, je m’appelle Travis DeCoste et je suis actuellement travailleur de soutien au logement dans le cadre d'un projet intitulé « A Roof Over Your Head », de la Antigonish Community Transit Society. Le projet dessert les comtés d’Antigonish et de Guysborough en Nouvelle-Écosse. Les clients qui utilisent nos programmes sont le plus souvent aiguillés, et ils sont confrontés à des problèmes liés à l’itinérance et à des logements précaires.
Le nombre de personnes qui ont besoin d’aide au logement dans les comtés d’Antigonish et de Guysborough continue de croître à un point parfois écrasant. Cela dit, ce nombre comprend les femmes et les enfants affectés par les actes violents d'un conjoint ou partenaire intime.
Depuis que je suis travailleur de soutien au logement pour « A Roof Over Your Head », de nombreux dossiers ont été aiguillés par des organismes partenaires qui voient des clients en situation d’itinérance ou de logement précaire pour un motif ou un autre lié à la violence familiale et conjugale. Aujourd’hui, je cherche à présenter des recommandations au Comité de mon point de vue et, surtout en fonction de mon expérience, de mon propre vécu.
En mai 2001, la dynamique de ma famille a changé à jamais lorsque ma mère a pris sa force et son courage à deux mains pour demander de l’aide. Ma famille vivait la douleur et la souffrance causées par la violence conjugale quand nous avons reçu de l’aide dans le refuge de transition de Leeside, à Port Hawkesbury, en Nouvelle-Écosse. La Leeside Transition House a offert un soutien extraordinaire à ma famille pendant cette période difficile, mais nos besoins étaient par moments au-delà de ce que la maison était en mesure d'offrir.
Je recommande au Comité permanent de la condition féminine de se pencher sur les préoccupations de ma famille et de beaucoup d’autres comme la nôtre, au moment où nous en avons besoin.
Je recommanderais notamment que le gouvernement continue de mettre au point des ressources financières et du soutien pour les femmes sous-scolarisées et sous-employées afin qu’elles puissent se recycler et acquérir les compétences nécessaires pour occuper et maintenir un emploi adéquat afin de subvenir aux besoins de leur famille, et qu’il élabore une stratégie ciblée pour tendre la main à celles qui en ont le plus besoin.
Dans mon cas personnel, plus précisément, quand ma mère a fini par se rendre dans une société de transition pour demander de l’aide contre la violence familiale, elle quittait une relation où elle avait été femme au foyer pendant près de 21 ans et elle n’avait pas nécessairement les compétences qu'il faut pour occuper un emploi. Elle n’avait pas accès aux ressources nécessaires pour se rééduquer ou se recycler. Il y a eu beaucoup d’insécurité financière dans ma vie personnelle et dans notre environnement.
À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada administre le programme de financement de DRHC pour le recyclage dans le cadre du programme d’assurance-emploi. Je voudrais que ce programme comprenne l'objectif précis de venir en aide aux femmes victimes de violence conjugale ou de mauvais traitements infligés par un partenaire intime. Ce serait non seulement une occasion d'autonomiser les femmes, de leur offrir les compétences nécessaires pour aller de l’avant dans leur vie, mais encore de leur faire récupérer une certaine estime de soi, de quoi les aider à franchir les étapes suivantes du processus.
Ma recommandation suivante est de mettre sur pied des groupes de discussion sur des sujets précis, qui consultent les organismes communautaires et de prestation de services et collaborent avec eux afin de trouver des solutions novatrices et créatives pour répondre aux besoins de chaque localité en matière de logement.
À l’heure actuelle, dans le comté d’Antigonish et les localités environnantes, le manque de logements abordables est notre principale préoccupation. Nous habitons dans une ville où il y a une université qui attire une population importante chaque année. C’est pourquoi les coûts de location sont astronomiques. Les loyers actuels à Antigonish s'élèvent en moyenne à 500 ou 600 $ par chambre à coucher. Nous avons beaucoup de difficulté à trouver des logements familiaux pour les gens, parce que les propriétaires divisent leur maison en maisons de type pension.
Merci de nous accueillir aujourd'hui. Je m'appelle Chantal Arseneault, et je travaille au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Le Regroupement existe depuis 40 ans. Ses membres luttent pour le droit à l'intégrité psychologique et physique des femmes.
Il regroupe 42 maisons d'aide et d'hébergement réparties dans 15 régions administratives du Québec.
En 2016-2017, ses membres ont hébergé quelque 2 700 femmes et 2 200 enfants. Elles ont offert plus de 14 000 services et ont répondu à plus de 46 000 demandes d'aide.
Le Regroupement des maisons est vivement préoccupé par le sujet à l'étude par le Comité. Le problème du manque de places dans les maisons d'hébergement est crucial. Au-delà du manque de places, il révèle surtout un manque d'accès aux services de soutien dont les femmes violentées ont besoin. Nous tenterons aujourd'hui de vous proposer des pistes de solutions.
En 2015, l'ensemble des services de police du Québec ont enregistré 19 400 infractions contre la personne commises en contexte conjugal. Ces infractions représentent près du tiers de tous les crimes envers la personne.
Le phénomène de la violence conjugale est toutefois beaucoup plus important. Selon Statistique Canada, seulement 36 % des femmes auraient rapporté les agressions à la police. Les femmes peuvent vivre aussi plusieurs autres types de violence: la violence psychologique, verbale, sexuelle, économique et spirituelle.
Selon la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. De plus, selon l'ONU, la violence perpétrée par un partenaire intime serait la forme de violence la plus vécue par les femmes.
Pourquoi les femmes ont-elles besoin de services? C'est parce qu'il n'est pas facile d'échapper à la violence conjugale.
Laissez-moi vous parler d'une femme qui est actuellement à la maison d'hébergement. Sylvie est mariée depuis 15 ans. La violence s'est enracinée dans sa vie lorsqu'elle est tombée enceinte de son premier enfant. À ce moment, le contrôle exercé par M. s'est grandement intensifié. M. l'insultait constamment. Après l'accouchement, elle est de plus isolée, elle ne voit personne et ne parle à personne. M. va jusqu'à contrôler le temps qu'elle prend pour faire l'épicerie et lui interdit, entre autres, d'acheter du pain. Elle doit le cuisiner elle-même.
Sylvie décide de mettre fin à la relation, mais elle tombe enceinte de son deuxième enfant. Elle se sent complètement déstabilisée par cette grossesse non planifiée. De son côté, M. lui promet qu'il ira en thérapie et qu'il ne lui fera plus de problèmes. Un soir, alors que les enfants sont dans le salon, M. s'aperçoit que Sylvie a acheté du pain. La violence éclate, les insultes et les menaces prennent toute la place dans la maison. Les enfants entendent et voient la scène de violence. M. est enragé, il frappe Sylvie, lui colle la tête sur le comptoir de la cuisine et lui met un couteau sous la gorge. Les enfants sont toujours dans le salon. Quelques heures plus tard, elle arrive à la maison d'hébergement avec ses deux enfants.
Vous pouvez vous imaginer comment se sentent Sylvie et ses enfants. Ils sont terrorisés, paniqués, stressés, fatigués, vraiment épuisés et très anxieux. Sylvie se sent prise au piège, complètement impuissante relativement à tout ce qu'elle vit.
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Nos collègues l'ont dit tout à l'heure: les maisons, c'est plus que de l'hébergement. Les maisons d'hébergement sont, d'abord et avant tout, des refuges qui offrent des services aux femmes et aux enfants qui fuient la violence. Des intervenantes sont disponibles 24 heures sur 24, toute l'année. Leur rôle est d'accueillir et de rassurer les femmes et les enfants, de les aider à retrouver leur santé et de les orienter vers les autres services. Les intervenantes évaluent évidemment les risques que les femmes courent et sont à même de mettre en place, avec elles, des scénarios visant à assurer leur sécurité.
La violence conjugale a des conséquences à court, moyen et long terme sur les femmes et les enfants. De plus, cette violence se poursuit souvent après la séparation, contrairement à ce qu'on pense. C'est pourquoi les maisons d'hébergement offrent aux femmes des services de suivi posthébergement. Celles qui doivent faire face à de plus grands défis liés à la sécurité peuvent être dirigées vers des maisons de deuxième étape, quand celles-ci existent.
Par ailleurs, plusieurs femmes qui veulent quitter leur conjoint ou qui s'interrogent sur les difficultés vécues dans leur couple, mais qui ne souhaitent pas obtenir de l'hébergement, ont besoin d'autres types de services. C'est pourquoi les maisons ont mis en place des services de consultation externe pour aider ces femmes.
J'aborde maintenant le sujet du manque de places au Québec. Au cours des derniers mois, le Regroupement et la Fédération — nous sommes deux associations de maisons de crise et d'urgence — avons interrogé les responsables des 109 maisons que compte le Québec pour comprendre ce qui les amène à refuser autant de femmes chaque année, soit plusieurs milliers de femmes. Nous avons reçu des réponses de 101 de ces maisons.
Cette étude nous a démontré que les problèmes sont les plus importants dans les grandes régions métropolitaines, et dans celles qui sont à la périphérie de ces régions. Ce sont celles qui manquent le plus de places. Ainsi, en Outaouais, dans Lanaudière, à Laval, à Montréal et à Québec, les maisons ont refusé de 5 à 17 fois plus de femmes que le nombre de places qu'elles comptent. Dans trois régions, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans les Laurentides et en Montérégie, le problème du refus est marqué, mais spécifiquement dans certaines maisons et pas dans toute la région. Dans six autres régions, on ne voyait pas beaucoup de refus, mais nous avons constaté que les maisons doivent souvent accueillir plus de personnes que le nombre de places pour lesquelles elles sont financées. Cela traduit aussi un manque de places.
Le manque de places dans les maisons d'hébergement au Québec est donc un problème réel, qui n'est pas surprenant. Si on compare le nombre de places par habitant au Québec à celui de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, le Québec arrive bon dernier. Nous croyons donc que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle central pour régler le problème du manque de places dans les maisons et permettre aux femmes de vivre en sécurité.
Voici nos trois recommandations.
Le Regroupement recommande que le Canada se dote d'un plan d'action national contre la violence envers les femmes et qu'il coordonne ses efforts avec les provinces et les territoires. Nous recommandons qu'il s'inspire du modèle de plan d'action qui a été présenté par différentes organisations réunies autour d'Hébergement femmes Canada.
Nous recommandons aussi que le gouvernement fédéral s'assure que le financement disponible dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement permette vraiment d'augmenter le nombre de places dans les maisons d'aide et d'hébergement ainsi que dans les maisons de deuxième étape. À l'heure actuelle, nous n'arrivons pas à savoir si cet argent va effectivement aller à ces ressources.
Construire des bâtisses, c'est une chose. Toutefois, pour qu'il y ait des intervenants tous les jours pendant des années par la suite, cela prend de l'argent et cela relève des provinces. Nous recommandons donc que le gouvernement fédéral inclue dans ses transferts aux provinces des sommes supplémentaires pour permettre d'assumer les frais de fonctionnement des maisons d'aide et d'hébergement et des maisons de deuxième étape.
En conclusion, en plus des conséquences énormes qu'a la violence sur les victimes, elle entraîne des coûts économiques de 7,4 milliards de dollars. C'est bien plus que ce que coûterait l'augmentation des places.
Une société qui se dit égalitaire doit tout mettre en oeuvre pour qu'aucune femme ne subisse le contrôle et la violence et qu'aucun enfant n'en supporte les conséquences. En fait, elle a le devoir de protéger les citoyens les plus vulnérables.
Merci.
La Island Crisis Care Society est une société sans but lucratif enregistrée qui aide les gens en crise à se stabiliser et à trouver le soutien qu'il leur faut. Nous offrons également les ressources et les services dont les gens ont besoin pour être en santé. Nous travaillons en collaboration avec des organismes provinciaux et fédéraux, des groupes communautaires et des organismes confessionnels afin de prévoir des options et des programmes de logement qui respectent les besoins des personnes aux prises avec des problèmes multiples ou des troubles concomitants.
Samaritan House est le seul refuge pour femmes sans abri au centre de l’île de Vancouver. Nous travaillons dans un immeuble vieux de 100 ans qui comporte de nombreux escaliers et obstacles pour les clientes que nous desservons. Nous offrons également des logements supervisés à la Samaritan House et nous coordonnons et fournissons des logements de transition et des subventions au loyer pour aider à briser le cycle de l’itinérance que connaissent bon nombre de nos clientes. Depuis que nous avons ajouté ces options de logement supplémentaires en 2013 dans le cadre d’un projet avec B.C. Housing, nous avons constaté à quel point il est avantageux d’avoir la possibilité de faire passer les femmes d’un type de soutien à un autre, en fonction de leurs besoins. Nous avons constaté que les relations positives que les clientes entretiennent avec le personnel font en sorte qu’il est plus facile pour elles de faire la transition vers plus de soutien lorsqu’elles en ont besoin, sans qu'elles aient l’impression d'avoir échoué.
Des centaines de femmes font face à des défis dans notre collectivité. Le manque de logements abordables est un énorme problème dans notre région parce que le prix des propriétés a monté en flèche et que de nombreux propriétaires choisissent de vendre et d’encaisser, ce qui laisse les locataires sans recours. Nous entendons parler de femmes qui vivent dans leur logement locatif depuis 15 ans et qui doivent maintenant déménager, sans grande possibilité de trouver un logement. Il y en a si peu qui sont vacants que les propriétaires peuvent exiger des loyers exorbitants.
J’ai parlé au Comité de la condition féminine en juin 2017. Malheureusement, nos défis n’ont pas beaucoup changé depuis. En fait, la situation s'est détériorée. Nanaimo possède la plus grande ville de tentes de la Colombie-Britannique. Environ 40 % de ses habitants sont des femmes, dont certaines très vulnérables. Nous continuons d'accueillir autant de femmes que possible sur des nattes à même le plancher dans les couloirs de Samaritan House, mais le jour, elles doivent partir parce qu’il n’y a tout simplement pas de place pour elles. Notre immeuble est surpeuplé et nous n’avons pas de salon où les femmes peuvent s’asseoir, se rencontrer en privé ou obtenir le soutien du personnel.
Les principaux sujets de préoccupation sont l’accès pour les femmes handicapées, un soutien adéquat pour les femmes atteintes de troubles mentaux et de troubles liés à la toxicomanie, et la capacité d’offrir un environnement thérapeutique aux clientes. Huit femmes qui dorment dans un dortoir avec des lits superposés, ce n'est pas très réjouissant, surtout si l'on songe qu'il y en a une qui peut avoir une psychose, une autre peut être sous l'effet de stupéfiants et une troisième est une femme âgée qui ne s'est jamais retrouvée dans un refuge auparavant.
Le problème, c’est qu’il n’y a pas de refuges exclusivement réservés aux femmes qui fuient la violence familiale. Bien sûr, bon nombre, sinon la plupart, de nos femmes ont été victimes de violence et de traumatismes dans leur vie. Souvent, les fonds disponibles sont réservés aux refuges pour femmes et enfants qui fuient la violence familiale. Les gens sont toujours prêts à donner pour cela, car il s'agit d'une cause très populaire. Cependant, les femmes que nous servons sont souvent les mêmes qui ont dégringolé et qui ont encore plus besoin de soutien. Leurs enfants peuvent avoir été retirés de leurs soins ou avoir grandi, et le cycle du traumatisme se poursuit. À l’heure actuelle, lorsque des femmes viennent chez nous avec des enfants, nous ne pouvons pas les héberger, simplement parce que nous n’avons pas l’espace nécessaire. Les plans de notre nouveau refuge offrent un endroit sûr aux familles, à l'écart des autres.
Nous continuons de voir des femmes âgées qui sont sans abri pour la première fois de leur vie. Quand on vit avec une petite pension, il est difficile de trouver un logement abordable. Lorsque nous ne sommes pas en mesure de les accueillir au moment où elles en ont besoin, elles sont obligées de trouver une autre solution, c’est-à-dire habiter dans leur véhicule si elles en ont un, ou dormir sous une tente. Une fois qu’elles ont vécu dans la rue et perdu leurs biens, et souvent une grande partie de leur espoir, il leur est beaucoup plus difficile de trouver et de maintenir un logement. Pour qu’elles aient les meilleures chances d'y arriver, il est préférable qu’elles soient logées en moins d’un mois. Un travailleur des services d’approche peut ensuite les soutenir et s’assurer qu’elles ont ce qu'il leur faut pour pouvoir maintenir leur logement.
Cela fait plus de cinq ans que nous attendons des fonds pour agrandir Samaritan House et, en toute honnêteté, si quelque chose avait été fait plus tôt, nous ne serions pas là. Il y a eu des possibilités à l'échelle provinciale pour des projets d'immobilisations de logements abordables, mais pas pour des refuges pour sans-abri. Il est impératif d’investir dans le logement abordable, mais il est tout aussi important de créer un environnement sûr où les femmes peuvent être aidées à surmonter leurs difficultés, leur donner les moyens d'être les femmes qu’elles sont censées être.
Je voudrais terminer par les commentaires de deux clientes dont les vidéos peuvent être visionnées sur notre site Internet. Melissa dit: « La maison est un lieu de refuge pour toutes sortes de femmes. Les gens doivent commencer à se dire: “ Il y a un problème ici, un problème de société ”... Prenez le temps nécessaire, obtenez l’aide dont vous avez besoin et vous pourrez aller de l’avant... Guérissez votre corps, guérissez votre cœur et puis sortez. » De Christine: « Beaucoup ont vécu un traumatisme qui se manifeste de bien des façons. Le traumatisme est le résultat d'un mauvais milieu et se manifeste par la dépression, la dépendance et l’instabilité. »
Merci.
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Nous sommes très heureux d’avoir au moins cette option. C’est beaucoup de travail, comme vous pouvez l’imaginer, que d’essayer d’obtenir 80 unités. Elles ne sont même pas encore sur place. On est en train de les amener. Ces logements de proximité servaient aux travailleurs de Fort St. John, dans le Nord. On nous les a expédiés et maintenant nous essayons de les installer, d’embaucher du personnel et d'y faire venir des gens.
Ce serait des logements avec services de soutien, ce qui est merveilleux, mais on ne compte que 170 logements que nous partageons avec Pacifica Housing, qui s’occupe de l’autre site. Bien sûr, nous savons qu’il y a actuellement au moins 400 sans-abri à Nanaimo, donc moins de la moitié d’entre eux recevront un soutien quelconque.
En outre, B.C. Housing travaille très fort et contribue, si on se fie aux rumeurs, en accordant un nombre assez élevé de subventions au loyer. Comme je l’ai dit, cependant, il n’y a tout simplement nulle part où placer ces gens, même avec les subventions au loyer.
Nous sommes enthousiastes, et c’est un pas en avant, mais il en faut beaucoup plus. Nous avons désespérément besoin de capitaux pour agrandir Samaritan House et continuer de soutenir les femmes. À leur arrivée, elles sont très vulnérables. Il faut les reconstruire et leur dire qu’elles peuvent vraiment réussir. Elles ont perdu leur confiance en soi. Nous voulons être en mesure de les accueillir et de prendre soin d’elles afin de les préparer à voler de leurs propres ailes.