:
Nous allons commencer la séance d'aujourd'hui, vu que nous avons le quorum.
Tout d'abord, je vous remercie d'être restés. Nous sommes désolés. Notre présence était requise pour certains votes importants.
Je souhaite mentionner quelques points. Demain, le 6 décembre, nous soulignons bien entendu la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. C'est la journée où nous portons un ruban blanc. Je sais que des commentaires seront formulés à ce sujet à la Chambre des communes demain, donc je vous incite tous à participer et à écouter certaines allocutions.
Je souhaite aussi vous rappeler qu'un incident grave a touché un de nos interprètes. Malheureusement, il s'est produit un retour sonore indésirable dans une oreillette, ce qui a causé une blessure à un de nos interprètes. Donc, utilisez votre oreillette avec beaucoup de prudence. Ce problème a entraîné des effets semblables à ceux d'une commotion cérébrale. Je demande à tous de prendre leur temps et d'être conscients du fait qu'il y a une personne à l'autre bout du micro et de l'oreillette. Peut-être que ma voix haut perchée cause certaines de ces douleurs, néanmoins, nous allons poursuivre.
Pour commencer, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion que nous avons adoptée le mardi 20 juin, nous reprenons nos travaux portant sur les femmes autochtones dans les systèmes juridique et correctionnel fédéraux.
Nous sommes honorés d'avoir avec nous aujourd'hui Michael Ferguson, le vérificateur général du Canada, et Carol McCalla, la directrice principale du Bureau du vérificateur général.
Je sais que nous disposons de peu de temps, mais je vais vous demander de rester si possible pendant notre deuxième table ronde. Vous en avez peut-être la possibilité. Je ne sais pas à quoi ressemble votre horaire, monsieur Ferguson.
Pour commencer, nous allons vous accorder sept minutes pour vous adresser au groupe. Merci.
:
Madame la présidente, je vous remercie de nous avoir invités pour discuter de nos rapports d'audit récents sur les services correctionnels. Nous sommes heureux de vous donner de l'information qui pourra éclairer votre examen de la situation des femmes autochtones au sein des systèmes juridique et correctionnel fédéraux. Je suis accompagné de Mme Carol McCalla, directrice principale chargée de ces audits.
Nous avons réalisé deux audits de Service correctionnel Canada qui concernaient les femmes autochtones: l'audit de 2017 sur la préparation des détenues à la mise en liberté et l'audit de 2016 sur la préparation des détenues autochtones à la mise en liberté.
[Traduction]
Nos audits étaient axés sur l'accès en temps opportun aux programmes et services qui favorisent la réadaptation des délinquantes condamnées par les tribunaux à des peines de deux ans ou plus. Près de 700 femmes sont en détention sous responsabilité fédérale; 600 autres sont sous surveillance dans la collectivité. Le nombre de femmes autochtones détenues augmente: elles représentent désormais 36 % des délinquantes. Le Service correctionnel du Canada n'a aucun contrôle sur le nombre de délinquantes qui sont condamnées à des peines de ressort fédéral. II peut cependant leur donner accès en temps opportun à des programmes de réadaptation et à des services adaptés à leur culture pour les aider à se préparer à une libération conditionnelle.
Nos audits ont révélé que le Service correctionnel du Canada attribuait des cotes de sécurité aux délinquantes à l'aide d'un outil conçu pour évaluer les hommes et non les femmes et qu'il ne tenait pas compte des besoins uniques des délinquantes autochtones. Le Service correctionnel du Canada utilisait aussi cet outil pour orienter les délinquantes vers des programmes correctionnels. Cela pose problème puisque l'outil n'a pas été conçu à cette fin. Certaines délinquantes ont donc été détenues à un niveau de sécurité plus élevé que nécessaire et orientées vers des programmes de réadaptation dont elles n'avaient pas besoin.
Nous avons constaté que le Service correctionnel du Canada n'offrait pas aux délinquantes les programmes de réadaptation dont elles avaient besoin en temps opportun. La plupart des délinquantes sous responsabilité fédérale purgeaient de courtes peines. Cela veut donc dire qu'elles devenaient admissibles à une libération pendant leur première année de détention. Toutefois, plus des trois quarts des délinquantes autochtones en détention n'avaient pas terminé leurs programmes de réadaptation lorsqu'elles devenaient admissibles à une libération conditionnelle pour la première fois parce qu'elles n'y avaient pas eu accès en temps opportun. Elles avaient donc moins de temps pour profiter d'une mise en liberté graduelle et structurée dans la collectivité, ce qui aurait pu favoriser leur réinsertion.
Par contre, nous avons constaté que le Service correctionnel du Canada avait accru le recours aux plans pour la libération qui sont prévus à l'article 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition pour les délinquantes autochtones en détention. Ces plans font participer des organismes ou des collectivités autochtones au processus de réinsertion.
Les délinquantes autochtones bénéficiant d'un plan pour la libération prévu à l’article 84 ont plus de chances d'obtenir une libération conditionnelle que les autres. Mais nous avons aussi constaté que l'accès à des programmes adaptés à la culture des délinquantes autochtones était limité dans certains établissements. Par exemple, une seule région avait des pavillons de ressourcement, et ils étaient remplis presque au maximum de leur capacité. Nous avons constaté que les délinquantes qui séjournaient dans des pavillons de ressourcement présentaient un faible taux de récidive après leur libération. Pourtant, le Service correctionnel du Canada n'a pas examiné comment il pourrait élargir l'accès à ces pavillons à plus de délinquantes autochtones.
[Français]
Nous avons aussi constaté que Service correctionnel Canada avait eu recours à l'isolement pour gérer certaines délinquantes et que près de la moitié des délinquantes placées en cellule d'isolement étaient autochtones. Même si le nombre total de détenues placées en cellule d'isolement diminue chaque année, nous avons constaté que 20 % des placements en isolement duraient plus de 15 jours, soit la limite recommandée par les groupes de défense des droits de la personne.
Les deux tiers des délinquantes sous responsabilité fédérale souffrent de troubles mentaux. Nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas la capacité nécessaire pour offrir les services de santé mentale dont les délinquantes avaient besoin. Les équipes de santé mentale n'avaient pas suffisamment d'employés dans l'ensemble des établissements réservés aux femmes, et le seul hôpital psychiatrique avait été utilisé au maximum de sa capacité, ou presque, au cours des deux dernières années. Service correctionnel Canada n'avait pas encore trouvé de places supplémentaires dans les hôpitaux psychiatriques provinciaux pour combler ces lacunes.
Nous avons aussi constaté que Service correctionnel Canada utilisait des cellules dans la rangée des cellules d'isolement pour surveiller les délinquantes présentant un risque d'automutilation ou de suicide, et ce, sans accès 24 heures sur 24 à un traitement ou à un soutien clinique.
Nous sommes heureux de constater que, depuis la fin de nos travaux d'audit, Service correctionnel Canada a accepté de cesser de placer les délinquantes présentant un risque d'automutilation ou de suicide dans les cellules de la rangée d'isolement.
Madame la présidente, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Je vais commencer et je demanderai peut-être ensuite à Mme McCalla d'ajouter quelque chose aussi.
Assurément, nous avons tout d'abord constaté que le même outil, dont nous venons de discuter, qui est utilisé pour attribuer un niveau de sécurité aux détenus, sert à l'aiguillage vers les programmes correctionnels. L'outil n'a pas été conçu à cette fin. Donc, dès le départ, il y a un problème concernant le type de programme qui pourrait être recommandé.
Nous avons aussi souvent constaté que les délinquants ne commencent tout simplement pas leur programme assez tôt, donc, même si le programme est approprié et accessible, un nouveau groupe n'est pas formé assez fréquemment. Je crois que c'est dans le cadre de l'audit sur les délinquants autochtones que nous avons constaté que les délinquants devaient attendre jusqu'à cinq mois, si je me souviens bien, pour commencer un programme. Si, par exemple, une personne purge une peine de deux ans et qu'elle ne commence pas son programme avant cinq mois, elle ne réussira pas à le terminer avant sa libération conditionnelle.
Peut-être que Mme McCalla souhaite ajouter quelque chose.
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Merci beaucoup de me donner la possibilité de vous parler de cet enjeu important.
Comme on l'a déjà dit, je m'appelle Elizabeth Hendy. Je suis la directrice générale de la Direction générale des programmes du ministère de la Justice. Ma Direction générale est responsable de la gestion de tous les programmes de subventions et de contributions administrés par le ministère. Nombre de nos programmes offrent du soutien aux femmes autochtones qui ont des démêlés avec le système de justice pénale — qu'elles soient des accusées, des victimes, des témoins ou des membres de la famille — et ils visent à régler précisément les problèmes sous-jacents qui mènent à la criminalité et qui y contribuent.
Je vais commencer par expliquer brièvement les divers fonds que nous administrons, puis je vais vous donner un peu plus de détails.
Pour les Autochtones accusés d'un acte criminel, le ministère travaille avec les provinces et les territoires pour soutenir le Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones. Ce programme a pour objectif d'aider les personnes autochtones qui sont aux prises avec le système de justice pénale à bénéficier d'un traitement juste, équitable et culturellement adapté.
De plus, nous administrons le Programme de justice autochtone, ou le PJA, anciennement appelé la Stratégie de justice applicable aux Autochtones. Il offre des solutions de rechange rentables et adaptées sur le plan culturel au système de justice traditionnel dans des circonstances appropriées; nous essayons de promouvoir la réparation significative des torts faits aux victimes, aux délinquants et aux collectivités. Le ministère accorde aussi des fonds pour assurer une aide juridique en matière pénale aux personnes accusées qui ont un faible revenu.
Pour les victimes d'actes criminels, le ministère offre du financement en vue d'offrir aux victimes des services de soutien culturellement adaptés et du financement particulier pour les unités d'information et de liaison pour les familles et les programmes communautaires, parallèlement à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées réalisée par l'entremise de notre Fonds d'aide aux victimes.
Enfin, dans le cadre de notre Programme juridique de partenariats et d'innovation, nous offrons du financement pour que l'on puisse se pencher sur les questions très importantes de la violence faite contre les femmes et les filles autochtones, la violence familiale ainsi que les femmes et les filles disparues et assassinées.
Je vais maintenant vous donner un peu d'information au sujet de ces programmes.
Le Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones est en place depuis 1978, et nous célébrerons en 2018 le 40e anniversaire de ce programme grandement nécessaire. Le programme aide les adultes et les jeunes Autochtones accusés d'une infraction ou ayant des démêlés avec le système de justice pénale à obtenir un traitement juste, équitable et culturellement adapté.
Qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire que, si une personne est dans une salle d'audience et qu'elle semble autochtone, un conseiller parajudiciaire va aller l'aider et essayer de déterminer si elle sait pourquoi elle est là, pourquoi elle a été accusée et quels sont ses droits et responsabilités. Il vérifiera aussi si on lui a donné accès à de l'aide juridique et si elle a un avocat. Nous allons travailler avec ces personnes pour les aider à passer toutes les étapes du processus judiciaire le plus rapidement possible, d'une manière culturellement adaptée qui, nous l'espérons, ne mènera pas à son incarcération.
Grâce aux services des conseillers parajudiciaires, les personnes obtiennent plus de renseignements à propos de leurs accusations. Elles comprennent les procédures judiciaires. Elles connaissent leurs droits et leurs responsabilités et, peut-être pour la première fois, elles comprennent que des solutions de rechange fondées sur la justice communautaire s'offrent à elles. Elles ont aussi accès à du soutien en matière de ressources juridiques et comprennent mieux ce qui se passe avec les fonctionnaires de justice, l'accusé et les membres de la famille.
Le Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones est offert dans chaque province et chaque territoire, à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick, mais nous collaborons avec ces provinces pour voir si nous pouvons les intégrer au programme.
Chaque année, le Programme d'assistance parajudiciaire aide entre 55 000 et 60 000 personnes. De ce nombre, 17 000 sont des femmes autochtones — des personnes accusées, des victimes, des témoins ou des membres de la famille —, et elles reçoivent les services d'un conseiller parajudiciaire chaque année. Parmi tous ceux à qui le programme d'assistance parajudiciaire est venu en aide, 32 % sont des femmes. À l'heure actuelle, il y a 198 conseillers parajudiciaires aux Autochtones à l'échelle du pays, et 70 % d'entre eux sont des femmes autochtones qui tentent d'aider leurs compatriotes au sein de leurs collectivités.
Les clients du Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones comprendront mieux le système de justice pénale et seront mieux sensibilisés à leurs droits et à leurs obligations de même qu'aux services sociaux qui sont à leur disposition.
Un autre programme essentiel est le Programme de justice autochtone, qui appuie les programmes de justice communautaire novateurs qui s'attaquent à la surreprésentation des femmes autochtones dans le système de justice pénale. Le programme existe depuis 1991, et est offert en partenariat avec l'ensemble des provinces et des territoires. Le programme offre une diversité de services pour les délinquants, y compris des cercles de guérison et de détermination de la peine avec les victimes et les membres de la collectivité, des lettres d'excuses, des services de dédommagement, la guérison sur le terrain, des services communautaires, l'aiguillage vers du counseling sur les drogues et l'alcool et la médiation entre la victime et le délinquant.
Le budget de 2017 prévoyait un financement continu et permanent du Programme, et, à l'heure actuelle, il y a environ 197 programmes de justice communautaire appuyés par le gouvernement fédéral à l'échelle du pays, lesquels rejoignent près de 750 collectivités autochtones et servent plus de 9 000 clients par année.
Les programmes de justice communautaire ont pour but de s'attaquer aux causes profondes et d'adapter les approches selon la situation du délinquant, les besoins de la personne et, surtout, les principes de justice des collectivités qu'ils desservent.
Les résultats de ceux qui participent à ces programmes sont assez impressionnants; 89 % des personnes aiguillées vers un programme de justice communautaire ont réussi à terminer leurs processus de justice et à s'acquitter de leurs obligations et n'ont pas, en fin de compte, à être incarcérés. Du point de vue des récidives, 43 % de ceux qui ont terminé le programme sont moins susceptibles de récidiver que ceux qui n'y ont pas participé.
En ce qui concerne l'aide juridique, le gouvernement fédéral travaille avec les provinces et les territoires afin d'offrir des services spécialisés et adaptés sur le plan culturel aux personnes autochtones, y compris aux femmes autochtones qui font face à des accusations criminelles.
J'aimerais aussi vous parler brièvement de notre Fonds d'aide aux victimes. Nous offrons aussi du soutien aux victimes d'actes criminels. Plus précisément, comme je l'ai mentionné, il y a les unités d'information et de liaison pour les familles, ou les UILF, avec qui nous travaillons en parallèle dans le cadre de l'Enquête nationale. Grâce à notre Programme juridique de partenariats et d'innovation, nous tentons aussi de sensibiliser les gens afin de réduire la violence faite aux femmes autochtones, aborder la violence familiale au sein des collectivités et d'aider à régler le problème des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.
Je vais m'arrêter ici, mais j'espère que vous avez pu comprendre en quelque sorte que le ministère de la Justice tente de travailler avec les provinces et les territoires et, surtout, avec les collectivités autochtones, pour offrir du financement qui permettra d'aborder la surreprésentation des femmes autochtones dans le système de justice pénale. Même si le financement est limité, nous essayons d'écouter ce qu'ont à nous dire les collectivités à propos de ce dont elles ont besoin pour mieux gérer ces personnes.
Je suis prête à répondre à vos questions.
:
Madame la présidente et distingués membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui au sujet de votre importante étude sur les femmes autochtones dans les systèmes judiciaire et correctionnel fédéraux.
Je tiens également à souligner que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel algonquin non cédé.
[Traduction]
Je m'appelle Shirley Cuillierrier. Je suis la conseillère principale dans le cadre de la réconciliation et de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Je suis une Mohawk, et je suis membre de la Première Nation de Kanesatake. Le nom traditionnel qui m'a été donné par ma Tota est Kwanarataionne.
[Français]
La sécurité et le bien-être des femmes et des filles autochtones demeurent une priorité pour la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC. La GRC reconnaît que, pour mieux servir et protéger les femmes et les filles autochtones, il faut déployer des efforts afin de tisser et d'entretenir des liens de confiance et de respect avec les peuples autochtones.
Même si la GRC collabore depuis longtemps avec les peuples autochtones, un sentiment de peur et de méfiance à l'égard de la police et du système de justice pénale subsiste chez certaines personnes.
[Traduction]
En 2013, la GRC a fait preuve de leadership dans le domaine de la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones en entreprenant une étude exhaustive des incidents ayant été signalés à la police. La recherche a permis de regrouper des données qui avaient été recueillies par des services de police et Statistique Canada. Les résultats de cette étude ont aidé la GRC à mieux comprendre la vulnérabilité des femmes autochtones et la disproportion de leur victimisation. L'étude avait pour objectif de mieux comprendre les causes profondes de la victimisation, et ses auteurs ont souligné la nécessité d'adopter une approche multidisciplinaire et pangouvernementale.
[Français]
La GRC s'est engagée à travailler en collaboration avec les collectivités autochtones, ses partenaires, les différents intervenants et les organisations autochtones, afin de s'assurer d'offrir des services de police transparents et respectueux qui répondent aux besoins des Autochtones et qui sont adaptés à leurs besoins culturels.
Pour la GRC, des processus dignes de confiance et transparents signifient que toutes les personnes concernées, plus particulièrement les populations les plus vulnérables, se sentent totalement en sécurité si elles doivent signaler un crime. Lorsqu'elles produisent un rapport de police, les personnes qui portent plainte doivent se sentir en sécurité, se sentir respectées et sentir qu'on les croit, qu'on leur fait confiance, que des mesures adéquates seront prises et que l'on assurera un suivi.
[Traduction]
Par exemple, en Nouvelle-Écosse, les Autochtones peuvent maintenant prêter serment ou présenter un témoignage en tenant une plume d'aigle. L'adoption de cette pratique traditionnelle contribue à augmenter le confort de la victime, des témoins et de l'accusé.
La GRC a actualisé sa politique sur les personnes disparues. Cette politique recommande de donner la priorité aux cas de disparition, et elle garantit que les enquêtes bénéficient des niveaux de surveillance nécessaires tout au long de leur déroulement. Elle exige d'entretenir une communication constante et en temps opportun avec la famille ou les personnes concernées, et d'offrir du soutien aux familles, au besoin, y compris une orientation vers des services d'aide aux victimes culturellement adaptés. La GRC a mis en œuvre un outil normalisé d'évaluation des risques pour les enquêtes sur les disparitions.
La GRC continue de travailler au renforcement de la confiance au sein des collectivités autochtones, notamment en ciblant des collectivités vulnérables à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones. Grâce à cette détermination, la GRC a pu concentrer ses efforts de prévention, d'intervention et d'application de la loi afin de réduire les vulnérabilités et les incidents de violence contre les femmes et les filles.
La GRC a également harmonisé le financement fourni dans le cadre de l'initiative de lutte contre la violence familiale pour soutenir les programmes dirigés par les collectivités. Un de ces programmes, dirigé par l'experte en la matière Diane Redsky, utilise des forums communautaires pour sensibiliser les gens aux risques liés à la violence faite aux femmes, à l'exploitation sexuelle et à la traite des personnes. Les forums permettent aux membres des collectivités de se réunir pour fournir des renseignements essentiels sur la façon dont les femmes et les filles autochtones peuvent se protéger. Les forums communautaires jettent également les bases de l'élaboration de plans d'action communautaires, un plan communautaire spécifique axé sur ces questions cruciales.
[Français]
Un poste d'agent national de liaison autochtone a été créé à l'appui de la communication régulière et transparente avec les dirigeants autochtones. De plus, la GRC et l'Assemblée des Premières Nations ont signé un protocole afin de promouvoir l'établissement de relations et la coopération en matière de services de police entre les Premières Nations et la GRC. La GRC a formé divers comités qui permettent aux experts d'échanger des idées et de travailler en collaboration.
[Traduction]
La GRC offre une formation sur la sensibilisation culturelle à tous ses employés parce qu'elle croit qu'il est important de comprendre l'histoire du colonialisme et de la discrimination à laquelle les collectivités autochtones ont fait face et d'y être sensible. Bon nombre des conditions socioéconomiques qui continuent de miner les collectivités autochtones ont rendu les femmes et les filles autochtones plus vulnérables à la victimisation violente.
Il convient de noter aussi que la GRC participe à des programmes de justice réparatrice dans tout le pays, ce qui est un point particulièrement important pour votre domaine d'étude. Les pratiques de justice réparatrice avant l'inculpation peuvent écarter les contrevenants du système officiel de justice pénale et offrir des occasions de réconciliation entre les victimes et les délinquants. La GRC appuie ces pratiques et croit qu'elles profitent aux femmes autochtones en les détournant des accusations criminelles ou en les protégeant contre les préjudices par la réconciliation et la réparation. Par exemple, la GRC travaille avec le Programme de justice autochtone pour établir des programmes en Nouvelle-Écosse et au Manitoba.
[Français]
Je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui et de vous communiquer notre engagement à améliorer le système de justice pour les femmes autochtones.
[Traduction]
La GRC, qui reconnaît la complexité de ce problème, comprend qu'une approche gouvernementale globale est nécessaire pour créer un changement efficace et durable. Elle entend collaborer étroitement avec ses partenaires fédéraux et provinciaux, mais plus important encore, avec les femmes et les filles autochtones, qui apportent une expertise et une expérience vécue en vue d'aborder votre domaine d'étude.
Merci.
:
D'accord. Avant d'entrer dans le vif de mes observations, je tiens à dire que je ne participe pas à l'élaboration des politiques en matière de droit pénal. J'applique la loi, mais je ne suis pas légiste. Ce que je comprends du principe de l'arrêt Gladue, au titre de l'alinéa 718.2e) du Code criminel, c'est qu'il faut notamment tenir compte des délinquants autochtones afin de mieux comprendre les conditions sous-jacentes qui mènent à un crime. Non, il ne s'agit pas d'une réduction en raison de la race. Cet alinéa vise tous les délinquants, plus particulièrement en ce qui concerne les délinquants autochtones... alors il vise tout le monde.
Nous croyons comprendre que les juges examinent les facteurs qui contribuent au crime. Si un juge comprend mieux les antécédents sociaux d'une personne... Les rapports Gladue sont très différents d'un rapport présentenciel. Un rapport présentenciel indiquerait des facteurs de risque. Un rapport Gladue donnerait un historique très détaillé de la personne, allant de son enfance jusqu'à sa situation actuelle dans le système, et indiquerait les incidences dans ses antécédents qui auraient pu mener au crime. La personne a-t-elle des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale? Y a-t-il des traumatismes familiaux? La personne a-t-elle fréquenté un pensionnat ou quelque chose du genre? Lorsqu'un juge comprend mieux ce qui peut avoir mené au crime, il est en meilleure position pour déterminer la peine.
Cela peut également aider nos collègues du Service correctionnel du Canada. On peut donner le rapport Gladue au Service correctionnel. Le personnel peut ensuite l'utiliser en association avec leurs rapports sur les antécédents sociaux afin de mieux élaborer des plans de gestion de cas pour ces personnes lorsqu'elles sont en établissement. Le personnel peut utiliser le rapport Gladue parce qu'il contient des recommandations sur ce qui serait approprié pour la personne lorsqu'elle retourne dans la collectivité. Par conséquent, on peut commencer à planifier sa réinsertion sociale et utiliser cette information en vue de mieux travailler avec la personne lorsqu'elle est de retour dans la collectivité et, on l'espère, de prévenir d'emblée la récidive et les problèmes qui mènent au crime.
Je ne suis pas avocate, mais j'affirme avec force qu'un rapport Gladue n'est pas une réduction de la peine. C'est un document qui aide les juges à rendre une décision informée, et il permet de mettre en place de meilleures conditions pour cette personne, compte tenu de la criminalité, et, on l'espère, d'assurer la réadaptation de la personne afin qu'elle ne se retrouve plus devant les tribunaux.