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Merci de m'avoir invitée à vous adresser la parole aujourd'hui de mon point de vue d'intervenante de première ligne et de survivante.
Chaque jour, lorsque les refuges pour femmes victimes de violence partout au pays sont forcés de refuser des femmes et des enfants en raison de problèmes de capacité, ces femmes et ces enfants tombent dans l'itinérance ou dans le système des refuges pour sans-abri. Malheureusement, à cause du grave manque de financement des refuges pour sans-abri — qui fonctionnent selon un modèle non adapté aux victimes de violence, où le logement est prioritaire —, ces femmes et ces enfants ne reçoivent jamais le counselling et les services auxquels ils ont droit et qui les aideraient.
Je dirais que cette impossibilité d'obtenir de l'appui adapté précisément à la violence familiale perpétue le cycle de la violence, car les victimes n'ont pas accès à des services d'intervention et de counselling adéquats. Nous nous convainquons que les femmes envoyées aux refuges pour sans-abri reçoivent des services, alors que souvent, ce n'est pas le cas.
Par exemple, certaines ne répondent pas aux critères d'admissibilité pour accéder aux refuges pour sans-abri, qui diffèrent grandement d'une collectivité à l'autre. Par ailleurs, même si elles réussissent à obtenir une place au sein du système, les refuges pour sans-abri ne sont pas des installations sûres conçues pour protéger les femmes.
Quand il y a des ratés, ce sont souvent les femmes qui finissent par en porter le blâme. J'ai vu des femmes se faire refuser l'accès à des services en raison de problèmes de capacité, puis se déplacer d'un endroit à l'autre pendant plusieurs semaines, se servant de leurs amis et de leur famille comme mesure provisoire. Plus tard, lorsque ces femmes réessaient d'obtenir des services, il arrive qu'on leur dise que leur situation n'est plus un cas urgent de violence familiale, mais plutôt un problème de logement.
L'autre réalité, c'est que les refuges pour femmes victimes de violence qui offrent des séjours limités poussent les femmes à quitter le système de lutte contre la violence faite aux femmes et à se diriger vers l'itinérance si elles n'arrivent pas à trouver un logement sécuritaire et abordable dans le délai imparti. De nombreuses femmes sans abri affirment que leur itinérance est l'une des raisons pour lesquelles elles vivent dans des relations de violence: elles choisissent de vivre avec un seul agresseur plutôt que d'en côtoyer plusieurs, comme ce serait le cas si elles étaient poussées à la rue, dans une situation d'itinérance absolue.
Nous ne pouvons plus prétendre qu'il n'y a pas de corrélation et de chevauchement certain entre la violence envers les femmes et l'itinérance; ce serait faire preuve d'irresponsabilité et refuser à toutes les femmes le droit à des services adéquats. Les dispositions relatives au financement du secteur de l'itinérance contribuent à créer ce fossé artificiel, de peur que le financement ne soit touché. Il ne devrait pas y avoir de distinction entre les femmes, et les femmes itinérantes ne devraient pas être traitées comme des citoyennes de seconde classe au sein du système de refuges.
Si vous avez besoin d'un exemple concret illustrant la différence de niveau de service, la collectivité de Windsor, en Ontario, montre la distinction entre le volet de la violence envers les femmes et celui de l'itinérance chez les femmes. Au cours du dernier exercice, Hiatus House a dû refuser l'accès à 146 femmes et à 188 enfants, et ces chiffres continuent d'augmenter.
Je trouve important que vous sachiez comment les travailleurs se sentent chaque jour lorsqu'ils répondent à des appels d'urgence et qu'ils n'ont pas de lits à offrir aux femmes. Je veux que vous compreniez la douleur qui nous prend à la gorge chaque fois que les actualités parlent d'une femme qui a été agressée ou qui a perdu la vie, la douleur que nous ressentons pendant que nous attendons d'apprendre son nom pour vérifier si c'est celle à qui nous avons dû dire non.
Je veux que vous compreniez les épreuves que les femmes et les enfants vivent lorsque les femmes n'arrivent pas à trouver de logement sécuritaire et abordable dans leur collectivité, sans faute de leur part, simplement parce qu'il n'y en a pas, et qu'elles sont obligées de choisir entre le refuge pour sans-abri, un retour à la maison et à la violence, ou un logement insalubre.
Je veux que vous soyez conscients des répercussions sur le refuge de la perte de notre plus grande ressource: les gens que nous formons, les collègues qui acceptent d'autres emplois à cause du salaire non concurrentiel que touchent les intervenants de première ligne des refuges.
Lorsque le nombre limité de lits force constamment le personnel des refuges à se servir du critère de risque élevé pour accorder l'accès aux services, en posant des questions comme: « Avez-vous été victime de violence physique? Avez-vous des blessures? Vous a-t-il étranglée? A-t-il menacé de vous tuer? A-t-il agressé les enfants ou les animaux? Possède-t-il des armes? A-t-il déjà été accusé? Avez-vous appelé la police? », nous perpétuons la vision de la société selon laquelle la seule forme de violence réelle est la violence physique.
Mon travail a changé au fil des années. Avant, je disais aux femmes qu'elles n'avaient pas à attendre que la violence devienne physique. Maintenant, j'essaie d'élaborer des stratégies pour déterminer quelle femme se trouve dans la situation la plus grave afin de lui donner droit à un des derniers lits.
Nous pouvons parler longuement des mesures de prévention et des initiatives de sensibilisation qui montrent aux femmes les signes d'une relation de violence afin qu'elles puissent reconnaître rapidement qu'elles sont à risque. Or, si elles ne peuvent pas obtenir de soutien, tout cela est plutôt inutile.
Les solutions ne sont pas simples, et il n'existe pas de panacée. Les femmes doivent voir qu'il y a une issue. Elles ont besoin de soutien, de ressources financières, d'accès à des services de garde, de counselling et, enfin, de logements abordables et sécuritaires d'où elles peuvent refaire leur vie. Les femmes doivent pouvoir être optimistes; elles doivent pouvoir croire que leur situation s'améliorera si elles partent. Elles ne peuvent pas craindre que leur départ leur fasse tout perdre: leurs enfants, leur emploi, leur crédibilité et toute forme de normalité.
Les refuges arrivent à fournir une grande partie des services requis, mais ils ne peuvent pas tout faire. Il faut qu'il y ait assez de lits pour répondre à la demande. Les refuges ont besoin de financement pour fonctionner. Il ne suffit pas de construire la structure; il faut aussi la pourvoir de personnel et assurer son fonctionnement.
Les refuges sont forcés de prendre des décisions qui compromettent les services qu'ils sont en mesure d'offrir. Par exemple, Hiatus House a dû faire passer le nombre de travailleurs auprès des enfants et des jeunes de cinq à un et demi, afin que plus qu'un employé soit présent durant les quarts de nuit. Puisque le refuge est toujours plein, il commençait à y avoir des problèmes de sécurité.
De tels sacrifices ont des répercussions. Je vois le seul employé à temps plein et l'employé à temps partiel faire des pieds et des mains pour répondre aux besoins d'une moyenne quotidienne de 20 à 25 enfants, tout en épaulant les mères qui essaient d'aider leurs enfants à s'adapter, de trouver de nouvelles façons de jouer leur rôle de parent et de reprendre ce rôle durant une période chaotique. Ou encore, ils tentent de donner aux mères un peu de temps pour être seules ou pour effectuer les tâches qu'elles ont absolument besoin d'accomplir. C'est vraiment un exploit impossible.
Comment pouvons-nous enseigner aux femmes à avoir des attentes saines alors que nous travaillons nous-mêmes dans un milieu rendu malsain par un excès de stress, de travail et de ressources continuellement épuisées? Pourtant, je me sens coupable de me plaindre de la situation des intervenants, car je sais que nous ne sommes pas les personnes les plus importantes dans tout cela: ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus importants. Or, je sais aussi que tout ce que nous faisons a une incidence sur eux. Nous pourrions faire beaucoup mieux si seulement nous avions les ressources nécessaires.
En outre, il n'existe pas de norme applicable aux services fournis par les refuges. Nous tentons tous de faire de notre mieux, selon les circonstances qui nous entourent et l'endroit où nous nous trouvons dans notre vaste pays, mais il n'y a pas d'uniformité. Or, les femmes et les enfants ne devraient pas être à la merci du gouvernement en place. Toutes les Canadiennes victimes de violence familiale ou sexuelle ne devraient-elles pas avoir droit au même nombre de jours de congé? Bien sûr que oui. Nous savons tous que pour qu'une telle mesure soit mise en place, il faudrait que le gouvernement fédéral prenne les rênes. Je vous prie de considérer la possibilité de mettre en oeuvre un plan d'action national en vue de combler les lacunes.
De plus, vous devez renforcer les services offerts par les refuges. Une des meilleures façons de créer un réseau serait en soutenant les associations provinciales de refuges, de façon à ce que tous les refuges puissent y adhérer et à ce que les associations deviennent des centres d'expertise, de formation et de pratiques exemplaires. Cependant, tant et aussi longtemps que la survie des associations de refuges dépendra des frais d'adhésion, elles ne formeront pas un réseau solide, car c'est impossible pour les refuges les plus éloignés et les plus petits d'en devenir membres. Je vous prie d'examiner de nouvelles formules de financement qui permettront aux associations provinciales d'accomplir leur travail de chefs de file.
Or, le plus important, c'est de donner un rôle significatif aux survivantes, de les placer à la tête du mouvement pour restaurer la crédibilité, pour réduire la stigmatisation et pour veiller à ce que rien ne soit créé pour elles, sans elles. Favorisez, soutenez et financez la participation et les initiatives des survivantes.
Je m'appelle Anita Olsen Harper. Je suis une Anishinabe de Namekoosipiing, ou Trout Lake, dans le nord-ouest de l'Ontario. J'ai un doctorat en éducation. Ma thèse portait sur la violence familiale et la résilience dans les collectivités des Premières Nations.
Je suis chercheuse pour le Cercle national autochtone contre la violence familiale, ou le CNACVF, un organisme sans but lucratif. Nous travaillons avec la majorité des refuges pour femmes situés dans les réserves, ainsi que plusieurs refuges situés hors réserve. Nous fournissons le plus de services de soutien possible pour que les directeurs de refuges puissent aider leur clientèle: les femmes et les enfants ayant besoin d'un abri à cause de la violence familiale.
Juste pour préciser, durant mon témoignage, j'utiliserai le terme « refuge ». J'entends par là un complexe résidentiel destiné aux femmes et aux enfants et comptant des pièces comme des cuisines, des salles de bain et des chambres à coucher. Il s'agit d'un endroit où les personnes fuyant la violence familiale peuvent trouver de la protection et du soutien temporaires. Certains emploient des termes comme « maison de transition », mais j'utiliserai le mot « refuge ».
Services aux Autochtones Canada, ou SAC, finance et supervise les refuges pour femmes situés dans les réserves, par l'intermédiaire de l'Initiative de lutte contre la violence familiale, ou l'ILVF. SAC finance aussi d'autres programmes de lutte contre la violence familiale, comme des programmes de sensibilisation pour les familles autochtones, par le truchement du Programme pour la prévention de la violence familiale, ou le PPVF. À l'heure actuelle, 40 refuges financés et contrôlés par SAC sont aussi membres du CNACVF.
Le problème le plus urgent que connaissent les refuges pour femmes situés dans les réserves, c'est le manque de financement de la part de SAC. Les refuges situés dans les réserves reçoivent l'équivalent de 50 à 75 % des fonds versés aux autres refuges pour femmes qui sont financés par la province où ils se trouvent. Les refuges situés dans les réserves reçoivent donc un financement inéquitable, et ce, malgré le fait que les besoins sont plus grands dans les réserves.
De plus, quand une femme autochtone — une femme ayant le statut d'Indien et vivant normalement dans une réserve — obtient les services d'un refuge pour femmes hors réserve, SAC rembourse le refuge financé par la province au taux de la province, un taux plus élevé que celui qu'il paye à la Première Nation pour fournir les mêmes services à l'intérieur de la réserve, dans les cas où ces services existent. Cette pratique est discriminatoire.
En outre, le financement est inéquitable. Plus précisément, la structure de financement de SAC est fondée sur la population et sur la supposition que la clientèle autochtone est identique à la clientèle non autochtone, plutôt que sur ses besoins réels. SAC ne prend pas en considération les circonstances historiques et les besoins accrus d'une population ayant subi les pensionnats indiens, le colonialisme continu et le traumatisme intergénérationnel. Il ne tient également pas compte du fait qu'il coûte plus cher de fournir des services dans les collectivités rurales et éloignées, y compris dans les réserves.
On sait que les services sociaux, de santé, de logement et d'éducation offerts dans les réserves sont limités. Or, ces services sont essentiels pour soutenir et compléter les programmes et les services offerts par les refuges. Le financement inégal et inéquitable des refuges pour femmes situés dans les réserves a, au minimum, les quatre conséquences suivantes.
Premièrement, l'épuisement professionnel est fréquent, les taux de roulement du personnel sont élevés, les travailleurs sous-payés se sentent isolés, et les refuges ont de la difficulté à recruter et à maintenir en poste des professionnels pouvant répondre aux besoins réels des femmes et des enfants.
Deuxièmement, il y a un manque de ressources et de programmes adaptés à la clientèle autochtone des refuges.
Troisièmement, les infrastructures sont inadéquates, et les espaces limités sont inefficaces tant pour les adultes que pour les enfants. Il y a souvent un besoin urgent de rénover et d'agrandir les refuges. Les normes de santé et de sécurité sont donc très peu respectées.
Quatrièmement, les refuges ne peuvent pas fournir de logements de deuxième étape, c'est-à-dire des logements à plus long terme où sont offerts des programmes.
Les femmes autochtones fuyant la violence familiale ou à risque d'en subir n'ont pas accès à des refuges de la même qualité que ceux dont bénéficient les autres Canadiennes. Certaines n'ont pas du tout accès à de tels services. À l'heure actuelle, la protection que le Canada offre aux femmes autochtones contre la violence familiale n'est ni égale, ni équitable, ni adaptée à la culture.
Enfin, à titre de recours et de recommandation précise, le Canada doit financer et offrir des services de refuges et des programmes équitables et appropriés sur le plan culturel aux femmes autochtones et à leurs enfants qui fuient la violence familiale ou qui risquent d'être confrontés à la violence familiale. Ainsi, les services et les programmes doivent être adaptés aux circonstances géographiques, culturelles et historiques uniques des femmes qui ont recours aux services des 40 refuges financés par SAC au Canada.
Meegwetch. Merci.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant le Comité. Je m'appelle Dawn Clark. Je suis la directrice des programmes à la Haven Society, située à Nanaimo.
La Haven Society a été constituée en société à but non lucratif et organisme de bienfaisance enregistré le 22 décembre 1978. Cette année marque notre 40e anniversaire à titre d'organisme offrant des services aux femmes et aux enfants qui fuient la violence et les mauvais traitements. À Nanaimo, nous exploitons une maison de transition de 17 lits et en 2013, en partenariat avec la Society of Organized Services, nous avons élargi nos services de refuges afin d'offrir une maison d'hébergement dans la région d'Oceanside.
Notre mission est de promouvoir l'intégrité et la sécurité des femmes, des enfants, des jeunes et des familles, de même que de bâtir une communauté respectueuse et saine. Haven jouit d'une solide réputation dans la communauté et en Colombie-Britannique, à titre de chef de file dans la lutte contre la violence. Notre organisme est respecté dans les domaines du leadership, de la formation et de la collaboration. Nous nous engageons à offrir un continuum de services, à éduquer la population et à défendre les droits des femmes et des enfants.
Je suis certaine que la plupart d'entre vous ont déjà entendu ces statistiques, mais je crois qu'il est important de les répéter, puisqu'il s'agit des femmes que nous voyons tous les jours.
Selon le plus récent document de la Fondation canadienne des femmes d'août 2016, les femmes sont quatre fois plus susceptibles que les hommes d'être victimes d'homicide commis par un partenaire intime; les femmes autochtones sont 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes de violence que les femmes non autochtones; environ tous les six jours, une femme est tuée par son partenaire intime au Canada; les femmes autochtones sont six fois plus victimes d'homicide que les femmes non autochtones; et 70 % des cas de violence ne sont pas rapportés à la police.
De plus, à tous les soirs au Canada, près de 6 000 femmes et enfants dorment dans des refuges parce que leur sécurité à la maison est compromise, et près de 300 femmes et enfants se voient refuser l'entrée parce que les refuges sont pleins. Les femmes qui s'identifient à titre de lesbiennes ou de transgenres et qui sont victimes de violence conjugale sont moins susceptibles d'accéder aux services de refuges; les femmes courent un plus grand risque d'être victimes de mauvais traitements à l'égard des aînés par un membre de la famille et les femmes doivent souvent faire un choix entre rester avec un agresseur et risquer la pauvreté et l'itinérance.
De plus, la cyberviolence, qui comprend les menaces faites en ligne, le harcèlement et les menaces physiques, apparaît rapidement à titre de prolongement de la violence contre les femmes; les femmes qui ont des problèmes de santé mentale ou des troubles du comportement de même que des maladies chroniques ou débilitantes présentent un taux de victimisation quatre fois plus élevé que celui des autres femmes; la toxicomanie et les problèmes de santé mentale coexistent souvent chez les femmes, puisque nombre d'entre elles désignent la consommation de drogues à titre de façon de composer avec la violence fondée sur le sexe et les traumatismes.
Bon nombre des femmes qui ont recours à nos maisons de transition ou d'hébergement vivent des traumatismes complexes, ont recours à divers services autorisés, ont des problèmes de santé et des problèmes liés à la pauvreté, et ont un avenir incertain. Leurs enfants peuvent présenter divers comportements directement liés à la violence à laquelle ils sont exposés et bon nombre d'entre eux ont de la difficulté à vivre dans un environnement de vie commune avec des étrangers et de nouvelles règles. Ils risquent de s'isoler et de devenir surprotecteurs ou de montrer des signes d'agressivité. De plus, les femmes en mauvaise santé, qui ont des problèmes de santé mentale ou qui consomment de l'alcool ou d'autres substances risquent de ne pas communiquer ces préoccupations au moment de leur inscription par peur d'être refusées.
Ces obstacles concomitants obligent le personnel de nos maisons de transition et d'hébergement à devenir des personnes à tout faire, à gérer les crises à tout moment et à offrir un soutien affectif et une sécurité aux femmes, tout en répondant à leurs besoins immédiats et futurs.
Notre travail à Haven consiste à offrir un endroit sécuritaire aux victimes de violence afin qu'elles soient entendues, crues et appuyées. À la base de toutes les relations que nous bâtissons avec ces femmes se trouve la croyance qu'elles sont les expertes de leur vie. Notre intention est de fournir un éventail de services équitables et nous présumons que chaque femme et chaque enfant a le droit à un soutien qui répond à ses besoins individuels, qui est adapté sur le plan culturel et qui préserve la dignité.
Pour offrir des services complets aux femmes et enfants que nous aidons, nous croyons qu'il est nécessaire de mettre en oeuvre les recommandations suivantes.
Premièrement, il faut veiller à ce que les refuges pour femmes et les maisons de transition reçoivent un financement complet et aient la capacité professionnelle et le personnel nécessaires pour offrir un soutien affectif approprié et pour gérer les crises tout en protégeant le bien-être de tous les clients du refuge ou de la maison de transition.
De plus, il faut continuer de militer pour des maisons d'hébergement transitoire qui permettront aux femmes de faire la transition d'une relation violente vers un milieu sécuritaire; offrir des options de logement qui permettent aux femmes de préserver ou de rétablir la relation avec leurs enfants et offrir des services de garde et des services familiaux subventionnés; accroître le financement des programmes axés sur les traumatismes, comme le programme Mettre un terme à la violence, de même que les programmes destinés aux enfants, afin de s'attaquer aux listes d'attente et de permettre à un plus grand nombre de femmes et d'enfants d'avoir accès à des services de counselling et des services cliniques accrus; et améliorer l'éducation et l'élaboration d'approches axées sur les femmes, et de pratiques axées sur les traumatismes, la santé mentale et les dépendances.
Il faut aussi accroître le suivi communautaire associé aux services de soutien individuels et novateurs, et offrir aux femmes l'occasion d'émettre des commentaires au sujet de la conception des programmes et d'influer sur la prestation des services; élaborer des programmes facultatifs et obligatoires pour les agresseurs; et financer la mise sur pied et le renforcement des partenariats entre les secteurs en vue d'aider les femmes.
Il faut également travailler avec les organismes gouvernementaux et les partenaires communautaires afin d'améliorer la compréhension des obstacles systémiques auxquels sont confrontées bon nombre de femmes qui fuient la violence et trouver des façons de les réduire, notamment par l'entremise de la stabilité économique et d'un accès accru à des logements sécuritaires et abordables, à des services de soutien et à des services adaptés sur le plan culturel, pour ne nommer que ceux-là.
Il faut établir un programme scolaire obligatoire sur la prévention de la violence, destiné aux enfants de tous les niveaux scolaires.
Il faut trouver les meilleures pratiques puis élaborer et mettre en oeuvre des approches novatrices et éprouvées en matière de prestation de services pour les femmes qui fuient la violence; examiner la capacité actuelle dans certains domaines clés des services offerts aux femmes afin de mieux comprendre les pénuries au sein des divers organismes; et offrir un financement pour combler les lacunes.
Pour terminer, j'ajouterais qu'on ne pourra pas éliminer la violence familiale en ayant recours à des interventions qui se centrent uniquement sur les femmes ou les survivants. Nous devons promouvoir des interventions systémiques qui permettent d'éviter la violence familiale et mettre en oeuvre des mesures visant non seulement les agresseurs, mais aussi la société dans son ensemble.
Merci.
:
J'ai compris la question.
Par suite de mon expérience, j'ai une certaine perception selon laquelle, au travail, je dois chercher comment cela peut mieux fonctionner. C'est mieux parce que j'offre des services aux femmes. Je suis une survivante, comme vous le savez.
[Traduction]
Je crois qu'en tant que survivante qui offre des services aux autres femmes, je leur montre qu'il est possible de se sortir de la violence. Elles sont à même de constater qu'il y a de l'espoir.
La vérité, c'est que ce ne sont pas les refuges qui m'ont permis de me sortir de ma situation. En fait, ce sont des amis qui m'ont aidée. Je travaillais pour un refuge alors que je vivais cette situation, ce qui a nui à de nombreuses possibilités.
Je crois que c'est un bon exemple de la stigmatisation à laquelle les femmes font face lorsqu'elles sont victimes de violence familiale et doivent demander de l'aide. Dans les faits, je crois que moins de 11 % des femmes victimes de violence se tournent vers les refuges pour se sortir de leur situation.
Cette question dépasse la simple offre de services de refuges. La grande question, c'est comment on peut aider ces femmes à se remettre sur leurs pieds et veiller à ce qu'elles ne soient pas confrontées à la pauvreté dans l'avenir, surtout lorsqu'elles ont des enfants. C'est beaucoup plus complexe que la simple offre de refuges.
Toutefois, comme je suis une survivante et que je fais un travail de première ligne, mon intervention peut avoir une incidence sur les femmes que je rencontre. Je les comprends et je veux leur bien, et elles le sentent.
Le fait d'avoir des survivantes en première ligne... En professionnalisant les systèmes de refuges, nous avons un peu mis de côté les survivantes. Nous devons les réintégrer dans les systèmes.
C'est pourquoi il était si important pour moi d'être à la table aujourd'hui. Lorsque j'ai regardé votre liste — c'est l'un des commentaires que j'ai transmis à votre greffière —, j'ai remarqué que vous receviez de nombreuses personnes haut placées. Vous ne receviez pas d'intervenants de première ligne ni les femmes touchées. Je vous remercie de m'avoir reçue.
Je remplace un membre du Comité aujourd'hui, alors c'est ma première occasion d'entendre les témoins sur ce sujet. Bon nombre des enjeux que vous évoquez me sont très familiers, en raison de mon travail sur la santé mentale. Mon fils est autiste et j'ai parlé à de nombreuses familles qui vivent avec l'autisme et qui, à un moment de grand désespoir, n'ont nulle part où aller non plus. Ils disent presque exactement la même chose que vous.
Eva, vous avez dit « rien ne se fera pour nous sans nous » et c'est une phrase importante dans de nombreux domaines que nous abordons.
Je vais commencer avec Anita, si vous me le permettez.
Anita, en ce qui a trait aux Premières Nations, d'après ce que j'ai vu lors de mes visites des refuges pour femmes, la nature secrète des lieux est l'une des choses les plus importantes. Souvent, les femmes vont dans un refuge qui ne se trouve pas dans la région où elles vivent en raison de la nature de la violence. D'après ce que je vous entends dire, il semble que ce soit plus difficile à faire dans certaines communautés des Premières Nations, qui sont plus petites, et où les femmes souhaitent peut-être rester. Est-ce que c'est un gros problème?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie la représentante de Hiatus House. Votre témoignage correspond essentiellement à notre conclusion. Vos propos sont extrêmement puissants, très éloquents, terribles et véridiques. Je vous remercie de votre témoignage.
Pour la représentante de Haven Society de Nanaimo, la circonscription que je représente, je suis extrêmement fière du travail que vous faites. En réponse à la question sur la collaboration posée par mon collègue, votre directrice générale, Anne Taylor, a indiqué que vous collaborez. La collaboration est phénoménale dans le mouvement féministe et en particulier dans le milieu des refuges, mais vous devez sans cesse prouver l'ampleur de cette collaboration lorsque vous présentez des demandes de financement pour divers programmes. Vous devez créer de nouveaux programmes pour démontrer votre capacité de collaboration et offrir un service qui n'existait pas auparavant. Selon les commentaires que j'ai entendus de nombreux intervenants, vous faites toutes sortes de contorsions pour inventer de nouvelles choses, alors que tout ce que vous voulez, essentiellement, c'est offrir une rémunération adéquate aux travailleurs, payer l'électricité et le loyer et assurer la prestation de services de base.
Vendredi, le NPD a lancé une nouvelle campagne à Nanaimo. Lesley Clarke, du Women's Resource Centre de Nanaimo a notamment indiqué qu'elle a l'impression, particulièrement pour son organisation et les femmes qui participent à ses programmes, que le filet de sécurité qu'elle construit est un château de cartes. Les programmes constituent la base de ce château de cartes, mais ils doivent être éliminés après un certain temps, puisqu'ils ne sont plus novateurs et ne sont donc plus financés.
Voilà ce que nous essayons de faire comprendre au gouvernement. Il doit financer les programmes de base pour que les femmes de partout au pays puissent toutes avoir accès à la sécurité et pour que les refuges puissent simplement poursuivre leurs activités à cette fin. Pouvez-vous nous donner une idée des coûts que cela représente? Quelles pratiques exemplaires avez-vous abandonnées pour avoir droit au financement pour les nouveaux programmes qu'on offre au lieu d'investir dans les programmes de base?
:
Je pense que Lesley a visé juste lorsqu'elle a dit que pour demeurer ouvert et payer l'électricité, il faut parfois abandonner les services de base pour les réinventer, alors que rien n'a changé, en fait.
Je pense en particulier à la maison transition. Nous avons 17 lits; 10 pour les enfants et 7 pour les femmes. Pour offrir les services que nous voulons offrir, nous devons les réinventer, c'est-à-dire créer les groupes. Nous en avons plusieurs, notamment 16 Steps for Discovery and Empowerment, Weaving Our Voices ou Process of Change, mais ce sont essentiellement des groupes de soutien par les pairs dirigés par des femmes.
Quant aux services aux enfants, nous avons le programme PEACE, anciennement le programme Children Who Witness Abuse. J'oublie la signification de l'acronyme, Sheila, car je suis un peu nerveuse en ce moment. Nous avons renommé le programme, mais en fin de compte, nous offrons aux enfants, aux familles et aux aidants des services et du soutien pour les aider à composer avec les mauvais traitements et la violence dont les enfants ont été témoins.
Quant au logement, nous avons dû faire preuve d'une grande créativité dans nos interventions auprès des propriétaires et d'autres partenaires de la communauté, comme la Nanaimo Affordable Housing Society, pour que les femmes puissent quitter les refuges et vivre à long terme dans un logement sécuritaire et abordable.
Donc, il faut être extrêmement créatif et essayer d'optimiser les ressources. Il faut être résolu à offrir ce service en toutes circonstances, car on ne sait pas à quel moment le financement disparaîtra.
Merci à toutes. C'est vraiment fascinant et troublant.
Je viens du milieu municipal. Donc, à titre de conseillers — j'étais maire de Hamilton —, nous observions ces problèmes sur le terrain. À titre d'exemple, Mission Services souhaitait utiliser un bâtiment, et je leur ai suggéré de le vendre. Au début, ils étaient réticents, mais ils ont fini par le vendre pour 700 000 $. Ils se demandaient quoi faire, maintenant qu'il était vendu. Nous leur avons trouvé un bâtiment excédentaire mieux adapté, au prix de 350 000 $. C'était en 2008-2009. Les prix ont augmenté depuis, mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'ils ont pu utiliser leurs actifs pour améliorer leur situation.
Ma question s'adresse à chacune d'entre vous. J'aimerais savoir si vous avez aussi des liens avec une municipalité et si ces gens sont informés et conscients des enjeux. Ils ont des immeubles vacants, des propriétés, et toutes sortes de choses qui pourraient vous être utiles.
Je demanderai à Dawn de répondre en premier, suivie de Eva et Anita.
Dawn, avez-vous des liens avec la municipalité de Nanaimo? Vous est-elle avantageuse?
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie, toutes les trois, de votre travail auprès de différentes sociétés et associations. J'ai été 35 ans dans la police, surtout dans la police autochtone, et le service que vous rendez est tellement formidable. Je me souviens, il y a tellement d'années, qu'il n'y avait tout simplement rien. Une fois, j'ai appelé ma femme, au milieu de la nuit, pour qu'elle y fasse dormir nos enfants dans notre lit, parce que j'accueillais des gens à la maison. C'est ce qu'il faut faire dans beaucoup de communautés rurales, parce que, cette fois-là, il n'y avait rien pour ces gens. C'était à nous de fournir la protection.
Vous vous êtes toutes exprimées. Je pense que vous êtes ici parce que vous constatez le besoin, pour le gouvernement fédéral, d'intervenir. Vous avez tellement raison.
Eva d'abord, Anita ensuite, puis Dawn, sur le financement que vous obtenez aujourd'hui pour faire fonctionner de vos établissements, quel est le pourcentage d'origine fédérale, provinciale ou communautaire, que ce soit par des activités de financement ou par des subventions municipales et ce genre de choses?
Les organismes communautaires tels que la police, les services sociaux et les professions médicales sont-ils au courant des services que vous offrez et collaborent-ils avec vous assez étroitement ou devons-nous mieux garantir leur aide?
Merci.
Allez-y, Eva.
:
Très bien. Merci beaucoup.
[Français]
Bonjour.
Je vous remercie de me donner aujourd'hui l'occasion de présenter les résultats qui, nous l'espérons, permettront d'éclairer la discussion sur la demande de places dans les refuges pour les femmes qui cherchent de l'aide en raison de violences exercées par un partenaire intime. Je vais présenter des données obtenues auprès des services de police ainsi que des données issues d'une enquête menée auprès des refuges.
Vous trouverez nos principales constatations à la diapositive no 2 de la présente présentation. Au cours des trois dernières années, la violence conjugale envers les femmes exercée par un partenaire intime a légèrement augmenté, soit de 4 %. Les taux de violence conjugale étaient les plus élevés dans les territoires, en Saskatchewan et au Manitoba. La dernière collecte de données dans les refuges nous a permis de constater qu'une femme sur quatre y avait déjà cherché refuge. En outre, plus de la moitié des femmes qui cherchaient un refuge en raison de la violence y étaient accompagnées de leurs enfants. J'aimerais également souligner que nous disposons de nouvelles données sur les refuges, qui seront disponibles au printemps prochain. À notre avis, elles seront cruciales pour le travail de ce comité.
La diapositive no 3 présente des données provenant de l'enquête sur les maisons d'hébergement. Ces données ont été collectées pour la dernière fois en 2014. Cette année-là, plus de 600 refuges au Canada offraient des services aux femmes et aux enfants de ces dernières qui fuyaient la violence familiale. Au total, ces refuges ont fourni plus de 12 000 lits. Les provinces disposant du plus grand nombre de refuges étaient l'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique. Le jour du décompte, plus de la moitié des femmes qui avaient recours à ces refuges étaient âgées de moins de 35 ans, et plus de 7 femmes sur 10 étaient à la recherche d'un refuge dans une grande ville. En 2014, il y avait en moyenne 19 lits par établissement.
Passons maintenant à la diapositive no 4, qui dresse le portrait de la capacité au regard du nombre d'incidents de violence mettant en cause des partenaires intimes. Nous savons qu'au cours de la même année, environ 70 000 femmes ont été victimes de violence exercée par un partenaire intime. Ces actes de violence avaient été déclarés par la police. Encore une fois, le nombre le plus élevé de victimes a été observé en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique, soit les trois plus grandes provinces du pays.
Un autre point de données devant être pris en compte est le taux de violence entre partenaires intimes. Dans ce contexte, nous considérons le nombre de victimes et les différences entre les populations. De cette façon, nous constatons quelles régions sont les plus exposées à un risque. En 2014, comme pour la criminalité en général, les régions affichant les plus hauts taux de violence exercée par un partenaire intime étaient les trois territoires ainsi que la Saskatchewan, le Manitoba et l'Alberta.
[Traduction]
La diapo 5 révèle que la majorité des femmes accueillies dans les refuges en 2014 ont dit avoir fui une situation de violence, et 78 % d'entre elles ont déclaré que leur agresseur était un partenaire intime.
Le graphique de la diapo 6 montre les diverses formes de violence incriminées par les femmes accueillies par le refuge. À noter que chaque victime peut en incriminer plus d'une. Le graphique les énumère. Par exemple, les deux tiers de ces femmes ont dénoncé la violence psychologique; la moitié, la violence physique; 21 % ont déclaré que la violence sexuelle les avait incitées à chercher un refuge, et plus du quart voulaient éviter à leurs enfants d'être des témoins de la violence.
La diapo 7 met en relief les problèmes de manque de place. En 2014 en une journée représentative particulière, plus de 300 femmes et 200 de leurs enfants se sont vu refuser l'entrée d'un refuge. Plus de la moitié faute de place dans le refuge. Parmi les autres motifs invoqués, citons des problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie, 8 %; des problèmes de santé mentale, 6 %; une liste noire de personnes à ne pas admettre ou faisant l'objet de mises en garde, 4 %.
Autres données d'une importance capitale: le quart des résidentes accueillies en cette journée particulière avaient déjà séjourné dans le refuge, c'est-à-dire qu'elles y revenaient; 37 % d'entre elles une fois dans les douze derniers mois; 17 % deux ou trois fois; 30 %, plus d'un an auparavant.
De plus, près de la moitié des résidentes n'avaient pas signalé la violence dont elles avaient été victimes à la police.
Voyons maintenant les services offerts par ces refuges. D'après le dernier volet de l'étude des maisons de transition de 2014, elles offraient une gamme de services aux résidentes, notamment du counselling, des services de transport ou, encore, elles les dirigeaient vers des logements. Beaucoup de refuges étaient également en mesure de satisfaire aux divers besoins des femmes et des enfants autochtones.
Jusqu'ici, j'ai présenté des renseignements rassemblés en 2014, la dernière année où nous l'avons fait sur les refuges. Voyons maintenant les résultats d'une analyse des tendances de la violence subie par les femmes aux mains d'un partenaire sexuel et signalée à la police, d'après les déclarations uniformisées de la criminalité.
À l'échelle du Canada, le taux de violence aux mains d'un partenaire intime a constamment diminué de 2009 à 2014. Mais, depuis, il a augmenté de 4 %, presque toujours sous l'effet d'une augmentation du nombre de femmes victimes.
Voyons maintenant les différences régionales.
Les augmentations les plus importantes en trois ans ont été observées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Manitoba et dans l'Île-du-Prince-Édouard, tandis que des diminutions ont été observées au Yukon, en Colombie-Britannique et en Alberta. Rappelez-vous qu'il s'agit de pourcentages de variation. Globalement, le taux de violence exercée contre les femmes par le partenaire intime reste beaucoup plus élevé dans les territoires et plus élevé au Manitoba et en Saskatchewan qu'en Colombie-Britannique et dans l'Est.
En guise de conclusion, j'attire votre attention sur deux nouvelles enquêtes qui se trouvent encore au stade de la collecte et du traitement des données et qui apporteront des renseignements à votre recherche indispensable.
La première est l'enquête sur les établissements d'hébergement pour les victimes de violence, qui remplace l'enquête sur les maisons de transition réalisée pour la dernière fois en 2014. Elle permettra de recueillir de nouveaux renseignements importants qu'énumère la diapo 11. Plus particulièrement, elle nous renseignera sur les caractéristiques des résidents des refuges, selon l'âge et le sexe, puis selon leur appartenance à un peuple autochtone ou à une minorité visible, leur statut de résidence, leurs éventuels handicaps et, le cas échéant, le type de handicap. Les premiers résultats seront accessibles le printemps prochain, en 2019.
Puis, vers la fin de l'été 2019, Statistique Canada publiera des données de la nouvelle enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, des renseignements utiles à votre comité — on demandera notamment aux victimes de la violence aux mains de partenaires intimes de dire si cette violence leur a fait fuir leur foyer et, dans l'affirmative, vers quel endroit elles se sont dirigées. Ces données, qu'on appariera avec de nombreuses caractéristiques individuelles et d'autres résultats sur la victimisation, présenteront une image très intéressante de la situation.
L'exposé se termine ici. Nous sommes prêts à répondre à vos questions. Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins. Le moment est vraiment bien choisi pour rassembler cette information.
Le 8 novembre, notre Centre canadien de la justice statistique, à Statistique Canada, a publié un rapport intitulé « Agressions sexuelles signalées à la police au Canada avant et après #MoiAussi, 2016 et 2017 ». Les nombres sont vraiment frappants. Il y a eu 25 % plus de victimes d'agressions sexuelles signalées à la police après que #MoiAussi soit devenu viral. Le nombre moyen de victimes d'agressions sexuelles signalées à la police est passé de 59 par jour, avant #MoiAussi, à 74 par jour après #MoiAussi.
Ce que j'entends, c'est que cela alourdit le fardeau des organismes d'aide aux femmes de première ligne, qu'ils tiennent des refuges pour femmes victimes de violence familiale ou... C'est dans tous les cas de la prévention des agressions sexuelles. Tout cela est étroitement lié.
Je suis curieuse de savoir si vous avez des données ou comptez recueillir des données, maintenant que le tabou du signalement est levé, sur la mesure dans laquelle cette augmentation de la demande repousse les limites des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, des centres d'aide aux victimes de viol, des lignes d'assistance et des lignes destinées aux personnes ayant subi des traumatismes. Il y a tant d'éléments qui interviennent sur ce plan.
Est-ce que Statistique Canada recueille de telles données ou a l'intention de le faire?