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Bonjour et bienvenue à la 135
e réunion du Comité permanent de la condition féminine. La portion actuelle de la réunion est publique. Nous poursuivons aujourd'hui notre étude des défis auxquels les femmes aînées font face, en portant une attention particulière aux facteurs qui contribuent à la pauvreté et à la vulnérabilité de ces femmes.
Pour ce faire, nous sommes heureux d'accueillir Krista James, directrice nationale du Centre canadien d'études sur le droit des aînés. Elle comparaît par vidéoconférence de Vancouver, en Colombie-Britannique. Krista est notre unique témoin à présenter une déclaration préliminaire ce matin parce qu'elle ne fait pas partie des témoins qui ont déjà témoigné devant le Comité.
Je suis aussi heureuse d'accueillir à nouveau Madeleine Bélanger, à titre personnel. Madeleine participe par vidéoconférence de la Ville de Québec.
Nous accueillons aussi Geneviève Tremblay-Racette, de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées. À tous les francophones, pardonnez-moi ma prononciation. Emmanuella, vous pourrez m'aider plus tard à ce sujet. Geneviève est directrice, et elle remplace Luce Bernier, qui a comparu le 28 février.
Enfin, nous accueillons Gisèle Tassé-Goodman, vice-présidente, et Philippe Poirier-Monette, conseiller en droits collectifs du Secrétariat provincial, tous deux de la FADOQ.
Bienvenue à nouveau, et merci beaucoup d'avoir pris le temps de revenir. Nous allons commencer par la déclaration préliminaire, et je cède la parole à Krista James, pour sept minutes.
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Merci de m'avoir invitée à parler au Comité. Je vais faire de mon mieux.
Le CCEDA est un groupe de réflexion qui met l'accent sur les enjeux juridiques et stratégiques liés au vieillissement. Nous faisons partie d'un organisme sans but lucratif de la Colombie-Britannique. Une grande partie de notre travail consiste à consulter des aînés au sujet de leurs expériences, puis à travailler avec des comités consultatifs composés d'experts pour formuler des recommandations législatives et stratégiques visant à régler les problèmes cernés dans le cadre des consultations.
De 2011 à 2017, nous avons réalisé notre projet de dialogue auprès des femmes aînées. C'est un projet qui a été financé au fil des ans par diverses organisations, y compris le gouvernement du Canada. Nous avons commencé ce projet parce que nous avons remarqué que, même si le genre a une incidence importante sur l'expérience de vie, les recherches et les analyses stratégiques semblaient se concentrer sur les jeunes femmes. Les études féministes avaient tendance à mettre l'accent sur les filles et les femmes en âge de procréer, tandis que les politiques sur le vieillissement avaient tendance à être neutres du point de vue du genre. Par conséquent, on a perdu de vue les expériences des femmes aînées. Nous avons mis au point notre projet pour combler cette lacune dans la recherche.
En tout, nous avons organisé 35 événements de consultation en travaillant en collaboration avec des organismes locaux. Nous avons organisé des événements dans 10 langues différentes ainsi qu'en langage gestuel américain. En outre, nous avons rencontré des femmes âgées de 50 ans à 90 ans. Nous avons aussi organisé cinq événements de consultation auprès de femmes aînées autochtones. Globalement, nous avons consulté plus de 500 femmes aînées qui vivent dans la région de Vancouver.
Nos constatations et recommandations sont résumées dans deux rapports, qui figurent dans le mémoire que j'ai soumis. Il y a aussi des liens dans mon mémoire vers des rapports sommaires en anglais et en français. Je vais souligner quelques éléments de ces rapports.
Je tiens à souligner d'entrée de jeu qu'une constatation globale du projet, c'est que l'expérience de la pauvreté et de la vulnérabilité des femmes aînées est tributaire de façon importante de nombreux aspects de leur identité, pas seulement le sexe. Les femmes handicapées, les femmes autochtones, les femmes membres de minorités ethnoculturelles ou immigrantes et les femmes LGBTQ sont confrontées à des défis uniques à mesure qu'elles vieillissent. Par conséquent, les interventions stratégiques doivent être adaptées pour tenir compte des expériences diversifiées des femmes aînées. Des politiques génériques ne permettront pas de soutenir les femmes les plus vulnérables du Canada; c'est quelque chose sur quoi je ne saurais trop insister.
Dans le cadre de mon exposé, j'aimerais vous parler de pauvreté, de soins de santé, de violence et de mauvais traitements et d'accès à la justice.
Assurément, des événements catastrophiques comme un divorce, une blessure ou une perte d'emploi peuvent avoir une incidence négative sur la sécurité du revenu des gens du troisième âge. Cependant, la pauvreté des femmes aînées est souvent fonction d'événements qui se sont passés durant toute leur vie, et tout particulièrement de la priorité qu'elles choisissent d'accorder aux soins primaires familiaux non rémunérés plutôt qu'au travail rémunéré. Actuellement, les mesures stratégiques ne tiennent pas adéquatement compte du fait que les femmes gagnent souvent beaucoup moins que les hommes et qu'elles ont donc moins d'économies durant la vieillesse. Les modifications récentes du Supplément de revenu garanti n'ont malheureusement pas permis de sortir les femmes les plus vulnérables de la pauvreté.
Je dois aussi dire que, pour de nombreuses femmes, la notion de « retraite » est trompeuse. Bon nombre d'entre nous prodiguons des soins tout au long de nos soi-disant années de retraite. Nous consacrons nos journées à prodiguer des soins à notre époux, nos enfants d'âge adulte handicapés et nos petits-enfants, des soins qui sont exigeants physiquement et émotionnellement. Ce travail de soignantes occupe souvent une place privilégiée dans la vie des femmes, mais elles ont besoin d'un soutien financier pour jouer ces rôles critiques dans nos collectivités.
Dans notre rapport, nous avons formulé trois recommandations liées à la sécurité du revenu. Nous recommandons au gouvernement de renforcer les programmes de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti, de modifier le Régime de pensions du Canada pour inclure une disposition d'exclusion similaire à la disposition d'exclusion pour élever des enfants qui serait applicable à toutes les années de prestation de soins familiaux à temps plein, et l'élaboration de programmes pour fournir un meilleur soutien en matière de finances, d'hébergement et autres aux femmes aînées qui sont les soignantes principales d'enfants mineurs, particulièrement les femmes autochtones. Ce qui se produit souvent, c'est que l'admissibilité prend fin une fois que les femmes ont 65 ans, mais elles continuent tout de même de prodiguer des soins.
En ce qui a trait au fait de soutenir les survivantes aînées de violence et de mauvais traitements, nous avons appris que la violence a une incidence importante durant le vieillissement. Certaines femmes sont victimes de violence durant leur vieillesse, tandis que d'autres ont été victimisées durant l'enfance ou lorsqu'elles étaient de jeunes femmes, et tout ça continue d'influer sur leur qualité de vie. Plus particulièrement, les traumatismes passés ont eu une incidence persistante dans la vie des femmes aînées autochtones, pour qui assurer la sécurité de leurs enfants et de leurs jeunes est une priorité.
Grâce aux consultations auprès de fournisseurs de services qui soutiennent des femmes aînées ayant été victimes de violence, nous avons appris que ces femmes aînées sont particulièrement réticentes à aller en maison de transition. Le maintien d'un lien avec leur collectivité est très important pour elles, et quitter le foyer signifie souvent déménager dans des installations de soins de longue durée, parce que les maisons de transition ne sont souvent pas aménagées pour répondre à leurs besoins de santé complexes. En outre, puisqu'elles accordent beaucoup d'importance à leurs relations familiales — parfois plus qu'à leur propre sécurité — elles restent dans des situations dangereuses pour s'assurer que les gens qu'elles aiment reçoivent les soins dont ils ont besoin, y compris l'époux qui les victimise.
Les mesures stratégiques actuelles accroissent aussi le risque de violence des femmes immigrantes. Les politiques sur la pension empêchent de nombreuses femmes immigrantes aînées d'avoir accès à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti. Ces femmes restent dans des situations dangereuses parce que les accords de 10 à 20 ans conclus entre les membres de leur famille qui les parrainent et le gouvernement du Canada les empêchent d'avoir accès à de nombreux services publics, ce qui les oblige, au bout du compte, à rester auprès de membres de la famille qui leur causent du tort.
Pour éliminer ces préoccupations, nous avons recommandé au gouvernement du Canada ainsi qu'aux gouvernements provinciaux et territoriaux de financer des initiatives permettant aux femmes autochtones aînées, aux femmes aînées et à leur collectivité d'élaborer des programmes locaux et adaptés du point de vue culturel pour soutenir leur guérison directement dans leur collectivité.
Nous vous demandons d'améliorer le soutien à l'intention des organisations qui aident les femmes aînées victimes de violence ou fuyant une telle violence. Et je parle ici non seulement des maisons de transition et des maisons d'hébergement, mais aussi des organismes qui offrent des services aux aînés ou aux immigrants, particulièrement dans le but d'élaborer des services d'extension ou de les améliorer, de façon à ce que les femmes puissent bénéficier de services sans quitter leur domicile.
Nous aimerions voir un financement accru des maisons d'hébergement et des maisons de transition pour permettre à celles-ci de mettre en oeuvre les pratiques cernées dans le rapport Politiques prometteuses au Canada pour l'hébergement des femmes aînées victimes de violence. Le rapport est mentionné dans notre mémoire. Une telle mesure permettrait aux programmes et organismes d'améliorer l'accessibilité et le caractère approprié des services à l'intention des femmes aînées.
De plus, nous demandons un examen des critères d'admissibilité de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti en ce qui a trait à l'accès à ces programmes pour les femmes aînées immigrantes qui, sinon, n'ont accès à aucune aide financière.
En ce qui a trait à l'accès aux soins de santé, je vais sauter certains de mes points d'introduction et tout simplement formuler les recommandations.
Nous recommandons au gouvernement de financer des programmes de défenseurs des droits des patients et de coordonnateurs des soins pour fournir un soutien et une aide aux femmes aînées pour qui il est difficile de recevoir des soins de santé appropriés en temps opportun. Les femmes qui ont des problèmes de santé complexes ont de la difficulté à s'y retrouver dans le système. Les soins de santé sont souvent offerts par un ensemble de fournisseurs différents.
Nous recommandons d'accroître le financement des programmes de soutien ménager, comme la préparation de repas, la lessive et les travaux domestiques destinés aux femmes aînées qui ont besoin de soutien. C'est essentiellement un soutien à domicile. Ce que nous avons constaté au cours des dernières années, c'est que, parfois, ce genre de service — le genre de service dont les femmes semblent avoir plus besoin que les hommes — a fait l'objet de coupures.
Nous vous demandons d'envisager des modèles de prestation de soins de santé mieux adaptés aux femmes dont les besoins en matière de santé sont complexes, comme des centres de santé communautaires qui réunissent des médecins offrant des soins primaires et d'autres professionnels de la santé. Le problème, lorsqu'on va voir un médecin, comme beaucoup de personnes le savent, c'est qu'on a seulement souvent sept minutes avec lui. Dans le cas d'une femme âgée ou d'une femme handicapée qui a de nombreux problèmes de santé complexes, sept minutes, ce n'est pas assez pour raconter son histoire et obtenir les bons soins.
Enfin, je veux parler rapidement de l'augmentation de l'accès à la justice. Les femmes aînées nous disent qu'elles ont de la difficulté à avoir accès à une représentation et à des conseils juridiques. La plupart d'entre elles ne peuvent pas se payer les services juridiques dont elles ont besoin, et bon nombre d'entre elles ne savent pas de quelle façon trouver un avocat pour obtenir de l'aide. Pour une raison quelconque, les activités d'extension et de promotion des services juridiques ne semblent pas avoir joint les femmes âgées.
Les femmes aînées qui ont survécu à la violence nous ont dit que le système juridique peut être néfaste et provoquer de nouveaux traumatismes, plutôt que de les aider. Les avocats ne fournissent pas l'aide dont elles ont besoin, les juges ne les soutiennent pas afin qu'elles puissent raconter leur histoire devant le tribunal, et les professionnels de la justice ne semblent pas les aider à rester en sécurité. Nous avons travaillé avec un groupe de femmes âgées pour produire un documentaire de huit minutes qui illustre cette dynamique. Vous pouvez le visionner sur notre site Web. Il s'appelle No Voice.
Nous avons aussi un certain nombre de recommandations liées à l'accès à la justice. Les voici.
Il faut assurer un financement durable des programmes qui fournissent une représentation juridique aux grands-mères qui sont les soignantes primaires d'enfants, y compris en affectant des avocats de service sur place au sein des principaux organismes communautaires. Les grands-mères qui fournissent ce genre de soins ont tendance à assumer un rôle que les responsables des politiques n'ont jamais envisagé.
Il faut cerner des solutions pratiques aux obstacles à l'accès à la justice auquel les femmes âgées sont confrontées en Colombie-Britannique et dans d'autres provinces en portant une attention particulière aux stratégies d'extension.
Il faut accroître le nombre d'heures de représentation juridique financée dans les cas où une femme aînée a besoin d'aide juridique.
Il faut s'assurer que les intervenants du secteur de la justice, y compris les avocats, les juges et les étudiants en droit, apprennent à mieux comprendre la dynamique des traumatismes.
Il faut accroître le financement des programmes de défense des droits permettant aux femmes aînées d'avoir accès au soutien qu'elles ne pourraient pas obtenir auprès d'un avocat de l'aide juridique. De tels défenseurs peuvent fournir une assistance holistique, psychologique et pratique qui permettra aux femmes de mieux utiliser le soutien de ceux qui les défendent et de leur avocat auxquels elles ont un accès limité. Ce serait une façon de fournir un meilleur service englobant aux femmes ayant des besoins complexes.
Voilà les enjeux que je voulais soulever dans ma déclaration.
Merci.
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Madame la présidente et chers députés, bonjour.
Au Réseau FADOQ, quand on pense à la survie à son partenaire de vie, c'est sérieux. Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hommes. On sait que 8,4 % des femmes au Québec sont veuves, ce qui est considérable. Pour toute personne, le décès du conjoint ou de la conjointe constitue une épreuve difficile dans la vie. C'est pénible financièrement. Quand on se lève un matin, en couple, pour voir le soleil se lever et que, le lendemain, son conjoint a disparu, cela change une vie.
Lorsqu'un bénéficiaire de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada décède, ses prestations cessent. Nous demandons qu'elles soient prolongées de trois mois suivant son décès, car les factures, elles, continuent à arriver dans la boîte aux lettres. Le veuf ou la veuve, qui est une personne aînée dans bien des cas, continue à assumer les responsabilités financières qui ont souvent été engagées avant le décès de son conjoint. Nous demandons qu'on fasse preuve de compassion de ce côté.
Nous demandons également qu'on augmente de 50 $ par mois le Supplément de revenu garanti. Bien des femmes qui étaient sur le marché du travail avant de devoir arrêter de travailler pour élever leurs enfants à la maison n'ont pas pu contribuer autant que leur époux à un REER. Nous demandons aussi qu'il y ait de la compassion à cet égard.
Rappelons que, avant 60 ans, le fait de vivre seul est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Nous demandons qu'on tienne compte de cette réalité et qu'on augmente les prestations de la Sécurité de la vieillesse. Pour le Supplément de revenu garanti, c'est exactement 50 $ de plus par mois.
Nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir bonifié l'exemption de gains pour les travailleurs d'expérience. Nous en sommes enchantés.
Il y a plusieurs femmes québécoises qui agissent comme proches aidantes. L'écart entre les proches aidantes et les proches aidants est plus marqué chez les 45-64 ans. Dans ce groupe d'âge, 39,7 % des femmes sont des proches aidantes. Chez ces proches aidantes, une femme sur trois occupe un emploi alors que cette proportion est d'un sur cinq du côté des hommes. Nous demandons au gouvernement de doubler le crédit d'impôt pour aidants naturels parce que c'est souvent attribué aux femmes. Il est essentiel aussi que ce soit un crédit remboursable.
En 2016, l'Appui pour les proches aidants d'aînés évaluait à 2,2 millions le nombre d'adultes au Québec qui posent une geste hebdomadaire comme proche aidant d'un aîné.
Le Réseau FADOQ recommande au gouvernement fédéral de rehausser le seuil de rémunération hebdomadaire pour calculer les prestations pour proches aidants, afin que le montant octroyé corresponde davantage au revenu des bénéficiaires de ce programme.
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[
La témoin s'exprime en micmac.]
[Traduction]
Bonjour. Je m'appelle Hannah Martin, et je viens du territoire traditionnel non cédé des Micmacs, d'un endroit qui s'appelle Tatamagouche, en Nouvelle-Écosse. Je représente aujourd'hui la circonscription de Cumberland—Colchester, et je témoignerai au sujet des répercussions dévastatrices de l'exploitation et du développement des ressources sur les eaux et les collectivités du territoire micmac.
Le thème de mon témoignage, c'est que la violence contre les terres autochtones est une violence contre les femmes autochtones. Aujourd'hui, je vais formuler trois appels à l'action liés aux répercussions de l'exploitation minière sur notre territoire et ailleurs.
Pour la première fois de l'histoire, la province de la Nouvelle-Écosse prévoit produire une demande de propositions liées à l'exploration minière à Warwick Mountain, en Nouvelle-Écosse. Si on n'arrête pas tout de suite cette mine, les résidus miniers empoisonneront le bassin hydrographique de la rivière des Français ainsi que six autres bassins hydrographiques dont la montagne fait partie, ce qui aura une incidence directe sur la vie humaine, les plantes et la faune... Tout ça pour des emplois durant cinq ans.
Jusqu'à présent, des consultations adéquates n'ont pas été réalisées ni par Atlantic Gold, ni la province de la Nouvelle-Écosse auprès des gens autochtones et non autochtones. Au nom des membres du groupe Sustainable Northern Nova Scotia et en tant que femme micmaque, je demande l'arrêt immédiat du processus de demande de propositions.
C'est avec urgence que je demande au gouvernement canadien d'embaucher un ombudsman canadien pour la responsabilité des entreprises, un OCRE, ce qui aurait dû être fait il y a 15 mois. Le 17 janvier 2018, le gouvernement a promis la création d'un poste d'OCRE, disant que cette personne serait totalement indépendante et aurait le pouvoir d'exiger la production de documents et des témoignages.
J'ai moi-même été témoin de la violence des sociétés d'exploitation aurifère canadiennes à l'étranger, dans des endroits comme San Miguel, où elles violent et retirent de force des femmes autochtones de leurs terres et de leurs territoires. C'est quelque chose dont est responsable Goldcorp.
La réconciliation et les relations respectueuses n'ont pas de frontières. Il faut traiter les Autochtones et tenir nos promesses à l'égard des peuples autochtones non seulement au Canada, mais aussi à l'étranger.
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Je m'appelle Nokuzola, mais vous pouvez m'appeler Zola. Je suis un corps, un processus biologique, mais j'appartiens surtout aux systèmes sociaux. En toute honnêteté, ma mère aurait pu me parler afin de m'encourager avant que je vienne ici.
En 2017, près de 4 000 personnes sont mortes de causes liées aux opioïdes au Canada. Au cours des 5 dernières années, 1 Canadien sur 8 — soit 3,5 millions de personnes — a déclaré avoir un ami proche ou un membre de sa famille ayant une dépendance aux opioïdes.
Les opioïdes sont une catégorie de médicaments qui, lorsqu'ils sont consommés, activent les centres de récompense de notre cerveau, qui, à leur tour, inondent notre cerveau de dopamine, ce qui provoque des sentiments d'euphorie. On peut certainement constater que, même s'il peut exister un aspect de pouvoir individuel, il s'agit bien d'un processus biologique.
Deux éléments contribuent à la mortalité liée aux opioïdes au Canada: les médicaments sur ordonnance et les drogues illicites. Treize pour cent des femmes ont pris des opioïdes sur ordonnance au cours de la dernière année. Chez les femmes, le risque le plus élevé de dépendance aux opioïdes est l'obtention d'une ordonnance de médicaments opioïdes dans le cabinet du médecin. Cela est attribuable à de nombreuses raisons. Les femmes ont tendance à consulter davantage le médecin. Elles ont tendance à présenter des traumatismes et des situations de violence qui n'ont pas été réglés et, par conséquent, à se soigner elles-mêmes; en outre, leurs expériences de douleur chronique sont différentes.
Bien que le Canada ait mis en oeuvre l'apposition d'autocollants d'avertissement sur les emballages de certains opioïdes ainsi que des fiches de renseignements à remettre avec les ordonnances, il existe un lien entre l'isolement social et la dépendance. Si la dépendance aux opioïdes commence chez le médecin, en particulier dans le cas des femmes, il devrait en être de même du soutien social. Nous devons envisager des programmes de prescription d'un soutien social devant accompagner la prescription d'opioïdes et employer des médecins pour écouter les femmes dans le cabinet du médecin.
Je vous remercie.
Bonjour à tous. Je m'appelle Dharana Needham. Je suis une étudiante de deuxième année à l'Université McGill, et je représenterai Vancouver Quadra.
Aujourd'hui, je parlerai des femmes et de la pauvreté, plus particulièrement des mères célibataires vivant dans la pauvreté, de la pauvreté subséquente des enfants et de l'incidence du système des soins de santé sur les personnes pauvres et handicapées.
Mon frère aîné et moi avons été élevés par une mère célibataire qui est à la fois diabétique et atteinte d'une maladie chronique. Elle se retrouve ainsi dans une catégorie de personnes handicapées.
Je suis une étudiante vivant avec des handicaps physiques et des troubles d'apprentissage, et toute ma famille vit dans la pauvreté. Toute ma vie, j'ai vécu sous le seuil de la pauvreté et j'ai donc constaté une progression dans le manque de ressources pour les mères célibataires, les personnes handicapées et les familles à faible revenu, ce qui perpétue le problème de la pauvreté, en particulier à Vancouver.
En raison de ses handicaps, ma mère est incapable de conduire. Il nous faut une heure en transport en commun pour atteindre des centres d'alimentation abordables. Il faut deux fois plus de temps pour nous rendre à nos bureaux de services sociaux les plus proches. Vancouver est devenue peu accommodante et fort négligente envers les gens vivant dans la pauvreté, et je peux affirmer avec certitude que ce n'est pas la seule ville au Canada où cela se produit. La question de l'accès est exacerbée pour les mères célibataires et encore plus pour une mère célibataire vivant avec une forme de handicap. Ces cas sont beaucoup plus courants qu'on pourrait le croire.
Le système médical actuel ne prend pas en charge les personnes vivant dans la pauvreté. Nous prétendons bénéficier d'un système de soins de santé universel. Or, nous avons atteint un plateau à l'issue du processus et n'avons pas tenu compte du fait qu'un nombre démesuré de personnes se voient toujours interdire l'accès aux ressources de soins de santé dont elles ont besoin, car elles ne peuvent pas les payer.
Le système de santé canadien peut être mis sur un piédestal, car, sur le plan technique, il est universel — et j'en suis éternellement reconnaissante —, mais lorsque je dois choisir entre payer mes médicaments et payer mon loyer, je ne peux pas être fière de notre système.
Je comprends que les sujets que j'aborde sont réglementés par les gouvernements provinciaux. Toutefois, ces problèmes ne peuvent être considérés comme des problèmes provinciaux. Ce sont des préoccupations qui relèvent du mandat de chaque gouvernement provincial respectif, mais ce sont des problèmes qui transcendent une province et se perpétuent partout au pays.
Bonjour. Je m'appelle Jaelyn Jarrett. Je suis originaire d'une petite collectivité inuite du Nord du Labrador, Nain, au Nunatsiavut. Au début de ma vie, j'ai eu l'occasion d'être élevée par mon anaanatsiaq et mon ataatatsiaq, ma grand-mère et mon grand-père. Ils m'ont enseigné mon mode de vie traditionnel, la façon de vivre de la terre et ma langue. Ce sont des valeurs qui m'accompagnent tous les jours, depuis 21 ans. Ces moments ont été les meilleurs de ma vie.
Cependant, j'ai aussi été placée en famille d'accueil. J'ai été adoptée. J'ai souffert de l'isolement dans les villes et j'ai perdu ma langue. J'ai eu un grand-parent qui a fréquenté un pensionnat et j'ai surmonté le traumatisme profond qui en découle. J'ai aussi souffert de dépression.
Je suis toujours là et je respire encore, et bien que cela n'ait pas été facile, je suis très reconnaissante pour cela. Toutefois, bon nombre de nos jeunes Inuits ne sont pas en mesure de dire la même chose, et certains d'entre eux ne sont pas avec nous aujourd'hui. Il y a quelques jours, j'examinais quelques-uns des souvenirs de mon enfance et j'ai trouvé une petite casquette de graduation de la maternelle. Quand j'ai regardé les noms à l'intérieur de la casquette, je me suis rendu compte que beaucoup d'enfants avec lesquels j'ai grandi ne sont pas avec nous aujourd'hui parce qu'ils se sont suicidés. Tandis que je continuais à parcourir mes photos et mes souvenirs, j'ai remarqué que, pendant que je grandissais, j'inscrivais RIP à côté de certaines des personnes que j'avais perdues.
Bien que mon histoire puisse sembler marginale par rapport au reste du Canada, ce n'est pas le cas. Malheureusement, elle est probablement très familière pour de nombreux Inuits. Qu'il s'agisse de perdre des membres de sa famille, des parents et des amis en raison du suicide, ou encore de vivre dans le réseau des foyers d'accueil et de souffrir d'isolement ou de la perte de son identité, tout cela est très familier, et je suis sûre que ce que je dis peut correspondre à la réalité de nombreux Inuits.
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Effectivement, on ne tient pas compte de ces lois. L'exemple que je vous ai donné était Goldcorp. L'entreprise a une mine à San Miguel, appelée la mine Marlin. Il y a eu un cas récent, qui dépend en réalité beaucoup de l'ombudsman que nous devons mettre en place immédiatement. En fait, un certain nombre de femmes mayas se sont rendues à Toronto l'année dernière pour se faire entendre. Il y avait plusieurs femmes qui ont été violées sur le site de la mine par des agents de sécurité qui faisaient partie de Goldcorp.
Elles ont également été forcées de quitter leurs terres. Souvent, lorsque ces entreprises entrent dans le pays, elles poussent les femmes à céder leurs terres. Beaucoup de ces femmes ne parlent pas espagnol. Elles ne parlent que leur langue autochtone, ce qui, comme nous le savons, est un cadeau extrêmement précieux que nous avons en tant que peuples autochtones. Cependant, certaines de ces entreprises arrivent et les trompent parce qu'elles ne parlent pas espagnol, volent leurs terres et les chassent de leurs territoires.
Le résultat est ces énormes mines à ciel ouvert, lesquelles produisent des résidus chimiques qui tuent tout à perte de vue. J'ai vu ces bassins de résidus. Il y a eu une rupture récente au Brésil. Je suis sûre que tout le monde ici est au courant. Je ne pense pas que nous suivions les réglementations et nos lois à l'étranger en tant que pays, et nous devons vraiment être plus responsables. On parle de la vie des gens, vous savez.
La même chose se passe au Canada. En tant que femme micmaque, je ne pourrai pas exercer mes droits issus de traités et les droits que me confèrent les traités de paix et d'amitié si une mine est mise en place dans ma cour. C'est littéralement à quelques kilomètres de distance. Cela a une incidence non seulement sur ma spiritualité, mais également sur ma santé physique et mentale. C'est une responsabilité que je porte en tant que femme micmaque pour moi-même et mes futurs enfants, ainsi que pour vos enfants et vos familles.
C'est un enjeu que beaucoup de gens commencent à comprendre; c'est plus qu'un enjeu autochtone. C'est la raison pour laquelle je viens ici, liée non pas seulement à ma communauté micmaque, mais à ma collectivité de Tatamagouche. Je suis membre de Sustainable Northern Nova Scotia, qui s'emploie activement à arrêter l'aménagement de la mine depuis l'annonce qui en a été faite l'automne dernier.
Je pense que c'est un enjeu qui se pose réellement non seulement à l'étranger, mais dans nos propres collectivités, et nous devons agir.
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Bonjour. Je m'appelle Immaculée, et c'est dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun, au Québec, que je vis aujourd'hui.
Aujourd'hui, je veux vous parler de l'une des résidantes de ma circonscription, une fille réfugiée qui a fui le Congo avec les membres de sa famille. Ils se sont déplacés de pays en pays, en quête de sécurité. Ils sont allés en Ouganda, où ils ont trouvé refuge pendant 10 ans. Ses parents ont finalement trouvé un emploi là-bas, alors ils l'ont envoyée à l'école. Elle est allée à l'école pour la première fois à l'âge de 14 ans. Elle ne pouvait pas lire, écrire ou même épeler son nom.
Après 10 ans en Ouganda, ils sont venus au Canada en 2014, et elle s'est inscrite dans une école pour adultes. Deux ans plus tard, elle a obtenu son diplôme, a remporté des prix et a été désignée pour prononcer le discours d'adieu.
Aujourd'hui, la fille a du mal à terminer ses études collégiales à cause de ses responsabilités envers sa famille. Contrairement à l'Ouganda, le Canada a décidé de ne pas reconnaître l'éducation et l'expérience de ses parents. Ils sont donc également retournés à l'école.
À l'instar de nombreuses filles réfugiées, la fille travaille de longues heures dans des emplois peu rémunérés pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, tout en se cachant de ceux qui veulent exploiter son désespoir et sa pauvreté. Ses parents travaillent aussi, mais ils ne gagnent pas assez d'argent pour nourrir tout le monde. Les huit membres de la famille souffrent de stress post-traumatique, et les effets du traumatisme non traité sur leur santé mentale peuvent être débilitants. Il n'y a ni temps ni argent à la maison pour un traitement approprié.
Il y a quatre ans, cette fille dormait sous des arbres, était atteinte de paludisme et fuyait la guerre civile. Aujourd'hui, elle vous parle au Parlement du Canada. Je suis cette fille et je suis extrêmement reconnaissante d'être au Canada, mais il reste encore beaucoup à faire pour aider les réfugiés, en particulier les femmes réfugiées.
Il est crucial de reconnaître l'éducation des réfugiés et des immigrants. Nous avons besoin de travailleurs, d'ingénieurs, d'avocats et de médecins, comme ma mère et mon père.
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J'aimerais commencer par nous situer dans une époque de l'histoire du Canada dont on fait trop souvent abstraction. Dans les débuts de l'histoire coloniale du Canada, la ségrégation et l'eugénisme étaient des idéologies dominantes. Les femmes mêmes que beaucoup d'entre nous considèrent comme les Célèbres cinq, dont le monument en bronze se dresse sur la Colline du Parlement, étaient également célèbres pour leur eugénisme et leur attitude suprématiste blanche. Ce n'est qu'en 1975 que la législation sur l'eugénisme a été abrogée. Ce n'est qu'en 1996 que les femmes dans nos établissements ont obtenu le droit de vote.
Cependant, les établissements qui ont gardé des groupes opprimés pendant des siècles ne se sont pas encore effondrés, malgré des appels massifs à la désinstitutionnalisation. Les établissements où l'on a été témoin — et encore actuellement — de la violence, du viol, de la médicalisation forcée et du travail forcé des personnes handicapées demeurent. Mes gens ne sont plus logés dans des établissements. Ils se trouvent plutôt dans des maisons de retraite, des foyers de groupe sans but lucratif, des établissements psychiatriques et des prisons. Nous sommes cantonnés dans les recoins de la société, loin des yeux, mais nous devons toujours rester près du coeur.
Nous devons rester vigilants quant à la façon dont l'histoire se répète. Nous devons rester vigilants afin que le régime d'assurance-médicaments ne soit pas utilisé pour soigner de force des personnes dans les établissements. Nous devons rester vigilants et veiller à ce qu'une stratégie de santé mentale ne cherche pas à isoler les personnes dans des établissements, à l'écart de la collectivité. Une stratégie de santé mentale ne doit pas considérer les identités marginalisées comme une pathologie ou les criminaliser.
Avec le vieillissement de notre population, nous devons rester vigilants pour éviter que les maisons de retraite ne servent de lieux d'entreposage des gens. Nous devons réinvestir dans l'importance et la connaissance des aînés.
Je vous mets au défi de partir aujourd'hui en pensant qu'il n'est pas féministe de révoquer le consentement d'une personne qui souffre de maladie mentale. Rappelez-vous que le consentement va au-delà de la chambre à coucher, jusque dans les hôpitaux et les établissements. Rappelez-vous que l'entreposage des gens n'est pas féministe. Rappelez-vous que les prisons ne sont pas féministes.
Je vous mets au défi de partir aujourd'hui en reconnaissant votre privilège et votre responsabilité vis-à-vis des patients qui vivent sans charte des droits des patients, sans accès à des institutions démocratiques et fondamentalement isolés de cet endroit même où je me trouve.
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« Rentre avec tes amis », « Surveille ton verre », « Prévois ton moyen de transport »: voilà les recommandations d'une campagne de sensibilisation qui avait encore cours à la fin de l'année dernière et qui est loin d'être unique en son genre.
Ce que je constate, c'est la forme impérative des verbes utilisés pour s'adresser aux femmes. Pourquoi s'adresse-t-on aux femmes de manière à leur imposer des choix? Pourquoi, nous les femmes, devrions-nous vivre dans la crainte de nous faire agresser en revenant le soir ou à la nuit tombée? Il ne viendrait pas à l'esprit de notre ami de sexe masculin, parti un peu après nous, que l'homme qui marche de l'autre côté de la rue puisse décider de le harceler, de le voler, de l'agresser ou même de l'enlever. La question qu'il faut se poser est donc la suivante: comment un individu peut-il en arriver à poser ce type de geste?
Personnellement, j'adhère à la pensée du philosophe Jean-Jacques Rousseau, selon laquelle un être humain né avec le cœur ouvert est prêt à partager. Cependant, les inégalités d'aujourd'hui font que ce n'est pas tout le monde qui a accès aux mêmes chances et possibilités. Conséquemment, une éducation appropriée, de l'aide parentale, des campagnes d'information ou de sensibilisation et des valeurs que la société véhicule par le truchement de la publicité et de notre système économique sont ce qu'il faut modifier ou améliorer, à mon avis, afin de provoquer des changements à long terme.
C'est alors qu'il est enfant, adolescent ou jeune adulte que quelqu'un forge sa personnalité et son identité, ses opinions et ses ambitions. C'est à ce niveau et durant cette période qu'il faut intervenir, car, une fois sur le marché du travail et responsables d'une maison et d'enfants, plusieurs personnes perdront la détermination qu'il faut pour provoquer des changements.
Je pense aussi qu'il faut opérer des changements dans l'éducation et dans les coutumes de notre société. Même si l'on adopte de nouveaux règlements ou de nouvelles lois, ou que l'on modifie la Constitution du jour au lendemain, les habitudes, les comportements et les idéologies vont rester les mêmes. C'est pourquoi il est important de continuellement chercher de nouvelles connaissances et de toujours exercer son esprit critique. L'apprentissage, l'éducation et la communication nous permettront d'engendrer des changements dans notre pays.
Je viens de Baie-Saint-Paul, une toute petite ville de 7 000 habitants dans la région de Charlevoix. Avant d'entamer mes études universitaires à mon arrivée à Montréal, je n'avais jamais connu le sexisme et l'inégalité des genres et je pensais que nous vivions dans une société égalitaire.
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Bonjour. Je m'appelle Phoenix Nakagawa et je suis étudiante de troisième année en agriculture à l'Université du Manitoba, où je me spécialise en agroécologie et en entomologie. Je suis ici pour représenter la circonscription de Winnipeg-Centre et je vais vous parler aujourd'hui des femmes dans le sport.
Je suis transgenre autochtone de couleur et rameuse de compétition. Je vis entre des mondes qui s'entrechoquent, l'un qui valide mon identité et l'autre qui ne le fait pas. J'aimerais vous parler à tous aujourd'hui des difficultés qu'éprouvent les femmes, particulièrement les femmes queer et les femmes de couleur, dans les sports. Hélas, je ne peux pas le faire. La raison est simple: je n'ai pas été validée comme femme dans le milieu sportif.
Depuis que je me suis dévoilée, j'ai dû livrer une dure bataille contre le sport et son effacement continu des transgenres comme moi. J'ai participé deux fois aux Jeux d'été du Canada, une fois aux jeux d'été de l'Ouest canadien et deux fois aux jeux nationaux, et les expériences m'ont causé un malaise. Les Jeux d'été du Canada 2017 ont été particulièrement difficiles pour moi, parce que je venais juste de dévoiler mon identité comme femme transgenre à la plupart des membres de mon équipe et à mon équipe de soutien. J'étais acceptée au sein de mon équipe, mais je devais concourir comme homme. J'étais consciente de cette réalité, mais j'ai décidé de poursuivre les jeux, espérant que d'autres accommodements pourraient être faits. Cela n'a pas été le cas. J'étais dans le dortoir et la cafétéria des hommes. Je n'avais pas le droit d'entrer dans l'aire des femmes. Sur mon porte-nom était inscrit un gros « M » — sexe masculin — ce qui a provoqué chez moi un état de dysphorie constant.
Aujourd'hui, l'enjeu majeur dans le monde du sport, c'est que personne ne veut nous traiter comme des femmes, comme des personnes de couleur, des queers ou des personnes à l'identité trans ni d'ailleurs comme des athlètes handicapés. La plupart des organisations sportives craignent de s'attaquer à nombre des enjeux auxquels nos communautés font face. Toutefois, j'aimerais promouvoir une chose qui inciterait, à tout le moins, la communauté queer à pénétrer le monde du sport — c'est-à-dire une catégorie commune aux deux sexes.
Cette catégorie commune aux deux sexes aiderait des personnes aux identités queer diverses, comme les personnes non binaires, celles à l'identité sexuelle changeante ainsi que d'autres transgenres, à participer en toute sécurité au sport. Cette catégorie engloberait des athlètes handicapés, des athlètes de couleur et d'autres intersections entre le handicap, la couleur et l'identité queer également. Bien sûr, cette idée n'est pas parfaite, mais nous devons commencer quelque part, sinon nous n'aurons jamais un plein accès public au sport financé par l'État.
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Oui. Je crois que l'un des problèmes importants que vous avez mentionnés, ce sont les établissements gériatriques. Un des problèmes plus vastes que nous avons constatés, c'est lorsque des jeunes de moins de 20 ans sont entreposés dans des établissements pour personnes âgées et des établissements gériatriques. Il y a eu un cas au Manitoba; je ne sais pas si vous l'avez suivi. Au-delà du fait que les établissements pour personnes âgées manquent cruellement d'infirmières, de médecins et de préposés aux services de soutien à la personne, les travailleurs là-bas sont nettement sous-payés. Une seule infirmière est requise pour chaque centre, ce qui entraîne de la violence tant pour les patients que pour les employés.
Beaucoup de recherches fantastiques ont été menées, particulièrement en ce qui concerne le projet Butterfly. Cependant, je crois que ce que nous voyons en ce moment, c'est un réel décalage entre l'intégration communautaire et notre compréhension de celle-ci. L'intégration communautaire, ce n'est pas vivre dans un foyer de groupe à but lucratif, isolé de la société. L'intégration communautaire, c'est vivre dans une société qui reconnaît tout autant qu'elle soutient les personnes handicapées et les personnes neurodivergentes, et qui les accueille dans la société.
Comment pouvons-nous élargir nos modes de pensée au-delà de la catégorisation entre les personnes saines ou non, malades ou non, âgées ou jeunes, et miser plutôt sur un plus grand nombre de travailleurs communautaires? Cela veut dire que les provinces financent des soins de santé et de santé mentale en fonction d'une capacité qui dépasse celle des seuls hôpitaux. Ce que nous constatons en ce moment, c'est que les fonds destinés aux soins de santé mentale et de santé sont acheminés exclusivement vers l'accès aux services dans les établissements, mais cela ne représente pas l'expérience de nombreuses personnes.
Que se passerait-il si tout le monde avait accès à un intervenant en soutien communautaire? Que se passerait-il si vous receviez plus de 15 heures d'aide d'un préposé aux services de soutien à la personne? En ce moment, au Manitoba, vous avez droit à 15 heures. Ce n'est pas assez d'heures dans une journée pour vous habiller, aller travailler, vous changer, manger votre souper et dormir, et ces personnes sont donc contraintes d'aller dans des établissements.
Pour répondre à votre question, je crois qu'un meilleur accès aux services de soutien et plus de fonds au-delà de ceux qui sont destinés aux services de santé en établissement sont nécessaires.
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Merci, madame la présidente.
Lors d'événements récents, j'ai réalisé qu'être une femme, mais surtout une petite femme, avait plus de répercussions que je ne l'aurais cru, et ce, à plusieurs moments de ma vie.
Je pense notamment à un événement récent, soit un concours d'art oratoire pour lequel j'avais tellement travaillé afin d'obtenir la première place. Les commentaires que j'ai reçus après le concours m'avaient quand même surprise. Les gens m'ont dit que je les avais vraiment surpris et qu'ils ne pensaient pas qu'une petite personne comme moi avait autant de voix. Cela ne m'a pas dérangée; ce n'étaient pas de mauvais commentaires. Finalement, pourquoi fait-on ces commentaires? En fait, c'est parce que les caractéristiques d'un bon discours ne sont pas associées à des petites femmes comme moi. Une voix puissante, de la force, de la grandeur: c'est ce qu'on voit dans les discours.
En fait, cela m'a juste confirmé l'importance de détruire les stéréotypes qui sont flagrants en politique, particulièrement. Les inégalités sont tellement perpétuées par les stéréotypes. Plus le processus de socialisation est intense, plus le stéréotype est fort. C'est justement ce à quoi s'attaque l'article 5a) de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la CEDEF, qui condamne la perpétuation de ces stéréotypes.
L'un des problèmes, en politique, est que celle-ci a été pendant tellement longtemps exclusive aux hommes que les stéréotypes sont très solides. Nul besoin de regarder très loin pour voir que le Canada n'a jamais élu une femme comme première ministre. Au Québec, il y en a eu très peu, de même qu'aux États-Unis. Aussi, peu de femmes sont à la tête de partis politiques qui se présentent aux élections, par exemple. Alors, comment une femme peut-elle avoir des aspirations dans un domaine à ce point construit sur de tels stéréotypes masculins?
Finalement, mon message est que la parité demeure toujours importante en politique. J'aimerais surtout rappeler que la parité provient de la recommandation générale no 5 découlant de la CEDEF, qui propose des mesures temporaires spéciales. Cela veut juste dire que, en fait, la parité est une mesure temporaire pour permettre aux femmes de s'infiltrer dans les institutions décisionnelles. Il faut dire que nous avons atteint un point où il y a tellement de gens compétents qui ont des doctorats, des formations et de l'expérience. Ce sont des femmes autant que des hommes. Donc, l'expérience n'est plus un problème. Il faut démonter les stéréotypes à l'embauche et à la sélection des candidats. J'ai hâte de voir plus de femmes dans des postes de pouvoir.
Je vais terminer par cette pensée de Simone de Beauvoir: les droits des femmes ne sont et ne seront jamais acquis de façon permanente.
Merci.