On me demande souvent quelle idée je me fais de l'avenir du monde politique. Cette question me ramène à l'instant historique où, le 8 mars 2017, j'ai pris place à la Chambre des communes avec 336 autres Héritières du suffrage. Je n'oublierai jamais le sentiment de fierté et d'espoir que j'ai ressenti en contemplant notre Parlement rempli de femmes, dont 68 déléguées autochtones et une qui était la première femme trans assise à un pupitre de la Chambre. Cet événement a renouvelé ma confiance; je savais que nos institutions politiques auraient la capacité d'être inclusives et de représenter tous les secteurs de la société. Toutefois, j'étais également consciente de l'énorme travail et de l'engagement ferme que la concrétisation de ce rêve exigerait.
Pour expliquer la sous-représentation des femmes en politique, il faut examiner les politiques internes des partis sur le recrutement de candidates de provenances diverses. Il faut aussi examiner le contexte dans lequel les partis adoptent ces politiques et appliquent leur responsabilité de bien choisir les circonscriptions dans lesquelles ces candidates feront campagne. Comme aucune loi ne régit cela par des mesures concrètes, comme des quotas et des objectifs ciblés, les partis régissent leur parité hommes-femmes à leur propre discrétion.
La dernière élection tenue en Colombie-Britannique a démontré les résultats que ces mesures discrétionnaires. Un tiers des candidates ont été élues. Grâce à la politique que le NPD s'était imposée, 46 % de ses élus sont maintenant des femmes, alors que les libéraux de la province ne comptent que 32 % d'élues. Aux élections fédérales, les néo-démocrates ne lancent pas la course à l'investiture avant d'avoir fait des efforts manifestes pour recruter des candidates de provenances diverses. Le NPD s'est donné pour mandat d'établir l'équité hommes-femmes avant toute autre chose. Cette politique proactive fondée sur l'investiture s'est avérée efficace lors de l'élection de 2015, car 43 % des candidats néo-démocrates étaient des femmes, alors que le Parti libéral n'en comptait que 31 %, et les conservateurs en avaient moins de 20 %. Cette difficulté perpétuelle de recruter des candidates découle de problèmes structuraux, comme un manque de clarté et de transparence des processus d'investiture. Que devraient faire les partis pour recruter des candidates de provenances diverses?
Pour créer des stratégies efficaces et intentionnelles, les partis politiques devraient déterminer les meilleures manières de persuader les femmes de s'engager ainsi que les qualités qu'elles doivent développer pour assumer une fonction politique. Les résultats de l'étude menée par Fox et Lawless indiquent que les hommes de 18 à 25 ans ont deux fois plus tendance à penser souvent à se lancer en politique et à y être encouragés par autrui. Ils indiquent aussi que plus les autres gens encouragent des femmes à se porter candidates, plus elles envisagent sérieusement de le faire. En réponse à une question hypothétique sur la probabilité qu'elles se lancent en politique un jour, 51 % des jeunes femmes ont répondu par la négative par rapport à 31 % des jeunes hommes auxquels on avait posé la même question.
En outre, 30 % de plus de femmes que d'hommes sont convaincues qu'elles ne possèdent pas les qualités requises. En m'efforçant d'établir une liste de candidats de provenances diverses pour l'élection d'étudiants à l'Université de Victoria, j'ai demandé à de nombreuses étudiantes de présenter leur candidature à des postes de dirigeantes, et elles me répondaient « Pourquoi moi? Je suis sûre que bien d'autres étudiants sont plus qualifiés que moi; je n'ai jamais pensé à me lancer en politique. » D'un autre côté, la majorité des étudiants auxquels j'ai posé la même question ont soit tout de suite accepté, soit refusé pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec leur capacité d'occuper un poste de dirigeant.
Même quand elles acceptent de se présenter à des élections, les femmes sont sous-représentées dans les circonscriptions gagnables. Lors de l'élection de 2015, les candidates libérales et conservatrices ont gagné moins souvent que leurs collègues hommes. Dans mon rôle de présidente des Jeunes libéraux du Canada, Colombie-Britannique, j'ai surveillé de très près les résultats de la dernière élection. Plus de la moitié des candidats libéraux provinciaux ont été élus, et seulement 39 % des candidates ont gagné leur siège. Cet écart est moins marqué dans le cas du NPD, mais il existe encore. On constate donc que le placement des candidates dans le bastion traditionnel d'un autre parti n'est pas une erreur commise uniquement par les caucus fédéraux ou par ceux de centre droit. Les résultats d'une étude menée à long terme indiquent que les femmes ont moins tendance à se présenter dans le bastion de leur propre parti et dans des circonscriptions où elles font face à de la compétition et qu'elles préfèrent mener leur campagne dans le bastion d'un autre parti.
La culture politique de nos institutions pose d'autres obstacles. Les femmes qui s'engagent en politique font face à la fausse image des politiciennes que présentent les médias, à la cacophonie sexiste et aux plaintes chuchotées de violence sexuelle et de harcèlement. Elles hésitent donc à se lancer en politique. Les médias ne cessent de demander aux politiciennes comment elles réussissent à équilibrer leur vie familiale et professionnelle. Ces mêmes médias posent aux politiciens des questions sur leur cheminement de carrière. Cela perpétue la notion sexospécifique selon laquelle les femmes prennent soin de la famille et renforce l'image désuète de l'homme naturellement apte à la vie publique. Les termes que nous utilisons ont l'effet soit de renforcer, soit de démolir les idées préconçues. On le constate très clairement dans le chahut des séances parlementaires.
Les résultats d'un sondage mené aux Nations unies auprès des élues ont révélé que ces femmes sont quotidiennement traitées avec condescendance. On leur dit de se taire, de se calmer ou de parler plus gentiment. La recherche a démontré que les hommes ont plus tendance que les femmes à chahuter, que l'on interrompt les femmes plus souvent que les hommes et que les femmes se plaignent plus souvent de se faire apostropher sexospécifiquement. Dans ma jeune carrière de politicienne, j'ai souvent participé à des simulations politiques. On m'a souvent ordonné de calmer mes émotions, on a remis en question mes capacités de dirigeante parce que je suis une femme, on a jugé mon niveau d'intelligence en fonction de la couleur de mes cheveux, et j'ai dû consoler de nombreuses collègues qui se sont fait apostropher au sujet de leur cycle menstruel et de leur apparence physique. J'ai vu de jeunes femmes sortir de la salle après avoir été ainsi couvertes d'injures et décider de ne plus jamais y remettre les pieds.
Dans notre rôle de chefs de file de la société, il faut que nous dénoncions les blagues et les termes qui ne visent qu'à humilier les femmes, car ils sont à la base de la violence sexuelle et sexospécifique. Les problèmes de violence sexospécifique et de harcèlement se manifestent partout. J'ai connu des employées de partis qui se sont fait humilier et violenter dans le cadre de leurs fonctions. Certaines d'entre elles envisageaient de quitter leur poste pour ne pas salir leur réputation et compromettre leur avenir de politiciennes.
Bien que le gouvernement fédéral et ceux de quelques provinces aient établi des politiques contre le harcèlement pour protéger les politiciennes, ces lois ne suffiront pas à modifier cette culture de misogynie et de maltraitance. En outre, les politiques correctrices comportent elles aussi des éléments problématiques. Par exemple, la politique de Terre-Neuve-et-Labrador contre le harcèlement n'est pas axée sur les survivantes, puisqu'elle ne leur laisse que 12 mois pour déposer leur plainte, qui en outre ne peut pas être déposée anonymement.
Bien que nous ayons beaucoup de chemin à faire pour créer des milieux sûrs et inclusifs pour les politiciennes, les possibilités de mentorat peuvent faire contrepoids à la dynamique sexospécifique dans le monde de la politique.
À titre de membre du Conseil d’administration et de participante à l’école de campagne du Congrès des électrices du Canada, j’ai été témoin des résultats de la création d’espaces non partisans où les femmes peuvent réseauter et se soutenir mutuellement. Dans ces espaces de collaboration, les femmes s’encadrent et s’encouragent mutuellement à se présenter aux élections, elles y discutent de la dynamique sexospécifique, elles suggèrent des stratégies pour contester les commentaires désobligeants et elles renforcent la confiance de chacune en ses compétences de politicienne.
Toutefois, ces solutions viennent d'organismes qui manquent de personnel et de financement. C'est pourquoi je suggère que nous intégrions ces occasions de mentorats aux programmes et aux événements organisés pour les jeunes, comme les parlements modèles, afin de continuer à contrer la culture politique actuelle et à encourager un plus grand nombre de femmes à s'engager dans une carrière politique.
Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente et membres du Comité. Je m'appelle Shal Marriott. Je suis très heureuse de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous parler d'un sujet qui est selon moi d'une importance primordiale dans le monde politique actuel: les obstacles auxquels se heurtent les politiciennes.
Je tiens à souligner que le point de vue que je vous présente ne repose pas sur des faits et sur des chiffres empiriques. Je ne prétends pas non plus comprendre la complexité des opinions de chaque membre de mon sexe. Ces opinions sont personnelles. Elles se sont développées pendant la période que j'ai passée sur la Colline, pendant les divers programmes de stages et pendant les activités de militantisme auxquelles j'ai participé. Cette position est celle d'une fille, d'une soeur, d'une conjointe aimante et d'une jeune étudiante en sciences politiques. Cela dit, j'espère que mes observations alimenteront vos réflexions et votre discussion sur les obstacles auxquels les femmes se heurtent dans le monde politique.
Mes observations seraient très nombreuses, mais je vais me concentrer sur ce que je considère comme le problème le plus grave, celui de la rhétorique exprimée sur ce problème lui-même. On n'entend aucune conversation cherchant à définir honnêtement en quoi consiste la vie politique d'une femme. Personne ne dénonce l'accent placé sur les vertus masculines, sur le fait que la politique appartient aux hommes. Personne ne souligne les limites imposées aux femmes qui expriment des opinions indépendantes et que l'on associe directement aux caractéristiques de leur sexe. Je conclurai mon allocution en présentant de brèves recommandations sur ce que les politiciennes pourraient faire pour s'opposer à cette rhétorique et sur ce que les hommes pourraient faire eux aussi. Je recommanderai cependant au gouvernement d'en faire moins que ce qu'il fait à l'heure actuelle pour essayer de résoudre ce problème.
Pour ce qui est de savoir à quoi s’attendre en entrant en politique, il est toujours très tentant de ne pas tenir compte des petites différences entre les attentes qu’ont les hommes et les femmes, mais ce sont en réalité les questions les plus importantes. Il faut examiner honnêtement ce que vivent les femmes dans le milieu politique. J’aime citer en exemple le fait qu’un homme n’aura jamais à s’inquiéter de la couleur des talons aiguilles qu’il porte au travail, alors que les femmes doivent s'en préoccuper presque quotidiennement. Bien que cela semble ridicule, ce n’est qu’une fraction des attentes qui précèdent le travail des femmes en politique.
Ces attentes ne se limitent pas aux chaussures. Pour que les jeunes femmes qui s’intéressent à la politique se sentent à l’aise dans le monde auquel elles s’apprêtent à se joindre, il faut tenir des conversations approfondies et honnêtes sur certains sujets récemment mis en lumière, comme le harcèlement sexuel et la dynamique en milieu de travail. En menant ces conversations honnêtes, nous aiderons les femmes à comprendre de façon réaliste à quoi s'attendre en se joignant au monde de la politique.
Pensons un peu aux femmes que nous considérons comme de grandes politiciennes. Trop souvent, nous associons leurs vertus à des vertus masculines. La première femme à occuper le poste de première ministre du Royaume-Uni, Margaret Thatcher, a été considérée comme une réussite uniquement en raison de sa capacité d’agir comme un homme, tant à la chambre des communes qu’au sein de son propre parti. Elle avait le don de s’affirmer et de dominer la conversation, mais pourquoi ce talent est-il considéré comme étant masculin? Quand on pense à encourager les jeunes femmes, pourquoi ne leur enseignerait-on pas à s’affirmer, à se prendre en main et à s’exprimer? Je pense que nous accordons trop de crédit aux hommes et trop peu aux femmes en considérant ces vertus comme étant masculines.
D'ailleurs, pourquoi ne discutons-nous pas activement des avantages qu'apportent nos vertus féminines? L’empathie, par exemple, peut jouer un rôle important en politique. En fait, j’irais même jusqu’à dire que les meilleurs députés sont ceux qui savent comprendre leurs électeurs. Pourtant, au lieu de mettre cette qualité en évidence, nous la rejetons tristement en disant qu’elle n’a pas sa place en politique. Il faut changer cela. Au lieu de dire aux femmes d’agir comme les hommes, il faut leur conseiller de se servir le mieux possible de leurs opinions et de leurs capacités afin de frayer leur propre cheminement politique. Autrement dit, conseillons-leur d'agir avec indépendance et de penser librement.
Cela m’amène à ma dernière observation, qui est la plus importante. Il faut que les femmes ne craignent pas de s’exprimer librement. Dans la rhétorique politique actuelle, on a tendance à classer les opinions des femmes comme étant favorables ou contraires à leur propre sexe, aux caractéristiques typiques des femmes. Le monde politique est fait d'opinions correctes et incorrectes, et si vous exprimez des opinions politiques incorrectes, vous ne représentez pas vraiment les femmes. Chaque fois qu’une femme parle, on pense qu’elle parle au nom de son sexe. Le meilleur exemple est celui de l’avortement, où des femmes pro-vie sont ostracisées parce que l'on juge que leur façon de penser s'oppose au bien-être des femmes.
Cette tyrannie de l’opinion des femmes n’est pas causée par des hommes qui ont le luxe de parler indépendamment de leur sexe; c’est plutôt l’habitude des femmes elles-mêmes qui imposent des obligations à l’ensemble des membres de leur sexe et qui sont toutes trop disposées à rejeter les opinions contraires à l’opinion populaire comme étant incorrectes et contraires à la notion fondamentale de l’égalité des femmes.
Cela a développé des opinions correctes ou incorrectes sur les obstacles auxquels sont confrontées les femmes en politique, le sujet même de notre discussion d’aujourd’hui. Pour vraiment encourager les femmes à participer davantage en politique, ce qui est la première chose à faire pour les attirer en politique, il faut écouter ce qu’elles ont à dire. On ne peut pas leur imposer les réponses à donner aux questions politiques, et il faut les appuyer, qu’on soit d’accord ou non avec leur façon de penser. Il faut respecter leur personnalité individuelle et non les considérer uniquement comme des membres du genre féminin.
J’espère avoir exprimé mon inquiétude au sujet des effets négatifs de la rhétorique sur les femmes en politique. Il y a beaucoup à faire pour améliorer la situation. Nous pouvons organiser des soirées de réseautage pour définir en quoi consiste l'expérience d'une femme en politique. Les politiciennes pourraient s’inspirer de leurs expériences personnelles et de leurs points de vue pour encourager les femmes qui s’intéressent activement à la politique afin de leur décrire à quoi elles s’attendre. Elles pourraient les avertir honnêtement au sujet des difficultés auxquelles elles se heurteront et leur servir de modèles.
Cependant, nous devons habiliter les femmes à réussir non pas parce qu’elles sont des femmes, mais en dépit de ce fait. Plutôt que de continuer à les classer en fonction de leur sexe, nous devons les considérer comme des personnes.
Comme vous êtes un gouvernement, je vous encourage à ne rien faire pour les femmes en politique. Je ne crois pas qu’il soit possible de fixer des politiques qui changent l’attitude actuelle des gens à l’égard des politiciennes. Il faut plutôt apporter des changements individuels et sociaux en modifiant avant tout la façon dont les gens parlent des politiciennes.
Merci.
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Je pense que cela vient en grande partie de changements que je souhaite voir dans la société, sachant que la politique est un moyen très direct de promouvoir des politiques qui ont une incidence sur la vie des gens au niveau communautaire. Une autre question qui me tient vraiment à coeur, c'est celle de l'universalité des services de garde. Nous devons nous assurer d'offrir des services de garde inclusifs et abordables parce que, au Canada, nous savons que ce que les femmes doivent payer pour les services de garde change de façon importante selon la circonscription et la ville où elles habitent. J'ai constaté qu'il s'agit d'un obstacle qui empêche les femmes de se présenter en politique.
Cela a vraiment commencé, non seulement parce que j'étais impliquée dans ma collectivité et que j'entendais parler des expériences d'autres femmes, mais aussi, par exemple, parce que j'étais impliquée au niveau de la politique étudiante. J'ai été candidate et je suis devenue la présidente de ma société étudiante sur le campus. Quant à ce qui m'a donné envie de me présenter en politique, c'est le fait que les femmes n'avaient pas l'impression d'être en mesure d'exercer des charges politiques, certaines difficultés étant liées aux commentaires faits à l'endroit des femmes qui se présentent. Je voulais m'assurer de les contester et de me mettre dans une position où je pouvais apporter des changements positifs.
Parmi les questions qui me tiennent à coeur, il y a le logement abordable, m'assurer encore une fois que nous créons des environnements sûrs et inclusifs dont les femmes peuvent faire partie et m'assurer qu'un plus grand nombre de femmes et de femmes d’horizons divers font partie des processus décisionnels, parce que trop souvent, ce sont des hommes qui ont pris des décisions relativement à des soins de santé qui ont une incidence sur les droits des femmes, les femmes ne faisant pas partie de ces discussions ou en étant exclues dans la mesure où elles peuvent faire une différence significative.
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Je me suis impliquée dans Together Against Poverty Society lorsque j'ai été mise au courant de l'existence de cette organisation, au moment où j'étudiais en justice sociale à l'Université de Victoria. Il y avait un stage et j'ai décidé de faire partie de Together Against Poverty Society pour défendre les droits des personnes handicapées. Lorsque je faisais partie de cette organisation, j'ai vu comment les divers services qu'elle offrait, par exemple, ses services juridiques, aidaient vraiment les femmes.
Souvent, lorsque nous parlons des normes d'emploi pour les femmes, nous parlons du fait qu'il existe un écart salarial entre les sexes. Je pense que c'est là que nous pouvons nous attaquer à un niveau systémique à la question des femmes qui vivent dans la pauvreté et au fait que les femmes sont plus susceptibles d'être victimes d'inconduite sexuelle en milieu de travail. L'organisation est là pour aider ces femmes à déposer des griefs, à essayer de comprendre leurs droits et à se manifester, ce qui est vraiment important, à mon avis.
Pour ce qui est de l'écart salarial entre les sexes au Canada, nous savons que les femmes gagnent 31 % de moins que les hommes. Nous savons que l'on estime que de 10 à 15 % de la différence dans le salaire des femmes en milieu de travail est attribuable à la discrimination fondée sur le sexe.
Le temps que j'ai passé au sein de Together Against Poverty Society a renforcé ma perception du fait qu'il y a d'énormes problèmes dans notre société et que les femmes sont surreprésentées parmi les personnes vivant dans la pauvreté au Canada. Cela est encore plus vrai pour les femmes autochtones et les femmes racialisées. Une fois de plus, il s'agit d'une organisation qui manque de personnel, qui est sous-financée et qui, malheureusement, doit exister en raison des lacunes actuelles de la politique gouvernementale et de la façon dont elle est mise en œuvre.
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C'est étonnant, parce que je constate que les plus grands changements sociaux se produisent à l'extérieur des gouvernements et parmi les gens.
Je pense que nous accordons trop de crédit au gouvernement lorsque nous disons qu'il est responsable des changements que nous souhaitons voir dans la société. Je pense que les gens qui aspirent à faire partie du gouvernement peuvent faire de grandes choses, mais quand il s'agit de la question des femmes en politique, je pense vraiment que c'est au niveau de la société qu'il faut le faire.
De fait, je pense que ce que le gouvernement fait déjà, comme mettre en place des systèmes de quotas, marginalise davantage les femmes et crée un environnement où nous prenons des femmes qui sont parfaitement aptes et leur disons que c'est à cause de leur sexe qu'elles obtiennent un poste. Je pense que c'est humiliant et condescendant pour les femmes qui, autrement, sont parfaitement qualifiées.
Lorsque je dis que le gouvernement ne devrait rien faire, je ne veux pas dire que les gens au gouvernement ne devraient rien faire. Je vous encourage activement, vous et d'autres députés, à aller dans les écoles secondaires pour parler des femmes en politique. Parlez de la première femme à occuper un poste de ministre dans l'administration Diefenbaker, qui a mérité ce poste parce qu'elle se battait pour l'immigration et d'autres réformes du genre, et donnez aux gens des modèles auxquels ils peuvent aspirer. Faites part de vos expériences.
J'estime que le système de quotas que l'actuel gouvernement a mis en place est préjudiciable et dégradant pour l'esprit d'égalité des femmes et je ne pense pas que la politique gouvernementale ait sa place dans ce qui constitue essentiellement des changements sociaux.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie toutes les deux d'être parmi nous aujourd'hui. Ce que vous dites est très intéressant.
Vous avez toutes les deux parlé des barrières langagières qui font en sorte que les femmes se sentent jugées avant même d'avoir pu s'exprimer ou intervenir. On entend souvent parler de cours d'autodéfense intellectuelle. Les cours que vous avez suivis devrait-ils être davantage offerts aux jeunes femmes et à toutes les femmes de tous âges qui ont l'intention de se présenter en politique?
Quand il nous arrive d'être l'objet de commentaires un peu assassins ou très incisifs, que ce soit sur notre tenue vestimentaire, sur notre apparence physique ou sur nos émotions, il est difficile d'y répondre sur le coup. Nous figeons parfois et nous ne savons pas comment réagir.
Il y a peut-être une sorte d'aveuglement social. Quand les autres personnes autour entendent de tels commentaires, ils ne réagissent pas non plus et regardent comment la personne qui fait l'objet des commentaires va réagir. Si elle ne réagit, ils vont juste passer outre et faire comme s'ils n'avaient rien entendu.
Avez-vous des commentaires à formuler là-dessus, madame Erickson?
Je ne suis pas contre l'idée d'avoir des espaces non partisans où les femmes peuvent collectivement faire part de leurs expériences en politique — leurs espoirs, leurs rêves, leurs craintes. Je pense que cela peut être très positif pour les femmes. Cela dit, lorsque nous parlons de formation, je me demande à tout le moins si le gouvernement devrait rendre la formation obligatoire ou si les femmes devraient prendre l'initiative de chercher à obtenir une formation sans but lucratif.
Je pense que le problème, lorsque le gouvernement s'occupe de quelque chose comme la formation sexospécifique, c'est que vous n'êtes pas tout à fait certains des sources ou des résultats. Pour moi, cette question est très personnalisée. Lorsqu'il s'agit des femmes en politique, je considère que cette question est très personnelle. C'est pourquoi je pense que l'idée que les femmes travaillent ensemble, discutent de leurs problèmes et de leurs préoccupations avec d'autres personnes déjà en politique est vraiment positive. Je pense que la formation médiatique est un atout incroyable, surtout en ce qui concerne la façon de traiter les remarques sexistes. Je pense que cela peut être fait, encore une fois, par de jeunes femmes qui se réunissent à l'extérieur du gouvernement avec la curiosité de le faire elles-mêmes.
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On peut recourir à bon nombre de stratégies pour avoir un impact à court terme. Le contingentement pourrait en être une. Le Rwanda, par exemple, a un quota constitutionnel. Il y en a différents types. Les quotas législatifs ont également fait leurs preuves.
Encore une fois, cela dépend du contexte et des pays dans lesquels on les met en oeuvre, parce qu’il faut tenir compte des spécificités sociales et culturelles.
Il est vrai que le Canada est à la traîne en ce qui concerne la représentation des femmes et que l'on doit s'inspirer de pays comme le Rwanda et les pays scandinaves qui ayant adopté des politiques volontaristes en la matière sont maintenant considérés comme à l’avant-garde.
La réforme de notre système de financement politique me semble aussi vraiment importante parce qu'on sait que les femmes dépensent 10 % de plus que les hommes dans les campagnes électorales. On sait que mener une campagne réussie peut coûter jusqu’à 200 000 $. Il faut donc offrir davantage d’incitatifs. Je sais que certains partis politiques ont des fonds, mais ce sont des montants vraiment minuscules par rapport au coût réel d'une candidature.
Voilà déjà deux changements.
Le troisième consisterait, selon moi, à revoir notre système électoral et peut-être à passer du scrutin majoritaire uninominal à un tour à un système de représentation proportionnelle.
Tout d’abord, je salue les efforts du Comité pour revoir ce sujet. Évidemment, un an après les élections fédérales, compte tenu du travail qui se fait partout au pays, il est vraiment important de poursuivre le débat et de trouver des façons nouvelles et novatrices d’attirer plus de femmes en politique.
Eleni et moi partagerons notre temps de parole. Je vous ferai une brève présentation d'À voix égales. Vous savez, je pense, que nous sommes une organisation nationale multipartite née il y a 15 ans qui milite en faveur de l’élection d’un plus grand nombre de femmes à tous les niveaux de gouvernement, en fait.
Nous sommes ravis d’être ici aujourd’hui non seulement en raison de l’excellente discussion sur notre programme Héritières du suffrage dont nous sommes très fières mais aussi parce qu’À voix égales a le mandat fédéral de favoriser un changement systémique partout au Canada. Donc, le moment choisi pour cette invitation était excellent parce que l'on vient tout juste d’élaborer un plan en 12 points, non seulement pour l’arène fédérale, mais aussi pour d’autres institutions et administrations politiques, afin de vraiment évaluer dans quelle mesure elles incarnent des milieux de travail inclusifs et durables pour les femmes de tous les partis.
À cette fin, nous avons un plan en 12 points ainsi qu'un mémoire et un tableau. Je demanderai à Eleni de vous parler des premiers éléments de cette analyse que nous remettons au Comité, puis je conclurai.
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je vous remercie beaucoup de me donner l'occasion de vous faire part de nos recommandations. Le greffier vous a distribué à tous un exemplaire.
[Traduction]
Nous avons pensé l’écrire pour que vous ayez au moins l’occasion de l’examiner. Nous n’allons pas nous attaquer aux problèmes, mais nous voulions vous présenter un exposé très concret et vous donner des idées sur les changements systémiques qui, selon nous, devraient être apportés, ce qui, en fait, fera tomber à long terme les obstacles qui empêchent un plus grand nombre de femmes de se lancer en politique.
Pour ceux qui ne le savent pas, lorsque j’ai été élue à 39 ans, j’avais deux jeunes enfants d’un an et demi et trois ans et demi. Il y a un grand obstacle dont les femmes ne cessent de me parler parce que tout le visage du Parlement a changé. Une nouvelle génération, hommes et femmes, je tiens à le souligner, et la plupart d’entre eux aimeraient être parents. L’un des plus grands obstacles que nous constatons, c’est la façon dont le Parlement s’occupe de ces familles.
Il y a bien sûr une garderie, mais nous en recommandons davantage.
[Français]
Dans notre document, nous disons qu'il faut trouver un équilibre entre le travail et la famille et accommoder ceux et celles qui veulent faire garder leurs enfants sur la Colline du Parlement.
Nous demandons que les services de garde sur la Colline soient élargis aux nourrissons et aux bambins après les heures normales de travail. Souvent, les parlementaires sont obligés de siéger tard dans la soirée. Hier soir, par exemple, ils ont fini de voter à minuit. Si une députée a un jeune enfant, que fera-t-elle de lui si son mari ou quelqu'un d'autre n'est pas ici pour s'en occuper?
[Traduction]
Nous recommandons de prolonger la période de garde des enfants et d’établir un calendrier parlementaire qui tiendra compte des besoins des parents de jeunes enfants.
Notre deuxième recommandation consiste à porter à 60 jours le congé de la Chambre des communes pour les députées qui deviennent parents. À l’heure actuelle, comme vous le savez tous, ce congé ne dure que 21 jours ce qui, à notre avis, est insuffisant pour une nouvelle mère ou un nouveau père avant son retour au travail. De toute évidence, ils travaillent dans leur circonscription, parce que je ne pense pas qu’il y ait de congé pour un député, quelle que soit sa situation personnelle. J’ai toujours dit que ce n’est pas un travail d’être député; c’est un engagement et une charge publique. Je pense que le fait de porter le congé à 60 jours donnerait un peu plus de latitude aux parents pour profiter des premiers mois de la vie de leur nouveau-né.
On veut aussi permettre la participation virtuelle et le vote lors des réunions des comités parlementaires parce que la technologie permet actuellement de le faire. Quand j'étais députée, la technologie était un peu rudimentaire, mais il est maintenant possible de voter à distance. Il est aussi possible d'entendre des témoins et d'assurer leur participation à distance. Nous aimerions que les nouveaux parents puissent voter de leur circonscription et participer aux travaux des comités, s’ils ne peuvent se rendre à la Chambre avant et après la naissance. La nouvelle technologie permet cela.
Nous aimerions également réduire l’obligation de déplacement des députées enceintes et des nouvelles mères en instaurant les accommodements que nous recommandons, c’est-à-dire leur permettre de travailler à distance, ainsi qu'en apportant d’autres rajustements au calendrier.
Je cède la parole à Nancy.
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Dans le budget fédéral de 2018, le gouvernement s’est engagé à élargir les services de garde afin de mieux répondre aux besoins des députés. De plus, la prévisibilité est évidemment un facteur important. Nos recommandations en matière de changements systémiques sont fondées sur une enquête mondiale sur ce que font les assemblées législatives du monde entier, grâce à certains travaux réalisés en collaboration avec Grace Lore, une chercheuse de longue date chez À voix égales.
Évidemment, nous pensons que la prévisibilité que procure le maintien de l’engagement actuel à l’égard des élections à date fixe est assez importante. De plus, le débat qui fait rage sur la façon de structurer la semaine de séance parlementaire pour que les députés qui sont des parents puissent retourner dans leur circonscription et travailler dans leur circonscription mérite d’être discuté. Nous sommes en général en faveur de considérer les vendredis comme des journées pour permettre aux parlementaires d'être dans leur circonscription.
Du point de vue de la durabilité, qui est une question clé pour de nombreuses femmes en politique ainsi que pour leurs homologues masculins, nous sommes vraiment en faveur d’une augmentation des budgets des bureaux des députés afin d’assurer une meilleure couverture des circonscriptions en particulier, compte tenu du rôle que les députés jouent dans leurs circonscriptions à titre d’ombudsman, d'agents de liaison et ainsi de suite. Nous sommes fermement convaincues qu’il faut revoir les budgets des bureaux de circonscription pour nous assurer qu’ils sont vraiment bien appuyés. Comme vous ne serez pas surpris de le constater, il est important de veiller à ce que les députés soient rémunérés de façon concurrentielle afin que le bassin complet de talents des femmes au Canada puisse vraiment se pencher sur la possibilité d’être élues au niveau fédéral et la saisir pleinement.
Enfin, nous formulons des recommandations en matière de sécurité afin de nous assurer qu’il existe des politiques rigoureuses en matière de harcèlement. En fait, À voix égales a élaboré toute une matrice de ce qui constitue une bonne politique. Les politiques fédérales à la Chambre des communes sont en grande partie solides, mais nous suggérons fortement une mesure supplémentaire pour assurer une indépendance totale dans le suivi, la surveillance et la déclaration des résultats des enquêtes.
Enfin, cela ne figure pas dans votre tableau, mais nous aimerions aussi appuyer ce que vous avez entendu d’un témoin précédent. Nous estimons qu’un mécanisme de financement électoral pour inciter les partis à établir un seuil convenu pour les femmes serait utile. Merci.
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Merci, madame la présidente, de m’avoir invitée ici aujourd’hui pour vous donner mon point de vue sur les obstacles auxquels les femmes sont confrontées en politique au Canada. C’est un sujet qui me touche personnellement, et je me sens honorée de pouvoir partager certaines de mes expériences et réflexions sur ce sujet.
Je viens d’une famille nombreuse, unie et solidaire, et leur exemple fait partie intégrante de la formation de mon identité. Je suis née à Medicine Hat et je continue de vivre dans le sud de l’Alberta en raison de mon amour pour la collectivité et les gens qui y vivent.
C’est difficile à dire quand mon intérêt pour la politique a débuté officiellement, mais ma famille m’a toujours encouragée à redonner à ma collectivité et à laisser derrière moi une situation meilleure que celle que j'ai trouvée. Sur le plan scolaire, mes intérêts étaient variés, et à la fin du secondaire, j’ai décidé de m’inscrire à un programme de baccalauréat ès arts en sciences politiques à l’Université de Lethbridge.
En 2015, Mme Harder m’a invitée à faire partie de son équipe de campagne, ce qui a vraiment lancé mon engagement bénévole. C’était inspirant de voir en action une candidate jeune, compétente et ayant réussi. Cela m’a incité à briguer des postes au sein des conseils conservateurs locaux, tant au niveau fédéral que provincial.
En 2017, après une rencontre avec les Héritières du suffrage, un groupe d’amies et moi avons fondé Story of a Tory, un programme dans lequel nous cherchons à dissiper les mythes au sujet des femmes conservatrices. Cette idée est née d’une insatisfaction à l’égard de la façon dont nous sommes dépeintes dans les médias, par les organisations et par la société dans son ensemble.
À ce jour, Story of a Tory a publié plus de 50 articles d’opinion et entrevues, a appuyé une pétition qui a attiré l’attention nationale et a été déposée à la Chambre des communes, et a été présentée par plusieurs grands médias. Nos histoires sont racontées par six auteures régulières de partout au pays qui ont des antécédents personnels variés. Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous sommes unies par notre désir de modifier les perceptions.
J'ai décidé récemment de faire le saut et de proposer officiellement ma candidature à une charge élective. Je sollicite actuellement l’investiture du Parti conservateur uni de l’Alberta dans la circonscription de Brooks—Medicine Hat.
La décision que j’ai prise de me porter candidate à ce parti a été facile. Au niveau organisationnel, le Parti conservateur uni a un conseil d’administration paritaire — un groupe d’hommes et de femmes compétents. Cela a été établi de façon organique, et non par une méthode de soutien, et certainement pas à cause d’un quota arbitraire. De plus, près de 40 femmes se portent candidates à l’investiture dans 87 circonscriptions, et de nouvelles personnes s’inscrivent chaque jour.
En me préparant pour mon témoignage d’aujourd’hui, j’ai réfléchi au sujet à l’étude. Quels obstacles ai-je rencontrés comme femme jusqu’à maintenant dans ma vie? Certains diront peut-être que la décision que j’ai prise de me porter candidate a été rendue d’autant plus difficile par des obstacles systémiques ou par la marginalisation générale, mais je rejette catégoriquement cette affirmation. Comme Canadienne, et surtout comme conservatrice, je me sens encouragée par les actions de celles qui m’ont précédée. Depuis des dizaines d’années, les femmes sont à l’avant-garde du mouvement, qui prend de l’ampleur et le renforce aux côtés de leurs homologues masculins. À mon avis, il n’y a pas de meilleur moment pour entrer dans ce domaine, surtout en Alberta et sous la direction de Jason Kenney.
M. Kenney a exprimé directement son désir de voir davantage de femmes se porter candidates. Dans une entrevue que j’ai menée avec lui en 2017, pour Story of a Tory, il a déclaré:
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[...] au Parti conservateur, nous avons besoin de femmes fortes [...] Nous [...] croyons en la liberté [...] le droit (des gens) de définir leurs propres valeurs politiques. Il est insultant et antidémocratique de laisser entendre qu’une personne doit être un membre captif d’un groupe identitaire plus souvent associé aux valeurs de gauche.
Je n'aurais pu dire mieux.
Le problème ou l’obstacle le plus pressant auquel font face les femmes en politique aujourd’hui est le fait qu’il y a des partis qui sont déterminés à parler au nom de toutes les femmes comme s’il s’agissait d’une sorte de catégorie d’identité bloquée, ce qui va à l'encontre de leur liberté de s’auto-identifier. Lorsque nous présumons que les femmes, dans leur ensemble, ne peuvent pas s’associer séparément selon leurs opinions individuelles et leurs convictions morales, mais qu’elles doivent agir selon cette catégorie de genre amorphe et définie socialement, nous ne progressons pas, mais nous régressons. Il serait beaucoup plus avantageux de reconnaître la diversité des opinions et de promouvoir la liberté d’association sans indiquer virtuellement les bonnes et les mauvaises façons de politiser la condition féminine.
De plus, si mon appartenance à un parti politique ou ma capacité d’être élue dépend d’un quota arbitraire plutôt que du mérite de mes actions et de la force de mes convictions, ce n’est pas une victoire pour moi ni pour qui que ce soit d’autre.
Je crois en la liberté des membres d’élire des femmes comme candidates compétentes. Ces femmes, comme toute autre personne qui s’attend à réussir, devront frapper à des milliers de portes, proposer des politiques novatrices et travailler le plus fort possible pour gagner leur place.
Ce besoin de catégoriser les femmes est de plus en plus présent à tous les niveaux. Par exemple, on l’a vu ici même dans ce groupe. Mme Harder n'a pas été autorisée à présider ce comité — une décision fondée sur des hypothèses réductrices selon lesquelles elle est incapable de réfléchir objectivement et d’agir de façon judicieuse et indépendante de ses convictions personnelles. Pire encore, pour être le bon genre de femme, elle doit adhérer à une certaine orientation idéologique.
Nous nous plaignons du fait que les femmes en politique sont réduites à des stéréotypes, et qu'on les dit émotives, froides ou incompétentes. Cependant, avec la décision du comité de retirer la nomination de Mme Harder, ces stéréotypes ont été reproduits directement.
Il n’y aura jamais de solution parfaite pour atteindre la parité hommes-femmes au Parlement ou dans les diverses assemblées législatives du pays, mais la « parité » telle qu’elle est définie ne me plaît pas. La parité, définie comme un 50 % arbitraire et obligatoire, est un principe contre-productif. L’action positive ne remplacera jamais l’initiative organique.
Les femmes se porteront candidates à des partis politiques dotés d’un solide programme politique qui reflète fidèlement leurs points de vue. Plus nous serons traités équitablement comme personnes et comme égales, plus cette dynamique prendra de l’ampleur. Comme l’a dit une de mes consoeurs de Story of a Tory, « si vous voulez une place à la table, prenez une chaise ».
Merci.
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Merci madame la présidente.
Je remercie les témoins qui sont ici aujourd’hui pour répondre à certaines de nos questions et pour nous aider à rendre la Chambre des communes et d’autres arènes politiques plus justes et égales.
Tout d’abord, les derniers témoins que nous avons entendus mardi provenaient en fait de Statistique Canada. Nous avons appris que les femmes sont tout aussi susceptibles que les hommes de signer des pétitions ou de boycotter certains produits, ce qui est très politique. Cependant, lorsqu’on leur demande si elles s’intéressent à la politique, elles sont beaucoup moins susceptibles de s’y intéresser. Cela donne à penser que le mot « politique » pose peut-être un problème, et peut-être parce que les hommes ont toujours été plus actifs en politique, les femmes ne se considèrent pas nécessairement comme des personnalités politiques.
J’aimerais savoir comment vous rejoignez les femmes. Parlez-vous précisément de faire élire des femmes, ou essayez-vous de trouver d’autres façons d’intéresser les femmes à la politique?
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Je pense qu’il faut inviter les femmes en politique. Je le vois tout le temps de multiples façons. Les femmes sont de formidables leaders communautaires, mais elles n’ont pas accès à des espaces politiques officiels, qu’il s’agisse d’associations de circonscription, de congrès de parti ou de quoi que ce soit d’autre. Il y a une cohorte particulière de femmes de tous les partis qui sont très engagées, mais quand on regarde celles qui sont désengagées...
Je donne l’exemple des Héritières du suffrage. Nous avons délibérément déterminé comment nous voulions parler de politique, parce que nous n'en parlions simplement pas. Nous avons établi que la Chambre des communes représentait une occasion particulière, et il ne fait aucun doute qu’il y a des femmes, qui étaient très politisées, qui se sont invitées à la table et qui ont décidé d'occuper une chaise.
Il y a toutefois beaucoup d’autres femmes qui n’auraient pas, selon moi, profité de l'occasion pour présenter une demande, si nous n'avions pas bien encadré notre proposition, c’est-à-dire en posant les questions suivantes: Comment exercez-vous le leadership dans votre collectivité? Quelle est votre connexion avec la collectivité? Comment exercez-vous votre participation? À quoi ressemble le leadership pour vous? Quelle est votre vision du leadership? Comment voulez-vous faire une différence? Ce sont des questions comme celles-là qui ont rendu l’occasion plus inclusive selon moi. Ensuite, quand elles sont arrivées ici, celles qui n’avaient pas de lien préexistant avec les espaces politiques pouvaient mieux comprendre et se sentir à l’aise.
Il est vraiment essentiel de réfléchir à la façon dont nous utilisons le langage en politique officielle. À voix égales, nous disons toujours que les femmes ne sont pas coupées de la politique et qu’elles ne sont pas désengagées du leadership. Elles font beaucoup de travail chaque jour à bien des égards dans leur collectivité. Le défi consiste à trouver un moyen de combler l’écart qui les sépare de l’arène politique officielle, et je pense que nous pouvons le faire de bien des façons.
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Personnellement, je pense que lorsque les femmes sont plus nombreuses, la culture change.
J’aimerais répondre un peu à ce qui a été dit plus tôt au sujet d’un des témoins. Ce n’est pas le nombre qui pose un problème, mais il a été prouvé à maintes reprises — une analyse a été menée — qu’il faut au moins 30 % dans n’importe quelle institution pour pouvoir apporter des changements. C’est ce changement que les femmes apporteront à l’institution, alors ce n’est pas...
Je ne parle pas au nom d’À voix égales maintenant, mais je crois aux quotas. Je crois aussi au système utilisé en Europe où il n’y a jamais moins de 40 % et jamais plus de 60 % d’hommes ou de femmes dans une entreprise.
Je pense qu’il faut adopter de telles mesures pour pouvoir changer la culture, et réunir toutes les femmes de tous les horizons... La diversité est également importante.
Nancy, vous avez quelque chose à ajouter?
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C’est une de mes questions préférées.
Souvent, quand on parle du mouvement féministe, un certain type de femme est cantonné à ce mouvement, et on y associe des idées de justice sociale et d'autres principes à la mode.
Dans le mouvement conservateur, une initiative très distincte vise à ne pas classer les gens dans une catégorie d’identité par échelon, alors que dans le cas du féminisme, tout tourne autour de cela. Tout dépend des difficultés ou du genre d’inégalité imbriquée qu’on peut établir pour créer cette catégorie de genre plus largement définie. Pour moi, c’est davantage une question de compétence que de tout cela.
Lorsque les conservatrices sont exclues de cette conversation, il est difficile de dire qu’il s’agit d’une conversation d’égale à égale, parce qu’il y a tout un sous-ensemble de la population qui est laissé de côté et à qui on ne demande pas son opinion ou son avis.
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C’est très simple. Il y a des conservatrices et des conservateurs au pays, et ils méritent d’être représentés.
En ce qui me concerne, en Alberta, le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, a incité directement les femmes à se porter candidates, mais ce n’était pas du tout une mesure de soutien. Je pense que c’était simplement son initiative de dire que les femmes devraient se présenter aux élections et que nous avons besoin de plus de femmes et qu'il faut se demander pourquoi il n’y en a pas plus.
Les femmes inondent les courses à l’investiture, et c’est merveilleux. Nous avons atteint la parité. Nous avons réalisé ces merveilleux objectifs auxquels tout le monde aspire, sans imposer de quota, sans même avoir à adopter de mesure systématique ou à apporter de modification systématique. Le mouvement vient de la base, ce qui le rend beaucoup plus significatif.
Pour répondre à la question, c’est simplement parce que ces personnes existent et qu’elles doivent être représentées.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos trois témoins d'être ici. Leurs témoignages sont très intéressants et me permettent d'avoir différentes opinions sur la question.
Je représente la circonscription de Salaberry—Suroît, une circonscription très rurale. Julie McNeil, une jeune femme de ma circonscription, y a participé et a été enchantée. Je trouve intéressant d'entendre aussi des femmes qui proviennent de milieux ruraux
Pensez-vous que le gouvernement devrait investir davantage dans les... Beaucoup d'information ne se rend pas nécessairement dans les milieux ruraux. Selon une étude de Statistique Canada, les femmes elles-mêmes disaient manquer d'information.
Pensez-vous que plus d'initiatives devraient viser à informer davantage les femmes?
Lorsque je faisais du porte-à-porte, bien que je ne pourrais pas à quelle fréquence exactement, j'étais souvent accueillie par des femmes qui me disaient ne pas avoir d'opinion à ce sujet et qui allaient chercher leur mari. Cela m'arrivait vraiment souvent.
Pensez-vous que cela devrait être soutenu par le fédéral?
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À voix égales n'a pas pas pris position en faveur d'un système ou d'un autre. Je crois que l'important c'est d'avoir n'importe quel système. Même si on utilisait un système électoral proportionnel, ce serait encore le chef qui déciderait de la liste et de la personne qui y figure en premier ou en deuxième. Cela ne changerait pas grand-chose, à moins qu'on modifie la culture et la façon dont les femmes elles-mêmes demandent le changement. Il faut tenir compte de cela, mais on peut faire de petites choses.
Je vais vous donner un exemple très simple. La photo des députés pourraient être sur le bulletin de vote. Pourquoi n'y a-t-il pas de photos pour aider les femmes analphabètes? J'ai oeuvré pendant 30 ans au niveau provincial, et le sujet est toujours revenu sur la table. Au Québec, il y a maintenant des photos sur le bulletin de vote. Cela va aider les électeurs, hommes ou femmes, à savoir pour qui ils votent. Cela est très simple.
Des gens travaillent dans les bureaux de scrutin. La plupart du temps, ce sont des femmes mais, souvent, on ne les paie pas ou on les paie un salaire minimal. Certains ne veulent pas y travailler parce qu'ils reçoivent des prestations d'aide sociale. Si on travaille dans un bureau de scrutin, on voit ses prestations réduites pour avoir participé à la démocratie.
Selon moi, une foule de choses permettraient de changer le système en vue d'encourager davantage la participation des citoyens, en général, et celle des femmes.
Je sais que ce n'est pas le sujet de votre étude, mais tout est lié. Si on change le système de votation, plus de femmes voudront se présenter en politique, peu importe le palier de gouvernement.
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Merci madame la présidente.
Merci beaucoup à nos témoins d’aujourd’hui.
Madame Glasgo, j’aimerais d’abord vous féliciter d’avoir soumis votre candidature. Nous ne sommes peut-être pas d’accord sur le plan des valeurs ou des convictions, mais en même temps, je pense que quiconque, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, peu importe son sexe, inscrit son nom sur un bulletin de vote mérite des félicitations. Merci beaucoup.
Des députées: Bravo!
Mme Bernadette Jordan: J’aimerais poser quelques questions à À voix égales au sujet des Héritières du suffrage. C’était un programme extraordinaire, cela ne fait aucun doute. Il y a toutefois un « mais ».
Si vous regardez autour de la table, vous verrez que je suis probablement la plus vieille dans la salle...
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Eh bien, à ce stade-ci, ici même, parmi les femmes élues.
Les Héritières du suffrage ont vraiment mis l'accent sur les jeunes, ce qui était formidable. Nous voulons faire participer les jeunes. Nous ne voulons toutefois pas seulement des jeunes femmes. Nous voulons des femmes de couleur. Nous voulons des femmes autochtones. Nous voulons des femmes âgées. Pourriez-vous élargir le champ d'action des Héritières du suffrage?
Je vais vous donner un exemple. Un soir, je faisais des appels téléphoniques. Une femme m’a dit au téléphone: « Oh, je suis tellement heureuse que vous soyez ma représentante. C’est agréable de voir une femme, la première femme élue dans ma circonscription. J’aimerais bien en faire, mais je suis trop vieille. » Je lui ai demandé son âge, et elle m’a répondu qu’elle avait 39 ans.
Je pense que nous avons rendu un mauvais service aux femmes. On parle souvent de faire élire plus de femmes, mais on semble mettre l’accent sur les jeunes femmes. C’est formidable, mais nous avons besoin de toutes les femmes.
Que pouvons-nous faire pour encourager les femmes de mon âge? J’avais 52 ans quand j'ai été élue. Je voulais me présenter dès l'âge de 17 ans, mais il m’a fallu attendre jusqu’à 52 ans pour me dire: « Je ne vais pas penser au passé et me dire que j’aurais dû le faire. » Comment amener les personnes âgées ou marginalisées à présenter leur candidature?
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Vous avez soulevé un bon point.
Madame Glasgo, j’aimerais vous entendre à ce sujet. Est-ce que le fait de quitter une carrière bien établie, de soumettre sa candidature et de ne pas savoir où aller si on n’est pas élue constitue un obstacle? Certaines personnes ont la chance de prendre un congé. Certaines personnes, selon leur carrière, doivent en fait remettre leur démission. Si vous n’êtes pas élue, que faites-vous?
Étant donné que vous êtes en lice maintenant, je ne sais pas si cela a eu une incidence dans la carrière que vous avez choisie. Je suppose que la carrière politique est celle que vous avez choisie, mais vous voyez ce que je veux dire? Y a-t-il quelque chose que nous pouvons faire, ou y a-t-il une recommandation que nous pouvons faire, pour que les femmes ne soient pas pénalisées quand elles se présentent, parce que dans certains cas, je crois qu’elles le sont.
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Excellent. Je n’ai qu’une question à poser, après quoi je laisserai ce qui reste de mon temps de parole avec ma collègue, Mme Nassif.
[Français]
Je vous remercie de votre présence parmi nous, aujourd'hui. Votre témoignage est très intéressant et très important.
Ma question s'adresse à Mme Bakopanos.
[Traduction]
Sur la question des contingents, vous avez mentionné que vous étiez personnellement en faveur. Au cours de notre étude économique, nous avons très souvent entendu dire que c'est à partir du seuil de 30 % que les choses changent et qu'il y a une différence sensible: les entreprises gagnent plus d’argent et les gouvernements peuvent prendre de meilleures décisions. Il y a une sorte d'opposition intéressante entre deux idées.
Comment pouvons-nous renforcer les gouvernements par la présence de femmes au-delà de ce seuil de 30 % sans porter atteinte au droit de vote des électeurs, ceux qui votent lors des courses à l’investiture ou ceux qui élisent le candidat dans leur circonscription? Je souhaite ardemment la parité à la Chambre des communes et je pense que cela changerait tout en politique, mais je ne veux pas pour autant entraver la volonté de l’électorat de choisir ses représentants locaux.
Avez-vous une suggestion à faire sur la façon de concilier ces deux intérêts?
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Je vais aussi donner mon opinion personnelle.
Pour commencer, nous avons parlé du projet de loi dont la Chambre est saisie. Nous parlons de proposer des incitatifs, plutôt que des mesures dissuasives, aux partis politiques pour augmenter le nombre de femmes qui se portent candidates.
J’aimerais également dire que nous ne pouvons y arriver sans les hommes, sans les 49 % d’hommes qui ont vécu cette expérience. J’ai aussi eu, soit dit en passant, des mentors masculins, et d'envergure: Robert Bourassa, Jean Chrétien et Jean Charest, pour n'en nommer que quelques-uns. Nous avons besoin du soutien des hommes. Le féminisme, ce n’est pas être contre les hommes. Je tiens à le souligner. Je n’y crois pas. Le féminisme a changé au fil des ans, et nous avons beaucoup d’hommes qui nous appuient.
Nous devons travailler ensemble pour nous assurer d'avoir suffisamment de voix autour de la table et sur le terrain. N’oubliez jamais qu’il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans les coulisses de la politique, qui n’ont jamais aspiré à se présenter aux élections, mais qui ont fait tout le travail sur le terrain. Au moins 80 % de mes bénévoles étaient des femmes, et c’est toujours le cas dans la plupart des campagnes électorales.
Il faudra une nouvelle façon de voir la politique. Encore une fois, je reviens à ce que j’ai dit au début. Lorsque nous parlons du service public, les gens comprennent que tous les candidats se présentent pour servir le public, non pour être au service d'un certain groupe, d'une certaine idéologie ou d'un certain féminisme, si je peux m’exprimer ainsi.
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Merci encore, madame la présidente.
Je remercie nos témoins, surtout Mme Bakopanos, qui est de Montréal. C'est mon amie. Elle a été députée de 1993 à 2006, si je ne me trompe pas. Elle donc agi durant 13 ans à titre de députée fédérale.
Madame Bakopanos, parlez-nous des obstacles que vous avez connus alors que vous étiez candidate, femme d'origine grecque, issue de l'immigration.
Vous avez parlé du fait qu'être femme est un obstacle. Oui. Vous savez que je suis maman de triplés, que je me suis présentée deux fois à l'investiture — que j'ai gagnée —, avant d'entrer en politique en même temps que je faisais mes études — j'ai eu deux diplômes — et tout au long de mon engagement politique.
Parlez-nous des autres obstacles que vous avez connus en 1993 et de ce qui a changé maintenant dans le fait d'être une femme députée.
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Une foule de choses ont changé, mais nous n'avons pas le temps de tout mentionner. Je vais vous dire deux choses.
Je proviens moi-même d'une communauté culturelle plus ou moins macho — disons cela de façon très gentille. J'ai été la première femme d'origine grecque élue à la Chambre des communes. J'étais donc un phénomène d'une certaine façon pour les hommes de ma communauté. Il y en a 15 qui auraient voulu contester mon investiture. Or M. Chrétien, qui a fait preuve d'ouverture d'esprit, a reçu le mandat des membres du Parti libéral de choisir des femmes pour arriver à 30 % de candidatures féminines. Nous en avons parlé tout à l'heure. Ce sont les membres qui lui ont donné ce mandat, les membres du Parti. Il n'a pas décidé cela lui-même. Tout cela m'a aidée, ainsi que la circonscription que j'ai eue.
Les barrières pour les femmes qui proviennent des communautés culturelles sont plus importantes, à mon avis, que pour d'autres femmes de...
[Traduction]
Je ne veux pas parler de la population générale, mais plutôt de la population anglophone. J’ai été élue dans une circonscription francophone où les femmes étaient en fait considérées... Les francophones comptaient pour 70 % dans ma première circonscription et pour 80 % dans ma deuxième — j’en ai représenté deux —, et le fait d’élire une femme pour les représenter ne posait pas de problème. C’était en fait un avantage. Les électeurs francophones y voyaient un avantage. Par contre, le fait d'avoir de jeunes enfants était un désavantage dans ma propre communauté, qui sentait que j’avais abandonné mon mari et mes enfants pour faire autre chose.
Je pourrais continuer encore longtemps, mais je pense que vous avez déjà discuté de certains de ces obstacles.
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De tous les âges, oui. Pouvez-vous vous assurer d'avoir un groupe de plus de 40 ans?
Une voix: Pas d’âge.
La présidente: Je tiens à vous remercier très chaleureusement. Ce groupe de témoins a été excellent. Nous avons entendu deux excellents groupes aujourd’hui. Nous apprenons beaucoup.
Je vous rappelle que nous sommes jeudi et que nous reprendrons, bien entendu, nos travaux mardi prochain. La semaine prochaine, nous entendrons, du Groupe Samara, Jane Hilderman, Louise Carbert, Jeanette Ash, Silvia Bashevkin, William Cross, Sarah Childs, Rosie Campbell et Melanee Thomas.
La greffière va vous envoyer la liste. Mes excuses, mais je ne savais pas que certains ne l'avaient pas reçue. J’avais la liste devant moi et je n’ai pas pensé plus loin. Tout le monde recevra et pourra consulter la liste des témoins. Je crois qu’il y a des choses extraordinaires qui se passent.
Allez-y, Anne.