Comme on l'a dit, je m'appelle Katherine Scott et je suis chercheuse principale au Centre canadien de politiques alternatives, ici à Ottawa. Je suis également la mère comblée de Charlotte, qui était enchantée d'assister à la réunion du Comité mardi, en qualité de membre de la délégation des Héritières du suffrage.
Je ne peux pas promettre que je serai à la hauteur de l'éloquence et de la passion de la jeune femme qui s'est adressée à vous mardi, mais j'ai hâte de vous parler des défis économiques auxquels sont confrontées les femmes aînées au Canada aujourd'hui.
La pauvreté et l'insécurité économiques sont des difficultés de taille pour les femmes aînées et elles sont souvent combinées aux nombreux autres défis propres au vieillissement, comme les maladies chroniques, la perte de mobilité, la prestation de soins à un conjoint, aux petits-enfants ou aux deux, ou encore à la perte du soutien de la collectivité. Vu le vieillissement de la population canadienne, les lacunes de notre système de soutien public aux aînés affecteront directement un nombre toujours croissant de personnes.
De nos jours, les personnes aînées sont souvent dépeintes comme des membres d'une génération aisée, qui profite à outrance de l'aide généreuse du gouvernement au détriment des jeunes Canadiens. À mon avis, ce discours ne tient aucun compte des grandes inégalités de revenu et de richesse au Canada, particulièrement chez les aînés, dont beaucoup vivent dans la pauvreté malgré les effets positifs du RPC, de la SV et du SRG. Il ne tient pas compte non plus de cette réalité frappante qu'est l'importante disparité entre les hommes et les femmes.
L'âge et le sexe ne sont que deux des nombreux facteurs qui se recoupent, comme la race, la situation conjugale, l'emploi et l'identité sexuelle, et qui ont une incidence sur la sécurité économique. C'est le recoupement de ces expériences et de ces identités qui informe sur les défis auxquels les femmes sont confrontées et révèle les solutions à mettre de l'avant.
Dans mon bref exposé, je vais vous faire part de nos connaissances et vous fournir quelques pistes de réflexion quant aux solutions à préconiser, selon nous, pour concevoir des programmes de soutien à l'intention de ce groupe important.
Voici ce que nous savons. La pauvreté chez les aînés augmente depuis le milieu des années 1990 et a atteint 15,4 % en 2017. C'est ce qu'indique l'Enquête canadienne sur le revenu. Les taux de pauvreté sont plus élevés chez les femmes aînées que chez les hommes du même groupe d'âge. Au Canada, en 2017, près de 600 000 femmes aînées vivaient dans la pauvreté, comparativement à 340 000 hommes. Encore une fois, le taux de pauvreté chez les femmes est plus élevé dans les communautés marginalisées.
Le recensement nous fournit d'excellentes données à ce sujet. Nous savons, par exemple, que le quart des femmes aînées autochtones — celles de plus de 65 ans — vivent dans la pauvreté. Le pourcentage de femmes de plus de 65 ans récemment immigrées au Canada est de 23 %. Les femmes de ces communautés sont exposées à un risque plus élevé. Nous savons aussi que les femmes qui vivent seules sont particulièrement à risque. Elles sont quatre fois plus susceptibles d'être pauvres que les femmes vivant avec un conjoint ou d'autres membres de la famille. En effet, les aînées représentent plus des deux tiers de tous les aînés vivant dans la pauvreté. Elles représentent plus de 70 % de tous les célibataires vivant dans la pauvreté.
Il y a un autre groupe important auquel nous devons prêter attention et c'est celui des femmes et des personnes aînées en général qui vivent avec un revenu juste au-dessus du seuil de la pauvreté. Plus de la moitié — soit 57 % — de toutes les femmes aînées avaient un revenu après impôt de moins de 25 000 $ par année en 2017, comparativement à 38 % des hommes. De ce groupe, les deux tiers des femmes avaient un revenu de 15 000 $ à 25 000 $ par année. C'est donc que la majorité des aînées au Canada ont un revenu très modeste. Elles ne font pas partie des groupes qui voyagent en Floride et ailleurs. Ce sont des personnes qui vivent avec un revenu très modeste, peut-être tout juste au-dessus du seuil de la pauvreté.
Ce que tout ceci nous révèle est que bon nombre de ces femmes ont peu de revenus au-delà de ce qu'offrent les pensions de base. Elles ont la SV/SRG de base et un RPC modeste, selon leurs antécédents de travail. Ces données révèlent également la raison pour laquelle les besoins impérieux en matière de logement sont si élevés chez les femmes aînées, particulièrement chez les femmes vivant seules. Elles nous disent pourquoi beaucoup d'entre elles sont confrontées quotidiennement à des choix difficiles à cause du coût élevé du logement, des médicaments, de la nourriture et d'autres nécessités de base.
Il n'est peut-être pas surprenant de constater une hausse de l'emploi chez les aînés. Selon l'Enquête sur la population active, en 2018, 1 femme sur 10 âgée de plus de 65 ans était sur le marché du travail rémunéré. Ceci constitue une augmentation importante par rapport aux 3,2 % de 2000. Nous avons également constaté une augmentation assez étonnante du taux d'emploi des femmes de 55 à 64 ans. En effet, l'emploi a augmenté de 18 points de pourcentage chez les femmes de 55 à 59 ans entre 2000 et 2018. Il s'agit d'un gain de 22 points de pourcentage chez les aînées de 60 à 64 ans, ce qui représente une augmentation considérable sur le marché du travail pour ce groupe particulier.
À mon avis, ce ne sera pas suffisant. L'augmentation du taux d'emploi ne réussira certainement pas à pallier la protection insuffisante en matière de pension ni à compenser les faibles niveaux d'épargne-retraite.
La différence entre le revenu à la retraite de ceux qui ont une pension et celui de ceux qui n'en ont pas est frappante. Par exemple, 30 % des Canadiens âgés de 50 à 64 ans n'ont pas de REER ou d'autres actifs semblables, et 18 % n'ont ni épargnes ni pension privée. Les femmes, en particulier, sont aux prises avec des revenus qui sont très faibles pendant de très longues périodes.
Les femmes sont doublement désavantagées à cet égard, d'abord à cause de leurs antécédents professionnels et ensuite, à cause de l'écart salarial important et persistant entre les sexes qui leur est préjudiciable.
Encore aujourd'hui, les femmes sont plus susceptibles de renoncer à un emploi rémunéré pour s'occuper de jeunes enfants, de membres de la famille malades ou handicapés ou de parents âgés, et elles sont plus enclines à travailler moins d'heures à un salaire inférieur pour la même raison.
Des recherches récentes — un certain nombre d'études à ce sujet sont parues dans les journaux dernièrement — font le point sur la pénalité salariale qu'impose la maternité et brossent un tableau sombre de la situation. Après avoir eu un enfant, les gains des femmes diminuent considérablement et la situation ne se rétablit jamais complètement. Il va sans dire que cela affecte le niveau de leurs prestations de retraite beaucoup plus tard et pour le reste de leur vie.
Que faudrait-il alors pour améliorer la sécurité économique des aînées? La promotion de la participation au marché du travail a certes suscité une certaine attention à l'OCDE et ailleurs. Il n'y a pas si longtemps, un comité fédéral-provincial-territorial s'est penché sur la question.
Tenons-nous-en à ces trois... et nous pourrons y revenir au cours des discussions.
Je dirais qu'il est illusoire de penser que l'augmentation de la participation des femmes au marché du travail donnera nécessairement les résultats escomptés, compte tenu de l'ampleur des besoins. Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est d'une solide infrastructure publique de soutien, incluant logement abordable, assurance-médicaments et stratégies d'amélioration des conditions de travail pour les salariés à faible revenu, notamment, afin de jeter les bases d'un système offrant un niveau de sécurité accru.
Je vais m'arrêter ici. Nous pourrons parler des autres choses plus tard.
« Vieille sacoche », « petite vieille », « vieille fille », « babouchka », « vieille mémère »...
Il est plutôt déprimant de chercher des synonymes de « personnes aînées » dans Internet pour tenter de comprendre l'âgisme endémique de notre société qui sévit contre nos mères, nos filles, nos soeurs, nos partenaires et nous-mêmes. C'est une triste réalité, car les aînées sont souvent stéréotypées et négligées, ici au Canada et partout dans le monde.
Cela a été clairement démontré il y a quelques semaines lors de la 63e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies, où les aînées ont été carrément ignorées, même à l'épicentre international des droits de la personne.
Je suis donc ravie d'être ici aujourd'hui pour apprendre que le Comité a pris le temps d'examiner les problèmes auxquels sont confrontées les aînées au Canada. Merci à vous tous pour votre important travail.
Je dois commencer par expliquer que l'International Longevity Centre est une organisation axée sur les droits de la personne et les besoins des personnes aînées. Par conséquent, toutes nos interventions d'aujourd'hui seront émises dans une optique de droits de la personne.
ILC-Canada est partenaire de l'Institut de recherche LIFE de l'Université d'Ottawa et fait partie d'une alliance mondiale de 16 pays, créée par le célèbre gériatre Robert Butler, qui a inventé le terme « âgisme » en 1969.
L'âgisme est défini comme un amalgame d'attitudes qui portent préjudice aux personnes aînées, à la vieillesse et au vieillissement lui-même. Comme tous les mots en « -isme », l'âgisme s'insinue à l'intérieur et détruit. Il rabaisse avec force condescendance et entraîne la perte d'autonomie et de dignité. L'âgisme constitue un obstacle à la santé, à l'éducation, à l'emploi et à la justice sociale, en plus d'influencer négativement les ressources financières. En fait, tous les enjeux figurant à l'ordre du jour de la discussion d'aujourd'hui sont affectés négativement par l'âgisme.
Les aînées sont confrontées au double risque de l'âgisme et du sexisme, et ce risque peut tripler ou quadrupler lorsque le racisme, l'homophobie, les handicaps et l'identité autochtone s'ajoutent au mélange.
Ma première recommandation est que la discussion d'aujourd'hui débouche sur un plan stratégique de lutte contre l'âgisme et que le Canada dirige une convention des Nations unies sur les droits des personnes aînées.
Ma collègue a parlé de la pauvreté, qui a aussi un effet très néfaste sur les aînées. Nous savons que 16 % des aînées vivent dans la pauvreté et que le revenu médian des hommes aînés est 1,3 fois plus élevé que celui des femmes du même groupe d'âge. Cette disparité entraîne un stress financier important pour les aînées. Nous savons que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, mais elles ont gagné et épargné moins que les hommes au cours de leur carrière. Bon nombre d'entre elles ont occupé des emplois dans les services, moins bien rémunérés et avec moins d'heures de travail, et qu'elles ont pris de longs congés pour élever des enfants et prendre soin de membres vieillissants de leur famille.
Pour corriger ce problème, nous recommandons l'adoption de mesures d'équité salariale, notamment des politiques et des investissements qui appuient la formation des femmes et soutiennent les aidants naturels. Nous devons veiller à ce que les politiques relatives au SRG et à la SV n'aient pas d'incidence négative sur les aînées et à ce que tous les efforts soient déployés pour trouver les personnes admissibles aux programmes et les y inscrire.
Les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les cancers, l'ostéoporose et les maladies cognitives et psychiatriques sont les problèmes de santé les plus fréquents et les plus dévastateurs chez les aînées. Pourtant, comme je l'ai mentionné, elles vivent plus longtemps que les hommes et sont donc plus susceptibles de développer une maladie chronique.
À titre d'exemple, 7,1 % des Canadiens souffrent de démence, mais les deux tiers d'entre eux sont des femmes. Par ailleurs, le fardeau des soins pour la démence retombe en grande partie sur les femmes, ce qui peut entraîner un stress mental, physique et financier important. Les politiques qui améliorent la qualité de vie des aidants naturels doivent constituer un élément fondamental de notre système de soins de santé.
Souvent, les femmes aînées ne reçoivent pas les mêmes soins de santé que les hommes. Par exemple, les femmes atteintes d'une maladie cardiaque subissent moins d'interventions diagnostiques et reçoivent moins de traitements. Les femmes atteintes d'une maladie du rein bénéficient de la dialyse plus tard que les hommes et reçoivent moins de greffes. Cette disparité entre les sexes peut littéralement être fatale pour les femmes. Il est essentiel de comprendre les différences dans la fréquence et la forme des maladies, de même que dans les temps de réaction pour soigner ces maladies si l'on veut améliorer la santé des aînées.
On observe également une lacune au chapitre de la recherche en santé mentale et physique des aînées et cela doit changer. La Commission de la santé mentale du Canada met en relief trois facteurs clés pour assurer la santé, soit la prévention, la promotion de la santé et le dépistage précoce. Ce sont là des éléments essentiels d'un système de santé viable, efficace et équitable.
Enfin, nous sommes conscients qu'il coûterait extrêmement cher à la société de ne pas donner suite à ces recommandations.
Un logement convenable constitue un droit humain fondamental pour tous les Canadiens. Dans le cas des aînés, cela signifie qu'il doit y avoir une quantité suffisante de logements propres et accessibles, répondant à leurs besoins d'indépendance, de dignité, de sécurité et de participation dans la société. Pourtant, 27 % des femmes aînées du Canada ont des besoins impérieux en matière de logement, car une fois le coût de leur logement payé, elles n'ont plus assez d'argent pour leur nourriture, leurs médicaments et leurs frais de transport.
Sept Canadiens sur dix vivant en foyer de soins sont des femmes, ce qui peut entraîner la perte de liens sociaux et communautaires, d'estime de soi et d'autonomie.
Enfin, et c'est une honte nationale, nous voyons des femmes aînées devenir itinérantes pour la première fois. Bien que nous saluions la Stratégie nationale sur le logement, celle-ci doit mieux répondre aux besoins des aînées en matière de logement.
ILC-Canada et d'autres organisations aux visées similaires préconisent avec vigueur une convention des Nations unies sur les droits des personnes aînées. Nous croyons qu'une convention des Nations unies aurait un effet transformateur, car les preuves fondées sur la recherche sont claires: les conventions fonctionnent parce qu'elles améliorent la vie de ceux qui bénéficient des droits qu'elles octroient.
Dans une convention des Nations unies, les personnes aînées seraient des ayants droit. Les droits seraient codifiés dans un document unique. Une convention servirait d'instrument anti-discrimination et constituerait un rempart contre les stéréotypes négatifs. Les conventions sur les droits favorisent la responsabilisation et la transparence du gouvernement, de même qu'elles requièrent la participation active des personnes aînées, sensibilisent le public et créent des sociétés plus saines où les personnes aînées prospèrent.
Le Canada a une longue et fière histoire comme instigateur et partisan de conventions de premier plan. Il n'y a aucune raison pour que notre pays ne travaille pas pour améliorer la vie des aînés canadiens, dont la grande majorité sont des femmes, et celle d'autres personnes partout dans le monde.
Je vais vous laisser avec quelques pistes de réflexion.
À quel âge une personne perd-elle ses droits?
À quel âge une personne devrait-elle être privée de soins de santé préventifs ou d'accès à l'éducation ou à la formation?
À quel âge une personne devrait-elle perdre son autonomie et son libre arbitre?
À quel âge une personne devrait-elle être moins bien protégée contre la discrimination, la violence et les mauvais traitements?
La réponse est: jamais. Au fur et à mesure que nous vieillissons, nos droits devraient être renforcés, et non diminués ou perdus.
Merci.
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Je serais heureuse de commencer par cela. Kiran, vous voudrez peut-être ajouter quelque chose.
Vous avez mis le doigt sur un gros problème et plusieurs questions se dégagent de vos observations.
Tout d'abord, pour ce qui est de diffuser l'information et de rendre le système public disponible aux personnes qui n'y ont pas accès, il semble qu'il y ait différents programmes gouvernementaux qui permettent de trouver ces personnes et de les mettre en contact avec les bonnes ressources.
Le SRG et la SV en sont un exemple. À l'heure actuelle, RHDCC cherche des façons novatrices de joindre les personnes qui ne reçoivent pas le SRG et la SV, alors il y a des modèles. Nous devrions réfléchir à cela pour les gens dont vous parlez, surtout si 131 % d'entre eux n'y ont pas accès à Toronto. C'est tout simplement ridicule.
Deuxièmement, nous devons vraiment examiner le financement et la façon dont le système fonctionne dans ce domaine, de sorte que les besoins des gens soient comblés. Il faut faire de la recherche sur le sujet et commencer à envisager de meilleurs programmes.
C'est tout ce que je peux dire.
Kiran, voulez-vous ajouter quelque chose?
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J'écoutais. J'ai grandi à l'extérieur de la région du Grand Toronto, et il est tout à fait évident que nous sommes confrontés à une véritable crise des soins à domicile dans nos grands centres urbains. Le vieillissement est un facteur, certes, mais c'est surtout l'extraordinaire diversité, en tout cas dans la région du Grand Toronto, qui exerce des pressions sur un système qui n'a tout simplement pas été conçu ou qui n'est pas suffisamment équipé pour fournir des soins à domicile ou un soutien institutionnel à des familles aussi nombreuses et diverses.
Il est intéressant de constater que ces pressions toujours croissantes ont rendu les soins à domicile et le nombre de lits disponibles dans les maisons de soins infirmiers de moins en moins accessibles par rapport à il y a 20 ans. Nous n'avons pas su rester à la hauteur de la demande.
Les investissements dans ce domaine sont essentiels, car on continue à compter sur le travail non rémunéré des femmes. Les aidantes naturelles sont en première ligne de cette crise, au prix de leur propre santé. C'est en tout cas ce que j'ai constaté dans ma propre famille.
Ne rien faire, c'est continuer d'exploiter le travail des femmes. Il s'agit d'un exemple très concret, noir sur blanc, où les échecs en matière de soutien public, sans parler d'un manque d'imagination et de vision, laissent les familles de tout le pays en plan. La situation est particulièrement grave dans les collectivités où des services attentifs à leurs besoins culturels ou langagiers ont fait cruellement défaut sur le plan institutionnel ou historique, surtout en ce qui concerne les soins aux aînés.
Il y aura une période de rattrapage, mais il n'est surtout pas question de baisser les bras. Nous devons résolument chercher à comprendre le rôle des mesures de soutien et des services publics pour les familles tout au long de cette transition et nous efforcer d'améliorer la qualité de vie des aînés. Comme Kiran le disait, le Canada a reculé et accuse du retard.
La situation se complique du fait de la compétence fédérale-provinciale. Les soins à domicile et bon nombre de ces mesures de soutien relèvent clairement des provinces, mais les transferts du gouvernement fédéral y sont pour quelque chose.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci à vous tous d'avoir pris le temps de venir témoigner devant nous aujourd'hui.
Je représente une circonscription qui est pour ainsi dire devenue la Victoria de l'Ontario. Collingwood, Wasaga Beach... Trois des dix plus anciens codes postaux du pays se trouvent dans ma circonscription, alors je suis profondément consciente de certains problèmes.
Ce qui revient le plus souvent et dont j'entends parler régulièrement, peut-être parce que je suis moi-même médecin, c'est l'accès aux soins de santé, les temps d'attente, l'idée de devoir attendre 24 mois pour se faire remplacer une hanche et ce que cela veut dire pour la qualité de vie. L'ennui, c'est que les gouvernements, qu'ils soient provinciaux ou fédéraux, ne semblent pas être vraiment responsables des soins, même s'ils en assument la responsabilité.
Pourriez-vous nous dire ce que vous en pensez et quelles seraient, selon vous, certaines des solutions à envisager pour obtenir une responsabilité en bonne et due forme? Il pourrait s'agir de modifier la loi, ou peut-être d'autre chose indiquant la manière dont les provinces ou le gouvernement fédéral devraient aborder la question.
Dans le passé, lorsque nous avions des transferts en matière de santé, la mesure de responsabilité était établie en fonction de ce à quoi les fonds étaient destinés. Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet pour les aînés?
Ma prochaine question s'adresse à vous, madame Gillis.
Je vais vous parler d'un organisme de ma circonscription. La municipalité régionale de comté du Haut-Saint-Laurent arrive au deuxième rang au Canada pour ce qui est de la pauvreté. Il y a là un organisme qui vient en aide aux aînés en particulier, et qui s'appelle le Centre communautaire multiservice Un coin chez nous, dirigé par Guy-Julien Mayné. Comme il nous l'expliquait, le principal problème en milieu rural, c'est l'isolement. Vous en avez fait mention aussi. Souvent, c'est causé par le manque de transport.
Vous avez parlé d'une liste de recommandations relatives au transport, et j'aimerais bien les entendre. Souvent, dans les milieux ruraux, les seuls contacts que peuvent avoir les personnes âgées sont ceux avec les gens de la Popote roulante, un service qui offre de la nourriture une fois par jour et quelques jours par semaine. Le coût du transport est exorbitant et il n'y a pas de transport en commun, mis à part des taxis. La plupart des gens qui utilisent ces services sont des femmes âgées. De fait, 75 % des dépannages alimentaires servent à des femmes qui habitent seules et dans des logements auxquels elles allouent plus de 30 % de leur revenu.
Avez-vous des recommandations à faire ou des idées à transmettre au gouvernement fédéral?
Il n'existe pas une panoplie de programmes fédéraux, à part le programme Nouveaux Horizons. Ce dernier soutient des projets, mais il n'y a pas nécessairement de financement pour permettre aux organismes communautaires d'accomplir leurs mandats.
Je comprends que, comme je suis une aînée, j'ai été invitée pour parler de mon expérience à titre de femme au foyer. J'ai fait partie d'un groupe chanceux. Mon mari était dans une situation où il gagnait suffisamment d'argent pour que je puisse m'occuper de la maison à temps plein.
Je suis également reconnaissante d'avoir été libre de choisir une carrière au secondaire. En fait, j'ai passé quatre ans à l'université et un an dans un collège technique. J'ai obtenu mon diplôme en sciences infirmières.
Peu après, j'ai rencontré mon mari. Lorsque nous avons fondé notre famille, il m'a laissé le choix de travailler à l'extérieur ou non.
Je me connaissais assez bien pour savoir que je ne pouvais pas mener une carrière et prendre soin de ma famille. Même si j'aurais aimé travailler comme infirmière, mon premier choix a été de prendre soin de ma famille à la maison. À ce moment-là, mon mari travaillait comme directeur des ventes d'assurance et recevait beaucoup de gens à la maison pour établir un réseau de contacts. J'étais alors libre de contribuer à ce précieux travail de relations publiques.
Je trouve que j'ai eu une vie merveilleuse. Mon mari était libre de se consacrer à subvenir aux besoins de la famille, sachant que je m'occupais de tout à la maison. Si un enfant était malade, pas de problème; j'étais à la maison. Pendant que nous vivions en ville, les enfants pouvaient revenir à la maison le midi pour un repas chaud. Presque tous les soirs, nous pouvions nous asseoir en famille pour prendre un bon repas que j'avais cuisiné. Nos enfants avaient des activités parascolaires, mais pas beaucoup, alors l'horaire était rarement chargé.
Et oui, comme j'étais femme au foyer, je pouvais faire du bénévolat. Dans la ville, les possibilités étaient limitées. Nous aimions notre maison et nos voisins de la ville, mais Josip et moi avons tous deux été élevés en campagne, alors lorsque mon mari a été semi-retraité, nous avons déménagé dans une propriété de 80 acres à la campagne. Nous avons élevé nos plus jeunes enfants ici sur cette ferme de plaisance. Nous faisons beaucoup plus de bénévolat ici qu'en ville. Josip a fait du bénévolat au sein des Clubs Lions, ce qui signifie automatiquement que je participais à leurs activités de financement et de divertissement. J'ai choisi de faire du bénévolat au foyer pour personnes âgées et d'offrir des activités, puisque je connaissais très bien le milieu. Mes parents dirigeaient un foyer de soins lorsque j'étais jeune et nous vivions avec les résidents. Lorsque les enfants étaient à l'école primaire, j'ai pu être un parent aidant, ce que les enfants ont aimé. Lorsqu'ils ont été à l'école secondaire, j'ai fait partie du conseil consultatif des parents, ce qui était avantageux pour moi, car je pouvais savoir ce qui se passait à l'intérieur de ces murs. Aujourd'hui, nous faisons également du bénévolat dans notre petite église de campagne. Le dimanche pouvait être un jour de repos puisque j'étais à la maison pour faire le travail nécessaire pendant la semaine.
La triste réalité, dont sont témoins la plupart des gens, c'est que les groupes de bénévoles disparaissent faute de bénévoles.
Nous sommes passionnés de jardinage. Notre jardin est immense, 150 pieds sur 50 pieds. Nous y produisons des légumes biologiques tout au long de l'année. Je n'aurais jamais pu le faire si j'avais travaillé. Il faut la moitié de l'été, et plus encore, simplement pour s'en occuper et s'occuper de tous les produits.
Oui, mes prestations du RPC sont terriblement faibles. Elles proviennent de l'emploi que j'ai occupé avant mon mariage et de l'aide que j'ai apportée à mon mari lorsqu'il dirigeait sa société d'assurance personnelle.
Nous avons épargné dans de bons comptes d'épargne-retraite ainsi qu'un peu dans des comptes libres d'impôt pour m'aider, au besoin, à l'avenir. Si mon mari meurt avant moi, mon revenu diminuera considérablement, mais comme mon mari le dit à nos enfants, il leur laissera une mère qui peut venir leur rendre visite, mais qui n'a pas besoin de venir rester avec eux.
Nous apprécions beaucoup le fractionnement du revenu. Cette mesure nous a permis d'épargner un peu, grâce à l'épargne libre d'impôt. Nous sommes donc prêts à assumer les lourdes dépenses qui surviennent invariablement, et nous espérons pouvoir mettre un peu d'argent de côté pour mon avenir.
Ma mère a 104 ans. Je pense qu'il me reste encore peut-être beaucoup d'années à vivre.
Il est impossible d'élever des enfants sans faire d'erreurs, mais il est tellement satisfaisant de pouvoir leur offrir un foyer avec un parent qui est toujours là pour eux et qui n'a pas à subir de pressions extérieures liées au travail. Le fils et la belle-fille de mon amie font d'énormes sacrifices financiers pour être présents au quotidien dans la vie de leurs enfants. Il a un bon revenu brut, et les impôts et les programmes de soutien semblent être fondés sur ce revenu brut, mais cela ne les empêche pas d'avoir du mal à arriver avec leur revenu net.
Je n'ai pas besoin d'un emploi à l'extérieur du foyer pour participer à la vie économique, sociale et démocratique du Canada. Nous élevons des enfants pour qu'ils soient des leaders, qu'ils gèrent bien leurs finances et qu'ils préservent le monde dans lequel ils vivent, qu'ils soient des membres actifs de la société et qu'ils sachent comment ils peuvent influer sur les lois et le gouvernement au Canada. L'éducation que nous donnons à nos enfants nous fait participer pleinement à la vie économique, sociale et démocratique du Canada. Comme je l'ai dit, j'ai eu la chance d'avoir une vie de femme et de mère relativement peu stressante.
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Merci de m'avoir invitée.
Je m'appelle Mary Moody. Je me suis retirée du marché du travail pour élever ma famille. En vous relatant mon histoire, je veux expliquer les raisons pour lesquelles je pense qu'il est important d'encourager les femmes qui souhaitent prendre le temps nécessaire pour faire de la famille leur priorité.
J'ai obtenu mon diplôme d'infirmière autorisée de l'Hôpital général de Vancouver en 1963. J'ai pratiqué dans la salle d'accouchement et dans le service de gynécologie. J'avais d'excellents collègues, et j'ai aimé m'occuper des patients.
J'ai épousé mon mari alors qu'il était interne, et il faisait partie de la marine à la même époque. Après son internat, nous avons été affectés à Comox, sur l'île de Vancouver. J'avais l'intention de reprendre le travail à l'hôpital, mais nous avions quatre enfants de moins de trois ans. Pour être très honnête, nous avons échoué lamentablement au contrôle des naissances. Je me suis alors rendu compte qu'il serait difficile pour moi de retourner au travail pendant un certain temps, et je suis devenue une mère au foyer, avec plein de brassées de lessive à faire. Mon rêve de reprendre ma carrière s'est rapidement estompé.
La période de service de mon mari a pris fin et nous avons déménagé à Richmond, afin que ma mère puisse m'aider avec les enfants. Nous avons toujours voulu vivre et travailler en milieu rural, et nous nous sommes installés à Pemberton. Nous avons fait la navette entre Richmond et Pemberton pendant un an pour voir si ce serait une option viable, en conduisant sur l'autoroute avec quatre jeunes enfants, un chien et un chat — tout un périple avec trois garçons et un chat souffrant du mal des transports. Mes parents étaient horrifiés que nous emmenions leurs petits-enfants en plein Far West — ce qui était effectivement le cas.
Les enfants étaient trop petits pour que je puisse retourner au travail. Comme j'étais à la maison, j'ai pu m'impliquer dans la communauté. J'ai fait du lobbying en vue d'obtenir la première maternelle dans la région, malgré l'opposition d'un membre du conseil qui estimait qu'il s'agissait simplement d'un service de gardiennage glorifié. Je pense que vous devinez tous de quel sexe était cette personne. Pemberton était une collectivité agricole. Les voisins étaient éloignés et les enfants n'avaient donc pas la possibilité de socialiser et d'interagir avec d'autres. La ville avait un magasin d'alcool, mais pas de maternelle. J'ai écrit à un journal de Vancouver pour exprimer mon opinion, et le gouvernement a finalement jugé bon de créer une maternelle.
J'ai participé à des activités scolaires, j'ai accueilli à la maison des enfants venus pratiquer des sports ou jouer dans la fanfare de l'école, et je me suis impliquée dans des ventes de pâtisseries, des journées sportives, etc. Notre petite collectivité avait besoin d'activités parascolaires pour permettre aux enfants de se rencontrer.
Pendant quelques années, j'ai été cheftaine de guides avec qui j'ai fait des excursions de camping et des randonnées pédestres, et j'ai lancé plusieurs programmes pour qu'elles obtiennent des insignes.
Je me suis impliquée dans le club d'équitation. Cela nécessitait beaucoup d'organisation, avec les leçons et les journées de fêtes et leurs courses, leurs rubans, leurs trophées et leur comptoir à friandises. La majorité du village participait à ces fêtes et profitait de ces activités, et nous avions beaucoup de plaisir.
Finalement, je suis retournée travailler à temps partiel au bureau de mon mari. En plus de tenir les livres, j'ai pu utiliser certaines de mes compétences en soins infirmiers — immunisation, soins prénataux, vérification de la tension artérielle, injections contre les allergies, et ainsi de suite. L'incidence du diabète était élevée dans notre région, et nous avons donc organisé des cliniques de sensibilisation. Je cuisinais des échantillons de bons aliments à consommer et je conseillais les participants sur la façon de préparer des repas sains pour les diabétiques.
Nous avons quitté Pemberton parce que mon mari est tombé malade, et il a par la suite accepté un emploi de 9 à 5 à Nelson. Je voulais travailler à l'hôpital local, mais la seule option qui m'était offerte était celle du quart de nuit. Ce n'était pas pour moi; je ne suis pas bonne pour ce genre de travail. J'ai décidé qu'il était temps de changer de carrière. J'ai suivi une formation de courtier immobilier et j'ai passé mes examens à Nelson.
Nous avons ensuite déménagé à Kamloops. Je suis arrivée à Kamloops avec mon permis d'agent immobilier tout neuf et j'ai commencé à travailler immédiatement. Je ne connaissais absolument pas Kamloops et ses environs. Au début, j'ai étudié des cartes de la ville pour repérer les maisons que je faisais visiter et pour savoir où se trouvaient les écoles, les centres communautaires et les églises les plus proches. Un ami m'a ensuite demandé de faire la promotion des projets du centre de villégiature Sun Peaks. J'ai adoré ce travail, qui m'a entre autres permis de faire pas mal de ski.
Comme nous avancions en âge, nous avons fini par penser que nous devrions nous rapprocher de notre famille. Nous nous sommes retrouvés là où nous avions commencé notre vie ensemble, sur l'île de Vancouver.
Maintenant que je suis une aînée, je regrette de ne pas avoir eu une plus longue expérience de travail comme infirmière en milieu hospitalier, car j'ai aimé cet aspect de ma carrière. Je n'ai pas eu la possibilité d'accumuler une pension de retraite au travail ou des prestations plus élevées du RPC. Sur le plan social, j'ai trouvé difficile de ne pas être sur le marché du travail, car j'avais vraiment très peu de liens avec le monde extérieur, surtout lorsque mes enfants étaient très petits.
J'avais peur de ne pas pouvoir avoir une conversation intelligente avec mon mari lorsqu'il rentrait du travail et je trouvais difficile de parler de sujets intéressants avec d'autres adultes. Lorsque nous recevions des gens, j'avais l'impression de ne pas être dans le coup, pour ainsi dire. Nous n'avions pas accès à la télévision ou aux journaux pendant de nombreuses années, alors je me sentais très isolée du monde.
De nos jours, plus de femmes entrent sur le marché du travail pour de nombreuses raisons. Il est peut-être temps que celles qui souhaitent rester à la maison reçoivent une forme d'encouragement et profitent d'incitatifs. On sait que les années formatrices sont de un à quatre ans pour les enfants. Des prestations sont prévues, mais pas pour l'ensemble de cette période. Nous ne sommes pas toutes faites de la même étoffe et, en tant que femmes, nous ne cessons de remettre nos choix en question. Nous avons besoin de sentir que nous faisons quelque chose de valable, et si c'est de rester à la maison avec notre famille et de contribuer à notre communauté, alors nous devrions être satisfaites.
J'ai choisi de rester à la maison avec mes enfants et ma famille. Au départ, ce n'était pas un choix. Je les ai vus grandir et devenir les personnes qu'ils sont aujourd'hui. Nous cultivions nos propres aliments et les enfants participaient aux diverses tâches. Je crois que cela a contribué à leur inculquer un sens des responsabilités et une conscience du monde qui les entoure, en leur donnant de bonnes bases pour le reste de leur vie. Réflexion faite, je peux dire que c'était la meilleure option pour moi.
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Après l'arrivée de trois petits dans notre vie, nous avons constaté que nous avions besoin de plus d'espace pour loger notre famille qui s'agrandissait et nous avons acheté une maison plus grande. Nos vies étaient remplies et occupées. Mon mari s'occupait de la pastorale auprès des jeunes à notre église locale; nous enseignions tous les deux à l'école du dimanche et nos enfants avaient beaucoup d'amis. Lorsque notre quatrième enfant est né, 14 années le séparaient de notre aîné. Nous avions alors un nouveau-né, un enfant à l'école primaire, un au premier cycle du secondaire et un au deuxième cycle. Nous étions encore plus occupés et le coût de la vie augmentait.
Nous n'avions encore qu'un seul revenu, mais j'étais libre de faire du bénévolat régulièrement. Je faisais du porte-à-porte pour recueillir des dons pour divers organismes de bienfaisance. J'ai eu l'occasion de siéger à divers comités scolaires comme des comités consultatifs de parents auprès de l'école et des comités parentaux d'appui à l'école. Le fait de rester à la maison m'a permis de vivre toutes les premières fois avec nos enfants; première dent, premiers pas, premiers bobos, varicelle, oreillons, fêtes d'anniversaire, soirées pyjama, premières sorties, peines d'amour, pique-niques, grasses matinées et vacances. Nous avons participé à des congrès pour les jeunes et à des camps d'été avec nos enfants, en tant que bénévoles et superviseurs. Nous avons gagné nos premières vacances à Walt Disney World en utilisant des bons de réduction à notre pharmacie locale, puis nous avons financé notre deuxième voyage avec de l'argent que j'avais gagné en gardant les enfants d'un collègue de mon mari.
Les finances étaient parfois serrées, mais nous étions heureux. Il coûte cher de subvenir aux besoins d'une famille qui s'agrandit et dont les attentes augmentent, mais nos besoins étaient comblés, et nos désirs le plus souvent aussi. Nous cultivions notre propre jardin, nous congelions nos fruits et légumes et nous nous en servions pour faire des conserves, des marinades et des confitures. Je cousais certains de nos vêtements. Nous avons réduit, réutilisé et recyclé avant même que le slogan ne devienne populaire. L'allaitement et l'utilisation de couches en tissu nous ont permis de réaliser des économies importantes. Le régime d'avantages facultatifs de mon mari représentait un supplément qui était le bienvenu. Avec un seul revenu, nous avons financé des cours de conduite, l'achat de premières voitures, d'appareils orthodontiques, d'équipement de ski, de billets de remontée et même de vêtements de marque pour nos enfants. Nos adolescents gagnaient leur propre argent de poche, et ils n'aimaient pas beaucoup mon petit livre noir, où je consignais tout l'argent emprunté.
Les déductions que nous pouvions faire au titre des REER dans les redoutées déclarations de revenus représentaient un bon supplément. Les obligations achetées grâce à l'épargne-salaire nous ont aidés à payer les dépenses imprévues et les achats de Noël. À 40 ans, je suis devenue grand-mère au foyer et je me suis occupée de mes deux merveilleuses petites-filles. En raison de leur situation financière, leurs mères ne pouvaient pas rester à la maison avec elles à temps plein et elles n'avaient pas les moyens de payer des services de garde.
Lorsque notre plus jeune fils était en 12e année, j'ai commencé à faire du travail occasionnel rémunéré dans nos écoles locales, à la cafétéria et à la bibliothèque. En 2006, on m'a demandé de m'occuper d'un enfant ayant des besoins spéciaux. À ce moment-là, je me suis rendu compte à quel point je ne connaissais pas grand-chose, ce qui fait qu'en 2007, je me suis inscrite à un cours en analyse appliquée du comportement, au College of Extended Learning. Les études postsecondaires étaient une condition préalable à l'admission au cours. Je n'en avais pas fait, mais comme j'avais de bonnes références des écoles où j'avais été bénévole, cette exigence a été levée. À l'âge de 54 ans, je suis entrée pour la première fois dans un amphithéâtre universitaire avec des camarades plus jeunes que mes enfants. La persévérance a porté fruit et, à l'âge de 55 ans, j'ai reçu mon certificat. À l'âge de 59 ans, j'ai finalement obtenu un poste permanent d'adjointe à l'enseignement. J'ai dit plus tôt que j'étais en avance pour mon âge pour certaines choses, mais pas pour celle-là.
À l'approche de ma retraite, j'envisage de partager mon emploi. Toutefois, si je quittais mon emploi, mon mari et moi nous retrouverions avec le fardeau financier supplémentaire de couvrir nos propres coûts d'assurance-maladie, ce qui n'est pas rien. En raison de mon entrée tardive sur le marché du travail rémunéré, je n'ai pas eu le temps de me préparer adéquatement à la retraite en ce qui concerne le RPC ou un régime de retraite indépendant en milieu de travail. Si mon mari n'avait pas bien préparé sa retraite, nous serions dans une situation financière difficile, étant donné que j'envisage de quitter la population active et de renoncer à mon revenu. Oui, il a ses prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada, ainsi que ses FERR, mais qu'en est-il de moi? J'ai aussi des prestations de la Sécurité de la vieillesse, mais si l'on combine les 30 ans que j'ai consacrés à élever des enfants et les cotisations au RPC que j'ai versées depuis mon entrée sur le marché du travail, les prestations auxquelles j'ai droit ne couvrent même pas nos frais médicaux.
J'ai beaucoup de respect pour ces mères pleines de ressources qui réussissent à porter les deux chapeaux, mais n'y a-t-il pas quelque chose que nos dirigeants d'aujourd'hui pourraient faire pour permettre aux enfants de rester à la maison avec leurs mères et faire en sorte que ces dernières soient considérées comme apportant une contribution précieuse au bien-être de ce merveilleux pays que nous appelons le Canada? Qui est mieux placé que les mères qui ont donné naissance aux enfants de notre pays pour les nourrir et les éduquer? Notre petite-fille vient de décider de quitter le marché du travail pour être avec ses enfants, en exploitant sa petite entreprise à la maison. Je lui souhaite beaucoup de succès et je suis confiante que d'ici à ce qu'elle atteigne mon âge et à ce qu'elle prenne sa retraite, il y ait des prestations pour les mères au foyer.
Mon mari et moi avons maintenant inversé nos rôles. Je travaille cinq jours par semaine et il s'occupe de la maison. C'est lui qui fait du bénévolat, qui visite fréquemment les hôpitaux et les foyers pour personnes défavorisées. Il aide le pasteur de notre église. Il y fait du travail administratif et offre des services de pasteur itinérant chaque semaine. Il célèbre des mariages, des funérailles, des baptêmes et des présentations d'enfants, souvent pour des personnes qui n'ont pas d'autres liens avec l'Église. Il organise des collectes de fonds pour des organismes de bienfaisance locaux et pour aider des personnes qui subissent diverses interventions médicales.
C'est un travailleur communautaire très occupé, mais si mes calculs sont exacts, il semble que lorsque nous atteindrons l'âge d'or, sa pension sera beaucoup plus dorée que la mienne.
Merci d'avoir écouté mon histoire.
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Merci beaucoup de votre témoignage. Je dois dire que vous êtes des femmes fantastiques! Ma mère était également mère au foyer. Je suis la deuxième d'une famille de trois enfants. J'ai deux frères: un plus jeune, un plus âgé. J'ai aussi eu le grand plaisir d’avoir une maman au foyer qui s'occupait de la maison. Lorsqu'elle a pris sa retraite à 65 ans, elle n'avait pas droit au RPC ni de cotisations suffisantes au RRQ — je suis du Québec — pour sa retraite, mon père étant le conjoint qui travaillait. Je sais exactement de quoi vous parlez.
Lynn, vous avez mentionné qu'à l’heure actuelle, nous aidons beaucoup plus de mères qui travaillent et qu'il y a beaucoup plus de femmes sur le marché du travail aujourd'hui que par le passé. Je suis mère de deux enfants. Je fais partie de ces femmes précoces. J'ai eu mon premier fils à 20 ans et le deuxième à 21 ans. Ils ont tous les deux quitté la maison et je suis capable de faire ce travail. Nous disposons d'une prestation pour la garde d'enfants versée dans le cadre d'un programme non imposable destiné aux parents désireux de rester à la maison pour élever leur famille, afin de les soutenir à cet égard.
Je sais que nous avons mis en place des systèmes pour permettre aux familles de rester à la maison et de s'occuper des enfants lorsqu'ils sont plus jeunes, mais nous avons aussi augmenté les cotisations au RPC. Nous savons que de plus en plus de gens ne cotisent pas suffisamment au RPC, n'ont pas accès à de bons régimes de retraite privés ou travaillent souvent à contrat.
Nous avons porté ce pourcentage à 33 % des cotisations afin que la prochaine génération puisse cotiser davantage au RPC. Mais vous avez soulevé un point très intéressant. Pour aider les parents qui restent à la maison — et je dirai « parents » parce que nous espérons que certains hommes resteront aussi à la maison avec leurs enfants —, quelles mesures de soutien recommanderiez-vous? Donnez-nous un exemple concret de mesures de soutien que nous pourrions offrir pour reconnaître les contributions d'un conjoint qui reste à la maison pour élever ses enfants. En ce qui concerne le soutien financier que nous recommanderiez-vous de faire pour offrir cette possibilité?
Je tiens à dire, Mary, que je fais également partie d'une famille de militaires, alors je vous félicite, vous et votre famille, d’avoir servi notre pays. Nous célébrons aujourd'hui le 70e anniversaire de l'OTAN. Je veux vous remercier et remercier votre mari pour les services qu'il a rendus au Canada.
Est-ce que l'une d'entre vous peut formuler des suggestions sur ce que nous pourrions faire pour aider à fournir un soutien financier en plus du programme de l'ACE?