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Merci beaucoup. Je suis très heureuse et reconnaissante d'avoir l'occasion de me présenter à vous au nom du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Je m'appelle Ruth Halperin-Kaddari et je suis vice-présidente du Comité. J'ai participé au plus récent examen du Canada par le Comité.
Le Comité est l'organe d'experts indépendants qui surveille la mise en oeuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Le Comité est composé de 23 experts des droits de la femme élus pour un mandat de quatre ans par les États parties, parmi leurs ressortissants, et qui exercent leurs fonctions à titre personnel, selon le principe d'une répartition géographique équitable et d'une représentation des différentes civilisations et des principaux systèmes juridiques.
Les États parties à la Convention sont tenus de présenter au Comité, à intervalles réguliers, des rapports sur la mise en œuvre des droits consacrés par la Convention. Durant chacune de ses sessions, le Comité examine chaque rapport et fait part de ses préoccupations et de ses recommandations à l’État partie sous la forme d’« observations finales ».
En vertu du Protocole facultatif à la Convention, le Comité est habilité, dans un premier temps, à examiner des communications émanant de particuliers ou de groupes de particuliers qui se disent victimes d’une violation des droits protégés par la Convention, et, dans un deuxième temps, à mener des enquêtes sur des violations graves ou systématiques des droits de la femme. Ces mécanismes sont facultatifs et ne concernent que les États parties au protocole. Comme vous le savez, le Canada a en effet ratifié le protocole optionnel, et le Comité a mené une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada. Nous avons publié notre rapport en 2015.
Lors de sa 65e session, qui s’est tenue en novembre dernier, le Comité a examiné les huitième et neuvième rapports périodiques du Canada et exprimé pendant l’échange avec la délégation canadienne plusieurs préoccupations directement liées aux travaux du Comité permanent et à son étude sur la sécurité économique des femmes. Je tiens à insister sur le fait que le dialogue, les préoccupations que nous avons soulevées et les observations finales sont tous fondés sur des renseignements que le Comité a reçus, de la délégation officielle, du rapport officiel de l'État et des réponses à la liste des enjeux et des questions, ainsi que sur des renseignements reçus de la société civile et d'ONG internationales.
En ce qui concerne l’autonomisation économique des femmes, le Comité a relevé qu’une stratégie nationale de réduction de la pauvreté et une stratégie nationale du logement étaient en cours d’élaboration. Néanmoins, il s’est dit préoccupé par le fait que les problèmes de pauvreté, d’itinérance et de faim au Canada restent considérables chez les femmes, surtout les Autochtones, les Afro-Canadiennes, les immigrantes, les femmes handicapées, les aînées et les célibataires. Il s’est aussi dit inquiet de la grave pénurie de logements actuelle, en particulier dans les collectivités autochtones, et du coût élevé des loyers et des répercussions chez les femmes, surtout les mères à faible revenu.
Au sujet de l’emploi, le Comité s’est montré préoccupé par l’écart salarial persistant entre hommes et femmes, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, ce qui a des conséquences négatives sur l’avancement professionnel et les prestations de retraite des femmes; par l’absence de mesures législatives efficaces fondées sur le principe d’une même rémunération pour un travail de valeur égale à l'échelon fédéral, même dans le secteur public, étant donné que la Loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public de 2009 n’a donné aucun résultat; par le manque d’une telle loi dans le secteur privé de la plupart des provinces et territoires, comme l’a relevé l’Organisation internationale du Travail à plusieurs reprises.
Il s’est aussi dit inquiet des problèmes suivants: la ségrégation professionnelle horizontale et verticale continuelle et la concentration de femmes dans les emplois à temps partiel et faiblement rémunérés, ce qui est souvent attribuable à leurs responsabilités parallèles traditionnelles liées aux soins et à l’éducation des enfants, ainsi que le manque de services de garde abordables et la faible utilisation des congés parentaux par les pères.
De plus, il s’est dit inquiet de l’accès restreint au marché du travail pour les Autochtones, les Afro-Canadiennes, les migrantes, les réfugiées et demandeuses d’asile ainsi que les femmes handicapées; de la pratique qui consiste à délivrer des permis de travail pour un employeur précis, ce qui empêche les travailleuses migrantes, notamment les aidantes, de se sortir aisément de situations d’emploi qui relèvent de l’exploitation.
Le Comité a aussi examiné les principales causes de la violence et de la discrimination contre les femmes autochtones et exprimé sa préoccupation au sujet du fait que ces femmes souffrent toujours de nombreuses formes de discrimination, en particulier pour l’accès à l’emploi, au logement, à l’éducation et aux soins de santé; elles continuent en effet de vivre dans la pauvreté au Canada, comme le montrent les taux de pauvreté élevés, les problèmes de santé, les logements inadéquats, l’absence d’accès à une eau potable et les faibles taux de réussite scolaire. Il s’est aussi dit préoccupé par la faible participation des femmes autochtones sur le marché du travail, en particulier dans les postes de responsabilité et postes décisionnels, par les taux de chômage démesurément élevés et les salaires moindres de celles-ci par rapport aux hommes et aux femmes non autochtones, ainsi que par l’absence d’une stratégie ou d’un plan cohérent visant à améliorer les conditions socioéconomiques des collectivités autochtones, en particulier les femmes autochtones, pour lutter contre les causes fondamentales de leur vulnérabilité à la violence. Le lien et l'interaction entre la vulnérabilité économique et l'exposition à la violence sont, bien sûr, évidents.
En ce qui concerne l’accès au système judiciaire, qui est essentiel pour garantir la protection des droits sociaux et économiques des femmes, le Comité a exprimé son inquiétude au sujet du fait que les programmes d’aide juridique en matière civile, dont l’appui financier a diminué au cours des 20 dernières années, sont devenus de moins en moins accessibles, en particulier pour les femmes, qui en sont les principales utilisatrices.
Le Comité se préoccupe aussi du fait que des évaluations de l’état du revenu servent à restreindre l’admissibilité à l’aide juridique en matière civile de femmes qui vivent bien en deçà du seuil de pauvreté et peuvent être privées d’une représentation ou de services juridiques; que peu d’information soit diffusée sur le Programme de contestation judiciaire rétabli récemment — qui sert à financer les causes juridiques types sur l’égalité et qui sera étendu aux demandes en vertu de l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés afin d’englober les problèmes d’égalité sociale et économique liés à la pauvreté —, à savoir s’il permettra le financement des contestations concernant les droits à l’égalité aux termes des lois provinciales, territoriales et fédérales et si sa structure communautaire sera conservée.
En ce qui a trait aux mariages et aux relations familiales, le Comité s’est dit préoccupé par le fait que la nouvelle Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux ne s’applique pas aux réserves des Premières Nations qui ont adopté leurs propres lois sur les biens patrimoniaux en vertu de cette dernière ou de la Loi sur la gestion des terres des Premières nations de 1999.
Par conséquent, le Comité a formulé un certain nombre de recommandations à l'intention du Canada, recommandations qui pourraient constituer une feuille de route visant à favoriser l'autonomisation des femmes et à renforcer leur sécurité économique. Conformément à nos procédures de suivi, nous avons demandé que le Canada fournisse par écrit, dans un délai de deux ans, des renseignements sur les mesures prises pour mettre en oeuvre les recommandations formulées aux paragraphes 21 et 27 des observations finales, qui concernent le renforcement du dispositif national pour l'avancement des femmes et l'élaboration d'un plan coordonné de surveillance de l'application des 37 recommandations formulées par le Comité dans son rapport d'enquête, que j'ai déjà mentionnées, sur les femmes autochtones disparues et assassinées.
Lorsque nous poursuivrons la conversation, je pourrai présenter quelques statistiques comparatives liées à la situation économique des femmes au Canada, mais, madame la présidente, je pense que je vais m'arrêter ici.
Merci.
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Merci de me fournir l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui et de soutenir l'étude de la sécurité économique des femmes au Canada. Je comparais au nom de la Calgary Immigrant Women's Association, et mes commentaires seront alignés sur le mandat de l'organisme qui consiste à soutenir les nouvelles immigrantes au Canada, particulièrement à Calgary, et les défis particuliers auxquelles elles font face relativement à l'étude.
Nous sommes le plus grand organisme d'établissement au Canada dont le mandat est sexospécifique. Notre mission est de mobiliser toutes les immigrantes qui viennent à Calgary et de soutenir l'intégration réussie de leur famille. La CIWA fournit chaque année des services à environ 15 000 clientes, qui proviennent de 100 cultures et pays différents. Nos services et nos programmes holistiques et adaptés sont fournis dans des bureaux de la CIWA situés dans 99 emplacements communautaires, à Calgary.
Nous offrons plus de 50 programmes et services dans les domaines de l'intégration et de l'établissement, de l'alphabétisation et de la formation linguistique, de l'orientation familiale et individuelle, de l'engagement civique, des cliniques juridiques et fiscales, de la santé, du logement et du développement communautaire.
Bien qu'une bonne partie des enjeux de l'équité et de l'égalité des femmes au Canada figurent au premier plan dans notre discours social continu, la disparité s'est accentuée chez les immigrantes et les réfugiées. D'après Statistique Canada, les immigrantes ont des taux d'emploi inférieurs, occupent surtout des postes à temps partiel ou sont sous-employées et sont désavantagées sur le plan salarial par rapport aux femmes nées au Canada, même si elles ont des niveaux d'éducation et d'expérience comparables. Il leur faut plus de temps que les hommes immigrants pour atteindre le niveau de participation au marché du travail des personnes nées au Canada.
Il y a beaucoup de recherche et de spéculation au sujet des causes de l'iniquité et de l'inégalité auxquelles font face les immigrantes et les réfugiées, particulièrement du rôle de reconnaissance, par la classe politique et les entreprises, des titres de compétence étrangers et des compétences linguistiques en anglais ou en français.
Même si les titres de compétence étrangers et les compétences linguistiques sont et vont continuer d'être des gardiens puissants de l'intégration réussie et de la prospérité économique, ils n'illustrent pas la complexité des obstacles auxquels sont confrontées de nombreuses immigrantes et réfugiées.
Notre approche au moment de tenir compte de la sécurité économique des immigrantes que nous servons est fondée sur deux groupes de clientes distincts: les immigrantes formées professionnellement et les immigrantes ayant reçu une éducation limitée ou dont les études ont été interrompues dans leur pays d'origine. Pour les deux groupes, nous avons adapté nos approches, mis à l'essai des pratiques exemplaires novatrices et obtenu des résultats économiques impressionnants au fil des ans, en plus d'un rendement social des investissements éprouvé, ainsi que de l'intégration et de la participation sociale réussies. Nous offrons des mesures de soutien équitables et justes pour nous assurer que toutes les immigrantes qui se présentent à nous ont accès à des mesures d'aide à l'emploi pour atteindre leurs buts et concrétiser leurs rêves au Canada.
On retrouve des points communs et des différences dans les obstacles auxquels les immigrantes professionnelles et celles ayant des études limitées font face. De mon mince point de vue personnel, de nombreuses familles immigrantes souffrent de transformations énormes dans la dynamique familiale et de l'augmentation des responsabilités familiales dès leur arrivée au Canada.
Peu importe leurs antécédents, les familles d'immigrantes et de réfugiées ont abandonné leur réseau social dans leur pays d'origine et sont confrontées à des pressions accrues pour créer un environnement stable et soutenir l'intégration de leurs enfants, une condition étant la capacité parentale de réussir à s'intégrer dans le milieu du travail.
Un autre phénomène que nous avons constaté à répétition, c'est ce que nous appelons le renversement des rôles. Il s'agit de l'augmentation des pressions exercées sur les femmes pour qu'elles subviennent aux besoins de la famille, compte tenu des défis en matière d'intégration que vivent leurs époux, en plus de devoir élever leurs enfants et s'occuper d'eux, même si elles ne travaillaient peut-être pas dans leur pays d'origine.
Enfin, cette restructuration de l'unité familiale à leur arrivée au Canada et les pressions socioéconomiques de l'immigration sont liées à l'augmentation du nombre de cas de violence familiale dans des familles de nouvelles arrivantes et de réfugiées.
Une question qui touche les deux groupes de femmes est l'accès à des services de garde abordables, de sorte qu'elles puissent travailler. Même s'il y a en place des subventions pour aider les familles ayant besoin de services de garde abordables, souvent, il peut être difficile de trouver un service de garde. L'accessibilité à des services de garde les soirs et les fins de semaine est une question particulièrement difficile, parce que certaines des femmes que nous avons sondées ont exprimé le désir de faire n'importe quel travail, comme du ménage ou du travail dans le domaine alimentaire, n'importe où, mais bon nombre de ces emplois supposent des quarts de travail en soirée et des heures irrégulières.
Comme nous le savons tous, de nombreuses entreprises réduisent les coûts de façon importante en offrant des emplois à temps partiel. D'une part, cela fonctionne pour certaines femmes, si l'on tient compte du fait que les heures offertes s'harmonisent avec leurs besoins en matière de garde d'enfants, mais, d'autre part, cela accentue les pressions économiques pour celles qui n'ont pas accès à tous les avantages.
Pour les immigrantes professionnelles au Canada, la nécessité d'aller chercher leurs enfants avant la fermeture du service de garde ou de s'occuper d'un enfant malade peut influencer la façon dont l'entreprise pour laquelle elles travaillent perçoit leur engagement.
Nous avons 13 programmes de transition. Nous travaillons avec nos bailleurs de fonds pour couvrir les coûts des services de garde et, s'il y a lieu, des programmes à long terme et des allocations de subsistance, de sorte que nos clientes puissent se concentrer sur l'apprentissage et le perfectionnement de compétences afin de réussir à obtenir un emploi. Cela augmente de façon importante le coût de la prestation des programmes, ce qui peut agir d'élément de dissuasion pour les gouvernements et d'autres organismes de financement que nous approchons. Toutefois, la vitesse de leur transition vers le milieu de travail et les taux de maintien de l'effectif justifient cet investissement. Elles constituent un exemple de pratique exemplaire. Nous amenons au pays des professionnels qui souhaitent travailler et qui s'attendent à le faire, et nous devrions donc soutenir la transition des hommes et des femmes vers le marché du travail. Plus de 2 milliards de dollars sont perdus chaque année en raison de la sous-utilisation des compétences des immigrants au Canada.
Les emplois de transition peuvent être rentables et efficaces, pour les immigrantes non seulement formées professionnellement, mais aussi pour celles ayant une éducation limitée. Je vais vous donner un exemple. Un des programmes les plus novateurs que nous avons à la CIWA est la formation en garde d'enfants pour les immigrantes peu alphabétisées. C'est un programme à temps plein qui dure 11 mois. Il permet à des immigrantes ayant une éducation limitée, qui sont souvent classifiées comme n'étant pas en mesure de travailler au Canada en raison d'un manque d'éducation, de compétences et de formation, de faire la transition vers le marché du travail.
Au cours des neuf dernières années, les femmes de ce programme ont été en mesure de s'épanouir et d'obtenir une attestation d'emploi en tant qu'auxiliaires de garderie. Certaines ont lancé leur propre service de garde à domicile. Au fil des ans, les taux d'emploi et de maintien sont de 93 %. Leur employeur ne jure que par elles. Les coûts importants que supposent des programmes comme celui-là, soit les services de garde et les allocations de subsistance pour la durée du programme, se justifient facilement. Les économies à long terme qui en découlent sont encore plus importantes. Environ 180 clientes, au fil des ans, ont obtenu un emploi et ont payé des impôts. Sans ce programme, la majorité de celles-ci dépendraient des services sociaux.
Nous avons eu la chance de travailler avec des bailleurs de fonds dans des ministères particuliers qui reconnaissent des besoins semblables. Dans l'ensemble, il doit y avoir, à long terme, une acceptation et une reconnaissance des résultats que les investissements à court terme chez des personnes vulnérables prêtes à travailler peuvent produire.
Pour terminer, j'aimerais mentionner le rôle des établissements d'enseignement postsecondaire dans la transition des immigrantes et des réfugiées vers le marché de l'emploi. Le cheminement typique par rapport à l'emploi pour les nouvelles arrivantes, et particulièrement pour les professionnelles, est de suivre la formation linguistique requise pour leur profession, puis de faire la transition vers un perfectionnement scolaire qui peut les amener, par chance, vers leur domaine d'expertise.
Pour de nombreuses immigrantes professionnelles, il y a une fausse conception selon laquelle les études canadiennes vont faire avancer leur carrière, et elles investissent donc du temps et des ressources pour suivre une nouvelle formation. Souvent, elles le font au niveau de la maîtrise. Cependant, le vrai obstacle, ce sont les débouchés au sein de leur domaine; c'est ce qui leur manque. Lorsqu'elles terminent des cours universitaires, de nombreuses immigrantes professionnelles acceptent des emplois de premier échelon, des emplois de survie dans un domaine complètement différent de leur expérience professionnelle. Elles ne sont jamais en mesure de faire la transition vers leur profession originale, parce que leur expérience canadienne figurant sur leur curriculum vitae les confine plutôt dans des postes de l'industrie de survie.
Les occasions ne se bousculent pas à la porte pour les immigrantes professionnelles, même une fois qu'elles ont réussi leur perfectionnement scolaire au Canada. Nos programmes de transition sont offerts en partenariat avec des employeurs. Nous obtenons des placements d'emploi pour nos clientes pour une période allant 14 à 20 semaines. Bon nombre de nos clientes sont embauchées par les employeurs avec lesquels nous travaillons, et les employeurs continuent de travailler avec nous parce que c'est une bonne option d'embauche — et peu coûteuse — pour eux.
Les femmes immigrantes qui ont une éducation limitée se trouvent devant des options et des expériences encore plus difficiles et déroutantes pour ce qui est des établissements d'enseignement et des pratiques d'embauche de l'industrie. En tant que société, nous avons tendance à valoriser les connaissances universitaires et les modèles d'apprentissage classiques et à négliger l'importance du perfectionnement des compétences, qui dépend de l'acquisition de compétences et de la capacité de mener à bien la tâche requise dans un emploi particulier.
Je vais revenir sur le programme de formation en garde d'enfants déjà mentionné.
Je vous ai dit que nous étions le plus grand organisme d'établissement à vocation sexospécifique du Canada. L'évaluation des besoins, c'est quelque chose qui a bien fonctionné, à Calgary, et c'est grâce aux investissements que nous avions demandés au gouvernement fédéral. Il est certain que la plus grande partie de notre financement, pour le portefeuille de l'immigration, vient du gouvernement fédéral, y compris de Condition féminine.
Notre organisme a réussi à communiquer avec les représentants du gouvernement et à leur expliquer qu'il faut adapter, et j'insisterais sur le mot « adapter », les approches utilisées pour aider les femmes immigrantes, parce que cela accélère leur intégration.
J'ai aussi mentionné que nous avions 13 programmes de transition, ce qui est probablement le plus grand nombre de programmes de ce genre qu'un organisme d'établissement canadien peut offrir. Ça s'est très bien passé. Nous avons reçu un soutien extraordinaire du gouvernement fédéral, pour nos services.
De toute évidence, nous avons besoin tous les jours de bien plus d'investissements dans nos services, mais il faudrait que toutes les villes et tous les grands centres qui reçoivent des immigrants soient dotés de services similaires, qu'ils soient offerts par des organismes qui n'offrent leurs services qu'aux seules femmes ou par des organismes offrant déjà des services d'établissement qui ajoutent des volets ciblant les femmes.
On a beaucoup parlé du rôle des universités et du travail qu'elles font pour compléter ce que font déjà les organismes d'établissement. C'est un autre aspect qui mériterait une analyse un peu plus approfondie, de façon que cet effort de collaboration donne des résultats concrets et assure le rendement social des investissements.
Il est absolument essentiel de s'occuper des services de garde d'enfants et d'investir davantage dans les services de garde auxquels font appel les femmes immigrantes lorsqu'elles étudient, étant donné qu'elles ne peuvent pas compter sur des aidants naturels au Canada. Leurs mères, leurs grands-mères, leurs tantes et leurs oncles ne sont pas là pour les aider. L'accès aux services de garde est absolument vital si l'on veut assurer la réussite de l'intégration des femmes immigrantes, dans toutes les régions du Canada.
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Merci, madame la présidente.
Je souhaite le bonjour à tout le monde et aux honorables membres du Comité. Je m'appelle Frances McRae, je suis sous-ministre adjointe et je m'occupe des services axés sur le marché, le tourisme et la petite entreprise pour le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada. On l'appelle pour abréger ISDE.
[Français]
En français, l'organisme s'appelle Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ou ISDE.
En février dernier, ma prédécesseure, Mme Shereen Benzvy Miller, a expliqué à ce comité de quelle façon notre ministère appuie l'autonomisation économique des femmes. J'ai le plaisir de faire le point avec vous, aujourd'hui, sur les activités d'ISDE depuis notre dernière comparution.
[Traduction]
Le Canada est un chef de file mondial sur la question de l'égalité entre les sexes, mais, comme vous le savez très bien, nous avons quand même quelques défis à relever en ce qui concerne l'avancement économique des femmes. Je vais vous expliquer rapidement comment nous envisageons la situation des petites et moyennes entreprises et des femmes entrepreneures.
Pour commencer, voici quelques faits. Seulement 15,7 % environ des petites et moyennes entreprises, des PME, appartiennent en majorité à des femmes, par rapport à 64,6 % d'entreprises qui appartiennent en majorité à des hommes. Vous avez peut-être eu connaissance d'une enquête récente réalisée par une nouvelle entreprise, MoveTheDial/MaRS Discovery District auprès de plus de 900 entreprises canadiennes du domaine de la technologie; l'enquête a révélé que les femmes [traduction] « ne comptent que pour 5 % des PDG et 13 % des cadres, pendant que plus de la moitié — 53 % — des entreprises technologiques ne comptent aucune femme au sein de leur direction. En moyenne, les femmes occupent 8 % des postes de direction, pendant que 73 % des entreprises ne comptent aucune femme à leur conseil d'administration. »
Une étude réalisée en juin 2017 par le McKinsey Global Institute, que vous connaissez certainement, a révélé qu'une meilleure représentation des femmes dans la main-d'oeuvre d'ici 2026 pouvait faire croître le PIB du Canada de 150 milliards de dollars.
[Français]
Comme vous le savez, l'autonomisation économique des Canadiennes est un élément clé de la prospérité économique du Canada, ce qui a été souligné dans le budget de 2017.
[Traduction]
On reconnaît de plus en plus que les femmes entrepreneures sont une source clé de création d'emplois et de promotion de l'égalité des femmes. Nous avons jugé utile de concevoir l'entrepreneuriat des femmes et des femmes en affaires comme un continuum. Les femmes se développent au rythme de leur parcours dans l'entrepreneuriat; ce sont d'abord de jeunes filles et de jeunes femmes qui doivent être exposées à l'entrepreneuriat et aux débouchés dans les domaines des STGM, les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques, comme vous le savez bien, et elles doivent avoir accès à du financement, à du soutien aux entreprises et à un mentorat si elles veulent se lancer en affaires et assurer la croissance de leur entreprise. À l'autre bout du continuum, il y a les femmes chefs et propriétaires d'entreprises qui veulent des possibilités d'approvisionnement et d'exportation, des programmes de perfectionnement du leadership et un accès aux conseils d'administration.
J'aimerais vous présenter un aperçu des activités que ISDE soutient pour aider les femmes dans ce parcours.
Si je reprends l'exemple du continuum, la première étape, c'est l'exposition à l'entrepreneuriat et aux domaines des STGM. Dans le cadre du programme CodeCan, par exemple, nous allons investir 50 millions de dollars sur deux ans, à compter de 2017-2018, pour appuyer les programmes de perfectionnement en programmation et en compétence numérique s'adressant aux jeunes filles et aux jeunes du Canada.
À une autre étape du continuum, les femmes bénéficient grandement d'une formation de soutien sur les compétences en affaires. Par exemple, les organismes de développement régional, qui relèvent du portefeuille d'ISDE, financent partout au pays le perfectionnement des femmes entrepreneures et les programmes de formation en affaires axés sur les femmes.
[Français]
Les femmes ont aussi besoin de financement pour lancer leurs entreprises et les faire croître. Par exemple, nous avons déjà mentionné lors de notre dernière comparution que la Banque de développement du Canada, ou BDC, s'était engagée à investir 700 millions de dollars d'ici 2018 dans des entreprises appartenant à des femmes.
La BDC a dépassé cet engagement. En date du 30 septembre 2017, 809 millions de dollars ont été autorisés sur une période de 30 mois. Nous avons dont dépassé le seuil que la Banque avait fixé, soit 700 millions de dollars. Le portefeuille d'entreprises majoritairement détenues par des femmes à la BDC compte maintenant 4 744 clients, soit une croissance de 41 % depuis le début de l'initiative.
[Traduction]
Annoncé en novembre 2016, le fonds Femmes en technologie de la BDC versera 50 millions de dollars de capital de risque et de croissance à des entreprises dirigées par des femmes et ciblera les entreprises en démarrage et les entreprises en croissance.
La BDC versera aussi 400 millions de dollars dans le cadre de la nouvelle Initiative de catalyse du capital de risque annoncée dans le budget de 2017. L'objectif est d'offrir du capital de risque aux entrepreneurs canadiens, ce qui comprend, évidemment, les femmes entrepreneures.
La BDC a également créé des partenariats. Le Centre d'entreprises des femmes du Manitoba consent des prêts pouvant atteindre 150 000 $, et, grâce à une nouvelle entente de prêts conjoints conclue en juin 2017 avec le Centre, la BDC offrira 100 000 $ de plus aux entreprises qui ont besoin de plus de capital.
Pour finir, la BDC a aussi entrepris un examen complet des services qu'elle offre aux femmes entrepreneures. Elle prévoit publier sous peu ses conclusions.
À mesure que les femmes progressent sur le chemin de la croissance, et je parle surtout des femmes qui arrivent à une étape de forte croissance, leurs besoins deviennent plus complexes. Comme tous les entrepreneurs, elles ont besoin d'avoir accès à des mentors chevronnés du milieu des affaires et à des mesures d'aide ciblées. Je vais vous donner quelques exemples de l'appui que fournit ISDE aux organisations qui aident les entreprises appartenant à des femmes à croître.
[Français]
Il y a, par exemple, Futurpreneur, qui a offert une formation en affaires et un mentorat obligatoire à plus de 400 jeunes femmes entrepreneures l'an dernier.
[Traduction]
Fierce Founders, un accélérateur technologique de Waterloo faisant partie du centre d'innovation privé Communitech et financé par FedDev Ontario, a pour objectif d'offrir du financement de démarrage et du mentorat aux entreprises dirigées par des femmes. Depuis le lancement du programme en 2014, Communitech a constaté une augmentation du nombre de femmes engagées dans ses services de démarrage, et compte maintenant 25,9 % d'entreprises en démarrage avec au moins une fondatrice.
Nous cherchons également à appuyer les femmes dont l'entreprise est bien établie et rendue aux dernières étapes du continuum — et je vais y revenir brièvement — en les aidant à accroître leurs activités d'exportation et à trouver des occasions d'approvisionnement. Par exemple, ISDE a lancé récemment le programme d'approvisionnement Solutions innovatrices Canada, annoncé dans le budget de 2017. Pour maximiser l'inclusion économique, des mesures précises seront prises pour favoriser l'approvisionnement de groupes sous-représentés, y compris les femmes.
Le gouvernement a aussi pris des mesures pour augmenter le nombre de femmes au sein des conseils d'administration et des équipes de la haute direction. Le projet de loi , qui est à l'étape de deuxième lecture au Sénat, exigerait des sociétés cotées en bourse en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions qu'elles divulguent de l'information sur la parité au sein de leurs conseils et de leur haute direction.
Enfin, j'aimerais mentionner une initiative qui permettra, selon nous, de formuler des recommandations à chacune des étapes. Vous vous rappellerez qu'en février 2017, le et le président Trump ont annoncé la création du Conseil canado-américain pour l'avancement des femmes entrepreneures et chefs d'entreprises. Ce conseil s'articule autour de cinq piliers, soit accroître le nombre de femmes dans le domaine des STGM, encourager les femmes à lancer une entreprise, contribuer à la croissance des entreprises appartenant à des femmes, faciliter l'accès des femmes au capital et faire la promotion des femmes en tant que leaders dans le secteur privé. Ces piliers correspondent aux domaines prioritaires d'ISDE visant à appuyer les femmes entrepreneures, et nous nous attendons à obtenir des recommandations au cours des prochains mois.
[Français]
Pour terminer, je dirai que le Canada est un chef de file mondial en matière d'égalité des sexes. Cela étant dit, il reste du travail à faire.
[Traduction]
Le gouvernement appuie les femmes aux différentes étapes du continuum, mais nous savons que nous devons continuer de déployer des efforts en ce sens avec d'autres ministères et intervenants.
Je vous remercie de votre attention.
J'ai seulement quelques commentaires, et j'aurai peut-être l'occasion de poser une question plus tard.
Je crois que mon point est très important. J'ai travaillé dans le domaine des mathématiques et des sciences. J'ai enseigné les mathématiques et la physique au secondaire pendant 34 ans. La discussion doit traiter des nouvelles occasions, du code et de tout ce qui a été décrit. Ce sont les choses qui... Je me souviens de l'époque à laquelle j'ai commencé, avant l'arrivée de Bill Gates.
Il y a de nombreux aspects différents, et les choses changent dans le domaine de l'éducation. Un des points essentiels en ce moment, c'est que de plus en plus de gens trouvent des façons de travailler à domicile, et, vu les technologies perturbatrices qui nous entourent, ceux qui réussissent à suivre cette nouvelle vague sont ceux qui vont exceller.
Mon épouse a toujours été tellement plus brillante que moi, et je m'assurais toujours qu'elle participe à toutes nos décisions d'affaires.
Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps, car je remplace quelqu'un. Je vais peut-être intervenir plus tard.
Je crois que nous avons intérêt à nous pencher surtout sur le mentorat. Avez-vous entendu des commentaires sur des problèmes ou des solutions de mentorat dans l'industrie jusqu'à maintenant?