Bienvenue à la 130e réunion du Comité permanent du commerce international.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 23 septembre 2024, le Comité reprend son étude des faits récents concernant le différend commercial entre le Canada et les États-Unis sur le bois d'œuvre — comme il se doit.
Nous accueillons aujourd'hui Kevin Lee, directeur général de l'Association canadienne des constructeurs d'habitations, et Derek Nighbor, président-directeur général de l'Association des produits forestiers du Canada. Par vidéoconférence, nous accueillons Lana Payne, présidente nationale d'Unifor. Je suis heureuse de vous revoir, madame Payne.
Bienvenue à tous.
Nous allons commencer par M. Lee, qui fera une déclaration préliminaire de cinq minutes, s'il vous plaît.
Je suis heureux de vous présenter le point de vue de l'Association canadienne des constructeurs d'habitations sur votre étude.
Comme je suis ici au nom de l'ACCH et de nos 8 500 entreprises membres d'un océan à l'autre, je vais me concentrer sur l'incidence du différend sur le bois d'œuvre sur l'industrie de la construction résidentielle. Cependant, bien sûr, cela ne touche pas seulement l'industrie, mais aussi tous les Canadiens. Comme vous le savez, nous sommes en pleine crise du logement. Pour faire face à cette crise, le gouvernement fédéral a estimé qu'afin de rétablir l'abordabilité des logements, il faudra en construire 5,8 millions au cours de la prochaine décennie, et cela exigera beaucoup de bois d'œuvre.
Pendant la pandémie, les prix du bois d'œuvre ont monté en flèche, et il y a eu une pénurie de bois d'œuvre. Bien que les prix aient chuté par rapport à ces sommets records, ils ne sont toujours pas revenus aux niveaux d'avant la pandémie. En fait, toute volatilité dans l'industrie du bois d'œuvre a une incidence sur la construction résidentielle, ce qui augmente les coûts pour les constructeurs et les rénovateurs, retarde les périodes de construction et d'achèvement, et exacerbe les problèmes d'abordabilité pour les consommateurs.
Selon l'indice du marché de l'habitation de l'ACCH, un indicateur avancé de la santé actuelle et future de l'industrie de la construction résidentielle, nos résultats du troisième trimestre de 2024 montrent que, pour une maison de 2 400 pieds carrés, les coûts du bois d'œuvre sont toujours d'environ 26 000 $ supérieurs à ce qu'ils étaient avant la pandémie. En même temps, les autres matériaux de construction ont augmenté alors que le coût du bois d'œuvre diminuait, et les taux normaux d'inflation pour les matériaux de construction continuent d'aggraver les augmentations de coûts, érodant encore davantage l'abordabilité des logements.
Au sud de la frontière, aux États-Unis, la flambée des prix du bois d'œuvre a été aggravée par les tarifs que les États-Unis ont imposés sur le bois d'œuvre canadien. Notre homologue américain, la National Association of Home Builders, la NAHB, continue de lutter contre ces tarifs, compte tenu de leurs répercussions sur les coûts de construction aux États-Unis. La NAHB continue de demander au gouvernement américain de suspendre les tarifs sur les importations de bois d'œuvre canadien et d'entamer immédiatement des négociations avec le Canada sur un nouvel accord sur le bois d'œuvre résineux qui éliminera complètement ces tarifs.
Pendant que le différend perdure, l'ACCH demande au gouvernement fédéral d'appuyer la chaîne d'approvisionnement du bois d'œuvre afin de maximiser la sécurité de l'approvisionnement, la production et la livraison et, bien sûr, de trouver une solution rapide à ce différend commercial qui sert les intérêts du Canada, ce qui, bien que difficile dans les circonstances, est primordial.
L'ACCH demande également que le gouvernement travaille avec les producteurs de bois d'œuvre canadiens pour maintenir et, à l'avenir, accroître la production en collaborant avec les autres ordres de gouvernement afin d'assurer un accès plus réactif et certain aux matières premières. Nous encourageons la poursuite de la collaboration avec l'industrie du bois d'œuvre sur des questions clés visant à assurer un approvisionnement durable en bois d'œuvre pour la fibre canadienne.
Il est également important de comprendre que l'industrie du bois d'œuvre a besoin de liquidités pour survivre à cette période tarifaire, et que le gouvernement fédéral a probablement un rôle à jouer à cet égard. Cependant, nous laisserons à nos collègues de l'industrie du bois d'œuvre le soin de vous fournir des détails, et je me réjouis donc de voir que M. Derek Nighbor, de l'APFC, est ici aujourd'hui.
Il est également important de reconnaître que toutes les industries, y compris celles du bois d'œuvre et de la construction résidentielle, font face à des formalités administratives de plus en plus excessives. Le milieu des affaires au Canada est de plus en plus lassé de l'augmentation constante de la paperasserie, de la réglementation et de la bureaucratie, et cette lassitude pousse les entreprises à transférer des capitaux ailleurs. En ce qui concerne l'industrie du bois d'œuvre, elle investit dans d'autres pays. Pour ce qui est de la construction résidentielle, les investisseurs se tournent vers d'autres pays qui offrent des possibilités plus intéressantes pour les logements construits spécialement pour la location, et même pour les condos et l'aménagement de terrains, plutôt que le Canada. Nous avons besoin de cet argent pour construire les 5,8 millions de logements dont le Canada a besoin et, à cette fin, nous avons besoin d'une simplification de la réglementation.
En ce qui concerne la construction résidentielle, le gouvernement fédéral vient de lancer une consultation sur un projet de taxe sur les terrains vacants. Ce concept montre une incompréhension évidente des réalités du secteur de l'aménagement de terrains et de la construction résidentielle, et c'est un exemple de réglementation inefficace qui pourrait coûter très cher aux propriétaires et aux acheteurs de maison à l'avenir. Nous devons aussi alléger toute la bureaucratie qui empêche de construire plus de logements en général. Il y a quelques bonnes initiatives en matière de changement de politique, ce qui est bien, mais il en faudra davantage.
La construction de plus de logements signifie une plus grande utilisation de bois d'œuvre canadien, ce qui est une bonne chose, mais je dois ajouter que la tendance à construire de plus en plus de bâtiments de taille moyenne et de grande hauteur ne correspond pas nécessairement à la même augmentation de l'utilisation du bois d'œuvre. Même si nous commençons à intégrer les bâtiments en bois de grande hauteur dans les codes du bâtiment, nous devons trouver un moyen de rendre le bois plus concurrentiel sur le plan des coûts. En l'absence d'une meilleure compétitivité des coûts, l'acier et le béton continueront de dominer les constructions de grande hauteur. Nous devons également favoriser la construction de plus d'immeubles de faible hauteur, qui peuvent quand même avoir une densité élevée. Ils sont construits principalement en bois, et c'est le type de logement que la plupart des Canadiens préfèrent.
L'incertitude qui persiste entre le Canada et les États-Unis au sujet du différend sur le bois d'œuvre peut avoir des répercussions importantes sur les prix et l'offre du bois d'œuvre ici au Canada. L'instabilité de l'offre et des prix aura des répercussions sur les emplois dans le secteur de la construction résidentielle et sur la contribution du secteur à l'activité économique, et elle continuera d'exacerber les problèmes d'abordabilité du logement pour les consommateurs. L'ACCH exhorte le gouvernement à continuer de lutter avec acharnement pour obtenir un règlement positif de ce différend.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de cette occasion. Je dirais, au nom de notre secteur et de ses membres, que nous sommes contents du dialogue et des efforts déployés des deux côtés de la Chambre. C'est une période très difficile pour notre secteur. Je me ferai un plaisir de vous parler un peu du contexte actuel et de répondre ensuite à vos questions.
Comme vous le savez, l'APFC représente les fabricants canadiens de bois, de pâtes, de papier et de bioproduits du bois. Nous sommes une industrie de 97 milliards de dollars qui exporte plus de la moitié de ce qu'elle produit et qui emploie directement quelque 200 000 Canadiens.
Je suis reconnaissant à Mme Payne et à M. Lee d'être ici aujourd'hui. L'ACCH et Unifor sont deux partenaires clés et des porte-parole réfléchis pour les employés et l'ensemble de la chaîne de valeur du secteur forestier.
Malgré l'augmentation des droits de douane, la fermeture de scieries et la perte d'emplois à ce jour, ne vous y trompez pas, ce secteur est très prometteur. Nous pouvons faire beaucoup plus et créer beaucoup plus d'emplois. Bien que les réalités d'aujourd'hui soient tristement liées à un risque de déclin et à un risque commercial massif, il n'est pas nécessaire que les choses se passent ainsi. Je considère ce témoignage comme une occasion d'amener le gouvernement fédéral à penser à nous de façon plus stratégique et de cesser de nous bombarder de politiques à l'opposé de celles qui favorisent la croissance des économies forestières dans d'autres pays, comme les États-Unis, le Brésil, la Finlande et la Suède.
La Banque mondiale prévoit que la demande mondiale de bois d'œuvre quadruplera d'ici 2050. Où voulons-nous aller chercher ce bois? La demande est alimentée par la croissance de la population mondiale et la volonté de construire des villes et des villages partout dans le monde avec des matériaux propres et renouvelables. La demande mondiale augmente. Les clients internationaux aiment les produits du bois provenant du Canada. Notre industrie devrait prendre de l'expansion, et non l'inverse, alors que nous envisageons les possibilités qui se présenteront à l'échelle mondiale au cours des deux prochaines décennies. Nous sommes le seul secteur des matériaux de construction dont les produits repoussent.
Une autre particularité de notre industrie — je ne peux pas être ici sans parler de notre industrie des pâtes et papiers — c'est que nos scieries ont besoin de nos usines de pâtes et papiers. En Ontario, par exemple, en 2000, nous avions 15 usines de pâtes et papiers. Nous en avons maintenant trois. Ces usines de pâtes et papiers sont une bretelle de sortie essentielle pour nos scieries qui leur vendent leurs copeaux et autres résidus, ce qui fait en sorte que chaque partie de l'arbre récolté crée de la valeur.
Nous ne manquons pas d'arbres, et pourtant, de 2004 à 2022, nous avons constaté une réduction de près de 40 % de la récolte de bois au Canada — 45 % en Colombie-Britannique, 50 % en Ontario, 38 % au Québec et 66 % en Nouvelle-Écosse. N'oublions pas que le déclin des activités de récolte a une incidence sur la santé et la résilience des forêts. Il est impératif d'envisager également d'améliorer la sécurité publique, de réduire le nombre d'évacuations communautaires, d'éviter une baisse de la qualité de l'air en été, et d'atténuer le risque d'une augmentation des émissions de carbone provenant des incendies.
Le rapport d'inventaire forestier national du Canada vous montrera que, dans l'ensemble de la forêt boréale canadienne, plus de 60 % des arbres ont entre 61 et 140 ans. Ce sont des arbres et des forêts qui vieillissent et qui approchent de la fin de leur vie. Si les volumes de récolte continuent de diminuer, nous serons confrontés à un risque encore plus grand d'incendies catastrophiques dans la forêt boréale canadienne au cours des prochaines années. Malheureusement, pratiquement rien de tout cela n'a été pris en compte dans le cadre des plans nationaux d'adaptation aux changements climatiques du gouvernement fédéral. C'est une énorme lacune, et cela ne correspond pas à la façon dont d'autres grands pays forestiers voient les choses.
Au cours de la période de questions, j'ai hâte de discuter de certains des grands enjeux pour faire face aux risques commerciaux actuels. Il s'agit de faire fonctionner les groupes spéciaux et de surmonter l'inefficacité des contestations judiciaires, dont certains de mes collègues vous ont parlé au cours des dernières semaines; de s'attaquer aux répercussions sur l'emploi et au fardeau financier de l'augmentation des droits de douane; d'envisager d'importants enjeux commerciaux régionaux, tels que les relations de la Colombie-Britannique et de l'Alberta avec la Californie, et les relations commerciales que l'Ontario et le Québec ont avec l'État de New York; de travailler avec M. Lee, l'ACCH et d'autres pour faire de notre secteur une porte d'entrée vers la construction de logements plus abordables; de faire du Canada un chef de file mondial de la fabrication de bois massif; et de créer de la valeur et soutenir la production de chaleur et d'électricité en utilisant du bois de qualité inférieure.
Je vais terminer en parlant de la diversification des marchés. Au cours des 20 dernières années, Produits de bois canadien a été un partenariat public-privé très efficace pour nous aider à diversifier les marchés, en mettant l'accent sur l'Asie. Je sais qu'il a été question de diversification à ce comité. Au fil des ans, ce partenariat a généré 15 $ d'avantages pour chaque dollar dépensé, sans compter qu'il soutient plus de 14 000 emplois qui dépendent des expéditions à l'étranger. Malheureusement, le succès de Produits de bois canadien lui a valu de subir des compressions budgétaires fédérales au cours de la période budgétaire de l'an dernier, ce qui l'a forcé à réduire son personnel de 85 %. Son budget de diversification, autrefois de 12 millions de dollars, est maintenant inférieur à 4 millions de dollars.
Nous avons beaucoup de choses à discuter. Nous sommes tournés vers les solutions. Nos employés et les collectivités qui dépendent de la forêt veulent de l'action. Je suis heureux que le Comité se penche sur cette question en ayant des solutions en tête et qu'il nous rencontre là où nous en sommes.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour à vous et à vos collègues du Comité permanent du commerce international, aux députés et, bien sûr, à mes collègues. Je les remercie également de leurs commentaires de ce matin.
Je m'appelle Lana Payne. Je suis la présidente nationale d'Unifor.
Nous sommes le plus important syndicat du secteur privé au Canada, avec plus de 320 000 membres répartis dans tout le pays et travaillant dans tous les grands secteurs de l'économie canadienne, notamment l'industrie forestière. Nos 22 000 membres du secteur forestier sont répartis dans 10 provinces canadiennes et travaillent dans divers secteurs de la foresterie et de l'exploitation forestière, ainsi que dans des usines de fabrication de produits du bois et de pâtes et papiers.
Le Québec a la plus forte concentration de nos membres du secteur forestier, comptant environ 55 % de l'ensemble de nos membres de ce secteur, tandis que l'Ontario et la Colombie-Britannique en comptent respectivement 22 % et 14 %. Bien entendu, nous avons des usines et des exploitations très importantes dans le Canada atlantique et les Prairies.
J'aimerais rappeler au Comité que, bien que le différend sur le bois d'œuvre pose un danger clair et immédiat, le secteur forestier canadien continue de vivre une tempête parfaite de crises répétées et intersectorielles. Une combinaison de défis économiques, environnementaux et mondiaux continue de déstabiliser l'ensemble du secteur forestier.
Les feux de forêt ont été moins destructeurs cette année, mais tout de même très mauvais. D'importants efforts de conservation continuent de compliquer la planification à long terme du secteur. La volatilité et la stabilité des prix incitent encore les entreprises à repenser leurs investissements, et la nouvelle réglementation de l'Union européenne pourrait affecter la possibilité de vendre des produits forestiers canadiens sur ce marché et dans le monde entier. Toutes ces crises ont été désastreuses pour les travailleurs forestiers, leurs familles et leurs collectivités.
Le doublement récent des droits de douane combinés et la menace imminente de nouvelles augmentations sont des coups dévastateurs pour le secteur forestier canadien. Nous craignons que des entreprises cessent leurs activités en raison de ces augmentations continues. C'est sans compter les tarifs douaniers additionnels de 25 % que le président élu Trump menace d'imposer, et qui causeraient des problèmes majeurs dans le secteur. Je pense que nous le savons tous.
Les intervenants du secteur forestier au Canada n'ont pas toujours fait front commun sur cette question. C'est particulièrement vrai pour certaines entreprises forestières. Par exemple, nous sommes profondément préoccupés de voir que certaines sociétés forestières canadiennes détournent des investissements vers leurs activités aux États-Unis tout en se retirant du marché canadien et en cessant leurs opérations au Canada. Cependant, il est important de reconnaître que ce n'est pas en blâmant les autres qu'on aidera les travailleurs forestiers et leurs familles ou les centaines de collectivités de notre pays qui comptent sur l'industrie forestière pour leur survie.
Le défi fondamental auquel nous faisons face est le déséquilibre écrasant du pouvoir dans nos relations commerciales avec les États-Unis. Le fait de pointer du doigt ou de jeter le blâme ici au Canada ne changera rien au fait que les États-Unis contrôlent tous les rouages de ce différend en ce moment, mais tout espoir n'est certainement pas perdu. Je suis d'accord avec M. Nighbor à ce sujet.
Malgré l'augmentation de leur production, les producteurs de bois d'œuvre américains n'ont toujours pas la capacité de répondre à tous les besoins de leur pays en matière de bois d'œuvre. L'industrie américaine de la construction résidentielle, comme vous l'avez entendu, a encore besoin du bois d'œuvre canadien, et ces droits de douane punitifs font augmenter les coûts de construction et rendent l'accession à la propriété moins abordable pour les travailleurs américains. Nous avons des alliés dans notre combat et nous avons des arguments raisonnables à faire valoir en notre faveur.
Il est essentiel que nos dirigeants élus, les gouvernements de tout le pays, les travailleurs forestiers et leurs syndicats, ainsi que d'autres intervenants du secteur forestier, unissent leurs efforts pour trouver des solutions à ce conflit malheureux et inutile.
J'aimerais terminer mes observations sur une note d'espoir et d'optimisme, qui fait défaut ces jours‑ci dans les discussions sur le secteur forestier. Le différend sur le bois d'œuvre fait ressortir le simple fait que le secteur forestier canadien est trop dépendant de l'extraction de ressources brutes de premier ordre. Nous avons une opportunité incroyable de promouvoir, de soutenir et d'investir dans une production de plus haut niveau, afin de créer des produits et des systèmes forestiers à valeur ajoutée ici même au Canada. Les produits et les systèmes novateurs comme les produits de bois d'ingénierie, la construction à ossature en bois massif, les composants modulaires et les biocarburants représentent une occasion incroyable de faire croître le secteur, de créer de nouveaux emplois dans le secteur forestier et d'accroître le développement économique et la productivité. Ce qu'il nous faut, c'est une stratégie industrielle coordonnée, globale et inclusive pour aider à transformer notre secteur forestier, une stratégie de réaménagement ambitieuse et audacieuse, si vous voulez.
Pour ce faire, il faudra une approche d'équipe sectorielle à laquelle participeront tous les ordres de gouvernement, les entreprises forestières, les groupes industriels, les collectivités autochtones, les universitaires et les experts, les écoles forestières et, bien sûr, les travailleurs forestiers, leurs syndicats et leurs collectivités locales. Cette transformation ne se traduira pas seulement par de meilleurs emplois, des forêts plus durables et un développement économique plus responsable. Elle nous offrira également une meilleure protection contre la menace persistante des tarifs douaniers sur le bois d'oeuvre.
Merci beaucoup. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
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Évidemment, en raison de ces autres crises dans l'ensemble du secteur, l'ajout de tarifs — les nouveaux tarifs que nous venons de subir, le tarif potentiel de 25 % dont parle le président élu et, soit dit en passant, peut-être un autre tarif de 15 % l'an prochain... Le secteur ne peut pas continuer avec ce genre de droits et de tarifs qui se profilent à l'horizon. Je vous dirais qu'à cause de toute une série de facteurs — le bois d'oeuvre en fait partie —, nous avons des entreprises qui sont au bord du gouffre. Elles doivent réexaminer la possibilité de faire des investissements. C'est ce qui fait peur.
Pour répondre à votre question, s'il y avait 9 milliards de dollars de plus dans le secteur, cela nous aiderait certainement à maintenir et à soutenir bon nombre des entreprises qui emploient aujourd'hui beaucoup de membres d'Unifor, des milliers d'entre eux, partout au pays.
De plus, comme vous l'avez mentionné, je pense que nous devons nous tourner vers le long terme afin d'établir une stratégie de développement coordonnée pour assurer l'avenir de ce secteur. C'est également essentiel, afin que nous n'examinions pas la question de façon fragmentaire, mais plutôt de façon beaucoup plus cohérente. Cela profitera aux travailleurs et aux collectivités dans lesquelles ils vivent.
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Oui, je dirais qu'on parle beaucoup de conclure une entente, mais il faut que ce soit la bonne entente pour le Canada, et c'est là le défi.
L'autre défi, c'est que les gens de l'autre côté de la frontière savent à quel point la situation est difficile au Canada à l'heure actuelle, et chaque fois que vous négociez en sachant que la partie adverse éprouve des difficultés... C'est une situation très difficile, je pense, pour nos scieries, pour nos employés et pour les collectivités.
Je pense que nous devons envisager deux voies. Je suis d'accord avec Mme Payne. Nous avons la situation actuelle, la situation immédiate. Comme d'autres témoins du secteur vous l'ont dit, nous avons des scieries — surtout des petites et moyennes scieries, et de nombreuses scieries familiales — qui sont vraiment au bord du gouffre à l'heure actuelle. Que pouvons-nous faire pour les aider? J'hésite à entrer dans les détails publiquement au sujet des négociations, parce que c'est également problématique. Tout ce que je peux dire, c'est que je crois qu'Affaires mondiales Canada est très conscient des sensibilités à cet égard et de la crise de liquidité imminente qui guette bon nombre de nos scieries au Canada à l'heure actuelle, si cela continue.
L'autre chose qui m'inquiète, à plus long terme, selon l'orientation que prendront les tarifs de Trump, c'est que notre industrie dépend beaucoup d'un solide réseau de construction de maisons aux États‑Unis pour faire fonctionner nos entreprises. À l'approche de l'an prochain, nous nous attendons à ce que les choses commencent à s'améliorer en ce qui concerne les mises en chantier aux États‑Unis, mais si l'inflation générale se poursuit aux États‑Unis au cours des prochaines années en raison des tarifs élevés, cela va retarder les choses, car ces mises en chantier ne se matérialiseront pas comme nous l'espérons.
Voilà quelques-unes des choses que nous surveillons.
L'autre chose, je dirais — Mme Payne en a parlé —, c'est la diversification des marchés, la promesse de la bioéconomie forestière, c'est‑à‑dire le bois d'œuvre massif, les marchés publics et le réinvestissement dans la diversification des marchés d'exportation. Ce sont toutes... Nous devons agir maintenant, mais nous devons aussi agir à moyen et à long terme pour soutenir et faire croître notre secteur pour l'avenir.
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Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les témoins, je vous remercie de vos présentations. Je vous remercie également de sonner l'alarme sur cette question. Celle-ci sonne tellement souvent, depuis 40 ans, que c'est presque devenu un bruit de fond, malheureusement.
On dirait que la question ne se règle jamais. Espérons que cette fois-ci sera la bonne.
Monsieur Lee, je présume que vous communiquez avec l'Association canadienne des constructeurs d'habitations, ainsi qu'avec la National Association of Home Builders, aux États‑Unis, qui s'oppose farouchement à l'augmentation des tarifs douaniers. On dit d'ailleurs de cette association qu'elle est particulièrement proche du parti républicain, beaucoup plus, en fait, que des démocrates.
Vous a-t-on fait part de craintes concernant la nouvelle situation ou, au contraire, d'éléments qui pourraient faire germer un certain optimisme? Quel est l'état d'esprit actuel des Américains?
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Je vous remercie de votre question.
Je ne sais pas s'il y a beaucoup de choses positives à dire au sujet de cette situation.
[Traduction]
Pour ce qui est de nos discussions avec la NAHB, je pense que la plupart des associations de l'industrie sont généralement plus favorables à un gouvernement républicain et à des situations où le gouvernement intervient moins. Cependant, elles reconnaissent sans réserve l'importance du bois d'œuvre canadien pour le marché de la construction résidentielle aux États‑Unis. Je ne m'attends pas à ce que cela change leur demande d'élimination complète des tarifs.
Il ne fait aucun doute que le principal préjudice causé par les tarifs douaniers est en fait causé aux acheteurs de maisons des États‑Unis, puis aux constructeurs de ces maisons qui en vendent moins, comme M. Nighbor l'a mentionné. Si les prix du bois d'œuvre sont élevés — et n'oubliez pas que ces tarifs se traduisent par une hausse générale des prix aux États‑Unis, pas seulement pour le bois d'œuvre canadien, ce qui permet à l'industrie américaine du bois d'œuvre d'exiger des prix beaucoup plus élevés — je m'attends à ce que la demande de suppression des tarifs soit maintenue.
Dans le même ordre d'idées, cependant, compte tenu des défis, nous avons vu un appel à diversifier davantage le marché américain en se tournant vers d'autres pays. Nous le constatons, et c'est évidemment dangereux pour le Canada également. Les Américains sont réalistes, tout comme nous devons l'être au Canada en diversifiant la façon dont nous gérons notre industrie du bois d'œuvre, dont nous ajoutons de la valeur à notre production, et nous créons plus de possibilités d'exportation, car le défi va perdurer.
Pour ce qui est du fait que cela dure depuis longtemps, oui, c'est le cas, et cela se poursuivra probablement à l'avenir. J'espère que nous obtiendrons un règlement commercial. La prochaine fois qu'il faudra renégocier, nous reviendrons probablement à la case départ, donc plus nous ferons d'efforts pour consolider notre propre situation, mieux ce sera.
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L'industrie du bois d'oeuvre en Amérique du Nord est un marché nord-américain. Malgré le fait que nous ayons ces tarifs et tout le reste — ou en raison des tarifs —, c'est vraiment un marché nord-américain, et donc nos prix fluctuent en conséquence. Nous l'avons vu pendant la pandémie de COVID‑19. Lorsqu'il y a eu cette forte demande, tant au nord qu'au sud de la frontière, les prix du bois d'oeuvre ont augmenté considérablement.
Si nous nous tournons vers l'avenir, le plus grand danger serait, en fait, que l'industrie canadienne du bois d'oeuvre souffre tellement qu'elle se rétrécisse et que, lorsque la situation s'améliorera, nous n'ayons pas la capacité, dans notre propre industrie du bois d'oeuvre, d'approvisionner adéquatement le Canada et d'exploiter les débouchés au sud de la frontière.
C'est pourquoi il est si important d'aider notre industrie du bois d'oeuvre à survivre. Nous nous attendons à sortir de notre situation actuelle et à commencer à construire plus de maisons. Si les scieries ont fermé leurs portes et ne sont pas en mesure de rouvrir, cela posera un énorme problème au Canada pour ce qui est du logement, de la construction résidentielle et du prix des maisons.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci pour les excellentes déclarations des témoins d'aujourd'hui — M. Lee, M. Nighbor et Mme Payne.
Je suis heureux de vous voir, vous en particulier, madame Payne. Je sais que vous avez souvent défendu les travailleurs et la stratégie industrielle, ce que les néo-démocrates font depuis des décennies. Nous croyons profondément à l'histoire du Canada, où des entreprises... Je viens de l'Alberta, où il y a beaucoup d'entreprises de ce genre qui prennent la ressource brute et qui l'exportent. Les Albertains se demandent à juste titre pourquoi nous n'avons pas nos propres raffineries. Pourquoi ne pas avoir notre propre industrie manufacturière afin de vendre nos matières premières non seulement à d'autres marchés, mais aussi aux Canadiens après y avoir ajouté de la valeur? Je pense que nous y croyons profondément.
Quand on pense à l'essence, par exemple, elle vient en majeure partie des États‑Unis, si vous ne le saviez pas. Monsieur Nighbor, vous venez de l'Ouest. Vous savez cela. Nous exportons massivement nos produits, puis nous les importons à un prix supérieur pour les Canadiens.
Madame Payne, vous avez parlé de la stratégie industrielle à valeur ajoutée qui, nous l'espérons, répondrait aux besoins des employeurs et des travailleurs, les rapprocherait d'une position commune et les mettrait sur la même longueur d'onde, comme vous le dites, vers un objectif commun qui, espérons‑le, serait le plus avantageux non seulement pour l'industrie canadienne et les emplois syndiqués, mais aussi pour les Canadiens. C'est une question d'abordabilité. Il s'agit de planifier nos industries en conséquence. C'est quelque chose que les Canadiens doivent faire dans un monde et un environnement hyperprotectionnistes.
Ma première question, qui est fondamentale et sur laquelle j'aimerais que chacun de vous se prononce, porte sur ce changement plus récent. Au cours des 40 dernières années, nous avons largement bénéficié du libre-échange partout dans le monde, et en Amérique du Nord en particulier. Nous sommes maintenant témoins de la triste réalité où le protectionnisme, particulièrement le protectionnisme américain, est de plus en plus enraciné dans la culture politique. Nous l'avons vu récemment lorsque les démocrates ont haussé le taux tarifaire, par exemple, sur le bois d'œuvre à 14 %. Ce sont les démocrates qui l'ont fait. Nous voyons maintenant les républicains, qui sont censés être les champions du libre-échange, arriver avec la version la plus extrême de l'histoire du protectionnisme que nous ayons jamais vue, soit 25 % sur toutes les marchandises.
C'est extrême. C'est une situation très décevante pour nous, mais j'abonde dans le sens des remarques de Mme Payne sur l'opportunité qui s'offre à nous. C'est l'occasion d'examiner nos industries ici au Canada et de déterminer quels sont nos besoins. C'est l'occasion de se réoutiller et de sauver nos industries.
Monsieur Nighbor, vous avez des scieries. J'ai parlé à des travailleurs de votre circonscription, notamment dans l'île de Vancouver. Deux scieries en particulier sont en sérieuses difficultés. Elles sont dans une situation difficile. Elles ont fait beaucoup de bonnes choses. Elles ont veillé à ce que leurs travailleurs soient protégés. Elles ont veillé à ce que ces collectivités rurales et nordiques aient une chance de réussir, mais ce qui ne fonctionne pas pour elles, c'est le fait que chaque marché qu'elles essaient d'atteindre les bloque. Nous devons trouver des moyens d'assurer leur sécurité ici, au Canada.
Mon collègue, Gord Johns, qui est un défenseur fantastique pour vous en particulier, mais aussi pour votre industrie et pour de nombreuses industries de la Colombie‑Britannique, nous parle de l'importance d'un crédit d'impôt pour la biomasse, qui pourrait atténuer le coup porté aux produits de la biomasse.
Monsieur Nighbor, pouvez-vous nous parler de l'importance d'une telle mesure et des raisons pour lesquelles un crédit d'impôt pour la biomasse serait essentiel aujourd'hui pour permettre à certaines de ces entreprises de conserver leurs produits, mais aussi d'avoir un avantage pour ces produits sur le marché?
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Il est certain que les fluctuations du prix du bois d'œuvre touchent tout le monde. Ceux qui se trouvent au bas de l'échelle de l'abordabilité ont tendance à être plus touchés, bien sûr.
Ce qui est étrange dans la façon dont la situation pourrait fonctionner, c'est que, dans certains cas, les tarifs peuvent, au départ, finir par faire baisser les prix au Canada en raison d'un manque de demande. Le problème, c'est qu'il faudra alors fermer les scieries pour équilibrer l'offre et la demande, puis les prix se stabiliseront ou commenceront à augmenter. Ensuite, à un moment donné, nous chercherons à accroître l'offre de logements, ce qui exercera plus de pression sur les prix du bois d'œuvre au Canada, qui augmenteront encore plus.
C'est une situation très délicate et précaire dans laquelle nous nous trouvons actuellement, et cela touche tout le monde au Canada. Cela touche les Canadiens à faible revenu. Cela touche tous ceux qui veulent accéder à la propriété. Cela touche ceux qui cherchent à offrir des logements abordables et des logements sociaux, parce que leurs coûts augmentent exactement de la même façon. C'est certainement un gros défi.
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Il y a certainement du bon et du mauvais dans les politiques de tous les ordres de gouvernement.
À l'heure actuelle, nous examinons le différend sur le bois d'œuvre qui est en cours, et c'est complexe. Il ne fait aucun doute que c'est un problème épineux. Lorsqu'il y aura de nouvelles élections, je suis certain que sa résolution sera prioritaire, peu importe qui sera au pouvoir. Nous avons vraiment besoin de la participation de tous, mais comme tout le monde l'a dit, c'est compliqué.
Sur le plan de la politique du logement en général, les trois ordres de gouvernement doivent faire leur part pour accroître l'offre de logements et régler le problème de l'abordabilité. Pourrions-nous faire plus? Bien sûr que oui. Y a‑t‑il d'autres leviers politiques que nous devons utiliser? Bien sûr que oui.
Nous vous sommes reconnaissants de l'attention que vous portez à ce sujet, et nous nous attendons à ce que beaucoup plus soit fait à l'avenir.
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Merci, madame la présidente, et merci à nos témoins de s'être joints à nous aujourd'hui pour cette étude très importante.
Comme vous le savez, notre gouvernement a un plan très ambitieux pour construire près de quatre millions de logements, en collaboration avec des partenaires provinciaux et municipaux.
Monsieur Lee, vous avez parlé de la nécessité d'alléger la bureaucratie pour qu'un plus grand nombre de logements soient construits. Vous avez mentionné le Fonds pour accélérer la construction de logements, qui fait justement cela. Il rationalise la délivrance des permis, et aide les municipalités à construire plus d'infrastructures et plus de conduites d'égout et d'eau pour qu'un plus grand nombre de maisons puissent être construites.
Les députés de Brampton ont travaillé ensemble pour obtenir environ 114 millions de dollars afin que la ville de Brampton construise plus de 20 000 logements. Ce financement est réparti en plusieurs tranches, de sorte que 25 % de ce montant a été alloué, et 85 millions de dollars sont maintenant sur la table et sont en jeu ici.
a mentionné qu'il allait annuler le Fonds pour accélérer la construction de logements, ce qui a vraiment fâché les maires de l'Ontario, car ce financement a été alloué. Certains maires ont fait valoir qu'une telle décision pourrait entraîner une augmentation des impôts fonciers. Cela pourrait entraîner l'annulation de projets et la construction de milliers de logements.
Je viens de parler à mon collègue, M. Miao. Il est député de Richmond, en Colombie‑Britannique. Il disait que le Fonds pour accélérer la construction de logements avait permis à sa ville de rationaliser la construction de nombreuses habitations.
Vous avez mentionné que différents partenaires ont un rôle à jouer. Nous entendons sans cesse le , M. Poilievre, s'en prendre aux municipalités. Pas plus tard qu'à la fin de semaine dernière, il a dit: « Trudeau va donner toujours plus à des politiciens municipaux incompétents, cupides et avides d'argent. » De ce côté‑ci de la table, nous savons que nous devons collaborer avec les provinces et les municipalités pour favoriser la construction domiciliaire.
Qu'avez-vous à dire? Quel rôle les municipalités auraient-elles à jouer pour aider à créer plus de travail pour vos membres et à construire des maisons?
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Il ne fait aucun doute que nous avons besoin de changements continus au niveau municipal en ce qui concerne les politiques, les programmes et la façon dont les choses se font. Nous commençons à voir ces changements à certains endroits, mais pas partout. L'attention que les gouvernements fédéral et provinciaux ont accordée à cette question a été essentielle pour y arriver. Pour continuer dans cette voie, nous aurons besoin de politiques de cette nature à l'avenir. Dans le meilleur des cas, les municipalités, les industries et les trois ordres de gouvernement collaborent pour accroître l'offre. En réalité, cela exige parfois quelques pressions.
En fait, d'une certaine façon, lorsqu'on examine les possibilités qui s'offrent au gouvernement fédéral, on constate qu'il est dans une excellente position pour lutter contre le syndrome du « pas dans ma cour ». Ce sont les conseillers municipaux et les maires qui ont le plus de difficulté à combattre ce syndrome. Pourquoi? C'est parce que lorsqu'ils mettent ces choses en place et qu'ils ont besoin du vote de leurs électeurs, il leur est très difficile de se prononcer pour la construction d'un immeuble de grande hauteur à tel endroit, même si nous savons tous que nous en avons besoin, parce que les électeurs du quartier n'en veulent pas.
Il est vraiment essentiel que les gouvernements fédéral et provinciaux continuent de jouer un rôle important et d'utiliser les leviers à leur disposition pour, d'une certaine façon, aider les municipalités à s'aider elles-mêmes, parce que cela peut être très difficile dans ces cas‑là. Il y a diverses façons d'y parvenir, mais nous devons poursuivre nos efforts pour que cela se fasse.
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J'apprécie vraiment votre commentaire, madame Payne. Réglons la question une bonne fois pour toutes. C'est l'approche que nous avons adoptée après la Seconde Guerre mondiale avec bon nombre de nos industries. Nous avons créé des centaines d'entreprises ici au Canada pour nous assurer que nos soldats de l'autre côté de l'océan avaient tout ce dont ils avaient besoin. Qu'il s'agisse de bois d'œuvre, d'acier ou de fer, nous avons pu le produire. Le Canada, un petit pays minuscule qui compte à peine 30 millions d'habitants, a été en mesure de lancer la plus grande marine marchande du monde tout en fournissant à nos hommes et à nos femmes à l'étranger toutes les matières premières qu'il leur fallait, y compris celles qui étaient produites ici même.
C'est bien loin de la conjoncture actuelle en ce qui a trait au bois d'œuvre, mais je ne pense pas que ce soit hors de notre portée. Je pense que M. Lee peut obtenir ses produits pour la construction au prix le plus bas possible, parce que nous avons appuyé des groupes comme celui de M. Nighbor et son industrie pour la production de produits à valeur ajoutée. J'ose croire que notre pays a bien su jeter les assises pour la foresterie et le bois d'œuvre, de manière à les faire compter comme une force concurrentielle, non seulement chez nous, mais à l'échelle internationale.
Mon collègue du Bloc québécois a mentionné que l'une des causes profondes de ce différend commercial est liée à l'idée d'une subvention, que toutes nos forêts publiques sont une énorme subvention qui doit être protégée contre les industries américaines du bois d'œuvre ou les pressions énormes qu'elles exercent. Bien sûr, je ne suis pas d'accord. Je pense que les Américains ont énormément besoin de notre bois d'œuvre.
Je pense qu'à bien des égards, c'est la façon dont Trump essaie de créer un excédent positif pour lui-même. Cela n'a rien à voir avec le fait qu'il n'a pas réussi à sécuriser l'Amérique aux frontières. Ce n'est pas notre problème. C'est son travail de sécuriser les frontières américaines. Ce qu'il veut, c'est que ses industries profitent du déséquilibre commercial actuel. Le Canada a un excédent en partie à cause de nos excellentes industries et de notre compétitivité, et nous sommes punis pour cela. C'est déplacé, vraiment pas bien. Ce n'est pas le genre de geste que l'on attendrait d'un ami.
C'est pourquoi je suis d'accord avec l'approche d'Équipe Canada. C'est ce qu'il nous faut, mettre à l'avant-plan ce qui est important pour les Canadiens, c'est‑à‑dire nos emplois, les emplois syndiqués. C'est la pièce la plus précieuse et la plus importante de ce casse-tête pour moi.
Madame Payne, en ce qui concerne l'approche d'Équipe Canada, vous venez d'assister à la visite de Justin Trudeau, notre , aux États‑Unis. Il est malheureusement rentré bredouille, sans les réponses que nous espérions. Selon vous, quelle devrait être la question à poser à notre premier ministre à ce stade‑ci?
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Eh bien, je dirais que ce sont des milliards de dollars que nous perdons au profit d'autres marchés, y compris l'Asie, et non pas seulement 100 ou 200 millions. Je vais vous envoyer les statistiques. Je serai heureux de vous faire parvenir les chiffres les plus récents de Statistique Canada sur ces expéditions.
Je pense que l'un des défis réside dans le coût de pouvoir faire concurrence à l'échelle mondiale. Prenez les eucalyptus du Brésil. C'est un produit qui commence à envahir le marché parce que les cycles de croissance sont très rapides. Au Canada, il faut beaucoup de temps pour faire pousser nos arbres. Il faut parfois 80 ou 90 ans pour faire pousser un arbre, par opposition à 10 ou 15 ans dans certains de ces autres marchés. C'est l'un des défis que nous devons relever.
Un autre défi consiste à faire concurrence au bois de la Chine et de la Russie, qui est peu coûteux et non durable. Avant l'invasion russe de l'Ukraine, il n'y avait pas de sanctions en matière d'exportation. Le bois russe est très prédominant et est vendu en Finlande et dans certaines parties de l'Europe occidentale.
Le climat concurrentiel n'est pas facile, surtout quand des coûts supplémentaires s'ajoutent à la façon dont nous faisons des affaires au Canada. Je ne préconise pas un nivellement vers le bas. Cependant, la structure concurrentielle du Canada fait qu'il nous est difficile d'élargir nos marchés au‑delà des États‑Unis.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 23 mai 2024, le Comité entreprend une étude sur les répercussions commerciales du leadership du Canada en matière de réduction des émissions.
Nous sommes très heureux d'accueillir aujourd'hui Michael Mosier, directeur, Division de la politique commerciale internationale, ministère des Finances. Nous accueillons aussi Emmanuelle Lamoureux, directrice générale, et Shawn Morton, conseiller principal, respectivement, tous deux de la Direction de la planification de la politique économique internationale et des enjeux horizontaux du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement.
J'aimerais bien savoir en quoi consiste précisément la Direction des enjeux horizontaux.
Soyez les bienvenus. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir pris le temps de venir nous faire part des renseignements que le Comité souhaite obtenir aujourd'hui. Merci.
Je crois comprendre que Mme Lamoureux fera une déclaration préliminaire au nom du groupe, pour un maximum de cinq minutes.
Vous avez la parole, madame Lamoureux.
[Français]
Bonjour à tous. En fait, je suis la directrice générale de la stratégie à Affaires mondiales Canada. Le long titre, c'est mon collègue qui le porte. Mon équipe dirige les travaux portant sur la planification de la politique économique internationale.
Je suis heureuse d'être ici pour parler de notre engagement à l'égard des mécanismes d'ajustement carbone aux frontières et pour donner un aperçu du paysage international actuel. Mon collègue du ministère des Finances est ici pour répondre aux questions concernant les travaux du Canada sur un mécanisme intérieur d'ajustement carbone aux frontières.
[Traduction]
Comme le Comité le sait, les ajustements à la frontière pour le carbone, ou AFC, sont des politiques qui imposent une tarification aux biens importés qui est équivalente au prix du carbone payé par les producteurs nationaux. L'objectif principal est de réduire le risque de fuite du carbone, c'est‑à‑dire lorsque la production ou les investissements sont transférés vers des pays où les coûts de production sont moins élevés et qui découlent d'une tarification du carbone plus faible ou inexistante. Les AFC visent à maintenir des règles du jeu équitables entre les industries nationales assujetties à la tarification du carbone et les marchandises importées qui ne sont pas assujetties aux mêmes coûts.
Les AFC encouragent également une plus grande ambition climatique en motivant les pays à prendre des mesures pour réduire les émissions de carbone. Ces ajustements sont généralement envisagés pour les secteurs qui produisent d'importantes émissions de gaz à effet de serre et qui font face à une forte concurrence.
[Français]
L'Union européenne est la première autorité administrative à imposer un tel mécanisme, et cette mesure fait partie de sa boîte à outils pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. Le mécanisme de l'Union européenne s'applique aux produits importés dans les secteurs de l'aluminium, du ciment, de l'électricité, des engrais, de l'hydrogène, du fer et de l'acier.
[Traduction]
Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, MACF, de l'Union européenne est mis en œuvre en deux phases. La période de transition, qui a commencé le 20 octobre 2023 et se terminera le 31 décembre 2025, exige que les importateurs européens fournissent des renseignements sur les marchandises couvertes par le MACF. Ces renseignements comprennent le pays d'origine, le lieu de production et les émissions de gaz à effet de serre intégrées pour les biens visés. En pratique, les exportateurs canadiens seront tenus de fournir ces renseignements aux importateurs de l'Union européenne. Au cours de cette période, aucune redevance sur le carbone ni aucun ajustement financier ne sont appliqués.
La période définitive, qui commencera en janvier 2026, comprendra une exigence de déclaration des émissions non inscrites. Les données devront être certifiées par un vérificateur accrédité, et les droits à la frontière sur le carbone seront imposés aux marchandises importées visées par le MACF. Le prix effectif du carbone payé dans le pays où les biens sont produits sera également déduit de la taxe frontalière sur le carbone afin d'éviter la double tarification.
Même si la période définitive doit commencer en janvier 2026, de nombreux détails de la mise en œuvre restent à confirmer. Par exemple, la Commission européenne est en train d'élaborer la façon dont le prix du carbone payé dans un pays tiers sera calculé et appliqué, y compris les preuves requises pour démontrer le paiement.
Bien que ce soient les importateurs de l'Union européenne qui doivent se conformer aux exigences du MACF, les exportateurs canadiens seront touchés par les exigences administratives, car ils devront fournir aux importateurs des données sur les émissions intégrées vérifiées. Le coût administratif de ces exigences pour les exportateurs canadiens demeure incertain, car la loi habilitante est toujours en voie d'élaboration.
[Français]
Au-delà de l'Union européenne, d'autres pays envisagent de mettre en place de tels mécanismes. Le mois dernier, le Royaume‑Uni a confirmé l'introduction de son propre mécanisme d'ici le 1er janvier 2027. Il couvrira les importations dans les mêmes secteurs visés par le mécanisme de l'Union européenne.
[Traduction]
L'Australie explore également divers outils stratégiques pour lutter contre la fuite de carbone, notamment son propre MAFC. Une décision est attendue en 2025.
À mesure que le paysage du mécanisme d'ajustement continue d'évoluer à l'échelle mondiale, nous pouvons nous attendre à des répercussions sur les exportateurs canadiens et les secteurs à forte intensité d'émissions. La prolifération des ajustements de la tarification du carbone à la frontière pourrait également mener à un ensemble disparate d'exigences propres à ce mécanisme, ce qui pourrait avoir une incidence importante sur les échanges commerciaux et alourdir les procédures administratives et les coûts pour les exportateurs canadiens.
C'est pourquoi les fonctionnaires canadiens continuent de suivre de près l'évolution du MAFC et de collaborer avec des partenaires pendant l'élaboration de ces mesures. Pour orienter nos efforts de défense des intérêts du Canada, nous collaborons étroitement avec des experts d'autres ministères fédéraux et nous sollicitons les commentaires des provinces, des territoires et des intervenants de l'industrie. Nous continuons également de plaider auprès de nos partenaires commerciaux qui envisagent d'adopter leur propre MAFC sur la nécessité de tenir compte des prix du carbone industriel payés au Canada lors du calcul de la taxe à la frontière.
[Français]
Nous continuons aussi à insister sur le fait que les mécanismes doivent cadrer avec les obligations commerciales internationales.
Je vous remercie et demeure à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci beaucoup aux témoins pour ces renseignements et leurs réponses.
J'aimerais remercier mon collègue Maninder Sidhu d'avoir soumis cette question au comité du commerce pour que nous l'examinions. C'est certainement intéressant.
Je viens de Sault Ste. Marie, où nous avons Algoma Steel et les tubes Tenaris . Algoma Steel a décidé, de concert avec de nombreux producteurs d'acier canadiens — je suis coprésident du caucus multipartite de l'acier —, d'éliminer le carbone et de passer au four à l'arc électrique. À Sault Ste. Marie, ils vont réduire leurs émissions de 70 %. C'est comme si on retirait un million de voitures de la route, des voitures à essence. J'ai entendu non seulement les producteurs d'acier, mais aussi les syndicats, les Métallurgistes unis, dire que la Chine, par exemple, peut produire son acier à un prix si modique, non seulement en raison de mauvaises pratiques de travail, pour dire le moins, mais aussi parce qu'elle utilise du charbon sale. C'est pour ainsi dire le Far West, sans aucune réglementation en matière d'environnement et où on suit des pratiques commerciales déloyales.
Comment un MAFC...? Je vais aller un peu plus loin, parce que, même sans ce mécanisme, nous avons imposé un tarif de 25 % sur l'acier et l'aluminium chinois — et de 100 % sur les véhicules électriques, mais je vais m'en tenir à l'acier et à l'aluminium. Comment un MAFC pourrait‑il caser avec le tarif de 25 %, à votre avis?
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Je vais revenir à ce que nous avons entendu lors des consultations, car on a soulevé des risques qu'il vaut la peine de rappeler.
Certains de ces risques, les principaux, sont liés aux États‑Unis, qui n'ont pas de prix du carbone à la frontière. Si le Canada imposait un tel mécanisme, nous serions à toutes fins pratiques en train de placer un prix frontalier du carbone aux importations en provenance des États‑Unis. Je crois que de nombreux industriels canadiens nous ont dit craindre des représailles de la part des États‑Unis si jamais le Canada faisait quelque chose de ce genre.
Nous avons également entendu parler de la complexité administrative, ne serait‑ce que pour le fardeau de la conformité, et on s'est interrogé sur la difficulté de respecter cela compte tenu des divers taux de tarification qui existent au Canada. Il faudrait un très vaste exercice de collecte de données, ce qui a suscité des préoccupations.
Puis, bien sûr, il y a les répercussions en aval. Dans la mesure où la tarification du carbone à la frontière s'applique à nos importations, qui sont utilisées par l'industrie et, au bout du compte, achetées par le consommateur, cela peut aussi avoir pour effet d'augmenter ces coûts.
Il y avait tout un éventail de risques pour le Canada.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur présence et de leur allocution.
Tout d'abord, on sait qu'en 2020, il y a eu le rapport préliminaire concernant l'Approche pancanadienne pour une tarification de la pollution par le carbone. Par rapport au risque de fuite de carbone et de perte de compétitivité, on y lisait que « les outils et les politiques utilisés à ce jour dans les systèmes existants de tarification du carbone semblent avoir réussi à gérer ce risque. »
Par contre, le rapport mentionne aussi que, comme le prix du carbone va augmenter de 170 $ par tonne d'ici 2030, des mesures supplémentaires pouvaient devenir nécessaires.
À votre connaissance, une évaluation de ces éventuelles mesures nécessaires a-t-elle été faite depuis la publication du rapport? A-t-on des chiffres, par exemple, sur la fuite de carbone? Sinon, des mesures supplémentaires sont-elles prévues?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur présence dans le cadre de notre étude.
Vous avez consacré beaucoup de temps au mécanisme d'ajustement de la frontière carbone. Une partie de ce que je crois que vos ministères et bon nombre de ceux qui s'occupent du commerce international au nom du Canada sont au courant, c'est l'énorme engagement pris à l'égard de l'Accord de Paris sur les changements climatiques. À l'époque, de nombreux signataires, bien sûr, s'étaient engagés à l'égard de ce mécanisme mondial de tarification qui examinerait le transfert de biens au‑delà des frontières et la tarification du carbone entre les frontières.
Où et, le cas échéant, quels sont les principes fondamentaux concrets d'un cadre mondial? Le processus de l'Union européenne reconnaît‑il ces principes, crée‑t‑il de l'équité, ou fait‑il le contraire?