Je vous souhaite la bienvenue à la 26e réunion du Comité permanent du commerce international. Conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin, la réunion d'aujourd'hui est au format hybride. Les membres y participent en personne, dans la salle, et à distance, avec l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires pour le bien des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Veuillez également parler lentement et clairement lorsque vous avez la parole.
Ceux qui participent à la réunion par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer, et le mettre en sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole.
En ce qui a trait à l'interprétation, l'application Zoom vous offre, au bas de l'écran, le choix entre le son du parquet, l'anglais et le français. Les personnes qui se trouvent dans la salle de comité peuvent utiliser l'oreillette et choisir le canal souhaité.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Les membres du Comité qui se trouvent dans la salle doivent lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Ceux qui participent à la réunion par Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». La greffière et moi allons faire de notre mieux pour respecter l'ordre des interventions; nous vous remercions pour votre patience et votre compréhension à cet égard.
Veuillez m'aviser de tout problème technique que vous pourriez rencontrer. Il se peut que nous devions suspendre la séance pendant quelques minutes afin de veiller à ce que tous les membres puissent y participer pleinement.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 21 mars, nous reprenons notre étude sur les opportunités commerciales pour les entreprises canadiennes dans l’Indo-Pacifique.
Nous recevons aujourd'hui par vidéoconférence Raphael Gaudreault, qui est le chef des opérations d'Arianne Phosphate Inc. et Brendan Byrne, qui est le président de Grain Farmers of Ontario. Nous accueillons en personne le directeur général de Soy Canada, Brian Innes. Je vous souhaite à tous la bienvenue à la réunion.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires, puis nous passerons aux séries de questions.
Monsieur Gaudreault, voulez-vous commencer avec votre déclaration préliminaire de cinq minutes?
:
Merci, madame la présidente.
Arianne Phosphate est une société minière ayant son siège social à Chicoutimi et mettant sur pied un projet de production de phosphate au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean. Arianne Phosphate est propriétaire du gisement de phosphate du Lac à Paul, un projet pleinement autorisé et prêt à construire situé à 200 kilomètres au nord de la ville de Saguenay.
L'actif est l'un des plus grands gisements non développés au monde et est capable de produire un concentré de phosphate respectueux de l'environnement. En raison de sa haute pureté et de sa faible teneur en contaminants, le phosphate d'Arianne Phosphate peut être utilisé pour la production d'engrais ainsi que pour des applications spécialisées telles que l'alimentation, l'alimentation animale et les batteries lithium-fer-phosphate.
Nous prévoyons construire une mine à ciel ouvert, une usine de traitement du minerai et un port en eau profonde, en plus de faire la mise à niveau de 240 kilomètres de chemins forestiers pour l'expédition annuelle de nos 3 millions de tonnes de concentré de phosphate. En pleine exploitation, l'entreprise aura besoin d'environ 375 employés.
Le phosphore est un élément clé en agriculture, étant donné qu'il ne peut faire l'objet d'aucune substitution, ce qui le rend indispensable au développement des cultures. Son apport influence le développement des racines et procure une résistance accrue aux sécheresses. Les récentes perturbations dans la chaîne d'approvisionnement mondiale, qui découlent de l'application de quotas d'exportation par la Chine et la Russie, ont été amplifiées par la situation en Ukraine. Conséquemment, le prix de vente a considérablement augmenté, et certains pays, notamment l'Inde, ont dû revoir leur stratégie d'approvisionnement.
Le Canada n'est plus un pays producteur de phosphate depuis 2013, soit depuis que la compagnie Agrium, maintenant devenue Nutrien, a fermé la mine située à Kapuskasing, en Ontario. Nous sommes donc dépendants à 100 % des importations, lesquelles viennent principalement des États‑Unis, qui sont eux-mêmes un pays importateur net. Les performances de l'économie des Prairies canadiennes sont donc présentement dépendantes de notre capacité à nous approvisionner outre-mer en phosphate, un produit dont nous devrions être un exportateur net.
Les clients potentiels d'Arianne Phosphate sont situés partout dans le monde. Le secteur de l'Indo‑Pacifique est particulièrement intéressant, étant donné qu'il s'agit d'un marché d'importation de produits phosphatés affichant une croissance constante, que ce soit pour une utilisation dans le domaine traditionnel des fertilisants ou dans les applications technologiques telles que la fabrication de batteries destinées à l'électrification des transports.
En ce sens, la présente étude du Comité sur les possibilités commerciales que présentent les pays de l'ANASE est très importante pour l'industrie du phosphate canadien et pour Arianne Phosphate. C'est une occasion pour le Canada de se démarquer à l'international avec un produit d'avenir qui répond à deux besoins planétaires: l'emploi de fertilisants pour améliorer la productivité alimentaire, de même que le développement d'une industrie manufacturière de batteries fer-lithium-phosphate qui s'inscrit dans la transition énergétique planétaire.
Bien que le phosphore soit un élément abondant sur la Terre, sa répartition géographique le rend très vulnérable du point de vue de la sécurité d'approvisionnement, les réserves mondiales étant concentrées majoritairement en Afrique du Nord et en Chine.
Il faut aussi noter que la qualité des concentrés produits dans ces pays est de beaucoup inférieure à la qualité de ceux du Canada. Notre phosphate est d'origine ignée, comparativement au phosphate d'origine sédimentaire, ce qui permettra d'obtenir un concentré d'une pureté beaucoup plus élevée et pratiquement exempte de métaux lourds ou d'éléments radioactifs. Cela est très important pour l'utilisation dans l'industrie des fertilisants, mais ce l'est encore plus pour la fabrication de batteries, un sujet que le Comité a étudié l'hiver dernier. En effet, seulement une portion limitée des réserves mondiales de phosphate est apte à produire un acide phosphorique qui pourra répondre aux spécifications techniques des fabricants de batteries.
Le Canada a un rôle à jouer pour concrétiser son avantage stratégique au chapitre du phosphore. Il est décevant de constater que ce métal d'avenir ne s'inscrit pas dans la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques. De plus, le gouvernement mise beaucoup sur l'exploration minière, mais peu de projets de mines se réalisent au pays. Plusieurs raisons sont en cause, notamment les délais trop longs et la réglementation importante, mais aussi le peu de soutien au développement des infrastructures minières.
Si le Canada aspire à accroître son expertise et ses possibilités d'exportation avec les pays de l'ANASE pour répondre à une demande croissante, notamment en phosphate, les politiques gouvernementales doivent correspondre aux besoins des compagnies minières, dont la nôtre.
Nous saluons une éventuelle entente de libre-échange avec les pays de l'ANASE et nous considérons que cela représenterait une occasion à saisir pour notre industrie. Nous espérons simplement que le gouvernement sera au rendez-vous pour mettre en œuvre des politiques favorables au développement de notre filière.
Merci.
Je m'appelle Brendan Byrne et je suis le président de Grain Farmers of Ontario. Je cultive le maïs, le blé et la fève de soja à Essex, près de Windsor.
Je vous remercie de m'avoir invité à discuter avec vous aujourd'hui des occasions d'affaires dans la région indo-pacifique et de ce qu'elles signifient pour les producteurs de grains de l'Ontario.
Nous appuyons les efforts visant à accroître les possibilités d'exportation du Canada dans cette région. Les nouveaux marchés aident les agriculteurs à gérer les risques associés à l'instabilité. À l'heure actuelle, le marché des produits de base est instable.
J'aimerais, pour commencer, vous parler de Grain Farmers of Ontario. Nous représentons les membres de l'industrie des céréales et des oléagineux en Ontario.
La plupart des gens ne connaissent pas les propriétés uniques des fermes à l'est du Manitoba et ne savent pas quelle est la contribution de l'Ontario aux exportations canadiennes des produits de base. Grain Farmers of Ontario représente 28 000 agriculteurs dans la province, de Windsor à la frontière avec le Québec, et jusqu'à Thunder Bay. Les champs de céréales couvrent six millions d'acres et nos membres cultivent divers produits en rotation, notamment les fèves de soja, le maïs, le blé, l'avoine et l'orge.
Nous exportons principalement la fève de soja. Plus de 70 % de nos cultures sont destinées à d'autres pays. Nous exportons des cultures de base utilisées pour nourrir le bétail, de même que des fèves de soja de spécialité utilisées pour fabriquer le tofu et du soja pour natto. Ces produits sont largement consommés dans bon nombre des pays de la région indo-pacifique.
Les fèves de soja cultivées en Ontario sont parmi les plus recherchées au monde. Nous sommes un fournisseur fiable, en lequel les autres pays peuvent avoir confiance. Les fèves de soja de spécialité cultivées en Ontario sont uniques. Les agriculteurs de l'Ontario sont en mesure de produire du soja alimentaire d'une qualité exceptionnelle sur leurs fermes en raison de la température estivale de l'Ontario: les étés chauds et humides, où les nuits sont fraîches grâce à la présence des Grands Lacs, nous permettent de cultiver les fèves de soja parfaites pour les marchés spécialisés associés à une très forte demande dans la région indo-pacifique.
Grâce aux améliorations apportées aux techniques agricoles et aux technologies dans le domaine des semences au cours des dernières années, nous avons réussi à accroître considérablement le volume de nos cultures. Nous profitons également de possibilités accrues sur le marché, en raison des nouveaux accords commerciaux du Canada.
Au cours des 10 dernières années seulement, le Canada est passé d'un pays importateur net de maïs à un pays exportateur du produit. Alors que nous réussirons à accroître les cultures sur un même lot de terre, les possibilités de croissance augmenteront.
Toutefois, nous n'exportons pas seulement les cultures. Nous avons l'occasion d'exporter les carburants renouvelables fabriqués à partir du soja et du maïs, ce qui représente une valeur ajoutée. Les exportations de bétail du Canada dépendent également de nos cultures destinées à l'alimentation des animaux.
La contribution des producteurs de céréales et d'oléagineux — et de l'industrie céréalière de l'Ontario qui repose sur nos cultures — à l'économie de l'Ontario représente 18 milliards de dollars. Notre valeur locale, notre industrie et nos entreprises d'exportation contribuent grandement à la société. L'industrie céréalière crée 75 000 emplois en Ontario.
Je suis fier de faire partie de cette industrie, non seulement en raison de sa contribution économique importante, mais aussi parce que les agriculteurs ont à cœur de protéger l'environnement. Les producteurs de grains ontariens sont déterminés à préserver la biodiversité dans les régions où ils pratiquent l'agriculture, et cela comprend la protection du sol et des voies navigables des environs qui nous permettent d'avoir des champs en santé, des aliments sécuritaires et des communautés durables.
En termes simples, le commerce [Difficultés techniques].
Je me suis rendu dans notre champ aujourd'hui. Nous sommes prêts à moissonner une partie du soya qui est prêt pour la récolte. Ces fèves peuvent maintenant être acheminées au silo local pour le transport vers les marchés d'exportation du monde entier.
La confiance m'habite en ce moment parce que les prix sont avantageux, mais l'année a été stressante. Chaque année, nous devons gérer les risques — la météo et les marchés. Or, de mon vivant, je n'avais jamais connu les conditions de marché extrêmes du printemps dernier. De nombreux agriculteurs de la province en disent autant.
Les coûts de production pour la récolte de cette année ont atteint un sommet que nous n'avions jamais connu. Les engrais expliquent une partie de ces coûts : la pénurie était réelle, et ce, jusqu'à la période de plantation. Les détaillants rationnaient l'engrais parce que les cargaisons étaient bloquées en raison de sanctions imposées au Canada. Cette année, les agriculteurs ontariens ont déboursé 238 % de plus qu'au printemps de 2020 pour leur engrais. Il y a quelques années, avant la pandémie, nous obtenions des prix avantageux pour nos produits; ces prix ont chuté parce que, pour des raisons politiques, la Chine a décidé de cesser les importations de soya provenant directement du Canada. La diminution a été draconienne : les exportations de soya vers la Chine sont passées de 1,7 milliard de dollars en 2018 à 33 millions de dollars en 2019. Étant donné les coûts actuels des engrais, du carburant, du transport et des semences, si la même diminution devait se reproduire, les agriculteurs ontariens s'en verraient dévastés.
Il nous faut davantage de consommateurs partout dans le monde et dans cette région afin de réduire notre vulnérabilité à ce type de décisions politiques que peut prendre un pays par rapport à nos exportations. L'Indo-Pacifique représente à nos yeux un marché en croissance pour les agriculteurs. Ils assument de nombreux risques en cultivant des denrées, et la diversification des marchés représente une stratégie sur laquelle nous pouvons compter pour gérer ces risques. Nous appuyons tous les efforts visant à créer de nouvelles possibilités de commercialisation dans cette région et nous sommes reconnaissants d'être ici pour exprimer notre appui.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie le Comité de me donner l'occasion de comparaître devant lui. Je suis ici pour représenter la chaîne de valeur du soya qui est composée de nos agriculteurs de partout au pays, de nos concepteurs de semences, de nos transformateurs et de nos exportateurs. L’industrie est diversifiée : le soya est cultivé de l’océan Atlantique jusqu’aux Rocheuses par des cultivateurs comme M. Byrne.
Le soya est la troisième culture en importance au Canada, et ses exportations ont totalisé 3 milliards de dollars en 2021. Comme M. Byrne l'a expliqué, nous produisons du soya destiné à la consommation humaine de renommée mondiale pour des produits tels que le lait de soya et le tofu. Nous produisons également du soya de qualité de base broyé pour la fabrication de tourteau destiné au bétail et d’huile destinée à la consommation humaine et à la production de biocarburant.
Puisque plus de 70 % de nos produits sont destinés à l’exportation, nous concentrons grandement nos efforts sur les marchés mondiaux. Nous sommes reconnaissants de l’intérêt que porte le Comité pour la région indo-pacifique, car il s’agit d’une occasion prodigieuse de dynamiser notre croissance. Avant de décrire les façons les plus efficaces de créer des débouchés commerciaux dans la région, j’aimerais vous expliquer les raisons pour lesquelles nous estimons qu’il s’agit d’une si belle occasion.
Sur le plan du soya, la région indo-pacifique est au cœur de la demande mondiale. Prenons comme exemple la région de l'ANASE. La région importe environ 9,1 milliards de dollars de soya chaque année. Avec 380 millions de dollars en exportations de soya canadien et une demande en forte augmentation pour nos produits dans ces pays, nous voyons de grandes possibilités de croissance dans ces régions.
Les Philippines constituent un bon exemple, car les aliments à base de soya y ont connu une croissance annuelle d'environ 12 % au cours des cinq dernières années. Ce marché est considérable et gagne en importance pour le Canada. Pour chacun d'entre nous, la question qui se pose maintenant est de déterminer comment profiter de cette demande pour augmenter nos possibilités de croissance. La réponse, pour nous, consiste à améliorer l'accès à ces marchés. Nous avons besoin de trois éléments pour ce faire.
Tout d’abord, nous devons éliminer tout droit de douane et établir une collaboration réglementaire en continu en matière de santé des végétaux, des animaux et de l’environnement dans le cadre des négociations d’un accord de libre-échange avec l’Indonésie. L'élimination des droits de douane nous aiderait grandement en raison de l'incertitude qui nous entoure. L'Indonésie pourrait en effet décider d'augmenter de 27 % les droits de douane sur nos produits. Toutefois, l'élimination des droits de douane ne suffit pas : nous devons également éliminer les enjeux non tarifaires comme les problèmes sanitaires et phytosanitaires et les autres obstacles commerciaux liés à la réglementation. Ces problèmes peuvent survenir rapidement, entraîner des coûts, poser des risques et même faire cesser nos exportations.
La semaine, lors d'un échange avec le gouvernement, j'ai demandé à quand remontait la dernière interaction entre les organismes de réglementation du Canada et de l'Indonésie. La réponse? Je l'attends toujours aussi.
Deuxièmement, nous devons garantir l’accès à l’Inde pour notre soya destiné à la consommation humaine. Étant donné la taille de l'économie indienne et la demande croissante pour nos produits, l’augmentation des exportations de soya destiné à la consommation humaine vers l’Inde représente une réelle occasion de croissance. À l’heure actuelle, notre soya à destination de l'Inde est assujetti à des droits de douane de 45 %. Les droits de douane s’avèrent également extrêmement imprévisibles; ils pourraient atteindre jusqu'à 100 % sans préavis.
À vrai dire, le commerce du soya avec l’Inde est intéressant. Nous sommes de grands importateurs de soya biologique indien n’étant pas soumis à des droits de douane. Alors que le Canada fait l’objet de droits de douane très élevés pour l’exportation de son soya vers l’Inde, le produit indien est importé au Canada sans droits de douane. La situation est également curieuse puisque d’autres pays ne sont pas assujettis aux droits de douane que nous payons pour l’exportation de leurs produits vers l’Inde. Par conséquent, nous n'avons pu profiter de débouchés commerciaux en Inde. Il y a eu tout récemment une prime de 100 $ la tonne pour notre soya destiné à l'alimentation exporté en Inde — nous avions l'occasion de vendre notre soya à ce pays. Or, l'Inde a pu se tourner vers des pays exemptés de droits de douane. Nous avons donc dû vendre ce soya ailleurs.
Troisièmement, nous devons investir dans la collaboration entre l'industrie et le gouvernement afin de prévenir en amont les problèmes non tarifaires dans les régions de l'ANASE, de l'Asie du Pacifique et de l'Indo-Pacifique. Une collaboration et des investissements accrus permettraient de réduire les risques et les coûts tout en favorisant l’innovation dans les exploitations agricoles canadiennes.
Je donnerai deux exemples de la façon dont un engagement restreint nous cause préjudice et de solutions pour améliorer la situation. Le premier exemple concerne le Vietnam, où il nous est impossible d’exporter notre soya par vraquier. Même si le soya récolté tout près de chez nous — dans certains cas, aux États-Unis — peut être exporté en vrac vers le Vietnam, le Canada ne peut en faire de même en raison de préoccupations sanitaires et phytosanitaires.
L’autre exemple concerne la réglementation des technologies de semences et de protection des cultures qui évolue dans toutes les régions. Par conséquent, la réglementation évolue, mais elle ne s'harmonise pas nécessairement à celle du Canada. La technologie entourant les nouvelles semences et les nouveaux produits de protection de cultures, si elle est approuvée ici, ne l'est peut-être pas dans nos marchés d'exportations. En d'autres mots, nous ne pouvons y avoir recours jusqu'à ce qu'elles soient approuvées dans les autres marchés.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins. Vos déclarations liminaires m'ont grandement éclairé.
Je vais d'abord m'adresser à M. Byrne de l'organisation Grain Farmers of Ontario.
J'ai remarqué que vous avez précisé que le Canada est devenu un pays exportateur de céréales après avoir été un pays importateur dans les 10 dernières années. C'est là une excellente nouvelle qui démontre l'importance de diversifier nos marchés commerciaux et de négocier de nouvelles ententes commerciales aux quatre coins de la planète, y compris avec des partenaires moins conventionnels. C'est extrêmement important.
Vous avez également affirmé que, malgré l'important travail que vous et tous vos membres abattez en tant que producteurs céréaliers dans la région d'Essex et partout en Ontario, vous n'aviez jamais assisté aux conditions météorologiques extrêmes que nous avons connues cette année. Selon moi, ce constat ne fait que souligner l'importance de lutter contre les changements climatiques — et d'en faire une lutte acharnée — puisque le phénomène nous touche tous, que nous soyons des particuliers ou des agriculteurs à la tête d'énormes exploitations agricoles.
J'arrive à ma question, monsieur Byrne. Vous nous avez parlé de la Chine et des événements des dernières années qui ont façonné notre relation commerciale avec ce pays. Vous avez en outre souligné l'importance d'explorer différents marchés et d'en pénétrer de nouveaux, ce pour quoi vous avez offert votre aide. Parmi le groupe de l'ANASE — je fais référence à l'Indo-Pacifique et, de façon plus globale, à l'ANASE — jetteriez-vous votre dévolu sur certaines nations en particulier? J'attire votre attention sur le fait que l'intervenant juste après M. Innes a abordé le Vietnam et l'Indonésie. Pouvez-vous nous orienter vers quelques nations qui, selon vous, s'avéreraient particulièrement avantageuses afin que nous entreprenions des initiatives d'échanges commerciaux plus libres, en particulier pour les céréales?
Puis-je m'adresser à M. Gaudreault?
[Français]
Votre témoignage était vraiment fascinant, tout comme votre expérience et votre point de vue. Je vous en remercie beaucoup.
[Traduction]
Monsieur Gaudreault, vous avez abordé un sujet par rapport à non seulement l'utilisation de phosphate dans les engrais traditionnels, mais aussi, évidemment, par rapport à la fabrication de batteries pour véhicules électriques. J'aimerais savoir si vous pouvez réagir à ce qui suit. L'an dernier, nous avons consacré du temps à faire reculer la Build Back Better Act et certains de ses éléments punitifs qui auraient potentiellement miné la production canadienne de batteries pour véhicules si la loi n'avait pas été édulcorée. On a adouci la Build Back Better Act, mais nous étudions maintenant la Inflation Reduction Act des États-Unis.
Pouvez-vous réagir à la tournure de ces événements ainsi qu'à leurs effets sur une industrie comme la vôtre et sur le rôle du phosphate dans l'avenir de la production canadienne de batteries pour véhicules électriques? Nous pourrons ainsi favoriser l'adoption des véhicules électriques ici, en Amérique du Nord, et dans le reste du monde.
:
Je vous remercie de la question.
Lorsqu'on parle de soya de qualité alimentaire, c'est certainement dans la région indopacifique que l'on retrouve une grande demande, et celle-ci est en train de croître. Qu'il s'agisse de l'Indonésie, du Vietnam, du Japon ou de la Corée du Sud, dans tous ces pays, les produits à base de soya sont très demandés, comme le tofu ou le lait de soya.
Une grande partie du soya que nous exportons vers l'Indonésie est utilisé pour faire du lait de soya, par exemple. On peut donc dire que cette région est le cœur de la demande internationale de soya, surtout pour ce qui est de notre soya à identité préservée, ou soya IP. Celui-ci est produit au Québec par Prograin, Ceresco et plusieurs autres entreprises qui l'exportent vers l'Asie et la région indopacifique.
:
Dans le monde du soya, le soya est le produit agroalimentaire le plus exporté des États-Unis au Canada. Je parle ici du soya et de ses produits dérivés. Ainsi, bien que nous soyons un grand exportateur de soya vers le reste du monde, nous importons aussi beaucoup de denrées comme le tourteau de soya depuis les États-Unis. Cela s'explique par le grand nombre d'échanges de part et d'autre de la frontière...
Un député: Comme pour nos automobiles.
M. Brian Innes: Comme pour nos automobiles, oui, et à l'instar de nos usines de transformation à Windsor et au sud de la frontière dans le Michigan. Des agriculteurs comme M. Byrne ont souvent l'occasion d'également vendre leurs produits aux États-Unis.
Si on jette un coup d'oeil aux échanges commerciaux entre les partenaires nord-américains, on constate que nous n'exportons pas beaucoup de soya aux États-Unis, voire pas du tout. Tout dépend des conditions du marché, et le Mexique ne représente pas un important marché pour nous. Les Mexicains s'approvisionnent grandement aux États-Unis. Les Américains produisent beaucoup plus de soya, et cela reviendrait en quelque sorte à vendre de la glace aux Inuit, si je puis m'exprimer ainsi.
Je vous remercie de la question. Nous formons sans contredit une économie intégrée.
:
Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous nos témoins de leurs exposés, qui étaient très instructifs.
Dans le cadre de notre étude, la motion cite un certain nombre de pays à analyser et étudier, dont Taïwan. Je n'ai entendu personne parler du marché taïwanais, et j'aimerais donc poser une question à nos trois témoins par votre entremise, madame la présidente. Quels sont, selon vous, les débouchés possibles ou les menaces éventuelles à Taïwan? Faites-vous actuellement des affaires là‑bas? Je parle du marché taïwanais.
Je vais commencer avec M. Innes.
Je vais revenir à M. Innes.
Le soja est la troisième culture alimentaire la plus importante en Indonésie après le riz et le maïs. La demande de consommation de soja tend à augmenter chaque année. En 2020, elle était d'environ 3,28 millions de tonnes, alors que la production nationale était de 0,63 million de tonnes. Ainsi, environ 83 % du soja nécessaire a été importé.
Pourriez-vous dire aux membres du Comité quelle est, à votre avis, la cause de cette augmentation annuelle, et comment le soja canadien contribue à répondre à la demande indonésienne en la matière? De plus, croyez-vous que la tendance mondiale va se poursuivre?
:
Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous nos témoins d'être ici. Nous aurions peut-être dû tenir cette réunion à Essex aujourd'hui, parce que si nous parlons de Harrow, nous parlons aussi d'Essex et de batteries. C'est une excellente réunion qui nous a permis d'en apprendre beaucoup jusqu'à présent.
Monsieur Gaudreault, je n'aurai pas le temps de vous poser des questions, mais si vous pouviez contacter mon bureau, monsieur, je serais ravi de discuter de batteries avec vous.
Les agriculteurs nourrissent les villes, madame la présidente. Nous voyons ces panneaux dans la région d'Essex. Tout le monde le sait, et on ne parle pas seulement de villes canadiennes. Nous avons maintenant l'occasion de faire du commerce.
Monsieur Byrne, je veux simplement vous dire que je suis arrivé tard chez moi hier soir et qu'en me réveillant ce matin, j'ai vu que mon champ de soja avait progressé. Bientôt, mes récoltes feront aussi partie de la discussion.
J'ai récemment visité les installations d'ADM. Pour ceux qui l'ignorent, ADM est une usine de broyage et d'exportation dans la région de LaSalle-Windsor. C'est là que les cargos et les trains vont pour faire beaucoup d'exportation. Somme toute, je suis assez au fait de ce qui s'y passe.
À titre d'information, le ministre du cabinet fantôme pour l'agriculture, John Barlow, sera à Essex ce samedi. J'ai l'intention de discuter de plusieurs de ces enjeux avec lui. Il y a beaucoup de choses en jeu en ce moment.
J'aimerais m'adresser à M. Byrne par votre entremise, madame la présidente. Je comprends les coûts. Je comprends le prix des céréales et du carburant. En passant, je comprends les enjeux liés au manque d'engrais et au prix de ce produit, si tant est qu'on puisse s'en procurer. Au cours de la dernière session parlementaire, M. Lawrence a déposé un projet de loi d'initiative parlementaire visant à supprimer la taxe sur le carburant pour faciliter le séchage des céréales. Je crois que M. Lobb déposera cette proposition très bientôt. Est‑ce quelque chose qui permettrait aux agriculteurs d'investir davantage et d'avoir plus de céréales à l'avenir?
:
C'est une excellente question.
Je pense qu'en général, chaque fois qu'un agriculteur peut investir dans ses opérations au lieu d'envoyer de l'argent au gouvernement, c'est positif pour nous.
Dans ce cas‑ci, beaucoup de gens font exactement ce qu'ils feraient sur leur ferme pour sécher leurs céréales, mais ils doivent envoyer des chèques de 8 000 $, de 10 000 $ ou de 20 000 $ pour ce faire, et comme vous le savez, nous ne disposons pas d'une solution de rechange fiable. Le fait d'avoir différentes options permet habituellement de changer la donne, mais, à l'heure actuelle, nous n'avons aucune solution de rechange fiable qui nous permettrait de nous départir du gaz naturel et du propane. Nous avons certainement hâte que le projet de loi d'initiative parlementaire soit déposé et nous espérons qu'il sera adopté.
J'aimerais revenir à M. Byrne par votre entremise, madame la présidente, s'il vous plaît.
Il y a quelques semaines, j'ai eu la chance de m'adresser à la Fédération de l'agriculture du comté d'Essex, et ses membres étaient grandement préoccupés par l'enjeu de l'engrais. Je leur ai demandé: « si on vous donnait un peu de répit, de combien de capacité supplémentaire dispose l'Ontario, précisément? » Je me pose la question. Quand je parle de capacité, ce que je me demande, c'est à quel point l'Ontario pourrait exporter plus de produits si les agriculteurs recevaient une aide adéquate. Avez-vous des données là‑dessus, monsieur?
:
Merci, madame la présidente.
Merci à tous les témoins présents aujourd'hui.
J'aimerais, par l'intermédiaire de la présidente, adresser ma question à M. Gaudreault.
Pour faire suite à la question posée plus tôt par M. Virani, la demande mondiale de phosphate augmente à un rythme de 2 à 3 % par année, ce qui correspond à des besoins de quatre à six millions de tonnes par année.
Hormis les véhicules électriques et les engrais, quelles autres utilisations contribuent à cette croissance de la demande en phosphate?
:
Je pourrais commencer et M. Byrne pourra y aller de son point de vue par la suite.
Lorsque nous regardons notre secteur du soja, nous constatons que nous sommes vraiment axés sur l'exportation. Dans cette optique, l'accès à l'Indo-Pacifique ouvre la porte à une demande croissante qui nous permettra d'augmenter nos exportations, mais il est aussi très important d'avoir d'autres options et de la diversité.
Je vais laisser M. Byrne donner des précisions sur ce qu'il a dit dans son exposé sur l'incidence de l'instabilité lorsqu'il y a un problème sur un marché et que vous ne pouvez pas y vendre, ou que vous avez de la difficulté à le faire, ainsi que sur ce qui se passe du côté des producteurs lorsque cela se produit. Cependant, du point de vue de l'industrie, nous voulons avoir autant d'options que possible, autant de canaux ouverts, pour ainsi dire, parce que cela nous aide à augmenter nos ventes, mais aussi à avoir une pluralité de choix lorsque des problèmes se présentent.
Merci encore aux présentateurs pour cette importante discussion.
Il est intéressant de noter qu'il y a un monsieur de Sault Ste. Marie, Gerry Fowler, de Manna International, qui est un courtier en soja biologique. Il représente un certain nombre d'agriculteurs du sud de l'Ontario et il exporte principalement en Europe. Lui et moi avons discuté de l'industrie. L'une de ses préoccupations — qui n'est pas liée aux tarifs douaniers — concerne l'expédition et la pénurie de conteneurs.
Monsieur Innes, et peut-être l'autre intervenant, pourriez-vous nous informer de ce qui se passe avec les conteneurs et l'expédition proprement dite? C'est une partie de la question.
Aussi, où expédiez-vous? Dans quels ports de la région indo-pacifique entrez-vous et faites-vous des livraisons? J'aimerais le savoir. La sous-question ou la réflexion à ce sujet concerne la mer de Chine méridionale. Nos amis et alliés, comme le Japon, s'inquiètent des revendications de la Chine dans certaines régions. Avez-vous des inquiétudes à ce sujet et que faites-vous pour composer avec ces problèmes dans la mer de Chine méridionale?
:
Merci beaucoup pour votre question sur les conteneurs. Les conteneurs sont vraiment importants pour notre capacité d'exportation. En fait, presque tout notre soja de qualité alimentaire est exporté dans des conteneurs, et ce, plus que tous les autres grains cultivés au Canada. Environ 40 000 conteneurs de soja sont exportés chaque année par le Canada. Le chargement se fait, entre autres, dans la région juste au sud de Montréal et dans des fermes près d'Essex — bref, partout au pays, y compris dans les Prairies et même dans le Nord.
Ce que nous observons dans le système de transport du fret conteneurisé, c'est une concentration du pouvoir sur le marché, ce qui explique pourquoi nous avons des services inadéquats et des tarifs discriminatoires ici, au Canada. Nous constatons que, par rapport à nos concurrents — et cela rejoint la question précédente sur la situation de nos concurrents américains —, nos expéditeurs continuent d'avoir beaucoup de mal à obtenir des services et des tarifs concurrentiels pour les conteneurs afin d'expédier notre soja.
C'est un défi pour nous, et c'est un vrai problème sur le terrain pour des agriculteurs comme M. Byrne, qui sont sur le point de récolter leur soja cette année, parce que nous n'avons toujours pas expédié la récolte de l'année dernière. Nous disposons d'une quantité limitée d'entreposage pour notre soja. Heureusement, nous prévoyons une bonne récolte cette année, mais en raison des services inadéquats qui posent problème, nos expéditions ont été retardées et nous n'avons pas pu exporter ce que nous voulions.
Nos expéditions par conteneurs passent par Montréal, Vancouver et Prince Rupert. Nous utilisons donc les ports de l'Est et de l'Ouest pour le soja. C'est un élément essentiel de notre compétitivité. Les ports constituent un lien important pour acheminer les aliments cultivés notamment au Canada vers les consommateurs du monde entier.
Malheureusement, les difficultés ne sont pas uniquement attribuables à la COVID et aux chaînes d'approvisionnement. Elles sont dues à la concentration du pouvoir sur le marché, ce qui nuit vraiment à nos petites et moyennes entreprises.
:
Comme M. Lewis pourra peut-être en attester, la connexion Internet dans certaines régions rurales à l'extérieur d'Essex laisse parfois à désirer. Je m'en excuse.
Lorsqu'il se produit un tel engorgement des conteneurs et que les agriculteurs ne sont pas en mesure d'expédier leurs produits en temps voulu, cela peut retarder la récolte et causer d'autres pressions. D'ailleurs, il existe déjà une crise de santé mentale chez les agriculteurs, chose que nous essayons de gérer.
Dans pareilles situations, nous voulons nous assurer que les conteneurs sont disponibles, de sorte que les ports puissent avoir l'espace nécessaire lorsque les agriculteurs procèdent à la récolte, parce qu'ils y ont déjà eu accès et qu'ils ont pu expédier la récolte de l'année dernière, comme je l'ai dit, au lieu de retarder celle de l'année en cours.