:
Je déclare la séance ouverte.
Soyez les bienvenus à la réunion no 36 du Comité permanent du commerce international.
La séance d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Les membres participent en personne dans la salle ou à distance à l'aide de l'application Zoom.
Voici quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Veuillez parler lentement et clairement. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, les personnes qui utilisent l'application Zoom peuvent sélectionner, au bas de l'écran, le parquet, l'anglais ou le français. Les personnes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Je vous rappelle que vous devez toujours vous adresser à la présidence. Les députés présents dans la salle sont priés de lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Les députés qui participent sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». La greffière et moi-même allons faire de notre mieux pour gérer l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Veuillez noter également qu'il est interdit de prendre des photos dans la salle ou de faire des captures d'écran sur Zoom.
Conformément à notre motion de régie interne concernant les tests de connexion des témoins qui comparaissent par vidéoconférence, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion. S'il survient un problème technique, veuillez m'en informer, car nous devrons peut-être suspendre la séance quelques minutes pour nous assurer que tous les membres ont accès à l'interprétation.
Bienvenue à tous les témoins et à tous les collègues. C'est formidable de vous voir tous en personne plutôt que par écrans interposés.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 20 septembre, le Comité reprend aujourd'hui son étude des répercussions commerciales potentielles de l'Inflation Reduction Act of 2022, en français la loi sur la réduction de l'inflation de 2022, des États-Unis sur certaines entreprises et certains travailleurs au Canada.
Nous accueillons aujourd'hui Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Candada; Sean Strickland, directeur exécutif des Syndicats des métiers de la construction du Canada; par vidéoconférence, David Billedeau, directeur principal, Ressources naturelles, environnement et durabilité, à la Chambre de commerce du Canada; Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada. Enfin, nous entendrons David Adams, président-directeur général des Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada.
Encore une fois, bienvenue à tous. Merci beaucoup de prendre le temps de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Nous allons commencer par les déclarations liminaires avant d'enchaîner avec les séries de questions.
Monsieur Simard, je vous invite à faire une déclaration liminaire de cinq minutes.
:
Distingués membres du Comité, madame la présidente, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître dans le cadre de l'étude de la loi américaine sur la réduction de l'inflation.
Cette loi offre une multitude de possibilités pour le Canada, car elle délocalise la demande relative à certains éléments de l'ACEUM tels que l'énergie solaire, l'énergie nucléaire, l'industrie manufacturière de pointe, l'amélioration de l'approvisionnement énergétique, les mesures incitatives sur l'achat de véhicules électriques et l'électrification des services postaux aux États-Unis. Les débouchés commerciaux nouveaux ou accélérés pour un grand producteur de métaux comme le Canada, qui exporte 90 % de sa production de calibre mondial aux États-Unis, se chiffrent à près de 400 milliards de dollars américains.
Dans le contexte où l'Amérique du Nord passe de la délocalisation à l'amilocalisation dans le cadre de la restructuration de ses chaînes de valeur, ce qui touche autant les éléments et matériaux critiques que sa base de fournisseurs stratégiques, le Canada forme une classe à part.
Le Canada produit des matériaux critiques, dont l'aluminium, qui pourraient permettre le virage vert de l'économie américaine. L'empreinte humaine et l'empreinte carbone du Canada répondent aux critères les plus élevés, notamment aux critères relatifs à la démocratie, comme l'illustre la première diapositive de notre mémoire, qui a été produite par notre unité du renseignement économique. En comparant les pays producteurs de carbone au moyen de critères comme l'intensité carbonique, la sûreté de la chaîne d'approvisionnement et l'indice démocratique, nous constatons que le Canada se classe nettement au‑dessus du lot avec l'Islande, la Norvège et l'Australie.
La deuxième diapositive montre que les régimes autoritaires représentent 78 % de la production mondiale d'aluminium. Combiné au critère relatif au carbone, ce facteur rend les possibilités d'approvisionnement accessible de plus en plus limitées pour les acheteurs et fait ressortir la combinaison unique d'avantages que possède le Canada.
Par contre, pour profiter de ces possibilités émergentes, nous devons accélérer la modernisation de nos actifs. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent saisir l'occasion pour faire un bond en avant en mettant en place un environnement fiscal qui encourage la modernisation massive de l'industrie.
Comme nous l'avons mentionné au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, c'est en accroissant notre compétitivité au sein d'une industrie mondiale qui évolue rapidement que nous pourrons demeurer dans le peloton de tête. Le gouvernement doit penser au‑delà des programmes de prêts traditionnels. Il pourrait donner accès à des dispositions fiscales déjà en place, telles que l'amortissement accéléré des dépenses en capital, de même que remanier ses programmes conformes aux règles commerciales.
Enfin, ce n'est pas une course désespérée; c'est une course vers le haut et vers un meilleur avenir. Montrons-nous à la hauteur de la situation.
Merci.
:
Merci, madame la présidente, et merci aux membres du Comité. Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant le Comité pour parler des répercussions commerciales possibles de la loi américaine sur la réduction de l'inflation sur les travailleurs au Canada.
Je m'appelle Sean Strickland, et je suis directeur exécutif des Syndicats des métiers de la construction du Canada, qui fait partie des syndicats nord-américains des métiers de la construction. Nous représentons 14 syndicats internationaux de la construction et nous avons des bureaux à Washington D.C. et à Ottawa. Les deux associations comptent ensemble plus de 3 millions de travailleurs de la construction syndiqués, dont 600 000 se trouvent au Canada.
Les syndicats internationaux qui forment les métiers de la construction travaillent depuis très longtemps en collaboration sur les questions qui touchent leurs membres des deux côtés de la frontière. En partenariat avec les employeurs, nous offrons plus de 1 900 programmes d'apprentis et nous investissons annuellement presque 2 milliards de dollars dans des programmes de formation qui produisent des travailleurs hautement qualifiés et formés selon les normes de sécurité les plus élevées au monde. Nous luttons pour la création et le maintien de bons emplois syndiqués qui offrent aux travailleurs un salaire leur permettant de nourrir leur famille, ainsi que des avantages sociaux et une pension qui leur permet de prendre leur retraite dans la dignité.
Comme vous le savez, la loi américaine sur la réduction de l'inflation adoptée récemment prévoit plus de 300 milliards de dollars en mesures incitatives fiscales sur les infrastructures d'énergie propre. Cette loi change la donne au niveau international en incitant les entreprises à créer des emplois syndiqués et à embaucher des apprentis grâce à un élargissement des crédits d'impôt. Avant l'adoption de la loi, le Canada avait pris les devants dans la transition vers la carboneutralité en utilisant les subventions liées au carbone pour faire des investissements et des avancées technologiques dans le domaine des énergies renouvelables. Par contre, depuis l'adoption de leur loi sur la réduction de l'inflation, les États-Unis ont nettement pris les commandes. Comme la suite des choses déterminera le sort de l'économie canadienne pour les décennies à venir, notre réponse devra être vigoureuse, intelligente et rapide.
Je sais que le ministère vous a présenté une analyse approfondie des éléments de la loi tels que le crédit sur l'énergie nucléaire. Les crédits sont multipliés par cinq si les exigences relatives au taux courant de rémunération sont remplies. Le crédit sur l'investissement dans l'électricité propre est lui aussi multiplié par cinq pour autant que les exigences relatives au taux courant de rémunération et à la formation des apprentis sont remplies. Le crédit à la production d'hydrogène augmente de 500 % si ces deux exigences et certaines autres sont respectées. Il en est de même pour la déduction sur les immeubles commerciaux écoénergétiques et pour le crédit sur le captage et la séquestration du carbone.
Quant aux véhicules électriques, certains témoins vous parleront aujourd'hui des changements dans ce domaine et de leurs répercussions possibles sur la production de véhicules électriques au Canada.
La loi sur la réduction de l'inflation renferme également des dispositions de type « make it in America » qui préconisent l'utilisation d'équipements fabriqués aux États-Unis pour la production d'énergie propre. Nous devons examiner de près ces dispositions.
Les États-Unis sont ainsi devenus un marché très attrayant pour les investissements dans les infrastructures d'énergie propre. Les mesures incitatives permettent d'attirer les capitaux privés, mais aussi d'améliorer la qualité de vie des citoyens américains en garantissant des salaires conventionnels et en élargissant l'accès à des formations d'apprenti dans les métiers spécialisés.
De l'avis des Syndicats des métiers de la construction du Canada, nous devons examiner de près les mesures incitatives et y répliquer par des mesures intelligentes qui tiennent compte de notre avantage concurrentiel. Je pense que ce serait très ardu de répondre à toutes les mesures, mais il y a des domaines où nous pouvons exercer et intensifier notre avantage concurrentiel. Je pense, par exemple, au secteur minier, au secteur de la production d'hydrogène ou à celui, déjà en place, de la séquestration du carbone. Nous avons un avantage concurrentiel dans de nombreux secteurs. La fabrication de petits réacteurs modulaires et bon nombre d'autres projets sont en développement au Canada. Demandons-nous comment utiliser les mesures incitatives et créer un régime qui pourrait concurrencer la loi américaine sur la réduction de l'inflation, mais en y répondant de façon intelligente?
Comme mon collègue l'a mentionné plus tôt aujourd'hui, ce n'est pas une course désespérée. Nous devons agir intelligemment et exercer notre avantage concurrentiel qui réside dans notre main-d'œuvre. Nous avons des travailleurs hautement qualifiés au Canada. Nous devons continuer à investir dans le recrutement et dans la formation. Nous devons également attirer plus de gens dans les métiers spécialisés au Canada. Nous pouvons répondre à la demande croissante pour les métiers spécialisés à l'échelle du pays en modifiant les programmes d'immigration et en facilitant la mobilité transfrontalière.
Un des plus grands défis que nous aurons à relever pendant la transition sera la disparition d'environ 450 000 emplois dans le secteur pétrolier et gazier d'ici à 2050. Comment allons-nous remplacer ces emplois par les emplois du futur dans les énergies nouvelles? Notre réaction à la loi américaine sur la réduction de l'inflation répondra en grande partie à cette question importante. Nous devons nous assurer de ne laisser aucun travailleur pour compte. Lorsque nous délaisserons le secteur pétrolier et gazier, nous devrons remplacer les emplois de ces travailleurs par de bons emplois syndiqués dans les sources d'énergie de l'avenir, notamment l'hydrogène, la séquestration du carbone, les petits réacteurs modulaires et l'énergie nucléaire traditionnelle.
J'ajouterais que si nous offrons des mesures incitatives assez convaincantes pour que le secteur privé demeure concurrentiel sur ce front, les Canadiens doivent s'attendre à ce que ces généreuses subventions se soldent par la création de bons emplois assortis d'avantages sociaux, de prestations de santé et de pensions, qui permettront aux travailleurs de la classe moyenne de nourrir leur famille. Les mesures incitatives et les crédits fiscaux auxquels nous pensons pour répondre à la loi américaine sur la réduction de l'inflation se chiffreraient en dizaines de milliards de dollars. Je pense que la population canadienne s'attend — tout comme les parlementaires, je l'espère — que toutes ces mesures incitatives soient liées à la création de bons emplois pour les familles.
Au nom des trois millions de gens de métier qualifiés membres des syndicats nord-américains des métiers de la construction, de nos 14 syndicats internationaux affiliés et des 60 corps de métier que nous représentons, j'aimerais remercier le Comité de nous avoir invités à comparaître. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
Merci, madame la présidente.
:
Madame la présidente et distingués membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à participer à la discussion d'aujourd'hui au nom de la Chambre de commerce du Canada.
Même si la loi américaine sur la réduction de l'inflation de 2022 renferme des possibilités pour les entreprises canadiennes, nous ne devons pas occulter les difficultés auxquelles fait face le secteur privé au Canada. Mes remarques porteront donc aujourd'hui sur l'industrie automobile, les minéraux critiques, les technologies propres et la main-d'œuvre.
Commençons par le secteur de l'automobile. La loi met en place des crédits d'impôt progressifs sur les véhicules électriques. Pour que le contribuable puisse avoir droit au crédit, la batterie de son véhicule électrique devra être fabriquée entièrement en Amérique du Nord à partir en 2029. Cette exigence est riche en possibilités pour le secteur des ressources naturelles et le secteur manufacturier au Canada. Toutefois, vu les longs délais que demandent la construction des infrastructures minières en amont et médianes et la modification des chaînes d'approvisionnement de l'industrie automobile, les constructeurs automobiles en Ontario auront de la difficulté à remplir les exigences d'admissibilité au crédit à court terme.
Je vais enchaîner avec les minéraux critiques. La demande mondiale pour certains minéraux devrait augmenter jusqu'à 600 % d'ici 2040, ce qui représente une rare occasion pour le Canada. De fait, la chambre de commerce estime que le Canada peut répondre à la demande nord-américaine et mondiale en minéraux servant à la construction des véhicules électriques et à la fabrication de technologies propres. Pour que la production et le traitement des minéraux au pays puissent suivre la demande croissante, il faut impérativement accélérer le développement de ressources, car il faut au Canada en moyenne 15 ans pour qu'un projet minier passe de la découverte à la première production. Ces délais auront une incidence sur les efforts de décarbonation au pays et limiteront les possibilités pour la mise en place et le développement d'installations minières et d'installations manufacturières partout au Canada.
À propos des technologies propres, la loi américaine sur la réduction de l'inflation prévoit du soutien pour les carburants de remplacement produits aux États-Unis, tels que l'hydrogène et le biogaz, et pour les technologies propres comme les techniques de captage, d'utilisation et de stockage du carbone. La loi renferme aussi des multiplicateurs de crédits pour les produits répondant aux critères relatifs au contenu fabriqué aux États-Unis et aux ressources humaines. En raison de ces mesures incitatives, les entreprises canadiennes de technologies propres pourront difficilement soutenir la concurrence sur le marché américain.
Il est vrai que l'énoncé économique de l'automne du gouvernement du Canada renferme des crédits d'impôt sur l'investissement dans les technologies propres. Toutefois, le Canada doit prendre d'autres mesures pour établir des règles du jeu équitables et garantir des débouchés pour les travailleurs canadiens.
Enfin, j'aurais quelques remarques sur la disponibilité de la main-d'œuvre.
Une étude menée par l'organisme BlueGreen Alliance indique que la loi américaine sur la réduction de l'inflation va créer plus de neuf millions d'emplois dans le secteur des technologies climatiques aux États-Unis d'ici 2032, en grande partie dans le domaine des sciences, des technologies, du génie et mathématiques. La hausse fulgurante de la demande de main-d'œuvre aux États-Unis rendra plus difficile pour le Canada d'attirer et de retenir des travailleurs qualifiés pour faire progresser son économie verte. Cette perspective est préoccupante, car la compétition pour les talents est déjà le talon d'Achille du Canada, où environ le tiers des entreprises est aux prises avec des problèmes de main-d'œuvre.
Avec ces facteurs en tête, j'aimerais vous soumettre quelques recommandations.
Premièrement, pour développer le secteur minier, des technologies propres et de la fabrication de pointe, le Canada doit pouvoir soutenir la concurrence pour les investissements de capitaux majeurs. Pour ce faire, il faut garantir des investissements de capital de risque pour les premiers stades de projets miniers; accélérer la période de mise en œuvre du Fonds stratégique pour l'innovation; affecter davantage de fonds pour les minéraux critiques; s'assurer que les mesures incitatives prévues dans la loi américaine sur la réduction de l'inflation ne constituent pas des barrières non tarifaires qui nuiraient aux entreprises canadiennes.
Deuxièmement, pour réduire les délais des projets miniers, le gouvernement du Canada doit travailler avec des intervenants de divers horizons pour raccourcir de façon responsable les délais de développement et de délivrance de permis.
Troisièmement, le Canada doit se pourvoir d'une stratégie de création d'emplois écologiques qui regrouperait tous les niveaux de gouvernement, de même que des acteurs du secteur privé et des établissements postsecondaires se trouvant partout au pays. Cette stratégie aurait pour objet de bâtir la capacité et les travailleurs qualifiés nécessaires à la progression de notre économie et à la réalisation des projets qui nous permettront d'atteindre la carboneutralité.
Pour conclure, la Chambre de commerce du Canada encourage le Comité à examiner attentivement les répercussions économiques régionales de la loi américaine sur la réduction de l'inflation et à explorer le potentiel infini du Canada pour faire avancer les transitions mondiales vers la carboneutralité.
Merci encore de votre temps et de votre attention. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent du commerce international de prendre le temps d'écouter ce que nous avons à dire sur la loi américaine de 2022 sur la réduction de l'inflation.
Mon nom est Daniel Breton, et je suis le président-directeur général de Mobilité électrique Canada, une association qui compte plus de 150 membres.
Ces derniers sont notamment des fabricants de véhicules légers, moyens, lourds et hors route, des fournisseurs d'électricité et d'infrastructures de recharge, des compagnies minières, des entreprises technologiques, des centres de recherche, des villes, des universités, des gestionnaires de parcs de véhicules, des syndicats ou des ONG environnementales. Bref, nous sommes la voix nationale de l'électrification des transports.
[Traduction]
Selon une étude publiée par l'Agence internationale de l'énergie en août 2022, environ 50 % des emplois dans le secteur de l'énergie dans le monde en 2019 étaient dans l'énergie propre, ce qui inclut les moyens de transport propres. Même en Amérique du Nord, où l'industrie des combustibles fossiles est importante, les emplois propres représentaient près de 50 % des emplois il y a trois ans, avant la grande campagne pour promouvoir l'industrie des VE au Canada menée par les gouvernements fédéral et provinciaux au Canada.
Au cours des six derniers mois, le gouvernement du Canada a garanti plus de 15 milliards de dollars d'investissements et des dizaines de milliers d'emplois dans l'écosystème canadien des véhicules électriques. Le Canada est en train de faire prendre de l'expansion à une industrie novatrice de la mobilité électrique — allant de l'exploitation minière aux chaînes de montage, en passant par l'infrastructure, l'éducation, la protection et la distribution de l'électricité —, et il reste encore beaucoup à faire, car c'est l'industrie qui connaît la croissance la plus rapide au monde.
Parlons maintenant de l'Inflation Reduction Act. Lorsque nous examinons la section 45X, le crédit pour production manufacturière de pointe, nous constatons que si un fabricant veut produire des batteries pour les véhicules électriques, il peut obtenir 45 $ par kilowattheure pour les véhicules électriques pour chaque batterie de plus de sept kilowattheures.
Pour citer David Booth, « Si cela vous semble être peu d'argent, alors il est probablement utile de vous rappeler que 45 $ américains par kilowattheure représentent environ le tiers du coût total de fabrication d'une automobile, la composante la plus coûteuse... d'un VE. Plus précisément, le VE moyen vendu en Amérique du Nord a environ 80 kilowattheures ». Si vous vous penchez là‑dessus, cela signifie que vous pouvez obtenir un rabais supplémentaire pour la fabrication du véhicule de 3 500 à 6 000 $: « Et n'oubliez pas que c'est de l'argent directement dans la poche du constructeur automobile... À plus grande échelle, cette usine de 30 gigawattheures pourrait rapporter à BMW quelque 1,35 milliard de dollars américains. Et il ne s'agit pas d'un paiement unique. Il s'agit d'un paiement annuel, c'est-à-dire chaque année jusqu'à la fin de 2032. »
Je tiens à rappeler à tous qu'en 2021, le président Biden et le « se sont mis d'accord pour bâtir ensemble les chaînes d'approvisionnement nécessaires pour faire du Canada et des États-Unis des chefs de file mondiaux de la conception et de la fabrication de batteries. Dans cette optique, ils ont convenu de consolider le Plan d'action Canada-États-Unis dans le domaine des minéraux critiques afin d'atteindre la carboneutralité par la transformation industrielle, la conception de batteries d'automobile non polluantes et le stockage de l'énergie renouvelable ».
Pour en revenir à la fabrication de batteries, nous ne parlons pas de batteries fabriquées aux États-Unis, au Canada et au Mexique, mais uniquement aux États-Unis. Pour bénéficier de l'incitatif de 45 $ par kilowattheure, les batteries doivent être construites aux États-Unis.
Il y a quelques semaines, le gouvernement fédéral a publié sa politique relative aux investissements étrangers des entreprises d'État dans les minéraux critiques en vertu de la Loi sur Investissement Canada. La politique faisait état de ce qui suit: « Annoncée le 11 mars 2021, la Liste des minéraux critiques a été et comprend 31 minéraux considérés comme critiques pour la prospérité économique durable du Canada et de ses alliés — des minéraux qui peuvent être produits au Canada [et qui] sont essentiels à l'industrie et à la sécurité du pays. »
Le 2 novembre, le gouvernement fédéral a ordonné à trois entreprises de se dessaisir de ses intérêts miniers canadiens depuis que ces investissements pourraient constituer une « menace pour notre sécurité nationale et nos chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques, au pays comme à l'étranger ».
Le 12 novembre, il y a quelques jours, Bloomberg New Energy Finance a publié son classement relatif à la chaîne d'approvisionnement des batteries, qui a relevé ceci:
Le Canada se hisse au deuxième rang cette année [après la Chine], ce qui reflète ses importantes ressources en matières premières et son activité minière, ainsi que son bon positionnement dans les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance... et dans l'infrastructure, l'innovation et l'industrie. L'absence d'importantes capacités de fabrication d'éléments et de composants signifie que la plus grande partie de la valeur de ces ressources est réalisée à l'extérieur du pays, même si les annonces récentes de BASF, General Motors et Posco montrent une augmentation des investissements dans les batteries.
Compte tenu de cela, du fait que de nombreux minéraux essentiels nécessaires aux batteries des VE, aux systèmes de propulsion, aux énergies renouvelables et aux forces armées se trouvent au Canada, que pouvons-nous faire pour que les Canadiens profitent de notre position stratégique et ne finissent pas, une fois de plus, par n'être qu'un simple fournisseur de ressources naturelles à un autre pays, en l'occurrence les États-Unis? L'AMPC constitue‑t‑elle une violation de l'ACEUM?
[Français]
Le Canada possède les minéraux critiques et stratégiques, les entrepreneurs, les travailleurs qualifiés, la capacité de recherche et de développement, les universités, l'énergie propre et, maintenant, la volonté politique. Nous devons nous assurer que ces travailleurs et ces futurs travailleurs pourront effectuer cette transition en leur garantissant un avenir dans l'industrie de la fabrication de véhicules électriques et de leurs composantes. Il faut donc s'assurer que la loi américaine de 2022 sur la réduction de l'inflation n'entre pas en contradiction avec ce qu'on veut faire.
En conclusion, la compétition ne devrait pas venir des États‑Unis. Nous voulons être des partenaires des Américains, mais cette loi de 2022 pose un problème pour la fabrication de véhicules électriques et de composantes de véhicules électriques, en particulier les batteries.
:
Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au nom des 15 membres de Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada.
Nos membres fabricants Honda et Toyota représentent 55 % de la production canadienne de véhicules légers jusqu'en septembre 2022, tandis que tous les membres, en tant que distributeurs canadiens exclusifs de certains des plus grands constructeurs d'automobiles mondiaux, étaient responsables de 62 % des ventes canadiennes en 2021.
Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion d'ajouter mes remarques aux déclarations des témoins qui ont déjà comparu devant le Comité concernant les répercussions que l'Inflation Reduction Act des États-Unis pourrait avoir sur l'industrie automobile au Canada.
Le secteur canadien de la construction automobile est à la croisée des chemins. Nous pouvons rivaliser et gagner contre les meilleurs au monde, mais comme d'autres l'ont remarqué, les États-Unis ont introduit des subventions vraiment massives dans l'Inflation Reduction Act qui détourneront les investissements dans la technologie propre du Canada.
Le crédit pour la fabrication de technologies propres, connu sous le nom de « 45X » en vertu de l'IRA, pourrait s'élever à un montant allant de 3 600 à 6 300 $ par batterie de véhicule, comme vous l'avez déjà entendu, une subvention spectaculairement importante qui est directement versée au fabricant de batteries. Le gouvernement du Canada doit de toute urgence égaler ou dépasser cette subvention afin d'éviter que tous les investissements dans la production de batteries soient détournés ou délocalisés vers les États-Unis.
Le deuxième défi critique est le crédit pour les projets de technologies énergétiques avancées, connu sous le nom de « 48C », qui offre un crédit d'impôt pouvant atteindre 30 % sur les investissements dans les installations de production d'un vaste éventail de technologies d'énergie propre, y compris les installations qui produisent des composantes de véhicules électriques. Cela dépasse largement les crédits d'investissement offerts par le Canada. Encore une fois, il est essentiel que le gouvernement examine si nous pouvons égaler ou dépasser ces crédits.
En ce qui concerne les incitatifs, nous sommes ravis que l'IRA offre la certitude que les véhicules électriques canadiens seront admissibles à l'incitatif américain de 7 500 $ pour les VE, à condition que les dispositions nord-américaines relatives aux minéraux essentiels soient respectées et que les composants de batterie soient fabriqués et assemblés en Amérique du Nord. Cependant, les restrictions nord-américaines signifient, du moins à court terme, que beaucoup moins de modèles — seulement 25 des 70 modèles de VE — seront admissibles aux incitatifs pour VE aux États-Unis, en raison du fait que l'extraction des minéraux essentiels et la production de batteries en Amérique du Nord en sont à leurs premières étapes de conception.
Les incitatifs à l'achat, que ce soit au Canada ou aux États-Unis, demeurent des moteurs importants de l'adoption des VE et, à ce titre, ces restrictions compliquées sur les incitatifs à l'achat de VE sont susceptibles de ralentir l'adoption des VE aux États-Unis, ce qui risque de ralentir la vente de VE construits au Canada et destinés aux États-Unis, étant donné que 85 % de notre production de véhicules aboutit aux États-Unis.
Nous recommandons que le Canada double l'incitatif fédéral à l'achat de VE afin d'égaler ce qui est offert aux États-Unis, mais sans imposer les restrictions que l'IRA a incluses. Tout simplement, les obligations de vente de VZE au Canada sont si ambitieuses que notre seul espoir de les atteindre est d'offrir de généreux incitatifs pour encourager l'adoption par les consommateurs.
Si l'on regarde la vue d'ensemble, les États-Unis mènent une politique industrielle agressive pour maximiser l'emploi et les investissements dans le secteur automobile et sont prêts à dépenser des sommes importantes pour y parvenir: 20 milliards de dollars de prêts pour construire des installations de fabrication de véhicules propres; 30 milliards de dollars de crédits d'impôt pour la production pour, entre autres, accélérer la transformation des minéraux critiques et des batteries; et 2 milliards de dollars de subventions pour rééquiper les installations automobiles existantes afin de fabriquer des véhicules propres.
On nous a encouragés de voir dans l'énoncé économique de l'automne que notre gouvernement promet une réponse robuste à ce défi. Nous exhortons le gouvernement à aller bien au‑delà du Fonds de croissance du Canada et des investissements à venir dans la compétitivité de la fabrication de pointe du Canada.
Le Canada ne peut pas laisser passer ce réinvestissement générationnel dans l'industrie automobile. Nous avons besoin d'une action urgente de la part du gouvernement afin d'établir des règles du jeu équitables et de protéger les travailleurs canadiens. Dans notre mémoire prébudgétaire, nous présenterons des recommandations détaillées sur la façon dont le gouvernement peut travailler pour atténuer la fuite des investissements vers les États-Unis qui découlent des dispositions de l'IRA.
Madame la présidente et mesdames et messieurs les députés, merci du temps que vous m'avez accordé. J'ai hâte de répondre à toutes vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vais m'adresser directement à M. Adams, car il a mentionné l'urgence.
Monsieur Adams, nous avons reçu certains de vos collègues ici le 1er novembre — M. Volpe, M. Poirier et M. Kingston, que vous connaissez très bien —, et le consensus était que nous avions besoin d'une réponse urgente. Ce qui me préoccupe, c'est que nous avons eu l'énoncé économique de l'automne, et je ne vois pas l'urgence dans la réponse du gouvernement.
Vos collègues et vous avez rendu publique une fiche de rendement de l'industrie automobile dans le budget fédéral il y a six mois. Le gouvernement a disposé de six mois pour travailler sur ce dossier. Dans cette fiche de rendement, vous parliez d'engagements à faire une différence. Je me demande seulement si vous pouvez faire le point sur l'énoncé économique de l'automne pour le Comité.
Le Canada semble toujours accuser du retard dans ses réponses aux États-Unis. Pourriez-vous nous dire comment nous nous en sommes tirés avec l'énoncé économique de l'automne en ce qui concerne des éléments comme l'harmonisation de la réglementation avec celle des États-Unis, l'engagement de bâtir une infrastructure d'alimentation en hydrogène pour les véhicules à pile à combustible, l'élimination de la taxe de luxe et l'engagement à construire une infrastructure de recharge dans les centres urbains et les quatre millions de bornes de recharge publiques?
Comment l'énoncé a‑t‑il réussi à régler les problèmes que vous avez soulevés dans votre fiche de rendement?
:
Merci beaucoup de la question, monsieur Carrie.
En réponse à cette question, j'aimerais tout d'abord revenir sur votre observation concernant le fait que nous essayons de rattraper notre retard sur les États-Unis. Nous sommes en retard sur les États-Unis. Je pense qu'un domaine d'intérêt essentiel est que, en tant que nation, nous devons faire un bien meilleur travail pour continuer à tisser des liens et à établir un dialogue avec les États-Unis, afin que nous puissions avoir cette approche véritablement nord-américaine à l'égard du développement des technologies propres.
Je pense que ce que nous avons vu, c'est que, trop souvent, nous avons été pris dans le feu croisé de certaines de ces mesures des États-Unis qui sont, à vrai dire, ouvertement protectionnistes, pour soutenir leurs propres industries et les industries des technologies propres.
En ce qui concerne la fiche de rendement que nous avons publiée, il y a certainement beaucoup de chemin à parcourir. En ce qui concerne l'expansion de notre écosystème de véhicules électriques au Canada, tout doit être fait hier, et cela va de l'infrastructure de recharge aux observations de M. Billedeau sur l'accélération de notre processus d'évaluation environnementale et des processus pour mettre l'exploitation minière sur les rails. Il y a une foule de mesures qui doivent être prises le plus rapidement possible. Je dirais, de façon générale, dans l'ensemble, qu'il faut en faire plus en ce qui concerne la fiche de rendement.
En ce qui concerne l'énoncé économique de l'automne, je dirais que nous avons été reconnaissants du fonds de croissance propre et de l'occasion — qui, à tout le moins, a été énoncée à plusieurs reprises dans l'énoncé économique de l'automne — de mettre en place des initiatives pour faire tout ce que le Canada peut faire pour être compétitif afin de s'assurer que la fuite des technologies propres ne se fasse pas vers les États-Unis.
:
Je ne peux pas nommer d'élément particulier dans l'énoncé économique de l'automne — bien que je ne l'aie pas examiné de très près en ce qui concerne l'infrastructure de recharge —, mais je ne crois pas qu'il y ait eu quoi que ce soit à cet égard.
Toutefois, je reviendrai sur l'engagement pris par le gouvernement dans le budget d'allouer 400 millions de dollars à Ressources naturelles Canada et 500 millions de dollars supplémentaires à la Banque de l'infrastructure du Canada pour mettre en place 50 000 bornes de recharge. Ce qui nous préoccupe, c'est que, même avec les montants initiaux qui ont été octroyés à Ressources naturelles Canada pour installer environ 35 000 pièces d'infrastructure de recharge, nous croyons savoir qu'à ce jour, seulement 2 500 à 3 000 de ces bornes de recharge ont été mises en service et sont opérationnelles et fonctionnelles. Il ne s'agit pas seulement de la rapidité avec laquelle l'argent est distribué, mais aussi de la rapidité avec laquelle l'infrastructure de recharge est mise en place.
Nous pouvons débattre du nombre, mais je pense que nous pouvons certainement dire que 50 000 pièces d'infrastructure de recharge de part et d'autre du pays ne suffisent pas, et que le nombre devra augmenter de façon exponentielle si nous voulons nous diriger vers une situation où, en 2035, 100 % de tous les nouveaux véhicules seront des véhicules à zéro émission. La situation est d'autant plus critique que nous passerons à 60 % en 2030.
Il y a encore beaucoup de travail à faire pour bâtir cette infrastructure.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Sean Strickland, bienvenue au Comité.
Ce jeudi, je visiterai l'une de vos installations pour annoncer le programme de service d'apprentissage. Étant donné que l'annonce n'a pas été faite, je ne ferai pas de commentaire à ce sujet pour le moment.
Monsieur Breton, je vous souhaite un bon retour. Je suis ravi de vous revoir. À la dernière journée de défense des intérêts, je ne vous ai pas rencontré, mais j'ai rencontré deux de vos membres.
Monsieur David Billedeau, je vais maintenant m'adresser à vous pour revenir sur les propos que vous avez tenus à propos des projets miniers et du temps nécessaire entre la conceptualisation et la production réelle d'un projet minier, qui prend de 7 à plus de 10 ans environ. J'aimerais vous interroger sur la table régionale de l'Ontario qui a été annoncée récemment. Elle fait partie des neuf tables régionales annoncées par le gouvernement fédéral, conjointement avec les provinces, pour travailler sur les ressources, les délais et les approches réglementaires en vue d'exploiter les minéraux critiques, l'hydrogène propre, l'énergie nucléaire et la foresterie durable.
Cependant, avant cela, nous sommes ravis de parler de l'Inflation Reduction Act. À mon avis, outre cette loi, nous devrions également examiner la situation de la CHIPS Act de 2022. Elle s'intitule la CHIPS and Science Act de 2022, qui a été adoptée par les États-Unis. C'est une loi de 280 milliards de dollars.
On a toujours mis l'accent sur la production de puces, mais des 280 milliards de dollars, alors que 52 milliards sont destinés à la production de puces, 200 millions de dollars sont destinés aux centres technologiques régionaux pour qu'ils se concentrent non seulement sur les puces, mais aussi sur les technologies énergétiques, les biotechnologies, etc. À mon avis, cette loi est essentiellement un nouvel énoncé de politique industrielle des États-Unis, ce qui aura une incidence sur nous si nous ne nous concentrons pas là‑dessus également. Je pense que nous devons examiner à la fois l'Inflation Reduction Act et la CHIPS and Science Act de 2022.
Le Canada est prospère grâce à son commerce. Le commerce représente 65 % de notre PIB. Comme nous le savons tous, les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. Notre prospérité, notre niveau de vie, tout dépend du commerce avec les États-Unis. Il est donc très important que nous examinions ce qui se passe aux États-Unis et prenions des mesures.
Monsieur Strickland, vous avez mentionné deux éléments qui sont très importants. Vous avez dit que nous ne pouvons pas répondre ligne par ligne, ce qui est très vrai. Nous ne pouvons pas verser la somme équivalente aux fonds investis par les États-Unis, mais comme vous l'avez mentionné, nous devons répondre judicieusement. C'est ce que le Canada a fait. Au cours des sept dernières années, en tant que député et membre de ce comité du commerce, j'ai vu que les partis politiques, que ce soit les libéraux, les conservateurs, le NPD ou le Bloc québécois, travaillent tous ensemble lorsqu'il s'agit de questions cruciales sur lesquelles nous devons traiter avec les États-Unis, comme le commerce avec les États-Unis, ce que nous avons vu dans le cadre des dernières négociations de l'ALENA.
Il y a deux jours à peine, on a appris que l'armée américaine envisageait de financer des sociétés minières canadiennes. C'était une surprise. Pourquoi le Pentagone investit‑il dans des sociétés minières canadiennes? De nombreux Canadiens ne savent pas que les entreprises canadiennes sont depuis longtemps considérées comme des entreprises nationales américaines pour les différents achats effectués par le Pentagone américain. En fait, l'accord sur le partage de la production de défense que le Canada a conclu avec les États-Unis remonte à 1956. Dans le cadre de cet accord, nous constatons aujourd'hui que les États-Unis réagissent aux investissements possibles dans les minéraux essentiels au Canada, ce qui est une bonne chose.
Avant de m'adresser au représentant de la Chambre de commerce — M. Simard, je suis heureux que vous soyez là —, j'ai quelques questions qui ne sont pas directement liées à ce point, mais c'est la première fois que j'ai l'occasion de m'entretenir avec vous.
Comme nous le savons, l'industrie de l'aluminium est essentielle. C'est l'un des minéraux essentiels. Toutefois, j'ai constaté qu'au cours des 15 à 20 dernières années, la capacité de production n'a pas augmenté au Canada. Nous avons vu des annonces de nouvelles dans d'autres parties du monde, y compris au Moyen-Orient. Cependant, à l'exception d'une petite fonderie, rien de nouveau n'est arrivé. En fait, la production d'aluminium au Canada en 2011 était légèrement inférieure à trois millions de tonnes. Maintenant, en 2020, les chiffres sont plus élevés, avec un peu plus de trois millions de tonnes. Essentiellement, notre capacité de produire de l'aluminium stagne. C'est peut-être attribuable au fait que sur les 10 alumineries que nous avons, neuf appartiennent à Rio Tinto et Alcoa.
La propriété étrangère des entreprises canadiennes d'aluminium considère-t-elle le Canada comme une simple succursale qui sert uniquement les intérêts des États-Unis, car 90 % de notre production est exportée vers ce pays, alors que nous avons signé un accord de libre-échange avec l'Union européenne et que nous avons conclu le PTPGP avec les pays de la région du Pacifique?
Pourquoi ne voit‑on pas la production d'aluminium, la capacité installée pour la production d'aluminium, augmenter afin que nous puissions utiliser l'énergie canadienne bon marché et propre qui est disponible pour produire de l'aluminium et l'exporter vers l'Europe et les pays de l'Asie-Pacifique?
:
Pour ce qui est des infrastructures, je suis complètement en désaccord sur ce qui a été dit précédemment sur les infrastructures de recharge d'un bout à l'autre du Canada.
Au Québec, on retrouve présentement 45 % des véhicules à brancher du Canada, c'est-à-dire des véhicules hybrides, rechargeables ou 100 % électriques. Il s'y trouve de 8 000 à 9 000 bornes de recharge publiques, comme le sont toutes les bornes de recharge. En effet, je rappelle que de 80 % à 90 % des recharges sont faites à la maison et ne font donc pas appel à des bornes de recharge publiques. Par conséquent, le besoin évoqué par les Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada et l'Association canadienne des constructeurs de véhicules d'avoir quatre millions de bornes de recharge publiques ne tient pas du tout la route.
En juin 2022, il y avait à peu près 150 000 véhicules électriques au Québec, et le gouvernement souhaite qu'il y en ait 1,6 million en 2030. Si on multiplie cela par 10, grosso modo, on parle de 80 000 bornes pour le Québec. Si on fait le calcul pour le marché canadien au complet, on parle de 200 000 à 250 000 bornes de recharge, je le répète, publiques, un chiffre qui correspond à ce qui a été publié par Ressources naturelles Canada il y a quelques semaines à peine. Selon le ministère, cela prendra à peu près 50 000 bornes de recharge publiques au Canada en 2025 et environ 200 000 en 2030. Ces chiffres reposent sur des faits. Le Québec et la Colombie‑Britannique sont les deux provinces au Canada où les infrastructures de recharge sont les plus robustes et où on n'a pas de difficulté à se promener en véhicule électrique partout sur le territoire.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Comme mon collègue qui a lancé le bal plus tôt, je vais discuter, probablement avec M. Adams et M. Billedeau, des questions relatives à la réponse du Canada.
Une témoin précédente qui a comparu à notre dernière audience, Mme Cobden de l'Association canadienne des producteurs d'acier, a essentiellement dit que l'IRA adopte une approche habilitante. Au cours de sa période de questions et réponses, elle a juxtaposé cette approche à celle du Canada, qui s'apparente davantage à l'approche de la carotte et du bâton. Vous voyez 390 milliards de dollars qui ont été offerts sur un investissement de 10 ans. Cela ne fait qu'attirer les investissements aux États-Unis.
Nous avons des installations de construction automobile à proximité. Égoïstement, nous aimerions que ces installations continuent d'exister et de prendre de l'expansion pour répondre à ces demandes. Lorsque vous voyez certains de ces crédits pour la production, ces exigences relatives au contenu, pour répondre à l'argument de M. Billedeau, avons-nous même la capacité de répondre à certaines de ces demandes?
Lorsque je regarde l'un de ces crédits aux États-Unis, il doit comporter une limite de production précise pour les minéraux critiques. Il est question de passer de 40 % en 2023 à 50 % en 2024, à 60 % en 2025, à 70 % en 2026 et à 80 % en 2027.
Comment le Canada peut‑il même répondre à cette demande? Nous ne pouvons pas construire une mine en 10 ans. Comment allons-nous pouvoir rivaliser pour attirer ces minéraux essentiels afin d'obtenir ces installations de production? La situation est suffisamment difficile pour que les Américains offrent maintenant des crédits de production et des effets multiplicateurs. Comment le Canada peut‑il être compétitif?
Monsieur Adams, vous avez mentionné que vous allez formuler des recommandations au Comité des finances. Avez-vous des suggestions que vous pourriez nous faire maintenant ou à tout le moins nous transmettre lorsque vous déposerez ces recommandations au Comité des finances?
:
Oui, si vous me le permettez.
La Chambre de commerce du Canada a récemment publié un rapport sur l'engagement du Canada à atteindre la carboneutralité et sur la façon d'atteindre notre cible de 2050 de manière ordonnée. Je me ferai un plaisir de transmettre ce rapport au Comité après notre discussion d'aujourd'hui.
Par ailleurs, nous avons un rapport à venir qui porte sur les minéraux essentiels. Il vise à aborder chaque section de notre chaîne d'approvisionnement, de l'exploration et à l'extraction en amont, en passant par la fabrication et au recyclage en aval. Nous allons formuler un certain nombre de recommandations dans chacun de ces domaines. Elles seront publiées au début du mois de décembre. Encore une fois, je me ferai un plaisir de faire part de ces conclusions au Comité.
Toutefois, qu'il s'agisse de la carboneutralité, des minéraux essentiels, des sciences de la vie ou de l'économie numérique, lorsque la Chambre examine ces secteurs de croissance potentiels, deux thèmes reviennent toujours qui nuisent aux ambitions de croissance au Canada: l'accès au capital et l'accès à la main-d’œuvre.
Le gouvernement fait déjà de grands progrès pour accéder à du capital par l'entremise d'investissements effectués par la Banque de l'infrastructure du Canada, du Fonds stratégique pour l'innovation et, plus récemment, du Fonds pour les combustibles fossiles propres. Toutefois, au final, si on s'en tient à la carboneutralité, la décarbonisation du Canada coûtera 2 billions de dollars. Nous devons vraiment commencer à prendre au sérieux les coûts réels non seulement de l'extraction et du traitement des minéraux essentiels, mais aussi de la décarbonisation de notre économie.
Il en va de même pour la main-d’œuvre. Nous sommes déjà confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, ce qui rend vraiment difficile d'attirer des investissements au Canada. Nous devons donc commencer à élaborer cette stratégie pour les emplois verts que j'ai mentionnée dans ma déclaration liminaire.
:
Vous voulez dire les remises à l'achat de VE?
M. Arif Virani: Oui.
M. Daniel Breton: Oui, il y a un lien, c'est-à-dire que cela montre que ces deux provinces sont sérieuses et veulent s'assurer que de plus en plus de personnes adoptent des véhicules électriques, par rapport à d'autres provinces où il n'y a pas d'incitatif à en acheter ou de volonté à mettre sur pied une infrastructure sérieuse de VE.
Toutefois, en ce qui concerne votre argument, il faut garder à l'esprit que de plus en plus d'entreprises du secteur privé investissent dans l'infrastructure des VE. Je vais vous donner un exemple. L'un de nos nouveaux membres, Parkland, possède un pourcentage important de stations-service au Canada, alors il a décidé d'investir dans l'infrastructure des VE dans tout le pays. Je suis sûr que vous connaissez Circle K. C'est l'une des plus grandes entreprises du monde qui viennent du Canada — Circle K, Couche-Tard —, et c'est maintenant l'un des plus grands fournisseurs d'infrastructures en Europe.
Donc, quand des entreprises privées travaillent avec les provinces et le gouvernement fédéral pour élaborer des programmes d'infrastructure sains, je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous devons en faire plus, évidemment, mais je pense que nous sommes en bien meilleure posture que certains autres pays. Il suffit de regarder ce qui se passe au Québec et en Colombie-Britannique, qui ont vraiment pris les devants en matière d'infrastructure pour les véhicules électriques.
:
Je vous remercie de la question.
Je prône toujours, entre autres, de mettre à profit notre avantage concurrentiel en réponse à la loi américaine. Je crois que l'énergie nucléaire représente un de nos avantages concurrentiels. L'Ontario est fort d'un bilan robuste en matière d'énergie nucléaire, tout comme le Nouveau-Brunswick. À cette expérience s'ajoute la technologie émergente des petits réacteurs modulaires.
Les petits réacteurs modulaires peuvent servir à différentes utilisations. Ils n'alimentent pas seulement le réseau électrique, mais aussi les grands projets industriels. Mentionnons par exemple le secteur minier. La plupart des Canadiens n'ont pas conscience des milliers de litres de diesel qui sont acheminés par hélicoptère dans le Nord pour alimenter les activités minières en carburant. Un petit réacteur modulaire pourrait remplacer ce transport, réduire les émissions et apporter d'autres bienfaits.
Je crois que l'énergie nucléaire, les petits réacteurs modulaires et l'énergie nucléaire conventionnelle représentent des avantages concurrentiels pour le Canada. Nous devrions les mettre à profit autant que possible pour augmenter notre capacité nucléaire.
:
Merci de cette très bonne question, monsieur Martel.
Je vais faire le lien avec une question qui m'a été adressée par un de vos collègues tout à l'heure.
Les usines canadiennes ont déjà connu une vague de modernisation au cours des 15 dernières années. La moyenne d'âge de ces usines est de 35 ans aujourd'hui. Ainsi, nous arrivons à un tournant décisif où nous devons envisager une nouvelle vague d'investissements, ce qui signifie encore une fois des milliards de dollars dans le cas de grandes usines comme les alumineries.
En fait, nous sommes en plein paradoxe. Il y a une croissance de la demande du marché, en effet, et, comme je l'ai exprimé au début, nous sommes très bien positionnés en matière d'empreinte carbone et d'empreinte humaine.
Cependant, une question se pose quand on a des milliards de dollars à investir. Faut-il faire son grand plan d'investissement aujourd'hui en utilisant des technologies courantes, ou est-il préférable d'attendre pour le faire au moyen de la technologie décarbonée, qui va porter vers l'avenir et accompagner l'entreprise pour les 25, 30 ou 50 prochaines années?
Naturellement, on pense ici à la technologie de la société ELYSIS, qui en est encore au stade de recherche et développement au Saguenay, mais dont on voit poindre à l'horizon un début d'utilisation sur une base industrielle. On prévoit que cette technologie sera mise au point entre 2024 et 2026, ce qui n'est pas très loin.
Les questions à se poser en matière d'investissements sont les mêmes que pour l'achat d'une voiture, puisque nous sommes dans la même situation. Faut-il acheter aujourd'hui une voiture électrique, qui répondra aux besoins pour les 25 prochaines années, ou acheter pour l'instant un véhicule traditionnel à essence et attendre quelques années pour être certain d'avoir un véhicule qui répondra vraiment aux besoins et qui portera vers l'avenir? C'est là où nous en sommes aujourd'hui.
:
Merci beaucoup de la question.
Pour ce qui est de l'initiative En route vers 2035, d'autres associations de l'industrie automobile et la nôtre la mènent afin d'aider non seulement les consommateurs canadiens, mais aussi les législateurs canadiens, à comprendre les mesures à prendre pour favoriser ce changement. Comme je l'ai déjà mentionné, les mesures incitatives ont un grand rôle à jouer. Les infrastructures constituent un autre élément très considérable.
En réponse à votre question sur l'Énoncé économique de l'automne, le Fonds de croissance du Canada et les réductions pour amortissement accéléré sont deux mesures qui pourraient s'avérer utiles.
En réalité, nous devons toutefois voir un peu plus de détails. Nous savons que le budget en contiendra davantage. Comme d'autres intervenants et moi l'avons déjà exprimé, il faudra probablement patienter environ cinq mois pour lire le budget, et chaque mois compte dans le milieu où nous travaillons.
:
Je vous remercie de la question.
Comme on peut le constater, nous étudions ce qui se fait au Québec et en Colombie-Britannique, mais aussi dans les provinces de l'Atlantique, pour accélérer l'adoption des VE grâce aux rabais et au déploiement d'infrastructures. Nous voyons que les provinces prêtes à prendre cette orientation font une grande différence. Le gouvernement fédéral ne peut agir seul. Toutes les provinces doivent avancer dans la même direction.
À l'heure actuelle, les provinces du centre du pays — de l'Ontario à l'Alberta — n'offrent aucun rabais. Un plan de déploiement d'infrastructures commence à poindre en Ontario. Dans d'autres provinces, la situation est encore difficile, surtout quand on s'éloigne des centres urbains. Si, par exemple, vous déménagez dans une région rurale du Manitoba ou de la Saskatchewan, les infrastructures feront défaut.
Certains de nos membres partout au pays collaborent avec les administrations municipales parce que les gouvernements provinciaux ne veulent pas toujours prendre cette voie. Nous nous tournons ainsi vers tous les ordres de gouvernements pour veiller à accélérer l'adoption des VE.
Je dirais que, dans certaines des provinces qui ne démontrent pas beaucoup d'intérêt à accélérer l'adoption des VE, nous travaillons souvent avec les municipalités.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie tous nos invités. Vous nous transmettez de l'information fort pertinente.
Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. À l'époque, nous avons été exclus d'un grand nombre de stratégies liées à la politique Buy American, et la situation me rappelle les tarifs de l'article 232 qui ont été imposés à l'acier et à l'aluminium ainsi que ce genre de mesures protectionnistes. Nous savons toutefois à quel point nos économies sont intégrées. Je viens de Sault Ste. Marie, une ville reconnue pour son acier, et nous étions sur la ligne de front pendant le premier cycle de négociations. J'ai eu une impression de déjà‑vu.
Pour ma première question — que je poserai seulement à ce type —, je vais m'enquérir du programme du FSI auprès de mon ami représentant les producteurs d'aluminium. Des témoins nous ont exprimé à quel point le programme du Fonds stratégique pour l'innovation importe pour l'industrie sidérurgique.
Monsieur Simard, j'aimerais vous entendre au sujet du financement prévu dans le FSI. En avez-vous tiré parti? En d'autres mots, je cherche à savoir si vous auriez voulu toucher une somme plus généreuse.
Nous avons recours au programme du FSI. Je dirais que, selon notre évaluation, la souplesse nécessaire et la rapidité d'exécution faisaient défaut dans la première version du programme du FSI, mais il fonctionnait néanmoins. Le programme a appuyé le projet ELYSIS à ses débuts afin de développer les anodes inertes qui nous permettront d'éliminer toute émission de CO2 de notre production à l'avenir. Le programme offre une aide très stratégique pour l'industrie de l'aluminium.
Dans le cadre d'autres projets dans l'industrie, nous tirons toujours parti du programme du FSI. Il s'agit à notre avis d'un programme très bien conçu. Il respecte les règles de l'OMC. Il est accessible. On pourrait dire qu'il est un peu lourd sur le plan de la paperasse, des suivis et des procédures, mais il faut reconnaître que le programme gère d'importantes sommes. Il doit être très rigoureux pour garantir que les deniers publics sont bien investis et bien dépensés.
De tous les programmes existant au palier fédéral, c'est sans contredit un des fleurons.
:
D'accord. Merci de la question.
La déduction fiscale pour la mobilité de la main-d'œuvre traite les travailleurs plus équitablement que ne le ferait un crédit d'impôt, alors nous étions enchantés que la déduction fiscale se retrouve dans le dernier budget fédéral. Auparavant, les travailleurs de la construction ne pouvaient pas déduire leurs dépenses de déplacement pour se rendre au travail ou pour se loger lorsqu'ils devaient se déplacer pour le travail. Ils ne pouvaient déduire ces dépenses, contrairement à un grand nombre de Canadiens. Nous étions vraiment ravis de constater ce changement.
Nous travaillons à ce changement depuis un certain temps. Il aidera à favoriser la mobilité afin que les travailleurs puissent se rendre là où le travail se trouve et demander un remboursement pour les frais de subsistance qui ne sont pas régis par les conventions collectives. Certaines conventions collectives régissent ces frais de subsistance.
Nous sommes contents du changement.
On entend aussi beaucoup d'observations sur l'Énoncé économique de l'automne. Cet énoncé relève des crédits bonifiés pour toutes sortes d'initiatives visant à réduire les gaz à effet de serre. Ces extraits comprennent aussi des passages sur les « salaires [...] au niveau ayant cours sur le marché du travail, » sur la création de bons emplois de la classe moyenne et aussi sur le soutien pour les apprentissages.
Il nous faut toute une gamme de pistes de solutions et de leviers de politique pour remédier à la disponibilité et à la mobilité de la main-d'œuvre au Canada, et nous sommes ravis de certains des développements.
:
J'ai commencé ces discussions avec le gouvernement fédéral il y a 18 ans. Elles ne datent donc pas d'hier. Comme je le disais précédemment, la Chine a vraiment pris des années d'avance sur l'ensemble de la planète. Le problème n'est pas que canadien: il existe aussi en Europe, aux États‑Unis, au Japon et en Corée, où les gens n'étaient pas plus intéressés que cela par les véhicules électriques. Or, depuis cinq ans, le monde se réveille et on a beaucoup de rattrapage à faire.
Très honnêtement, je trouve que le gouvernement fédéral fait beaucoup depuis deux ans pour accélérer l'adoption de véhicules électriques: rabais à l'achat de véhicules électriques légers, annonce cet été d'un rabais à l'achat de véhicules électriques moyens et lourds, et déploiement d'infrastructures.
Même si ses chiffres ne tiennent pas debout, M. David Adams a raison. On a besoin de plus d'infrastructures de recharge, c'est clair. Le gouvernement fédéral ne peut pas le faire seul et c'est pour cela que les gouvernements de l'Ontario, du Québec, des provinces maritimes et de la Colombie‑Britannique font beaucoup de travail en ce sens.
Quant à la recherche et au développement, je rappelle qu'une Tesla de 2022 fait appel à deux technologies de batteries: la technologie LFP, développée à l'Institut de recherche en électricité du Québec, et la technologie NMC, développée par l'équipe de Jeff Dahn à l'Université Dalhousie en Nouvelle‑Écosse. Le Canada dispose donc de l'expertise, des experts et des scientifiques. Il n'a besoin maintenant que d'un plan intégré.
Un élément extrêmement important est de s'assurer d'avoir des travailleurs qualifiés capables de faire la transition de secteurs industriels en déclin vers ce secteur industriel en croissance. En effet, le secteur de l'électrification des transports est celui qui se développe le plus rapidement au monde et, pour cela, on a beaucoup de travail à faire.
:
Je vous remercie, monsieur Martel.
J'aimerais adresser une question à M. Billedeau.
Du point de vue des entreprises, le gouvernement fédéral établit ces objectifs sans aucune orientation précise. Nous avons parlé de partenariats provinciaux. Parfois, chaque province fait face à un défi différent. Nous avons parlé de l'octroi de subventions et du fait que toutes les provinces ne peuvent pas nécessairement offrir la même chose.
Monsieur Billedeau, j'aimerais que vous étoffiez votre commentaire sur les barrières non tarifaires. Pourriez-vous donner des conseils au gouvernement fédéral, c'est‑à‑dire par l'entremise du Comité? L'énoncé économique de l'automne présentait des lacunes à cet égard. Pourriez-vous nous dire comment améliorer notre compétitivité? Nous ne pouvons pas offrir des subventions plus élevées que les États-Unis, mais comment pouvons-nous attirer de meilleurs capitaux? Comment pouvons-nous améliorer nos options en matière de travail et de formation de la main-d'œuvre dont nous aurons besoin à l'avenir? Vous avez parlé des délais dans le secteur de l'exploitation minière et les chaînes d'approvisionnement.
Je sais que cela fait un grand nombre d'enjeux à aborder en deux minutes et demie, mais si vous manquez de temps, pourriez-vous nous faire parvenir des renseignements et des conseils à l'intention du gouvernement? Nous tenons à travailler ensemble pour préciser la voie à suivre afin d'attirer ces investissements dans notre pays.
:
C'est une excellente question.
En ce qui concerne l'énoncé économique de l'automne, la Chambre de commerce du Canada a bien accueilli les mesures qui visent à accroître l'apport de travailleurs qualifiés nécessaires pour atteindre la carboneutralité. Nous avons également bien accueilli les crédits d'impôt pour les investissements dans les technologies propres et l'hydrogène propre, ainsi que l'engagement à réduire les obstacles réglementaires aux investissements dans de nombreux grands projets.
Cela dit, nous avions réellement espéré voir des mesures de croissance à faible coût, par exemple un plan qui viserait à éliminer les obstacles de longue date au commerce interprovincial et à réduire considérablement et concrètement le fardeau réglementaire dans plusieurs secteurs, notamment le secteur minier. La Chambre souhaitait également voir dans l'énoncé économique de l'automne — et nous espérons toujours que cela se produira — un plan intégré pour acheminer les aliments, le combustible et les engrais dont on a désespérément besoin sur les marchés mondiaux.
Dans l'ensemble, nous pensons tout d'abord que l'énoncé économique de l'automne est effectivement un bon début, mais comme l'ont dit plusieurs autres témoins aujourd'hui, il semble que nous devrons attendre le budget 2023 pour recevoir un plan de croissance économique durable qui vise tous ces secteurs.
Encore une fois, ce que la Chambre de commerce du Canada recherche avant tout, ce sont des solutions peu coûteuses pour soutenir la croissance économique. Il s'agit par exemple de s'attaquer aux obstacles au commerce interprovincial, de favoriser la croissance de la main-d'œuvre, notamment la main-d'œuvre qualifiée, et d'offrir plus d'incitatifs qui ciblent les secteurs qui en ont besoin.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
J'aimerais revenir à M. Breton.
Nous avons beaucoup entendu parler des investissements qui ont été effectués dans le secteur des véhicules électriques, surtout au cours de la dernière année. La somme de 15 milliards de dollars a été mentionnée et Umicore a annoncé qu'elle prévoyait investir 1,5 milliard de dollars de cette somme dans une installation carboneutre destinée à produire les composantes essentielles des batteries des véhicules électriques et à créer 1 000 emplois dans le secteur de la fabrication. Cela cadre avec la transition équitable dont parlait M. Strickland.
L'idée générale que je retiens des interventions de tous les témoins présents aujourd'hui, c'est que nous ne pouvons pas nous contenter de reproduire l'ancien modèle économique axé sur les ressources du Canada. Nous devons accroître les activités de fabrication. Cet investissement d'Umicore représente donc un pas dans la bonne direction.
Pouvez-vous nous expliquer comment nous pouvons accroître les activités dans le secteur de la fabrication? Quels obstacles doivent être éliminés ou quels incitatifs devraient être mis en place pour la fabrication des batteries?
:
Comme je l'ai mentionné plus tôt, je pense que l'Inflation Reduction Act a une incidence considérable sur la capacité du Canada d'attirer de nouveaux intervenants dans le domaine de la fabrication des batteries et des composantes de batterie au Canada. Je pense que nous devons certainement nous pencher sur cette question.
Soyons honnêtes. Le fait un travail remarquable pour attirer les investissements au Canada, que ce soit pour les batteries, les véhicules, les composantes ou les anodes et les cathodes, mais cela représente tout un défi.
J'aimerais également soulever un dernier point. Nous avons déjà mentionné que, dans le cadre du développement d'une industrie minière carboneutre qui vise à décarboniser l'économie, il faut beaucoup de temps — trop de temps, à notre avis — pour autoriser la production de nombreux minéraux critiques.
Le raffinage doit également être effectué ici. Les gens ne se rendent pas compte que de nombreux minéraux critiques utilisés par la Chine ne proviennent pas de ce pays. En effet, la Chine les achète pour ses activités de raffinage. Nous devons donc mettre sur pied, ici, une industrie du raffinage qui sera plus prospère que les efforts précédents dans ce domaine. Mon collègue de l'industrie de l'aluminium a d'ailleurs soulevé ce point précis.
Nous devons également nous assurer de travailler en partenariat — et je tiens à mettre l'accent sur le mot « partenariat » — avec les Premières Nations. Nous ne pouvons pas répéter les mêmes erreurs, par exemple lorsque nous arrivions sur leurs terres en leur disant que nous allions ouvrir une mine ici ou là et que nous déciderions comment les indemniser par la suite. Pour moi, il s'agit d'un enjeu fondamental, car si nous ne le réglons pas dès le début, il représentera un obstacle important dans ces projets.
:
Je vous remercie. Je pense que c'est un point très important, et cela revient à la question de… Oui, les projets miniers sont visés par des règlements et des exigences, mais ils sont nécessaires pour assurer une croissance inclusive qui ne brime pas les droits des Premières Nations.
Monsieur Strickland, j'aimerais m'adresser à vous. Au tout début, vous avez parlé de la position de chef de file du Canada et de nos activités en matière de carboneutralité et de lutte contre le changement climatique. Vous avez dit qu'avec l'Inflation Reduction Act, on saute tout à coup devant nous, et que nous devons suivre le rythme.
Nous avons beaucoup entendu parler, au sein du Comité et plus généralement au Parlement, de l'approche de la carotte et du bâton. La carotte, c'est ce que nous voyons aux États-Unis, par exemple les mesures incitatives actives, les énormes sommes d'argent et les augmentations quintuplées que vous avez mentionnées. Le bâton, qui stimule également l'innovation, selon moi, en particulier à mesure que nous nous dirigeons vers la carboneutralité, est constitué de choses comme la tarification de la pollution, c'est‑à‑dire la tarification du carbone, qui représente l'une des mesures caractéristiques de notre gouvernement.
Je crois qu'il faut adopter une approche à deux volets. Je vous avouerai que je suis un peu surpris lorsque des intervenants de l'administration Biden nous disent que nous devons avoir plus d'ambition, et que des parlementaires, y compris sur le parquet de la Chambre des communes, affirment ensuite qu'il faut éliminer la tarification du carbone ou qu'il faut arrêter d'augmenter le prix du carbone. Je pense donc qu'il faut adopter une approche à plusieurs volets.
Qu'en pensez-vous?
:
Je suis d'accord sur le fait qu'il faut adopter une approche à plusieurs volets, ce qui comprend la technique de la carotte et du bâton, pour offrir des incitatifs. Il y a la manière canadienne et la manière américaine, et nous trouvons habituellement un compromis entre les deux.
J'aimerais également ajouter, à titre de contexte, que la discussion que nous avons aujourd'hui est très importante pour les Canadiens. En effet, nous parlons de la plus grande transition de l'économie canadienne et des économies industrialisées du monde depuis la révolution industrielle. Nous devons donc faire les choses correctement, car les enjeux sont importants. Nous devons réduire les émissions de carbone et nous devons sauver la planète, tout cela dans un temps record.
Je pense qu'il est important pour nous de garder à l'esprit que le monde va procéder à ces changements et les mettre en œuvre pour nous aider à atteindre cet objectif et à décarboniser notre planète, et que cela ne se fera pas de manière linéaire. Nous devons travailler ensemble et à titre de partenaires, mais nous devons également nous rappeler qu'aucune mesure incitative ne sera efficace si nous ne pouvons pas bâtir ces projets à temps. C'est le véritable équilibre que nous devons atteindre. Les mesures incitatives ne seront pas parfaites, mais elles devront être suffisamment efficaces pour nous permettre de bâtir ces projets.
Je dirais que nous devons faire de notre mieux, mais qu'il faut aussi avoir l'œil sur ce cadre réglementaire. Je pense que c'est essentiel.