Bienvenue à la 91 e réunion du Comité permanent du commerce international.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément au Règlement. Par conséquent, les membres y assistent en personne dans la salle et à distance au moyen de l'application Zoom.
J'ai quelques observations à faire à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour les personnes qui sont en ligne, veuillez mettre votre micro en sourdine lorsque vous n'avez pas la parole.
Pour ce qui est de l'interprétation, les participants à distance ont le choix, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Les personnes qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Je demande à tous les participants de faire attention lorsqu'ils se manipulent les oreillettes afin d'éviter les retours de son, qui peuvent être extrêmement dommageable pour les interprètes et causer de graves blessures. Veuillez uniquement utiliser le microphone dans lequel votre oreillette est branchée. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, veuillez l'éloigner du microphone.
Tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Pour les députés présents dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Ceux qui sont sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». La greffière et moi ferons de notre mieux pour gérer l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Si des problèmes techniques surviennent, veuillez m'en informer immédiatement. Nous devrons peut-être suspendre la séance pour nous assurer que l'interprétation est rétablie correctement avant de reprendre les travaux.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 17 octobre, le Comité poursuit son étude sur les entreprises canadiennes dans les chaînes d'approvisionnement et les marchés mondiaux.
Nous accueillons aujourd'hui, de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, M. Dave Boland, vice-président, région de Terre‑Neuve‑et‑Labrador, et M. Daryell Nowlan, vice-président, Politiques, programmes et communications.
De l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, nous accueillons M. Sony Perron, qui est sous-ministre, et Mme Marie-Claude Petit, vice-présidente aux opérations.
Du Groupe Gilbert, nous accueillons M. Maxime Lavoie, directeur des opérations.
Nous accueillons également Mme Nadine Brassard, directrice générale de SERDEX International.
De l'Institut de recherche en économie contemporaine, nous entendrons M. Robert Laplante, directeur général, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Bienvenue à tous. Merci beaucoup d'être ici.
Monsieur Nowlan, veuillez faire votre exposé. Vous avez cinq minutes tout au plus.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les membres du Comité de l'invitation à comparaître. Je suis heureux d'être accompagné aujourd'hui de mon collègue Dave Boland qui, comme vous l'avez mentionné, est vice-président et sous-ministre adjoint de notre bureau de Terre-Neuve‑et‑Labrador.
[Français]
Depuis 37 ans, l'APECA travaille en étroite collaboration avec les petites et moyennes entreprises et les organismes des quatre provinces de l'Atlantique.
L'une de nos plus grandes forces est notre présence dans toute la région de l'Atlantique.
Nos employés travaillent dans plus de 30 collectivités, allant des grandes villes aux petites municipalités rurales, côtières et éloignées.
L'Agence de promotion économique du Canada atlantique, ou APECA, travaille en étroite collaboration avec ses partenaires fédéraux, provinciaux et locaux afin de définir les priorités et les possibilités de maximiser le potentiel de notre région d'une manière stratégique et durable.
[Traduction]
Je vais vous donner un peu de contexte sur l'économie du Canada atlantique. Je pense qu'il est juste de dire que le Canada atlantique connaît un élan de dynamisme qui atteint des sommets inégalés depuis 60 ans. En fait, Halifax et Moncton sont deux des villes qui connaissent la croissance la plus rapide au Canada, et la croissance démographique et la transition vers l'énergie propre créent d'importantes occasions d'investissement. Ce dynamisme place la région dans une position unique pour exploiter de nouveaux marchés, participer aux chaînes d'approvisionnement mondiales et attirer des investissements.
Actuellement, les exportations représentent plus de 30 % du PIB du Canada atlantique, et des secteurs traditionnels comme l'alimentation, les produits de la mer et la transformation des produits de la mer contribuent de manière significative à cette partie de l'économie.
En 2022, les provinces atlantiques ont enregistré une croissance record des exportations, dépassant de 22 % les niveaux d'avant la pandémie. En particulier, les exportations de poissons et de fruits de mer représentent à elles seules plus de 6 milliards de dollars, soit 72 % de l'ensemble du secteur canadien. Les États-Unis demeurent notre principal marché d'exportation, représentant environ 70 % des exportations totales.
[Français]
Malgré l'élan de la région, les récentes perturbations mondiales et les défis économiques, tels que les conflits géopolitiques et les pénuries de la main-d'œuvre, ont mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales.
La concentration du Canada atlantique sur les industries basées sur les ressources et son petit marché intérieur fait que la région est particulièrement vulnérable à ces chocs.
Les secteurs émergents, comme l'énergie et les industries à forte intensité technologique, offrent des possibilités de croissance, mais la diversification demeure cruciale.
[Traduction]
L'APECA a mis en oeuvre des outils et des mesures pour soutenir la diversification accrue des marchés et le développement de la chaîne d'approvisionnement dans notre région. Plus particulièrement, en 2016, le gouvernement du Canada, sous la direction de l'APECA et avec le soutien d'Affaires mondiales Canada, a établi un partenariat officiel avec les quatre gouvernements provinciaux de l'Atlantique.
Ensemble, nous avons créé la Stratégie de croissance pour l'Atlantique. Cette stratégie a jeté les bases d'initiatives telles que la Stratégie de croissance du commerce et des investissements en Atlantique, ou SCCIA, comme je pourrais l'appeler. Soutenue par l’Accord conjoint sur la croissance du commerce et des investissements en Atlantique, ou ACCIA, un accord de 20 millions de dollars, la stratégie vise à accroître le commerce intérieur et à attirer l'investissement étranger dans la région.
L'une des initiatives phares de l'ACCIA est le programme de développement de l'entrée sur le marché, qui fournit un soutien sur le marché aux entreprises cherchant à pénétrer des marchés d'exportation en Europe et dans la région indo-pacifique. Depuis la mise en œuvre de cette stratégie jusqu'à aujourd'hui, nous avons appuyé plus de 150 projets, d'une valeur de plus de 31 millions de dollars.
En outre, grâce à nos programmes réguliers, comme le programme Croissance économique régionale par l'innovation de l'APECA, ou CERI, nous aidons les entreprises à adopter des technologies, à améliorer leur productivité, à commercialiser leurs produits et à accroître leur potentiel et leur capacité d'exportation.
Nous demandons que les entreprises de l'Atlantique soient prises en compte dans les politiques et programmes nationaux. Par exemple, nous travaillons en collaboration avec Transports Canada sur le Programme des corridors maritimes verts. Nous participons aussi activement au programme des retombées industrielles et technologiques, appuie l'investissement dans le secteur de l'aérospatiale et de la défense.
[Français]
Madame la présidente, membres du Comité, je vous remercie beaucoup du temps que vous m'avez accordé.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Madame la présidente, membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner du travail accompli par Développement économique Canada pour les régions du Québec , ou DEC, afin d'aider les entreprises du Québec à percer sur les marchés mondiaux. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Marie‑Claude Petit, vice-présidente aux opérations.
Je tiens à reconnaître que nous sommes sur le territoire traditionnel des nations algonquines anishinabes.
Le mandat de l'Agence est d'appuyer le développement économique de toutes les régions du Québec en portant une attention particulière à celles où le potentiel de croissance est moindre. Nous appuyons les PME et les organismes qui les accompagnent dans des projets ayant des retombées positives dans leurs régions. Le développement des marchés est un moyen privilégié pour les entreprises de croître en accédant à de nouveaux clients et en s'insérant dans des chaînes de valeur mondiales. Ce faisant, elles génèrent de nouveaux revenus qui sont investis dans les régions.
Cela dit, ces PME, qui forment la vaste majorité des entreprises, font face à des défis pour réaliser leur plein potentiel grâce à l'exportation et l'internationalisation de leurs opérations. Le défi des PME du Québec est de plusieurs ordres: leur capacité de production pour répondre aux demandes et aux exigences des grands donneurs d'ordre, dont le respect accru de normes diverses; le coût et les risques associés aux démarches d'exportation; et le manque d'expertise, de connaissances et d'accès aux marchés, et ce, dans un monde en évolution rapide et complexe, caractérisé par un contexte géopolitique changeant, la montée du protectionnisme et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement.
Si la part des exportations représentait 27 % du produit intérieur brut du Québec en 2022, on observe un déclin relatif depuis l'an 2000, alors qu'elle atteignait 39 % à cette époque. Cependant, au cours des cinq dernières années, on a vu une progression sur le plan de la production du secteur manufacturier, où on constate un regain des exportations.
[Traduction]
Pour aider les PME à relever ces défis, l'agence utilise trois approches, à savoir le programme d'aide à l'innovation, du soutien à l'écosystème qui aide les entreprises, ainsi que des services d'aiguillage et de maillage, dont la mise en œuvre de la politique des retombées industrielles et technologiques.
Dans tous les cas, DEC offre des services adaptés à la réalité du terrain en région. Les 12 bureaux d'affaires de DEC, répartis dans la province, sont axés sur la collectivité et comprennent les caractéristiques et besoins des PME et des organisations économiques de leurs régions respectives.
[Français]
Dans le cadre du programme Croissance économique régionale pour l'innovation, soit le CERI, Développement économique Canada, ou DEC, peut investir sur l'ensemble du continuum de développement et de croissance des entreprises pour rendre ces dernières concurrentielles, depuis le démarrage jusqu'aux efforts de commercialisation et d'exportation de produits et de services, en passant par le déploiement et l'adoption de technologies. Par exemple, DEC a appuyé l'entreprise CONFORMiT Technology Inc., de Chicoutimi, dans la commercialisation à l'étranger de plateformes logicielles innovantes en santé, sécurité et environnement.
Deuxièmement, nous appuyons l'écosystème qui accompagne les PME et qui offre l'aiguillage et l'information sur les marchés, dont elles ont besoin pour croître. À cet égard, DEC appuie 18 organismes régionaux de promotion des exportations, soit les ORPEX, qui offrent aux PME du Québec un service de proximité et de première ligne pour faciliter leurs démarches de développement des marchés internationaux. DEC soutient aussi des incubateurs et accélérateurs et des centres collégiaux de transfert technologique.
Troisièmement, DEC assure lui-même des services d'aiguillage et de maillage auprès des entreprises. Nous le faisons, par exemple, en guidant les PME vers de bonnes sources de financement ou d'accompagnement. DEC met aussi en œuvre, au Québec, la Politique de retombées industrielles et technologiques. Au moyen de cette politique liée aux approvisionnements en matière de défense nationale, DEC accompagne les PME pour les aider à intégrer les chaînes d'approvisionnement mondiales des grands donneurs d'ordre du secteur de la défense et de la sécurité.
[Traduction]
Je dois ajouter que tout ce travail se fait en étroite collaboration avec les acteurs clés de l'écosystème, dont le gouvernement du Québec. Nous avons également d'excellentes relations de travail avec des ministères fédéraux comme Affaires mondiales Canada; Exportation et développement Canada; Innovation, Sciences et Développement économique Canada; Services aux Autochtones Canada et la Banque de développement du Canada.
[Français]
Développement économique Canada, ou DEC, accompagne les entreprises à toutes les phases de leur développement et les encourage à tirer parti du commerce international afin de contribuer à la prospérité des régions. C'est ainsi que nous les aidons à croître, à faire valoir leurs avantages concurrentiels et à intégrer les chaînes d'approvisionnement mondiales.
C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
Tout d'abord, je remercie Mme la présidente et les membres du Comité de nous recevoir aujourd'hui.
Je m'appelle Maxime Lavoie. Je suis le directeur des opérations chez Transport F. Gilbert. Je travaille dans le domaine du transport depuis près de 20 ans.
Transport F. Gilbert œuvre dans le domaine du transport de marchandises en vrac, un domaine spécialisé du transbordement. Nous avons aussi différents autres domaines d'expertise, comme le déneigement.
Je suis présent ici, aujourd'hui, parce que le commerce mondial représente un défi pour les différents clients que nous desservons. Il s'agit principalement de défis liés à la main-d'œuvre, comme la rareté de celle-ci, la difficulté à embaucher du personnel. C'est ce qui fait que le domaine du transport a souvent de la difficulté à suivre le rythme.
Dans ce contexte, mettre en place un réseau de transport un peu plus dynamique par rapport au transport ferroviaire et au transport maritime pourrait nous aider dans le domaine du transport mondial.
Je suis ici, aujourd'hui, pour vous présenter les différents défis auxquels nous sommes confrontés.
À l'heure actuelle, les infrastructures en matière de transport ferroviaire dans les régions comme la nôtre, au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, sont très peu développées. Nous croyons qu'en développant les systèmes de transport ferroviaire et maritime dans les régions comme la nôtre, il serait beaucoup plus facile d'augmenter le commerce mondial et la chaîne d'approvisionnement.
Je suis disponible pour répondre à toutes vos questions.
Merci.
:
Bonjour à tous et à toutes.
Tout d'abord, je vous remercie de nous avoir invités et de nous permettre de nous exprimer sur ce sujet.
Comme l'a souligné M. Perron tout à l'heure, SERDEX International est un organisme régional de promotion des exportations, que nous appelons ORPEX. Nous sommes donc l'ORPEX qui sert la région du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean.
Au Québec, il existe 20 ORPEX financés par le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec et le secteur privé.
Depuis plus de 25 ans, SERDEX a pour mission d'accompagner, de soutenir et d'outiller les petites et moyennes entreprises manufacturières et de services à valeur ajoutée de notre région dans le développement de marchés d'exportation. Elle aide les entreprises à développer des marchés non seulement à l'extérieur du Canada, mais aussi à l'extérieur du Québec. Elle est donc présente sur le marché interprovincial.
En plus d'être directrice générale de l'ORPEX du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, je suis présidente du réseau des ORPEX du Québec, soit le réseau Commerce International Québec. Ce réseau, qui est réparti sur l'ensemble du territoire québécois, accompagne chaque année plus de 2 500 entreprises par l'entremise de ses 65 experts en commerce international.
La régionalisation des ORPEX au Québec est un aspect novateur par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde. En effet, elle permet d'offrir des services adaptés à la structure économique des différentes régions du Québec.
De plus, le fait que les ORPEX adaptent leurs services aux réalités régionales des petites et moyennes entreprises, ou PME, tout en leur offrant un service de proximité, contribue à maximiser les retombées favorables des interventions auprès des entreprises.
Par exemple, les ORPEX sont en mesure d'évaluer rapidement le potentiel d'exportation des entreprises en leur offrant notamment, des diagnostics à l'exportation, de la formation, du transfert d'expertise, de l'aide à la réalisation de plans à l'exportation et à l'élaboration de stratégies claires et crédibles en vue du développement de marchés. Bref, les ORPEX accompagnent les entreprises dans leur préparation à l'exportation pour leur permettre de réduire les risques inhérents à leurs projets.
Les ORPEX ont une clientèle très diversifiée dans différents secteurs d'activité économique. Ils aident des fabricants de meubles, des fabricants d'équipements industriels, des entreprises du secteur agroalimentaire ou encore des entreprises en technologies de l'information.
On dit souvent que l'expertise des ORPEX se situe sur le plan des processus d'exportation et qu'ils sont là pour poser les bonnes questions aux entreprises.
Les ORPEX offrent aussi des services complémentaires à ceux de tous les acteurs sur le terrain. Ils interagissent avec des partenaires régionaux, mais aussi avec tous les partenaires à l'exportation comme le service des délégués commerciaux ou Commerce International Québec. On les désigne comme la porte d'entrée régionale du continuum de services à l'exportation. Leurs services sont uniques et complètent l'offre disponible sur le terrain.
Lorsqu'on se penche sur l'aspect plus régional de la chose, on constate sur le terrain que les régions ont de grands besoins en matière d'exportation et que les besoins des entreprises sont croissants.
Il est important de retenir que les coûts associés à l'entrée sur les marchés étrangers, plus particulièrement ceux qui sont associés à la commercialisation, ainsi que l'incertitude quant au succès des démarches peuvent dissuader des exportateurs potentiels de vendre leurs produits et services dans de nouveaux marchés.
Les trois principaux problèmes vécus par les entreprises dans le domaine de l'exportation sont la méconnaissance des marchés, le manque de financement et de liquidités et les obstacles logistiques. Jumelés aux ressources parfois limitées des entreprises, ces problèmes rendent la diversification des exportations plus difficile à réaliser.
Vous savez certainement que les PME exportatrices exercent une influence favorable sur la croissance économique. Les exportations constituent une bonne façon de réduire la vulnérabilité. Plus une entreprise est diversifiée dans les produits qu'elle exporte et les marchés de destination, plus elle représente une bonne façon de réduire les risques liés au commerce extérieur.
L'accompagnement offert par les ORPEX permet de réduire les risques liés à l'exportation. Ils sont présents pour soutenir efficacement les PME dans tous les aspects de leurs démarches à l'exportation.
Il est important de continuer à soutenir l'initiative novatrice que sont les ORPEX, car elle permet d'offrir un service de proximité en région tant aux entreprises exportatrices qu'à celles qui envisagent d'exporter leurs biens dans un horizon plus ou moins lointain. Ces entreprises d'aujourd'hui sont nos exportateurs de demain.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Bonjour, madame la présidente.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous faire part de préoccupations qui ont déjà été évoquées par les interlocuteurs qui m'ont précédé. Je trouve particulièrement important d'attirer votre attention sur une question qui est souvent tenue pour acquise dans les règles du commerce international. La perspective que je vous présente est essentiellement analytique et critique. Cette question est celle de l'harmonisation des normes et des règles entre partenaires collaborant à une même chaîne d'approvisionnement.
Cette séance a lieu dans un contexte très particulier. Au moment où nous nous parlons, il y a, en Europe, une crise agroalimentaire majeure qui affecte plusieurs des économies nationales des pays exportateurs et qui cause des tensions dans l'ensemble de l'Union européenne. Outre la question de la disparité des revenus, un des éléments majeurs de cette crise est la difficulté qu'éprouvent les différents acteurs à concilier des normes contradictoires et à trouver des mécanismes d'arbitrage qui, au-delà de ceux qui sont prévus dans l'Union européenne, permettraient d'en arriver, au jour le jour, à des solutions qui, d'une part, servent l'intérêt de chacune des communautés nationales et, d'autre part, favorisent un commerce plus fluide et plus équitable entre les différentes parties prenantes.
La question des disparités des normes est un des facteurs de distorsion les plus importants dans le fonctionnement des chaînes d'approvisionnement. Certes, il ne faut pas négliger les aspects logistiques et les difficultés que peuvent poser, par exemple, le transport ou l'efficacité des contrôles douaniers. Toutefois, c'est un fait que les disparités entre les normes définissent le rôle des acteurs de manière intrinsèque. Elles définissent surtout leur marge de manœuvre dans leur participation à une chaîne d'approvisionnement. De là, elles déterminent la performance globale que les acteurs peuvent atteindre à titre de fournisseurs ou de clients. En outre, ces disparités des normes ne font pas que déterminer le rôle de chacun des acteurs du commerce. Elles peuvent aussi affecter la performance globale de la chaîne à laquelle ces acteurs participent. Cela peut, par conséquent, causer des dysfonctionnements ou des difficultés et, de là, accroître les coûts de participation à cette chaîne en raison des attentes qu'il faut concilier entre les différents donneurs d'ordres et entre les différents fournisseurs d'intrants ou d'extrants tout au long de cette chaîne d'approvisionnement.
Les écarts et les différences peuvent être particulièrement marqués en fonction des politiques publiques. Ce sont les politiques publiques des différents partenaires commerciaux qui affectent, déterminent ou favorisent la capacité concurrentielle de tout le monde dans cette chaîne. En effet, les activités des acteurs économiques s'inscrivent toujours dans une logique institutionnelle qui est définie par les instances politiques de chacun des États participants. Ces écarts, induits par les normes et les standards que se donne chacune des économies quant aux attentes de qualité, d'innocuité ou de sécurité assorties à la production et à l'échange des biens, affectent, bien entendu, la capacité de participer à une chaîne d'approvisionnement à des conditions avantageuses. Dans le cas particulier de l'agroalimentaire, ces éléments pèsent très lourd dans la compétitivité de chacune des entreprises et des différentes filières.
On n'a qu'à penser aux défis liés aux disparités de normes environnementales concernant les herbicides, les pesticides et les règles d'épandage, et cela...
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Il s'agit principalement de développer nos infrastructures.
Selon moi, les infrastructures dans des régions comme le Saguenay sont manquantes ou ne sont pas assez performantes. C'est très difficile pour nos clients d'utiliser les différents types de transport conjointement. Comme le train n'est pas toujours une possibilité, que ce soit en raison d'un manque de wagons ou d'infrastructures, le transport routier est le mode de transport utilisé. Cela rend les entreprises un peu moins compétitives, parce que c'est le mode de transport le plus dispendieux. Si elles exportent leurs produits aux États‑Unis, par exemple, cela les rend assurément moins compétitives.
Par ailleurs, je rappelle qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre dans le domaine du camionnage et que cette main-d'œuvre est vieillissante. À mes yeux, s'il n'y a aucun développement, cela pourrait mettre en péril la chaîne d'approvisionnement à long terme.
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J'ai mentionné la stratégie de croissance du commerce et de l'investissement. Il s'agit essentiellement d'un accord fédéral-provincial de 20 millions de dollars, échelonné sur cinq ans et partagé entre l'APECA et les quatre provinces de l'Atlantique. Ces parties sont toutes assises à la table des négociations. Nous sommes tous des partenaires financiers.
Par ailleurs, à l'échelle fédérale, nos collègues d'Affaires mondiales Canada, le Service des délégués commerciaux et des ministères sectoriels — selon le secteur avec lequel nous travaillons — viennent nous aider à accomplir ce travail.
Nous avons atteint deux principaux objectifs prioritaires, je dirais, dans le cadre de cet accord. Il s'agit essentiellement de la préparation au commerce, qui consiste à aider les entreprises qui ont peu d'expérience, voire aucune expérience, en matière d'exportation. Nous travaillons avec ces entreprises soit directement, soit par l'intermédiaire de tiers, afin de leur offrir des cours de formation, des programmes de mentorat...
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Merci, madame la présidente.
La pandémie nous a permis de comprendre à quel point les chaînes d'approvisionnement mondiales sont essentielles, à quel point nous en sommes dépendants et à quel point elles ont des répercussions sur la vie quotidienne de tous les Canadiens.
Je pense que nous nous sommes plutôt bien sortis de cette situation. Selon les chiffres de l'année dernière, c'est-à-dire de 2022, nous avons enregistré un excédent commercial de 4 milliards de dollars, comparativement à 1 milliard de dollars en 2021. Les efforts que nous déployons pour détourner nos exportations des États-Unis portent leurs fruits. Ces exportations devraient augmenter de 50 % d'ici 2025. En ce qui concerne les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis, ils ont atteint le chiffre record de 1,3 billion de dollars. Le ratio commerce/PIB a atteint un sommet historique de 67,4 % en 2022.
Les investissements étrangers directs au Canada ont atteint un niveau record l'année dernière. L'OCDE a classé le Canada au troisième rang en termes absolus, et nous nous situons probablement au premier rang en ce qui concerne ces investissements par habitant.
Toutefois, ce n'est pas parce que la situation au Canada est revenue à la normale ou s'est même améliorée que nous devons oublier les problèmes qu'ont vécus les Canadiens pendant la pandémie en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement. Les Canadiens ont payé un lourd tribut quand les magasins ont manqué de marchandises. Les sociétés et les entreprises canadiennes n'étaient pas certaines de pouvoir approvisionner leurs clients. Avec la démondialisation, la réduction des risques liés à l'approvisionnement en Chine, la délocalisation des sources d'approvisionnement dans le pays en question, dans des pays alliés ou des pays proches, le commerce international est en pleine transformation.
Cette période de transition fluide nous donne l'occasion d'examiner les problèmes que nous avons rencontrés pendant la pandémie en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement. Nous pouvons maintenant prendre des mesures pour atténuer les problèmes que nous avons affrontés. Nous devons nous concentrer sur les produits essentiels que nous pouvons fabriquer ici et sur l'autosuffisance.
J'aimerais demander à MM. Perron et Nowlan si, à leur connaissance, des secteurs d'activité particuliers ou d'importantes gammes de produits du Québec ou du Canada atlantique ont été perturbés en raison d'interruptions de la chaîne d'approvisionnement au cours de la pandémie. Les entreprises ou les gouvernements, que ce soit à l'échelle fédérale ou provinciale, prennent-ils des mesures pour atténuer les problèmes rencontrés en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Laplante, vous avez beaucoup parlé des normes et vous avez aussi brièvement parlé des politiques publiques. L'Institut de recherche en économie contemporaine avait déposé au Comité permanent des transports, au printemps 2022, un mémoire qui portait aussi sur les chaînes d'approvisionnement.
Ce mémoire comprenait plusieurs constats. Notamment, on pouvait y lire que le Canada est un pays traditionnellement non interventionniste en matière de politique industrielle. Cela fait que le Canada a un certain retard comparativement à ses principaux partenaires et compétiteurs commerciaux.
Près de deux ans plus tard, faites-vous le même constat?
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En fait, cela reste éparpillé, et c'est notre principal problème, parce que nous n'assortissons pas nos efforts d'une mesure de rétroaction pour bien saisir lesquels de nos efforts portent des fruits. C'est particulièrement vrai dans le secteur tout à fait émergent de la recherche dans les technologies de l'informatique et de l'intelligence artificielle.
Nous venons précisément de publier une étude qui montre que le travail de soutien de la recherche par les différents gouvernements est en quelque sorte annulé au bout de quatre ou cinq ans, parce que la propriété intellectuelle de ces brevets nous échappe. Ils sont revendus aussitôt qu'ils arrivent à un degré de maturité qui commence à être intéressant sur le plan commercial.
Or, il faut avoir des objectifs opérationnels mieux circonscrits, mais, surtout, il faut avoir un système d'observation qui s'assure que les sommes que nous y consacrons rapportent et donnent des résultats. D'autre part, il faut que nous puissions conserver ces résultats dans les chaînes de valeur et dans les chaînes d'approvisionnement de l'économie du Canada et du Québec, en particulier en matière d'intelligence artificielle. C'est absolument névralgique, puisque nous consacrons des efforts considérables de soutien à ce secteur de pointe où nous excellons, mais nous ne parviendrons pas à maintenir cette position si nous n'avons pas un meilleur contrôle et un meilleur suivi de la propriété intellectuelle.
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Monsieur Laplante, je crois comprendre qu'il nous reste très peu de temps, et j'ai une dernière question à vous poser.
Toujours dans le même mémoire, on peut lire que vous jugez que le Canada est dépossédé de lui-même, parce que des multinationales étrangères, qui seraient établies au Canada, contrôlent la majeure partie des importations et des exportations canadiennes de marchandises.
On comprend que vous souhaitez que le Québec cesse d'être dépossédé de son potentiel, qu'il s'approvisionne localement et qu'il puisse rapatrier nos géants de l'industrie qui sont délocalisés.
En quelques secondes, pouvez-vous nous dire ce que nous pouvons faire?
:
Je pense qu'il est difficile de trouver un secteur au Canada qui ne soit pas touché par les pénuries de main-d'œuvre. C'est la réalité que nous vivons actuellement, et on peut constater qu'elle se manifeste dans tous les secteurs.
Une grande partie du secteur des exportations du Canada atlantique repose sur les fruits de mer et les produits de la mer, et une partie de ces produits nécessite beaucoup de main-d'œuvre ou en nécessitait dans le passé.
À l'instar de ce que M. Perron a mentionné en ce qui concerne les défis de la chaîne d'approvisionnement, l'une des principales mesures que nous prenons consiste à aider les entreprises à investir dans l'automatisation et dans la création de systèmes qui roulent plus rapidement, qui fonctionnent davantage avec des robots ou qui sont plus automatisés, de manière à ce que moins de personnel soit requis. Certains de ces emplois sont les plus difficiles à pourvoir. Il s'agit d'emplois difficiles et d'environnements de travail difficiles. Par conséquent, le meilleur moyen d'aider nos entreprises non seulement à faire face à la pénurie de main-d'œuvre, mais aussi à faire en sorte que leurs produits soient plus uniformes ou de meilleure qualité, ce qui est vraiment demandé sur les marchés d'exportation en ce moment, consiste probablement à soutenir les investissements dans l'automatisation ou dans une nouvelle machinerie.
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Je dirais que les exemples que nous connaissons sont davantage liés à la pandémie et à la fin de la pandémie. Nous revenons à la normale en ce moment.
Ce que j'essayais de dire tout à l'heure concerne l'automatisation et la présence de systèmes appropriés dans l'entreprise. Les petites et moyennes entreprises n'ont parfois pas la capacité de mettre en place un système de gestion des ressources. Nous devons les doter de ces outils pour qu'elles puissent se connecter au reste de la chaîne d'approvisionnement, échanger des informations en temps réel et tirer parti de leurs partenariats au Canada, au Québec et ailleurs dans le monde, afin d'équilibrer leurs opérations.
C'est dans ce contexte que les technologies et l'automatisation sont essentielles. La prochaine fois que nous ferons face à des difficultés — et nous ne savons pas quelle forme elles prendront —, si ces petites entreprises sont mieux équipées à cet égard, elles se développeront pour devenir plus performantes, rester pertinentes dans ce contexte, et peut-être exercer leurs activités malgré ces difficultés. Nous avons besoin de ces outils.
L'époque où tout était fait manuellement est fondamentalement un défi pour l'avenir. Nous devons amener ces entreprises à automatiser et à moderniser leurs activités. L'APECA et DEC‑Q aident les petites et moyennes entreprises à participer à ce type de programme, avec le soutien de l'écosystème. Il est essentiel que ce processus ait lieu.
Nous avons un défi à relever au Québec, et je pense que c'est probablement aussi le cas dans le Canada atlantique, car les petites et moyennes entreprises du Québec sont, en moyenne, plus petites qu'en Ontario. Cela signifie qu'elles disposent de moins de capital humain et de moins de ressources pour faire face à cette transformation. C'est pourquoi il est essentiel que nous, ainsi que l'écosystème, travaillions avec elles pour les aider à aller plus loin, afin qu'elles soient mieux positionnées pour survivre et concurrencer à l'échelle internationale, mais aussi pour surmonter les crises à venir. Ce travail est très important.
Je pense que s'il y a un indicateur que je rechercherais, ce serait celui du niveau d'adaptation de nos petites et moyennes entreprises. C'est un facteur de résilience que nous devons surveiller.
J'ai une question à poser, mais je veux d'abord rappeler qu'en décembre dernier, les conservateurs ont voulu faire de l'obstruction parlementaire en imposant un marathon de votes. Pendant ce vote, ils ont clairement démontré qu'ils voulaient sabrer le financement de Développement économique Canada, ou DEC, et même celui de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, l'APECA.
Cela étant dit, monsieur Perron, j'aimerais que vous parliez du programme Croissance économique régionale par l'innovation. Comment aide-t-il les entreprises à préparer leurs démarches pour l'exportation et la croissance?
:
Le programme aide les entreprises de différentes façons. D'abord, il les aide à augmenter leur productivité, et donc à concurrencer les entreprises internationales dans leur secteur. Ainsi, elles deviennent pertinentes pour les grands donneurs d'ordre. On peut bénéficier de mesures prises par les grands donneurs d'ordre, mais il faut respecter les normes et répondre à leurs exigences.
De plus, on les aide dans le cadre de leurs projets d'exportation. Nos collègues des organismes régionaux de promotion des exportations, qu'on appelle les ORPEX, créent des plans d'exportation avec les PME. Ils viennent nous voir pour savoir si nous pouvons cofinancer ces interventions. Nous le faisons souvent par l'entremise du programme Croissance économique régionale par l’innovation, ou CERI, que vous mentionniez, mais le gouvernement du Québec fournit aussi des ressources pour aider des entreprises. Il s'agit souvent de prêts, mais les entreprises ont beaucoup de temps pour les rembourser. Cela leur permet de respirer et d'avoir la latitude nécessaire pour mettre en place de nouvelles méthodes de production, mais aussi pour entreprendre des démarches d'exportation et gérer le risque qui y est associé pour éviter que cela les empêche d'être productives à court terme. Alors, nous travaillons à long terme avec elles.
Au Québec, il arrive que certaines de ces entreprises reviennent à différents stades de leur croissance pour qu'on les aide. Je suis sûr que cela arrive aussi dans les provinces de l'Atlantique. Il y a beaucoup de belles histoires d'entreprises qui ont commencé comme des microentreprises et qui sont maintenant de grandes entreprises qui exportent, qui sont très résilientes et qui ont accès à un marché diversifié.