Bienvenue à la 96e réunion du Comité permanent du commerce international. Veuillez noter que la réunion a été prolongée jusqu'à 18 heures.
Conformément au Règlement, la séance d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, c'est‑à‑dire que des membres sont présents dans la salle alors que d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'ai quelques indications à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui sont en ligne, veuillez désactiver votre micro lorsque vous ne parlez pas. Pour l'interprétation en ligne, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser votre oreillette. Tout le monde devrait le savoir maintenant. Personne ici n'est nouveau.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Pour les membres présents dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour les membres sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « Lever la main ». Si des problèmes techniques surviennent, veuillez m'en informer.
Pour le premier groupe de témoins d'aujourd'hui, nous accueillons M. Thomas Chiasson‑LeBel, professeur adjoint de l'Université de l'Ontario français; M. René Roy, président du Conseil canadien du porc; Mme Jane Proctor, vice-présidente de la gestion des politiques et des enjeux de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes; et M. Jeff English, vice-président du marketing et des communications de Pulse Canada.
Bienvenue à tous. Nous allons commencer par les déclarations préliminaires de cinq minutes et passerons ensuite aux questions.
Monsieur Chiasson‑LeBel, je vous invite à faire votre déclaration préliminaire.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant votre comité. Je vous saurais gré de transmettre mes remerciements aux membres du Comité et à son personnel.
Je me permets de me présenter. Je suis citoyen canadien. Avant de devenir professeur à l'Université de l'Ontario français, j'ai fait des recherches en Équateur dans le domaine de l'économie politique du développement, d'abord au niveau doctoral, puis postdoctoral et, ensuite, à titre de professeur à la FLACSO-Ecuador. Cette dernière est une université de deuxième et troisième cycle située à Quito.
Je vous offre trois observations.
L'Équateur traverse présentement une crise sans précédent en matière de sécurité, et il serait avisé d'abandonner les négociations ou, du moins, de les reporter.
L'Équateur était régionalement un pays relativement sécuritaire, mais, depuis quelques années, de nouvelles tensions ont perturbé la sécurité du pays. À au moins 10 reprises, le gouvernement précédent de Guillermo Lasso a décrété l'état d'exception pour reprendre le contrôle. En août dernier, pendant la campagne électorale, le candidat Fernando Villavicencio a été abattu en pleine rue alors qu'il défendait, justement, un programme de resserrement sécuritaire. Depuis le 8 janvier de cette année, le pays est de nouveau sous l'état d'exception afin de combattre des bandes criminelles qui menacent la stabilité du pays. Les parlementaires canadiens qui se préoccupent des droits de la personne devraient s'assurer du respect des négociations commerciales avant d'aller de l'avant.
Les causes de la dégradation de la sécurité sont complexes. Toutefois, de forts indices pointent vers la déliquescence de l'État devant une réorganisation de la production et du commerce de la drogue dans la région frontalière avec la Colombie. Selon des données de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, en ce qui concerne la feuille de coca, 80 % de l'augmentation de la production colombienne a eu lieu dans les départements de Putumayo et de Nariño, à la frontière de l'Équateur, ce qui laisse penser que cet État sert de point de transit.
Le libre-échange ne concerne pas seulement les exportations et les investissements canadiens, mais, réciproquement, il touche aussi l'ouverture aux importations. Les parlementaires préoccupés par les questions de sécurité et de criminalité pourraient se demander si un accord facilitant le commerce ne faciliterait pas aussi de nouveaux passages vers l'Amérique du Nord pour le marché noir.
Deuxièmement, un accord ne devrait pas protéger les investissements par des mécanismes d'arbitrage comme le règlement des différends entre investisseurs et États, ou RDIE, surtout dans le secteur minier.
Le Canada ne devrait pas défendre les intérêts d'entreprises au péril de la démocratie, de l'amitié entre les peuples et des droits des peuples autochtones. Un mécanisme d'arbitrage supranational qui permettrait aux entreprises de poursuivre les États au moyen du RDIE ne peut avoir pour effet que de diminuer la souveraineté de l'Équateur et la capacité des populations à influer sur leur développement.
Les principaux investissements canadiens en Équateur sont dans le secteur de l'extraction de ressources naturelles. C'est un secteur très conflictuel en Équateur. En août dernier, parallèlement aux élections, il s'est tenu deux référendums lors desquels les populations locales se sont opposées à l'extraction industrielle, voire artisanale des ressources naturelles non renouvelables.
Les investissements dans le secteur des ressources naturelles sont loin de faire consensus. Il serait mal avisé de profiter de la crise actuelle menaçant la sécurité pour chercher à verrouiller le droit d'investisseurs canadiens alors que les populations locales demandent à ce qu'il y ait plus de démocratie et de consultation et qu'elles rejettent le modèle de développement extractiviste basé sur l'exploitation de ressources naturelles non renouvelables aux fins d'exportation.
En Équateur, les tentatives de convertir la manne pétrolière en levier de développement échouent depuis 50 ans. Il est difficile de voir comment cela pourrait être le cas avec d'autres minéraux si, localement, il n'y avait pas une très forte composante de transformation de ces minéraux.
Les organisations autochtones et les écologistes sont parmi les premiers à critiquer les projets d'extraction de ressources non renouvelables. Le gouvernement canadien, par son approche inclusive à l'égard du commerce, cherche à faire des accords commerciaux qui sont respectueux des peuples autochtones. Il serait mal avisé de soutenir, par des règles internationales et consenties par des élites économiques temporairement au pouvoir, les actions des firmes qui sont rejetées par les populations locales.
Troisième remarque: l'Équateur est dirigé par un gouvernement instable et de courte durée, ayant à sa tête le fils du plus grand exportateur de bananes du pays, élu pour terminer le mandat de Guillermo Lasso. En effet, ce dernier avait sabordé sa présidence pour éviter une procédure de destitution. Ces deux présidents ne jouissaient pas d'un appui ferme de la part du corps législatif. Au sein de l'Assemblée nationale équatorienne, la première force politique actuelle a une histoire politique claire de réserve par rapport aux traités de libre-échange et d'opposition au RDIE. Ces réserves sont inscrites dans la constitution équatorienne, notamment à l'article 422. Il serait, encore là, mal avisé de profiter de la crise actuelle en matière de sécurité pour négocier un accord de libre-échange alors qu'il y a au pouvoir une certaine élite économique proche des secteurs agroexportateurs, qui sont parmi les seuls à pouvoir profiter à court et à moyen terme d'un accord de libre-échange. Cet accord pourrait ne pas tenir.
Je comprends qu'on veuille, par des accords parallèles, protéger l'environnement et inclure les femmes et les Autochtones dans le commerce international. Cependant, ce n'est pas exactement le projet de ces organisations.
Les organisations de femmes et les organisations autochtones ne misent pas sur le libre-échange. Elles cherchent plutôt à protéger l'accès à la terre et la souveraineté alimentaire. À moins d'un accord très audacieux, inventif, créatif et innovant qui permet de protéger les petites productions agroécologiques, la souveraineté alimentaire, la capacité des petites ou moyennes entreprises à s'adapter à la concurrence, la transformation locale des ressources que le pays choisit d'extraire, ainsi qu'en déterminant seulement les secteurs véritablement complémentaires qui protègent la pérennité environnementale...
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Merci, monsieur le vice-président, de m'avoir invité.
Je remercie les membres du Comité de leur travail dans ce dossier au nom des Canadiens.
Je m'appelle René Roy et je suis le président du Conseil canadien du porc. Je suis moi-même producteur.
En tant que troisième exportateur de porc en importance dans le monde, les politiques commerciales sont de la plus haute importance pour la prospérité et la vitalité de l'industrie canadienne du porc. Par ailleurs, la semaine dernière, nous étions aux Philippines avec le et les députés et pour discuter avec nos partenaires philippins de leurs besoins. Ce fut une visite intéressante et nous sommes heureux d'avoir eu la chance de participer.
À l'heure actuelle, le marché équatorien n'est pas un grand marché pour le Canada, mais si le Canada peut élargir le concept de la réglementation fondée sur des données scientifiques dans les accords de libre-échange partout dans le monde, sa position mondiale s'en portera mieux. Cela renforce notre position de chef de file mondial et accroît la résilience de notre marché.
Comme vous le savez peut-être, le Canada exporte 70 % de sa production porcine à près de 80 pays dans le monde. Nous croyons au commerce libre et équitable et nous l'appuyons. C'est pourquoi nous sommes heureux d'être consultés sur l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur.
L'Équateur est voisin d'un marché en pleine croissance pour le porc canadien, la Colombie, ce qui le rend attrayant sur le plan géographique. Nous savons que des représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada travaillent déjà d'arrache-pied sur des discussions.
[Français]
Le plan d'action du gouvernement canadien pour le commerce joue un rôle essentiel sur le plan de l'augmentation des bénéfices des producteurs de porcs du Canada. En tant qu'industrie, nous croyons au libre-échange et nous soutenons l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur.
[Traduction]
En théorie, le libre-échange devrait nous permettre d'éliminer la majorité des droits de douane sur les produits agricoles et de bénéficier d'un niveau attrayant d'accès en franchise de droits. Pour l'industrie du porc, il est essentiel que nos produits jouissent d'un important contingent annuel en franchise de droits qui dépasse largement les exportations historiques du Canada vers l'Équateur.
Certains accords, comme l'Accord économique et commercial global, ne répondent pas aux normes nécessaires en matière de commerce ouvert et minent le principe du libre-échange en incluant des barrières commerciales non tarifaires. C'est pourquoi nous exhortons le Comité à faire preuve de vigilance pour garantir le respect des principes scientifiques qui régissent nos accords commerciaux et à rester vigilant contre les barrières commerciales non tarifaires. Vous n'êtes pas sans savoir que nous nous sommes récemment opposés publiquement à l'adhésion du Royaume‑Uni à l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste pour cette même raison.
[Français]
Toutes les projections concernant la demande mondiale de porc prévoient une croissance de la consommation de nos produits. La capacité du Canada à fournir nos produits de qualité au reste du monde fera partie de notre contribution à la croissance de l'économie canadienne et à la sécurité alimentaire mondiale.
Nous voulons nous assurer que nous nourrissons la planète en fournissant des produits de qualité, qui sont nutritifs et dont l'empreinte environnementale est l'une des plus faibles du monde.
[Traduction]
Nous espérons que le Comité continuera à faire en sorte que la sécurité alimentaire soit un élément clé de notre position sur le libre-échange lorsqu'il examinera ce dossier et tous les dossiers liés aux accords commerciaux.
Merci.
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Bonjour et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous tous aujourd'hui au sujet des négociations de libre-échange proposées entre le Canada et l'Équateur.
Je vais vous parler un peu de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Nous représentons plus de 850 entreprises qui cultivent, emballent, expédient et vendent des fruits et légumes frais au Canada. D'ailleurs, nos membres sont responsables de 90 % des ventes de fruits et légumes frais au Canada. La chaîne d'approvisionnement de notre industrie contribue près de 15 milliards de dollars au PIB. Nous appuyons plus de 185 000 emplois dans les collectivités d'un océan à l'autre.
Notre chaîne d'approvisionnement en fruits et légumes est unique. Bien qu'elle soit un élément essentiel du tissu de notre paysage rural et urbain et qu'elle appuie la culture et la vente d'une gamme de produits cultivés au Canada, nous dépendons aussi fortement de nos partenaires internationaux pour fournir aux Canadiens des produits sûrs et sains tout au long de l'année. Cela inclut la diversité des cultures au Canada, ce qui stimule évidemment la demande des consommateurs pour des produits qui ne sont pas habituellement cultivés au Canada ou qui ne peuvent pas l'être. En raison de notre climat froid, de notre courte saison de croissance et de la demande de cette grande variété de produits, 4 $ pour chaque tranche de 5 $ dépensés en fruits et légumes frais au Canada le sont pour des produits importés.
Par conséquent, pour garantir la viabilité du système alimentaire canadien, nous avons besoin d'une stratégie nationale et mondiale solide. Le gouvernement du Canada doit reconnaître que l'alimentation est un élément essentiel dans l'élaboration de nos accords commerciaux et lui accorder la priorité dans l'objectif fondamental de soutenir les marchés nationaux tout en renforçant la sécurité alimentaire et en garantissant la diversité des produits.
D'importantes relations commerciales existent déjà entre le Canada et l'Équateur dans le domaine des fruits et légumes frais. Dans l'ensemble, l'an dernier seulement, nous avons importé pour 89,6 millions de dollars de fruits et légumes frais de l'Équateur. Cela représente une augmentation de 10 % par rapport à l'année précédente. Les échanges commerciaux entre le Canada et l'Équateur offrent également des possibilités d'exportation complémentaires. Comme vous le savez, le Canada exporte des lentilles, des semences, du blé, de l'orge, des pois et de l'avoine vers l'Équateur. Dans ce contexte, des fruits et légumes sont également importés, notamment des bananes, bien sûr — ce n'est pas surprenant —, pour plus de 65 millions de dollars en 2023; des ananas pour plus de 4 millions de dollars; des salades, des betteraves, des céleris, des radis et d'autres produits similaires pour 2,3 millions de dollars; et des goyaves, des mangues et des mangoustans pour près de 1,5 million de dollars. Il y a là un thème. Il s'agit principalement de produits qui ne sont pas cultivés au Canada.
Les importateurs canadiens portent également un intérêt marqué pour d'autres fruits et légumes frais en provenance de l'Équateur. Chaque année, l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes mène un sondage auprès de ses membres afin de déterminer les produits provenant de nouveaux pays sources qui intéressent le plus les importateurs canadiens. Ces informations sont ensuite communiquées, bien entendu, à l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour l'aider à prioriser ses ressources et ses activités relatives à l'analyse du risque phytosanitaire. Au cours des dernières années, les raisins de l'Équateur ont figuré sans cesse parmi les priorités de nos membres en matière d'amélioration de l'accès au marché.
En tant que représentante d'une industrie fortement intégrée à l'échelle mondiale, l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes appuie fermement le programme commercial progressiste du gouvernement canadien et son engagement à renforcer nos partenariats commerciaux avec les pays des Amériques. Elle souligne que les accords de libre-échange du Canada peuvent et doivent appuyer l'harmonisation de la réglementation qui peut mener à l'adoption de normes et de règlements plus stricts dans tous les pays, ce qui fait en sorte que les produits et les services répondent aux mêmes normes de sécurité et de qualité que les nôtres tout en réduisant, bien sûr, le fardeau réglementaire et les coûts d'observation connexes pour les entreprises. Les exigences phytosanitaires et autres exigences qui ne sont pas fondées sur des données scientifiques ou essentielles à la sécurité constituent des barrières commerciales non tarifaires efficaces entre les partenaires commerciaux et doivent être éliminées.
Comme le Comité le sait bien, je crois, les échanges commerciaux ont fluctué ces dernières années en raison de l'escalade des conflits géopolitiques, des perturbations importantes de la chaîne d'approvisionnement et des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont lieu. Il est donc de plus en plus important que le Canada conclue des accords de libre-échange avec des pays situés dans une zone géographique qui permette aux importateurs de changer de cap et d'ajuster leur comportement d'achat si ces problèmes ont un effet sur la circulation de fruits et légumes frais. Un accord de libre-échange avec l'Équateur offre une telle possibilité de diversifier l'approvisionnement en produits pour les Canadiens.
En terminant, l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes gérait auparavant les droits de douane américains pour l'industrie qui ont été éliminés progressivement dans le cadre de l'Accord de libre-échange Canada—États‑Unis, puis de l'Accord de libre-échange nord-américain, ainsi que l'élimination progressive des droits de douane au Mexique et au Chili. Dans un monde où l'inflation alimentaire est élevée et où les difficultés en matière de production sont de plus en plus nombreuses, il est essentiel d'élargir ces accords de libre-échange pour les fruits et légumes. Nous en faisons l'expérience tous les jours.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer. J'ai hâte de participer à la période de questions et réponses.
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Merci, monsieur le vice-président.
Je remercie le Comité de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Jeff English et je suis vice-président du marketing et des communications de Pulse Canada.
Pulse Canada est l'organisation nationale qui représente les producteurs, les négociants et les transformateurs de légumineuses canadiennes. Les légumineuses canadiennes incluent les pois, les lentilles, les pois chiches, les haricots secs et les féveroles. Au nom de plus de 25 000 producteurs de légumineuses et de plus de 100 petites, moyennes et grandes entreprises qui traitent des légumineuses, Pulse Canada s'efforce de créer une demande diversifiée, stable et durable pour nos produits, non seulement en commercialisant les avantages des légumineuses pour la santé et l'environnement, mais aussi en accélérant la recherche visant à créer des incitatifs pour utiliser les légumineuses dans les industries alimentaires et industrielles et en collaborant avec les principaux intervenants pour créer des systèmes alimentaires qui accordent la priorité à la santé et à la durabilité. Parallèlement, nous travaillons avec les gouvernements et des groupes aux vues similaires pour éliminer les obstacles au commerce en maintenant l'accès des producteurs aux produits de protection des cultures, en préconisant l'amélioration du transport intérieur du grain et, bien entendu, en garantissant un accès continu et élargi au marché dans des régions clés.
Le commerce est le moteur de l'industrie canadienne des légumineuses. D'ailleurs, le Canada est le plus grand exportateur de légumineuses au monde et est responsable d'environ un tiers du commerce mondial des légumineuses. Nous exportons des légumineuses de haute qualité, soit environ 85 % de ce que nous cultivons, vers plus de 120 pays, ce qui signifie que notre industrie dépend fortement d'un accès prévisible au marché.
La diversification des marchés reste une priorité pour notre industrie. Comme la plupart des produits de base, les légumineuses canadiennes ont une poignée de marchés clés qui représentent une part importante de nos exportations. C'est précisément pour cette raison que la recherche de nouveaux accords commerciaux avec des pays comme l'Équateur revêt une grande importance pour les producteurs, les transformateurs et les exportateurs de légumineuses du Canada. En tant que chef de file mondial, l'accès à de nouveaux clients contribue non seulement à stimuler la demande pour nos produits, mais aussi à favoriser la croissance économique dans le secteur et au‑delà dans l'ensemble du Canada.
L'an dernier seulement, le Canada a exporté pour environ 28 millions de dollars de lentilles et 4,2 millions de dollars de pois secs vers l'Équateur. Notre pays a ainsi acquis la plus grande part du marché d'exportation de ce pays et les lentilles et les pois canadiens représentent la grande majorité des importations équatoriennes. En 2023, nous avons fourni plus de 90 % des exportations de lentilles et 80 % des exportations de pois. Bien qu'aucune vente d'ingrédients à base de légumineuses n'ait été effectuée en 2023, nous savons que les légumineuses sont de plus en plus populaires et consommées dans le monde entier. Cela comprend l'inclusion d'ingrédients à base de légumineuses dans des produits allant des produits de boulangerie aux collations, en passant par les substituts laitiers et autres. Cela signifie qu'au fur et à mesure que ces produits seront adoptés en Amérique du Sud, les exportations d'ingrédients à base de légumineuses en provenance du Canada deviendront une possibilité de croissance importante pour notre secteur.
Alors que le Canada formule ses objectifs de négociation, Pulse Canada compte trois priorités commerciales. Premièrement, il faut éliminer les droits de douane appliqués et consolidés sur les légumineuses et les produits à base de légumineuses. Tout accord signé doit inclure la réduction des droits de douane sur les légumineuses canadiennes, ce qui donnerait à nos producteurs et à notre industrie un avantage concurrentiel par rapport à nos principaux concurrents.
Deuxièmement, un bon chapitre sur les questions sanitaires et phytosanitaires qui prévoit des exigences prévisibles, transparentes et, surtout, fondées sur des données scientifiques. Comme nous l’avons constaté à maintes reprises, pour être efficace, un accord commercial moderne doit aller au‑delà de la réduction des droits de douane et inclure des dispositions qui garantissent que le commerce n'est pas pris en otage par des barrières non tarifaires. La signature d’un accord est une étape importante, mais sa mise en œuvre l’est encore plus pour les gens sur le terrain qui comptent sur cet accord pour faciliter les échanges.
Troisièmement, un mécanisme fonctionnel de coopération et de règlement des différends est important pour assurer la bonne mise en œuvre de l’accord et fournir un recours en cas de désaccord. Comme nous le savons et l’avons constaté, les pays ne s’entendent pas toujours. Lorsque des désaccords surviennent, un solide mécanisme de règlement des différends peut faire en sorte que les divergences soient réglées de manière professionnelle et que les échanges commerciaux se poursuivent.
Nous demandons que ces priorités soient soigneusement prises en compte au cours de la négociation de tout accord de libre-échange, y compris celui avec l’Équateur, comme je l’ai dit. En tant que secteur dont le succès repose sur le commerce, nous appuyons la volonté et l’ambition du gouvernement de tisser plus de liens commerciaux avec de nouvelles régions et de nouveaux marchés dans le monde entier.
Je vous remercie de me donner l’occasion d’exposer quelques-unes de nos priorités et je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie Jeff English et René Roy. Je leur souhaite la bienvenue au Comité.
Grâce aux producteurs agricoles et aux exportateurs agroalimentaires canadiens, ce petit groupe de Canadiens et de petites entreprises canadiennes, les exportations canadiennes dans ce secteur se classent au cinquième rang en importance au monde. Je pense que nous nous classons au troisième rang mondial pour ce qui est des exportations de porc et, si je ne me trompe pas, au deuxième rang mondial pour ce qui est des exportations de légumineuses. Étant donné qu'une grande partie de notre PIB dépend du commerce international et que 67,4 % du PIB provient du commerce international, le commerce est essentiel à notre prospérité, à notre économie, à nos entreprises et à tous les Canadiens.
J'aimerais demander à M. English et à M. Roy de me fournir des précisions sur deux points. Je voudrais qu'ils confirment que je suis sur la bonne voie, le cas échéant.
Premièrement, le marché équatorien est évidemment en pleine croissance. L'année dernière, en 2023, nous avons eu un commerce bilatéral de 1,36 milliard de dollars et des investissements d'environ 2,6 milliards de dollars, ce qui fait de nous le plus grand investisseur en Équateur. Selon les principes économiques de base, le commerce fait toujours suite à l'investissement.
Même si les investissements ne sont pas dans vos secteurs, à savoir ceux des légumineuses et du porc, les relations entre le Canada et l'Équateur restent bonnes. Que le marché soit grand ou petit, je pense que nous devrions toujours avoir un accord de libre-échange dans la mesure du possible dans toutes les parties du monde possible, car si nous n'avons pas d'accord de libre-échange, nos concurrents dans l'industrie du porc, des légumineuses ou de toute autre exportation pourraient en conclure un avec l'Équateur et nous mettre dans une situation désavantageuse. C'est mon premier point de discorde.
Deuxièmement, un accord avec l'Équateur — comme vous l'avez brièvement dit, monsieur Roy — pourrait également servir de tremplin pour le marché dans toute la région.
Voilà les deux points. Je veux juste que vous confirmiez si vous êtes d'accord avec moi sur ces deux points.
Monsieur Roy, vous pouvez prendre la parole en premier.
Monsieur English, vous pouvez prendre la parole après cela.
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Ce n'est pas grave. Merci beaucoup.
Chers collègues, nous avons le temps d'entamer une troisième série de questions. Ma montre indique que nous avons environ 13 minutes. Nous pourrions mener une troisième série de questions ou nous pourrions conclure que nous avons eu suffisamment de questions pour ce groupe. Je laisse le Comité décider.
D'accord. Très bien. Nous aurons une troisième série de questions.
J'ai aussi une question. Je vais donc entamer cette série pour les conservateurs.
Monsieur Roy, vous avez parlé de plusieurs choses. Vous avez abordé des questions sanitaires et phytosanitaires. Je sais que c'est un enjeu de taille pour le porc, pour le bœuf et ce, autant dans l'Union européenne qu'au Royaume‑Uni. Le gouvernement n'a réglé aucune de ces questions. Il y a maintenant des irritants commerciaux de longue date qui impliquent concrètement que vous ne pouvez pas exporter, d'un point de vue réaliste, du porc dans l'Union européenne ou au Royaume‑Uni. Or, ce sont en théorie de gros marchés pour vous.
Ma question est la suivante. Le gouvernement a des ressources limitées. Au sein du service commercial d'Affaires mondiales Canada, il y a un nombre limité de personnes qui peuvent faire un nombre limité de choses. Quand j'examine l'accord de libre-échange avec l'Équateur, les gains potentiels d'un tel accord m'apparaissent minimes. Le commerce extérieur du Canada s'élève à environ 800 milliards de dollars. Or, nous parlons de gains de millions de dollars possibles avec cet accord de libre-échange. C'est minime en comparaison de la valeur du commerce extérieur du Canada.
Selon vous, si le gouvernement s'appliquait plutôt à régler les problèmes sanitaires et phytosanitaires de longue date avec l'Union européenne et le Royaume‑Uni, serait‑ce un meilleur usage de ses ressources limitées au service commercial que s'il cherchait à conclure un accord de libre-échange avec un pays qui n'ajoute pas grand-chose à la partie de notre PIB provenant du commerce extérieur.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de contribuer aux délibérations du Comité sur la proposition d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur.
Je m'appelle Stephen Potter, et je suis l'ambassadeur du Canada en Équateur depuis septembre 2022.
Mon expérience est principalement dans le domaine du développement, ce qui me permet d'apprécier l'importance et la pertinence de cet accord en Équateur.
Je ne suis pas un expert en commerce international, comme mon collègue. Je ne serai donc pas en mesure de répondre aux questions de nature plus technique.
Au cours de ma présentation, j'essayerai de répondre à certaines questions posées au cours de la dernière séance du Comité à ce sujet. Je parle de la séance à laquelle ont participé mes collègues, il y a deux semaines.
[Traduction]
Monsieur le président, je vais commencer par parler de l'importance relative de cet accord commercial pour les deux pays, ainsi que de la situation économique, politique et sécuritaire actuelle en Équateur.
L'économie équatorienne dépend fortement des exportations de pétrole. La baisse des prix et de la production du pétrole au cours des 10 dernières années a entraîné une diminution des revenus de l'État et de sa capacité d'investir dans les infrastructures et les programmes sociaux. Cette situation contraste avec le boom des prix du pétrole qui a eu lieu de 2008 à 2014 et qui a coïncidé avec l'administration du président Rafael Correa. L'État avait alors élargi les programmes d'investissement et de prestations, et adopté une politique de plus en plus protectionniste s'alignant davantage sur des pays comme la Chine, la Russie et le Venezuela, pour ne nommer que ceux‑là.
Cependant, cette période où les prix du pétrole étaient élevés a aussi été propice à l'émergence d'une corruption à grande échelle, à des investissements peu judicieux et à la conclusion d'accords d'emprunt importants et non transparents, notamment avec la Chine. Pendant cette période, la fermeture de la base aérienne américaine à Manta a également permis l'infiltration de narcocriminels en Équateur, qui servait particulièrement de point d'expédition pour la cocaïne.
Plus tard, l’épidémie de COVID a affaibli encore davantage l’économie et les institutions de l’État, ce qui a facilité l'arrivée de nombreux gangs de narcotrafiquants dans les collectivités et la venue d'organisations criminelles plus grandes, y compris de cartels mexicains. Pendant cette période, les narcotrafiquants locaux ont commencé à se battre entre eux, ce qui a fait grimper en flèche la précarité et la criminalité liée aux armes à feu. Les prisons sont devenues des foyers de cette violence. L'Équateur, qui était un havre de paix, est depuis l'an dernier le pays qui affiche le deuxième taux de décès violents le plus élevé dans la région.
Les deux derniers gouvernements et le gouvernement actuel ont essayé de mettre l'accent sur la relance de l'économie en réduisant la dépendance à l'égard des exportations de pétrole, en réduisant les subventions inefficaces de l'État, en éradiquant la corruption et la criminalité et en créant des emplois. Rien de tout cela n'a été facile, principalement en raison de la corruption bien enracinée liée à des intérêts criminels. Ces gouvernements, surtout les deux derniers, ont adopté une même stratégie de transition économique: une gestion financière responsable, l'ouverture du pays aux investissements et l'accroissement des exportations. Au cours du dernier mois, l'Assemblée nationale a notamment ratifié avec la Chine et le Costa Rica de nouveaux accords commerciaux qui ont été négociés sous l'administration précédente. Un accord avec la Corée du Sud a été conclu, mais il n'a pas été ratifié. Comme vous le savez, un accord avec l'Union européenne a été signé il y a plusieurs années.
Le gouvernement actuel du président Daniel Noboa, qui a établi une bonne collaboration avec l'Assemblée nationale de façon générale, a également mis en œuvre plusieurs mesures économiques pour promouvoir l'emploi et augmenter les revenus, et a adopté une ligne de conduite très dynamique pour promouvoir l'investissement et le libre-échange.
Comme l'un des témoins précédents l'a mentionné, il y aura un référendum national le 21 avril. Onze questions seront posées au sujet de la mise en œuvre de certains changements de politique pour des dossiers où l'Assemblée n'a pas le pouvoir d'agir ou pour lesquels il est peu probable qu'elle apporte son soutien. Les réformes constitutionnelles doivent passer par un référendum, par exemple.
Une des questions référendaires porte notamment sur la modification de la constitution de manière à permettre l'arbitrage international des différends en matière de commerce et d'investissement, le RDIE, un dossier qui a fait l'objet de nombreuses discussions au cours des deux dernières sessions.
Pourquoi propose‑t‑on cette mesure? Le gouvernement croit que l'incapacité de recourir à l'arbitrage international éloigne les investisseurs étrangers et que c'est un facteur qui contribue au risque élevé associé à l'Équateur, qui devient une destination moins concurrentielle pour les investissements.
En résumé, pourquoi est‑ce que je vous raconte tout cela? Pourquoi est‑ce important? Je pense que l'accord de libre-échange proposé avec le Canada est plus qu'un simple accord commercial et qu'une simple question technique. Il peut véritablement contribuer à la stabilité, à la gouvernance démocratique et à la saine gestion économique dans une région d'importance stratégique pour le Canada, pour les Canadiens et pour les entreprises canadiennes, tant les investisseurs que les exportateurs.
Si l'Équateur se stabilise sur les plans économique, politique et sécuritaire, il y aura de bonnes possibilités de croissance économique, ce qui créera de nouveaux débouchés pour les exportateurs et les investisseurs canadiens, en plus d'accroître la demande pour les exportations existantes, comme les céréales et les légumineuses, par exemple. Le Canada et les entreprises canadiennes jouissent d'une excellente réputation en Équateur, et le milieu des affaires local attend avec impatience la conclusion d'un accord de libre-échange avec le Canada.
Plusieurs investissements canadiens dans le secteur minier devraient passer très bientôt à l'étape de la construction. Par exemple, le projet Curipamba d'Adventus Mining, une entreprise de Toronto, s'accompagne d'un investissement 282 millions de dollars américains qui créera 800 emplois directs et 3 000 emplois indirects au cours de la construction, qui devrait commencer cette année et durer 22 mois.
Le gouvernement de Daniel Noboa a donné suite à son engagement d'accélérer les investissements, par exemple, en accélérant la prise de décisions sur les permis. Il sera présent à la réunion de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs lundi prochain, à Toronto, où il parlera de certaines des choses qu'il a faites pour faciliter les investissements.
Nous constatons également une accélération des activités de planification des infrastructures, et certaines entreprises canadiennes ont déjà reçu des contrats pour entreprendre des études techniques et de faisabilité.
[Français]
Monsieur le président, lors de la dernière séance, les membres du Comité ont posé quelques questions à propos du secteur minier et de la présence canadienne. Voici quelques observations.
Tout d'abord, l'Équateur n'est pas une puissance minière comme le Pérou et le Chili, par exemple. Il n'y a que deux mines à grande échelle qui sont actives, soit une mine canadienne et une mine chinoise. Néanmoins, avec ces deux mines, l'an passé, l'exportation de produits miniers est devenue la quatrième source de revenus pour le gouvernement de l'Équateur. L'Équateur a un grand potentiel minéral, surtout pour ce qui est du cuivre et de l'or. Un des attraits de l'Équateur pour les minières est son ample potentiel en énergie verte ainsi que sa capacité et sa proximité portuaire.
Par ailleurs, les compagnies canadiennes sont des leaders dans ce secteur, et elles sont les plus prêtes à construire leurs mines. La mine d'or de Lundin Gold, une société basée à Vancouver, a parmi les plus faibles taux d'émission de gaz à effet de serre du monde. J'ai moi-même visité à peu près tous les sites des mines canadiennes, où j'ai aussi pu parler avec des membres des communautés. Comme vous le savez, le gouvernement du Canada s'attend à ce que les entreprises canadiennes respectent les mêmes normes de conduite responsable qu'au Canada, et je suis certain que cela se produit ici.
Le cadre réglementaire et juridique pour le secteur minier est en cours de modernisation, mais la norme en matière d'évaluation environnementale est élevée, et il y a des garanties d'information et de participation des communautés. À l'Assemblée nationale de l'Équateur, il existe un fort appui à l'égard du développement responsable du potentiel minier de l'Équateur.
Il faut aussi reconnaître l'opposition aux activités minières exprimée par des membres de la société civile et des leaders nationaux des groupes autochtones, qui invoquent des raisons environnementales, culturelles et idéologiques.
De plus, il faut reconnaître la présence forte et croissante des activités minières illégales liées aux groupes de narcotrafiquants dans les territoires. Cela contribue à la contamination environnementale ainsi qu'aux problèmes sociaux et aux problèmes liés à la sécurité qui en découlent.
[Traduction]
Monsieur le président, j'aimerais répondre à quelques questions sur le secteur pétrolier qui ont été posées au cours de la dernière réunion.
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Monsieur l'ambassadeur, vous dites ne pas avoir voulu rencontrer les représentants du peuple Shuar Arutam parce qu'ils étaient en discussion avec la compagnie.
On sait qu'il y a eu des discussions. La compagnie reconnaît donc ce groupe qui, selon vous, n'est pas nécessairement légitime. Vous dites aussi que ce n'est pas à vous de décider. Pourtant, vous avez rencontré les gens de la compagnie. Vous dites que vous ne vouliez pas rencontrer un autre groupe pour ne pas faire une intrusion dans les discussions. Je cherche à comprendre la logique.
Je veux maintenant vous poser une autre question.
On sait qu'en juin 2023, le gouvernement équatorien a tenté d'imposer par la violence, en recourant à la répression policière et militaire, une consultation environnementale à Las Naves et à Sigchos, dans les provinces de Bolivar et de Cotopaxi respectivement, pour faire avancer deux projets miniers d'entreprises canadiennes.
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a exprimé dans un communiqué, le 27 juillet 2023, que « [l]es personnes directement affectées par les projets ou les activités minières doivent être entendues, et non réprimées ».
Vous vous êtes rendu en juin dans cette même région, à Las Naves. Vous avez dit dans une entrevue que vous aviez pu vérifier que le projet était un investissement responsable qui bénéficiait du soutien de la communauté. Contrairement au rapporteur spécial des Nations unies, vous n'avez pas dénoncé les violences.
Pensez-vous qu'un projet minier doit se poursuivre même si la population le rejette?
De plus, pensez-vous qu'il est acceptable qu'un tel projet soit soutenu par le gouvernement par des méthodes violentes?
Merci, monsieur l'ambassadeur, d'être avec nous aujourd'hui. À bien des égards, je vous envie. L'Équateur est l'un de mes pays préférés, et j'ai rêvé, plusieurs fois dans ma vie, d'y passer plus de temps et d'y vivre pendant de longues périodes. Je n'ai toutefois pas eu cette chance, alors je vous envie.
Je vais poursuivre dans la même veine que M. Savard-Tremblay.
Il semble y avoir une tendance à... Tout d'abord, le Canada est un investisseur majeur en Équateur, et il semble que la majeure partie des investissements concerne l'exploitation minière. Les principaux intérêts du Canada dans le pays, et vraisemblablement dans cet accord de libre-échange, se rattachent à ce fait.
En Équateur, un gouvernement précédent a déchiré pratiquement tous ses accords de libre-échange qui prévoyaient des mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et l'État parce qu'il avait eu de mauvaises expériences sur ce plan. Il a tenté de modifier les lois sur les droits de la personne ou sur l'environnement, et il a fini par être poursuivi par les entreprises et confronté à des dommages et intérêts très élevés, si bien qu'il s'est dit: « Nous voulons retrouver notre souveraineté. Nous allons nous débarrasser de cela. On dit dans la constitution qu'on ne peut pas faire cela. »
J'ai posé cette question à un autre témoin. D'une certaine manière, le Canada affirme que nous avons besoin de ce mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États pour protéger, je dirais, en grande partie nos sociétés minières actives là‑bas, parce qu'elles ne veulent pas qu'un gouvernement dise un jour: « En fait, nous voulons protéger notre population. Nous voulons protéger notre environnement. » Cependant, je suis sûr qu'il y aura des chapitres dans cet accord qui diront que nous devons protéger les droits de la personne, l'environnement, le droit du travail et les femmes.
J'ai vraiment du mal à résoudre cette quadrature du cercle qui consiste, d'une part, à vouloir protéger les entreprises canadiennes qui ont eu — et je doute que vous puissiez le contester — un passé très mouvementé en matière de droits de la personne et d'environnement et, d'autre part, à essayer d'avoir un accord de libre-échange moderne qui semble tenter de faire les deux choses à la fois.
Je ne sais pas si c'est une question trop vaste, mais aidez-moi à comprendre quelles sont les priorités canadiennes ici. Allons-nous protéger le peuple équatorien, ou allons-nous protéger les sociétés minières canadiennes?
Je suis désolé. Je vais vous laisser répondre.
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Je vais faire quelques observations, puis je laisserai mon collègue intervenir, s'il le souhaite.
D'abord, j'invite tous les membres du Comité à nous rendre visite ici et à atterrir à l'aéroport construit par l'entreprise canadienne Aecon, qui est également protégé par un accord d'investissement et où il y a eu un litige.
Le gouvernement équatorien souhaite surtout qu'un mécanisme de RDIE fasse partie de cet accord, et je pense qu'il a la capacité de négocier fermement pour obtenir des protections adéquates, comme mes collègues l'ont déjà mentionné, contre les modifications dans les lois à l'avenir. Il estime qu'il n'est pas compétitif par rapport à d'autres pays de la région en tant que destination pour les investissements, et il aimerait que cela soit inclus dans l'accord.
Bien que le RDIE ne fasse pas partie du cadre actuel, malgré ce que d'autres témoins ont indiqué antérieurement, chaque projet est protégé par un accord sur la protection des investissements qui est négocié séparément. Même sans le RDIE, les entreprises chercheront à conclure des accords bilatéraux de protection des investissements, car, comme je l'ai dit, elles font d'énormes investissements ici.
Dans le cadre du projet de Las Naves qui a été mentionné et qui représente 282 millions de dollars pour les deux prochaines années, les investisseurs recherchent une certaine forme de protection, en particulier contre les modifications arbitraires qui mettraient leurs investissements en péril.
Notre gouvernement souhaite protéger les investisseurs canadiens. Je pense que c'est une question dont les deux parties devront discuter lors des prochaines négociations. Les deux parlements auront l'occasion de ratifier les accords.