:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 64e réunion du Comité permanent du commerce international. La séance d'aujourd'hui se déroule de façon hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Par conséquent, les membres participent soit en personne dans la salle, soit à distance grâce à l'application Zoom.
J'ai quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous donne la parole en vous désignant par votre nom avant d'intervenir. Pendant vos interventions, parlez lentement et clairement. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone. N'oubliez pas d'activer votre micro lorsque vous parlez et de le couper lorsque vous avez terminé. Pour les services d'interprétation, ceux qui utilisent Zoom ont le choix au bas de leur écran entre « parquet », « anglais » et « français ». Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal souhaité. Je rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Veuillez également noter qu'il n'est pas permis de prendre des photos dans la salle ou des captures d'écran sur Zoom au cours de la réunion.
En cas de difficultés techniques, veuillez m'en informer. Je rappelle que nous devrons peut-être alors suspendre la séance pendant quelques minutes, car nous devons veiller à ce que tous les membres puissent participer pleinement.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 30 janvier 2023, nous entreprenons notre étude sur les droits compensateurs et antidumping imposés par les États-Unis sur les exportations canadiennes de certains produits de bois d'œuvre résineux.
Nous accueillons aujourd’'hui trois représentants du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et de Développement: Aaron Fowler, sous-ministre adjoint associé, Politique commerciale et négociations; Michael Cannon, directeur, Direction du bois d’œuvre; Michael Owen, avocat-conseil et directeur exécutif, Direction générale du droit commercial international.
Bienvenue à tous. Nous allons commencer par les remarques préliminaires, puis nous passerons aux séries de questions.
Monsieur Fowler, vous disposez de cinq minutes maximum pour votre déclaration d'ouverture. Nous passerons ensuite aux questions.
Nous vous écoutons.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à vous tous et à tous les autres membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui pour parler du travail important que les fonctionnaires du gouvernement fédéral accomplissent pour défendre les intérêts du Canada dans le différend sur le bois d'œuvre avec les États-Unis.
Le partenariat entre le Canada et les États-Unis est fondamental pour notre politique étrangère et économique. Notre industrie du bois d'œuvre permet de créer des emplois bien rémunérés et constitue un point d'ancrage économique essentiel pour les collectivités dans l'ensemble du pays. Le bois d'œuvre canadien contribue à la construction de maisons et de lieux de travail aux États-Unis, ce qui illustre l'intégration profonde entre nos deux économies.
La récente visite du président Biden à Ottawa confirme l'importance des relations entre nos deux pays. Pendant son séjour au Canada, le président Biden s'est entretenu avec le à propos de plusieurs priorités communes. Le et la ont notamment soulevé la question du différend sur le bois d'œuvre canadien, en rappelant le préjudice que les droits compensateurs américains causent aux producteurs et aux consommateurs canadiens, de même qu'aux consommateurs américains.
[Français]
Maintenant plus que jamais, une résolution de la dispute est nécessaire, considérant les défis auxquels le secteur forestier est confronté, notamment les contraintes liées à la fibre de bois et à la pénurie de main-d'œuvre. Les droits de douane américains sur les exportations de bois d'œuvre résineux aggravent la situation et créent des conditions d'opération imprévisibles pour de nombreuses entreprises canadiennes.
Les États‑Unis ont imposé des droits de douane sur la plupart des produits de bois d'œuvre résineux canadiens depuis 2017. Présentement, la plupart des compagnies canadiennes sont sujettes à un taux de droits de douane combiné de 8,59 %. Cependant, les États‑Unis ajustent continuellement les taux de droits de douane dans le cadre de ses examens annuels, connus sous le nom d'examens administratifs. Cela se traduit par un environnement commercial imprévisible pour l'industrie canadienne et par des milliards de dollars de droits injustement perçus.
[Traduction]
Ces droits compensateurs injustes ont également des répercussions sur les consommateurs, les détaillants et les constructeurs américains, qui comptent sur le bois d'œuvre canadien de qualité pour construire des maisons. De tels coûts supplémentaires sont particulièrement préoccupants aujourd'hui, dans un contexte où les pressions inflationnistes et l'augmentation des taux d'intérêt ont exacerbé les problèmes d'accessibilité au logement. Les produits canadiens de bois d'œuvre résineux sont essentiels pour combler les déficits de production aux États-Unis, et pour résoudre les problèmes d'accessibilité au logement. Pour mettre les choses en perspective, en 2021, les producteurs américains n'ont fourni qu'environ 70 % de la demande de bois d'œuvre, soit environ 35 milliards de pieds-planches, ce qui a entraîné un déficit de 30 %, lequel a été largement comblé par les produits du bois d'œuvre canadien.
Ces préoccupations par rapport au bois d'œuvre ont été soulevées par le , par la , ainsi que par l'ambassadeur Hillman lorsqu'il s'est entretenu avec le président Biden et son administration.
Le Canada a fait savoir à plusieurs reprises aux États-Unis qu'il était prêt à entamer des discussions sérieuses pour trouver des solutions réalistes et acceptables pour les deux parties. En effet, une résolution négociée de ce différend est dans l'intérêt de nos deux pays. Malheureusement, nous n'avons pas encore constaté de volonté de la part des États-Unis de s'engager dans des discussions sérieuses.
Le gouvernement du Canada va continuer d'augmenter le prix du bois d'œuvre à chaque occasion possible jusqu'à ce que l'enjeu soit résolu. Nous allons également continuer de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de l'industrie, ainsi qu'avec les provinces et les territoires, afin de maintenir une approche concertée pour résoudre ce différend.
[Français]
Dans cette optique, la ministre Ng continue de s'entretenir régulièrement avec des partenaires et des intervenants de partout au pays, qui sont concernés par l'accès au marché américain. Par exemple, le 9 mars dernier, la ministre Ng a organisé une table ronde avec des intervenants pour entendre leurs points de vue sur les tendances de l'industrie et sur l'effet du différend sur le bois d'œuvre résineux sur leurs entreprises et sur leurs effectifs.
[Traduction]
Outre notre engagement avec nos partenaires américains et canadiens, nous continuons de défendre vigoureusement nos intérêts en intentant des procès au titre du chapitre 19 de l'ALENA et du chapitre 10 de l'ACEUM, ainsi qu'auprès de l'OMC. Au total, le Canada a lancé 10 actions en justice avec d'autres parties canadiennes, y compris l'industrie du bois d'œuvre résineux elle-même. Plus récemment, nous avons mis sur pied deux groupes spéciaux dans le cadre du chapitre 19 de l'ALENA. Ces groupes ont pour mandat d'entendre les contestations du Canada concernant les droits compensateurs et antidumping imposés par les États-Unis, et nous prévoyons que des décisions initiales seront prises à la fin de l'année 2023 ou au début de l'année 2024.
Néanmoins, nos recours juridiques n'ont pas progressé aussi rapidement que nous l'aurions espéré. Le gouvernement du Canada s'est fixé comme priorité de statuer en temps utile sur les contestations juridiques du Canada devant des groupes spéciaux équitables et impartiaux. Nous travaillons en étroite collaboration avec les représentants des États-Unis pour veiller à ce que nos recours juridiques soient traités rapidement. Comme par le passé, nous sommes convaincus que ces groupes impartiaux se rangeront du côté du Canada et sauront démontrer de manière concrète que les droits compensateurs imposés par les États-Unis sont inéquitables et injustifiés.
Comme je l'ai souligné précédemment, une solution négociée reste dans l'intérêt des deux pays.
[Français]
Le gouvernement du Canada continue d'appuyer le secteur forestier, notamment en encourageant la diversification des marchés, en appuyant la gestion durable des forêts et en promouvant le rôle du secteur forestier dans la lutte contre les changements climatiques.
En parallèle, nous continuerons notre ambitieux programme de contestations judiciaires pour la défense des intérêts du Canada. Des résultats favorables en matière de litige renforceront la position du Canada pour négocier.
Par le passé, les allégations des États-Unis ont été jugées sans fondement, et nous croyons que ce sera de nouveau le cas.
Je vous remercie de l'occasion qui m'a été donnée de parler de l'important travail que nous faisons pour faire avancer les intérêts de l'industrie canadienne du bois d'œuvre résineux. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, de vous être joints à nous aujourd'hui.
Monsieur Fowler, je tiens à vous exprimer toute ma sympathie. Vous avez le mandat de défendre une position difficile, et on vous a mis en mauvaise posture, cela ne fait aucun doute.
Vous avez indiqué que la a rencontré à de nombreuses reprises les acteurs de l'industrie, mais lorsque nous leur avons parlé, ils disent tout le contraire. En effet, les partenaires de l'industrie nous rapportent que la ministre les a rencontrés le 9 mars, ce qui est exact. Toutefois, ils s'étaient déjà rencontrés un an plus tôt, lorsque la ministre a demandé aux partenaires de l'industrie de se réunir et de désigner un représentant avec lequel ils pourraient collaborer, ainsi qu'avec le ministère et le ministre aux États-Unis. Un représentant nommé David MacNaughton a été nommé.
Que s'est‑il passé exactement cette année‑là? Pourquoi n'y a‑t‑il eu aucune suite? L'industrie a désigné un représentant et a obéi à l'ensemble des requêtes de la , mais n'a jamais eu de réponse par la suite. Pouvez-vous expliquer ce qui s'est passé et pourquoi la ministre a décidé de ne pas fournir de réponse? Son ministère lui a‑t‑il conseillé de ne pas aller de l'avant?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crois que M. Hoback a été appelé « monsieur le président » à quelques reprises par erreur. Il y a eu quelques rappels, mais le président est sur Zoom.
Je remercie les fonctionnaires d'être présents. C'est important que vous soyez là, et nous vous en sommes reconnaissants.
Je voudrais revenir sur la chronologie des événements que vous avez décrite. Le président des États-Unis est venu ici il y a environ deux mois, et vous avez indiqué que la question du bois d'œuvre avait été soulevée à la fois par le et par la .
Est‑ce exact, monsieur Fowler?
Je sais qui est le président. On m'a demandé d'adresser mes réponses au président, et c'est ce que je vais faire cette fois encore.
Je remercie le député de sa question. De toute évidence, il s'agissait ici de conversations privées. Je ne suis pas au courant de la nature des discussions.
Lorsque nous soulevons ces questions, y compris à des niveaux très élevés avec les États-Unis, ils reconnaissent généralement qu'il s'agit d'un enjeu important pour le Canada. Ils sont prêts à collaborer avec nous, mais ils doivent respecter toute orientation prise par le gouvernement américain, avec l'appui de leur industrie du bois d'œuvre, qui est représentée par la U.S. Lumber Coalition ou la Coalition for Fair Lumber Imports.
À ce stade, il ne semble pas y avoir de volonté dans l'industrie américaine pour négocier un règlement à long terme, et je présume que c'est la nature de la discussion que les dirigeants ont eue.
Monsieur Fowler, vous avez également évoqué une série de litiges, ce qui a capté mon attention d'ancien avocat plaidant. J'ai été particulièrement secoué d'entendre — et c'est ce que je comprends aussi d'autres informations que j'ai vu — que nous avons gain de cause à répétition lorsque ces questions sont portées devant les tribunaux. Je crois vous avoir entendu mentionner qu'il n'y a pas moins de 10 litiges différents en cours. Certains renvoient au chapitre 19 de l'ALENA, d'autres au chapitre 10 de l'ACEUM ou à l'OMC.
Pouvez-vous nous donner une idée de ce qui, selon vous, entrave le règlement de ces litiges? Je crois que vous avez dit vous attendre à ce que des décisions soient rendues d'ici la fin de l'année ou le début de l'année prochaine.
Qu'est‑ce qui mine votre espoir d'obtenir un règlement d'ici là? Y a‑t‑il des choses que nous pourrions faire, à titre de parlementaires, selon vous, pour aplanir les obstacles afin de parvenir à une résolution plus rapide?
:
Encore une fois, merci beaucoup pour cette question.
Il y a différentes choses qui influencent le rythme d'avancement des litiges, selon l'endroit où ils se déroulent.
À l'OMC, nous avons gagné nos deux litiges, qui consistaient à contester les ordonnances initiales des États-Unis en matière de droits compensateurs et antidumping, jusqu'au stade du groupe spécial. Nous avons obtenu un résultat très solide au groupe spécial en ce qui concerne l'ordonnance relative aux droits compensateurs et un résultat un peu plus mitigé en ce qui concerne l'ordonnance antidumping. Toutefois, ces deux décisions ont fait l'objet d'un appel auprès de l'organe d'appel.
Or, il n'y a pas quorum au sein de l'organe d'appel à Genève en ce moment, en raison d'une politique de l'administration américaine visant à bloquer la nomination de nouveaux membres à l'organe d'appel. Par conséquent, il n'est pas possible pour le Canada de continuer de défendre ses affaires au stade de l'organe d'appel de l'OMC. C'est ce qui explique la lenteur des contestations multilatérales portées devant l'OMC.
En ce qui concerne les groupes spéciaux mis en place dans le cadre de l'ALENA ou de l'ACEUM, il s'agit de veiller à ce que les membres qui y sont nommés soient bien qualifiés, impartiaux et en mesure de rendre un jugement objectif. Nous sommes conscients que cela peut être frustrant, mais nous voulons nous assurer d'y nommer et accepter des personnes qui répondent à ces critères.
Comme vous pouvez l'imaginer, étant donné que ce différend perdure depuis 30 ans, il y a beaucoup de personnes dans les deux pays qui connaissent bien le secteur et les enjeux, mais qui ont déjà joué un rôle dans cette affaire, ce qui peut teinter notre perception de leur impartialité.
Si vous le permettez, j'inviterais mon avocat à compléter ma réponse.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, de vos témoignages et de votre présence aujourd'hui.
En mars 2021, la avait comparu devant ce comité. Nous avions abordé le fait que le Programme de développement des marchés, dont l'objectif est de développer des marchés internationaux pour les produits forestiers, avait beaucoup mieux servi les producteurs de l'Ouest, de la Colombie‑Britannique en particulier, que les producteurs de l'Est, en Ontario et au Québec. En 2020, selon les chiffres qui nous ont été rapportés en 2021, les trois quarts des sommes du programme avaient été alloués à des organismes de la Colombie‑Britannique.
Aujourd'hui, avez-vous une mise à jour de ces chiffres à nous présenter?
:
Oui, j'aimerais que vous communiquiez les informations les plus à jour à ce sujet au Comité.
J'ai une autre question à vous poser.
En 2022, nous avons mené une étude sur la relation du Canada avec les États‑Unis. Un volet était consacré au bois d'œuvre. Je crois que vous étiez venu témoigner au Comité, mais je n'en suis pas certain.
Le rapport recommandait que le gouvernement donne priorité à l'objectif de restituer les montants des droits antidumping et des droits compensateurs qui avaient été perçus par les États‑Unis aux producteurs qui les avaient payés.
Les montants des droits perçus par les États‑Unis ont-ils été restitués aux producteurs ou sont-ils en voie de l'être?
Pourriez-vous aussi informer le Comité de l'état des choses?
:
C'est parfait, je vous remercie.
L'Accord sur le bois d'œuvre résineux entre le Canada et les États‑Unis, qui a vu le jour en 2016, après l'échéance du précédent accord, est arrivé à échéance.
Dans les recommandations du rapport à la suite de son étude, le Comité permanent du commerce international recommandait:
Que le gouvernement du Canada établisse de façon prioritaire et dans les plus brefs délais les paramètres d’un nouvel accord sur le bois d’œuvre résineux avec son homologue américain.
Qu'est-ce qui a empêché la négociation d'un nouvel accord?
Il y a eu, par exemple, les négociations commerciales et l'Accord Canada—États‑Unis—Mexique, l'ACEUM.
Pourquoi n'en a-t-on pas profité pour s'attaquer de front à cette question, puisque l'on connaissait l'ensemble des irritants?
:
Je vous remercie de votre question.
J'occupais le poste qu'occupe actuellement M. Cannon lorsque le dernier accord a échu, en 2016. Je peux vous dire, pour avoir participé aux discussions, que nous avons essayé très fort de renouveler et de prolonger cet accord. Lorsque nous avons constaté qu'il ne pouvait être prolongé, nous avons essayé de le renouveler, puis quand nous avons vu que ce n'était pas possible, nous avons essayé de mettre en place un nouvel accord pour assurer la gestion continue du commerce avec les États-Unis, sans interruption et sans réimposition de droits de recours commerciaux américains.
Nous avons eu des pourparlers avec des représentants de l'administration Obama, puis après l'arrivée à la Maison-Blanche de l'administration Trump, nous avons eu des pourparlers avec des représentants de l'administration Trump. Aucun de ces deux gouvernements américains n'avait la volonté de prolonger l'accord en vigueur, de le renouveler ou de négocier un nouvel accord sur le bois d'œuvre en 2016 ou 2017, et c'est toujours la situation aujourd'hui.
:
Je suis très heureux que vous me posiez cette question.
Je pense que si vous continuez à réitérer l'intérêt du Canada à trouver une solution, à réitérer l'importance économique de ce secteur pour le Canada et à rappeler les coûts et les conséquences malheureuses de la situation pour les consommateurs américains à un moment où les prix des logements sont déjà élevés et en hausse, cela donnera du poids au message.
Nous avons également des alliés aux États-Unis, tels que la National Association of Home Builders, les groupes qui réclament l'accès au logement abordable et d'autres, qui, j'en suis sûr, seraient très heureux d'entendre votre point de vue et celui du Comité.
:
Merci, monsieur le président.
C'est important. M. Virani a rappelé la chronologie des événements. Je me souviens qu'en 2006, j'étais secrétaire parlementaire à l'industrie au sein du gouvernement Harper. Nous avions conclu un accord. C'était très bien que vous soyez là vers la fin.
Nous avons ensuite conclu le premier Partenariat transpacifique, dont les gens oublient qu'il s'agissait de la première renégociation de l'ALENA. C'était l'accord de M. Obama. C'était un accord global. Notre s'en est alors distancé, ce qui avait exaspéré bon nombre de nos partenaires commerciaux. Cela m'avait inquiété à l'époque.
Toutefois, le 10 mars 2016, les nouvelles semblaient positives. J'aimerais vous lire un article de Reuters:
L'« irritant » commercial de longue date entre les États-Unis et le Canada au sujet du bois d'œuvre devrait bientôt être résolu, ont déclaré jeudi les dirigeants des deux pays au sujet de la bataille qui dure depuis des années sur le pin et d'autres bois tendres.
Le président américain Barack Obama et le premier ministre canadien Justin Trudeau, qui se sont exprimés lors d'une conférence de presse conjointe, ont déclaré que la question avait été abordée lors de leur réunion à la Maison-Blanche, mais que les négociations se poursuivaient.
J'aimerais revenir sur ce point. L'article continue ainsi:
« Je suis convaincu que nous sommes sur la bonne voie pour résoudre cet irritant dans les semaines et les mois à venir », a déclaré M. Trudeau à propos du différend commercial, qui découle de l'accord d'exportation de bois d'œuvre expiré en 2006.
M. Obama a ajouté que « la question du bois d'œuvre se règlera d'une manière ou d'une autre... Il s'agit d'un irritant bipartisan de longue date...
C'était en 2016. Les négociations étaient en cours. MM. Obama et Trudeau avaient chargé Michael Froman, dont vous vous souvenez peut-être, et d'éviter un autre différend interminable sur le bois d'œuvre et d'en faire rapport dans les 100 jours.
Savez-vous quels ont été les résultats de ces réunions entre M. Froman et Mme Freeland? Se sont-ils rencontrés?
Comme M. Fowler l'expliquait précédemment, des litiges sont en cours dans deux cadres différents: ceux de l'OMC et de groupes spéciaux de l'ALENA et de l'ACEUM.
En ce qui concerne l'OMC, l'impasse au sujet de l'organe d'appel, que nous nous efforçons tous de résoudre, signifie essentiellement que toute affaire en attente d'appel ne peut plus être examinée. Elle ne progresse pas dans le système de règlement des différends de l'OMC.
Pour ce qui est des groupes spéciaux de l'ALENA et de l'ACEUM, en vertu des chapitres 19 et 10, il s'agit essentiellement d'un système dans lequel le groupe spécial de l'ALENA ou de l'ACEUM joue le rôle du Tribunal de commerce international, qui est un tribunal de première instance aux États-Unis et qui détermine si l'imposition des droits est conforme ou non aux lois américaines.
Dans ce contexte, il y a eu des retards et des problèmes dans la nomination des membres du groupe spécial, et nous sommes déterminés à travailler avec les États-Unis pour garantir l'impartialité des membres du groupe spécial. Comme M. Fowler l'a mentionné précédemment, il y a beaucoup de spécialistes à Washington, D.C., mais bon nombre d'entre eux sont intervenus dans la question du bois d'œuvre. Je pense que l'un des problèmes que nous avons rencontrés, c'est que, lorsque des membres du groupe spécial ont été proposés, nous nous sommes parfois inquiétés du rôle qu'ils avaient joué antérieurement dans l'affaire.
J'espère que ma réponse vous est utile.
Tout à l'heure, vous parliez du manque d'appétit du côté des Américains, et on sait qu'il y a une crise du logement aux États‑Unis, où les coûts explosent. Cependant, l'Association for Neighborhood & Housing Development, ou ANHD, s'oppose aux tarifs punitifs, parce qu'évidemment, elle voudrait pouvoir mettre la main sur ces produits et sur notre bois.
Y a-t-il un levier intéressant de ce côté? Avez-vous des contacts avec ces gens? Ont-ils une certaine capacité de lobbying auprès de la classe politique?
:
Oui, c'est exact. Si un différend fait l'objet d'un appel auprès de l'organe d'appel, il s'agit essentiellement d'un appel sans suite. Le différend n'aboutit à rien puisqu'il n'y a pas d'organe d'appel.
Il y a un groupe de pays, dont le Canada, qui est parti à l'Arrangement multipartite concernant une procédure arbitrale d'appel provisoire, ou AMPA, qui constitue un moyen de contourner le problème, mais tous les pays n'y sont pas parties et, sans surprise, c'est le cas des États-Unis.
Bien qu'il soit possible de procéder au règlement des différends — et il y a déjà eu deux ou trois cas — par l'Arrangement multipartite et de recourir au système de règlement des différends de l'OMC, nous ne pouvons malheureusement pas le faire dans ce cas.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins qui sont avec nous cet après-midi.
J'aimerais simplement revenir sur certains des documents faisant suite au budget de 2023. On y indiquait qu'Affaires mondiales Canada allait recevoir un montant pouvant atteindre 51 millions de dollars sur une période de deux ans pour continuer d'appuyer la réplique canadienne aux droits imposés par les États-Unis dans le but d'en arriver à un accord sur le bois d'œuvre.
Le gouvernement a cerné cinq grands piliers d'intervention à cette fin. Ses actions devaient reposer dans un premier temps sur la poursuite des démarches judiciaires en cours. On précise dans ces documents qu'il y a actuellement 10 affaires en instance pour contester les droits de douane injustifiés imposés par les États-Unis sur le bois d'œuvre résineux canadien. Je sais que vous n'aurez pas le temps de nous fournir tous les détails à ce sujet aujourd'hui, mais pourriez-vous transmettre au Comité une mise à jour sur ces 10 dossiers en indiquant à quand ils remontent et où en sont rendues les choses?
La recherche d'un règlement négocié fait partie de ces piliers. On traite des efforts déployés sous la direction du ministère pour établir des positions pancanadiennes en fusionnant les priorités des différentes régions. Pourriez-vous nous dire également si des progrès ont pu être réalisés grâce aux efforts ainsi consentis?
Ces documents traitent aussi du déploiement de stratégies ciblées pour la défense de nos intérêts. Dans quelle mesure ces stratégies contribuent-elles maintenant à la recherche d'une solution satisfaisante pour mettre fin à ce conflit? Avec qui collaborez-vous, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada, pour soutenir cette démarche? Est‑ce que tout cela peut être chiffré? Quelle proportion des 51 millions de dollars va à la défense des intérêts et aux programmes déployés à cette fin?
On aborde également la mobilisation des parties prenantes au Canada et les consultations qui doivent être menées. Est‑ce qu'il y a actuellement échange avec les différents interlocuteurs pour dégager et négocier une position de défense juridique reflétant les points de vue de tous les intéressés au pays?
Il y a enfin la question de l'administration des licences d'exportation. Affaires Mondiales Canada a le mandat législatif de délivrer les licences d'exportation de bois d'œuvre et de grumes. Pourriez-vous nous dire dans quelle mesure le processus de vérification peut suivre son cours normal dans un contexte où l'on voit des usines fermer leurs portes, le conflit sur les droits de douane perdurer et des entreprises du secteur forestier partir pour s'installer au sud de la frontière?
J'ose espérer que vous pourrez transmettre au Comité une mise à jour sur ces cinq grands piliers établis dans le budget, car vous n'auriez pas assez de cinq minutes pour me répondre à ce sujet. Je voulais juste que ces questions figurent au compte rendu. Allez-vous être en mesure de nous fournir certains de ces renseignements?