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Monsieur le président, j'aimerais vous remercier de l'invitation que nous avons reçue à comparaître aujourd'hui devant votre comité. C'est pour nous, de l'Association canadienne d'éducation de langue française, un privilège de pouvoir présenter notre point de vue aux membres du Comité permanent des langues officielles.
Depuis maintenant 65 ans, l'Association canadienne d'éducation de langue française, ou ACELF, existe et contribue au développement de l'éducation de la langue française pour soutenir la vitalité des communautés francophones au Canada. L'ACELF exerce un leadership rassembleur auprès des intervenants en facilitant la concertation et la réflexion sur les enjeux actuels en éducation, notamment par la tenue d'un congrès annuel et par la publication d'une revue scientifique appelée Éducation et francophonie. De plus, attentifs aux besoins des réseaux éducatifs et conscients du double mandat de l'école francophone en milieu minoritaire, nous leur offrons des activités de formation et du matériel pédagogique toujours à l'avant-garde dans des domaines touchant l'identité francophone et le sens de l'appartenance à une francophonie contemporaine et inclusive.
Regarder notre association, c'est voir un réseau pancanadien de membres provenant de tous les horizons. Nous regroupons des intervenants de tous les secteurs d'activité en éducation, de la petite enfance au postsecondaire. Ces intervenants travaillent dans des établissements d'enseignement, des conseils scolaires, des associations, des regroupements de personnel enseignant et de parents.
Pour élaborer ses orientations, l'ACELF compte aussi sur un conseil des gouverneurs formé d'intervenants élus des quatre régions canadiennes que sont l'Atlantique, le Québec, l'Ontario ainsi que l'Ouest et les territoires, de même que de représentants des 13 ministères de l'Éducation des provinces et des territoires canadiens. Voilà deux caractéristiques uniques qui nous sont propres dans le monde de l'éducation en français: des membres partout au Canada, dont le Québec, et des représentants de chacun des 13 ministères de l'Éducation.
En ce qui concerne le financement que nous recevons du gouvernement fédéral, notre association bénéficie d'un appui financier important provenant du ministère du Patrimoine canadien. Nous en sommes d'ailleurs très reconnaissants. Cet appui financier nous permet d'abord de rassembler chaque année, lors d'un congrès pancanadien, les forces vives de l'éducation en français au Canada. C'est d'ailleurs le plus grand rassemblement multiréseau du milieu de l'éducation francophone au Canada.
Ce financement nous permet aussi d'offrir du perfectionnement au personnel professionnel en petite enfance et au personnel des écoles francophones situées en milieu minoritaire. Depuis la mise sur pied du programme de stages, il y a 25 ans, 1 609 intervenants et intervenantes en ont bénéficié.
Ce financement nous permet également de publier une revue spécialisée sur l'éducation en langue française.
Par ailleurs, ces fonds nous aident à faire vivre à des jeunes francophones de 11 à 14 ans un échange avec des jeunes d'une autre communauté francophone du Canada. En 25 ans d'existence, environ 5 380 élèves ont vécu cette expérience culturelle et pédagogique.
Enfin, cet argent nous permet de développer pour les écoles francophones du matériel pédagogique qui favorise la construction de l'identité francophone des jeunes et de leur sens de l'appartenance.
En ce qui a trait au financement provenant de la Feuille de route, l'ACELF n'en a pas bénéficié directement. En fait, les subventions que nous recevons ne proviennent pas directement d'une enveloppe budgétaire liée à la Feuille de route. Cependant, puisque près de 75 p. 100 de nos fonds proviennent des programmes du ministère du Patrimoine canadien, nous pensons que nous avons quelques idées sur les priorités d'avenir qui sauront peut-être vous intéresser.
Dans l'optique d'une nouvelle stratégie gouvernementale d'appui aux communautés de langue officielle, l'ACELF souhaite d'ailleurs confirmer son appui au Plan stratégique communautaire élaboré sous la coordination de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada. L'ACELF est signataire de ce Forum des leaders et en appuie la mise en oeuvre.
Toutefois, nous aimerions aujourd'hui vous parler de ce que nous connaissons le mieux: l'éducation en français. À ce titre, nous voulons profiter de l'occasion que vous nous offrez pour vous faire part de certains enjeux importants à prendre en considération pour mieux appuyer le secteur de l'éducation. Je vous mentionne que ces enjeux ont été formellement déterminés par notre réseau.
Les quatre enjeux que je vais vous présenter bénéficient déjà de l'attention de notre association, puisque notre plan d'action triennal 2011-2014 comporte de nombreuses initiatives à leur égard.
Le premier enjeu consiste à développer des ressources pour la petite enfance et à accroître les services à la famille. Ce défi ne concerne pas seulement le secteur de l'éducation, mais bien l'ensemble de la communauté et les organismes qui offrent des services à la population francophone. La clientèle de la petite enfance doit être au coeur des priorités afin d'assurer à long terme l'avenir des communautés francophones. La récente étude du chercheur Rodrigue Landry fournit des données probantes à cet égard. Cette recherche, intitulée « Petite enfance et autonomie culturelle », démontre hors de tout doute que la petite enfance est le fondement de la vitalité d'une minorité linguistique. Pour ce faire, il y a nécessité d'intervenir très tôt pour développer chez l'enfant son identité francophone. Les interventions des parents, des institutions, de la communauté et des gouvernements doivent alors se renforcer mutuellement vers ce même but. Les ressources et les infrastructures appropriées doivent aussi être accessibles.
Avec ses partenaires de la Table nationale en développement de la petite enfance francophone, l'ACELF s'est déjà engagée à faire des services à la petite enfance et à la famille une priorité d'action. En plus d'un stage de perfectionnement offert annuellement au personnel professionnel de la petite enfance, l'ACELF et ses partenaires ont développé plusieurs outils pédagogiques et ont bien d'autres initiatives en tête pour les années à venir, notamment un site Internet interactif destiné aux familles exogames en lien avec le développement de l'identité francophone de leurs jeunes.
Le deuxième enjeu est d'augmenter le développement professionnel touchant les particularités d'un enseignement en milieu minoritaire. Enseigner en français en milieu minoritaire demande des compétences particulières de la part du personnel enseignant. On le sait, le jeune qui vit dans une communauté francophone en milieu minoritaire évolue dans un environnement physique, social, artistique et même virtuel majoritairement anglophone. Ces jeunes n'ont donc pas suffisamment d'occasions de vivre en français. De ce fait, l'enseignant doit développer des stratégies particulières pour combler cette difficulté.
Non seulement cette nécessité de compétences particulières est vraie pour l'enseignement des matières scolaires, mais elle l'est encore plus pour favoriser chez les jeunes le développement d'une identité francophone, car, est-il besoin de le rappeler, l'école de langue française en milieu minoritaire a un double mandat. En plus de l'apprentissage scolaire, l'école doit favoriser la construction identitaire, c'est-à-dire susciter chez le jeune un fort sentiment d'appartenance à sa langue et à sa culture francophones. Par rapport à ce mandat de construction identitaire, l'offre de formation initiale pour le personnel enseignant est encore insuffisante. Pour améliorer cet aspect de la formation de l'enseignement, certaines facultés d'éducation ont des initiatives très prometteuses, mais il faut aussi penser à la formation continue des quelque 13 500 enseignantes et enseignants et des quelque 1 000 membres de la direction qui oeuvrent dans nos écoles. Il serait important qu'ils puissent développer leurs compétences à cet égard.
Les organismes comme le nôtre produisent du matériel pédagogique spécialisé pour l'enseignement en milieu minoritaire. Bien que l'ensemble des acteurs du milieu de l'éducation reconnaisse la qualité de ce matériel, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour mieux faire connaître tous ces outils et surtout leur offrir une formation.
Par ailleurs, plusieurs initiatives pancanadiennes de formation sont en voie d'être mises en oeuvre. Je pense ici à deux projets parrainés par le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, ou CMEC. D'abord, l'approche culturelle de l'enseignement permettra au personnel enseignant de faire découvrir aux jeunes, peu importe la matière étudiée, des éléments importants et significatifs de la culture collective francophone. Je pense également au projet de formation en ligne élaboré par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Je pense aussi à la Trousse du passeur culturel pour laquelle il existe encore des besoins de formation.
Ce ne sont que quelques exemples, mais ils illustrent bien que le mouvement pour développer les compétences du personnel oeuvrant en milieu minoritaire est bien enclenché, mais qu'il est primordial d'y injecter les fonds nécessaires pour s'assurer que la formation pour ces ressources est disponible selon divers modes de prestation.
Le troisième enjeu est de développer une compétence transculturelle chez les intervenants et les jeunes. Notre société canadienne a toujours été une terre d'immigration et, depuis quelques années, ce phénomène d'enrichissement de notre société s'accentue. L'arrivée de cette diversité marque de façon considérable la plupart des communautés francophones et un très grand nombre de nos écoles. Afin de favoriser un climat inclusif, il importe de développer chez les jeunes et les intervenants des réseaux scolaires une compétence transculturelle.
Par compétence transculturelle, nous entendons le développement d'attitudes et d'habilités qui favorisent la connaissance approfondie de sa propre culture et de celle des autres cultures, avec l'intention de construire une culture collective francophone pluraliste et renouvelée.
Le quatrième enjeu est de favoriser le développement personnel des jeunes pour stimuler leur engagement à l'égard de la francophonie canadienne. Grâce à diverses activités variées, plusieurs jeunes travaillent déjà au développement de leur communauté francophone. Pour stimuler cet engagement chez tous les jeunes, il importe de leur faire vivre diverses expériences personnelles qui les amèneront à mieux connaître les différentes facettes de notre francophonie contemporaine, à comprendre les enjeux qui touchent l'avenir de notre francophonie et à être capables d'avoir des opinions personnelles sur le sujet, de même qu'à prendre des décisions conformes à leurs opinions, à participer selon leurs intérêts et leurs talents, et à poser des gestes qui contribueront au bien-être des autres membres de la communauté.
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Bonjour. Merci beaucoup. C'est avec grand plaisir que la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants répond à l'invitation à comparaître qui lui a été lancée. Je suis ici aujourd'hui avec M. Ronald Boudreau, notre directeur des Services aux francophones.
D'emblée, nous tenons à préciser que nous apprécions votre désir de mieux comprendre les enjeux liés au dossier des langues officielles, bien qu'il semble que l'exercice ait pris un peu plus des allures de consultation en vue d'une éventuelle stratégie fédérale. Nous ne pouvons pas passer sous silence le fait que nous aurions souhaité que le gouvernement mène une consultation en bonne et due forme, si les présentations qui vous sont faites mèneront bel et bien à une prochaine Feuille de route.
Par ailleurs, le Sommet des communautés francophones et acadiennes de juin 2007 a établi les bases d'une planification stratégique des partenaires de la communauté francophone minoritaire, dont la FCE fait partie. Le gouvernement du Canada devrait considérer de façon importante le Plan stratégique communautaire qui découle de ce sommet et accorder une place privilégiée aux interlocuteurs qui ont le mandat de parler au nom de leurs membres, tout en encourageant le développement de structures qui renforcent l'autonomie des communautés minoritaires.
La FCE regroupe environ 200 000 enseignantes et enseignants représentés par ses organisations membres. De ce nombre, plus de 10 000 oeuvrent dans des écoles de langue française en milieu minoritaire et environ 8 000 dans des écoles de langue anglaise au Québec. Cette particularité d'avoir parmi nos membres des personnes en provenance des deux minorités linguistiques canadiennes convainc la FCE d'avoir une perspective équilibrée sur la question d'une stratégie fédérale en matière d'appui aux langues officielles.
Soulignons tout d'abord la question de l'équité entre les deux communautés de langue officielle, qui sera au coeur de notre présentation. De longue date, la FCE défend les droits de ses membres et exerce des pressions en faveur d'un système d'éducation publique juste et équitable partout au Canada et ailleurs dans le monde. Nous sommes cependant de plus en plus conscients que l'école, bien qu'elle soit l'outil de développement par excellence pour assurer la pérennité des langues en contexte minoritaire, ne peut contrecarrer à elle seule les effets de l'assimilation linguistique.
Nous venons tout juste de publier une enquête préparée par la chercheuse Diane Gérin-Lajoie, qui propose une comparaison entre la réalité des francophones qui vivent en contexte minoritaire et les anglophones du Québec, qui sont minoritaires dans cette province, eux aussi. Cette étude confirme, entre autres, que la visibilité de la langue et de la culture minoritaires dans l'espace public a une influence importante sur la façon de concevoir le rapport à l'identité. Il n'est pas surprenant que la construction identitaire soit devenue un des éléments clés du mandat des communautés francophones. Cependant, il est préoccupant de penser que le manque de présence du français dans l'espace public puisse amener les jeunes francophones à remettre en question la pertinence de leur langue maternelle quand il s'agit d'envisager leur avenir.
Nous ferons donc ressortir avant tout, dans le cadre de cette présentation, quelques-uns des nombreux défis que doivent relever ceux qui vivent en français de façon soutenue dans les milieux minoritaires, tout en tenant compte du fait que l'articulation de la prochaine stratégie fédérale en matière d'appui aux langues officielles permettra également le maintien et le plein épanouissement de la communauté anglo-québécoise. Nous nous permettrons quelques recommandations dans trois domaines particuliers qui nous tiennent à coeur en tant que représentants du personnel enseignant.
En premier lieu, il y a la petite enfance et les mesures d'accueil. En 2004, la FCE publiait une étude sur le personnel enseignant face aux défis de l'enseignement en milieu minoritaire. Une forte proportion d'enseignantes et d'enseignants ont indiqué la dominance de l'anglais dans leur milieu comme une des principales difficultés auxquelles ils sont confrontés. Cette réalité est fortement accentuée par des facteurs démographiques incontournables. Le dépeuplement rural affaiblit les régions où la concentration de francophones est la plus élevée, et l'accroissement des francophones en milieu urbain est directement lié à l'assimilation accélérée de ces derniers.
Deux autres facteurs doivent également être considérés: le recrutement des enfants de parents ayants droit et l'accueil des nouveaux arrivants. Si le personnel enseignant des écoles de langue française appuie d'emblée les efforts qui sont faits par l'ensemble des intervenants pour accueillir un plus grand nombre d'enfants ayant accès à l'éducation en français dans ses murs, il se préoccupe grandement de la diversification des antécédents familiaux qui les accompagnent, surtout lorsqu'il s'agit d'enfants qui parlent peu ou qui ne parlent pas le français au moment de leur admission à l'école.
De même, le personnel enseignant soutient vivement l'accueil réservé aux enfants de familles immigrantes, mais s'inquiète du manque de mesures d'appui pour assurer l'accompagnement de ces familles, tant sur le plan scolaire que sur le plan communautaire. Les enjeux sont alors d'ordre linguistique, mais peuvent également comporter d'autres aspects tout aussi préoccupants.
À l'été 2007, la FCE commandait une enquête sur l'accueil des familles immigrantes dans les écoles de langue française. Cette recherche démontrait à quel point plusieurs milieux minoritaires sont démunis pour bien accueillir les nouveaux arrivants, tant sur le plan scolaire que sur le plan communautaire.
Deux constats s'imposent. Tout d'abord, la prochaine stratégie fédérale en matière d'appui aux langues officielles devra offrir un appui substantiel au développement de la petite enfance, qui est la solution la plus susceptible de soutenir les efforts de recrutement des écoles de langue française. Par ailleurs, cette composante de la stratégie devra se conjuguer étroitement avec un ensemble de mesures d'accueil, tant sur le plan scolaire que sur le plan communautaire, pour permettre à la fois aux enfants de parents ayants droit et à ceux qui proviennent de communautés immigrantes de contribuer à la francophonie et à la société canadienne dans son ensemble.
Nous recommandons que la stratégie fédérale en matière de langues officielles investisse dans l'accueil et l'accompagnement des générations qui désirent renouer avec le français et des familles immigrantes qui souhaitent s'inscrire à l'école de langue française. Nous recommandons aussi qu'elle favorise la création de centres de la petite enfance en français, partout au pays, afin de préparer les enfants à participer activement à l'école de langue française et à la communauté dans son ensemble.
Le deuxième défi touche les nouvelles technologies. L'éducation en français en milieu minoritaire canadien n'a de sens que dans un cadre économique qui lui accorde une place équitable. Les parents qui choisissent d'envoyer leurs enfants à l'école de langue française le font certes pour leur attachement à cette langue, mais aussi dans l'espoir que la prochaine génération aura davantage la possibilité de vivre en français dans toutes les sphères de l'activité humaine. Pour le jeune qui choisit éventuellement de poursuivre ses études à l'école publique et au postsecondaire en français, la possibilité de travailler dans sa langue ou de tirer profit de ses compétences bilingues est au coeur même de sa motivation.
La FCE est préoccupée par le peu d'attention accordée aux technologies dans les mesures d'appui aux communautés de langue officielle. La FCE a publié l'an dernier les résultats d'une enquête menée auprès de plus de 1 600 élèves des écoles de langue française. Cette enquête portait sur les technologies et la construction d'une identité francophone. Le peu d'occasions de communiquer en français par l'entremise des technologies se révèle préoccupant du fait même qu'il s'agit là d'un univers largement privilégié par les jeunes à l'échelle de la planète. Cela rejoint nos considérations sur l'espace public et les préoccupations qui en découlent. Nous pensons donc que la stratégie fédérale en matière de langues officielles doit favoriser l'augmentation des contenus en français sur le Web et des infrastructures qui permettent un suivi, des mises à jour et un renouvellement de l'information. Nous pensons aussi que le gouvernement doit appuyer les initiatives novatrices qui permettent l'utilisation des technologies dans des domaines tels que le réseautage, la formation à distance, l'apprentissage des langues et la diffusion de contenus culturels.
Le troisième défi touche l'appui à la recherche. Depuis les 15 dernières années, des enfants reçoivent leur éducation en français dans des milieux où plusieurs générations n'auraient même pas songé à une telle possibilité. En effet, l'avènement de la gestion des écoles de langue française par la communauté francophone, parfois durement acquise, est un tournant important de l'histoire du bilinguisme canadien. La prise en charge de l'éducation par la communauté francophone donne de bons résultats. Elle contribue à l'évolution du bilinguisme et au respect de la diversité culturelle partout au pays. Le gouvernement du Canada se doit de tirer des leçons de cette expérience et de tenter de l'appliquer à d'autres secteurs d'intervention. Cette responsabilisation de la communauté ne peut avoir lieu sans des informations pertinentes sur les réalités et les enjeux qui sont au coeur du mandat même de l'école de langue française.
Ainsi, nous ne saurions trop insister sur l'importance de la recherche pour l'avancement des communautés linguistiques, en particulier dans un contexte minoritaire. Les nombreuses études de la FCE ont bénéficié par le passé d'un appui solide du gouvernement fédéral par l'entremise de son ministère du Patrimoine canadien. Ces recherches et ces enquêtes ont permis de mieux comprendre les réalités des communautés et d'intervenir de façon plus cohérence auprès de la jeunesse sur laquelle repose l'avenir du bilinguisme canadien.
La stratégie fédérale en matière de langues officielles doit appuyer la recherche et la diffusion de connaissances pour que les décisions et les investissements soient fondés sur des données fiables et garantes de résultats.
En conclusion, la FCE est une des organisations nationales qui a d'emblée emboîté le pas au gouvernement canadien en ce qui a trait au bilinguisme et à la modernisation de sa structure. Notre fédération se définit comme bilingue dans ses opérations et ses publications et dessert des organisations dont la composition reflète la dualité linguistique canadienne.
Nous sommes fiers de contribuer de façon importante au développement de notre pays et aux valeurs qui font sa force et sa particularité tant sur la scène canadienne que sur le plan international. Il reste beaucoup à faire pour donner aux minorités linguistiques tous les éléments qui leur permettront de vivre en français 24 heures sur 24. C'est ce qui anime nos actions alors que, comme membres d'une fédération canadienne, nous ne pouvons que souhaiter que ce soit également la motivation du gouvernement canadien et la finalité qu'il recherche dans le développement de sa prochaine stratégie en matière d'appui aux langues officielles.
Merci.
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Je vais commencer à répondre, et M. Lacombe pourra poursuivre.
De façon très large, je dirai que l'apprentissage conventionnel du français et des mathématiques, entre autres matières, fait partie de l'éducation de base que l'on doit donner à chaque enfant. Le point de vue culturel, c'est ce qui permet de construire l'identité de l'individu. On grandit quelque part, peu importe l'endroit; on grandit dans une communauté, dans un environnement. Si on néglige cet aspect en disant qu'on se concentre seulement sur l'éducation et les apprentissages comme tels, l'oeuvre est incomplète.
Notre préoccupation, c'est de construire l'identité de chaque enfant, de chaque individu, et ce, jusqu'à l'âge adulte, pour qu'il devienne un citoyen à part entière vivant dans deux cultures. Il n'y a pas d'erreur: la culture anglophone dans laquelle baignent les francophones en milieu minoritaire est facilement acquise. Il ne faut pas la combattre, mais il faut vivre avec celle-ci. Souvent, ce qui est plus difficile, c'est de faire vivre en français, au quotidien, les jeunes francophones qui vivent dans un milieu anglophone. C'est pour cette raison qu'on dit qu'il faut commencer par la famille, dès la petite enfance, et cela se poursuit à l'école.
Nous avons élaboré, avec la complicité d'autres organisations comme la FCE, la Trousse du passeur culturel, dont nous parlions tout à l'heure dans notre intervention. La Trousse du passeur culturel vise justement à se préoccuper de tout cet aspect fondamental. Une fois que les apprentissages sont faits, il faut aussi vivre. Cette manière de vivre et de s'affirmer, c'est ce qui va faire que plus de francophones vont continuer à fréquenter l'école secondaire francophone. C'est un grand défi. Souvent, il y a de l'inquiétude, en milieu minoritaire: on se demande si son avenir sera en français. Si on décide de poursuivre en français, on craint d'échouer et de ne pas avoir accès à l'université. Telles sont les inquiétudes.
La culture renforce l'identité. Selon nous, c'est très important.
Richard a peut-être quelques exemples plus concrets à vous donner.
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Effectivement, l'aspect culturel, ce qui est lié aux arts et à la culture, est très important. On peut bien concevoir que c'est une composante de la construction identitaire.
Pour ce faire, nous invitons les gens et nous outillons le personnel enseignant et les membres de la direction des écoles de plusieurs façons. D'ailleurs, nous avons mis sur pied la Semaine nationale de la francophonie, qui existe depuis 20 ans et qui est à l'origine de ce que sont maintenant les Rendez-vous de la francophonie. Nous invitons les milieux à s'approprier et à avoir des activités qui font appel aux arts et à la culture.
Nous avons aussi un ensemble d'outils, une banque d'activités pédagogiques qui existe dans Internet depuis 1996. Il y a beaucoup d'activités qui donnent des idées aux enseignants sur les façons d'intégrer les arts et la culture dans les matières, non seulement en français, en histoire et en géographie, mais aussi en économie et un peu dans tout. Car la culture est omniprésente. On pense aux arts et à la culture, mais tous les éléments culturels en font aussi partie.
Il y a des outils comme la Trousse du passeur culturel. Celle-ci donne des indications quant aux façons d'utiliser, en classe, les ressources artistiques, les organismes artistiques de la région, pour créer un environnement artistique plus fort dans l'école.
En ce moment, il y a une initiative pancanadienne des ministères de l'Éducation afin de développer ce qu'ils appellent l'approche culturelle de l'enseignement. On va outiller l'enseignant, peu importe la matière qu'il enseigne, pour qu'il intègre dans la matière enseignée des référents de la culture francophone. Ainsi, les manuels scolaires n'exposeront pas le jeune francophone seulement à des éléments relevant des scientifiques américains, britanniques ou australiens. Il y a quand même des scientifiques francophones. J'ai donné l'exemple de l'économie, mais cela s'applique à toutes les matières.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci d'être parmi nous.
Monsieur Taillefer, merci beaucoup de votre présentation. Je veux surtout vous remercier des deux premiers paragraphes de votre mémoire. Dans le premier paragraphe, vous dites ne pas pouvoir passer sous silence que vous auriez souhaité que le gouvernement tienne une consultation en bonne et due forme. Je partage d'emblée votre avis. Un comité comme le nôtre n'est nullement outillé pour faire une consultation professionnelle, alors que l'atmosphère est parfois survoltée politiquement et que nous ne disposons que de deux heures par jour, à raison de deux fois par semaine. Cela n'est pas une consultation professionnelle.
Cette décision du gouvernement est survenue à mi-parcours. En effet, nous avons appris cela trois mois après avoir commencé notre étude et avoir rencontré des gens. Nous avons donc interrogé des témoins sans même savoir que nous avions le mandat de tenir une consultation en bonne et due forme aux fins de l'évaluation de la Feuille de route. À mon avis, cela démontre le mépris du gouvernement tant pour le comité que pour nos communautés. Je vous remercie de l'avoir souligné.
Par ailleurs, je vous remercie d'avoir parlé du Sommet des communautés francophones et acadiennes de 2007. J'ai participé à ce sommet en tant qu'observateur. C'était un exercice réel impliquant toute la communauté et ses composantes. Tous les organismes, tout le monde a signé le plan, à la fin. Je crois donc que le gouvernement pourrait s'inspirer de cela pour le renouvellement de la Feuille de route, qui a d'ailleurs déjà été décidé, comme l'a annoncé Bernard Valcourt à Terre-Neuve-et-Labrador: il a dit que le financement de la prochaine Feuille de route serait réduit. Je ne sais pas pourquoi on nous demande de continuer à faire cet exercice, mais nous allons le faire.
Vous avez tous deux parlé de l'accueil des nouveaux arrivants et je vous en remercie. Puisque l'on nous demande de faire une consultation, je vais le faire. Je vais vous faire parvenir un rapport. Au cours de la précédente législature, le comité a fait une étude sur l'immigration qui n'est pas terminée. Il avait fait un bon travail de collaboration. Le comité avait déposé le rapport au Parlement. Cependant, le gouvernement a déclenché une élection avant de pouvoir répondre au rapport. Le comité de la présente législature n'a pas encore repris le rapport ni obtenu de réponse du gouvernement relativement à ses recommandations, qui touchent essentiellement les points que vous soulevez. Je vais vous le faire parvenir. Je vous demande, s'il vous plaît, de réagir à ce rapport pour que le comité puisse au moins bénéficier de vos connaissances et de vos préoccupations à cet égard. Il est vrai que c'est important pour l'avenir de l'éducation de nos communautés. Je vous remercie donc d'avoir soulevé ce point. Dès mon retour au bureau, je vous ferai parvenir le rapport. D'ailleurs, je vois que mon adjoint, dans la salle, prend des notes.
Vous avez également parlé de la petite enfance. J'aimerais que vous me fassiez part brièvement de vos commentaires, car je veux prendre le reste du temps pour parler d'éducation. La petite enfance en fait partie. Le gouvernement fédéral avait signé des ententes avec toutes les provinces, et dans chacune de celles-ci, il était question de la petite enfance pour les minorités linguistiques. Dans chaque cas, les minorités linguistiques avaient applaudi ces ententes. Le premier geste du nouveau gouvernement conservateur en 2006 a été d'annoncer qu'il abolirait ces ententes. Pourriez-vous émettre un commentaire à ce sujet, s'il vous plaît?
Monsieur le président, chers membres du comité et partenaires, je vous souhaite une bonne journée.
Je me présente: je suis Caroline Turnbull. Je travaille au ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick, dans le secteur francophone. Je suis également vice-présidente de l'Association canadienne des professeurs de langues secondes, l'ACPLS, et c'est à ce titre que je comparais aujourd'hui.
Le président de l'ACPLS, M. Michael Salvatori, registraire et chef de la direction de l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario, regrette vivement son absence et vous transmet ses salutations les plus cordiales.
Je suis accompagnée de Guy Leclair, qui est directeur général de l'association, et de M. Hilaire Lemoine, qui est cadre en résidence à l'Institut des langues officielles et du bilinguisme de l'Université d'Ottawa. M. Lemoine est trésorier de l'ACPLS et c'est à ce titre qu'il comparaît aujourd'hui.
L'Association canadienne des professeurs de langues secondes existe depuis plus de 42 ans. Sa mission est de favoriser l'excellence dans l'enseignement des langues secondes. Elle compte au-delà de 3 000 membres et est présente dans tous les territoires et provinces du Canada, grâce à une structure organisationnelle représentative de chaque province et territoire.
[Traduction]
L'Association canadienne des professeurs de langues secondes, l'ACPLS, a déployé des efforts au fil des ans pour combler les besoins de ses membres en ce qui concerne la formation professionnelle, les ressources pédagogiques et l'échange d'idées et d'informations.
Les nouvelles technologies, le plurilinguisme, le multiculturalisme et l'internationalisation prennent une plus grande place dans la salle de classe et ajoutent des défis aux tâches de l'enseignant. II va sans dire que les services, activités et ressources de l'ACPLS évoluent dans ce contexte à l'échelle pancanadienne. Bien entendu, outre l'objectif d'améliorer les compétences des professeurs et la qualité de l'enseignement, l'ACPLS vise d'abord et avant tout à renforcer l'acquisition des langues auprès des élèves, c'est-à-dire faire en sorte que nos jeunes citoyens deviennent bilingues et contribuent de façon exemplaire à la société du XXIe siècle.
En tant qu'association nationale et grâce au soutien qu'offrent les programmes d'appui aux langues officielles de Patrimoine canadien, l'ACPLS mène aussi des projets d'importance et d'envergure nationale. Son travail lui permet de créer des synergies et des partenariats qui appuient son mandat. Ces réalisations profitent non seulement à nos jeunes, mais à l'ensemble des acteurs en éducation. J'aimerais vous présenter deux grandes initiatives que mène actuellement l'ACPLS et qui illustrent ce travail.
[Français]
Le premier exemple est le Cadre européen commun de référence pour les langues. Comme son nom l'indique, le cadre a été créé en Europe et vise à établir des références communes pour l'enseignement, l'acquisition et l'évaluation des langues secondes. Cet outil de référence comporte plusieurs avantages. Je vous renvoie à l'annexe 2, qui en donne une liste exhaustive. En quelques mots, le cadre permet d'établir des niveaux linguistiques uniformes et communs aux études primaires, secondaires, postsecondaires et en milieu de travail, et ce, partout au Canada et partout au monde.
Il est axé sur la communication en action, l'autonomie et l'autoapprentissage sur la durée de toute une vie. Il facilite donc la mobilité interprovinciale et internationale, et la transition vers le marché du travail. Ces atouts rendent le cadre intéressant pour les élèves et pour les parents, qui y voient une pertinence et une valeur ajoutée importante.
Bien que l'ACPLS soit un leader national en ce qui concerne la promotion du cadre, de nombreux acteurs ont oeuvré et oeuvrent à son implantation. Le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada a étudié en profondeur le cadre et a rédigé un guide pour son utilisation dans le contexte scolaire canadien. Le Conseil atlantique des ministères de l'Éducation et de la Formation a adopté le cadre pour le développement de son programme d'études dans les programmes de langue seconde officielle dans les quatre provinces atlantiques.
Le ministère de l'Éducation de la Colombie-Britannique a développé son programme d'études de langues en se basant sur le cadre, en 2010. Divers ministères et conseils scolaires ainsi que des ministres, écoles et enseignants de partout au Canada ont adopté et continuent d'adopter les éléments de base du cadre. Grâce au travail de l'ACPLS, l'idée d'une implantation systémique du cadre progresse partout au Canada.
Le deuxième exemple est la création de forums et de tables nationales de concertation que met en place l'ACPLS pour faciliter l'échange entre l'ensemble des parties prenantes et les établissements de recherche, notamment avec l'Institut des études pédagogiques de l'Université de Toronto, l'Institut des langues officielles et du bilinguisme à l'Université d'Ottawa ou l'Institut de recherche en langues secondes du Canada à l'Université du Nouveau-Brunswick.
Ces échanges peuvent porter, entre autres, sur l'évolution et l'efficacité de certaines méthodes ou de certains programmes d'enseignement, comme le français de base ou le français intensif, ou sur les tendances en ce qui a trait aux meilleures pratiques pour l'utilisation des technologies en enseignement des langues secondes.
La dissémination des résultats de ces travaux et discussions enrichit les connaissances non seulement des enseignants et administrateurs, mais aussi des chercheurs, des analystes politiques publics et des décideurs au sein des ministères de l'Éducation, du gouvernement fédéral, des associations professionnelles d'enseignants, et ainsi de suite.
[Traduction]
L'évolution et les percées du bilinguisme et de la promotion de la dualité linguistique au Canada ne sont certes pas parfaites. C'est un grand projet national de longue haleine dans lequel il y a, à I'intérieur d'une progression constante, certes, quelques ralentissements. Mais dans I'ensemble, Ie travail qui est fait est louable.
Par exemple, il y a quelques années à peine, nous cherchions avant tout à assurer la transition du primaire au secondaire des élèves inscrits en langue seconde. Aujourd'hui, nous travaillons à assurer la transition du secondaire au postsecondaire et au marché du travail. Cela dit, il faut continuer les efforts puisque la tâche n'est pas finie. Il persiste encore aujourd'hui un manque d'enseignants en langue seconde; la profession d'enseignant de langue seconde demeure peu valorisée; les besoins en formation professionnelle, en ressources pédagogiques, en échanges de bonnes pratiques, se font toujours sentir.
Certes, les fonds accordés par I'entremise de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne et d'autres programmes de Patrimoine canadien aux provinces et territoires ont permis de maintenir et quelquefois d'élargir les programmes de langues secondes offerts dans les établissements scolaires et dans les institutions de formation des enseignants. Toutefois, on constate qu'il y a encore beaucoup à faire pour réviser et mettre à jour certains programmes d'études en fonction des nouvelles pratiques d'enseignement et d'apprentissage des langues. Aussi, il faut faire en sorte que les enseignants en exercice aient les outils nécessaires et les occasions de formation continue, et que les administrateurs soient bien au fait des besoins des enseignants et des nouvelles méthodes d'enseignement des langues. C'est là où interviennent les associations comme I'ACPLS.
Tout en étant très reconnaissant de I'aide financière reçue des programmes d'appui aux langues officielles de Patrimoine canadien, nous devons constater que, malgré les investissements effectués dans le cadre de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne, il y a eu, à notre connaissance, très peu de fonds nouveaux accordés à des associations comme I'ACPLS qui oeuvrent à la promotion, au développement, à I'efficacité et à I'excellence de programmes de langues secondes officielles dans toutes les écoles au Canada.
[Français]
De nos jours, être bilingue devient indispensable. Il faut offrir à nos jeunes une éducation en langue seconde qui leur permettra d'être compétitifs tant sur la scène canadienne que sur la scène internationale. Les secteurs public et privé recherchent de plus en plus ce type de compétences chez les jeunes employés, et nos institutions scolaires ont la responsabilité de former nos jeunes à cette nouvelle réalité.
Parallèlement, les professionnels de l'éducation, à qui est confiée la responsabilité d'instruire et de guider nos jeunes dans leur parcours scolaire, qui inclut l'apprentissage des langues secondes officielles, doivent avoir les ressources, la formation et l'appui nécessaires pour offrir une éducation de qualité à nos jeunes, un droit qui leur est dû en tant que citoyens canadiens. Dans ce contexte, l'ACPLS s'engage à poursuivre son travail auprès des enseignants de langues et des professionnels de l'éducation pour leur permettre de jouer un rôle déterminant dans ce grand projet de société.
[Traduction]
En terminant, nous aimerions vous faire cinq recommandations que nous croyons essentielles à une éducation de qualité en langue seconde pour tous les élèves partout au pays.
Premièrement, il faut un leadership fédéral manifeste pour une compétence bilingue chez nos élèves à tous les niveaux scolaires, particulièrement en fin du secondaire, grâce au renouvellement et à la bonification des ententes avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, grâce à l'octroi d'un appui accru aux associations en matière d'enseignement de la langue seconde et grâce au renouvellement d'une stratégie pluriannuelle comme la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne.
Deuxièmement, il faut un engagement financier soutenu pour permettre la mise en oeuvre d'un cadre canadien de référence pour l'enseignement et l'apprentissage des langues, basé sur le Cadre européen commun de référence.
[Français]
La troisième recommandation est un financement accru à la recherche, au développement de méthodes innovatrices d'enseignement des langues et à l'élaboration de programmes de formation initiale et continue pour enseignants de langues secondes.
La quatrième est une campagne nationale de valorisation de la profession d'enseignant en langue seconde auprès de jeunes diplômés bilingues qui poursuivent des études universitaires.
La cinquième est un appui financier à une campagne de dissémination des nouvelles recherches sur le bilinguisme, démontrant les nombreux et divers avantages par rapport aux capacités intellectuelles, à la santé mentale, à la mobilité internationale, à l'avancement professionnel, etc.
Merci.
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Qu'ont en commun , , et ? Tous ces députés fédéraux ont l'immersion française en commun, soit comme enseignant ou comme étudiant. On pourrait aussi inclure dans cette liste les jeunes athlètes canadiens qui ont su charmer les téléspectateurs dans les deux langues lors des derniers Jeux olympiques d'hiver de Vancouver.
Je m'appelle Philippe LeDorze et je travaille à la la Division scolaire Pembina Trails, à Winnipeg, comme coordonnateur des langues. Ce matin, je m'adresse à vous à titre de président de l'Association canadienne des professeurs d'immersion, soit l'ACPI, ou CAIT en anglais. Notre conseil d'administration est formé de gens de partout au pays, tous unis par leur amour de l'éducation et de la langue française. Certains sont francophones de langue maternelle et d'autres sont francophones de langue maternelle anglaise. Notre association existe depuis une quarantaine d'années, depuis la naissance de votre ancêtre, issu des programmes d'appui aux langues officielles, aujourd'hui Patrimoine canadien. Nous sommes heureux de participer à votre réflexion sur la Feuille de route et nous voulons contribuer par notre expertise, soit l'immersion française, modèle par excellence d'apprentissage du français langue seconde dans nos écoles canadiennes sur l'ensemble du territoire.
Que de progrès en 40 ans! Environ 350 000 jeunes Canadiens anglophones sont inscrits en immersion française. Il n'y a jamais eu autant de Canadiens capables de s'exprimer en anglais et en français qu'aujourd'hui. Presque 18 p. 100 des Canadiens peuvent parler l'anglais et le français, comparativement à 13 p. 100 en 1971. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de bilinguisme est passé de 18 p. 100 en 1971 à 23 p. 100 en 2006.
Apprendre une langue seconde contribue même à la santé. Les études les plus récentes ont démontré que les personnes bilingues sont moins affectées par les maladies cognitives telles que l'Alzheimer. Si les programmes de français langue seconde sont en croissance au pays, c'est grâce aux gains de 10 p. 100 enregistrés dans les programmes d'immersion au cours des dernières années. L'immersion est en hausse presque partout au pays. Dans certaines provinces, l'immersion, malheureusement, est comme une loterie: seuls les chanceux y auront accès. Nous déplorons cela. Tout parent qui choisit l'immersion française pour ses enfants devrait y avoir droit, peu importe où il réside.
L'immersion est et restera le programme le plus efficace pour apprendre le français langue seconde. Les élèves atteignent des niveaux élevés de compétence en français et le font de façon additive, c'est-à-dire sans nuire à leur langue maternelle ou à leurs connaissances des autres matières. Il est donc souhaitable de maintenir et d'élargir l'accès à ces programmes, car la demande est croissante dans bien des régions.
Nous voulons souligner l'importance de la Feuille de route pour l'ensemble du pays et signaler plusieurs exemples de succès dont la genèse remonte à cette Feuille de route. La Feuille de route proclame les valeurs du gouvernement canadien en matière de langues. Elle dit haut et fort l'importance de l'anglais et du français au pays et, en même temps, montre concrètement son appui à la dualité linguistique. L'éducation de jeunes Canadiens et Canadiennes en immersion française est garante d'un avenir bilingue pour notre pays, avenir où la valorisation du français et de l'anglais valorise aussi les autres langues parlées au Canada.
[Traduction]
Toutes sortes de projets ont su être réalisés grâce au soutien de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. Dans aucun ordre particulier, en voici un très petit échantillon qui montre la présence du français comme langue officielle dans l'Ouest. Mentionnons, à titre d'exemple, la création d'un centre de ressources de langue française à Grande Prairie, en Alberta, fruit d'une collaboration entre plusieurs districts scolaires pour mieux répondre aux besoins des élèves qui apprennent le français comme langue première ou langue seconde. De plus, il y a la participation de jeunes Canadiens à la création d'un contenu culturel par le biais d'Immersion Clip, un concours vidéo créé par l'ACPI et l'Université d'Ottawa. Les thèmes proposés aux jeunes depuis des années sont la citoyenneté canadienne, la persévérance, le rapprochement des cultures et, cette année, la démocratie essentielle.
[Français]
Un autre projet consiste en une oeuvre de création collective de six écoles de mon conseil scolaire, soit une chanson originale intitulée Notre école. Ce projet fut dirigé par Damien Lussier, un chansonnier de chez nous, au Manitoba.
Il y a aussi le festival du film Boréal, dans le Nord du Manitoba. C'est un partenariat entre la division scolaire de Flin Flon et Freeze Frame, qui montre la vidéo et l'animation aux jeunes qui apprennent la langue des Leclerc, Tremblay et Lavoie.
L'importance de créer en français confirme le sérieux apprentissage de la langue chez les jeunes. Cela est rendu possible grâce à la Feuille de route.
Grâce aux fonds de la Feuille de route, l'ACPI publie un journal et un bulletin électronique pour les éducateurs en immersion. Plus de 6 000 personnes reçoivent ces publications.
L'ACPI organise des journées de formation pour les enseignants en région et des journées pour les nouveaux enseignants. Nous avons rejoint plus de 500 personnes en 2011.
L'ACPI organise un congrès national. Dans les dernières années, nous avons accueilli entre 500 et 1 000 enseignants en immersion provenant de partout au Canada.
L'ACPI organise des concours pour les élèves. Plus de 150 élèves ont soumis un clip ou un poème en 2011 dans le cadre de nos concours de poésie et d'Immersion Clip. Grâce à des partenariats, nous offrons des bourses d'études aux gagnants.
L'ACPI offre du soutien aux enseignants sur notre site Web et notre blogue. Plus de 1,5 million de personnes visitent notre site Web annuellement.
L'ACPI est le porte-parole pour le Diplôme d'études en langue française au Canada. Pour ce faire, nous avons développé des trousses d'information, des sessions d'information, des symposiums DELF et de la recherche.
L'ACPI a publié un référentiel de compétences à l'oral, celui-ci a été téléchargé plus de 150 000 fois. Nous avons également produit un livre intitulé 70 activités motivantes de communication orale, publié chez Chenelière. C'est un projet qui a très bien réussi. L'ACPI travaille présentement sur un référentiel de compétences à l'écrit.
Dernièrement, il n'y a pas si longtemps, nous avons publié une recherche intitulée « Pourquoi les nouveaux enseignants d'immersion ou de français langue seconde quittent-ils la profession? Résultats d'une enquête pancanadienne ».
Parlons des défis et des pistes d'action. L'ACPI croit que la Feuille de route a une grande importance pour l'éducation en français. Reconduire la Feuille de route, c'est réaffirmer l'engagement du gouvernement canadien envers la dualité linguistique. La Feuille de route est une boussole qui nous guide et nous permet aussi de mesurer le chemin parcouru, de savoir où est rendu le bilinguisme dans la société canadienne.
J'aimerais profiter de cette tribune pour vous proposer quelques pistes d'actions. Il s'agit de continuer à investir dans l'éducation du français langue seconde. Il s'agit aussi de bâtir sur les succès de l'immersion en permettant à un plus grand nombre de Canadiennes et Canadiens de devenir bilingues. Il est primordial de faciliter l'accès aux programmes d'immersion aux Canadiens en milieux urbain et rural, aux allophones et aux enfants ayant des difficultés d'apprentissage. L'immersion est pour tout le monde.
Il faut enrichir l'offre du programme d'immersion française au secondaire pour motiver les jeunes à persévérer. En outre, il s'agit d'investir dans le continuum éducatif en dotant les institutions postsecondaires de programmes qui mettent en valeur le bilinguisme et la dualité linguistique. Les universités ont un grand rôle à jouer dans la formation de jeunes bilingues pour aider la fonction publique à recruter les quelque 5 000 employés bilingues dont elle aura besoin chaque année dans l'avenir.
Il faut encourager la recherche et sa dissémination, et offrir des occasions de formation sur mesure aux enseignants en immersion française et en français langue seconde. Il faut encourager les provinces et territoires à aligner progressivement le curriculum des programmes de langue seconde sur les échelles de compétences du Cadre européen commun de référence pour les langues, le CECR.
Il faut aussi entamer les démarches pour la création d'un outil national d'évaluation des compétences linguistiques en français, calibré sur le cadre commun de référence, qui englobe les différents secteurs, soit les secteurs scolaire, universitaire et même professionnel. L'ACPI serait heureuse de mener ce projet national avec la participation d'un ou deux ministères de l'Éducation et de partenaires comme l'Association canadienne des professeurs de langues secondes. L'expertise canadienne existe, il s'agit de la regrouper et de la coordonner afin de créer ce nouvel outil canadien.
Finalement, il s'agit aussi de promouvoir la création de ponts entre les francophiles et les francophones.
En guise de conclusion, permettez-moi de réitérer l'importance de la Feuille de route. Célébrons ses nombreux succès et, très bientôt, nous le souhaitons, nous pourrons nous réjouir de futures réalisations dont nous serons tous fiers. Sachez que l'Association canadienne des professeurs d'immersion demeure à votre entière disposition quant à vos besoins de renseignements sur l'éducation en français au Canada. Bonne route au Comité permanent des langues officielles dans la création de la prochaine étape.
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Merci à nos témoins d'être venus ici aujourd'hui et de nous avons fait des exposés, que j'ai d'ailleurs trouvé fort instructifs.
Comme vous le savez bien, nous examinons la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. Notre gouvernement y a investi plus d'un milliard de dollars, et c'est d'une importance cruciale pour l'ensemble du pays, d'un océan à l'autre.
Nous prenons notre temps pour rencontrer des groupes comme les vôtres. Manifestement, il s'agit d'une étude de longue haleine. Pourquoi? Parce que nous voulons entendre tous les intervenants et recueillir tous les renseignements afin de pouvoir présenter dans notre rapport ce qui constitue, selon nous et selon vous, le meilleur scénario possible pour la prochaine phase.
J'ai entendu plus tôt aujourd'hui mon bon ami d'en face, M. Bélanger, dire qu'on allait réduire le financement de la Feuille de route. Sachez que le gouvernement n'envisage rien de tel. Nous attendons que l'étude soit terminée, après quoi nous formulerons nos recommandations à l'étape du rapport. Ce sera le fruit d'un travail d'équipe, pour ainsi dire.
J'aimerais vous poser quelques questions sur la Feuille de route.
Nous avons déjà fait la moitié du chemin — l'étude est à 60 p. 100 terminée. Elle a commencé en 2008 et prendra fin en 2013. Comme je l'ai dit, nous voulons entendre ce que vous avez à dire, et j'aimerais savoir sur quoi vous voudriez qu'on se concentre dans la prochaine phase de la Feuille de route. Vos organismes ont accompli du bon travail jusqu'à présent. Un financement non négligeable sera accordé à la Feuille de route. J'aimerais donc savoir ce que vos deux organismes aimeraient voir dans la prochaine phase de la Feuille de route.
On peut peut-être commencer par vous, madame Turnbull.