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Le CRTC est un tribunal administratif qui réglemente et supervise les systèmes canadiens de radiodiffusion et de télécommunications. Le CRTC a donc des obligations en vertu de ses deux lois habilitantes, soit la Loi sur la radiodiffusion et la Loi sur les télécommunications. De plus, en tant qu'institution fédérale, nous avons des obligations qui découlent de la Loi sur les langues officielles, particulièrement en ce qui a trait aux communications avec le public, à la prestation de services, à la langue de travail et à la promotion du français et de l'anglais. Je souligne par ailleurs que les obligations de promouvoir le français et l'anglais sont également présentes dans la Loi sur la radiodiffusion.
Je serai heureux de vous fournir des renseignements sur toute une gamme de questions relatives à nos opérations. Toutefois, il existe des limites à ce dont je peux discuter aujourd'hui, notamment au sujet des dossiers qui sont en cours à l'heure actuelle.
Le CRTC compte environ 450 employés, dont 54 % sont des francophones pour qui le français est la langue première et 46 % sont anglophones. C'est un équilibre dont nous sommes très fiers et qui donne le ton à notre milieu de travail. D'ailleurs, nous encourageons activement nos employés à utiliser la langue de leur choix au bureau, y compris lors des réunions, et nous fournissons le service d'interprétation pour les réunions des conseillers et les autres rencontres importantes.
[Traduction]
En 2012, le CRTC a remporté un prix d'Excellence de la fonction publique pour l'élaboration et la mise en oeuvre de l'initiative « Mot du Jour » — une note envoyée aux employés chaque matin sur l'usage d'un mot ou une expression dans les deux langues. L'intention, bien entendu, est de promouvoir et de rappeler la bonne utilisation des deux langues au travail. De plus, nous visons à toujours mieux communiquer avec le public, et ce dans les deux langues officielles — à la fois à l'administration centrale à Gatineau, dans nos bureaux régionaux, lors d'audiences publiques, et sur notre site Internet.
Toutes les communications du CRTC sont diffusées simultanément en français et en anglais — que ce soit les documents sur notre site Web ou les messages sur les médias sociaux. Et tout ce qui touche le service à la clientèle, y compris les communications par téléphone, les lettres et les courriels, est dans la langue appropriée. Nous en sommes, par ailleurs, à remanier notre site Web pour mieux satisfaire aux normes du gouvernement du Canada en matière d'accessibilité et pour rendre plus simple la recherche d'informations.
[Français]
Toujours sur la question de nos liens avec le public, le CRTC est régulièrement en communication avec les communautés de langue officielle en situation minoritaire, les CLOSM. Nous avons aussi mis sur pied un groupe de discussion pour faciliter la participation de ces communautés aux instances publiques du CRTC. Dans le cadre de ce forum, les CLOSM expriment leurs besoins et le personnel du CRTC présente de l'information pertinente sur les instances auxquelles les membres des communautés devraient ou pourraient participer. C'est aussi un outil idéal qui nous permet de demeurer au fait des besoins des communautés dans les deux secteurs qui nous intéressent, c'est-à-dire la radiodiffusion et les télécommunications.
Au-delà de ses opérations, le CRTC est responsable d'enjeux qui sont au coeur de l'identité et de la culture canadiennes, y compris les moyens pour appuyer la vitalité des communautés linguistiques en milieu minoritaire. Nous veillons à ce que les Canadiens aient accès à des émissions dans les deux langues officielles.
Le CRTC joue un rôle de premier plan pour maintenir l'offre d'émissions dans les deux langues partout au pays. Cette offre est désormais considérable, que ce soit par l'entremise de la télévision conventionnelle, des canaux spécialisés ou de la radio.
[Traduction]
Au cours de la dernière décennie, nous avons permis l'avènement d'un grand nombre de canaux spécialisés en français pour mieux desservir les francophones partout au pays. Depuis 2001, 14 nouveaux canaux spécialisés francophones et deux canaux bilingues ont vu le jour, ce qui porte le total à 33 canaux spécialisés qui diffusent en français.
De plus, 24 nouveaux services de diffusion en français ont été autorisés, mais ceux-ci ne sont toujours pas en onde. En outre, le conseil a mis en place une règle simplifiée pour assurer la distribution — par câble et par satellite — des services payants et spécialisés dans la langue officielle de la minorité. Les entreprises de distribution de radiodiffusion doivent offrir un service en langue minoritaire pour chaque 10 services en langue officielle majoritaire à l'intérieur d'un même marché.
[Français]
En 2011, le Canada comptait un total de 702 services de télévision dont 439 en anglais et 101 en français. Toujours en 2011, nous avions au pays 1189 services de radio dont 896 en anglais et 251 en français.
Je veux m'attarder sur l'importance des stations de télévision et de radio communautaires ainsi que des stations de radio de campus. Ces radiodiffuseurs jouent un rôle distinct au sein du système de radiodiffusion en offrant de la programmation locale produite en partie par des bénévoles.
[Traduction]
En 2010, le CRTC a publié une nouvelle politique qui offre aux Canadiens de plus grandes possibilités de participer à leur télévision communautaire. Cette politique fait également en sorte que la télévision communautaire reflète plus fidèlement les intérêts de la population locale et le contexte dans lequel celle-ci évolue.
Le CRTC a également publié en 2010 une nouvelle politique concernant les stations de radios communautaires et de campus. Notamment, le financement annuel du Fonds canadien de la radio communautaire a augmenté de plus de 700 000 $, et ces ressources financières sont réparties parmi plus de 140 stations de radio communautaire et de campus.
[Français]
L'enjeu qui est toujours présent et au sujet duquel nous devons rester très attentifs consiste à faire en sorte que les médias demeurent le reflet des collectivités de langue officielle partout au pays. Voilà l'élan qui anime notre action en matière de langues officielles ces jours-ci. Permettez-moi d'illustrer cette idée par deux exemples concrets.
En 2012, le CRTC a permis à Rogers d'acquérir une station de télévision dans la région de Montréal. Rogers s'est engagé à diffuser 15,5 heures de programmation locale par semaine, y compris une émission matinale qui offre un reflet de la communauté anglophone montréalaise.
De plus, nous examinons à l'heure actuelle la demande de CBC/Radio-Canada en vue de renouveler les licences de ses services de radio et de télévision. La question du reflet est un volet très important de notre étude. Nous nous penchons spécifiquement sur la qualité des services de diffusion en français et en anglais, sur la représentation des communautés de langue officielle en milieu minoritaire et sur la présence médiatique des régions.
Enfin, nous tiendrons une audience publique en avril afin d'examiner les demandes de 16 services de télévision visant à être distribués sur le service numérique de base, en plus de six services qui aimeraient continuer à bénéficier de ce privilège.
[Traduction]
Vous avez sans doute plusieurs questions sur le renouvellement des licences de la CBC/Société Radio-Canada et les demandes de distribution obligatoire.
Je regrette de ne pas être en mesure de répondre à ces questions aujourd'hui vu le fait que ces instances sont toujours en cours.
Cela dit, récemment, j'ai indiqué à différentes occasions que la mission du CRTC vise à s'assurer de la présence d'un système de communications de classe mondiale au bénéfice des Canadiens — les Canadiens en tant que créateurs, les Canadiens en tant que consommateurs et les Canadiens en tant que citoyens. Pour moi, la présence de services dans les deux langues officielles, partout au pays et répondant aux besoins des Canadiens, est une question de citoyenneté, un élément d'une importance capitale pour notre mandat.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous assure que la question des langues officielles continuera d'occuper une place importante pour nous — non seulement dans nos opérations, mais aussi dans l'exécution de notre mandat législatif.
Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs Blais et Hutton, je vous remercie d'être parmi nous. J'ai envie de poser ma première question à titre de citoyen.
Les chiffres que vous nous donnez sont très intéressants, mais comment se fait-il que cela ne se reflète pas dans la réalité?
Après une longue journée, par exemple, vous retournez à votre hôtel, vous appelez votre épouse et elle vous recommande de regarder une émission pour vous détendre. Vous mettez le téléviseur en marche et consultez l'interminable liste d'émissions qui sont au programme. Elles sont dans toutes sortes de langues, mais aucune autre chaîne que Radio-Canada ne diffuse en français. Il n'y a même pas RDS pour regarder une partie de hockey ou RDI pour écouter les informations.
Comment est-ce possible? Vous vous plaignez donc à l'hôtel et menacez de ne plus y revenir. C'est ce que j'ai fait, ici même à Ottawa, dans un hôtel que je ne nommerai pas. J'ai dit à ces gens que s'ils n'offraient pas la chaîne RDS avant les éliminatoires, je ne reviendrais plus dans leur hôtel. Ils ont eu peur parce que c'était moi, mais s'il s'était agi de Jean Dupont, ils n'auraient sans doute pas bougé.
Comment se fait-il qu'on en soit venu à cela? Que se passe-t-il?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Blais et monsieur Hutton, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Monsieur Blais, lors de vos remarques, vous avez parlé de l'importance de la radio communautaire. Je viens de Toronto et des audiences publiques y ont eu lieu en 2012 pour décider de la nouvelle fréquence radio 88,1. Il y avait une demande pour la donner à un poste de radio communautaire francophone à Toronto et vous avez reçu 17 demandes au total.
Je sais que vous avez fait votre évaluation et que Toronto est un grand marché radiophonique. Il y a beaucoup de demandes et une importante population. Choq-FM, la radio communautaire francophone, n'a pas obtenu la fréquence. À titre de député, j'ai appuyé cette demande.
Quels étaient les critères pour faire ce choix? On n'a pas choisi une communauté de langue officielle, mais une autre communauté, un autre format.
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Ces dossiers sont toujours très difficiles. Bien qu'on ait parlé de la dernière fréquence à Toronto à plusieurs reprises, les ingénieurs en trouvent toujours une nouvelle, mais la fréquence est chaque fois de moindre qualité. En effet, Choq-FM voulait obtenir le 88,1 à Toronto.
Lorsqu'on fait l'évaluation, on fait une analyse qui tient compte des besoins du marché et des populations. Il y a une communauté francophone, mais aussi beaucoup de communautés multiculturelles. On tient aussi compte des jeunes, des personnes âgées et ainsi de suite. Les gens présentent leur plan d'affaires. C'est extrêmement difficile. Je pense qu'on a eu près de deux semaines d'audience. Je n'étais pas présent à l'époque, mais le conseil a siégé pendant presque deux semaines pour évaluer 22 demandes.
Pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire, nous avons une grille particulière. On va loin à cet égard. En ce qui a trait au processus décisionnel, on s'assure avant le début et pendant l'audience qu'une lentille de langue officielle est toujours appliquée à toutes nos décisions. Cela a été considéré dans notre évaluation. Malheureusement, on doit tenir compte de bien d'autres éléments. Dans ce cas, Choq-FM n'a pas pu changer de fréquence. En comparaison, ici, à Ottawa, le groupe communautaire a obtenu une station communautaire francophone.
On essaie de considérer plusieurs éléments et ce n'est pas toujours facile. Il y a toujours plus de personnes déçues que de personnes heureuses.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Blais, monsieur Hutton, je vous remercie d'être avec nous.
Si vous me le permettez, j'aimerais parler de la radio communautaire. Naturellement, j'apprécie grandement la décision du CRTC à l'égard de CJFO. J'ai lu la transcription de tous les témoignages et de toutes les questions que le CRTC avait posées au promoteur de CJFO lors de sa première demande. J'ai trouvé le CRTC particulièrement hostile envers le promoteur. C'est pour cela que j'ai posé un geste assez inusité, soit celui d'insister pour que le gouvernement demande au CRTC de refaire ses devoirs.
En effet, le gouvernement a créé un précédent en demandant au CRTC de refaire ses devoirs. Aucun gouvernement ne l'avait fait auparavant. Fort heureusement, le CRTC a bien fait ses devoirs la seconde fois. Cependant, quand les francophones de Toronto en ont eu besoin, le CRTC a adopté une attitude semblable à celle qu'il avait eu à l'égard des francophones d'Ottawa.
Il y a plus de 100 000 francophones à Toronto qui vivent en situation minoritaire encore plus précaire que les francophones de la région de la capitale nationale. Je me demande comment on pourrait avoir comme objectif national de faire un plus grand effort pour aider les communautés de langue officielle en situation minoritaire à mieux s'affirmer, que ce soit à Chicoutimi, à Toronto, à Red Deer ou à Trois-Pistoles. Je n'ai pas beaucoup de preuves qui me portent à croire que le CRTC est sensible à cela. La seule preuve que j'ai est la transcription des témoignages et des questions que le CRTC avait posées au promoteur de la radio communautaire francophone d'Ottawa, CJFO, que j'ai lue attentivement.
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Bien des personnes parlent de ce débranchement. Je ne sais pas dans quelle mesure les gens le font. C'est un point que nous surveillons constamment dans le cadre de nos fonctions... En fait, certaines études montrent que ceux dont tout le monde croyait qu'ils débranchaient leurs services pour se tourner vers Netflix sont, en fait, des gens qui consomment encore plus de contenu vidéo. Non seulement ils regardent des vidéos sur Netflix, mais ils regardent aussi du contenu sur des plateformes de diffusion plus traditionnelles.
Mais à la fin des années 1990 — en 1999, je crois — et ensuite récemment, le conseil a étudié la question et décidé qu'il avait des obligations en vertu du paragraphe 9(4) de la Loi, en ce sens que s'il pensait que les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion pouvaient être atteints sans délivrer de licences à ces entreprises sur Internet, il devrait et, en fait, il doit les soustraire à toute obligation d'être titulaires d'une licence. Voilà pourquoi il y a des exploitants qui offrent de la programmation sur Internet, mais qui ne sont pas tenus d'être titulaires d'une licence en raison du décret d’exemption relative aux médias numériques.
Cela étant dit, je vois de plus en plus de programmes dans les deux langues. Peut-être pas sur Netflix, mais même là, si vous regardez attentivement, on a commencé à offrir des services en français. Les autres l'ont aussi fait. Vidéotron a récemment lancé un service sur Internet en Ontario et au Québec, comme je l'ai vu dans leur communiqué, qui propose maintenant plus de 2 000 titres en français. Il arrive que le marché réponde aux besoins.
Comme Scott vient de me le mentionner, Tou.tv, une initiative de la Société Radio-Canada, est diffusé à grande échelle et il offre du contenu en français. En voilà du contenu.
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La loi prévoit que nous pouvons accorder une licence pour une période maximale de sept ans. C'est généralement ce que nous faisons du côté de la radio, à moins qu'il y ait eu un problème de non-conformité, auquel cas nous accordons une licence d'une durée moindre. C'est la règle générale; il y a cependant des exceptions.
Du côté de la télévision, les licences sont accordées pour une période plus courte — cinq ans — en raison du point soulevé plus tôt, c'est-à-dire l'évolution rapide. Cela dépend vraiment des circonstances particulières à chaque licence.
Donc, c'est un maximum de sept ans, mais certaines sont plus courtes. Lorsque les manquements sont fréquents, la durée peut être très courte.
Pour ce qui est des services étrangers, la loi prévoit que les licences ne peuvent être accordées qu'à des sociétés appartenant à des intérêts canadiens et sous contrôle canadien. Dans la situation que vous décrivez, si le service étranger veut que son produit soit distribué au Canada, il devra passer par une société de distribution et être ajouté à ce que l'on appelle la liste des services par satellite, qui permet à ce service étranger non pas d'obtenir une licence du CRTC, mais d'être autorisé pour la distribution. Par exemple, c'est de cette façon qu'une chaîne comme CNN est distribuée au Canada. Il s'agit d'une société étrangère; elle n'a pas une licence du CRTC, mais elle est autorisée sur la liste des services étrangers. Ce serait la même chose pour les autres.
Il y a eu des services français. Nous pouvons fournir ces renseignements, si vous avez un intérêt particulier pour les services français qui ont été ajoutés sur la liste des services étrangers.
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Concernant nos obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles, il faut aussi promouvoir les deux langues.
[Traduction]
Je suppose que cela découle un peu de ce que mon collègue disait.
En guise de contexte, en 1999, le CRTC a choisi de réduire les obligations des diffuseurs en matière de contenu canadien pour une période de 10 ans. Cela a été contesté en 2010, et ces obligations ont été rétablies.
Monsieur Hutton, vous avez indiqué que la majorité, sinon la totalité, de la programmation francophone vient du Québec. Dans des endroits comme Moncton et le Manitoba, notamment, où les gens nous ont dit qu'ils souhaitent avoir accès à plus d'émissions qui reflètent leur culture et leur identité en tant qu'Acadiens, le CRTC peut-il faire quelque chose pour aider à promouvoir cet aspect,
[Français]
c'est-à-dire cet aspect de la langue française à l'extérieur du Québec, de la même façon dont on le fait pour le contenu canadien du côté anglophone?
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C'est un peu plus compliqué que cela.
Les exploitants sont tenus de nous fournir régulièrement des renseignements. Par exemple, les services de télévision nous donnent leurs registres de télévision et nous avons un système qui nous permet d'évaluer s'ils respectent vraiment le pourcentage de contenu canadien qu'ils doivent diffuser, notamment. Il en va de même pour la radio. Nous pouvons obtenir les enregistrements d'une station de radio et vérifier.
Une des méthodes les plus efficaces pour assurer la conformité, c'est bien entendu le processus de renouvellement. Si un diffuseur n'a pas respecté ses obligations, cela a une incidence sur le renouvellement.
Dans certains cas, si on enfreint une condition de licence et qu'on ne corrige pas la situation malgré les avertissements, la loi prévoit un processus qui nous permet de convoquer une partie à ce qu'on appelle une audience relative à une ordonnance exécutoire. Nous leur disons que s'ils ne corrigent pas la situation et ne respectent pas les conditions de la licence, nous émettrons une ordonnance exécutoire. Ensuite, l'ordonnance exécutoire est enregistrée à la Cour fédérale. Elle devient alors une ordonnance de la Cour fédérale, dont le non-respect est considéré comme un outrage au tribunal. C'est une autre façon d'assurer la conformité. Nous y avons rarement recours, mais le non-respect d'une condition peut aussi mener à une sanction pénale, mais nous trouvons d'autres façons d'être plus efficaces.