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Bonjour. Merci de m'avoir invitée à prendre la parole ici aujourd'hui.
Marilyn, c'est un grand plaisir de vous voir.
Mon rôle, ce matin, consiste tout simplement à vous donner un aperçu du cadre et du contexte dans lesquels s'inscrivent les expériences familiales dont Jennifer va vous parler aujourd'hui.
Pathways est un organisme communautaire situé à Sarnia, dans le sud-ouest de l'Ontario. Nous dispensons des services de réadaptation et d'autres services et soutiens éducatifs à quelque 2 400 enfants et à leurs familles. Pathways aide les familles de la collectivité depuis plus de 40 ans. Ces familles proviennent indistinctement de milieux urbains et ruraux et représentent toutes les couches socioéconomiques. Sarnia abrite une population urbaine autochtone, et le comté de Lambton compte trois Premières Nations. La ville de Sarnia est de plus en plus diversifiée sur le plan ethnique, bien qu'elle soit loin d'atteindre la diversité des grands centres urbains. La principale vague d'immigrants venus s'établir et prospérer dans la région était composée de personnes venues d'Europe. Le Collège de Lambton attire des étudiants de toutes les nationalités, mais une fois leurs études terminées, ils partent majoritairement s'installer dans les grands centres, où les emplois sont plus nombreux et où il leur est plus facile de s'intégrer à des groupes d'origine ethnique et culturelle semblable à la leur.
Ces différents groupes comptent tous des familles démunies qui se voient souvent contraintes de manquer leurs rendez-vous aux séances d'évaluation et de thérapie, car l'accès aux services d'aide sociale dont elles dépendent nécessite des déplacements d'un bout à l'autre de la ville en transport en commun, qui est très limité. Certaines familles autochtones vivant dans des collectivités des Premières Nations non desservies par le transport en commun ne peuvent même pas se rendre dans nos points de service. Nous tentons de remédier au problème avec les minces ressources du bord, car nous savons que le dialogue sera plus facile à établir s'il se déroule dans un lieu où les familles se sentent culturellement en sécurité. Mais plus que tout, nous savons que la présence d'un enfant handicapé a un terrible impact sur la famille et que la charge des soins repose souvent sur un seul parent, le plus souvent la mère.
Pendant de nombreuses années, le comté de Sarnia-Lambton a connu de durs revers économiques, surtout récemment avec la chute des prix du pétrole. Malgré toutes les initiatives mises en place pour diversifier notre économie, les grandes sociétés de la célèbre Chemical Valley demeurent l'un de nos principaux piliers de l'emploi. Les faits saillants publiés par la Commission de développement de la main-d'œuvre de Sarnia-Lambton nous disent qu'en mars 2017, le taux de chômage de Sarnia-Lambton était le plus élevé de la région Érié St-Clair, soit 8 %, dépassant même celui de Windsor, établi à 6,5 %. Les rapports de la Commission publiés au fil des ans attestent du faible niveau de scolarité de la population de Sarnia-Lambton. Or, la plupart des emplois présentant de bonnes perspectives d'embauche requièrent une formation professionnelle ou des études collégiales ou universitaires. Sarnia-Lambton a besoin d'une plus grande proportion de diplômés postsecondaires dans divers domaines. Le manque de qualifications à jour et d'expérience de travail récente constitue un sérieux obstacle pour les femmes qui se sont absentées temporairement du marché du travail — souvent plusieurs années — pour s'occuper d'un enfant, d'un adolescent ou d'un enfant adulte handicapés. Nous aimerions savoir si des études se sont penchées sur ce que vivent ces femmes lorsqu'elles doivent essayer de réintégrer le marché du travail.
Comme je l'ai mentionné au début de mon exposé, je suis venue vous présenter le contexte qui vous aidera à mieux comprendre les expériences vécues par certaines femmes de notre région, de même que l'incidence de ces expériences sur leur situation économique.
Je cède maintenant la parole à Jen.
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Quand on m'a demandé de contribuer à l'exposé sur ce sujet, j'ai fait un retour sur ma vie et sur la sécurité économique que m'offrait ma carrière.
Lorsque mon mari et moi avons appris que notre fils était atteint d'autisme — une nouvelle qui change une vie à jamais — j'ai du mal à décrire combien les responsabilités liées aux rendez-vous de soins et de suivis médicaux étaient exigeantes: pédiatres spécialistes du développement, ergothérapeutes, orthophonistes, physiothérapeutes, travailleurs sociaux, Autisme Ontario, audiologistes, sans compter les rencontres avec les responsables de la garderie et de l'école. Les appels de la garderie et de l'école pour passer chercher mon enfant ont épuisé tous mes congés de maladie et mes jours de vacances. Comme mon mari avait un travail mieux rémunéré que le mien, c'est sur mes épaules que retombait le lourd fardeau des obligations et des barrières liées au fait d'avoir un enfant handicapé.
J'ai laissé tomber ma carrière, mes avantages sociaux, ma pension. En peu de temps, le fardeau financier a fait surface: le soutien supplémentaire de spécialistes du privé, cela se paye. Les orthophonistes et les ergothérapeutes privés coûtent entre 100 et 150 $ l'heure. Nous nous enfoncions lentement dans les dettes.
Puis le poste de conseillère parentale s'est libéré. Cet emploi souple et aux heures réduites m'a permis de réintégrer le marché du travail tout en continuant à m'occuper de mon fils. Je représente une faible minorité de femmes dans la même situation: j'ai un emploi, un mari aimant et une famille attentionnée.
J'ai également communiqué avec un parent dont le travail consiste à offrir des services de soutien aux personnes en situation de crise, dans le cadre du programme Ontario au travail. La dame m'a raconté comment les obstacles couramment rencontrés par les mères d'un enfant handicapé — les appels récurrents de la garderie ou de l'école, par exemple — finissent par avoir raison de leur détermination. Ces exigences par trop écrasantes exercent des pressions énormes sur l'emploi de ces femmes, et le résultat final est le congédiement ou le départ volontaire.
Si la mère cherche un autre emploi, cet emploi sera moins bien rémunéré et sans avantages sociaux. La famille vit maintenant dans la pauvreté et le cercle vicieux commence. Pour la plupart de ces femmes qui n'ont pas de voiture et doivent se rabattre sur le transport en commun, un suivi médical qui prend normalement une heure en prendra trois ou quatre. Pour la mère qui travaille, ce stress supplémentaire ne s'arrête pas là. Elle et sa famille devront déménager dans un logement pour personnes à faible revenu: leurs conditions de vie changent radicalement et exercent de nouvelles difficultés et de nouvelles pressions sur une mère déjà exténuée.
Pour être admissible au programme Ontario au travail, la femme doit avoir un actif inférieur à 2 500 $. Un parent monoparental avec un enfant reçoit moins de 1 000 $ pour subvenir aux besoins de la famille. Dès que la pauvreté s'installe, les obstacles supplémentaires s'enchaînent, auxquels viennent se greffer de nouvelles difficultés qui alimentent le cercle vicieux de la pauvreté. Un grand nombre de ces femmes ne reçoivent pas le soutien financier qui pourrait les aider, ou alors elles n'ont ni la force ni l'énergie pour en faire la demande. Elles sont en mode survie.
J'aimerais partager avec vous les histoires de deux clientes de Pathways, que j'ai eu le privilège d'entendre. J'ai changé les noms par souci de confidentialité. La première, Sara, est mère monoparentale de cinq enfants, dont l'un a reçu un diagnostic d'autisme, de dysfonctionnement du traitement sensoriel et de mutisme sélectif. Sara est divorcée et ne reçoit ni soutien financier du père ni soutien financier ou affectif de sa famille. Les nombreux rendez-vous médicaux et les appels de l'école pour venir chercher son enfant la placent dans une situation extrêmement stressante devant son employeur. Elle vit dans la peur d'être congédiée. Sara a accepté une réduction de salaire et s'est résignée à travailler de nuit pour demeurer à la disposition de l'enfant et de l'école. Rudement mise à l'épreuve par cette situation, Sara a fini par se blesser au travail et a dû avoir recours aux prestations de la CSPAAT. L'ampleur de ses besoins financiers l'a obligée à puiser dans ses investissements et ses REER. Elle recevait un certain soutien financier pour des services spécialisés à domicile, mais rien pour ses autres enfants. Elle a perdu tout ce qu'elle avait construit pour assurer son avenir et celui de sa famille.
Lori, la seconde maman, est mère monoparentale de deux enfants dont un est né aveugle au sens de la loi et est atteint de paralysie cérébrale. Lori ne recevait aucune aide financière du père ni aucun soutien financier ou affectif de sa famille et se sentait complètement seule. Elle était littéralement bombardée de rendez-vous médicaux et a dû prolonger son congé de maternité pour prendre soin de son fils. Lorsqu'elle a réintégré son emploi, elle a dû faire face à de nombreux obstacles. Comment concilier ses heures de travail et les exigences liées aux besoins de son enfant dans un emploi qui ne présente aucune souplesse de fonctionnement? Ne voulant pas recourir au programme Ontario au travail, Lori a cherché un autre emploi. Son travail actuel lui offre une certaine souplesse, mais son horaire de travail est imprévisible et les prestations de santé, qui sont évaluées tous les six mois, dépendent du nombre d'heures travaillées.
Lori m'a raconté qu'il lui est arrivé de travailler 127 heures en deux semaines, et d'autres semaines, moins de 30 heures. Si le nombre d'heures travaillées est inférieur à 30, elle et sa famille ne reçoivent aucune prestation de santé pendant six mois, jusqu'à la prochaine évaluation. Quel que soit le statut économique des femmes qui ont un enfant handicapé, elles ont toutes un point en commun: la sécurité de leur carrière est compromise. Notre société est fondée sur la famille à deux revenus. Sans soutien financier et émotif adéquat, ces femmes glissent à travers les mailles du système.
Je vous remercie de votre attention.
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Tanisi. Bonjour et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
L'information que je vous communiquerai, tout comme mon exposé, est le fruit de mes recherches et de celles d'autres chercheurs, de mon observation des expériences vécues par des amis, la famille et des membres de la collectivité, ainsi que de mon expérience personnelle de femme que les Cris désignent sous le terme de « personne bispirituelle ».
Je fais partie de la nation crie d'Opaskwayak, d'où je vous parle en ce moment. Nous formons une collectivité d'environ 5 700 personnes, située à 500 kilomètres au nord de Winnipeg. Environ un tiers de nos membres vivent en dehors de la réserve, dans différentes villes canadiennes et ailleurs dans le monde.
Si j'entame mon exposé en vous citant mes origines, c'est qu'il importe de souligner que les Cris vivent dans ce territoire depuis très longtemps. De fait, à l'instar des autres collectivités autochtones de l'Amérique du Nord, nous occupons nos terres sans interruption depuis plus longtemps que quiconque sur la planète, à l'exception peut-être des Aborigènes de l'Australie. Cette relation de longue date qui nous unit à la terre nous a permis d'en acquérir une connaissance approfondie et de tisser avec elle un lien intime qui remonte à des dizaines de milliers d'années.
Pendant ces milliers d'années, notre collectivité a réussi non seulement à survivre, mais à prospérer. Que ce soit au sein de la collectivité et de la famille, nous avons toujours accordé de l'importance à chaque personne. Et voilà que dans une très, très brève période de temps, ces derniers 200 ans tout au plus, tout a changé. Je fais évidemment référence au processus de la colonisation, que d'autres appellent la « fondation » du Canada.
Ce pays a deux histoires: celle que moi et les autres femmes autochtones connaissons et celle qui est présentée aux Canadiens, l'« histoire du Canada ». On nous a demandé de faire un exposé sur la pauvreté et ses impacts sur les femmes autochtones. Nous ne pouvons cependant pas parler de pauvreté sans reconnaître qu'elle est un symptôme, qu'elle est le résultat du recoupement d'une multitude de facteurs comme le racisme, le sexisme, l'homophobie, la transphobie, la discrimination fondée sur la capacité physique et toute autre forme d'oppression systémique.
Depuis la fondation du Canada, la vie des femmes autochtones a toujours été régie par des politiques. Chaque aspect de nos vies a été réglementé: ce que nous mangeons, avec qui nous pouvons nous marier, le lieu où nous avons le droit de vivre, les biens que nous avons de droit de posséder, les vêtements que nous devons porter et même notre droit d'utiliser le terme « Indien » ou de nous désigner nous-mêmes comme « Indiennes ». Nous connaissons les conséquences de cette réglementation et du chevauchement des multiples formes d'oppression. Les statistiques que la plupart d'entre vous connaissez déjà ou qui, à tout le moins, vous sont vaguement familières, sont très éloquentes à ce sujet. Je sais, par exemple, que lorsque je prends un taxi à Winnipeg, je dois payer la course à l'avance, tout comme je sais que je dois continuellement m'inquiéter de la sécurité de mes nièces.
La colonisation a eu un effet asymétrique. Certains groupes en subissent l'impact différemment que d'autres, c'est le cas des groupes de femmes autochtones et des Autochtones bispirituels et transgenres. L'effet de la colonisation étant devenu institutionnalisé, il s'est créé une rupture avec des liens aussi chargés de sens que le lien à la terre et à l'eau, et cette rupture a mené à la destruction de la terre et de l'eau, elle a donné naissance à la violence, à l'effet de la normalisation de la violence et à l'internalisation de la violence.
La langue s'est perdue ou a été altérée. Le modèle binaire des rôles homme-femme a été érigé en système. La spiritualité est devenue une religion institutionnalisée par les écoles, les prisons, les services à l'enfance et à la famille et le système de soins de santé. On a privilégié certaines visions du monde et on en a rejeté d'autres, en particulier celle des femmes autochtones. Telle est la réalité dans laquelle nous vivons.
Comme vous le savez, il y a plus de 1 200 femmes autochtones portées disparues ou assassinées au Canada. Sept filles autochtones sur dix seront victimes d'agressions sexuelles ou de violences physiques au cours de leur vie. Chez les femmes autochtones, le risque de subir de la violence conjugale est 3,5 fois plus élevé que chez les femmes en général. Le taux de suicide des jeunes homosexuels autochtones atteint des proportions ahurissantes: il est 10 fois plus élevé que chez tous les autres groupes confondus. Quand aux jeunes transgenres autochtones, leur taux de suicide tourne autour de 56 %, ce qui signifie que si vous connaissez un jeune transgenre autochtone, soit il a déjà songé au suicide soit il a fait une tentative. Nous voyons de jeunes transgenres autochtones quitter l'école dès la troisième année. Voilà qui donne à réfléchir. Pourquoi un enfant de troisième année ne se sentirait-il pas en sécurité à l'école?
La question du suicide est une situation d'urgence. Les taux d'itinérance ne cessent d'augmenter. Toutes ces malheureuses statistiques sont les effets de la colonisation, ce sont des faits qui font incontestablement partie de la vie des femmes autochtones au Canada. Quelle que soit la nation à laquelle nous appartenons, crie, inuite, anishinabe, métisse ou salish du littoral, l'effet est le même partout au pays. Il n'y a rien d'intrinsèquement anormal avec les femmes autochtones. Si nous tenions uniquement compte des statistiques, si nous examinions seulement la façon dont le Canada présente les femmes autochtones, les gens penseraient qu'il y a quelque chose de foncièrement aberrant avec nous. Ce qui est étonnant, c'est que nous sommes toujours là, malgré le recoupement de ces multiples formes d'oppression.
Je dirais qu'il n'y a rien d'intrinsèquement aberrant avec les femmes autochtones, mais il y a quelque chose d'intrinsèquement aberrant avec le Canada.
Pour conclure, je vous implore, vous qui représentez le Canada, de vous demander avec sérieux comment la pauvreté s'inscrit dans le cadre plus général de l'histoire du Canada.
Je vous remercie.
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Merci pour cette question.
Ma position dans l'organisation me permet de témoigner que tout le monde trouve difficile de se retrouver dans le système de santé et dans le système social. Je peux vous l'affirmer le plus sérieusement du monde.
Nous avons mis en oeuvre quelques initiatives en Ontario, une pour coordonner la planification des services aux familles ayant des enfants avec des besoins particuliers complexes et une autre pour intégrer les services de réadaptation. Au cours de nos interventions auprès des familles, avant et pendant la mise en oeuvre de ces initiatives, nous les avons entendues dire qu'elles ne s'y retrouvaient pas, qu'elles ne savaient pas où aller, et ma collègue Jenny les a dirigées vers un travailleur social d'Ontario Works.
Si les professionnels ne savent pas où aller, imaginez à quel point c'est difficile pour les familles. Elles finissent par aboutir quelque part, mais elles se demandent constamment si c'est le bon endroit, si elles auraient pu avoir accès à quelqu'un d'autre, si elles auraient pu faire mieux pour leur enfant.
Voilà ce que je peux vous dire sur les répercussions. Peut-être Jenny a-t-elle quelque chose à ajouter.
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Pour commencer, il doit y avoir une forme de reconnaissance historique. Je sais que cela semble élémentaire, mais en qualité de professeure enseignant à des étudiants de première année et à des étudiants des cycles supérieurs, je suis étonnée de voir le nombre d'étudiants de 18 ou 19 ans qui ne connaissent rien de l'histoire du Canada en ce qui a trait aux peuples autochtones. Ils ne savent rien de l'époque des pensionnats. Ils n'ont pas entendu parler de la rafle des années 1960. On les abreuve continuellement de stéréotypes, qu'ils trouvent dans les réseaux sociaux ou même à l'école.
Je pense que l'éducation est fondamentale, qu'il s'agisse de l'éducation officielle — de la prématernelle à la 12e année, jusqu'aux études postsecondaires — ou d'éducation non officielle par l'entremise de mouvements sociaux ou d'organisations communautaires. Je pense qu'il faut se concentrer là-dessus. C'est le point de départ à mon avis.
Il faut également reconnaître qu'il y a un déséquilibre des pouvoirs. Nous siégeons au Comité sur la condition féminine, et la plupart d'entre nous connaissent la dynamique de la violence conjugale, par exemple, et la violence conjugale est un phénomène sexospécifique où les femmes sont affectées différemment des hommes. Les victimes sont majoritairement des femmes.
Si vous pensez à une relation violente, elle comprend deux parties. Imaginez-vous dire à un couple, après que la femme a été victime de violences conjugales, qu'il devrait se ressouder, que les deux devraient se réconcilier et continuer. C'est semblable à ce qui s'est passé dans la relation entre les peuples autochtones et le Canada, à cause du déséquilibre des pouvoirs et de la violence faite aux peuples autochtones. Ce sont les femmes autochtones qui en ont majoritairement ressenti les effets.
Il faut donc reconnaître que cette relation est inégale, ce qui veut dire qu'il faut faire très attention quand on répare les préjudices causés par cette relation. Je dis cela parce que le fait de dire à deux peuples de revenir ensemble, de se réconcilier et de continuer mine l'estime de soi de certaines personnes — dans ce cas-ci, de tout un groupe de personnes. On peut les voir comme moins qu'humains, et c'est certainement ainsi qu'on les a traités.
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Merci, madame la présidente.
Madame Wilson, j'ai eu honte d'apprendre vendredi dernier, lors de l'Exercice des couvertures de KAIROS sur la Colline, que les Autochtones qui obtenaient un diplôme — pour être professeur, ingénieur, médecin ou peu importe — devaient d'abord renoncer à leur statut d'Indien.
Tout le monde dans la pièce en a eu l'air également surpris. Je n'en avais aucune idée. Quelle discrimination et quelle calamité pour l'économie. Je suis gênée pour mon pays, mais je suis embarrassée qu'en ma qualité de législatrice, je ne l'aie pas su avant. J'aimerais vous entendre sur cette épouvantable histoire.
J'ai également entendu de mon collègue Romeo Saganash que cela fait encore partie intégrante de la Loi sur les Indiens. Une partie des amendements proposés dans le projet de loi tentent d'y remédier, de mettre un terme à la discrimination liée au genre, mais nous avons entendu que le gouvernement libéral proposait de s'opposer à l'amendement portant sur l'alinéa 6(1)a), qui mettrait fin à cette discrimination liée à l'emploi et à l'obtention de diplômes, partant du principe qu'il faut consulter davantage. Pouvez-vous expliquer au Comité cette portion d'histoire, selon votre perspective?
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La Loi sur les Indiens dicte qui est un Indien et qui n'en est pas un. L'un des critères était que si vous vous étiez émancipé et étiez devenu citoyen canadien, vous n'étiez plus Indien. Il y avait différentes façons de s'émanciper. L'une était de s'enrôler dans les forces armées, une autre consistait, pour une femme, à épouser un non-Indien. On perdait alors son statut d'indien.
C'est là-dessus que les tribunaux se penchent actuellement, sur les femmes et leurs descendants qui ont perdu leur statut par mariage. Je crois qu'au moment où on se parle, un comité se réunit à ce sujet.
De plus, si on recevait une éducation, on était émancipé ou assimilé comme Canadien. Je n'ai encore jamais connu personne qui ait perdu son statut pour avoir reçu un diplôme de baccalauréat ou une éducation de base, alors je ne connais aucun cas où cela se soit réellement produit, même si c'est écrit dans la Loi sur les Indiens.
Une chose qui a affecté les gens, par contre, c'est le financement. Si vous étiez membre d'une Première Nation et que vous alliez à l'université, vous pouviez bénéficier d'un appui financier en vertu des traités. Cela a été contesté dans les années 1960. En réalité, mon père a été l'une des premières personnes à contester cette disposition quand il a fréquenté l'Université de la Saskatchewan, car on lui a donné l'excuse que, pour les gens de l'époque, l'éducation moyenne se terminait en 8e année, et qu'il était donc allé au-delà des attentes pour un Indien. Cela a été contesté avec succès.
Le financement des études postsecondaires est encore inéquitable et moins important qu'il ne le devrait. En fait, il n'y avait eu aucun changement à la structure de financement depuis 1992. Cela crée une dynamique d'iniquité pour l'accès à l'éducation.
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Cela s'accompagne de conséquences économiques.
Merci, merci pour votre travail.
Je vais poursuivre avec les témoins du Pathways Health Centre for Children.
Au Comité, la semaine dernière, nous avons accueilli des femmes venues bravement témoigner de certains des mêmes effets que vous venez de décrire. Il s'agissait de parents coincés dans un cycle sans fin, celui de prendre soin d'enfants très malades ou handicapés, de devoir quitter un emploi et de sombrer dans la pauvreté.
Ce groupe particulier, Parents jusqu'au bout, a décrit ce que c'était que de prodiguer des soins 24 heures sur 24, 7 jours par semaine. Nous avons également entendu qu'en plus de la difficulté de trouver ce qu'on cherche dans le système complexe de prestations que vous avez décrit, leurs enfants deviennent non admissibles après l'âge de 18 ans. Ils ont également dit que les femmes elles-mêmes ne gagnaient pas suffisamment d'argent pour payer des impôts, ce qui fait que les crédits d'impôt censés aider leur famille sont inutilisables. Ce crédit est une offre non valable.
Pouvez-vous nous expliquer tout ce que vous pourriez recommander au gouvernement fédéral, afin qu'il puisse apporter des changements susceptibles d'améliorer le soutien aux parents responsables d'enfants handicapés ou de leur procurer un accès stable à des prestations?
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Oui. Par exemple, au sujet du régime enregistré d'épargne-invalidité, pour y être admissible, au départ, la famille doit avoir droit au crédit d'impôt pour personnes handicapées. Voilà un premier obstacle dont j'ai parlé précédemment, car le formulaire doit être signé par un médecin, donc il y a des frais à payer. Les familles qui ne peuvent pas débourser une telle somme ne sont donc pas admissibles au régime enregistré d'épargne-invalidité.
Ensuite, si elles y sont admissibles, premièrement, un grand nombre de banques ne savent pas comment gérer un tel régime, et, deuxièmement, un grand nombre de ces familles n'ont pas l'argent nécessaire pour y contribuer. Une chose que j'essaie de faire comprendre aux familles, c'est qu'elles pourraient n'être admissibles que pour une période de trois ans parce que, dorénavant, le crédit d'impôt pour personnes handicapées, dépendant du handicap en question, fait l'objet de restrictions pour l'autisme. La famille concernée doit dorénavant présenter une nouvelle demande et rémunérer de nouveau un médecin pour obtenir sa signature sur le formulaire.
On a dit aux familles de contribuer au régime enregistré d'épargne-invalidité, mais en fait, elles n'ont pas à le faire sur le coup, si elles n'ont pas l'argent nécessaire. Cependant, une fois qu'elles sont admissibles au crédit d'impôt pour personnes handicapées, elles devraient essayer de se renseigner, et j'essaie de leur fournir des ressources pour qu'elles obtiennent la bonne information. Elles devraient ouvrir un compte, l'avoir à leur disposition, parce que, dans trois ans, si elles ne sont pas admissibles au crédit d'impôt pour leur enfant handicapé, personne ne pourra supprimer leur régime enregistré. Encore une fois, l'élément clé, c'est que les familles ne sont pas au courant ou n'ont pas les moyens.
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Je vais simplement répéter les paroles de Grace-Edward et vous dire que nous sommes très heureux de vous parler de ce sujet.
Nous nous excusons du fait que les données nationales fournies remontent à 12 ans. Nous vous expliquerons pourquoi c'est ainsi.
L'étude à laquelle nous nous intéresserons surtout aujourd'hui est basée sur les données recueillies lors du recensement de 2006 qui dressent un tableau de l'expérience du marché du travail vécue par les Canadiens racialisés. Nous avons utilisé diverses mesures pour décrire le phénomène.
Ce que nous avons observé, c'est que les Canadiens racialisés souhaitent ardemment travailler. Tant les hommes que les femmes racialisés montrent un taux de participation au marché du travail qui est supérieur à celui des non-racialisés. Le taux de participation désigne l'exercice d'un emploi ou la recherche active d'un emploi. En dépit de leur volonté et de leur vif désir de travailler, les Canadiens racialisés montrent un taux de chômage supérieur à celui des non-racialisés. Soulignons que le groupe des femmes racialisées montre le taux de chômage le plus élevé des quatre groupes étudiés, soit 9,3 %. Il faut se reporter à l'année 2005. À ce moment-là, le Canada connaissait le plein essor économique. Pourtant, les femmes racialisées étaient les plus touchées par le chômage.
Nous avons d'abord examiné les chiffres en général. Quel était le taux de participation? Quel était le taux d'emploi? Quel était le taux de chômage? Ensuite, nous nous sommes attardés aux détails. Nous voulions savoir dans quels secteurs travaillaient les Canadiens racialisés et en quoi ils étaient différents de ceux où travaillaient les Canadiens non racialisés. Le degré d'agrégation était plutôt élevé, mais nous avons pu avoir un aperçu de la situation, même à partir de ces données limitées. D'abord, ce qui est très important, particulièrement 11 ans plus tard, c'est l'existence d'une sur-représentation des travailleurs racialisés dans le secteur des services à la personne. On parle ici de gardiens de sécurité, de services de nettoyage et d'entretien, de travail sur demande et ainsi de suite.
Ce genre d'emploi est précaire. Il a plus de chances d'être rémunéré au salaire minimum, d'être dans un milieu où il y a de fréquents renouvellements de personnel et où les contrats sont d'une durée déterminée, et de n'être accompagné d'aucun soutien ni des avantages que l'on retrouve normalement dans les relations de travail. C'est également le genre d'emploi qui a vraiment connu une expansion ces dix dernières années, car on constate une croissance des petits salaires et du travail précaire.
Nous avons également observé qu'à l'époque, il y avait une concentration d'hommes et de femmes racialisés dans le secteur manufacturier. Nous savons aussi que ce secteur a connu une période très difficile.
Une chose qu'il importe, à mon avis, de remarquer, en particulier concernant ce groupe, c'est qu'il y avait une sous-représentation des personnes racialisées dans la fonction publique. La fonction publique ne comprend pas les soins de santé et l'enseignement. Elle est composée en fait de personnes qui définissent la politique publique et qui appliquent les programmes gouvernementaux. L'absence de leur point de vue et de leur voix dans la fonction publique est une source de préoccupations chez nous.
Si nous examinons de plus près ce qui semble intéresser le Comité, je dirais que nous aussi avons constaté une différence dans la représentation des sexes entre les femmes racialisées et celles non racialisées. Vous vous demandez peut-être ce que cela veut dire et comment ça se manifeste. Ce que ça veut dire en fait, c'est que les femmes racialisées sont concentrées dans des emplois différents et vivent des expériences différentes; leur concentration est différente selon le secteur d'emploi. Ainsi, les femmes racialisées ont plus de chances de travailler dans les secteurs de la fabrication et de la transformation que les femmes non racialisées. Bien que les femmes racialisées ou non racialisées aient été sous-représentées dans les secteurs des sciences naturelles et des sciences appliquées, les femmes racialisées avaient plus de chances d'occuper un emploi dans ces secteurs. De même, les femmes non racialisées avaient plus de chances d'occuper un emploi dans l'enseignement.
Ces résultats nous indiquent qu'il est important d'envisager les expériences des femmes dans l'ensemble du spectre et de ne pas se limiter aux moyennes. Nous devons décomposer ces expériences en divers facteurs. Nous devons examiner les expériences vécues par les femmes autochtones et les femmes racialisées. Nous devons en plus scinder ces groupes de femmes racialisées parce que nous savons que les femmes de race différente ont des antédécents différents et des expériences différentes du marché du travail.
Nous avons cherché à savoir qui travaille, qui est sans emploi, quel est l'accès au marché de l'emploi et où les gens travaillent. Nous indiquons aussi les revenus d'emploi moyens. Cette étude nous a appris que les femmes racialisées touchaient 55,6 ¢ pour chaque dollar gagné par des hommes non racialisés. En comparant les données, nous constatons également que les femmes de cette catégorie gagnent 88 ¢ pour chaque dollar gagné par des femmes non racialisées, et 71 ¢ pour chaque dollar gagné par des hommes racialisés. Nous voyons que, pris ensemble, les facteurs sexe et race ont des répercussions complexes et défavorables pour les travailleuses appartenant à une minorité raciale.
Nous ne sommes pas à l'aise de dire que le racisme existe sur le marché du travail ni même au Canada. À en juger par cette expérience du marché du travail, nous sommes donc tentés de conclure que l'ensemble des Canadiens non autochtones, tous les immigrants qui s'installent ici, éprouvent des difficultés — ceux de la première génération, ou du moins au cours des premières années suivant leur arrivée. Par la suite, ils sont sur un pied d'égalité.
Ces données nous ont servi à analyser la situation des immigrants, racialisés ou non. Nous avons tenu compte de l'âge. Notre étude portait seulement sur les 25-44 ans, des gens au sommet de leur courbe salariale et titulaires d'un diplôme ou d'un certificat universitaire. Nous avons constaté que la situation des immigrants varie considérablement selon qu'ils appartiennent ou non à une minorité raciale, jusqu'à la deuxième génération et même la troisième. Ce problème ne touche pas seulement les immigrants de fraîche date. Il existe vraiment un problème de racisme sur le marché du travail.
Comme nous nous étions déjà penchés sur l'expérience de travail et le revenu, nous avons voulu passer à la question suivante. Quel est l'impact de cette discrimination sur les familles? Nous avons constaté que le taux de pauvreté était trois fois plus élevé chez les Canadiens racialisés que chez les familles non racialisées. Je répète que cette étude a été menée durant les années de prospérité et que le taux de pauvreté était de 20 %, comparativement à 6,4 %.
Ce portrait de la situation nationale est basé sur des données de 2005 et nous avons voulu le mettre à jour au moyen des données de l'Enquête nationale auprès des ménages. Nous avons donc décidé de rédiger un document qui actualiserait ces données afin de comprendre quelle était la situation après la récession, quelles en avaient été les répercussions et si la situation s'améliorait ou s'aggravait. Nous avons plutôt découvert que les données de l'Enquête nationale auprès des ménages n'étaient pas assez fiables pour nous permettre de tirer des conclusions. Nous avons été très heureux et très soulagés d'apprendre le rétablissement du formulaire détaillé de recensement, car nous pourrons reprendre cette analyse.
Juste pour vous donner un portrait un peu plus à jour, nous nous intéressons aux résultats de l'Enquête de la dynamique du travail et du revenu réalisée en 2011. Ces données sont donc plus à jour que les autres, qui datent de 12 ans. Elles confirment que les femmes racialisées se concentrent dans des emplois à bas salaire et qu'un pourcentage plus élevé de travailleurs racialisés sont payés au salaire minimum. Si nous ventilons ces données selon le sexe et la race, nous constatons que les femmes constituent le pourcentage le plus élevé des travailleurs rémunérés au salaire minimum.
À la page 12, nous faisons état de la répartition des employés de 25 ans et plus rémunérés au salaire minimum, à une différence de 4 $ près. Là encore, nous avons constaté que les femmes racialisées étaient les plus susceptibles d'occuper des emplois à bas salaire, de même que les hommes racialisés.
Nous allons maintenant entrer dans le vif du sujet.
Nous insistons sur l'importance d'avoir des données à notre disposition, parce que sans données, il est impossible de comprendre le problème et de proposer de solutions adaptées. Par exemple, nous avons eu un manque de données sur 10 ans, à cause de l'Enquête nationale auprès des ménages; jusqu'à très récemment, toutefois, nous disposions de données annuelles comportant une variable pour la racialisation, ce qui nous donnait une bonne idée de la situation du marché du travail d'une année à l'autre. Je sais que vous disposez de beaucoup de données. Cette variable provenait de l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, qui a été remplacée par l'Enquête canadienne sur le revenu qui, elle, ne comporte pas cette variable. Cela nous préoccupe au plus haut point, parce que cette analyse n'est réalisée que tous les cinq ans. Comme bien d'autres organisations, nous avons demandé à Statistique Canada de rétablir cette enquête, et nous vous le demandons également, afin que nous puissions vraiment comprendre ce qui se passe sur le marché du travail, d'année en année.
Même si les trois groupes font l'objet de discrimination sur le marché du travail, l'expérience des femmes racialisées est différente de celle des hommes racialisés ou des femmes non racialisées. Nous avons vraiment besoin de comprendre la situation au moyen de données et de mettre en place des mesures qui permettront de remédier à cette situation complexe.
Je vais maintenant céder le micro au professeur Galabuzi.
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Ce que nous voulons vous faire comprendre, c'est que l'analyse nous a permis d'établir que les trois groupes présentent d'importantes vulnérabilités, en particulier les femmes racialisées. Ces vulnérabilités sont liées à la race et au sexe. Il est donc impératif que le gouvernement réglemente le marché du travail pour mettre fin à la précarité des emplois occupés par ces femmes.
En matière de réglementation, nous pensons qu'il y aurait lieu de modifier le droit du travail ou les normes applicables aux femmes afin d'améliorer l'expérience de travail des personnes qui relèvent de la compétence fédérale. Le gouvernement fédéral devrait également encourager ses homologues provinciaux à s'attaquer à ce problème également.
Nous savons qu'il existe une loi fédérale sur l'équité en emploi. Des discussions sont en cours en vue d'y apporter certaines modifications susceptibles de donner plus de mordant au règlement connexe et de garantir un meilleur accès à des emplois équitables aux trois groupes, en particulier aux femmes racialisées et aussi, devrais-je ajouter, aux femmes autochtones.
L'équité salariale est un autre domaine où il serait possible d'améliorer l'expérience vécue par les femmes racialisées et de la rendre plus équitable qu'elle l'est aujourd'hui.
Nous croyons que d'autres facteurs sociaux liés à l'accès à l'emploi, comme les services de garde, devraient être pris en compte dans la recherche d'une solution à cette situation qui touche les femmes de manière disproportionnée. Nous croyons également qu'un autre problème est le pouvoir disproportionné exercé par les employeurs dans leur relation avec leurs employés.
Ce problème s'explique en partie par le taux de syndicalisation. Celui-ci est beaucoup plus faible que par le passé, surtout dans certains secteurs hors de la fonction publique. Pour donner aux travailleurs vulnérables l'accès à la syndicalisation et pour encourager le gouvernement fédéral à s'acquitter de ses obligations en vertu des traités internationaux, il est essentiel que nous trouvions des moyens de régulariser la syndicalisation afin que les groupes sous-représentés puissent se syndiquer plus facilement. Les trois groupes dont nous parlons sont généralement moins syndiqués que les autres.
J'aimerais faire écho aux propos de Sheila au sujet de la collecte de données. Comme la vulnérabilité est due à différents facteurs identitaires, il est très important de recueillir des données qui nous aideront à mieux comprendre cette situation. Il est indispensable, selon moi, de ventiler les données afin de pouvoir comprendre l'expérience de chacun des groupes sur le marché du travail, faute de quoi il nous sera impossible de comprendre les problèmes auxquels se heurte chaque groupe sur le marché du travail. En terminant, j'insiste vraiment sur l'importance de la collecte de données, surtout de leur ventilation.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur présentation.
J'aimerais parler, tout d'abord, de ma propre expérience en tant qu'immigrante de première génération qui est arrivée au Canada avec un diplôme en sciences infirmières. Après que mes triplés furent rentrés à l'école, j'ai décidé de retourner aux études. À l'étape du baccalauréat, la plupart de mes collègues étaient des femmes appartenant à une minorité visible, ou raciale comme vous le dites. J'ai terminé mon baccalauréat et je me suis ensuite inscrite à la maîtrise. La majorité de mes camarades de classe, environ 75 % d'entre elles, étaient des femmes appartenant à une minorité visible. Lors de mon premier cours à l'étape du doctorat, nous étions quatre ou cinq femmes et nous appartenions toutes à une minorité visible.
Nous ne parlons donc pas de barrière de langue ni d'un manque de diplômes. Cela m'a choqué d'apprendre qu'en 2011, 16,2 % des employés touchant un salaire minimum, en Ontario, appartenaient à une minorité visible. La situation n'est pas unique aux femmes: vous avez dit qu'il y avait des femmes et des hommes. Pour ce qui est du marché du travail, vous avez mentionné que le taux de chômage en 2006 était vraiment élevé et que 9,3 % des femmes au chômage appartenaient à une minorité visible. Le taux de chômage est donc élevé et le taux d'emploi est trop bas.
Ma question est la suivante. À quels obstacles, selon vous, les Canadiens appartenant à une minorité visible, plus particulièrement les femmes, se butent-ils en tentant d'atteindre une plus grande sécurité économique, en intégrant le marché du travail? Je parle non seulement des femmes qui ont une plus grande capacité d'acquérir des diplômes, mais de celles qui sont surqualifiées. Pourquoi y a-t-il ces obstacles?