Je ne blâme pas la leader parlementaire d'avoir fait les choses de cette façon. Le document en tant que tel, sans la motion omnibus et la date limite artificielle imposée par cette motion, est passable à plusieurs égards.
Il y a certaines choses là-dedans qui me laissent un peu perplexe, parce que nous en avions discuté à des séances antérieures du Comité avant de les rejeter. Le point le plus évident est celui qui concerne l'abolition des séances du vendredi. Nous avons exprimé notre désaccord avec cela. Le Comité s'est en fait prononcé sur la question, et je trouve étrange qu'on nous demande d'y réfléchir à nouveau.
Il y a d'autres points dont nous n'avons pas discuté, y compris, par exemple, le vote électronique. Comme cela est indiqué ici, la question du vote électronique a été soulevée par le comité McGrath. La question a été débattue, et un rapport sur le vote électronique a même été publié — c'est vrai — par le comité sur la modernisation de la procédure à la Chambre des Communes créé par le gouvernement Chrétien. Comme je l'ai mentionné, il s'agissait d'un comité spécial. Il a publié six rapports.
Je n'ai pas eu l'occasion de lire ces rapports, même si, évidemment, j'en ai envie. C'est ce que nous voudrions tous faire. Il faudrait probablement déposer auprès du Comité les six rapports qui ont été produits, dont l'un traitait de la question du vote électronique. Les choses ont changé depuis. Les systèmes de vote électronique ont changé. J'imagine qu'ils sont plus fiables qu'ils ne l'étaient dans le passé. D'ailleurs, comme le document de la leader parlementaire l'indique, nous allons déménager à l'édifice de l'Ouest.
Je crois que la Chambre des communes va y siéger d'ici la fin de la législature. Je n'en suis pas certain, mais si ce n'est pas le cas, la prochaine législature y débutera. Donc, pendant qu'on installe les bureaux, on pourrait aussi installer des systèmes de vote électronique. C'est tout à fait logique, du point de vue du coût pour l'infrastructure, etc.
Il y a des choses dans ce document qui me semblent raisonnables. En passant, je ne veux pas passer en revue les détails de cette proposition; il y a plus d'une façon de voter électroniquement. Vous pouvez aussi voter sans même être vraiment présent à la Chambre. C'est comme ça qu'on procède au Congrès américain, mais ce n'est pas quelque chose qui me plaît. Je crois que nous devrions être présents à la Chambre. Je ne dis pas que nous n'avons aucune leçon à tirer des représentants américains, mais de ce côté-là, ce n'est pas une leçon que nous devrions retenir. Malgré tout, si nous décidons de faire les choses de cette façon, nous allons devoir apprendre à tirer pleinement parti de notre présence pendant que nous sommes à la Chambre.
Il y a beaucoup de choses dans ce document, et je n'essaie pas d'en diminuer l'importance. À dire vrai, j'ai exprimé mon désaccord avec l'organisation des trois thèmes. Le premier thème est la gestion de la Chambre, dont les rubriques sous-jacentes comprennent les séances, y compris le vendredi, et le vote électronique. Ce sont deux sujets différents. Il s'agit non pas de deux sous-éléments d'un thème commun, mais de deux sujets différents, ce qui nous ramène à la caractéristique omnibus dont j'ai parlé plus tôt à propos du calendrier de la Chambre, concernant la question de savoir si nous devrions commencer les séances plus tôt en janvier, plus tôt en septembre ou peu importe. J'ai aussi parlé de la nature des affaires courantes.
Il y aurait un autre examen relatif aux affaires émanant des députés, et cela suppose un certain nombre de changements techniques. Prenons le paragraphe sur les affaires émanant des députés: vous voyez comment il serait difficile de faire toutes ces choses dans les délais très serrés prévus dans la motion de M. Simms.
Gardez à l'esprit que j'ai dit qu'il s'agissait du premier de trois thèmes. Dans la section sur la gestion de la Chambre, les rubriques sous-jacentes sont les séances, le vote électronique, le calendrier de la Chambre des communes, les affaires courantes, les affaires émanant des députés et la prorogation.
La prorogation est évidemment un sujet complètement différent qui est loin d'être simple; cela suppose le fait de passer de la Chambre et de ses privilèges aux prérogatives de la Couronne, et il convient de s'attacher à ce que la Constitution — en particulier la partie non écrite de la Constitution, c'est-à-dire les conventions — dit sur la prorogation. Je crois que la prorogation est un sujet très important. J'ai passé beaucoup de temps à lire là-dessus pendant la crise qui a mené à la prorogation de 2008. Vu le très petit nombre de personnes qui savent quoi que ce soit à ce sujet, je crois que je suis l'un des Canadiens qui connaissent le mieux ce sujet, au risque de paraître un peu suffisant. On pourrait dévouer une législature entière au seul sujet de la prorogation. Ce serait peut-être une bonne idée pour nous d'approfondir le sujet.
Il nous faudrait examiner les conventions. Il nous faudrait examiner si nos rapports ont une incidence sur les conventions. Par convention, j'entends les pratiques qui ont une grande importance selon l'opinion publique, les choses qu'il serait scandaleux d'enfreindre, même s'il n'y a aucune loi à ce sujet. Les conventions se forment d'une façon particulière, et si vous voulez les remplacer ou les modifier ou alors les systématiser — et je crois que c'est effectivement ce que nous essayons de faire ici, une systématisation —, il y a une certaine marche à suivre.
À ce chapitre, le rapport d'un comité peut s'avérer très précieux. Mais le rapport d'un comité qui ne comprend qu'une mention au passage à cause d'un travail précipité serait totalement inutile. Dans les débats entre personnes érudites, on soulève souvent la question des conventions dans un contexte donné: sont-elles encore en vigueur, ou est-ce qu'une convention du passé a fini par disparaître et s'effacer? Il faudrait se renseigner sur le sujet et lire les travaux les plus importants à ce sujet. Albert Venn Dicey, le grand écrivain anglais du 19e siècle, dans son ouvrage classique intitulé Introduction to the study of the law of the constitution, a créé le terme « convention ».
Lord Bryce, qui a plus tard été nommé ambassadeur britannique aux États-Unis, a écrit à propos du système politique américain dans son livre The American Commonwealth. Pour ses lecteurs britanniques, il a mis en relief le fait que même si les Américains croyaient qu'ils avaient rédigé une constitution purement écrite, ils avaient aussi des conventions. Il a également fourni des exemples de conventions existantes. Les conventions sont des restrictions imposées à un pouvoir théorique. Il s'agit de restrictions non écrites, ou du moins non codifiées, qui ne figurent pas par écrit dans le texte de la constitution. Malgré tout, les enfreindre entraînerait de lourdes sanctions.
Selon l'une des conventions de l'époque, le président — qui pouvait, en théorie, être élu pour un nombre illimité de mandats consécutifs — ne pouvait briguer plus de deux mandats, conformément au précédent établi par George Washington. La convention a été respectée jusqu'en 1940, où Franklin Roosevelt a brigué un troisième mandat sans être puni. Il a été réélu. Ce n'est qu'au cours du mandat du président Eisenhower que le Congrès et les trois quarts des États ont pris des résolutions identiques pour modifier la constitution, de sorte que cela ne se reproduise pas. Aucun président ne peut briguer de troisième mandat. Ce n'est pas mépriser Franklin Roosevelt que de dire qu'un homme moins honorable pourrait être pareillement tenté de demeurer président de façon permanente, ce que les auteurs de la constitution — et, semble-t-il, la majorité des Américains en 1950, à l'époque où l'amendement a été adopté — jugeaient inapproprié. Ainsi, une convention a été codifiée afin qu'il soit impossible d'en faire fi à nouveau.
En ce qui concerne la prorogation, tout est une question de conventions. Malheureusement, les conventions sont nébuleuses à ce chapitre. Je ne suis pas en train de dire qu'on ne devrait pas parler de prorogation. Je crois que c'est un sujet d'étude très important. Tout ce que je dis, c'est qu'on ne peut approfondir cette question en même temps que toutes les autres comprises dans les trois thèmes du document. Le premier thème à lui seul comprend six sous-éléments, et l'un est un sujet si vaste qu'il nous faudrait... J'ai oublié de mentionner Ivor Jennings, un autre grand universitaire qu'on pourrait étudier. Si nous décidons d'étudier la prorogation, le travail colossal qui nous attend nous empêcherait de faire quoi que ce soit d'autre. Malgré tout cela, nous sommes censés avoir terminé d'ici le 20 juin.
Si nous adoptons la motion de M. Simms aujourd'hui, nous allons devoir trouver des témoins d'ici mardi prochain.
Pour ce qui est des principaux textes habilitants concernant les conventions et la façon dont les pays du Commonwealth utilisent la prorogation et l'ont utilisé dans le passé, il y a des précédents qui ont été établis et qui sont pris très au sérieux par les principaux spécialistes. Ce serait impossible d'inviter ces personnes dans un délai de sept jours. Dans certains cas, nous ne savons même pas qui nous devons inviter. Comment le saurions-nous? Nous ne sommes pas des spécialistes.
Et cela ne concerne que la prorogation. J'insiste là-dessus parce que c'est le point qui a attiré mon attention tandis que je parcourais la liste. Je ne dis pas que c'est le point le plus important, même si c'est peut-être le cas.
Je vais vous lire ce qui est écrit à propos des affaires émanant des députés. Il y a de nombreuses mentions du comité McGrath dans le rapport — ou le document de discussion — de la . Je lis:
L’un des principaux objectifs du Comité McGrath, dans son rapport, était de proposer des moyens de donner aux députés un rôle plus utile dans le processus législatif. En effet, le bon fonctionnement de la Chambre dépend de la mesure dans laquelle les députés sentent qu’ils participent et contribuent au processus législatif.
C'est le premier paragraphe. On ne peut pas le remettre en question, sauf peut-être en ce qui concerne la mention de la mesure dans laquelle les députés « sentent » qu'ils participent. Je dirais qu'il s'agit davantage de la mesure dans laquelle les députés participent effectivement, mais ça n'a pas vraiment d'importance. C'est un détail mineur.
Je vais lire le prochain paragraphe. Je veux que vous gardiez à l'esprit toutes les façons différentes dont on pourrait modifier les modalités des affaires émanant des députés. Il n'y a pas d'organisation point par point, mais je vais les numéroter. Je lis à nouveau:
La période réservée aux affaires émanant des députés constitue un instrument clé pour habiliter les députés. L’apport des changements aux modalités des affaires émanant des députés à cette fin, inclut par exemple les suivants [...]
Je vais vous donner des exemples:
[...] ajout d’une rubrique dans les affaires émanant des députés chaque semaine; examiner la possibilité pour les députés d’échanger leur place sur la Liste portant examen des affaires émanant des députés, sous réserve de certaines conditions; et d’autres moyens de gérer les projets de loi publics émanant du Sénat, qui retardent les affaires émanant des députés, comme l’ajout éventuel d’une rubrique distincte pour ces projets de loi.
Voilà. Il y a trois sous-éléments dans la section concernant les affaires émanant des députés. Notre programme tripartite visant la réforme du Règlement comprend réellement, dans le cas du premier thème, six sous-éléments distincts importants ainsi qu'un troisième ensemble de sous-sous-éléments. On croirait avoir affaire à une loi: article 1, alinéa 1a), sous-alinéa 1a)(i), etc. Ça ressemble plus ou moins à cela.
Il y a beaucoup de contenu là-dedans, et nous sommes censés trouver les experts sur le sujet dans un délai de 7 jours, discuter de tout cela et avoir préparé notre rapport d'ici le 2 juin.
Je veux vous parler de ce qui s'est passé avec le comité de la réforme électorale, auquel je siégeais, et la date limite du 1er décembre qui nous a été imposée. Ne croyez pas que nous avons continué de discuter librement et d'écouter de nouveaux témoignages jusqu'au 30 novembre. Ce n'est pas ce qui est arrivé. Vers la fin, nous devions passer énormément de temps à étudier le matériel. On pourrait aller voir ce qui a été fait, mais je peux vous dire qu'il y a eu une période de trois semaines environ où il nous était simplement impossible de déposer de nouveaux documents et de les faire traduire. L'équipe professionnelle, les analystes et les greffiers ont fait, comme ils le font toujours, un travail superbe. Ces gens travaillent très dur, et ils souffrent depuis très longtemps en silence.
Des députés: Ah, ah!
M. Scott Reid: C'est le consensus sur le sujet.
Ils ont fait leur possible pour nous donner un maximum de temps et nous permettre de prendre nos décisions sur divers sujets aussi tard que possible. Nous avons été en mesure de remettre les recommandations plus tard que le reste, mais nous devions quand même parcourir une quantité impressionnante de témoignages.
Je ne sais pas comment ce serait possible avec une date limite prévue pour le 2 juin. Cela veut dire en réalité, j'imagine, que la date limite est le 15 mai, si l'on veut commencer à colliger les témoignages pour terminer... À dire vrai, la date limite tomberait même plus tôt que cela, en toute probabilité, mais c'est quelque chose que nous pourrons réexaminer plus tard. Prenons les comptes rendus du comité de la réforme électorale qui ont été produits. Nous pouvons établir un parallèle très étroit avec ce qui se passe, selon moi, puisque nous partons d'un concept qui est extrêmement flou initialement. Ce n'est pas comme un projet de loi qu'on présente à un comité, où il y a un tout autre système prévu, ou lorsqu'on aborde la question des privilèges, à nouveau, comme dans certaines situations.
Dans ce genre de situations, lorsque vous avez un sujet nébuleux et que vous devez formuler des recommandations, il faut prévoir beaucoup de temps au préalable. La date limite réelle est beaucoup plus tôt que celle qui est indiquée. C'est un problème d'importance à nos yeux, puisque la date limite indiquée approche.
La motion de M. Simms propose que nous consentions à participer à des séances supplémentaires.
Où est-ce...?
:
Je m'excuse. Il y en a un qui concernait les langues officielles,
Lament for a Notion: the Life & Death of Canada's Bilingual Dream. C'était mon deuxième livre. Le premier avait pour titre
Canada Remapped. Le sujet, qui était alors d'actualité, avait trait à ce qui se passerait advenant que le Québec se sépare du Canada — et certaines régions du Québec n'étaient pas favorables à la séparation, elles désiraient demeurer loyales —, et comment nous pourrions faire face à cette supposée séparation. C'est à mon avis l'une des questions les plus épineuses auxquelles le Canada a dû faire face pendant le débat sur la séparation. Ces deux ouvrages ont été publiés dans les années 1990.
Mario Silva et moi-même avons ensemble publié un livre sur l'antisémitisme, intitulé Tackling Hate: Combatting Antisemitism: The Ottawa Protocol. Vous faisiez partie du Parlement lorsque nous avons tenu des audiences avec un groupe, la Coalition interparlementaire de lutte contre l'antisémitisme. C'était un comité informel et non partisan; il s'est réuni, a déposé un rapport, puis a publié toute une série d'essais qui nous avaient été distribués.
Quoi qu'il en soit, si je fais ces parallèles, c'est pour parler du temps que tout cela prend. Pour le plus mince de ces ouvrages, aussi volumineux à peu près qu'un rapport, il m'a fallu un an. Le gros livre — j'avais déjà beaucoup plus d'expérience — m'a pris quand même deux ans, et j'avais l'aide de deux ou trois adjoints de recherche. Il sera difficile entre aujourd'hui et la date fixée de faire quoi que ce soit.
Dans mon exemple, si je rédige tout le texte parce que c'est ce qui me convient le mieux, il me suffit d'examiner tout ce qui se passe; les exemples que je retiens sont ceux qui, à ma seule discrétion, sont les plus pertinents. Je dois en outre faire comme si je n'avais pas d'emploi, comme si je n'avais pas à retourner dans ma circonscription pour participer à toutes sortes d'événements, comme nous devons tous le faire. Les membres du Comité doivent, je crois, parcourir de plus grandes distances que moi. Je fais aussi comme si je n'étais pas présent pendant la période des questions. Quelqu'un me remplace lorsque le Comité a d'autres affaires à traiter, par exemple, les séances portant sur le programme ministériel relatif aux changements de la Loi électorale.
Tout cela, monsieur le président, ce sont des tâches dont nous ne pouvons pas nous décharger, et si la motion est adoptée, nous nous chargerons d'une tâche impossible, à savoir présenter un rapport sur absolument tout. Je vais dans un instant exposer les répercussions négatives que cette décision aurait sur la démocratie, la procédure et la règle de droit.
Permettez-moi d'abord, encore une fois, de citer un extrait du rapport de la leader du gouvernement à la Chambre des communes. C'est expliqué très clairement:
La Chambre des communes pourrait envisager un mécanisme de programmation « fait au Canada » pour les projets de loi du gouvernement, les motions et le traitement des amendements du Sénat. Ce mécanisme pourrait spécifier une durée possible de toutes les étapes de l’examen d’un projet de loi, à négocier par les leaders de la Chambre, qui serait ensuite débattue, possiblement amendée, et ensuite mise aux voix à la Chambre. Il serait également utile que tout modèle éventuel de programmation prévoie la possibilité de prolonger le débat si on le souhaite. L’inclusion d’un mécanisme permettant de prolonger le débat rendrait le modèle de programmation plus attentif aux besoins de l’opposition et des députés d’arrière-ban du gouvernement qui souhaitent participer au débat.
Il est bien dit « fait au Canada » ce qui suppose que nous ne nous sommes pas inspirés de modèles étrangers. Je ne sais pas si l'auteur voulait littéralement dire cela. Parfois, on dit « fait au Canada » parce que ça sonne bien, tout comme le mot « populaire » sonne bien après le mot république ». Cependant, si on veut littéralement créer cela de toutes pièces, sans tenir compte des modèles étrangers, il faudra énormément de savoir-faire. En outre, ce n'est tout simplement pas comme ça que nous faisons les choses, puisque nous examinons toujours les meilleurs modèles et en tirons tout ce que nous pouvons en tirer.
Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne le « mécanisme de programmation pour les projets de loi du gouvernement » dont nous pourrions nous servir, je dois signaler que certains des éléments que nous avons examinés ne sont pas faits au Canada. Ils sont utilisés ailleurs, et nous avons déjà parlé de la possibilité de traiter dans une autre chambre certains dossiers, par exemple les diverses affaires d'initiative parlementaire ou les déclarations, par exemple les déclarations visées à l'article 31 du Règlement.
C'est comme ça que ça se passe, en Australie. Le gouvernement a créé un organe parallèle, la Chambre de la Fédération. C'est une très belle salle de réunion pour le comité, et le quorum à atteindre est réduit. Essentiellement, les membres peuvent parler davantage qu'ils ne le pourraient pendant les heures normales des séances de la Chambre. C'est la solution de l'Australie.
C'est une innovation; je veux dire par là qu'il en est question dans le compte rendu officiel des débats. De la même manière que nous pouvons suspendre le temps en regardant l'horloge à une heure donnée, nous pouvons faire en sorte que deux choses qui se déroulent dans des pièces séparées figurent dans le compte rendu comme si elles s'étaient passées dans la même pièce, pour ceux qui d'aventure liraient les comptes rendus. Ce n'est pas, pour la plupart d'entre nous, je crois, la façon préférée d'interagir avec les parlementaires ou de prendre connaissance de leurs déclarations; nous utilisons davantage les médias électroniques, nous les suivons sur Facebook ou sur Twitter, pendant qu'ils font leur petite allocution devant la Chambre, peu importe.
Si nous devions examiner ce modèle pour arriver à le comprendre, il faudrait quand même un peu de temps. Ce sujet à lui seul exigerait un grand nombre de réunions avant que nous sachions ce que nous voulons. Il nous faudrait ensuite rédiger le texte proprement dit. Ensuite, il nous faudrait revoir cette ébauche. Cela ne se fait pas en un clin d'oeil. Juste cela, ça prendrait beaucoup de temps.
On dit ici que les leaders de la Chambre pourraient négocier. Cela veut dire que la réunion informelle des leaders de la Chambre, qui a lieu tous les mardis... Elles ont lieu immédiatement après la période de questions. Les leaders de la Chambre se réunissent à huis clos, et ces réunions sont purement informelles. Ils n'ont aucun pouvoir officiel; ils ont toutefois un pouvoir conventionnel, puisque chaque personne présente s'attend à ce que toutes les personnes présentes à la réunion s'abstiennent d'en révéler la teneur, et ce principe est rigoureusement respecté. Il n'est arrivé qu'une seule fois, à ma connaissance, que quelqu'un ait divulgué une partie de ce qui s'était passé pendant une de ces réunions, pendant la décennie où je faisais office de leader parlementaire adjoint. Cela montre bien à quel point ce principe est pris au sérieux; il est mieux respecté que dans la plupart des autres caucus. Il faut reconnaître que les participants sont moins nombreux à ces réunions, mais c'est quand même assez impressionnant. Donc, ce principe est pris au sérieux. Il n'existe pas de règle officielle. Vous ne serez pas accusé d'outrage au Parlement si vous parlez de ce qui s'est passé pendant une réunion des leaders parlementaires.
J'imagine que ce processus informel sera officialisé. Cela suppose un assez lourd travail de rédaction des nouveaux règlements, si c'est ce que nous voulons faire, puisqu'il s'agit de changer non pas des conventions, mais les articles du Règlement. Cela veut dire que vous ne pouvez pas vous appuyer sur des conventions. Nous avons intégré des conventions dans notre Constitution, par exemple quand nous parlons dans le préambule des provinces canadiennes, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, qui désiraient une Constitution similaire en principe à celle du Royaume-Uni. En bref, cela veut dire que nous nous appuyons sur la convention du Royaume-Uni relative à la responsabilité du gouvernement, que nous voulons l'importer au Canada. C'est ce que ça veut dire.
Ces réunions informelles sont purement conventionnelles, et nous essayons de trouver un terrain d'entente. Parfois, nous n'y arrivons pas, et le gouvernement se contente de déclarer qu'il prendra une décision sur un sujet ou un autre. Mais il posera également une question: « Vous opposez-vous à la motion que nous proposons ou au projet de loi que nous souhaitons », peu importe, « parce que c'est une question essentielle et que vous êtes prêt à vous battre bec et ongles? Est-ce que vous vous y opposez parce que, dans votre parti, il y a un petit groupe de personnes pour qui cette question... » et la question importe peu, qu'il s'agisse de la garde d'enfants ou d'armes à feu, peu importe leur... Je n'irai pas jusqu'à dire leur dada, ce serait plutôt réducteur, mais leur intérêt particulier?
Ensuite, vous devez leur donner l'occasion de s'exprimer et vous assurer que leur déclaration figure au compte rendu. Combien de temps pouvez-vous leur donner? C'est de cette façon que le temps de parole est attribué, normalement, et cela fonctionne plus ou moins bien; cela dépend de la personnalité des personnes concernées, mais, dans l'ensemble, cela fonctionne.
Donc, nous parlerions de la façon de changer et d'officialiser cela. Ce n'est pas en soi une mauvaise idée, mais ce n'est pas non plus en soi une bonne idée — en fait, je ne le sais pas —, mais cette tâche à elle seule exigerait tout le temps dont nous disposons entre aujourd'hui et le mois de juin, si nous décidons de privilégier cette avenue-là. Je ne suis pas certain que nous en arriverions à un consensus, même si c'est possible, puisque l'on peut envisager de réaliser le processus d'un bout à l'autre sans retirer ses pouvoirs à l'opposition pour les confier au gouvernement. C'est une possibilité, mais, encore une fois, bonté divine, cela prendrait tout le temps dont nous disposons, et il y a tant d'autres dossiers à traiter. Ce sujet relève de la rubrique « Attribution du temps », c'est-à-dire une rubrique du second des trois thèmes, « Gestion du débat ».
Il me semble que le moment serait bien choisi, monsieur le président, pour illustrer un autre élément que nous pourrions éliminer grâce à mon amendement. À la page 8 de son document de travail, la leader du gouvernement parle des projets de loi omnibus; cet extrait suscite à mon avis une certaine ironie, mais il a aussi quelque mérite.
Le gouvernement s’est engagé à mettre fin au recours inapproprié à des lois omnibus. Un projet de loi omnibus désigne tout projet de loi qui renferme des éléments distincts et sans rapport les uns avec les autres. Les députés sont alors contraints de voter pour ou contre un projet de loi contenant des éléments qu’ils appuient et d’autres auxquels ils s’opposent. Le seul recours des députés a été de chercher, au moment de l’étude en comité, à séparer les éléments des projets de loi omnibus, mais il est rare que leurs motions aboutissent à un vote ou fassent l’objet d’un consentement unanime.
Je m'arrête avant de passer au paragraphe suivant pour souligner qu'il est rare que les motions aboutissent à un vote ou fassent l'objet d'un consentement unanime; cela veut dire qu'elles le sont parfois, et il n'est pas inutile de le préciser.
La raison tient au fait, si vous y pensez, que certains dossiers deviennent controversés. Grâce à des outils comme les délais et la possibilité d'alerter le public, le gouvernement comprend que l'opposition est en voie de réussir; alors il dit qu'il met un peu d'eau dans son vin. Il n'a pas à mettre sa crédibilité en jeu sur ce dossier. Oui, nous avons un gouvernement. Oui, c'est lui qui a le pouvoir. Oui, s'il s'agit d'un gouvernement majoritaire, il tient les rênes du pouvoir. Cependant, si une élection est prévue, il peut lui coûter cher de s'opposer à des changements raisonnables, et c'est pourquoi, parfois, les projets de loi sont divisés.
Cela arrive. C'est arrivé au cours de la législature précédente. C'est arrivé pendant d'autres législatures, avant cela. Ça n'arrive pas tout le temps, mais la raison en est sûrement que tous les projets de loi ne sont pas des projets de loi omnibus. Personne ne le conteste. Certains disent que quelques projets de loi sont des projets de loi omnibus. Ils font valoir en particulier que les projets de loi d'exécution du budget sont des projets de loi omnibus et qu'ils contiennent toutes sortes de choses qui ne devraient pas se retrouver dans un budget. Mais cela n'arrive pas toujours. Nous ne pouvons pas le dire. Si le prochain budget contient des dispositions omnibus, au moment même où nous débattons de cette question, ce sera un peu ironique, mais nous l'ignorons.
Quoi qu'il en soit, poursuivons:
Puisque le greffier de la Chambre a le pouvoir, en vertu de l’article 39(2) du Règlement, de séparer les questions écrites, on pourrait utiliser une approche analogue pour que le Président de la Chambre ait le pouvoir de séparer des éléments d’un projet de loi omnibus. Le pouvoir du Président pourrait être prescrit en fonction de critères définissant et établissant « le thème unificateur » du projet de loi. Suivant cette approche, les projets de loi séparés pourraient être débattus ensemble en deuxième lecture, à l’étape du rapport et au moment de la troisième lecture, mais ils seraient mis aux voix séparément à chaque étape. De plus, les projets de loi séparés pourraient être confiés à des comités différents si le sujet le justifie.
C'est une suggestion intéressante. Je ne sais pas si l'idée est bonne ou mauvaise ou si elle établit un précédent; tout ce que je veux dire, pour les fins de la discussion, c'est que c'est ainsi que procède le Parlement de l'Inde ou d'une autre administration du Commonwealth. Donc, est-ce que cela a bien fonctionné pour eux, selon ces exemples?
Je crois qu'il est légitime pour nous de vouloir en savoir plus sur cette façon de faire prise isolément. Je crois qu'il serait difficile de faire le travail avant le 20 juin, même de façon isolée. Ce n'est pas inconcevable. Mais c'est, permettez-moi de le dire, une approche extrêmement bien réfléchie, plus que certaines autres. Encore une fois, cela met en relief ce que j'essaie de dire en parlant des problèmes liés au fait de traiter tous les dossiers en même temps. Il me faut supposer que cette pensée n'est pas arrivée de nulle part dans la tête de la leader parlementaire. Elle vient bien de quelque part.
Un député: Absolument.
M. Scott Reid: Oui. Tout vient de quelque part. Il arrive à l'occasion qu'une idée venue de nulle part se présente, pour la toute première fois, mais je soupçonne que ce n'est pas le cas ici. Je soupçonne qu'il y a déjà eu un précédent quelque part. Je ne fais que le supposer. S'il y avait une note de bas de page, nous pourrions avoir une idée de son origine, il y aurait le nom d'un auteur faisant autorité, mais nous n'avons rien de cela. Alors comment allons-nous faire pour le savoir?
J'imagine que si c'était moi qui y avais pensé, j'aurais posé la question à la leader du gouvernement à la Chambre des communes dimanche, quand nous nous sommes croisés à l'Aéroport Pearson. Nous avons eu une brève discussion. Elle attendait son vol et elle devait donc en même temps se dépêcher de se présenter au comptoir pour obtenir sa carte d'embarquement. Nous avons eu une belle discussion. En passant, le caucus libéral aurait pu tenir sa réunion dans l'avion. C'était extraordinaire. Quoi qu'il en soit, il y avait beaucoup de gens dans l'avion, dont la leader. J'aurais pu lui demander, à ce moment-là: « Au fait, d'où as-tu tiré cette idée-là? » Mais je n'y ai pas pensé. Et maintenant, il m'est absolument impossible de lui poser la question puisque, en tant que membre du Comité, je vais garder la parole le plus longtemps possible pour faire en sorte que quelque chose ne passe pas, ce qui pourrait entraîner un désastre, je crois, étant donné la façon dont la Chambre des communes fonctionne. Je ne peux pas aller lui demander d'où elle a tiré cette idée.
Mais nous pourrions examiner cet exemple, nous demander d'où il vient et s'il fonctionne là où il est utilisé. Comment est-ce que cela fonctionne? Est-ce que c'est bon? Peut-on dire que c'est une réussite ou pas? Cette manière de faire a peut-être des aspects positifs. Elle peut avoir des aspects qui semblent positifs à première vue, mais qui ne le sont plus autant si on y regarde d'un peu plus près. Cela arrive souvent.
C'est ce que j'ai pensé quand j'ai examiné la Chambre de la Fédération de l'Australie. C'est dans cette salle que se déroulent les débats parallèles. Cela avait l'air beau, au début, mais ce l'était moins après un examen plus poussé.... du moins, c'était mon impression.
C'est peut-être brillant; ce ne l'est peut-être pas. Je me pose la question. Le Président, bien sûr, doit être indépendant. Mais cette indépendance est essentiellement une façon pour lui de se distancier de plus en plus du programme des partis, à mesure que le temps passe, et un nouveau Président a moins d'influence qu'un Président en fonction depuis plusieurs années. Cela s'applique à tous les présidents, peu importe quelle influence personnelle ils peuvent avoir. C'est vrai pour le Président actuel; c'était vrai de son prédécesseur, Andrew Scheer. Et c'est également vrai pour Peter Milliken, qui avait toutes les qualités requises pour devenir Président, mais qui s'est néanmoins épanoui dans ce poste au fil du temps.
Nous voyons ici que c'est le contraire qui commence à se passer. Le Président est censé définir le thème unificateur du projet de loi. Il existe peut-être déjà des ouvrages d'universitaires dont il pourrait tirer un thème unificateur. Il n'en existe peut-être pas. En fait, je l'ignore. Mais vous remarquerez que lorsque le Président est amené à prendre une décision, par exemple, en cas d'égalité des votes, il sort presque par magie de quelque part un document dont il fait la lecture et qui dit — je paraphrase — attendu que le principe sous-jacent du Parlement, c'est la poursuite du débat, lorsque nous sommes en seconde lecture et que, si je vote contre, j'empêcherais la tenue du débat, empêchant dans la foulée qu'une majorité de membres de la Chambre fasse pencher la balance d'un côté ou d'un autre, par conséquent, je vote en faveur. Par contre, nous sommes en troisième lecture, et si je votais en faveur de cette motion, celle-ci ne serait plus du ressort de la Chambre, et le débat serait clos; c'est pourquoi je vote contre.
Il rompt l'égalité des votes, mais il le fait sans s'écarter du tout des précédents. Son pouvoir tient uniquement au bon vouloir de la Chambre. Je ne sais plus trop si vous vouliez...
:
J'essayais de faire un lien entre toutes les choses qui se passent ici. Le Président doit diviser les projets de loi omnibus.
Je me souviens maintenant de ce que je voulais dire.
J'essaie, en faisant un parallèle avec la modification que j'avais proposée, d'expliquer que cela prend beaucoup de temps. J'avais pensé que nous devrions procéder ainsi pour élire le Président. Ce n'était pas principalement pour épargner le temps que l'on consacre à l'élection du Président, en fait. Je pensais que nous étions plus susceptibles d'élire un candidat qui fait l'unanimité, quelqu'un du centre, avec un système préférentiel. Pour la raison même qui fait que cela ne fonctionne pas dans une élection fédérale — puisque ce serait toujours le représentant du centre, c'est-à-dire du Parti libéral, qui serait élu —, c'est la même chose qui se passe ici. On élit une personne que tous les partis considèrent comme acceptable. C'est la beauté de la chose.
Je devais présenter mon idée, et il me fallait un concept. J'ai même envoyé une note de service au premier ministre pour lui dire que je n'aurais aucune raison de poursuivre s'il n'était pas prêt à appuyer mon idée, alors je lui présentais cette idée en lui demandant ce qu'il en pensait. J'ai remis mon document au chef de Cabinet, Ray Novak, et il s'est rendu jusqu'au premier ministre, qui a fini par le lire et qui m'en a ensuite parlé. J'ai repris mon document et j'ai commencé la rédaction.
Le texte tenait au départ en un paragraphe, aussi long que celui ayant trait au Président et aux projets de loi omnibus, le paragraphe que j'ai décortiqué, et j'en ai fait au bout du compte un article du Règlement. Il est maintenant intégré au Règlement, vous pouvez le consulter, vous le verrez. Il s'étend sur environ une page et dresse la liste de toutes les choses dont nous devons nous occuper. Il traite des multiples tours de scrutin. Il ne faut pas supprimer du Règlement les dispositions qui visent à rappeler aux gens qu'ils doivent faire effacer leur nom du bulletin de vote — nous sommes tous candidats, nous devons faire effacer notre nom —, donc il en traite aussi.
Tout ce processus de rédaction m'a pris environ un mois. Honnêtement, j'ai bien failli ne pas pouvoir respecter le délai parce que toutes sortes d'imprévus se sont dressés sur mon chemin; cela semblait être théoriquement un changement très simple, et, sur papier, au bout du compte, il semblait que c'était le cas dans une certaine mesure. Mais il n'y avait rien de simple là-dedans. Le changement a été soumis à un comité, à notre Comité. Je m'étais retiré du Comité pendant la discussion. J'y ai assisté en tant que témoin, pour présenter ce qui me semblait être une bonne idée.
Le Comité a présenté son rapport. Il est intéressant de souligner qu'il s'agissait, je crois, de la toute première fois que cela se passait ainsi... Notre Comité s'en est occupé parce qu'il s'agissait de modifier le Règlement. C'est ici que sont traitées les modifications du Règlement. La proposition peut bien être présentée par un député, elle doit être soumise à notre Comité. S'il s'était agi d'un projet de loi d'initiative parlementaire, il aurait été soumis à un autre comité. Mais il a été soumis à notre Comité, qui a fait quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant, à ma connaissance, c'est-à-dire qu'il a déclaré qu'il n'était ni pour, ni contre; il s'est contenté d'entendre mon témoignage. Je ne me souviens pas si le rapport contenait d'autres commentaires, mais il n'approuvait ni ne rejetait ma proposition.
Elle a été ensuite soumise à la Chambre, et il nous a fallu passer au vote la dernière semaine de séances, je crois. Je voulais que chacun des membres de mon parti se prononce pour ma proposition. Ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. Un nombre important — 25 ou 26, je crois — n'a pas appuyé ma proposition, ce qui signifie que nous n'avons pas eu une majorité suffisante pour l'amener plus loin sans le soutien des autres partis, même si de nombreux membres du NPD l'avaient appuyée. Je ne me souviens plus du nombre exact, mais ce n'était pas tous les membres du parti. Ils ont pu voter librement. Je crois que c'est la seule fois où ils ont pu voter tout à fait librement, pendant cette législature. C'est ce que je crois, je ne suis pas certain. J'ai aussi obtenu le soutien de la plupart des députés libéraux, pas de tous. Mauril Bélanger, quelqu'un que je respecte énormément, avait voté contre. Le regretté Mauril Bélanger, comme vous le savez, a été un candidat potentiel au poste de Président, et il a toujours eu des idées qui lui étaient propres, des idées singulières si vous voulez, mais ces idées étaient réfléchies et intelligentes, tout comme lui. Il avait voté contre ma proposition, mais les autres libéraux avaient voté pour celle-ci. Elle a obtenu une certaine forme de soutien de tous les partis.
Je voulais faire comprendre une chose, à l'aide de cet exemple, mais je me rends compte que j'en ai en fait expliqué une autre.
Mon point principal, ce que je veux faire comprendre, c'est le temps qu'il faut pour faire une chose qui semble toute simple, par exemple changer la façon dont sont organisées les élections du Président. Ce n'est pas un processus rapide. Le Comité a pris part à ce processus, et cette partie du travail ne s'est pas faite rapidement. La partie consistant à rédiger, ce que j'ai fait dans ce cas-ci entièrement seul — un travail qui s'est entièrement déroulé à l'extérieur du Parlement, auquel aucun autre parlementaire n'a pris part — ne s'est pas faite rapidement. Les choses ne vont pas plus vite quand on ajoute des chefs dans une cuisine, tout le monde sait ça. J'aurais eu de la difficulté à faire cette simple chose, étant donné le délai.
Mon deuxième point, toujours dans la même veine, concerne de nouveau le thème de l'unanimité. Cet amendement n'a pas obtenu le soutien unanime de la Chambre. Au bout du compte, tous les partis ont offert leur soutien.
En théorie, le gouvernement aurait pu emprunter la même approche que le gouvernement actuel semble vouloir emprunter, c'est-à-dire qu'il déclare qu'il fera des changements, qu'il s'appuiera sur sa majorité pour forcer les changements et qu'il imposera des délais serrés. Nous allons soumettre des changements à la Chambre, et les députés devront voter conformément à la ligne du parti. Ça aurait pu se passer ainsi cette fois-ci, mais ça s'est passé autrement.
Je crois qu'il peut être utile que des députés présentent à titre personnel des points qui ne font pas nécessairement l'objet d'un consensus, mais qui recueillent le soutien de la majorité des députés, tous partis confondus, et qu'ils les soumettent à la Chambre des communes. Comme je l'ai dit, j'ai déjà fait ça moi-même. C'est une approche bien différente de l'approche utilisée aujourd'hui. L'amendement que je propose nous ramènerait à une situation où c'est ce qui prévaudrait. C'est pour cette raison que je présente cette motion.
Quant à la notion selon laquelle on peut en arriver à toute vitesse à une conclusion, parlons donc du vote électronique. L'électricité n'est pas quelque chose de nouveau. Le vote électronique, en théorie du moins, n'est pas un concept neuf. On en parle, à la Chambre des communes du Canada, du moins, depuis au moins le milieu des années 1980. Il y a une trentaine d'années à peu près, le Comité McGrath a recommandé que l'on passe au vote électronique. La cite le rapport de ce Comité dans son document de travail. Le Comité avait recommandé le vote électronique. Le Comité spécial sur la modernisation et l'amélioration de la procédure à la Chambre des communes avait fait des recommandations semblables, en 2003. Je ne sais pas si les recommandations étaient semblables, mais on ne s'est pas empressé de les mettre en oeuvre. Nous serions peut-être avisés, et même très avisés, de faire en sorte que le vote électronique soit possible, mais, encore une fois, nous ne devrions pas nous précipiter pour tirer une conclusion à cet égard. En fait, si vous lisez bien, vous voyez que l'on ne propose pas ici une forme de vote électronique plutôt qu'une autre, on discute des différents types de vote électronique, et ils sont nombreux. Je ne vois pas comment on pourrait faire notre choix en peu de temps.
En l'occurrence, la ministre mentionne un certain nombre de sources, ce qui est plus utile qu'une discussion sur la division des projets de loi omnibus. Voici ce qu'elle dit: « La Chambre des représentants des États-Unis a mis sur pied un système de vote électronique, de même que le parlement écossais et l'assemblée du pays de Galles. » Je ne sais pas comment cela se passe en Écosse et dans le pays de Galles, mais les membres de la Chambre des représentants, aux États-Unis n'ont même pas besoin d'être présents. Il est évident qu'elle envisage cela comme une possibilité, du moins, puisqu'elle affirme aussi: « Les sonneries qui retentissent et le vote par appel nominal prennent beaucoup de temps. »
Plutôt que d'enregistrer les résultats du vote par appel nominal, il suffira de presser un bouton, sur son bureau, et on pourra passer au vote suivant. Pourtant, les sonneries, c'est pour nous convoquer à la Chambre. C'est comme si l'on supposait que nous pourrions passer au vote sans que les sonneries n'aient retenti, sans consacrer 15 minutes les lundis... Excusez-moi, je ne sais plus si c'est 15 minutes les lundis et 30 minutes les autres jours de la semaine ou l'inverse. Quoi qu'il en soit, cette période n'est plus nécessaire. C'est comme si l'on pensait qu'il serait possible de voter d'à peu près n'importe où.
Mais, n'importe où, ça va jusqu'où? Faudrait-il une carte électronique, comme aux États-Unis, une petite carte d'identification que l'on insère et qui enregistre le vote?
Il y a plusieurs façons d'organiser un vote électronique. Il faut tout simplement installer un bouton sur les bureaux, qui est branché séparément, comme sur les tableaux d'affichage. En fait, la technologie dont vous avez besoin est vieille s'un siècle, littéralement. On aurait pu faire cela en 1917 aussi bien qu'en 2017. Je ne suis même pas sûr qu'il faut une composante électronique; ce serait peut-être possible de le faire avec un système de cloches. Mon petit cerveau... travaille à toute vitesse. Dans l'émission Downton Abbey, les gens tirent sur un cordon qui fait sonner une cloche, et on sait de quelle pièce le cordon a été tiré. Ce n'est pas tellement différent, mais il faut pour cela supposer que vous êtes assis à votre place.
Il faudrait en fait tenir un débat sur ce que signifie exactement le vote électronique. La ministre laisse à tout le moins entendre qu'elle est d'accord avec nos deux systèmes. En fait, je n'ai pas d'opinion, parce que je n'ai pas lu les rapports et que j'ignore si le Comité McGrath, en 1985, préférait le vote électronique où votre présence n'est pas nécessaire ou le vote électronique qui se fait à partir de sa place.
Quant au Comité spécial de 2003, encore une fois, je ne sais pas. En fait, son rapport est accessible en ligne, et mon adjoint législatif, le très polyvalent et compétent Dennis Laurie, a préparé un document qui contient des liens vers ce rapport, mais je n'ai pas eu l'occasion de chercher une recommandation en particulier — il y a en tout six rapports — pour l'étudier.
Mais voilà, il y a plus d'une façon de faire ça. Le vote électronique, ce n'est pas nécessairement une mauvaise idée, et la a d'ailleurs dit: « Le déménagement de la Chambre à l'édifice de l'Ouest en 2018 et les rénovations de l'édifice du Centre offrent une excellente occasion de mettre en oeuvre un système de vote électronique dans le cadre d'un projet pilote. » Elle a raison. Je suis d'accord avec elle.
Voici une question, à titre d'exemple. Étant donné les contraintes de temps, étant donné le délai qui nous sépare du 2 juin — en fait, la date butoir c'est quelque part en mai, avant le 2 juin —, comment allons-nous décider s'il nous faut nous dépêcher pour que cela se fasse? Peut-être que, en ce moment même, on va bientôt installer les bureaux et mettre en place les appareils qui serviront au vote électronique et peut-être que cela dépend de ce que nous disons, peut-être qu'il faut nous dépêcher, mais peut-être pas non plus. Peut-être que si nous disposons d'une année de plus, nous pourrons nous en occuper. Je n'en ai aucune idée.
Faudrait-il traiter ce sujet en accéléré? Je soupçonne que, parmi tous les sujets, c'en est un qui ne devrait pas donner lieu à beaucoup de dissension. C'est un sujet qui, on le voit bien, a donné lieu à un consensus, dans le passé. Cela s'est passé ainsi en 2003, au sein du Comité formé de membres de tous les partis, qui avait déposé des recommandations ayant toutes fait l'unanimité.
Peu importe l'enthousiasme de mon collègue, M. Christopherson, qui aime bien faire le tour de la Chambre pour rencontrer d'autres membres, pendant l'élection du Président, je crois qu'il sera d'accord avec moi pour dire que les séances de vote qui durent toute la nuit — quand nous traitons de tous les amendements à un texte de loi les uns après les autres, comme nous l'avons fait pour la loi de retour au travail en juin 2011 —, ce n'est pas vraiment un très bon moment pour placoter avec les autres. Vous êtes obligé de rester à votre place. On pourrait de cette façon réduire le temps passé là.
D'ailleurs, il se trouve que cette façon de faire est conforme au programme du gouvernement, qui désire accélérer les choses en privant l'opposition des outils qui pourraient lui servir à les ralentir. Quoi qu'il en soit, cela pourrait quand même être fait d'une manière que tous les partis jugeront raisonnable et qu'ils seraient prêts à appuyer. C'est significatif. Nous y voilà. Nous avons là un sujet sur lequel nous pourrions tous nous entendre, et nous cherchons plutôt par tous les moyens d'éviter d'en arriver à une entente.
Je parcours le rapport de la leader et j'y vois d'autres aspects problématiques. J'en suis maintenant à la période de questions. Il me semble qu'il est approprié d'en parler puisque nous allons justement passer à la période de questions, et je prévois que les séances de notre Comité feront l'objet des questions. Je crois pouvoir le dire sans me tromper.
Après un peu de rhétorique, on arrive au vif du sujet de la proposition du gouvernement. Voici un extrait du document de travail:
La période de questions est le moment où le gouvernement rend compte de ses politiques et de la conduite des ministres. Le gouvernement s’est engagé à transformer la période de questions de façon à ce que tous les ministres, y compris le premier ministre, aient davantage des comptes à rendre.
C'est uniquement de la rhétorique, jusqu'ici:
Il serait possible, comme en Grande-Bretagne, de réserver du temps aux questions s’adressant au premier ministre. On pourrait aussi allonger la période consacrée aux questions et aux réponses.
Il s'agit là de deux sujets distincts. Le temps alloué pour les questions au premier ministre et la durée totale de la période de questions et réponses, ce sont deux sujets distincts.
On passe ensuite aux questions écrites. J'aimerais m'arrêter sur ce sujet un instant pour parler de la période consacrée aux questions et aux réponses.
Avant, pendant le débat sur une motion d'ajournement, les questions et les réponses restaient brèves. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, la question durait quatre minutes, et la réponse durait quatre minutes, à la fin de la procédure d'ajournement, s'il s'agissait d'un dossier au sujet duquel un député avait dit ne pas avoir reçu de réponse pertinente. On supposait que la raison d'être de ces procédures d'ajournement, c'était justement de prévoir plus de temps pour régler les dossiers pour lesquels il n'était pas possible de répondre de manière convenable en 35 secondes; on pouvait à ce moment-là le faire en quatre minutes.
Mais que s'est-il passé?
Les choses en étaient là lorsque je suis arrivé, en 2000. Un député prenait la parole, prononçait un petit discours sur les défauts de la politique du gouvernement et, probablement aussi, sur les manoeuvres d'évitement du gouvernement. Ensuite, c'était non pas le ministre, mais le secrétaire parlementaire qui se levait pour lire une réponse préparée d'avance.
Vous êtes un ancien secrétaire parlementaire, monsieur le président; vous savez donc comment cela fonctionne. Ce n'est pas vous qui élaborez les politiques, en réalité. Vous êtes chargé de les lire. Vous ne pouvez pas le faire à la hâte — ce ne serait pas une pratique prudente pour un ministre, non plus — et vous ne pouvez pas non plus vraiment dire « le gouvernement », parce que vous n'êtes pas membre du Cabinet. Tout ce que vous pouvez dire, c'est: « Voici la réponse que l'on a préparée pour moi. »
Je me souviens m'être levé un jour, dans ce temps-là, pour poser une question à Larry McCormick. C'était un type formidable, un député libéral qui provenait d'une circonscription à l'ouest de la mienne; mais nos circonscriptions ont été fusionnées, et j'ai dû faire campagne contre lui. Je lui posais une question et, au fil des quatre minutes, je suis passé du sujet premier, bien précis, à autre chose. Voici ce qu'il m'a répondu: « Je m'étais préparé à répondre à la question que je pensais que M. Reid allait poser, étant donné la question qu'il avait posée à la Chambre, mais je me retrouve dans l'impossibilité de répondre puisque je n'ai pas de notes à ce sujet, je n'ai que les réponses qui m'ont été remises. »
J'ai trouvé que sa réponse était honnête et tout à fait charmante. « Ce n'est pas moi, le ministre. Je ne peux pas inventer une réponse. J'aurais aimé qu'il m'en parle. »
Voici ce que nous pourrions faire pour adapter et améliorer le processus. À cette époque-là, que je présente peut-être comme si c'était un âge d'or, alors que ce n'est pas mon intention, sous le gouvernement Chrétien, le Comité spécial, qui avait préparé son rapport sur les changements du Règlement, avait dit que nous devions changer la formule des questions posées pendant un débat sur une motion d'ajournement. Le Comité proposait d'ajouter aux quatre minutes de la question et aux quatre minutes de la réponse une minute que le député pourrait utiliser pour formuler une réplique ou des commentaires supplémentaires et une minute de plus qui serait utilisée par le secrétaire parlementaire; ainsi, il y avait une certaine liberté. Ce n'est pas tout à fait aussi long que les quatre minutes réservées aux questions proprement dites, mais cela vous permet de vous lever pour dire par exemple: « vous avez oublié cet aspect de ma question. ».
Le secrétaire parlementaire, même s'il n'avait pas plus qu'avant la liberté de dire: « Voici comment, grâce à mon pouvoir discrétionnaire, je vais en traiter », pouvait dire « D'accord, je vais en traiter ». D'une certaine manière, la discussion était un peu plus libre. Je ne veux pas dire par là que c'était une utopie. Ce qui se dit pendant le débat sur une motion d'ajournement, c'est, en grande partie prévisible, mais c'est quand même mieux qu'avant.
J'ai eu le grand honneur de poser la toute première question sous le régime de la nouvelle règle. Cette règle avait été adoptée exceptionnellement après l'obtention d'un consensus de la part de tous les partis siégeant à ce Comité. Ils ont une possibilité de continuer durant le temps qui leur est alloué. Ce n'est pas une panacée, et il n'y a pas de façon unique de le faire. On pourrait modifier la période. Ce n'est qu'une durée. Je conviens qu'il serait très problématique que de raccourcir les périodes. Peut-être que, si on les rallongeait...
Je me souviens d'une expérience qui est pertinente. J'ai déjà vécu en Australie, comme, je le pense, vous êtes peut-être nombreux à le savoir. À une occasion, dans les années 1990, je me rendais en voiture de Sydney vers un endroit situé dans les hautes terres de la Nouvelle-Angleterre. Une partie de la Nouvelle-Galles du Sud s'appelle la Nouvelle-Angleterre. Une université — la University of New England — s'y trouve. Ce détail était très mêlant. Pour de nombreuses personnes, quand on pense à la Nouvelle-Angleterre, on s'imagine la région du Nord-Est des États-Unis, mais il y a une Nouvelle-Angleterre en Australie.
Quoi qu'il en soit, je m'y rendais dans le but de parcourir les archives de l'université afin de chercher de l'information au sujet du mouvement séparatiste de la Nouvelle-Angleterre. Dans les années 1960, il y avait eu un mouvement pour que la Nouvelle-Angleterre se sépare du reste de l'État de la Nouvelle-Galles du Sud et devienne un État distinct de l'Australie. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud avait tenu un référendum afin de faciliter la prise de cette décision, mais, en fin de compte, le référendum a échoué, en grande partie à cause de l'inclusion de la ville de Newcastle, sur la côte. Il s'agissait en réalité d'une rébellion rurale, à l'intérieur des terres, contre le gouvernement d'État, qui priorisait les milieux urbains.
Quoi qu'il en soit, j'étais en route afin d'effectuer des recherches dans les archives. Les documents du mouvement séparatiste de la Nouvelle-Angleterre avaient été classés dans les archives de l'université, alors je m'y suis rendu afin d'y jeter un coup d'oeil. Il fallait passer par un escarpement abrupt au sommet duquel se trouvait une grande plaine. Pendant que je montais la pente, le nombre de stations de radio que j'avais la possibilité de recevoir dans ma voiture a diminué, au point où la seule station que je pouvais recevoir était celle qui diffusait en direct les débats du Sénat australien.
Il s'agissait de la période de questions au Sénat australien, dans le cadre de laquelle — si je me souviens bien — les sénateurs disposent de deux minutes pour poser des questions, et les témoins, de deux minutes pour y répondre. On pourrait croire que cette limite donnerait lieu à des questions et à des réponses plus approfondies. J'ai le regret d'affirmer que, durant la série de questions particulière que j'ai entendue — qui portait sur la politique australienne en matière de ressources naturelles, sujet qui sort complètement de mon domaine d'expertise, et, par conséquent, je ne suis pas du tout bien placé pour dire qui avait raison et qui avait tort —, un ministre répondant à une question a commencé sa réponse en lançant « Vous êtes pathétique » — en Australie, il n'y a manifestement aucune règle au sujet de la façon de s'adresser au Président.
La période de questions et de réponses de deux minutes ne s'était pas automatiquement traduite — tout bien considéré — par un plus grand respect du décorum — j'ai le regret de le dire —, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de mérite à en discuter. Cela signifie que nous voulons étudier des exemples comme les Australiens, les Néo-Zélandais, les Britanniques, et ainsi de suite, au sujet des questions. Peut-être que la durée des questions devrait être différente de celle des questions complémentaires. Cela semble être une possibilité raisonnable. C'en est une qui est intégrée dans les questions du débat d'ajournement, où une série de questions rapides d'une minute suit celle des questions et réponses fixées à quatre minutes chacune.
Une autre possibilité... Celle-ci provient d'un autre voyage, effectué avec le Comité. En 2005, nous nous sommes rendus en Australie ainsi qu'en Nouvelle-Zélande. Nous examinions la réforme électorale, à l'époque. Nous nous sommes rendus dans ces deux pays et avons eu l'occasion d'assister à une période de questions à la Chambre des représentants de la Nouvelle-Zélande. Nous nous sommes assis dans la galerie réservée aux visiteurs, et nous avons été présentés exactement comme les visiteurs nous sont présentés dans notre Chambre. Nous nous sommes levés et avons été applaudis. C'était très bien.
Nous avons eu l'occasion de regarder la période de questions des Néo-Zélandais, et ils ont établi un système très intéressant dans lequel on tient une loterie afin de déterminer les sujets qui feront l'objet d'un débat durant la période de questions. La loterie détermine quel sujet sera abordé en premier. Durant la première série de questions... Comme leur système est plurinominal à représentation proportionnelle, ils ont un plus grand nombre de partis que nous. Ils ont peut-être cinq ou six partis reconnus. Je ne m'en souviens pas, et il s'agit d'informations historiques. C'est un certain chiffre plus élevé que le nombre de partis que nous avions en 2005. Ils ont un nombre de circonscriptions différent, et, comme dans notre cas, le nombre de questions est réparti différemment en fonction de chaque parti.
Il y a l'équivalent de notre série de questions du leader parlementaire, où un plus grand nombre de questions est accordé au parti de l'opposition officielle, puis un plus petit nombre au prochain parti de l'opposition, et, ensuite, on fait le tour, mais tous les intervenants abordent le même sujet. Ainsi, comme cela a été le cas lorsque nous y étions, si le sujet est la pêche, il n'est pas approprié que je me lève — de fait, je pense qu'on jugerait mon intervention irrecevable si je le faisais — en tant que chef de l'opposition ou député et que je pose une question au sujet de l'agriculture... mais il peut s'agir de quoi que ce soit de pertinent par rapport à la pêche.
Selon moi, c'est réparti en fonction de la responsabilité ministérielle. Je n'en suis pas certain, mais je pense que c'est essentiellement ainsi que cela fonctionne. On tient une première série de questions, une deuxième, une troisième, et ainsi de suite.
Les premiers intervenants sont les membres du premier parti de l'opposition, disons le parti travailliste, puis on passe au parti national, et au suivant, quel qu'il soit, et la durée de la période allouée à chacun diminue. On termine les questions portant sur la pêche, puis on revient pour aborder le prochain sujet, qui pourrait être les ressources naturelles.
D'accord, alors il...
Je remercie mes collègues de leur attention à ce sujet.
Avec votre permission, monsieur le président, je passe maintenant à la question de l'unanimité. La substance de ce qui est proposé, la majeure partie du libellé, c'est le nouvel alinéa e), qui prévoit qu'on doit avoir l'unanimité pour aller de l'avant.
Selon la pratique de la Chambre, on ne va pas de l'avant sans un consentement important. Il y a un débat au sujet de ce qui constitue un consensus. Tout d'abord, il y a la majorité. Si on a la majorité, une quasi-majorité n'est pas un consensus. C'est plus que cela, mais qu'est-ce que c'est? Dans certaines circonstances, quand on doit le quantifier dans la loi, ce peut être deux tiers.
Par exemple, si vous voulez modifier les règles fondamentales de la gouvernance organisationnelle d'une entreprise, vous devez obtenir le consentement des deux tiers — une supermajorité — de chacune des catégories d'actionnaires. Si vous avez des parts privilégiées dans les catégories A à F, vous devez obtenir l'appui des deux tiers des actionnaires de chacune de ces catégories. J'ai une certaine expérience à cet égard, et ce peut être une entreprise chronophage à mettre sur pied. Il y a ce genre de chose.
On peut avoir les trois quarts. On peut avoir un autre chiffre. Dans notre Constitution, nous avons établi la formule 7/50, mais, là où je veux en venir, c'est que le consensus est quelque chose de plus.
Alors, qu'est-ce que c'est? Nous avons proposé l'unanimité, mais je suppose qu'on pourrait faire valoir que l'unanimité, c'est trop. Toutefois, en pratique, dans un cas comme celui-ci, je pense qu'il est raisonnable de s'attendre à ce que nous n'agissions pas en tant qu'agents individuels, séparément de nos collègues du même parti. Nous agissons à titre d'agents de notre parti respectif.
Je suis là en tant que député conservateur. MM. Chan et Simms sont là en tant qu'agents du Parti libéral. M. Christopherson est là en tant qu'agent du Nouveau Parti démocratique. Comme il est le seul, le résultat pratique, c'est que, si nous voulons nous assurer que tous les partis participent, nous devons affirmer que le consentement de tous les membres est requis, d'où la mention de l'unanimité.
J'ai une question au sujet des situations où on va à la Chambre et où on a besoin d'y obtenir l'unanimité. Par exemple, est-ce qu'Elizabeth May pourrait, à elle seule, s'opposer et tout arrêter? Cela ne fait pas partie de la motion. Il s'agit d'une question raisonnable à poser. Je soupçonne que, si vous adoptiez une approche inclusive, elle se rallierait à la majorité, elle aussi. Je pense que les aspects qu'elle trouverait contestables seraient fort probablement aussi considérés comme étant contestables par d'autres membres de l'opposition, s'ils étaient proposés. Même si, selon moi, certains aspects, au bout du compte, lui plairaient — je ne devrais pas parler au nom d'Elizabeth, mais je pense avoir raison de le dire — en tant que changements proactifs, ils pourraient être des éléments qui ne seraient pas acceptables pour le reste de la Chambre. Ils pourraient supposer des privilèges supplémentaires pour des députés qui ne sont pas membres d'un parti reconnu. Durant les audiences sur la réforme électorale, le Bloc québécois a mis l'accent là-dessus. Il n'était pas un parti reconnu, et ses membres estimaient que l'absence d'un budget pour la recherche avait nui à leur capacité d'agir. Ils auraient voulu nous voir changer cette situation. Ils ne voulaient pas apporter de modifications au Règlement; ils voulaient simplement qu'un changement soit apporté.
C'est de bonne guerre. Nous avons l'unanimité, ici. Je pourrais envisager qu'un argument soit formulé selon lequel nous devrions fixer la barre du consensus plus bas, mais — et j'aborde maintenant très précisément l'amendement proposé — l'amendement exige l'unanimité au sein du Comité. Je pense qu'il y a suffisamment de matière et que nous n'aurons aucune difficulté à trouver des modifications du Règlement qui font l'objet d'une approbation unanime. La façon logique de faire, c'est de commencer par dire, comme nous l'avons toujours fait jusqu'à présent: « Quelle est la solution la plus facile? Où voyons-nous la probabilité d'obtenir cette unanimité? Concentrons-nous sur ces éléments; ne nous attardons pas aux autres. »
Avant que je parcoure la liste de ces éléments, que j'en souligne certains et que je les distingue de certains des autres, qui seraient moins susceptibles de faire l'objet d'un consensus, laissez-moi d'abord... j'essaie seulement de penser à ce qui serait le plus logique. Je vais parcourir la liste de ces éléments et en indiquer certains qui, selon moi, pourraient être susceptibles de faire l'objet d'un consensus.
Le document commence par un petit historique, comme c'est habituellement le cas. Il explique la justification de l'utilisation de trois thèmes. Comme je l'ai mentionné, je ne suis pas nécessairement favorable aux trois thèmes, mais nous nous retrouvons soudainement avec comme tout premier élément auxiliaire... Le thème 1, c'est-à-dire « Gestion de la Chambre », comporte six éléments auxiliaires, et le premier de ces éléments est ce qu'on appelle les « séances », terme qui désigne les jours où les députés siègent à la Chambre. Il est énoncé que... En fait, je ne suis pas certain qu'il s'agisse d'un énoncé factuellement exact, pour être honnête, mais voici ce qui est écrit:
Comparativement aux provinces et à la plupart des parlements du monde, le Parlement du Canada est le seul à siéger régulièrement cinq jours par semaine. La plupart des parlements réservent le lundi ou le vendredi à une présence dans la circonscription. Le Royaume-Uni fait exception à la règle puisque son parlement siège 13 ou 14 vendredis sur 36 semaines de séances (c.-à-d., 38 p. 100 des vendredis). En ce qui concerne les provinces, l’assemblée législative de la Nouvelle-Écosse siège parfois cinq jours par semaine. Donc, la Chambre des communes siège pendant plus de jours et d’heures que les assemblées législatives des provinces ou des territoires. Même si la Chambre siège cinq jours par semaine, certaines contraintes de procédure et de temps durant le vendredi font en sorte que ces séances sont moins efficaces que celles des autres jours.
Je ne suis peut-être pas d'accord avec cette affirmation. C'est un jour moins efficace pour faire avancer les dossiers — on ne peut pas faire certaines choses —, mais il est efficace dans ce qu'il fait. Quoi qu'il en soit, retournons au texte.
Tous les votes par appel nominal sur des projets de loi du vendredi sont automatiquement différés, ce qui signifie que dans certains cas, les travaux du vendredi ne peuvent pas reprendre le lundi. En outre, les séances du vendredi ne laissent pas plus de 2,5 heures pour les ordres émanant du gouvernement et les comités ne se réunissent pas.
Selon l'argument formulé, nous ne devrions pas du tout tenir de séance à la Chambre. Ce n'est pas un aspect à l'égard duquel nous sommes susceptibles de parvenir à un consensus. Je suis surpris qu'il y figure encore une fois, car il avait été formulé dans le passé, et il s'était buté à une opposition considérable. Hier, il a été le sujet de départ pour un certain nombre des intervenants de la Chambre des communes, durant la période de questions. Leurs questions étaient: « Les Canadiens travaillent cinq jours par semaine, alors pourquoi ne devrions-nous pas le faire? » Bien entendu, les travaux relatifs aux circonscriptions ont lieu le vendredi et la fin de semaine, et ce sont de réels travaux, mais ceux de la Chambre des communes — nos travaux d'ordre législatif — ne doivent pas être auxiliaires à notre travail de député.
Ce n'est pas avant les années 1950 et 1960 que les députés ont commencé à instaurer les bureaux de circonscription. Avant cela, ils n'en avaient pas. Les gens les élisaient afin qu'ils se rendent à Ottawa pour s'occuper des lois en leur nom. Habituellement, les députés prenaient le train, si on remonte à l'époque d'avant l'avion. Ils se rendaient à Ottawa, restaient pour la session parlementaire, puis revenaient. Si vous étiez assez loin, même une semaine de congé ne vous était pas très utile, à l'époque, quand il fallait plusieurs jours de déplacements ferroviaires pour se rendre jusqu'à la côte Ouest, par exemple. À cette époque, vous ne visitiez tout simplement pas votre circonscription, alors nous avons pris l'habitude. Je ne dirais pas que nous l'avons prise, mais nous avons conservé la tradition britannique des longs congés estivaux et des longs congés à Noël, suivis d'une période de séances comprimée.
Je pense que nous nous éloignons un peu de cette tradition. Le calendrier qui avait été accepté lors de la réunion des leaders de la Chambre tenue l'automne dernier, qui comprend une alternance des périodes de congé et de travaux — donc, notre organisation actuelle d'une semaine de travaux suivie d'une semaine de congé —, est un changement que nous avons tous accepté, peut-être à l'encontre de ce que nous dicte la sagesse, je ne sais pas. Nous avons tous accepté le changement, qui a eu pour effet de nous amener de façon très importante à...
Je formulerai simplement le commentaire évident selon lequel cela n'aurait pas eu lieu au XIXe siècle, ni même durant les trois premiers quarts du XXe siècle, quand il était trop difficile de retourner dans certaines régions.
Prenez l'un de vos prédécesseurs, monsieur le président. Il y avait un Président de la Chambre qui s'appelait, si je ne me trompe pas, George Black, du Yukon. Quand il était député, dans les années 1930 et 1940, il aurait été impossible de retourner assez rapidement au Yukon depuis Ottawa pour que l'on puisse siéger une semaine... l'aller-retour. Ce n'est toujours pas commode pour vous. Je le sais à cause des modifications que vous avez apportées à votre horaire, malgré les grandes améliorations au chapitre des technologies de transport.
Les gens venaient à Ottawa avec cette attente. Maintenant, effectivement, vous pouvez nous voir modifier, peu à peu, le même nombre de semaines de séance. Répartissons-les différemment afin que nous ayons une semaine de séance, une semaine de congé, puis une semaine de séance et une semaine de congé. Ensuite, je pense que c'est deux semaines de travaux, deux semaines de congé, tout au long de la période de février, mars et avril, après quoi nous revenons à la bonne vieille période de quatre semaines de séance, une semaine de congé, quatre semaines de séances. Je pense qu'il s'agit du reste de notre calendrier parlementaire jusqu'à l'été.
La première chose à observer à ce sujet, c'est que cela a été convenu dans le cadre de négociations informelles, ce qui a mené à une suspension ponctuelle, en 2017, des séances qui auraient eu lieu. Nous les avons mises en place. De fait, cette partie du Règlement est conçue pour faire l'objet de révisions constantes afin que nous puissions en tenir compte. Tous les ans, un débat très important a lieu à l'occasion de la réunion des leaders, dans le cadre duquel les allégeances aux partis se rompent et les gens se regroupent par province, en fonction du moment de la semaine de relâche de leurs enfants, quant au moment où se tiendront nos semaines de séances et nos semaines de congé. Ce sont les Ontariens contre les Britanno-Colombiens contre les Québécois contre les Albertains, et tout le monde veut s'assurer d'avoir des vacances au moment où ses enfants seront en congé.
Cela montre la vertu de procéder de façon, premièrement, informelle et, deuxièmement, flexible et de procéder de cette manière à la réunion des leaders de la Chambre de façon à permettre une adaptation d'une année à l'autre et une intégration de cette flexibilité dans les règles. Troisièmement, il y a la vertu de ne pas tenter de procéder de manière omnibus.
Tous ces éléments sont là pour être vus. Ils sont tous pertinents par rapport à la recherche de l'unanimité, car, même si nous ne nous entendons pas tous à l'occasion de ces réunions, nous nous débrouillons pour parvenir à un consensus chaque fois. Je n'ai jamais vu les séances de la Chambre et leur fonctionnement imposés par une majorité, par un parti, ni le gouvernement s'imposer et dire que nous allons procéder ainsi. Nous n'avons jamais eu à le faire. Nous nous sommes toujours débrouillés pour trouver une solution qui fait consensus à l'égard d'une question qui est authentiquement litigieuse et qui suscite de vives émotions.
Ce qui arrive, partiellement, c'est que les leaders de la Chambre se servent des partis comme de leurs organismes de médiation afin de revenir faire appliquer une certaine discipline aux divers caucus. Toutefois, quel que soit le mécanisme, cela fonctionne mieux que de procéder par des changements officiels.
Très bien. Je nous ramène maintenant aux vendredis: les séances du vendredi ne laissent pas beaucoup de temps pour les ordres émanant du gouvernement, et les comités ne se réunissent pas. Il s'agit là de faits absolument véridiques. Cette situation laisse les gens retourner dans leur circonscription. Elle reflète la façon dont nous avons adapté notre comportement afin de permettre aux députés qui viennent de loin d'échanger des jours de service. Il s'agit d'un système informel qui a émergé dans tous les caucus, afin que les députés puissent s'absenter de la Chambre.
Je viens d'un endroit situé près de la région d'Ottawa. Quand il n'y a pas de circulation, il faut une heure pour se rendre ici depuis ma porte d'entrée, à Perth. J'ai l'impression que c'est à un million de kilomètres, mais c'est en fait à une heure de route, quand il n'y a pas de circulation. Quand il y en a, c'est une autre histoire. Je prends régulièrement le vendredi de service d'autres députés. Je siège pour eux le vendredi, et ils siègent pour moi à un autre moment, me libérant, entre autres, de travaux du Comité.
C'est un signe que les choses fonctionnent. C'est présenté comme si ce n'était pas le cas, mais, en fait, ce système fonctionne bien. On obtient deux heures et demie de travaux gouvernementaux un vendredi, c'est-à-dire deux heures et demie de plus que zéro. Des comités peuvent se réunir le vendredi, s'ils choisissent de le faire. Pas plus tard que l'automne dernier, j'ai siégé à un comité qui a fait cela. J'ai également siégé à des endroits inhabituels et à des heures inhabituelles. Le Comité s'est réuni à divers moments, quoique — je l'admets — pas le vendredi. C'est un jour flexible.
Je pourrais parler encore longtemps de l'histoire des fins de semaine. Autrefois, les fins de semaine... Le samedi était considéré comme une demi-journée. Les élèves avaient une demi-journée à l'école le samedi. C'était un demi-congé, qu'on l'appelait. Personne n'avait de fin de semaine de deux jours. Auparavant, on avait le demi-congé. C'était une semaine comptant six jours de travail et une journée du sabbat. Il s'agit là de la façon de faire biblique. Auparavant, dans l'empire romain antique, les semaines étaient de huit jours, et il n'y avait qu'un jour de fin de semaine. C'était vraiment nul.
La suite du document propose des options. Elle énonce ce qui suit:
Une option serait de répartir le temps des séances du vendredi sur d’autres jours de séance, ou une autre, de rendre les séances du vendredi analogues à celles des autres jours. Il faut reconnaître l’importance du travail des députés à la Chambre et dans leur circonscription.
Il est vrai que le travail dans les circonscriptions est important, mais, comme je le dis, il y a 100 ans, les gens comprenaient qu'ils envoyaient leur député à Ottawa afin qu'il vote d'une certaine manière, selon la plateforme du parti auquel il appartenait.
Je veux que les députés représentent leur circonscription, mais pour cela, ils devraient normalement s'assurer... Si ma circonscription comportait beaucoup de producteurs bovins, et celle de M. Simms, beaucoup de gens de l'industrie de la pêche, je devrais m'assurer que je ne sacrifie pas les intérêts — disons, relativement à des négociations commerciales — de nos producteurs bovins au profit des producteurs de poisson. Ses électeurs l'enverraient ici dans la même optique, mais à l'inverse.
Cependant, les gens ne se disaient pas: « J'ai besoin d'un passeport, je vais me rendre au bureau du député afin qu'il m'aide à en obtenir un. » Ils ne disaient pas: « J'ai un problème. Mon chèque du Régime de pensions du Canada n'est pas au bon montant. Je veux que mon député intervienne » ni « Le drapeau de notre club philanthropique s'use. Je vais me procurer un drapeau canadien. »
Nous pouvons faire toutes ces choses, et, même si elles sont importantes, il ne s'agit pas vraiment de notre responsabilité première. J'échange constamment du temps avec des gens qui disent: « Je dois retourner dans ma circonscription pour assister à tel événement. C'est absolument essentiel. » Quand vient le temps d'agir et qu'il s'agit d'un vote important, personne ne s'attend à ce que vous assistiez à une remise de diplômes d'études secondaires, au 100e anniversaire de naissance d'une personne, à une bar-mitsvah ou à une parade du Père Noël. On s'attend à ce que vous soyez à la Chambre. Quel électeur aurait été plus heureux de voir son député à une parade du Père Noël — aussi important que cela puisse être — que de le voir voter, par exemple, au sujet du projet de loi sur l'aide médicale à mourir?
C'est peut-être un mauvais exemple parce que c'était en juin et que les parades du Père Noël sont en décembre, mais vous voyez où je veux en venir. Au bout du compte, même les gens qui disent: « Vous devez venir à notre événement » sont plus fâchés lorsque vous ne vous acquittez pas de votre obligation à la Chambre. Il s'agit de notre première tâche.
Je donne mon opinion sur les préoccupations que j'ai à l'égard de la façon dont c'est énoncé afin de montrer qu'il pouvait très bien s'agir d'un élément au sujet duquel nous ne parviendrions pas à un consensus.
Je vais simplement terminer la dernière partie. Si les séances du vendredi étaient réparties sur d'autres jours, il serait important que l'on répartisse tout temps perdu sur les quatre jours restants, y compris le temps perdu pour l'opposition ou pour la période de questions et les travaux d'initiative parlementaire. Pour ce faire, la Chambre pourrait se réunir plus tôt certains jours. Ou bien, si les séances du vendredi sont maintenues, elles devraient ressembler aux séances de tout autre jour, avec l'exception possible de prévoir deux heures de travaux d'initiative parlementaire à la fin de la journée afin de permettre à certains députés de partir tôt afin de se rendre dans leur circonscription. D'une certaine manière, peut-être qu'il s'agit d'une option qui pourrait faire consensus. En toute équité, je parle en tant que personne qui n'a pas une longue distance à parcourir le vendredi, et peut-être que cette option pourrait être un succès.
Très bien. Avec votre permission, monsieur le président, je vais passer au vote électronique. Je pense qu'il y a une réelle possibilité de consensus, mais j'ai abordé ce sujet plus tôt, et j'ai hâte de faire preuve de respect envers les autres membres qui écoutent attentivement et qui ne veulent pas que je me répète.
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Merci. Je savais que vous l'aviez sur le bout de la langue.
Non seulement nous respectons les pratiques de la Chambre, mais il y a une situation où la Chambre pourrait respecter les pratiques du comité, l'idée étant que le... Vous remarquez que c'est moins de la moitié des membres. Cette règle est conçue pour permettre au gouvernement ou à l'opposition de rappeler les membres d'un comité. En pratique, dans notre système à plusieurs partis, cela veut presque toujours dire qu'il faudrait obtenir l'accord de plus d'un parti d'opposition.
Actuellement, nous avons deux partis reconnus à l'opposition. Il faudrait que nous obtenions le consentement des néo-démocrates et des conservateurs afin que cela puisse avoir lieu, mais cela peut être fait. En outre, bien entendu, les libéraux pourraient le faire par eux-mêmes.
Vous pourriez faire quelque chose comme cela, où vous diriez: « Regardez, l'un ou l'autre pourrait rappeler les députés à la Chambre. » Tout cela en supposant qu'elle n'est pas prorogée, bien sûr. La prorogation ne fait pas partie des choses que nous avons le pouvoir d'arrêter. Il importe que nous en discutions, mais c'est quelque chose qui est un pouvoir de la Couronne et qui ne fait tout simplement pas partie de notre Règlement. Quand nous sommes prorogés, c'est tout. C'est coulé dans le béton à l'externe, et il faut vivre avec. Toutefois, si nous ne sommes pas prorogés, quand nous ne siégeons simplement pas pour l'été, vous pourriez nous rappeler. Le gouvernement peut vraiment faire cela, de toute manière, par l'entremise du gouverneur général, alors cette option pourrait avoir un certain mérite.
Encore une fois, ce n'est pas une affaire simple. Ce n'est pas quelque chose dont nous allons avoir discuté et que nous allons avoir réglé d'ici le début de juin. Nous pourrions en discuter. Je veux dire les aborder... Il y a là en fait plusieurs sujets. Le nombre de séances pourrait être fondé sur les demandes de séance. Nous pourrions modifier l'ordre dans lequel les questions sont soulevées devant la Chambre, de sorte que les affaires urgentes et importantes devant la Chambre soient pleinement prises en considération, malgré les contraintes de temps. Cela donne à penser qu'il faudrait établir un genre de nouveau système afin de réaffecter les travaux. Nous pourrions aborder la possibilité de permettre au comité de siéger plus longtemps un jour donné. Il faudrait faire attention de ne pas concevoir le système de manière à ce qu'on obtienne une période de débats supplémentaires, durant laquelle la procédure pourra s'effondrer au moment où des députés tenteront de partir pour l'aéroport afin de retourner travailler dans leur circonscription. Il faut du temps pour discuter de ces aspects et pour les régler.
Ce sont des subtilités, mais tout le contenu du Règlement n'est que subtilités. Ce sont toutes des subtilités.
Je devrais formuler un commentaire sur les procédures acrimonieuses qui mènent aux ajournements estival et hivernal. Je suppose qu'il y a une certaine acrimonie. Il me semble qu'elles sont simplement très chronophages et qu'elles se déroulent jusqu'à tard dans la soirée, ce qui est différent du fait d'être acrimonieux, je dirais.
Il y a eu de l'acrimonie, c'est certain. Nous essayons d'accomplir les tâches. Il s'agit également du stade auquel on obtient souvent une collaboration importante pour faire adopter des mesures. L'acrimonie tient au fait de voir combien de mesures le gouvernement peut faire adopter en brandissant la menace de séances qui finissent tard dans la soirée, tous les jours. Ce ne sont que des affaires normales émanant du gouvernement. C'est un peu comme les gens qui, durant les audiences sur la réforme électorale — je vois Erin, notre très talentueuse... L'une des analystes du comité ERRE est avec nous.
Certains utopistes sont venus nous dire que nous devons sortir la discorde — l'acrimonie — de la politique, et ils avaient établi un système qui aurait permis de le faire. Toutefois, notre système ne permet pas de le faire. On pourrait l'améliorer de diverses manières, mais, par sa nature, la politique, c'est la bataille pour se faire élire, dans laquelle il y a un poste de député et plusieurs candidats. Elle est intrinsèquement axée sur la confrontation. C'est inévitable.
Voilà pourquoi un grand nombre de termes, y compris un que j'ai employé plus tôt, sont considérés comme étant indignes d'un parlementaire, et c'est pourquoi nous avons tout un tas d'autres choses conçues pour modérer le ton. Je ne pense pas que le genre d'acrimonie qu'ils décrivent puisse être évité par l'ajout d'une semaine de travaux. Selon moi, cela aurait pour effet de prolonger notre acrimonie d'une semaine, honnêtement. Je ne suis pas d'accord avec cela.
Il y a une raison pour laquelle nous avons établi l'allocation pour les séances tardives du mois de juin, mais pas pour celles d'aucun autre moment. Vous avez un choix à faire. Vous pouvez siéger tard dans la soirée, ou bien, si le gouvernement a des travaux qui sont importants à ses yeux et qu'il y a une majorité, il peut proposer une motion et étendre les séances dans l'été. Vous n'aimerez pas cela, mais votre aversion sera différente de celle que vous font ressentir les séances tardives. Nous pourrions peut-être nous entendre sur le fait que vous allez limiter le nombre d'intervenants qui prendront part au débat. Il s'agit un peu de la position de négociation du gouvernement.
Les partis de l'opposition ont des positions de négociation semblables. Ils clament tous, derrière des portes closes, que leurs membres sont impatients d'y aller et adoreraient rester tout l'été, si c'est ce qu'il faut. Bien entendu, ce n'est pas ainsi que les conversations se déroulent au sein des divers caucus. Nous savons tous qu'il s'agit un peu d'une fiction. Comme les gorilles qui se martèlent la poitrine durant la saison du rut, le fait que personne ne veut vraiment se bagarrer est communiqué non pas directement, mais par des moyens indirects. Au bout du compte, on trouve un genre de solution. Je n'ai jamais vu de situation où ce n'est pas arrivé. Il ne s'agit pas toujours d'une solution qui rend tout le monde heureux, mais les règles sont étonnamment complexes.
Le projet de loi sur le mariage homosexuel était un excellent exemple. Lorsqu'il y a quelque chose qui se rapproche davantage d'un consensus que d'une simple majorité, comme le reflète notre système de partis, la majorité des partis à la Chambre s'entendent sur quelque chose, puis on peut prolonger les séances. C'est une manière de dire que nous allons permettre à l'esprit du consensus de l'emporter sur la capacité des personnes qui s'opposent d'ajouter un nombre infini de témoins à la liste, ce que tous les gouvernements souhaitent faire.
Cela me ramène maintenant aux motivations du . Il est frustré, comme tous les titulaires d'un mandat exécutif depuis l'époque des pharaons, les terribles comme les grands. Il est frustrant d'avoir à suivre un processus qui brime sa volonté, mais le système est conçu justement pour cela. Il est conçu pour faire en sorte qu'il doive y avoir un certain degré d'approbation, ce que la — quand elle était ministre des Institutions démocratiques — a appelé « la participation la plus large ».
C'est exact, il faut obtenir quelque chose... Si vous avez la majorité, parfois, vous pouvez obtenir les deux tiers ou les trois quarts, selon ce dont il est question. Il peut s'agir de la majorité des partis. Ce peut être la formule 7/50. On voit des tendances partout, dans le Règlement de la Chambre des communes, dans notre Constitution, dans les principes de droit des sociétés et dans nos règles internes de gouvernance ministérielle. C'est dans les Robert's Rules of Order. Les idées concernant diverses situations sont partout.
Si nous devions retracer l'historique de cet article... Le Règlement annoté contient habituellement une explication de l'historique de chaque article. Je ne connais pas celui de cet article particulier, mais je soupçonne qu'un certain genre de situation est survenu où un parti bloquait la progression de la Chambre des communes, c'est-à-dire que tout le monde utilisait au maximum son temps de parole et ralentissait le vote, et tout ce genre de choses.
Après cette crise, quand tout le monde a pu voir que cela posait problème, le Règlement a été modifié afin que ce genre d'utilisation du processus par l'opposition, qui avait employé des règles techniques d'une manière qui contrevenait à l'esprit de la Chambre, soit corrigée. Comme dans le cas du droit des testaments, la règle technique l'emporte sur l'esprit de notre Règlement parlementaire. Toutefois, lorsque cette règle est utilisée d'une manière qui contrevient clairement à l'esprit, la majorité doit pouvoir trancher, et si c'est plus que la majorité, une petite minorité ne devrait pas pouvoir faire stagner les choses de manière à prévenir toute progression.
Au bout du compte, une modification a été apportée au moment où personne n'était investi d'un côté ou de l'autre dans ce différend particulier. Un système a été trouvé, lequel — même s'il a été utilisé d'une manière qui était contre mon parti et contre moi, en 2005 —, je dois l'admettre, n'était pas complètement déraisonnable. Il y a là beaucoup de ce genre de choses
Voilà une petite analyse au sujet du calendrier de la Chambre des communes. Vous constaterez que cette analyse, que je suis en train de conclure, contient encore une fois beaucoup de substance.
J'ai dit en réalité qu'on ne peut pas seulement discuter de cela. On doit tenir compte de la discussion sur la durée de notre semaine de travail et les heures où nous siégeons chaque jour. Cela, en soi, avec ce que j'ai mentionné, représenterait une discussion trop longue pour faire le tour de la question d'ici le 2 juin, mais ce ne serait peut-être pas le cas si nous abordions cette question séparément et terminions nos travaux d'ici la fin de la législature ou même de 2017. Cependant, c'est rêver en couleurs à mon avis.
Si nous avions un comité distinct qui étudiait la question — ce n'est pas ce que ma motion recommande — comme lorsqu'il y avait un comité séparé sous le gouvernement Chrétien dont les membres se réunissaient à temps plein dans le cadre de réunions périodiques — cela pourrait être deux fois par semaine ou peu importe —, je crois qu'ils pourraient analyser beaucoup de choses dont nous avons parlé et réaliser le même type de progrès que notre comité a accomplis. Si nous sommes d'accord avec la partie consensuelle de la motion, ce comité ou nous — nous conservons cette partie de nos travaux, comme ma modification le propose — pourrions nous occuper, de manière responsable, des points à l'ordre du jour sur lesquels il y a consensus. Comme vous le voyez, il y en a plusieurs — certains points font l'objet d'un consensus, mais pas d'autres —, et nous pourrions faire de véritables progrès concrets. Nous quitterions la 42e législature, ou si vous préférez, nous pourrions faire en sorte que la 43e législature soit meilleure que la 42e, ce qui ne se produira pas si nous faisons ce que le gouvernement propose.
Je passe maintenant aux affaires courantes. Ces affaires représentent ce qui doit être fait. C'est la moins excitante, et honnêtement, c'est probablement la partie la plus importante des travaux de la Chambre. Certaines personnes veulent conduire une automobile parce qu'elles veulent aller du point A au point B. D'autres adorent bricoler sous le capot de leur voiture. C'est ce type de personne qui aime les affaires courantes. Les personnes qui veulent seulement se rendre du point A au point B trouvent les affaires courantes ennuyeuses, mais c'est ce qui structure les travaux de la Chambre.
Je vais maintenant lire ce que la leader parlementaire du gouvernement a à dire:
Cependant, certaines rubriques des affaires courantes ont servi à susciter un débat. La rubrique des « Motions » permet aux députés de présenter une motion sujette à débat pouvant, certains jours, empêcher la Chambre de délibérer sur l’affaire à débattre en lien avec des ordres émanant du gouvernement. Cette situation peut se présenter pas seulement dans le cas des affaires émanant du gouvernement (p. ex., dans le cas d’un débat sur un projet de loi), mais aussi dans le cas d’affaires relevant d’un député de l’opposition (p. ex., dans le cas d’une motion de l’opposition). Le plus souvent, il s’agit d’une motion approuvant le rapport d’un comité ou d’une motion donnant des instructions à un comité. La Chambre devrait se pencher sur des moyens d’organiser le débat sur de telles motions.
Je peux vous dire qu'il s'agit d'un domaine sur lequel le gouvernement ne dégagera tout simplement pas un consensus. En passant, au cas où le gouvernement réussirait par nous avoir à l'usure en adoptant la motion de M. Simms au beau milieu de la nuit et ensuite en poursuivant avec ce qui sera un rapport non consensuel, il y aurait alors un débat sur une motion d'adoption avec un vote selon la ligne du parti tout en affaiblissant l'opposition. Si tout cela se produit, je prédis que cela en fera partie. C'est probablement illégal de parier sur les affaires émanant du gouvernement ou, à tout le moins, nous devrions aller voir le commissaire à l'éthique avant de faire nos paris. Je serais prêt à tout parier que cette motion sera adoptée.
La capacité d'enlever à l'opposition le pouvoir de passer à des débats sur une motion d'adoption en tant que tactique dilatoire est quelque chose que chaque gouvernement majoritaire veut éliminer. C'est moins problématique quand il s'agit de gouvernements minoritaires, même si cela se produit pour une raison intéressante.
Compte tenu du débat que nous avons tous eu, au cours duquel tout le monde a parlé des vertus des gouvernements minoritaires, je veux seulement dire, en tant que personne qui a fait partie des deux types de gouvernements, que je remarque que dans les gouvernements minoritaires... En réalité, je ne suis pas certain qu'ils sont meilleurs que les gouvernements majoritaires. Ils le sont d'une certaine manière, mais pas d'une autre. C'est un sujet pour une discussion autour d'une bière.
Dans un gouvernement minoritaire, comme vous allez être défait au sujet d'une mesure de toute façon si vous essayez de la faire adopter signifie que vous devez faire des compromis avec les partis tôt dans le processus. Vous devez faire des compromis en obtenant l'appui d'un autre parti, selon la taille des partis. Lorsque Stephen Harper était à la tête d'un gouvernement minoritaire au cours de deux législatures consécutives, nous dépendions du soutien des libéraux, des néo-démocrates ou des bloquistes... n'importe lequel des trois était suffisant. Lorsque Paul Martin était au pouvoir, la dynamique était similaire.
Je crois que c'était autre chose. Je ne crois pas que ça tenait à nous.
:
Nous étions à la motion numéro 6... Mon amendement tente de montrer l'importance du consensus comme le reflètent les pratiques passées du Comité et de la Chambre en établissant un lien avec la motion 6, l'esprit de confrontation avec lequel la motion a été présentée, la façon dont elle a été retirée et les déclarations qui ont été faites par le leader parlementaire de l'époque, M. . Tous ces éléments dénotent une attente de comportements futurs — « futurs » par rapport à il y a un an — qui n'ont pas fait l'objet d'un suivi. J'essaie d'illustrer cela.
Pardonnez-moi, je me suis arrêté aux délibérations selon l'alinéa d) de l'article 38 du Règlement:
d) les délibérations prévues à l’article 38 du Règlement aient lieu à 18 h 30 les lundis, ou au terme de la tenue de tout vote par appel nominal différé de la manière prescrite en e)(ii), selon la plus tardive de ces éventualités; à la fin de la période réservée aux Affaires émanant des députés les mardis, mercredis et jeudis, et lorsque les délibérations sur la ou les questions soulevées en vertu de l’article 38 du Règlement ont pris fin, que la motion d’ajournement soit réputée avoir été retirée et que la Chambre reprenne l’étude des Ordres émanant du gouvernement;
Et il y a ensuite l'alinéa e):
e) sous réserve des dispositions en f), lorsqu’un vote par appel nominal est demandé à l’égard d’une motion sujette à débat, y compris tout vote résultant de l’application des articles 61(2) et 78(3) du Règlement, mais à l’exclusion de tout vote relatif aux travaux des subsides ou découlant d’un ordre adopté conformément à l’article 57 du Règlement,
(i) avant 14 heures les lundis, mardis, mercredis ou jeudis, il soit réputé différé jusqu’à la fin de la période des questions de la séance, ou
(ii) après 14 heures les lundis, mardis, mercredis ou jeudis, ou à toute heure les vendredis, il soit réputé différé jusqu’à la fin de la période des questions de la prochaine séance qui n’est pas un vendredi, et que tout vote différé à un lundi soit pris à 18 h 30;
Juste pour ceux qui se demandent, à propos du paragraphe 61(2)... connaît ces trucs par coeur, mais pour le reste d'entre nous... les enfants de ne sont pas ici pour répondre à la question, alors je vais juste vous dire que le paragraphe 61(2) porte sur des questions antérieures, un élément qui est un outil de procédure qui s'offre à l'opposition, alors cela rend l'outil inutile.
Nous avons ensuite le paragraphe 78(3). Je ne vous lirai pas tout le paragraphe, qui fait une page, mais il porte sur la procédure dans les cas où du temps est attribué. Il traite de l'attribution de temps. L'article 78 en général porte sur cette question. Il donne effectivement des outils au gouvernement concernant l'attribution de temps.
J'ai encore des choses à dire à ce sujet, mais je veux m'arrêter et attirer l'attention des membres du Comité sur quelque chose d'autre qui, à mon avis, est très important.
Tôt dans son mandat, le ministre a témoigné devant notre comité. Il était à ce moment-là leader parlementaire, et comme c'est la tradition après une élection, il est venu témoigner devant notre comité et a dit: « Mon travail est de respecter ma lettre de mandat. Elle dicte ce que je dois faire et précise que je dois travailler à améliorer et à moderniser le Règlement de la Chambre des communes. »
À ma connaissance — et je vais en réalité vérifier cela —, il a hérité d'une lettre de mandat inchangée. Alors, au moins cet aspect de la lettre est demeuré inchangé pour Bardish lorsqu'elle est devenue la nouvelle leader parlementaire. Elle a donc le même mandat.
Elle n'a pas eu l'occasion de parler devant le Comité de cette question. Nous espérons que cela sera bientôt réglé, et nous l'inviterons, je l'espère, à discuter de son document de travail.
En effet, j'aurais aimé parler de notre premier point à l'ordre du jour plutôt que de la motion de M. Simms. Quoi qu'il en soit, sa lettre de mandat actuelle comporte le mandat qui le guide et auquel nous réagissons.
Je veux en parler. Ce n'est pas tout le monde ici dans la pièce qui était présent à ce moment-là, mais un certain nombre de personnes étaient ici lorsqu'il est venu témoigner devant le Comité. Il a fortement mis l'accent sur sa lettre de mandat, et il a un peu fait rire les gens lorsqu'il a dit que sa lettre était censée être très inspirante. J'ai dit qu'elle était tellement inspirante que je l'ai lue à mes enfants avant qu'ils aillent se coucher. C'est ici que j'avoue que je ne fais pas vraiment cela; je l'ai juste dit.
En tous cas, nous avons eu une discussion à ce sujet, et j'ai dit qu'une des choses qui me préoccupaient tenait à l'ampleur de la tâche. Il y a beaucoup de matière ici. Croyez-vous qu'il est nécessaire pour nous de nous pencher sur cette question et d'en faire un tout unifié, une méga-étude, sur un immense ensemble d'amendements? Je n'ai pas utilisé le mot « omnibus » à ce moment-là, mais devrions-nous nous pencher là-dessus comme s'il s'agissait d'une mesure omnibus? J'essayais, comme les députés d'un gouvernement récemment défait devraient le faire, à mon avis, de garder toute attitude moralisatrice pour plus tard dans le mandat du gouvernement. Si vous venez tout juste d'essuyer une défaite, vous devriez être très respectueux du mandat du nouveau gouvernement.
J'ai alors demandé si on pouvait aborder les modifications à la pièce. Est-ce que ce serait acceptable? Vous n'êtes pas nos patrons, mais nous devons travailler ensemble ici. Votre désir de changer les règles, le Règlement, n'entre pas en conflit avec nos souhaits. Nous sommes peut-être en désaccord sur les particularités, mais pas sur la politique générale.
Il a indiqué à ce moment-là qu'une approche fragmentée lui convenait. Je reconnais maintenant qu'il n'est plus leader parlementaire, mais j'ai cru qu'il s'agissait de la façon dont le gouvernement allait aborder les choses pendant qu'il était ministre. Après que Bardish Chagger est devenue leader parlementaire, le gouvernement a conservé la même façon — c'est du moins ce que je pensais — d'aborder les choses. Rien n'a été précisé au cours du débat du 6 octobre, débat qu'il fallait tenir au titre et au sujet du Règlement. J'étais absent, mais j'ai lu une partie de ce qui s'est dit cette journée-là, peut-être pas avec autant d'attention que le débat le méritait, mais pour être bien honnête, j'ai supposé que nous allions recevoir un type d'avertissement pour nous dire que cette question serait le prochain point à l'ordre du jour. Si cela avait été le cas, j'aurais lu ce qui s'est dit au cours du débat.
En attendant, j'ai lu sur la réforme électorale et plus récemment sur d'autres aspects du droit électoral parce que nous anticipions, jusqu'à ce que notre comité commence ses travaux à 11 heures ce matin, que nous nous pencherions sur la Loi électorale, avec le rapport sur la 42e élection et notre réaction à celui-ci. Nous avons reçu du même gouvernement, au cours de notre dernière réunion, une requête de la ministre compétente, qui nous demandait de nous concentrer sur cette question afin de lui donner le temps de sanctionner la loi. C'est là où je voulais en venir, et maintenant nous voyons ce changement.
L'amendement que je propose nous permet de revenir à cette approche fragmentée, laquelle est plus consensuelle, se fonde sur des préoccupations et est plus susceptible de déboucher sur de meilleurs changements. Il est frappant de voir à quel point il y a peu de Règlements qui ont été modifiés pour revenir à des valeurs sous-jacentes plus loyales et fondamentales de notre Parlement, lesquelles reflètent la liberté de parole, l'ouverture et font en sorte qu'on peut tenir une discussion adéquate avant la mise en oeuvre de mesures. Ma motion couvre mieux tous ces éléments que celle de M. Simms, si elle n'est pas amendée. Je dirais aussi qu'elle reflète plus fidèlement ce que le leader parlementaire du gouvernement a indiqué qui était l'orientation que le gouvernement était prêt à prendre lorsqu'il s'est d'abord adressé à notre comité. C'est peut-être en réalité la seule fois où il a parlé à notre comité. Je ne suis pas certain de m'en souvenir.
De toute façon, c'était la bonne direction à prendre à ce moment-là, et je crois que c'est encore la direction à suivre aujourd'hui. Elle ne permet pas de transformer radicalement notre système en un système où notre opposition serait affaiblie. S'il n'est pas unique dans les administrations qui partagent notre héritage de Westminster, le système serait certainement unique dans les administrations de premier niveau: celles où il y a un parlement de grande taille, celles qui se distinguent par une longue histoire d'autonomie gouvernementale et par une profonde internalisation des valeurs adoptées, élaborées ou qui ont changé à Westminster et ailleurs. Il serait unique dans le sens qu'il serait différent de ce que nous avons vu à Westminster, et aux Parlements de Canberra, de Wellington, de Delhi et d'autres administrations de premier niveau. Je ne peux parler des pays qui ont sombré dans la dictature et qui en sont revenus. Cela n'améliore probablement pas la capacité d'un parlement à mettre sur pied un solide ensemble de règlements. Mais au premier niveau, nous serions les seuls à adopter cette orientation.
Il a beaucoup été question de travailler ensemble. Dans sa déclaration liminaire, M. Simms a parlé de l'importance de la collaboration. Lorsque j'ai rencontré la leader du gouvernement à la Chambre à l'aéroport de Toronto, nous n'avons pas discuté longtemps, comme je l'ai dit. Elle était un peu distraite, mais elle a dit: « Ce n'est qu'un document de consultation. Nous essayons d'échanger des idées », ce qui est complètement aux antipodes de ce qui se passe actuellement. Mais, je pense qu'elle était sincère.
Cela ne correspond à rien de ce qui se passe ici: la période minimale de préavis; le délai extrêmement irréaliste. Il est difficile de ne pas avoir le sentiment que, au sein du gouvernement actuel, la main gauche ignore ce que fait la main droite, en ce qui a trait à cette question certes, mais aussi à propos de plusieurs autres questions. Il semble que ce soit ceux qui veulent avancer de la manière habituelle, une manière, qui selon moi, a été suivie par le gouvernement Chrétien et les autres d'avant; et ce sont ceux qui veulent, je ne suis pas sûr d'employer la bonne expression, adopter une approche très dynamique du genre « Allons-y pour une victoire absolue. Transformons complètement notre système. »
Si la réforme électorale s'était déroulée de la manière proposée par le , nous aurions eu un scrutin préférentiel, nous aurions vu notre démocratie changer radicalement ou de manière permanente et très négative, où du point de vue pratique, un seul parti aurait une vraie chance de former un gouvernement au terme d'une élection dans laquelle il obtiendrait quelques votes de moins que son principal adversaire et formerait tout de même un gouvernement, et où il pourrait obtenir un peu moins du tiers des votes et quand même former un parti majoritaire. C'est une façon de faire très radicale.
C'est vrai dans les deux cas. Donc il s'agit de l'approche maximaliste. Servons-nous de l'approche minimaliste et de l'approche maximaliste, ou de l'approche évolutionnaire par rapport à l'approche révolutionnaire. Lorsque je suis moins sur mes gardes, je parle de l'approche de Gladstone par rapport à l'approche de Juan Perón. Mais il y en a une qui convient à notre système et une qui ne reflète tout simplement pas les valeurs du Canada. Nous sommes un peuple évolutionnaire, et non un peuple révolutionnaire. Je signale que cette observation n'a rien à voir avec le respect que j'éprouve pour ceux qui ont pris part à la rébellion, comme les rebelles de 1837. Mais nous sommes un peuple évolutionnaire.
Nous avons eu le sentiment que le fait d'être loyal aux pratiques qui sous-tendent notre Constitution était la meilleure protection pour nos libertés et toutes les valeurs qui nous sont chères. Cela comprend l'acceptation d'une série de limites conventionnelles imposées aux intervenants qui, du point de vue du droit, pourraient aller encore plus loin. C'est la façon d'apporter un changement évolutionnaire par opposition à la révolution.
Au cours d'une révolution, vous renversez le roi et, selon le pays dans lequel vous vivez, vous lui coupez la tête ou... La semaine dernière, c'était le 100e anniversaire du renversement du tsar de Russie, donc si vous êtes en Russie, vous lui tirez dessus, ou vous... peu importe, ça, c'est la révolution.
Dans l'évolution, vous prenez le roi — Henri VIII était un dictateur — et vous réduisez graduellement ses pouvoirs, même sur papier... les monarques peuvent tout de même bloquer l'adoption d'une loi à ce jour, par exemple.
Le fait est que la monarchie exerce son droit de veto depuis l'époque de la reine Anne. En 1708, elle a mis son veto au projet de loi sur la milice écossaise, alors que l'Écosse était encore un royaume distinct, peu avant la signature de l'Acte d'Union. C'est la dernière fois qu'une monarchie a exercé son droit de veto.
Au Canada, le droit de veto est exercé par le gouverneur général. Il n'est jamais exercé en pratique. Si le gouverneur général devait dire qu'il n'adoptait pas un projet de loi, même si les deux chambres du Parlement l'avaient adopté, et même s'il avait, sur papier, le pouvoir de refuser de signer, nous savons tous qu'à ce moment-là, le premier ministre téléphonerait à la reine et dirait: « Je crois que le gouverneur général a perdu la tête. Pourriez-vous nommer un successeur? » La reine prendrait l'appel, et c'est ce qui se produirait.
C'est un peu ce qui se produit chaque fois qu'une convention est violée. Plus la violation est importante, plus les conséquences sont profondes, elles peuvent aller jusqu'à la destitution, ou, dans le cas du gouvernement, d'une défaite à une élection. C'est ainsi que nous faisons les choses.
Cela nous ramène à la question de l'uniformité de nos pratiques antérieures et de la nécessité de l'unanimité. Aucune règle ne dit qu'il faut avoir l'unanimité. C'est une pratique, mais si je dis tout cela, c'est pour que les gens prennent conscience du fait qu'il est en train de se produire quelque chose de non conventionnel au sens propre, qui va à l'encontre de la convention, et la convention doit être respectée. Elle doit être appliquée.
Si le public découvre qu'il se passe ici quelque chose d'inacceptable, il va en effet confirmer qu'il existe une convention, et le gouvernement va revenir sur sa position. La violation d'une convention entraîne une pénalité suffisamment grave pour contrer la mesure que tentait de prendre l'intervenant investi du pouvoir théorique de prendre cette mesure. C'est ce qu'on définit comme une convention.
Maintenant, je suis peut-être dans l'erreur. Je pense que le gouvernement a peut-être raison lorsqu'il pense que les autres membres du Comité du Nouveau Parti démocratique et du Parti conservateur et moi-même allons tomber en panne et perdre notre énergie durant la nuit, et qu'il va ainsi être en mesure d'adopter la motion au moyen d'un vote partisan sans que les gens n'y prêtent beaucoup attention. Puis, demain, il y aura un budget, lequel, bien évidemment est la vraie raison pour laquelle on nous présente cette motion. Je suis convaincu que le budget sera porteur de mauvaises nouvelles, et que l'attention négative portée à cet égard dépensera toute l'énergie négative disponible.
En fait, lorsque j'ai vu cela venir, lorsque j'ai entendu parler de la motion de M. Simms, ma réaction a été la suivante: « Eh bien, ce sera un budget plein de mauvaises nouvelles » parce que s'il s'agissait d'un budget annonçant de bonnes nouvelles, vous ne voudriez pas avoir mauvaise presse à cet égard pour entraver le budget. C'est la même raison pour laquelle les gouvernements de toutes allégeances diffusent de grandes quantités de documents comprenant des renseignements défavorables en guise de réponse aux questions inscrites au Feuilleton, tout cela le même jour. Toutes les mauvaises nouvelles sont annoncées en même temps. C'est ainsi que fonctionne la communication.
Si le gouvernement fait tout cela de cette manière, qu'il atteint l'objectif recherché selon moi, qu'il s'en tire à bon compte et qu'il est en mesure de produire un rapport et de le soumettre au Comité le 2 juin, ce qui ne pourrait même pas s'apparenter de loin à un consensus, ce sera un rapport que les membres du Parti libéral vont tenter de faire adopter malgré l'opposition des conservateurs et des néo-démocrates, qui vont rédiger des rapports dissidents.
Si c'est ce qu'ils font, et qu'ils vont à la Chambre, le présentent, tiennent un débat sur l'adoption puis le font adopter, encore une fois par un vote divisé malgré les plaintes de l'opposition, et que le public accepte cela et dit oui, peu importe, l'été arrive, alors nous aurons établi qu'une convention n'existe pas en fait, et qu'au bout du compte, il ne s'agit que d'une pratique qui n'est pas si importante dans l'opinion publique. C'est la façon de mettre à l'essai une convention, selon Albert Venn Dicey, un grand érudit, qui a inventé l'expression « convention constitutionnelle ».
Je pense que ce n'est pas le cas. Je soutiens qu'il y a une croyance profondément internalisée chez les Canadiens selon laquelle l'opposition va s'amplifier à un point que le gouvernement n'avait pas prévu. Par conséquent, je suggère... je ne parle pas d'une approche maximaliste ici. Que le gouvernement ou un autre gouvernement ait l'intention de... que mon parti soit au gouvernement ou dans l'opposition, je suis toujours en faveur d'adopter une plus petite stratégie, une stratégie plus sûre sur le plan tactique plutôt que de viser des victoires stratégiques; je préfère de modestes réussites à des réussites de taille, qui mèneront au bout du compte à un résultat positif considérable. Notre historique lorsqu'il s'agit d'adopter des approches modestes et progressives face aux problèmes démocratiques a fait du Canada l'un des pays les plus démocratiques et stables à l'échelle mondiale. Notre tradition consistant à appliquer cela dans la loi nous a amenés à être au premier rang des pays respectueux de la loi dans le monde. Notre façon de faire de même dans d'autres domaines a toujours mené à des améliorations, même dans des domaines où notre patrimoine est maintenant source d'inconfort ou même de honte.
Je pense ici à la façon dont nous traitons les Autochtones, à la façon dont les gens à bord du Komagata Maru ont été... Il n'y avait pas de citoyenneté canadienne à cette époque. C'étaient des sujets britanniques, tout comme nous. À titre de citoyens de l'Empire britannique, ils avaient le droit d'être au Canada. Le gouvernement Laurier a inventé une loi. J'ai une grande admiration pour Laurier, mais pas pour sa loi; elle a permis aux membres du gouvernement de prendre des sujets britanniques et de les envoyer dans un autre pays. Nous avons honte de cela, à juste titre.
Nous avons honte de l'internement des Canadiens ukrainiens et galiciens durant la Première Guerre mondiale. C'étaient de loyaux sujets britanniques, mais ils venaient de l'Empire austro-hongrois, donc ils ont été arrêtés puis envoyés dans des camps de travail. En ce qui a trait à la justice, nous avons honte de la façon dont nous avons traité les Canadiens japonais durant la Deuxième Guerre mondiale — de loyaux citoyens canadiens, des sujets britanniques, encore une fois, parce que ce n'est que plus tard que nous avons eu la citoyenneté canadienne, mais ils respectaient nos lois et nos institutions — façon qui était purement fondée sur la race. Et nous n'avons pas honte, seulement parce que nous ne sommes pas au courant, du fait que le gouvernement actuel essaie en fait de priver ces gens de leur citoyenneté et de les expulser du pays, même les gens qui sont nés ici alors que la guerre était déjà terminée. C'est une mesure totalement raciste, et c'est profondément déplorable.
Je parle de tous ces incidents, mais nous voyons de l'amélioration dans chacun de ces domaines. Nous voyons de l'amélioration parce que nous agissons progressivement. Le fait d'agir progressivement dénote non pas un manque d'ambition, mais bien un désir d'évolution plutôt que de révolution.
Quand je pense aux révolutions, je vois un parallèle avec les éruptions volcaniques. Les plus hautes montagnes du monde ne sont pas des volcans. Le mont Everest n'est pas un volcan. Il a cette taille en raison du mouvement lent des plaques tectoniques, c'est l'évolution et non la révolution. Même si mon allusion est purement métaphorique, elle permet d'illustrer la meilleure façon d'y arriver. L'évolution et le consensus vont de pair. Plus le groupe de personnes que vous sollicitez est grand, plus les changements que vous pourrez apporter seront petits.
Si je ramène cela à mon amendement, il s'agit essentiellement de l'introduction d'une notion que l'on désignerait en termes universitaires comme l'optimum de Pareto. L'optimalité de Pareto est un concept nommé en l'honneur d'un érudit italien du début du 20e siècle. J'ai oublié son prénom, c'est Vilfredo, je crois. Il a dit qu'il y avait différentes manières d'obtenir des résultats optimaux, selon ce qu'est votre norme d'optimalité. Vous pouvez adopter l'approche à la Bentham selon laquelle l'approche optimale est ce qu'il y a de mieux pour un plus grand nombre de personnes, mais ça ne semble peut-être pas optimal du point de vue de tous les participants du processus. Si nous sommes tous ensemble sur un radeau qui coule et que nous sommes tous d'accord pour dire que la solution tient au fait de lancer mon collègue Garnett ici présent aux requins, c'est peut-être optimal pour le reste d'entre nous. Mais ce n'est pas optimal pour Garnett. La solution ne répondrait pas aux critères de l'optimalité de Pareto. L'optimalité de Pareto, c'est lorsque vous apportez un rajustement de sorte que le résultat convient mieux à tous les participants et que personne ne se retrouve dans une situation encore pire.
Vous pouvez appliquer cela sous forme de formule mathématique où vous présumez simplement que chaque personne dans la pièce a 100 $, et que vous devez arriver avec un nouveau système pour répartir les richesses. Vous pouvez employer ce type de mesure numérique, mais vous pouvez aussi — et je crois que c'est la manière la plus vigoureuse de le faire lorsque vous devez composer avec des systèmes qui ne peuvent être facilement quantifiés... On croit que les systèmes qui peuvent être quantifiés se prêtent aux calculs selon l'approche à la Bentham. Redistribuons le revenu de sorte que — et je ne suis pas certain de croire au mythe du 1 % — les Bill Gates et les Warren Buffett de ce monde paient plus afin que nous puissions financer adéquatement nos banques alimentaires ou quelque chose comme un État providence ou un système de soins de santé, tous les différents aspects de notre système: le transport public, les services de police publics. Vous pourriez continuer encore et encore. Vous saisissez l'idée. C'est la redistribution. Au bout du compte, est-ce que Warren Buffett...? Je pense à lui parce que Bill Gates est l'homme le plus riche au monde, et Buffett arrive au deuxième rang. Ai-je raison? Est-ce avantageux de son point de vue? Peut-être. Nous pouvons mesurer cela mathématiquement. L'argent est un indicateur de valeur et il nous permet de le quantifier, ce qui permet donc à l'État de faire certaines choses.
Lorsqu'on gère des aspects qui sont qualitatifs, comme notre Règlement et les valeurs qu'il comprend et reflète, il est difficile de s'appuyer sur des mesures quantitatives. Nous essayons de le faire. Nous faisons un suivi à la Chambre des communes; chaque parti le fait. Combien de temps le Président accorde-t-il à un parti ou à un autre pour les questions? Sommes-nous victimes d'une injustice? Comment se fait-il qu'il m'évite constamment lorsqu'il fait le tour? Vous vous levez en colère et vous dites: « J'avais une question pour l'intervenant. Pouvez-vous me donner une chance? » Il dit: « Bien... » et il vous donne une explication qui s'appuie sur une quelconque tentative de quantifier. Il dit: « Je laisse la parole au Parti libéral, au Parti conservateur, au NPD et je fais une rotation » ou peut-être pas. Peut-être qu'il dit qu'il y a davantage de libéraux que de néo-démocrates, et il leur donne donc plus de temps. Peut-être qu'il répond: « Nous commençons toujours par une personne qui n'appartient pas au parti qui vient tout juste de répondre à la question posée » ou « Je compense pour le dernier Président; il y a un déséquilibre », ou quelque chose. On tente d'une certaine manière de le quantifier. Il éprouvera des difficultés et il pourrait même se tromper à l'occasion, même animé de bonnes intentions.
Nous passons maintenant à des questions qui sont beaucoup plus profondément arbitraires en ce qui a trait à leur incidence sur la liberté d'expression et sur la capacité de l'opposition de faire valoir ou de présenter ses politiques de façon à monter un dossier suffisant pour faire changer d'avis même un gouvernement majoritaire. Comme nous venons de le voir avec la question de la réforme électorale, le gouvernement aurait pu insister pour apporter un changement au système électoral — le scrutin préférentiel — qui reflète ses intérêts, mais pas le désir de la Chambre des communes ni de ceux qui sont venus témoigner devant le Comité.
Même si je crois que le gouvernement aurait dû tenir sa promesse électorale, y donner suite et organiser un référendum au sujet du changement du système, je respecte le choix qu'il a fait plutôt que d'insister sans tenir compte — il n'y a pas de consensus canadien à propos des systèmes électoraux — d'une population qui est en fait divisée entre ceux qui sont en faveur du système actuel et ceux qui sont en faveur de la proportionnalité, très peu de gens étant en faveur d'un scrutin préférentiel.
Il avait le pouvoir légal d'insister. Légalement, rien ne peut l'arrêter. Jusqu'à présent, en fait, je pense que vous pourriez tout de même y arriver malgré les contraintes de temps que cela suppose. C'est toujours de plus en plus difficile. Il a fait cela parce que l'opinion publique n'était pas de son côté. L'opinion publique n'était pas en sa faveur en raison de l'ampleur des audiences, avec le Comité qui a voyagé partout au pays... la ministre a tenu ses propres audiences et assemblées générales et de nombreux députés ont tenu leurs propres assemblées générales dans leurs propres circonscriptions. Ce n'est pas quelque chose que j'ai fait, mais de nombreux autres l'ont fait. Les néo-démocrates et les conservateurs ont envoyé des questionnaires. Nous avons reçu 80 000 réponses. Ils en ont reçu 35 000, je crois.
Ce que je veux dire, c'est que c'était la capacité des membres de l'opposition de mobiliser le public canadien qui a causé le changement de direction du gouvernement. C'était vrai à cet égard. Je pense également que ce serait vrai à l'égard de cette question, mais pas si on nous enlève tous les outils.
Nous passons donc d'une situation où des institutions qui ont fait leurs preuves nous permettent de défendre... des institutions qui ont permis, pendant la dernière législature, aux membres libéraux et néo-démocrates de faire efficacement obstacle au programme du gouvernement.
Je peux vous le dire, puisque je faisais partie de ce comité en tant que membre de l'opposition, que la pression de l'opposition s'est révélée très efficace pour convaincre les médias et le public de s'opposer à la Loi sur l'intégrité des élections, jusqu'au point où l'un de nos collègues libéraux, l'ancien secrétaire parlementaire de la ministre des Institutions démocratiques, s'est mis à parler plutôt de la « Loi sur le manque d'intégrité des élections », et tout le monde savait de quoi il parlait.
Cela montre jusqu'à quel point on peut être efficace. C'est devenu un enjeu électoral et une loi que la ministre a dit, en partie, mais pas en totalité, qu'elle chercherait à abroger.
Les choses qui se sont passées pendant ces audiences ne se passeront pas pendant les présentes audiences au sujet du Règlement, sauf si la motion est modifiée. C'est impossible, étant donné notre délai et toutes les autres choses qui figurent à notre programme, à moins que l'on aille dire à la ministre: « Impossible! Nous n'allons plus vous faire part de nos commentaires sur la Loi sur les élections. » Et même alors, la capacité de l'opposition de soulever le genre d'objections susceptibles de faire osciller l'opinion publique est minimale, étant donné le court délai, et, même s'il y a probablement une autre explication; c'est à mon avis la raison pour laquelle les choses sont présentées ainsi aujourd'hui.
:
C'était le 19 octobre 2015. Oui.
Dans son rapport, le comité a abordé de nombreux sujets, mais je veux commencer par l'introduction et vous lire mot à mot certaines des choses que les membres du comité ont dites et qui montrent bien toute l'importance qu'ils donnaient à l'obtention d'un consensus.
Permettez-moi de lire. Il y a une liste numérotée dans l'introduction. Le paragraphe 6 va comme suit:
Il semble que les députés de la Chambre des communes devraient disposer de pouvoirs accrus et que le rôle du Président, en sa qualité de serviteur et de porte-parole de la Chambre, devrait être élargi. Il faut arriver à établir un équilibre entre les intérêts du gouvernement, qui souhaite réaliser son programme législatif, et ceux de l’opposition, qui veut questionner et critiquer le gouvernement.
J'aurais peut-être seulement dû lire la deuxième phrase:
Il faut arriver à établir un équilibre entre les intérêts du gouvernement, qui souhaite réaliser son programme législatif, et ceux de l’opposition, qui veut questionner et critiquer le gouvernement.
Cet équilibre est le mieux atteint lorsque le gouvernement et l'opposition — ce qui, au bout du compte, veut dire tous les partis — sont tous deux à la table et capables de refuser de fournir leur consentement et, par conséquent, de prévenir la prise d'une mesure. Cela va sans dire.
Le paragraphe 7 — je ne le lirai pas en entier — contient la phrase suivante:
Les changements que nous avons recommandés portent sur des aspects à propos desquels nous pouvions tous nous mettre d’accord.
Lorsque je dis « tous », je parle de membres venant d'un plus grand nombre de partis qu'il n'y en a aujourd'hui. La structure partisane de la Chambre des communes à cette époque était différente de ce qu'elle est devenue. Le président, Bill Kilger, le président adjoint de la Chambre, donc, d'une certaine façon, c'était un libéral, mais une figure non partisane. Les vice-présidents étaient Don Boudria, leader parlementaire libéral, et John Reynolds, leader parlementaire de l'Alliance canadienne. Les membres étaient Bill Blaikie, un néo-démocrate, Michel Gauthier, qui, si je ne m'abuse, était le leader à la Chambre du Bloc québécois et le futur chef du parti, Peter MacKay, le leader parlementaire des progressistes conservateurs, à l'époque, qui est ensuite devenu le chef.
Cinq partis étaient représentés au sein du comité. En fait, sa structure était un peu semblable au Comité ERRE, le Comité spécial sur la réforme électorale, dans la mesure où ses membres n'incluaient pas une majorité de membres du gouvernement. C'est assez frappant de penser que le comité ne contenait pas une majorité de membres du gouvernement. Par conséquent, ses propositions ne pouvaient littéralement pas être adoptées sans le consentement d'une majorité des partis à la Chambre des communes.
À vrai dire, le parti au pouvoir avait quand même un avantage dans la mesure où, si le comité devait présenter un rapport contenant des recommandations jugées insatisfaisantes par le parti au pouvoir, il pouvait alors utiliser sa majorité dans la Chambre des communes pour refuser de consentir au rapport du comité, exerçant ainsi un veto. Il avait un veto absolu. Cependant, en pratique, tout le monde avait un veto. La structure avait rendu ce fait très clair.
Honnêtement, je ne m'étais pas rendu compte que c'était la structure qui avait été utilisée — même si j'étais là vers cette époque — jusqu'à tout récemment. Alors voilà: ce comité s'appuyait exactement sur le même principe structurel que celui qui était utilisé au sein du comité sur la réforme électorale, et ce, pour les mêmes raisons. On avait volontairement cédé un certain contrôle. Il y avait aussi certaines règles de base assez frappantes qui avaient été établies.
Le paragraphe 7 précise, entre autres:
Les changements que nous avons recommandés portent sur des aspects à propos desquels nous pouvions tous nous mettre d’accord. Nous ne prétendons pas avoir résolu tous les problèmes, ni avoir abordé toutes les questions, mais nous estimons que notre rapport est un premier pas dans la bonne direction.
Ici, ils sont tellement d'accord avec ma philosophie personnelle:
Nous ne révolutionnerons peut-être pas le Parlement, mais nous croyons que la mise en oeuvre de changements progressifs peut être extrêmement utile et efficace et qu’elle peut, à long terme, donner de bien meilleurs résultats.
Des changements progressifs, lorsqu'ils s'accumulent, deviennent, au bout du compte, plus puissants que les changements révolutionnaires — qui produisent une contre-révolution, une réaction opposée — qui ne sont pas légitimes. Pour reprendre la métaphore politique que j'ai utilisée plus tôt, le renversement illégitime des Bourbons durant la Révolution française — pas que les Bourbons étaient... Je ne veux pas ici défendre les Bourbons —, mais la façon illégitime dont ils ont été renversés a entraîné une situation en France — un pays précédemment caractérisé par sa stabilité politique — qui a mené à une période, au cours des 150 années qui ont suivi... Une république, suivie d'un empire, suivi d'une monarchie, suivie d'une deuxième monarchie, puis d'une république, d'un empire et encore d'une autre république. Je crois avoir oublié une république en passant, vers 1870, près de la troisième république, après le deuxième empire et après la troisième monarchie, qui a été suivie de deux autres républiques.
Selon moi, il y a une leçon à tirer de tout cela, et c'est que nous devrions privilégier l'évolution plutôt que la révolution et que, à long terme, les changements apportés de façon progressive et grâce à des réformes consensuelles, comme le comité l'a dit, sont beaucoup plus importants.
Le huitième paragraphe de l'introduction contient une déclaration qui, selon moi, est anodine:
Tous les membres du Comité — et tous les partis — veulent que la Chambre des communes fonctionne aussi bien que possible.
L'extrait suivant, les quelques phrases qui suivent, sont, selon moi, beaucoup plus importantes:
Nous avons tous à coeur sa modernisation et l’amélioration de ses procédures. Lorsque c’est possible, il est préférable que la réforme des institutions et de la procédure parlementaires se fasse par consensus et avec l’accord de tous les partis.
Je vous demande d'écouter l'extrait qui suit:
La motion créant le présent Comité exige que tout rapport soit approuvé par l’ensemble de ses membres, et cette obligation a orienté nos délibérations.
Ils poursuivent en disant ce qui suit:
À cause de l’unanimité requise, un certain nombre de questions n’ont pu faire l’objet de recommandations; d’autres par contre ont fait l’objet de compromis de la part des membres et abouti à l’élaboration de solutions réalisables qui tiennent compte de nos intérêts divergents. On sent aussi entre les membres une entente remarquable et un réel partage des préoccupations. Même si nous ne nous entendons pas toujours sur la nature ou la cause des problèmes — ou sur leurs solutions — nous avons essayé de recommander dans le présent rapport des changements qui devraient selon nous améliorer le fonctionnement de la Chambre et le travail de ses députés.
Ce qui est vraiment important, ici, c'est qu'ils ont reconnu que l'exigence d'avoir l'unanimité signifiait que certaines choses n'allaient pas passer et que, d'un point de vue réaliste, pour le gouvernement, si nous abandonnons le modèle sous-entendu ou évoqué par la motion non amendée de M. , au profit du modèle que, selon moi, nous devrions promouvoir, cela signifie effectivement que le gouvernement devra abandonner certains des éléments de son programme. Cela signifiera qu'on n'adoptera pas une semaine de quatre jours, par exemple.
Même si certaines des autres suggestions formulées par Mme Chagger dans son document de travail sur la façon dont nous pourrions nous y prendre — faire du vendredi une journée pleine et déplacer les genres d'affaires dont on traite durant cette journée-là — sont des possibilités, si cette mesure-là est vraiment absolument essentielle pour le gouvernement, eh bien, ce n'est pas compatible, ici. Ce ne l'est tout simplement pas. Je pourrais aussi mentionner d'autres choses.
D'un autre côté, il y a de nombreuses choses relativement auxquelles nous pourrions avoir du succès, le même genre de réussites que celles qu'a obtenues le comité précédent, il y a 15 ans.
Le paragraphe 10 du rapport porte que:
La réforme de la procédure est un processus permanent. Les changements recommandés dans le présent rapport devront être évalués afin de s’assurer que leur mise en oeuvre donne les résultats attendus et n’a pas de conséquences imprévues. Nous encourageons le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre à entreprendre un examen du fonctionnement et des effets de ces propositions d’ici environ un an, et à poursuivre le travail de modernisation et d’amélioration de la procédure et des usages en vigueur à la Chambre.
Les membres du comité spécial ont reconnu que, une fois les travaux terminés, c'est le comité de la procédure et des affaires de la Chambre qui allait reprendre le flambeau. Par conséquent, je crois qu'il est justifié pour moi de dire que ce comité est un prédécesseur direct de notre comité. Lorsque j'ai parlé dans l'amendement de « notre » ancienne pratique, c'est la « nôtre », dans la mesure où c'est la pratique passée de ce comité, même si, d'un point de vue purement technique, il s'agissait d'un comité différent.
Le rapport indique que, même s'ils ont travaillé en fonction d'un consensus et qu'ils se sont limités aux sujets qui, selon eux, étaient peu susceptibles d'être si grandioses ou si vastes qu'ils pourraient produire des conséquences imprévues radicales, les membres ont accepté et tout de même reconnu en toute humilité qu'il pourrait y avoir des conséquences imprévues, et ils ont intégré un mécanisme pour s'assurer que les changements pourraient être renversés, au besoin.
Cette pratique humble qui consiste à reconnaître qu'il pourrait être approprié de revenir en arrière a été adoptée à un certain nombre d'occasions lorsque le Règlement a été modifié de façon temporaire. Selon moi, de façon générale, c'est une bonne pratique, vu qu'on peut faire des erreurs, mais, bien sûr, une façon d'éviter des erreurs, c'est de s'assurer d'adopter un cadre consensuel, d'éliminer les choses lorsque quelqu'un dit: « Je crains que nous soyons sur un terrain où nous n'avons plus des connaissances appropriées ni complètes », et, par conséquent, d'avoir la capacité d'apporter des changements qui n'auront pas des conséquences que nous ne voulions pas voir se produire.
Je passe en revue le document et je regarde de quelle façon ils ont ventilé le tout; c'est intéressant de regarder les sujets, parce qu'ils ne sont pas regroupés en fonction des mêmes genres de grandes rubriques thématiques que celles utilisées dans le document de travail de la ministre . Les mesures sont présentées dans un ordre qui, selon moi, semble principalement être l'ordre dans lequel les éléments se présentent dans le Règlement, dans la mesure où la règle 35 est analysée avant la règle 39 et ainsi de suite.
Il y a une certaine uniformité thématique dans le Règlement, c'est sûr, mais ce n'est pas l'ordre décrit par la ministre . Je soupçonne que c'est peut-être une façon sage de procéder, mais je ne tente pas de minimiser ce qu'elle a tenté de faire. Mes préoccupations, comme vous le savez, concernent la motion proposée par M. , et pas directement le document de travail de la ministre .
J'arrive ensuite aux discours des candidats au poste de Président. C'est le premier élément qui a été abordé. L'article 3.1 du Règlement a été suggéré.
Je vais les passer en revue assez rapidement. La prochaine chose qui a été abordée et à laquelle ils ont apporté des changements, en fait, c'est l'article 30 du Règlement, qui concerne l'« étude des affaires courantes », qui a lieu à 15 heures, les lundis et mercredis, à 10 heures, les mardis et jeudis, et à midi, les vendredis. Il est précisé que:
la Chambre passe à l'étude des affaires courantes ordinaires dans l'ordre suivant:
Puis, il y a une liste d'un certain nombre de choses. Le nouvel élément qui est ajouté, c'est le « Dépôt de projets de loi émanant du gouvernement », qui arrive après le « Dépôt de documents ».
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C'est excellent. Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant.
Je tiens à dire combien j'ai apprécié les dernières heures, et je plaisante seulement à demi. J'ai aimé entendre parler M. Reid. C'est toujours intéressant. Il connaît son histoire, et j'aime l'histoire. Je ne suis pas un expert, mais j'aime ça. Je suis heureux de reprendre là où il a laissé et de continuer à souligner pourquoi ce qui se passe est à ce point inacceptable.
Comme entrée en matière, je vais commencer sur une note positive. Je tiens à dire au gouvernement que nous ne voulons pas être ici. Je ne peux pas parler pour les autres, mais la preuve de ma propre motivation, c'est le rôle de leadership que j'ai assumé pour qu'on en revienne au rapport du directeur général des élections, même si c'est moi qui ai tout fait dérailler la première fois. Le fait est que, une fois que nous avons eu réglé le dossier, le ministre est venu, et nous avons tiré tout ce que nous pouvions nous attendre à tirer de lui, et c'était suffisant — à peine — pour nous permettre...
Ensuite — je m'adresse à nos collègues du côté du gouvernement —, à huis clos et devant public, vous savez que j'étais l'une des voix prépondérantes demandant qu'on retourne au travail, et c'est ce que nous avons fait. Très rapidement, nous avons réussi à tout mettre de côté. Nous étions au travail, mais nous voilà à nouveau de retour, ici, pour le même genre de problème, c'est-à-dire que le gouvernement laisse tout simplement tomber un pavé dans la mare et cause beaucoup de remous.
J'ai dit que j'allais essayer de commencer sur une note positive, alors je veux tout simplement réaffirmer ce qui suit: j'aime les négociations. Je suis un vieux négociateur — maintenant je suis vieux tout court — de très longue date. J'adore la négociation. J'adore les compromis. C'est un peu comme une partie de poker, et j'adore jouer au poker. Je ne gagne pas beaucoup, mais j'aime jouer.
Je veux dire aux députés du gouvernement que si jamais ils sont intéressés à ce que les leaders de la Chambre se réunissent — ou les whips ou les membres du Comité, ou une combinaison de ce qui précède pour un quelconque groupe que le gouvernement aimerait établir —, nous, au sein du NPD, serons assurément prêts à nous asseoir, et je soupçonne que ce sera aussi le cas de mes collègues, mais je vais les laisser parler d'eux-mêmes, pour essayer de trouver un compromis raisonnable qui tient compte du droit du gouvernement de définir un programme, mais qui respecte aussi le droit de l'opposition, qui doit jouer son rôle. Je crois que nous pourrions y arriver si nous nous réunissions de bonne foi.
Je tiens à dire — et je suis animé beaucoup plus par le chagrin que par la colère — que j'aurais aimé que ce soit l'approche adoptée dès le début. J'ai l'étrange intuition que nous ne serions pas dans la situation actuelle. Si mauvais que nous puissions être, c'est la pire situation que j'aie jamais vue. C'est pire que le projet de loi . C'est pire, parce qu'on y passe beaucoup de temps, et le gouvernement sait... Ces députés étaient dans l'opposition avec nous et ils savent ce que nous faisons. Ils savent que nous avons déjà des rotations, nous avons déjà des horaires établis. Il y a des gens qui viendront toute la nuit, et nous préparons les horaires pour la semaine prochaine. Nous savons où nous en sommes.
C'est sérieux. De plus, ce n'est pas très productif. Ça ne nous mènera nulle part, et nous resterons là, deux adversaires qui se dévisagent. C'est là où nous en sommes actuellement, et c'est bien inutile. Voilà ce qui me met en colère. Ce n'était pas nécessaire que les choses se passent ainsi. Si le gouvernement veut revoir ces choses...
Encore une fois, lorsque la ministre est venue pour nous dire d'essayer de terminer le travail sur le rapport du directeur général des élections d'ici — qu'avait-elle dit? — mai, si je ne m'abuse, nos têtes ont explosé, et nous nous sommes demandé comment nous allions pouvoir y arriver. Nous n'avons pas soudainement dit: « Jamais — rien ». J'ai mentionné que nous allions faire tout notre possible. Je lui ai dit en privé. Je ne peux pas en dire plus puisque c'était une discussion privée, mais je lui ai dit en privé et je l'ai réaffirmé publiquement que, si nous pouvions faire en sorte que le Comité... Si le gouvernement travaillait en collaboration avec nous pour cerner les domaines où il veut faire intervenir la législation... Je suis favorable à beaucoup de choses que le gouvernement veut faire, pas tout, mais beaucoup, surtout l'élimination de certaines des mauvaises dispositions du projet de loi .
Si nous avions pu nous asseoir et trouver une approche qui nous aurait permis de faire le travail et de gérer la situation de façon équitable... Je disais que j'avais proposé à la ministre — et je crois que l'opposition officielle était du même avis — que, si possible, nous aurions pu nous adapter à son horaire, même si nous n'avions pas à le faire. Nous sommes maîtres de notre destinée, mais, vous savez, nous avons offert de le faire, et nous avons dit que, s'ils voulaient cerner pour nous certains domaines où ils voulaient légiférer et qu'ils aimeraient connaître le point de vue du Comité, alors nous pourrions le faire. Même si ce n'était pas l'ordre dans lequel nous voulions faire les choses, nous étions ouverts à cette possibilité.
Je reste ouvert à l'idée de modifier la structure de nos travaux afin d'y arriver en temps opportun, ce qui aide le gouvernement, puisqu'il sait ainsi ce que nous pensons, afin qu'il puisse ensuite présenter des mesures législatives. Nous délaissons ce projet de loi ... on dépose un projet de loi devant la Chambre avant même d'avoir entendu ce que le Comité a à dire, puis, histoire de ménager la chèvre et le chou, vous nous dites à quel point les travaux du Comité sont importants. Ça ne tient pas la route.
Ce n'est pas comme s'il n'y avait aucune preuve que nous pouvons travailler ensemble, ou aucune preuve qu'il y a un désir de la part de l'opposition de faire preuve de coopération. Notre mandat consiste en partie à examiner le Règlement de toute façon. J'aurais été ouvert à l'idée qu'on ait cette discussion, mais je dois vous dire que la façon cavalière qui a été utilisée ressemble vraiment à ce que faisait le gouvernement précédent. Ça ressemble beaucoup au projet de loi , ce qui devrait vraiment ébranler les membres du gouvernement qui se retrouvent actuellement exactement dans la même situation que celle où se trouvaient les députés de Harper. Ils font à peu près la même chose qu'a fait Harper dans le cadre du projet de loi , seulement, cette fois-ci, il est question non plus de loi électorale, mais de la façon dont fonctionne la Chambre. C'est la même attitude, la même approche d'intimidation.
Je ne croyais jamais être témoin d'une telle chose, surtout de la part du nouveau gouvernement. Je dois vous dire, je ne comprends vraiment pas. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement croit qu'il gagnera la bataille ni pourquoi il pense que d'imposer des changements au Règlement permettra d'assurer un meilleur fonctionnement de la Chambre. À un certain point, monsieur le président, peu importe nos désirs de paix, si le gouvernement refuse absolument de tendre le rameau d'olivier en signe de paix, eh bien, ce qui m'inquiète — et, monsieur le président, je le dis en tant que personne qui est aussi impartiale que notre système le permet —, c'est que je ne suis pas convaincu que le Comité peut continuer à fonctionner si on continue d'être confrontés à des choses comme le projet de loi et la motion présentée au Comité. Je serais fou, en tant que député, de continuer à coopérer avec le gouvernement alors que tout ce qu'il semble faire, c'est de nous flanquer des coups de pied au derrière. Pourquoi est-ce que j'agirais ainsi?
Ce n'est pas la façon que je préfère. Je suis ici depuis plus de 30 ans. Le fait de lutter avec le gouvernement ou avec l'opposition si je suis au gouvernement, ça n'a rien de nouveau ou d'excitant pour moi. J'en suis las. Je dois vous dire, je n'en retire pas grand-chose.
Ce qui m'excite vraiment, c'est lorsque nous nous réunissons, malgré nos croyances politiques différentes, malgré nos expériences différentes, mais que nous nous réunissons de bonne foi. Alors, nous essayons collectivement de trouver — comme lorsque nous préparons des rapports — un libellé qui tient compte de vos préoccupations et des miennes. Ça, je trouve ça stimulant, parce qu'on va alors à contre-courant. Ce n'est pas facile de procéder ainsi dans un système conflictuel. Par conséquent, pour moi, personnellement, après toutes ces décennies, ce genre de travail devient un défi beaucoup plus important que de simplement me tenir debout sur une plateforme pour crier et beugler. Je l'ai fait pendant des décennies, tout le monde l'a entendu, et je soupçonne que nous en avons tous assez.
Un député: Avec dissidence.
M. David Christopherson: Avec dissidence? J'aurais cru que ça aurait été unanime.
Encore une fois, je dis tout ça, et je vais essayer de terminer sur une note positive. C'est difficile, vu le sujet qui nous occupe, mais je le mets de l'avant, et je suis sincère. Si les choses changent, je vous le dirai. Si nous franchissons le Rubicon et que j'en viens à me dire: « Vous savez quoi? Je ne veux plus vous parler, oubliez ça », je vous le dirai. Jusqu'alors, l'offre tient, parce que je ne trouve pas le processus particulièrement plaisant. Je ne trouve pas cela particulièrement productif, et je ne crois pas que les contribuables seront impressionnés non plus.
Je crois que le gouvernement aura beaucoup de difficulté à essayer de nous blâmer. Il pourra peut-être nous blâmer de faire de l'obstruction ou je ne sais quoi. Bonne chance! Vu vos propres antécédents liés au projet de loi et vu toute l'approche adoptée surtout lorsqu'on la compare à l'approche qu'on aurait pu adopter... Pourquoi êtes-vous passés à côté de cette occasion? Je ne comprends pas. Pourquoi les responsables ne se sont-ils pas réunis pour trouver un terrain d'entente afin que... même si nous étions en désaccord, il restait peut-être certaines petites choses que nous aurions pu essayer de... Même s'il avait dû y avoir certaines prises de bec, les frictions auraient été limitées. Actuellement, c'est tout le problème. Nous sommes dans le fossé. Nous faisons de l'obstruction systématique pour défendre le droit de faire une telle obstruction.
J'irais jusqu'à dire que j'incline à croire qu'il y a un bon nombre de députés de l'autre côté, du parti gouvernemental, qui ne sont pas très heureux de cette situation, parce que les chemins suivis ne sont pas, à vrai dire, ensoleillés. Nous sommes loin de la consultation, loin de la coopération, loin du respect, toutes choses promises par le gouvernement. Je dirai même que je pense que ma collègue de Hamilton, Filomena Tassi, quand elle a traité de ces questions, était sincère et s'est présentée ici croyant que c'est ainsi qu'agirait le gouvernement. À certains égards, il l'a fait. La situation n'a pas toujours été aussi mauvaise qu'elle l'est actuellement, raison de plus pour la trouver si surprenante.
Je ne m'attends pas à ce qu'on réagisse à mes propos, mais force m'est de croire que cette situation met mal à l'aise beaucoup de députés libéraux, surtout les nouveaux venus, ceux de la dernière élection. Pour eux, tout ce qui s'est passé avant leur arrivée, c'est de l'histoire ancienne et nous sommes à l'aube d'une nouvelle époque. Ils ont certainement cherché à se comporter comme si c'était le cas. Il s'agit d'une de ces prises de position que, dans leur for intérieur, ils ne tiennent pas vraiment à défendre dans leur circonscription. Cependant, c'est une décision qui leur appartient.
De nouveau, je réitère mon offre de tenir, sous une forme ou une autre, des discussions confidentielles leur permettant de reculer sans perdre la face. Je suis ici depuis assez longtemps pour savoir comment les choses se passent. Je sais comment nous obtenions un « oui » dans les années 1970, mais ce n'est plus ainsi que ça se fait.
Monsieur le président, je vous exhorterais simplement à exercer toute influence que vous pourriez avoir en tant que membre de bonne foi, à part entière, du caucus gouvernemental pour amener une solution en ce sens, parce que je constate que vous faites un excellent travail à la présidence. Vous aviez une difficile succession à assumer. Joe Preston était probablement l'un des meilleurs présidents que le comité de la procédure a eu au cours des dernières décennies, non seulement au Parlement, et c'était surtout à cause de la force de sa personnalité.
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Ce le serait davantage si les choses s'étaient réellement déroulées ainsi, mais personne ne le croit. Les choses ne se sont pas produites ainsi, mais pas du tout. J'ai le sentiment, mais sans pouvoir l'étayer de renseignements détaillés, que nous savons tous que cette motion porte toutes les traces de son passage par le Bureau du premier ministre. Il est tout à fait impossible, après ce qui s'est passé avec le projet de loi , que l'un ou l'autre des membres du parti gouvernemental se soit risqué à présenter un avis de motion aussi draconienne que celle-ci sans avoir obtenu l'accord complet, absolu, du , du , et du whip. La première fois, on peut admettre l'erreur. Vous savez de quoi il retourne: un premier essai, le blâme à porter, les choses de ce genre. Mais nous voici de nouveau, quelques semaines plus tard, devant la même damnée situation.
Le précédent gouvernement ne cherchait pas à paraître raisonnable. Il voulait donner l'impression d'être fort et gagnant. Son approche était tout à fait différente, si bien que dans beaucoup de ses actions il restait au moins fidèle à son image. Il faut lui laisser cela. Il était très discipliné.
Je ne comprends pas le gouvernement: il annonce des chemins ensoleillés, mais décrète des fermetures, il dit vouloir la transparence, mais impose autoritairement des changements, avec seulement un… même Harper n'a pas tenté de le faire. Cela montre combien la situation est pourrie. Il n'a même pas tenté de le faire. Voilà où nous en sommes. Le gouvernement a déterminé dans quels domaines il voulait des changements. Nous savons ce que représentent ces motions. Certaines d'entre elles, il a essayé de les faire adopter précédemment. Il y a eu la motion six. Vous souvenez-vous de cette débâcle? C'était le même genre de situation. Chaque fois que vous, du gouvernement, tentez de jouer à Mad Max, ça tourne à la foire. C'est toujours le même damné scénario.
Nous nous retrouvons donc sans autre option que de faire exactement ce que nous faisons, c'est-à-dire lutter pour préserver ce qui constitue peut-être le dernier outil véritable dont disposent les députés d'opposition pour, à tout le moins, refréner le gouvernement. Nous ne pouvons pas l'arrêter. Il est majoritaire. En bout de ligne, il obtiendra ce qu'il veut et il remportera le vote à coup sûr. Je faisais autrefois partie d'un gouvernement provincial qui disposait d'une majorité, pas aussi écrasante que celle du gouvernement devant nous, mais assez confortable que je sentais, chaque fois que je me présentais à la Chambre, que nous étions le gouvernement et que nous allions remporter le vote. Je n'ai pas éprouvé ce sentiment depuis.
Quelques fois, il s'agissait d'un gouvernement minoritaire, ce qui est une tout autre histoire, sur laquelle il nous faudra peut-être revenir plus tard pour passer le temps, mais pas ce soir.
Ce que le gouvernement a fait, c'est de déterminer ce qu'il veut, y compris l'abolition de nos droits. Voici de quoi il retourne, monsieur le président. L'obstruction systématique ressemble beaucoup à une grève. Vous savez, monsieur le président, depuis le temps que nous siégeons ensemble, que je suis issu du mouvement ouvrier de Hamilton. C'est de là que je viens. C'est à partir de là que je suis venu à la politique, et je me considère toujours comme quelqu'un du mouvement ouvrier. On ne peut se couper de ses racines. Je regarde l'impasse où nous sommes et je veux trouver un moyen d'en sortir. Je veux trouver un moyen par lequel nous pourrons nous attaquer au problème.
Mais que le gouvernement passe en revue ces choses et fasse un tri pour retenir celles qu'il veut… Il n'y a eu aucune consultation préalable, aucune discussion de concessions réciproques, aucune indication de ce qu'il envisageait. Si vous voulez la coopération, il existe des moyens pour favoriser la tenue de discussions de cette nature, mais il est clair que le gouvernement n'avait pas et n'a pas une telle intention. Je ne sais pourquoi, mais son réflexe semble être de vouloir se montrer le gouvernement le plus gentil au monde, puis soudainement de se montrer le plus malveillant. Cela s'est produit deux ou trois fois. Je ne comprends pas, mais pas du tout.
Il me semble qu'il a probablement fait ici un calcul sur le long terme. Il a examiné la situation — parce que c'est ce qu'on fait quand on est au pouvoir — et s'est dit: « Voyons quand se tiendra la prochaine élection et travaillons à rebours à partir de là afin de déterminer les mesures » — nous les appelions nos mesures emblématiques —, « nos pièces maîtresses, assurons-nous de les présenter et de les mettre en place en temps et surveillons les résultats. » Je pense que le gouvernement est atteint de « résultologie », qui est un peu la même chose. On travaille ordinairement à rebours d'une date donnée pour déterminer ce qui doit être accompli à un certain moment.
Je suppose, d'après le calcul qui a été fait, que le gouvernement veut faire adopter certaines mesures par la Chambre avant la prochaine élection et que sa capacité à peu près assurée de le faire quand bon lui semble vaut bien le désagrément et le coût que nous, les députés de l'opposition, cherchons à lui infliger.
Je suppose que c'est le calcul qui a été fait. Le budget est pour demain. Le fait que ceci se soit produit aujourd'hui n'est pas une coïncidence. Nous le savons bien. De toute évidence, le gouvernement espère que nous céderons.
Il faut que le gouvernement comprenne que rien actuellement n'importe davantage à l'opposition que de défendre ses droits. Nous ne ménageons aucun effort à cet effet, je le répète, mais il y a des députés siégeant sur les banquettes gouvernementales qui ont déjà été dans l'opposition et qui savent qu'ils y retourneront un jour.
Croyez-moi, si vous atteignez votre objectif, viendra un jour où vous serez, surtout les plus jeunes d'entre vous, dans la position où je me trouve moi-même, siégeant de ce côté-ci, tandis que les membres du parti gouvernemental siégeront de l'autre côté. Vous chercherez alors, mais en vain, des outils pour bloquer quelque mesure outrancière. Vous vous direz alors: « Eh bien! ça semblait être une très bonne idée à l'époque. » Ceux du côté du gouvernement diront: « Vous savez, à l'époque nous pensions que c'était une mauvaise idée, mais aujourd'hui nous pensons que vous aviez probablement raison. Cette modification du règlement est bonne. Vous avez bien fait. Merci. Nous apprécions votre prévoyance. »
Quelle serait une autre solution viable? N'importe laquelle, ou presque, serait préférable à celle-ci. Ce que je veux dire, pour quelqu'un qui suit…
L'autre chose qu'il faut signaler au gouvernement, c'est que, s'il est probablement vrai que peu de gens portent attention à nos discussions pour le moment, leur nombre ne cessera de croître. Il y a beaucoup de gens, en particulier ceux qui votaient habituellement pour nous, pour le NPD, qui ont donné leur voix aux libéraux, et ce pour toutes sortes de raisons, mais bon nombre d'entre eux étaient attirés par cette mesure emblématique qu'était la réforme électorale, plus précisément la représentation proportionnelle. Les libéraux ont payé chèrement leur recul dans ce dossier. Ces gens sont mécontents, très mécontents. La motion qui a été présentée dérangera précisément ces mêmes personnes.
Pourquoi vous voulez nuire ainsi à votre image de marque m'échappe complètement. C'est cela que je ne comprends pas. L'image de marque, c'est tout. Un nouveau gouvernement consacre la plus grande partie de la première des quatre années de son mandat à bien établir son image de marque, l'image qu'il choisit. D'après ce que je peux voir, ce n'est pas le cas de ce gouvernement. Attitude non démocratique, adoption autoritaire de mesures, abolition des droits de l'opposition obligeant les comités à siéger jour et nuit et ses membres à se livrer à une obstruction systématique pour défendre justement le droit à l'obstruction, est-ce cela votre image de marque? Vraiment?
S'agit-il de « conservateurs libéraux » ou de « libéraux conservateurs »?… Les conservateurs ici vous diraient sans doute que jamais ils ne se seraient abaissés à ce point et qu'il ne faut pas associer leur nom à cette idée. Il faut leur rendre justice: ils ne l'ont pas fait. Ils ont fait des choses déplorables — j'en ai été témoin —, mais ils n'ont rien fait de semblable. Et dire que c'est le gouvernement actuel — je reviendrai sans cesse sur ce point, parce qu'il est le plus affligeant — qui avait promis d'être différent, de respecter les comités. Où est-il, le respect?
Pour le projet de loi , j'étais prêt à passer l'éponge. Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement était coincé. Je saisis l'aspect politique de l'affaire. Je comprends. Il était en mauvaise posture. Les critiques pleuvaient. Il prenait conscience des réactions négatives devant son abandon de la réforme électorale. Il voulait lancer quelque chose de positif afin de contrer un peu cette vague d'insatisfaction. Cela, je le comprends, mais cela ne justifie aucunement sa manière brutale de procéder.
La ministre — la deuxième, pas la première — l'a presque reconnu. Il s'en est fallu de peu qu'elle le dise. Bon, je peux deviner quels conseils elle devait recevoir du personnel ministériel, mais il elle est venue tout près de le dire: « Vous savez, nous avons gaffé; nous n'avons pas accordé au comité le respect qu'il fallait. »
Même si je n'ai pas obtenu la promesse formelle que cela ne se reproduit plus — et je vois bien pourquoi, vu ce qui se passe aujourd'hui —, au moins ce qu'elle a dit nous suffisait, parce que nous voulions reprendre le travail constructif. Elle a lâché assez de lest pour que nous puissions dire: « Bon, je vous accorde une note de passage, disons un C. Ce que vous dites nous permettra d'avancer. Revenons au rapport sur la réforme électorale. C'est l'objectif primordial. C'est ce qui importe réellement ici. »
Je n’aborderais pas ce sujet en temps normal, mais dans le contexte, comme le gouvernement doit nous diffamer pour les mesures que nous prenons — je sais que c’est ce qui arrivera —, je dois rappeler publiquement à mes collègues que j’ai — à titre de membre du comité — fait tout ce que je pouvais et que j’ai collaboré avec les autres pour parvenir à nous remettre sur la bonne voie. Tout allait bien jusqu’à hier avant la réunion.
En passant, c’est un autre point que je veux soulever. Nous n’avons pas parlé de tout l’argent qui a été gaspillé aujourd’hui par les méthodes employées par le gouvernement. Je ne parle pas seulement de tout le temps qu’y ont consacré les employés hautement professionnels du bureau du directeur général des élections du Canada qui sont venus témoigner. Ils ont fait leurs devoirs. Ils étaient préparés. Ils étaient tous prêts à aller de l’avant. Nous sommes tous prêts à aller de l’avant. Soudainement, sans que rien l’ait laissé présager — je suppose que je ne peux pas trop m’avancer sur ce qui a été dit à huis clos —, mais il suffit de dire qu’en un clin d’oeil, les débats étaient publics et on essayait de nous le faire avaler. Tout un revirement rapide de situation.
Pour ce qui est de la motion — de la modification — qui nous est présentée, c’est le genre de dossier où il n’y a pas de discussion, où le gouvernement refuse d’en parler, ou d’offrir une solution de rechange ou de faire des compromis. Il nous laisse entendre clairement qu’il est prêt à utiliser sa majorité pour imposer les changements à la Chambre des communes. Sa majorité, sa directive... notre Chambre, notre Parlement. Ce n’est pas ce que nous avons entendu en campagne électorale. C’est totalement différent de ce que nous avons entendu en campagne électorale.
J’ai proposé un compromis qui avait fonctionné. J’ai proposé plus tôt aujourd’hui, monsieur le président, que nous puissions peut-être considérer le modèle qui a été utilisé pour le comité spécial qui s’est penché sur la réforme démocratique. C’est la solution qui nous a sortis de l’impasse et nous a ramenés dans un débat positif. Je tiens toutefois à dire que c’était le jeune qui est arrivé avec cette idée et que c’est Nathan qui a dit: « C’est une bonne idée ». Il a pris l’idée, l’a travaillée, l’a peaufinée et l’a complètement changée. Je tiens à attribuer à Dan le mérite du concept initial, mais c’est Nathan qui a donné vie au projet. Il a fait un excellent travail.
C’est peut-être une solution que nous pourrions reprendre pour nous sortir de cette impasse. Est-ce que le modèle pourrait nous aider à sortir de cette impasse? Le gouvernement dit qu’il est sincèrement prêt à faire des concessions et des consultations. Tous les mots que nous utilisons habituellement lorsque nous sommes sincères, il les utilise. C’est peut-être le mécanisme qui nous permet d’avancer.
Cependant, ce n’est le cas que si le gouvernement souhaite réellement des consultations, des discussions, de l’ouverture, de la transparence et toutes les autres choses dont il a parlé pendant la campagne électorale, mais dont il ne semble plus vouloir être à la hauteur. Encore une fois, ces propositions auraient pu être faites lors de la réunion des leaders du gouvernement à la Chambre ou du comité directeur que ce soit ici ou ailleurs, n’importe où ou à n’importe quel moment plutôt que de dire: « C’est notre façon ou rien ». C’était la façon de faire du dernier type. Ce gouvernement devait faire les choses différemment. Cependant, il fait les choses différemment quand cela lui convient, mais ne le fait pas systématiquement.
Il n’est pas vraiment différent. Voilà une autre promesse brisée. Nous commençons à en avoir toute une série... assez importante.
Le modèle permettrait également de faire une chose qui n’a pas été mentionnée encore, je crois, mais que j’ai mentionnée à quelques reprises en dehors de cette salle. Peut-être qu’on l’a mentionné, mais rarement. Qu’en est-il des droits des députés de la Chambre qui n’appartiennent pas à un parti reconnu? Avec le modèle Cullen, nous avons fait des pieds et des mains pour nous assurer qu’ils aient leur mot à dire dans les règles électorales qui étaient à l’examen. Il s’agit de leur élection aussi. Leurs droits sont-ils respectés dans tout ça? Quand sont-ils consultés et quand peuvent-ils donner leur avis? Le gouvernement ne semble même pas y avoir pensé.
Encore une fois, vous savez, les actes ne suivent pas les paroles. Le modèle nous permettrait d’avoir une discussion juste où toutes les parties auraient leur mot à dire. La structure fait pression sur les députés pour qu’ils trouvent un compromis. Le mécanisme fait en sorte que ce ne sont pas tous les députés qui prennent la décision et l’exécutent. Vous aviez la capacité de faire votre chemin de manière à ce que tous soient d’accord dès le départ sur les règles, sur la nouvelle structure. Rien n’a été discuté...
Ce qu’on nous présente aujourd’hui... Il sera intéressant de voir le nombre de modifications présentées par les deux partis de l’opposition d’ici à la fin de ce processus. Il se pourrait que nous établissions un nouveau record de vitesse. Pour le moment, nous avons une motion qui exige une entente entre toutes les parties. Le gouvernement n’est pas d’accord. Il n’est pas d’accord avec cette proposition. Il ne veut pas faire de compromis. Il n’est pas d’accord avec... La seule chose avec laquelle il semble être d’accord est que peu importe ce qu’il veut faire, il peut le faire. Sur ce point, il est d’accord.
Il était également intéressant de voir que même aujourd’hui... c’était lors de la séance publique et non à huis clos alors je peux en parler. M. Chan, un député du gouvernement, a soulevé la question de ce droit ici il y a quelques heures. Il a mentionné l’idée que peut-être... Vous vous souviendrez, monsieur le président, que j’ai tenté que le Comité mette fin au débat puisque nous n’avions pas discuté du sujet traité en caucus. Nous aurions ainsi eu la chance de ramener la question à notre parti demain et obtenir un mandat pour que nous puissions avoir le soutien de nos députés lorsque nous nous adressons au Comité. Nous aurions pu savoir ce qu’ils en pensent et ainsi parler en leur nom. Le gouvernement a refusé.
Je veux dire, c’était insensé. Nous débattons actuellement d’une motion et d’une modification stratégique qui auront une incidence sur tout ce que nous faisons en chambre. Le gouvernement ne voit pas de problème à ce que nous n’en discutions pas avec notre caucus en premier. Mais voyons... Personne n’y croit, peu importe son entêtement à regarder son BlackBerry ou son iPad, peu importe ses tentatives de détourner le regard de ce gâchis. C’est indéfendable. Comment peut-on défendre le fait de forcer les députés à débattre de la politique la plus importante dont nous pourrions débattre — les règlements de la Chambre — sans même qu’ils aient l’occasion de présenter le document de travail et la motion à leur caucus?
Vous l’avez appelé un document de travail, n’est-ce pas? Or, vous avez refusé que nous ayons l’occasion d’en discuter. Vous pensez que c’est juste? Comment pouvez-vous défendre cet acte? Mais, tous les députés du gouvernement ont dit: « Non, vous devez en débattre maintenant. Nous avons dit maintenant. » Nous avons reçu des employés du directeur général des élections devant ce comité. Nous étions tous prêts à le faire. Nous avions tous les documents et nous étions prêts à aller de l’avant. Mais, soudainement, le gouvernement a dit: « Non, nous allons traiter de cette motion immédiatement ». J’ai demandé un report d’au moins deux jours. Mon ami, M. Reid, a eu une idée encore meilleure, celle de reporter seulement le débat plutôt que toute la réunion, ce qui nous aurait permis de travailler toute une journée sur le rapport du directeur général des élections. C’était une excellente idée. Je l’ai vue comme un changement amical. C’était une bonne façon d’améliorer mon idée. Qu’a dit le gouvernement? Non, le gouvernement a dit non.
C’était tôt dans le processus. Comme la période de questions approchait, M. Chan, qui est un homme très raisonnable avec qui j’aime travailler, a fait une proposition raisonnable en oubliant, je crois, que les libéraux ne sont pas raisonnables actuellement. Pardon, c’est M. Schmale qui l’a mentionné et vous avez répondu. Je ne veux pas me tromper. Je ne veux certainement pas vous entraîner sur une fausse piste. Je pourrais le faire, mais décidément dans un dossier pour lequel vous le méritez et non si vous ne le méritez pas. Si la proposition venait de M. Schmale, c’est très bien.
Il est juste de dire toutefois que M. Chan a répondu positivement et a dit: « Très bien, nous pourrions peut-être suspendre la séance pour la période de questions et revenir ensuite ». C’est lorsque nous avons demandé quand nous devrions reprendre qu’un membre du personnel supérieur est arrivé avec son caucus et nous a dit quelques mots. Puis M. Chan a ajouté: « Non, nous allons continuer à en débattre ».
Des députés du Parti libéral sont venus se vanter en me disant que cela n’était pas arrivé et que cela n’allait jamais arriver. Ils m’ont dit: « Vous vous souvenez, Dave? Avec le gouvernement Harper, le personnel était toujours là pour leur dire quoi faire comme une bande de marionnettes ou d’otaries. Nous n’allons jamais le faire. Nous sommes ici à titre de députés indépendants. Nous allons penser à nos intérêts. Vous pouvez compter sur nous Dave. Ne vous inquiétez pas. Nous sommes bien loin de ce non-sens. »
Pas vraiment en fait, puisque c’est exactement ce qui se produit.
M. Chan a répondu avec sagesse — selon moi il est un homme raisonnable — et a dit que oui, c’était logique dans ce sens puisque nous allions le faire pendant des jours ou des semaines. Pour lui dire: « Oui, nous prendrons quelques minutes pour laisser à tout le monde le droit d’exercer son droit de participer à la période de questions »... et que le personnel rejette cette décision et oppose son veto. Eh bien, pourquoi le personnel n’assiste-t-il pas aux réunions pour que nous puissions avancer directement et nous débarrasser des intermédiaires?
Les amis, en particulier les nouveaux députés, c’est le genre de choses auxquelles les députés d’arrière-ban du gouvernement étaient habitués à se buter en permanence avec le gouvernement Harper et ils le méritaient. Maintenant, vous permettez qu’il vous arrive la même chose. Ce n’est pas moi. J’écris le texte, mais rien de ceci ne se produirait si ce n’était de ce que vous avez fait. C’est ce que vous forgez pour vous-même. Pas tous encore... Lentement, mais sûrement, vous passez par tous les dossiers pour lesquels vous aviez dit que vous agiriez différemment. Devinez quoi? Voir un membre du personnel supérieur venir ici et dire à un député quelle décision il doit prendre, en particulier si la décision renverse celle prise par le député, est probablement l’antipode du respect des comités et de l’acceptation du fait qu’ils sont maîtres de leur destin.
Pourquoi? Je ne sais pas. Tout ce que je constate est l’échec d’un calcul politique. Est-ce que le gouvernement sait à quel point nous sommes décidés de ce côté de la Chambre? D’aussi loin que je me souvienne, c’est la première fois que les conservateurs et le NPD collaborent aussi étroitement. J’y pense et c’est réellement la collaboration la plus étroite vue depuis longtemps. Ce n’est pas parce que soudainement nous sommes d’accord à tous les égards, mais nous convenons que la situation est injuste et que ce n’est pas la bonne façon de faire. S’il essaie de nous enlever les quelques outils qu’il nous reste pour exercer efficacement notre rôle de députés de l’opposition et qu’il croit que nous n’allons pas sourciller, le gouvernement en a fait une mauvaise interprétation.
Je peux vous dire qu’on atteint ici le plus haut niveau de détermination pour les deux partis de l’opposition. Je sais que Mme May pense la même chose — elle a déjà été dans cette situation — et j’ai comme l’impression que le reste des députés indépendants vont penser la même chose, en particulier puisqu’ils n’ont pas un mot à dire. Ils n’ont pas un mot à dire et le gouvernement n’a même pas pensé aux députés de l’opposition. Qui sont-ils? Qui s’en soucie? Nous sommes la majorité et ce qui compte c’est ce que nous voulons. Nous devons nous occuper des partis officiels et nous allons le faire. Nous allons nous arranger avec eux, ne vous inquiétez pas. Les autres, eh bien, ils n’ont pas de pouvoir et nous veillerons à ce qu’ils disent ce que nous voulons.
Par contre, nous allons faire les choses différemment. Ce n’est pas comme si j’avais à défendre des idéaux élevés et à faire comme si vous les souteniez. Les libéraux sont ceux qui ont prononcé de nobles discours pendant cette fichue campagne de 11 semaines et qui ont profité de toutes les occasions pour répéter à tous qu’ils allaient faire les choses différemment. Le fait de dire une chose et de faire le contraire ne consiste pas à faire les choses différemment. Les Canadiens en ont déjà eu leur lot. Le gouvernement a dit aux Canadiens: « Nous serons différents, faites-nous confiance ». Et maintenant, par ce genre de non-sens, le gouvernement insulte ces mêmes Canadiens qui lui ont fait confiance.
Je ne sais pas ce qui va se produire avec les changements à la loi électorale. Je pense au fait qu’il y a quelques heures nous étions productifs et que j’avais l’impression que nous allions quelque part. Et maintenant, je n’en ai aucune idée. Prenons quelques instants pour explorer cette voie.
La ministre des Institutions démocratiques nous a demandé de terminer notre étude du rapport du directeur général des élections — qui est très long en passant — d’ici le 19 mai. Nous n’avons pas encore déterminé comment nous allions y arriver, mais nous sommes prêts à essayer. Encore une fois, il semble que le temps sera un problème. Si le gouvernement pouvait nous dire quels aspects il souhaite faire avancer en premier, nous pourrions réaménager nos travaux pour qu’il puisse tirer profit de...
Tout est fini maintenant, monsieur le président. Tant que nous demeurerons liés, rien ne se passera. Alors, est-ce que cela signifie que les conservateurs... pardon... les libéraux... commençons à aborder ces questions et les vieilles habitudes refont surface.
Est-ce que cela signifie que, pour les libéraux, leur mainmise sur la totalité de la Chambre et des comités est plus importante que d’améliorer un peu le projet de loi et l’injuste loi électorale? Ou est-ce que cela signifie que le gouvernement recommencera à ne pas respecter le comité et ses opinions comme le projet de loi ? Parce que vous ne pouvez pas tout avoir. Vous ne pouvez pas nous obliger à participer à cette bataille féroce pendant des jours et des semaines et vous attendre à ce que nous terminions un rapport que nous ne sommes même pas certains de pouvoir terminer selon l’échéancier prévu si nous ne pouvons même pas aborder la question. Alors qu’est-ce que cela signifie? Est-ce que cela signifie que le gouvernement dira qu’il cédera sur certains points? Il semblera donc écouter le Comité et le respecter et attendre son rapport. Nous en reviendrons au même point où nous étions avec le projet de loi . Nous ne sommes pas bien loin de la façon de faire appliquée pour le projet de loi , l’injuste loi électorale.
Nous avons déjà entendu M. Reid admettre que l’approche de l’opposition pour le projet de loi avait causé des dégâts. Je ne pouvais même pas compter sur les libéraux pour mener une bataille aussi féroce contre le projet de loi . Ils s’y sont opposés, mais ils ne l’ont pas fait aussi vigoureusement que l’opposition officielle qui s’est liée au troisième parti pour s’assurer que cela ne se reproduise pas. Je constate deux injustices: imposer les changements que vous souhaitez, au diable l’opposition, et apporter les changements électoraux que vous souhaitez, au diable l’avis du Comité. En sommes-nous rendus là? Est-ce que le rôle du Comité en est réduit à cela? Il semble que oui.
Nous jonglons avec notre plan de travail pour tenter de tout y accommoder. Je viens de donner l’exemple le plus perspicace. Nous avons beaucoup de travail important à faire et quiconque siège à ce comité depuis un certain temps sait qu’il ne passe pas beaucoup de temps avant que quelqu’un arrive et nous donne plus de travail. Le président nous renvoie des dossiers. La Chambre nous renvoie des dossiers. Des projets de loi nous sont soumis. Même si nous établissons un plan de travail, il est toujours difficile de le respecter. C’est là où il est important que nous collaborions, que nous nous respections et que nous allions tous dans la même direction pour accomplir nos objectifs, parce que nous croyons qu’il faut le faire dans l’intérêt des gens que nous représentons. Quand le faisons-nous? J’aimerais qu’un député du gouvernement me le dise.
Qu’allez-vous dire? Allons-nous commencer à nous réunir six jours par semaine? Est-ce que c’est la solution, parce que cela a fonctionné jusqu’à présent? Nous pourrions le faire si nous adoptions le modèle dans lequel nous collaborerons et nous déterminerons comment y parvenir. Cela pourrait être possible, mais le gouvernement ne veut pas en parler. Il n’en a pas l’intérêt. Je ressens de la sympathie pour les députés d’arrière-ban qui agissent comme des somnambules.
Je sais que certains comprennent et connaissent quels sont les risques pour leur image dans leur circonscription. Je sais que certains comprennent. J’éprouve surtout de la sympathie pour ceux qui ne comprennent pas et qui ne font que suivre les autres et faire ce que le gouvernement leur demande. Ils disent: « Oui, d’accord, je vais appuyer cette proposition. Oui, bien sûr ». Puis ils rentrent dans leur circonscription et se demandent ce qui s’est produit. Nous le savons tous... Nous ne voulons pas trop nous avancer. Je ne soulèverais pas la question si les médias ne l’avaient pas déjà fait, mais la porte est ouverte. On ressent déjà un peu de cette tension qui existe entre les ministres et les députés d’arrière-ban. J’ai vécu les deux situations.
J'ai été le député d'arrière-ban qui se sentait frustré et j'ai été le cabinet du ministre qui porte la responsabilité. Je comprends. Vous allez vous débattre avec ces choses durant les prochains jours. Le fait que vous pensiez qu'il n'y a peut-être pas assez de consultation avec le cabinet et avec le caucus avant que les choses ne soient faites n'est pas nouveau — croyez-moi — et quiconque faisant partie de votre caucus et qui a déjà fait partie d'un gouvernement vous dira que cette situation n'est pas nouvelle.
Par exemple des ministres qui se rendent dans votre circonscription sans que vous le sachiez et cela vous énerve parce que le ministre vient et que vous ne le saviez pas. Ce n'est pas nouveau. Il y a ce genre de tensions. Je suppose que certains, surtout parmi ceux qui font vraiment de la politique sur le terrain et ont un bon sens de la politique, vont entrer demain dans cette réunion de caucus ou dans la quasi-retraite de la fin de semaine et qu'il va y avoir de nombreuses expressions d'inquiétude sérieuse sur ce qui se passe, parce que ces choses sont tellement difficiles à défendre, pas seulement parce que c'est compliqué, mais parce que ce n'est pas juste.
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Merci, monsieur le président.
Vous m'avez pris au dépourvu. Mon collègue a raconté une blague qui n'était pas drôle du tout, mais j'ai dû quand même rire. Bien entendu, M. Brassard est toujours drôle. Je ne vais quand même pas raconter sa blague au Comité. Ce ne serait pas correct.
J'ai entendu aujourd'hui quelques arguments vraiment judicieux, quelques commentaires vraiment percutants de la part de mes collègues de ce côté-ci. Je suppose que les ministériels espèrent seulement nous fatiguer pour nous avoir à l'usure. Ils vont simplement imposer ces changements, en espérant que nous allons résister pendant quelque temps, mais que nous finirons par lâcher prise afin qu'ils puissent agir à leur guise. pourra se comporter en dictateur comme il le souhaite.
Je peux vous dire tout de suite que cela n'arrivera pas. Vous pouvez voir dans la salle de nombreux députés qui n'ont même pas besoin d'être ici pour le moment alors qu'il est près de 11 heures du soir. Quelles conclusions en tirez-vous? Cela montre que les deux partis d'opposition sont déterminés à se battre. Nous allons résister non pas pour nous-mêmes, mais dans l'intérêt des Canadiens parce que ce que essaie de supprimer, ce sont les comptes que lui-même et son gouvernement doivent rendre aux Canadiens.
Une voix: Bravo!
M. Blake Richards: N'ayons pas peur des mots. Disons les choses telles qu'elles sont. Voilà ce dont il s'agit.
Par le passé, a dit admirer la dictature en Chine. Il a chanté les louanges de son oncle Fidel. En fin de compte, il veut être comme eux. Il veut être un dictateur au Canada. Cela semble excessif, je le sais, mais c'est ce que nous constatons. Je dis les choses telles qu'elles sont, car lorsque vous examinez ces changements, c'est ce qu'il essaie de faire. Il essaie de supprimer toute capacité d'exiger des comptes.
Monsieur le président, j'ai partagé un article sur Facebook. Cet article porte sur les délibérations d'aujourd'hui de notre comité. Je vais vous en parler dans un instant. Tout d'abord, je suis parti sur une tangente et j'ai oublié ce que je voulais dire à propos des collègues que j'ai entendus aujourd'hui, de leurs idées et de leurs opinions que j'ai beaucoup appréciées.
Le discours qui m'a vraiment frappé est celui de mon collègue, M. Reid. Lorsqu'il était ici tout à l'heure, il a parlé assez longuement. Je n'ai pas vérifié, mais c'était probablement pendant plus d'heures que je ne peux en compter, ce qui ne veut pas forcément dire beaucoup, mais un certain nombre.
Une chose m'a frappé. Cela fait maintenant plusieurs années que je siège à des comités avec M. Reid. Je siège au Parlement avec lui depuis plus de huit ans et je sais que M. Reid est très rationnel et très calme. Je dirais que son approche est très intellectuelle. C'est, en fait, assez inhabituel au sein de la classe politique. De nombreux politiciens aiment se donner en spectacle pour mieux avancer leurs arguments. C'est assez fréquent chez les élus, à tort ou à raison. M. Reid n'est certainement pas dans ce cas. La colère qu'il a manifestée à ce sujet aujourd'hui était légitime. Elle était bien réelle. Je n'avais encore jamais constaté cela chez lui, même si nous avons vécu ensemble de nombreuses situations très stressantes. J'ai assisté à de nombreuses audiences de comités portant sur des sujets épineux et je n'ai jamais constaté cela.
Cela veut dire quelque chose, je pense. Je ne dirais pas qu'il s'est emporté, mais nous avons vu toute la passion et l'émotion d'un homme qui n'a généralement pas ce genre d'attitude. Il était en colère. Il a employé un mot qu'il regrette probablement, mais c'est parce qu'il s'inquiète réellement, légitimement et passionnément de ce que le gouvernement cherche à faire pour ce qui est de ses responsabilités envers les Canadiens. Il ressortait clairement de ses paroles et de son ton qu'il était scandalisé comme je ne l'avais encore jamais vu être. J'étais déjà très conscient de la gravité du problème, mais cela me l'a vraiment fait comprendre.
Si tous les Canadiens voyaient cela, ils comprendraient, si ce n'est pas déjà le cas, quelle est la nature du problème. D'autres collègues ont également expliqué avec des arguments très éloquents pourquoi il est si important dans une démocratie — ce qu'est le Canada ou du moins ce qu'il est encore — que l'opposition ait la capacité et les moyens d'exiger des comptes du gouvernement.
Comme M. Christopherson l'a fort justement souligné, le gouvernement va remporter pratiquement chaque vote. Bien entendu il est déjà arrivé au cours de cette législature, que ce ne soit pas tout à fait le cas. En fin de compte, il est assez rare que le gouvernement ne remporte pas le vote — même extrêmement rare.
Je suppose que cela présente certains avantages. Certains diront le contraire. Néanmoins, il est important que l'opposition puisse attirer l'attention sur des questions préoccupantes et exiger des comptes du gouvernement. Une des principales raisons à cela est que souvent, un gouvernement peut se servir de ce pouvoir et d'autres pouvoirs — qu'il essaie également de modifier et de mettre en place — j'en parlerai ce soir, monsieur le président. Il peut imposer une mesure et cela de façon précipitée. Il peut imposer sa volonté, nous obliger à voter — c'est ce qu'il essaie de faire ici, je pense — avant que qui que ce soit n'ait le temps de réagir et de s'y opposer.
Ce que nous constatons dans le cas de cette motion, du document de discussion et du délai fixé dans la motion, c'est qu'on cherche… Quand les Canadiens entendent dire que les députés libéraux veulent prendre congé les vendredis ou que le premier ministre veut seulement rendre des comptes un jour par semaine à la Chambre des communes, leur réaction n'est pas très positive. Je peux vous dire que les gens qui sont au courant… De nombreuses personnes sont venues me parler, la semaine dernière, quand j'étais dans ma circonscription, pour me demander que fait le gouvernement? Est-ce vraiment son intention? Essaie-t-il vraiment de réduire sa semaine de travail? Essaie-t-il vraiment de faire en sorte que le premier ministre…? Je vous rapporterai dans un instant certaines de ces réactions, monsieur le président.
Le fait est que lorsque les gens en entendent parler, cela les inquiète. Le gouvernement espère faire adopter ces changements avant que les Canadiens n'en entendent parler, avant qu'ils ne puissent se mettre en colère et s'y opposer.
Il faut reconnaître une chose. Les Canadiens sont très occupés. Ils élèvent leurs enfants, ils gèrent leurs entreprises — lorsque le gouvernement libéral n'essaie pas de les pousser à la faillite en les écrasant d'impôts — ils essaient de conserver leur emploi, de faire faire des activités à leurs enfants, de prendre soin de leurs parents âgés. Ils ont toutes sortes de choses à faire. Ils sont très occupés. Je pense que les gens sont plus occupés maintenant qu'ils ne l'ont jamais été.
Cela veut dire qu'ils n'ont pas autant de temps qu'ils le souhaiteraient pour suivre ce qui se passe au Parlement ou dans les assemblées législatives des provinces et sur la scène politique en général. Parfois, si le gouvernement arrive à faire ce genre de choses assez rapidement sans se faire remarquer, il peut s'en tirer impunément avant que qui que ce soit ne le sache. Je pense que c'est son but ici. C'est pourquoi l'opposition doit essayer de ralentir le processus, pour permettre aux Canadiens d'examiner ce qui se passe et aux parlementaires d'étudier la question en profondeur et d'émettre des inquiétudes au nom de leurs électeurs — qui sont les Canadiens — sur la place publique. Les Canadiens pourront ensuite voir si les mesures en question servent vraiment leurs intérêts avant qu'elles ne soient imposées et non pas après, quand il est trop tard.
Voilà le noeud du problème, monsieur le président. Comme je l'ai dit, il y a deux heures, j'ai partagé un article sur ma page Facebook. C'est un article publié l'autre jour au sujet de cette obstruction ou quel que soit le nom que vous voulez lui donner aujourd'hui — au sujet de cette séance de comité qui dure depuis un certain temps.
Je ne voudrais pas qu'on m'accuse de chercher à discourir trop longuement, mais si vous le permettez, monsieur le président, je pense que je devrais lire cet article pour fournir le contexte de certaines des remarques que je m'apprête à faire. Je ne vais peut-être pas le lire en entier, mais en partie, juste pour vous en donner une idée.
En fait, c'était un article du National Post dont le titre mentionnait les remarques de M. Reid dont je vous ai parlé. Elles étaient, je pense, vraiment surprenantes de sa part et montraient à quel point cette tentative du gouvernement est scandaleuse.
Voici le titre:
Les conservateurs accusent les libéraux d'imposer de force des modifications à la procédure de la Chambre
Je vais cliquer sur cet article afin de pouvoir l'ouvrir, si vous le permettez. Je vais en lire un extrait.
Voici:
Les partis d'opposition ont fustigé le gouvernement libéral mardi…
Nous sommes encore mardi, je pense, mais pas pour très longtemps.
… pour avoir essayé « d'imposer de force » des changements majeurs dans la façon dont la Chambre des communes travaille.
Il est donc question d'imposer des changements majeurs. Voici le paragraphe suivant:
… ce qui est également un point très important —
— les libéraux ont proposé, mardi, que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre étudie les changements majeurs au Règlement que la leader parlementaire du Parti libéral, Bardish Chagger, a présentés en fixant un délai strict, en juin, sans préciser qu'ils ne profiteraient pas de leur majorité pour imposer des modifications au Règlement de la Chambre sans le consentement de l'opposition.
Je vais m'arrêter là, car les deux premiers paragraphes de cet article contiennent de nombreux points importants. On dit que le gouvernement essaie d'imposer de force ce que l'auteur de l'article appelle « des changements majeurs dans la façon dont la Chambre des communes travaille ».
Il n'est pas question ici de changements mineurs ou courants. Il ne s'agit même pas de modifier une loi importante que la Chambre des communes examinerait. Il s'agit de changer les règles selon lesquelles la Chambre des communes travaille et d'essayer de faire pencher davantage la balance en faveur du gouvernement.
L'article mentionne également le court préavis. Cela confirme ce que je disais plus tôt, à savoir que le gouvernement essaie de glisser quelque chose subrepticement.
Le gouvernement a proposé d'apporter des changements majeurs au Règlement. Cette phrase mentionne aussi que la leader parlementaire libérale les a présentés. Ce n'est pas le Comité qui fait des recommandations au gouvernement, lequel doit alors les examiner. C'est, je pense, ce que le gouvernement tente de faire croire. J'expliquerai en détail, plus tard, pourquoi ce qui figure dans la lettre ne correspond pas du tout à ce que le Comité avait déjà envisagé. Cela ne correspond pas à la plupart des choses que nous avons entendues au cours du débat exploratoire, qui selon le gouvernement, a été l'occasion pour chacun de s'exprimer.
Bien entendu, n'oublions pas qu'une autre des promesses que le gouvernement n'a pas tenues était celle de réformer le processus électoral. Ceux d'entre nous qui étions les porte-parole de l'opposition sur ce dossier ont voyagé dans le cadre du Comité sur la réforme électorale. Au risque de passer pour un théoricien du complot, je me demande si ce n'était pas délibéré, compte tenu surtout de ce qui s'est passé depuis. Était-ce délibéré afin que les personnes qui s'intéressaient le plus à ces enjeux et qui y prêtaient le plus d'attention dans les caucus de l'opposition ne soient pas présentes. Si c'était délibéré, c'était pour le moins irresponsable.
L'article parle ensuite d'un délai strict, en juin, et surtout, du fait que le gouvernement ne précise pas s'il se servirait ou non de sa majorité pour imposer des modifications au Règlement de la Chambre sans le consentement de l'opposition. Comme on l'a dit bien des fois aujourd'hui, lorsqu'il est question de modifier les règles qui régissent la Chambre des communes, jusqu'ici, et comme il se doit, il est entendu que tous les partis doivent avoir leur mot à dire. Selon la motion dont nous débattons maintenant, ce ne serait pas le cas. Bien entendu, l'amendement proposé permettrait que ce soit le cas. Nous ne voyons aucun signe montrant que le gouvernement est prêt à l'accepter et il est assez clair qu'il n'a pas l'intention de le faire.
Étant donné la réaction que cela suscite, j'espère bien qu'ils reviendront sur leur position. Ce serait vraiment sage de leur part. Ce serait, je pense, dans l'intérêt des Canadiens, dans l'intérêt du Parlement et même dans leur propre intérêt, monsieur le président.
L'article mentionne ensuite d'autres choses. On peut lire:
La longue liste de sujets d'étude comprend: la cessation des séances de la Chambre le vendredi; l'obligation pour le premier ministre d'être présent pour la période de questions seulement un jour par semaine…
L'article parle également de la mise en place du vote électronique et de la limitation de la capacité des partis d'opposition à faire obstruction aux projets de loi en comité. Tels sont les sujets abordés. Il y a en a d'autres que j'examinerai en détail dans quelques instants.
Je pense que les gens s'inquiéteraient ou s'inquiètent à l'idée de donner congé aux députés libéraux le vendredi et de conférer au l'obligation de rendre des comptes aux Canadiens uniquement un jour par semaine. Le vote électronique est un sujet dont nous pourrions certainement débattre. Le comité en a déjà discuté et n'a pas décidé de donner suite à ce projet, mais j'y reviendrai dans un instant.
Pour ce qui est de limiter la capacité des partis d'opposition de faire obstruction aux projets de loi en comité, je peux sans doute comprendre, un jour comme aujourd'hui, pourquoi le gouvernement souhaiterait pareille chose. Néanmoins, il s'agit, là aussi, d'un moyen pour l'opposition d'exiger des comptes du gouvernement au nom des Canadiens et de faire la lumière sur certains enjeux de l'heure. Ce sont les instruments dont l'opposition dispose pour présenter au Parlement une opinion contradictoire, contraire ou complémentaire des projets de loi à l'étude afin que les Canadiens puissent voir quelle pourrait être une autre solution à envisager. Ces instruments ont leur raison d'être. Vous ne pouvez pas simplement les éliminer sans l'accord de tous les partis.
L'article rapporte ensuite certains des propos de M. Reid. Ce dernier a déclaré que les libéraux essaient d'imposer leur volonté de force et l'article mentionne ce que j'ai souligné tout à l'heure, monsieur le président, à savoir qu'il s'agissait d'une flambée de colère inhabituelle de la part du député Scott Reid. Je ne parlerai peut-être pas de flambée...
Une voix: Je ne dirais peut-être pas que c'est inhabituel.
Des voix: Oh, oh!
M. Blake Richards: … mais le fait est que M. Reid ne nous a pas habitués à cela. Il aborde généralement les questions de façon très méthodique et intellectuelle et la fougue avec laquelle il a parlé montre bien qu'il se passe ici quelque chose d'inhabituel. C'est tout à fait inhabituel.
M. Reid a qualifié ces manoeuvres de honteuses, de tissu de mensonges et d'abus méprisable de notre système. Il a dit aussi qu'en cherchant à écraser toute opposition, le se montrait arrogant, égoïste et grossier.
Je pense qu'il a bien décrit la situation. On essaie effectivement d'écraser l'opposition. Comme cela a déjà été mentionné à plusieurs reprises aujourd'hui, il suffit de penser aux tentatives que le gouvernement a faites par le passé pour empêcher l'opposition d'exiger des comptes. L'incident du coup de coude, quand le s'est frayé un chemin en assénant un coup de coude à une députée, a suscité un tollé.
Ce que nous constatons maintenant est encore plus méprisable. Le gouvernement pense pouvoir faire ce qu'il veut sans tenir compte de l'opposition. Il croit pouvoir piétiner l'opposition, et les Canadiens du même coup. Comme il s'est fait élire, il pense pouvoir exercer une dictature et agir à sa guise.
Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Je pense que le gouvernement doit se réveiller et faire le point. Ce n'est pas non plus dans l'intérêt des députés qui siègent au comité. Comme on l'a dit tout à l'heure, au moins certains d'entre vous siégeront probablement dans l'opposition un jour si vous faites une carrière durable au Parlement. Je sais qu'un grand nombre de ministériels sont nouveaux ici, mais ils vont se rendre compte pourquoi ces instruments sont si importants et pourquoi il est tellement important que le gouvernement ait des comptes à rendre. Et je peux vous dire que s'ils n'en prennent pas conscience très rapidement, le moment où ils siégeront dans l'opposition pourrait arriver beaucoup plus rapidement qu'ils ne s'y attendent et c'est pourquoi c'est également dans leur intérêt.
Je vois que nous allons changer de greffier. Je tiens à vous remercier de vos efforts d'aujourd'hui, car vous avez eu également une longue journée sans pouvoir vous absenter. J'espère que vous aurez l'occasion de dormir après environ 13 heures de séance. Je tenais seulement à le mentionner.
Des voix: Oh, oh!
M. Blake Richards: Je reprends où j'en étais. Je ne vais pas citer mes propres paroles, car cela semblerait bizarre et je vais donc m'en abstenir. En fait, j'ai sans doute déjà utilisé ces mots au comité, mais je qualifierais cette tentative de « dégoûtante et pathétique ». J'ai probablement déjà utilisé ces termes et je n'ai donc pas besoin de les répéter.
L'article ajoute ensuite « Dans un geste inhabituel, mardi… » Là encore, c'est tout à fait inhabituel. « Dans un geste inhabituel, mardi, les libéraux ont bloqué à plusieurs reprises les efforts déployés par l'opposition pour différer la motion, y compris l'élargissement du comité », etc., etc. Il mentionne ensuite que M. Christopherson « a beaucoup insisté sur le fait que les députés de l'opposition n'ont pas eu le temps de présenter les propositions des libéraux à une réunion de leur caucus », la prochaine ayant lieu dans quelques heures. Je ne comprends pas quel intérêt ils avaient à empêcher les députés de l'opposition de consulter leur caucus. Je suppose qu'ils aiment tellement écouter les longs discours des députés de l'opposition… Je peux comprendre pourquoi; il y a eu des bons discours aujourd'hui. Maintenant que vous m'avez écouté, ils pourraient peut-être revenir sur leur position, car mon discours n'est peut-être pas aussi intéressant que certains autres, néanmoins, ils vont continuer à l'écouter jusqu'à ce qu'ils se réveillent et comprennent que c'est inacceptable.
Je ne peux pas voir quel mal il y aurait à retarder les choses d'une demi-journée pour permettre aux gens de parler à leur caucus. Qui sait? Nous voudrions savoir pourquoi.
Je vais sauter la partie où M. Christopherson les traite de « clowns ». C'est le passage où il dit:
« Ce n'est pas un bon jour pour les promesses libérales »… Les libéraux avaient promis qu'ils travailleraient davantage en collaboration et ouvertement avec les autres partis, mais ils essaient plutôt de profiter de leur majorité pour changer les règles qui auront une incidence importante sur tous les députés… « En quoi est-ce juste? Que faites-vous de vos promesses électorales? »
C'est une bonne question. Nous n'avons toujours pas obtenu de réponse, car les députés libéraux ne parlent pas vraiment. Je suppose qu'ils espèrent seulement…
Oui, c'est vrai, David Graham nous a accordé environ 30 secondes. Peut-être qu'un de nos collègues d'en face nous en dira un peu plus pour mieux nous expliquer ce qu'ils essaient de faire. Ils ne le savent peut-être pas. Pour leur accorder le bénéfice du doute, il se peut qu'on leur ait simplement donné des ordres sans qu'ils sachent pourquoi. Je l'ignore. Qui sait?
L'essentiel est que l'article que j'ai partagé vous fournit le contexte. Je vais maintenant vous faire part de certaines remarques que les gens ont faites. Je ne vais pas citer certaines d'entre elles, car elles qualifient le premier ministre de certaines épithètes dont l'emploi ne me semble pas approprié dans un comité parlementaire; mais je ne peux pas blâmer ces personnes. Je le comprends, car ce qu'il fait ici est franchement honteux. Je peux comprendre pourquoi les gens réagissent ainsi. Ils ont peut-être employé un vocabulaire un peu excessif, mais c'est scandaleux.
Une personne a réclamé un vote de censure.
Une voix: Bravo!
À propos du comportement actuel du premier ministre pendant la période des questions, une autre dit qu'il refuse de répondre quand il est présent.
C'est exact; c'est ce qu'il fait.
Une autre encore, dit: « Il faut tenir un vote de censure » suivi de trois points d'exclamation.
« Il détruit notre pays avec un sourire narquois. » Cette phrase est suivie de quatre points d'exclamation.
Une autre déclare: « Obligez-les à rendre des comptes, Blake. Je sais que vous êtes déterminé à le faire. Merci. »
J'ajouterais que je ne suis pas le seul dans ce cas. De nombreux députés de l'opposition — en fait, chacun d'eux, j'en suis sûr — partagent cette détermination. Voilà pourquoi j'espère que les députés d'en face ont des sièges confortables, car ils en auront besoin.
Une autre personne a dit, à propos du premier ministre: « Il ne rend jamais de comptes, il ne répond jamais à une question directe. Cela me rend malade. »
Je ne peux pas vraiment citer le prochain commentaire, car il décrit le premier ministre en termes vraiment peu flatteurs et non parlementaires.
La personne suivante donne un bon conseil, je pense, à ses concitoyens. Elle dit: « Il faudrait demander aux députés de Trudeau comment ils peuvent soutenir leur chef, et commencer à dresser son caucus contre lui. Tout le monde devrait téléphoner aux députés libéraux. » C'est un bon conseil. Il faut que le message soit entendu. Il faut que les députés libéraux entendent les gens que cela inquiète.
J'ai aussi un courriel, que j'ai reçu plus tôt — comme mon téléphone est branché, je le lirai peut-être un peu plus tard — dans lequel quelqu'un estime qu'il faudrait pratiquement déclencher une révolte au Parlement. C'est à peu près le sens du message. Comme je ne l'ai pas sous les yeux, je ne vais pas le lire textuellement, mais telle est la portée du message.
Ce ne sont pas seulement quelques députés de l'opposition qui s'énervent pour rien; les Canadiens disent que c'est inacceptable. Ils le comprennent. Ils comprennent même certains des instruments que le Parlement pourrait utiliser pour obliger le gouvernement à rendre des comptes.
Je n'aurais peut-être pas dû en parler, car le gouvernement va peut-être essayer de les éliminer également.
De toute évidence, cela m'inquiète et inquiète de nombreux Canadiens. Le gouvernement doit prêter attention aux réactions des gens que je vois dans les médias sociaux, et dont j'ai cité un certain nombre dans ma page. Je sais que cela a suscité un certain nombre d'inquiétudes dans les médias sociaux et qu'il y a eu de nombreux articles dans les médias.
Tout cela augure mal. La semaine prochaine, les députés libéraux seront de retour dans leurs circonscriptions et peut-être — je n'en suis pas certain, mais peut-être — qu'ils entendront leurs électeurs leur parler de leurs inquiétudes à ce sujet. Cela va peut-être les éclairer. Espérons-le.
Monsieur le président, je voudrais aborder un peu plus en détail le fait qu'on veuille imposer de force ces changements au Parlement. C'est une expression qu'on a beaucoup utilisée aujourd'hui. Elle a été employée dans les médias; les Canadiens l'utilisent; c'est vraiment une bonne façon de décrire ce qui se passe ici: on nous l'impose de force. C'est ce qu'on cherche à faire, en tout cas.
On a également souvent fait allusion aujourd'hui au « document de discussion » dont je parlerai plus en détail, car je l'ai analysé et j'ai vu le principal… Ce que les libéraux doivent faire, je suppose, c'est remplir leur mission ici, au comité. Comme on l'a mentionné, ce document a été émis un vendredi, la veille d'une semaine dans la circonscription ou d'une semaine de congé, si vous préférez, ce qui veut dire qu'ils n'avaient pas de comptes à rendre au Parlement à ce sujet pendant toute une semaine.
Puis il y a eu, bien sûr, la motion que M. Simms a présentée quelques minutes ou une heure et demie, ou peut importe avant la séance, une motion draconienne — je n'en fais pas reproche à M. Simms, car je sais qu'il ne l'a pas vraiment rédigée lui-même. Le mot d'ordre était: « Faites adopter la motion à toute vapeur. Ne laissez l'opposition en discuter. Ramenez-la le plus rapidement possible. »
Qu'en est-il de la reddition de comptes? Qu'en est-il des « solutions harmonieuses »? Où sont les efforts d'ouverture? Qu'en est-il du genre de politique différent? Où sont toutes ces promesses? Je ne les vois pas.
C'est peut-être écrit à l'encre invisible parce que je ne vois rien de tel sur le document. Quand je l'examine, quand je regarde le rapport que le comité a produit…
Nous avons commencé à examiner le Règlement. À l'une de nos toutes premières séances de cette législature, le leader du gouvernement à la Chambre, qui était alors Dominic LeBlanc, a divisé le Règlement en sections. Ce n'est peut-être pas exactement la façon dont il l'a expliqué, mais c'est lui, je crois, qui a suggéré, et non pas le comité — même si nous en avons discuté au comité — de se pencher sur les initiatives favorisant la vie de famille. Sauf erreur, je crois que l'idée venait du leader du gouvernement à la Chambre, mais en séparant le Règlement en plusieurs sections, nous avons certainement examiné les initiatives propices à la vie de famille.
Bien entendu, une des choses que les libéraux voulaient inclure dans ces initiatives — je ne vois toujours pas exactement pour quelle raison — était l'élimination des séances du vendredi afin que les députés libéraux aient un jour de congé supplémentaire chaque semaine. Les députés de l'opposition s'y sont opposés assez vigoureusement. Je dirais que les Canadiens ont également manifesté une assez vive opposition.
J'essaie seulement de trouver le rapport. J'ai beaucoup de documents devant moi. Je crois que je l'ai, mais accordez-moi un instant, monsieur le président.
Oui, c'est bien le rapport. C'était, je crois, un rapport unanime. N'est-ce pas, monsieur le président? Je crois que c'était un rapport unanime du comité. Nous nous étions penchés sur la question des séances du vendredi et notre conclusion a été la suivante:
Devant l'absence de consensus entre les témoins quant à savoir si les avantages de supprimer les séances du vendredi l'emporteraient sur les inconvénients, le comité n'entend faire aucune recommandation en la matière.
Je vais signaler une chose, car certains pourraient conclure que telle était son intention « pour le moment » ou qu'il n'excluait pas de revoir la question.
Je mentionnerai que deux pages plus loin — à propos de la mise en oeuvre du vote par procuration ou du vote électronique, le rapport porte ceci:
Pour le moment, le comité n'entend faire aucune recommandation au sujet de l'instauration du vote par procuration ou du vote électronique; il pourrait toutefois se pencher à nouveau sur la question à un stade ultérieur de son étude.
Il y a une distinction bien claire à faire entre ce libellé et celui qui concerne les séances du vendredi. À propos du vote électronique ou du vote par procuration, il est dit que le comité n'entend faire aucune recommandation pour le moment, mais qu'il pourrait réexaminer la question ultérieurement.
Néanmoins, lorsque nous avons examiné les changements concernant les séances du vendredi, rien de tel n'a été mentionné. En fait, le rapport dit clairement qu'en l'absence de consensus le comité n'a pas l'intention de formuler une recommandation à ce sujet, un point c'est tout.
Le comité a exprimé sa volonté à l'unanimité. C'était donc la volonté des députés des deux partis de l'opposition. C'était aussi celle des ministériels qui avaient la majorité et qui auraient pu imposer alors un changement s'ils l'avaient voulu. Néanmoins, ils ont convenu unanimement, avec les membres de l'opposition, qu'il ne fallait pas donner suite à cette idée.
Voyons un peu. Apparemment, c'était le 2 février de l'année dernière. Environ un an plus tard, nous recevons cette lettre ou directive, peu importe, de la nouvelle leader du gouvernement à la Chambre.
Je vais m'y attarder davantage dans quelques minutes, monsieur le président. Il y est question encore une fois de vote électronique, mais aussi de la possibilité d'éliminer les séances du vendredi, afin que les députés libéraux aient congé ce jour-là, comme ils le souhaitent, pour quelque raison que ce soit.
Expliquez-moi en quoi cela constitue un effort de collaboration avec le Comité, une promesse qui nous avait été faite par la nouvelle ministre des Institutions démocratiques. C'est peut-être la raison pour laquelle ils doivent constamment remplacer ces gens. Ils font constamment des promesses qu'ils...
D'ailleurs, je crois que je me trompe, parce que si nous devions nous débarrasser des personnes qui ne tiennent pas leurs promesses, il faudrait aussi nous débarrasser du . Ce n'est donc pas cela, j'imagine.
Un député: Bravo!
M. Blake Richards: Finalement, ils manquent à leurs promesses de façon embarrassante. En fait, non, attendez. Il n'est même pas suffisant qu'ils manquent à leurs promesses de façon embarrassante, parce qu'alors, il faudrait tout de même nous débarrasser du . Je ne sais pas. Je crois que je ne comprends tout simplement pas. De toute façon, ils continuent d'être obligés de se débarrasser de ces personnes et de les remplacer par des nouvelles.
Je ne comprends tout simplement pas, monsieur le président, comment il est possible en 2016 d'affirmer haut et fort, en tant que comité, que nous ne croyons pas qu'il existe un consensus, que nous ne devrions pas éliminer les séances du vendredi, et que nous n'allons pas faire de recommandations à ce sujet. Toutefois, on nous impose cette directive, dans un document de travail, ou appelez-le comme vous le voulez, du leader du gouvernement à la Chambre, qui nous dit que nous devrions abolir ces séances.
Puis, il y a cette motion de M. Simms: adoptons ces changements à toute vapeur, dépêchons-nous et ne laissons pas à l'opposition la chance d'avoir son mot à dire.
Évidemment, ils prétendront qu'ils nous donnent cette chance. Vous avez déjà entendu certains des arguments utilisés. Ils nous disent, vous savez bien, nous avons eu cette journée de débat exploratoire en octobre dernier; cela s'arrête là; tous ont eu la possibilité de s'exprimer.
On parle d'une journée. On parle d'un moment où les critiques de l'opposition officielle et des autres partis d'opposition ne pouvaient être présents, parce qu'ils participaient au comité sur la réforme électorale. Je suis certain qu'il s'agissait seulement d'une coïncidence — non — le choix de cette date. Finalement, suffit-il d'affirmer que les députés ont eu la possibilité d'intervenir?
Ils nous ont aussi dit, oh, en passant, il y aura des réunions en comité, et cela doit être réglé d'ici le 2 juin.
Combien de semaines le Parlement siégera-t-il entre maintenant et le 2 juin? Nous sommes aujourd'hui le 21 mars. J'imagine que nous pouvons laisser cette semaine de côté, parce que je crois que la présente discussion durera un certain temps. Même si cela n'était pas le cas, je ne crois pas que nous serions en mesure d'entreprendre les travaux réellement, avec les sept jours prévus pour les témoignages.
La semaine prochaine, le Parlement ne siège pas. Il siège deux semaines en avril et probablement trois en mai. Nous parlons de cinq semaines de séances parlementaires. Au cours de cette période, ce comité a beaucoup de pain sur la planche, beaucoup de travail à accomplir. Nous devons nous occuper d'Élections Canada et du rapport du directeur général des élections, sur lequel nous avons déjà travaillé pendant un bon moment et qui, il n'y a pas si longtemps, je tiens à le mentionner, semblait hautement prioritaire pour les députés libéraux de ce comité, qui clamaient haut et fort que nous devions résoudre la question très rapidement. Je crois même que la ministre nous avait indiqué qu'elle voulait que cela soit terminé d'ici le 19 mai environ.
Est-ce que j'ai raison, monsieur le président?
:
Merci, monsieur le président.
J'apprécie l'intervention de M. Simms. Cela fait du bien d'entendre le point de vue d'un député d'en face. Je ne mets pas en doute sa sincérité. Je souhaiterais seulement avoir la même impression que lui concernant la motion qui est devant nous. J'aimerais pouvoir arriver aux mêmes constatations que lui concernant les actions de ce gouvernement. Lorsque je dis « gouvernement », je ne parle pas des membres de ce comité. Je parle du pouvoir, qu'il s'agisse de celui du Cabinet du premier ministre, du leader à la Chambre et des autres.
Finalement, je ne mets pas en doute ce que M. Simms vient de dire. Je crois qu'il est réellement sincère concernant la question du vendredi et le fait que nous pourrions évaluer d'autres options ou des journées complètes. Je crois qu'il est sincère concernant l'idée de tenir des discussions au sujet de certains de ces éléments, afin de déterminer ce qu'il est possible de faire ou non. Je crois qu'il le pense vraiment.
J'ai collaboré avec la plupart des membres de ce comité pendant la durée d'une législature. Certains d'entre eux sont relativement plus nouveaux au sein du Comité, mais je crois que cela est typique des représentants du gouvernement au sein de ce comité. Le problème vient du fait que tout cela ne signifie pas grand-chose lorsque l'on est devant une motion comportant un délai artificiel comme celle-ci. On tente d'amender la motion, afin de permettre à l'opposition de s'exprimer réellement. Il est facile de dire qu'il y aura une discussion, et je crois en toute sincérité que M. Simms y croit réellement, mais nous avons vu ce qui s'est produit un peu plus tôt aujourd'hui. M. Chan a tenté de collaborer avec les partis de l'opposition, jusqu'à ce que le bureau du whip intervienne et lui glisse quelque chose à l'oreille, ce qui a provoqué un revirement. Je ne veux pas condamner M. Chan ou quiconque d'autre. Je veux simplement mentionner que c'est ce qui s'est produit. Cela peut arriver à nouveau, et selon toute probabilité, c'est ce qui se passera.
Dans le cas de cette motion, il semble que le gouvernement refuse... Si je me trompe, j'aimerais que M. Simms ou un autre représentant du gouvernement me le dise. Du fait de l'imposition de cette échéance, et lorsqu'il semble y avoir des objections à ce que l'opposition se prononce, on pourrait dire: « Nous pouvons laisser l'opposition avoir tous les débats qu'elle souhaite, mais au bout du compte, nous allons faire ce que nous voulons », ou encore, on pourrait permettre l'adoption de cet amendement et fournir par conséquent à l'opposition l'occasion de participer réellement à ce débat et de prendre part à la discussion, à la décision et aux recommandations finales.
Nous avons fonctionné de cette façon par le passé au sein de ce comité. Le résultat, dans l'un de ces cas, a été de dire que nous n'allions pas recommander l'élimination des séances du vendredi. À ce sujet, je crois que l'intervention de M. Simms était sincère, mais je crois qu'elle n'aura pas de résultat, compte tenu notamment de la recommandation de ce comité, ainsi que des éléments nouveaux figurant dans une lettre du leader à la Chambre. Il ne semble pas que le consentement unanime de ce comité ait été envisagé. Même si le libellé pourrait faire croire à une volonté d'étudier d'autres choses, ou à tout le moins à une tentative en ce sens, je ne crois pas que cela se produira dans les faits.
Je n'essaie pas d'accuser l'un ou l'autre de ces députés de ne pas vouloir travailler le vendredi. Ils ne souhaitent pas être ici le vendredi, mais je suis certain qu'ils s'acquittent d'autres tâches dans leurs circonscriptions et qu'ils ont d'autres activités. Je ne veux pas être accusé de les accuser de cela. Je pense que tout se résume au fait que le Cabinet du premier ministre a décidé qu'il souhaitait une période de questions de moins par semaine. Je crois que tout se résume à cela. Rien d'autre. Et il en va de même pour le premier ministre. Soyons réalistes, sa présence à la Chambre laisse à désirer. Elle est épouvantable, en fait, pour ce qui est de la période des questions.
Cela est paradoxal, parce que nous entendons souvent des allégations selon lesquelles Stephen Harper ne voulait pas rendre de comptes, et d'autres allégations similaires. Nous en avons même entendu aujourd'hui. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais Stephen Harper était présent à la période de questions et rendait des comptes. Il a rarement manqué une période de questions. S'il était au pays, il était présent et participait à la période de questions.
On ne peut pas en dire autant de Justin Trudeau. Cela est incontestable. Il n'est pas présent très souvent. Certains prétendent qu'il est probablement présent seulement une fois par semaine à l'heure actuelle. J'ai entendu cela. J'ai entendu ce commentaire de la part de Canadiens. De nombreux Canadiens se sont adressés à moi pour me dire: « Il n'est là qu'une fois par semaine de toute façon. Il continuera de faire ce qu'il fait déjà. » Ils sont mécontents de cette situation. Comprenez-moi bien, je ne dis pas que cela devrait être codifié, mais on le reconnaît.
En même temps, je peux comprendre. Il y a une limite au nombre de discours que peuvent lui écrire ses adjoints, et lorsqu'il parle sans notes, il met le gouvernement dans l'embarras. Je comprends donc pourquoi le premier ministre souhaite éviter la période de questions, mais cela ne rend pas la chose acceptable, et cela ne signifie pas non plus qu'elle devrait être possible. Cela ne signifie pas qu'ils devraient le protéger pour qu'il puisse le faire, ce à quoi nous assistons dans les faits. Et lorsque je dis « ils », je ne pense pas aux membres de ce comité. Je ne crois pas que l'intention vienne d'eux, mais qu'il s'agit plutôt des ordres qu'ils reçoivent.
Finalement, j'ai apprécié l'intervention de Scott. Je crois qu'il est sincère, mais si cet amendement n'est pas adopté, cela est vide de sens. Cela ne veut rien dire du tout. Ce sont des mots en l'air, rien que cela, si cet amendement n'est pas adopté. Cela renforce réellement pour moi l'importance première de cet amendement. Il s'agit de changements qui touchent le Parlement et la façon dont il travaille pour tous les Canadiens. Si le gouvernement croit qu'il peut changer ces choses uniquement pour faire plaisir au premier ministre et pour se plier à sa volonté, ses efforts ou son désir de ne pas rendre de comptes, de pouvoir réellement dicter la façon de faire, et c'est ce qui se produit, alors, on ne tient pas compte du point de vue de l'opposition et des Canadiens. C'est seulement le Parti libéral, ou probablement seulement le Cabinet du premier ministre, qui dicte la façon de faire. Et en disant cela, je crois que je décris assez bien la situation.
Monsieur le président, j'aimerais prendre un peu de temps pour comparer certains des éléments de ce « document de travail ». J'utilise des guillemets, parce que je ne suis pas certain qu'il s'agisse réellement d'un document de travail. Je pense que l'on a plutôt affaire à une lettre à saveur dictatoriale, ou quelle que soit la façon dont on souhaite la qualifier, du leader à la Chambre. Notre analyste en a fait un résumé, et il fait du bon travail, soit dit en passant, tout comme nos analystes substituts d'ailleurs. Je reconnais tout le travail qu'il a accompli dans le cadre de nos efforts concernant la réforme électorale qui, en fin de compte, n'ont abouti à rien, grâce encore une fois à notre ami Justin Trudeau.
L'analyste a élaboré un très bon résumé, sous forme schématique, de la discussion qui s'est tenue pendant le débat exploratoire sur le Règlement, le 6 octobre dernier. Il l'a divisé en catégories et a très bien résumé la question. J'aimerais le comparer à ce « document de travail », encore une fois entre guillemets, du leader du gouvernement à la Chambre.
J'en ai pris connaissance et, d'après ce que je vois, et j'ai peut-être manqué quelque chose, il comporte environ 14 recommandations clés. Je vais les appeler comme cela, je crois. Nous allons les comparer à ce qui figure dans le document découlant de ce débat exploratoire. Nous verrons à quel point le gouvernement n'a pas pris au sérieux ce débat et les préoccupations des députés du Parlement. À partir de cela, nous pourrons probablement conclure du sérieux de l'examen qu'ils font de ce débat et des idées soumises par l'opposition pendant les discussions qui se dérouleront au sein de ce comité.
Cela est très pertinent dans le cadre de l'amendement, parce que la position du gouvernement est la suivante: « Croyez-nous sur parole. Nous allons tenir compte de l'opposition et de ce qu'elle a à dire. Faites-nous confiance. Nous avons tenu ce débat exploratoire d'un jour, ce qui montre bien que nous sommes à l'écoute des gens. »
Voyons à quel point cela a teinté la discussion, qui est censée constituer un point de départ, apparemment. Puis, nous pourrons déterminer s'il est possible de croire le gouvernement sur parole lorsqu'il dit qu'il tient compte du point de vue de l'opposition en comité, et décider ensuite s'il est nécessaire de mettre par écrit que cela doit se produire.
C'est quelque chose que le gouvernement semble refuser de faire, ce qui suscite des doutes, à tout le moins. S'il souhaitait réellement s'assurer de la collaboration et d'une certaine forme d'entente avec l'opposition sur ce qui devrait être mis de l'avant ou pas, pourquoi hésiterait-il à officialiser cela? Il me semble un peu bizarre qu'ils hésitent à officialiser la chose, dans ce contexte.
Nous sommes déjà dans le doute, évidemment, et cela se comprend, mais de toute façon...
On pense évidemment à la discussion concernant les séances du vendredi qui, il est intéressant de le constater, est la première chose qui figure dans le document et fait partie des recommandations soumises.
Pour être juste, dans ce document, on prétend que ces séances pourraient être éliminées, mais aussi qu'elles pourraient être réparties d'une autre façon, ou allongées, notamment. Il s'agit là d'un débat raisonnable, qui devrait avoir lieu.
Je me dis: tout cela pour éliminer une période de questions chaque semaine...? Non, cela n'est pas raisonnable, évidemment. On voit très bien de quoi il s'agit réellement, on veut faire en sorte que le et que le gouvernement aient des comptes à rendre aux Canadiens une journée de moins. On ne peut pas prétendre autre chose.
Il s'agit du tout premier élément figurant dans le document de travail. Le deuxième a trait au vote électronique. Il en est question dans le document.
Cela pourrait être envisagé. Encore une fois, j'aimerais souligner la distinction que j'ai faite en ce qui a trait au rapport du Comité, plus tôt. Il était clair que ce comité était d'avis que nous ne devrions pas aller de l'avant et éliminer les séances du vendredi. Il avait aussi été dit qu'aucune recommandation ne serait faite pour le moment, mais qu'on pourrait revoir l'idée du vote électronique et par procuration.
Il faut faire une distinction ici. Il s'agit d'une tentative de la part du gouvernement de ramener dans la discussion un point au sujet duquel ce comité avait refusé au départ de faire une recommandation, mais qu'il acceptait d'envisager. Je peux comprendre pourquoi il pourrait être raisonnable de ramener cela dans la discussion, mais il en va tout autrement lorsque le Comité dit qu'il ne s'agit pas d'une bonne idée et qu'il ne recommandera pas d'aller de l'avant avec cela, et que le gouvernement ramène à nouveau la question.
Dans ce document de travail, on parle aussi du calendrier de la Chambre; il est question de modifier les mois où le gouvernement siège et d'autres choses similaires. Je ne vais pas me prononcer sur ces questions proprement dites, mais je vais seulement résumer l'effet que cela pourrait avoir, sans me prononcer définitivement à ce sujet.
Je ne veux pas que mes arguments soient considérés comme la position de l'opposition à ce sujet, ou quelque chose du genre. Il s'agit davantage d'une observation générale sur ces questions et sur l'effet qu'elles auraient, ou sur la façon dont elles se comparent à ce qui figure dans... parce qu'évidemment, nous devons débattre encore longtemps. J'espère que le débat débouchera sur quelque chose dans les faits. La discussion que nous avons aujourd'hui se limite à aujourd'hui.
Puis, on parle aussi de modifier les mois où la Chambre siège et d'autres mesures similaires. On a émis l'idée d'assurer une plus grande souplesse quant au nombre de séances tenues par la Chambre au cours d'une année donnée. Puis on parle de la question des motions. Je crois qu'on tente ici d'éliminer la possibilité de soumettre certaines motions. Ils disent que cela vient du fait que l'opposition pourrait empêcher la Chambre de délibérer sur l'affaire à débattre en lien avec des ordres émanant du gouvernement. Je crois qu'ils essaient de nous accuser de cela.
Je ne vois rien là qui changerait quoi que ce soit à la capacité du gouvernement d'imposer la clôture ou l'attribution du temps, sauf si l'on veut permettre la clôture proactive et ce genre de choses. C'est essentiellement cela. J'y reviendrai dans une minute.
Encore une fois, on nous retire certains pouvoirs typiquement utilisés par les partis de l'opposition, mais sans changement correspondant aux mêmes genres de pouvoirs du gouvernement. C'est sans doute une simple coïncidence que ce soient ceux de l'opposition que l'on vise, et qu'on veuille maintenir ceux du gouvernement. De fait, cela revient à dire qu'on voudrait les augmenter.
Il est question ici de réserver chaque semaine plus de temps aux affaires émanant des députés, pour donner aux députés plus de possibilités d'échanger leur place, et aussi de faire ces genres de changements aux affaires émanant des députés. Je ne ferai pas de commentaire là-dessus pour l'instant.
Puis, il est question de prorogation et de certaines options à examiner quant à la façon de procéder, pour ce qui est de la justification que le gouvernement devra donner pour procéder ainsi.
Ensuite, nous arrivons à l'utilisation proactive. Plutôt que d'avoir à imposer la clôture, on pourra utiliser la programmation dès le début. Pourquoi compliquer les choses? C'est l'impression que j'ai dans ce cas-là.
On parle de réformes de la période des questions, du temps pendant lequel le premier ministre s'y soumettra. C'est l'interprétation de chacun. La seule personne que j'ai entendue lui donner une autre interprétation est M. Simms, tantôt.
Ce microphone n'était pas ouvert, n'est-ce pas?
L'interprétation de tous ceux qui j'ai entendus jusqu'ici, à part M. Simms, est que le voudrait venir une fois par semaine rendre des comptes aux Canadiens. Je ne m'arrêterai pas à cela. J'en ai parlé assez souvent. Mon idée à ce sujet est très claire aussi. J'ai dit très clairement comment je pense que les Canadiens réagiront à cela, si c'est ce que le gouvernement cherche à faire.
Et puis on parle d'accroître le délai de réponse aux questions détaillées au Feuilleton, et de limiter le nombre de mots des questions, si je ne m'abuse. En somme, c'est limiter la capacité de l'opposition d'obtenir de l'information au moment voulu pour pouvoir réclamer des comptes. Encore une fois, c'est la reddition de comptes qui est attaquée.
Mon prochain point concerne les projets de loi omnibus et l'idée de donner au président le pouvoir de les diviser. Cela a été mentionné plus tôt également. M. Simms a dit que cela pourrait soulever certaines craintes légitimes. Nous verrons si son gouvernement les écoute, lui et les autres.
Puis, il est question des comités. Il y a trois recommandations ici. La première vise à faire oublier la promesse faite au sujet de la présence des secrétaires parlementaires dans les comités. On pourrait toujours se demander si la promesse était opportune ou pas. On cherche à éviter de se mouiller là-dessus avec cette promesse. C'est un peu comme si l'on disait de les laisser venir aux comités, d'y participer et d'en faire partie, mais peut-être sans droit de vote. Je pense que c'est là qu'on voudrait en venir. On voudrait les laisser mettre le pied dans la porte. On prend bien soin de dire qu'on cherche à tenir ses promesses —, pas tout à fait, mais un tout petit peu.
Ensuite, il est question de limiter à 10 minutes la durée des discours dans les comités. J'ai probablement dépassé cette limite de quelques minutes déjà. Comme plusieurs autres membres du Comité aujourd'hui, d'ailleurs. Je vais citer M. Christopherson, qui aime bien dire qu'il ne peut même pas s'éclaircir la voix en 10 minutes. Il a probablement raison, de fait. Encore une fois, toute blague à part, c'est vraiment une tentative d'abolir un outil dont dispose l'opposition pour attirer l'attention des Canadiens sur les enjeux, pour tenter d'expliquer des propositions et des suggestions de rechange et ce genre de choses, comme je l'ai expliqué plus tôt en détail. Dix minutes, ce n'est vraiment pas beaucoup de temps pour... Par exemple, j'ignore combien de temps je viens de prendre pour livrer un tout petit peu ma pensée sur chacune de ces propositions. Si j'étais dans cette situation, je n'aurais même pas pu y arriver en 10 minutes ni même leur faire l'honneur d'une critique. Cela ne fait aucun doute; je n'aurais pas pu. C'est un moyen d'empêcher l'opposition de pouvoir vraiment faire des critiques et d'offrir des positions de rechange. Ce n'est pas vraiment dans l'esprit de la démocratie, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je voulais maintenant passer en revue et examiner le résumé que nous a fourni l'analyste de ce débat exploratoire du 6 octobre. Qu'en a-t-on vraiment conservé ici? Nous verrons dans quelle mesure les débats et les conversations qui ont eu lieu alors ont été réellement pris au sérieux, et nous aurons une petite idée de ce qu'il faut attendre de tout cela sans la moindre assurance d'une motion, que nous n'avons pas encore et que nous recherchons, mais qui semble bien devoir nous être refusée.
Il semble y avoir 111 points, j'espère que mon calcul est exact, mais c'est plus de 100. Notre analyste a relevé 111 points.
J'ai toute la réponse ici, mais je n'entrerai pas là-dedans. Peut-être plus tard, mais pas tout de suite. Espérons que nous n'en arriverons pas là, mais je suis prêt, si nécessaire.
L'essentiel est que certaines de ces choses-là ont déjà été soulevées par un député. D'autres l'ont été maintes fois. Pour certains, il semble y avoir eu un désaccord. Certains députés croyaient que les choses devaient se faire d'une certaine manière, et d'autres auraient souhaité une autre façon. Certains étaient pour, d'autres contre. L'essentiel est que c'est un résumé de 111 points qui ont été discutés, comme des suggestions, des propositions et des recommandations faites par les députés pendant ces débats exploratoires.
Je ne vais pas m'arrêter sur chacun des points, du moins pas à ce stade-ci, mais je signalerai certains de ceux qui sont repris, au moins d'une certaine façon, dans la lettre. De fait, il arrive que la lettre les contredise, alors qu'à d'autres moments, elles sont partiellement retenues, de sorte que nous pouvons avoir une idée de la proportion de tout cela qui a été retenue.
C'est réparti en divers tableaux. Dans le premier tableau, il y a deux suggestions, dont aucune n'est retenue dans ce document de travail. Dans le deuxième tableau, il y a 11 suggestions. Encore là, aucune n'a été retenue dans ce document. Nous sommes à 13, nettement plus que 10 % maintenant, et aucun point n'a été retenu dans ce document de travail, c'est-à-dire qu'aucun n'a été étudié. Ne parlons pas des bons, des mauvais ni des neutres, mais 13 sur 111 ne sont même pas là.
Au tableau 3, il y avait quelques-uns de ces points sur les huit qui se trouvent dans cette section. Certains n'étaient pas dans le document de travail, mais tous étaient des suggestions allant à l'encontre de celles proposées par les députés. À titre d'exemple, il était question d'allonger les périodes de débat ou le temps de parole. Tout cela était des propositions allant dans un même sens, alors que le gouvernement est allé dans l'autre, si bien que nous ne faisons toujours pas bonne figure de ce côté-là non plus. Nous en sommes à 21 sur 111 et il n'y a pas encore une seule chose qui ait été retenue positivement dans le document, alors qu'on est allé dans le sens contraire pour d'autres.
Au tableau 4, nous avons cinq suggestions. Aucune. Au tableau 5, il y a une seule suggestion, mais elle n'a pas été retenue non plus. Au tableau 6, il y avait trois suggestions. Aucune n'a été retenue.
Au tableau 7, attention, nous avons neuf suggestions. Deux d'entre elles étaient au moins... Je dirais, de fait, maintenant que je regarde cela de nouveau, que l'une d'entre elles est arrivée par accident dans ce rapport. C'est l'idée d'accroître le nombre d'heures consacrées aux affaires émanant des députés. Cela découle de l'idée nouvelle d'un vendredi plus long. On allait réserver deux heures plutôt qu'une aux affaires émanant des députés, juste pour allonger la journée... mais sans vraiment pour allonger la journée, si vous voyez ce que je veux dire, monsieur le président. Je ne sais pas, peut-être que nous pourrions concéder un quart de point. Ce n'est pas vraiment une suggestion complète, mais il y en a peut-être un petit élément qui a été retenu.
J'ai traité d'environ 37 de ces suggestions, soit presque un tiers. Jusqu'ici, à peu près un quart de 37 % ont été retenues dans ce document de travail.
Quant aux présences — je ne sais pas —, ce n'est pas beaucoup mieux. Ce serait certainement loin de la note de passage, c'est certain. De fait, il suffirait probablement de se présenter cinq minutes dans une salle de cours pendant tout le semestre pour avoir cette note. Cela serait bon pour le premier ministre, parce qu'il n'aime pas vraiment être aussi assidu; donc, cela pourrait peut-être bien marcher.
Au tableau 8, quelques-uns de ces points ont été retenus. J'ai pris une note, cependant, pour me rappeler de vérifier d'où venait la suggestion. Était-ce du secrétaire parlementaire du premier ministre ou de quelqu'un comme cela? Si c'était le cas, cela pourrait me faire réfléchir un peu, mais qui sait?
Je veux le vérifier dans une future intervention, parce que je pense que ce débat nous en donnera d'autres occasions ici, monsieur le président, et je pourrai revenir lorsque j'aurai eu la chance de feuilleter le hansard de ce jour-là, que j'ai ici. C'était l'idée d'une journée des questions adressées au premier ministre.
Ils en ont une maintenant. C'est ici. C'en est une qui est loin de faire le bonheur d'une foule de Canadiens, mais c'est là; il faut donc compter un point.
Il y en a une autre qui a été soulevée, mais, là encore, on a pris la direction opposée à ce qui était proposé. Nous en sommes à environ un point et quart maintenant sur un total d'à peu près 51, presque à moitié chemin. Nous avons une suggestion et quart qui a été retenue dans le document de travail du gouvernement. Et dire que le gouvernement s'est mis à l'écoute de tous les députés pour produire un document de travail pour lancer le débat après avoir dûment et véritablement consulté les députés. Oui, c'est bien ce qu'il semble. J'espère que vous décelez le sarcasme dans ma voix.
Le tableau 9... oh, attention. En voici un nouveau: le vote électronique. Certains députés voulaient le vote électronique et d'autres pas; donc, je suppose qu'il est normal de reprendre cette discussion.
Je vais être vraiment charitable pour lui donner trois quarts de point dans ce cas. Nous en sommes à 2 sur 60 maintenant, je pense.
Vient ensuite le tableau 10. Il contient sept recommandations. L'une de ces recommandations est effleurée. Il s'agirait de donner au Président le pouvoir de juger de la qualité et de la pertinence des réponses aux questions inscrites au Feuilleton. Nous ne pouvons pas accorder de points au gouvernement dans ce cas-ci, non seulement parce qu'il s'agit uniquement d'une suggestion qui concerne ce qui se trouve dans le document de travail, mais encore parce que c'est aussi vraiment contraire à l'esprit du débat. On dit ici que le Président devrait pouvoir juger de la qualité et de la pertinence des réponses aux questions inscrites au Feuilleton. Certes, la réponse doit avoir trait à la question.
Je comprends pourquoi certaines personnes pourraient penser que ce serait une bonne chose. Je ne sais pas si c'est la bonne façon de procéder ou pas, mais je comprends qu'on puisse avoir l'impression de ne pas vraiment recevoir une réponse acceptable tout de suite et penser que quelqu'un devrait pouvoir forcer le gouvernement à donner une bonne réponse. Je comprends cette attente, qu'il m'est arrivé d'avoir moi-même, et sans doute vous aussi, monsieur le président. Je suis sûr que d'autres députés dans la salle ont vécu la même chose. Mais, bien sûr, le problème est que le document de travail du gouvernement traite de la question, et qu'on veut accroître le nombre de jours dont dispose le gouvernement pour répondre. Je ne crois pas vraiment que cela va changer quoi que ce soit à la qualité de la réponse. Cela signifiera simplement que nous allons avoir la même terrible réponse, ou pas de réponse du tout, mais qu'il faudra plus de temps pour l'avoir ou, plutôt, ne pas l'avoir. Nous ne pouvons vraiment pas accorder de point ici.
Où en sommes-nous rendus? À 67 ou à peu près. Je perds la trace, mais, de toute façon, nous en sommes toujours à deux points retenus, et aux alentours des deux tiers de ce document. Jusqu'ici, nous n'allons pas très bien.
Nous en avons un peu plus ici, lorsque nous arrivons au tableau 11. C'est un peu mieux. Cela semble être l'un des principaux points d'articulation du gouvernement. Je dirais que ces suggestions viennent probablement de députés ministériels, du moins de ceux qui étaient positifs à ce sujet, mais qui étaient partagés.
Le premier point est l'idée des séances du vendredi. Il y en avait qui auraient voulu les éliminer; d'autres voulaient les conserver; et il y avait ceux qui voulaient un compromis. Je ne sais pas; nous allons probablement accorder un demi-point au gouvernement ici. Au moins, il en a discuté, et il y avait du pour et du contre.
Il y a aussi une mention indirecte du calendrier parlementaire dans le document de travail du gouvernement. Cela a aussi été soulevé dans le débat exploratoire du 6 octobre. Mais il faut supposer que ce n'était pas la même chose que ce qui se trouvait dans le document de travail du gouvernement, de sorte que nous pouvons probablement nous permettre un demi-point là aussi. Cela nous fait donc trois points.
En voici un sur lequel, je pense, le gouvernement est tombé presque accidentellement. On propose d'accroître le temps réservé aux affaires émanant des députés le vendredi. C'est là, à titre de proposition de rechange sous-secondaire. C'est presque comme une proposition sous-sous-secondaire, où l'on dit que l'on pourrait peut-être ajouter une heure de plus pour les affaires émanant des députés si nous faisions ceci, si cela ne produisait pas, et si cela arrivait. Probablement un demi-point ici.
Le suivant est l'étude des règles sur le recours à la prorogation. Je pense que nous pourrions probablement lui donner un point complet, parce qu'il parle d'étudier la question. Ma foi, il s'agit davantage de la justifier que de l'utiliser. Je vais être vraiment charitable et lui concéder un point complet de toute façon. Nous en sommes donc à quatre et demi.
Puis, il y a une proposition de changer les semaines de séance, mais c'est vraiment très différent, et c'est manifestement une proposition ponctuelle unique. Ce n'est pas du tout ce qui est dans le rapport, et je ne sais pas si nous pouvons vraiment faire grand-chose ici pour donner quelque crédit au gouvernement.
La section suivante est le tableau 12; rien n'est retenu ici. Au tableau 13, il y a 10 propositions; aucune n'est retenue.
À partir d'ici, les choses vont mal, monsieur le président. Au tableau 14, il y a trois propositions, dont aucune n'est retenue. Au tableau 15, il y a seulement quelques propositions, dont aucune n'est retenue. Au tableau 16, il y a 20 propositions. C'est presque 20 % des propositions faites. Devinez combien ont été retenues dans ce cas? Un gros zéro.
Donc, sur les 111 propositions, pour être charitables, disons que probablement quatre et demie ont été retenues. C'est moins de 5 %. Or, si nous avions même autant de succès dans notre comité — avec moins de 5 % des suggestions de l'opposition retenues ici —, nous considérerions que c'est un échec total, une honte pour la démocratie.
Je me demande s'il y en a qui ont du mal à dormir à ce moment précis. Il est minuit et demi. S'ils ont du mal à dormir et qu'ils écoutent ceci, je suis sûr que je les ai probablement ennuyés au point de les endormir, et c'est bien ainsi. Mais s'ils ont en quelque sorte réussi à survivre, et qu'ils écoutent, ils n'auront plus aucun doute, selon moi, qu'il faut donner à l'opposition une assurance quelconque, une assurance autre que: « Prenez-en notre parole. Faites-nous confiance, nous sommes le gouvernement. » Vous avez déjà entendu cela? « Faites-nous confiance, nous sommes le gouvernement. » Cela ne se termine jamais très bien pour quiconque décide de faire confiance. Avec le gouvernement actuel, la raison est bien claire.
Voyez un peu cette motion. L'amendement est vraiment très raisonnable. Il dit que le gouvernement devrait et pourrait faire ce qui a toujours été la pratique et le précédent pour traiter ces genres de changements. Le gouvernement devrait et pourrait faire en sorte que les Canadiens soient toujours capables de l'obliger à rendre des comptes par l'intermédiaire de leurs partis d'opposition en veillant à ce que ces derniers aient leur mot à dire. Non, il nous dit plutôt: « Faites-nous confiance. Tout ira bien. Nous avons eu ce débat et nous avons écouté les députés. Nous avons retenu moins de 5 % de ce qui a été proposé. Nous avons mis cela dans ce document de travail. C'est censé être le point de départ du débat. »
Retenez bien ceci: si tel est le point de départ, et que nous n'avons que 2 ou 3 % de ce qui a été proposé plus tôt, cela pourrait changer. Il se pourrait que certains points soient abandonnés. Peut-être que nous n'en garderons aucun. Mais disons que nous obtenons la totalité des 2 ou 3 %. L'opposition a des réserves sur une foule de ces points. Il y a une foule de ces choses-là qui nous inquiètent, un grand nombre de mes collègues et moi-même. Nous voulons seulement avoir la possibilité de dire vraiment ce que nous avons à dire là-dessus. C'est tout le sens de cet amendement: donnez-nous vraiment notre mot à dire. Donnez leur mot à dire aux millions de Canadiens qui nous appuient, pour qu'ils puissent se faire entendre eux aussi, et que le gouvernement ne fasse pas que changer les règles à son gré.
Je peux revenir sur l'initiative de réforme électorale dans laquelle j'étais personnellement impliqué de par mon rôle dans le Comité spécial. Il est devenu assez vite apparent pour tout le monde que le gouvernement faisait une promesse.
Je suis d'accord avec ça, sauf pour le lapsus du qu'ils ont ensuite été obligés de mettre par écrit dans leur programme électoral. Ils ont fait attention à la formulation. Ils voulaient tromper les gens en faveur de la représentation proportionnelle en leur faisant croire que c'était cela qu'ils suggéraient. Je sais qu'il y avait même des libéraux qui se prononçaient en faveur de la représentation proportionnelle; je les ai entendus de mes propres oreilles. Tout le long, je savais qu'ils faisaient une promesse qu'ils n'avaient aucune intention de tenir. C'est typique des libéraux, et les gens les croient. Il s'agissait de gens qui y ont cru en dépit des antécédents des libéraux. Eh bien, ils se sont vite aperçu que c'était une erreur.
En tout cas, ils ont fait attention à la façon dont ils formulaient cela. Ce qu'ils comptaient faire en réalité, c'était promettre une chose, mais en faire une autre. Ils promettaient un changement de système électoral. Les gens pensaient qu'il s'agissait de la représentation proportionnelle.
À partir de ce moment-là, le a clairement expliqué que c'était le scrutin préférentiel qu'il voulait vraiment instaurer. Quand il s'est rendu compte que personne n'en voudrait et qu'il ne pouvait pas effectuer ce changement sans un référendum, ce que réclamait clairement la majorité des Canadiens; quand il s'est rendu compte que les gens voulaient la représentation proportionnelle... Il pensait qu'ils se satisferaient d'un changement quel qu'il soit. Il a réalisé qu'ils ne seraient pas contents, et qu'ils seraient même probablement plus fâchés encore que s'il ne se passait rien. Il a compris qu'il ne s'en sortirait pas de cette façon, alors il a décidé de renoncer. Manifestement, c'était la décision de Justin Trudeau.
Quand on lit ce document, on y voit la même trame. « Ne vous en faites donc pas. Nous avons ici quelques suggestions tirées des propositions de tous les députés. Ça prouve bien qu'on vous a écouté, n'est-ce pas? Nous vous avons écouté. En fait, il y a si peu de recommandations qu'il s'agit probablement plus d'un accident, mais ne vous en faites pas. Il n'est pas nécessaire que nous vous donnions des garanties comme quoi nous allons prendre en compte vos préoccupations. Tout ce que vous avez à dire arrivera jusqu'à nous. Faites-nous confiance, c'est tout. Nous ne mentons jamais. »
Eh bien, je ne suis probablement pas sensé dire qu'ils mentent, mais c'est ce qu'ils font. Je ne vais donc pas leur faire confiance. J'ai beaucoup de respect pour les membres de la majorité du Comité. Nous avons bien travaillé ensemble la plupart du temps et je suis certain qu'ils sont sincères, mais je ne crois pas une seconde que le Cabinet du premier ministre ou les individus qui donnent leur directives à ces membres du Comité sont sincères. Leurs intentions ne contiennent pas une once de sincérité, autrement, ils n'auraient aucun problème à entériner les propositions pour reconnaître les préoccupations exprimées par l'opposition, et donc par les Canadiens.
J'espère qu'au cours des prochains jours, ou pendant la durée de ce débat, quelle qu'elle soit, jusqu'au vote sur l'amendement, qu'ils réexamineront leur opinion, qu'ils réaliseront qu'ils ont tort, qu'il faut laisser l'opposition participer au processus et qu'ils doivent rendre leur gouvernement responsable envers les Canadiens. S'ils font cela, alors nous pourrons aller de l'avant et voir ce qui peut être fait pour améliorer le Règlement de la Chambre des communes.
En fin de compte, certaines suggestions proposées pendant le débat exploratoire m'ont semblé évidentes.
Où est celle qui m'a le plus frappé? Ce n'est probablement pas si important que ça, mais il y avait des suggestions vraiment évidentes dans ce document, des changements de formulation. Il y en avait une, je ne me rappelle pas exactement... Je crois que c'est là où il y avait de toute évidence une faute de frappe dans le Règlement qui était là depuis des années. C'était comme dire « changeons ça ». C'est logique, n'est-ce pas?
Il y a quelques petites choses comme cette évidence, puis il y a beaucoup d'autres éléments dans ces suggestions qui viennent du débat exploratoire. Discutons-en pour voir si on peut arriver à quelque chose d'acceptable sur lequel les partis peuvent se mettre d'accord, puis allons de l'avant. Même dans les lettres du leader du gouvernement, on peut probablement trouver des choses qui pourraient faire l'objet d'une discussion pour voir si tous les partis peuvent se mettre d'accord.
À mon avis, certaines choses ici sont vouées à l'échec. Pour les membres de l'opposition, il y a, par exemple: l'idée que le n'a besoin d'être présent qu'une fois par semaine, que le parlement ne devrait pas se réunir le vendredi, qu'il faut éliminer certains outils ou limiter le temps de parole des membres des comités. Certaines de ces propositions sont vouées à l'échec du point de vue de l'opposition, mais certaines autres pourraient être discutées.
Cependant, tant que nous n'avons pas une sorte de garantie que l'avis de l'opposition sera vraiment pris en compte, c'est-à-dire qu'on le prendra vraiment au sérieux, ce qui veut dire que quelque chose doit être mis par écrit en ce sens... L'adoption de cet amendement accomplirait clairement ce but et je ne comprends absolument pas pourquoi le gouvernement s'y opposerait, à moins qu'il n'ait aucune intention de laisser l'opposition contribuer... Tant que cela ne se produit pas, nous ne pouvons pas même amorcer une discussion sur le sujet, parce que cela ne mène nulle part. Nous continuerons ce débat aussi longtemps qu'il le faut pour préserver les droits de l'opposition et des Canadiens
Une fois rendus à ce point, si nous réussissons à obtenir quelque chose du gouvernement qui permettrait l'adoption de cet amendement, s'ils réfléchissent sérieusement et réalisent que cela est injuste, nous pourrons entamer une discussion sur la motion et essayer d'avancer. Tant que cela ne se produit pas, nous sommes limités à une critique sur un gouvernement triste et pathétique, et sur le désir de Justin Trudeau de jouer les dictateurs. C'est aussi simple que cela, et c'est un bien triste constat.
Comment est-on passé des élections, de ce que Justin Trudeau faisait semblant d'être, à la situation actuelle? J'ai le sentiment que si les Canadiens, sachant ce qu'ils savent aujourd'hui et ayant vu ce qu'ils ont vu, pouvaient revenir en arrière et regardaient bien ce qui se passe, ils n'en croiraient pas leurs yeux. En tout cas, il m'est impossible de croire ce qu'on me dit aujourd'hui sans une garantie du gouvernement, car je n'ai aucune raison de croire qu'on peut leur faire confiance.
Je termine là-dessus. Il est fort probable que j'aurai d'autres choses à ajouter, mais pour l'instant, je cède la parole à l'orateur suivant.
:
D'accord, c'est parfait.
Pour ceux qui nous suivent depuis chez eux, je pense que c'est l'amendement que nous sommes en train de discuter.
Pour revenir sur la valeur de cet amendement pour ceux qui n'ont peut-être pas suivi la traduction, nous sommes en train de parler de l'unanimité du consensus. C'est-à-dire que nous reconnaissons le rôle important et les perspectives de chaque parti prenant part à la discussion et nous pensons qu'il est important qu'ils soient dans une certaine mesure unanimes et qu'ils atteignent un consensus minimum avant de passer aux changements du Règlement.
Le contexte est le suivant: il s'agit d'un amendement à une motion déposée par M. Scott Simms du Parti libéral à propos de laquelle, comme d'autres personnes l'ont mentionné, nous pensons qu'il existe des directives claires des dirigeants.
Le leader du gouvernement à la Chambre a émis un document de travail qui, en gros, cite le type de changements qu'aimeraient voir les libéraux. Je vais en parler un peu plus.
J'ai lu avec empressement lorsqu'il est paru car je passe pas mal de temps à la Chambre des communes. J'y ai trouvé quelques points de discussion, mais il y avait aussi un grand nombre de points sur lesquels je n'étais pas d'accord.
Franchement, dans ce document, il y avait beaucoup de choses faites spécialement pour avantager le gouvernement. Quelqu'un a dû s'asseoir pour réfléchir à ce qui pouvait renforcer la position relative du gouvernement à la Chambre des communes tout en affaiblissant la capacité de l'opposition à utiliser les outils qui devraient être à sa disposition. C'est cela que j'ai vu dans le document de discussion que nous avons devant nous.
Puis, immédiatement après est apparue la motion des libéraux qui demandait l'étude immédiate de ce document dans un délai très serré. Bien sûr, notre préoccupation porte sur le fait qu'il n'y a pas du tout de garde-fou dans cette proposition de motion pour faire en sorte qu'il existe un degré élevé de consensus entre les partis sur la marche à suivre.
Sans l'amendement que nous proposons, nous craignons que le gouvernement essaie de forcer des changements déjà exposés dans ce document de travail, ce qui affaiblirait énormément le rôle important de l'opposition, ce dont je viens de parler.
Pendant la discussion sur la motion six, dans laquelle le gouvernement et le leader du gouvernement ont adopté une approche similaire. Ils semblaient considérer tous les partis de l'opposition, pas seulement l'opposition officielle, comme secondaire dans ce qui est vraiment important à leurs yeux, un gouvernement qui gouverne.
L'opposition n'est pas secondaire. Elle a une fonction centrale dans le processus de gouvernement. Naturellement, comme les gouvernements changent souvent dans notre pays, les partis formant l'opposition changent eux aussi. Ceux qui sont au gouvernement aujourd'hui se retrouveront très probablement un jour dans l'opposition et vice versa. Il est vraiment dans notre intérêt à tous de protéger le rôle de l'opposition et de s'assurer qu'elle est forte et qu'elle dispose des outils et des capacités nécessaires pour réagir.
Il a été très intéressant d'entendre les interventions plutôt limitées de membres du gouvernement sur ce point. Nous avons entendu MM. Graham et Simms qui ont exprimé le point de vue du gouvernement d'une manière similaire. Ils ont abordé certains aspects de la substance du document de travail. Ils ont dit qu'il fallait passer à l'étude, qu'ils voulaient une discussion sur le Règlement, sur la façon dont les choses fonctionnent. Ils ont dit qu'il fallait passer à l'étude.
Ça ressemble à l'argument évoqué par le gouvernement dans le dossier de la réforme électorale, quand il nous a reproché de parler de référendum et de processus et nous a invités à continuer plutôt de parler de la teneur du débat.
De notre point de vue, et je pense que cet angle est le bon, il faut avoir un genre de...
M. Graham est surpris de m'entendre dire que je pense que ce point de vue est le bon.
La discussion sur la forme doit précéder celle sur le fond. Il faut établir les règles du jeu qui guideront la prise de décisions, avant de passer à l'étape de la prise de décisions telle quelle. Je crois que c'est plutôt raisonnable de procéder ainsi, car, si nous empruntons tout de suite la voie du débat sur le contenu avant même d'avoir établi les règles, nous nous engageons sur une voie où le gouvernement pourrait bien essayer de prendre des décisions sans demander l'avis de l'opposition au préalable. Nous devons déterminer le processus par lequel les décisions seront prises avant de passer à l'étape de la prise de décisions.
Ce qui était frappant, lors du débat sur la réforme électorale, c'est que le gouvernement a perdu tout intérêt pour le contenu, une fois qu'il s'est rendu compte qu'il n'allait pas gagner quant au processus. Il était uniquement intéressé à débattre du fond de la question s'il était assuré d'être en mesure de contrôler totalement le mode de prise de décisions.
Je pense que les députés d'en face ont raison d'affirmer que la teneur du débat demandé en ces lieux est importante. L'option qui s'offre à eux, c'est de déclarer être d'accord pour appuyer la modification proposée par l'opposition et pour accepter le principe que les révisions apportées au Règlement devront avoir reçu l'accord et l'appui de tous les partis. Après cela, nous pourrons assurément passer aux étapes suivantes. Ce serait sans doute une bonne idée d'arriver à comprendre un peu quel est le raisonnement qui sous-tend l'échéancier et ces autres enjeux du côté du gouvernement. Un accord consensuel est possible.
Je suis relativement nouveau en tant que membre du Comité, mais j'ai déjà fait partie du personnel politique. Habituellement, les comités auxquels j'ai participé cherchaient de toute façon un modèle de concertation. C'est le meilleur mode de fonctionnement des comités de la Chambre, à mon avis: un esprit de collaboration qui influe sur le type de programme qui est établi et sur la manière de procéder.
C'est à ces députés, M. Graham et M. Simms, de convenir d'un processus décisionnel qui soit juste et qui respecte le rôle de l'opposition. Ce sont eux qui ont apporté ces arguments plus tôt, qui sont intéressés à passer à l'étape de l'examen du document et qui ont des points de vue sur des questions telles que les séances du vendredi. Une fois qu'on sera d'accord sur le processus, on pourra passer aux étapes suivantes.
On ne doit pas mettre la charrue devant les boeufs. Autrement dit, on ne devrait pas passer à l'examen du document sans avoir d'abord convenu des règles du jeu, sinon on cédera trop de terrain au gouvernement, à mon avis. On doit d'abord adopter un principe, ce qui est le rôle de l'opposition et la fonction importante qu'elle remplit.
J'aimerais passer au point suivant. Un principe fondamental est en jeu dans la modification elle-même, principe qui remonte à l'histoire de notre régime parlementaire.
Il y a deux façons de considérer les origines des statuts, des règles de procédure et des documents constitutifs de toute institution. Certains sont le résultat d'une révolution et d'autres d'un processus d'évolution. Je soutiens que notre régime est, d'une manière générale, en constante évolution, par opposition à révolutionnaire, et que c'est bien ainsi; nous devons conserver ce caractère évolutif, car, en l'absence de cette modification, la motion et l'approche du gouvernement s'écarteront de nos traditions parlementaires en faisant preuve d'un esprit trop révolutionnaire.
Quand je parle d'une approche révolutionnaire de l'élaboration de règles de procédure, de règlements, de statuts ou de cadres juridiques, je renvoie à l'image d'un groupe de personnes qui se croient intelligentes et qui le sont peut-être bien, mais pas nécessairement, et qui prennent le pouvoir et cherchent à concevoir, à partir de rien, un régime idéal qui montrerait peut-être peu de respect pour l'histoire ou la tradition et qui affirmerait plutôt que le passé n'a plus d'importance et que l'an un est arrivé. Elles déclareraient vouloir tout bouleverser et que, pleines de sagesse, elles vont concevoir le meilleur régime possible. Qu'il soit question de droit, de société, d'institutions sociales, de statuts ou de règles de procédure, cette approche est révolutionnaire, car elle tourne le dos au passé et va de l'avant comme si de rien n'était.
Voilà le ton adopté dans le document de travail présenté. Tous les arguments évoqués par le gouvernement à la Chambre ont eux aussi ce ton. C'est une approche révolutionnaire de la théorie politique qui affirme qu'un nouveau régime en accord avec les besoins perçus du présent peut être conçu grâce au pouvoir dont on s'est emparé.
Nous constatons cela par l'usage répété du terme de « modernisation », sans qu'on précise ce qu'il désigne exactement. Cette pratique est révolutionnaire en soi et plutôt dangereuse, à mon avis. La modernisation, bien sûr, peut supposer et désigner l'adoption de mesures très légitimes et positives. La modernisation peut se traduire par la mise à jour de notre mode de fonctionnement afin de relever de nouveaux défis, de tenir compte de nouvelles réalités, d'exploiter de nouveaux débouchés, mais rien n'explique en quoi, par exemple, faire travailler le premier ministre un jour par semaine, réduire le nombre de séances ou n'importe laquelle de ces mesures ont un lien avec des circonstances particulières du temps présent qui n'ont jamais existé auparavant.
On parle d'un gouvernement qui souhaite apporter des changements, mais il n'est nullement fait mention d'une notion reconnaissable de modernisation. On ne parle pas de changements qui traduisent vraiment une prise en compte du monde moderne. Ce à quoi on assiste, c'est à l'emploi du terme de « modernisation » en tant que justificatif, un genre de poli qui cache la volonté du gouvernement de changer les choses.
Le gouvernement veut changer les choses, donc il va qualifier son approche de moderne. Encore une fois, exiger la présence du premier ministre un jour par semaine n'est pas forcément moderne. C'est différent, et on peut en discuter, mais le ton adopté, qui, à mon avis, est vraiment le ton recherché, se situe dans une démarche révolutionnaire.
Voilà donc l'approche révolutionnaire. Pour ce qui est des statuts de différents États, c'est dans la constitution américaine et certaines autres que l'on peut sans doute déceler plus facilement un fondement révolutionnaire, bien que notre tradition, la tradition canadienne et celle dont elle s'inspire, soit la tradition britannique, soient plutôt de nature évolutive. Autrement dit, notre constitution insiste sur l'importance de tenir compte du passé, de rendre hommage à notre histoire et d'en tenir compte.
Le Règlement en vigueur n'est pas le résultat du travail accompli par quelqu'un qui, il y a deux ans, a décidé de l'écrire. Des éléments de notre constitution ont été rédigés à des époques précises, mais tout n'a pas été composé par une seule personne à un moment précis. La structure de notre constitution est le résultat d'un processus d'évolution, tout comme le Règlement de la Chambre et nos institutions. Des dimensions de notre tradition remontent à diverses périodes de notre histoire. Je pense que nous pouvons parcourir cette histoire et y constater ce processus d'évolution à mesure qu'il se déroulait.
Maintenant, de prime abord, il est étrange que l'on semble préférer un régime qui n'est pas vraiment le résultat d'une quête intelligente. Les régimes révolutionnaires traduisent l'esprit d'une personne qui se considère au moins comme un concepteur intelligent, alors que les régimes évolutifs sont effectivement les résultantes d'une sagesse historique mais ils ne reflètent pas le dessein immédiat d'une personne en particulier, voire de groupes spécifiques.
Je pense que la force de notre cadre constitutionnel et du cadre constitutionnel britannique sur lequel il s'appuie montre les avantages d'une approche basée sur un processus d'évolution. Au cours de son histoire, le régime démocratique britannique a pourtant manifesté cette tendance à adopter une approche révolutionnaire. Il y a toujours eu des gens qui ont douté de l'histoire et des traditions et qui ont voulu faire valoir plutôt leurs brillantes idées, sous prétexte de modernisation ou autre, et utiliser leur pouvoir pour y arriver. Je crois que nous sommes témoins de cette tendance particulière chez le gouvernement actuel et le premier ministre en place.
Ils ne manifestent pas le respect qui est dû à l'histoire et à la manière dont elle a fait évoluer nos institutions de sorte qu'elles reflètent la sagesse collective de nos aïeux politiques et de nos ancêtres au sens propre. Nous devons faire confiance à cette sagesse et ne pas simplement cacher ce trésor de sagesse sous prétexte d'une modernisation.
Une fois, on m'a raconté que dans une maison, avant d'abattre une colonne, il faut s'assurer qu'elle ne soutient aucune structure. Autrement dit, il ne faut pas supposer qu'elle ne sert à rien; il faut déterminer ce à quoi elle sert et s'il est établi qu'elle n'est plus nécessaire, alors il ne faut pas hésiter à l'enlever.
La tendance évolutionniste de la politique conservatrice que j'ai décrite n'est pas contraire à tout changement. En effet, nous sommes ouverts à toute discussion portant sur la réforme du Règlement, mais nous désirons apporter des changements d'une manière qui reflète et respecte nos traditions, c'est-à-dire selon un principe d'évolution et non de révolution.
L'amendement proposé apporte la garantie absolue. Nous respectons la tradition qui consiste à solliciter le concours des députés de tous les partis. Nous ne parlons pas seulement du respect de la tradition, car le Règlement représente nos traditions, nous parlons également du respect de nos traditions concernant le processus par lequel le Règlement est révisé traditionnellement.
Comme l'ont indiqué mes collègues, les anciens premiers ministres avaient pour habitude de manifester du respect envers les traditions parlementaires qui sont représentées par le Règlement qui se trouve devant moi et comprenaient la responsabilité qui leur incombait en tant qu'héritiers de cette tradition, pas vraiment entièrement à ce titre, mais en tant que fiduciaires de cette tradition, non à leur profit personnel, mais au profit des générations futures. L'unanimité obligatoire le garantit.
Permettez-moi de parler un peu de la marque laissée sur notre tradition par la tendance à la révolution, car, à vrai dire, notre tradition ne consiste pas à assurer un développement progressif constant des institutions parlementaires. Ainsi, de temps à autre, cette idée d'évolution a été contestée, parce que, encore une fois, l'idée n'est pas évidente. Ce n'est pas être intuitif que de croire que les meilleures institutions, les meilleurs statuts ou les meilleures lois ne voient pas le jour spontanément et qu'ils sont le résultat d'un processus d'évolution. Ce n'est pas une évidence, mais je crois que c'est avéré.
Notre histoire constitutionnelle commence vraiment par la Grande Charte, lorsque le roi d'Angleterre, pendant la Guerre de Cent Ans — une guerre entre l'Angleterre et la France, dans la mesure où ces noms avaient un sens à cette époque — a voulu obtenir le soutien des élites sociales. Elles lui ont posé des exigences et des conditions. Ainsi est née l'idée d'un cadre constitutionnel fixant les limites du pouvoir des dirigeants. Cet événement remonte à plus de 800 ans. Il y a deux ans, nous avons célébré cet anniversaire de la Grande Charte.
Le processus est lancé d'une manière qui est particulière à notre propre tradition, laquelle consiste à reconnaître la nécessité de limiter le pouvoir des dirigeants. En fait, ce qui est frappant, c'est qu'on y arrive par un moyen qui en est même à ses balbutiements. Autrement dit, même les concepteurs de la Grande Charte n'avaient pas l'intention d'instaurer des droits, des obligations ou des responsabilités à partir de rien. On pourrait le penser mais ils ne se voyaient pas le faire; ils n'ont pas expliqué ce qu'ils faisaient sur un ton révolutionnaire. Ils ont plutôt parlé de reconnaître des droits préexistants.
Prenons par exemple les premiers articles du document:
Nous avons d'abord accordé à Dieu et par cette présente Charte Nous avons confirmé, pour Nous et pour nos héritiers, à perpétuité que l'Église d'Angleterre sera libre et jouira de tous ses droits et libertés, sans qu'on puisse les amoindrir; et Nous voulons qu'il soit constaté, qu'il est évident en vertu de cette charte, que la liberté des élections, que nous avons accordés et confirmés, sont ce qui était reconnu comme étant le plus grand besoin de l'Église d'Angleterre et pour ce quoi, Nous voulons qu'il soit confirmé, par cette Charte, que Nous avons accordé de Notre libre volonté, ladite Charte, et que Nous l'observerons et que Nous voulons qu'elle soit observée de bonne foi par nos héritiers à perpétuité. Nous avons aussi accordé à tous les hommes libres de Notre royaume, pour Nous et pour nos héritiers à perpétuité, toutes les libertés inscrites ci-dessous pour leur bénéfice et pour qu'ils les conservent pour eux et leurs héritiers, de Nous et de nos héritiers.
Si certains de nos Comtes ou Barons ou autres qui Nous doivent le service militaire, devaient décéder, et qu'au moment de leur mort leurs héritiers sont d'âge majeur et qu'ils nous doivent une compensation, ils auront leur héritage d'après l'ancienne compensation. C'est-à-dire, l'héritier ou les héritiers d'un Comte, tout un Comté pour cent livres; l'héritier ou les héritiers d'un Baron, tout un Baronet pour cent livres; pour l'héritier ou les héritiers d'un Chevalier, pas plus que cent shillings pour tout le fief, et ceux qui en ont moins en donneront moins, d'après l'ancienne coutume des fiefs.
Mais si l'héritier est d'âge mineur, et qu'il est sous tutelle, il aura son héritage, quand il aura atteint sa maturité, sans compensation ou amende.
Le gardien des terres d'un tel héritier qui est mineur, ne retirera des terres de l'héritier que des revenus, profits et compensations raisonnables, et ce sans outrage aux hommes et sans dommage ou gaspillage des biens. Et si l'on donne la garde de ces terres à un shérif, ou à toute autre personne qui Nous est responsable pour les revenus de ces terres, et qu'il endommage ou gaspille les biens à sa charge...
:
Oui absolument. Ce passage parle très précisément de l’importance d’être jugé par ses pairs, par une multitude de gens prenant part à la prise de décision. C’est exactement ce que nous défendons avec cet amendement — la participation d’une vaste gamme de voix dans la discussion — et le gouvernement n’y croit pas. Il veut créer un système qui empêcherait un large éventail de voix de se prononcer sur des enjeux et des orientations. Il veut rompre avec la tradition dont j’ai parlé, pour la remplacer par un système qui accorde trop de pouvoirs à l’exécutif — lequel est foncièrement révolutionnaire.
J’aimerais davantage parler de l’histoire. J’y reviendrai peut-être, mais si cela intéresse les députés, je profiterai de cette occasion pour partager quelques réflexions sur le document de travail qui nous a été remis, notamment les raisons pour lesquelles toute une gamme de parties et de députés devrait en discuter. Je sais bien sûr qu’il est important d’examiner le processus avant de passer à une discussion plus approfondie de la substance. Toutefois, nous devons reconnaître l’importance de cette substance en admettant qu’elle forme la base de cette discussion.
Comme je l’ai mentionné, on parle de modernisation à plusieurs reprises dans l’introduction. Une des phrases me saute aux yeux: « À mesure que la société change, ce qu’on exige de nos institutions change aussi ». Toutefois, même si le , son personnel, le , ou quiconque dirige cette démarche, nous parlent de changements de société, il n’est pas du tout évident que ceux-ci ont eu lieu. On ne fait absolument pas la démonstration que ces choses ont un rapport avec les changements en cours. Voilà l’une de nos préoccupations: on tente d’apporter des changements, non en donnant un aperçu crédible de la modernisation, mais tout simplement en raison des caprices et de la volonté du gouvernement de créer un système qui l’avantage, et qui n’engage pas suffisamment l’opposition à titre de partenaire essentiel et nécessaire dans la prise de décisions.
On y déclare:
Le même thème se retrouve dans toutes demandes de grandes réformes: un réétalonnage des règles, de manière à ce que le juste désir de la minorité d’être entendue soit en équilibre avec le devoir de la majorité de donner suite à ses intentions législatives.
Ce que le gouvernement désire, en l’absence de cet amendement, c’est de réajuster cet équilibre unilatéralement. Le document de travail reconnaît — du moins verbalement — qu’un équilibre est nécessaire, et je suis complètement d’accord avec le principe qu’un équilibre doit exister.
Ce qu’il y a d’étonnant, cependant, c’est la nature de l’exercice, la façon dont le gouvernement a procédé, en pensant qu’il pouvait entièrement définir la forme, la nature et le résultat de cet effort de réétalonnage. Il affirme qu’un rajustement doit être effectué, mais il ne nous explique pas clairement ses raisons pour le justifier. Il invoque seulement un besoin général de modernisation, sans tenir compte de ce que celle-ci signifie réellement ou implique dans le contexte de notre discussion relative au Règlement. D’ailleurs, le gouvernement est d’avis que l’élaboration de ce rajustement est sa responsabilité exclusive. Il effectuera un rajustement en fonction de sa définition d’un équilibre.
Je dirais aux députés ministériels qu’ils devraient admettre qu’il s’agit d’une contradiction évidente. Admettez qu’il existe une contradiction entre, d’une part, la déclaration qu’un réétalonnage est nécessaire et, d’autre part, que ce rajustement sera effectué par un seul intervenant. C’est comme si l’on demandait à une équipe, lors d’une partie de hockey… et je ne veux pas assimiler notre politique à un jeu. Il ne s’agit pas d’un jeu. Nous traitons de problèmes très sérieux, et c’est beaucoup plus important.
D’un point de vue sportif, toutefois, les gens comprendront intuitivement qu’une équipe ne devrait pas choisir l’arbitre. Une équipe ne devrait pas pouvoir élaborer des règles qui donnent l’avantage à ses forces inhérentes dans le contexte d’une compétition. Il est tout à fait judicieux que, selon toute définition des règles, un rajustement de l’équilibre entre les différentes formations doive se faire, peut-être au moyen d’un processus externe et indépendant, mais plus vraisemblablement, et en particulier dans le cas présent, avec le consentement direct de ceux qui participent au processus décisionnel.
C’est ce que notre amendement semble faire; il rajuste le rajustement. C’est-à-dire, que si processus de réétalonnage du gouvernement en général doit avoir lieu — nous parlons en termes de la majorité et de la minorité; toutefois, nous espérons discuter de ce que seront ces règles à plus longue échéance, et il serait plus correct de parler du gouvernement et de l’opposition — il nous faut rajuster le mécanisme de ce rajustement pour veiller à ce que l’autre moitié de cette équation ne soit pas exclue.
Si le Parti conservateur était seul à avoir cette préoccupation, on pourrait dire qu’il veille à ses propres intérêts, mais tous sont d’accord. Toutefois, il s’agit manifestement d’une situation qui divise le gouvernement et l’opposition, car nous sommes du même avis sur cet amendement et sur les questions plus générales que nous examinons. Les conservateurs et le NPD sont du même avis à cet égard. Je n’en ai pas parlé à Mme May, mais je crois comprendre que son parti partage aussi nos préoccupations quant au fait que le gouvernement abuse de son pouvoir pour définir la façon dont ces décisions seront prises.
À mon avis, cela devrait clairement démontrer au public canadien... Les conservateurs et les néo-démocrates ne sont pas toujours d’accord. Je crois que nous aurons probablement des perspectives très différentes... J’allais dire au sujet du budget de demain, mais il s’agit en fait du budget d’aujourd’hui.
Lorsque le gouvernement a présenté la motion numéro 6, où il proposait de changer les règles du jeu de façon unilatérale, dans une tentative de reléguer l’opposition au second rang, et de faire du gouvernement l’acteur principal, au lieu de laisser notre système fonctionner comme il se doit, au moyen d’échanges significatifs entre les différents partis, les voix de l’opposition se sont unies pour dire que notre système n’est pas sensé fonctionner ainsi. Et cela se produit à nouveau, car il s’agit d’un changement révolutionnaire dans la façon dont nous abordons ces choses. Voilà la question du réétalonnage.
Fait intéressant: dans son introduction, le document de travail souligne que les politiciens devraient s’entendre sur des moyens solides et efficaces pour délibérer des sujets de l’heure. Ce gouvernement nous étonne souvent dans la façon dont son discours va en fait dans la bonne direction. Nous devons, en effet, trouver un terrain d’entente.
Comme l’a souligné mon ami, il s’agit du titre d’un livre dont la production aurait peut-être impliqué une certaine participation du ; toutefois, les députés ministériels ne font aucun effort ce soir pour trouver un terrain d’entente. Dans la façon qu’ils ont lancé cette étude, et en l’absence de l’amendement que mon collègue a sagement proposé, ils veulent que nous passions sous silence le fait qu’ils ne trouvent aucun terrain d’entente. Il existe un décalage entre une partie de cette rhétorique et ce qu’ils font en réalité, ce qui n’a rien à voir avec la recherche d’un terrain d’entente. Il s’agit plutôt d’une tentative de prendre le contrôle du processus.
Plus tôt lors de notre discussion, M. Simms a fait quelques observations spécifiques quant au nombre de jours que siège la Chambre. Il s’agit d’un aspect important et fondamental qui doit faire l’objet d’un consensus, quelle que soit la direction que nous choisirons. Les partis doivent s’entendre sur la façon dont nous procéderons. Le système actuel possède un certain équilibre qui permet à l’opposition de contester le gouvernement cinq jours par semaine.
Soyons très clairs. Nous savons tous que les députés ne travaillent pas uniquement lorsqu'ils sont à Ottawa. En tant que députés, nous n'avons pas l'horaire conventionnel de neuf à cinq. Il nous arrive de devoir travailler à 1 h 30 du matin. Parfois, nous avons des événements et des réunions dans nos circonscriptions en dehors des heures normales de bureau. Souvent, nous travaillons aussi pendant ces heures normales. Nous travaillons lorsque la Chambre siège, mais nous devons également consacrer du temps à préparer nos interventions à la Chambre et au sein du Comité et nous devons lire et étudier pour nous faire une idée plus claire et ouverte des enjeux.
Est-ce que je pense que les législateurs travaillent uniquement lorsque nous siégeons à la Chambre? Non, je ne le pense pas. C'est pourquoi lors du débat que nous avons eu sur le Règlement, j'ai proposé un changement qui différait légèrement des propos de beaucoup de mes collègues. Je disais que nous pourrions chercher une formule plus flexible, par exemple, en instituant une autre journée sans mise aux voix. Les députés pourraient ainsi passer plus de temps dans leur circonscription s'ils le souhaitaient, mais nous continuerions à avoir cinq jours par semaine pour les débats à la Chambre, où des questions sont posées au gouvernement sans qu'il ne soit officiellement contraint d'y répondre, je suppose, mais c'est du moins ce que l'on attendrait de lui. Cette responsabilité permanente est essentielle, mais nous pouvons chercher à flexibiliser l'horaire des députés pour qu'ils puissent passer plus de temps dans leurs circonscriptions respectives, sans que ce soit au détriment des importantes fonctions et responsabilités de la Chambre.
J'ajouterais bien entendu que le gouvernement parle dans ce document de travail de la nécessité de faire avancer cette mesure législative et oui, absolument, il va sans dire qu'un gouvernement élu devrait pouvoir adopter des lois. J'estime que notre opposition a raisonnablement pu discuter avec le gouvernement du fait qu'il y a des projets de loi que nous pouvons faire avancer plus rapidement alors que d'autres nécessitent plus de temps. Nous avons eu ces discussions et essayé de nous entendre, sans toujours y arriver, et voilà que le gouvernement a recours à la clôture.
Au sujet du recours à la clôture, il est frappant de constater que bien que préoccupé par les répercussions politiques des critiques à cet égard, le gouvernement s'est valu de cet argument politique à plusieurs reprises. Il a cherché à faire croire que le recours à la clôture était une catastrophe pour la démocratie et maintenant qu'il est au pouvoir, il y a recours régulièrement et cela lui importe tellement qu'il cherche à changer le mécanisme radicalement. Il est frappant qu'il déplore pour ainsi dire la perception du public et le débat politique autour d'un aspect particulier des règles qu'il a lui-même définies et qu'il a cherché... Bon, il ne les a pas définies, mais il a lui-même cherché à les façonner quand il incarnait l'opposition. Cela devrait nous rappeler à tous qu'en règle générale, le gouvernement devient l'opposition et l'opposition devient le gouvernement. Ce n'est qu'une question de temps et nous ne savons pas exactement quand cette transition aura lieu.
En ce qui concerne le nombre de jours, le document s'interroge sur l'importance des vendredis puisqu'il n'y a pas plus de deux heures et demie pour les ordres émanant du gouvernement et que les comités ne se réunissent pas. Bien sûr, la journée ne dure pas deux heures et demie. Il y a d'autres travaux ce jour-là. Il y a aussi des occasions de débattre des affaires émanant des députés, des périodes de questions et des déclarations des députés. Les périodes consacrées aux projets de loi d'initiative parlementaire, aux questions et aux déclarations des députés durent autant que toute autre journée de la semaine.
Oui, il y a moyen d'approfondir le débat sur les ordres émanant du gouvernement. Il y a aussi une occasion...
Je dois mentionner que le vendredi, nous avons des affaires courantes à régler et les députés peuvent déposer des pétitions, proposer des motions ou encore présenter des projets de loi d'initiative parlementaire. On s'acquitte de nombreuses fonctions parlementaires le vendredi. La flexibilité d'un vendredi, où il n'y a pas de vote par appel nominal, mais où on a la possibilité de débattre, garantit qu'on prend ses responsabilités tout en permettant à de nombreux députés de passer du temps dans leur circonscription au besoin. S'ils sont en mesure de rester un vendredi, ils auront peut-être plus de chances de prononcer un discours ou de participer à la discussion de manière plus dynamique qu'à d'autres moments de la semaine quand les députés sont plus nombreux. Les députés auront plus de chances de pouvoir participer aux débats.
À dire vrai, nous reconnaissons la nécessité d'avoir une certaine souplesse le vendredi, mais il ne faut surtout pas que ce soit au détriment de cette fonction de responsabilité nécessaire et naturelle. Quelle que soit la longueur des ordres émanant du gouvernement, nous avons cinq jours par semaine pour que les députés puissent présenter une loi importante pour eux et pour leurs électeurs. Je pense que de nombreux députés libéraux utilisent la voie de l'initiative parlementaire pour défendre une loi qui n'est pas nécessairement soutenue par les banquettes avant. Si je pense à l'éventail des projets de loi d'initiative parlementaire, ils sont nombreux à avoir été adoptés ou tout au moins proposés sans nécessairement compter sur le soutien du Cabinet, ce qui témoigne de l'importance de la voie de l'initiative parlementaire et de la mesure dans laquelle le vendredi contribue à cela.
Or, le document de travail propose la réattribution du temps perdu le vendredi aux autres jours où siège la Chambre, sans toutefois préciser comment préserver le temps destiné aux affaires relevant des députés. On ne saurait ajouter 15 minutes au temps réservé aux projets de loi d'initiative parlementaire quatre jours par semaine et diviser un cinquième projet de loi par 15 minutes par jour. Peut-être a-t-on envisagé de prolonger la période de débat pour chaque projet de loi d'initiative parlementaire, ce qui aurait pour effet de réduire le nombre de ces projets de loi.
Il y a peut-être moyen d'y arriver. Nous ne savons pas vraiment ce que le gouvernement a en tête ici. Ce qui est clair, c'est qu'il veut présenter ces idées, mais pas vraiment pour en discuter. À bien des égards, le titre du document est trompeur puisqu'il suggère qu'il s'agit d'un document de travail. Le gouvernement s'en inspire pour pouvoir dicter un nouvel ensemble de règlements remaniés et modernisés qui s'inscrive dans sa vision des choses. Espérons qu'il finira par évoluer — sans que nous nous attendions à toute une révolution de sa pensée — mais pour le moment, il n'est pas prêt à reconnaître l'intérêt de notre point de vue, soit qu'il faut avoir la certitude que tous les partis pourront faire entendre leurs voix, qu'on les écoute et qu'ils se sentent protégés, contrairement à ce que nous voyons actuellement.
Quand il parle des séances du vendredi, le gouvernement semble envisager une solution de rechange, soit que le nombre d'heures des séances du vendredi soit analogue à celui des autres jours. Bien sûr, les députés savent que les heures ne sont pas uniformes tout au long de la semaine. Le mercredi, par exemple, la Chambre ne siège que pendant quatre heures, je crois, ce qui, à mon avis, est inférieur ou égal à ce qui se passe le vendredi, car nous avons des réunions du caucus.
La Chambre commence plus tard le lundi et un peu plus tôt le mardi et le jeudi. Je fais partie d'un comité qui se réunit normalement vers 8 h 30 le jeudi matin.
Les députés ont de nombreuses responsabilités et faire en sorte que le vendredi soit comme les autres jours de la semaine limiterait la flexibilité dont ils ont besoin pour pouvoir passer du temps dans leurs circonscriptions. C'est une discussion qui pourrait avoir lieu tant que tous les partis et tous les députés puissent y participer et que l'on reconnaisse le rôle important qu'ils y jouent, tel qu'indiqué dans notre amendement.
L'autre aspect important pour le vendredi est la réaffectation des affaires émanant des députés dont j'ai parlé, mais aussi la question du temps perdu sur la période des questions. Nous savons déjà — et j'en parlerai car il en sera question plus loin dans le document de travail — que le ne tient pas à assister à une période de questions tous les jours. Il ne veut pas y participer plus d'une fois par semaine.
Nous estimons qu'il est important que le rende des comptes cinq jours par semaine. Il serait peut-être possible de réattribuer le temps, tel qu'il en est question dans le document de travail. À l'heure actuelle, la période des questions dure 45 minutes. Il s'agirait donc de diviser cela et d'ajouter 10,25 minutes à la période des questions de chacun des quatre jours restants.
Cela permettrait de conserver le temps nécessaire à la période des questions, mais ce ne serait pas aussi efficace du point de vue de la reddition de comptes, car cela ne voudrait pas dire que le gouvernement est responsable face au Parlement les cinq jours de la semaine. Prolonger la période des questions n'est pas aussi important selon moi que la responsabilité suivie créée par une période de questions régulière telle qu'elle existe actuellement.
Je pense que le gouvernement le sait et que ses arguments rejoindraient les nôtres s'il était dans l'opposition et un gouvernement essayait de faire ces changements. Je songe en passant aux accusations dont Stephen Harper a fait l'objet quand il n'a même pas essayé d'éliminer un lieu clé pour la reddition de comptes comme celui-ci... Vous savez, toutes les épithètes qu'on lui a collées quand il a procédé à la prorogation de la session parlementaire. Nous pouvons toujours en discuter, mais c'est quelque chose qui a été utilisé à maintes reprises dans l'histoire de ce pays. Pourtant, ce qui est extrêmement rare, voire révolutionnaire, c'est qu'un gouvernement veuille réécrire complètement les règles à son avantage en éliminant ce lieu crucial pour la reddition de comptes. On veut le faire sans adopter notre amendement. On veut le faire sans permettre que l'opposition ait un rôle protégé, une voix protégée, dans le contexte de ce débat.
Ce sont là des préoccupations que j'ai à l'égard de la proposition de supprimer les séances du vendredi. Je ne voudrais pas m'engager dans cette voie, à moins que nous puissions avoir la certitude de pouvoir chercher ce que mon collègue Scott Reid appelait à juste titre les améliorations Pareto-optimales — soit des améliorations que chaque parti considère justes pour nous et bénéfiques pour notre système. Je ne voudrais pas m'engager dans cette voie à moins de nous savoir protégés et que la démarche à suivre soit juste et équitable avec la participation de tous les intéressés, de manière à garantir que nos forces ne seront pas déséquilibrées lorsque nous avancerons dans cette voie.
Le document de travail parle aussi de la question du vote électronique, suggérant que les rénovations massives seraient une occasion de mettre en oeuvre un système de vote électronique. Même ici, le langage révolutionnaire employé est frappant: « mettre en oeuvre un système de vote électronique dans le cadre d’un projet pilote ».
Tel est notre Parlement. Commencer à faire quelque chose de complètement différent et l'appeler un projet pilote... Je pense que nous devrions nous assurer d'envisager tous les avantages et inconvénients avant de nous engager dans cette voie, sans nous contenter de vouloir l'essayer comme projet pilote. Si nous mettons le système en oeuvre et qu'il y a des problèmes réels auxquels on n'a pas songé, je pense que nous aurions tort de poursuivre dans cette voie à moins que la logique en dicte autrement.
Je ne suis certainement pas opposé à en discuter, mais je ne voudrais pas céder un contrôle total au gouvernement et lui permettre de nous dicter ce qui devrait se passer pour la question du vote électronique. Je crois qu'il y a des questions légitimes à soulever sur le genre de démarche qui aurait lieu.
Si on prétend que les membres votent à distance, par voie électronique, cela soulève inévitablement des questions majeures, dont la manière de vérifier que le vote est effectivement celui de tel ou tel député. Il y a aussi le fait que la présence des députés au moment du vote est une façon de signifier qu'ils ont assisté au débat. Bien sûr, les députés n'assistent pas nécessairement à l'intégralité d'un débat sur toutes les questions qu'ils votent, voire n'y assistent pas du tout, mais le fait que l'on s'attend à leur présence à la Chambre au moment de la mise aux voix et à ce qu'ils écoutent la question et y répondent montre bien le genre de responsabilité dont nous devons nous acquitter.
L'idée que les députés ne soient même pas présents pour un vote soulève certaines préoccupations. Il existe différentes façons de voter. À la Chambre des communes britannique, je crois comprendre qu'ils ne votent pas comme nous le faisons et que c'est en partie une question d'espace. Leur Chambre est trop petite pour accueillir tous les députés, alors que la nôtre est structurée différemment. Il y a assez de place pour tout le monde pour le moment et nous votons d'une manière différente.
Bien entendu, nous appliquons également des votes antérieurs comme moyen d'accélérer le processus, mais au moins une fois pour chaque groupe de voix, à un moment donné les députés se lèvent, indiquant par ce geste leur prise de position et leur responsabilité personnelle.
L'une des questions que j'aimerais examiner est la façon dont le vote électronique influe sur la responsabilité, car le système peut être plutôt impersonnel. Aussi, quels en sont les effets sur la discipline du parti? Les députés moins portés à se donner la visibilité de ceux qui se lèvent pour voter sont-ils plus susceptibles de voter contre leur parti ou avec leur parti?
Nous avons vu récemment — enfin — certains libéraux voter différemment du gouvernement sur des lois aussi bonnes que transparentes qu'ils avaient raison de soutenir. Monsieur le président, l'un de ces projets de loi était le vôtre. Bien que les titulaires des banquettes avant des deux grands partis s'y soient opposés, de nombreux députés l'ont soutenu de part et d'autre et j'ai été fier de me compter parmi eux.
Quels seraient les effets de l'adoption du vote électronique sur cet aspect de la discipline du parti? Les députés auraient-ils tendance à se faciliter la vie en suivant la ligne du parti au lieu de chercher à se rendre visibles en se levant lors d'un vote public? On peut penser que cet aspect est accessoire, mais ce sont des distinctions qui peuvent être importantes. Elles nécessitent une étude approfondie avec la participation de tous.
L'intérêt des dispositions unanimes proposées ici réside en partie dans le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'avoir l'unanimité, mais d'inclure plusieurs partis. Les députés d'en face devraient réfléchir à cela. Les dispositions unanimes fournissent un meilleur effet de levier pour les députés du côté du gouvernement dont les opinions sur le Règlement pourraient différer de celles du gouvernement lui-même.
Je ne devrais pas dire des députés du côté du gouvernement, mais des députés du « caucus du gouvernement ». Ils peuvent se rendre compte, grâce à ce processus, de certaines des façons dont les modifications proposées au Règlement — dont l'élimination des séances du vendredi et les changements à la période des questions — pourraient affaiblir la capacité non seulement de l'opposition, mais d'autres de tenir le gouvernement responsable et d'exercer leur influence au nom de leurs électeurs. Le gouvernement aurait intérêt à en prendre conscience et c'est là un autre facteur qui permet d'illustrer les avantages évidents de l'amendement que nous avons proposé.
Il y a d'autres aspects dont je pourrais parler en attendant. Avec le calendrier de la Chambre, les changements aux affaires courantes et autres, je pense qu'il y a certainement des problèmes à relever. L'une de mes frustrations, c'est il y a quelques semaines, quand la a proposé une motion adoptée par consentement unanime sur un problème de fond au milieu d'un débat sur une autre question. Je pense qu'il devrait y avoir une discussion sur la façon dont nous traitons les motions adoptées par consentement unanime, qu'elles soient proposées à des moments précis et qu'il y ait une obligation implicite de participation et de consultation avant qu'elles ne soient proposées.
C'est une autre façon dont la protection des prérogatives de certains députés est en jeu. Si une motion adoptée par consentement unanime est proposée en l'absence d'un député, on dira ensuite qu'il s'agissait d'une décision unanime de la Chambre alors qu'en fait le député... Il n'y a pas de cloches pour ces motions. Aucun préavis n'est requis. Il existe de véritables problèmes et préoccupations concernant la protection des privilèges des députés et il s'agit d'en discuter.
Une partie de la protection fournie, lorsqu'il s'agit de dispositions unanimes, c'est que toutes les questions entrent dans le tas. Il y a des problèmes soulevés dans ce document de travail et d'autres qui ne le sont pas. Quand on exige que les changements soient adoptés à l'unanimité au comité, on peut assister à certaines manigances. Certains députés voudront en profiter pour renforcer le rôle de l'opposition, d'autres celui du gouvernement, et on finira par se mettre plus ou moins d'accord. Mais sans l'adoption de cet amendement, on ne pourra pas aborder plusieurs questions importantes que j'ai soulignées. Au lieu de cela, on se retrouvera dans une situation où le gouvernement peut agir à sa guise et user de son autorité pour imposer ses décisions choses au comité.
Or, il y a un thème crucial dans toute cette discussion. C'est l'une des plus grandes préoccupations que nous avons sur le plan pratique si nous devions aller de l'avant en l'absence d'une indication claire du gouvernement confirmant que l'unanimité sera bel et bien protégée. L'une de nos préoccupations se trouve sous le « thème 2 », qui porte sur de l'attribution du temps.
C'est d'ailleurs un des nombreux aspects qui nous font voir la nature clairement politique de ce document, soit qu'en lançant un soi-disant débat sur la modernisation, ce gouvernement ne peut tout simplement pas s'empêcher d'inclure des tirades partisanes totalement déséquilibrées dans leurs propos en parlant, par exemple, du recours à la clôture lors du Parlement précédent. Ce recours a effectivement eu lieu, mais il a été utilisé à plusieurs reprises déjà dans le Parlement actuel, et ce par plusieurs des députés-mêmes qui avaient qualifié la clôture de moment désastreux pour la démocratie. Mais la clôture a une toute autre image de marque pour les besoins politiques de l'heure.
Le document de travail propose, dans sa grande sagesse, de désigner la clôture par un autre nom. Pour paraphraser Shakespeare, la clôture, peu importe son nom — je ne sais pas si elle sentirait aussi bon, c'est une question de point de vue, j'imagine —, reste la même, qu'on l'appelle « clôture » ou « programmation ».
En clair, le document propose une solution de remplacement à la clôture, alors qu'il s'agit simplement d'une nouvelle désignation. Il n'y a que l'échéancier qui change. L'idée serait la suivante, selon le texte:
Après une discussion avec les leaders de la Chambre...
Rien là-dedans n'indique que leur appui serait requis. Chose certaine, le gouvernement ne semble pas du tout souhaiter recevoir l'aval de l'opposition. En tout cas, il ne fait aucun effort en ce sens dans le cas de la motion que nous avons présentée et il n'a que faire d'un amendement qui protégerait la participation de l'opposition. La programmation issue de la discussion avec les leaders de la Chambre requerrait du gouvernement qu'il donne avis d'une motion après... et je cite mot à mot:
... le gouvernement donne avis d’une motion après la deuxième lecture d’un projet de loi en vue d’attribuer un certain nombre de jours ou de semaines pour l’étape de l’étude en comité et de réserver le temps nécessaire au débat à l’étape du rapport et au moment de la troisième lecture.
Fait intéressant, la clôture deviendrait de facto automatique, c'est-à-dire que, à partir de maintenant — pas seulement dans le cas de certains projets de loi ou lorsque la leader du gouvernement décide seule de procéder ainsi, peu importe la raison —, cela deviendrait la manière normale de procéder. Dès la présentation d'une mesure législative, le gouvernement dirait: « Nous allons clore le débat après tant de jours. » Le texte donne l'impression que l'échéance s'appliquerait non seulement à la Chambre, mais aussi aux comités.
Je signale au Comité qu'il s'agirait là, bien évidemment, d'un écart important par rapport aux pratiques courantes des comités. Normalement, les comités sont souverains.
Il existe des dispositions dans le Règlement prévoyant le renvoi automatique des projets de loi d'initiative parlementaire au bout d'un certain temps afin de protéger le rôle, combien important, des simples députés. Ainsi, le gouvernement ne peut ignorer les projets de loi d'initiative parlementaire au sein des comités. À l'exception des initiatives parlementaires, les comités sont souverains, tout particulièrement dans le cas des mesures législatives gouvernementales. C'est à chaque comité de décider comment il s'occupera de l'étude d'un projet de loi.
Ce document de travail nous entraînerait dans une direction radicalement différente. De fait, il créerait un mécanisme automatique d'appel à clôture. Ce mécanisme ne devrait pas être mis en place à moins qu'il y ait un consensus au sein des autres partis.
Si le gouvernement croit que des changements sont nécessaires, d'autres avenues s'offrent à lui. On pourrait penser à un système dans lequel un échéancier est fixé et annoncé publiquement avec l'accord des partis d'opposition. Selon moi, un tel système mériterait le nom de « programmation ». La Chambre déciderait collectivement du nombre de jours nécessaires à l'étude de chaque projet de loi.
Il est important de noter que le gouvernement et les partis d'opposition peuvent différer d'opinion au sujet du nombre de jours nécessaires à la discussion ou au débat sur un projet de loi. De même, tous les partis d'opposition ne seront pas forcément du même avis. Il peut arriver que les députés du NPD aient un projet de loi à coeur et prennent position, alors que peu de députés conservateurs veulent prendre la parole. En d'autres occasions, ce sera l'inverse: il y aura plus de conservateurs que de néo-démocrates qui seront intéressés.
C'est pourquoi, dans notre système actuel, les leaders parlementaires discutent de l'échéancier qu'ils jugent adéquat. Évidemment, il faut faire des compromis pour — espérons-le — finalement arriver à s'entendre.
Il est vrai que, selon les règles en vigueur, un dispositif permet au gouvernement de pousser son programme législatif s'il ne parvient pas à un accord, ou peu importe la raison d'ailleurs. Il peut décider de présenter cette motion. Je crois que le système est perfectible, mais comme l'indique le document de travail, il existe un mécanisme de responsabilisation politique. Dans le système actuel, lorsqu'un ministre propose une motion de clôture ou d'attribution de temps, il y a une période de questions et réponses — de réponses, pas toujours, mais de questions, à tout le moins. Les députés peuvent utiliser ce temps-là — non pas la période des questions, mais une période de questions — pour interroger le ministre sur la substance du projet de loi, éventuellement, et pour demander ce qui justifie la motion de clôture ou d'attribution de temps. Il y a un vote, puis la discussion se poursuit.
Quand des votes se tiennent à la Chambre sans que les leaders parlementaires aient décidé ensemble quand ils auraient lieu, le processus s'en trouve perturbé, c'est vrai. Plusieurs dispositions — une motion pour donner la parole à un député, par exemple — sont assez peu utilisées. Il est vrai qu'elles prévoient que des votes aient lieu à différents moments de la journée, ce qui interromprait le travail des comités. C'est possible, en effet, et cela peut bouleverser l'ordre des choses, mais c'est justement pour cette raison-là que les leaders parlementaires font bien de travailler de manière consensuelle. C'est pourquoi notre leader parlementaire s'efforce de collaborer avec les autres leaders parlementaires pour parvenir à un consensus au sujet d'un laps de temps adéquat.
Le changement qui est proposé à l'attribution, à la gestion et au contrôle du temps serait rien de moins que révolutionnaire. Si nous remontons dans notre histoire, presque jusqu'à la Grande Charte, le présupposé veut que les députés aient l'occasion de parler de sujets qui leur tiennent à coeur et que le débat se poursuive tant et aussi longtemps qu'ils veulent s'exprimer. C'est important, parce que les députés qui prennent la parole à la Chambre des communes ne s'en tiennent pas à ce qu'ils croient important ou intéressant. Ils sont ici pour représenter les électeurs qui leur ont accordé leur confiance et — bien que leur rôle déborde cette fonction — pour défendre leurs intérêts et leurs valeurs.
La tradition veut que les députés aient droit de parole. Pourquoi? Parce que les gens qu'ils représentent devraient pouvoir faire entendre leur voix. Nous, députés, devrions être entendus. Non pas que nous méritions un traitement de faveur, mais nous parlons au nom des gens de notre circonscription. Notre droit de parole repose sur leur propre droit de parole. Leurs intérêts, leurs valeurs et leurs priorités devraient être pris en compte; c'est leur droit. Voilà l'enjeu qui sous-tend la question de l'implication de l'opposition dans le processus de changement du Règlement et la question sous-jacente de la gestion du temps.
En donnant un autre nom à la clôture ou à l'attribution du temps sans en changer la nature, de manière à pouvoir utiliser ces mécanismes de façon courante et automatique, et en appliquant la prétendue gestion du temps aux comités, le gouvernement apporte des changements d'une ampleur telle qu'ils ne peuvent être imposés unilatéralement. C'est une rupture dans nos traditions. Ce n'est pas juste. Cette façon de faire ne respecte ni les droits des gens que nous représentons, ni les prérogatives et les privilèges que nous reconnaissons aux députés.
Je suis sidéré par l'usage de mots à la mode dans le document de travail pour masquer l'action gouvernementale et par le refus du gouvernement de donner une voix à l'opposition. On parle beaucoup, dans le document, d'un stratagème de programmation « fait au Canada » — au moins, le mot « stratagème » est bien choisi — en ce qui a trait aux motions et aux projets de loi du gouvernement, ainsi que pour le traitement des amendements du Sénat.
Nous avons déjà une procédure bien canadienne. Il s'agit de notre Règlement. Dans le document, on parle d'une approche « faite au Canada », alors qu'il s'agit en réalité d'une approche élaborée dans le Cabinet du . C'est un stratagème « fait au Canada » par un bien petit nombre de Canadiens qui contrôlent et établissent le programme, qui décident seuls du nombre de semaines, du nombre de jours et du nombre d'heures que durera la discussion sur un projet de loi, non seulement en Chambre, mais aussi en comité. Les députés qui ont à coeur les comités parlementaires devraient se saisir de cette question. Je parle de l'idée selon laquelle le leader parlementaire pourrait dire d'emblée: « Eh, voici le temps imparti à votre comité pour étudier cela. »
Je rappelle que les comités sont censés être composés d'experts. Si nous siégeons à un comité, nous devons connaître les sujets qui y sont traités. Il n'est pas du tout impensable que les membres d'un comité disent, par exemple: « Nous avons vraiment besoin de plus de temps pour discuter de cette question. Notre compréhension du sujet et les témoignages entendus nous incitent à penser que nous devons donner la parole à d'autres témoins. » Or, la motion préprogrammée du leader parlementaire indiquant que la discussion doit se terminer a déjà été déposée. Voilà qui limite notre capacité à représenter nos électeurs et à mener le genre d'étude — où nous donnons la parole à des experts et à des témoins — essentielle à notre processus législatif.
La manière dont cela est mis en place m'inquiète beaucoup. Est-ce à dire que nous ne pouvons pas discuter dans le but d'améliorer la gestion du calendrier législatif? Non, ce n'est pas que nous ne puissions ou ne devrions pas en discuter. Ce n'est pas qu'il serait impossible d'en débattre. Seulement, le débat devrait se dérouler d'une manière qui respecte le rôle de tous les partis, même si, en situation de gouvernement majoritaire, les mesures législatives seront probablement adoptées de toute façon. Il n'est pas rare que des amendements soient proposés et adoptés; cela arrive, et cela devrait et pourrait arriver plus souvent.
Nous ne devrions pas tenir pour acquis que chaque projet de loi que propose le gouvernement deviendra loi et voilà tout. Nous devrions respecter la procédure parlementaire et reconnaître les points de vue qu'expriment les députés dans leurs discours ainsi que l'apport des experts aux comités. Nous devrions admettre qu'il y a là des possibilités d'amélioration.
Je sais qu'il y a eu des cas, en particulier dans le gouvernement précédent — et je ne citerai pas les exemples, parce que cela pourrait être un souvenir un peu douloureux pour notre parti — où des mesures législatives ont été proposées, mais elles n'ont pas été adoptées en raison d'inquiétudes citoyennes qui ont été soulevées. Voilà qui montre bien l'importance de la procédure parlementaire.
Les différentes étapes de la procédure — l'étude en comité, la Chambre et le Sénat — ont leur raison d'être. C'est une question de respect des traditions. Il y a des avantages inhérents au fait de suivre la procédure législative pas à pas et d'apporter des modifications en cours de route. Pourtant, le respect des traditions nous paraît faire défaut ici, autant dans la procédure que le gouvernement adopte que dans le système qu'il souhaite mettre en place. Il veut se donner les moyens d'agir rapidement et d'être seul maître de la discussion, ce qui reviendrait à s'éloigner considérablement de ce qui a été notre mode de fonctionnement habituel jusqu'à maintenant, un mode de fonctionnement emblématique des traditions qui nous guident dans notre travail parlementaire.
Dans le document de travail, il est question de réformes à la période des questions. Le gouvernement parle de modifier la période des questions, évidemment. Sous l'ancien gouvernement, avait déposé un projet de loi d'initiative parlementaire — distinct de la Loi sur la réforme — portant sur la réforme de la période des questions.
Je crois que beaucoup de Canadiens aimeraient que nous nous entendions sur la forme à donner à la période des questions. Il s'agit d'une étape unique du déroulement parlementaire. Son importance ne fait aucun doute. Le plus clair du temps que nous passons ici est placé sous l'égide de ce présupposé général: l'égalité des députés, un présupposé important et raisonnable. Chacun d'entre nous a l'occasion de s'exprimer sur les questions qui sont abordées et de débattre en sa qualité de député.
Dans les comités, c'est la même chose. Des membres de différents partis politiques y travaillent de concert. Ils entendent des témoignages, ils débattent et ils discutent de mesures législatives, etc. En revanche, pendant la période des questions, nous nous éloignons un peu de la posture que nous adoptons normalement dans nos débats en tant que députés pour privilégier une division plus tranchée entre les camps du gouvernement, d'une part, et de l'opposition, de l'autre. En tant qu'opposition, nous posons des questions au gouvernement au sujet des affaires courantes.
Évidemment, la période des questions n'appartient pas uniquement à l'opposition. Pour les membres du caucus, c'est l'occasion de poser des questions aux membres du Cabinet et aux secrétaires parlementaires au sujet des activités du gouvernement. Je crois que nous pourrions faire un meilleur usage de ces questions afin de forcer le gouvernement à se prononcer sur des sujets qui touchent particulièrement les différentes circonscriptions.
Nous reconnaissons néanmoins l'importance de la période des questions et le fait qu'il s'agisse d'une tribune permettant à l'opposition de questionner le gouvernement. Nul n'ignore cela: c'est d'abord une tribune pour l'opposition, qui y trouve l'occasion de poser des questions au gouvernement. De façon générale, je crois que l'opposition aimerait que la période des questions dure plus longtemps, alors que le gouvernement souhaiterait qu'elle dure moins longtemps.
Cela étant, je crois que tout gouvernement responsable comprend l'importance de cette institution pour la responsabilisation démocratique. Il sait que le gouvernement d'aujourd'hui peut être l'opposition de demain et que les mécanismes de reddition de comptes renforcent nos institutions, notre gouvernance et notre société. À ce titre, la période des questions, les questions au Feuilleton et tout autre moyen par lequel l'opposition peut questionner le gouvernement constituent des outils importants.
Il est donc révoltant de voir que le gouvernement veut s'emparer de cette institution essentielle à notre démocratie et s'attribuer le pouvoir de modifier unilatéralement cette tribune de l'opposition au moyen du document de travail, puis d'une motion non amendée, s'il décide d'ignorer l'amendement.
Plus particulièrement, on se demande où cela va aboutir si l'amendement n'est pas adopté. Le gouvernement établirait un dangereux précédent. Je crois que les députés devraient y réfléchir un peu. Si le gouvernement peut changer le fonctionnement de la période des questions, même si les changements eux-mêmes peuvent être justifiés...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Simms, je vous remercie de vos commentaires.
Évidemment, ces idées ont été soulevées et discutées par des collègues. J’en ai moi-même parlé lorsque j'ai eu l'occasion de prononcer une allocution à la Chambre au sujet des modifications qui pourraient être apportées au Règlement. Elles portent en fait sur deux sujets distincts: les modifications à apporter à la période des questions et l'utilisation de listes des partis en général.
En passant, je n’avais pas l’intention de parler de . Vous avez raison de dire qu'il s'agissait d'une motion concernant la période des questions. Je n’en ai pas parlé pour exprimer mon soutien sans réserve du contenu, mais plutôt simplement pour dire qu'il circule de bonnes idées au sujet des modifications à apporter à la période des questions, et que notre opposition à des projets de modification révolutionnaires ne doit pas être interprétée comme une opposition à toute forme de changement. C'est tout simplement une opposition à un changement radical et unilatéral, qui ne témoignerait pas du meilleur jugement des intervenants actuels et antérieurs.
G.K. Chesterton avait trouvé une formule que j'aime bien. Il parlait du respect des traditions comme d’une façon de reconnaître la démocratie des disparus, c'est-à-dire une façon de tenir compte d'opinions passées et présentes, de personnes qui ne sont plus parmi nous. La démocratie des disparus, cela sonne vraiment bien. Cela pourrait également s’appliquer à la fraude électorale, mais ce n'est pas ce dont parlait G.K. Chesterton.
Plus précisément, en ce qui concerne le point soulevé, il serait très utile d'explorer la question de la réduction de l'utilisation des listes des partis. Ce qui est intéressant, c'est qu’il n’est pas du tout question dans le Règlement de l'utilisation des listes des partis, que ce soit pour la période des questions ou à tout autre moment. Il serait très facile pour les députés de penser que les règles précisent que le whip donne le nom du député, et que le député dont le nom figure sur la liste remise par le whip est le prochain à prendre la parole. En fait, les règles précisent que si le nom de M. Schmale est sur la liste et que je me lève d'abord, même s'il se lève aussi, mais après moi, le Président doit me céder la parole, et cela inclut la période des questions.
Dans les faits, suivant la pratique que nous observons habituellement, le Président appelle le prochain membre à prendre la parole, même si ce membre n'est pas debout. Le député qui est sur le point de parler le prochain peut bien être assis, mais le Président appelle ce député, en s’attendant à ce qu’il se lève, puisque son nom figure sur une liste. Devrions-nous en discuter dans le cadre d’un examen du Règlement? Assurément. Nous pourrions aussi dire que le Règlement doit refléter la réalité, mais je pense que le Règlement, tel qu’il est conçu, présuppose qu’une certaine sagesse préside au déroulement du processus.
Il me semble que la période des questions devrait prévoir certains moments pour ce que nous désignons officieusement comme la ronde des chefs, afin de permettre aux dirigeants des partis d'opposition et aux principaux porte-parole de poser des questions précises qui reflètent les priorités de l’ensemble de l'opposition. Il serait toutefois facile de prévoir, pendant la période des questions, un moment pour les questions des chefs ou des banquettes ministérielles et un moment pour permettre aux députés de poser des questions qui reflètent davantage leurs propres priorités, sans égard à quelque liste que ce soit. Évidemment, les partis pourraient prévoir de façon informelle un certain mécanisme de coordination, mais l'absence de liste crée au moins de l’incertitude dans une certaine mesure, et laisse donc plus de latitude.
J'en ai déjà parlé auparavant. L’occasion est belle d'étudier le Règlement et d’en discuter. Ce qui me saute aux yeux, monsieur Simms, en examinant le document de travail que nous a remis le , c'est l'absence de débat sur ces modifications à apporter au Règlement actuel ou aux pratiques de la Chambre. Ces modifications permettraient de renforcer le rôle des députés par rapport aux occupants des banquettes ministérielles.
C'est à ce genre de document de discussion que l'on s'attend d’un membre du Cabinet. C'est le genre de document de discussion qui non seulement n’envisage des changements que dans la mesure où ils avantagent le caucus du gouvernement au détriment du caucus d'opposition, mais qui porte sur les priorités des chefs de parti et de ceux qui les entourent, par opposition aux priorités des autres membres des partis. Ceux qui ne font pas partie de l’équipe de direction d'un parti seraient beaucoup plus susceptibles de poser des questions comme « Qu'en est-il des listes des partis? Qu'en est-il du fait qu'elles placent de manière informelle, mais non formelle, tout le pouvoir entre les mains des whips quant à savoir qui prend la parole? »
Toutes ces questions sont importantes. Notre discussion est toutefois entièrement façonnée sous l’angle d'un document de travail produit par le , et d'une motion qui n'exige pas l'engagement de tous les membres du Comité.
Je répète, en ce qui concerne les listes des partis, que les membres du caucus du gouvernement doivent comprendre qu'il s'agit de modifier les règles d'une manière qui pourrait non seulement priver l'opposition de ses droits, mais qui pourrait aussi affaiblir le rôle important que peuvent jouer les membres du caucus du gouvernement qui ne font pas partie du Cabinet en assurant ce genre de contrepoids. C'est là que réside le noeud du problème des listes des partis.
J’ajouterais, monsieur Simms, au point que vous avez soulevé au sujet de la communication des questions à l’avance. C'est le point que j’ai soulevé lorsque j'ai parlé du Règlement à la Chambre. Il existe déjà un système en vigueur, dans le cadre du Règlement, qui fait que les ministres reçoivent les questions à l'avance et qu’ils ont davantage de temps pour y répondre, et que des périodes plus longues sont accordées à l'opposition pour lui permettre de poser ces questions. Tout cela existe déjà. C’est ce que l’on appelle communément en anglais le « late show », ou plus officiellement le débat d'ajournement.
Le débat d'ajournement correspond à la période pendant laquelle les questions qui ont déjà été posées à la Chambre ou qui ont été fournies à l'avance sont reformulées sous une forme plus longue, et les réponses peuvent être aussi fournies sous une forme plus longue, avant la période de suivi. Malheureusement, le débat d'ajournement a lieu en fin de journée, et il fait l’objet d’une attention ou d’une concentration limitée, et ce n’est jamais le ministre qui y répond, mais presque toujours le secrétaire parlementaire, et c'est parfois un secrétaire parlementaire qui n’est pas responsable du dossier. Il ou elle n’est là que pour accomplir cette fonction.
Le fait est que la Chambre est pratiquement vide au moment du débat d’ajournement. L'autre problème, c'est qu’en raison de contraintes d'ordonnancement, la période qui nous est accordée pour donner suite au débat d'ajournement est déterminée quelques mois après la question initiale. Notre intervention peut encore être pertinente. C'est peut-être un point sur lequel il vaut la peine de revenir, mais la dynamique sous-jacente risque aussi d’avoir sensiblement changé en ce qui concerne la question que nous voulions poser.
Je propose une réforme simple, graduelle mais raisonnable, qui consiste à modifier un peu l'horaire, la période des questions étant prévue à deux heures, suivie du débat d’ajournement, et des déclarations des députés, qui sont déplacées en fin de journée. Le ministre responsable du dossier devrait être présent à la Chambre pour répondre à la question de ce que nous appelons actuellement le débat d’ajournement. Il faudrait lui donner un nom différent, puisqu’elle se produirait à un autre moment. Compte tenu de la souplesse qui présiderait à la planification, il serait assez facile de tenir compte de l'horaire du ministre. Si le ministre des Affaires étrangères était à l’étranger une semaine donnée, il serait très facile de prévoir ces débats d’ajournement le lendemain. Encore une fois, il faudrait les appeler différemment, mais nous pourrions parler pour l’instant de questions orales supplémentaires pour les questions et réponses sous forme longue.
Cette réforme favoriserait-elle l'opposition ou le gouvernement? J’estime qu’elle permettrait simplement d’approfondir les débats. Les ministres pourraient dire qu'elle leur est défavorable, puisqu’ils devraient rester à la Chambre plus longtemps qu'ils ne le feraient autrement. D'autre part, elle permettrait de gagner du temps en fin de journée, quand un secrétaire parlementaire doit parfois s’absenter. Elle permettrait aux membres d’être plus présents et d’entendre des parties de cette discussion. J’estime qu’elle renforcerait notre démocratie en favorisant un débat plus approfondi.
Il s’agit d’une modification du Règlement. Dans le cadre d'une étude où un principe est accepté à l'unanimité, on pourrait dire qu’il s’agit bel et bien d’un changement, d’une réforme qui pourrait bien tomber sous le sens. Cela nous permettrait de renforcer l'efficacité de nos institutions.
Ce n'est pas un changement radical, mais c'est un changement qui pourrait accroître l'efficacité de nos institutions et ne pas être fait d'une manière qui modifie radicalement le contexte dans lequel opèrent les partis d'opposition. Ce serait un changement respectueux de l'opposition.
Ce qui me frappe, quand j’examine le document de travail, la motion et l'opposition du gouvernement à l'amendement que nous proposons, c’est qu'il n'y a pas de discussion de certains des problèmes que j’estime fondamentaux dans la façon dont la Chambre fonctionne. Il existe des problèmes cruciaux, qui concernent fondamentalement les députés, par opposition à la dynamique de l'opposition au gouvernement. Nous tous ici présents dans cette salle sommes, d'abord et avant tout, des députés. Nous pouvons profiter de l’occasion pour défendre notre position à la Chambre en tant que députés, et non simplement en tant que membres du gouvernement ou de l'opposition même si, bien entendu, j'ai parlé de l'importance de notre rôle en tant que membres du gouvernement et de l'opposition.
J'apprécie les points soulevés par M. Simms. J'aimerais toutefois revenir au document de discussion et à son lien avec la motion et l'amendement, parce que je n'ai pas encore parlé directement de la période des questions au premier ministre. Ceux qui le font reconnaissent qu'il s'agit d'une institution qui existe au Royaume-Uni. Notre Parlement et nos moeurs parlementaires sont fondés sur la tradition britannique, et j'en ai parlé dans une certaine mesure. Nos traditions ont évidemment évolué de façon continue, et comportent de nos jours des caractéristiques légèrement différentes. La période quotidienne des questions est importante. Il est important que le gouvernement rende des comptes cinq jours par semaine, et nous aimerions que le premier ministre participe à ce processus le plus souvent possible.
Il n'y a rien qui empêche le de répondre à toutes les questions une journée par semaine. Il en a la prérogative, selon les règles actuelles. Évidemment, suivant les règles actuelles, il choisit de ne pas assister assidûment à la période des questions. Il arrive que le premier ministre soit dans les environs, mais qu'il n'assiste pas à la période des questions. Je reconnais que le premier ministre doit parfois se rendre à l'étranger, et qu’il y a des semaines où il doit s’absenter.
Au moment où nous parlons de la période des questions au premier ministre, si nous adoptons l'orientation envisagée dans le document de travail, nous permettrons effectivement au premier ministre de tout simplement s’absenter de la période des questions quatre jours par semaine, ou peut-être trois jours par semaine, si d'autres recommandations du document de travail sont adoptées. Cela revient à donner une « légitimité sociale », dirions-nous, au fait pour le premier ministre de s’absenter pendant la période des questions. N’oublions pas que le premier ministre doit aussi se déplacer ou peut-être exercer d'autres responsabilités légitimes.
Sur ces deux fronts, qu’il s’agisse du changement éventuel apporté au Règlement, ou des contraintes d’horaire du premier ministre, cela réduit encore la présence du premier ministre à la période des questions. De nombreux Canadiens seraient choqués et surpris d’apprendre cela, surtout dans le contexte du système canadien, où le premier ministre exerce d’importants pouvoirs. Pour bien éclairer cette discussion, il faudrait selon moi déterminer quels sont les pouvoirs actuels du premier ministre, que devraient-ils être, et tenter de savoir s’ils sont trop importants?
Les pouvoirs actuels conférés à cette fonction signifient certes que la personne qui l’occupe, par respect pour la fonction, ainsi que pour le Parlement, doit s'assurer d’être le plus souvent disponible pour répondre aux questions.
En ce qui concerne les changements envisagés pour la période des questions, à savoir le nombre de périodes de questions, ainsi que la présence du , je peux déjà prévoir la défense, à savoir que si le premier ministre répond à plusieurs questions une journée, il pourrait finir par répondre à autant de questions cette journée-là qu’il l'aurait fait tout au long de la semaine. D'accord, mais il est important que le gouvernement rende des comptes cinq jours par semaine, et que le premier ministre réponde aux questions autant de jours que raisonnablement possible et, en un sens du moins, s'il choisit d'être absent, qu’il rende compte de cette absence, et que le fait qu'il n’assiste pas à la période des questions aussi souvent qu'il le devrait puisse être contesté publiquement. Les possibilités d’exiger cette reddition de comptes régulière seraient radicalement modifiées par l'instauration de ce changement.
En passant, cela ne signifie pas que c'est une chose qui ne peut être étudiée ou qui ne doit pas être étudiée. Encore une fois, le a la prérogative, au nom du gouvernement, de choisir de répondre à plus de questions posées au cours de la période des questions. S'il voulait faire les deux, soit être plus assidu à la période des questions et répondre à plus de questions, nous ne nous en plaindrions sûrement pas.
Les règles actuellement en vigueur en font état, mais un changement fondamental dans les attentes concernant la présence du à la période des questions, comme nous devrions tous l'accepter, exigerait l'adhésion de tous les députés, en ce sens que nous devrions tous participer et consentir aux changements qui seraient instaurés dans ce contexte. C'est précisément ce que nous voulons protéger. Encore là, il ne s'agit pas seulement de la capacité de l'opposition. Il s'agit de la capacité de tous les membres du caucus du gouvernement, mais en particulier de l'opposition, qui a évidemment un rôle très important à jouer pour veiller à ce que le gouvernement rende des comptes.
Je dois dire que l’orientation envisagée en ce qui concerne le Feuilleton n'est pas du tout claire pour moi. Il y a lieu d’apporter des changements à l'ensemble du processus du Feuilleton, mais en exigeant effectivement que le gouvernement rende des comptes dans les cas où il existe des inquiétudes concernant l'information fournie et où il peut y avoir un écart entre l’information fournie et ce qui semble être la réalité. Il devrait y avoir un mécanisme redditionnel plus important dans ces cas.
Encore une fois, dans ce document de discussion, qui est censé constituer la base d'une étude dans laquelle l'opposition n’aurait pas nécessairement voix au chapitre, il est uniquement question des préoccupations du leader du gouvernement à la Chambre, et non des priorités qui devraient être au premier plan dans l’esprit des membres de l'opposition.
Il y a aussi la question de projet de loi omnibus, et nous constatons encore qu’un langage partisan s’est immiscé dans ce qui est censé être un document de discussion impartial. Cela dénote selon moi un manque d'intérêt pour un débat véritablement productif et, en réalité, ce que nous percevons comme le désir du gouvernement de dicter à l'opposition la façon de procéder. Nous observons ce ton dans le langage utilisé, et nous voyons que le gouvernement cherche à établir une distinction entre les projets de loi omnibus qu'il propose et ceux que le gouvernement précédent a soumis, d’une manière qui lui permet de défendre ses projets de loi omnibus et de critiquer ceux des autres. En toute transparence, le plus récent budget présenté par ce gouvernement était un projet de loi omnibus.
Évidemment, il portait de façon générale sur l'économie, mais aussi sur de nombreux différents aspects liés à l'économie. Il en va de même des projets de loi qui ont été soumis par le gouvernement précédent et par d'autres avant lui. Un projet de loi budgétaire traite d'une gamme de sujets différents qui ont trait aux plans budgétaires et aux objectifs économiques du gouvernement.
Le document de discussion établit des comparaisons un peu boiteuses. On y parle de la capacité qu’a le greffier de diviser les questions écrites, si bien que le Président pourrait en faire autant avec les projets de loi omnibus. Cela équivaut à accorder un pouvoir très important à une personne, le Président, qui pourrait diviser un projet de loi unilatéralement. C'est beaucoup de pouvoir pour une seule personne, même pour un important fonctionnaire de la Chambre.
D'autre part, il n’est pas idéal que les projets de loi omnibus soient divisés par le Président, qui est certainement une personne neutre, mais qui n'est pas un représentant de l'opposition. Le Président n'est évidemment censé représenter personne, mais cela ne permet pas à l'opposition de participer aux discussions ou aux décisions concernant ce qui constitue réellement un projet de loi omnibus inopportun.
Habituellement, les objections concernant ce qui est ou n'est pas un projet de loi omnibus proviennent évidemment de l'opposition. C'est l'opposition qui exprimerait ces préoccupations au sujet d'un projet de loi comportant trop de thèmes différents simplement regroupés. C'est le genre de préoccupation auquel on s’attend de l'opposition.
Considérant que l’on peut s'attendre à ce que le Président puisse diviser unilatéralement un projet de loi, et penser en particulier qu’il est probable que le Président utilise ce pouvoir dans un contexte où il est un député élu et, en fin de compte, dans un contexte où il est en général ardu pour lui de prendre ce genre de décisions grandement subjectives, la question étant de savoir s’il existe un thème global unifiant ou non, il serait très difficile de prédire en définitive quelle serait cette relation.
Pourtant, ce pouvoir est remis uniquement entre les mains du Président. Il risque d’y avoir des situations où l'opposition pourrait tout bonnement être en désaccord avec le Président, ce qui créerait d'autres questions et difficultés potentielles. Encore une fois, je ne m’oppose pas du tout à l'idée d'une discussion sur ce qui constitue un projet de loi omnibus raisonnable ou non raisonnable. Certains projets de loi omnibus tombent sous le sens. Le gouvernement doit déposer un budget chaque année. Ce budget doit porter sur différents aspects liés à un thème global unifiant, et la mesure dans laquelle cela peut s'appliquer ou non est un aspect sur lequel des gens raisonnables peuvent être en désaccord et continueront de l’être.
Il doit y avoir un débat sur les projets de loi omnibus de manière à donner suite aux préoccupations des partis d'opposition. Comment les partis d'opposition seraient-ils enclins à exprimer ces préoccupations? Quels types de processus ou de réformes du Règlement permettraient à l'opposition d’exprimer efficacement leurs préoccupations?
Nous pouvons en discuter. Nous pouvons en débattre ici devant ce Comité, dans le contexte établi par l'amendement conservateur, un amendement qui prescrit un cadre dans lequel un débat peut avoir lieu, avec peut-être un peu de marchandage, peut-être un peu de compromis l'un envers l'autre, en recherchant des améliorations qui profiteront à tous et, fait encore plus important, qui sont dans l'intérêt public, et en mettant en oeuvre ces améliorations.
Oui, cette discussion concernait peut-être en partie les projets de loi omnibus, mais c'était une discussion à laquelle devraient participer tous les partis et qui bénéficie assurément du genre de point de vue que l'opposition peut communiquer, en plus du point de vue du gouvernement.
Poursuivons. Tandis que nous regardons le genre de cadre établi par le document de travail, nous constatons que ce dernier aborde la question de la gestion des comités. Il est question de la façon dont les comités fonctionnent. L'un des changements qui seront apportés, bien sûr, consistait à limiter la durée des discours des députés devant les comités. Je sais que les députés du gouvernement croient que cela limiterait la possibilité qu'ils entendent quelqu'un comme moi dans un contexte comme celui-ci. Je sais que ce n'est pas quelque chose qu'ils voudraient faire en modifiant le Règlement.
Cependant, ce qui devrait être clair dans la situation actuelle, c'est qu'il est important pour l'opposition d'avoir certains outils procéduraux à utiliser dans des circonstances extrêmes. Lorsque l'opposition estime — comme nous l'estimons en tant qu'opposition unifiée — que cette motion, sans amendement, empiéterait gravement sur les droits et privilèges des membres, nous devrions avoir la capacité d'accroître les niveaux d'attention que suscite cet enjeu, de rehausser, en un sens, l'intensité de la discussion. La possibilité de discuter de façon exhaustive de la question est l'un des outils dont disposent les députés. Je crois que mon collègue du NPD, M. Christopherson, a soulevé un point très similaire plus tôt selon lequel, parfois, avoir la capacité d'appuyer sur le bouton de panique ne signifie pas qu'on le fait. Le fait d'avoir la capacité de le faire — et il a donné l'exemple de la grève — peut signifier qu'on appuie sur le bouton dans de très rares situations, mais c'est une possibilité qui existe, un mécanisme pouvant forcer le gouvernement à participer de façon significative à la conversation.
Plus tôt dans la soirée, nous y sommes presque arrivés. Lorsque nous avons discuté de l'amendement, nous nous sommes entendus sur une suspension temporaire pour permettre une discussion entre les partis, entre les membres des partis, et, j'imagine, avec d'autres membres du personnel des partis respectifs. Ces discussions ont eu lieu. À ce moment-là, nous n'en sommes pas venus à un accord. J'espère que, à un moment donné, le gouvernement acceptera d'adopter l'amendement. Cependant, le fait que l'opposition ait eu des options et la capacité de soulever ces problèmes nous a permis, au moins, de forcer la tenue de ces conversations, une capacité que nous n'aurions plus en vertu du cadre envisagé ici.
Si on réfléchit de façon générale à l'aspect de la gestion du temps, la proposition concernant la prétendue programmation ou ce qu'on pourrait plus justement appeler l'attribution automatique du temps ou la « clôture automatique », méthode permettant au gouvernement d'adopter ces choses unilatéralement sans discuter avec l'opposition, eh bien, cette proposition fait en sorte que l'opposition n'aurait pas vraiment d'outil digne de ce nom à sa disposition, à part le droit de parler durant le délai établi pour nous par le gouvernement. Nous pourrions seulement parler quand on nous le permet et pour la durée permise par le gouvernement. Ce serait tout. Nous n'aurions pas l'occasion de nous élever contre le gouvernement de la façon plus efficace qui est nécessaire. Nous en sommes venus à reconnaître la valeur liée au fait de pouvoir agir ainsi dans le type de système parlementaire que nous avons au Canada. Oui, nous avons déjà une solution fabriquée au Canada, une solution qui a évolué de façon à intégrer et refléter la sagesse collective que l'histoire a suscitée dans nos institutions.
Je tiens à souligner que ma préoccupation au sujet des limites de temps imposées aux comités ne concerne pas seulement des situations comme celle-ci, où il est important pour nous de pouvoir appuyer sur le bouton de panique pour nous dire, entre nous, et dire au public: « attention! Il se passe quelque chose d'important ici ». Ce n'est pas seulement pour des situations comme celles-ci. C'est aussi important parce que cela permet aux membres de discuter ouvertement et de façon importante d'enjeux d'une façon qu'il ne pourrait tout simplement pas faire dans la Chambre des communes faute de temps.
N'oublions pas à quoi servent les comités. Les comités offrent l'occasion aux députés d'acquérir des expertises précises et importantes sur des sujets qui reflètent leurs intérêts, leur circonscription ou les tâches qu'on leur a affectées, quel que soit le cas. Comme nous ne pouvons pas tous être des experts dans tous les dossiers de politique publique dont on discute, nous pouvons approfondir des domaines précis et acquérir une importante compréhension et appréciation des défis et des conflits. Puis, nous pouvons en parler et examiner ces choses dans le cadre des comités d'une façon plus poussée qu'il n'est permis de le faire dans la Chambre des communes.
Parfois, je trouve que 10 ou 20 minutes, ce n'est tout simplement pas assez pour présenter une idée que j'essaie de transmettre devant la Chambre des communes. Je suis sûr que, au moins, M. Graham a aussi ce sentiment, parfois. Je ne sais pas pour les autres membres. Il y a certains sujets — et ce ne sont pas tous les sujets, bien sûr, mais pour moi c'est quasiment tous les sujets...
M. Tom Kmiec: Comme le parc de la Rouge?
M. Garnett Genuis: Vingt minutes, ce n'était pas assez pour le parc urbain national de la Rouge. Ce n'était pas suffisant pour certains des députés qui étaient assis derrière moi durant la séance photo. Il ont seulement eu 20 minutes pour m'entendre parler de ce sujet.
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M. Graham veut vraiment que je traverse la salle. J'imagine que je pourrais alors me joindre au grand nombre de députés libéraux qui votent contre le gouvernement. Ça n'arrivera pas, je mets cartes sur table.
Parlant de mes cartes sur la table, j'aimerais poursuivre là où je me suis arrêté la nuit dernière, ou, plutôt, tôt ce matin, relativement aux enjeux importants dont nous débattons. Notre discussion était liée à un avis de motion qui a été présenté par M. Simms, et je dois dire que la motion a été présentée d'une façon qui, selon moi, n'était pas respectueuse du ton habituellement utilisé ici.
Un document de travail a été communiqué et, comme d'autres l'ont souligné avant moi, je crois, ce document ne visait pas tant la discussion que l'imposition d'une dictature. Il s'agissait supposément d'un document visant à soulever certains enjeux et à poser des questions sur certains dossiers aux fins d'examen, mais ensuite, presque immédiatement après — on a eu droit, durant une semaine de travail de circonscription, à un avis de motion. Le jour avant le budget, le gouvernement voulait faire adopter cette motion, qui aurait enclenché une étude des enjeux soulevés dans ce prétendu document de travail au sujet d'une prétendue modernisation du Règlement. Il a cru, pour une raison quelconque, que les limites de cette étude devaient être déterminées le jour avant le budget.
Bien sûr, nous savons que les Canadiens ont de bonnes raisons de vouloir se faire entendre. Ils regardent le budget, la mesure dans laquelle le gouvernement augmentera leur facture d'impôt et le niveau de dettes qu'on laissera à la prochaine génération. Et au milieu de ce tourbillon, il s'est passé quelque chose qui, selon moi, a été conçu de façon à nous empêcher à l'examiner comme il se doit.
Qu'avons-nous fait de notre côté de la Chambre? Pas seulement notre parti, mais nous tous, de ce côté de la Chambre, y compris nos valeureux collègues du Nouveau Parti démocratique, eh bien, nous nous sommes levés et nous avons dit « non ». Nous avons dit que ce n'était pas approprié pour le gouvernement actuel de procéder ainsi. Les représentants du gouvernement bénéficient d'un certain mandat lié à l'adoption de divers aspects de leur programme politique, mais ils ont tort d'essayer de modifier unilatéralement la façon dont notre institution parlementaire fonctionne.
C'est une tendance de ce gouvernement. Et chaque fois, il s'est buté à une forte opposition. Au départ, le gouvernement pensait pouvoir modifier unilatéralement la façon dont les élections ont lieu, le processus en vertu duquel elles sont tenues, d'une façon qui lui serait avantageuse. L'opposition s'est levée et a dit « non ». Nous avons finalement tous convenu qu'un seul parti ne peut pas changer les règles du jeu. Il faut que les autres participent au processus.
C'est exactement là où notre amendement veut en venir. C'est la poursuite, un autre épisode de ce que le gouvernement nous a réservé jusqu'à présent. Pour commencer, il veut changer la façon dont les élections sont tenues sans consulter de façon significative les Canadiens et sans faire intervenir de façon significative leurs représentants, sauf les membres de son parti. Et même là, nous avons parfois de bonnes raisons de douter de l'importance de cet engagement, même au sein du caucus du gouvernement, vu les réponses que nous constatons, les choses qui se produisent dans la Chambre en raison de cette situation.
Maintenant que les membres du gouvernement ont reculé dans ce dossier, nous constatons en fait qu'ils font à nouveau quelque chose de très similaire. Ils essaient de changer les règles de nos processus parlementaires, encore une fois, unilatéralement, et ils procèdent encore une fois d'une façon qui n'est pas respectueuse de tous les parlementaires et des autres voix qui doivent être représentées elles aussi dans une telle discussion.
Il est intéressant de constater qu'il y a une similitude évidente, un parallèle évident, en ce qui concerne les genres d'arguments utilisés par les députés du gouvernement dans ce contexte. Mon collègue, M. Reid, lorsqu'il était question du dossier de la réforme électorale, a demandé à répétition à la , à la Chambre des communes, « pourquoi ne pas s'engager à tenir un référendum? Pourquoi ne vous engagez-vous pas à l'égard de l'importante mobilisation du public à laquelle on serait en droit de s'attendre? » Ce sont les questions qui ont été posées, et la réponse — dans la mesure où il y a eu une réponse — prenait toujours la forme suivante: « oublions pour l'instant les questions de processus et parlons du contenu.
Nous ne devrions pas passer à une discussion sur le contenu sans avoir préalablement défini de façon concrète de quelle façon la discussion aura lieu, le processus qu'on utilisera. Oui, j'ai hâte — comme les membres de l'autre côté — de discuter de la façon dont on peut aller de l'avant et modifier notre Règlement, mais il faut le faire dans le contexte défini par l'amendement. On peut faire un parallèle à ce sujet avec l'appel à la tenue d'un référendum formulé dans le passé par l'opposition. C'était nous — pas seulement le caucus conservateur, mais c'est aussi le point de vue unifié de toute l'opposition — qui disions: « vous ne pouvez pas changer les règles du jeu seuls ». Ce n'est pas pour ça que les Canadiens élisent des gouvernements.
Les Canadiens élisent des gouvernements, ou des députés, pour être précis, et les députés se réunissent ensuite pour définir qui est le gouvernement. Grâce à ce processus de sélection, les Canadiens choisissent un gouvernement, et ils s'attendent à ce que celui-ci prenne des décisions stratégiques et propose des lois qui sont ensuite débattues et qui font l'objet de discussions. En même temps, cependant, je crois que les Canadiens s'attendent à ce que les gouvernements au pouvoir ne touchent pas au cadre fondamental qui permet le maintien d'une compétition démocratique juste et continue. Dans la mesure où il faut apporter des modifications au cadre de cette interaction — des changements liés à la façon dont les gens sont élus ou aux processus des activités parlementaires que nous réalisons — chaque fois qu'il y a des propositions de changements, il n'est pas approprié qu'un seul joueur dans la partie décide qu'il veut apporter de tels changements.
Je ne veux pas ramener ce que nous faisons ici à une analogie sportive, parce que ce que nous faisons est beaucoup plus important et peut avoir beaucoup plus de conséquences, mais je crois que les membres peuvent très bien comprendre que, si un combattant dans un événement sportif devait définir les règles du jeu, l'autre côté aurait de très bonnes raisons, des raisons importantes et significatives d'être préoccupé. La façon dont la démocratie est censée fonctionner, c'est qu'il y a un ensemble de règles de base établies, indépendamment des intérêts particuliers — et assurément indépendamment des intérêts immédiats et très ciblés — d'un parti précis. Ces règles de base sont établies en fonction d'un fort niveau de consensus social.
Dans le contexte de la réforme électorale, nous avons dit qu'il est important de procéder par référendum. Dans le contexte des changements qui ont été proposés au Règlement, il faut que les députés participent réellement à la discussion, ce qui signifie les députés de tous les partis, tous les députés du gouvernement et tous les députés de l'opposition.
Nous avons proposé un amendement qui reflète l'attente des Canadiens au sujet du caractère équitable de nos processus démocratiques, un processus où le cadre, les règles de base et le contexte opérationnel ne sont pas simplement établis ou énoncés de façon définitive par un seul joueur sur le terrain.
Il doit y avoir des mécanismes sérieux permettant à l'opposition de faire valoir ses préoccupations, de les communiquer et d'en discuter. Ce n'est pas surprenant pour moi de voir, malheureusement, cette tendance répétée du gouvernement, qui tente de modifier non seulement les politiques, et non seulement les décisions du gouvernement, mais aussi la structure sous-jacente de notre démocratie. De plus, il veut le faire d'une façon qui est contraire à nos processus normaux et à nos traditions, qui ne reflète pas nos attentes normales d'équité. C'est ce qu'on constate dans l'approche utilisée pour la réforme électorale, dossier dans lequel le gouvernement a immédiatement reculé lorsqu'il a constaté qu'il avait perdu le débat public.
Je veux dire quelque chose à tous les membres du gouvernement au sujet de notre discussion concernant le Règlement. Vous n'avez pas remporté le dossier de la réforme électorale comme beaucoup de représentants du gouvernement voulaient le faire, parce que les Canadiens se sont levés et se sont opposés. Ils ont parlé clairement des problèmes et de leur préoccupation liée à la façon dont les choses se passaient.
La réaction du public dans ce dossier a été surprenante. C'est un nouvel enjeu. C'est quelque chose que le gouvernement a commencé à réaliser durant la réunion du Comité, hier. Vu les commentaires des gens et le niveau d'engagement que nous constatons sur les médias sociaux, je constate que cette question, et plus précisément la question des amendements que nous proposons, suscite beaucoup d'intérêt et de préoccupations au sein du public.
Le public a une attente raisonnable tandis qu'on discute de ces enjeux. Le public affiche un niveau d'engagement de plus en plus marqué dans ce dossier, et les députés le constatent peut-être lorsqu'ils vérifient leurs courriels. Je sais que nous étions ici tard, hier soir, jusqu'aux petites heures du matin, et bon nombre d'entre nous ont dû participer à des réunions de caucus, mais j'encourage les membres, pendant qu'ils sont ici, de demander à leurs employés si des gens parlent de ce dossier dans nos propres circonscriptions. Il y a déjà eu une très forte réaction à l'enjeu. Des gens qui ne savaient même pas que j'étais ici hier soir m'ont écrit pour me parler des propos d'autres personnes qu'ils ont entendus et ils espèrent que je participe à ce processus.
C'est le genre d'enjeux auxquels veulent participer les Canadiens, parce qu'ils prennent nos institutions parlementaires très au sérieux. Ils ont aussi un sens intuitif de l'équité procédurale et de l'importance de l'engagement des gens, des membres de tous les partis, non seulement parce qu'il y a plusieurs points de vue individuels qui sont importants, mais aussi parce que nous parlons d'une façon qui reflète la vie des gens qui nous représentent, et les gens qui nous représentent — pas seulement les députés des circonscriptions libérales, qui ne sont peut-être pas entendus dans le cadre du processus, mais tous les Canadiens — méritent d'avoir leur mot à dire quant à la façon dont notre démocratie fonctionne.
Dans l'opposition du gouvernement à l'amendement, nous voyons son désir de limiter la capacité de l'opposition d'avoir vraiment son mot à dire sur les genres de changements qui pourraient être apportés au Règlement. Nous voyons aussi dans les propositions précises de changement du gouvernement, un désir d'éliminer tous les outils utiles que l'opposition possède pour contester le gouvernement. Il n'y a rien dans cette prétendue modernisation proposée qui enlève la capacité qu'a un député de parler peut-être une fois, s'il réussit à avoir une place, pour une période limitée, mais, dans tous les cas, on veut éliminer les dispositions qui permettent aux membres de l'opposition d'avoir une occasion réelle et significative — lorsqu'il est question d'enjeux d'une importance vitale pour leurs électeurs et la nation — de se lever de façon plus marquée et plus fondamentale et de dire non.
La proposition enlèverait la capacité, par exemple, aux députés de parler pendant plus qu'une durée très limitée dans le cadre des travaux des comités. C'est évidemment un problème, parce que les comités peuvent être l'endroit où les députés, généralement ceux qui sont membres de comités précis, possèdent un intérêt précis ou un certain niveau d'expertise dans des domaines précis. Le document de travail propose de limiter la capacité non seulement des membres de l'opposition, mais aussi des membres du gouvernement de se lever — j'imagine que, habituellement, on parle en étant assis dans le cadre des travaux des comités, mais c'est une métaphore — et de manifester son opposition d'une façon claire, efficace et marquée.
Quand je regarde le texte de ce document de travail — et je l'ai lu un certain nombre de fois — je constate une réelle dissonance entre le ton de la discussion, les objectifs énoncés, et la façon dont le gouvernement réagit à l'amendement et les changements qu'il propose d'apporter. Par exemple, comme je l'ai dit plus tôt, le document de travail mentionne la notion de modernisation, sans précision ni définition, mais il mentionne aussi certains mots qui sont, en eux-mêmes, très bien: « mieux rendre des comptes, être plus transparent et pertinent. » Mais, bon sang, en quoi le fait de retirer à l'opposition la capacité d'avoir son mot à dire, soit au sujet des règles de base, soit durant les délibérations en tant que telles à la Chambre, permettait-il de mieux rendre des comptes? En quoi le fait d'éliminer une période de questions par semaine même si le temps est redistribué — parce qu'on élimine tout de même la reddition de comptes cinq jours par semaine — permet-il de réaliser l'objectif lié à la meilleure reddition de comptes?
Voici ce qui est écrit:
Le Parlement doit s'adapter à un paysage politique changeant, en évolution. Il devrait s'adapter pour mieux rendre des comptes, être plus transparent et pertinent.
Une meilleure reddition de comptes, de la transparence et de la pertinence: ce sont toutes des choses importantes, mais la façon dont le gouvernement procède — aujourd'hui, ce matin, hier — est fondamentalement en contradiction avec les objectifs dont on discute ici.
En fait, c'est notre parti qui a demandé à ce que ces discussions soient publiques. C'est nous qui avons affirmé que les Canadiens devaient voir — et clairement — ce qui se passe et ce que le gouvernement essaie de faire, soit de retirer à l'opposition la capacité de jouer efficacement son rôle, en le faisant d'une façon qui n'accorde pas à l'opposition l'occasion de participer à la discussion de façon significative et efficace.
En passant, afin de justifier davantage mon argument au sujet de l'engagement public dans ce dossier, je dirai simplement que les membres m'ont vu diffuser en direct sur Facebook il y a environ 20 minutes, avant le début des travaux du Comité. J'ai eu certaines difficultés techniques parce que, au début, je filmais dans la mauvaise direction. C'est quelque chose qui m'arrive souvent. Vous êtes peut-être en mesure d'évaluer mes capacités technologiques à la lumière de mes commentaires sur la notion de modernisation, mais j'ai compris comment diffuser en direct sur Facebook et, en 20 minutes, j'ai déjà eu 19 partages. C'est un peu moins d'un par minute. Habituellement, il n'y a pas beaucoup de personnes qui regardent les vidéos que j'affiche, pas même lorsque le sujet est une motion aussi controversée que la motion numéro 103, alors on constate un haut niveau d'engagement du public dans ce dossier.
Selon moi, les députés du gouvernement devraient vraiment en prendre note, et se rendre compte que, lorsqu'ils parlent de sujets comme une meilleure reddition de comptes, plus de transparence et de pertinence, les Canadiens examinent déjà de près ce que nous faisons ici. Lorsqu'il est question du désir du gouvernement de limiter la conversation en ne soutenant pas l'amendement, en ne permettant pas à l'opposition de vraiment participer à la discussion, nous constatons que les membres du public, qui peuvent participer beaucoup plus qu'avant en raison des médias sociaux — que les députés du gouvernement le veuillent ou non — réagissent déjà à ce qui se passe et communiquent clairement les genres de préoccupations que la situation actuelle suscite pour eux.
Il y a quelque chose dans l'introduction du document de travail que j'ai oublié de souligner hier soir. L'introduction parle du réétalonnage de la minorité et de la majorité, mais, le processus envisagé par le gouvernement en est un où ce réétalonnage se fait unilatéralement, et il y a un seul intervenant du processus qui procède au réétalonnage.
Le document de travail précise aussi: « il faut constamment faire attention à cet équilibre et faire des ajustements périodiques pour pouvoir refléter la volonté de la Chambre et de la population qu'elle sert ». N'est-ce pas exactement ce dont l'opposition parle et ce qu'elle tente de faire grâce à l'amendement? L'objectif est de s'assurer que le réétalonnage ou l'équilibre réalisé reflète la « volonté de la Chambre et de la population qu'elle sert ».
Soyons très clairs sur ce que cela doit vouloir dire. Comme le gouvernement en parlait avec empressement, du moins jusqu'à récemment, nous avons un gouvernement majoritaire qui n'a pas été élu par une majorité du vote populaire. Ce n'est pas problématique. C'est ainsi que notre système fonctionne. Cela ne réduit d'aucune façon la légitimité du gouvernement, mais cela souligne le fait qu'il faut adopter une approche un peu plus multipartisane si nous voulons vraiment parler de la volonté de la population que la Chambre est censée servir, surtout lorsque nous voulons apporter des changements qui modifient la structure sous-jacente à nos discussions démocratiques.
Je trouve surprenant que, dans le document de travail, on reconnaît symboliquement le besoin d'ajustements périodiques visant à refléter la volonté de la Chambre et de la population qu'elle sert, alors que votre motion tente de permettre à la vision du leader parlementaire du gouvernement d'être imposée unilatéralement à la Chambre et à l'opposition.
Lorsqu'on parle de la volonté de la Chambre, certains membres diront peut-être qu'on parle seulement de la majorité à la Chambre. Après tout, la Chambre peut voter, et comme le gouvernement a la majorité, il peut donc tout remporter à la majorité. Est-ce qu'une telle situation reflète la volonté de la Chambre?
Eh bien, je dirais que la volonté de la Chambre doit être exprimée de façons différentes qui sont adaptées au genre de situation évalué.
S'il fallait tenir un vote de public par assis et debout et soumis à la discipline de parti sur la nomination du Président, je considérerais cela comme inapproprié. Je considérerais cette mesure comme une expression inappropriée de la volonté de la Chambre dans le contexte de cette institution. Il est important que le Président soit neutre et qu'ils soit considéré comme tel. Même si, officiellement, le processus d'un vote par assis et debout soumis à la discipline de parti dès le début de la législature signifierait que le Président serait choisi par la majorité, je crois que cela minerait le principe de la volonté de la Chambre.
C'est quelque chose qui est reconnu dans le Règlement, qui, pour différents types de situations, prescrit différents types de résultats pour refléter la volonté de la Chambre. Évidemment, pour ce qui est de l'adoption des lois, ceux qui votent en faveur doivent être majoritaires. Dans certains autres dossiers, les mesures et les exigences sont différentes. Il y a certaines choses que la Chambre peut seulement faire par consentement unanime, tandis qu'il y en a d'autres que la Chambre peut faire à la majorité, mais seulement après qu'un préavis approprié a été donné.
Certaines choses peuvent se produire dans la Chambre si certains seuils sont respectés. Je pense ici aux articles 53 et 56.1 du Règlement, qui permettent la mise de l'avant de motions jugées adoptées si un certain nombre de députés ne se lèvent pas pour s'y opposer. Dans le cas de l'article 56.1 du Règlement, le gouvernement peut mettre de l'avant une motion, mais s'il n'y a pas 25 personnes de l'opposition qui se lèvent — eh bien, ces 25 personnes n'ont pas nécessairement toutes besoin d'être dans l'opposition — si 25 députés ne se lèvent pas, alors la motion est réputée adoptée. C'est pour traiter des modifications apportées aux mécanismes procéduraux habituels de la Chambre.
L'article 53 du Règlement, que nous avons utilisé relativement au projet de loi , au printemps dernier, permet au gouvernement de demander la suspension du processus d'avis habituel qui a lieu pour discuter d'un projet de loi. Assurément, nous ne voudrions pas que le processus d'avis habituel soit suspendu par une simple majorité à la Chambre et je crois qu'il est intelligent et approprié que nous soyons prêts à accepter que, même s'il y a deux ou trois membres qui s'opposent — et dans le cadre de l'article 53 du Règlement, c'est non pas 25 membres, mais 10 —, le gouvernement peut aller de l'avant avec quelque chose même si l'avis habituel n'a pas été donné, si la volonté de la Chambre, c'est que les choses soient faites de la façon que j'ai décrite.
Voilà l'essentiel. La volonté de la Chambre est une notion qui, selon moi, exige un certain niveau de collaboration approprié en réaction aux événements précis avec lesquels nous composons. Oui, il doit y avoir des ajustements périodiques, mais il faut s'entendre sur la façon dont les ajustements périodiques sont apportés. Ils doivent vraiment refléter la volonté de la Chambre.
Je crois que l'amendement que nous, au sein de l'opposition, avons mis de l'avant reflète une interprétation appropriée de la volonté de la Chambre dans le contexte de ce type de décision. Nous acceptons, comme le prévoient les articles 56.1 et 53 du Règlement — et dans d'autres dispositions du Règlement —, l'utilisation de motions adoptées par consentement unanime, en général, ce qui constitue un autre exemple de certaines situations, surtout lorsqu'il est question de procédures, là où une simple majorité n'est pas suffisante, parce que nous voulons modifier le fondement procédural de la Chambre; si le gouvernement ne peut tout simplement le faire avec un simple vote majoritaire, alors cela compromet toute discussion subséquente sur des mesures législatives de fond.
Ce n'est pas simplement par souci intellectuel et nombrilisme parlementaire que nous nous préoccupons des questions liées au Règlement et au processus. C'est plutôt parce que ces choses constituent la structure sous-jacente des discussions sur des enjeux de fond qui importent aux yeux des Canadiens et qui définissent leur vie d'une façon bien réelle et bien concrète.
C'est un fait que les lois du gouvernement peuvent avoir des conséquences inattendues. Les lois peuvent contenir des erreurs, et c'est la raison pour laquelle le processus d'examen parlementaire est aussi important. C'est la raison pour laquelle le rôle de tous les députés du caucus du gouvernement, pas seulement le Cabinet, et le rôle de l'opposition sont aussi importants: c'est parce que notre capacité de participer à une discussion significative est un rempart contre les genres d'erreurs ou de conséquences inattendues qui peuvent s'immiscer dans les lois.
Nous devons protéger cette structure sous-jacente et, en fait, selon moi, de façon générale, il faut adopter une norme de soutien plus élevée pour apporter de tels changements à cette structure sous-jacente — oui, pour la protéger —, mais aussi pour protéger les décisions et les résultats stratégiques importants qui s'appuient sur ce cadre. C'est quelque chose qui est particulièrement important.
De plus, il y a d'autres choses, d'autres éléments reconnus dans le document de travail qui, même si, au bout du compte, ils concernent des changements qui seraient néfastes à nos institutions et, en fait, à une compréhension appropriée du rôle de l'opposition et de tous les parlementaires au sein de cette institution, vont aussi dans le même sens que l'amendement que nous défendons aujourd'hui.
J'attire l'attention des membres sur une phrase à la deuxième page, vers le milieu du premier paragraphe; il est question de la fonction de délibération de la Chambre. Il est écrit que « chaque question particulière doit faire l'objet d'un débat dont la durée est à la mesure de l'importance du sujet pour la Chambre ». C'est tout à fait vrai. Certains dossiers exigent moins de discussion, d'autres en exigent plus. Ce que j'ai trouvé frappant dans la façon dont le Parlement fonctionne, c'est que nous avons souvent vu des efforts visant à limiter le débat sur certains dossiers plus importants ou délicats, des dossiers où nous pouvons sûrement reconnaître ou devrions être en mesure de reconnaître le besoin d'une discussion très approfondie.
La première fois que le gouvernement actuel a proposé l'attribution de temps ou le recours à la clôture, c'était au sujet du projet de loi , le projet de loi du gouvernement sur l'euthanasie. Même si, comme on me l'a dit, des gouvernements avaient utilisé dans le passé l'attribution du temps, parfois, c'était la seule fois qu'on le faisait relativement à un enjeu aussi fondamental sur le plan des valeurs et de la conscience. Il y avait d'importantes divergences d'opinions au sein de chaque parti, assurément au sein des deux principaux partis — et le gouvernement a utilisé l'attribution du temps dans ce dossier.
Cela en dit long sur certains des problèmes liés à tout le dossier des discussions. La situation devrait aussi nous rappeler, lorsque nous calibrons de façon appropriée le niveau de discussion dans la Chambre, qu'il faut reconnaître les différences entre les divers types de projets de loi et reconnaître que différents types de projets de loi exigent des niveaux différents de débat, surtout là où on s'entend de façon générale entre les partis sur le fait qu'il s'agit d'un dossier qui peut être traité plus rapidement. Cependant, la question de l'importance du sujet, de la quantité de temps nécessaire au débat à la Chambre, n'a pas de réelle objectivité ontologique. Il n'existe pas, à proprement parler, une mesure objective de la quantité de discussions requises pour tel ou tel projet de loi. Les membres des différents partis seront en désaccord en fonction de ce que leurs électeurs leur disent.
Un exemple récent de cette situation, pour comparer ce que les conservateurs et ce que les membres du NPD disent, concerne la discussion concernant la législation du gouvernement sur le précontrôle. Je ne me souviens pas du numéro exact du projet de loi. Selon nous, il s'agissait d'un bon projet de loi que nous pouvions soutenir. Il émanait du gouvernement. Notre caucus appuyait l'approche du gouvernement en matière de précontrôle. Ce n'était pas le cas du NPD. Le NPD avait d'importantes préoccupations. Plus particulièrement, il voulait s'assurer de pouvoir participer pleinement à la discussion. Fait important, lorsqu'il a été question de l'attribution du temps relativement à ce projet de loi, notre caucus conservateur s'est rangé du côté du NPD et s'est opposé à l'imposition d'une attribution du temps dans ce dossier. Nous avons reconnu que, du point de vue du NPD, la discussion n'avait pas duré assez longtemps vu l'importance qu'ils accordaient à l'enjeu. Ce qu'on constate aujourd'hui, et ce qu'on a constaté dans des dossiers comme celui-ci lié à la gestion du temps de la Chambre, c'est un réel accord entre des partis qui, de toute évidence, ont des philosophies très différentes.
Tandis que nous réfléchissons à l'enjeu de la façon dont le temps est alloué... on parle de règles très importantes liées à la façon dont la Chambre fonctionne. Oui, les divers partis, mais aussi les différents députés, ont l'occasion de communiquer de façon significative leurs préoccupations et d'en discuter. L'absence d'une telle capacité, l'incapacité, pour l'opposition, de jouer un rôle, comme le prévoit l'étude en l'absence de l'amendement, peut de toute évidence créer de réels problèmes en ce qui a trait à la façon de parvenir à cet équilibre.
Le processus habituel pour apporter des modifications au Règlement, ainsi que pour déterminer le temps qu'il faut accorder aux différentes choses, doit faire l'objet d'une discussion entre les leaders à la Chambre. Il y a une disposition dans le Règlement — et je crois qu'il devrait y avoir une disposition dans le Règlement — permettant au gouvernement d'adopter des motions concernant l'attribution du temps lorsqu'il estime qu'une mesure est urgente, mais le point important, c'est que ces motions créent une possibilité, une occasion, de débats publics et de discussions publiques au sujet de l'utilisation de cette procédure et prévoit une certaine responsabilité et un certain examen minutieux relativement à ce processus.
La façon dont le gouvernement procède, ici, semble vraiment viser à limiter ou à réduire au minimum le débat qui devrait habituellement avoir lieu.
Plus tard, dans l'introduction du document de travail, la leader parlementaire du gouvernement décrit certaines des raisons expliquant les changements. Tandis que nous discutons de la façon dont il faut mener cette étude et du niveau d'engagement auquel il faut s'attendre des députés en ce qui concerne le besoin d'avoir l'unanimité ou non, il faut adopter une vue d'ensemble et réfléchir aux raisons qui ont été proposées.
Le document de travail parle du besoin de s'assurer d'offrir un meilleur équilibre aux députés et d'encourager des segments sous-représentés de la société à essayer de se faire élire.
Il faut être tout à fait conscient et critique du fait que, très souvent, le gouvernement utilise des références aux minorités et à d'autres segments sous-représentés de la société pour imposer ses propres intérêts. C'est ce que nous avons vu dans le cadre de la réforme électorale, où les libéraux se sont opposés à l'idée d'un référendum. On semble avoir abandonné l'idée du référendum dans le but de s'assurer d'entendre un éventail complet de points de vue différents, mais on ne nous a jamais dit pourquoi le référendum empêcherait d'arriver à cette fin.
En fait, de façon générale, les référendums font en sorte qu'il est plus facile pour les gens de participer, puisqu'ils ont simplement à déposer un bulletin de vote, comparativement aux autres processus de consultation qui ne sont pas aussi simples. Une alarme devrait être déclenchée dans notre esprit lorsque le gouvernement fait allusion aux segments sous-représentés de la société dans un contexte où il tente simplement d'imposer son propre programme alors que, paradoxalement, il réduit la capacité des gens de différents horizons de se faire entendre en cours de route.
La première justification que la leader parlementaire du gouvernement met de l'avant, pour expliquer pourquoi elle veut procéder ainsi, se trouve dans le commentaire « pour offrir un meilleur équilibre aux députés ». Je ne sais pas exactement ce que veut dire « un meilleur équilibre » — surtout lorsqu'on utilise un mot normatif comme « meilleur » —, lorsque l'approche envisagée par le gouvernement consiste à adopter un équilibre qui sera entièrement défini et déterminé par le gouvernement pour ce qui est des façons dont on applique les Règlements et dont on procède aux débats. Dans le système envisagé, le gouvernement décide d'avance quel niveau de débat sera permis ou non sur un dossier donné, alors je ne vois vraiment pas ce qu'on essaie de dire par « équilibre ».
Par ailleurs, peut-être qu'on ne parle pas ici d'un équilibre dans le contexte d'un calibrage entre le rôle du gouvernement et le rôle de l'opposition. On parle peut-être plutôt du genre d'équilibre que les députés aimeraient avoir entre leurs devoirs, leur famille et d'autres choses dans leur vie privée. Si c'est dans ce contexte qu'on réfléchit au Règlement, il y a beaucoup d'options qu'on pourrait définir qui permettraient d'améliorer l'efficacité et la représentation tout en permettant un équilibre optimal, mais l'engagement à l'égard de ces changements ne devrait pas être quelque chose que la leader parlementaire du gouvernement fait de façon unilatérale. Bien sûr, en pratique, la leader du gouvernement n'a pas dans les faits la même vie que les autres députés, parce qu'elle compte sur un bien plus grand nombre d'employés. Elle a certaines ressources à sa disposition, comme un chauffeur et ainsi de suite, ce que les autres députés n'ont pas.
Je ne m'y oppose pas. Je dis simplement que, si on veut avoir une discussion sur le genre d'équilibre qu'on peut obtenir, concrètement, pour les députés, il est préférable de s'assurer d'avoir des points de vue différents de leur part.
Et là, le genre d'équilibre nécessaire dans la vie d'un député sera différent s'il fait partie du gouvernement ou de l'opposition, parce que les députés du gouvernement et de l'opposition ont des genres de responsabilités différents. Au sein du gouvernement, bien sûr, les députés ont accès à un plus large éventail d'employés de soutien. Il y a de plus grands budgets du côté du gouvernement pour ces genres de choses. Les membres de l'opposition doivent consacrer beaucoup plus de temps au genre de recherches et d'analyses réalisées dans nos bureaux. Cela influe sur le genre d'équilibre dont nous bénéficions.
D'un autre côté, les députés du gouvernement peuvent avoir des responsabilités différentes qui influent de façon particulière sur leur vie, puisque, par exemple, ils participent probablement à plus d'annonces. Les présidents des comités, pas toujours, mais de façon générale, sont des députés du gouvernement. Les secrétaires parlementaires ont un autre ensemble de responsabilités connexes différentes de celles des autres députés. La question de l'équilibre pour les députés est différente selon qu'on siège au gouvernement ou dans l'opposition, mais elle l'est aussi selon le parti auquel on appartient et le genre de responsabilité qu'on a au sein de notre parti. Il y a peut-être un enjeu lié aux partis reconnus et aux groupes non reconnus. Et puis, bien sûr, il y a la question des députés indépendants.
Dans le cadre d'une discussion sur ce en quoi consiste un meilleur équilibre, il devrait être selon moi évident qu'il faut tenir compte de l'ensemble et de la diversité des points de vue. C'est exactement ce genre d'occasions que permet cet amendement. Si l'amendement est adopté, il garantirait que nous tiendrons compte des différents types de points de vue qui sont propres à tous les parlementaires, tandis que nous discutons de l'importante question de l'équilibre.
Les enjeux liés à ce en quoi consiste l'équilibre varieront d'un parti à l'autre, mais aussi d'une région à l'autre. Et par « région », je veux dire l'endroit du pays d'où les gens viennent ou le genre de circonscription qu'ils représentent, que ce soit une circonscription urbaine ou rurale. Selon moi, les genres d'attentes que les gens ont et le genre de travail qu'on fait pour nos électeurs varie beaucoup, selon le genre de circonscription que nous représentons. Certains d'entre nous doivent passer beaucoup plus de temps sur la route. D'autres ont peut-être relativement beaucoup plus de dossiers d'immigration à traiter. Toute discussion sur l'équilibre ne devrait pas porter sur un seul parti politique, et ce, non seulement parce qu'elle ne devrait pas tenir compte des intérêts politiques d'un seul parti, mais aussi parce qu'elle ne devrait pas se limiter aux types de points de vue propres à une région. Il doit s'agir d'une conversation inclusive.
Parfois, lorsqu'on regarde les décisions stratégiques prises par le gouvernement, nous sommes frappés par le fait que le gouvernement ne semble pas vraiment tenir compte de la dynamique des régions rurales du Canada, et c'est vrai partout. C'est quelque chose dont il faut tenir compte lorsqu'on réfléchit au genre d'équilibre et aux genres d'activités associées à la représentation de tous les députés. C'est la raison pour laquelle il est important pour nous de nous assurer que, tandis que nous commençons ces discussions sur ce à quoi ressemblera l'équilibre, on mise sur un niveau d'engagement plus complet.
Monsieur le président, je ne veux pas mettre les députés sur la sellette, mais je remarque qu'il y a de moins en moins de monde à la table. J'accepterais une brève suspension, si c'est ce que les gens veulent.
Je serai heureux de poursuivre mes remarques, mais il n'y a vraiment plus beaucoup de députés à la table actuellement.
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C'est ce que je fais après 3 heures, lorsque le Comité suspend ses travaux.
Bien sûr, monsieur le président, les députés peuvent être là où ils veulent dans la salle; je ne veux pas imposer quoi que ce soit à ce sujet aux membres. Je veux simplement m'assurer que nous tirons parti des occasions de discuter des prochaines étapes, ici, parce qu'il serait intéressant que les membres du gouvernement voient la logique qui sous-tend ce que nous faisons et qu'ils travaillent en collaboration avec nous pour faciliter l'étude et la discussion sur ces enjeux d'une façon suffisamment collégiale et qui tient compte de façon appropriée du large éventail de points de vue qu'il y a ici. Sans cet amendement, ce n'est pas le cas, alors je crois que c'est une réalité à laquelle il faudra faire face un moment donné. Que le gouvernement fasse preuve d'introspection et change son point de vue après un jour ou après un mois, il devra le faire un jour, parce que la façon dont il propose d'apporter des changements est fondamentalement inacceptable pour nous, dans l'opposition.
Nous reconnaissons l'importance du rôle que nous jouons en tant que membres élus du Parlement qui défendent des intérêts de leurs électeurs, mais aussi en tant qu'opposition qui a la responsabilité d'encadrer la conversation publique et qui dispose de différents outils pour calibrer l'intensité de sa réaction. Parfois, nous soutenons les projets de loi et les propositions du gouvernement, et, parfois, nous nous y opposons, mais d'une façon qui permet au processus de se poursuivre, et nous nous levons très rarement — ou, dans la situation actuelle, nous nous assoyons très rarement — pour dire: « Le gouvernement essaie de faire quelque chose qui est fondamentalement inacceptable compte tenu du fonctionnement de nos processus démocratiques. » C'est quelque chose que le caucus conservateur a extrêmement à coeur, et je sais que M. Christopherson a aussi souligné de façon très claire, hier soir, que le caucus du NPD est aussi extrêmement déterminé. Je ne sais pas s'il a donné au caucus le discours électrisant qu'il a promis, où tout le monde sauterait au plafond...
M. David Christopherson: Eh bien, ils y sont toujours, comme je l'ai promis.
M. Garnett Genuis: Ils sont encore suspendus au plafond, d'accord.
Je veux continuer à parler du document de travail de la leader parlementaire du gouvernement en abordant la deuxième justification qu'elle a donnée au sujet des changements qu'elle veut proposer et qui concernent le fait d'encourager des membres des segments sous-représentés de la société à essayer de se faire élire.
Je ne comprends pas du tout en quoi les efforts du gouvernement pour, en fait, faire taire l'opposition, pour limiter davantage l'opposition à un rôle d'auditoire plutôt que d'intervenants dans le cadre du processus, permettraient, je ne sais comment, d'encourager les segments sous-représentés de la société à essayer de se faire élire. Selon moi, ce que les gens cherchent lorsqu'ils envisagent de briguer les suffrages, c'est justement le contraire. Ce qu'ils cherchent, c'est le sentiment de pouvoir contribuer et de pouvoir participer de façon significative au processus, peu importe le côté de la Chambre des communes où ils se trouvent. Je crois qu'il serait probablement plus difficile de convaincre quelqu'un de se présenter à des élections s'il fallait lui dire: « Eh bien, si vous êtes dans l'opposition, le gouvernement pourra faire essentiellement ce qu'il veut, et vous n'aurez aucun outil à votre disposition. » Selon moi, c'est le genre de choses qui décourageraient les gens de se porter candidats à une charge publique, s'ils devaient composer avec le fait que nos règles ont été changées de façon unilatérale de façon à ne plus permettre la participation significative de l'opposition dans le cadre des processus continus. C'est, de façon générale, mon point de vue au sujet de la façon dont les changements proposés par le gouvernement influeraient sur la question de la participation aux élections des segments sous-représentés de la société.
Cependant, il est frappant de constater que même s'il formule une telle affirmation — comme c'est souvent le cas du style discursif du gouvernement, qui lance de tels concepts en l'air sans vraiment expliquer leur lien avec les objectifs fondamentaux, qui est en fait d'affaiblir le rôle des députés et de renforcer le pouvoir du Cabinet du premier ministre, de la leader à la Chambre et du Cabinet —, il ne tente d'aucune façon d'expliquer le lien entre cette référence aux segments sous-représentés de la société qui tentent de se faire élire et ce qu'il tente vraiment, au fond, de faire en procédant comme il le fait.
À partir de là, le document analyse davantage ce en quoi consiste la modernisation. Voici ce que le rapport dit:
La modernisation des règles de la Chambre doit par ailleurs servir à améliorer le mode de fonctionnement des comités. Il est souvent noté que l’essentiel du travail du Parlement est fait par les comités, qui accomplissent une grande part de la charge de travail parlementaire des députés. Alors que le fonctionnement des comités reste efficace, l’étude des manières de l’améliorer, non seulement sur le plan de l’efficacité, mais aussi sur le plan de l’inclusion, présente des avantages.
Encore ici, on constate le caractère contradictoire d'une partie de la rhétorique du gouvernement, entre le contenu du document de travail et ce qu'il tente vraiment de faire. Le gouvernement ne crée pas des comités plus inclusifs. Ce qu'il tente de faire grâce à ce processus, si on n'adopte pas l'amendement, c'est de créer une situation où le gouvernement peut imposer unilatéralement des choses à l'opposition en ce qui a trait aux genres de décisions qui sont prises en s'assurant, en passant, que les membres de l'opposition n'aient plus accès aux processus habituels qui leur sont offerts, comme la possibilité de formuler leurs préoccupations.
En quoi est-on plus inclusif relativement aux types d'intervention et à la durée des interventions que les membres peuvent faire, surtout lorsque la leader parlementaire du gouvernement reconnaît explicitement dans ses commentaires sur ces remarques que les membres des comités acquièrent en général un haut niveau d'expertise dans les sujets dont ils traitent? La limite de temps proposée pour les comités est en fait de 10 minutes, ce qui est moins que... Eh bien, bien sûr, les délais dans la Chambre varient, selon le type de mesure dont la Chambre est saisie, mais on prévoit 20 minutes pour les discours dans le cadre de l'étude de tous les projets de loi.
En fait, il y a une disposition permettant de consacrer un temps illimité à certains types de mesures devant la Chambre. Je ne me rappelle pas exactement, mais je crois que le premier ministre et le chef de l'opposition, dans certaines situations, voire dans toutes les situations... mais, ce qui est sûr, le membre du gouvernement qui propose une motion et, aussi, la personne qui réagit immédiatement à la motion du gouvernement ne se voient imposer aucune limite de temps. Unilatéralement, le gouvernement veut apporter des changements au Règlement de façon à empêcher davantage les députés de faire de longues interventions dans le cadre des travaux des comités par rapport à ce qu'ils peuvent faire devant la Chambre des communes. Selon moi, cela donne entre autres à penser que, tandis qu'il s'efforce d'agir unilatéralement, le gouvernement fait preuve de négligence. Il n'a même pas réfléchi au fait qu'il y a une contradiction avec le Règlement actuel, qui permet des discours de 20 minutes dans certains cas et des discours illimités, dans d'autres, alors même qu'il propose de limiter de façon importante le temps consacré aux discussions dans le cadre des travaux des comités.
Comment, bon sang, une telle mesure permettrait-elle de rendre les comités plus efficaces? Dans quel monde est-ce qu'une telle mesure accroît l'efficacité ou l'inclusivité? Assurément, si l'objectif du gouvernement, comme ça semblait être le cas pour l'amendement et la motion, est simplement de réaliser les travaux des comités le plus rapidement possible, de transformer les comités d'entités délibératives importantes pour en faire de simples structures d'approbation, si c'est sa mesure de l'efficacité, alors on comprend bien où l'on s'en va. Bien sûr, lorsqu'il est question d'efficacité, tout dépend du point de vue. On dirait bien que, chaque fois que le gouvernement parle d'efficacité, il ne parle pas de l'efficacité du point de vue de la santé et de la vitalité de l'institution, il parle de l'efficacité du point de vue des intérêts d'un ensemble d'intervenants précis, et on ne parle même pas ici de l'ensemble du caucus au gouvernement, la leader parlementaire du gouvernement et leur coterie.
Un terme moins nébuleux qu'« efficacité », cependant, c'est le terme « inclusivité ». De façon transparente, ce que le gouvernement parle de faire, ce n'est pas d'accroître l'inclusivité relativement aux comités. Même s'il a envisagé une disposition qui concerne l'indépendance, il a appliqué le même point aux secrétaires parlementaires en ce qui a trait aux comités. Cela soulève des problèmes bien réels et évidents, car, d'un côté, le gouvernement adopte une attitude plus catholique que le pape et affirme qu'il n'affectera pas de secrétaire parlementaire aux comités, mais, ensuite, il dit qu'il créera un rôle défini pour les secrétaires parlementaires, en plus de celui des membres qu'il a déjà.
Il faut tenir un débat légitime sur le rôle que doivent jouer les secrétaires parlementaires au sein des comités. Je sais que le gouvernement précédent avait l'habitude d'affecter des secrétaires parlementaires en tant que membres des comités, mais je crois que ceux qui s'opposaient à cette pratique contestaient non pas le fait que les secrétaires parlementaires pouvaient voter, mais le fait que les secrétaires parlementaires faisaient obstacle, de leur point de vue, et d'une certaine façon, en tant que porte-parole du gouvernement, au fonctionnement indépendant des comités. Cependant, lorsqu'on intègre des secrétaires parlementaires dans les comités en tant que membre supplémentaire pouvant tout faire sauf voter, tout ce qu'on a fait, c'est d'ajouter un membre non votant aux comités. Le pouvoir principal des secrétaires parlementaires dans le cadre des travaux des comités, ce n'est pas le fait qu'ils peuvent voter, c'est leur capacité d'influer sur les autres membres au nom du gouvernement.
M. David Christopherson: Exactement.
M. Garnett Genuis: C'est quelque chose qu'on constate souvent. C'est ironique que le gouvernement ait passé ses élections à marteler le slogan d'un « vrai changement », parce qu'il n'y a jamais eu de changement aussi irréel — et je n'utilise pas ce mot dans un sens positif — que la façon dont il a parlé de changements et de ses prétendus désirs de réformer nos institutions. On pourra ainsi dire qu'il y a de « vrais changements », mais ce ne sont pas de vrais changements qui vont dans le sens de ce que la plupart des Canadiens avaient envisagé, ni dans celui de ce dont il est question dans le document de travail.
J'aimerais aborder quelques points en ce qui a trait à la gestion du temps à la Chambre. Le document de travail fait une comparaison entre différentes assemblées législatives pour, selon moi, essayer de justifier l'élimination des séances du vendredi. Le document souligne que bon nombre d'assemblées législatives provinciales font les choses différemment. Elles ne prévoient pas cinq séances par semaine.
Il y a une exception, le Royaume-Uni.
Bien sûr, il faut mentionner et, en fait, c'est quelque chose qui est noté un peu plus loin dans le document de travail, que nous avons beaucoup plus de membres que n'importe laquelle des assemblées législatives provinciales. Cela reflète le fait que nous vivons dans un vaste pays réparti sur un grand territoire géographique.
Le document de travail mentionne une exception, le Royaume-Uni, qui siège certains vendredis, et je ne crois pas que c'est une coïncidence que le Royaume-Uni compte aussi une très grande assemblée législative. Lorsqu'il y a plus de députés — comme M. Chan le mentionne, oui, le Royaume-Uni a deux fois notre taille — lorsque les assemblées législatives sont plus grandes, dans le cas du Canada ou dans le cas du Royaume-Uni, je crois qu'il est raisonnable de reconnaître que, oui, il doit y avoir des ensembles différents de procédures opérationnelles qui sont sensés dans un tel contexte, pour que l'on puisse s'assurer que tous les députés peuvent être entendus.
Dans ma province natale de l'Alberta, il y a 87 députés provinciaux et, par conséquent, les genres de règles nécessaires pour que ces 87 députés aient l'occasion de se faire entendre au nom de leurs électeurs sont naturellement différentes des genres de règles requises, ici, pour que les 338 députés siégeant à la Chambre aient l'occasion de parler au nom de leurs électeurs. C'est une vérité assez intuitive, et, donc, lorsque le gouvernement tente de justifier sa position de la sorte, qu'il appuie son désir d'aller unilatéralement dans cette direction en faisant des comparaisons avec d'autres assemblées législatives, il le fait sans vraiment reconnaître que différentes assemblées sont confrontées à des réalités différentes, et l'une des réalités clairement différentes entre ces assemblées, c'est le nombre de députés qui siègent.
Il y aura certaines autres différences relativement au Parlement britannique dont je voudrai parler plus tard lorsqu'il sera question de la façon dont la Chambre gère son calendrier.
J'ai fait ma maîtrise au Royaume-Uni, alors j'ai une bonne idée du fait que nos institutions sont similaires, de façon générale, même si les cultures politiques sont très différentes. Lorsque le gouvernement essaie de justifier d'aller unilatéralement dans une direction simplement pour refléter les procédures qui ont été entreprises au Royaume-Uni, il faut prendre un temps d'arrêt et reconnaître les fondements différents des règlements en vigueur en raison des différences très importantes et très réelles entre nos deux cultures politiques, différences qui deviennent évidentes pour les députés qui ont passé beaucoup de temps au Royaume-Uni.
L'analyse sur la gestion du temps dans le document affirme ensuite que la Chambre des communes siège beaucoup plus de jours et d'heures chaque année que les assemblées législatives provinciales et territoriales. C'est vrai, bien sûr, mais cela est fonction du fait qu'il y a plus de députés.
L'autre enjeu lié à la façon dont on traite des séances du vendredi dans le document, c'est le ton et l'attitude affichés — et c'est quelque chose que je trouve surprenant — quant à la façon dont nous gérons les affaires émanant des députés. La solution de rechange proposée en ce qui a trait aux séances du vendredi, c'est que, même si on pouvait en faire un jour de séance comme tous les autres, le fait de réserver deux heures aux affaires émanant des députés à la fin de la journée permettrait à certains députés de partir plus tôt pour se rendre dans leur circonscription. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui a été dit de cette façon intentionnellement, mais la leader parlementaire du gouvernement dit ici clairement, selon moi, que, pour une raison quelconque, les affaires émanant des députés sont moins importantes que les affaires émanant du gouvernement et que, bien sûr, les députés seront beaucoup plus prêts à quitter plus tôt pour retourner chez eux dans leur circonscription si on abordait seulement des affaires émanant des députés en fin de journée.
Les affaires émanant des députés sont d'une importance cruciale. Un projet de loi d'initiative parlementaire pourrait très bien devenir une loi, et il y a des projets de loi d'initiative parlementaire qui ont provoqué des changements draconiens dans notre vie nationale, malgré un débat beaucoup plus limité. Le Règlement actuel prévoit seulement deux heures de débat à la deuxième lecture avant qu'on ne passe au premier vote. Ce n'est que très rarement qu'une législation gouvernementale bénéficie d'un même niveau de débats limités. En outre, il n'y a pas de disposition sur les questions et les commentaires durant le traitement des affaires émanant des députés sauf pour ce qui est de l'auteur de la motion.
Le gouvernement veut— à en juger par la façon dont il procède et son rejet de notre amendement — apporter unilatéralement des changements qui reflètent déjà clairement une certaine attitude à l'égard des affaires émanant des députés. Il veut procéder d'une façon qui lui permettra de changer les règles liées aux affaires émanant des députés. C'est quelque chose que nous devrions trouver très préoccupant, surtout en raison du précédent que cela établit. Lorsqu'il est question des affaires émanant des députés, nous pouvons souligner un paquet de dispositions dans le Règlement qui décrivent clairement la structure de ces affaires. L'objectif est de protéger les députés des jeux auxquels le gouvernement peut essayer de jouer, et qui pourraient influer négativement sur leur privilège, en tant que député, de proposer des projets de loi qui sont importants pour eux et qui reflètent les priorités dans leurs collectivités.
Je crois que les députés connaissent bien ces règles. La capacité de proposer un projet de loi d'initiative parlementaire est fondée sur un tirage au sort, pas sur les partis. L'ordre dans lequel on sélectionne les projets de loi d'initiative parlementaire est fondé sur un tirage et est le fruit du hasard. Il y a une disposition permettant aux députés de s'échanger des places entre eux, mais les députés peuvent présenter ces projets de loi. Le droit de le faire est attribué par tirage. Il finit par y avoir un vote. Si ces projets de loi passent à la deuxième lecture et qu'ils sont référés à un comité, mais qu'ils ne sont pas étudiés par le comité en question pendant un certain temps — je ne me rappelle pas exactement quel est exactement le délai —, il y a une disposition en vertu de laquelle le projet est retourné automatiquement à la Chambre.
Ces dispositions du Règlement ont été élaborées, selon moi, grâce à la sagesse collective de la Chambre, qui voulait ainsi protéger le rôle important des députés tout en s'assurant qu'ils puissent vraiment proposer des projets de loi sans petit jeu partisan. On pourrait imaginer que, en l'absence d'une disposition sur le renvoi automatique, si le gouvernement n'aimait pas un projet de loi d'initiative parlementaire, il pourrait créer un comité composé des personnes qui ont le même point de vue relativement au projet de loi d'initiative parlementaire en question, et le comité omettrait tout simplement d'étudier le projet de loi. Encore une fois, et c'est là sa sagesse, le Règlement — reflétant ainsi la sagesse collective de notre histoire et de son élaboration ainsi que la sagesse de nos institutions — nous protège contre une telle possibilité.
Je ne voudrais pas créer un précédent selon lequel le gouvernement peut, unilatéralement et sans obtenir le genre de soutien unanime dont il est question dans notre amendement, changer le processus de traitement des projets de loi d'initiative parlementaire, parce que ce ne serait là qu'un début. Dans un premier temps, les membres du gouvernement disent, d'accord, eh bien, nous modifions le tout afin que les projets de loi d'initiative parlementaire soient étudiés à la fin de la journée, le vendredi, de façon à ce que les gens puissent retourner chez eux. C'est le ton de la discussion actuellement, mais si nous créons un précédent, si nous revenons sur ce qui a été, jusqu'ici, une convention, c'est-à-dire la participation plus importante des députés dans le cadre de l'étude et ce genre de choses, alors il devient beaucoup plus facile pour le gouvernement de passer à l'étape suivante.
C'est ce qu'il est important de prendre en considération au sujet des affaires émanant des députés et de tous les aspects de nos institutions. Même lorsque nous sommes animés de bonnes intentions, peut-être, quand nous éliminons des conventions liées à la façon dont les décisions sont prises, il faut réfléchir non seulement à la question de savoir si c'est quelque chose que nous voulons faire actuellement, pour servir nos fins immédiates, mais aussi aux répercussions plus générales, à plus long terme, pour la santé de ces institutions. Quel sera l'impact probable au fil du temps si un gouvernement futur — ou le même gouvernement, plus tard — essaie de prendre d'autres mesures de modernisation, qui ont pour effet de miner encore plus le rôle que les députés sont censés jouer dans le contexte des affaires émanant des députés et qu'il affiche un manque de respect encore plus marqué à cet égard? C'est le genre de préoccupations que je ressens lorsque je vois le genre de libellé utilisé pour parler de toute cette question.
Et maintenant, plus loin dans le document de travail... je veux parler d'autres choses liées à la façon dont les votes ont lieu. J'ai dit certaines choses hier soir au sujet des questions générales liées au vote électronique. Je ne dis pas que je suis contre le vote électronique, mais je dis qu'il faut discuter des répercussions et s'assurer que ces discussions aient lieu dans un cadre en vertu duquel le gouvernement ne peut pas faire les choses unilatéralement. Je le dis parce que, dans le cadre de cette discussion, nous avons découvert que le vote électronique réduit la volonté des députés de voter différemment du gouvernement parce qu'ils ont l'impression qu'ils peuvent simplement se ranger derrière la position du gouvernement de façon relativement plus anonyme — je ne dis pas que ce serait là notre conclusion, mais si ce devait être le cas —, alors, le gouvernement pourrait dire: « Hé, voici une excellente idée, procédons ainsi, alors », même si d'autres députés disaient: « Non, ce n'est pas du tout ce que nous voulons qu'il arrive. » Si nous finissons par poursuivre l'étude sur un enjeu, je crois que nous devons avoir une idée des genres de répercussions qu'il pourrait y avoir, et nous ne voyons pas cette clarté du tout, ici.
Pour ce qui est du moment des votes, le document dit ce qui suit:
Les sonneries qui retentissent et le vote par appel nominal prennent beaucoup de temps. Le vote électronique permettrait à chaque député de voter pour ensuite reprendre ses autres activités politiques ou de circonscription.
Ce que je trouve surprenant, ici, c'est qu'il y a de nombreux aspects de notre responsabilité qui prennent de notre temps, mais ce n'est pas une raison suffisante pour critiquer une pratique que de simplement dire qu'elle prend du temps. Encore plus important, il faut seulement critiquer une pratique si elle nous fait perdre notre temps inutilement ou de façon inappropriée.
Je vois une grande utilité à la façon dont nous tenons les votes par appel nominal. Bien sûr, je suis ouvert à une discussion sur la façon dont on pourrait procéder différemment, mais la façon dont nous votons est une composante importante de la façon dont les députés se lèvent publiquement pour un dénombrement clair et visible. Vu que les Canadiens regardent de plus en plus ce que nous faisons sur les médias sociaux et qu'ils participent de plus en plus à ces conversations en ligne, je crois que c'est une pratique beaucoup plus immédiate et concrète pour eux. Assurément, j'ai partagé une vidéo de députés qui votent, et je sais que d'autres députés l'ont fait aussi. Un simple suivi des réactions à ces genres de choses sur les médias sociaux montre qu'il semble y avoir un réel niveau d'engagement et d'intérêt.
En effet, il y a une certaine transparence associée à l'approche publique que nous adoptons pour les votes par appel nominal. Cette transparence, assurément, persisterait d'une certaine façon dans le cadre d'un vote électronique, mais pas de la même façon claire et visible. C'est un dossier dont il faut discuter, et c'est un enjeu légitime qu'on peut étudier au sein du Comité, mais nous devons nous assurer, si nous décidons de procéder à l'étude, que, au bout du compte, la conclusion sur la façon de procéder sera dans l'intérêt public, et pas dans l'intérêt d'un intervenant précis du processus. Elle est là, la différence. C'est ce qui devrait se produire, et ce n'est pas ce qui se produira sauf si l'amendement que nous avons proposé est soutenu et approuvé.
Encore une fois, je comprends l'utilité de discuter du Règlement. Mais il faut le faire dans un contexte qui respecte l'intégrité de ces institutions et l'intégrité des processus par lesquels ces institutions ont traditionnellement grandi, évolué et changé au fil du temps.
La question du calendrier de la Chambre est un autre enjeu qui fera partie de l'étude et qui est, par conséquent, visé par l'amendement et le processus d'étude envisagé ici. C'est une question que je n'ai pas eu l'occasion d'aborder hier. Cette section du calendrier de la Chambre semble accroître le nombre de semaines durant lesquelles la Chambre siège.
Je parle ici du fait que la Chambre siégerait plus tôt en janvier, plus tard en juin et plus tôt en septembre. Le document ne mentionne pas de séance en juillet et août, mais il mentionne d'augmenter le nombre de séances durant trois mois de l'année: janvier, juin et septembre. Dans le cas de janvier, il n'y a à peu près aucune séance — j'imagine que, parfois, nous siégeons le 31 — et dans le cas des autres mois, ce ne sont pas des mois complets.
Voilà ce qui se passe: d'un côté, le gouvernement propose de réduire le nombre de jours de séances, et de l'autre, il propose d'augmenter le nombre de semaines durant lequel nous siégeons. Il serait probablement approprié de réfléchir un peu aux répercussions du changement proposé sur l'empreinte carbone des députés. Ce qui se produit, actuellement, puisque la Chambre siège cinq jours par semaine, c'est que les députés peuvent arriver ici et rester durant de plus longues périodes à la fois. Puis, ceux qui ne peuvent pas retourner chez eux en voiture prennent l'avion. Ce que le gouvernement envisage de faire, ici, c'est de créer une dynamique qui fera en sorte que les députés siégeront durant des semaines plus courtes, mais pendant un plus grand nombre de semaines. Par conséquent, il y aura plus d'allers-retours en avion nécessaires. J'aime bien les vols de nuit, monsieur le président, mais il faut reconnaître les répercussions que cela aurait sur notre environnement, quelque chose qui semble être important, du moins en paroles, lorsqu'on regarde les commentaires formulés par les députés du gouvernement.
De plus, il y a aussi un impact sur l'efficacité de notre travail, s'il faut recommencer et s'arrêter plus souvent plutôt que de poursuivre les travaux de la Chambre pendant de plus longues périodes.
Selon moi, nous pourrions maintenir le système actuel en ce qui a trait au vendredi et aux autres séances. Lorsque les députés viennent de la Colombie-Britannique, de l'Alberta ou des Maritimes, ainsi que d'endroits qui sont relativement proches, mais quand même pas assez proches, ils restent ici durant de plus longues périodes pour travailler, plutôt que de venir pour de plus courtes périodes, mais plus souvent. C'est probablement la façon raisonnable de procéder.
La façon dont, traditionnellement, nous avons abordé la question du calendrier de la Chambre — d'après mon souvenir du Règlement, et je peux me tromper —, je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit qui empêche de siéger durant les périodes mentionnées: le début de septembre, la fin de juin et à un moment différent en janvier. J'ai bien l'impression que, actuellement, ce sont des décisions qui sont prises par les leaders de la Chambre. Les whips participent peut-être aussi, mais il y a des conversations entre les représentants des partis, conversations auxquelles participent parfois ceux qui ne sont pas membres des partis reconnus, puis on présente un calendrier de la Chambre qui reflète ce sur quoi on s'est entendu, le jugement réfléchi des personnes qui représentent tous les caucus. C'est de cette façon que se déroule habituellement l'établissement du calendrier de la Chambre.
Encore une fois, on parle ici d'un document présenté unilatéralement et qui, dans le contexte de la motion et en l'absence de...
M. David Christopherson: Vous en savez quelque chose.
M. Garnett Genuis: C'est sûr. Je crois que nous allons peut-être le reconnaître lorsque le gouvernement aura finalement accepté de soutenir notre amendement. Tout ce que je veux dire, au sujet de la discussion qui vient d'avoir lieu, c'est qu'il est décevant que les députés du gouvernement refusent d'accorder un consentement unanime afin que les procédures soient télévisées. C'est probablement parce qu'ils savent que les Canadiens s'intéressent beaucoup à ce que nous disons à un moment où il y a beaucoup d'enjeux importants dans l'air. Les Canadiens sont particulièrement touchés par la question de l'amendement. Je vais vous en fournir quelques preuves.
Je parle depuis environ une heure et demie aujourd'hui. J'ai mentionné tantôt que, avant de commencer, j'ai diffusé sur Facebook une vidéo qui, je dois l'admettre, était d'une qualité technique assez douteuse. Elle a déjà été partagée 124 fois sur ma page Facebook. Il y a 124 partages d'une vidéo qui concerne une question procédurale liée à un amendement dont discute le comité de la procédure et des affaires de la Chambre, mais c'est une question qui, selon moi, touche fondamentalement l'idée que se font les Canadiens de l'équité de notre institution et de la façon dont ces conversations doivent avoir lieu. Il est évident que les Canadiens s'intéressent à cette conversation et qu'ils veulent des occasions de les retransmettre. De très bons commentaires ont été formulés au sujet de ces amendements par les gens qui affichent des commentaires.
Bryan Buck dit: « On ne leur a jamais donné le mandat de changer la procédure parlementaire. » C'est un bon point. Le gouvernement n'a pas eu de mandat lié à la façon dont il veut procéder dans ce dossier. Il n'y a aucune section du programme libéral qui dit que le gouvernement tentera de piétiner nos institutions parlementaires et de changer la façon dont le Parlement fonctionne sans permettre à l'opposition de participer efficacement à la discussion. C'est quelque chose qui n'est dit dans aucune section du programme libéral.
Bryan Buck dit ensuite: « Nous savons que les libéraux ne veulent pas savoir ce que les Canadiens pensent, mais nous retirer la voix qui nous représente est sournois. » Je crois effectivement que la façon dont les libéraux procèdent, ici, est sournoise. Je ne crois pas que cela reflète la façon dont nous nous attendons à ce que la Chambre fonctionne, qui consiste à apporter des changements aux règles sous-jacentes de la Chambre seulement d'une façon qui reflète le consensus des partis politiques, afin que le gouvernement n'apporte pas seulement des changements étroitement liés à ses intérêts précis.
Il y a un commentaire d'Ed Gaschnitz: « Le gouvernement ne doit pas oublier qu'il travaille POUR nous. Essentiellement, nous l'avons embauché. Selon moi, ce qu'il fait s'apparente à de l'insubordination. L'insubordination mène au congédiement dans de nombreuses situations, dans le monde réel. »
Ce ne sont que deux ou trois des commentaires que je reçois sur ma page Facebook relativement aux efforts que déploie le gouvernement, et j'ajouterai — même si certains députés du gouvernement n'aiment pas ce mot — unilatéralement. On constate donc de hauts niveaux d'engagement dans le dossier sur les médias sociaux et dans la correspondance que nous recevons dans nos bureaux. Je suis sûr que les membres du gouvernement constatent un même niveau d'engagement et reçoivent autant de réponses dans leurs bureaux. Nous entendons et recevons ces messages, et, malgré tout, en réaction à une très bonne suggestion de Mme Block sur la télédiffusion des procédures de façon à ce que les Canadiens qui s'intéressent déjà au processus puissent le suivre de plus près, les députés du gouvernement ont refusé de permettre la télédiffusion.
La réalité, bien sûr, c'est que les Canadiens suivent ce qui se passe. Ils peuvent suivre nos procédures d'autres façons. Ils peuvent écouter l'enregistrement audio, et je sais que des membres de nos estimés organes de presse s'intéressent de près à la question et en communiqueront les détails dans leurs conversations avec les Canadiens des diverses façons qui sont à leur disposition.
Le fait de ne pas permettre la télédiffusion des procédures n'est même pas une façon très efficace de ne pas laisser entrer la lumière. C'est révélateur de la réaction du gouvernement, qui, selon moi, est préoccupé par le niveau d'engagement des Canadiens, sans pour autant y réagir de la bonne façon.
Je crois que la bonne façon de réagir à ce niveau d'engagement des Canadiens serait de les écouter et de trouver une façon de soutenir l'amendement, de permettre à cette discussion d'avoir lieu. Je crois que ce serait la bonne façon d'aller de l'avant et la bonne façon de réagir à l'engagement public et aux pressions que nous constatons qui viennent des gens dans ce dossier.
Je veux revenir au point soulevé par Mme Tassi avant que nous discutions de la possibilité de télédiffuser les procédures. Elle s'est en fait opposée à l'utilisation du mot « unilatéral » en affirmant que, en fait, le gouvernement tente de provoquer la discussion au sein du Comité. On peut être sûr qu'il tente de définir de façon unilatérale la façon dont l'étude sera organisée.
Cela n'augure rien de bon en ce qui a trait à la façon dont il procédera ultérieurement. Oui, il se peut que, même s'il rejette l'amendement exigeant l'unanimité, une fois que tout sera fait, il dira tout de même qu'il n'appliquera pas les recommandations sauf s'il obtient le soutien de l'opposition. Mais soyons plus réaliste, si son intention était d'écouter l'opposition, de ne pas procéder de façon unilatérale, et d'assurer un niveau d'engagement parlementaire accru dans le cadre du processus, alors pourquoi ne pas simplement soutenir notre amendement?
Si Mme Tassi et d'autres députés qui représentent le gouvernement au sein du Comité n'apprécient pas que nous affirmions qu'ils agissent de façon unilatérale, alors la solution simple, c'est pour eux d'arrêter d'agir de la sorte. Puis, nous arrêterons d'utiliser le mot, du moins dans ce contexte.
M. David de Burgh Graham: Unilatéralement.
M. Garnett Genuis: Oui, nous allons unilatéralement arrêter d'utiliser le mot « unilatéralement » si le gouvernement abandonne son unilatéralisme et qu'il reconnaît la valeur du consensus lorsqu'il est question de la façon d'apporter de possibles changements au Règlement.
Dans son intervention, Mme Tassi a aussi dit que nous pouvons élargir la discussion et commencer l'étude. Il y a une façon très simple pour nous de commencer l'étude d'une façon qui favorisera l'élargissement de la discussion, et c'est d'adopter l'amendement.
Si le gouvernement donne son accord relativement à l'amendement, alors, oui, nous discutons de la façon dont les choses fonctionnent dans le Règlement. Reconnaissons grâce à cette conversation quelles sont les règles de base établies pour prendre une décision.
Dans certains cas, on ne peut tout simplement pas passer tout de suite à la discussion sur un enjeu sans, préalablement, avoir discuté des règles de base qui mèneront à la prise de décisions ultimes, et ce, tout spécialement dans le contexte actuel, parce que, si nous passons cette étape, si nous n'adoptons pas l'amendement, alors nous mettrons en place des conditions qui permettront au gouvernement d'aller de l'avant — si j'ose dire — unilatéralement en ce qui concerne les changements apportés au Règlement.
Selon moi, ce qui ressort de tout ce processus, c'est une possible accentuation de l'unilatéralisme. Dans un premier temps, les libéraux veulent adopter une motion sans inclure un amendement de façon à pouvoir réaliser une étude dans laquelle l'opposition n'aurait pas nécessairement un rôle important. Si on permet une telle chose, alors ils pourraient proposer unilatéralement des changements au Règlement.
Ces changements auraient pour effet, à long terme, de permettre au gouvernement d'adopter des lois sans que l'opposition ait une réelle occasion de réagir, sans qu'on puisse en débattre suffisamment longtemps, sans que l'opposition ait son mot à dire sur la façon dont fonctionne la Chambre en ce qui a trait à l'attribution des jours et sans que l'opposition ait l'occasion de soulever ces préoccupations dans le cadre des travaux des comités. C'est ce qu'on pourrait appeler une possible pente glissante en trois étapes associée à la prise de décisions unilatérales et à la centralisation des pouvoirs entre les mains du gouvernement.
La première étape, c'est l'amendement. L'amendement est l'occasion pour nous, en tant que membres de l'opposition, d'exprimer clairement notre préoccupation et notre désaccord relativement à ce que le gouvernement fait et de tenir bon au moment de défendre notre institution parlementaire.
Je comprends les commentaires formulés par les membres du gouvernement à ce sujet, mais, en réalité, je crois que les mots que nous avons utilisés sont appropriés, vu la situation. Si les membres du gouvernement veulent que j'utilise des mots différents pour décrire leurs actions, alors je les invite à agir différemment.
Avant de passer à cet aspect de la discussion, nous parlions du calendrier de la Chambre et de la façon dont on l'établit. Comme je l'ai souligné, bien sûr, la leader parlementaire du gouvernement propose d'augmenter le nombre de semaines durant lesquelles la Chambre siège et, en même temps, de réduire la durée de chaque séance, et de réduire par le fait même les occasions pour le gouvernement d'être contesté et d'être tenu responsable de ses actes.
J'ai lu l'ensemble de la section du document de travail sur le calendrier de la Chambre, et j'ai l'impression que là où le gouvernement tente en fait d'en arriver, c'est à autre chose. Il évoque la possibilité de siéger à d'autres moments, mais ensuite il demande de faire preuve de souplesse en ce qui a trait au nombre de jours de séance par année à la Chambre, à la durée de ces séances et ainsi de suite.
La leader parlementaire du gouvernement devrait savoir, et je suis sûr qu'elle le sait, que la structure est déjà souple. C'est simplement que, actuellement, cette souplesse s'exprime par consensus, et pas par une action unilatérale du gouvernement.
Le document de travail précise que le nombre de séances devrait être fondé sur la demande connexe. Eh bien, on ne parle pas ici de marchés, où la demande peut être définie comme une force impersonnelle qui, en un sens, possède son propre statut ontologique. Nous parlons d'intervenants précis qui ont des intérêts précis.
Lorsqu'on mentionne, dans le document de travail, que le nombre de séances pourrait « dépendre des besoins », des besoins de qui parle-t-on ici? J'ai vraiment l'impression, vu le ton adopté par le gouvernement au sein du Comité et son approche relativement à l'amendement — en plus des autres choses qui ont été dites dans le document de travail — que les « besoins » dont on parle, c'est purement le désir du gouvernement de siéger à la Chambre ou non.
Le gouvernement a des antécédents, comme, par exemple, sa proposition liée à la motion numéro 6 au printemps dernier, selon laquelle l'échéancier des séances devrait être entièrement à la discrétion du gouvernement. Est-ce ce que veut dire la leader parlementaire du gouvernement lorsqu'elle parle des « besoins »? J'espère que non, mais c'est probablement le cas.
La Chambre ne se réunit pas uniquement pour adopter les lois proposées par le gouvernement. La Chambre se réunit pour atteindre un large éventail d'objectifs en même temps — oui, pour délibérer au sujet de projets de loi et adopter certaines lois —, mais aussi pour fournir une tribune ou parler des préoccupations des électeurs, pour avoir l'occasion de tenir le gouvernement responsable, pour permettre à la Chambre de se prononcer sur des motions, qui, en tant que telles, n'ont peut-être pas force de loi, mais peuvent tout de même avoir une importante répercussion sur la façon dont nous procédons et, assurément — si je ne l'ai pas encore mentionné — pour discuter des projets de loi d'initiative parlementaire et voter à leur sujet.
Ce sont toutes des raisons pour lesquelles la Chambre siège, et c'est la raison pour laquelle je crois qu'il est important de poser la question suivante: Si quelqu'un dit que le calendrier de la Chambre doit être modifié afin que le nombre de séances dépende des besoins, en quoi est-ce différent de la façon dont les choses fonctionnent déjà? Actuellement, le calendrier de la Chambre est établi en fonction d'une entente consensuelle entre les partis concernant ce qui est approprié, compte tenu des différentes fonctions de la Chambre et de ses différentes responsabilités. Si nous devions adopter un système où la demande est définie d'une nouvelle façon, je soupçonne — vu l'ensemble des actions posées par le gouvernement — que la demande ne serait pas évaluée de la même façon.
Ailleurs, le document mentionne le gouvernement, après que celui-ci a parlé aux représentants des autres partis, ce qui, de toute évidence, constitue encore un cadre dans lequel des mesures unilatérales pourraient être prises. C'est un autre exemple où nous constatons — le gouvernement semble adopter cette attitude draconienne de façon assez constante depuis qu'il est au pouvoir — une proposition pouvant affaiblir la force de nos institutions. En fait, la dernière phrase de la section sur le calendrier de la Chambre rend les préoccupations que j'ai soulevées assez explicites. Il est écrit:
Des mécanismes permettent à la Chambre de continuer à siéger après la date d’ajournement; ils sont habituellement mis en œuvre par consentement unanime ou par le recours à la clôture.
Si des changements liés aux dates d'ajournement sont pris par consentement unanime, c'est évidemment une très bonne façon de procéder. Nous devrions essayer — dans la mesure du possible — de miser sur l'unanimité dans la Chambre, de façon à ce que les décisions reflètent le consentement de l'ensemble de la Chambre. Au moins, lorsqu'on a recours à la clôture ou à des mesures d'attribution du temps — et il est évident que ce sont des mesures qui peuvent parfois être utilisées de façon inappropriée —, eh bien, la procédure actuelle sur l'utilisation de ces méthodes a pour effet, dans chaque cas, de susciter une certaine conversation publique. Ces mesures peuvent faire l'objet d'une discussion et d'un débat lorsqu'elles sont présentées, mais s'il fallait apporter un changement dans le cadre du processus actuel du Comité, en l'absence de notre amendement, s'il fallait que ce changement soit imposé par la leader parlementaire du gouvernement, ce qui permettrait, sans mécanisme de responsabilisation associé aux clôtures ni les types vraiment positifs de processus décisionnel associés au consentement unanime, une telle situation pourrait susciter de réelles préoccupations.
La section suivante du document de travail, dont j'ai aussi omis de parler dans notre discussion d'hier soir, concerne les changements proposés aux affaires courantes. C'est intéressant, parce que le mésusage — prétendu — des affaires courantes est quelque chose qu'on a souvent remarqué dans les activités du gouvernement actuel. Il est souvent arrivé que, au début de la période réservée aux affaires courantes, un député de la première rangée du gouvernement présente une motion pour passer à l'ordre du jour. Puis, une fois que nous passons au vote, vote qui, jusqu'à présent, a toujours été remporté par le gouvernement — en raison de la majorité dont il dispose à la Chambre, la Chambre était obligée de passer à l'ordre du jour. Nous perdons l'occasion de traiter des affaires courantes, mais on procède aussi à un vote qui ajoute quelque chose dans le déroulement de la journée, ce qui peut être problématique pour les comités qui doivent se réunir et ce genre de choses.
Voici ce que je veux dire aux députés du gouvernement: s'ils sont préoccupés par les affaires courantes, il y a une forme d'action unilatérale que je trouverais acceptable: qu'ils améliorent leur propre comportement en ne présentant pas des motions qui limitent la capacité des membres de faire une partie importante de leur travail associée aux affaires courantes.
C'est intéressant de voir qu'ils présentent dans le document de travail certains usages des affaires courantes comme s'il s'agissait de problèmes; cependant, ce sont des choses dont ils se sont rendus coupables. Encore une fois, c'est un domaine où le gouvernement peut et devrait agir pour changer son propre comportement et montrer plus de respect aux députés. Toute réforme des règles régissant les affaires courantes qui va plus loin devrait de toute évidence être débattue par l'ensemble des députés.
Encore une fois, le ton utilisé ici est frappant, parce que dans cette section et dans d'autres aussi, nous avons vraiment l'impression que le gouvernement croit que la tâche principale du Parlement est d'approuver les lois qu'il veut adopter, les domaines dont il veut discuter, plutôt que d'exercer ses fonctions de façon plus complète en tant qu'entité représentative authentique.
Voici un extrait de la section sur les affaires courantes:
La rubrique des « Motions » permet aux députés de présenter une motion sujette à débat pouvant, certains jours, empêcher la Chambre de délibérer sur l’affaire à débattre en lien avec des ordres émanant du gouvernement.
Dans un premier temps, si les membres ont des motions à présenter, la possibilité d'en débattre n'est pas illimitée. La leader parlementaire du gouvernement devrait savoir — et je suis sûr que les membres ici le savent — qu'on ne peut tout simplement pas dire que tout député de la Chambre peut proposer une motion durant la période des affaires courantes et qu'on y passera toute la journée. Il y a, bien sûr, des possibilités pour le gouvernement de demander l'ajournement de certains débats. De plus, il y a des dispositions qui lui permettent de réagir à ces conversations et d'aller de l'avant. Si, par exemple, dans le cadre du traitement des affaires courantes, des députés devaient présenter des motions d'adoption, ces motions sont assorties de délais dans le Règlement. Je crois que c'est trois heures.
Bien sûr, cela signifie que si le gouvernement veut discuter d'une initiative législative précise pendant toute la journée et qu'il y a un important rapport d'un comité, les députés ne peuvent pas immédiatement... Dans un premier temps, les membres ne peuvent pas immédiatement présenter des motions d'adoption. Un certain laps de temps doit s'écouler entre le dépôt, par un comité, de son rapport et la présentation d'une motion d'adoption, et ce n'est pas une courte période. Je ne me souviens pas exactement de la durée, mais un certain laps de temps doit s'écouler.
De plus, puisque le gouvernement est majoritaire au sein des comités, il est peu probable que le gouvernement commence soudainement à voir toute une série de rapports de comités frivoles exigeant des motions d'adoption subséquentes. En réalité, en vertu des règles actuelles, des motions d'adoption sont présentées assez rarement dans la mesure où elles mènent à des débats, et, très souvent, cela fait l'objet de certains niveaux de discussion ou de préavis. La Chambre des communes peut régler ces choses grâce à des discussions et de la collaboration, et le fait souvent, en obtenant un consensus des différents intervenants concernés, mais cette section semble laisser sous-entendre qu'il y a là un grand et important problème découlant du fait que les députés exercent leur prérogative légitime.
Si un député veut proposer une motion d'adoption durant les affaires courantes — fait intéressant, la dernière qui a été présentée concernait des enjeux liés à la réforme électorale, c'est-à-dire un autre cas lié à la façon dont fonctionne notre système démocratique —, ce débat peut avoir lieu — s'il n'est pas ajourné —, et il peut être ajourné. Si on ne procède pas à un ajournement, il pourra durer jusqu'à trois heures. Ensuite, pour le reste de la journée, le gouvernement a l'occasion de traiter de ses affaires. La majeure partie des journées où nous siégeons sont consacrées aux affaires émanant du gouvernement.
Je ne comprends pas la logique selon laquelle il y aurait, je ne sais comment, un problème fondamental lié à la présentation d'une motion d'adoption. Une partie du libellé du document de travail ne semble pas refléter une réelle compréhension de la pratique actuelle. Voici la dernière phrase de la section:
La Chambre devrait se pencher sur des moyens d'organiser le débat sur de telles motions.
Les députés ont déjà la possibilité de travailler en collaboration pour cerner les occasions où une motion d'adoption pourrait être présentée et de procéder selon ce fondement. La Chambre a la capacité presque illimitée de faire n'importe quoi, tant qu'il y a un consensus entre les partis et les députés à cet égard. Il n'y a quasiment aucune restriction quant aux mesures qu'on peut prendre par consentement unanime. Assurément, il serait souvent très raisonnable qu'un avis approprié soit donné et qu'on discute du moment où le débat sur l'adoption doit avoir lieu, tout comme on peut le faire pour les débats exploratoires, les débats d'urgence et les autres choses de cette nature.
Il y a déjà un système en place qui permet aux députés de travailler en collaboration sur des enjeux liés à l'horaire, même si ce n'est peut-être pas toujours sur le parquet de la Chambre. Lorsque le gouvernement, dans le cadre de ce document de travail, parle d'apporter des changements ou de faire des choses différemment, je crois que cela donne à penser qu'il veut modifier l'équilibre à son avantage.
Ce n'est peut-être pas son intention. Il cherche peut-être des façons de renforcer l'efficacité de la période consacrée aux affaires courantes et il veut peut-être le faire de bonne foi. En outre, il y a peut-être des idées qu'on pourrait proposer à cet égard, mais je ne suis pas convaincu que c'est nécessaire. Il y a d'autres réformes qui, selon moi, seraient utiles en ce qui a trait au Règlement. Nous avons l'occasion de définir les conditions en vertu desquelles nous pourrions tenir une discussion positive, significative et approfondie sur la fonction des affaires courantes et la façon dont il faut procéder. Cependant, il faudra le faire dans un genre d'environnement que nous avons proposé, un environnement fondé sur le consensus des partis et des députés quant à la façon de procéder.
Le document de travail parle de la rubrique des affaires émanant des députés et formule une proposition intéressante sur l'ajout d'une autre rubrique, ce qui signifie, j'imagine, d'ajouter une autre heure ou une autre période durant lesquelles débattre des affaires émanant des députés. Si nous pouvions mettre au point un système qui permettrait à un grand nombre de projets de loi d'initiative parlementaire d'être proposés et choisis aux fins d'un débat, je crois que ce serait certainement une bonne chose. Bien sûr, il sera important que tous les députés participent à cette discussion. Selon moi, une des questions qu'il faudrait se poser, c'est celle de savoir s'il faut traiter les motions d'initiative parlementaire et les projets de loi d'initiative parlementaire différemment, parce qu'il y a un grand nombre de motions d'initiative parlementaire sans force légale qui sont présentées à la Chambre, et ces motions peuvent être importantes et refléter les priorités des électeurs. Cependant, certains projets de loi d'initiative parlementaire sont présentés...
Monsieur le président, les lumières clignotent. Est-ce que cela signifie quelque chose?
:
Au rythme où vont les choses, les réunions finiront peut-être par avoir lieu à Kanata.
La question des affaires émanant des députés est abordée dans le document de travail produit par le gouvernement. Il y a de nombreux changements possibles qu'on pourrait apporter à la façon dont on traite les affaires émanant des députés. On pourrait entre autres faire une distinction entre les projets de loi d'initiative parlementaire et les motions d'initiative parlementaire et créer des possibilités de débats plus importants et mener plus rapidement les discussions, surtout en ce qui concerne les projets de loi associés à des initiatives législatives importantes que des députés peuvent vouloir proposer. Ce serait une possibilité de changement.
Ce qui est important, c'est qu'il doit y avoir l'engagement de tous les partis et de tous les députés dans le cadre du processus. Nous avons constaté relativement aux affaires émanant des députés une dynamique très intéressante du côté du gouvernement où — je ne sais pas si c'est en raison des formes de communication ou si c'est simplement leur intention — très souvent, les membres du gouvernement proposent des projets de loi d'initiative parlementaire que l'opposition soutient beaucoup plus que le gouvernement. J'ai eu l'occasion de voter en faveur à un certain nombre — selon moi — de très bons projets de loi d'initiative parlementaire qui ont été présentés par des députés du gouvernement. Je ne sais pas exactement combien, mais j'ai probablement voté en faveur de plus de projets de loi d'initiative parlementaire libéraux que le premier ministre.
C'est la raison pour laquelle tous les députés doivent participer à la discussion au sujet des affaires émanant des députés, et c'est la raison pour laquelle il faudrait assurer l'unanimité, ce qui protège non seulement les intérêts de l'opposition dans le cadre des discussions sur la forme et la structure du traitement des affaires émanant des députés, mais aussi le rôle légitime et le désir de participation des députés du gouvernement qui, en ce qui concerne les questions liées à la structure des périodes réservées aux affaires émanant des députés, ont des points de vue légèrement différents de ceux du caucus du gouvernement dont ils font partie. Voilà donc pour la question des affaires émanant des députés.
J'aimerais parler rapidement de la question de la prorogation. C'est un enjeu assurément important parce que, même si c'est quelque chose qu'on fait sur avis du premier ministre, ce n'est pas lui qui s'en charge. La prorogation est une prérogative de la Couronne. Ce n'est pas à strictement parler le Règlement qui établit les prérogatives de la Couronne. Même si nous ne voulions pas d'un système dans lequel la monarque et son représentant exercent un trop grand pouvoir discrétionnaire, je crois que le fait d'affaiblir une certaine reconnaissance du rôle de la Couronne, ici, peut avoir pour effet de renforcer la fonction de premier ministre d'une façon qui n'est pas souhaitable.
J'étais actif sur le plan politique, en fait j'étais un membre du personnel, au moment de la tristement célèbre crise de la coalition de 2008, quand les partis de l'opposition ont proposé de former une coalition et d'assumer le gouvernement. À ce moment-là, bien sûr, le premier ministre a prorogé le Parlement. Les membres se rappelleront cet événement. Je crois que, en privé, de nombreux libéraux ont été heureux de voir le Parlement prorogé parce qu'ils constataient que le public ne réagissait pas très bien à leur stratégie de coalition proposée, et ils n'étaient pas du tout sûrs de quelle façon la collaboration prévue avec les néo-démocrates et le Bloc se réaliserait concrètement.
M. David Christopherson: Croyez-vous qu'ils le pensent encore?
M. Garnett Genuis: Peut-être. Qui sait ce que Michael Ignatieff en pense ces jours-ci.
M. David Christopherson: Nous pouvons l'imaginer. Ne dites jamais non au pouvoir.
M. Garnett Genuis: Oui, mais, mon point, c'est que c'était une époque très dynamique durant laquelle les Canadiens réfléchissaient à des questions liées à la façon dont notre système électoral fonctionne vraiment et en débattaient; on se demandait s'il était approprié ou non pour un parti qui vient de perdre un grand nombre de sièges d'être ensuite dans la position de gouverner et pour un parti qui présente seulement des candidats dans une province d'avoir, effectivement, un veto sur les processus décisionnels du gouvernement. Ce sont toutes des questions auxquelles les Canadiens réfléchissaient. Ce n'était rien de facile. La gouverneure générale devait nécessairement, à ce moment-là, proroger le Parlement.
Je crois qu'elle a pris la bonne décision. La décision reflétait ce que demandait le public, et reflétait aussi les traditions qui avaient évolué ici. Je ne sais pas si on décrirait de façon appropriée cette décision en affirmant qu'elle relevait totalement du pouvoir discrétionnaire personnel de la gouverneure générale. Je suis sûr qu'elle s'est renseignée auprès d'experts constitutionnels. C'est une décision qui, selon moi, reflétait l'évolution de notre système, mais, au bout du compte, c'était une décision qui n'a pas été prise par le premier ministre. C'est une décision qui a été prise par la gouverneure générale.
Lorsque nous envisageons de modifier la prorogation, et lorsque nous réfléchissons à la façon dont ces décisions peuvent être prises, je crois qu'il faut reconnaître le rôle de la Couronne en tant, dans un certain sens, que garante de notre ordre constitutionnel dans ces processus décisionnels. Assurément, j'ai l'impression que certaines des propositions liées à la prorogation ne reconnaissent pas de façon appropriée cette réalité.
Je vais attirer l'attention des membres, par exemple, sur la première phrase du troisième paragraphe de la section sur la prorogation du document de travail. Il est écrit: « Une option consisterait à obliger le gouvernement à déposer au début de la session suivante un document expliquant pourquoi le Parlement a été prorogé ».
Mais là, cette idée d'avoir un genre de cérémonie de prorogation semble laisser entendre que cette décision revenait exclusivement au gouvernement et je ne dis pas par là que ce ne pourrait pas être fait si on élaborait un processus approprié. Une autre chose qui me préoccupe, c'est que le gouvernement crée seulement ainsi une autre voie, outre les ordonnances et processus habituels de la Chambre, qui lui permette d'essayer d'utiliser le temps accordé pour justifier son propre programme politique. Le gouvernement pourrait tenter de proroger une session et, l'ayant fait, tirer profit de l'occasion devant le Parlement pour fournir une justification qu'il aurait vraiment été possible de fournir d'autres façons, mais qu'il n'est pas nécessaire de fournir.
Bien sûr, le document de travail envisage qu'une telle situation se produirait rapidement durant la session suivante. De toute façon, il est très probable que ce serait quelque chose qui se produirait après coup. Si le gouvernement décidait de proroger le Parlement — imaginons qu'il décidait de le faire au printemps —, alors, comme le laisse entrevoir ce processus d'une cérémonie de prorogation, le suivi, la justification de cette mesure, devrait attendre des mois jusqu'à ce que le Parlement soit rétabli. Si quelqu'un remettait en question la prorogation, assurément, la possibilité de faire une déclaration dans un avenir lointain... il est très probable que des déclarations claires auraient pu être faites aussi.
Il y a une disposition en vertu de laquelle une étude doit être réalisée par le Comité et selon laquelle un rapport doit automatiquement être renvoyé au Comité aux fins d'étude. En outre, le dossier pourrait faire l'objet d'un débat durant des jours désignés. Eh bien, c'est très généreux, mais, bien sûr, tout peut faire l'objet de débats durant les jours désignés. Durant ces journées, l'opposition peut présenter des motions sur tous les sujets qu'elle désire.
Pour ce qui est du ton utilisé par le gouvernement dans le document de travail, on semble vouloir donner l'impression que le gouvernement fait des concessions sur des choses qui pourraient être bénéfiques pour l'opposition. Pour ceux qui examinent de près ces règles, il est assez évident que le gouvernement tente de trouver des façons de reconnaître certaines des choses que les libéraux pensaient lorsqu'ils étaient dans l'opposition, tout en allant de l'avant avec l'approche draconienne qui est la leur, quelque chose que n'ont pas fait les gouvernements précédents, soit de tenter d'apporter des changements unilatéraux sans réel engagement des intervenants qui devraient participer à cette discussion.
J'aimerais parler de la question de la gestion des débats comme on en parle dans l'étude et, pour commencer, de certains des enjeux liés à la prétendue clôture ou à l'attribution du temps. Encore une fois, on voit ici des liens avec les protocoles de la Chambre des communes britannique. Je crois qu'un fait important est omis dans ces comparaisons: on néglige de reconnaître l'une des différences en matière de culture politique entre la façon dont notre système démocratique fonctionne et celle dont le système britannique fonctionne. Je vais en parler dans quelques minutes, mais je crois que c'est quelque chose dont il faut tenir compte lorsqu'on réfléchit à la façon de procéder relativement au Règlement.
Encore une fois, c'est une situation où le gouvernement semble utiliser, comme justification sous-entendue pour aller dans la direction qu'il veut, le fait que c'est quelque chose qui se fait dans la Chambre des communes britannique et qui semble être appréciée. Cependant, il y a des différences importantes. Nonobstant le fait que nos institutions sont relativement similaires, il y a d'importantes différences. Je vais en parler.
Dans le premier paragraphe de ce document de travail, là où le gouvernement parle de l'utilisation de l'attribution du temps, il en souligne l'histoire et la nature controversée, et affirme que l'utilisation de cette mesure a été considérée avec passablement de dédain par l'opposition et les médias. Assurément, bon nombre des députés du gouvernement actuel qui défendent actuellement l'utilisation de l'attribution du temps faisaient partie des commentateurs qui envisageaient son usage avec beaucoup de mépris.
C'est intéressant de réfléchir à la façon dont notre système fonctionne, parce qu'il y a des contrôles officiels, puis il y a les contrôles liés à l'opinion publique. Il y a des façons grâce auxquelles le gouvernement peut faire certaines choses, mais il est sous-entendu que, si le gouvernement agit de façon extrême, ces méthodes devraient faire l'objet d'un débat public plus important, puisqu'elles seraient plus susceptibles de susciter une réaction négative. Un cas analogue qu'on pourrait peut-être mentionner est l'utilisation de la disposition de dérogation. Même si cette disposition donne au gouvernement fédéral la capacité de passer outre à certains types de décisions des tribunaux, en pratique, les gouvernements jusqu'à présent ont beaucoup hésité à l'utiliser à l'échelon fédéral, peut-être pour un grand nombre de raisons, dont l'une serait probablement la façon dont cela pourrait être perçu par l'opposition, les médias et le grand public. Je ne veux pas dire par là qu'il n'y aurait pas certaines situations où la mesure pourra être utilisée et même légitimement, mais c'est le genre de chose qui soulèverait plus de questions que si on ne l'utilisait pas.
Il en va de même pour l'attribution du temps, même si l'attribution a évidemment été utilisée beaucoup plus fréquemment que la disposition de dérogation. C'est l'une de ces choses que le Règlement actuel permet totalement au gouvernement de faire, mais ces mesures suscitent une situation où il y a un niveau de conversation accru à leur sujet, et c'est quelque chose qui est intégré dans la procédure encadrant la façon dont la discussion se déroule.
Comme les membres le savent, il y a une période entourant la motion d'attribution du temps où les ministres peuvent se faire demander pourquoi ils le font, et, en effet, il y a une possibilité de débat public et de discussions à cet égard. Est-ce que cela signifie que le système actuel est parfait? Non. Je suis sûr qu'il peut être utile d'avoir une discussion ici à propos des façons dont le système pourrait être modifié, et peut-être que nous pourrions tenter de trouver un type d'équilibre différent entre les intérêts légitimes contradictoires. Cet équilibre devrait d'abord tenir compte du fait que le système dont nous disposons actuellement compose avec les pressions de toutes parts de l'institution en cause, mais il doit aussi reconnaître que les améliorations ne peuvent pas être considérées comme telles si elles ne sont apportées que pour faire valoir les intérêts d'un intervenant précis au sein du système.
Dans la motion d'attribution du temps présentée dans le document de travail, l'imposition de l'attribution du temps serait essentiellement automatique. Le gouvernement déciderait qu'un certain nombre de jours seraient utilisés. C'est complètement différent du processus normal, dans le cadre duquel le gouvernement exigerait un nombre précis de jours ou de semaines à l'étape de l'étude en comité. Je n'ai remarqué cette mention de l'étape de l'étude en comité que la deuxième ou la troisième fois que je faisais le processus. Le Règlement à l'étude, si je comprends bien, prévoit une attribution du temps à la Chambre, mais n'en prévoit aucune pour l'étude des dispositions législatives en comité. Chose certaine, il ne prévoit pas que la leader du gouvernement à la Chambre et le Cabinet imposent une attribution du temps à un comité. Ce n'est même pas un comité qui, dans le cadre de ses propres délibérations, décide d'imposer certaines limites quant à la période de temps qui serait consacrée à la discussion de points particuliers.
Il s'agit là d'une dérogation importante au principe voulant que les comités sont censés être les maîtres de leur destinée, étant donné qu'on introduit une disposition qui permet à la leader du gouvernement à la Chambre de dire systématiquement, pour chaque élément d'un texte législatif, qu'un comité n'aura qu'une journée, une semaine ou une certaine période pour l'examiner. C'est un changement révolutionnaire. Cela s'éloigne considérablement non seulement de la façon de faire habituelle, mais aussi de nos suppositions fondamentales à propos du rôle des comités.
Les comités devraient s'attacher à donner la possibilité aux députés de devenir des experts en la matière pour des questions précises, d'étudier ces questions, de les approfondir et de les examiner en détail; cet examen pourrait en fait nécessiter plus de temps que ce que nous allouons durant les débats à la Chambre. Naturellement, pour assurer le bon déroulement des débats à la Chambre, nous avons 338 députés et neuf membres du comité, excluant le président, ce qui fait en sorte qu'on a davantage l'occasion de discuter de questions de fond au sein du comité, entre des gens qui ont une véritable expertise. Même en ce qui concerne la question de la gestion du temps, il a été soulevé que les comités seraient plus restreints quant à la durée d'une intervention par rapport à un grand nombre de discours à la Chambre.
L'analyse relative à la gestion du débat se penche maintenant sur l'expérience de la programmation, ou l'attribution du temps automatique, dans le contexte de la Chambre des communes britannique. Même si j'ai un grand respect pour la Chambre des communes britannique et ses procédures opérationnelles, il n'en demeure pas moins que l'on s'attend de façon légitime à ce que les changements soient apportés avec le consentement des Canadiens et qu'ils reflètent en grande partie les voix des députés canadiens et le point de vue politique du Canada dans le cadre de cette discussion.
Il y a quelques différences importantes entre notre système et le système britannique qui supposeraient que cette attribution automatique du temps se fasse de façon différente. L'une d'entre elles est le nombre de députés. Il y a deux fois plus de députés dans le système britannique, ce qui entraîne probablement des contraintes de temps différentes de celles auxquelles nous faisons face dans notre système, au sein duquel il y en a deux fois moins. Il s'agit là d'un aspect qui nous vient à l'esprit en ce qui concerne la dynamique.
Par ailleurs, il est intéressant de tenir compte des divers processus de sélection des candidats dans le système britannique par rapport à ceux qui sont suivis dans notre système, ainsi que des répercussions de ce processus sur les attentes relatives à la représentation locale. Évidemment, la superficie du Canada est beaucoup plus grande que celle du Royaume-Uni, et les attentes relatives à la représentation régionale varient, dans une certaine mesure, même au sein de notre pays, mais nous choisissons généralement les candidats dans le cadre d'un processus d'élections locales. D'une certaine façon, nous pouvons considérer notre système comme étant à mi-chemin entre le système américain, qui comprend des élections primaires ouvertes parmi un grand nombre de membres, et le système britannique. Bien que certains partis politiques fonctionnent par mise en candidature ou par élection primaire, l'approche traditionnelle relativement à la sélection des candidats au Royaume-Uni est quelque peu différente; j'y reviendrai dans quelques instants.
Étant donné qu'elles mettent en cause un processus d'élections locales, nos mises en candidature sont généralement axées sur la capacité d'un candidat de s'engager pleinement auprès d'une collectivité donnée, de la représenter, de bénéficier de son soutien, puis d'être élu par cette collectivité afin de parler en son nom au Parlement.
Le fait d'empêcher certains députés de parler limite fondamentalement la voix de cette circonscription. Même si, dans certains cas, des leaders interviennent dans le processus de mise en candidature, cette circonscription a choisi, généralement dans le cadre d'un processus, une personne qui, au terme de ce processus, représente la circonscription et parle en son nom.
La tradition britannique de sélection des candidats est légèrement différente. Habituellement, dans le système britannique, un candidat suit un processus de demande pour faire partie d'un grand bassin de candidats. Il présente aux partis une demande accompagnée d'un compte rendu de ses compétences. Il est ensuite ajouté à un bassin de sélection des candidats — je ne me souviens pas précisément des noms utilisés par les différents partis. Ensuite, les associations de la circonscription choisissent les demandes de personnes qui figurent sur la liste de candidats potentiels en fonction de ce qu'elles croient important pour leur circonscription. Le Royaume-Uni est un pays beaucoup plus petit au chapitre de la superficie. Il arrive souvent qu'une personne soit inscrite sur une liste générale de candidats. Cette personne peut, par la suite, présenter de multiples demandes dans différentes circonscriptions, y faire des entrevues, puis être invitée par une circonscription donnée à être candidat pour le parti dans cette région. Le candidat peut avoir grandi dans cette circonscription et y habiter. À mon avis, par rapport au contexte de notre démocratie, il semble que le Royaume-Uni n'accorde pas la même importance que nous au fait qu'une personne provienne d'une région en particulier.
Si l'on compare de façon générale notre système avec celui du Royaume-Uni, on constate que notre culture politique est beaucoup plus définie par la situation géographique. Nous sommes un vaste pays au sein duquel il est plus difficile pour les gens de bien comprendre ce qui se passe ailleurs dans le pays parce que c'est beaucoup plus loin que ce ne le serait si le Canada était plus petit. Bien sûr, ici, au Canada, il y a aussi la question des deux langues officielles, qui met encore plus l'accent sur la dimension géographique ou régionale qui guide nos politiques.
Lorsque nous parlons de la façon dont les débats sont gérés sur le plan du temps accordé à la discussion dans le système britannique, il nous faut reconnaître ces différences. Dans le système de ce pays, il peut être beaucoup plus facile de dire que certains députés, qui sont là principalement dans leur intérêt et pour parler de sujets en particulier, peuvent parler de ces sujets pendant un certain temps, tandis que pour d'autres députés, qui ont probablement un intérêt moins marqué pour le sujet, le besoin à cet égard est moins présent. Le rapport affirme, mais je n'ai pas vérifié cette affirmation, que les députés britanniques ne se préoccupent pas des systèmes mis en place. Toutefois, la structure de notre système comprend une dimension géographique accrue, dans laquelle le recours aux programmes ou à la clôture de façon générale peut empêcher les députés qui ont un besoin particulier de faire valoir au Parlement une voix régionale ou géographique précise. Étant donné que nous sommes 338 députés représentant 338 régions, nous devrions avoir la possibilité de faire entendre ces voix.
Très souvent, lorsque le gouvernement présente des motions de clôture — selon les règles actuelles, nous avons au moins la possibilité d'en débattre et de demander au gouvernement des explications à cet égard, possibilité que nous ne pourrions peut-être pas avoir dans le cadre de la motion sur la programmation —, il dira ce qui suit: « en fait, 30 députés ont déjà parlé de cette question. » Bien sûr, on est loin du nombre total de députés et on ne s'attendrait pas à ce que chaque député s'exprime sur une question particulière ou un projet de loi; cependant, quand des efforts sont déployés pour provoquer la clôture précoce de la discussion, cela limite évidemment la possibilité de s'exprimer, compte tenu de certains des points de vue régionaux. C'est le genre de dynamique dont nous devons tenir compte.
Je mettrais en garde les députés et la leader du gouvernement à la Chambre contre la suggestion selon laquelle nous devrions, s'il n'y a aucun amendement, aller unilatéralement dans le sens de cette motion, qui met en cause le document de travail. Nous ne pouvons pas présumer que les structures qui existent ailleurs peuvent s'appliquer ici ou, du moins, s'appliquer pleinement, compte tenu de la panoplie d'éléments qui font que notre pays est unique. Nous avons des institutions similaires à celles de certains pays, mais il y a de grandes différences en ce qui concerne la culture politique et, plus particulièrement, aux fins des arguments que j'ai présentés, en ce qui concerne la façon dont notre situation géographique influe sur notre système politique.
Après la discussion sur l'attribution du temps, que l'on appelle aussi la programmation, le document de travail indique que d'autres assemblées législatives prévoient leurs travaux suivant « un principe analogue à celui de la programmation ». Compte tenu du court délai dans lequel cette motion a été présentée, je n'ai pas eu le temps d'étudier en détail les types de processus qui existent en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis, mais je suis sceptique quant à une affirmation comme « un principe analogue à celui de la programmation », car, soyons honnêtes, cela pourrait vouloir dire presque n'importe quoi.
Maintenant, je vais juste signaler que la motion présentée par M. Simms n'accorde pas assez de temps pour, par exemple, faire une étude détaillée des types de systèmes qui existent ailleurs. Je ne suis habituellement pas le plus ardent défenseur de grands déplacements internationaux par les membres du Comité, mais il s'agit peut-être d'un cas où il vaudrait la peine de mieux comprendre la façon dont ces mécanismes fonctionnent en pratique.
Ce qu'on voit plutôt, c'est un échéancier dans le cadre duquel on semble s'attendre à ce que le Comité croie simplement sur parole la leader du gouvernement à la Chambre, à savoir que les systèmes dans les autres pays fonctionnent comme elle l'a décrit. Même s'il y a des différences, comme je l'ai souligné, entre notre système et celui du Royaume-Uni, il vaudrait la peine de tenir ces discussions avec les députés britanniques. Cela n'exigerait pas de déplacements. Bien sûr, on pourrait obtenir leur point de vue d'autres façons, comme en invitant des experts à discuter sur Skype ou une autre plate-forme, afin d'avoir une bonne idée de ce que les gens de ces pays disent à propos de la façon dont leur système fonctionne. Cela donnerait l'occasion de réaliser une étude plus détaillée, sur une plus longue période. Dans un contexte où l'on s'attend au final à une prise de décisions à l'unanimité, l'opposition aurait l'occasion de poser des questions qui permettraient d'examiner plus en profondeur les hypothèses de la leader du gouvernement à la Chambre, qui se trouvent dans le document de travail.
À mon avis, il s'agit là de l'une des principales raisons pour lesquelles l'amendement est important, car, à certains moments, lorsque le document de travail non seulement décrit le point de vue du gouvernement, mais expose également, de façon implicite ou explicite, des faits comme « un principe analogue à celui de la programmation », une bonne étude exhaustive donnerait aux députés de l'opposition l'occasion d'examiner plus en profondeur ces déclarations et leur procurerait le sentiment que, au terme de cet examen, ils participeraient à la prise de décisions. C'est l'un des autres principaux arguments qui se dégagent de ce document de travail et qui nous amènent à reconnaître l'importance d'adopter l'amendement proposé.
Reconnaissant la discussion relative au contexte international, le document de travail mentionne un mécanisme de programmation proprement canadien. J'ai mentionné plus tôt que cela ressemble beaucoup à un mécanisme de programmation élaboré par le cabinet du premier ministre. Nous n'avons aucun problème à parler des changements élaborés au Canada qui sont apportés au Règlement de façon générale et qui font intervenir toutes les voix présentes, et c'est exactement ce que fait notre amendement.
Dans le dernier paragraphe de la section portant sur la programmation, la deuxième phrase va comme suit:
Ce mécanisme pourrait spécifier une durée possible de toutes les étapes de l’examen d’un projet de loi, à négocier par les leaders de la Chambre, qui serait ensuite débattue, possiblement amendée, et ensuite mise aux voix à la Chambre.
Précisons ce qui existe déjà. Nous avons déjà un processus dans le cadre duquel les leaders parlementaires peuvent négocier la période de temps qui sera accordée aux discussions entourant un texte législatif précis, et ils le font. Le processus existe déjà, et il est utilisé. Cela ne fonctionne pas toujours. Parfois, la leader du gouvernement à la Chambre est intransigeante, et ce n'est assurément jamais le cas du leader de l'opposition à la Chambre. Le gouvernement propose alors une motion d'attribution du temps. Des dispositions prévoient déjà des discussions et des négociations à ce moment-là au sujet du processus qui est mis en oeuvre.
Si on la lit attentivement, je crois que la phrase mentionne qu'il y aurait un processus de négociation — il n'est pas mentionné « entente » — entre les leaders à la Chambre. Il est seulement mentionné qu'il y aura un processus de négociation.
Cela serait ensuite débattu, possiblement amendé et ensuite mis aux voix à la Chambre, ce qui signifie en fait, encore une fois, que, si le gouvernement adopte unilatéralement cette motion afin d'apporter des modifications, sans amendement, il mettra en place une réalité dans laquelle il peut, de façon unilatérale — du moins, dans le cas d'un gouvernement majoritaire, pas d'un gouvernement minoritaire —, présenter ce qui serait, j'imagine, une motion qui établirait la durée de la période de discussions concernant certains projets de loi, et on continuerait d'imposer cela en mettant la question aux voix à la Chambre.
D'un côté, je suppose que l'on peut dire, selon l'intention, que si le gouvernement propose des dispositions législatives et que, à chaque fois, il y a une motion individuelle sur la programmation qui devra être débattue et mise aux voix, tout ce que nous avons réellement, c'est un engagement de la part du gouvernement à avoir recours à la clôture pour chaque projet de loi. Cela ne reviendrait qu'à débattre de la question et à la mettre aux voix, à l'exception peut-être de la disposition existante concernant une période de questions du ministre, qui, je crois, constitue une partie importante de la procédure actuelle d'attribution du temps.
Il convient de noter que nous disons « négocier », mais que la question doit tout de même être mise aux voix; on doit également se demander où se situerait le seuil dans le cadre de ce débat. S'il devait y avoir un débat et un vote, faudrait-il une majorité simple? On pourrait imaginer un système dans le cadre duquel on pourrait mettre la programmation aux voix, mais le seuil serait plus élevé. Le seuil serait semblable à celui qui est établi aux articles 53 ou 56.1 du Règlement, mais cela n'est pas précisé ici. En outre, compte tenu de l'attitude générale du gouvernement à l'égard de cet amendement et, de façon plus large, du ton de ce débat, je suppose qu'il n'aurait pas grand intérêt à ce que l'on élève ce seuil en vue de permettre la tenue de cette discussion.
Je vais poursuivre avec le sujet de la période de questions et de la mesure dans laquelle l'amendement, la motion, guiderait cette institution essentielle, que nous avons malheureusement, je crois, raté de justesse.
La section concernant la période de questions commence comme suit: « la période de questions est le moment où le gouvernement rend compte de ses politiques et de la conduite des ministres. » J'aurais peut-être apprécié qu'on ajoute « et du premier ministre », mais ce qui importe, c'est que le document de travail semble reconnaître que le but de la période de questions est de tenir le gouvernement responsable de ce qu'il fait, des décisions qu'il prend et, de façon plus générale, de sa conduite. Toutefois, nous constatons encore un désir d'affaiblir la responsabilité associée à ce mécanisme. Il est certain que le gouvernement devrait reconnaître que, si ce genre d'objectif doit être atteint, il faut que l'opposition participe de façon significative à la discussion concernant l'établissement des règles pour cette période de questions.
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Je vous expose mes grandes préoccupations, sur une motion qui ne serait pas amendée, puisqu'elle reflète la priorité malsaine accordée à l'efficience au détriment de la responsabilisation. Cela est dû à mon avis à une admiration pour la supposée efficience qui existe dans d'autres systèmes, et je crois que cet article montre bien qu'elle n'existe pas. Je crois que cet article met en relief les problèmes de ce romantisme. Je crois que cela éclaire les conversations politiques qui ont lieu ici, et je crois que nous devons, en tant que comité, être au courant.
Pour le bénéfice de M. Reid, voici la citation:
Mais, si vous me demandez quel type d'administration j'admire le plus, je crois que je mentionnerais qu'il y a ici, au Canada, quelque chose à dire sur la façon dont nos territoires sont administrés. Le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon sont gouvernés sur une base consensuelle, sans aucun parti politique. Ils fonctionnent plutôt comme une administration municipale. Je trouve formidable que les gens se serrent les coudes pour résoudre ensemble les problèmes qui se présentent plutôt que d'essayer de marquer des points les uns contre les autres. Et je crois que nous devrions faire davantage la même chose.
La citation se termine ici, mais je vais poursuivre la lecture de l'article. Nous approchons de la fin, non pas de mon intervention, mais de l'article.
Trudeau décrit correctement, essentiellement, le fonctionnement d'un gouvernement de consensus.
Nous y voici:
Mais il se trompe au sujet du Yukon, où il y a, en fait, un gouvernement responsable standard, avec des partis politiques concurrents, depuis 1978. Seuls les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont un gouvernement de consensus.
Même si ce commentaire a attiré moins d'attention, cette remarque et ses louanges pour la Chine ne sont pas aussi dénuées de rapport qu'elles pourraient le sembler à première vue. La seule différence entre un gouvernement de consensus et un régime autoritaire tient à la nécessité de recourir à la force et à la coercition pour exiger, fabriquer et maintenir le consensus. Dans les petites collectivités, un consensus authentique peut se dégager en toute légitimité et dans la paix. Ce qui est impossible dans un grand État.
Il semble que la réflexion politique de Justin Trudeau soit fondée d'abord et avant tout sur quelque chose qui ressemble au romantisme des Contre-Lumières. Il s'apparente à une « philosophie communautaire », selon laquelle tous s'efforcent d'être vertueux selon une définition commune de la vertu. Dans sa forme modérée et bénigne, le romantisme politique se présente comme une sorte de « républicanisme civique »,
— et je sais que cela intéressera David, qui s'intéresse à l'éthique de la vertu —
lequel est davantage inspiré des Anciens, comme Aristote et sa vision d'une « citoyenneté vertueuse et participative » que des Modernes. Dans sa pire forme, le romantisme est inspiré de la philosophie des Contre-Lumières de Rousseau et de ses successeurs, avec quelques touches d'Hegel et de Marx.
Selon les Romantiques, l'absence de consensus est une menace existentielle à la volonté générale et à l'intérêt public. C'est pourquoi quiconque rompt le consensus empêche la nation politique de réaliser la volonté générale et devient un obstacle qu'il faut éliminer. Les Romantiques ont également une vision téléologique de l'histoire qui est en conséquence une force avançant inexorablement dans une direction extrêmement bien définie.
Trudeau manifeste son romantisme téléologique, qu'incarne la « voie ensoleillée », avec cette expression insouciante, reprise depuis dans nombre de mèmes: « Parce qu'on est en [insérer l'année en cours]. » Autrement dit, quiconque cherche à perturber, ralentir ou altérer le cours de l'histoire doit tout simplement s'écarter de la voie du progrès. Le « post-nationalisme » de Trudeau correspond le mieux à ce que les politicologues appelleraient la « politique post-matérialiste », dont l'objectif consiste à « ouvrir des débouchés pour répondre aux demandes politiques » — celles en particulier des groupes historiquement marginalisés — et qui est axée sur la participation plutôt que sur la distribution des maigres ressources. En résumé, comme le dit Ajzenstat « les Romantiques fuient la politique de confrontation des systèmes parlementaires. » Trudeau déplore la « politique de la division », se drapant dans ce que Weber appellerait « une autorité monarchique » dans sa biographie officielle comme s'il était la vivante incarnation de l'unité canadienne:
Pierre, son père, et Margaret, sa mère, les familles Trudeau et Sinclair, ses racines issues de l’Est et de l’Ouest, du français et de l’anglais, ainsi que les expériences qu’il a vécues, ont contribué à modeler sa passion pour le service public et sa vision du Canada.
Vous remarquerez que la phrase « les familles Trudeau et Sinclair, ses racines issues de l'Est et de l'Ouest, du français et de l'anglais » évoque les Tudor, les deux roses, la rouge et la blanche, et les racines des maisons de Lancaster et de York, du Nord et du Sud.
Comme l'a fait remarquer Christopher Hitchens, « la politique est par définition affaire de division », puisque, dans une société libérale et démocratique, nous pouvons exprimer notre désaccord et que notre système parlementaire lui-même légitime l'opposition et la confrontation dans le but de maintenir la responsabilisation du gouvernement. La politique divise, c'est dans sa nature. Sans le désaccord et la dissension des gens qui soutiennent sincèrement des opinions et des croyances contraires, la politique cesserait d'exister.
Il peut sembler étrange à mes collègues qui connaissent bien ma philosophie politique que je lise un article qui fait l'éloge d'Hitchens et critique Aristote.
Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est dit dans cet article, surtout, vers la fin, la critique implicite de l'éthique de la vertu. De manière générale, je crois que la perspective aristotélicienne de l'éthique de la vertu est compatible avec la conviction de l'importance de la diversité politique et de la dissension. Je crois que la compatibilité entre la version aristotélicienne de l'éthique de la vertu et la modernité a bien été établie dans les travaux de John Stuart Mill. Je pourrais en parler davantage, mais cela dépasserait peut-être la portée de l'amendement.
M. Blake Richards: Ne l'encourageons pas.
M. Garrett Genuis: Peut-être qu'avec votre consentement unanime, nous pourrions pousser plus loin que je ne fais normalement.
Je crois que le point fondamental de cet article est réellement fascinant: dans les faits, il ne faut d'aucune façon entretenir une vision romantique de la dictature, premièrement parce qu'elle entraîne une violation fondamentale des droits et de la dignité de la personne, ensuite parce qu'elle n'est vraiment pas efficace.
Et, même s'il était possible d'accepter une dictature bénigne, sans violation des droits de la personne, je crois que les données probantes permettent de croire qu'elle entraînerait quand même de plus grandes erreurs et serait moins efficace, à long terme, que les sociétés démocratiques. Et les sociétés démocratiques, même si elles progressent moins rapidement, parce qu'elles tiennent compte de plus nombreux points de vue, sont plus susceptibles de progresser, en premier lieu, dans la bonne direction. Elles ont plus de chance de s'avancer dans la direction qu'elles ont choisie.
Le sujet de notre discussion d'aujourd'hui n'est pas quelque chose qui mettra fin au processus officiel de la démocratie ni aux élections démocratiques, mais nous discutons très sérieusement de questions ayant trait à la force de notre système, un gouvernement responsable, et du type de relations existant entre le système exécutif et le système législatif, de la façon dont chacun conçoit le rôle de l'autre.
Cet article soutient que c'est le Parlement, non pas le gouvernement ni le qui, au bout du compte, parle au nom des Canadiens.
Notre approche, qui a trait à des examens prospectifs et à la modification du Règlement, pourrait sembler moins efficace aux yeux des députés qui ont cette vision romantique d'un pouvoir centralisé en tant que voie vers l'efficience. Vous pourriez peut-être critiquer cet amendement en disant qu'il semble inefficace, puisqu'il suppose que les gens seront plus nombreux à participer. Il exige la consultation, il exige que l'on entende davantage de points de vue avant de déterminer la direction à prendre, mais ce que nous proposons, c'est juste. Notre proposition respecte nos valeurs et nos traditions tout en respectant une définition plus réaliste et, dans un certain sens, plus exhaustive, de ce qu'est l'efficience, puisque, comme Churchill — encore lui — l'a dit, il faut d'abord savoir ce que nous devons faire avant de commencer à le faire.
Quand j'étais jeune, pendant ma période de formation à la politique, je me souviens que l'une des plus importantes évolutions politiques qui avaient attiré mon attention, c'était le caractère traditionnel du Parti réformiste. Le réformisme, de tradition, venait de l'Ouest du Canada et mettait en relief tous les enjeux liés à la nécessité de contrebalancer le pouvoir et le contrôle croissants du pouvoir exécutif pour renforcer le rôle du pouvoir législatif.
En même temps, il exprime la volonté réelle du peuple, qui vise la plus grande efficience possible dans la fonction publique, une meilleure efficacité du gouvernement, des budgets équilibrés. C'était une tradition à la fois réaliste et axée sur l'efficience et l'efficacité du gouvernement, mais c'était aussi une tradition hardie, puisqu'elle proposait d'évoluer vers une responsabilisation accrue et un rôle plus important pour les députés.
Je crois que nous devrions, vraiment, revoir cette tradition. Elle ne concerne pas uniquement le rôle de l'opposition. Elle concernait aussi la façon dont notre gouvernement fonctionne, le travail de tous les parlementaires ainsi que les relations entre les parlementaires et le pouvoir exécutif. Selon cette tradition, le pouvoir exécutif a en effet un rôle à jouer, mais ce sont les députés qui parlent au nom des gens qui les ont élus; et, lorsque des changements clés sont proposés, il faut un niveau de consensus plus élevé pour apporter de tels changements.
Voilà la tradition qui était mise de l'avant. Je crois en effet qu'il y a des changements dont nous devons parler, en tant que membres du Comité, et que nous devons le faire en nous appuyant sur cet amendement, selon lequel nous devons avancer de concert et le processus ne sera pas contrôlé par un seul parti. Il y a des changements dont nous devons parler, qui incarnent cette tradition.
Je trouve intéressant de savoir que cette tradition a pour origine ce qui était, à bien des égards, mais pas à tous, le Parti conservateur, le Parti réformiste, mais le Parti libéral a repris cette rhétorique depuis l'époque de Paul Martin. Paul Martin disait qu'il fallait s'attaquer au déficit de la démocratie, et les libéraux, pendant la dernière campagne électorale, ont parlé de réformes, mais il est certain qu'ils n'ont pas parlé de modifier du tout au tout les règles du Parlement ni du processus qui permettrait de le faire, moyennant un consentement.
Nous voyons bien que le public a des attentes plus élevées concernant l'engagement, et pourtant, en même temps, nous avons vu que le gouvernement a pris des décisions qui contredisent fondamentalement les attentes du public et qui, en fait, à mon avis, sont foncièrement différentes des engagements que le gouvernement avait pris dans le passé.
Il suffit de penser à ce qui s'est passé aujourd'hui. Nous sommes nombreux à avoir manqué la période de questions parce que notre comité devait poursuivre ses travaux pendant ce temps-là. La leader de l'opposition et le leader du NPD à la Chambre des communes ont tous deux tiré profit des points légitimement soulevés par l'autre.
En ce qui concerne ce qui s'est passé aujourd'hui pendant la période de questions, les répercussions de cette situation et le débat concernant l'amendement, la leader de l'opposition a commencé par demander au premier ministre ce qu'il aurait dit si Stephen Harper avait agi ainsi. Je crois que c'est une très bonne question, puisque Stephen Harper proposait des politiques qui reflétaient le point de vue des conservateurs, mais il le faisait dans le plus grand respect des règles établies pour le système, des règles acceptées. Il agissait comme on s'attend à ce qu'un premier ministre agisse, c'est-à-dire dans le respect des règles, au moment de proposer des politiques reflétant ses priorités et les priorités de son gouvernement. C'est ainsi que cela se passait sous Stephen Harper.
Toutefois, nous nous retrouvons aujourd'hui avec Justin Trudeau, supposé représenter le vrai changement, et c'est en effet un vrai changement, mais pas dans la direction que l'on prévoyait, je crois.
Je veux dire par là que nous nous engageons dans la direction opposée, en ce qui concerne les travaux de notre comité. On lui a demandé ce qu'il aurait fait si Stephen Harper avait agi de la même manière. Il a fait quelques commentaires sur le chahut à la Chambre des communes, mais il n'a jamais répondu à la question.
Thomas Mulcair a posé la même question. Encore une fois, il a parlé des enfants se trouvant à la tribune, les enfants pour qui nous cherchons à préserver l'intégrité de nos institutions démocratiques. Il l'a un peu évoqué, mais il n'a pas répondu à une question que j'estime tout à fait légitime et très importante.
Mais il s'est passé quelque chose d'autre, aujourd'hui. Je crois que tous les députés en ont été témoins, ça s'est passé tout de suite après un vote. Ça se passait pendant la suspension des travaux de notre comité, cela avait trait aux multiples questions liées au privilège et à la transgression des règles, à la Chambre des communes... dans un cas, par un membre du gouvernement.
Il a également été question de la possibilité que des députés aient reçu le budget, même s'il ne le fallait pas, avant la lecture du budget devant la Chambre. Il a été question de membres qui n'ont pas pu voter, pour des raisons que je n'ai pas très bien comprises, mais qui avaient trait aux véhicules du . J'ignore de qui cela relève, et il faut, bien sûr, procéder à un examen approfondi de toutes ces questions. Je sais que le Président va présenter de nouveau ces questions à la Chambre.
Nous devrions réfléchir sérieusement à ce qui s'est passé aujourd'hui, étant donné ce qui se passe ici, car les membres du Comité assument d'importantes responsabilités et ne disposent que de moyens limités pour les assumer, et c'est justement ce que le document de travail propose, ce que le mécanisme suggéré, selon lequel nous devrions discuter du document de travail, en l'absence de l'amendement, nous amènerait à faire.
Bien sûr, il y a ici un enjeu très important, l'intégrité de nos institutions parlementaires, mais la discussion porte également sur d'autres enjeux. Des problèmes...
Un député: J'invoque le Règlement.
M. Garnett Genuis: Monsieur le président, pourriez-vous obtenir le silence.
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Merci. Un silence s'abattit sur la foule.
Je sais que M. Chan écoute de toutes ses oreilles et je l'apprécie; je suis certain qu'il n'est pas le seul. Je ne voulais pas dire qu'il était le seul. Quoi qu'il en soit, il semble que j'aie déclenché d'autres conversations.
Quoi qu'il en soit, je sais que nous pouvons ici tenir des débats vigoureux, et je l'apprécie. Cependant, puisque les députés discutent de toutes sortes de manières, devant les autres et en aparté, je crois qu'ils devraient réfléchir à l'importance du rôle de délibération et de prise de décisions de notre Parlement et aux moyens par lesquels nous pouvons assurer la protection de la sous-structure de notre démocratie, de façon à ne plus permettre que des choses comme celles qui se sont produites aujourd'hui deviennent la norme de nos échanges.
Je crois que les événements qui se sont produits aujourd'hui illustrent très bien un point central de notre débat sur cet amendement, c'est-à-dire que les institutions parlementaires qui fonctionnent bien exigent inévitablement le consentement de plus d'une partie à la discussion, pour bien fonctionner.
Si nous, dans l'opposition, sommes si frustrés — et je crois que nous le sommes et que c'est légitime — par le manque de respect que nous témoigne l'exécutif, nous allons chercher par tous les moyens d'exprimer haut et fort nos objections et nos préoccupations. Cela pourra bien sûr prendre diverses formes. Nous pouvions présenter toutes sortes de motions en évitant les processus habituels de notification. Nous reconnaissons que, pour bien fonctionner, de nombreux aspects sont importants, au Parlement, et qu'ils supposent la collaboration entre les partis.
Étant donné l'atmosphère qui s'est créée lorsque le gouvernement a exprimé sa position sur l'amendement, je crois que nous avons pu voir la montée de cette frustration, puisque, d'une part, le gouvernement fait preuve d'un manque de respect croissant à l'égard de l'opposition, dans un certain nombre de dossiers, et que, d'autre part, l'opposition doit à bon droit faire un certain nombre de rappels au Règlement et soulever des questions de privilège afin que ces préoccupations soient réglées.
Je crois que, au bout du compte, nous voulons consacrer le plus de temps possible, si ce n'est tout notre temps, à débattre des affaires de la nation plutôt qu'à discuter de questions de procédure. Bien sûr, notre comité a pour fonction de discuter de la procédure, mais, à l'extérieur du Comité, à la Chambre, en particulier, nous voudrions en être rendus à pouvoir consacrer la plus grande partie possible de notre temps à discuter des aspects importants de la situation, ceux qui éclairent les réalités faisant partie de la vie des Canadiens qui ne passent pas beaucoup de temps ici. Toutefois, nous devons protester lorsque certains aspects de la procédure nuisent à la collaboration naturelle et aux attentes en matière de consensus entre les partis. Quand cela est menacé, le fonctionnement de nos traditions s'en ressent.
L'autre chose, c'est que, si nous devons poursuivre cette étude, nous devons le faire en fonction de l'amendement, puisqu'il nous amène justement à faire des choses qui font participer un plus grand nombre de membres, provoquant ainsi une discussion sur des sortes de questions qui n'intéressent peut-être pas les premières banquettes de l'un ou de l'autre parti, mais qui témoignent en fait du fonctionnement amélioré de la Chambre.
Une des réformes du mode de fonctionnement de notre démocratie à laquelle nous devrions réfléchir sérieusement et que nous devrions étudier concerne la question de savoir s'il faut que le nom des partis soit inscrit sur le bulletin de vote. En effaçant le nom du parti du bulletin de vote, une réforme toute simple, il serait plus probable que les électeurs accordent davantage d'attention au nom de la personne. Bien sûr, cela n'empêchera pas les gens de s'affilier à un parti et de voter pour un parti, mais cela donnerait plus de chance à ceux qui se présentent à une élection sans être affiliés à un parti. Cela ouvrirait des débouchés aux personnes qui se reconnaissent peut-être dans la philosophie d'un parti, mais qui n'ont pas obtenu la caution de ce parti. Ces personnes pourraient plus facilement se présenter à une élection et gagner si le nom des partis n'était pas inscrit sur les bulletins de vote.
Ce type de changement, bien sûr, peut entraîner quelques problèmes, mais je crois qu'il vaut la peine de l'étudier plus avant. Vous ne verrez probablement jamais le chef, le whip ou le leader à la Chambre d'un parti proposer ou appuyer ce type de changement. La raison en est assez simple: si les députés étaient davantage convaincus de leur indépendance, s'il n'y avait pas le problème du nom du parti sur les bulletins de vote, par ailleurs, les députés auraient peut-être une raison ou une occasion d'agir avec un peu plus d'indépendance ou d'exercer une influence pendant les discussions qui se déroulent à la Chambre.
Sachant cela, il est peu probable que des réformes de ce type seraient présentées de façon toute partisane quand il est question de modifier le Règlement.
Si nous n'adoptons pas cet amendement, la discussion deviendra inévitablement partisane, puisque les différents partis cherchent tous à obtenir la majorité. Mais, si vous décidez que l'unanimité est une exigence, vous privez le gouvernement de la possibilité d'agir unilatéralement, dans ce dossier. Vous augmentez les chances que les députés réfléchissent aux changements du Règlement qui, peut-être, s'écartent des propositions de la leader parlementaire à la Chambre, mais qui reflètent, en particulier, leurs priorités en tant que députés et qui pourraient même régler le problème de façon positive, en rétablissant l'équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif de notre gouvernement.
J'ajoute, entre parenthèses, que l'article du Dorchester Review que je vous ai lu traitait précisément de l'admiration exprimée par le premier ministre pour les gouvernements de consensus.
Je ne crois pas qu'il serait utile ni souhaitable que l'ensemble du Parlement passe à un style de gouvernement non partisan et consensuel. Je crois que c'est impossible et irréaliste. Je crois en outre que cela nous priverait des débats légitimes dont les gens ont besoin pour voir clairement les deux côtés de chaque question. Je crois que nous avons besoin d'un gouvernement et d'une opposition, lorsque nous débattons des enjeux qui nous sont soumis.
Mais je crois que les comités, les petits groupes de gens qui travaillent ensemble et échangent de façon plus directe et personnelle, pourraient bénéficier d'une réflexion, à tout le moins, sur un modèle davantage consensuel. Nous pourrions, en comités, fonctionner en abandonnant le plus possible notre identité de membres d'un parti pour adopter davantage le rôle de membre d'un comité et, tous les 10, autour d'une table, nous pourrions nous demander de quelle façon nous voulons régler le problème qui nous a été soumis et faire de notre pays un pays meilleur.
Si vous exigez l'unanimité, avant d'aller plus loin, je crois qu'au bout du compte vous aboutirez à un système où cette possibilité est renforcée, où le consensus joue un rôle, avec des amendements comme celui que nous devons adopter. Mais en son absence, nous sommes tous obligés de rentrer dans le rang. S'il y avait un système consensuel, dans le cadre de cette étude, je crois que les bonnes idées jailliraient plus nombreuses qu'autrement. Il se peut que, au sein du Comité, deux membres du même parti ne soient pas d'accord l'un avec l'autre, et cela mène à des discussions particulièrement productives. Cela pourrait peut-être, à certains égards, être moins efficace et prendre davantage de temps, mais cela sera beaucoup plus intéressant.
Dans toutes les discussions que nous avons tenues jusqu'ici à propos du Règlement, je crois que nous avions commencé du bon pied, relativement parlant, lorsque nous en avons débattu à la Chambre des communes. Les membres des différents partis ont exprimé des points de vue différents, et des membres d'un même parti ont présenté des points de vue qui n'étaient pas semblables. Je ne vais probablement pas pouvoir retrouver les mots exacts, mais je crois qu'un des députés du gouvernement —pas du caucus, du gouvernement — a déclaré que le comité de la procédure des affaires de la Chambre pourrait se réunir pour mettre au point une liste de propositions. Je crois que ce serait une façon de procéder vraiment productive et très intéressante.
Le document de travail mis à part, nous pourrions nous entendre sur la façon de progresser de manière consensuelle, de manière unanime, de façon que tous les membres du Comité puissent étudier la question, l'analyser, entendre le témoignage des experts et se demander comment on pourrait changer le Règlement, en espérant que, au bout du compte, ils pourraient déposer un rapport ayant fait l'unanimité aux yeux de tous les membres du Comité, un rapport qui dirait: « Voici les changements nécessaires du Règlement sur lesquels nous sommes tous d'accord. » À partir de là, il nous est possible d'apporter des changements réellement bons.
Pour en revenir à la discussion précédente touchant le Règlement, j'ai remarqué que, même si l'on cherche à orienter la discussion, au moyen de ce document de travail, et malgré la façon dont le gouvernement a procédé, les membres du caucus du gouvernement ont déjà présenté des suggestions vraiment intéressantes et innovatrices qui ne semblent pourtant pas correspondre en tous points à ce que le gouvernement propose dans ce document de travail, des suggestions qui méritent à coup sûr, toutefois, qu'on les étudie.
J'ai vu dans un article du Hill Times portant sur notre débat une mention des interventions de Mme , qui est non seulement une députée, mais qui a déjà été autrefois membre du personnel politique. Je l'ignorais. Elle a proposé des changements — je cite l'article —, notamment « de renvoyer les projets de loi du gouvernement à des comités après la première lecture plutôt qu'après la seconde, de façon que les comités puissent les examiner avant que le gouvernement n'ait investi trop d'énergie afin que le projet de loi soit adopté. »
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette idée, mais je la trouve intéressante. Je crois qu'il est logique que la Chambre se prononce sur le principe d'un projet de loi avant que celui-ci soit étudié en comité. Certes, certaines dispositions prévoient actuellement que les comités procèdent à une étude préliminaire des projets de loi, et, dans certains cas, cela est tout à fait logique, mais, normalement, ce n'est pas automatique. Je ne pourrais pas dire comme Mme , que cela devrait se faire ainsi, mais il reste que c'est une idée intéressante.
Mais ce n'est pas tout ce que dit l'article: « Elle suggère également que certains pouvoirs actuellement exercés à la Chambre par l'équipe du parti au pouvoir soient délégués au Président, par exemple en ce qui concerne l'attribution du temps. » C'est une idée intéressante, n'est-ce pas, que le Président...
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Excellent. Je suis d'accord avec M. Simms, pas moins de 99 %, je suppose.
Je suis convaincu que, qu'ils figurent ou non au compte rendu, les commentaires de M. Reid sont toujours très éclairés et éclairants. Nous avons bien hâte de l'entendre de nouveau lorsqu'il prendra de nouveau la parole, dans deux ou trois jours, quand j'en aurai terminé.
Je réfléchissais aux quelques commentaires intéressants de Mme Vandenbeld, qui a suggéré — je cite de nouveau l'article — que les « pouvoirs actuellement exercés à la Chambre par l'équipe du parti au pouvoir soient délégués au Président, par exemple en ce qui concerne l'attribution du temps. »
Ce que l'on cherche à prévoir, par cela, c'est qu'après le processus de négociation entre les leaders parlementaires et après les débats, en cas d'impasse, le Président pourrait décider, si la nature du sujet s'y prête, qu'il est temps que la discussion se termine. Elle a dit, pendant le débat: « Je crois que nous devrions peser les avantages et les inconvénients qu'il y aurait à donner au Président davantage voix au chapitre, quant au programme parlementaire. Le Parlement du Canada, plus que tout autre organe législatif du monde, donne davantage voix au chapitre au parti au pouvoir. »
En passant, il en a aussi été question pour la période de questions. On envisage de donner au Président — ou à la Présidente, pour le moment, c'est un Président — plus de pouvoir, pour qu'il fasse non seulement ce qu'il fait déjà, faire respecter le décorum, prendre des décisions sur un nombre bien précis de questions, mais aussi de jouer un rôle plus important, par exemple en forçant les ministres ou les secrétaires parlementaires à répondre aux questions.
Le document de travail contient une proposition visant à donner plus de pouvoir au Président, par exemple pour scinder les projets de loi omnibus. Je reparlerai un peu plus tard des projets de loi omnibus, parce que je n'ai pas encore dit grand-chose sur le sujet. Il serait aussi possible que le Président puisse s'adresser au et, avec tout le respect qu'il lui doit, lui demander de répondre à la question. Il y a différentes propositions visant à élargir les pouvoirs du Président.
Je vois les deux côtés de la chose. D'une part, nous demandons déjà au Président de prendre des décisions exigeant un assez bon jugement. Nous le faisons, entre autres, quand quelqu'un demande un débat d'urgence. Les députés se présentent en disant qu'un dossier ou un autre est urgent. Bien sûr, le Président, quand il prend sa décision, s'appuie toujours sur le Règlement, mais je n'ai pas l'impression que le Règlement est trop prescriptif quand il est question des critères s'appliquant aux débats d'urgence.
Le Président prend une décision, à savoir s'il faut tenir ou non un débat d'urgence. Il le fait déjà, il est intéressant de le souligner, alors, est-ce que ce sera beaucoup plus difficile pour lui de décider de la durée d'un débat?
De plus, le Président pourrait, plutôt que de simplement limiter la durée des interventions, faire respecter des règles en matière de répétition, non seulement d'un parti à l'autre, mais pour chacun des intervenants. Si j'ai bien compris le Règlement actuel, je peux exposer toute une série d'arguments et un autre député peut reprendre après moi la même série d'arguments. Il ne s'agirait pas à ce moment-là de répétitions, puisque ce n'est pas la même personne qui présente les arguments. La disposition en question, si j'ai bien compris, ne parle pas de la répétition des sujets déjà débattus; elle parle de la répétition d'un même sujet par une même personne.
On pourrait peut-être apaiser les préoccupations qui concernent cette efficience possible tout simplement en demandant au Président d'intervenir en cas de répétition d'arguments ayant déjà été présentés. Si quelqu'un formulait un argument, par exemple pour s'opposer à un projet de loi en particulier, il faudrait que le Président puisse dire: « Nous avons déjà entendu cet argument particulier; vous devez présenter de nouveaux arguments. »
Mais, encore là, le Président aurait à prendre une décision éclairée sur des questions importantes. Ce ne serait pas aussi arbitraire que Mme Vandenbeld semble le croire, quand elle suppose que, selon ce système, le Président pourrait juger qu'un tel projet de loi mérite trois jours de débat, un tel autre projet de loi mérite cinq jours de débat. C'est un rôle qui sera difficile, pour le Président, et je ne suis pas convaincu qu'il voudrait jouer ce rôle.
Si l'on reconnaît que ce n'est pas un rôle que le Président devrait jouer, ce n'est certainement pas non plus un rôle pour le leader parlementaire à la Chambre, concernant tous les textes législatifs. Si j'avais à choisir, je dirais probablement que le genre de programme envisagé dans le document de travail, selon lequel la leader parlementaire à la Chambre peut bel et bien décider combien de temps exactement durera un débat, serait bien inférieur à l'autre solution, selon laquelle le Président pourrait prendre quelques-unes de ces décisions. Bien sûr, c'est une autre distinction importante entre la proposition de et la proposition du document de travail. Il ne semble pas que Mme Vandenbeld ait prévu que le Président pourrait contrôler le temps que les comités passeraient à discuter des différents enjeux. Peu importe les pouvoirs étendus que le Président exerce déjà sur ce qui se déroule ici, cela empiéterait sur une notion importante, celle de la souveraineté du Comité sur les questions relevant de son propre domaine.
Je voulais souligner cet élément, parmi tous ceux que nous avons entendus pendant que nous discutions du Règlement. Je sais que, au sein du gouvernement, il existe toutes sortes d'opinions quant à la meilleure façon d'apporter des changements au Règlement. Nous pourrions peut-être adopter cet amendement et entamer une étude en nous engageant rigoureusement à écouter le point de vue de tous les autres; cela nous donnerait l'occasion de présenter quelques-unes de ces solutions de rechange. Pourquoi le Président ne pourrait-il pas présenter des recommandations quant au temps à consacrer à l'étude d'un projet de loi? Il pourrait même, peut-être, présenter des recommandations qui ne seraient pas contraignantes. Je crois que chaque proposition comporte son lot de problèmes. Il n'existe pas de changement qui soit tout à fait sans défaut, mais cela ne veut pas dire qu'il est impossible d'en arriver à un consensus.
L'historique des discussions sur l'évolution et la réforme du Parlement montre que des changements ont bel et bien été apportés pendant le mandat de nombreux premiers ministres et que ces changements reflétaient un consensus; pourtant, cela ne s'est pas fait sans controverse. On a modifié la durée du droit de parole des députés, la composition des comités, le nombre des comités, et ainsi de suite. Nous avons été en mesure de nous entendre sur certains changements et certaines améliorations, en en débattant, et en nous appuyant sur la diversité des partis et aussi sur la diversité au sein des différents partis.
J'aimerais clarifier un point que j'ai présenté hier. Pendant notre discussion d'hier soir, je faisais des comparaisons avec une approche plus républicaine du gouvernement, qui est en un sens révolutionnaire. Vous élaborez une constitution, à un certain moment dans le temps. Je comparais cela avec notre tradition, une tradition qui a évolué. Bien sûr, nous avons des documents écrits, mais nous nous appuyons également sur la tradition d'une constitution non écrite. Je faisais valoir que notre tradition évolutive est supérieure.
Notre tradition reflète la sagesse de l'histoire; elle ne reflète pas uniquement la sagesse d'un groupe de personnes à époque précise. C'est pourquoi je disais que nous devions nous assurer que nos discussions sont de nature évolutionnaire, non pas révolutionnaire; autrement dit, nous devons agir de façon consensuelle pour perpétuer la crème de nos traditions plutôt que de chercher à détruire notre approche actuelle au profit d'une approche différente.
Mais mon but, mon intention, n'était pas de vous donner l'impression, par ces remarques, que notre système ne comportait pas lui aussi des problèmes potentiels uniques ayant trait à la relation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Une partie de ces problèmes tient précisément à l'absence d'une codification claire.
Dans le système américain, disons, il y a des règles écrites qui décrivent clairement la relation entre l'exécutif et le législatif et expliquent la distribution des pouvoirs, précisant les pouvoirs que l'exécutif peut exercer et ceux qu'il ne peut pas exercer. Dans notre système, ces choses-là sont davantage affaire de convention. Notre système offre les avantages de cette tradition évolutive, dans la mesure où nous tirons profit de ce qui s'est fait dans le passé et que nous pouvons en tirer tout le profit que nous voulons. Il y a toujours un risque, cependant, lorsque les limites des pouvoirs de l'exécutif ne sont pas clairement codifiées, et les excès deviennent possibles; il est difficile de mettre le doigt sur le règlement précis qui vous empêche de faire quelque chose.
Aucune loi n'oblige, par exemple, le comité de la procédure et des affaires de la Chambre à réaliser l'unanimité pour traiter des changements proposés du Règlement. C'est une convention qui est, fondamentalement, le produit nécessaire de nos traditions bien établies de gouvernement responsable. Nous n'en arrivons pas là arbitrairement; tout simplement, nous nous appuyons sur une tradition. Nous pourrions parler de quelques risques uniques qui découlent de cette absence de codification.
Je crois que, s'il est important d'adopter cet amendement, c'est qu'il témoigne de la nécessité pour les parlementaires de comprendre à quoi nous oblige notre tradition de gouvernement responsable même en l'absence d'une codification claire et de règles spécifiques: nous devons faire une chose, et nous n'avons pas le choix de la faire. Notre tradition comporte des défis, mais, sous cet angle, vous pourriez également dire qu'elle nous oblige à nous dépasser, à l'interpréter de façon catégorique.
L'enjeu de la présente discussion, c'est la tradition; c'est cette notion que nous avons d'un gouvernement responsable. Je ne crois pas que le rejet de l'amendement marquerait la fin de la démocratie, mais il établirait la limite d'un gouvernement responsable, en créant un précédent qui permettrait au pouvoir exécutif — au-delà même de ce que nous savons, puisque j'ai lu le point de vue divergent d'un membre du caucus du gouvernement — de réécrire d'un bout à l'autre les règles de fonctionnement du Parlement.
Si nous pouvons faire cela, si nous pouvons dire qu'il revient au pouvoir exécutif de déterminer le mode de fonctionnement du Parlement, j'affirmerais devant vous que nous nous engagerions ainsi sur une pente glissante.
Je vous ai présenté plusieurs préoccupations touchant les dispositions du document de travail qui ont été le point de départ de la discussion. Vous pouvez être tout à fait en désaccord avec les préoccupations que j'ai soulevées, au sujet du document de travail, mais j'espère que vous êtes en mesure de comprendre que, si le gouvernement en place brise les conventions établies, il ouvre ainsi la porte à d'autres applications de ces conventions brisées, à d'autres abus. Les membres du parti au pouvoir acceptent peut-être bien les décisions unilatérales du Trudeau concernant le Règlement, mais ils ne seraient peut-être pas aussi satisfaits si un premier ministre hypothétique, disons M. Obhrai, décidait de modifier unilatéralement le Règlement. Ils sont peut-être heureux du pouvoir qu'ils exercent, mais il est important de ne pas toucher aux institutions qui préservent l'intégrité de notre système démocratique.
Il y a un passage magnifique à ce sujet dans Un homme pour l'éternité. Je ne m'en souviens pas par coeur, mais c'est dans le cadre d'une discussion entre Thomas More et son beau-fils.
Pourriez-vous retrouver le passage dont je parle, au sujet de Thomas More? J'aimerais qu'il figure au compte rendu. Le passage n'est pas long.
Bien, ça, c'est un bon membre du personnel. Je lui ai offert une augmentation de salaire, plus tôt, et voici où ça nous mène.
Monsieur le président, même si je viens tout juste de signer les affectations d'emploi pour l'été, j'aimerais vous parler de quelques-uns...
Merci, monsieur Simms, de nous avoir parlé de la programmation. Je devrais peut-être aborder la question sous-jacente dans le contexte de l'amendement. Ensuite, je parlerai des points particuliers que vous avez soulevés.
À la fin de votre intervention, vous avez mentionné que vous avez proposé cela en toute bonne foi. Vous avez dit vouloir entamer une discussion à ce sujet. Vous avez aussi dit que votre position s'appuie sur l'information que vous avez recueillie auprès des politiciens britanniques. Cependant, il y a peut-être d'autres opinions. Peut-être que d'autres personnes ont vu la programmation d'un oeil différent. Peut-être y a-t-il des députés au Royaume-Uni ou dans d'autres assemblées législatives qui croient que cela ne fonctionne pas. On pourrait aussi recueillir ces témoignages pour en tenir compte.
Je n'ai évidemment aucun problème à tenir une discussion qui s'inscrit dans un cadre où il est clair que l'opposition peut participer de façon importante à l'évaluation de l'information, parce qu'on peut en arriver à une évaluation différente de l'information. On pourrait entendre le témoignage de députés qui ont des perspectives différentes sur la question. L'opposition pourrait en arriver à une autre conclusion, ou on pourrait même finir par être d'accord sur le principe général, tout en divergeant sur les sous-éléments concernant les divers détails de l'opérationnalisation.
C'est précisément la raison pour laquelle nous avons proposé cet amendement: afin de garantir qu'il y ait un cadre dans lequel on peut discuter de ces questions tout en sachant que le gouvernement ne va pas en profiter pour promouvoir ses intérêts au détriment des nôtres. Nous savons que le cadre proposé dans l'amendement sera propice à la tenue de discussions avantageuses, sensées, approfondies et importantes à ce sujet ainsi que sur tous les autres sujets qui ont été soulevés.
Nous ne pouvons pas simplement tenir pour acquis que le gouvernement discutera de bonne foi. Surtout — et je dis cela pour préserver la réputation individuelle des députés — quand nous avons des raisons de croire que le gouvernement essaie d'imposer des changements qui serviront ses intérêts au détriment de ceux de l'opposition. Prenez le document de travail, il ne laisse pas beaucoup de place à la discussion. Il présente des arguments précis d'une façon qui se veut neutre, mais dont le but est clairement de promouvoir les intérêts du gouvernement. Ce que je dis s'applique à l'ensemble du document de travail.
Bien entendu, dans un processus consensuel en bonne et due forme, il serait raisonnable pour le gouvernement d'avancer des arguments ou des points qui appuient ses intérêts, tout comme il serait normal pour l'opposition de faire de même. Tout le monde comprend le fait qu'à un moment ou à un autre, l'opposition va probablement devenir le gouvernement, et vice versa. Au fil du temps, on finirait par trancher et à en venir à certaines conclusions qui vont dans le sens de nos intérêts, et on essaierait de procéder à des changements en conséquence.
M. Simms et les autres ont simplement demandé, dans leurs interventions, de tenir pour acquis que le gouvernement discute de bonne foi. Selon eux, il n'y a aucune raison valable de croire que le gouvernement a des motifs ultérieurs — notamment essayer d'engendrer une situation qui lui donnerait le pouvoir unilatéral de faire adopter cette motion et les changements qu'elle suppose. Tout ce que le gouvernement a à faire pour nous rassurer et nous convaincre de procéder à l'étude est d'accepter un amendement proposé par l'opposition. Tout ce qu'il a à faire, c'est de dire « oui » à l'amendement. Si cela arrivait, alors oui, on pourrait absolument discuter de toutes les questions entourant la programmation.
M. Simms a évoqué le nombre de témoins que nous pourrions recevoir. Honnêtement, je crois que cela pourrait être problématique de recevoir tous les témoins dont nous avons discuté, vu le temps qui nous est imparti. Selon le calendrier, nous devons présenter un rapport à la Chambre au plus tard le 2 juin. Je vous rappelle que nous arrivons à la fin du mois de mars aujourd'hui.
Nous avons une semaine de congé qui s'en vient. La Chambre siégera pendant deux semaines en avril, puis trois semaines en mai. Dans les faits, ça nous laisse cinq semaines de séances. Même si on obtenait un consensus immédiatement au sujet de l'amendement afin de poursuivre les travaux, ça ne nous laisse que cinq semaines de séances pour étudier le sujet et en discuter aux fins d'un rapport. Il faut aussi prévoir du temps pour la traduction et la publication. C'est sans compter le temps qu'il va nous falloir au début pour communiquer avec les témoins, les inviter et fixer la date de leur témoignage.
Tout cela nous laisse très peu de temps. Je ne suis pas convaincu que nous aurions assez de temps, même si l'amendement est accepté, pour recevoir tous les témoins souhaités. Voilà donc un autre problème. Cependant, je crois que nous devons adopter cet amendement et ainsi établir le principe du consensus. Ensuite, nous pourrons discuter de la façon dont le Comité étudiera la question en s'appuyant sur l'expertise des députés du Parlement. C'est de cette façon qu'on obtiendrait les meilleurs résultats possible, et c'est ce qu'on veut.
À propos des détails précis concernant la programmation, je suis d'avis — et M. Simms a soulevé un bon point à ce sujet — qu'il serait utile pour l'opposition de savoir, le cas échéant, à quel moment le gouvernement a l'intention de mettre en oeuvre le processus d'attribution du temps. Toutes choses étant égales, je doute que M. Simms connaisse des députés de l'opposition qui sont enthousiastes à l'idée de réduire le temps consacré aux débats. Cependant, je crois qu'on aurait pu l'accepter si l'intention du gouvernement était de mettre fin aux débats après trois jours. C'est mieux de savoir au début du premier jour que cela va arriver que de le découvrir à la fin du deuxième jour — comme cela se passe actuellement —, et qu'ensuite le gouvernement dépose son avis de motion concernant son intention d'adopter une motion sur l'attribution du temps.
Actuellement, nous n'avons pas de guillotine, d'attribution du temps, de clôture, ou peu importe comment vous appelez cela, pour toutes les lois. Chaque fois que le gouvernement a recours à cela, il y a un prix à payer. Malgré tout, nous pouvons toujours négocier.
Je crois que la meilleure façon d'aborder la question serait de... À dire vrai, je crois que M. Simms nous a indirectement indiqué la voie à suivre lorsqu'il a parlé du principe de la programmation, puis des pratiques connexes. Le principe de la programmation — c'est-à-dire que les gens vont savoir à l'avance comment un débat va se dérouler — est un principe pratique, pourvu qu'il soit combiné au principe du consensus. Si le processus vous permet de prévoir le nombre de jours de débat combiné à un processus qui s'appuie sur l'établissement d'un consensus réel, alors dans ce cas, oui, la prévisibilité s'avère être un avantage.
En l'absence d'un consensus, ce n'est qu'une clôture avec un préavis d'une journée de plus, ce qui ne répond pas à nos préoccupations fondamentales. Ce n'est qu'un préavis donné un peu plus tôt, mais le principe demeure le même, soit qu'il y aurait effectivement une clôture automatique.
Même dans la façon dont cela est mis en place... Si je me souviens bien de son intervention, M. Simms parlait du point de vue d'un leader parlementaire de l'opposition. Dans ce modèle, l'accent est mis sur le fait que l'un des partis agit comme un collectif monolithique au lieu de députés individuels qui agissent au nom de leurs électeurs. Il a pris l'exemple d'un cas précis où le gouvernement a apporté des modifications aux avantages sociaux. L'opposition avait une opinion sur le sujet.
Cependant, il ne faut pas oublier que même si l'opposition a des points à soulever, les députés individuels ont aussi leur mot à dire en ce qui concerne les priorités et préoccupations de leur propre circonscription.
Il ne s'agit pas uniquement du fait que les partis doivent pouvoir définir le débat en fonction du sujet et du temps souhaité; il faut aussi que les députés individuels aient l'occasion de participer à l'ensemble de la discussion.
On a fait une comparaison entre les débats ouverts et une partie de bras de fer. Je ne comprends pas vraiment — ni ne suis d'accord avec — cette comparaison. Je crois que, dans un débat ouvert, tous les députés qui le souhaitent peuvent prendre la parole à propos d'un sujet qui concerne leurs électeurs. Certaines circonstances mises à part, par exemple la première réponse à une motion du gouvernement, etc., il y a habituellement des délais de prévus.
Bien entendu, notre mode de fonctionnement pour l'étude des projets de loi prévoit qu'il y a d'abord une limite de temps de 20 minutes, puis de 10 minutes après un certain temps. En outre, les députés de la Chambre ne peuvent pas prendre la parole plus d'une fois. La conversation arrive à un terme selon un processus manifestement naturel, en quelque sorte. Cependant, il n'est pas nécessaire que tous les députés s'expriment à propos de tous les projets de loi. Les députés doivent axer leurs efforts et leur expertise sur des sujets en particulier.
Il y a une caractéristique de la planification préparatoire qui est très intéressante: il s'agit de la possibilité, dans le cadre de certains débats, d'imposer une limite de temps pour les interventions en fonction du nombre de députés qui souhaitent prendre la parole. Le but est que tous puissent intervenir dans un nombre de jours restreints. À nouveau, il faudrait qu'il y ait un consensus sur cette question, sinon on ne finirait que priver du droit de vote certains députés individuels qui souhaitent exprimer leurs préoccupations à propos des priorités de leur circonscription.
Je crois que cela répond aux points soulevés par M. Simms, autant en ce qui concerne le processus en vigueur que les préoccupations soulevées à propos de la bonne foi — même s'il n'a pas utilisé ces mots — et du fait que nous pourrions procéder en tenant la bonne foi du gouvernement pour acquise s'il acceptait notre amendement. Nous pourrions entreprendre une excellente étude, faire des recommandations et faire évoluer les institutions en nous appuyant là-dessus. Cependant, nous ne pouvons accepter que le gouvernement ait le pouvoir unilatéral de modifier les règles du jeu. Ce que le premier ministre pourrait faire avec ce pouvoir nous préoccupe, tout autant que ce qu'un autre premier ministre à l'avenir pourrait faire avec ce pouvoir, sans parler des normes d'engagement et du consensus des membres qui seraient bafoués. Il est très important de conserver ce qui est déjà en place.
Avant de continuer, je tiens à signifier mon appui à l'un des points soulevés par M. Simms, soit le fait qu'une étude exhaustive prenant en considération des perspectives internationales nous serait très pratique. Le document de travail de la leader parlementaire du gouvernement mentionne la façon dont les choses sont faites en Nouvelle-Zélande ainsi qu'à la Chambre de représentants des États-Unis. Il y a beaucoup d'autres parlements. Nous pourrions examiner la façon dont le temps est géré lorsqu'il y a des intérêts opposés, surtout dans des démocraties très étendues, où il y a une très grande population. Je crois que ce serait intéressant de voir comment on gère le temps là-bas.
J'ai l'impression que, pour un grand nombre de démocraties aux quatre coins du monde, il faut qu'il y ait un certain degré de consensus, ou peu importe comment ils appellent cela. Il faut que le système en place prévoie un certain degré de consensus — c'est fondamental —, et on s'y attend tous dans le cadre d'une démocratie parlementaire robuste et bien huilée où il y a un équilibre sain entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Voilà ce qui est en jeu avec cet amendement. Ce qui est en jeu, c'est le maintien d'une forme correcte de gouvernement responsable dans notre pays, conformément à ce à quoi on devrait s'attendre.
J'aimerais maintenant faire quelques commentaires à propos de la période de questions et de certaines des propositions avancées par la leader parlementaire du gouvernement dans le document de travail, relativement à certains points de discussion à propos des vendredis. L'une des options proposées est de mettre fin aux séances du vendredi, et bien sûr, on parle aussi de prendre du temps de la période de questions et des affaires émanant des députés pour prolonger la discussion les autres jours.
Je vous demande de réfléchir à cette proposition relativement à ce qu'on a dit jusqu'ici à propos de la période de questions. L'une des propositions est d'accorder plus de temps pour les questions et les réponses. Je ne suis pas sûr de la partie concernant les réponses. Je ne comprends pas ce qu'on veut dire par rapport à la période de questions... peut-être qu'on veut dire qu'il faudrait accorder plus de temps pour les réponses.
Le problème, bien sûr, est que si vous accordez plus de temps pour chaque question et pour chaque réponse, vous allez devoir, évidemment, réduire le nombre de questions auxquelles on peut répondre. Selon les changements apportés au temps dont on dispose, le risque est bien réel de procéder à des changements qui réduiraient de façon importante la capacité des députés de l'opposition de poser des questions, surtout dans une situation où le gouvernement fournirait des réponses beaucoup plus étendues qu'il ne devrait le faire, au lieu de répondre d'une façon claire, simple et directe.
Je crois qu'il y a une certaine logique dans l'idée que si on obtient au préalable les questions qui seront posées ainsi qu'il est possible de prendre un peu de temps pour répondre à ces questions — maintenant que j'y pense, je crois que M. Simms a parlé de cela hier —, alors théoriquement, on pourrait s'attendre à ce que la période de questions et de réponses se passe un peu plus, dans les faits, comme une période de questions et de réponses.
En passant, je me rappelle que la première fois où j'ai amené ma petite amie — aujourd'hui mon épouse — assister à une période de questions, elle m'a demandé, très naïvement, pourquoi les gens ne répondaient pas aux questions. Je crois que c'était à l'époque où les conservateurs étaient au pouvoir ou peut-être pas.
Des députés: Ah, ah!
M. Garnett Genuis: Nous sommes mariés depuis six ans, alors je crois que tout le monde peut faire le calcul. J'ai réalisé tout de suite après avoir raconté l'anecdote que j'allais m'attirer des ennuis.
C'était une période de questions particulièrement pénible pour nous, je crois. La plupart du temps...
Des députés: Ah, ah!
Une voix: Vous vous en sortiez si bien jusqu'ici.
M. Garnett Genuis: ... Nous répondions de façon assez habile aux questions.
Néanmoins, pour voir ce qui arriverait si la période de questions était plus longue et si on envoyait les questions au préalable, on devrait examiner ce qui se passe déjà avec les débats d'ajournement, parce qu'il s'agit précisément de la même formule pour des débats d'ajournement.
Lorsque j'ai pris la parole à ce sujet, j'ai demandé qu'on se penche sur des façons d'améliorer les débats d'ajournement en en modifiant l'horaire — j'ai parlé de cela hier —, en échangeant les périodes qui y sont consacrées avec celles réservées aux « Déclarations de députés ». Je crois que cette idée mérite d'être approfondie. C'est le genre de chose qui ajouterait de la valeur au processus.
Nous n'obtenons pas toujours de réponses à nos questions pendant les débats d'ajournement, mais je crois que nous nous sommes un peu améliorés.
Parfois, au cours de la période de questions, on pose une question à propos d'un groupe minoritaire, par exemple, et la réponse du gouvernement ne mentionne même pas le groupe en question. Puis, après que le représentant du gouvernement a fait des recherches sur la question, il est prêt à répondre lorsqu'on lui pose de nouveau la question. Ce que je veux dire, c'est qu'une période de questions plus longue et le fait d'avoir les questions à l'avance ainsi que de nouvelles procédures pour les débats d'ajournement permettraient de corriger le genre de situation problématique où un secrétaire parlementaire ou un ministre ne sait rien du tout du sujet et ne fait que patiner ou dire n'importe quoi ou répondre à une tout autre question.
C'est un problème qui mérite qu'on s'y attaque, même si je dois souligner le fait que les ministres et les secrétaires parlementaires devraient connaître leurs dossiers, même sans préavis. Ils devraient être prêts à répondre aux questions des députés de l'opposition sur les points importants. Si un député de l'opposition essaie de surprendre un membre du gouvernement en posant une question parfaitement obscure, le public va évidemment s'en rendre compte. Mais si on pose une question légitime de bonne foi qui concerne un point dont le ministre ou le secrétaire parlementaire devrait être au courant, alors il est tout à fait raisonnable de s'attendre à ce qu'il puisse répondre, même sans préavis.
Néanmoins, les préavis et une prolongation de la période de questions, comme certains l'ont proposé, pourraient corriger la situation problématique où la personne qui répond n'a carrément aucune idée du sujet de la question. Au moins, cela aiderait les membres de l'opposition à être un peu plus satisfaits des réponses.
D'un autre côté, les préavis ne serviraient à rien dans les cas où, relativement à un sujet donné, le gouvernement est parfaitement au courant de ce qui se passe, mais est néanmoins réticent à s'expliquer. La plupart du temps, les questions que vont poser les membres de l'opposition sont faciles à deviner rien qu'en lisant les gros titres de la veille, et même si, officiellement, le gouvernement a reçu un préavis, il sait tout de même officieusement exactement sur quels sujets les questions vont porter. Malgré tout, il trouve toujours le moyen d'éluder les questions.
Nous pouvons examiner diverses modifications possibles afin d'améliorer les périodes de questions, mais le plus gros problème à ce sujet tient à la volonté politique du gouvernement et, dans une certaine mesure, de l'opposition, parce qu'il arrive parfois que les membres de l'opposition posent des questions auxquelles il est impossible de répondre. Ce n'est pas la même chose, on ne peut pas s'attendre à ce que le gouvernement réponde à des questions impossibles, mais très souvent les membres de l'opposition posent bel et bien des questions sur des points précis. Il ne s'agit pas toujours de questions sur des politiques — il peut s'agir de questions sur l'éthique du gouvernement ou les actions prises par celui-ci —, mais dans tous les cas, il s'agit de questions précises et claires auxquelles on peut répondre, et le gouvernement trouve malgré tout une façon de se défiler.
Ni un préavis ni une période de questions plus longue ne pourrait régler le problème sous-jacent à la période de questions, c'est-à-dire la volonté politique de répondre aux questions, le fait qu'on s'attend à ce que le gouvernement nous réponde. Ce manque de volonté politique explique en partie une certaine montée du cynisme envers le monde politique, c'est-à-dire le fait que le public ne s'attend pas vraiment à ce que les politiciens donnent des réponses pertinentes pendant la période de questions. C'est une prophétie qui s'exauce.
En passant, ce gros débat que nous tenons à propos de l'amendement, de cette motion, est en partie axé sur les attentes du public envers notre démocratie. Lorsque nous, membres de l'opposition, ne travaillons pas ensemble et n'acceptons pas les principes de consensus et d'égalité dont nous avons parlé, nous contribuons au cynisme du public et compliquons tout ce que nous faisons. Lorsque nous agissons ainsi, il est très difficile de progresser dans la bonne direction. Voilà le contexte dans lequel nous avons ces conversations.
Je ne veux pas avoir l'air de dire que nous ne devons ou ne pouvons pas adopter de réformes relativement à la période de questions. Ce n'est pas ce que je dis. Je crois que certains changements auraient pour effet d'accentuer la pression exercée par le public sur les ministres et les secrétaires parlementaires lorsqu'ils doivent répondre à une question. Je veux néanmoins que nous soyons clairs: il ne s'agit pas d'une panacée.
Je crois que la première étape, si on veut améliorer la période de questions, serait d'insister sur ce qui se passe à l'extérieur de la période de questions. Cela pourrait arriver ce soir, cela pourrait et devrait être l'oeuvre du Comité. Voici: le gouvernement devrait s'engager à travailler dans le respect de l'opposition et accepter le principe du consensus évoqué par cet amendement. Nous savons qu'un système démocratique fort a besoin à la fois du caucus du gouvernement et du caucus de l'opposition, parce que le gouvernement ne parle pas au nom de tous les Canadiens; seul le Parlement peut le faire.
Je crois que c'est quelque chose que le gouvernement pourrait accepter, et s'il l'acceptait, ce serait une première étape, et ensuite, cela pourrait s'étendre à divers secteurs de l'appareil gouvernemental: par exemple, respecter davantage l'opposition pendant la période de questions en donnant des réponses pertinentes à des questions pertinentes. Je crois que c'est la direction dans laquelle il faut progresser, mais le premier pas à franchir pour le gouvernement est de dire maintenant, devant le Comité, qu'il accepte que la loyale Opposition de Sa Majesté est indispensable à notre système.
J'aimerais maintenant aborder la question des lois omnibus. C'est une question très intéressante, bien sûr, puisque le budget vient d'être déposé devant la Chambre. J'ai profité de la demi-heure que j'avais avant de venir ici pour le lire.
Non, je plaisante...
Des députés: Ah, ah!
M. Garnett Genuis: ... mais ce que je veux dire, c'est que c'est un texte législatif très long qui touche toute une gamme de thèmes très hétérogènes.
C'est normal pour un budget d'aborder tout un éventail de thèmes, et je ne suis pas prêt à affirmer que davantage de thèmes y sont abordés qu'il n'en est nécessaire dans un budget. Je devrai étudier la question davantage afin de me prononcer, et je n'en ai pas eu le temps jusqu'ici. Tous les budgets qui sont déposés abordent un grand nombre de thèmes.
J'ai remarqué qu'il y a une rubrique sur les relations entre le Canada et les États-Unis. Le rôle du Canada dans le monde est également abordé. Lorsqu'il est question des affaires étrangères et du rôle du Canada sur la scène internationale dans le cadre d'un budget... bien sûr, il y a des dépenses liées aux affaires étrangères, mais lorsqu'il est question du rôle du Canada sur la scène internationale, je ne peux que supposer qu'on va aborder quelques principes philosophiques de base en plus des dépenses.
Il est très probable que ce budget est un projet de loi omnibus, du moins selon la description des projets de loi omnibus fournie dans le document de travail.
Je dois dire que la définition des projets de loi omnibus fournie dans le document de travail illustre bien le problème que posent certaines des discussions importantes concernant les projets de loi omnibus lorsqu'il n'y a pas de définition claire de ce en quoi ils consistent. Dans les faits, c'est très difficile de définir le genre de projet de loi qui ne vous plaît pas.
Je pourrais définir ce genre de projet de loi selon les thèmes absolument disparates qu'ils abordent, lorsqu'il n'y a aucun lien plausible entre le projet de loi et les thèmes, et qu'aucun lien n'est nécessaire. Dans le document de travail, les projets de loi omnibus sont décrits de cette façon:
Le gouvernement s'est engagé à mettre fin au recours inapproprié à des lois omnibus.
Le gouvernement affirme qu'il va mettre fin au « recours inapproprié » à des lois omnibus. Cela laisse sous-entendre qu'il y a un recours approprié à des lois omnibus, mais ce qu'il entend par cela n'est pas clair.
Il dit:
Un projet de loi omnibus désigne tout projet de loi qui renferme des éléments distincts et sans rapport les uns avec les autres. Les députés sont alors contraints de voter pour ou contre un projet de loi contenant des éléments qu'ils appuient et d'autres auxquels ils s'opposent.
Soyons clairs. Les députés sont toujours contraints de voter pour ou contre un projet de loi contenant des éléments qu'ils appuient ou d'autres auxquels ils s'opposent. Même les projets de loi très courts comprennent des éléments qu'on peut appuyer et d'autres auxquels on peut s'opposer. C'est très courant.
Par exemple, un projet de loi a été déposé devant la Chambre récemment. Je ne me souviens plus du numéro, mais certaines de ces dispositions concernaient la crise des opioïdes à laquelle nous sommes confrontés. Le projet de loi comprenait aussi quelques modifications visant précisément les dispositions sur la consultation des collectivités, et nous nous sommes fortement opposés à ces modifications. Selon notre caucus, ce n'était pas une bonne chose. Nous avons approuvé un grand nombre des dispositions du projet de loi concernant l'importation des presses à comprimés, l'ouverture de certains types de colis importés et l'amélioration du processus d'inspection. Malgré tout, il y avait une disposition à laquelle nous nous opposions. Nous avons proposé de la séparer du projet de loi, mais le gouvernement a refusé, même s'il comprenait qu'il était urgent de faire adopter ce projet de loi. Nous avons accepté d'accélérer le processus pour les deux parties du projet de loi si elles étaient séparées, et le gouvernement a tout de même refusé.
S'agissait-il d'un projet de loi omnibus? Oui, d'une certaine façon, puisque le projet de loi abordait des thèmes distincts et indépendants. D'un côté, il y a l'importation de l'attirail pour la drogue, et de l'autre, il y a les consultations avec la collectivité à propos des centres de consommation supervisée. D'une certaine façon, ce sont deux thèmes différents, mais qui, d'une autre façon, ne sont pas distincts, puisque ces deux thèmes sont liés à des interventions possibles pour réagir à la crise des opioïdes.
Ce projet de loi était-il un projet de loi omnibus? À dire vrai, il était dans l'intérêt public de scinder ce projet de loi. Les députés se sont retrouvés dans une situation où ils étaient forcés, pour citer le document de travail: « de voter pour ou contre un projet de loi contenant des éléments qu'ils appuient ou d'autres auxquel, ils s'opposent. » C'est bien beau, mais comment peut-on distinguer ce qui est ou pas un projet de loi omnibus? Je sais que le gouvernement précédent s'est attiré de nombreuses critiques à cause de son recours inapproprié, selon certains, à des lois omnibus. Les propositions du gouvernement précédent qui ont été présentées et adoptées dans les budgets ne sont pas du tout différentes des propositions avancées par le gouvernement au pouvoir dans chacun de ses budgets.
Tous les budgets comprennent un vaste éventail de modifications touchant divers sujets, allant du taux d'imposition aux dépenses du gouvernement visant à promouvoir ses objectifs économiques, en passant par le milieu de la réglementation. Bien entendu, tous les budgets ont un thème commun, soit le plan financier et économique du gouvernement. Voilà le thème commun, et celui-ci a des liens avec toutes sortes d'autres thèmes. Ce n'est pas un thème qui peut être isolé du reste des activités gouvernementales, mais c'est hors de tout doute un thème approfondi. Voyez-vous, quand un gouvernement propose un budget ou une loi d'exécution du budget, on y trouve habituellement beaucoup d'éléments différents qui sont liés à un thème commun.
Je crois qu'il serait juste de dire que, pour certaines personnes, il y a une grande différence entre le regroupement inapproprié d'éléments sous un thème commun, contrairement à un regroupement approprié, même s'il n'est pas facile de cerner clairement ce qui distingue ce qui est approprié de ce qui ne l'est pas dans une loi omnibus. Peut-être que si l'amendement était adopté et qu'on procédait à l'étude, cela pourrait jeter un peu de lumière sur ce qui est approprié et inapproprié dans le contexte actuel. Il faut savoir un peu de quoi on parle, surtout puisque, selon le document de discussion, c'est le Président qui doit trancher, en fonction de son jugement.
On peut s'attendre à ce qu'un Président prenne une décision qui reflète ce que dit le Règlement, en s'appuyant sur un précédent. Toutefois, lorsqu'il n'y a pas de précédent clair pour distinguer de façon officielle les recours appropriés et les recours inappropriés à des lois omnibus, cela mettrait, selon moi, le Président dans une situation très difficile, à moins que le Comité puisse s'entendre sur une définition précise de ce qui est ou non acceptable dans une loi omnibus.
Certains diraient peut-être que tout est une question de longueur, puisque les lois de l'ancien gouvernement ont été critiquées à cet égard dans une certaine mesure. Elles étaient simplement trop longues. Malgré tout, si votre but est de mettre en oeuvre un plan économique exhaustif, il est très probable que le texte soit très long, même si tous ses éléments thématiques sont liés.
Je ne suis pas certain de ce qu'on veut faire avec cela, mais je peux vous dire ce que je soupçonne. Lorsqu'il était dans l'opposition, le gouvernement actuel a fait beaucoup de promesses à propos de changements institutionnels qu'il souhaitait apporter. Parfois, les partis de l'opposition s'engagent à modifier les institutions sans vraiment le vouloir. Nous en avons déjà été témoins; prenez le cas de la réforme électorale, entre autres.
Pour revenir aux lois omnibus, le gouvernement en a utilisé. Il veut continuer de le faire. De nos jours, vu la structure complexe des gouvernements, il est difficile de croire qu'un budget ne pourrait pas aborder toute une panoplie de thèmes, mais ceux-ci doivent être liés à un thème global. Malgré tout, le gouvernement veut pouvoir se réserver la distinction entre le recours approprié et inapproprié à des lois omnibus, tout comme il veut se réserver la distinction entre les bons et les mauvais déficits et l'attribution acceptable ou inacceptable du temps. Manifestement, il ne peut pas juger de façon impartiale ce qui est approprié ou inapproprié. Ce qu'il fait, en réalité, c'est teinter tout le processus de partisanerie. Lorsque le gouvernement dit qu'il s'est engagé à « mettre fin au recours inapproprié à des lois omnibus », on a l'impression que tout ce qu'il veut dire, c'est qu'il veut distinguer les mesures qu'il prend de ce que le gouvernement précédent faisait. On souligne la différence entre les partis, mais on ne souligne pas de façon claire les éléments importants en jeu.
Au bout du compte, le Président ou la Présidente, un agent neutre de la Chambre, se retrouve dans une situation très difficile, puisqu'il ou elle doit décider de ce qui est approprié ou pas, alors que les critères ne sont même pas bien définis par le gouvernement. Comment peut-on s'attendre à ce qu'il ou elle demeure neutre et agisse au nom de l'institution afin de faire une distinction claire et définie alors qu'on ne peut même pas dire clairement qu'il ou elle sait ou comprend réellement en quoi consiste cette distinction?
La prochaine partie — le thème 3 dans le document de travail — concerne la gestion des comités. Je ne peux m'empêcher d'être un peu perplexe en lisant le titre de cette partie. À mesure que j'avance dans le document de travail de la leader parlementaire, je me rends compte qu'il y a, d'un côté, ce qui est indiqué directement dans le document, c'est-à-dire les arguments et les problèmes connexes qu'on peut et qu'on doit soulever, et d'un autre côté, le ton, le vocabulaire utilisé pour exprimer les idées, qui exposent clairement la perspective adoptée et qui justifient le principe du consensus que doit suivre le Comité. Pour être honnête, je préférerais que le Comité génère les idées et éclaire la voie à suivre, au lieu de voir ses débats encadrés directement par la leader parlementaire.
Nous obtenons des expressions comme « gestion des comités ». C'est quelque chose que quelqu'un dans le bureau d'un leader dirait: « D'accord, nous devons gérer les comités. » Ceux d'entre nous qui siègent à un comité affirmeraient que nous devons tenir compte de la « gouvernance » du comité, le considérer comme une entité qui s'autogouverne, pas comme un groupe d'enfants qui pourraient s'égarer et qui doivent être gérés, mais comme un organe vital de notre démocratie qui doit examiner la façon dont il est régi.
Certaines de ces tournures de phrases sont décevantes. Cependant, d'une certaine manière, elles sont utiles parce qu'elles sont très révélatrices et qu'on peut espérer qu'elles attireront l'attention de tous les députés, ceux du gouvernement comme ceux de l'opposition, sur le besoin d'adopter un amendement qui nous permettra de procéder à une discussion dont le cadre est établi d'une manière fondamentalement différente et sur le fait que nous devons amorcer cette discussion sur un autre pied.
Néanmoins, le « thème 3: Gestion des comités » — comme il s'intitule —, comprend quelques autres tournures de phrases qui, selon moi, devraient sauter aux yeux des députés en ce qu'elles illustrent les problèmes liés au ton adopté par la leader de la Chambre du gouvernement, et c'est donc pourquoi il est crucial que l'on protège l'apport de l'opposition au moyen de cet amendement. Il est ainsi libellé: « Les députés qui se concentrent sur les questions de fond sont moins [susceptibles d’avoir] recours à des tactiques. »
Disons-le clairement. Ce que nous avions, c'est l'introduction d'un document de travail, pour ainsi dire, comportant tous ces problèmes, durant une semaine de pause, puis le refus d'appuyer un amendement qui établirait les conditions dans lesquelles le gouvernement chercherait à imposer unilatéralement des changements draconiens à la façon dont fonctionnent nos institutions parlementaires. Si vous voulez parler de recourir à des tactiques, il s'agit certainement d'un recours à des tactiques, quoiqu'il s'agit tout de même d'une tournure de phrase plutôt étrange et maladroite.
Le document de travail se poursuit ainsi: « Par conséquent, la Chambre pourrait envisager des moyens de rendre les comités plus inclusifs et de veiller à ce que des tactiques obstructionnistes ne grugent pas le travail de fond des comités. » Selon moi, cette disposition établit une justification du fait de limiter des choses comme des députés qui parlent longtemps de questions particulières. En réalité, ce qui est envisagé, ce sont des modifications qui laisseraient encore en place la capacité du gouvernement de recourir à des tactiques. C'est ce qu'il fait au moyen de sa motion, de son document de travail et de son refus d'appuyer notre amendement. Il éliminerait simplement la capacité de l'opposition de disposer d'outils à utiliser en réaction.
Ce que nous avons, actuellement, c'est un certain genre d'équilibre qui est établi par le Règlement. Cela signifie que le gouvernement a certains outils à sa disposition, tout comme l'opposition. Nous calibrons notre utilisation de ces outils en réaction à certaines circonstances, à certaines situations. Nous les utilisons en réaction à ce à quoi nous sommes confrontés. Nous les utilisons plus ou moins. Si nous sommes sages, nous les utilisons avec parcimonie, seulement pour attirer l'attention sur des préoccupations très particulières que nous avons et qui, selon nous, interpellent le grand public.
En tant que représentants élus, tout nous incite à employer les tactiques auxquelles nous avons accès d'une manière qui est sage, judicieuse et mesurée. Au lieu de cela, le gouvernement met en place au moyen du processus qu'il a établi — dans le contexte de ce qui se passe au Comité — les circonstances dans lesquelles l'opposition ne serait pas en mesure d'employer des tactiques, même alors que le gouvernement pourrait le faire.
Le libellé mentionne précisément: « veiller à ce que des tactiques obstructionnistes ne grugent pas le travail de fond des comités. » Il ne mentionne pas l'autre ensemble de tactiques, qui consiste à proposer une motion un vendredi. À ce stade, l'établissement d'un calendrier, au cas où l'amendement serait adopté et que nous irions de l'avant — même s'il limite tout de même la durée des périodes qui pourraient servir aux débats —, ne constitue pas une tactique obstructionniste. C'est l'inverse de la tactique du gouvernement qui tente de faire adopter de façon inappropriée quelque chose qui mériterait une conversation plus longue et approfondie.
Je pense m'être déjà opposé au titre « Gestion des comités ». Selon moi, « Gouvernance des comités » en serait un meilleur, mais les titres « Gestion de l'opposition au sein des comités » ou « Gestion du désir de l'opposition de représenter ses électeurs » seraient également plus exacts et décriraient mieux le contenu du thème. Il importe que nous puissions employer des tactiques pour contester le gouvernement et ses façons de faire qui nuisent aux intérêts de notre circonscription.
Je pense qu'il y a une proposition dont on peut probablement voir la valeur en principe, mais qui présente certains problèmes en pratique, puis, immédiatement après, on constate qu'il s'agit en fait d'établir la justification d'autres choses que le gouvernement veut faire et qui me posent un réel problème. Le thème 3 que nous étudions porte sur la création de l'espace nécessaire pour qu'un « député indépendant [soit] membre d’office des comités, avec tous les privilèges qui se rattachent à cette fonction, sauf le droit de vote ou de faire quorum. »
Je cite le texte, bien sûr, et la citation se poursuit ainsi: « Ainsi, des députés indépendants pourraient participer aux travaux à huis clos, interroger des témoins et voyager avec les comités. »
Concernant quelques-uns des enjeux dont il est question, oui, on pourrait avoir besoin de dispositions qui donneraient de plus grandes possibilités de poser des questions et de voyager, même si je crois que la pratique devrait être que nous permettions aux députés d'assister aux séances à huis clos des comités. Cela ne se produit pas toujours, et, dans le cas d'un projet de loi particulier présenté au début de l'actuelle législature, cela n'a pas eu lieu, et j'ai été très préoccupé à ce sujet. De façon générale, on devrait déjà procéder de manière à ce que tout député qui veut assister aux procédures du Comité, qu'elles soient en public ou à huis clos, soit en mesure de le faire, pourvu — bien entendu — qu'il respecte les dispositions qui, nous le savons, sont associées au fait d'être à huis clos et à l'utilisation des documents qui sont produits à huis clos. Je pense que tous les députés connaissent cette procédure et comprennent ce qui est attendu d'eux dans ce contexte, et, s'ils ne sont pas membres d'un comité particulier, ils pourraient être membres d'un autre comité.
La question des procédures à huis clos ne serait pas nécessairement un changement draconien, selon moi. Je veux poser deux ou trois questions, toutefois, au sujet de la participation à des comités de députés indépendants jouissant de certains de ces privilèges. Je suppose que la question serait la suivante: qui détermine quels députés indépendants siègent au comité? Qui détermine quels députés indépendants ont la possibilité de siéger ou de faire partie de quels comités?
L'autre question, c'est que, si le processus permettait aux députés indépendants de choisir à quel comité ils veulent appartenir, cela aurait pour effet de leur conférer des pouvoirs que ne possèdent pas ceux qui sont membres de partis politiques parce que, comme je suis certain que les membres du gouvernement le savent, selon la procédure habituelle, ils ne choisissent pas à quels comités ils siègent. C'est le whip et son bureau qui les affectent aux comités. Il est possible que certains des députés qui sont ici présents aujourd'hui n'ont pas choisi de siéger au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Je suis certain que c'est peu probable, mais c'est possible; pourtant, ce qui est envisagé dans le cadre du processus imaginé par la leader de la Chambre, c'est que la décision au sujet de qui est affecté à quel comité serait un choix que pourrait faire le député indépendant.
Ce n'est pas énoncé, mais je pense que c'est sous-entendu. Ils pourraient dire qu'ils voulaient siéger au comité des finances ou qu'ils voulaient faire partie du comité des affaires étrangères. Alors, je suppose que nous nous retrouverions avec un ou deux problèmes. Premièrement, l'affectation des députés indépendants aux comités serait laissée à la discrétion du gouvernement. Je ne pense pas qu'on voudrait cela, mais la solution de rechange consisterait à accorder aux députés indépendants, dans un sens, une plus grande influence qu'aux députés qui appartiennent à un parti, en raison de la question du choix de comité.
Il y aurait des façons de régler ce problème. Selon moi, il serait intéressant d'imaginer un système de comités dans lequel, indépendamment des partis, les députés pourraient signifier leur intérêt à l'égard de comités particuliers. Ensuite, cette affectation pourrait être effectuée de façon plus indépendante. On pourrait imaginer cela comme une solution de rechange possible qui ferait participer au processus les députés indépendants tout en permettant d'assurer une certaine égalité entre ceux qui étaient membres d'un parti et ceux qui ne l'étaient pas.
Il s'agit d'une préoccupation que j'avais relativement au projet de loi du gouvernement, mais elle s'applique également au cas qui nous occupe. Le projet de loi prévoit que, dans le cas du comité du renseignement de sécurité — je n'ai pas exactement le bon nom, mais c'est le comité d'examen du renseignement —, le premier ministre nomme un certain nombre de membres, dont seulement quelques-uns peuvent être membres du caucus du gouvernement. Toutefois, cette disposition crée un problème qui tient à la possibilité que, pour quelque raison que ce soit, des députés indépendants quittent le caucus du gouvernement, tout en demeurant, dans un certain sens, quasi-membres du caucus du gouvernement. Ils sont utilisés par le gouvernement, car les règles prévoient seulement qu'un certain nombre de membres du gouvernement peuvent siéger à un comité; pourtant, le gouvernement pourrait nommer à titre de non-membre du gouvernement une personne qui agit effectivement en tant que membre du gouvernement dans ce contexte.
Nous avons le cas d'au moins un ancien membre du caucus du gouvernement qui vote très fréquemment avec le gouvernement. Dans le contexte où un député indépendant ne fait pas partie de son caucus, le gouvernement pourrait reconnaître qu'il peut vraiment utiliser cette personne pour faire des choses que les membres du gouvernement ne peuvent pas faire, comme être une personne supplémentaire au sein d'un comité. Si nous devions voir un gouvernement employer ce genre de tactique, je pense que ce serait problématique. Selon moi, il s'agirait d'un abus de la procédure et du statut de député indépendant.
Actuellement, bien entendu, le fait d'être un député indépendant ne présente pas de nombreux avantages. Principalement, compte tenu de la façon dont notre système est construit, il est plutôt désavantageux d'être un député indépendant. Des problèmes pourraient être créés, par le cadre établi dans le projet de loi et par une partie du libellé qui est utilisé dans le texte à l'étude, qui illustrent la nécessité de cette vaste discussion. L'opposition a besoin d'avoir la possibilité de soulever un débat au sujet de certains des problèmes potentiels auxquels le gouvernement n'a peut-être pas pensé relativement à certaines des questions qui pourraient être de nature plus technique, de se prononcer sur ces sujets et, dans le contexte des dispositions sur l'unanimité, de prendre part à une telle discussion. Cela pourrait simplement tenir au fait de ne pas nécessairement avoir prévu quelque chose.
Pourquoi ne pas intégrer dans la procédure une approche liée au processus décisionnel qui soit plus ascendante et axée sur le consensus que celle qui a été établie par la motion, en l'absence de l'amendement?
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux de pouvoir me joindre au débat, enfin, après que mon collègue, M. Genuis, a pu terminer son introduction et réserver ses commentaires ultérieurs pour un autre moment.
J'ai rédigé un aperçu des commentaires que je veux formuler. Contrairement à M. Genuis, je n'ai pas le don d'être concis et d'humeur égale en formulant ces commentaires.
Je commencerai peut-être par ma première journée ici, au Parlement, les premières semaines, quand nous avons commencé. Je me souviens d'avoir été un tout nouveau député — un novice —, et je me rappelle qu'environ 200 d'entre nous étions à l'édifice Sir John A. Macdonald pour la première séance d'orientation des recrues. Quand nous sommes allés là-bas, on nous a dit quels allaient être nos rôles et quel privilège c'était de servir en tant que député. On nous a dit que très peu de gens étaient venus ici avant nous et que très peu de gens avaient eu la possibilité de prendre la place de nos prédécesseurs et de pouvoir servir notre pays de cette manière, que ce soit dans une assemblée législative provinciale — qui est tout aussi un privilège — ou au Parlement du Canada.
Je me rappelle qu'à cette occasion le était entré à un certain moment et que la procédure avait été interrompue. On lui avait donné la possibilité de prendre la parole et de s'adresser à tous les parlementaires novices qui étaient présents. Il a mentionné toute l'importance du rôle de député et comment il allait renforcer notre capacité de contribuer au Canada, d'apporter notre contribution par le truchement de lois et de débats. C'était un bon sentiment à avoir, à l'époque. Je ne constate tout simplement pas qu'on y donne suite dans le cadre des activités quotidiennes, quand je vois des motions comme celle-ci, puis qu'un amendement très raisonnable est proposé pour l'améliorer, pour déterminer exactement à quoi sert cet endroit, c'est-à-dire rôles des députés — des parlementaires —, pas de l'exécutif.
Le document de travail me pose de gros problèmes, de même que la façon dont la procédure en est arrivée au stade où cette motion est maintenant présentée au Comité aux fins de ce que je considérerais être une étude menée à la hâte.
Ce n'est pas un camp de vacances. J'ai déjà été animateur dans un camp de vacances. J'ai été responsable d'autres personnes. J'ai été superviseur à la Chambre de commerce pour le personnel responsable des politiques et j'ai été responsable du fonctionnement de comités de bénévoles qui accomplissaient beaucoup des mêmes tâches que le Parlement, mais pour le milieu des affaires, à Calgary.
Je dis que ce n'est pas un camp de vacances parce que nous ne devrions pas être traités comme si nous étions un tas d'enfants qui ont besoin que le gouvernement surveille les activités que nous menons au nom de nos électeurs. Je ne pense tout simplement pas qu'il s'agisse du bon degré de responsabilité. Ce n'est pas la relation que nous devrions avoir avec le gouvernement.
Ce que je vois dans la motion proposée pour la tenue d'une étude, essentiellement, c'est exactement cela: le type de traitement qui indique que nous, les parlementaires, ne pouvons pas nous gouverner, que nous sommes incapables de faire ce qui est le mieux pour le Parlement et pour régler les problèmes de politique publique touchant les Canadiens de partout au pays ou touchant des provinces ou des villes précises. Il s'agit selon moi d'un aspect très important à se rappeler.
En réalité, je n'ai que deux ou trois arguments à formuler, mais j'ai environ trois douzaines de sous-arguments liés à chacun d'eux. Je pense que le libellé de la motion est déraisonnable, sans l'amendement pour le corriger. Selon moi, la motion est également irresponsable.
J'ai fait l'effort de regarder les fois où, dans le passé, un consentement unanime avait été obtenu afin de modifier le Règlement de la Chambre, puis d'autres fois où il n'y a pas eu de consentement unanime et où le Parlement a commencé à se fractionner. Les gens ne s'entendaient pas. La confiance et l'environnement de collaboration dans lequel nous vivons se sont rompus et n'existaient plus, puis les choses ont commencé à ralentir. Le gouvernement n'était pas en mesure d'adopter la loi qu'il voulait, et il blâmait l'opposition.
En vérité, le gouvernement détient tout le pouvoir. Vous n'êtes pas membres du gouvernement; vous êtes membres du caucus du gouvernement. Vous appuyez le gouvernement parce que vous adhérez aux politiques qu'il présente. Vous êtes également libres de ne pas y souscrire, tout comme nous le faisons de ce côté-ci. Nous sommes libres de ne pas être d'accord avec notre parti et de voter selon notre conscience et les impératifs de nos partisans et de nos bénévoles.
Il arrive parfois que des députés affirment que, s'ils appartiennent à un parti politique, le programme politique, la plateforme électorale du parti, c'est ce qu'ils veulent mettre en oeuvre ici même et dans la Chambre. Ils font de leur mieux pour parcourir le plus grand nombre possible de livres de politique et le plus grand nombre possible de plateformes stratégiques afin de tenter de les faire mettre en oeuvre.
Toutefois, j'affirmerais que nous devons respecter les cercles de responsabilité. Peu importe comment nous choisissons de voter, et quelles que soient les politiques que nous choisissons de promouvoir, nous devons tout de même rendre des comptes à quelqu'un, en dernière analyse. Je me plais à penser qu'en tant que députés, en tant que parlementaires qui avons pris la place que d'autres ont occupée dans le passé, nous avons une double responsabilité.
Notre première responsabilité est celle envers les Canadiens, nos électeurs, nos partisans, nos donateurs, nos bénévoles, nos familles, notre affiliation politique et notre confession, si nous sommes membres d'une communauté confessionnelle.
Notre deuxième responsabilité est envers ceux qui ont siégé avant nous. Le Parlement n'est pas simplement apparu en 2016. Son existence remonte à bien longtemps, comme M. Genuis l'a mentionné auparavant lorsqu'il a commencé à lire des parties de la Magna Carta, laquelle a donné naissance à de nombreux... Heureusement, il ne l'a pas lue dans son intégralité parce que cela aurait été long. Je plaisantais avec lui en disant qu'il aurait peut-être dû la lire en français. Une bonne traduction l'aurait aidé à la lire au complet.
Nombre de députés avant nous, que je pourrais citer, ont dit à quel point ils appréciaient encore plus le Parlement après avoir siégé de nombreuses années que lorsqu'ils ont commencé en tant que recrues. Je crois que c'est naturel lorsque vous devez vous adapter à un nouvel environnement de travail. Vous aimeriez faire les choses différemment ou arriver au travail à des heures différentes. Vous souhaiteriez avoir un autre superviseur ou que votre horaire soit organisé autrement. J'ai déjà entendu cela à maintes reprises. Je travaillais aux ressources humaines. J'étais greffier pour une association professionnelle en Alberta. C'était très courant. Il y avait 6 000 membres. Je pouvais leur parler très souvent, et ils mentionnaient les types de problèmes qu'ils constataient à leur lieu de travail et parlaient des types d'environnements dans lesquels les gens travaillaient.
Ensuite, vous aviez ce mélange intergénérationnel. Les gens aiment travailler de manière différente, selon leur génération, il y a donc une période d'ajustement à cet égard.
Je crois que c'est la même chose pour le Parlement. Il change la façon dont nous organisons nos travaux afin de répondre aux attentes de groupes de Canadiens et de générations selon toutes les cohortes démographiques que nous avons.
Je ne crois pas, cependant, que le Parlement soit comme une société. Il n'est pas comme une organisation sans but lucratif. Il n'est pas comme d'autres entreprises. Je me suis écrit une note pour me rappeler que si demain une entreprise privée faisait faillite et que des gens perdaient leur emploi, ils devraient s'en trouver un autre. L'entreprise fermerait progressivement ses portes. Ses actifs seraient redistribués. Cela ne peut pas se produire au Parlement. Ce n'est tout simplement pas possible. Nous ne devons pas laisser cela se produire. Notre travail, en tant que parlementaires, c'est de nous assurer que cela n'arrive pas.
Le fait de changer les règles et la façon dont nous menons nos travaux pourraient facilement entraîner une situation dans laquelle les parlementaires participeraient encore moins aux débats de la Chambre. Notre rôle principal n'est pas comme celui qu'on jouerait dans une entreprise. Si vous faites partie d'une société à but lucratif, vous générez un profit soit pour les actionnaires, soit pour les propriétaires de la société, peu importe sa forme. Si vous travaillez pour une organisation sans but lucratif, comme je l'ai fait dans une association professionnelle, la chambre de commerce, c'est pour générer une valeur pour les membres, peu importe sa forme, encore une fois.
Ici, notre rôle est vraiment de débattre des questions. Nous sommes un organisme délibérant. Nous ne sommes pas évalués en fonction de la quantité de lois que nous adoptons au nom du gouvernement; c'est la raison pour laquelle l'amendement est si important. Le changement des règles pour les rendre plus efficaces a été l'expression qui a été utilisée pour justifier la réforme du Règlement de la Chambre des communes, ou la modernisation du Règlement de la Chambre des communes. J'ai un problème avec le mot « modernisation ». Il sous-entend d'une certaine façon que cet endroit n'est pas moderne et que nous ne pouvons pas faire les choses dans un environnement contemporain au moyen d'une pratique passée ou d'un consentement unanime, comme nous l'avons fait à de nombreuses reprises auparavant. Ces choses nous aident en réalité à faire notre travail, alors on ne parle pas de « modernisation », puisque nous sommes modernes, mais peut-être que le mot « contemporain » serait approprié.
Je crois aussi qu'un autre problème que nous éprouvons est celui d'une conception selon laquelle le Parlement ne peut pas connaître d'échecs. Il ne devrait pas essuyer d'échecs. Le travail des parlementaires, non pas celui du gouvernement du Canada, c'est de trouver le meilleur modèle et le meilleur environnement de travail possibles et de déterminer la façon de mener nos travaux quotidiens afin d'atteindre cet objectif.
En tant que parlementaire du côté de l'opposition, mon but est de m'assurer que le gouvernement rend des comptes relativement à ses décisions en matière de dépenses et de politiques. Par tradition, je crois vraiment que mon rôle est d'examiner régulièrement le budget principal et les dépenses du gouvernement, au comité dont je fais partie, soit, dans le cas présent, le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
Ensuite, il s'agit de contribuer aux débats sur les politiques. Nous délibérons. Nous n'avons pas un certain quota de lois que nous sommes censés adopter au bout du compte, concernant tant les affaires et les motions émanant du gouvernement que celles émanant des députés.
Avant de poursuivre encore trop longtemps, je veux seulement vous donner une brève description de ce que j'aimerais aborder.
Une des premières choses avec lesquelles je veux faire une comparaison, c'est un conseil de gouvernance. Je veux comparer le Parlement à la façon dont les sociétés, les chambres de commerce et les endroits où j'ai travaillé menaient leurs activités. Ensuite, je veux parler du leadership consensuel et du processus décisionnel par consensus. Je crois vraiment que le Parlement fonctionne au mieux lorsqu'on dégage un consensus, lorsqu'il y a une coopération et une confiance. Vous gagnez la confiance et vous la perdez au moyen de différentes activités. Je crois que ça va dans les deux sens, du côté de l'opposition et du côté du gouvernement, mais comme l'opposition est vraiment à la merci du gouvernement — du caucus du gouvernement et du gouvernement —, nous cherchons ces possibilités de coopération afin d'établir un climat de confiance et de compréhension.
J'ai mentionné différentes citations du premier ministre John Diefenbaker, qui aimait profondément le Parlement. En fait, un des tics de langage qu'il avait, au lieu d'utiliser des « euh » ou des « ah », il disait: « j'adore notre Parlement. » Cela lui donnait juste assez de temps pour penser à la prochaine chose qu'il voulait dire et il poursuivait pendant 20 autres minutes. Je suis certain que s'il était ici aujourd'hui, il répéterait: « J'adore notre Parlement » chaque heure, mais ce ne serait pas un tic de langage. Il dirait sincèrement à quel point il appréciait et aimait cet endroit. Il aimait tellement le Parlement qu'il a refusé de déménager son bureau à un moment donné, et c'est depuis à l'avantage de l'opposition.
Il a effectivement dit que le Parlement était le garant de nos libertés. Ça ne tenait pas seulement aux lois qui étaient adoptées ici ni à une croyance en quelque chose à l'extérieur du Parlement; le Parlement est le garant des droits et libertés des Canadiens, mais aussi des parlementaires et des privilèges dont nous bénéficions afin d'accomplir le travail pour lequel nous avons été élus.
Maintenant, je veux parler brièvement de la Great Reform Act de 1832 au Royaume-Uni. À nos yeux de conservateurs, l'année 1832 et les décennies précédant 1867 sont très importantes pour le mouvement conservateur au Royaume-Uni et au Canada parce qu'elles ont mené à l'éclatement du Parti conservateur initial. Les réformes de 1832 visaient vraiment la façon dont le Parlement fonctionnait. Elles portaient sur les circonscriptions pourries et la façon dont les premiers ministres étaient responsables des parlementaires, de même que sur la responsabilité des partis politiques, des unités politiques, de l'ensemble de la coalition, la confiance qui régnait entre eux et le manque de confiance entre les factions Peelite et d'autres. Je crois que ça vaut la peine d'en parler, du moins un peu.
Enfin, je vais probablement terminer en parlant du document « La Réforme du Règlement de la Chambre des communes » parce que j'éprouve de sérieux problèmes avec le contenu et le processus par lequel il a été mis en oeuvre. Je vais examiner l'avis de motion et l'amendement très raisonnable que nous avons proposé qui l'améliorerait. Mon problème, c'est que la plus grande partie de mon examen devrait être effectuée dans le cadre d'études individuelles. Je veux seulement en parler un peu plus et vous donner des exemples d'autres administrations qui l'ont fait exactement de cette façon. Il y a beaucoup de matériel ici auquel on ne peut pas rendre justice en l'adoptant à toute vapeur d'ici le 2 juin. Il n'y a tout simplement pas assez de temps ni d'occasions pour le faire.
J'ai ici avec moi le rapport McGrath que de nombreux députés ont également consulté. M. Christopherson en a parlé à plusieurs reprises, ce qui montre que, à l'époque, au Comité, il y avait une unanimité, une entente, un consensus et une coopération pour mettre de l'avant les recommandations que tous les parlementaires pourraient examiner afin de réformer la façon de mener leurs travaux. Cela a été fait grâce à la conviction qu'ils avaient fait leur travail, et c'était le cas.
Il s'agit d'un rapport assez volumineux. À la blague, on dit qu'un comité permanent de la Chambre rédige un rapport et le relègue aux oubliettes sans que personne ne le lise. Cette fois, à mon avis, bon nombre d'entre nous ont en réalité lu très attentivement le rapport. C'est un travail important dont on devrait tenir compte ici, et il vaut la peine de le répéter.
Je veux aussi mentionner, avec le rapport McGrath, mon expérience dans le cadre d'autres comités. J'ai été suppléant dans d'autres comités de la Chambre des communes pendant que je siégeais à notre comité et j'ai aussi travaillé sur des rapports et des études avec d'autres comités où nous avons obtenu l'unanimité. Je siège au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, et, à ma connaissance, depuis que je me suis joint au comité de manière permanente, il n'y a pas eu un moment où nous avons déposé un rapport dissident. On me corrigera si je me trompe, mais je ne me souviens pas d'avoir rédigé un rapport dissident. C'est parce que nous avons travaillé extrêmement fort pour favoriser la coopération et l'obtention d'un consensus. Nous avons fait des compromis, en tant que représentants de l'opposition au sein du Comité, tout comme les membres du caucus du gouvernement. Nous avons eu la possibilité de trouver un terrain d'entente et des recommandations que nous pourrions proposer aux autres parlementaires qui reflétaient en réalité le point de vue du Comité. Vous constaterez que les rapports que nous rédigeons disent en effet: « Le Comité est d'avis que... », « Le Comité croit que... »
Chaque fois que vous lisez cela dans ces rapports, c'est véridique. Je sais que c'est vrai parce que, à tous coups, avant d'écrire ces lignes, nous nous sommes arrêtés et avons demandé à chacun des membres s'il était d'accord avec cela, s'il croyait en réalité à la véracité de chaque phrase qui suivait, et nous avons toujours dégagé un consensus. Je ne crois pas que ce sera le cas ici parce que le processus en vertu duquel la motion a été présentée au Comité et le caractère déraisonnable du fait de résister à une proposition d'amendement très bien étayée par mon collègue pour améliorer le processus minent la confiance.
Je comprends que le Comité a été en mesure jusqu'à maintenant de travailler avec une collaboration et une recherche de consensus substantielles, ce qui représente, selon moi, une caractéristique importante des travaux du Comité et de la façon dont nous travaillons à la Chambre des communes.
C'étaient les cinq points que je voulais soulever. Je vais peut-être passer du coq à l'âne à un moment donné, et vous me pardonnerez si je le fais. Je vais essayer de réduire les répétitions autant que possible pour parler des sujets que je veux aborder.
La motion dit effectivement vers la fin « ... la création ou la révision d'usages de la Chambre que si elles sont acceptées à l'unanimité par le Comité... », et je crois que c'est essentiel. Vous n'arrivez pas à ce stade sans établir la confiance au Comité, et actuellement, il n'y en a tout simplement plus entre les deux côtés. Je suis au Comité depuis mardi pour débattre de la question et j'ai eu le grand plaisir d'écouter mon collègue, M. Genuis, exposer ses arguments. Je crois qu'il a fourni un effort herculéen.
Je désire également nous féliciter tous. C'était aussi un effort herculéen de l'écouter pendant les neuf dernières heures. C'est un très bon ami à moi. Il a présenté de nombreux bons arguments et m'a enlevé la possibilité de présenter les mêmes arguments. Je ne veux pas répéter ce qu'il a dit.
Je devrais aussi mentionner l'expérience que j'apporte au débat du Comité. Je suis un nouveau parlementaire, et c'est mon premier mandat, mais je travaillais aussi pour un député, il y a environ 12 ans, lorsqu'il a été élu pour la première fois à la Chambre des communes. Il s'agissait de M. Steven Blaney, qui est devenu ministre. Il est toujours député à la Chambre des communes. Je me souviens d'avoir été tout aussi confus que lui à propos du Règlement et de la réglementation de la Chambre et j'ai pris le temps de les apprendre de mon mieux pour l'aider dans le cadre de son travail.
Je participe à ce débat, donc fort de différents points de vue. Je suis député et j'ai travaillé pour un député. J'ai aussi eu l'honneur de faire partie du personnel exonéré du ministre de la Défense nationale dans le cadre des travaux parlementaires touchant les portefeuilles dont j'étais responsable. Ce processus m'a permis de mieux comprendre la capacité de l'opposition de contrecarrer et de compliquer mes efforts et de me rendre la vie beaucoup plus difficile en tant que membre du personnel. À l'époque, je ne le comprenais pas, mais maintenant je le comprends avec le recul. Je crois que c'est seulement avec le temps qu'on commence à comprendre la capacité de l'opposition de ralentir les choses; ce n'est peut-être pas efficace, mais ça nous permet d'avoir du temps de réflexion très précieux.
Contrairement à de nombreux députés ici, j'ai également fait partie du personnel exonéré provincial du ministre du Développement durable des ressources et du ministre des Finances à l'Assemblée législative de l'Alberta, que nous appelons aussi Trésorier provincial. J'ai fait partie de son personnel pendant trois ans en tant que conseiller en politiques, mais j'ai aussi étudié une grande partie du Règlement de l'Assemblée législative de l'Alberta; je présente donc ces deux points de vue ici. Je sais qu'il y a de nombreux députés, du côté du caucus du gouvernement et des caucus de l'opposition, qui ont servi dans une assemblée législative ou un parlement provincial, selon le cas, qui possèdent également ce type d'expérience.
Je demande toujours aux parlementaires de faire preuve de prudence et de ne pas nécessairement regarder la façon dont les provinces mènent leurs travaux pour trouver le meilleur modèle d'efficacité. À l'Assemblée législative de l'Alberta, on peut pratiquement adopter une loi en une seule journée. Je ne crois pas personnellement que c'est ce type d'efficacité dont nous voulons ici. Ce n'est pas le type d'efficacité pour laquelle les parlements et les assemblées législatives ont été créés. Notre modèle nous permet de tenir des délibérations, et cela peut représenter un élément...
Je vais peut-être enchaîner ici avec le document qui a été proposé, soit l'étude, la motion, qui se fonde sur l'étude de parties du document et du Règlement au cours du débat tenu le 6 octobre. Il indique ici: « Même si le Parlement est fondamentalement un système accusatoire... » Maintenant, si nous nous arrêtons ici, j'ai un problème à qualifier cet endroit d'« accusatoire ». Je ne considère pas les membres du caucus du gouvernement comme mes adversaires. Vous n'êtes pas mes ennemis. Je pense vraiment que vous êtes mes collègues.
Pour vous, monsieur le président, je suis un collègue moins expérimenté. Nous avons pris deux ou trois vols qui passaient par Toronto, profité de l'excellent service d'Air Canada et avons été coincés à Toronto à quelques reprises. Ces choses-là arrivent. J'apprécie grandement mes collègues expérimentés et ceux qui sont ici depuis longtemps, qui ont plus d'expérience que moi, peu importe leur parti politique, parce qu'ils ont beaucoup d'expérience sur la façon dont le Parlement fonctionne. Je ne les appréciais pas autant lorsque je suis arrivé ici.
Nous avons été élus au cours d'élections différentes. Je me tiens, si l'on peut dire, beaucoup plus avec les élus de 2015 qu'avec « les autres », comme nous les appelons, peu importe leur affiliation politique, mais nous apprenons de ces autres, comme le président . J'ai beaucoup appris de lui sur la façon d'être un meilleur membre du Comité. Il a pris le temps de m'expliquer les règles des comités, comment ils fonctionnent et où se trouvent les grands avantages et inconvénients. J'ai changé mon comportement et le travail qu'on me demande de faire au Comité.
J'apprécie ce type de conseils. Vous ne les obtenez pas de la part de députés moins expérimentés, évidemment, parce qu'ils ne possèdent pas encore cette expérience. Ces changements des règles, alors, dépendent des députés plus expérimentés qui nous donnent certains conseils et nous disent où se trouvent les pièges. Si vous changez les règles de cette manière, il y aura des conséquences imprévues.
J'ai besoin que des députés comme M. Simms m'expliquent ce qui s'est produit par le passé. Comme je le disais auparavant, je compte sur les députés plus expérimentés, peu importe leur parti politique, pour profiter de leur jugement sur les règles, les procédures et la façon dont elles devraient fonctionner.
Maintenant, je crois vraiment que si le gouvernement respecte le contenu de la « Réforme du Règlement de la Chambre des communes », comme il est formulé ici, et qu'il atteint ses objectifs concernant l'échéancier proposé dans la motion principale, avec ou sans amendement, ce serait au détriment des parlementaires. En fait, au moyen de changements apportés aux règles, cela transformerait les membres de l'opposition en simples spectateurs. Nous serions en mesure de parler à l'occasion, peut-être, mais pas vraiment de contribuer aux débats du Parlement.
Dans chacune des réformes passées et dans chacun des rapports que j'ai lus, du rapport McGrath aux débats de 1991, de 1986 et de 1969, la chose la plus importante pour les parlementaires qui y participaient était de s'assurer qu'ils se voyaient offrir la meilleure possibilité d'exiger du gouvernement qu'il rende des comptes — si vous étiez un député de l'opposition, c'était capital pour vous — et d'accomplir davantage de travail législatif efficace. Cela comprenait la proposition d'amendements et la capacité d'adopter par consentement unanime des motions qui satisferaient tout le monde afin de changer les règles temporairement advenant une situation particulière ou exceptionnelle.
Je vais juste mentionner que, avant l'élection, j'étais greffier pour une association du domaine des ressources humaines de la province de l'Alberta, une entreprise sans but lucratif. Contrairement aux CPA, la profession comptable, ou les ingénieurs, nous avions, et avons toujours, une accréditation volontaire, avec 6 000 membres qui payaient des cotisations volontairement afin d'obtenir une accréditation professionnelle. Dans les ressources humaines et les relations de travail, on disait toujours que les règles existent, sans être contraignantes. Elles ne sont pas censées être un carcan. Pour les professionnels des RH, on regarde les règles et se demande où se trouvent les exceptions et où on peut satisfaire les employés en utilisant ces exceptions. L'occasion idéale vient avec l'expérience, qui renforce le jugement et ensuite la confiance. Ces éléments sont indissociables. On ne peut pas y arriver autrement.
Je leur disais tout le temps... et il s'agissait de professionnels expérimentés comptant 30 à 40 ans d'expérience en relations de travail, en négociations avec des syndicats des deux côtés. Nous avions des membres des deux côtés de la table des négociations. Ils disaient toujours que les règles existent, certainement, mais tant que nous pouvons tous collaborer, nous pouvons en venir à une entente et suspendre temporairement l'application des règles. Si nous nous entendons sur cela, nous obtiendrons un consensus. Nous conclurons une entente. Nous irons ensuite de l'avant avec celle-ci.
Mais vous n'allez pas de l'avant avec une motion comme celle-là, avec le contenu du rapport produit par le gouvernement, lequel, à mon avis, est déraisonnable et irréfléchi, et dire ensuite que nous allons aller de l'avant grâce à un accord unanime. Je crois que c'est une erreur. C'est erroné. Nombre de députés avant moi l'ont mentionné. Je suis assez convaincu que les députés de ce côté répéteront qu'il s'agit d'une erreur. Cela transformerait les membres de l'opposition en simples spectateurs. Nous serions incapables de faire en sorte que le gouvernement rende des comptes.
Lorsque les débats passent du Parlement aux comités et qu'on nous a donné des limites de temps pour nous exprimer devant la Chambre — il s'agissait d'une période maximale, mais vous pouviez toujours utiliser moins que le temps alloué par le Président et par les règles de la Chambre —, c'était pour nous donner la possibilité d'aborder les points que nous aurions soulevés autrement à la Chambre des communes, au Parlement. Si vous enlevez cette possibilité ici dans les comités et ne nous donnez pas l'occasion de parler selon notre conscience, au nom de nos électeurs, de notre parti politique, selon l'expérience que nous avons acquise pendant 4, 8, 12, 16 ou 20 ans, alors je crois que vous ne rendez pas service au Parlement et que vous commettez une injustice envers l'institution.
Il s'agit d'une institution humaine qui a survécu au pays depuis 1867 et qui remonte même à l'époque du précédent Parlement colonial. Je crois qu'il est important de ne pas oublier que nous sommes ici en tant que gardiens du Parlement. Il ne nous appartient pas. Il n'est pas à nous; notre responsabilité est de le protéger pour les générations futures. C'est quelque chose que je dis à mon personnel et à mes électeurs. Je leur dis que je suis peut-être le premier député du Parlement de la circonscription Calgary Shepard, mais je ne serai pas le dernier.
Maintenant, je serai peut-être le dernier si nos changements sont tellement mauvais que le Parlement cesse de fonctionner. Il y a de nombreux cas dans le monde où les assemblées législatives ne fonctionnent plus de manière très efficace, et par « efficace », je veux dire en tant qu'organismes délibérants. Je ne parle pas de la vitesse à laquelle ils adoptent des lois; je parle de leur rôle comme organismes délibérants, où les gens peuvent débattre des idées, dans notre cas ici, dans la sécurité de la Chambre des communes. Je crois que cela est important et qu'on doit s'en souvenir.
La dernière chose que je vais mentionner concernant mon expérience personnelle et ce que j'apporte au débat, c'est que je travaillais comme gestionnaire des politiques et de la recherche à la Calgary Chamber of Commerce. À l'époque, il y avait six comités de politique, comptant un nombre de gens d'affaires intéressés à un sujet particulier pouvant aller de 12 jusqu'à 30, 40, 50 ou 60 membres; ils siégeaient le matin à 7 h 15 — et notre personnel devait subir cette épreuve presque tous les jours de la semaine — pour débattre des questions politiques. Nous rédigions à leur intention des rapports à des fins d'examen, et ils délibéraient, comme le fait le Parlement.
Nous avions des règles dans ces endroits, et c'était le travail du gestionnaire de les appliquer au nom du conseil. J'en avais le pouvoir, en tant que membre de l'équipe ne faisant pas partie du groupe de la direction. L'économiste en chef était le membre de la direction de qui je relevais dans le cadre de mon travail avec ces bénévoles. Chacun de ces bénévoles était membre de la chambre de commerce et avait participé aux élections des membres du conseil d'administration de la chambre. De bien des façons, parce qu'ils étaient membres, ils étaient directement intéressés par la façon dont la chambre fonctionnait, et ils délibéraient ensuite.
Nous ne leur avons jamais dit: « Voilà les questions de politique dont vous allez parler. Voilà les règles qui vous régiront. » Une grande partie de notre travail était accomplie par consensus entre les membres et les membres du personnel. Les membres étaient là pour débattre des questions à l'ordre du jour. Nous ne leur avons jamais imposé une façon particulière de faire les choses. Nous essayions toujours d'essayer de trouver une possibilité de les habiliter afin qu'ils puissent présenter les questions qu'ils voulaient débattre, particulièrement s'ils travaillaient tous en collaboration. Si la moitié du comité désirait parler d'une question et que l'autre moitié ne le voulait pas, ce n'était pas le travail du personnel de décider sur quelles questions le comité allait se pencher. Nous attendions et remettions à plus tard le débat, selon les règles qui nous régissaient.
C'est le type d'expérience que j'amène dans la discussion. J'ai vu la façon dont l'Assemblée législative et le Parlement fonctionnaient il y a 12 ans. J'ai passé du temps à apprendre les règles. Comme tout le monde ici, j'ai un grand livre vert relié, le Règlement de la Chambre, et j'ai pris le temps de le lire.
Toutefois, je ne l'ai pas lu au complet. J'éprouve une grande difficulté à le lire au complet.
M. David Christopherson: Vous devriez avoir honte.
M. Tom Kmiec: Mon collègue ici dit que je devrais avoir honte. Je vais y arriver. Je vais finir par le lire.
En parlant du Parlement, j'ai déjà mentionné Diefenbaker et son tic de langage. J'ai lu cela dans le livre de Sean O'Sullivan, Both My Houses: From Politics to Priesthood. Je l'ai lu récemment sur une recommandation d'un membre du personnel du whip.
Sean O'Sullivan était un député ici au Parlement, il y a de nombreuses années, qui est malheureusement décédé du cancer. Il adorait le Parlement, mais ne venait pas ici pour...
Mme Filomena Tassi: Il y a un lien dans cette salle. Son neveu est ici.
M. Tom Kmiec: C'est fantastique. Encore mieux, j'ai l'occasion de parler de l'ancêtre, façon de parler, d'une personne qui est également ici.
Son livre m'a procuré un immense plaisir. Il a commencé comme membre du personnel de la Chambre et était l'adjoint administratif de John Diefenbaker. Il avait commencé à faire du bénévolat à un très jeune âge. Il était un des plus jeunes députés du Parlement à être élu. Son mentor était Diefenbaker. Lorsqu'il a quitté le Parlement, c'était partiellement parce qu'il avait perdu ses illusions sur la façon dont le Parlement fonctionnait, mais aussi sur la politique en général. Il a embrassé la prêtrise. Il a entendu l'appel de sa foi et est devenu prêtre.
J'ai pensé à de nombreuses choses qui figurent dans son livre, à ses observations sur le Parlement et son importance, et je crois que nombre des citations de Diefenbaker méritent réflexion. De nombreux parlementaires ont été élus avant nous, ont apporté d'immenses contributions et ont servi pendant 12, 16 et 20 ans. Le fait de lire un livre comme celui d'O'Sullivan et de parler à des anciens députés, comme Jason Kenney, m'a amené à réfléchir à la façon dont le Parlement fonctionne. Je suis maintenant complètement opposé à la limitation de la durée du mandat des députés du Parlement, chose qui, lorsque j'étais jeune, me semblait être une excellente idée. Je ne crois plus que c'est le cas maintenant, surtout parce que ce sont les députés qui ont de l'expérience qui transmettent aux prochains députés les traditions et les coutumes de la Chambre, de la Chambre des communes plus précisément. Cela ne se produira pas très souvent si on change les règles de manière si radicale que les gens perdent leurs illusions beaucoup plus rapidement concernant leur capacité de contribuer aux débats.
La principale raison pour laquelle les gens quittent un lieu de travail, une organisation ou une société — et c'était partout ainsi lorsque je travaillais comme greffier — ce n'est pas parce qu'ils ne font pas assez d'argent. Ce n'est pas qu'ils n'obtiennent pas des possibilités de formation, de perfectionnement professionnel, de voyage ou de travail sur des projets intéressants. La plupart du temps, c'est parce qu'ils ne peuvent pas voir comment leurs activités individuelles, leurs activités personnelles dans leur lieu de travail, sont liées aux réussites et aux succès de l'organisation pour laquelle ils travaillent. C'est la raison principale.
Je sais ce qui se passe parce que je l'ai vu se produire à la chambre de commerce et dans d'autres lieux de travail. On m'invitait soit pour donner des conseils, soit pour écouter des professionnels des RH m'expliquer en quoi consistaient les problèmes et débattre de la façon d'améliorer notre lieu de travail.
C'est presque toujours la raison pour laquelle les gens quittent leur emploi. J'en ai été témoin. Les gens connaissent des désillusions relativement au type de travail qu'ils font, alors ils en font moins. Ils trouvent des excuses pour ne pas être présents aussi souvent et commencent ensuite à chercher un autre emploi, habituellement pendant leurs heures de travail. Ils utilisent le courriel et le téléphone du travail pour se trouver un emploi ailleurs. Je suis certain qu'il y a eu des parlementaires avant nous qui ont profité de l'occasion de siéger à la Chambre pour faire exactement cela parce qu'ils ont été déçus de leur capacité individuelle de contribuer à l'ensemble du débat... de déposer un amendement à un projet de loi ou de proposer un changement des règles.
J'espère que nous ne changerons pas les règles au moyen de cette motion sans cet amendement. Il s'agit d'un amendement très important. Nous ne devrions pas changer les règles de manière à désillusionner les députés qui siègent aux comités ou au Parlement et cherchent à faire le travail qu'ils devraient faire au nom de leurs électeurs, de leurs partisans et du mouvement politique auquel ils appartiennent.
Je mentionne toujours les « cercles de responsabilité ». C'est quelque chose que j'ai appris en parlant à de nombreux professionnels des RH. Nous ne relevons pas seulement de nos superviseurs; nous avons des cercles de responsabilité. Je dois rendre des comptes à mon épouse. Je suis responsable de mes trois enfants — qui me manquent, parce que je n'ai pas pu communiquer avec eux par Skype au cours des quatre derniers jours en raison de la réunion du Comité —, mais je suis aussi comptable au conseil d'administration de mon association locale, comme nombre d'entre vous également, j'imagine. Je dois rendre des comptes à mes partisans et à mes électeurs, et j'en ai beaucoup. Ma circonscription est la deuxième en importance au Canada, selon la taille de la population. Dans ma circonscription, j'ai eu le privilège d'obtenir plus de votes que même Stephen Harper ou Jason Kenney. J'ai une énorme circonscription. C'est un gros chiffre: 43 706 personnes.
Des députés: Oh, oh!
M. Tom Kmiec: C'est un gros chiffre, et c'est une grande circonscription.
Je dois également tous leur rendre des comptes, non pas seulement aux personnes qui ont voté pour moi, mais aussi aux autres. La façon d'équilibrer ces intérêts est en réalité un des points importants des normes de la pratique professionnelle liée aux RH en Alberta. Je le sais parce que j'ai aidé à rédiger les normes à cet égard. Je ne retrouve pas dans la réforme du Règlement de la Chambre des communes cet équilibre des intérêts. Je crois que l'expression n'existe même pas dans la motion. Elle n'est mentionnée nulle part.
De plus, il ne s'agit pas d'équilibrer les intérêts ici à la Chambre entre le gouvernement et les parlementaires parce qu'il n'y a aucun équilibre. Le Parlement est l'instance suprême. Le Parlement prime. Les gouvernements changent; le Parlement reste. Il viendra peut-être un temps, dans une centaine d'années, où les partis politiques seront différents et ne fonctionneront plus comme aujourd'hui, mais les gouvernements continueront toujours de changer. Nous, les parlementaires, serons toujours ici et devrions nous assurer que les règles de la Chambre protègent non pas le gouvernement, mais d'abord et avant tout les parlementaires, et c'est la raison pour laquelle nous avons les rappels au Règlement et les allégations d'atteinte au privilège contre le gouvernement et d'autres députés lorsque nous défendons nos droits.
Si nous choisissons de ne pas défendre nos droits, c'est notre responsabilité. Ce sera de notre faute si les futurs parlementaires perdent leurs illusions sur le Parlement. Je crois que c'est ce que cette motion fera sans amendement parce que l'amendement nous donne la possibilité de trouver un terrain d'entente.
Également, si nous n'atteignons pas immédiatement tous nos objectifs, ceux établis par le gouvernement avec lesquels, à mon avis, le caucus du gouvernement est vraisemblablement d'accord — à différents degrés, j'espère —, il y aura toujours une possibilité pour les futurs parlementaires d'accomplir eux-mêmes cette tâche et de trouver des façons de changer les règles pour répondre aux besoins de leur génération, mais ils devraient toujours y arriver grâce à un accord unanime. La formulation de l'amendement de la motion principale devrait faire l'objet d'un consentement unanime du Comité.
Le concept selon lequel vous devriez trouver un terrain d'entente n'est pas seulement le titre du livre du premier ministre; des députés ont déjà changé les règles à de nombreuses reprises auparavant. J'ai des exemples ici. J'ai demandé à mon personnel de faire des recherches à cet égard.
Depuis 1867, des propositions controversées ont aussi entraîné de longs débats, et le gouvernement a dû utiliser sa majorité pour modifier le Règlement.
Cela comprend l'adoption de la clôture en 1913, les dispositions visant l'attribution du temps en 1969 et une série de modifications du Règlement en 1991. Je vais parler des débats de ces périodes. Il y avait de nombreux députés expérimentés dans le gouvernement Chrétien et le gouvernement de Paul Martin qui ont fait des observations très justes. Nombre d'entre eux étaient de nouveaux députés à l'époque, mais ils avaient des choses très intéressantes à dire. Juste pour en revenir à ce que j'ai mentionné, ils se fiaient aux députés expérimentés pour leur expliquer les traditions ou les coutumes de la Chambre, la façon dont on faisait les choses auparavant et la raison pour laquelle ils ne devraient pas se débarrasser de toutes les règles rapidement et en adopter de nouvelles.
Il y a eu ensuite des amendements apportés au Règlement concernant l'étape du rapport des projets de loi en 2001...
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M. , qui est parmi nous, connaît mon goût très prononcé pour les proverbes yiddish. J'en citerai donc un: « Avant d'ouvrir la bouche, tu es le roi. Après, tu es le bouffon. »
J'espère que j'ai évité l'écueil du bouffon jusqu'à maintenant et que j'ai pu contribuer de manière substantielle au débat en montrant, recherches à l'appui, que nous pouvons trouver un terrain d'entente et adopter l'amendement. Là où il y a unanimité sur les changements à apporter au Règlement, nous devrions agir. Cette conclusion découle d'une réflexion de fond.
Je voudrais maintenant renvoyer à un article qui porte sur l'attribution de temps à la Chambre des communes: « Un bâillonnement à la démocratie ou une gestion efficace du temps? L'“attribution de temps” à la Chambre des communes ». Cet article me semble rejoindre la question de l'efficacité qui est traitée dans le document gouvernemental intitulé « La Réforme du Règlement de la Chambre des communes ». Dans ce document, l'efficacité est présentée comme la raison justifiant le dépôt de la motion de M. et la proposition d'amendement qui s'est ensuivie.
L'auteur de l'article se nomme Yves Yvon J. Pelletier. Il a été stagiaire parlementaire de 1999 à 2000. L’article provient de son travail de recherche qui lui a valu le prix Alf Hales pour le meilleur article des stagiaires de 1999 et de 2000. J'ai parcouru le texte et j'en ai retenu certains passages. En substance, ce travail traite des questions qui nous occupent aujourd'hui, c'est-à-dire le rôle des députés, le Règlement et les droits et privilèges qui en découlent et nous permettent d'accomplir notre travail parlementaire.
Nos privilèges de députés ne proviennent pas du Règlement. Ce n'est pas le Règlement qui nous les confère. Ils viennent plutôt de nos coutumes et de nos traditions. Tantôt, celles-ci sont inscrites dans des lois. Tantôt, ce sont des pratiques non écrites. Comme je l'ai dit auparavant, l'apprentissage de ces traditions passe le plus souvent par les députés d'expérience qui nous enseignent le décorum et le code vestimentaire de la Chambre et qui nous indiquent à quel moment le Président, ou la personne qui occupe le fauteuil de la présidence, peut nous autoriser à prendre la parole.
Dans son article, l'auteur signale que les changements qui ont été apportés au Règlement de la Chambre des communes ont eu pour effet de limiter petit à petit l'influence des députés sur le libellé final des projets de loi du gouvernement. Les modifications successives de la procédure parlementaire ont établi la préséance du gouvernement et de la majorité des députés. C'est devenu de plus en plus difficile, pour les députés d'arrière-ban, d'influencer le texte final des projets de loi gouvernementaux. Résultat: le gouvernement sait, avec une certaine certitude, quel sera l'état final du projet de loi qui sera envoyé au Sénat.
Il a toujours fallu chercher l'équilibre entre, d'une part, le droit de prendre la parole pendant un certain temps jugé adéquat et, d'autre part, le droit du Parlement de parvenir à des décisions. Ce dernier appartient en effet au Parlement et non au gouvernement, qui ne devrait pas s'attendre à ce qu'un débat prenne fin à une date précise. Le Parlement ne peut en arriver à l'étape de la décision avant que chaque député ait eu l'occasion de parler en Chambre, si celui-ci souhaite effectivement s'exprimer au sujet d'un amendement, d'un sous-amendement ou d'une mesure législative en particulier. Nous connaissons la suite. Le Président se lève, procède à la mise aux voix, puis vient la requête suivante: est-ce adopté avec dissidence?
Je vais peut-être amorcer une transition ici. L'expression « avec dissidence », la plus belle de la terminologie parlementaire qui pourrait être utilisée beaucoup plus souvent qu'elle ne l'est à présent, est entendue juste avant la tenue d'un vote par appel nominal. En comité, c'est grâce à cette expression, « avec dissidence », que nous arrivons à adopter des amendements beaucoup plus rapidement que si nous devions tenir des votes par appel nominal pour tout. C'est grâce au vote avec dissidence que nous arrivons à égrener toute la liste des témoins si rapidement. S'il fallait exiger un vote par appel nominal à tous les coups, les travaux des comités s'embourberaient. Il peut arriver que l'opposition fasse précisément cela, quand tous ses témoins ont été rejetés. Elle est alors justifiée de faire obstruction afin de rappeler l'importance du compromis et de la coopération. Il faut à tout le moins faire preuve de bonne foi à l'égard de l'autre caucus et trouver un compromis pour faire des progrès.
La confiance peut se bâtir au fil du temps. Il peut aussi arriver que des membres du comité acceptent de renoncer à un témoin, à un amendement ou à tout autre moyen d'obstruction qu'ils envisageaient. L'expression « avec dissidence » est vraiment la plus belle de la langue parlementaire.
J'enchaînerai en mentionnant le projet de loi sur la non-discrimination. J'en ai touché un mot à M. . Quand un vote se tient, chacun a le loisir de compter les voix et de connaître le choix des autres, comme le veut le cérémonial de la Chambre. Après avoir perdu deux votes, les membres de l'exécutif — le conseil exécutif, les ministres — se sont levés pour réclamer un vote par appel nominal même si, à l'évidence, ils avaient perdu le vote par oui ou non. La première fois qu'ils ont fait cela, j'étais perplexe. Je ne comprenais pas le raisonnement politique qui motivait cette action. Quand c'est arrivé une deuxième fois, je me suis demandé si je ne m'étais pas assoupi et si je n'avais pas manqué quelque chose. C'était très déroutant. Ils ont grugé 10 minutes sur le temps de la Chambre sans raison.
Il s'agit de surveiller nos propres comportements. Ce ne sont pas les parlementaires en général qui sont responsables de la perte d'efficacité de la Chambre, mais bien l'exécutif. Nous aurions pu gérer notre temps plus efficacement si l'exécutif, c'est-à-dire les parlementaires qui font aussi partie du conseil exécutif ou qui occupent une fonction ministérielle, avaient accepté le vote « avec dissidence » — cette expression si belle.
Nous pourrions faire adopter cet amendement à la motion principale avec dissidence. Ce serait magnifique, du moment qu'elle est acceptée et qu'elle recueille plus de oui que de non.
Je tenais à dire que le droit de parvenir à une décision appartient au Parlement. Le gouvernement ne devrait jamais attendre du Parlement qu'il adopte ses projets de loi dans l'état où ils ont été présentés et déposés à la Chambre.
L'attribution du temps a eu pour effet d'affaiblir le rôle législatif des députés. Nous savons cela. Nous en avons tous fait l'expérience. Nous nous en sommes plaints. Un certain parti politique et un certain caucus de l'autre côté de la Chambre ont tourné cela à leur avantage politiquement. Pour eux, cela a été un succès.
Vers la fin de mon intervention, je ferai mention du gouvernement du premier ministre Chrétien, que je comparerai au gouvernement de M. Mulroney alors que l'attribution de temps était d'usage. La comparaison ne sera pas très flatteuse pour les députés ministériels.
Les premiers ministres profitent de la loyauté et l'inexpérience des députés de leur parti. Ce n'est pas seulement un énoncé d'opinion; on lit dans l'article que les premiers ministres utilisent... leur pouvoir de persuasion pour réfréner publiquement l'opposition de ces députés, voire pour les faire taire.
Cela dit, je vois bien qu'il y a, dans le caucus ministériel, nombre de libres penseurs que je respecte beaucoup. J'espère qu'ils reconnaissent la présence de libres penseurs de notre côté également.
Monsieur le président, j'ai voté pour votre projet de loi d'initiative parlementaire. J'en jugeais l'idée excellente. Nous en avons discuté en aparté. Ma position me plaçait en minorité au sein de mon parti. Je n'ai pas hésité à voter ainsi parce que je jugeais l'idée et l'objectif de la politique justes. Telle était ma position à ce moment-là. J'en ai informé mes collègues au caucus et les gens qui me soutenaient.
Le premier ministre et les autres membres de l'exécutif disposent d'une panoplie d'instruments permettant de restreindre l'opposition à l'intérieur du caucus ministériel.
C'est peut-être l'occasion ici d'évoquer le concept des votes libres. On entend beaucoup dire que de tels votes devraient se tenir plus souvent. Beaucoup d'électeurs me disent cela.
Les votes libres ont déjà cours. Tout vote est un vote libre, même les votes aux comités. Seulement, il y a toujours des conséquences.
Une voix: Bravo!
M. Tom Kmiec: Du moment que vous assumiez les conséquences de votre décision, vous êtes libre. Dans le cas contraire, vous ne l'êtes pas. Rappelez-vous: avant que nous suspendions la séance, j'ai dit que la liberté était le droit de se tromper et non pas le droit de tromper. Nous ne devrions jamais voter injustement; cela vaut pour l'amendement dont nous discutons.
Cet amendement nous aidera à faire ce qui est juste. Je crois que les députés ici présents, les membres du caucus ministériel et les membres des partis d'opposition en présence ont le pouvoir de voter librement. Nous assumerons les conséquences de notre vote. C'est ce que je ferai. Je voterai selon ma conscience si je remplace un collègue pour voter au Comité.
On dit parfois que les députés canadiens ne sont pas élus pour gouverner, mais bien pour faire en sorte que ceux qui gouvernent rendent des comptes. Quand nous élisons des députés, quand les électeurs vont aux urnes, c'est ce qui se passe, bien que ce ne soit pas clair dans l'esprit de tous, puisqu'on entend dire que l'on élit un gouvernement et un premier ministre. Cette vision a plus à voir avec un système présidentiel. Avec le temps, notre système s'est beaucoup américanisé. Les médias comme la télévision et les réseaux sociaux ont contribué à cela en se focalisant davantage sur la personnalité que sur le système et la prise de décision.
C'est la vérité: nous ne sommes pas élus pour gouverner. C'est le conseil exécutif qui gouverne. C'est pourquoi il est responsable de l'ordre du jour et des affaires gouvernementales. Il établit un programme et nous, dans l'opposition, nous y réagissons. Pour sa part, le caucus ministériel réagit également aux dossiers de l'heure. Étant plus proches du gouvernement, les membres du caucus ont l'intuition, voire la clairvoyance, pour anticiper les actions du gouvernement. Nous acceptons cet état de fait.
L'attribution de temps découle de la volonté de l'exécutif de contrôler la procédure législative à la Chambre des communes. Son introduction remonte à 1969, si je ne m'abuse. J'ai une citation qui date de 1956, donc avant cela.
Le député progressiste-conservateur Donald Fleming disait: « La Chambre des communes a été bâillonnée et ligotée par un gouvernement despotique. » Au sujet du gouvernement, il ajoutait:
Vous sabotez les institutions qui ont su être les bastions de la liberté démocratique et foulez au pied les droits de la minorité de la Chambre. Ce stratagème n'a jamais vu le jour dans une mentalité démocratique.
Cette intervention faisait suite à la clôture que le gouvernement St-Laurent a imposée à chaque stade d'un projet de loi sur le financement public d'un pipeline détenu en partie par des intérêts américains. Le projet de loi a donc été adopté en moins de 15 jours. Je soulève cette question, car je viens de l'Alberta. Nous y affectionnons les pipelines sous toutes les formes, en particulier lorsqu'ils permettent à nos concitoyens de l'Alberta d'obtenir un emploi.
J'attire votre attention sur cet enjeu, car, à cette époque-là, on avait recours à l'attribution du temps — à la clôture en particulier, soit le nom de la procédure — afin de respecter le programme du gouvernement et la nécessité de faire preuve d'efficacité. Ces règles existent toujours aujourd'hui, mais la forme est quelque peu différente.
Qu'est-ce qui a changé depuis 1956, lorsque l'on pouvait adopter un projet de loi en 15 jours, par rapport à aujourd'hui, alors qu'il n'est pas possible de compter au moins 15 jours de débat afin que les députés puissent prendre la parole au sujet d'un projet de loi? J'admets qu'il y a plus de députés de nos jours et que les occasions sont donc plus nombreuses de se prononcer sur les affaires émanant du gouvernement, mais nous nous présentons tous ici en tant que généralistes en matière de procédure parlementaire et de politique parlementaire et nous nous spécialisons à mesure que nous exerçons notre travail en comité.
Cependant, nous ne devrions pas laisser filer les occasions de prendre la parole sur des sujets que nous maîtrisons peut-être moins à la Chambre des communes et qui débordent de notre domaine de spécialisation, des sujets sur lesquels les membres de notre caucus nous ont demandé de nous pencher. Cette motion me préoccupe, car, sans amendement très raisonné et raisonnable, elle pourrait nous priver de la possibilité de débattre afin d'éviter une situation dans laquelle on pourrait, au profit de l'efficacité, adopter à toute vapeur une mesure législative, peut-être sans avoir le temps de tenir un débat d'idées comme c'est le cas maintenant, et sans possibilité d'étudier les dispositions et le contenu du projet de loi.
Le député en question, Donald Fleming, a probablement fait preuve d'excès. Les membres de notre profession sont reconnus pour exploiter les hyperboles. Je plaisante toujours avec les électeurs de ma circonscription en mentionnant que ce sont les 99 % qui gâchent tout pour le 1 % d'entre nous. Il est vrai que nous employons un langage qui peut être considéré comme de l'hystérie. Tous les partis le font. Tous les partis se sont prêtés à ce jeu. Nous sommes censés nous autoréglementer, au même titre que les employés d'une société ou d'un organisme professionnel, et ce, peu importe l'endroit.
Quand je travaillais aux ressources humaines, la question des employés difficiles dans une entreprise ou une organisation revenait sans cesse. Tout d'abord, il fallait leur préciser, au cours d'un entretien, qu'ils devaient « s'autodiscipliner ». L'autocensure n'est pas un vice, c'est une vertu. Cela signifie que l'on a retenu quelques leçons. Lorsqu'un gouvernement essaie de vous censurer, il a tort, mais l'autocensure — savoir faire preuve de politesse et d'amabilité, ne pas être déplacé — représente une vertu que l'on devrait exercer plus souvent en public.
Si on restreint le débat en comité — on limite déjà notre temps de parole à la Chambre — les occasions d'acquérir l'expérience et le jugement nécessaires pour appliquer cette vertu et l'acquérir sont limitées.
Il y aurait beaucoup plus d'occasions pour les députés de l'opposition. Peut-être que les libres penseurs du caucus gouvernemental opteront alors pour s'adresser aux médias et pour peut-être afficher de l'information sur les médias sociaux, ce qu'ils ne sont pas censés faire, pour formuler un commentaire qu'ils ne devraient pas ou pour dénigrer un député, ce qui va à l'encontre des règles établies.
Je vous renvoie à l'article présenté ici et j'aimerais aborder sur une note plus technique la question des réformes survenues en juin 1969.
De 1964 à 1969, des comités de procédure se sont penchés sur la question de « modernisation ». Il s'agit du terme employé par l'auteur, mais ce n'est pas le terme que j'aurais utilisé. On affirme:
... en absence d'une décision unanime, ils acceptèrent le principe selon lequel le Règlement de la Chambre des communes ne peut être modifié qu'avec le consentement unanime de la députation. En juin 1969,
... voilà la réforme proposée...
... L'article 75A aurait permis d'attribuer une période de temps spécifique à condition qu'il « existe un accord entre les représentants de tous les partis »; l'article 75B aurait été accepté si la majorité des représentants des divers partis avaient convenu de l'attribution proposée de jours ou d'heures; et l'article 75C... aurait permis « [lorsqu'il] n'avait pas été possible d'en arriver à un accord en vertu des dispositions des articles 75A ou 75B [...], qu'un ministre de la Couronne [puisse] proposer une motion d'attribution ».
On peut constater le fonctionnement de l'époque. Tout d'abord, chacun discute de la question. Pouvons-nous convenir d'une certaine forme d'accord? Dans la négative, c'est un échec. À ce moment-ci, les leaders à la Chambre ont échoué dans leur tâche.
Et puis, on passe au prochain sujet. Pouvons-nous trouver une occasion de permettre à plusieurs députés des différents partis de se réunir et de trouver un compromis? Règne-t-il un climat de confiance suffisant pour obtenir une certaine forme d'entente? Peut-être que l'on n'obtiendra pas tous ce que l'on veut. Peut-être faut-il trouver un équilibre entre la position initiale du caucus du gouvernement et le désir des partis d'opposition ou peut-être qu'un député indépendant n'a pas donné son aval.
Pour terminer, le ministre de la Couronne intervient et demande tout simplement qu'un certain temps soit attribué.
À ce moment -là, les députés de l'opposition ont décrit ces amendements comme étant « la seule volonté du gouvernement » et c'est un ancien gouvernement libéral, dirigé par M. Pierre Elliott Trudeau, qui a invoqué la clôture sur le débat.
J'ai cité à de nombreuses reprises Diefenbaker et je veux donc maintenant permettre au leader conservateur de se faire entendre. M. Stanfield a déclaré:
Le recours à la règle de clôture pour faire adopter des modifications au Règlement contre le gré de tous et de chacun des députés de l'opposition est évidemment une circonstance aggravante et cette façon de faire est tellement étrangère à la tradition de la Chambre qu'elle constitue une atteinte aux privilèges... [L]a démocratie et la liberté sont vraiment dans un bien triste état.
Cet article porte sur la façon de modifier le Règlement, soit la motion et l'amendement à la motion. Dans l'article, on affirme que:
... l'opposition cria d'une même voix que la procédure parlementaire devait assurer un privilège égal à tous les partis lors d'une discussion serrée et que les modifications au Règlement devraient découler d'un consensus.
On pourrait pratiquement remplacer « à l'unanimité » par « consensus ». C'est l'idée qui s'en dégage si l'on doit préciser ce que l'on entend par — « consensus ». Le consensus qui règne repose sur la confiance.
Ironiquement, la [motion sur] l'attribution de temps ne peut être adoptée qu'en imposant la clôture, l'article même qu'elle devait alléger.
Après que les leaders de la Chambre eurent échoué à deux reprises à obtenir un compromis — il s'agit du dernier — « ... l'opposition qualifia la première mise en oeuvre du controversé article 75C du Règlement ... antidémocratique ». On précise dans l'article que:
... le gouvernement avait promis que, malgré l'imposition de la clôture pour faire adopter l'article traitant de l'attribution de temps, cette mesure ne serait jamais mise en application.
On affirmait une chose, on faisait une promesse et on ne la respectait pas. J'ai suffisamment cité M. Diefenbaker, je vais donc maintenant permettre à M. Stanfield de s'exprimer. Stanfield a mentionné que le recours à l'article 75C représente une tactique « pour sauver la face, politiquement parlant, du premier ministre et du ministre des Finances ».
Je suis d'avis — et il ne s'agit pas ici de l'opinion de mon caucus ni de personne d'autre — que cette motion, sans amendement, représente une tactique, un stratagème pour tenter de sauver la face, politiquement parlant, de votre leader en Chambre, tout comme ce fut le cas à l'époque de Stanfield. Il s'agit là de mon avis personnel et non celui de mon caucus. C'est ma propre opinion et je tiens à vous en faire part.
Grâce à l'amendement proposé, je crois que nous pouvons vraiment atteindre l'objectif que pourraient partager certains députés.
À cette époque-là, « l'opposition craignait que "si un jour, le Canada était régi par un gouvernement qui aurait des idées dictatoriales plus avancées" — je n'aime pas utiliser cette expression dans cette Chambre —, le système parlementaire serait peut-être massacré ».
On pense à l'efficacité. Le terme « efficacité » n'a pas la même définition pour tous. Je l'ai mentionné précédemment et je crois ardemment que, dans le contexte de cette réforme présentée par le gouvernement, la réforme du Règlement de la Chambre des communes vise vraiment à « accélérer » la cadence — aller toujours plus vite.
À ce moment-là,
... l'argument était que si cette motion représentant la décadence lente mais progressive du Parlement, « les Communes ne représenteront plus un forum permettant des débats publics, mais se désintégreront pour se transformer en une tour de Babel anachronique vouée au mépris du peuple canadien ».
Tous les partis d'opposition « considérèrent cette première utilisation de l'attribution de temps comme une motion de clôture, la comparant à une guillotine ou une imposition par la force ». Les échéanciers proposés dans la motion, sans amendement, sont essentiellement du pareil au même. Selon un processus établi — et M. Genuis l'a mentionné — on peut atteindre de toute façon bon nombre des objectifs fixés. On peut limiter le débat tout simplement en acceptant le rapport à toute vitesse.
J'ai également parlé du Comité permanent des affaires étrangères, dont je suis membre permanent. M. , qui était ici hier est également membre de ce comité. Il nous a fallu un an pour étudier une mesure législative du gouvernement. Il s'agissait d'un examen obligatoire. Nous n'avions pas à formuler à la hâte des commentaires au gouvernement et à produire un rapport complet assorti de diverses recommandations. Notre objectif ne consistait pas à faire en sorte que notre temps soit utilisé de façon efficace. Il fallait délibérer en conséquence et présenter un dossier complet au gouvernement afin que ce dernier puisse déterminer s'il adopte ces recommandations.
Quand ce rapport sera déposé à la Chambre, le Parlement pourra le consulter et en débattre, si un député le désire en présentant une motion.
À ce moment-là, on sera en mesure de déterminer si on veut aller de l'avant, mais le processus a déjà duré un an. Je crois que c'est bien ainsi. Ils seraient nombreux dans le secteur privé à affirmer que le processus est vraiment inefficace. Pourquoi faut-il passer un an à effectuer cet exercice? C'est parce que nous délibérons. Notre objectif ne consiste pas à présenter un produit final...
Tout comme je ne vais pas me rendre dans ma circonscription et être en mesure de dire à mes concitoyens que, pendant mes quatre années passées à la Chambre des communes, j'ai produit, en votre nom, 20 rapports pour le gouvernement assortis de diverses recommandations, 20 rapports du Parlement. Je ne vais pas décrocher d'étoile en or si j'en prépare 21 ou être pénalisé pour 19. On va probablement me dire qu'on n'en a jamais entendu parler. Mais je sais qu'un fonctionnaire quelque part dans un ministère a pour responsabilité de relire les rapports et d'examiner s'il existe une proposition valable méritant d'être adoptée. On peut consulter la liste des personnes-ressources comme témoins peut-être. On peut examiner la liste des témoins qui a été fournie et discuter avec eux pour savoir comment on peut donner suite aux recommandations formulées au gouvernement.
Je viens de l'Alberta et le programme énergétique national de 1981 représente un exemple de projets de loi controversés ayant été adoptés plus rapidement et efficacement en raison de l'attribution de temps. Nous connaissons tous les lourdes retombées qu'il a eues sur l'Alberta et également sur la culture politique de l'Alberta. Cette province compte deux cultures politiques, une au nord et une au sud. Je vous renvoie à la période du début des années 1970. Tom Flanagan décrit dans un article digne de mention ces deux cultures politiques. Si l'on examine la carte politique de l'Alberta, on remarque cette réalité dans les habitudes de vote des Albertains.
Le programme énergétique national a eu de lourdes retombées durables sur la culture politique de l'Alberta et sur le destin politique de nombreux libéraux et conservateurs. Il a été adopté dans le cadre du processus d'attribution de temps, a franchi efficacement toutes les étapes à la Chambre. Le président du Conseil privé en 1971 a promis qu'aucun précédent ne serait établi du fait d'utiliser pour la première fois l'attribution de temps, ce qui, au bout du compte, était tout à fait faux. Je me reporte encore une fois à cet article « Un bâillonnement à la démocratie ou une gestion efficace du temps — L'attribution de temps à la Chambre des communes », rédigé par M. Pelletier. Il en est question dans le numéro d'hiver 2000-2001 de la Revue parlementaire canadienne.
Le premier ministre a également promis de gouverner sans imposer de bâillon aux députés de l'opposition. C'est le terme « bâillon » que l'on emploie dans cet article. La promesse a été rompue à peine deux mois après le début de la première session du 35e Parlement à l'occasion de la présentation d'un projet de loi sur la modification du découpage électoral. Ensuite, son gouvernement a également restreint le débat sur le contrôle des armes à feu, les mesures de protection des membres de la communauté LGBT prévues par la Constitution et il « imposa l'article 75C du Règlement » et c'est à ce moment-là, comme je l'ai mentionné, que les leaders de la Chambre n'ont pas réussi à s'entendre par consensus, et ce, à 20 reprises.
La chef par intérim de l'Alliance canadienne à l'époque, une remarquable dame de l'Alberta, , a pris la parole pendant trois heures le 16 mai 2000 pour dénoncer le manque de respect du gouvernement Chrétien au sujet de la suprématie de la Chambre des communes. Elle a affirmé que le recours à l'attribution de temps par le gouvernement visait tout simplement à écarter divers enjeux par souci d'efficacité. En six ans, le gouvernement a eu recours à l'attribution de temps aussi souvent que le gouvernement l'a fait en neuf ans. Il est courant pour le gouvernement de souligner que l'ancien gouvernement conservateur a eu recours à l'attribution de temps.
Tous les gouvernements débutent leur mandat avec les meilleures intentions du monde et ils ont recours de plus en plus à l'attribution de temps à mesure qu'ils prennent de l'assurance au Parlement. Habituellement, ils veulent imposer leur programme plutôt que d'essayer de trouver certaines mesures de conciliation et d'établir la confiance avec les partis d'opposition. Il y aura parfois des moments de désaccord et il sera à l'occasion nécessaire d'avoir des différends et les membres dirigeants du gouvernement devront alors recourir à l'attribution de temps.
Nous allons tergiverser, mais j'espère que nous avons bien dosé nos commentaires lorsque nous avons pris la parole au cours des débats d'une durée de 30 minutes et que nous ne vous avons pas accusé de façon hystérique de miner trop souvent la démocratie.
:
C'est tout à fait possible. Ils ont laissé les cloches sonner pendant presque trois jours, d'après ce que je vois ici, ou peut-être quatre, si je calcule bien. Quoi qu'il en soit, c'était une longue période, et je crois que nous en sommes à notre troisième ou quatrième journée de débat ici.
Quand le Président est revenu le vendredi 2 juin... Pardon, elles ont continué à sonner jusqu'au jeudi 6 juin, donc l'opposition a réussi à perturber le fonctionnement de la Chambre pendant une semaine entière. Je ne crois pas qu'un parti d'opposition ferait cela à la légère.
Dave Cooke, qui était alors le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique, a accusé le gouvernement d'avoir adopté une attitude qu'il a décrite par un mot que le a recommandé aux députés de ne pas prononcer en chambre, disant: « l'opposition peut aller se faire voir. Nous arriverons à appliquer les règles en les imposant ». Sean Conway, qui était alors le leader parlementaire du gouvernement, a répondu aux observations de l'opposition sur les changements qu'il apportait aux règles, que le gouvernement accomplirait ce qu'il voulait sans subir les obstructions continuelles de l'opposition.
En 1990, Bob Rae a été élu premier ministre, et Mike Harris est devenu chef de l'opposition. L'obstruction s'est bien entendu poursuivie puisqu'un bon nombre des mêmes députés étaient revenus. L'Assemblée législative suivante était donc empreinte du même manque de confiance qu'avant. Les députés avaient perdu toute confiance les uns envers les autres. Ils n'ont pas réussi à atteindre un consensus et n'ont pas trouvé moyen de coopérer.
Le parti d'opposition de Harris a usé de toutes sortes de tactiques pour retarder l'adoption des lois. Il a décidé d'agir avec créativité. Le 6 mai 1991, M. Harris a déposé un projet de loi dont le titre comprenait toutes les masses d'eau qui se trouvent en Ontario. Je vais vous laisser quelques instants pour l'imaginer. Je ne viens pas de l'Ontario, mais je suis sûr qu'il contenait un très grand nombre de noms. Comme il parrainait ce projet de loi, M. Harris devait le lire, puis le Président et le greffier ont dû le lire dans les deux langues officielles.
[Français]
On devait donc le lire en français aussi. Voilà qui est intéressant.
[Traduction]
L'opposition n'aurait jamais fait cela s'il avait été possible d'établir un climat de confiance, de consensus et de coopération, et c'est pourquoi nous proposons cet amendement. Nous ne nous opposons pas à tout type de changement. Tel n'est pas notre but. Nous vous demandons de ne pas nous faire taire et, j'ajouterais, de ne pas vous taire non plus. Vous faites partie du caucus ministériel et vous travaillez fort, j'en suis sûr, pour être nommés au Cabinet. Néanmoins, en attendant que le gouverneur général ne vous invite à le rejoindre, vous ne devriez pas oublier que votre fonction est d'abord et avant tout celle de parlementaire. Je pense que c'est plus important.
Dans un gouvernement parlementaire, le gouvernement finit par obtenir gain de cause, mais les partis d'opposition ont le droit de le critiquer et de retarder les choses.
Les néo-démocrates ont apporté certains des changements les plus restrictifs qui soient au Règlement; certains sujets de plaintes n'ont pas vraiment fait l'objet de modifications. Ils ont limité les discours lors des débats et ont imposé des limites de temps. La limite de temps pour la présentation des projets de loi était la conséquence directe du projet de loi d'initiative parlementaire de M. Harris — ou l'équivalent dans le parlement ontarien — qui avait obligé à lire le nom de tous les lacs et cours d'eau. Les néo-démocrates ont également prévu une attribution de temps pour les projets de loi.
Tous ces changements empêchaient l'opposition de paralyser l'assemblée législative comme elle l'avait fait au cours des deux années précédentes sous le gouvernement néo-démocrate. L'auteur estime donc que l'assemblée législative est « beaucoup moins pertinente » — je ne dirais pas cela au sujet du parlement ontarien — « qu'elle ne l'était 20 ans plus tôt ». Comme je l'ai dit, c'est tiré d'un article intitulé « Evolution of the Ontario Standing Orders since 1985 ».
Je ne peux pas parler de la teneur du règlement qui était en vigueur ou du type de changements qui ont pu être envisagés, mais nous avons là un exemple de changements draconiens au règlement qui résultent directement des activités de l'opposition. Tels ont été les résultats, et les manoeuvres auxquelles l'opposition s'est livrée pour faire de l'obstruction, retarder les choses et se faire entendre résultaient de l'intransigeance du gouvernement ainsi que de son incapacité et de son refus de faire des compromis.
Tout ce que nous demandons dans cet amendement, monsieur le président, c'est un compromis. C'est un amendement parfaitement raisonnable qui rapprocherait un peu plus cette motion irresponsable de ce qui devrait être la norme en cette Chambre, c'est-à-dire la recherche d'un consensus au cours de cette réunion du Comité. Quant aux effets de l'amendement, nous disons que nous allons étudier et examiner les changements, mais que nous voulons un rapport unanime.
Nos collègues du Nouveau Parti démocratique et nous-mêmes, du côté conservateur, pourrons alors nous entendre avec les membres du caucus ministériel quant au genre de changements au Règlement à envisager. Cela permettra à chaque député de mieux représenter sa circonscription, d'édifier le Parlement et de bien gérer son siège pour celui qui lui succédera.
Comme je l'ai mentionné, nous sommes d'abord et avant tout des parlementaires. Il n'existe aucune règle — je ne peux rien trouver dans la Constitution — disant que nous devons adopter des lois, à l'exception de quelques règles exigeant que nous confirmions les serments d'office des membres du Cabinet et que nous adoptions leur budget. Tel est notre principal rôle, en plus d'adopter le budget pour confirmer que le gouvernement a la confiance de la Chambre et peut faire adopter un projet de loi de dépenses ou plusieurs de ces projets de loi dans le cas des budgets supplémentaires des dépenses. Notre principal rôle consiste à examiner comment la Couronne dépense l'argent. Au Comité, on m'a dit — et je ne préciserai pas quel membre du caucus ministériel me l'a dit — que ce n'est pas aussi important que l'examen des enjeux politiques. Je reconnais que les enjeux politiques sont très importants, mais l'examen du Budget principal des dépenses et de la façon dont le gouvernement dépense l'argent est beaucoup plus important. C'est notre obligation constitutionnelle.
En tant qu'opposition officielle, et dirais-je même, loyale opposition de Sa Majesté, nous ne nous opposons pas à vous parce que nous vous considérons comme des adversaires. Comme je l'ai déjà mentionné, vous n'êtes pas mes ennemis. Vous n'êtes pas mes adversaires. Nous ne sommes peut-être pas amis, mais je pense que nos relations s'amélioreront avec le temps. Nous pouvons nous opposer honorablement, mais aussi trouver ensuite des moyens de coopérer.
Nous sommes loyaux envers Sa Majesté. Nous avons prêté un serment d'office pour nous acquitter de nos obligations. Nous avons l'obligation de nous opposer à vous, de vous critiquer et si nécessaire, mais seulement si c'est nécessaire, de faire de l'obstruction lorsque vous êtes déraisonnables ou si nous pensons que vous êtes irresponsables. Nous prenons cette responsabilité au sérieux.
Nous ne faisons pas de l'obstruction à n'en plus finir, car toute opposition pourrait le faire dès le départ. Elle pourrait faire de l'obstruction dès le premier jour et empêcher toute action. Il y a de nombreuses choses que l'on pourrait faire à la Chambre pour retarder davantage ses activités. Nous avons choisi de ne pas le faire, car tout ce pouvoir confère des responsabilités à l'opposition, tout comme au gouvernement, et tant le caucus que les membres du Cabinet sont investis de grandes responsabilités.
Je ne vois pas cela dans La réforme du Règlement de la Chambre des communes, le document de discussion que le gouvernement a présenté. Je ne vois pas cela. Personnellement, je trouve irresponsables certains des changements dont ce document fait mention sans fournir beaucoup de détails. Voilà pourquoi l'amendement me semble si important. Il faut qu'à l'avenir nous sachions, nous soyons certains, qu'à titre de membres du caucus ministériel, vous considérerez que votre rôle est non pas de défendre le pouvoir exécutif, mais de défendre le Parlement.
Les paroles de que j'aime citer, les mots qui lui servaient de béquille, qui figurent dans l'ouvrage de Sean O'Sullivan où il est mentionné — je vois le neveu de l'auteur assis en arrière —, étaient « J'aime le Parlement ». C'était une béquille formidable, mais il ne se contentait pas de dire ces mots, il y croyait. Nous devrions tous — absolument tous— y croire.
Au départ, j'ai mentionné un article dont je voudrais parler brièvement. C'est également en rapport avec cette discussion. était à l'époque le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique. Il ne l'est plus. Quand le leader du gouvernement à la Chambre a déposé la motion 6, il l'a qualifiée de « motion draconienne » qui portait atteinte aux privilèges des députés. Il a déclaré que cette motion « imposerait à tous les autres députés une camisole de force qui limiterait leurs droits et privilèges » et qu'elle « priverait les députés du droit de lancer des débats sur le travail crucial » des comités. À propos du pouvoir exécutif, il a dit qu'il « cherchait à laisser de côté les droits et privilèges de tous les députés autres que les membres du Cabinet ».
Ce n'était pas seulement l'opinion de la classe politique. Les médias la partageaient également. Je vais citer Kady O'Malley. Elle a déclaré qu'une attaque avait été lancée « contre les privilèges de la Chambre » et qu'elle dépouillait « l'opposition de ses droits parlementaires ».
Le gouvernement a eu le mérite de ne pas donner suite à la motion. Ce n'était pas, je crois, parce que les arguments l'avaient convaincu — par « vous » j'entends les membres du pouvoir exécutif —, mais plutôt en raison des pressions du public. Nous voyons le public intensifier ses pressions sur le pouvoir exécutif, sur le caucus ministériel pour qu'ils arrêtent, pour qu'ils retirent la motion, ce qui rendrait l'amendement inutile, bien entendu.
Cela ne peut fonctionner qu'avec l'amendement. C'est la seule solution que je puisse voir.
À mon avis, le public croit que si l'on change la façon dont l'opposition fonctionne — car ces changements s'adressent surtout à nous, à l'opposition officielle et au troisième parti ainsi qu'aux membres des autres petits partis, comme le Bloc, qui n'est pas une entité politique reconnue à la Chambre et aux indépendants qui siègent au nom d'un parti politique — cela changerait largement la nature de notre travail. Si les changements ne font pas l'objet, à l'avance, d'un accord unanime, si nous n'avons pas un processus pour parvenir à un accord et si nous ne convenons pas de ce processus dès le départ, nous compromettons notre rôle en tant que parlementaires. Ce serait également trahir les Canadiens et leurs attentes.
En ce qui concerne la motion no 6, un commentateur a dit à l'époque « qu'elle aurait réduit la capacité des députés de proposer certaines motions visant principalement à retarder la progression des affaires émanant du gouvernement ». C'est parfaitement vrai, mais un retard nous permet également de délibérer et de faire valoir notre point de vue. C'est la seule occasion que nous avons de le faire, à la Chambre, car autrement, c'est le gouvernement qui dirige les travaux. Il décide de l'ordre du jour et de l'ordre des travaux.
En tant que député de ma circonscription, je ne peux pas me lever n'importe quand au cours d'un débat pour dire que je voudrais parler de la ligne verte du réseau de train léger. J'aimerais pouvoir le faire, mais je peux aller voir le pour plaider la cause de mes électeurs qui voudraient vraiment que ce projet soit réalisé et financé. J'ai profité de chaque occasion qui s'offrait — je l'ai trouvé dans un salon quelque part ainsi qu'à bord d'un avion — pour aborder brièvement la question afin qu'il ne l'oublie pas.
Je l'ai déjà mentionné, mais je vais me référer au texte concernant le privilège parlementaire. En tant que députés, nous bénéficions d'un privilège parlementaire, mais qui ne vient pas du Règlement. Le Règlement existe pour nous permettre d'avoir le privilège parlementaire. J'ai une liste très brève des droits, des privilèges et des immunités dont bénéficie chaque député et qui peuvent être regroupés sous les rubriques suivantes: la liberté de parole; l'immunité d'arrestation dans les affaires civiles; l'exemption du devoir de juré; la dispense de l'obligation de comparaître devant un tribunal et la protection contre l'obstruction, l'ingérence, l'intimidation et la brutalité. Ce dernier élément se rapporte à l'atteinte au privilège invoquée en mai dernier suite à l'occasion d'un incident regrettable survenu à la Chambre.
À mon avis, ces privilèges, et le Règlement qui les influence et détermine la façon dont ils s'appliquent à la Chambre et en comité, sont vraiment importants. Quand les premiers changements ont été apportés en 1969 et que les comités ont été mieux organisés et renforcés afin de nous permettre d'avoir des débats de fond et de délibérer, les comités sont devenus les lieux où les différents partis pouvaient discuter librement. Vous pouviez entendre les différents points de vue et les désaccords. Il y avait également des comités législatifs pour débattre des lois et on examinait le Budget principal des dépenses, etc. Les députés faisaient valoir leurs points de vue. Les possibilités de débattre étaient presque illimitées. Vous pouviez proposer une motion, proposer des amendements et vous pouviez en débattre. À la Chambre des communes, les débats étaient limités et on parlait alors « d'efficience »,
Ce mot revient dans le document du gouvernement. Pour la gouverne du Comité, ce document s'intitule La réforme du Règlement de la Chambre des communes. Il date de mars 2017 et a été publié le 10 mars, je crois. Il parle d'efficience, ce qui, comme je l'ai mentionné, consiste à accélérer le processus. Nous l'avons déjà accéléré, mais ce dont parle ce document, et ce sera fait, je le crains, si cette motion est adoptée sans l'amendement, c'est de tenir compte uniquement de l'efficience, et de voir combien nous pouvons produire dans une journée et combien de mesures nous pouvons renvoyer au Sénat. Je pense que ce dernier pourrait certainement travailler plus et j'ai rencontré de nombreux sénateurs avec qui j'ai parlé du travail qu'ils accomplissent.
En fait, je lis la transcription des délibérations du Sénat pour avoir une idée de ce que nous pourrions envisager. Même quand tout ceci sera terminé, je lirai peut-être la transcription d'une audience du comité sénatorial des affaires étrangères que mes adjoints trouveront pour moi. Ils me diront que c'est important pour le travail que j'accomplis et sur un sujet qui m'intéresse.
Si à ce comité ou tout autre comité de la Chambre vous limitez les débats des parlementaires — et les vôtres aussi en tant que membres du caucus ministériel —, vous aurez moins d'occasions de défendre les intérêts de vos électeurs lorsque vous ne serez pas d'accord avec le gouvernement. Même chose pour ceux d'entre vous qui sont des libres penseurs et qui avez voté contre le gouvernement ou avec les partis d'opposition. Cela arrive. Je l'ai fait également. J'ai déjà voté contre ce que la majorité des membres de mon parti pensaient être la bonne chose à faire.
Vous constaterez que vous aurez moins d'occasions d'intervenir. Vous ne serez peut-être pas là pendant toute la durée d'une étude. Vous pouvez rater des séances où l'on prend des décisions et finalise un rapport. Vous n'aimerez peut-être pas le produit final.
Nous disons qu'il faut faire les choses comme il faut dès le départ. Assurons-nous d'avoir les bons outils pour réaliser cet examen et le faire comme il faut. Partons du bon pied.
À la chambre de commerce, quand j'ai aidé les comités politiques bénévoles à centrer davantage leur attention sur des enjeux bien précis que les membres voulaient aborder, nous avons créé un nouveau comité appelé le conseil consultatif politique. Nous avons mené des consultations avec chacun des groupes pour nous assurer qu'ils comprenaient ce que cela voulait dire. Le nouveau conseil ne dirigeait pas vraiment le travail, mais choisissait les sujets jugés importants et les soumettait au conseil d'administration pour s'assurer que l'ensemble des membres de la chambre de commerce allaient s'en occuper immédiatement.
C'est un bon modèle pour la chambre. C'est un modèle consensuel. C'est un modèle basé sur la confiance et selon lequel les membres du personnel et les représentants de l'exécutif jouent le rôle d'intermédiaires pour informer les membres. Néanmoins, ce que je constate dans ce document-ci, c'est que le gouvernement cherche à dicter aux parlementaires ce qu'ils devront et ne devront pas étudier. Vous pouvez, par omission, dicter ce qu'il ne faut pas étudier.
Je dis depuis le début que le sujet est si vaste, que nous avons tellement de questions importantes à examiner, qu'il y aurait de quoi faire plusieurs études. Cela pourrait nous prendre deux ou trois ans, et peut-être même nous amener au-delà de la prochaine législature où c'est un nouveau groupe de parlementaires qui examineront si c'est vraiment ce qu'ils veulent mettre en oeuvre.
Encore une fois, je me tourne vers les anciens, les députés les plus expérimentés qui comprennent les traditions et les coutumes de cet endroit, qui à bien des égards sont des mentors pour ceux d'entre nous qui sont nouveaux ici et encore débutants. Même si nous pouvons comprendre le Règlement, le lire et saisir son sens…
M. Nater connaît probablement tous les articles du Règlement par coeur. Il y a des photos de ses enfants en train de mémoriser le Règlement de la Chambre. Je suis sûr qu'ils le lisent aussi avant de s'endormir.
Nous comprenons le Règlement dans le sens où vous pouvez lire un livre et comprendre ce que vous avez lu, mais pour vraiment en saisir tout le sens, vous devez en avoir fait l'expérience. L'apprentissage par l'expérience n'est pas une chose qu'un nouveau parlementaire peut faire en claquant des doigts. J'ai dû parfois compter sur les présidents des comités pour m'expliquer les règles. Je demande un éclaircissement. Je pose des questions. Comme je l'ai mentionné, est le président d'un des autres comités. Il m'a expliqué comment être un bon parlementaire en comité. Ce n'est pas la même chose qu'à la Chambre, et je crois important de ne pas l'oublier.
Cela va-t-il disparaître avec ce modèle? Combien d'articles du Règlement seront modifiés à la fin de cet exercice et comment ces changements potentiels se répercuteront-ils sur notre travail? Comment allons-nous appliquer ces changements dans notre travail, dans nos activités journalières? Aurons-nous la possibilité de discuter ainsi ou va-t-on encore tout nous imposer?
La Chambre des communes est parfois préformatée. Quand j'ai fait mes débuts à la Chambre, j'écrivais tous mes discours, car je n'avais pas l'assurance voulue pour improviser. Je me sens maintenant tout à fait à l'aise, comme un bon nombre d'entre vous l'ont constaté ces dernières heures, pour dire les choses telles qu'elles me viennent à l'esprit. Il m'a fallu environ un an et demi pour en arriver là.
J'avais déjà donné des conférences et parlé lors de rassemblements, bien entendu. Nous l'avons tous fait à un moment donné. Ce n'est pas la même chose que de parler à la Chambre des communes où vous savez que chaque mot que vous prononcez est enregistré pour la postérité. Certaines choses peu édifiantes ont été dites à la Chambre des communes. Si vous regardez assez loin en arrière, vous vous dites: « Mes prédécesseurs ont dit cela? Ils étaient bêtes. »
Des députés: Oh, oh!
M. Tom Kmiec: C'est très très fréquent. Comme le dit le proverbe yiddish que j'ai cité, je pèse mes mots soigneusement, je ne les compte pas. Si je n'ai pas besoin de 10 minutes pour m'exprimer, je ne parle pas pendant 10 minutes. Comme je l'ai mentionné, nous pouvons faire beaucoup de choses à la Chambre et en comité avec le consentement unanime et en nous mettant d'accord lorsque nous nous autoréglementons. Nous réussissons plus ou moins bien à le faire.
Encore une fois, si je n'ai pas besoin de parler pendant 10 minutes, je ne parle pas pendant 10 minutes.
M. Arnold Chan: Lisez-la en français.
M. Tom Kmiec: En français. Si je peux trouver une translittération, je pourrai peut-être l'utiliser.
C'était beaucoup plus dangereux avant. En fait, je crois que les premiers présidents qui ont été élus par nos parlementaires pour siéger comme présidents — M. Chan fait le geste — ont perdu la tête. Ils ont déplu au pouvoir exécutif.
Dans un sens plus symbolique, nous ne décapitons pas l'opposition. Nous ne sommes pas vos adversaires. Nous ne sommes pas ici pour vous déplaire. Nous sommes seulement ici pour faire valoir que nous sommes, comme vous, les intendants du Parlement. Vous pourriez siéger de ce côté-ci et trouver les règles moins agréables quand quelqu'un d'autre s'en servira contre vous.
Je ne voudrais pas m'en servir contre vous. Le mieux, je pense, est de trouver un moyen d'adopter l'amendement à la motion, de procéder à une étude et de bâtir un climat de confiance comme celui régnait avant, je crois, au Comité. Cela nous permettra alors de débattre de ces questions et de parvenir à un accord unanime sur ce que nous allons faire.
Le Comité est toujours libre d'entreprendre ensuite une autre étude ou une autre série d'études. Ce comité est probablement le plus important de la Chambre. Le comité des comptes publics se classe en deuxième place. Le Comité mixte permanent d'examen de la réglementation a une clause de révocation…
Le député de Perth—Wellington a l'air très surpris. Il a certainement un comité favori qu'il désire mentionner.
Vous savez, nous pourrions convenir que si un député n'est pas d'accord avec une proposition, elle soit retirée de la discussion. Je sais qu'on l'a déjà mentionné. C'est, en fait, ce que dit notre amendement. Nous avons inclus, je pense, tout ce qui pourrait être modifié: « Le Règlement, l'adoption d'un article provisoire du Règlement, d'un nouvel article du Règlement, d'un ordre sessionnel ou d'un ordre spécial ou la création ou la révision d'usages de la Chambre ». Nous vous demandons seulement de nous permettre de laisser les choses telles qu'elles sont et d'étudier la question.
Il n'y a rien de mal à vouloir l'étudier davantage. Les délais ne sont pas une mauvaise chose au Parlement. Absolument pas. Il faut faire les choses comme il faut du premier coup. J'espère que nous réussirons le mieux possible à les faire comme il faut du premier coup. Une bonne partie des précisions sont apportées dans la réglementation ou adoptées par décret. Nous donnons au pouvoir exécutif, au Cabinet, la possibilité de prendre des décisions très précises. Nos lois sont précises, mais la plupart du temps, elles n'entrent pas dans tous les détails. Nous devons faire confiance au Cabinet pour prendre les meilleures décisions qui soient au nom des Canadiens. Nous faisons également confiance aux fonctionnaires pour appliquer ces décisions, celles qui touchent autant les lois que les règlements, au nom des Canadiens. Nous exigeons que le gouvernement rende compte des activités et des services que les fonctionnaires rendent aux Canadiens.
Mme Jordan était ici avant. J'ai déjà siégé au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation. Nous avons entendu deux témoins et on m'a dit que c'était la première fois depuis huit ans que le comité permanent faisait comparaître des témoins. À ces deux occasions, nous avons débattu et posé aux témoins des questions très précises quant aux raisons pour lesquelles les ministères n'avaient pas suivi les ordres que le Cabinet leur avait donnés ou que les députés leur avaient donnés par le truchement de lois. Nous estimions qu'ils n'avaient pas fait une interprétation raisonnable des lois et règlements.
Il n'y a pas eu de reproches et d'accusations. Il y avait également des libéraux présents. Ils étaient plus nombreux que les conservateurs, mais ils étaient d'accord avec nous et nous avec eux. Cela n'avait rien à voir avec nos affiliations partisanes. Un organe délibératif, le Parlement, a estimé, compte tenu d'un libellé bien précis, que certains avaient été adoptés, et que les fonctionnaires ne les suivaient pas. Ils dépassaient la lettre de la loi. C'était pour nous l'occasion de les questionner, d'en débattre et leur faire valoir qu'ils étaient allés plus loin que ce que le Parlement avait voulu faire en adoptant la loi.
Ces occasions vont-elles disparaître? Vont-elles être éliminées? Comment vont fonctionner les comités mixtes avec le Sénat? Voilà ce qui m'inquiète. Si nous programmons trop d'activités au niveau des comités, aurais-je, si je me joins au comité en question, la possibilité d'interroger, si nécessaire, un fonctionnaire ou un groupe de parties prenantes — peut-être parce qu'ils m'ont induit en erreur, délibérément ou non — qui se présente devant moi? Les occasions de ce genre sont rares.
Pourrai-je même les appeler comme témoin? La question est pertinente: pourrai-je le faire? Je ne sais pas. J'ai siégé à des comités comme le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, où les discussions se font librement, et où nous ajoutons des témoins quand il le faut. Il règne une grande confiance parmi nous. Il n'y a pas eu un seul rapport dissident depuis que je fais partie de ce comité. Je pense que cela témoigne bien de notre volonté de travailler ensemble, et d’échanger comme nous le devrions, si nous pouvions adopter cet amendement de la motion.
Bon nombre des propositions que défend le gouvernement dans « La Réforme du Règlement de la Chambre des communes » pourraient bien être historiques. Je parlerais en fait de « changements transformationnels », car ces changements transformeraient la façon dont nous fonctionnons ici à la Chambre. J'ai déjà dit qu’être plus rapide ne signifie pas nécessairement être meilleur; nous ne devrions pas nécessairement chercher à être plus efficaces. Il est vrai que nous formons une organisation axée sur les résultats, mais le processus est aussi important, parce qu’il permet de bâtir la confiance du public, qui a ainsi l'assurance que nous avons tenu compte des opinions de tous.
C’est une chose de parler d'attribution de temps et d’interruption des débats, mais les gens se fâchent et deviennent contrariés. Les gouvernements agissent ainsi pour différentes raisons, mais lorsque les règles sont claires dès le début, et qu’elles précisent que vous ne pouvez pas vous exprimer comme vous l’aimeriez pour représenter votre circonscription, les répercussions sur l’ensemble des parlementaires sont inévitables, que ce soit de ce côté-ci de la Chambre ou du côté du caucus gouvernemental.
Cela risque de créer un effet dissuasif qui empêchera les députés de se représenter à titre de candidat. Je suis sûr qu'il existe quelque part des organisations qui s’en réjouiront: moins de députés qui se représentent et davantage de recrues et de nouveaux. Mais si ces députés ne se représentent pas, et ne s’engagent pas pour une autre période de quatre ou cinq ans au Parlement, nous perdrons une précieuse expérience. Je ne peux assimiler les traditions de la Chambre en lisant simplement le Règlement. Personne ne m'a dit, à ma première journée, qu’il fallait s’incliner devant le Président ou en traversant le parquet devant la masse. On m’a simplement dit de ne pas franchir une certaine limite sur le parquet de la Chambre. C'est comme un feu de signalisation. C'est très important. J'ai vu un membre du caucus libéral presque le traverser accidentellement, sans y penser, et j’ai aussi passé proche de le faire, mais je me suis arrêté juste à temps.
Personne ne nous a expliqué cela. Vous n’apprenez toutes ces choses qu’au contact de ceux qui sont ici depuis plus longtemps et qui en font profiter les nouveaux, en tant que gardiens des traditions parlementaires. C'est ainsi que j'ai appris le respect qu’il faut témoigner à la masse, au siège du Président et à l'institution que nous représentons.
Je crains que cette motion soit trop téméraire pour être adoptée sans amendements. Je sais que j’ai dit au départ n’avoir que quelques points à signaler, et qu’il y aurait environ trois douzaines de sous-points pour chacun de mes points principaux. J’en suis à peu près à mi-chemin de mon premier point.
Le décorum à la Chambre n’est régi que par une poignée d'articles de Règlement, et ils sont de nature très générale; ils peuvent être sujets à interprétation. Nous comptons sur le Président et sur les députés plus expérimentés, à nouveau, les députés chevronnés, pour nous les enseigner. Les applaudissements, les ovations debout excessives, et les repas à la Chambre... Ce n'est pas une cafétéria. C'est ici que de grands hommes et de grandes femmes ont débattu des questions de fond: entrer en guerre ou non, comment mener une guerre, la Seconde Guerre mondiale, la Première Guerre mondiale, la guerre de Corée. D’importants débats ont eu lieu ici.
Je sais que dans d'autres milieux de travail, vous pouvez travailler à votre bureau quand vous n'avez pas le temps de sortir. En matière de décorum, on m'a dit que les applaudissements avaient commencé au début des années 1970. Ils ont commencé parce que les députés avaient l'habitude de taper du poing sur leur pupitre, et que cela faisait tomber les microphones. Cette habitude endommageait aussi probablement les pupitres à la longue.
Regardez l'Assemblée nationale au Québec. Il n'y a pas d'applaudissements ni de chahut. Il n'y a rien. Pendant la période des questions, l’ambiance est stoïque. Je pense que « stoïque » serait le plus bel euphémisme que l’on pourrait utiliser, mais on pourrait aussi dire ennuyeux.
Une chose est sûre en ce qui a trait à notre période de questions: elle n'est pas ennuyeuse. Elle ne l’est pas non plus au Royaume-Uni. On ne s’ennuie pas. Les questions sont rapides, et il faut bien écouter les réponses. Un bon ministre ou un bon secrétaire parlementaire doit avoir un bon sens de l’humour, fournir une réponse directe et une réponse de fond, et répondre effectivement à la question.
En fin de compte, c’est tout ce que demandent les membres de l'opposition. Nous ne cherchons pas à vous prendre en défaut. Ce que nous voulons, c'est une réponse de fond. Cette réponse peut aussi être brève. Un simple oui ou non peut parfois suffire. Il n’est pas nécessaire de toujours utiliser tout le temps alloué. Il est possible de s’autodiscipliner.
Je crains qu’en vertu de certains de ces changements, nous risquions de nous éloigner de nos traditions, de nos coutumes ou de nos conventions. Nous pouvons accidentellement instaurer quelque chose, ou abolir quelque chose d'autre qui nous incitait à travailler en collaboration, qui nous amenait à tendre la main de l’autre côté de l'allée et peut-être à converser en privé avec un député au sujet de quelque chose qu'il fait ou ne fait pas.
Je sais que les ruminations du président du Conseil du Trésor peuvent parfois être intéressantes. Je sais que le Président l'a admonesté au moins une fois pour avoir mangé à la Chambre. Je ne mange pas à la Chambre, car ce n'est pas un milieu de travail comme les autres. C'est le Parlement. C'est la Chambre des communes. C'est le parquet de la Chambre des communes. Dans de nombreux autres milieux de travail, j'ai mangé et fait plein d’autres choses au travail, surtout quand j'étais un membre du personnel exclu, et tous ceux qui ont été dans cette situation me comprendront. On n’a pas toujours le temps de sortir pour aller manger. Il nous arrive de devoir rester au bureau pour aider notre patron à se préparer en prévision de la période des questions, de résoudre les problèmes à l'avance. On doit assister à des réunions, et trouver le temps de résoudre les problèmes. Du moins, c’est l’expérience que j’en tire.
Notre milieu de travail n'est pas comme les autres. C'est pourquoi la modification de notre façon de travailler ne doit pas être l’oeuvre d’un seul caucus, d’un seul parti, ou d’un petit groupe de personnes. En outre, je dirais que ce n'est même pas le caucus, mais plutôt le gouvernement qui cherche à apporter ces modifications dans ce document très bref et très mince.
Réduire la durée des discours punirait MM. Genuis et Christopherson, qui ont parlé plus tôt, et priverait ceux qui viendront après moi de parler de l'amendement de cette motion. Certaines choses qui pourraient être dites en cinq minutes doivent prendre 20 minutes pour permettre aux traducteurs de traduire, mais il faut parfois entrer dans les détails pour vraiment bien comprendre. Le contraire pourrait aussi se produire, et une intervention de 20 minutes pourrait n’en prendre que cinq. Il n'y a aucune raison de bavarder inutilement. J'ai l'impression de devoir bavarder aujourd'hui, mais pas en temps normal.
Je sais que la motion principale porte sur le 6 octobre 2016, jour qui a été consacré à la Chambre à débattre le Règlement. Je pense que tout sujet tiré de ces débats devrait faire l’objet d’une étude plus substantielle que les 45 ou 60 jours qui y seront consacrés ici. De plus, même si leurs idées sont lancées ici sur le parquet de la Chambre... elles doivent tout de même faire l’unanimité. On ne peut pas retenir l'idée d'un seul député, ni l'idée d'un groupe de députés, comme le conseil exécutif des membres du Cabinet, et tenter de nous l'imposer de force.
Nous sommes tous égaux en tant que des parlementaires, qu’il s’agisse du Président ou de moi-même. Je n'ai pas plus de pouvoirs que vous. Nous devrions tous avoir des chances égales dans le cadre de l’étude du Règlement, des ordres sessionnels et des règles de la Chambre, dans leur forme actuelle, qui nous aideront à faire notre travail. Leur modification ou leur amendement doit se faire au terme d’un consentement unanime.
J’aimerais maintenant parler de quelques-uns des discours et de certaines des idées qui ont été retenues. Certaines d'entre elles ont trait au processus.
Monsieur le président, c’est vous qui avez parlé en premier du demi-cercle et, comme je l'ai déjà indiqué, la raison pour laquelle nous nous trouvons les uns en face des autres fait écho à l’histoire, et à l’abbaye de Westminster, où les moines étaient assis les uns en face des autres. Les bancs se faisaient face, au lieu de faire face à l'autel. Nous avons donc perpétué cette tradition au fil des ans. La masse se trouve sur la table. Il y a un calendrier sur la table qui n’a véritablement aucune utilité. Il y a aussi une horloge, mais nous possédons tous un téléphone intelligent. C’est ce que veut la tradition, tout comme toutes les règles que nous observons. Tous les articles du Règlement et toutes les règles de procédure se trouvent dans ces livres. Les greffiers s'assoient aussi. Ils ont maintenant des écrans intégrés à leur table. Nous avons adopté les plus récentes technologies afin de nous adapter à la situation, et d'accélérer le fonctionnement de notre institution.
Il y a 12 ans, lorsque je travaillais comme membre du personnel d'un député, le Feuilleton et le Feuilleton des avis étaient encore livrés tous les jours. Il faut désormais les chercher en ligne. Ils ne sont plus livrés, du moins pas dans l’édifice de la Confédération. Je n’ai rien contre cela, parce que c'était probablement un gaspillage de papier de toute façon. Nous pouvons tous les obtenir en ligne.
Il s’agit là d’un changement purement fonctionnel, qui n’a aucune incidence importante sur mon travail de tous les jours. Je vérifie le Feuilleton des avis tous les jours. Tous les lundis, quand je suis de retour ici, les membres de mon équipe l’ont déjà imprimé et me l’ont fourni. Cela me permet de faire mon travail. Je peux mieux comprendre ce qui se passera, d'une manière générale, dans les jours suivants.
J'ai également la certitude que, lorsque je me rendrai aux réunions du Comité, je serai entendu et je pourrai parler. Or, je n'ai plus cette certitude, de la façon dont je perçois cette motion, et en raison du désengagement que je pressens à ce sujet...
J’entends les sonneries, monsieur le président.
:
Cela vous arrive effectivement de temps à autre.
M. Scott Sims: Oui.
M. Tom Kmiec: Collectivement, nous savons que le gouvernement a un programme législatif à observer. Le travail de l'opposition consiste toujours à réagir à ce que fait le gouvernement. Vous définissez l'ordre du jour. Vous êtes, en quelque sorte, l'exécutif, pas vous, individuellement, parce que vous faites partie du caucus gouvernemental. Il s'agit d'assurer l'équilibre et de comprendre quels projets de loi sont considérés comme controversés, quels sont ceux qui doivent être plus longuement débattus, lesquels pourraient être moins longuement débattus et comment nous pouvons planifier des débats supplémentaires. Quels sont les mécanismes par lesquels le gouvernement et l'opposition peuvent faire savoir qu'ils choisissent de prolonger le débat sur un sujet en particulier, ou faire savoir qu’ils veulent tenir un débat? Si nous présentons le genre de programmation prévu dans cette proposition sans un examen préalable suffisant, et sans une étude suffisante, et sans un nombre suffisant de témoins, j’ai bien peur que nous n’atteindrons pas ce juste équilibre et que nous y perdrons au change à titre de parlementaires, et non pas en tant que membres du caucus gouvernemental. Cela ne se produira peut-être pas dans la présente législature, mais dans la suivante, et celle qui suivra la suivante.
Il y a des projets de loi qui ne sont pas controversés. Nous avons vu que la Chambre pouvait adopter rapidement des projets de loi, comme le projet de loi sur le Traité de Marrakech, parce que nous étions d'accord. Nous nous entendions sur le contenu et sur les principes. Dans un tel cas, nous avançons rapidement. De même, le débat s’est parfois enlisé sur des projets de loi en particulier, comme le projet de loi à la Chambre des communes, parce qu'aucun député n'a voulu en parler ou approfondir le débat. Il est simplement passé à l’étape suivante à la Chambre.
Nul besoin d’être un génie pour se rendre compte qu'un seul député peut causer beaucoup de tort à un gouvernement ou à l’opposition qui présente un projet de loi. Ce qu’il nous faut, c’est un esprit de collaboration. Nous pouvons développer cet esprit de collaboration au niveau des comités en particulier. C'est pourquoi nous ne nous sommes pas contentés de voter contre la motion. Nous avons proposé un amendement raisonnable qui améliorerait la motion initiale, et qui nous permettrait de nous entendre sur le fond. J’estime encore cela raisonnable. Le fond de notre amendement est assez raisonnable.
Nous avons vu, avec le projet de loi , que le gouvernement a souvent invoqué l'attribution de temps. Pour ce projet de loi en particulier, j’étais en désaccord avec le recours à l'attribution de temps, puisqu’il s'agissait d'un cas de conscience pour bon nombre d'entre nous. Nos électeurs, ou bon nombre d'entre eux, estimaient qu’il s’agissait d’un cas de conscience. Comme ce projet de loi en soi était en réaction à une décision de la Cour suprême, nous avons été invités, à titre de parlementaires, à y réagir. C'était leur proposition, de mettre en œuvre ce qu'ils estimaient être un moyen d’observer les restrictions de la décision de la Cour suprême. Nous avons donc été libres de délibérer dans toute la mesure du possible pour le compte de nos électeurs. J’estime donc que c'était une erreur d'invoquer l'attribution de temps dans cette situation. Encore une fois, cette décision revenait au gouvernement.
Le débat a été insuffisant selon moi. À l'étape du comité, j’accorde beaucoup de crédit à M. Housefather, président du Comité à l'époque. Il a fait en sorte que les modifications de tous les députés puissent être prises en considération. Je sais qu'il m'a permis de faire examiner les modifications que j'avais à proposer au comité. Je lui en suis fort reconnaissant.
Je ne sais pas quel sera le résultat de ce rapport, et je ne devrais pas le savoir non plus. Certaines des idées soumises ici devront être étudiées. Nos idées sur les modifications à apporter au Règlement ont déjà été débattues, mais je vous mets en garde de ne pas modifier à la hâte le fonctionnement des comités, et de risquer de renoncer à vos droits, en tant que parlementaires, d’être entendus devant un comité. Nous sommes passés en 1969 de la Chambre des communes aux comités afin de pouvoir débattre librement, et pour passer des généralistes à des spécialistes sur des sujets en particulier. Si l’on autorise que des règles du genre de celles qui sont en vigueur à la Chambre des communes soient adoptées aux comités, on y perd au change. On perd la capacité de se distinguer de la ligne du parti quand il le faut, pour favoriser la libre-pensée en général, car des limites pourraient ainsi encadrer le type de débat qu’il y aura. Des limites pourraient être imposées quant aux types de motions qu’il serait possible de proposer. Le comité pourrait être programmé de façon à fonctionner d'une certaine manière, de sorte qu’une fois que chaque député s’est exprimé, on passe à l'étape suivante. Je ne pense pas qu’il s’agit là d’un grand progrès.
Nous avons tous été élus au sein d'un parti politique. Il n'y a pas de vrais indépendants dans cette Chambre. Même M. a été élu membre du Parti libéral du Canada, même s’il est maintenant libre de poursuivre ses propres objectifs en tant que parlementaire. C'est son droit.
Nous n'avons pas intérêt à changer aussi facilement et aussi rapidement le mode de fonctionnement de ces comités sans accord unanime entre nous.
Je vois que est là pour les néo-démocrates. Ils reconnaîtront que nous luttons farouchement en comité pour les autres membres de nos caucus qui n'ont pas toujours la possibilité de suivre le Comité jusqu'à la fin à cause de conflits d'horaire. C'est pour eux que nous faisons cela, et pas seulement pour nos électeurs. Il y a aussi nos collègues de caucus qui peuvent s'intéresser à une question particulière. Il nous faut des mandats de nos caucus. En effet, lorsque nous leur parlons, nous ne parlons pas seulement pour nous et nos circonscriptions. Nous parlons aussi au nom de nos collègues de caucus.
Encore une fois, selon les Débats, à un certain moment donné, un député a dit: « Croyez-moi, si un débat échoue sur un projet de loi donné, c'est peut-être que personne ne veut en parler. » Voilà qui est très juste.
Lorsque nous avons 10 minutes à la Chambre des communes, il n'est pas obligatoire de les utiliser toutes. J'ai vu des députés en prendre moins que cela. Ils se lèvent, soulèvent un excellent point et se rassoient, et s'amorce ensuite une période de questions et réponses, où un député pose des questions ou fait un commentaire. Si nous pouvions nous discipliner plus souvent, nous pourrions trouver des occasions comme celle-là d'accélérer les choses et d'être plus efficaces, mais nous n'y arriverons pas à coup de changements de règles motivés par la seule raison qu'on ne sait pas se discipliner.
Voici ce que nous devrions faire. Essayons d'apporter quelques changements de fond à notre Règlement, sans aller jusqu'à les imposer à l'opposition. Nous sommes contre les changements de règles sans consultation suffisante et sans possibilité de pouvoir dire de ne pas faire A, B ou C, parce que cela nous empêchera, comme opposition, de nous acquitter de notre obligation constitutionnelle de nous opposer loyalement.
Comme je l'ai déjà dit — et je le répète, peut-être au bénéfice de certains députés qui se sont joints à nous cet après-midi —, vous n'êtes pas mes adversaires. Vous n'êtes pas mes ennemis. Vous êtes mes collègues parlementaires. Je ne suis pas là pour me faire du capital politique à vos dépens. Je suis là pour discuter et délibérer avec vous. Vous ne serez pas d'accord avec moi, et je ne serai pas d'accord avec vous. À la fin, étant donné votre affiliation politique, vous voterez probablement avec votre caucus. J'accepte cela, et nous pouvons avoir cette discussion entre nous. Ne m'enlevez pas tous les outils que j'ai pour parler pour ma circonscription, ou en mon nom personnel, si j'ai un problème de conscience à soulever, ou encore au nom des membres de mon caucus qui ne sont pas nécessairement en mesure de siéger à la table.
Il y a ici des propositions d'ajouter des députés des autres partis en tant que membres d'office pour leur permettre d'interroger les témoins. Actuellement, nous avons deux heures. Typiquement, la plupart des comités se réunissent pour deux heures. J'ai voulu savoir pourquoi les réunions durent deux heures. Je ne sais pas si quelqu'un s'est jamais demandé pourquoi nous avons deux heures pour nos réunions de comité. Pourquoi ces blocs de deux heures? Y a-t-il quelque chose de mal avec trois heures ou deux heures et demie? Dans le monde des affaires, on dirait que deux heures de réunion sont deux heures de temps perdu, typiquement. Il faudrait une affaire très importante pour justifier une réunion de deux heures avec plusieurs présentateurs. C'est possible dans les sociétés de génie s'il y a un projet complexe avec dessins sur la table.
On m'a dit — et c'est peut-être apocryphe — que la plage de deux heures a été fixée avant que nous ayons accès aux immeubles qui ont été ajoutés à la Cité parlementaire, et que les blocs de deux heures permettaient à chacun des comités de se réunir pendant la journée, l'un à la suite de l'autre. Il n'y avait pas autant de salles de comité qu'aujourd'hui, et c'était chacun son tour; tout allait bien avec les blocs de deux heures.
Nos réunions de comité doivent-elles toujours durer deux heures? Parfois, les présidents y ont mis fin plus tôt. Les présidents prolongent, bien sûr, les réunions dans certains cas. Il serait justifié d'envisager des petits changements comme cela, mais nous devrions les faire par accord unanime.
Pour rendre cet endroit plus fonctionnel, il n'est pas nécessaire de renoncer à notre capacité, comme parlementaires, de demander des comptes au gouvernement, comme vous voulez le faire aussi. Un grand nombre de députés d'expérience, des vétérans, voire des membres du gouvernement et de précédents gouvernements, m'ont dit que, parfois, pendant l'étude du Budget principal des dépenses, et même pendant les débats sur les budgets supplémentaires, ils ont découvert dans les documents des choses qui ne leur étaient même pas apparues comme des contradictions ou des erreurs.
Je me rappelle l'étude du budget des dépenses à l'Assemblée législative de l'Alberta. Parfois, il y avait des inexactitudes. Il y avait des erreurs de frappe, qu'il fallait expliquer. Parfois, les fonctionnaires n'avaient pas supprimé un certain point qu'on leur avait spécifiquement demandé de supprimer, parce que cela ne faisait plus partie du programme du gouvernement, et qu'on ne s'en est pas rendu compte avant l'étude du Budget principal des dépenses. Les comités sont l'occasion de revoir ces budgets. Si nous programmons les comités pour limiter notre temps de parole, nous perdrons cette possibilité. Nous faisons vraiment très peu de cela à la Chambre.
Il y a une disposition selon laquelle le budget est automatiquement adopté à un certain point, débattu ou pas, étudié ou pas. Là, nous avons déjà renoncé à une partie du travail central du parlementaire, qui est d'examiner comment le gouvernement dépense ses fonds.
Le propose des changements au temps et à la façon dont les budgets sont étudiés, et je sais que le gouvernement y songe déjà dans ses propositions au Parlement. Les parlementaires en ont déjà parlé. Le Budget principal des dépenses est en comptabilité de caisse. Or, le gouvernement a une comptabilité d'exercice. Les exercices budgétaires ne coïncident pas.
Je me rappelle que notre chambre de commerce avait invité le sous-directeur parlementaire du budget à venir à Calgary nous expliquer ce problème. Il a fait un exposé extraordinaire à notre comité des affaires fiscales et économiques et a vraiment convaincu les personnes présentes, des gens d'affaires, des erreurs qui pourraient surgir et de la difficulté de surveiller comment le gouvernement dépense notre argent.
Plus tôt, j'ai mentionné la deuxième chambre. Je passe à la page 5571 des Débats. Je ne m'arrêterai pas à chaque point, car j'aimerais aborder quelques autres articles et les débats depuis 1991, où on a voulu imposer des changements au Règlement sans consentement unanime, pour rappeler toute la confrontation qu'il y a eu à l'époque entre les députés ministériels et ceux de l'opposition.
Il y a deux derniers points à mentionner au sujet des débats. Ce concept d'une deuxième chambre, comme celle du Royaume-Uni, apparaît non nécessaire. Il suffit de remplir la Chambre avec les députés que nous avons déjà. Les meilleurs débats que j'ai vus ont eu lieu lorsqu'il y avait plus de députés à la Chambre qui suivaient ce qui se passait parce qu'il y avait un orateur engageant qui parlait de quelque chose peut-être de nouveau. Peut-être le faisait-il en plaisantant, ou retenait-il l'attention d'un autre groupe de parlementaires. Alors, il y a des échanges, des conversations et des débats harmonieux.
Je ne crois pas qu'il nous faille une deuxième chambre. Je sais que certains députés l'ont mentionné lors du débat du 6 octobre, et je sais qu'une partie de cette motion initiale est de discuter de ce que les députés ont mentionné.
Voici ce pour quoi je me suis porté candidat. Personne ne m'y a forcé. Je n'y ai pas été forcé par mon épouse — certainement pas elle — et je n'y ai pas été forcé par des électeurs ou par l'association conservatrice locale. Nous nous sommes tous portés candidats à un emploi qui demande des déplacements épuisants. Nous avons tous entendu parler de gens qui font des journées de 15 heures et travaillent le week-end. Pour certains d'entre nous, le retour à la maison est un très long voyage. Nous avons tous passé 78 jours à faire campagne aux dernières élections pour obtenir le privilège de siéger ici comme parlementaires et de servir à la Chambre. J'essaie de garder au minimum mes plaintes au sujet de l'équilibre travail-vie personnelle.
J'ai mené une solide campagne dans ma circonscription contre des adversaires néo-démocrates et libéraux qui voulaient exactement la même chose. Ils postulaient pour exactement le même type d'emploi. Je ne veux pas que les membres du Cabinet décident de réduire notre temps de séance de 20 % et, au nom de la protection de notre équilibre travail-vie personnelle, de redistribuer les heures à un autre moment. Cela ne favoriserait pas le bon fonctionnement de cet endroit. Cela n'améliorerait pas les débats. Cela n'améliorerait pas l'équilibre travail-vie personnelle. Pourquoi ne pas laisser les parlementaires décider eux-mêmes de leur équilibre travail-vie personnelle?
Si je me rappelle bien, c'est notre comité qui n'a pas voulu recommander de supprimer les séances du vendredi, mais voici que la proposition lui est soumise de nouveau. Je sais que M. Simms a une perspective différente, qui est de faire une journée normale complète le vendredi. Celle que j'ai présentée est que nous pourrions peut-être ramener les comités de la Chambre pour avoir leurs débats à la Chambre pour une journée. Ils seraient automatiquement inscrits d'avance au programme, et tout le monde saurait que le comité des affaires étrangères s'amènerait pour trois heures et que ses membres devraient y être, peut-être sur une motion pour débattre d'un rapport ou d'un enjeu quelconque.
C'est une option, mais je ne l'ai pas suffisamment approfondie. Je ne l'ai pas étudiée assez longtemps pour en comprendre toutes les ramifications. Je ne pense pas que vous avez assez de temps pour rédiger un rapport pour le 2 juin et dégager un consensus à cette table si vous n'adoptez pas notre amendement à la motion. C'est un point à régler pour y arriver.
Il y a une foule de gens qui travaillent dans différentes professions, comme les militaires, ou qui travaillent à Fort McMurray, qui voyagent beaucoup, sont souvent loin de leur famille et n'ont pas leur mot à dire dans leur équilibre travail-vie personnelle. Ce sont leurs employeurs qui leur imposent leurs conditions. Nos employeurs sont nos électeurs, les contribuables du Canada. Comme groupe, ils nous payent pour venir ici travailler en leur nom, d'abord comme parlementaires et non pas d'abord comme membres de nos caucus.
Je défends les intérêts de mes électeurs parce qu'il n'y a personne d'autre ici qui le fera. Comme je l'ai mentionné, j'ai la deuxième plus grande circonscription au Canada. Personne d'autre que moi ne va la représenter ici. C'est le mieux que je peux faire en leur nom. Dans cinq ans, et probablement dans quatre ans — parce que c'est la loi —, il y aura des élections et je serai appelé à rendre compte du travail que j'aurai fait à la Chambre. Ce qu'il y a de merveilleux dans notre démocratie, c'est que les électeurs individuels peuvent nous évaluer selon n'importe quelle mesure qu'ils veulent. Ils peuvent nous demander si nous avons raté beaucoup de votes, si nous avons été présents à la Chambre, ou si nous avons assez parlé. J'espère qu'ils penseront que j'ai assez parlé.
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Je veux juste être sûr.
M. Blaikie père, dans ce cas, à l'époque député de Winnipeg—Transcona, dit ceci, et je crois que son expérience est très utile:
J'ai eu la possibilité de participer aux travaux de ces deux comités. Je tenais à réfléchir aux changements qui nous sont proposés ici, à la lumière de la réforme parlementaire que j'ai vue se déployer depuis mon arrivée ici en 1979.
Il a effectivement participé aux travaux de ces deux comités, et son point de vue de parlementaire d'expérience et de participant aux travaux de deux comités qui ont réformé le Règlement non pas une fois, mais deux fois, à l'unanimité, son point de vue, dis-je, est très utile. Et c'est un néo-démocrate. Je ne cherche même pas à trouver un conservateur avec qui je puisse être d'accord. Je cherchais activement un néo-démocrate avec qui je puisse être d'accord et que je puisse citer.
Il mentionne ici d'autres députés prenant le président à partie à un moment donné. Je sais qu'il s'agit du très respecté Harvie Andre, député de Calgary, qui en réalité n'a jamais rien fait de tel et qui s'en est défendu jusqu'à la fin. J'ai le privilège de connaître également sa fille Lauren, qui vit à Calgary avec Craig Watt, un monsieur avec qui j'ai travaillé à la chambre de commerce de Calgary.
Il mentionne encore d'autres députés, en expliquant le genre de travail qu'ils ont fait et en quoi ils ont contribué aux rapports du Comité McGrath et du Comité Lefebvre. Voici ce qu'il dit au sujet du Comité McGrath:
À l'époque, nous étions tous d'accord avec le Comité McGrath pour dire qu'un délai n'était pas nécessairement une mauvaise chose.
Voilà qui fait réfléchir à l'argument de l'efficacité dans le document du gouvernement.
Les délais sont l'une des caractéristiques et des fonctions de la démocratie parlementaire.
Les délais permettent d'examiner les questions dont nous sommes saisis, sous la forme d'une motion, d'un rapport ou d'une affaire émanant de députés. Ce n'est pas un délai pour débattre. J'ai entendu dire cela par un membre actuel de l'exécutif, je veux parler du .
Les délais ne sont pas une mauvaise chose. Si je discute de quelque chose avec ma femme et que nous sommes en grave désaccord, puis que nous allons nous coucher sans rien régler, nous n'avons pas pris de retard. Nous avons simplement décidé de laisser la poussière retomber, de nous reposer et de décider le lendemain, plutôt que de réagir dans le feu de la discussion et de prendre une mauvaise décision.
Je crois qu'on peut appliquer le même principe au Parlement. Nous sommes tous à la recherche d'un terrain d'entente.
Il dit aussi ceci:
C'est un moment politique crucial qui permet à la population de se mobiliser contre quelque chose qu'elle peut ou non considérer comme inacceptable.
C'est exactement ce que nous, députés de l'opposition, essayons de faire aujourd'hui, et ce que nous avons essayé de faire hier et avant-hier. Nous essayons de rallier tous les Canadiens pour leur montrer que nous pensons que la motion sans modification et le contenu du document affiché par le gouvernement du Canada en mars 2017 sous le titre de « La réforme du Règlement de la Chambre des communes », tout cela est mauvais pour l'opposition. Nous pensons que cela transformera l'opposition en auditoire, qu'on pourra voir, mais pas entendre. Je pense que ce serait une énorme perte pour le Parlement et pour les parlementaires de tous les partis.
Bien sûr, on peut être en désaccord de l'autre côté. Je connais quelqu'un qui n'est pas d'accord avec notre interprétation de ce qui se passe, mais le fait est que nous, l'opposition — et je crois que je parle au nombre de beaucoup de députés —, avons très peu confiance dans les membres de l'exécutif à l'heure actuelle. Je ne parle pas nécessairement des membres du caucus gouvernemental présents ici. Je parle des membres de l'exécutif. Nous avons très peu confiance en eux en ce moment. Nous pourrions rebâtir cette confiance si cette modification était adoptée, et nous aimerions en arriver là.
J'ai deux autres choses à dire au sujet de la contribution de M. Blaikie à ces débats. Cela se trouve à la page 19 293 des Débats de la Chambre des communes du 10 avril 1991.
Il dit ceci:
... et l'emploi de délais comme fonction parlementaire primaire ne serait pas si absolument cruciale pour le rôle de l'opposition, si elle pouvait faire sa part de façon plus utile. Mais voilà qui n'a pas été proposé dans le cadre de cette réforme.
Il parle de la réforme de 1991, lorsque les modifications au Règlement étaient apportées à toute vitesse, comme c'est le cas, me semble-t-il, aujourd'hui. C'est un parlementaire à la longue expérience qui dit cela en 1991, un parlementaire qui a d'abord été élu en 1979, qui a siégé au Comité McGrath et au Comité Lefebvre — lesquels ont par deux fois réussi à obtenir l'unanimité sur les types de modifications qu'ils souhaitaient apporter au Règlement — et qui était à l'époque un néo-démocrate, pas moins.
Je pense que c'est le...
J'ai cru un moment que je ne pourrais pas continuer.
J'ai encore quelques citations de M. Blaikie au sujet de l'idée des secrétaires parlementaires aux comités. Je respecte leur travail de parlementaires, mais je ne crois pas qu'ils devraient participer aux travaux des comités. Ils peuvent siéger comme parlementaires, mais il m'est difficile de croire qu'ils peuvent faire une distinction claire entre leur rôle de secrétaires parlementaires, c'est-à-dire de porte-parole de leurs ministres et de l'exécutif, et leur rôle de parlementaires.
La ligne à suivre pour un secrétaire parlementaire est incroyablement difficile et fine, parce qu'on est là pour promouvoir et défendre son ministre, aller à des réunions, proposer des idées et travailler pour le compte du ministre et pour le compte de l'exécutif. On assume ce rôle. On se porte volontaire. Personne ne vous y oblige. On assume des responsabilités supplémentaires. Tout comme à l'époque, en 1991, comme les gens dont parle M. Blaikie, c'est l'excuse qu'emploie le secrétaire parlementaire du leader parlementaire, je cite:
Ce n'est pas une question de contrôle, c'est une question d'information, de contacts et de communications, etc.
C'est comme l'argument employé aujourd'hui: oh non, il n'est pas question de dire quoi faire au comité ni de dire aux membres du comité dans quel sens voter ou quelle motion proposer, absolument pas.
Nous travaillons en équipe dans chaque équipe, et nous ferons toujours ainsi. Il n'y a pas tant de possibilités que cela de travailler ensemble au comité. Certaines recommandations proposées ici pourraient et devraient être examinées, peut-être pour accroître le nombre de membres des comités et inclure des gens qui ne peuvent pas y participer, mais cela ne peut pas se faire sans unanimité sur ce que nous proposons dans la modification.
Une partie du contenu de la motion me pose problème, mais je peux m'en accommoder à condition que cette modification soit adoptée. J'estime que la période d'étude est trop courte pour permettre l'examen de tous les changements de fond proposés à la réflexion. Il n'y a pas assez de détails dans certains cas pour effectivement faire une analyse. J'ai déjà parlé des thèmes, les thèmes 1 et 2. On pourrait les séparer et les analyser dans le cadre d'études distinctes, et le comité aurait assez de travail pour deux ou trois ans.
J'ai déjà parlé de votes libres, et je ne répéterai donc pas mes arguments. Je ne rappellerai pas que M. Blaikie a pris la parole deux fois à la Chambre au sujet d'un rappel au Règlement pour se plaindre que le gouvernement interprétait les motions de la journée de l'opposition comme des votes de confiance. J'espère que nous n'en reviendrons jamais à ce genre de situation où les membres du caucus gouvernemental sont contraints de voter d'une certaine façon sur des motions de la journée de l'opposition parce qu'il s'agirait d'un vote de confiance. Le gouvernement peut désigner un enjeu comme une question de confiance.
Je pense que certains des changements apportés en 1991 et en 1985 et certains changements, dont j'ai parlé, apportés à l'unanimité dans les 20 dernières années étaient des changements valables à l'époque. Cela a permis aux membres du caucus gouvernemental et aux membres de l'opposition d'être plus indépendants. Les questions mises au vote ne sont pas toutes des questions de confiance.
M. Blaikie en parle également dans sa participation au débat. Je pense qu'il est important de l'invoquer, lui en particulier, parce qu'il était membre à la fois du Comité McGrath et du Comité Lefebvre, de sorte que son point de vue, compte tenu du temps qu'il y a passé, est éclairant. Il était député depuis 12 ans à la Chambre des communes à l'époque. Comme je l'ai déjà dit, c'est auprès des anciens qu'on s'initie aux procédures de la Chambre.
Je tiens également à parler de l'ex-président Peter Milliken, député de Kingston et les îles. Il était très connu, et je pense qu'il était très apprécié à la Chambre. Il était très respecté parmi les parlementaires. Il déclare ici, non pas comme président, mais comme député:
Cette fois, le gouvernement a dit, aux réunions des leaders parlementaires, qu'il voudrait proposer des changements au Règlement. Nous y sommes. Dites-nous ce que vous pensez.
Ce n'est pas ce qu'on nous a demandé de faire. On nous a ordonné de le faire, on ne nous a pas demandé notre avis en général. On ne nous a pas demandé de bricoler la motion originale. C'est pour cela que nous essayons de faire passer notre point de vue au moyen de cette modification.
Je continue de lire:
J'estime que cela est contraire à la pratique traditionnelle de la Chambre. On a exclu la possibilité d'une participation publique à des changements qui, tels qu'ils sont proposés, remettent fondamentalement en cause le fonctionnement de la Chambre. Cette chambre est, que je sache, la tribune publique où les citoyens ont le droit d'exprimer leur point de vue par l'intermédiaire de leurs représentations, et parfois directement, dans le cadre des comités.
Voilà, à mon avis, une déclaration profonde de la part d'un parlementaire qui sera plus tard président de la Chambre des communes et chargé de statuer sur le Règlement. Certains députés connaissent peut-être mieux M. Milliken que moi. Cette citation est peut-être apocryphe, mais on m'a dit qu'il a fait ses études sur le Règlement et sur la période de questions. Il a lu le Règlement avant de devenir parlementaire, de sorte qu'il le comprenait à un niveau où beaucoup d'entre nous s'efforcent d'accéder.
Dans une autre partie que je veux citer ici, il cite lui-même quelqu'un d'autre:
M. Andre dit que la lutte prévue par l'opposition contre les changements proposés au Règlement n'est que pour le principe, puisque les trois chefs de parti ont activement négocié ces changements depuis décembre.
Le leadership de la Chambre essayait de négocier une solution pour sortir de l'impasse. Je crois que notre propre leadership essaie de faire la même chose pour trouver un terrain d'entente et accroître le degré de confiance afin que nous puissions conclure un accord. C'est pour cette raison que nous passons du temps dans des réunions à chercher un terrain d'entente entre nous, que nous n'avons pas trouvé pour l'instant.
Ne croyez pas que la poursuite du débat, ma propre poursuite du débat, comme de la simple obstruction. Je tiens à faire certaines remarques. J'espère avoir évité au maximum de me répéter. J'ai apporté de nouveaux éléments à la discussion — des articles, des idées, des débats antérieurs, les opinions et jugements de parlementaires ayant des décennies d'expérience. Je pense que tout cela est utile à notre exercice et digne d'être examiné parce que c'est en lien avec la discussion. Nous sommes en train de parler de changements dans ce qui règle notre façon de travailler.
Concernant le leader du gouvernement à la Chambre, M. Milliken dit ceci:
Je suppose qu'il voulait dire par là que, du fait même qu'on avait négocié, on devait en quelque sorte être d'accord.
Ce n'est pas parce que nous négocions que nous sommes d'accord avec l'esprit de ce projet de changer radicalement le Règlement de la Chambre et notre mode de fonctionnement. Je sais que des députés ont dit que ce n'est pas nécessairement de cela qu'il s'agit. Eh bien, il nous est impossible de le savoir, parce que nous n'avons pas participé à la discussion initiale sur la motion. C'est pourquoi nous proposons cette modification, pour, au moins, trouver une sorte de terrain d'entente. Nous espérons faire l'unanimité au moins sur ce point pour pouvoir donner suite à l'étude.
Cette modification ne vise pas à vider la motion originale de son contenu. Nous n'essayons pas de l'éliminer. Nous disons que nous sommes prêts à continuer, mais que nous aimerions avoir confiance en vous. Nous aimerions construire cette confiance et collaborer, mais en étant sûrs que vous n'exercerez pas de contrainte. Nous pouvons discuter, nous pouvons débattre, mais cela ne signifie pas que nous sommes d'accord, pas encore du moins. Peut-être en arriverons-nous à un accord plus tard.
Je veux invoquer une autre source. Il s'agit de Charles Edward Selwyn Franks, de la circonscription de M. Milliken et bon ami de ce dernier. Ex-professeur de celui-ci, il a écrit un livre intitulé The Parliament of Canada. À la page 5, on peut lire ceci:
Il y a deux autres fonctions du parlement qui sont si importantes qu'elles méritent d'être distinguées en tant que telles bien qu'elles puissent être subsumées sous la rubrique générale du mode de fonctionnement du gouvernement.
C'est en lien avec l'argument du gouvernement à l'égard du principe d'efficacité.
La première est la fonction du parlement comme terrain de recrutement et de formation de leaders politiques. La deuxième est la fonction de communication politique, où les règles de discussion parlementaire, dans les termes de Bagehot, permettent d'exprimer le sentiment populaire, d'enseigner à la société et d'informer le gouvernement et les citoyens des revendications et des problèmes.
Comment pourrons-nous débattre de ces choses et régler les revendications et les problèmes pour, comme il le dit, enseigner à la société et informer le gouvernement et les citoyens, si nous n'avons pas de débat sur le fond à l'étape du comité, puisque nous ne le pouvons pas toujours à la Chambre des communes? Les mécanismes que le gouvernement peut employer pour désigner une période de temps réservée réduisent le débat. C'est là que les parlementaires ont toujours débattu de toutes les questions à l'ordre du jour, proposé toutes les modifications, discuté en comités pléniers pour y proposer des modifications. Oui, c'était un processus très difficile, et peut-être inefficace, mais il permettait assurément aux parlementaires de représenter intégralement leurs électeurs.
M. Milliken dit également ceci:
Les gouvernements n'aiment pas les oppositions qui ressemblent à des gouvernements en attente, parce qu'il leur semble que toutes les faiblesses du gouvernement sont révélées par une opposition habile et compétente.
J'espère que les Canadiens jugent, en général, que les caucus néo-démocrate et conservateur représentent une opposition habile. J'espère que le gouvernement nous reconnaît comme tels et non pas comme des obstructionnistes qui viseraient à accumuler des entraves inutiles, mais bien comme des parlementaires aptes à faire valoir des arguments, lequel, en l'occurrence, est qu'il faut faire l'unanimité sur les changements à apporter aux règles de fonctionnement de la Chambre avant de donner suite à cette étude. Si nous nous entendons sur cette modification, nous pourrons donner suite à l'étude. Je pense que c'est tout à fait clair.
D'après mon plan, ici, j'ai formulé quatre de mes arguments. Il m'en reste deux. Je vois que M. Simms me signale son accord. Je vais lui repasser la parole, mais pas tout de suite. J'ai encore quelques remarques à faire.
M. Milliken dit également ceci:
Je vais vous lire la page 5 sur le « rôle de l'opposition ».
M. Milliken tenait à en parler, il a été interrompu à plusieurs reprises par d'autres députés.
Il se met à lire:
Seule une opposition solide et vivante peut espérer compenser des pouvoirs de contrôle excessifs et contraires à la Constitution que pourrait exercer une administration gouvernementale, ce qu'on appelle la bureaucratie, ou lui être conférés.
Seule une opposition vivante peut empêcher des raccourcis dans les procédures démocratiques, que des ministres du Cabinet ou des bureaucrates trouvent souvent attrayants. Il n'y a que l'opposition, comme partie reconnue aux délibérations parlementaires, qui peut empêcher la dégradation du système gouvernemental en une forme de direction arbitraire des affaires publiques par l'exécutif et la bureaucratie.
J'arrête ici la citation.
C'est le Règlement qui nous permet de faire ces choses. Nous faisons partie du processus parlementaire. Le dépôt d'un projet de loi doit tenir compte de la façon dont l'opposition réagira: est-ce qu'il y aura un débat raisonné, est-ce qu'elle se retirera de la discussion pour faire obstruction à tout ou est-ce qu'elle dira: « Vous êtes le gouvernement. Vous avez le droit. Vous avez le mandat du peuple pour proposer une loi, et vous reconnaissez notre droit à nous y opposer », dans le cadre de notre Règlement actuel.
Si vous voulez changer les règles — et, comme l'ont dit des députés et des membres du caucus gouvernemental, vous avez le mandat de rendre cet endroit plus efficace et de le moderniser, quoique je n'aime guère ce « moderniser » —, j'espère que vous tiendrez compte du fait que nous avons, nous aussi, un rôle à jouer dans ces délibérations, à l'étape du comité et à la Chambre, par le biais de motions et, parfois, de motions dilatoires ou de motions discutables ou encore de motions sur les rapports des comités. Nous avons un rôle à jouer avec vous et nous espérons que vous tiendrez compte également de notre point de vue. Cela dit, à moins que vous adoptiez cette modification, nous ne croyons pas que cela se produira, parce que vous pouvez l'emporter au vote de ce comité et faire à votre tête. Il y a si peu de confiance en ce moment que nous ne pouvons pas donner suite sur la seule foi en vos affirmations.
Plus loin, M. Milliken parle de 1969, mais j'ai eu beaucoup de mal à trouver les Débats de l'époque et à les lire entièrement.
M. Milliken a déclaré:
Après 12 jours de débat, le gouvernement a finalement eu recours à la clôture pour faire adopter ces règles. Après 12 jours de débat. Je tiens à le souligner au secrétaire parlementaire. Je peux lui assurer que si la clôture est appliquée au présent débat, nous lui rappellerons les 12 jours de débat qui se sont déroulés en 1969. Je peux confirmer au député que nous sommes bien prêts à engager un débat de 12 jours sur le sujet.
Il a été interrompu par la suite, mais il faisait remarquer qu'en 1969, encore une fois, le gouvernement de l'époque a fait adopter des modifications au Règlement sur une période de 12 jours, sans un consentement unanime.
Le Parlement ne devrait pas considérer les mesures législatives en termes de durée. Ma réponse ainsi que celle de plusieurs autres collègues est que la mission du Parlement concerne la liberté et l'assurance que justice soit rendue pour toute la population. Nous ne sommes pas une machine à sous dans laquelle on insère une mesure législative que l'on agite, dans l'espoir et sans raison valable, d'en retirer par la suite une mesure législative qui se concrétise en l'adoption d'une loi. Nous ne sommes pas une machine à sous. Ce n'est pas notre mission. Vous ne pouvez programmer un tel processus à la façon d'une machine à sous.
Ce débat doit être ouvert. Nous avons choisi, hélas, de faire progresser cette question de la Chambre des communes à l'étape de l'étude en comité. Nous ignorons quelle en sera la conclusion le 2 juin prochain. Nous demandons une protection parce que nous ignorons ce que contiendra ce rapport. Cet amendement concerne notre protection. Nous demandons une protection. Le parti le plus faible réclame une protection du parti le plus fort, le caucus du gouvernement, pour avoir l'assurance qu'à titre de parlementaires, il ne tentera pas de nous transformer en machines à sous. C'est tout ce que nous demandons.
Je crois qu'il s'agit d'un débat très raisonné.
Je ne ferai plus référence à M. Milliken. Je vais omettre la suite de son discours, mais je recommande fortement aux députés de consulter les débats de 1991, ainsi que ses commentaires spécifiques. Mentionnons qu'à cette époque, il était membre du caucus libéral. Il est devenu Président, alors je crois que ses propos sont appuyés par une grande expérience et un bon jugement; il a en effet étudié le Règlement et il démontre une profonde reconnaissance des traditions de cette Chambre.
Un autre député, David Berger de Saint-Henri—Westmount, a cité ce qui suit du rapport McGrath:
Nous devons renforcer le rôle de la Chambre des communes, et la clé qui permettra de rétablir la confiance en notre institution démocratique centrale est l'amélioration de l'implication du simple député au Parlement dans un certain nombre de secteurs.
Le député parlait d'amélioration, mais j'ignore si plusieurs de ces changements représentent des améliorations qui profitent aux députés ou au gouvernement. Il y a souvent confusion entre les deux, car ce qui est efficace pour un simple député ne l'est pas nécessairement pour le gouvernement. Davantage de débats délibérés ne sont pas rentables pour le gouvernement, ce dernier prétendant que le processus en est ralenti. Il veut que nous soyons une machine à sous. Le gouvernement veut qu'on y insère un projet de loi, qu'on brasse le tout et qu'il en ressorte une solution dans une période de temps déterminée. La certitude est exigée.
Les parlementaires à titre individuel devraient affirmer qu'ils ne peuvent assurer cette certitude. Ils doivent en tenir compte. Ils doivent retourner consulter leurs électeurs et leur caucus et réfléchir à la question. C'est comme acheter une voiture: vous n'en ferez pas l'achat au premier contact. La première fois qu'un projet de loi est présenté, je peux hésiter et tergiverser. J'y réfléchis pendant des semaines. Je prends pour acquis que les gens n'achèteraient pas une voiture sur la foi d'une publicité et par la suite entrer simplement chez un concessionnaire pour acheter la première Tesla qu'ils aperçoivent, bien qu'en Ontario, il semble qu'il est possible d'obtenir une importante remise sur une telle voiture.
Ce parlementaire particulier a ensuite poursuivi, et il a parlait de modifications au Règlement, exactement ce qui pourrait se produire ultérieurement, si ce rapport devient partie intégrante d'une motion du gouvernement visant à modifier le Règlement. Il a mentionné la période des questions. J'ai remarqué que la période des questions est le seul moment de la journée pendant lequel, pendant la semaine, nous pouvons entrevoir des lacunes dans les éléments présentés par le gouvernement et possiblement des désaccords avec les politiques gouvernementales.
Cette même personne mentionne qu'au niveau du système parlementaire, il incombe au gouvernement de présenter un programme législatif. Nous l'avons déjà mentionné, mais le programme vient du gouvernement. De ce côté-ci de la Chambre, nous ne sommes pas en désaccord avec ce point. Nous acceptons le fait que le gouvernement a le mandat d'établir le programme.
C'est pourquoi l'exemple de la réforme du Règlement de la Chambre des communes faisant référence à la Chambre des représentants des États-Unis est si étrange. Dans leur cas, il n'y a pas de gouvernement à représenter. Chaque membre présente des projets de loi et tente de les faire adopter. Les leaders de la majorité débattent entre eux et s'entendent ensuite sur les différents aspects .
J'en mentionnerai un autre. Le député de Saint-Léonard, M. Alfonso Gagliano, un ancien ministre respecté du Cabinet, un député de longue date qui a beaucoup d'expérience à apporter aux débats.
J'ai essayé de mentionner des députés expérimentés de la Chambre qui étaient membres du caucus libéral, pour démontrer les points de vue qui existaient alors. J'apprécie tous les députés, peu importe leur allégeance politique, mais selon moi, les députés chevronnés apportent une rigueur qu'uniquement le temps permet d'acquérir. Voici une citation de M. Gagliano:
Un aspect fondamental des principes sur lesquels reposent les procédures financières du Parlement est que le Parlement n'accorde pas de crédits tant que l'opposition n'a pas eu l'occasion de démontrer pourquoi ces crédits devraient être refusés.
Nous ne disons donc pas oui pour ensuite dire non. Nous ne demandons qu'une occasion de s'exprimer. Dites-nous oui, nous pourrons ensuite débattre sur la suite des choses. Peut-être que nous dirons non, mais on pourrait aussi dire oui . Vous ne pouvez pas supposer d'emblée que notre parti refusera tout changement, car nous avons précédemment manifesté notre intérêt à envisager des changements. Les différents députés ont exprimé des idées différentes. J'espère aussi avoir apporté certaines idées, qui à mon avis, seraient intéressantes à étudier, bien qu'elles ne soient pas prêtes à être mises en oeuvre immédiatement, car elles nécessitent davantage d'étude.
J'ai encore une dernière citation, une autre de M. Gagliano:
Dans un système parlementaire, le rôle d'un parti d'opposition est de rendre le processus plus démocratique, en obligeant le gouvernement en place à rendre des comptes.
L'objectif est de rendre l'adoption des projets de loi inefficace lorsque cette obligation de rendre des comptes n'est pas respectée. Cela ralentira le processus, mais c'est une voie à double sens. Les formalités administratives d'une personne correspondent aux mesures de reddition de comptes d'une autre personne. La nécessité d'un formulaire administratif plus détaillé sert en quelque sorte à respecter un besoin de recueillir des informations et de vous assurer que l'argent est dépensé de manière appropriée. Une personne considérera qu'il s'agit de formalités administratives, une autre estimera plutôt que ce sont des mesures de reddition de comptes et elle vous demandera de lui montrer la façon dont l'argent est dépensé.
Je suis persuadé que les députés apprécieront le fait que j'ai presque terminé.
Voici une référence à la Chambre des représentants.
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Voici quelques livres avec lesquels je pourrais peut-être commencer.
Je veux faire référence à la neuvième édition du livre Congressional Procedures and the Policy Process, écrit par Walter J. Oleszek. C'est un ouvrage concernant les procédures du Congrès des États-Unis qui est obligatoire pour les personnes qui suivent des cours universitaires en matière de procédures du Congrès du Sénat et de la Chambre des représentants des États-Unis.
Il s'agit de tous les détails de mesures telles que les procédures de majoration du comité, qui sont très semblables à celles de notre comité de rédaction des rapports, la façon de contourner les comités, le rôle du président du comité, les audiences du comité, ainsi que l'horaire des mesures législatives à la Chambre. Il existe de nombreux exemples. Certaines sections concernent le privilège législatif et les mesures mineures non controversées. Il y a des exemples sur le processus de modifications au Sénat et sur de nombreuses procédures, comme le comité plénier, qui est très semblable au nôtre. Il s'agit d'un livre qui est considéré comme essentiel à lire lorsque vous gérez le processus procédural au Sénat et à la Chambre des représentants.
J'en fais mention parce que chaque fois que nous discutons du Règlement, il est fait référence au Congrès, au Royaume-Uni et à d'autres assemblées législatives et à leur mode de fonctionnement. Avec une étude aussi brève que celle proposée dans cette motion, je ne pense pas que vous auriez la possibilité d'obtenir la contribution complète de suffisamment de témoins des États-Unis ou de voyager là-bas pour considérer leur processus d'adoption des mesures législatives.
Nous sommes tous au courant de la notion d'impasse au Congrès et de la lenteur de leur processus législatif. Je ne pense pas que ce soit forcément vrai. Vous avez remarqué que, dans le passé, ils ont adopté des projets de loi colossaux, et d'autres très importants également, comme la Loi sur les soins abordables qui a apporté des changements importants, en utilisant ces mêmes procédures.
Je veux m'attarder quelques instants sur les accords de consentement unanime, car nous utilisons le consentement unanime pour contourner les règles lorsque nécessaire, à la suite d'une consultation mutuelle et d'une décision de coopérer. Je soulève également ce point parce qu'accepter à l'unanimité de modifier les règles ressemble beaucoup à des accords de consentement unanime. Si le Sénat respectait rigoureusement toutes les règles, il s'embourberait dans un amas de complexités parlementaires.
De notre point de vue — et c'est aussi une pratique du caucus du gouvernement — dans les situations où il nous était possible de trouver un terrain d'entente en vue d'accélérer un projet de loi ou adopter une motion en identifiant une journée, un lieu, une personne ou une situation particulière, nous l'avons fait. Nous avons découvert la possibilité de solliciter l'accord, c'est pourquoi je suis si étonné que nous ne puissions trouver un accord concernant cet amendement très raisonnable.
Le sénateur Tom Coburn, un républicain d'Oklahoma, a informé les 99 autres sénateurs qu'il s'opposerait à toute tentative d'adopter, par consentement unanime, une mesure visant à augmenter le plafond de la dette. Si un membre de leur Sénat peut dès maintenant ralentir le processus de manière à ce qu'une mesure particulière ne soit pas adoptée, cela me semble une façon très inefficace de faire les choses.
Le leader de la majorité George Mitchell, un démocrate du Maine depuis six ans, a déclaré:
Je propose régulièrement des demandes de consentement unanime à la Chambre et [...] lorsque les sénateurs s'opposent, ça se produit dans les secondes suivantes — dans les secondes suivantes. Quand je suis au milieu d'une phrase, il arrive souvent que le téléphone sonne et qu'un membre du personnel arrive en courant en disant: « sénateur, en mentionnant telle ou telle opposition ».
Ces demandes sont négociées d'un côté et de l'autre de la Chambre, et sont en fait mêlées aux processus de débats du Sénat.
On vit parfois le même genre de situations. Il nous arrive que le président pose des questions à la cantonade, par exemple quand il demande si une motion est adoptée à l'unanimité. En général, les députés lui répondent, assez fort pour se faire entendre, qu'ils s'y opposent ou, au contraire, qu'ils sont d'accord.
Je ne pense pas, cependant, qu'ils croient que leur système est totalement inefficace. Il y a évidemment des membres du Sénat qui maintiennent cette façon de faire parce qu'ils pensent que cela présente certains résultats.
Ce livre mentionne:
Les accords de consentement unanime sont souvent le fruit de longues et intensives négociations...
Des accords écrits sont rédigés et sont ensuite déposés au Sénat. Ils sont à la table, et tout sénateur peut les examiner, une fois qu'ils sont parvenus à un accord à cet égard.
J'ignore pourquoi nous ne pouvons pas apporter des modifications au Règlement en utilisant la même inspiration ou une source semblable à partir de cette méthode procédurale. Nous pouvons trouver un terrain d'entente. Je suis sûr que nous pouvons y arriver, si seulement nous pouvons obtenir une liste très claire des visées du caucus du gouvernement ou du gouvernement lui-même concernant les changements proposés ici.
J'utilise aussi cet exemple parce que la programmation est référencée, et elle est est fréquemment utilisée à la Chambre des représentants.
Dans cette enceinte, un sénateur estime qu'au cours d'une semaine normale, ils sont impliqués dans quelque10 à 200 accords de consentement unanime, incluant 100 sénateurs qui les acceptent.
En vous incluant, monsieur le président, nous sommes 12. Je suis certain que nous pourrions venir à un certain type d'entente, mais nous aimerions qu'on commence par trouver un accord concernant cette présente motion. Si 100 sénateurs peuvent conclure des accords complexes et les déposer ensuite au Sénat dans le but de régler plus rapidement un problème avec l'efficacité recherchée, je pense que nous pouvons aussi y arriver.
Ces accords complexes de consentement unanime ressemblent aux accords unanimes que nous recherchons. Certains d'entre eux peuvent être très longs. L'objectif général est d'imposer des limites de temps aux débats, ce qui correspond en partie à la proposition de programmation ici même pour les comités, et d'accélérer le calendrier de la charge de travail du Sénat.
Il est question du calendrier des sessions parlementaires et de l'établissement d'une prévisibilité, tout en permettant une certaine marge de manoeuvre.
La prévisibilité dont il est fait mention concerne les leaders de la majorité. Ils réclament une prévisibilité. Un projet de loi est présenté, à un moment donné traité, et ensuite transmis à la Chambre des représentants. Encore une fois, il n'y a pas de position de gouvernement à défendre. Il s'agit de 100 sénateurs indépendants et libres-penseurs qui sont généralement d'accord les uns avec les autres, mais qui peuvent aussi avoir des divergences d'opinions.
Ils peuvent également compter sur des whips. Il existe des caractéristiques générales de ces accords. Des contrats sont négociés, et fondamentalement acceptés par l'ensemble du groupe. Ces accords sont complets ou partiels. Ils varient. Ces intervenants renoncent aux recours aux Règlements, et ils peuvent exiger la pertinence des amendements, de sorte qu'ils éliminent la possibilité pour certains d'entre eux d'apporter des amendements.
Toutes ces interventions sont aujourd'hui possibles pour un comité. Un comité peut s'impliquer dans l'une d'entre elles, prenons comme exemple ce qui nous concerne ici, et convenir qu'il n'accepte pas les recours aux Règlements. Alors que des comités étaient en déplacement, j'ai vu des motions acceptées, avant même que le voyage ne soit approuvé, et j'ai également pris connaissance qu'au cours d'une réunion de comité, il ne doit y avoir aucune motion dilatoire ou autre motion qui empêcheraient le comité de mener à bien son travail.
J'ai travaillé brièvement au Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. J'ai voyagé avec eux au Canada atlantique, y compris à Terre-Neuve et au Labrador, bien qu'il nous a été impossible de nous rendre au Labrador, et nous avons accepté ces motions à l'unanimité. Tout le monde était d'accord. Personne n'a voulu mettre fin aux travaux du comité pendant qu'il était en déplacement, parce que nous voulions prendre les témoins en considération, les entendre et aussi obtenir leurs commentaires.
Quelle serait l'utilité de nous imposer des règles qui nous suivraient lors de nos déplacements? Cette question a-t-elle déjà été envisagée? Quelqu'un a-t-il déjà examiné la possibilité qu'il y ait des exceptions aux règles lors de nos déplacements à l'extérieur de cette enceinte? Y aura-t-il des exceptions au mode de fonctionnement de ce type de situation?
Maintenant, tous ces accords de consentement unanime sont déposés ou enregistrés auprès du Bulletin du Congrès, auprès du calendrier quotidien de la Chambre et du Journal du Sénat, de sorte qu'aucun sénateur ne puisse jamais les ignorer. Un érudit du Congrès a écrit: « Une douzaine d'accords complexes ou davantage ne sont plus inhabituels en matière de mesures contentieuses compliquées ».
Comme je l'ai mentionné précédemment, pourquoi n'examinons-nous pas tous les accords unanimes en notre possession à l'heure actuelle, ceux au niveau des comités et de la Chambre des communes, pour trouver des occasions de modifier le Règlement fondé sur l'idée qu'étant donné que nous trouvons assez souvent des terrains d'entente, pourquoi ne pouvons-nous pas les intégrer au Règlement? Je pense que ce serait un bon point de départ. De plus, étant donné que nous avons trouvé des terrains d'entente dans le passé, je pense que nous serions en mesure de trouver des terrains d'entente dans le présent — au sein de ce Parlement, j'en suis persuadé.
Je veux ici paraphraser un conseiller sénatorial bien informé que M. Walter Oleszek a mentionné concernant ces accords de consentement. Il y a une tendance sans cesse croissante vers la vue globale plutôt que progressive. Des accords globaux de consentement unanime sont maintenant utilisés « à un niveau jamais atteint » pour gérer le processus de prise de décision au Sénat.
En ce qui concerne l'idée de vue « globale » par opposition à « progressive », nous ne pouvons savoir, en tant que députés de l'opposition, si le gouvernement propose des modifications globales au Règlement — et nous sommes censés accepter, aveuglément, qu'ils vont nous considérer comme faisant partie des procédures parlementaires — ou s'il va proposer des changements progressifs. Nous l'ignorons, et nous ne faisons pas confiance aux quelques éléments que nous connaissons. Il y a un manque de confiance en ce moment. La situation est confuse. C'est pourquoi nous ne pouvons aller de l'avant.
Je vais maintenant passer à un autre chapitre. Il commence à la page 260 du manuel de procédures. Nous pouvons maintenant comparer la Chambre au Sénat — la Chambre des représentants y est mentionnée — ainsi que la programmation. Je veux établir une comparaison en matière de programmation. J'ai les graphiques qui illustrent les différences entre les deux entités. Je ne reviendrai pas sur celles déjà mentionnées.
Le rythme des débats parlementaires de la Chambre des représentants est plus rapide. Vraiment. C'est beaucoup plus rapide parce qu'ils bénéficient d'une programmation.
Ils avouent que la distribution du pouvoir entre la majorité et la minorité est moins équitable. C'est la majorité qui a toutes les cartes en main.
Il y a une exigence de pertinence sévère en matière d'amendements spontanés. Je vous prie de me pardonner pour ma prononciation en anglais, c'est ma troisième langue, après tout. Cette exigence sévère amène des règles très rigoureuses quant à ce que les membres ont le droit de proposer ou non. Elles sont beaucoup plus partisanes, en partie dû à la programmation, ce qui crée un environnement qui n'est pas très propice aux débats.
Je crains que ces changements amènent plus de partisanerie aux comités ou encore à la Chambre. Je crois que nous en avons déjà suffisamment. C'est assez, si vous voulez mon avis. Selon moi, nous en donnons parfois plus que le client en demande, mais nous, les parlementaires, en sommes responsables.
À la Chambre des représentants, il y a des limites très strictes en matière de débats. Ici, nous limitons les débats, mais nous pouvons prendre la parole lors de chaque lecture du projet de loi. J'ai moi-même profité de cette possibilité, surtout dans le cadre du projet de loi d'exécution du budget. Lors de l'étude du plus récent projet de loi sur l'exécution du budget, je me suis prononcé à chaque étape où j'avais le droit de le faire. Je me souviens d'une occasion où je m'apprêtais à me prononcer sur un accord de libre-échange. Notre groupe d'opposants et le greffier m'ont avisé que je m'étais déjà prononcé sur ce sujet. J'avais tellement parlé de l'accord de libre-échange que j'allais le faire de nouveau, alors que je ne devais pas le faire.
Le Sénat et le Congrès américains peuvent débattre autant qu'ils le désirent sur pratiquement toutes les propositions. La situation était la même à la Chambre, jusqu'à aujourd'hui. Avec la programmation, on constate que la Chambre a perdu beaucoup de son influence en ce qui a trait à ce qu'elle peut accomplir ou non. Ils respectent de près... Ils ont un comité des règlements qui ne fait que débattre des règlements. Ils négocient ces ententes afin de tenter de fixer la barre pour les 435 membres de la Chambre des représentants. C'est une plus grande Chambre que la nôtre. Nous y arriverons peut-être un jour et il n'y aura peut-être pas assez d'espace dans la Chambre des communes pour accueillir tout le monde. Peut-être que certains d'entre nous devront littéralement nous asseoir sur le plancher afin d'être présents.
J'ai affirmé que la distribution du pouvoir est moins équitable. Cette répartition inégale se fait aux dépens des opposants à la mesure proposée en Chambre. Je ne crois pas qu'il s'agisse du modèle à suivre. Tel qu'indiqué:
... les règles, les règlements, les résolutions et les lois du 113e Sénat concernant les affaires de la chambre se retrouvent dans plus de 1 400 pages et ses précédents, dans un seul volume de 1 608 pages.
Le Sénat américain maximise littéralement la liberté d'expression. Les règles de la Chambre des représentants « démontrent une subordination constante de l'individu aux besoins de l'ensemble de la Chambre, qui est le porte-parole de la volonté du peuple », puisque la Chambre change tous les deux ans.
En tant que parlementaires siégeant à la Chambre des communes, nous sommes les porte-paroles de la volonté du peuple, donc nous ne devrions probablement pas suivre les directives du gouvernement quant à la réforme du Règlement de la Chambre des communes. Comme je l'ai mentionné, c'est l'équivalent de l'équipe de direction disant au conseil d'administration quoi faire.
Si nous devons nous pencher sur le contenu de cette motion et sur les Débats du 6 octobre 2016, nous devons avoir la certitude que nous ne finirons pas comme la Chambre des représentants, où chaque individu est subordonné au groupe. Ce serait un problème majeur pour les parlementaires de tous les partis si cela devait se produire et que nous devions copier la programmation, tel qu'on le propose ici.
Je crois que la période d'étude est trop brève. Selon moi, la programmation devrait être étudiée sur une plus longue période, puisque c'est un changement majeur à notre fonctionnement actuel. Surtout si nous modifions aussi les comités. En ce qui a trait à tous ces changements successifs, il est tout simplement impossible de prévoir quels problèmes inattendus surgiront, dans des circonstances auxquelles nous n'avions pas pensé, ainsi que les nouveaux événements qui surviennent.
J'ai parlé de la possibilité de lancer le débat sur un autre thème en cours de séance, et je vais m'expliquer davantage à ce sujet. Comme j'aime bien le dire, c'est une « programmation réduite ». Tel qu'indiqué:
Avant, en plein milieu d'un débat sur un projet de loi concernant les banques, par exemple, un sénateur pouvait demander au président l'autorisation de lancer la discussion sur les perspectives du marché du blé, discussion qui pouvait durer. De nos jours, ce n'est plus possible à cause des tractations complexes qui s'imposent et du fait qu'il faut s'en tenir au thème principal de l'étude. Les sénateurs savent généralement quelle mesure sera débattue lors d'une journée en particulier et à quelle heure, à quel moment ils doivent se prononcer sur ce projet de loi et la durée de leur droit de parole.
Les ententes de consentement ont déjà permis d'en réaliser une partie, mais ils y adhèrent tous de façon unanime. Ils l'acceptent à l'avance. Donc, si un membre s'y oppose, ce qui est l'objet de cette modification, cela nous amènerait au même niveau.
Le gouvernement cite la Chambre des représentants en exemple, alors qu'ils devraient plutôt citer le Sénat américain. Nous ressemblons beaucoup plus au Sénat américain qu'à la Chambre des représentants, puisque nos mandats sont similaires. Ils siègent pendant six ans, alors que nous siégeons pendant quatre ans. Nous sommes plus individualistes et devrions l'être davantage. Tout comme les sénateurs, nous essayons d'obtenir cette entente unanime.
S'ils le désirent, ils peuvent déroger à certaines règles temporairement et renoncer à certains pouvoirs qui protègent leur privilège. Comme je l'ai mentionné, les Règlements de la Chambre protègent nos privilèges et nos droits en tant que députés, mais nous pouvons choisir d'y déroger momentanément afin de faire adopter un projet de loi, de s'entendre sur une forme particulière de débat en cas d'une urgence, ou de régler toute autre chose qui nous préoccupe. Cependant, nous devrions obtenir un consentement unanime, comme le Sénat américain le fait.
Il est intéressant de constater que le gouvernement a choisi la Chambre des représentants, tout en sachant que nous ne sommes pas comme la Chambre. Je préfère que l'on nous compare au Sénat américain. Selon moi, c'est un bien meilleur exemple de ce que nous devrions faire.
On parle du calendrier de la Chambre. À ce sujet, j'aimerais parler de la possibilité de le chambouler. La toute première phrase réfère à une « semaine plus efficace ». Je ne sais pas trop ce que pourrait bien être une semaine plus efficace. Nous avons suffisamment de temps pour les débats. Nous sommes en caucus le mercredi. En réalité, ils parlent du vendredi. C'est le véritable sujet de cette conversation: déplacer les vendredis et passer à une semaine de quatre jours. Je sais que M. Simms a prétendu le contraire, que ce n'est pas tout à fait cela, que ce serait plutôt une journée complète, mais comment cela fonctionnerait-il?
Je crois qu'il y a d'autres choses que vous pourriez modifier pour rendre le calendrier de la Chambre plus efficace. Ils font des choses comparables au Congrès américain. Ils ont des procédures pour l'établissement du calendrier. À la page 272 du manuel des procédures du Congrès, on trouve le tableau 613, qui compare la règle spéciale de la Chambre au consentement unanime du Sénat. En général, voici ce qu'ils... je ne le lirai pas au complet. J'aimerais souligner quelques éléments pour expliquer mon point de vue. Du côté de la Chambre, ils sont formulés par le comité des règlements lors d'une séance publique.
Durant ce genre de rencontre, comme celle que nous tenons en ce moment, ils chercheraient à obtenir ce consentement de la part des députés siégeant au comité des règles. Généralement, les députés les plus expérimentés de chaque parti en viendraient à un accord sur la façon de procéder. Ceci permet ou interdit les modifications, en plus de fixer une période de débat général. Les règles de la Chambre sont donc suspendues et aucune date ou heure précises ne sont fixées pour le vote sur l'adoption finale, donc c'est quelque chose de très important, selon moi.
Bien qu'ils aient la capacité d'imposer des contraintes aux députés, de leur dire qu'ils voteront sur ces mesures à une heure précise d'un jour précis, qu'ils le veuillent ou non, ils ne le font pas. Ils ne le précisent pas. Ils ne vont pas jusqu'à fixer le calendrier à la minute près, car ils disent qu'ils seront déjà passés à autre chose à ce moment. Cette idée de boulier dont j'ai parlé, de tabler une mesure législative, de brasser les chiffres et d'accoucher d'un projet de loi, n'est pas nécessairement l'objectif. Ils veulent de la certitude avant tout.
Quant au Sénat américain, encore une fois, l'effet du consentement unanime est de suspendre les règles du Sénat. Parfois, ils le font en vue des débats potentiels. Si quelqu'un entend soulever un problème, présenter une motion, ou déposer un rapport, les sénateurs lui accordent leur consentement unanime. Comme je l'ai dit plus tôt, je crois que nous sommes plus près de la façon de travailler des sénateurs américains et devrions l'être encore plus.
Souvent, le dépôt de modifications impertinentes est limité. Selon moi, il est raisonnable de débattre pour savoir si les modifications impertinentes devraient être rejetées à certaines étapes du débat et des procédures du comité. Parfois, je vois des modifications retirant cette étape du début d'un projet de loi, ou retirant le titre du projet de loi. Certains de ces changements ont été adoptés lors des législatures précédentes, encore une fois au nom de l'efficacité et de l'accélération des choses, mais je crois qu'un grand nombre de députés étaient d'accord et ces manières spécifiques de modifier les motions ont été déplacées à d'autres étapes, où elles pourraient être faites de façon différente.
Est-ce que c'est parfait? Je dirais que non, mais c'est assez pour ne pas limiter ma capacité, en tant que député, à proposer une modification devant un comité. Au Sénat américain, grâce au consentement unanime, ils peuvent fixer une date et une heure précises pour le vote sur l'adoption finale, qui pourrait inclure une exigence de 60 votes en faveur. Puisqu'ils doivent obtenir le consentement unanime, ils peuvent s'entendre pour voter à une date et à une heure précises. Ainsi, les sénateurs qui tiennent à voter et qui veulent être présents peuvent s'assurer de l'être. C'est très différent à la Chambre des représentants, où ils ne le font pas. Encore une fois, cela démontre la dose minimale de respect cordial dont font preuve ces pairs entre eux.
Bon, assez parlé de ce dossier. Je ne veux pas insister sur le point à l'horaire.
Le calendrier législatif de la Chambre des représentants, leur façon de travailler, leurs règles et leurs séances de 24 heures sont très similaires aux nôtres. S'ils décident d'ajourner, la journée législative est reportée à la prochaine journée prévue au calendrier. C'est un peu comme notre Parlement, qui peut décider de ne pas ajourner et de siéger tant et aussi longtemps qu'il le désire. Les comités peuvent décider de ne pas ajourner et de continuer. Ils peuvent ajourner jusqu'à une autre journée, ce qui fait alors partie de la journée législative. Ils font plusieurs de ces mêmes choses du côté du Sénat, mais pas du côté de la Chambre des représentants.
Ils ont le même genre d'affaires courantes. Je remarque que l'on propose de modifier nos propres affaires courantes. C'est mentionné brièvement. Quelques modifications proposées m'intéressent. Je vois la pertinence de certaines d'entre elles, mais j'aimerais que l'on en discute davantage. Je crois qu'elles méritent que l'on s'y attarde plus longuement, mais nous ne devrions pas les modifier sans obtenir un consentement unanime.
En ce qui concerne le fait de devancer le dépôt de pétitions lors de cette période de 15 minutes, c'était en 1991 qu'ils ont limité le dépôt de pétitions, car les députés de l'opposition accumulaient les pétitions, comme nous le faisons tous, et les déposaient l'une après l'autre. Puisque cela retardait d'autres affaires gouvernementales qui devaient être réglées, le dépôt de pétitions avait été devancé. Je serais d'accord là-dessus, car ce n'est que 15 minutes. C'est une période fixe dont tout le monde est au courant. En tant que députés, nous avons des pétitions à déposer. Je garde mes pétitions dans mon bureau de circonscription et je collabore avec mes députés locaux de l'Assemblée législative, qui gardent certaines de mes pétitions dans leurs bureaux. J'ai commencé à les distribuer aux associations communautaires, les associations de résidants, puisqu'à Calgary, chaque communauté a sa propre association de résidants avec son propre édifice. Maintenant, ils hébergent aussi mes pétitions. C'est une excellente façon de travailler avec les directeurs généraux de ces associations communautaires afin de distribuer ces pétitions. Selon moi, il s'agit d'un moyen efficace pour que les gens puissent se faire entendre, puisque le gouvernement est tenu de répondre dans les 45 jours suivants. Habituellement, j'essaie d'avoir une pétition, puis d'obtenir une réponse à la pétition précédente, pour que les électeurs puissent la recueillir. Ils n'ont pas à se rendre à mon bureau. Ils peuvent aller au siège de leur association communautaire pour obtenir la réponse. Je crois qu'ils tiennent là quelque chose d'intéressant.
Au Sénat américain, il y a le rappel à l'ordre, la prière, le serment d'allégeance, la nomination d'un président de séance en cas d'absence du président, le temps alloué aux leaders, les affaires matinales, ainsi que les nouvelles affaires et les dossiers en suspens. C'est assez simple, merci.
Dans « nouvelles affaires et dossiers en suspens », le leader de la majorité pourrait déposer de nouveaux dossiers devant le Sénat en utilisant deux méthodes fondamentales. Ce peut être le consentement unanime. Sinon, ils déposent une motion pour devancer le S-1 ou le S-2, ou peu importe le nom qu'ils lui ont donné. Ensuite, le Sénat peut reprendre l'étude des dossiers en suspens de la veille. Voilà plus ou moins leur façon de travailler.
Nous travaillons avec des blocs d'une semaine, ce qui est une façon efficace de faire les choses en ce moment, je crois, puisque nous avons ainsi un peu de certitude. Je sais quels projets de loi seront débattus et j'ai aussi une idée des projets de loi que le gouvernement souhaite voir être adoptés, de l'agenda du gouvernement cette semaine. J'y vais une semaine à la fois.
Je sais que nous le faisons tous durant les réunions du caucus. Nos leaders parlementaires le font et j'espère que le caucus du parti au pouvoir le fait aussi durant ses réunions. Cela nous permet de connaître ses intentions en ce qui a trait aux débats parlementaires sur les projets de loi et précise ce que nous ferons.
Dans le système américain, ils ont aussi modifié l'obstruction sur des mesures qui n'étaient pas essentielles. Auparavant, c'était la règle... En 1986, le Sénat a dû modifier les règles qui permettaient le dépôt d'une motion ne pouvant pas faire l'objet d'un débat pour l'approbation du journal de la veille. À titre de comparaison, c'était comme si, chaque jour, nous devions approuver le hansard de la veille. C'est comme dans une réunion du conseil d'administration d'une entreprise privée où quelqu'un s'oppose aux minutes et retarde le déroulement de la réunion.
Ils l'ont modifié et ont retiré la possibilité de faire de l'obstruction. Puis ils l'ont retirée partout, ce qui a évidemment fait l'objet d'un consentement unanime. Tous les sénateurs étaient d'accord pour cesser l'obstruction. Tous ensemble, ils ont dit qu'ils devraient probablement arrêter de le faire, peut-être parce que c'était quelque peu ridicule, ou possiblement parce qu'il y avait de l'abus. Dans leur cas, la règle aurait pu été pertinente il y a 100 ou 200 ans, parce que les minutes étaient peut-être écrites avec un genre de feutre ou d'encre et, parfois, elles auraient pu être difficiles à lire.
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C'est un article paru dans le numéro d'automne de la
Revue parlementaire canadienne. Il s'intitule « L'obstruction en Ontario et à la Chambre des communes » et l'auteure se nomme Chris Charlton. L'étude porte sur cinq ou six législatures du gouvernement ontarien et du gouvernement fédéral et sur le travail accompli par les députés. Je pense qu'il importe d'utiliser ce genre de données. Une donnée simple, c'est une donnée simpIe; comme j'avais l'habitude de le dire à mon personnel, tant à la Human Resources Institute qu'à la chambre de commerce, c'est intéressant, mais ça ne dit pas grand-chose. Une tendance, c'est parlant parce qu'elle vous dit si vos règles, vos méthodes ou vos idées sont prépondérantes et populaires, ou non. Des données multiples vous permettent de décider s'il faut changer quelque chose.
Je n'ai rien vu à ce sujet, parce que le projet du gouvernement ne comporte en fait aucun chiffre. Il propose seulement des champs d'étude que M. Simms a détaillés dans sa motion, ce qui explique que nous ayons proposé cet amendement.
Je vous renvoie à un autre député, M. Reg Stackhouse, député de l'ancienne circonscription de Scarborough-Ouest. L'article est tiré d'un mémoire présenté au Groupe de travail sur la réforme de la Chambre des communes en mars 1985. Je ne sais pas si toutes ses idées ont été intégrées dans le rapport final. L'article est paru dans la Revue parlementaire canadienne à l'été 1985 et j'ai seulement un point à souligner dans cet article:
Le débat étant l'essence même du Parlement, le rôle du député consiste principalement à délibérer. Le député a donc comme mission première, non pas d'exécuter, mais bien de débattre en vue d'évaluer, de critiquer, de modifier, de s'opposer ainsi que de promouvoir, de défendre, de motiver et de faire avancer [des idées].
C'est un député qui parle, ici, donc, au bout du compte, le résultat dépend de ce que vous en faites. Je sais que ce que le gouvernement recherche, c'est que son programme législatif soit adopté, mais nous ne sommes pas là pour cela. Nous sommes là pour adopter le programme du Parlement et c'est nous qui décidons des projets de loi qui seront retenus. Le gouvernement peut nous ordonner de débattre d'un projet de loi, mais il ne devrait pas pouvoir dire aux comités qu'ils ont six, neuf ou dix jours à leur disposition pour ce faire ou que le Parlement doit l'adopter dans 15 jours.
C'est ce qui s'est produit avec le Programme énergétique national: le temps attribué a été limité et le programme a été adopté en 15 jours. Ce fut un véritable désastre sur le plan politique pour les députés du groupe parlementaire libéral. La culture politique albertaine en a également pris un coup. Jusqu'au tout dernier scrutin, aucun député albertain n'était membre du Parti libéral du Canada. Il y en a un certain nombre maintenant, mais les conséquences sur la culture ainsi que les opinions, la philosophie et les mythes qui entourent le programme demeurent. L'impact sur les électeurs albertains et sur tous les parlementaires sur place est profond.
Je pense que tous les députés présents tireront profit de la lecture de cet article. Il s'intitule « Le député: législateur ou simple soldat? » et a été publié par Reg Stackhouse, un ancien député, dans le numéro d'été 1985 de la Revue parlementaire canadienne.
Maintenant, je veux vous parler d'un député provincial ontarien. C'est en Ontario, étonnamment, où j'ai trouvé le plus de matériel. C'est là que ça a été le plus facile à trouver, parce que, à mon avis, beaucoup de députés de cette province ont écrit. Beaucoup ont quitté pour servir au Parlement du Canada, donc ils offrent l'occasion de comparer les deux assemblées. L'article dont il est question est signé par Sam L. Cureatz, ex-député de l'Assemblée législative de l'Ontario élu dans la circonscription de Durham-Est. Au moment d'écrire cet article dans le numéro d'été 1983 de la Revue parlementaire canadienne, il occupait le poste de vice-président depuis 1981, donc il jouissait de deux années d'expérience à ce poste dans cette assemblée législative, ce qui apporte une expérience très utile. Les présidents servent à faire respecter le Règlement de la Chambre et, par conséquent, comprennent mieux le sens du Règlement.
L'article s'intitule « Réflexions sur les débats parlementaires en Ontario».
En Ontario, quand le ministre du Revenu voulut présenter les projets de loi découlant du budget provincial adopté en mai 1982, il demanda la mise aux voix en première lecture.
Je n'ai jamais été témoin d'un vote en première lecture au Parlement d'Ottawa. Je ne crois pas que ce serait utile de toute façon.
Les membres de l'opposition officielle quittèrent la Chambre et la sonnerie d'appel retentit jusqu'à leur retour deux jours et demi plus tard.
On convoquait les députés en vue d'une mise aux voix, mais les députés avaient décidé d'exprimer leur mécontentement et leur insatisfaction. Ils ont réintégré la Chambre ultérieurement, car l'opposition a elle aussi des responsabilités. Si on cesse de venir ici et qu'on retourne tous dans nos circonscriptions, ou si nous nous asseyons sur la pelouse de la Colline, je pense qu'une grande partie de la population canadienne jugera ce genre d'activité répréhensible. Elle nous sommera de reprendre le travail et de concocter une solution, ce qui explique pourquoi nous sommes toujours à cette table afin de trouver un terrain d'entente. C'est ce que je tente de vous faire comprendre.
Faire de l'obstruction ou différer sont des pratiques démocratiques de longue date. Toutes sortes d'assemblées y ont recours. C'est une pratique courante, mais il faut en user judicieusement et intelligemment. Je ne crois pas que notre réaction soit excessive et je ne crois pas non plus que nous ayons tout fait pour faire de l'obstruction. Nous essayons simplement de dire ce qu'on a à dire.
Nous revenons. Chaque fois, monsieur le président, que vous suspendez la séance et que vous nous demandez de revenir, nous revenons. Nous revenons pour poursuivre le débat. Nous revenons pour continuer de faire des remarques et pour en faire qui sont fondées également. J'espère que mes observations ont été utiles et que j'ai contribué au débat parce que je considère que la modification proposée est raisonnable. Elle garantirait à tous les membres de l'opposition qui sont présents, et notamment mes collègues du Nouveau Parti démocratique, qu'ils auront l'occasion de se faire entendre.
En ce qui concerne les modifications visant les ordres spéciaux, l'adoption d'articles provisoires du Règlement, ce qui nous inquiète, c'est qu'un rapport pourrait être présenté d'ici au 2 juin et être adopté par la majorité. Nous perdrons l'occasion de prendre la parole et ensuite, simplement, le processus va continuer et nous n'aurons plus l'occasion d'y participer.
Mon dernier exemple renvoie en fait à un changement apporté à la procédure de la Chambre d'assemblée de la Nouvelle-Écosse par le gouvernement de John Buchanan; les modifications proposées étaient substantielles. En 1978, c'est le Parti conservateur qui dirigeait. Le Parti libéral, qui exerçait la fonction d'opposition officielle, et le Nouveau Parti démocratique ont protesté. Le gouvernement conservateur a alors proposé et, par la suite, mis sur pied un comité multipartite pour aboutir à un consensus. Il avouait avoir besoin de réaliser un consensus.
Le gouvernement a alors présenté les nouvelles règles qu'il proposait. Bien qu'elles étaient légèrement différentes de celles proposées par le comité spécial, elles ont immédiatement soulevé de vigoureuses objections de la part de l'opposition libérale et des néo-démocrates. Les deux tiers des voix étaient nécessaires pour l'adoption de ces nouvelles règles et le gouvernement ne jouissait pas de beaucoup d'appuis dans la Chambre. Le gouvernement a donc décidé de ne pas soumettre sa proposition et de plutôt mettre sur pied un comité multipartite qui cernerait les zones de désaccord.
C'est ce que nous essayons de faire.
La Nouvelle-Écosse offre un exemple dont nous pourrions nous servir. Si vous adoptez cette modification, nous pourrons réduire les zones de désaccord. Il y a des choses que nous n'accepterons tout simplement pas. Nous n'accepterons pas d'être réduits au silence dans un comité. Nous n 'accepterons pas que nos privilèges au regard des délibérations soient encore plus restreints. On ne saurait accepter cela.
La constitution d'un comité multipartite, d'un comité de travail, était motivée, de leur propre aveu, par le désir de restreindre les sources de désaccord. Je suis certain que les débats à huit clos et les séances publiques ont fait ressortir les éléments sur lesquels un accord était tout simplement impossible et qu'ils ont écartés. Ils les ont supprimés. Peut-être qu'ils ont étudié un document du même genre que celui-ci, qui avait été produit sur le conseil de l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse, et qu'ils ont établi, par exemple, que trois éléments pouvaient être négociés, mais qu'un autre était tout simplement hors de question, et qu'ils ont simplement passé à autre chose et trouvé un autre moyen de procéder.
Il y a 35 ans, ils ont trouvé un moyen de débloquer l'impasse; pourquoi ne pas le faire aujourd'hui? C'est pour cette raison que je continue de soutenir cette modification à la motion, car je crois que nous pouvons arriver à un accord et chercher ensuite un moyen de travailler ensemble. Je ne crois pas que ce soit déraisonnable de ma part. C'est un simple amendement qui protégerait l'opposition de l'intervention de la majorité. À l'instar de plusieurs, je considère que cette mesure de protection nous assure d'être entendus, que nous avons un rôle à jouer ici.
En ce qui concerne les propositions telles quelles, pour faire part de mes dernières observations, dans ce document, dans l'introduction... J'ai déjà indiqué mes réserves quant à la procédure contradictoire et à la modernisation. On y dit quelque part que « [d]es changements sociétaux favorisent la nécessité d'assurer une plus grande prévisibilité à la Chambre, pour au moins deux raisons importantes... »
On parle de deux raisons importantes de rechercher une plus grande « prévisibilité » à la Chambre. Je remplacerais le mot « prévisibilité » par « efficacité ». Je pense que c'est ce qu'ils veulent dire. Une des raisons mentionnées est « pour offrir un meilleur équilibre aux députés ». Il n'est pas dit « équilibre travail-vie personnelle », il est simplement dit « un meilleur équilibre ». L'autre raison est « pour encourager des segments sous-représentés de la société à essayer de se faire élire ». Vous m'avez entendu parler de cela. Personne ne lit le Règlement avant de venir ici. Ils sont atterrés de voir le nombre de dispositions réglementaires qu'il renferme.
On peut lire également: « Des changements technologiques devraient aussi être envisagés pour rendre la Chambre plus efficiente ». Entièrement d'accord, et c'est déjà commencé. Nous avons maintenant la possibilité de consulter le Feuilleton et le Feuilleton des avis en ligne. Des textes législatifs également. Je les lis presque tous sur mon iPad, mais j'aime bien sentir la texture du papier, c'est pourquoi j'ai ce papier en main. J'aime faire des allers-retours dans les pages, et avec un iPad, c'est moins pratique.
Les deux raisons invoquées pour se lancer dans la modification du Règlement sont de mauvaises raisons. Ces raisons ne justifient pas une telle action. Il faudrait un motif plus fondé de la simple affirmation d'un besoin de « meilleur équilibre ». Un meilleur équilibre entre quoi — entre l'opposition et le gouvernement? Vous avez déjà toutes les cartes en main. C'est vous qui décidez. Vous pouvez utiliser des heures supplémentaires. Et comme le nombre de vos députés pèse plus lourd, vous pouvez nous mettre en minorité. Tout ce que nous demandons, c'est d'avoir la possibilité de nous faire entendre. N'allez donc pas proposer de modifier les règles sans nous expliquer où vous voulez en venir. En tant que parlementaires, et non pas en tant que mandataires de l'organe exécutif ou en tant que cabinet, où voulez-vous aller avec ces changements?
Je me sentirais beaucoup plus à l'aise si je voyais un plus grand nombre de députés d'expérience, de vétérans de la Chambre, peut-être aussi de députés réélus — qui n'étaient pas là en 2011, mais qui y étaient avant et qui sont revenus —, donner leur point de vue et leurs commentaires sur les changements proposés par le gouvernement et non par les parlementaires.
Dans la partie « Thème 1: Gestion de la Chambre » — encore une fois, vous pouvez être en désaccord avec moi —, mais je pense que puisque les Canadiens travaillent cinq jours semaine, et même plus pour certains, c'est ce que nous devrions faire aussi. Je sais, les députés disent qu'ils travaillent aussi dans leurs bureaux de circonscription, qu'ils se déplacent tous les week-ends pour se rendre dans leur circonscription et qu'ils font un travail de fond. Mais nos électeurs nous ont élus pour être ici à la Chambre et travailler en leur nom. Pour ma part, honnêtement, je n'ai aucune objection à travailler une journée complète le vendredi, comme M. Simms l'a proposé, mais là encore, je ne crois pas que 45 jours soient suffisants pour se préparer à un changement aussi... je ne veux pas utiliser le mot « radical », ce serait peut-être un peu fort. Je cherche un synonyme.
Un changement comme celui-là aurait un impact certain sur les députés qui doivent parcourir de longues distances, comme vous, monsieur le président, qui devez vous déplacer jusqu'au Yukon. Vous auriez peut-être le temps de passer quelques heures à l'aéroport avant de prendre votre vol de retour. Cela ne servirait pas l'amélioration visée.
Peut-être que certains changements pourraient être apportés au calendrier de la Chambre pour permettre aux députés de passer plus souvent deux semaines consécutives dans leur circonscription. Cela nous éviterait de faire ce que nous faisons maintenant, une semaine ici, une semaine là-bas, et rebelote, ce qui a pour effet de freiner le processus législatif. Je continue de penser qu'il est utile de siéger cinq jours et que nous devrions laisser les choses comme elles sont. Personnellement, c'est ce que je préfère.
Pour ce qui est des changements aux jours de séances, siéger le vendredi, réserver plus de temps aux affaires émanant des simples députés, encore là, le vendredi, et répartir les heures perdues aux autres jours me semble loin d'être propice à la vie de famille. Dans un rapport antérieur, on est arrivé à la conclusion unanime qu'il ne fallait pas éliminer le temps réservé aux affaires émanant des députés. Corrigez-moi si je me trompe, mais c'est le comité PROC qui avait dit de ne pas procéder à ces changements concernant le vendredi. Certains des députés qui siègent au Comité à plein temps ont peut-être un point de vue différent sur le sujet.
J'ai déjà parlé du vote électronique et j'ai dit ce que j'en pensais. Comme je l'ai mentionné très tôt ce matin, le projet de loi est l'exemple patent d'une situation où un vote « avec dissidence » aurait dû être accepté par le gouvernement, mais le cabinet s'est levé pour forcer la tenue d'un vote par appel nominal.
Nous avons beaucoup de votes par appel nominal. Ils ont certes leur utilité. M. Simms a soulevé le fait qu'ils servent à la reddition de comptes de la part des députés. Je suis d'accord avec lui là-dessus, mais je ne crois pas que toutes les mesures appellent au vote nominal. Nous devons nous surveiller nous-mêmes. Est-ce que cinq députés constituent un nombre adéquat? Je ne sais pas. Mais je dirais que 25 députés n'est pas un nombre convenable. Sans tomber dans l'excès contraire, il y a peut-être moyen de trouver une juste mesure. Encore une fois, la question nécessiterait un débat de fond, mais nous ne pouvons accepter d'en débattre si vous n'approuvez pas cette modification. Vous pourriez changer ce nombre pour 99 ou 100, et dans ce cas, nous ne pourrions pas tenir un vote par appel nominal de notre côté. J'ose espérer que vous ne feriez rien d'aussi draconien, d'aussi radical. Voilà le mot que je cherchais. À partir de maintenant, je dirai « draconien » au lieu de « radical ».
Il est mentionné ici, sous « Calendrier de la Chambre des communes », que « le nombre de séances annuelles de la Chambre pourrait être plus variable. Il pourrait dépendre des besoins. » Qui fixera et déterminera les besoins? C'est au Parlement qu'il revient de décider quand siéger. Le gouvernement devrait être tenu de se plier à la volonté du Parlement, et non le contraire.
Il y a bien la prorogation, une procédure utilisée pour... C'est écrit en toutes lettres dans le document de travail du gouvernement: « [II y a eu des cas] où des gouvernements devancent la prorogation pour éviter des situations politiquement difficiles. » Le texte parle de « gouvernements » qui ont prorogé, mais si j'ai bien compris, c'est le gouverneur général qui demande une prorogation sur les conseils du premier ministre. Vous direz que je coupe les cheveux en quatre, mais plus nous confondons la fine ligne qui existe entre les différentes fonctions du législatif et de l'exécutif, plus nous mettons tout dans le même panier de sorte que l'exécutif, le cabinet, les secrétaires parlementaires, le Conseil des ministres...
Les gens commencent à dire: « Vous faites partie du gouvernement ». J'ai des électeurs qui me disent que je suis dans le gouvernement. « Vous travaillez pour le gouvernement ». Je réponds: « Je ne travaille pas pour le gouvernement. Je travaille pour vous. Indirectement, c'est vous qui payez mon salaire avec vos impôts, je suis un député de l'opposition. » Quand je vais saluer les gens lors d'un événement, je ne dis pas que je le fais au nom du gouvernement. Je dis que je les salue de la part du Parlement du Canada, parce que je ne fais pas partie du gouvernement. Quand je vais dans les écoles, je me fais un point d'honneur à expliquer que je ne suis pas là au nom du gouvernement; je suis là au nom du Parlement.
Le fait de dire les choses de cette façon n'est probablement pas aussi prestigieux ni aussi édifiant, mais cela permet de tracer une ligne de démarcation que tous les parlementaires devraient tracer s'ils aiment ce Parlement à la manière de M. Diefenbaker.
Quelques mots encore sur la prorogation, car il y a dans ce document des réflexions qui méritent qu'on s'y attarde. Le Règlement devrait peut-être se prononcer sur certains motifs de prorogation, ce qui restreindrait peut-être la capacité de l'exécutif à demander une prorogation, ou alors, la question pourrait faire l'objet d'un débat avant d'être concrétisée. Je suis certain que cela pourrait être étudié et envisagé. Cela pourrait constituer un sujet d'étude en soi, incluant l'étude de la prorogation dans les systèmes parlementaires de l'Australie et de Westminster.
Pour être franc, la question des affaires émanant des députés est, selon moi, celle qui présente le plus grand intérêt. C'est là que nous, parlementaires, pouvons créer davantage d'occasions de faire le travail pour lequel on nous a élus, de légiférer et d'agir au nom de nos électeurs. Nous voulons accroître nos possibilités de proposer des projets de loi d'initiative parlementaire. J'ai déposé deux motions d'initiative parlementaire. Je connais des députés dont les projets de loi d'initiative parlementaire ont déjà été retenus, mais j'en connais d'autres — M. Chan en parlait justement — qui n'auront sans doute jamais l'occasion de déposer un projet de loi ou une motion susceptibles d'être débattus à la Chambre.
C'est l'une des choses dans lesquelles les députés mettent beaucoup d'espoir. On m'a souvent posé la question dans les débats auxquels j'ai participé dans les collectivités. Beaucoup de députés m'ont affirmé la même chose. On nous demande continuellement: « Quel est le premier projet de loi d'initiative parlementaire que vous avez l'intention de déposer? » Le public nous demande: « Quel est votre cheval de bataille? Quelle est la chose que vous souhaitez accomplir? Existe-t-il un moyen d'accroître nos occasions de déposer des projets de loi? » Ce serait une réflexion intéressante à poursuivre.
Nous craignons que si vous adoptez cette motion telle qu'elle est rédigée, vous — le caucus libéral, l'exécutif ou quiconque prendra la décision finale — nous enleviez la période consacrée aux initiatives parlementaires. Pour le moment, nous avons cette période le vendredi, mais nous pourrions également utiliser les heures supplémentaires que nous avons le lundi, ou déplacer ce temps à un autre moment de la journée. Tout reste à voir. Il pourrait y avoir une période de questions et réponses pour chacune des allocutions prononcées durant la période réservée aux initiatives parlementaires, mais cela prendrait plus de temps.
En ce qui concerne la partie « Thème 2: Gestion du débat », comme je l'ai mentionné plus tôt en évoquant la Chambre des représentants, on a parlé de la programmation qui consiste à répartir le temps consacré à l'étude des projets de loi, qu'on a d'abord utilisé à titre expérimental au Royaume-Uni où elle a été introduite en 1998 et rendue permanente en 2004. Il leur aura fallu six ans avant de la rendre permanente. Six années de réflexion pour décider s'il valait mieux la conserver ou pas.
Je pense que nous allons trop vite avec cette question. Je suis convaincu qu'ils ne sont pas arrivés à cette décision sans avoir obtenu le consentement général des différents partis. Si nous protégeons jalousement nos privilèges, je peux vous dire que les parlementaires britanniques les protègent encore plus jalousement. Ils ont fait tomber des premiers ministres parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec la façon dont ces premiers ministres, qui incarnent le pouvoir exécutif, dirigeaient le pays. Les résultats du référendum ont poussé le gouvernement de David Cameron vers la sortie. Mais ce référendum lui avait aussi été imposé par ses députés d'arrière-ban, à l'insistance de leurs électeurs. À tort ou à raison, ils ont eu ce qu'ils voulaient, et M. Cameron a fini par s'incliner devant les partisans du désormais célèbre Brexit.
Ces points sont importants. Les députés britanniques protègent jalousement leurs libertés et nous devrions nous aussi protéger les nôtres devant un exécutif qui prend de plus en plus de place, qui est plus puissant et mieux en mesure de nous offrir des incitatifs et des possibilités que nous n'aurions sans doute pas autrement. Je suis ici pour jouer mon rôle de parlementaire, pas celui de ministre. Je ne fais pas beaucoup d'efforts pour faire partie du Cabinet. Je préfère concentrer mes efforts dans la défense des intérêts de mes électeurs.
Si, d'aventure, mon parti se retrouvait au pouvoir, je préférerais ne pas subir le châtiment d'occuper une fonction exécutive au sein du Cabinet. Ce serait une véritable punition pour ma femme et ma famille. Ces ministres travaillent de façon exemplaire, ils font beaucoup d'heures supplémentaires. S'il est vrai que je ne suis pas d'accord avec la grande majorité d'entre eux et de leurs objectifs de politique, j'ai du respect pour eux. Je souhaiterais que ce respect soit réciproque, parce que les députés de l'opposition ne sont pas là pour leur mettre des bâtons dans les roues de manière intempestive. Nous avons un motif, et ce motif c'est de participer aux délibérations du Parlement. C'est ce que nous essayons de protéger et c'est pourquoi nous avons proposé cette motion très raisonnable.
Ne nous excluez pas. Ne nous mettez pas à l'écart.
Je sais que ce n'est pas la première fois que je le dis, mais pour le moment, nous sommes méfiants. Nous ne pouvons pas avoir confiance que vous donnerez suite à notre inquiétude — « vous » étant l'exécutif et quelques membres du parti au pouvoir pouvant agir au nom de l'exécutif ou de concert avec lui. Je ne veux pas jeter le blâme inutilement.
Un peu plus bas dans le document, on peut lire que « la Nouvelle-Zélande et la Chambre des représentants des États-Unis prévoient également leurs travaux suivant un principe analogue à celui de la programmation ». Je viens de vous démontrer, en prenant pour exemple le manuel des procédures du Congrès, que sur cette question de programmation, le Sénat est nettement plus comparable à ce que nous sommes, nous, parlementaires, qu'à la Chambre des représentants.
Cette section pourrait à elle seule constituer une étude à part entière. Elle pourrait faire l'objet d'une étude distincte, sauf que la motion stipule que vous présenterez vos conclusions d'ici le 2 juin. Cela me semble bien précipité pour présenter des conclusions sur l'introduction d'une mesure que le Parlement du Royaume-Uni, le modèle de notre Parlement, a mis six ans à adopter.
Nous ne connaissons même pas vos objectifs. Vous pouvez produire un rapport contenant des recommandations qui seront présentées à la Chambre, puis vous affirmerez, comme l'a fait M. Christopherson tout à l'heure, que vous avez une décision majoritaire de ce Comité — le comité PROC — disant que nous devons aller de l'avant avec les changements mentionnés. Bien évidemment, les députés de l'opposition vont s'y opposer et il s'ensuivra un débat aux communes, qui je le crains, nous divisera autant que les débats de 1991 et de 1969, et qui viendra saper la confiance à long terme. C'est ma grande crainte.
Je pense que lorsque le gouvernement a présenté la question de la réforme électorale, il a en quelque sorte cédé aux partis de l'opposition avec qui il a convenu de constituer un comité multipartite qui se penche sur la question. Finalement, l'exécutif a choisi de ne pas aller de l'avant avec la réforme électorale. Pour ma part, je pense que c'était la bonne décision. Je sais que c'est ce que pensent mes électeurs. Je leur ai tous posé la question et presque 2 000 d'entre eux m'ont répondu en ce sens.
Je vois Mme Mendès hocher la tête. Beaucoup de Canadiens se sont engagés dans une aventure que l'on pourrait qualifier de « cuisine interne ». En ce qui concerne le Règlement, s'il y a de la cuisine interne, je dirais que nous sommes sur le banc des joueurs. L'immense majorité des Canadiens...
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Vous y avez été, monsieur Simms.
Les représentants ou porte-paroles du gouvernement n'ont pas besoin de plus de temps au comité. Ils ont tout le temps du monde pour rencontrer des témoins en dehors du comité. L'inclusion de cet aspect dans le document de travail répond exclusivement à une volonté de faire le point, de modifier la lignée des questions et de s'affirmer au détriment des autres députés. J'estime que les membres du caucus gouvernemental peuvent faire tout cela sans qu'il ne soit besoin que le secrétaire parlementaire le fasse.
Tout ce que le secrétaire parlementaire peut faire au comité peut être également fait par un ministre qui comparaît et expose ses points de vue au comité, ou encore par un ministre qui assiste du début à la fin à un débat sur un sujet qui touche son ministère, comme j'ai vu faire à certains ministres, et je pense que lorsqu'ils choisissent de passer toute une journée à écouter l'opposition au sujet de leur ministère, c'est une preuve du profond respect qu'ils ont pour le Parlement. Inversement, j'estime qu'il est profondément irrespectueux de la part d'un ministre de renoncer à assister à une journée de débat sur un projet de loi touchant son ministère.
Un secrétaire parlementaire peut rester en marge. J'ai vu s'emparer du ballon et s'ériger en porte-parole du gouvernement à plusieurs reprises, et il s'y prend bien. Il sait défendre la position du caucus gouvernemental.
Il est dit ici: « Il peut arriver, à l’occasion, qu’un comité devienne dysfonctionnel. Les députés peuvent perturber les comités en faisant de l’obstructionnisme, soit en refusant de céder la parole, soit en présentant des motions dilatoires. »
Ce n'est pas dans l'ordre des choses et je ne me souviens pas d'avoir vu quelqu'un d'autre s'y prendre ainsi dans ce Parlement. L'opposition est responsable. Nous n'y aurions recours que dans les circonstances les plus criantes, comme maintenant. Mais je ne veux certainement pas me retrouver toujours ici dans deux mois à débattre la question. Je ne veux pas avoir à le faire dans chacun des comités auxquels je vais, d'abord, parce que je finirais par devenir aphonique, et ensuite, parce que M. Genuis deviendrait sans doute aphonique lui aussi, car nous ferions équipe jusqu'à ce que le travail soit accompli.
Nous ne profitons pas indûment du privilège que nous avons. Nous ne profitons pas du Règlement en vigueur. Ce que nous craignons, c'est que, en l'absence d'un accord unanime pour procéder à cette étude, on pourrait finir par recommander la suppression de tous ces droits. Le Règlement qui nous confère en tant que députés le droit et le privilège d'être écoutés serait aboli. C'est ce qui nous inquiète sérieusement de ce côté du couloir.
Être un bon membre de l'opposition et être raisonnable à la fois est une question d'équilibre. Nous pourrions entraver le gouvernement à chaque étape, mais nous choisissons de ne pas le faire. Nous l'avons fait cette fois-ci uniquement parce que nous essayons de faire valoir que nous estimons que vous cherchez à proposer une autre motion numéro six. Trêve d'euphémismes. Je me contente d'y faire allusion.
La dernière chose que ce document dit est que « Les délibérations à la Chambre et dans les comités devraient reposer sur le principe d’un débat de fond sur une question et non pas servir de prétexte à des tactiques visant uniquement à miner et à dévaloriser l’important travail que fait le Parlement. » Je suis d'accord avec cette partie de la déclaration. Si le travail du Parlement est important, pourquoi essayez-vous de nous empêcher de faire un travail important au Parlement?
Nos opinions peuvent diverger. M. Simms et d'autres, j'en suis sûr, diront: « Non, ce n'est pas ce que nous essayons de faire. Vous devriez nous faire confiance. Nous devrions procéder à l'étude selon la motion initiale. » Nous pourrions éventuellement aller de l'avant sans un accord unanime, mais ce n'est que peu de réconfort pour les membres de l'opposition qui n'ont aucun outil au-delà de cela, et que l'endroit suivant où nous tenterons de faire de l'obstruction sera à la Chambre, et les règles sont déjà modifiées là-bas, de sorte que nous ne pourrons pas nous y prendre aussi efficacement que nous le voudrions. Nous n'accepterons pas des changements au Règlement en simples spectateurs. Vous m'avez entendu le dire à plusieurs reprises. Je ne veux pas devenir un simple spectateur de cinéma. Le Parlement n'est pas un cinéma. Nous ne sommes pas des participants passifs dans les délibérations de la Chambre. Nous voulons être des participants actifs et nous le serons. Nous participerons.
Vous avez entendu M. Christopherson parler avec beaucoup de passion du mandat qui lui a été confié par son caucus. De ce côté du couloir, notre caucus nous a également confié un mandat, celui de représenter nos électeurs, nos membres, nos partisans et les gens qui croient en la suprématie du Parlement, de participer aux débats en qualité de parlementaires, de nous respecter les uns les autres et de nous souvenir que le Règlement existe pour nous conférer des droits et privilèges. Nous n'allons pas y renoncer. Je refuse d'y renoncer.
Je ne sais tout simplement pas où le gouvernement veut en venir. L'adoption de cet amendement à la motion me rassurerait énormément car nous serions protégés. Il y a de petites modifications à faire. Plusieurs députés ont mentionné des changements possibles. Ceux qui ont participé au débat du 6 octobre ont proposé des modifications à apporter au Règlement. Ce n'était pas des discours ni des sujets de discussion préparés à l'avance, mais des suggestions sincères et personnelles qu'on soumettait à notre considération.
Pour ma part, je n'ai pas fait examiner mes suggestions par mon bureau de whip ou mon . C'était un discours improvisé où j'offrais mes idées. Libre à vous d'en tenir compte ou pas. Dans l'affirmative, j'espère que vous les écouterez plus attentivement, avec débat et examen, car j'estime qu'elles le méritent, voire elles en ont réellement besoin. Personnellement, je crois que la durée prévue en ce moment — le 2 juin 2017 —pour l'étude de la motion est trop courte, à moins que vous essayez de faire un écho historique de ce qui s'est passé dans la législature ontarienne. Il y aurait peut-être une raison à cela, mais je ne pense pas qu'elle soit suffisante pour procéder de la sorte.
Je voudrais me reporter à l'ouvrage Le régime politique canadien troisième édition, par Patrick Malcolmson et Richard Myers. Je ne sais trop en quelle année il a été rédigé, mais à la page 136, il y a une section sur la réforme de la Chambre des communes. Chaque fois qu'il y est question de la « possibilité » de réforme à la Chambre des communes, il y est dit que — et je cite — « on a proposé d'accroître le pouvoir et l'indépendance des membres des comités législatifs, accroissant du même coup le pouvoir et l'indépendance des simples députés qui les composent.
Il n'y a aucune mention de l'efficacité du gouvernement et de l'adoption plus rapide de la loi par le biais de comités. Il n'y a rien de tout cela. Il n'y a aucune mention de la programmation, de nous dire à quel point nous pouvons ou non nous livrer au débat. On parle de nous rendre plus indépendants et de rendre les comités plus indépendants, mais je ne le vois pas dans le langage très général utilisé dans la proposition du gouvernement. Ce que je vois, c'est beaucoup de potentiel pour tout le contraire.
Nous avons déjà vu les tentatives du gouvernement de recourir à l'attribution du temps parfois, ce qu'il nous a reproché lors des dernières élections. Nous, de notre côté, nous continuerons à avertir le gouvernement qu'il doit respecter les principes élevés qu'il a préconisés lors de sa campagne électorale. Comme je l'ai dit à de nombreux membres du Parti libéral, « Vous êtes bien partis pour l'utiliser une centaine de fois. On récolte ce que l'on sème. ». Vous finirez par l'utiliser souvent à moins d'introduire une programmation, ce que vous n'aurez pas besoin de faire, puisque le temps sera automatiquement attribué pour tout. Vous aurez des échéances précises: 15 jours pour ce projet de loi ou pour tel ou tel jalon. Cela n'existera plus, et je ne pense pas que ce soit la bonne solution.
En outre, je ne crois pas que vous vous accordez suffisamment de temps pour examiner les changements profonds qui se produiront avec le travail que vous faites. Je ne pense pas non plus que vous vous donnerez le mandat nécessaire au sein du comité si vous n'approuvez pas cet amendement à votre motion, monsieur Simms.
Les auteurs parlent aussi un peu plus loin de l'ancien premier ministre Paul Martin:
Une grande partie de ce qu'il voulait dire par « déficit démocratique » se rapportait au manque d'influence perçu de l'arrière-ban [députés].
Il se trouve que de nombreux membres de l'opposition sont des députés d'arrière-ban, et nous avons ce que nous percevons comme étant très peu d'influence, alors pourquoi voudriez-vous supprimer la faible influence que nous avons, par exemple pour proposer des motions ou débattre d'un rapport d'un comité auquel nous ne participons pas? Parfois, nous essayons simplement de faire valoir un aspect. Nous avons une idée, nous voulons soulever un point et nous voulons savoir ce que les autres en pensent. D'aucuns penseront qu'on cherche à retarder les choses, tandis que d'autres le verront comme un moment de réflexion raisonné. Une fois de plus, il n'y a rien de mal à un peu de réflexion. Certains croyants réfléchissent pendant qu'ils prient.
Les auteurs poursuivent:
À la suggestion de [M.] Martin, alors, les règles entourant les questions de confiance [ont été] changées pour accorder aux députés du gouvernement une plus grande indépendance vis-à-vis de la direction du parti.
Les auteurs poursuivent en disant que les votes de la Chambre des communes sont maintenant divisés en trois catégories: des votes suivant la discipline du parti, des votes partiellement libres et le concept que nous devons tous voter d'une même voix. Je pense que cela a été bénéfique pour le Parlement. Nous sommes mieux en mesure de voter selon nos convictions et la volonté de nos électeurs et de diverger aimablement au besoin.
Le changement a été bon, car il renforce la notion que nous votons en toute liberté. J'ai parlé des conséquences de nos votes. Je suis prêt à assumer les conséquences de tous mes votes, que cela me coûte ma réélection, que je sois réprimandé par mes électeurs, mes collègues du caucus ou d'autres, ou que l'on me fasse des éloges, comme je l'espère, pour certains de mes votes.
Selon les épisodes de Yes Minister le plus dangereux, c'est de dire à un ministre: « C'était courageux; c'était une initiative politique courageuse. » C'est à ce moment-là que tout le monde recule. J'ai le même sentiment à l'égard de certains votes qu'on attend des députés. Un vote courageux peut faire perdre ou gagner des voix, mais le pire, c'est de voter d'une certaine façon pour le regretter plus tard, une fois qu'on a pris de l'âge et qu'on n'est plus là.
Le meilleur conseil que j'ai reçu, d'un ancien député, c'était de ne jamais voter contre sa conscience. Il ne faut pas voter pour ce qui semble être un mauvais choix, car on ne pourra plus se regarder dans la glace pendant des années. Ce sera comme un poids à porter dans sa conscience et on le regrettera toujours en se disant: « J'aurais pu voter différemment. J'aurais dû suivre la dictée de ma conscience. J'aurais dû voter comme le voulaient mes électeurs. »
Tous les membres du caucus du gouvernement sont libres de voter à leur guise. Vous n'êtes pas obligés d'écouter la voix qui résonne dans vos oreilles ou derrière vous pas plus que celle d'autres députés. Vous pouvez représenter le Parlement. Vous pouvez vous joindre à nous dans ces travaux et, grâce à cet amendement, nous pourrons trouver les règles sur lesquelles nous pourrons nous entendre. Vous pouvez voter avec nous et vivre les conséquences de votre vote, ce qui, je crois, ne serait nullement aussi grave que le fait de s'y prendre de façon médiocre. Le processus pourrait laisser à désirer.
En tant que parlementaires, ce n'est pas seulement pour vous que vous le faites. C'est pour les générations à venir, pour les personnes qui occuperont votre siège après vous. Je sais que, pour beaucoup d'entre vous, cela ne veut pas dire la personne qui pourrait vous vaincre en 2019 — le grand espoir de nombreux parlementaires est d'être réélu —, mais vous devriez songer à la personne qui occupera votre siège, quelle que soit son affiliation politique.
Je ne veux pas trop utiliser ce livre, mais je pense qu'il vaut la peine d'y réfléchir, car il est parfois utilisé comme un manuel pour les étudiants de démocratie parlementaire. Il est intitulé Le régime politique canadien et je pense qu'il est très pertinent. Il porte exactement sur le sujet qui nous occupe, c'est-à-dire sur quel doit être notre rôle et ce que nous sommes censés faire.
Je vais conclure brièvement...
Je crois que c'est la cinquième fois que je vous dis que je vais conclure.
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Le député ne me croit pas, mais je finirai par m'arrêter parce que je ne suis pas le lapin Energizer. Néanmoins, je ne vais pas m'arrêter tout de suite. J'ai seulement traité le premier point avec ma trentaine d'arguments subsidiaires. C'est déjà réglé.
Je voudrais revenir aux discours de 1991. Comme je vous l'ai déjà dit, nos prédécesseurs ont déjà débattu de cette question. Nos prédécesseurs ont déjà soulevé la difficulté que pose la modification du Règlement sans l'accord unanime des autres partis. J'ai mentionné que nous ne devrions pas nous référer au passé pour voir ce qui s'est produit lorsque le gouvernement a voulu imposer des changements en passant par ce comité-ci, mais aussi par la Chambre des communes. Ce n'est pas la bonne façon de veiller sur notre patrimoine, de veiller sur ce qu'on nous a confié et que nous devons transmettre à la génération suivante. La bonne façon de voir les choses est d'y voir une possibilité d'apprendre.
M. Jack Whittaker était député d'Okanagan—Similkameen—Merritt. Il a pris la parole pour participer au débat le 11 avril 1991. Si je mentionne ce qu'il a dit, c'est parce qu'il a fait valoir un bon nombre des mêmes arguments en lisant les biographies de grands parlementaires comme John A. Macdonald, Sir Wilfrid Laurier, Tommy Douglas, Mackenzie King, « pour n'en nommer que quelques-uns ». Il a passé leurs biographies en revue et mentionne ici l'amour qu'ils avaient pour le Parlement et leur travail de parlementaires à la Chambre.
Pour continuer, déjà en 1991, il déclarait ceci:
Dans son arrogance, le gouvernement a tout simplement ignoré les discussions qu'il avait eues avec l'opposition et s'est prévalu de la clôture. Je me souviens que le projet de loi a été adopté par un vote par oui ou par non, ce recours n'était donc pas nécessaire. Or le Parlement n'a pas le mandat d'imposer ou d'expédier de telles mesures sans qu'elles fassent l'objet de discussions en règle. Du reste, les 26,5 millions de Canadiens doivent avoir la chance d'examiner ces projets de loi…
La possibilité que cette étude sur la modification du Règlement puisse avoir lieu sans un accord unanime m'inspire les mêmes sentiments. Je pense que nous avons eu raison de téléviser cette partie de nos débats. C'est un bon pas en avant. La prochaine étape sera d'accepter d'adopter l'amendement, un amendement très raisonnable. Il est parfaitement raisonnable. Il n'a rien de radical. Il n'est pas nouveau. Il dit simplement qu'il faut obtenir un consentement unanime pour apporter tout changement, toute modification au Règlement.
M. Whittaker mentionne ensuite, comme de nombreux députés l'ont déjà fait, le rapport McGrath et le consentement unanime dont ce rapport a fait l'objet. Je ne passerai pas le rapport en revue avec vous et je n'en lirai pas des passages, car M. Christopherson l'a fait avant moi. J'ai mentionné qu'il y a eu le comité Tom Lefebvre qui a aussi proposé des amendements. Le Règlement a été modifié à de nombreuses reprises avec le consentement unanime. Nous devrions nous référer davantage aux cas dans lesquels nous avons cherché un terrain d'entente et sommes parvenus à un consensus. Nous devrions nous référer au hansard pour examiner les situations dans lesquelles nous avons réussi à travailler ensemble.
Même à l'époque, les Canadiens s'intéressaient au Parlement. Ils s'y intéressaient en 1991. Beaucoup d'articles ont été écrits dans l'Ottawa Citizen. On peut lire ici:
Frank Howard a signé un article intéressant dans le quotidien d'Ottawa, The Citizen, de ce matin. Celui-ci se reporte à l'époque où le présent gouvernement est entré en fonction, soit en 1984. Après un long séjour dans l'opposition, ce gouvernement était très conscient des difficultés de cette situation et de la nécessité de donner aux députés de l'opposition l'occasion d'exprimer leur point de vue et d'avoir le sentiment de répondre aux besoins et aux souhaits de leurs électeurs.
Je ne vais pas citer cet article, comme il le fait. Cela donnerait aux députés l'impression d'avoir cette possibilité. Voilà le but de l'amendement. Nous voulons seulement la certitude que vous veillez également sur nos intérêts, que vous n'allez pas essayer de nous faire taire. Nous n'avons pas cette certitude.
Nous sommes en train de nous battre pour que le caucus ministériel nous donne cette certitude. Nous la voulons. Nos électeurs, ceux qui ont fait les remarques que je vous ai lues, le veulent également. Ils ne veulent pas élire des parlementaires qui ne pourront pas défendre leurs intérêts en comité ou à la Chambre des communes. Certaines motions peuvent empêcher…
Comme je l'ai mentionné, je ne serai pas évalué en fonction du nombre de lois sur lesquelles je vote ou que j'adopte. Je ne pense pas que le gouvernement soit évalué sur cette base. On peut lui reprocher d'être inefficace ou inefficient pour adopter des lois ou réaliser des choses.
Je me souviens quand le gouvernement actuel, le gouvernement qu'un grand nombre de ces députés appuient, a failli perdre son vote sur le projet de loi d'Air Canada, à une voix près. Il a gagné de justesse, mais ce n'est pas de la faute des ministériels qui sont ici. C'est de la faute du leader du gouvernement à la Chambre. Je suis convaincu que cette motion, que les changements que le gouvernement cherche à imposer, visent à compenser les faiblesses au niveau du leadership du gouvernement à la Chambre. J'emploie les termes les plus gentils possible pour parler de déficiences que je constate dans le leadership du Parti libéral, du caucus libéral à la Chambre.
Je pense que tous ces changements seront proposés et possiblement imposés de force au Comité et peut-être aussi à la Chambre. Ce sera pour couvrir l'incapacité du leader du gouvernement à la Chambre de parvenir à un consensus et de s'entendre avec les leaders parlementaires néodémocrates et des conservateurs ainsi que les autres.
Nous avons parfois constaté qu'on demandait le consentement unanime à la Chambre des communes pour une motion sans que personne n'ait parlé aux députés du Bloc québécois pour savoir s'ils étaient d'accord pour donner leur consentement unanime. Vous pouvez être d'accord ou non sur leur présence ici, mais leurs électeurs les ont élus pour les représenter et ils essaient de faire leur travail de leur mieux.
Je ne partage pas leur idéologie. Je suis toujours un fédéraliste convaincu. J'étais déjà fédéraliste quand j'étais jeune, au Québec. J'ai survécu au référendum de 1995. Je me souviens que mes parents avaient chargé leur camionnette pour être prêts à partir si le vote s'était soldé par un oui.
Néanmoins, je pense quand même que les députés du Bloc québécois représentent leurs circonscriptions. Leur point de vue compte. Il compte parce qu'ils ont cherché, obtenu et gagné l'appui de leurs électeurs pour les représenter ici en tant que parlementaires. Je sais que j'ai été en désaccord avec eux, avec leur position contre les pipelines, par exemple, mas ils sont quand même mes égaux en tant que parlementaires. Ils ont le même droit de vote et leur vote pèse autant que le mien. Ils ont la même possibilité de proposer une motion. Ils ont la même possibilité de se faire entendre lorsqu'on demande le consentement unanime pour une motion. L'amendement réglerait les choses en nous permettant d'avoir tous voix au chapitre, par l'entremise de nos caucus et de nos représentants.
Quand était ici — monsieur le président, vous avez eu la gentillesse de lui permettre de parler — elle a présenté le même genre d'arguments.
Je suis convaincu que le Parti réformiste et les députés du Bloc québécois ont regretté un grand nombre des changements qui ont été proposés en 1991 et finalement imposés aux partis de l'opposition parce qu'il leur a été beaucoup plus difficile de représenter leurs électeurs. Défendre les intérêts des électeurs est une chose, mais défendre les intérêts du Parlement en est une autre. Il y a une légère différence entre les deux. Vous pouvez parfois vous rendre compte que protéger le Parlement n'est pas la même chose que protéger vos électeurs et leurs intérêts. Les deux peuvent parfois entrer en conflit et c'est alors à vous, en tant que parlementaires, de trouver un juste équilibre.
L'équilibre des intérêts dont j'ai parlé au départ est vraiment important. Pour les ministériels et les députés de l'opposition, il est important d'assurer cet équilibre et c'est pourquoi nous n'allons pas trop loin lorsque nous nous opposons à quelque chose. Nous essayons toujours de trouver un juste équilibre pour montrer au gouvernement que nous sommes mécontents ou insatisfaits de la liberté qui nous est accordée pour nous opposer de façon raisonnable.
Je vais parler, encore une fois, d'un autre député qui a pris la parole à la Chambre, le 11 avril 1991 — le député de Davenport. Je ne vais pas bien prononcer son nom, mais c'était, bien entendu, un ministre, Charles Caccia. Si vous lisez les débats, il a invoqué le rapport McGrath et parlé du nombre de fois où on avait eu recours à la clôture, en mentionnant qu'entre 1971 et 1984, au cours d'une période de 13 ans où l'on avait connu des gouvernements minoritaires, la clôture avait été appliquée à trois reprises. Ces années-là, lorsqu'il y a eu beaucoup de désaccords et de nombreux changements au Parlement ainsi que l'élection d'un grand nombre de nouveaux députés, la clôture n'a été appliquée que trois fois. Il a été possible de parvenir à un consensus. Les parlementaires ont réussi à débattre raisonnablement, à exprimer leur désaccord et à voter les uns contre les autres, à prendre position, mais en finissant par trouver un terrain d'entente.
Pour pouvoir avancer, il faut que nous adoptions cet amendement. Il exige que nous reconnaissions, y compris les membres du caucus ministériel, que les députés de l'opposition ont un rôle à jouer dans les délibérations et qu'ils ont été fidèles à leur serment d'office.
Le député en question, qui était alors le député de Davenport, a fait la comparaison avec la situation en 1991, sept ans après la période qu'il avait d'abord citée:
… la clôture a été appliquée neuf fois au cours d'une période de neuf ans. Aussi je me demande si le recours à des moyens aussi extrêmes n'annonce pas un style de gestion du Parlement particulièrement sévère et restrictif?
Pour ce qui est du style de gestion du Parlement, je pense qu'il voulait très gentiment reprocher au gouvernement la façon dont il avait choisi de gérer les délibérations. À mon avis, vous obtenez beaucoup plus avec une carotte qu'avec un bâton et lorsque vous incitez les députés à adopter une attitude raisonnable pour défendre leurs intérêts et leurs points de vue. C'est normal.
Le député de Davenport décrit ensuite son impression que le gouvernement limite ce qu'il peut faire pour représenter ses électeurs et le message que cela envoie à ces derniers quant à sa valeur et à son rôle au Parlement. Il a fait en un assez long discours dans lequel il a parlé des différentes opinions et positions.
Il ajoute ceci:
Nous ne pensons pas, de ce côté-ci de la Chambre, que les représentants élus soient à court d'idées.
Du côté de l'opposition, nous ne sommes pas « à court d'idées » quant aux changements qui pourraient être apportés au Règlement et que le caucus ministériel pourrait vouloir envisager. Les ministériels ont peut-être des idées que nous pourrions examiner, à part celles que le gouvernement du Canada nous impose. La seule façon de procéder serait d'adopter l'amendement afin que nous puissions être certains que, quel que soit le produit fini, il fera l'objet d'un consentement unanime et les changements que nous aurons apportés amélioreront le fonctionnement du Parlement, quel que soit le mode de fonctionnement choisi.
C'est le processus de discussion qui est en cause. Cela nous donne davantage de possibilités de débattre et de prendre la parole. Comme vous le savez, il y a les changements dont a parlé et qui consisteraient à déplacer le débat d'ajournement à la fin de la période des questions — et à modifier la façon dont il se déroule. Ce n'est pas une idée qu'il faudrait rejeter à la légère. Il vaut la peine de l'examiner. Elle a un certain mérite.
L'idée semble intéressante à première vue, mais il faudrait l'étudier plus à fond. Cela requiert une étude approfondie et si ce changement a lieu, je pense que ce devrait être sur la base d'un consentement unanime. Je ne pense pas qu'on puisse le faire simplement parce que le gouvernement décide que c'est une bonne idée et qu'en changeant la façon dont le débat d'ajournement se déroule, il lui sera plus facile d'envoyer à la période des questions des ministres qui pourront ensuite participer au débat d'ajournement, avec peut-être une période de questions de quatre minutes pour chaque côté. Après cela, ils pourront partir pour le restant de la journée sans avoir à revenir pour voter.
Le député a également parlé de la conciliation travail-vie personnelle. Cela nous ramène aux séances du vendredi. Je sais que ce qui est proposé suscite un désaccord. La a dit une chose pendant la période des questions, mais a présenté un point de vue différent à ce sujet.
Le député que j'ai mentionné a ensuite parlé du travail que nous faisons dans nos circonscriptions. Il a déclaré:
Permettez-moi d'analyser brièvement l'idée d'envoyer les députés passer plus de temps dans leur circonscription, soit une semaine par mois.
Ce n'était pas encore possible. Il poursuit ainsi:
Cette proposition est digne de l'époque de la locomotive à vapeur quand les déplacements étaient très lents et que les appareils électroniques que nous connaissons aujourd'hui n'existaient pas. Il y a cinquante ans, un député avait besoin de deux ou trois jours pour se rendre dans sa circonscription. Il n'avait certainement pas dans son bureau de télécopieur, de téléphone et d'autres moyens de communication qui nous permettent de communiquer rapidement avec nos électeurs, entre autres. Ils ne pouvaient pas non plus se déplacer en avion à réaction.
La majeure partie de ce qui est mentionné ici ne s'applique plus. Je ne sais pas si vous êtes encore nombreux à avoir des télécopieurs dans vos bureaux. J'ai une imprimante qui est toujours en panne, mais je ne pense pas avoir encore un télécopieur. Avec l'avènement du courriel, nous pouvons rester en contact avec nos électeurs pratiquement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Je réponds moi-même aux messages Facebook de mes électeurs.
Oui, c'est un excellent moyen de rester en contact. C'est ce que Mme Mendès est en train de faire en ce moment même. C'est une excellente façon de communiquer avec les électeurs, d'autant plus qu'ils savent que c'est la façon la plus rapide de vous rejoindre. Vous pouvez répondre rapidement. Les électeurs savent ainsi qu'ils ont été entendus, tout comme nous saurons que nous avons été entendus si vous adoptez cet amendement afin que nous puissions modifier le Règlement d'une façon que nous pourrons tous trouver satisfaisante.
M. Caccia fait encore allusion à la conciliation travail-vie personnelle. Il parle également des propositions antérieures concernant ce genre de réformes parlementaires en posant les trois questions suivantes:
Est-ce un produit des années 1990 qu'il nous soumet ou un produit des années 1920?
Quel but poursuivez-vous avec ces changements? Voulez-vous nous ramener là où nous étions avant, avant 1969, ce qui nous donnerait plus de temps à la Chambre des communes pour débattre, pour faire de l'obstruction ou pour que le Président nous accorde davantage de temps de parole? Nous l'ignorons, car cela ne figure pas ici. Le seul thème qui ressort du document du gouvernement est que l'efficience compte plus que les discussions et que les travaux de la Chambre se déroulent dans une atmosphère trop antagoniste.
Comme je l'ai dit, je ne suis pas d'accord avec cette opinion. Elle est inexacte. Vous n'êtes pas mes adversaires. Nous avons des débats d'idées, surtout dans les comités, qui nous offrent des possibilités supplémentaires. Il serait tout aussi souhaitable que ces délibérations et ce débat aient lieu à la Chambre des communes.
Même à l'époque, ce n'était pas seulement une conversation entre les membres de différents caucus qui n'étaient pas membres de l'exécutif, mais ils rendent compte des déclarations aux répercussions importantes et préoccupantes du premier ministre du Canada sur l'environnement et le développement durable — cela n'en finit pas —, des déclarations formulées en termes abstraits.
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M. Reid a ensuite déposé son amendement, ce qui était précisément la bonne chose à faire au bon moment: attendez un instant — la première chose dont nous devons décider ici, ce sont les règles d'engagement. Son amendement à la motion visait essentiellement à ce que l'on s'entende. Je ne lirai pas les subtilités juridiques, mais l'essentiel est que nous nous entendions pour ne pas inclure de recommandations dans le rapport à moins qu'elles ne fassent l'objet d'un accord de tous les partis.
Tout d'un coup, il devient passablement évident que le gouvernement n'a nullement l'intention d'appuyer cet amendement. C'est à ce moment-là que les premières indications de problèmes sont apparues. Jusqu'alors, il s'agissait du rapport, de la motion, mais aucun commentaire ou contexte. Nous ne savions pas vraiment ce dont il s'agissait. Nous ne savions même pas s'il s'agissait d'une question destinée à notre comité. Comme je le dis, nous avons été surpris. Je n'utiliserai pas le mot « embuscade », mais c'était de toute évidence une surprise, inattendue et non expliquée à l'avance. Il n'y avait surtout pas de subtilités.
Le vétéran de notre comité, M. Reid, au nom de l'opposition officielle, dépose une motion qui veut que si nous entamons cette discussion, il aimerait s'assurer que nous comprenons tous et que nous sommes tous d'accord. On nous indique que le gouvernement ne le fera pas. Stratégiquement, monsieur le président, cela signifie qu'il y aura un vote et que si nous perdons ce vote, les répercussions seront graves. Dans un tel cas, cela signifie que le gouvernement aurait alors recours au droit — ou plutôt s'adjugerait le droit — de se servir de sa majorité pour forcer l'adoption des mesures qu'il veut dans son document de travail, malgré toute opposition que pourraient avoir les forces d'opposition unifiées.
Le simple fait que le document de travail ait été publié et qu'il y ait des choses qu'ils veulent faire, cela ne rend pas, par définition, toutes ces choses mauvaises. Par contre, je pense qu'il est plus que juste de dire que si vous y regardez de près, quiconque sait quoi que ce soit au sujet de la procédure parlementaire vous dira que la plupart de ces choses — utilisons un chiffre rond, 100 % — avantagent le gouvernement. En vertu du plan selon lequel le gouvernement majoritaire pourrait à lui seul forcer l'adoption de ces recommandations, le rapport final pourrait alors s'appeler le rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Le gouvernement pourrait en toute légitimité dire: « Nous ne faisons que mettre en oeuvre les recommandations de notre comité permanent indépendant, qui a bien analysé la situation, et dont voici le rapport. » Le gouvernement ne cesse de dire: « Eh bien, vous pouvez joindre vos rapports dissidents. » Bien sûr, toute une gentillesse. Quand avez-vous entendu quelqu'un dire: « Ce que nous faisons comme gouvernement correspond exactement à ce que dit le rapport. Oh, en passant, par souci d'équité, je tiens à signaler que les deux partis d'opposition ont présenté des rapports dissidents »? Cela ne se produit pas. Ce n'est pas nécessaire. Voilà pourquoi il est tellement important que le rapport traduise toutes nos opinions et non seulement celles de la majorité.
Croyez-moi, l'affaire se corse ici; c'était la partie facile. Donc, nous avons le document de travail, la motion, la réunion, la surprise et l'amendement visant à faire la bonne chose, et le gouvernement fait savoir qu'il y est opposé. Cela signifie que, stratégiquement, nous devons nous assurer qu'il n'y aura pas de vote. Cette motion a été présentée par l'opposition officielle. La minute que vous avez une indication selon laquelle le gouvernement va s'y opposer, et il a plus de voix que nous, le calcul est simple.
La dernière chose qu'une personne de l'expérience de M. Reid va faire est de permettre que ce vote ait lieu, où nous perdons, sachant que nous ne pourrons pas l'emporter et, par conséquent, perdant notre possibilité de présenter un rapport unanime de tous les partis qui traduit tous nos souhaits plutôt que les exigences imposées du gouvernement qui bafoue nos droits. Voilà la répercussion. C'est bien. C'est à ce moment que M. Reid a dit clairement qu'il allait faire exactement ce que vous feriez dans un tel cas.
À un moment ou un autre, la plupart d'entre nous ont dû le faire. Autrement dit, vous dites en quelque sorte à vos collègues, « Installez-vous confortablement pour le reste de la réunion, parce que je compte épuiser le temps qui nous reste. La dernière chose que je veux faire, c'est de laisser le débat se terminer et permettre la tenue d'un vote que je sais que je vais perdre. »
M. Reid a fait la chose que nous faisons tous dans une telle situation: il a commencé à parler. Son objectif était de parler de 11 heures à 13 heures, c'est-à-dire les heures normalement prévues pour nos réunions. Ensuite, dans le cadre « d'escarmouches » normales — je les appelle ainsi par opposition à la guerre dans laquelle nous sommes en ce moment —, dans des situations normales, monsieur le président, à 13 heures, soit l'heure prévue de levée de la séance, le Comité ajournerait ses travaux.
Nous retournerions tous alors à nos activités habituelles, nous reviendrions à la prochaine réunion régulière prévue le jeudi suivant, de 11 heures à 13 heures. À 11 heures, vous déclareriez la séance ouverte et vous donneriez alors la parole à M. Reid, dont c'est le temps de parole en vertu de notre Règlement, en ce sens que vous ne pouvez pas obliger quelqu'un à mettre fin à un débat tant qu'il n'a pas fini de parler. En vertu de notre Règlement, ce droit continue de s'appliquer jusqu'à la réunion suivante: « Quel est notre ordre du jour pour jeudi? Eh bien, nous allons poursuivre ce dont nous parlions mardi, et M. Reid a la parole. » C'est précisément ce à quoi M. Reid et nous tous nous attendions.
Ensuite, les choses se sont envenimées. Je suis convaincu que ce n'est pas la première fois que cela se produit. J'en ai été témoin une seule fois auparavant. Quelqu'un me l'a fait une fois, et vous vous en rappelez.
Ce qui s'est produit, c'est qu'à 13 heures, M. Reid s'attendait à juste titre de conclure ses observations et d'être prêt à reprendre le jeudi suivant là où il s'était interrompu et à poursuivre. C'est cela qui se produirait, et c'est pour cette raison que je l'appelle une « escarmouche ». Il s'agirait d'une obstruction systématique, mais elle se déroulerait dans le cadre habituel des réunions du Comité. « Il se trouve que ce comité est paralysé en ce moment parce que nous avons ce problème et nous nous employons à le résoudre à mesure que nous avançons. » Il ne deviendrait pas ce qu'il est devenu, à cause de cette — et je vais l'appeler un coup bas parce que c'est effectivement un coup bas — embuscade. On m'a déjà fait la même chose.
Il se trouve que vous vous rendez compte que, alors que nous pensions tous que si la réunion — et cela ne cesse jamais de surprendre les membres, et cela l'a été pour moi... Nous avions un document qui ouvrait la séance, et qui indiquait que la séance durerait de 10 à 11 heures. Eh bien, je suppose que ce n'est pas ce qui se produirait en l'occurrence, parce que nous voici dans un monde imaginaire parlementaire; nous sommes vendredi, mais nous sommes toujours mardi. Peu importe, il n'en demeure pas moins que vous avez un bout de papier qui vous indique les heures auxquelles vous vous réunissez, et 99 % du temps, c'est à cette heure-là que la séance est levée. C'est ce à quoi vous vous attendriez.
Je pense que c'est un député de l'opposition officielle qui a dit: « Monsieur le président, je vous signalerais qu'il est quelques minutes après 13 heures. Nous devrions lever la séance, mettre fin à la discussion et revenir jeudi à l'heure habituelle. » Le président a dit « En réalité, non, nous allons poursuivre. » Il y a eu des rappels au Règlement et nous avons discuté avec le greffier au sujet de ce qui se passait: « Il est indiqué que la séance prend fin à 13 heures. Il est maintenant quelques minutes après 13 heures. Le président est tenu de mettre fin à la séance. »
Mais, voyez-vous, voilà la chose intéressante au sujet des règles parlementaires: elles ne sont pas toujours parfaitement claires. La levée de la séance à 13 heures laisse entendre qu'à tout le moins la majorité est d'accord avec cela. En soi, ce n'est pas une loi de physique parlementaire absolue que le Comité doive mettre fin à ses travaux à l'heure prévue. La séance du Comité prend fin lorsqu'une majorité dit que la séance prend fin. Étant donné que nous sommes maîtres de notre propre domaine et maîtres de notre propre destin, ce droit demeure souverain, tant et aussi longtemps que collectivement nous n'en décidons pas autrement, ou que nous ne recevons pas les ordres très importants de la Chambre. Autrement, nous sommes maîtres de notre destin.
Donc, lorsque vous appliquez ce principe, cela signifie que si le président sait que les députés ministériels majoritaires ne voteront pas en faveur de la levée de la séance, il n'a, en l'occurrence, vraiment aucun autre choix que de laisser la réunion se poursuivre. Au besoin, il peut interrompre les travaux et démontrer qu'une majorité veut poursuivre, mais lorsqu'il y a une majorité, cela est sous-entendu et compris, et c'est ainsi que fonctionne cette règle.
Chose intéressante, on me l'a fait à l'égard d'une question très semblable dans le cadre de l'étude du bon vieux projet de loi , la Loi sur l'intégrité des élections. Je me suis présenté, motivé à bloc. Je suis arrivé à la séance du Comité et j'ai préparé mes documents. J'ai préparé mon discours; j'étais prêt à commencer; et j'ai deux heures comme M. Reid. J'ai deux heures de temps de parole, puis j'ai une journée avant la prochaine séance pour faire mes devoirs et préparer mes notes pour mes deux prochaines heures de façon à pouvoir continuer de parler et tout simplement continuer, parce que, comme vous le savez, monsieur le président, nous ne pouvons pas répéter nos arguments, et tout argument que nous invoquons doit à tout le moins avoir un lien ne serait-ce que ténu avec la motion à l'étude, et le président a un pouvoir discrétionnaire de déterminer s'il est ou non pertinent à la question dont nous sommes saisis.
J'ai eu exactement la même chose. Je disposais de ces deux heures, exactement le même scénario, et tous les rappels au Règlement, et « Que voulez-vous dire? » et la surprise de ma part. « Que se passe-t-il? » Puis, tout d'un coup, je fais de l'obstruction systématique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et j'ai à peu près deux heures pour me préparer. C'était délibéré. C'était une embuscade. Pour certains d'entre nous — et je ne m'attarderai pas longtemps sur ce sujet pour mes collègues du Parti conservateur —, certaines choses laissent des cicatrices permanentes. Mon bon ami Harold rit.
Vous pourriez vous attendre à cela de la part d'un gouvernement maladroit que nous avons eu auparavant. Harold, je n'irai pas plus loin, d'accord? Si vous l'acceptez, Harold, je n'irai pas plus loin. Je ne tiens pas à m'aventurer davantage sur cette route parce que cela enlève l'épine du pied du gouvernement actuel, et c'est vraiment là où tout se joue, mais il faut effectivement dire que c'est là où nous en sommes.
Lorsque j'ai utilisé le mot « guerre », ce n'était pas au sujet du document de travail, et ce n'était pas au sujet de la motion, et certainement pas au sujet de l'amendement. C'était le fait que le gouvernement libéral actuel utilise... C'était le gouvernement qui faisait exactement ce que Harper a fait, en tant que tactique vicieuse... légitime... Je ne dis pas que nous aurons recours aux rappels au Règlement pour l'arrêter, mais cela n'en fait pas pour autant une bonne chose, et ce n'était certainement pas franc-jeu. Il n'y a jamais eu l'intention de jouer franc-jeu. Le gouvernement espérait me prendre de court. À ce moment-là, j'étais le seul qui maintenait l'obstruction systématique, de sorte que si je ne pouvais pas continuer de parler, cela signifiait que le débat prendrait fin et que le vote aurait lieu et j'aurais complètement perdu toute éventuelle contribution à la façon dont le sort du projet de loi allait être réglé. Je ne dirais pas que j'ai gagné, mais nous avons obtenu des concessions.
Je fais valoir qu'il s'agit d'une attaque sournoise. C'est une embuscade. Cette méthode est destinée à prendre les membres au dépourvu en recourant à une interprétation des règles qui n'est pas courante. De fait, elle n'est jamais utilisée habituellement d'une année à l'autre ici. Une fois par législature, ou à peu près, on a recours à ces magouilles. C'est à ce moment-là que le gouvernement actuel a décidé qu'il allait se servir de cette escarmouche et qu'il allait en faire une guerre tous azimuts, et je l'ai appelé par son nom. C'est ce qui nous a amenés à siéger 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Cela est vraiment important pour ceux qui veulent comprendre comment nous sommes parvenus à ce point, que cela n'a rien à voir avec l'opposition qui fait une attaque d'apoplexie, et tout ce que nous avons fait a été de faire un pas dans la bonne direction, et non monopoliser la Chambre et monopoliser le Comité, que nous sommes ceux qui avons obligé cette situation. Pas le cas.
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Merci, monsieur le président.
Et je dis merci à M. Richards, parce que cela montre qu'il y a beaucoup plus de personnes qu'il n'y en a sur ma liste. De fait, une foule des personnes qui se sont senties trahies par la décision du gouvernement de renoncer à la réforme démocratique sont exactement dans le même groupe démographique et la même partie de la population qui sont très en colère à cause de ce qui se passe ici et des manoeuvres du gouvernement pour s'accaparer des pouvoirs auxquels il n'a pas déjà légitimement droit. Les Canadiens ne le digèrent pas.
Encore une fois, voilà pourquoi les jeux de politique dans ce dossier sont tellement ridicules, monsieur le président. Vous m'avez entendu. Depuis le début, deux choses me laissent perplexe: d'abord, pourquoi le gouvernement agit-il ainsi, et ensuite comment diable espère-t-il gagner? C'est cela le Canada. Nous avons là un gouvernement qui a fait toute sa campagne en promettant d'adopter une nouvelle façon de faire les choses, de faire le contraire de tout cela, de ne pas étouffer l'opposition, de ne pas utiliser de supercheries parlementaires, de ne pas tendre des embuscades, et de ne pas garder le monde dans le noir. Tout cela était censé être chose du passé depuis les dernières élections fédérales, qui ont fait reluire des jours ensoleillés, des jours de lumière et de transparence. Parlons donc plutôt de brutalité politique qui dépasse d'une certaine façon les tactiques de Harper. Cette réalisation, puis l'union des conservateurs et du NPD sur un enjeu quelconque, voilà les deux grandes réalisations de notre gouvernement.
Je voudrais revenir encore une fois sur notre raison d'être ici, sur la façon dont nous y sommes arrivés et sur la raison pour laquelle, même si c'est vendredi, nous sommes encore mardi. C'est que la réunion de mardi n'est pas encore terminée; voilà. Le président a pris bien soin de ne pas ajourner notre séance, ce qui aurait obligé à reconstituer le Comité et à reprendre toute la procédure. Le président ne fait que suspendre la réunion quand nous nous arrêtons, mais techniquement, nous sommes toujours mardi. L'idée était que le gouvernement allait condamner l'opposition à mourir sur cette colline politique. Il a agi la veille du budget, sachant que tout le monde ne pensait qu'au budget, ce qui était le cas. Les médias ont très peu parlé de l'utilisation de cette option nucléaire par le gouvernement, et à juste titre. Ils mettaient l'accent sur le budget. C'est pourquoi le gouvernement nous a lancé cela. C'est comme annoncer une mauvaise nouvelle le vendredi après-midi. Les médias commencent à la diffuser pendant le week-end, une fois que tout le monde ne pense plus qu'à ses affaires personnelles et à son week-end, et ne fait plus grand cas de la partie officielle sérieuse de la planète avant de rentrer au travail le lundi matin. C'était la même chose. Il espérait que nous n'aurions pas assez de documentation et que nous aurions peur d'une réaction négative de la population, qui nous accuserait d'obstructionnisme. C'est pourquoi les messages de M. Simms et des autres et de la leader à la Chambre sont, depuis le début, qu'ils veulent une simple discussion, qu'ils veulent seulement améliorer les choses, que c'est une question de modernisation, qu'ils ont un mandat de modernisation, et que c'est tout ce qui se passe ici.
Et pourtant, ce qu'ils voulaient était que nous abandonnions pour passer rapidement au vote et revenir. Cela nous obligerait à voter sur l'amendement portant que toutes les décisions seront prises avec l'accord de tous les partis, vote que nous perdrions. Voilà son plan de match, monsieur le président. Ces gens-là voudraient faire croire au monde qu'ils sont différents avec leurs voies ensoleillées, la transparence et la reddition de comptes, et que nous allons tous chanter Kumbaya et légiférer ensemble, et que nous travaillerons seulement... Que de belles paroles.
Ils se sont amenés ici avec la même maladresse et animés de la même obsession qui faisait vibrer Harper à ses plus beaux jours, et ils ont utilisé la même option nucléaire. Le pauvre M. Reid était exactement comme moi, pratiquement apoplectique, lorsqu'il a compris que désormais, soudain, de façon inattendue, c'est vraiment de cette façon que nous adoptons les lois, à coup de supercheries et de mauvais tours. Soudain, ce pour quoi M. Reid s'était préparé — et il a fait un excellent travail... relisez-le et vous constaterez que c'est un solide plaidoyer de deux heures sur cette motion. Il s'est bien préparé. Il est venu et a accompli son travail. Il avait toutes les raisons de croire que, à la fin de cette discussion, à une heure, nous lèverions la séance et qu'il pourrait aller faire autre chose. Entretemps, avant de reprendre la parole jeudi, il referait son travail et s'assurerait d'avoir encore deux heures de discussion très pertinente sur la motion dont nous sommes saisis. C'est ce à quoi il avait tout à fait le droit de s'attendre. Il est plutôt tombé dans une embuscade.
Pouvez-vous me dire comment voies ensoleillées et embuscades vont ensemble. Je viens de Hamilton. Je comprends ce qu'est une embuscade; je comprends la bonne entente. Je comprends la transparence et les voies ensoleillées. Ce n'est pas cela.
Entre parenthèses, monsieur le président, si vous remarquez, la plupart des députés sur les banquettes de l'opposition, même lorsqu'elles sont pleines, ont bien pris bien soin de ne rien tenter pour personnaliser la question ou l'attribuer aux membres du Comité, vous compris, monsieur le président. Peu importe les belles paroles reconnaissant que cette motion appartient à M. Simms, monsieur le président, vous êtes totalement indépendant et n'avez pour seul souci l'intérêt de notre comité... autant que nous le sachions tous, c'est notre débat. Nous savons aussi pourquoi le Règlement précise que la présidence de certains comités revient à l'opposition. Permettez-moi de le rappeler.
Je n'irai pas plus loin dans cette voie, monsieur le président. C'est pourquoi je dis que nous vivons dans ce genre d'animation de croyance suspendue de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas, et que vous vous trouvez dans la position embarrassante d'être membre de l'équipe. C'est le gouvernement qui vous a mis là. M. Preston n'était pas différent. Il a fait du mieux qu'il a pu pour être aussi équitable et indépendant que possible, mais il reste qu'il devait sa nomination au gouvernement. Lorsque le temps est venu de faire ce qu'il fallait, M. Preston l'a fait, comme tous les autres présidents avant lui. La différence entre un bon et un mauvais président tient presque au plaisir et au ravissement que procure la capacité de brimer les droits de l'opposition. Les présidents qui ont du caractère et qui sont de vrais parlementaires se permettront de prendre leur gouvernement à part dans les coulisses pour lui dire: ce n'est pas correct, je ne suis pas à l'aise avec cela, et ce genre de choses s'ensuivront.
Je ne vais pas m'engager dans cette voie, monsieur le président. Vous avez entendu ce que j'ai dit l'autre jour. Nous savions tous les deux que c'était très joli et que cela paraîtrait bien sur un piédestal ou sur une plaque, mais la réalité est que vous avez été désigné par le gouvernement. Nous avons voté pour vous, mais nous comprenons tous.
Je vais faire ceci une fois avant de passer à autre chose. Je dois en parler parce que je l'ai fait l'autre jour. Lorsque vous avez décidé hier soir que nous n'allions pas siéger la semaine prochaine... je veux dire que je comprends votre décision. N'en disons pas plus, mais c'est aussi ce que le gouvernement voulait. Si quelqu'un veut réfuter cela, je suis disposé à en débattre également. Mais il reste que c'est la décision du gouvernement.
Donc, si j'ai entonné de ma magnifique voix What a Difference a Day Makes, c'est que le gouvernement a cligné. Il a cru que, au pire, si la ruse budgétaire ne lui donnait pas assez de couverture pour mettre cela sous le radar, à tout le moins il pourrait intensifier la pression et nous faire travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant le week-end. Pourquoi pensait-il pouvoir gagner cet affrontement? Il se trouve — pure coïncidence, j'en suis sûr, un heureux hasard — que les libéraux vont tous être ici ce week-end pour leur retraite de caucus. Mon bon ami Harold Albrecht sait bien qu'il est beaucoup plus facile de trouver des volontaires pour siéger à un comité lorsque cela n'oblige pas à se trimbaler à l'autre bout du continent, surtout lorsqu'on préfère nettement être dans sa circonscription avec ses électeurs; nous n'avons pas beaucoup de temps à y passer, et nous sommes donc jaloux de ce temps.
Nous aurions du mal, du côté de l'opposition, à trouver des volontaires pour assister à une réunion de comité à laquelle personne ne va accorder la moindre attention, quitte à renoncer à la compagnie de leur famille et de leurs électeurs. Alors que le gouvernement... quelle est votre majorité? Vous avez 180 députés. Il ne vous en faut que quatre ou cinq. Fastoche. Si le budget ne les couvrait pas... c'était très astucieux à court terme.
Ce n'était pas très bon à long terme, je dois vous le dire, mais à court terme, je comprends. Si le couvert du budget n'était pas là, il nous aurait pour le week-end. Dès l'instant où nous n'aurions plus personne à faire entendre, le débat prendrait fin et c'est là que le président pourrait légitimement dire que le débat est terminé et que nous passons au vote. Le gouvernement utilisera sa majorité pour l'emporter, et nous perdrons le droit d'avoir le même mot à dire sur les règles de la Chambre des communes.
Mais ce qui s'est passé en cours de route, c'est que la manoeuvre a été si scandaleuse, si flagrante, si injuste et, j'ose le dire, si anti-canadienne, que même les conservateurs et le NPD n'ont pas hésité à faire front commun contre cette malédiction — j'utilise le terme dans son sens ordinaire plutôt que biblique. De fait, l'expérience a été plutôt agréable. Je dois dire aux libéraux que nous avons créé des réseaux et que, peu importe combien de temps nous poursuivrons ce débat, il sera beaucoup plus facile de nous concerter la prochaine fois. Nous pourrons le faire beaucoup plus vite. L'expérience a été magnifique. Nous avions le plaisir de suivre le budget et d'attirer l'attention ici. Un petit groupe d'entre nous des deux caucus était en réunion toute la journée. Il y a eu beaucoup de respect, un partage des ressources et la collaboration du personnel.
Je n'aurais jamais cru possible que les conservateurs et le NPD puissent travailler d'aussi près de façon respectueuse à une cause commune. Je tiens à remercier le gouvernement en place. Vous avez fait cela, et vous devriez en être fiers, parce que ce n'est pas facile. Il y a de belles journées ensoleillées de ce côté-ci.
Partant de là, nous avons facilement pu dire: très bien, nous sommes là-dedans ensemble. Si l'opposition officielle perd le droit de dire son mot, il est évident que nous le perdons nous aussi. C'est dans ce sens que nous avons une cause commune. Nous nous sommes regroupés rapidement en disant: très bien, faisons en sorte que nos deux caucus couvrent le week-end, parce que nous savons que les libéraux peuvent le faire facilement. Au cours des 24 et 36 dernières heures, nous avons travaillé ensemble pour coordonner une liste de membres qui seront là, pour nous assurer une présence au Comité 24 heures sur 24, chaque jour de la semaine prochaine, et forcer le gouvernement à écouter la réaction à son abus des règles, d'un mur à l'autre, du début à la fin de la semaine.
Je dois vous dire ceci: même si je veux aller rejoindre ma famille dans ma circonscription, j'étais d'une certaine manière séduit par l'idée de ce genre de coup, parce que, vous savez quoi? Viscéralement, je savais que le gouvernement ne pourrait pas... Comment peut-il gagner cela? Comment? Impossible. Étant donné l'enjeu et étant donné ce qu'il a fait... Rappelez-vous, il a causé cette guerre. Normalement, nous n'aurions pas cette discussion avant notre retour mardi, à l'heure normalement prévue. Si nous sommes dans cette crise 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, c'est uniquement parce que le gouvernement a refusé l'ajournement de cette satanée réunion de comité au moment où il aurait dû l'accorder. Cela fait partie de son embuscade.
Puis, hier soir, le message du gouvernement — disons cela comme ceci — était: « Oh, nous n'allons pas nous réunir de toute la semaine prochaine. » J'ignore ce qui s'est passé pour que le 2 juin ne soit plus la fin de la planète ou la fin du monde. Il a peut-être retardé l'échéance à cause du temps qu'il fait. Je l'ignore. En tout cas, cela démolit l'argument de la nécessité de tout faire tout de suite. Il a laissé aller toute une semaine de débats, parce que, à notre retour dans une semaine lundi... Allons-nous être de retour à 10 heures, monsieur le président, ou à 11 heures ce lundi-là?
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Nous y sommes enfin, vous venez de prononcer la phrase que vous évitez de dire depuis lundi.
Le président: Vous attendiez-vous à ce que je lève définitivement la séance?
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Vous avez le maillet en main. Beaucoup de Canadiens, s'ils en avaient l'occasion, voteraient pour que vous fassiez précisément cela. Malheureusement, et je m'en excuse auprès des Canadiens, nous avons une procédure à suivre.
La procédure, au stade où nous en sommes, vise à obliger le gouvernement à voir enfin la lumière et à comprendre que ce merveilleux dialogue dont il rêve, nous voulons l'avoir nous aussi. La différence, c'est que le gouvernement aimerait plutôt s'en tenir à ce qu'il appelle des échanges justes et équitables, tout en se réservant le droit — si d'aventure il n'aimait pas l'issue de la négociation — de quitter les voies ensoleillées pour faire jouer sa majorité et nous imposer ce qu'il veut, à bride abattue, peu importe l'avis des autres.
Nous en sommes là. Chaque fois que ce comité suspend ses travaux, c'est merveilleux — et nous ne nous en cachons pas dans l'opposition — parce que nous voulons précisément éviter que le dialogue ne s'enclenche avant que les règles d'engagement n'aient été clairement établies.
Je le répète, ce gouvernement aimerait que tout le monde retienne l'idée que nous ne voulons pas plus qu'un dialogue. Que nous voulons simplement parler de ces choses-là.
Certes, nous y sommes prêts, mais nous ne sommes pas prêts à le faire tant que ce gouvernement maintient qu'il est investi du droit moral de refuser de nous donner voix au chapitre dans la conception des lois.
Tout cela est malheureux, parce que nous sommes dans la même situation que dans une grève. Il n'y aura pas de gagnant. Dès l'instant où vous débrayez, le travail s'arrête. L'entreprise perd de l'argent et les salaires ne sont plus versés. Il n'y a pas de gagnant. Mais dans le monde où nous vivons, il arrive qu'il faille défendre bec et ongles certains principes, quel que soit le prix à payer. L'opposition court le risque de se faire reprocher par la population, ou par les médias qui l'informent dans des évaluations dénuées d'émotion, que nous ne sommes que de simples obstructionnistes. Le risque est toujours là.
Avant que je ne passe à une lettre qui vient juste d'être diffusée, il y a quelques heures à peine, je me dois de souligner la raison pour laquelle nous nous trouvons ici, à 16 h 40, un mercredi, à débattre de cette motion. Il se trouve que le gouvernement a refusé de lever la séance à la fin de la première réunion, mardi en 15, dans cette même pièce du « La-la land » parlementaire. Depuis deux semaines hier, nous voilà suspendus dans le temps parce que le gouvernement n'a pas permis au Comité de lever la séance à l'heure habituelle. Le président est censé lever la séance à 13 heures. Le gouvernement s'est attaqué de manière mesquine à l'opposition, qui est minoritaire, en refusant de permettre au Comité de lever la séance à une heure régulière, contraignant dès lors M. Reid à éterniser une intervention qui aurait dû ne durer que deux heures.
Si la procédure habituelle avait été suivie, la manoeuvre d'obstruction systématique lancée par les partis de l'opposition n'aurait duré que mardi et jeudi derniers, de 11 heures à 13 heures, soit durant les horaires normaux du Comité. Les manoeuvres d'opposition systématique sont courantes — les « mini-busters », si vous voulez les appeler ainsi — et ils appellent à des concessions de part et d'autre. Pour une raison que la raison ignore, le gouvernement est sur le point de faire jouer sa majorité pour faire une chose que l'opposition juge inéquitable, imprudente et injustifiée. L'opposition a décidé de réagir et s'est dit qu'elle n'allait pas permettre cela et qu'au besoin, elle allait jouer la montre. « Jouer la montre » veut dire qu'on mobilise le micro et qu'on parle jusqu'à ce que la séance soit levée, empêchant dès lors le gouvernement de faire jouer sa majorité pour nous contraindre à accepter ses décisions.
Normalement, les filibusters ne durent pas aussi longtemps. J'ai participé à bien d'autres opérations importantes de ce genre, notamment — et c'est intéressant de le faire remarquer — sous le gouvernement précédent, sous l'administration Harper, qui nous avait fait le même coup. Nous débattions du projet de loi , la Loi sur le manque d'intégrité des élections et sur les changements éventuels à lui apporter. J'ai alors indiqué que j'allais tout paralyser. En l'espèce, nous voulions que notre comité puisse voyager afin de recueillir l'avis des Canadiens. C'est tout ce que nous voulions: un peu d'équité.
J'ai donc déclaré que, si nous n'obtenions pas gain de cause, j'allais créer un problème et que nous allions tout bloquer. Eh bien, le gouvernement de l'époque a réagi exactement de la même façon que l'a fait le gouvernement majoritaire libéral aujourd'hui, avec M. . Bien des gens ont été pris au débotté, car, d'après l'avis de convocation, ils croyaient que la réunion prévue de 11 heures à 13 heures commencerait bien à 11 heures pour se terminer à 13 heures. Deux ou trois minutes après 13 heures, comme l'indiquent les transcriptions du Comité, un collègue conservateur de M. , je crois, a fait remarquer que nous avions dépassé l'heure d'une minute ou deux et qu'il était temps de lever la séance. C'est à ce moment-là que le président nous a annoncé qu'il avait besoin de l'appui de la majorité pour le faire.
J'ai encaissé ce cours d'éducation civique à mes dépens. Il est choquant pour des députés que la réunion annoncée sur papier, convoquée par le président, en bonne et due forme, dans les deux langues, et censée débuter à 11 heures pour se terminer à 13 heures, n'ait finalement pas de fin. Quand un président lève la séance à l'heure prévue, c'est qu'il suppose, a priori, avoir l'appui d'une majorité de membres. Or, le côté gouvernemental a indiqué à M. , notre président, que celui-ci n'avait pas ce consentement implicite. En conséquence, le président n'avait aucune autre possibilité, absolument aucune, que de laisser la réunion se poursuivre et c'est pour cela que tout a dérapé, que la situation a pris une ampleur démesurée par rapport à ce que nous avions fait au Comité.
Une voix: C'est vrai, tout à fait.
M. David Christopherson: Mes collègues sont d'accord. Nous étions en train de nous installer pour, sans doute... je ne sais pas, mais je me disais que — si nous devions nous prendre à la gorge — nous allions peut-être sacrifier deux ou trois jours de réunion de comité, après quoi le gouvernement finirait par retrouver la raison, et par faire ce qu'il a déjà fait dans le passé et ce que nous avons toujours fait durant cette législature. Mais je reviendrai sur ce thème après avoir lu la lettre.
Le processus, comme je l'indiquerai plus tard, a été entièrement consensuel. Nous étions d'accord sur beaucoup de points avec le gouvernement quant au travail qu'il attendait de nous au Comité, pour le rapport, même si nos approches étaient radicalement différentes. Nous pouvons citer des noms ici, ce qu'il n'est pas possible de faire à la Chambre. Le précédent leader du gouvernement à la Chambre, M. , appliquait une approche très différente de celle de la leader actuelle, Mme . C'est d'ailleurs grâce à cela que nous venons juste d'accepter un rapport à la Chambre, lundi, si je ne m'abuse.
C'est ainsi que j'imaginais les choses: un certain nombre de réunions — cinq ou six, comme je le disais, si tout avait déraillé et que le gouvernement se soit obstiné — avant que celui-ci ne se rende compte que, tout aussi charmant qu'il fut, ce petit jeu de pouvoir ne pouvait plus durer. L'opposition ne dormait pas au gaz et elle n'allait pas se laisser aller, innocemment, à argumenter sur les faits, d'autant qu'elle savait ce dont il retournait. Nous avons finalement constaté que, non seulement le gouvernement n'était pas prêt à refaire ce qu'il avait fait un an plus tôt, mais qu'en plus il allait plutôt lancer son offensive à partir d'une simple escarmouche limitée à un comité. Je pense que c'est le bon mot. Je pense que c'est un mot qui convient. De toute façon, c'est assez prêt de la réalité quand on parle d'escarmouche. Je crois que c'est le mot qui convient. Je pense avoir mis le doigt dessus parce que le mot « escarmouche » est synonyme de petite bataille, d'accrochages réguliers.
J'ai pris part à de nombreuses escarmouches. En fait, tout comme ce fut le cas pour le projet de loi , il m'est souvent arrivé, en comité, de simplement menacer de faire de l'obstruction systématique pour faire bouger les choses parce que, croyez-moi, personne n'a envie de m'entendre déblatérer comme je le fais maintenant pendant plus longtemps que nécessaire. Le simple fait de menacer de faire de l'obstruction systématique, d'en parler, de dire que nous allons passer aux actes... Mes collègues le font tout le temps. M. Schmale, par exemple, même s'il est nouveau ici, a laissé entendre à l'occasion que, si on ne nous écoutait pas, si les choses ne se précisaient pas, il passerait aux actes... Et puis, après, tout rentre dans l'ordre, tout est terminé.
Tel ne fut pas le cas cette fois-ci. Pour quelque étrange raison, les membres du côté gouvernemental ont estimé qu'il était de leur intérêt de transformer nos différends en affaires d'État, d'ameuter les médias nationaux pour leur dire qu'un problème d'envergure très limité, concernant un comité, avait donné lieu non seulement à un mouvement massif de blocage systématique, à un filibuster permanent, mais à une série d'effets ressentis à la Chambre.
Permettez-moi une parenthèse pour dire que j'ai trouvé tout à fait mignon ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Apparemment, le aurait dit à son caucus que tout le monde allait bien s'amuser dans l'après-midi et ce fut d'ailleurs très mignon de le voir se lever pour instaurer, de facto, une période de questions au premier ministre, le mercredi, et de le voir répondre à toutes les questions. Je suis sûr que les libéraux se sont dits qu'ils étaient brillants... Figurez-vous, cependant, qu'il n'a pas répondu à toutes les questions, parce que tout le monde ne lui en a pas posé. Le a répondu à toutes les questions venant du côté gouvernemental, d'après ce que j'ai cru comprendre, et il y a lieu de se demander si c'est l'idée qu'ils se font d'une période de questions au premier ministre, les mercredis.
Je ne sais pas, mais je suppose que les cerveaux pensants du Cabinet du avaient décidé de montrer aux Canadiens tout l'intérêt d'une journée où l'on poserait au premier ministre toutes les questions destinées au gouvernement. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas allés plus loin, qu'ils se sont arrêtés là, parce que M. et moi, pendant la période des questions, avons pris grand plaisir à remercier le premier ministre d'avoir répondu à toutes les questions posées, tout en lui faisant remarquer qu'il était inutile que le gouvernement fasse jouer sa majorité pour nous imposer les changements de règles souhaités par les libéraux. Les libéraux voulaient d'une période de questions au premier ministre les mercredis, et voilà qu'ils l'ont obtenue d'un coup de baguette magique, sans abuser de leurs droits et sans coup de force politique.
Il n'y a rien eu de cela. Le a simplement répondu à des questions. Après tout, si vous voulez donner un titre sexy aux mercredis, habituellement connus comme journées de caucus, pour qu'on parle de « périodes de questions au premier ministre », allez-y! Profitez-en! Ce fut tout de même agréable.
La prochaine fois, nous saurons qu'il nous est possible de poser des questions au premier ministre parce que, cette fois-ci, évidemment, les questions du jour tombaient sous le coup des anciennes modalités selon lesquelles le premier ministre répond aux questions des chefs des partis, par respect... Enfin, disons qu'il répond à la plupart d'entre elles. Il y a effectivement eu un changement, sur ce plan également, ce qui est intéressant. C'est ce que mentionne un des articles de journaux d'aujourd'hui.
Cette période de questions restera sans doute la plus facile que le premier ministre aura jamais connue, parce que nous ne l'avions pas vue venir. Mais ça, c'est autre chose. Ça va bien. C'est parfait. Laissons la politique du jour s'imposer. Si cela doit désormais se produire tous les mercredis, alors notre groupe qui planche sur la période des questions et qui, lors de nos caucus, décide de celles à poser, tiendra compte du fait que le premier ministre va répondre à toutes les questions et nous nous ajusterons en conséquence.
On ne pose pas les questions de la même façon à un premier ministre, même sur un sujet identique; les questions sont différentes. Il peut s'agir de questions de nature plus globale; les questions de détails, même si elles sont importantes, sont plutôt adressées aux ministres et parfois au secrétaire parlementaire, parce que cela s'inscrit aussi dans le cadre de notre procédure.
Je veux prendre un instant pour souligner que, si ce à quoi nous avons assisté aujourd'hui était très mignon, pour ne pas dire intelligent, en fin de compte, tout ce que le gouvernement a réussi à démontrer, c'est que, moyennant un minimum de collaboration, il peut obtenir ce qu'il veut, même en vertu des règles actuelles. Son premier choix n'a pas à être « harperien », soit un choix consistant à utiliser un marteau parce que chaque discussion est vue comme un clou à enfoncer. Nous en sommes là, tandis que, moyennant un minimum de coopération, il serait possible d'accomplir énormément.
Monsieur le président, je vais changer de registre pour passer à un article de correspondance qui est d'actualité et qui a un rapport direct avec le sujet d'aujourd'hui, ce qui est plutôt extraordinaire. Il n'est pas courant de voir un et un cosigner une lettre adressée au gouvernement. Ça arrive, mais c'est rare. Cela vous donne une idée de l'importance de ce courrier et de l'énormité de la chose.
Je rappelle à tout le monde que ce n'est pas l'opposition qui a déclenché ce filibuster continu, qui est en train de contaminer tout le Parlement et qui fait planer son ombre sur tout ce que nous faisons. Ça ne vient pas de nous. Nous, nous ne souhaitions qu'une obstruction gentille, polie, que vous auriez de toute façon baptisée « bataille ». C'est très bien. Nous aurions eu une bataille, une petite bataille. C'est le gouvernement qui a décidé de passer à la vitesse supérieure, de donner à l'événement une importance disproportionnée. Il n'a jamais levé la séance et nous nous retrouvons ici, deux semaines plus tard, tandis qu'on parle de nous partout dans les médias.
Nous retenons l'attention des Canadiens grâce au gouvernement, parce qu'il nous aurait fallu des mois pour parvenir au même résultat si nous avions été limités à des séances de 11 heures à 13 heures, deux fois par semaine. Je crois que vous devriez vous demander si nous n'avons pas un espion dans vos rangs qui veille à nos intérêts. Vous avez peut-être cru prendre une bonne décision, parce qu'en fin de compte, vous êtes majoritaires, mais regardez où nous en sommes. Il faut le faire! J'aimerais savoir ce que vous aviez en tête. Certainement pas de parvenir à un résultat, parce que ce n'est pas ainsi que vous l'auriez pu. Vous deviez avoir une drôle de stratégie libérale en tête pour le processus, sur la façon de promouvoir les intérêts du parti et ceux du gouvernement. Je ne sais pas. C'est, pour le moins, indicatif d'une autre de vos promesses brisées et d'un manque de respect envers les comités permanents.
Comme je l'ai répété à maintes reprises, et cela me brise parfois le coeur d'avoir à le redire, on n'échappe pas aux réalités. Quand nous sommes passés à deux doigts de remporter les dernières élections, bien que nous ayons cru pendant longtemps que ce serait possible... Ce fut une période fantastique, je vous le garantis. C'était très bien. Je n'avais jamais vécu ce genre de chose avant.
J'avais participé à la victoire de 1990, mais comme personne n'avait alors prévu ce qui se passerait le soir des élections, il n'y avait pas d'attentes, pas d'étonnement au fait que nous étions en avance. Cette fois-ci, c'est arrivé. C'était fantastique. C'était la gloire, l'apogée de mon temps passé à l'échelon fédéral. En fin de compte, ça n'a pas donné les résultats espérés, sur aucun plan, mais vous savez, c'est ça la démocratie, n'est-ce pas? Parfois on gagne, parfois on perd tout. Je ne sais pas.
Des députés: Oh, oh!
M. David Christopherson: Mais pour ce qui est de la formation d'un gouvernement, au moins nous sommes constants, nous n'avons jamais échoué jusqu'ici.
M. Jamie Schmale: C'est comme ça avec le NPD.
M. David Christopherson: Oui, jusqu'ici.
Cela n'a rien de délibéré et je veux que mon ami le sache. Ça n'a rien de délibéré, monsieur Doherty. Ce n'est pas ainsi que nous aimerions faire les choses.
Quoi qu'il en soit, nous caracolions dans les sondages en pensant que nous allions avoir la chance de constituer un gouvernement à Ottawa. Ça ne s'est pas concrétisé. Encore heureux que les libéraux l'aient emporté. Deux partis seulement étaient susceptibles de constituer un gouvernement. Dans les mois qui ont précédé les élections et même en plein milieu de la soirée électorale, les sondages indiquaient que le NPD allait former le gouvernement. Ça ne s'est pas concrétisé, mais le gouvernement a fini par changer. Si ce ne devait être nous, alors, je me disais dans mon coeur, qu'il fallait que ce soient les libéraux. Oui, je sais, c'est dur à dire, mais c'est comme ça.
Des députés: Honte à vous.
M. David Christopherson: C'est ce que j'ai alors pensé parce que nous ne pouvions pas continuer avec les autres. Il fallait que ça cesse. Pour des raisons évidentes, un gouvernement minoritaire aurait été préférable à ce que nous avons maintenant, mais je ne m'étendrai pas sur ce qu'aurait pu être l'autre possibilité. J'ai séché mes larmes.
Je vais simplement parler de ce qui s'est passé, c'est-à-dire que le parti qui a été élu avait affirmé qu'il respecterait de nouveau les comités, comme cela se faisait avant au Parlement. Dans tout ce que nous faisons, ici sur la Colline, c'est le travail aux comités que je préfère. En tout premier, c'est mon travail de circonscription et c'est la même chose pour tout le monde, mais quand je suis à Ottawa, j'adore le travail en comité. C'est là où les choses se passent. Ça va vite. On a la possibilité de travailler à un niveau beaucoup plus personnel, en collaboration avec d'autres députés.
Nous avons bien sûr toujours nos petits différends, de temps en temps, mais il avait été prévu que les comités seraient désormais respectés et que nous ne travaillerions plus autant qu'avant à huis clos, qu'il y aurait beaucoup moins de coups bas en réunion publique, que nous n'aurions plus à revenir et que nous n'aurions plus à rester cois à cause des règles. On nous a dit que nous travaillerions dans la transparence et le respect. Je l'espérais vraiment.
À certains égards et sur certains plans, le gouvernement a tenu parole, mais à ce comité, dès le début — je pense même que c'était à notre première réunion —, j'ai dû commencer par orchestrer une mini-campagne pour que le secrétaire parlementaire ne siège pas au Comité, alors même que le gouvernement avait promis au départ qu'il n'y serait pas. Il est membre votant, mais où est-il passé maintenant? Comme je ne l'ai pas vu depuis longtemps, j'ai l'impression que le message a dû passer.
Et puis, vous savez, monsieur le président, les membres actuels du côté gouvernemental se sont mis à argumenter. Ils étaient hors d'eux quand je leur ai reproché de compter sur lui pour leur dire quoi faire.
Bien sûr, ce n'était de ma part que de la provocation, mais vous vous êtes tous levés en coeur, comme je l'aurais fait moi-même, pour réagir — et je paraphrase, je ne cite pas de noms — en me disant que vous pouviez prendre vos propres décisions, que vous êtes tous des députés. C'est très bien. M. Graham a dit qu'il était déjà passé par là et qu'il avait trouvé cela insultant. Mais peu importe, nous sommes passés au travers de tout cela et voilà que plus aucun secrétaire parlementaire n'est à portée de voix au Comité. Il a fallu lui courir après, ce qui était un peu décevant.
J'avais espéré que ce ne serait qu'une exception parce que les libéraux ont déjà fait des choses très importantes. D'abord, ils ont donné plus de ressources au Comité. Certes, le gouvernement précédent était lentement en train d'étouffer les comités et les conservateurs s'éloignaient rarement de la Colline du Parlement, sauf en de rares occasions. Il n'aurait surtout pas fallu que les Canadiens aient l'occasion de parler à leur gouvernement.
C'était essentiellement une affaire de ton et de respect, puis vous vous souviendrez, monsieur le président — il n'y a pas si longtemps de cela — que nous avons examiné le rapport du directeur général des élections sur les changements qu'il recommandait d'apporter aux lois électorales, à la suite de son analyse des élections de 2015 et des constats qu'il en avait tirés. C'est ce que nous faisons régulièrement, en fait tous les ans.
Nous avons donc travaillé très bien tous ensemble sous votre gouverne, monsieur le président. Comme il s'agissait de débats à huis clos, je ne peux pas trop en dire, mais on peut sans doute affirmer que nous faisions alors preuve d'un véritable esprit de corps et que nous avions posé comme postulat que les lois électorales ne sont pas la propriété d'un gouvernement ni d'une opposition officielle, pas plus que d'un parti tiers ni que d'indépendants. Les lois électorales appartiennent à tout le monde.
Nous avons fait notre bonhomme de chemin en appliquant une certaine procédure, la même en fait que maintenant et que nous avions lancée sous une autre législature. On pourrait dire que cette procédure correspondait à la solution de simplicité, en ce sens que nous retenions tout de suite pour notre rapport les aspects sur lesquels il y avait entente ou ceux qui ne nécessitaient que des changements mineurs, avant de passer au reste. Nous passions le plus rapidement possible sur les points où il y avait accord, mais dès que nous butions sur un point qui semblait poser problème à l'un des caucus ou à un député, et qui nécessitait qu'on s'y arrête, nous comprenions tout de suite qu'il n'y aurait pas de solution facile, que nous ne nous entendrions pas facilement et qu'il fallait mettre ce point de côté. Nous avions donc cette autre possibilité.
Ce stade était évidemment celui des tractations politiques, mais il est surprenant de voir combien de problèmes nous avons pu régler à cette étape, ce qui nous a permis de déposer un rapport intérimaire à la Chambre, rapport qui a permis au gouvernement de juger de l'opinion de ce Comité au sujet des changements recommandés par le directeur général des élections.
L'avenir pouvait nous sembler prometteur avec un nouveau gouvernement s'étant engagé à prendre au sérieux son travail de formulation des politiques et des lois. Et puis, un beau matin — je crois que c'était un mardi — quand je suis arrivé à 11 heures, ou dans ces eaux-là parce qu'en général la Chambre commence ses travaux à 10 heures, j'ai appris que le gouvernement venait de déposer son projet de loi qui concernait les lois électorales. En soi, ce n'était pas une grosse affaire, si ce n'est que certains des changements envisagés étaient soit à l'étude par le Comité, soit au programme du Comité.
Pensez-y un instant. Cela venait du même gouvernement qui affirmait son intention de respecter les travaux des comités, qui disait estimer important l'avis des comités pour la formulation des politiques gouvernementales.
Tiens donc? On vient juste de m'informer que ce projet de loi est inscrit aux débats de la Chambre mardi prochain. On va s'amuser.
Prenez notre travail. D'un côté, le gouvernement dit qu'il va nous écouter et, de l'autre, il dépose ce projet de loi qui, par son existence même, est une insulte à ce Comité, outre qu'il brise sa promesse. Comment peut-on affirmer, d'un côté, qu'on va respecter l'avis des comités, qu'on va en tenir compte dans la formulation des politiques et des lois et, de l'autre, déposer un projet de loi qui porte précisément sur les questions confiées à un comité? Le Comité n'a même pas terminé son travail et, dans certains cas, il n'a même pas entamé l'étude de certains articles. Où se trouve le respect dans tout ça?
Certains d'entre nous ont estimé que ce geste était tellement énorme qu'il a entraîné la paralysie du Comité. Nous avons en effet cessé d'examiner les recommandations du directeur général des élections, car, pourquoi aurions-nous dû continuer? Nous avions été assez fous, nous tous, moi y compris, tout comme les conservateurs, les députés du gouvernement, bref tout le monde, et les indépendants également et même les verts — oui, madame, je vous le concède, même les verts — ainsi que les bloquistes et les députés indépendants...
Mme Elizabeth May: Ils ont été gentils.
M. David Christopherson: Ne me troublez pas, c'est trop facile.
Nous étions tous là pour donner notre avis. Nous pensions faire oeuvre utile, nous pensions que notre action était importante. Nous nous sommes battus. Nous ne sommes pas systématiquement tombés d'accord sur tout. En général, il faut du changement, mais là, nous étions une bonne équipe de jeunes et d'anciens, c'était un bon équilibre qui a fait que nous avons bien travaillé. Tout le monde, je crois, peut dire que nous faisions du bon travail au nom du Parlement et au nom des Canadiens.
Et c'est là que le gouvernement nous a flanqué son projet de loi comme pour ruser ou pour faire une plaisanterie, qu'il nous a soumis un projet pour nous faire travailler et nous occuper, pour nous donner du travail pour la forme.
J'ai passé 10 ans comme ça sous un gouvernement qui voyait ainsi le travail des comités et je mourais alors d'impatience de revenir dans un monde où les comités avaient de l'importance, au travail important qu'avait envisagé la mère de tous les parlements à la naissance du système parlementaire de Westminster. Il était alors question que le vrai travail se fasse en comité. C'est pour cela que nous ne sommes pas très stricts sur les règles en comité. C'est pour cela que nous pouvons nous interpeller par nos noms, plutôt que par le nom de nos circonscriptions.
C'est pour cela que, dans un comité, il est possible de parler tant qu'on a quelque chose à dire, si bien que si j'ai envie de parler de la qualité de l'eau — et il se trouve que ma circonscription couvre une grande partie du port de Hamilton — je pourrais avoir beaucoup à en dire sur le sujet. Ce qu'il y a de bien entre tout dans un comité, c'est qu'une fois qu'on a la parole, on peut poursuivre jusqu'à ce qu'on ait terminé. Cela ne revient pas à dire qu'un long discours soit de l'obstruction systématique, mais que si l'on désire prendre son temps pour s'étendre sur un problème qui touche vos électeurs en rapport avec le sujet traité, si l'on veut étayer son argument, si le sujet est complexe et que l'on veuille entrer dans les détails pour rendre ses propos davantage compréhensibles, il peut être nécessaire de disposer d'une trentaine de minutes, voire d'une heure et même plus, selon le sujet.
C'est là une des choses de bien dans le travail en comité et nous n'avons pas tout ce temps-là à la Chambre. N'oubliez pas que nous nous présentons ici en estimant que notre premier objectif est de tenir compte des voeux et des intérêts de nos électeurs. Comme il y a tellement de choses à couvrir à la Chambre, nous acceptons tous l'idée de nous soumettre à des contraintes de temps, même si c'est difficile.
Cependant, monsieur le président, permettez-moi de dire qu'à la Chambre, lors du dépôt initial d'un projet de loi ou d'une motion, on dispose de 20 minutes pour parler plus 10 minutes pour répondre aux questions des collègues, soit 30 minutes en tout pour traiter de questions que nos électeurs jugent importantes. Je tiens à souligner qu'en vertu d'une des propositions du gouvernement, ce temps-là serait éliminé. Même chose en comité: nous disposerions de 10 minutes à la fois. Peu importe la complexité de vos propos, peu importe si vous avez besoin de rentrer dans beaucoup de... Il n'y a rien de plus important que le temps qui vous est imparti et c'est là que ce n'est plus du tout pareil.
Je me dois encore une fois d'exprimer toute ma déception face à ce qui se produit ici. J'essaie d'être équitable, mais dans l'ensemble, je ne peux même pas dire que le gouvernement a respecté la moitié de ses engagements envers les comités. Il en a respecté quelques-uns. Quelques-uns, c'est vrai, mais je dois dire que, quand on passe aux choses sérieuses, quand la vraie politique commence à prendre le dessus et qu'on est confronté à de vrais problèmes, que le gouvernement ressent la pression — que ce soit d'un parti ou à cause de la montre — le gouvernement se met à agir comme le gouvernement Harper dans son manque de...
Un député: Non, non.
M. David Christopherson: Je vais vous dire, Maj, le mieux que vous puissiez faire, est de rester coite dans votre coin.
Des députés: Oh, oh!
M. David Christopherson: C'est juste un conseil que je vous donne. Vous aurez peut-être remarqué que, chaque fois que je dis ce genre de choses, vos collègues les plus anciens s'effacent et se taisent. Comme j'ai moi-même siégé à un gouvernement, je peux vous dire que la discrétion est parfois la meilleure forme de courage. Restez donc tranquille...
Un député: Je vous ai laissé continuer.
M. David Christopherson: Mon ami voudrait que je me laisse aller pendant 10 ans encore.
M. Todd Doherty: Ce sont eux, les vrais méchants.
M. Jamie Schmale: Visez de ce côté.
M. David Christopherson: Je sais. Je comprends, mais ce n'est pas parce que vous, chers collègues conservateurs, n'étiez pas ici qu'il ne vous revient pas une part de responsabilité pour ce que votre parti a fait auparavant. Puisque vous aimez à vous péter les bretelles pour ce que vous pensez avoir fait de bien, vous devez être capables d'assumer ce que vous avez fait de travers également.
Un député: Nous avons fait beaucoup de bonnes choses.
M. David Christopherson: Encore une fois, le meilleur conseil que je puisse vous donner est de suivre l'exemple de vos collègues les plus anciens. Dès que l'un de nous commence à dire quoi que ce soit sur le gouvernement Harper, il est soudainement obligé de consulter de près de très importants documents. Lâchez prise, parce que ça ne va pas durer, mais il faut ce qu'il faut. Quoi qu'il en soit, mon amie, je vous donne ce conseil et il vaut son pesant d'or.
Tandis que nous parlons des raisons qui nous ont amenés à nous trouver ici, je tiens à vous dire à quel point je trouve tout cela décevant. Le gouvernement a débuté dans un optimisme débordant. Et puis, il faut dire que le dossier de la réforme électorale et tout ce qui concerne le Règlement et la démocratie, ne constituent pas un des points forts du gouvernement pour l'instant. On se souviendra sans doute d'un récent revirement du gouvernement dans le cas d'une de ses importantes promesses de changement... Je pense avoir entendu dire que les élections de 2015 seraient les dernières au scrutin uninominal à un tour.
C'est une promesse que le gouvernement a faite à répétition. Le lui-même l'a faite; il a affirmé que les élections fédérales de 2015 seraient les dernières en vertu du scrutin uninominal à un tour. Et que va-t-il se passer en octobre 2019? Nous aurons des élections fédérales au scrutin uninominal à un tour.
Donc, la nouvelle ministre de la Réforme démocratique... ou plutôt la ...
Nous sommes dans l'opposition. Si le gouvernement nous dit quelque chose, nous prenons le contre-pied. C'est un réflexe naturel.
Des députés: Oh, oh!
M. David Christopherson: Soit dit en passant, c'est la seconde ministre que nous avons. Nous avons épuisé la première trop rapidement, ce qui est triste. À sa décharge, il faut dire que ce n'était pas de sa faute. Elle était toute nouvelle. Elle s'en est très bien sortie, mais les ordres émanaient du Cabinet du premier ministre et je suis désolé pour cette députée, parce qu'elle a été descendue en flamme. Elle n'avait aucune chance, absolument aucune, compte tenu de la façon dont les choses se sont déroulées.
Quoi qu'il en soit, nous avons une toute nouvelle ministre et je suis très fier qu'elle vienne de Burlington, de là d'où Mme Tassi et moi venons également. Même si elle est libérale, je suis heureux de voir quelqu'un qui vient de chez moi. Elle n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une ministre régionale — pour que quelqu'un soit considéré comme ministre régional de Hamilton, il faudrait que la personne vienne de Hamilton —, mais c'est tout de même un progrès. J'ai déjà rencontré la ministre à deux ou trois reprises et je dois dire que j'ai été très impressionné en l'entendant parler de ses dossiers et de certaines affaires locales, ainsi que des portes qu'elle a su ouvrir. Bravo!
Ma collègue d'en face, Mme Tassi, qui est la toute dernière ou l'une des dernières acquisitions de ce comité, vient d'être promue whip adjointe. Eh bien, j'en suis également ravi, parce qu'elle vient elle aussi d'Hamilton et que c'est une personne très honorable qui a fait un excellent travail. Je sais qu'il lui sera plus facile de faire ce qu'elle doit faire dans sa fonction actuelle, mais le fait que nous ayons une ministre de Burlington va sans doute aussi faciliter la tâche de Mme Tassi qui est notre personne-ressource au Comité. On aurait pu penser que ce serait l'ancien maire, mais tel n'est pas le cas.
Je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet, si ce n'est pour dire qu'à Hamilton, il était de notoriété que si l'on voulait vraiment prendre langue avec le gouvernement, avant que nous n'ayons de ministre régional, il fallait s'adresser à Mme Tassi. Je l'ai publiquement félicitée lors d'événements à Hamilton pour le rôle qu'elle jouait. Nous avons bien des points de désaccord, et nous les exprimerons dans divers dossiers, mais pour ces questions beaucoup plus personnelles, j'estime que les parlementaires se distinguent en ce sens qu'ils peuvent féliciter un ou une collègue d'un autre parti qui a bien fait son travail ou qui a obtenu une promotion et qu'il faut encourager.
Le pire serait que cette nouvelle ministre brillante échoue, bien que cela pourrait donner la possibilité à Mme Tassi de faire un bond en avant, puisqu'elle est en train d'user le paillasson du Cabinet. Cependant, il n'est jamais bon de perdre quelqu'un de valeur qui maîtrise ses dossiers...
Cela vous gêne-t-il, madame? Cela n'était pas mon intention. Je voulais vous faire un compliment et j'espère que vous l'avez reçu comme tel parce qu'à la façon dont nous voyons les choses, du côté de l'opposition, vous êtes ministrable. Vous venez de faire le premier pas et j'espère que ce ne sera qu'une question de temps avant que je n'appelle mon amie Filomena « madame la ministre », même si elle occupe encore un autre poste, par ailleurs très important, celui de whip adjointe, ce qui est fort bien.
Ce que je voulais dire, monsieur le président, c'est que la ministre s'est efforcée de réparer le foutoir qu'avaient provoqué les ordres de la ministre précédente — je ne dis pas que la ministre elle-même a provoqué le foutoir, mais ses ordres — avant qu'elle ne parte. Elle nous a demandé d'accélérer une partie de notre travail sur le rapport du directeur général des élections, dont j'ai parlé plus tôt, qui contenait des recommandations quant aux changements à apporter aux lois électorales à la suite des dernières élections. Elle nous a demandé de le faire parce qu'elle s'était aussi engagée, de façon très sérieuse et à la limite d'en faire le serment, à montrer plus de respect envers ce comité, surtout dans tout ce qui a trait aux lois électorales.
Elle nous a donc demandé d'examiner certaines questions sur lesquelles nous ne nous étions pas encore penchés, et elle voulait savoir si nous ne pouvions pas accélérer un peu le pas afin d'essayer de produire un rapport avant le 19 mai. L'échéance était serrée et la plupart d'entre nous se sont vraiment demandé comment nous pourrions y parvenir. Je veux en venir à ceci. Compte tenu de la façon dont elle nous a adressé sa requête, soit qu'il en allait de l'intérêt de tous, et qu'elle montrait du respect envers le Comité, notre première réaction n'a pas été de dire: « Fort bien, comment va-t-on lui compliquer la vie? » Non, notre première réaction a plutôt consisté à donner suite à sa requête, à voir si c'était faisable.
Je dois vous dire, monsieur le président, que malgré toutes les semaines et toutes les journées que nous avons perdues ici, je ne sais vraiment pas comment nous aurions pu nous en sortir. Je sais encore moins comment nous allons pouvoir donner suite à cette requête dans l'état actuel des choses, même s'il s'agit d'un travail très important qui ne sera pas réalisé à cause des mesures prises par le gouvernement.
Le gouvernement a maintenant reporté cette échéance à l'automne. Je veux bien, mais en repensant à ce qui a déclenché tout cela, revoyons un peu les causes du problème. La motion initiale — pour autant que je le sache, tant nous n'en décidons pas autrement, cette motion demeure, puisque nous ne l'avons pas encore amendée — exige que nous terminions notre examen le 2 juin.
Est-ce que je me trompe? C'est le 2 juin, ou le 9 juin? C'est le 2 juin.
La première date butoir était le 19 mai, et nous ne savions pas comment nous réussirions à la respecter. Puis tout s'est mis à l'envers, et nous avons cessé de nous réunir. Puis le gouvernement revient et fixe la date butoir du 2 juin au problème qui a initialement causé toute cette pagaille.
Même avec toute la bonne volonté du monde, nous ne pouvons pas créer des semaines et des mois qui n'existent pas. Nous nous trouvons devant fouillis sur fouillis sur un autre fouillis. Nous avons ici des pelures d'oignon, et chaque fois que nous en retirons une, nous en trouvons une autre. Voilà la vraie cause de notre problème.
Je crois que je m'étais arrêté à l'article 108 du Règlement qui indique que le comité jouira de tous les pouvoirs accordés aux comités permanents. Ensuite, j'ai parlé de l'article 108 du Règlement.
Je sais que si j'essaie de reprendre ces arguments, vous me blâmerez, monsieur le président, en me disant que je me répète. Alors je ne vais pas vous obliger à le faire. Je vais poursuivre en sachant que vous ne le permettriez pas.
Alors je vais poursuivre, monsieur le président, en discutant d'un autre alinéa de la motion que les deux leaders parlementaires, celui de l'opposition officielle et celui du troisième parti — c'est-à-dire Mme Bergen et M. Rankin — ont proposé comme solution à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Je souligne une fois de plus que l'opposition essaie d'aider le gouvernement à s'extirper de la pagaille qu'il a créée. On penserait qu'à un certain point le gouvernement proposerait quelque chose...
Autrement dit, monsieur le président, vous avez suspendu la séance en accordant assez de temps au gouvernement. Vous lui avez concédé toute la semaine dernière, ces deux derniers jours, et je sais qu'il y a eu deux ou trois petites réunions. À part cela, me direz-vous ce que le gouvernement a fait de tout le temps dont il a disposé?
Quand vous avez suspendu la séance — je crois que c'était le vendredi qui précédait le congé de Pâques, le vendredi ou le samedi —, la plupart d'entre nous de ce côté-ci de la table pensions que le gouvernement allait profiter de cette semaine — une semaine entière — pour agir. Dans cette situation, le gouvernement aurait dû agir en nous demandant comment nous extirper du fouillis dans lequel se trouve le PROC. Quelle voie de sortie s'offre à nous? Quelle stratégie appliquer à cette situation? Quelle option avons-nous à offrir au gouvernement? Qu'allons-nous faire pour nous sortir de là?
Le gouvernement aurait dû profiter de cette semaine. ici à côté de moi n'en revient pas. Il se demande ce que vous avez fait pendant toute cette semaine. Le gouvernement semble n'avoir rien fait pour régler au moins le plus grave des problèmes, c'est-à-dire ce qui se déroule dans cette salle.
Nous sommes revenus ici lundi. J'étais prêt à commencer à travailler. J'allais prendre la parole, mais monsieur le président, vous m'avez devancé pour nous annoncer que la séance était à nouveau suspendue jusqu'à mercredi à 16 heures. Vous ne nous avez donné aucune explication, monsieur, mais la plupart d'entre nous en avons déduit que vous aviez choisi mercredi à 16 heures — une heure plutôt tardive pour ouvrir la séance — afin de donner le temps aux parties de conclure une entente et de la présenter à leur caucus. Nous pensions qu'une fois l'entente approuvée, nous reviendrions dans cette salle à 16 h 1 afin de commencer à démêler cet embrouillamini. C'est du moins ce que j'ai pensé quand vous avez annoncé cette heure inhabituelle en nous accordant deux journées entières de plus.
Je n'ai pas participé à la réunion qui a eu lieu avec les leaders parlementaires, mais on m'en a fait un compte rendu détaillé. Je ne peux pas vous la décrire avec précision, parce que je vous assure qu'il n'y a pas grand détails à présenter. Apparemment, les participants ne sont pas arrivés à grand-chose. Ils ont discuté un peu, mais rien de positif, rien même qui ne vaut la peine de fixer la date d'une autre réunion. C'était juste... bon, je suppose que c'est là que nous en sommes.
Je trouve cela très étrange, puisque le gouvernement dirige toute la situation. Il a dirigé la rédaction du document de discussion, nous en sommes certains, même si M. Simms affirme le contraire. Avec tout le respect que je dois à M. Simms, nous sommes convaincus que les instructions reçues sur cette motion venaient du BPM. Nos collègues d'en face avaient tout au moins son approbation, nous en sommes convaincus.
En fin de compte, le gouvernement nous a entraînés volontairement dans cette situation. Il aurait donc dû profiter du temps qui lui avait été accordé pour repenser à tout cela. On aurait espéré qu'il consacre au moins autant de temps pour régler cette situation qu'il ne l'a fait pour nous y entraîner.
Je ne pense pas du tout que nous devions le déclenchement de cette obstruction systématique continuelle uniquement à M. Simms et à ses collègues. J'ai fait partie d'un gouvernement, alors je comprends cela. J'ai servi pendant deux ans à l'arrière-ban avant d'être nommé membre du cabinet, alors j'en connais toute la dynamique. Le gouvernement prend toutes les décisions. Dans le cas présent, il est difficile de dire qu'il prend les décisions quand il n'en prend aucune.
On dirait presque que... Je ne sais pas. Les ministres se tiennent-ils enfermés dans une salle en claquant trois fois des talons pour produire une solution magique? Est-ce qu'ils espèrent que tout d'un coup M. Reid, M. Doherty, M. Nater et moi-même allons simplement jeter nos cartes sur la table en disant: « Vous savez quoi? Le gouvernement a raison. C'est nous qui avions tort ».
Que pensaient-ils que nous allions faire? S'ils n'ont pas profité du temps qu'ils avaient la semaine dernière, il faudra bien qu'ils le fassent bientôt. Pourquoi autorisent-ils aussi à une toute nouvelle chaîne, la chaîne « Battons les libéraux » de télédiffuser cela? Je n'en reviens pas. Mais s'ils y tiennent, qu'ils le fassent donc. Nous les avons pourchassés assez longtemps quand la réunion se passait dans la salle 112-N.
Je suis absolument convaincu que l'ancien gouvernement n'aurait jamais agi de cette façon. Quand il s'entêtait, il allait jusqu'au bout. Il s'obstinait jusqu'au bout. Il a fini par le payer cher. C'est pourquoi je regarde les libéraux en disant cela et non les conservateurs de mon côté, mais c'est ainsi que ce gouvernement agissait.
Dans ce cas-ci, nous avons continuellement pressé le gouvernement de nous réunir dans une salle équipée de caméras de télévision pour que les gens puissent regarder nos débats, et il a continuellement refusé. Alors évidemment, comme on s'y attendait, nous avons continué à le demander, parce qu'il est honteux pour le gouvernement de ne pas diffuser ce débat. Le gouvernement a tout simplement dit non.
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C'est ce que nous en avons conclu. M. Doherty affirme que le gouvernement ne veut pas que les gens le sachent. C'est ce que nous avons dit, et nous leur avons rendu la vie aussi difficile que possible en tenant ces débats dans une salle qui ne disposait que d'appareils audio et non de caméras.
En fait, les choses se sont déroulées ainsi — vous me corrigerez si je me trompe. Je crois que tôt le matin, j'ai invoqué le Règlement, comme je le faisais chaque matin, pour demander que nous nous réunissions dans cette salle où se trouvent des caméras, afin que les Canadiens puissent regarder ces débats, qui sont d'une importance cruciale. Comme d'habitude, nos collègues du gouvernement ont refusé. Je m'y attendais, bien sûr, parce qu'ils avaient refusé les trois jours précédents.
Puis mon collègue — je crois qu'il s'agissait de M. Richards — a fait la même demande deux ou trois heures plus tard, ou peut-être trois ou quatre heures plus tard, et ils ont accepté. J'étais aux anges. Je suis vraiment heureux que nous ne nous réunissions plus dans une salle du sous-sol ou comme un arbre au milieu de la forêt, que personne n'entend tomber. Voilà dans quelle situation nous nous trouvons.
Mais maintenant nous sommes dans cette belle salle spacieuse, et grâce aux caméras, les gens pourront nous regarder. Un grand nombre de membres du public sont venus nous observer. Si vous voulez venir, nous avons beaucoup de chaises, et le café vous sera servi. Notre réunion sera aussi accueillante que possible.
Je souligne cela, parce qu'on se demande où sont les adultes. Où sont les gens qui devraient réfléchir à ce problème? C'est un peu comme le coup publicitaire du aujourd'hui. Mais je ne peux pas non plus en parler trop, parce que vous me reprocherez de me répéter trop souvent. Cependant, je vais en parler comme d'une « chose » sans faire la « chose ».
Qu'est-ce qu'il y manquait? La réflexion. Le gouvernement y avait réfléchi jusqu'à un certain point, et c'est excellent, mais il aurait dû aller plus loin.
J'ai appris d'expérience, en travaillant ici, que les gens qui réussissent en politique sont ceux qui voient le plus loin et le plus clairement. C'est pourquoi on engage des gens intelligents. C'est pourquoi j'ai Tyler Crosby. Je m'entoure de conseillers très, très intelligents. Quand j'étais au cabinet, Michele Noble était ma sous-ministre, et Darlene Lawson dirigeait mon personnel. Ces dames étaient extraordinairement intelligentes. Quand j'arrivais au bout d'une réflexion, je me tournais vers elles pour qu'elles me disent ce qu'elles en pensaient, et j'ai reçu ainsi beaucoup d'excellentes idées. Quand il le fallait, nous nous adressions aux gens d'autres bureaux afin de faire tout le tour de la question.
C'était très important. Le gouvernement du Canada le plus vaste après le gouvernement fédéral est celui de l'Ontario. Comme les libéraux aujourd'hui, notre gouvernement était majoritaire. Lorsque l'on envisage de se lancer dans certaines situations ou de prendre une initiative, il faut tenir compte d'un grand nombre de facteurs. Il n'est pas facile de gouverner. Il est particulièrement difficile de gouverner le Canada. Notre pays n'est pas facile à administrer. Il s'étend sur une vaste région du continent. Il ressemble un peu à l'Union européenne. Nous avons tellement d'intérêts soutenus par une cause commune, mais cette cause commune est teintée de différents points de vue. Prenons par exemple le secteur de la fabrication. Le point de vue de ma région de Hamilton est différent de celui de Banff ou des côtes du pays. L'aspect côtier touche de nombreux Canadiens, mais je vous dirai très franchement que les pêches côtières ne touchent pas autant les gens de ma circonscription du centre-ville de Hamilton que, disons, le nettoyage des eaux intérieures pour le port de Hamilton.
Je soulève tout cela parce que je me demande, monsieur le président, ce que font les adultes du BPM dans ce dossier. Il nous semble que personne ne tient le gouvernail.
Il me reste deux ou trois minutes. Je pourrais émettre des suppositions sur certaines choses, et je crois que je vais le faire. En regardant tout cela, malgré les bonnes suggestions qu'à mon avis nous avons présentées tout au long de ce débat — l'excellente suggestion qu'il me reste à présenter en entier —, nous nous retrouvons sans une orientation claire. Il me semble qu'en ce moment, si le gouvernement ne désire pas...
Le gouvernement va peut-être adopter cette idée. Nous désirons tous résoudre la situation. Mais si nous ne le faisons pas — supposons qu'il n'y a pas d'adultes dans ce groupe, ou qu'ils ne s'occupent pas de ce dossier —, alors le gouvernement pourrait tout abandonner. Mais ce n'est pas très probable. Il pourrait le faire, mais, oh là! ce serait sa deuxième bourde énorme depuis qu'il a renié son engagement de réformer le système électoral.
Toutefois, à mon avis, si le gouvernement ne capitule pas, s'il ne résout pas la situation dans laquelle se trouve ce comité et un processus que nous pourrons tous accepter, alors sa seule porte de sortie sera de déposer une motion à la Chambre contenant les éléments qu'il veut absolument modifier; il pourra ensuite se servir de sa majorité pour imposer ces changements. Mais, oh là! Cela lui coûtera cher, très, très cher. Il faudra qu'il désire profondément apporter ces changements, parce qu'ils ne fâchent pas seulement l'opposition et les gens de notre profession. Un grand nombre de personnes se demanderont aussi pourquoi le gouvernement tient tant à ternir son image. Toute son image — je ne vais par entrer dans les détails, mais je parle des « voies ensoleillées », de la reddition de comptes, de la transparence — présentait ce que les Canadiens voulaient, parce qu'elle les soulageait de ce qu'ils avaient vécu pendant les 10 années précédentes.
Je ne comprends pas pour quelle raison le gouvernement embrouille ce dossier. On a l'impression qu'il a un hématome à la jambe et qu'il demande à un membre de sa famille d'y donner un bon coup de pied pour endommager la jambe le plus possible. Le dossier de la réforme électorale vous a beaucoup blessés, il vous a fait beaucoup de tort. Il a terni votre image. De nombreux électeurs ont voté en fonction de cette promesse. Toutefois, même les gens qui n'y attribuaient pas beaucoup d'importance et qui soutenaient les libéraux ont trouvé que la promesse d'un tel changement était monumentale. Bien des gens se sont sentis trahis parce qu'ils avaient voté pour un autre parti que le leur — un grand nombre d'entre eux étaient inscrits à notre parti et à d'autres partis — pour soutenir les libéraux sur cette question.
Vous seriez surpris de constater la démographie des gens qui reconnaissent que le scrutin uninominal n'est pas équitable. Nous ne devrions pas être menacés par la possibilité d'élire un gouvernement majoritaire avec un vote populaire inférieur à ce qu'a reçu Stephen Harper. Ce gouvernement n'a même pas obtenu 40 % du vote. Il n'a eu qu'à peu près 39,8 % et 39,6 %. La différence n'était que de quelques points. Ce gouvernement, le gouvernement libéral que nous avons au pouvoir, bien qu'ayant obtenu tous ces sièges — en raison de notre système uninominal désaxé — n'a pas reçu un pourcentage du vote populaire aussi élevé que ce qu'avait obtenu le gouvernement Harper avant lui.
Nous savons que le gouvernement a essayé de modifier ce système. Il avait ses préférences... Cette initiative a été tellement mal gérée qu'elle nous a donné la même impression que la situation actuelle, l'impression qu'il n'y avait personne au gouvernail. Normalement, une fois qu'un gouvernement fait deux ou trois démarches, il surveille l'opposition, et c'est comme une partie d'échecs. Une fois que l'on a vu deux ou trois coups, si l'on y a bien réfléchi, on commence à comprendre quelle attaque l'adversaire poursuit et l'on s'efforce d'y réagir pour se défendre. En même temps, on a son propre plan d'attaque à poursuivre, si possible sans que l'adversaire ne s'en aperçoive.
Dans la situation présente, nous ne voyons rien de tout cela. Je suis au gouvernement depuis longtemps. Quand les démarches sont évidentes, je les vois. Mais dans ce cas-ci, les objectifs du gouvernement sont loin d'être évidents. Ses démarches ne sont pas logiques. Il n'est surtout pas logique que le gouvernement agisse ainsi sur des enjeux tels le Règlement ou l'élection ou la réforme électorale ou la manière dont nous faisons les choses — ce sont tous les mêmes enjeux. Le gouvernement s'est fait plus de tort en administrant ce dossier que tout autre dossier, d'un seul coup.
À propos, le premier ministre en assume personnellement la responsabilité. Il dit qu'il avait une décision à prendre et qu'il l'a prise. Il a ainsi brisé la promesse qu'il nous avait faite.
Le gouvernement savait que cela lui coûterait très cher. Il a calculé les coûts politiques et a conclu que ce coup en vaudrait la peine. Mais avant même de pouvoir passer à un autre enjeu important, à un beau bijou étincelant qui captive notre attention, voilà qu'il agit d'une manière tout à fait illogique — autoritaire, antidémocratique. Ce sont des manoeuvres à la Harper, sur une question de modification des règles. On s'imaginerait qu'en allumant cette mèche, le gouvernement aurait déjà une idée de l'explosion qu'il allait causer. Jusqu'à présent, le seul boum que nous entendons au bout de la mèche est le son de tous les ministres qui tombent sur leur derrière à cause de l'embrouillamini qu'ils ont produit.
Je souligne une fois de plus que les partis qui ont fait le plus d'efforts pour suggérer une solution à cela sont les partis d'opposition. M. Richards et moi nous sommes creusés la tête pour trouver une autre solution encore à proposer au gouvernement pour nous extirper de cette situation. N'oubliez surtout pas qu'en fin de compte, le travail que nous laissons ainsi en suspend ne concerne pas tant les règles que nous devons suivre. Ce n'est pas l'enjeu le plus important. L'enjeu le plus important est la foutue étude du directeur général des élections sur les changements à apporter à notre système électoral. Mais cet enjeu se trouve sous plusieurs autres pelures d'oignon. Nous avons tous ces autres enjeux.
Cela me rappelle, monsieur le président, l'époque où j'étais négociateur. Ce même problème peut survenir des deux côtés de la table, mais dans le cas dont je vous parle, je faisais face à un directeur de ressources humaines qui ne savait pas négocier. Il ne comprenait pas les petits signes et les nuances et les indicateurs qui permettent d'éviter une grève. La grève a été brève, mais elle n'aurait pas été nécessaire. J'en ai tiré une leçon précieuse que j'ai transmise à d'autres négociateurs syndicaux pour qu'ils ne fassent pas cette même erreur à l'avenir.
Je pourrais vous dire de quelles négociations il s'agissait, je pourrais vous nommer l'entreprise et je pourrais vous nommer la personne en cause, mais l'incompétence du négociateur, de ce directeur des ressources humaines, nous a entraînés dans une grève.
Cette grève a secoué un peu les dirigeants de l'entreprise, qui ont alors compris exactement l'erreur qu'ils avaient commise. Et très bientôt, nous nous sommes rencontrés pour tenir une discussion orientée dans la bonne direction, et vous savez quoi? Nous avons résolu le problème, mis fin à la grève, signé une convention collective, et les travailleurs se sont retrouvés à leur poste dans le temps de le dire. Cependant, cet arrêt de travail a été provoqué par un négociateur qui ne savait pas ce qu'il faisait, qui ne voulait pas écouter, qui ne faisait pas attention aux signes. Les négociations collectives ressemblent beaucoup à la politique. C'est l'art du possible.
Je vous dirai que je me suis aussi trouvé de l'autre côté de la table quand j'étais président du syndicat local. Nous devions aussi négocier avec notre personnel. Je me trouvais, je dirais, du mauvais côté de la table. Par conséquent, j'ai de l'expérience des deux côtés. Je souligne simplement que ceux qui gagnent sont généralement ceux qui ont établi le meilleur plan d'action. Ils ont de meilleures ressources. Ils disposent de plus de temps. Il faut continuellement se faufiler et faire des méandres autour du plan d'action bien réfléchi que vous présente la partie opposée.
Dans le cas qui nous occupe, face à un enjeu si incroyablement important — surtout lorsqu'il s'agit de réforme électorale et de modification des règles —, on penserait que le gouvernement reconnaîtrait qu'il a déjà beaucoup endommagé ce dossier.
Dans quel but agir de la sorte? Si vous savez que vous allez faire des réformes, vous vous assurez d'avoir débattu la question en long et en large, parce que la dernière chose que vous voulez qu'il arrive, si vous êtes le gouvernement et que vous venez tout juste de bousiller — et pas à peu près — votre dossier sur la réforme électorale, c'est précisément ce que nous sommes en train de faire. Pour mener ce comité là où il en est maintenant, il n'aura fallu au gouvernement qu'un débat très écourté. Il n'a pas eu à réfléchir longtemps. C'est ce qui semble s'être produit.
Monsieur le président, j'essaierai d'invoquer quelque chose à sa décharge. Tout ce qui me vient à l'esprit — une fois de plus, le problème réside souvent dans les fausses hypothèses — est ceci: si vous vous rappelez, notre action a commencé le mardi, et voilà que le lendemain, oh surprise, a lieu le dépôt de ce tout petit détail qu'est le budget fédéral. Nous étions dans la pièce 112-N, en bas, sans les caméras. Comme nous n'étions pas au rez-de-chaussée, à moins de savoir où nous étions et d'avoir une raison d'y venir, personne n'aurait pu savoir que nous étions en train de discuter — ou de ne pas discuter.
Pour arriver au point où nous en sommes, c'est-à-dire à une crise parlementaire aiguë — nous sommes dans la cour des grands, avec les caméras, à descendre légitimement en flammes le gouvernement par rapport à cette approche —, la seule explication sensée que je peux voir est que même s'il s'agit d'un plan tordu, il doit bien y avoir une raison. Ils se sont dit: « Avec le dépôt du budget, qui prêtera attention à ce qui s'est passé le mardi et le mercredi? » Ils ont vu juste, parce que c'est effectivement ce que la majorité a fait. Nous prêchions dans le désert, si l'on peut dire.
À vrai dire, monsieur le président, nous ne sommes pas restés très longtemps dans cette pièce. Vous avez suspendu la séance puis nous avons assisté à la lecture du budget, et de différentes choses. Honnêtement, nous n'avons été là très longtemps.
C'est ce que je pense: ils voyaient l'approche du budget et ils se sont dit que nous passerions presque inaperçus. Et quand les médias se sont intéressés à nous, ils ont vite fait de déclarer que nous faisions de l'obstructionnisme à seule fin de nous opposer et de semer le désordre. Il y a eu la combinaison de deux choses: d'abord, le fait de délibérer en continu pendant deux semaines et demie, 24 heures sur 24, sans retenir un filet d'attention parce que le budget monopolisait l'attention des médias et absorbait tout l'oxygène dans la pièce... et ensuite, quand les médias se sont intéressés à nous, on leur a dit que ce n'était rien d'autre qu'une tactique obstructionniste et que le lundi ou le mardi suivant, épuisés et défaits, nous aurions lâché prise et le gouvernement aurait conservé son droit de modifier les règles unilatéralement, en se servant de sa majorité. Nous aurions tenu ces négociations ou ces discussions bidon qui sont bien belles quand tout le monde est d'accord et qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un consentement unanime sur ce qui sera indiqué dans le rapport, puisque le gouvernement est prêt à envoyer valser ce que demandent les réfractaires.
Malgré les rapports dissidents des deux partis de l'opposition, nous le savons tous, jamais un ministre n'a retenu le rapport d'un comité en disant: « Nous adhérons à presque toutes les recommandations formulées par le comité qui a étudié cette question. Ce faisant, nous nous conformons à notre promesse de respecter les comités, d'écouter ce qu'ils ont à dire et de tenir compte de leurs observations » pour ensuite ajouter ceci: « Oh, en passant, les deux partis de l'opposition ont présenté des rapports dissidents et le rapport majoritaire représente en fait uniquement l'appui des députés ministériels. En fait, le rapport majoritaire représente uniquement l'appui des députés ministériels ».
Voilà pourquoi il est important d'établir qui contrôle ce qui est inclus dans le rapport.
Monsieur le président, je vais me reporter à certains faits. Je l'ai fait l'autre jour à la Chambre, mais pas au Comité, alors selon les règles, je suis autorisé à y faire de nouveau référence. Je vais parler du rapport que nous avons rédigé, notre onzième rapport, celui dont nous avons été saisis lundi, et revenir sur le processus et la façon dont nous l'avons examiné. Ce rapport en est un pour lequel le gouvernement pourrait se lever — n'importe quel ministre, ou le — et déclarer: « Voici le onzième rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Le Comité recommande une série de mesures auxquelles nous allons donner suite ».
Monsieur le président, un tel geste serait un bon début pour indiquer à la population que le projet de loi pourrait aller de l'avant très rapidement. Pourquoi? Parce que le onzième rapport est le « Rapport intérimaire : Pour un Parlement moderne, efficace, inclusif et propice à la vie de famille ». Encore une fois, il s'agit d'un travail connexe et d'un processus complètement différent. Je reviendrai sur cette différence. Pour le moment, je veux insister sur la différence qui existe entre un rapport accepté à l'unanimité par tous les partis et un rapport qui a uniquement l'appui du gouvernement.
Monsieur le président, vous savez mieux que quiconque ici présent — parce que vous êtes président — qu'en fin de compte, une majorité de députés contrôlent ce qu'il y a dans le rapport. S'il se trouve que ce sont les députés ministériels, alors les partis de l'opposition — s'ils ne sont pas d'accord et tiennent leur bout parce qu'ils ont de bonnes raisons d'être en désaccord — présenteront un...
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Merci. Il y en a, des véritables rappels au Règlement.
Je pense que je faisais une dernière référence sommaire à ce document. Mon ami demande maintenant qu'on le fasse circuler à tous les membres.
Nous oublions combien de gens suivent ces discussions et à quel point elles leur tiennent à cœur. Ils voudraient y avoir accès et j'espère donc que nous pourrons le mettre à leur disposition si nous obtenons des demandes du public, étant donné que nous nous trouvons dans cette situation inhabituelle, monsieur le président, et que s'il advenait que quelqu'un communique avec le greffier du Comité, vous pourriez vous sentir à l'aise de vous assurer qu'une copie est publiée ou qu'à tout le moins, qu'elle est... Bien entendu, ils pourraient toujours appeler n'importe quel membre de nos caucus, les leaders à la Chambre de nos caucus, les présidents de nos caucus. En réalité n'importe quel député pourrait leur en procurer un exemplaire.
Encore une fois, je veux en terminer avec ce sujet sur une note importante, que du moins les députés de l'opposition essaient de faire quelque chose. Où est la suggestion du gouvernement?
La seule chose que nous avons entendue, et ce n'est même pas de façon formelle — rien n'a été mis sur papier —, c'est que l'on pourrait peut-être envisager reporter le délai de juin à une date quelconque à l'automne, mais comme je l'ai dit, sans changer le fait que le gouvernement cherche à obtenir le droit unilatéral d'adopter à toute vapeur tout ce dont nous ne pouvons pas convenir par consensus. Il nous importe peu que la guillotine tombe en juin, octobre, novembre ou décembre. Le problème n'est pas le temps de le faire — c'est le fait de le faire.
Maintenant, pour passer en deuxième vitesse, j'aimerais passer un peu de temps à parler du rapport déposé l'autre nuit. Le fait le plus important, c'est qu'il s'agit d'un rapport de notre comité, pas d'un comité du passé, mais de notre comité, c'est-à-dire PROC, de la présente législature, composé de presque les mêmes membres. Nous n'avons pas tellement changé.
Monsieur le président, vous êtes le président depuis le début, et les deux vice-présidents occupent également leurs fonctions depuis le début. C'est important. Notre comité a besoin de stabilité, parce que beaucoup de décisions prises plus tôt au cours de l'année peuvent avoir des répercussions plus tard, ayant établi des précédents pour avancer plus tard au cours de l'année.
Ce qu'il y a de plus édifiant ici, c'est que les parallèles ne sont pas difficiles à trouver. Il n'est pas nécessaire de déployer des efforts pour passer de ce rapport à ce dont nous parlons ici, raison pour laquelle le Président de la Chambre a accepté hier soir qu'il en soit discuté comme étant une partie pertinente de la motion dont on était saisi.
Il s'agit du 11e rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. C'est nous.
Monsieur le président, je pourrais mentionner, uniquement pour vous avertir d'avance, que plus tard ce soir — beaucoup plus tard —, je ferai référence au 23e rapport du Comité, qui est aussi notre rapport intérimaire. Je vois que vous acquiescez de la tête. Vous savez de quoi il s'agit; vous l'avez présenté à la Chambre. Il s'agit de la réponse au rapport intérimaire. C'était notre première tentative pour profiter de fruits faciles à cueillir; j'y ferai donc référence également.
Encore une fois, pour résumer dès le départ quelle direction je veux prendre, je suis sur le point de montrer que lorsque notre comité travaille en collaboration, ce que nous voulons faire et que nous avons toujours fait, nous faisons de l'excellent travail. Il est habituellement un peu dangereux pour des politiciens qui ne sont pas en période électorale de se vanter, mais j'ai fait partie de nombreux comités dans ma carrière de plus de 30 ans, et notre comité est un bon comité, et vous êtes un bon président et nous avons fait du bon travail. Je pense que nous aurions pu faire mieux. Nous faisions du bon travail en ce qui concerne le rapport sur le directeur général des élections, qui est précisément ce dont il s'agit.
Voici ce dont je veux parler, monsieur le président. Je ne vous demanderai pas de faire l'arbitre pour les fois que je pourrais franchir la ligne et répéter des choses entre deux rapports. Je vais parler de deux processus distincts, et comment l'un a donné de bons résultats et comment l'autre ne l'a pas fait. Je n'irai pas dans les détails dans le cas du processus qui fonctionne, mais suffisamment pour établir le bien-fondé de ce que j'avance. Je n'entrerai pas dans ce niveau de détail. Si je commence à glisser dans cette direction, je sais que je vais entendre parler de vous, monsieur.
En ce qui concerne ce processus, contrairement à celui-ci, l'autre a commencé dans le respect. Il a commencé par un élément de coopération, monsieur le président. Vous ne vous absentez pas beaucoup, et je suis passablement convaincu que vous étiez ici à cette occasion. Si vous n'y étiez pas, vous savez sûrement qu'au tout début de l'année, le 28 janvier 2016, le à l'époque, M. ... Encore une fois, en séance de comité, nous avons un peu plus de latitude. Voilà pourquoi le travail de comité est important. C'est pourquoi il importe de savoir si nous avons ou non le droit de parler avant d'en avoir terminé avec nos travaux. Je connais Dom — M. LeBlanc — depuis longtemps. Il était déjà ici lorsque je suis arrivé. À l'instar de bon nombre d'entre nous, il fait partie des meubles. Il est ici depuis longtemps. Il est respecté, aimé, et bien connu. Personne n'a été surpris lorsqu'il a été nommé leader du gouvernement à la Chambre.
Il a eu la gentillesse de venir à notre réunion. Il a pris place dans la pièce 112, à peu près là, et il nous a demandé — et j'irais même jusqu'à dire qu'il a demandé gentiment — avec beaucoup de respect, de bien vouloir, dans le cadre du processus parlementaire, entreprendre un examen de la façon dont nous faisons les choses. Je paraphrase. Il nous a demandé de jeter un coup d'oeil à la façon dont nous faisons les choses ici, le travail en comité, le travail en caucus, le travail à la Chambre, et les déplacements entre nos bureaux. Il nous a demandé de jeter un coup d'oeil à tout cela et de présenter des suggestions qui feraient du Parlement un endroit propice à la vie de famille. Il s'agit d'une grosse tâche, qui ne pourrait donner de résultats que si l'on collabore.
Ceux d'entre nous qui ont été sur les bancs de l'opposition pendant de nombreuses années ont vraiment beaucoup apprécié que le fasse la demande à notre comité exactement de la même façon que pour l'élection. C'est mon opinion: c'était conforme à ce que le gouvernement avait promis au cours de l'élection, c'est-à-dire de faire preuve de respect envers le comité, d'écouter ce que les comités ont à dire et d'utiliser les comités davantage comme partie intégrante du Parlement, la véritable bête de somme, plutôt que le point de vue que semblait avoir le gouvernement précédent, c'est-à-dire que les comités sont essentiellement une nuisance, ce qui correspond passablement à la façon dont il considérait le Parlement en fin de compte.
La demande de M. a été prise avec énormément de sérieux et dans un grand esprit de collaboration par notre comité, à tel point que le 2 février nous commencions nos travaux, alors qu'il était venu nous rencontrer le 28 janvier. Il n'y avait aucune acrimonie. Il n'y avait aucune accusation, aucune difficulté, aucune obstruction systématique. Nous avons commencé notre travail.
Nous avons travaillé selon le principe voulant que si nous n'étions pas tous d'accord, il n'en serait pas fait mention dans le rapport. Cela complique la tâche plus on avance, parce que les choses faciles sont derrière nous et qu'il reste seulement les choses compliquées, mais cela nous a permis de produire le rapport. Il est incroyable de voir à quel point nous étions souvent d'accord.
Je vais un peu trop vite, parce que ce rapport mérite qu'on l'examine.
Pour récapituler, le 28 janvier, le nouveau leader du gouvernement à la Chambre est venu nous rencontrer. Il nous a demandé de collaborer pour respecter les objectifs et la plateforme électorale de son parti. La première chose que nous avons dite, c'est « oui ». Nous avons respecté le fait qu'ils avaient remporté l'élection, seulement quelques mois auparavant. Ils avaient un mandat pour faire ces choses. On avait fortement l'impression que des députés à la Chambre voulaient un changement, en particulier les députés plus récents, notamment ceux qui ont de jeunes familles. Contrairement au passé, alors que cela signifiait presque toujours des femmes, en l'occurrence cela a eu une incidence immédiate sur mon nouveau collègue, M. Schmale, qui est le père de deux jeunes enfants et qui fait partie d'une famille moderne. À mon avis, dans la mesure où son travail le permet, il est un père présent, dans toute la mesure du possible, et il s'intéresse autant à ce sujet que n'importe qui d'autre par le passé, qui aurait toujours pu être une femme.
Ce n'était pas sexospécifique. Le sentiment général à la Chambre était que nous pouvions faire mieux. Nous pouvions apporter des changements qui faciliteraient les choses pour ceux et celles qui avaient des familles, ou, à l'autre extrémité, les personnes qui ont certaines déficiences ou encore qui sont plus âgées et qui ne peuvent pas en faire autant. Il y a des problèmes d'éclairage autour du danger, et des distances. Nous n'en avons pas réglé beaucoup.
Monsieur le président, à titre d'exemple, j'ai eu un problème temporaire de sciatique au cours des dernières semaines. Quiconque a eu la sciatique sait à quel point c'est douloureux. J'oublie ce que je faisais, mais c'était peut-être à une réunion de comité ou peu importe, et il était tard. Les autobus ne circulent qu'une heure après l'ajournement de la Chambre, peu importe ce qui se passe ailleurs. Je sortais et il faisait très froid. J'ai appris qu'un froid extrême agit de façon négative sur la sciatique. Tout ce à quoi je pensais, c'était à quel point je n'allais pas apprécier cette marche. Mon bureau se trouve à l'édifice de la Justice et mon véhicule était stationné à côté de la Cour suprême. C'est une marche épouvantablement longue. Si j'avais des options, je ne marcherais normalement pas autant à cause des dommages que cela cause.
J'ai été très chanceux cette nuit-là. Lorsque je suis sorti, l'un des autobus était là. Franchement, j'ai pensé que j'avais gagné à la loterie.
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... mais c'est tout le contraire de ce qu'il a fait.
Il s'est présenté très respectueusement devant nous. Ce que je veux souligner, monsieur le président, encore et encore, parce que cela est très important, c'est que le respect est à la base de toute chose. Il s'agit du respect pour notre façon de faire traditionnelle ici. Il s'agit de respect pour ce qu'ont fait ceux qui nous ont précédés et comment ils sont venus à bout de ce genre de changement. Plus que toute chose, il s'agit du respect mutuel entre députés qui méritent d'avoir leur mot à dire sur les règles qui régissent la façon dont nous adoptons des lois dans ce grand pays.
Et c'est de cette façon que nous avons été traités. Le rapport ne mentionnait pas les députés « libéraux », même si les libéraux en profiteront. Les conservateurs et les néo-démocrates en profiteront aussi. Qui plus est, la multitude de gens qui nous entourent, mis à part notre personnel, et qui n'ont pas d'allégeance partisane en profiteront aussi. Leur travail se limite à nous aider à mener à bien ce que nous faisons, même lorsqu'il s'agit de choses aussi farfelues que celle-ci.
Dans le paragraphe suivant du rapport, monsieur le président, après la référence à la lettre de mandat de M. LeBlanc, il est question, et ce sont nos mots, de nous tous. Encore une fois, il s'agit du rapport du Comité. Il pourrait facilement s'agir du rapport du gouvernement seulement, accompagné de deux rapports dissidents, et on pourrait toujours dire qu'il s'agit du « rapport du Comité », mais dans ce cas, j'aimerais souligner le fait qu'il s'agit d'un rapport unanime par consensus, que nous approuvons tous et que nous soutenons tous.
Est-ce que cela ne semble pas une meilleure situation que celle que nous vivons actuellement, une situation qui s'apparente davantage à celle qui prévalait en 2012, 2013, 2014, et jusqu'à l'élection de 2015?
Après la mention de la lettre de mandat de M. LeBlanc, voici ce qui figurait dans notre rapport, monsieur le président:
« Lorsqu'il s'est attelé à la tâche, le Comité tenait à faire rapport à la Chambre dans les meilleurs délais de toutes les constatations et recommandations susceptibles d'améliorer l'inclusion et la conciliation entre travail et vie personnelle pour les députés, ainsi que la prévisibilité, l'efficacité et la modernisation de l'institution, tout cela sans perdre de vue l'incidence des changements sur les citoyens dans les circonscriptions. »
À l'heure actuelle, ce que je trouve particulièrement intéressant, c'est que le Comité a choisi de faire référence à « la prévisibilité, l'efficacité et la modernisation de l'institution ». C'est exactement cela que le gouvernement dit lorsqu'il parle de son document de travail qui, selon lui, a entièrement trait à la prévisibilité, l'efficacité et la modernisation, des mots à la mode, qui figurent parmi ses préférés. Pendant les élections, on parlait plutôt de « responsabilité », mais ce n'est plus le cas.
Je trouve intéressants les parallèles qui existent entre ce que l'on nous a demandé de faire, la façon dont nous l'avons fait, le produit final, soit le onzième rapport, et ce devant quoi nous nous trouvons maintenant. Je ne reviendrai pas sur cela, au risque de me répéter, mais il me semble juste de mentionner que ce processus, contrairement à celui qui a donné lieu à la production d'un document de travail et à sa diffusion, a été lancé vers la fin d'une semaine de relâche, sans tambour ni trompette, sans document d'appui, sans même un avertissement aux autres leaders à la Chambre que ce rapport allait paraître, et sans non plus de discussions concernant sa signification, le tout ayant été suivi quelques heures plus tard, je crois que M. Reid a fait le calcul, par la présentation, dans les mêmes circonstances, de la motion de M. Simms.
Lorsque nous nous réunissons en comité, la première chose que nous souhaitons faire, évidemment, c'est d'établir comment les décisions seront prises. Mais nous nous retrouvons plutôt dans la ruelle à décider qui fera partie des équipes.
Le gouvernement a un dossier comportant un certain nombre d'éléments et deux processus complètement différents. Lorsque le gouvernement suit la démarche correspondant à celle qui l'a fait élire, et qu'il traite le Comité avec le respect dont il était question, que se produit-il? Qu'arrive-t-il habituellement lorsque quelqu'un fait preuve de respect? On traite cette personne avec respect en retour. Et c'est ce qui s'est produit. M. s'est présenté devant nous, a lu sa lettre de mandat, nous a demandé d'entreprendre certains travaux, très respectueusement et, à quelques jours d'avis, nous nous y mettions.
En cours de route, toutefois, un document nous est tombé dessus au milieu d'une semaine de relâche, sans contexte, ainsi qu'une motion d'un membre du Comité, quelques heures plus tard, indiquant ou dictant plutôt ce que le gouvernement entendait faire avec le document de travail. La première chose que fait, en tant que critique de l'opposition officielle, lorsqu'on lui donne l'occasion de prendre la parole, est de soumettre une motion qui dit, d'accord, avant que nous fassions quoi que ce soit, nous aimerions avoir une garantie du gouvernement que nous procéderons uniquement avec l'accord de tous les partis, qu'il y aura un consensus, et que nous serons tous d'accord avec cela.
Dans la minute qui a suivi, le gouvernement aurait dû dire oui, évidemment, c'est de cette façon que nous allons procéder. Nous aurions eu un vote rapide. Le vote aurait eu lieu et aurait été consigné. Nous serions allés de l'avant et nous aurions collaboré à un produit final, tout comme nous l'avons fait pour le onzième rapport.
Non seulement cela, mais lorsque a commencé à se rendre compte que le gouvernement n'allait pas donner son appui, il a décidé que le reste de la réunion consisterait à prolonger le débat, ou à laisser l'horloge tourner, comme on le fait dans les sports, à poursuivre jusqu'à ce que le temps de parole soit écoulé et à empêcher les autres de faire quoi que ce soit d'autre.
C'est ce que M. Reid croyait devoir faire. Il était déjà assez pénible de comprendre que le gouvernement n'allait pas accepter qu'il y ait un consensus comme par le passé, mais lorsque la levée de la séance à 13 heures était imminente, a dû constater que le gouvernement avait une autre surprise pour nous, une attaque sournoise. M. Reid était peut-être prêt pour deux heures de débats, prêt à mener l'une de ces petites batailles qui, comme je l'ai mentionné, se produisent à l'occasion en comité et n'ont pas de répercussions sur le reste des choses. C'est ce à quoi nous nous attendions.
Puis, 13 heures a sonné. Quelqu'un vous a demandé, monsieur le président, si nous ne devrions pas lever la séance, ce à quoi vous avez répondu qu'il n'y avait pas de soutien de la majorité pour la levée de la séance et que celle-ci se poursuivait. Cela s'est produit mardi, il y a deux semaines, et nous y sommes toujours.
Tout cela vient du fait que le gouvernement n'accepte pas la pratique habituelle qui entoure un examen majeur du Règlement, c'est-à-dire que si tous ne sont pas d'accord, la question ne figure pas dans le rapport et n'est pas soumise à la Chambre.
Quelle différence. C'est le même gouvernement, mais la leader parlementaire a changé. J'ai déjà été leader parlementaire d'un tiers parti à Queen's Park. Un leader parlementaire est appelé à prendre beaucoup de décisions, mais dans le cas de certaines décisions qu'un député doit prendre seul vis-à-vis de sa vie politique, celui-ci a tout intérêt à s'informer en haut lieu avant de dire au leader parlementaire du gouvernement quel compromis il est prêt à accepter. Je comprends que ce n'est pas seulement une question de personnalité, et je ne cherche pas à en faire une, mais je signale l'écart entre ce qui s'est produit et ce que l'approche déclarée promettait. Je ne peux pas en dire trop à ce sujet, parce que nous nous sommes uniquement rencontrés à huis clos, sans prise de note. La rencontre a été tout à fait informelle; laissons cela de côté…
Nous avons reçu la ministre ici l'autre jour, et quelques-uns d'entre nous ont pensé: « Bon, voilà notre chance, puisque la ministre sera présente. » Vous souvenez-vous, monsieur le président, de la façon dont la rencontre s'est déroulée? Interrompez-moi si je relate des choses qui ne devraient pas transpirer d'une rencontre confidentielle, mais je dirai que nous nous sommes mis d'accord pour tout mettre sur table et avoir une brève conversation avec la ministre dans l'espoir qu'elle puisse nous aider, puisqu'elle était en position d'agir de manière à nous sortir de l'impasse.
Je ne peux divulguer les propos échangés. Je ne chercherai pas à le faire. Je refuse de jouer ce genre de jeu. Je me contenterai de dire que la rencontre n'a pas été productive. Je dirai seulement que — et c'est tout ce que je dirai à ce sujet —, par comparaison avec ce qui s'est produit quand M. LeBlanc est venu en séance publique, nous aurions pu faire tout ce que nous voulions pour l'embarrasser. Les caméras étaient là. Tout était là pour que nous en profitions. Mais nous ne l'avons pas fait. Ce n'est pas ce que nous avons fait.
Je suis très heureux de pouvoir me référer à ce rapport afin de montrer aux Canadiens l'écart entre les deux façons dont la même question est traitée, l'une empreinte de respect et de collégialité, celle qui était prônée pendant la campagne électorale, et l'autre qui est tout juste à la limite du banditisme politique. Nous sommes actuellement au cœur de ce conflit. Que diable s'est-il passé? Comment les choses ont-elles changé en si peu de temps?
Il est peut-être temps de ramener M. LeBlanc, ne serait-ce que pour des discussions dans le bureau de la leader parlementaire ou ailleurs, parce que la situation actuelle est démente. Nous ne sommes pas où nous devrions être. Nous ne sommes pas où nous étions la dernière fois. Malgré toute ma bonne volonté, je n'arrive tout simplement pas à m'expliquer pourquoi nous en sommes là, ni pourquoi nous ne parvenons pas, pour nous en sortir, à trouver un moyen qui recueillerait l'aval de tous, car il s'agit bien ici des règles de la Chambre et non de celles du gouvernement. Il est possible de faire campagne sur un thème, et l'on n'est pas obligé de suivre des promesses mot pour mot… Vraiment, accepteriez-vous de faire campagne sur un programme électoral prévoyant que, lorsque vous seriez au pouvoir, les députés n'auront plus jamais la possibilité l'occasion de s'exprimer? Si, avec un tel engagement, vous deviez former le gouvernement, pensez-vous que vous devriez le respecter cet engagement? Ce serait un débat intéressant. Il nous permettrait probablement de progresser autant que celui qui est en cours. Je ne sais pas.
Je sais que c'est insensé, mais toute cette affaire est tellement insensée. Vraiment, et elle est stérile. Je ne vois pas où elle mène. Voilà le problème sous-jacent. J'arrive ordinairement, dans une certaine mesure, à comprendre le tour que prennent les choses. Dans le cas présent, je n'ai aucune idée ce qui se passe, sauf que le gouvernement veut imposer, et sans ménagement, sa façon de voir. Nous savons par expérience ce que donne un tel acharnement, nous savons ce qu'il adviendra du Parlement et nous savons ce que les Canadiens en pensent.
Je poursuis, monsieur le président, avec une citation, tirée de la section Discussion, en page 2 du rapport, dans laquelle nous affirmons — gardez bien présent à l'esprit le « nous » à la lecture de ce passage, puisque c'est le rapport que nous avons présenté à la Chambre — ce qui suit:
Le droit de la Chambre d'adopter son propre règlement et de régir ses affaires internes constitue l'un des droits les plus importants revendiqués pendant des siècles de tradition parlementaire et exercés par la Chambre des communes. La Chambre peut ainsi fixer et modifier ses pratiques de travail, son règlement et sa procédure ainsi que les ressources et les avantages accordés aux députés, afin d'assurer que ce soutien conserve comme but d'appuyer les parlementaires dans leurs fonctions à titre de représentants publics et de législateurs.
C'est en ces termes que nous nous sommes collectivement approprié nos règles et procédures.
Nous n'avons pas dit dans notre rapport…
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
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D'accord, à moins que quelque autre veuille sauter dans la mêlée.
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Sentez-vous libres. Je ne voudrais empêcher personne de parler. Je ne veux pas monopoliser le micro. Je m'excuse de ne pas pouvoir le dire sans réprimer un sourire.
Je crois que j'étais sur le point de faire remarquer que je soupçonnais, à l'époque de la 37e législature, quand le rapport de 2003 était en rédaction, qu'il y avait des députés et des caucus qui avaient des opinions fermes sur certains points. Je faisais valoir qu'à l'époque, comme c'est le cas aujourd'hui, les efforts de changement, pour l'essentiel, venaient probablement du gouvernement. C'est le gouvernement qui a l'obligation de tenir ses engagements. C'est lui qui aura à se présenter devant l'électorat en faisant valoir ce qu'il a accompli. Et les gouvernements veulent toujours exercer un contrôle plus grand que celui qu'ils ont. Il importe peu de quel gouvernement il s'agit. Celui dont j'ai été membre n'était pas différent. On voudrait avoir plus de contrôle, en particulier quand on commence à voir…
Une chose m'a étonné à la suite de ma première élection. Nous ne nous attendions pas à former le gouvernement. Je pensais me retrouver sur une banquette arrière d'un tiers parti, dans l'éclairage d'une ampoule brûlée. Nous nous sommes plutôt trouvés au pouvoir, et deux ans plus tard j'étais ministre. Youpi! Cependant, j'ai été nommé membre du comité de gestion des travaux de la Chambre. J'avais siégé auparavant dans des conseils municipaux et régionaux et je comprenais donc les rouages politiques des conseils, mais je ne savais vraiment pas grand-chose de la politique parlementaire. J'ai notamment appris que le temps à la Chambre est une denrée rare. C'est particulièrement le cas du temps réservé au gouvernement, parce qu'après avoir comptabilisé les journées réservées à l'opposition, les journées spéciales et toutes les autres que vous connaissez, vous commencez à vous rendre compte que le temps qui reste à consacrer aux affaires émanant du gouvernement est passablement restreint, étant donné que les projets de loi ne peuvent, avec raison, être étudiés à la sauvette, qu'ils nécessitent un certain temps.
Je comprends donc la situation. Je comprends que gouvernement souhaite exercer un plus grand contrôle. Je ne doute aucunement qu'en 2003, au cours de la 37e législature, des députés du parti gouvernemental aient eu des opinions bien arrêtées, ou aient reçu de plus haut l'ordre d'avoir des opinions bien arrêtées, sur certaines questions importantes. Cependant, comme ils l'ont exprimé dans leur rapport, leur philosophie était de maintenir la Chambre dans ses droits — pas le gouvernement, même pas nous-mêmes à cette époque, mais ce qui est plus grand que nous: le Parlement — et d'affirmer que les intérêts du Parlement sont mieux préservés quand les modifications de ses règles ne peuvent se faire qu'en application d'un accord complet. Ils l'ont reconnu. Est-ce plus efficace ainsi? Non. Est-ce que cela complique les choses et crée des problèmes pour le gouvernement? Oui, c'est fort possible. Est-ce que cela signifie que des modifications qui auraient pu être apportées ne l'ont pas été, faute de s'entendre sur leur libellé? Oui.
Nous avons l'occasion, en ce 150e anniversaire, de célébrer notre bonne fortune de nous trouver au Canada, de rappeler la longévité du Canada, et nous sommes pourtant aux prises avec un dilemme moral parce que la question demeure entière: est-il plus important que la Chambre fonctionne avec efficacité ou que les règles qui déterminent ces questions aient l'accord de tous les partis? Nos prédécesseurs, se trouvant dans la même situation que nous et l'ayant examinée en parlementaires consciencieux, n'ont jamais manqué — de façon systématique, sous différentes législatures, au cours de différentes décennies et de différents siècles — de conclure que, lorsqu'il s'agissait de modifier les règles de la Chambre, la seule façon acceptable et positive de le faire était de s'assurer d'avoir l'aval de tous.
Les vendredis que le gouvernement veut changer ne modifient en rien les questions examinées par les comités précédents dans les rapports antérieurs. Un grand nombre de ces règles, monsieur le président, existent aujourd'hui, au moment où je vous parle, et nous les employons.
Il y a eu des exceptions. Ces choses ne sont jamais claires, comme de l'eau de roche, sans nuance. Il y a eu des exceptions, mais dans l'ensemble, et lorsque ce dilemme a fait l'objet de mûres réflexions, les parlements ont invariablement affirmé que l'élément concertation était crucial. Mais pendant la première moitié de la période où les libéraux ont été au pouvoir, ils étaient d'accord, ce qui est vraiment bizarre. Et devinez quoi? Cela a marché. Nous avons fait du bon travail. Nous avons apporté des changements qui ont amélioré les choses. Nous n'avons pas eu d'énormes querelles au sujet de ces modifications, car seules celles sur lesquelles nous nous entendions ont été recommandées.
Monsieur le président, vous vous souviendrez que nous avons tout fait pour en arriver à ces libellés. Nous pouvons heureusement compter sur quelques-uns des meilleurs analystes qui ont mené des recherches exhaustives. Artistes de la plume, ils nous ont écoutés pour bien saisir nos idées et les reformuler. Vous savez comment on procède. On rédige quelques mots et ça ne marche toujours pas. Il arrive qu'on prenne du recul et qu'on se dise, d'accord, adoptons une autre approche. Au lieu de l'exprimer par l'affirmative, voyons voir si cela fonctionnerait par la négative, ce genre de choses; tout ce qui nous permettrait collectivement d'aller quelque part, avec différents points de vue, et que tous pourraient accepter.
Je ne vois là rien d'inéquitable. Ce ne l'est pas pour personne. Ce n'est pas injuste pour le gouvernement non plus. Si tout le monde met un peu d'eau dans son vin, on arrive à s'entendre. C'est ainsi que nous avons créé toutes ces règles que, dans la majorité des cas, nous considérons comme « les règles à suivre ». Il est assez rare — ça arrive de temps à autre, mais pas très souvent — que les députés décident de contester le caractère équitable d'une règle. S'ils le font, cela concerne un cas particulier et la manière dont il est appliqué à une situation donnée par opposition à une affirmation revenant à dire qu'une règle est essentiellement injuste.
Cela n'arrive pas. Toutes ces querelles dont je vous ai parlé, qui éclataient dans la ruelle quand on jouait au scrub base-ball, n'existent pas ici. Nous commençons par les projets de loi et les motions qui sont déposés à la Chambre des communes. Nous connaissons les règles. La plupart d'entre elles privilégient le gouvernement, pas uniquement les libéraux, mais le gouvernement, surtout s'il est majoritaire et si la majorité est considérable.
Mais ce que cela produit systématiquement, monsieur le président... j'ai eu la chance de siéger, comme vous, dans des gouvernements minoritaires et majoritaires. Je crois que vous étiez parmi nous quand des gouvernements minoritaires étaient au pouvoir. Vous savez que les règles, dans l'ensemble, restent les mêmes. Je sais bien que le gouvernement est souvent irrité parce qu'il croit que l'opposition fait de l'obstruction et se montre irresponsable en retardant les choses sans se soucier que tout soit bloquer, si ce n'est qu'elle veut marquer des points contre le gouvernement. Cela peut arriver.
Je peux vous dire que, dans tous les caucus de l'opposition où j'ai siégé, et comme député fédéral j'ai fait partie de tous ces caucus, il n'est pas rare qu'on se plaigne de ne pouvoir rien faire dans une situation donnée parce que le foutu gouvernement détient tous les pouvoirs, rafle tous les votes et exerce tout le contrôle. Mais c'est ce qui lui permet de fonctionner, car il dispose de suffisamment de droits...
En passant, si nous prenons en considération l'ensemble du monde, nos gouvernements ici ont moins de droits que dans la plupart des démocraties parlementaires. Nous sommes à la limite de ce qu'un gouvernement majoritaire peut faire au Parlement. Nous avons toutefois quelques éléments à notre disposition qui nous permettent au moins... parce que nous n'arriverons jamais à stopper complètement un gouvernement qui a décidé d'agir. Les règles existent. Elles peuvent permettre de gagner ce combat. Si vaincre est tout ce qui compte, il suffit au gouvernement majoritaire de préparer une motion et de la présenter à la Chambre, de la faire adopter, et le tour est joué.
Quand la Chambre est appelée à se prononcer, devinez ce qu'il se passe? Le gouvernement l'emporte dans tous les cas.
Mon ami, M. Doherty, réfléchit au sujet de... et il a raison. De temps à autre, la démocratie les rattrape quelque peu, et les choses se corsent. Mais en général, en tant que structure et approche, les leaders du gouvernement à la Chambre...
D'ailleurs, cela faisait partie des affaires émanant de députés. Quand il y a un nombre maximal d'initiatives, c'est très très rare. Cela peut se produire, mais la plupart du temps, un gouvernement majoritaire, jouissant d'une forte majorité, l'emporte systématiquement. Il remporte les votes. C'est pourquoi nous cherchons à retarder le vote sur la motion de M. Reid parce nous savons qu'elle ne passera pas. Cette motion dit qu'on peut faire telle ou telle chose uniquement si tout le monde y consent. Le gouvernement veut couler cette motion pour se donner le droit de faire adopter le projet de loi à toute vapeur.
Pour boucler la boucle, monsieur le président, j'ai souligné dans le rapport que, depuis peu, un des éléments sur lequel nous n'arrivions pas à nous entendre est la question d'éliminer les séances du vendredi. Cela ne nous a pas empêchés de l'intégrer dans le rapport et de le reconnaître. Comme je vais le démontrer plus tard, dans nombre de cas, nous nous sommes engagés à y revenir ultérieurement, ce combat n'étant pas terminé, mais cela ne figurera pas dans ce rapport, parce que nous n'en sommes pas encore là.
C'est donc exactement la même question appliquée de deux manières différentes par deux parlements différents, et par un gouvernement de deux manières différentes au sein du même Parlement.
C'était plutôt intéressant. La période où cela s'est produit n'a pas d'importance ici, car je fais une simple observation; voici ce que dit le texte:
Pour le moment, le Comité ne formule aucune recommandation à propos de la mise en place d'une chambre de débat parallèle à la Chambre; il pourra réexaminer ce sujet dans une étude à venir.
Monsieur le président, vous vous souviendrez que, lorsque nous avons abordé cette question, j'étais l'un de ceux qui a dit: « Quoi? Une chambre de débat parallèle? » Je ne savais pas, et je n'hésite pas à l'admettre parce que je ne crois pas qu'aucun autre membre du Comité ne le savait. Nous n'étions pas au courant.
Le concept ne manque pas d'intérêt, bien que je ne le saisisse pas tout à fait, parce que nous ne l'avons pas défini outre mesure. On ne voyait pas la pertinence de l'approfondir davantage, mais nous avons déclaré que nous pourrions y revenir parce que nous avions certaines idées à ce sujet; et le concept était digne d'intérêt. Essentiellement, il s'agit de créer une deuxième chambre reconnue, où peuvent avoir lieu certains des travaux de la Chambre, et qui agit parallèlement à la Chambre des communes. Il y aurait cet autre lieu... Le Sénat pourrait être un endroit idéal pour y mener un débat parallèle de la Chambre des communes, mais j'en ferais le sujet d'une autre discussion. C'est exactement comme au Québec. On y a transformé l'ancien Sénat pour en faire probablement la Salle du Conseil législatif la plus somptueuse de toute l'histoire parlementaire. C'est une salle extraordinaire. C'était autrefois un sénat. Aujourd'hui, elle est utile. C'est superbe. J'adore —
:
Vous avez raison. Je vous suis reconnaissant. Les gens devraient le savoir. Ce sont des collègues qui ne font pas partie de mon caucus qui l’ont fait délibérément. Ils souhaitaient seulement s’assurer que nous puissions rendre le processus aussi humain que possible pour tout le monde. Ce geste en dit long sur la camaraderie qui existe. C’est une chose décente à faire et j’en étais ravi. J’ai eu le temps de me racler la gorge, de discuter brièvement avec Tyler, de boire de l’eau et de vérifier mes courriels. Alors, merci. Je vous suis reconnaissant.
Je souhaite m’adresser directement à M. Badawey. Il est celui qui a fait cette proposition généreuse et a été clair. C'est pourquoi je veux m’adresser à lui. Je tiens à souligner à quel point j’étais impressionné, en réponse à M. Badawey, tout d’abord parce qu’il a tenu sa promesse. Il a promis qu’il n’allait pas nous faire perdre notre temps en prenant la parole et en disant des choses que nous ne dirions pas normalement lorsque nous n’avons pas le droit de parole. Il a tenu sa promesse.
Puis, monsieur Badawey, vous avez marqué deux points lorsque vous avez parlé de l’importance d’aller sur place, vous avez décrit votre horaire pour le week-end — c’était fantastique — et êtes parvenu à ramener la question du gouvernement avant de revenir là où vous aviez commencé en parlant de l’importance d’aller sur le terrain. Lorsque vous avez dit que vous aviez été maire, les choses m’ont soudainement paru très logiques. Vous allez être très bon comme député.
Des voix: Bravo!
M. David Christopherson: Je vous remercie. C’était un tour de force. C’était la bonne façon de faire et je vous admire. Je suis ravi d’avoir eu la chance de vous connaître un peu mieux.
Sur une note plus sérieuse, je tiens à vous dire que je pense que votre dernier commentaire était sincère et que vous ne plaisantiez pas lorsque vous avez dit: « C’était une bonne discussion. Pourquoi ne pouvons-nous pas continuer sur cette lancée? » J’aimerais vous dire — par l’intermédiaire du président — que c’est le genre de travail que nous faisons. Lorsque j’ai fait référence à ce rapport — celui que j’ai brandi toute la soirée —, c’était pour montrer comment nous en étions arrivés là. Lorsque j’ai dit que nous avions fait du bon travail, je ne voulais pas seulement dire que nous avions produit un rapport. C’est comme les comptes publics. Nous avons une formidable dynamique pour le comité des comptes publics. Je suis privilégié, car ce sont les deux comités auxquels je siège et que c'est notre façon de travailler.
Cependant, M. Doherty a raison. La seule chose qui nous empêche d’en arriver à ce point, monsieur Badawey, est de demander au gouvernement de passer outre son désir de prendre une décision seul. Si cette belle discussion, agréable et positive, à laquelle vous participez échoue, le rapport ferait mention de quelque chose du genre conformément aux règles que nous appliquons pour le consensus.
Compte tenu de l’absence de consensus au comité concernant les avantages de l’élimination des séances du vendredi par rapport aux inconvénients potentiels, le comité n’a pas l’intention de formuler de recommandation à cet égard. Autrement dit, les membres ne sont pas parvenus à un accord.
Certains diront que c’est ce qui explique l’inefficacité. J’ai fait référence à d’autres rapports auparavant, notamment celui de la 37e législature en 2003, dans lesquels les auteurs ont tenté par tous les moyens de nous faire comprendre que, selon eux — je reformule —, le meilleur moyen de servir les intérêts du Parlement est de ne pas adopter de règles qui ne font pas l’unanimité plutôt que de tenter de résoudre un problème.
Autrement dit, nous convenons tous qu’il y a un problème. Nous sommes tous d’accord que les vendredis pourraient être mieux utilisés. La question est: « Qu’entend-on par mieux dans le contexte? » Nous pourrions en arriver ou non à un consensus. Si nous y parvenons, ce sera dans le rapport. Sinon, nous reprendrons le même processus qu’en ce moment pour montrer que nous avons tenté le coup. Nous avons essayé.
Je vais évoquer d’autres décisions du genre dans lesquelles nous disions que l’enjeu était important et que nous souhaitions y revenir. Nous ne sommes pas encore parvenus à un consensus, mais nous avons inscrit que nous souhaitions revenir à la question et en discuter. Pour nous, il est important de parvenir à une entente sur certains aspects qui, selon nous, devraient changer. Or, nous ne pouvons nous entendre sur les détails des changements à apporter.
C’est ce qu’on appelle le respect, monsieur Badawey. Lorsque vous me donnez votre opinion, lorsque Vance Badawey me donne son opinion à titre de député représentant ses électeurs et lorsque vous parlez de votre expérience personnelle et de ce que vous croyez être dans l’intérêt du Comité, je vous écoute et je fais de mon mieux pour comprendre votre point de vue, surtout s’il est différent du mien. Cependant, il est très difficile pour moi de le faire, si vous vous réservez le droit de vous rallier à tous vos copains et de nous submerger afin que, peu importe si vous gagnez le débat ou non, vous gagnez puisque la force fait le droit.
Voilà le problème. Nous ne l’avons pas eu.
Je vais citer un autre rapport que nous avons produit, celui sur le rapport du directeur général des élections. Nous, les membres de ce comité du Parlement, l’avons fait pour la deuxième fois depuis que vous êtes ici.
Ce comité se targue de toujours obtenir un consensus. C’est là la différence, monsieur. Si votre gouvernement menace de vouloir utiliser sa majorité pour s’imposer dans le dossier et que vos arguments ne me convainquent pas, nous ne pouvons avoir le même type de discussion. Nous ne pouvons avoir une discussion comme celles qui nous ont menés à ces deux rapports.
C’est ce dont mon ami, M. Doherty, parlait, lorsqu’il a mentionné le manque de confiance. Il est difficile d’avoir un débat quand une des parties dit: « Peu importe ce qui se passe, ce sera mon opinion qui l’emportera. Si je dois le faire, je vais avoir recours à la force politique pour y parvenir. Alors maintenant que vous avez bien compris, échangeons de manière positive, libre et juste sur la façon de résoudre le problème ».
C’est impossible. Voilà l’enjeu. C’est précisément l'enjeu. Il ne s’agit pas de s’entendre sur le fait d’éliminer les vendredis ou les mercredis ou sur un autre problème. Actuellement, il s’agit d’une bataille politique. C’est une guerre. Votre gouvernement a déclaré la guerre en imposant de siéger 24 heures par jour, sept jours par semaine. Nous sommes totalement prêts à abdiquer à la minute où le gouvernement indiquera qu’il n’essaie plus d’avoir le dessus. Il ne l’a jamais fait au cours de cette législature ni au cours de la précédente. À la minute où ça se produit, nous participerons au débat. Vous y contribueriez — lorsque vous êtes présent — de façon positive puisque c’est le genre de discussions dont vous avez été témoin dans ce comité.
Ces membres ne sont, pour la plupart, pas des membres à temps plein du Comité. Voilà le genre de culture que nous avons créée. Voilà le genre d’environnement que notre président a créé. Il accorde beaucoup de latitude. Mais, il a ses limites. C’est pourquoi je l’ai toujours à l’oeil. À un certain moment, il décide que sa limite est atteinte.
Or, c’est le genre de culture dans laquelle nous évoluons. Il est vrai que nous collaborons. Je crois que vous trouvez la collaboration très stimulante. Vous avez manifestement beaucoup d’expérience sur le terrain, en politique locale, là où les choses sont concrètes. Nos souhaits ne sont pas si éloignés. Vous êtes probablement un peu comme moi. Vous êtes en politique depuis si longtemps que vous commencez à vous lasser de la rivalité. Ce qui vous allume maintenant est de tenter de rallier les différences lorsque le débat porte sur une cause commune. Nous n’avons qu’à déterminer en détail comment y parvenir puis nous pouvons tous travailler en équipe.
C’est stimulant. Et c’est agréable. C’est une façon efficace de travailler. Elle permet de produire des rapports qui sont acceptés par la Chambre et qui renferment des recommandations que tous les députés considèrent comme le fruit d’une réflexion juste. Bien que le résultat ne soit pas exactement comme ils le souhaitaient, les députés peuvent vivre avec le règlement, car il a été établi de façon impartiale et il a été adopté par un organe qui avait inscrit l’impartialité à son ordre du jour.
Actuellement, vous vous êtes concentré avec une précision chirurgicale sur le problème. Il ne s’agit pas de notre incapacité à discuter. Il ne s’agit pas non plus de notre incapacité à faire preuve de respect. Pas plus qu’il ne s’agit de notre incapacité à collaborer. C’est l’absence de règles qui nous permet de le faire par l’intermédiaire d’une instance où nous sommes traités sur un pied d’égalité. J’adorerais participer à un débat avec vous en sachant que, si vos arguments ne me convainquent pas, je pourrai vous obliger à accepter mon point de vue. Le débat serait très différent si je voyais les choses de cette façon plutôt que de me dire que la seule façon d’en arriver à des changements est que je doive trouver un terrain d’entente avec M. Badawey. Nous devons trouver ces termes.
C’est à ce moment que nous commencerons à avoir de l’aide. Notre personnel commencera à nous aider. Nos analystes nous aideront. Notre président nous aidera. Nous avons produit deux bons rapports: le 23e rapport et le 11e rapport du Comité. Au cours de cette législature — depuis que vous êtes ici —, nous avons accompli ce genre de tâches.
En fait, monsieur, cher collègue, il s’agit ici pratiquement de la seule exception. Je demanderais à Tyler ou à n’importe qui d’autre de me corriger si je me trompe, mais je crois que ce comité n’a jamais autant déraillé, c’est-à-dire à un point tel où le travail qu’il devait faire est compromis.
Je pense que nous n’en étions jamais arrivés à ce point dans ce dossier avant aujourd’hui, soit sur la seule motion pour laquelle le gouvernement refuse d’accepter que les seuls éléments qui seront inclus dans le rapport soient des éléments faisant l’objet d’un consensus. Cet incident a suffi pour figer les travaux du Comité et créer tout ce problème. Bien entendu, le gouvernement a ensuite lancé... Je dois insister vivement sur ce fait, car il y a eu beaucoup d’obstructions dans les discussions du Comité sans même que les gens ne s’en rendent compte. Certaines obstructions n’ont duré que 10 ou 15 minutes. De plus, la seule pensée que l’obstruction va survenir pousse les membres à dire que la dernière chose qu’ils souhaitent est d’écouter le laïus de Christopherson. Il doit exister des mots qu’ils peuvent utiliser pour les contourner. Il faut qu’il y en ait. J’exagère un peu, mais cette dynamique a sa place.
Pour l’une des propositions que vous souhaitez adopter, monsieur, si vous en appelez de votre droit de l’adopter avec seulement votre vote, cela reviendra à nous la faire accepter de force. Alors qu’actuellement, en votre qualité de député local, si vous avez besoin de 20, 30 ou 40 minutes pour expliquer un enjeu... et il est évident que vous connaissez bien votre circonscription. Vous avez occupé longtemps les fonctions de maire, ce qui vous a permis de devenir député fédéral. Vous êtes manifestement une personne digne de confiance et respectée dans votre collectivité. Je ne sais pas pour vous, mais ma collectivité est complexe. Il existe bien peu de problèmes qui ne le sont pas.
J’ai besoin de temps — parce que je suis fait ainsi et que je parle beaucoup —, pour décortiquer une proposition en éléments qui selon moi reflètent le mieux l’expérience passée de mes électeurs et pourquoi, ainsi que pour déterminer pourquoi l’idée est bonne ou mauvaise pour ma chère circonscription d’Hamilton. Actuellement, pendant tout le temps que j’ai passé à Queen’s Park ou ici — je vais me limiter au temps que j’ai passé ici —, je n’ai pas eu à m’inquiéter du temps qui passe — tic tac tic tac — pour couvrir tout le sujet comme c’est le cas en Chambre.
En passant, la limite de temps en Chambre pour les premiers débats est de 20 minutes avec une période de questions de 10 minutes. Dans la motion que vous proposez, nous aurions 10 minutes. Actuellement, vous avez tout le temps que vous souhaitez pour transmettre le point de vue de vos électeurs qui est tout aussi important que le mien, que celui du premier ministre ou que celui de Mme Mendès. Et vous prenez ce temps. C’est pourquoi les travaux des comités existent. C’est également pourquoi les règles des comités sont différentes de celles de la Chambre et que le temps alloué en Chambre est différent. Nous sommes contraints par le temps en Chambre. Lorsque nous arrivons en comité, nous relâchons volontairement quelque peu les règles. Nous appelons les autres membres par leur prénom parfois. Ce n’est, du moins, pas irrecevable de le faire. Mais le plus important est que nous pouvons prendre notre temps.
Le fait que des limites de temps ne soient pas imposées n’est pas seulement une arme pour l’opposition qui peut menacer de faire ou de poursuivre une obstruction... bien que ce soit un aspect important. Elles permettent également de se réunir en comité et d’expliquer des éléments comme nous ne pourrions le faire en Chambre. Si je ne peux plus le faire en comité, je quitterai la Colline en ayant le sentiment que je n’ai pas bien représenté ma circonscription, parce que je n’ai pas eu le temps d’expliquer son point de vue. Il faut que tout cadre dans l’idée préconçue d’une personne au sujet d'une quantité juste de temps. Comme nous avons accepté ces limites en Chambre, même si nous ne les aimons pas, nous tentons de compenser en permettant plus de latitude. Ceux qui ont présidé des comités savent que les paramètres sont plus élastiques lorsque vient le temps de déterminer jusqu’où un membre peut aller. Les paramètres ne sont pas complètement laxistes — c’est pourquoi le président me rappelle à l’ordre lorsque je m’éloigne du sujet —, mais nous avons beaucoup plus de latitude et nous n’avons certainement pas de contraintes de temps.
Nous pouvons avoir une discussion respectueuse et stimulante à ce sujet, mais nous ne pouvons le faire si vous et vos collègues du côté du gouvernement croyez que, peu importe ce qui arrive, vous imposerez votre façon de faire à la fin de la discussion et si vous croyez que la force fait le droit et que vous pouvez utiliser votre majorité pour nous écraser. Il n’est pas nécessaire de siéger de ce côté pendant longtemps pour comprendre comment vous vous sentiriez et ce que vous feriez pour l’empêcher. Par conséquent, voilà pourquoi nous en sommes à ce point actuellement. C’est là l’essence de l’enjeu. Peu importe comment vous l’appelez, cette situation revient à déterminer si oui ou non nous allons continuer de nous respecter les uns les autres comme nous l’avons fait au cours de cette législature ou si nous allons faire un virage à 180 degrés et adopter une culture et une attitude différentes qui nous rappellent plus le régime dont nous venons de nous défaire que le régime que vous nous aviez promis.
Je suis assez sûr que cette position est juste. J’ai été des deux côtés, au gouvernement et dans l’opposition. Comme les travaux des comités sont ce que je préfère de mon travail sur la Colline, je suis totalement convaincu que d’aller à l’encontre de l’avis de nos prédécesseurs et de la pratique de ce comité parlementaire ne servirait pas l’intérêt de notre cher Parlement. Voilà l’enjeu.
Je veux parler de tellement de choses que je ne sais pas laquelle aborder ensuite. Je pense que je vais y aller avec celle-ci.
Je souhaite aborder un nouveau sujet puisque vous aimez la nouveauté. Je sais que vous aimez lorsque je fais quelque chose de nouveau, car on pourrait avoir la quasi-certitude que, fondamentalement, ce ne sera pas répétitif.
Monsieur le président, cela vous rappellera de vieux souvenirs. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que vous avez déposé en notre nom le 23e rapport de ce comité le 6 mars. Nous avons produit beaucoup de rapports. Nous avons eu beaucoup de pain sur la planche. Nous avons fait un bon travail et avons eu une bonne collaboration pour des travaux sur lesquels nous étions tous d’accord.
Ce rapport est semblable à l’autre. Il faut comprendre les similitudes entre ce que nous avons fait auparavant et où nous en sommes rendus maintenant. Il s’agit littéralement de deux rapports. C’est celui auquel je fais référence maintenant. En fait, c’est celui auquel j’ai fait référence toute la soirée. Ils sont identiques. Il s’agit des mêmes travaux, du même produit, du même modèle. La seule différence est le sujet.
Les difficultés liées au consensus sont également un point en commun. Je vous ai déjà lu des extraits à n’en plus finir du rapport. Je vous avertis que j’aurais à y faire référence encore dans l’avenir, mais ce ne sera pas dans un discours. Il s’agit d’un tout nouveau rapport.
Chers collègues, vous vous rappellerez ce que j’ai dit auparavant...
Avant de continuer et pour résumer, ce que je veux dire, c'est que non seulement nous sommes engagés dans une bataille signant l'arrêt de mort de la politique, dans une guerre que le gouvernement a déclarée et commencée, mais, au final, ma priorité — et je soupçonne que c'est celle des membres de l'opposition officielle, mais je les laisserai parler pour eux-mêmes —, c'est d'en finir avec tout cela et de reprendre le travail. C'est en train de bousiller le calendrier de tout le monde. Cela coûte je ne sais combien d'argent pour faire fonctionner cet endroit afin que nous puissions avoir ce débat.
Encore une fois, si nous avions d'autres moyens à notre disposition, nous ne serions peut-être pas ici. Il n'y a pas de garanties, et je ne suis pas en train de dire que tout aurait été merveilleux si les choses s'étaient passées autrement, mais je crois qu'il y a de bonnes chances, compte tenu des faits et de la façon dont nous avons travaillé ensemble depuis le début, que, en nous y prenant autrement, nous serions maintenant en train d'examiner ce document et probablement en train de débattre d'idées contradictoires et de prévoir notre calendrier de travail. Quelqu'un a dit qu'on pourrait toujours se réunir à l'extérieur ou en dehors des heures ouvrables. Si nous étions suffisamment engagés, nous pourrions le faire. Jusqu'à quel point pensez-vous que nous le voudrons si c'est ainsi que nous serons traités?
Si le gouvernement avait abordé cette question comme d'autres projets ou entreprises semblables ont été abordés, il est tout à fait possible — je dis bien seulement possible, mais quand même tout à fait possible — que nous n'en soyons pas là. La preuve en est que cela est déjà arrivé. On ne saura jamais. Le gouvernement libéral ne nous a jamais donné cette chance. Ils ont immédiatement visé la jugulaire, et pourtant nous ne cessions de proposer des alternatives et des idées qui n'étaient pas nécessairement à notre avantage, la plus récente étant, comme je l'ai dit — et je vais arrêter d'y renvoyer maintenant, monsieur le président, pour passer à autre chose, parce que je vois bien ce regard...
Une voix: Encore.
M. David Christopherson: Oui, la plus récente étant, comme je l'ai dit, la proposition de M. Chrétien. Comment peut-on affirmer que, quand le NPD et les conservateurs font avancer un modèle de changement libéral, ils essaient de vous « avoir »? Je ne vois pas comment nous pourrions être plus impartiaux qu'en mettant sur la table, officiellement, entre les deux partis d'opposition un modèle concernant exactement cet enjeu, qui a été employé par un premier ministre libéral trois fois majoritaire.
Aux yeux de la population, il faut qu'il devienne difficile pour le gouvernement de convaincre les gens que nous sommes en train de jouer un jeu, surtout que ce n'est pas nous qui avons commencé. Notre intention, cependant, si on en vient au « nous et eux », est d'en finir. Si cela ne se règle pas et que nous continuons à gaspiller de l'argent et du temps en débattant 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, parce que l'obstruction systématique du Comité durant les heures ouvrables n'a pas suffi au gouvernement et qu'il voulait une guerre nucléaire, si c'est l'obstruction systématique ou rien... C'est le gouvernement libéral qui en est responsable, pas nous.
À un moment donné, nous allons arrêter d'essayer de vous aider à sortir de votre propre pétrin si vous n'arrêtez pas de creuser, parce que la première chose à faire quand on est au fond du trou, c'est d'arrêter de creuser. Vous continuez à creuser alors que nous vous proposons des moyens d'en sortir. Ça finira en fumée. Très franchement, nous commençons à manquer d'idées, puisque nous sommes les seuls à essayer de trouver des solutions ici. Pour les libéraux de Trudeau, jusqu'ici, c'est leur méthode ou rien.
J'ai analysé ce document. J'ai parlé de la chambre parallèle et de certaines discussions à ce sujet, mais, encore une fois, j'ai fait remarquer — et je n'y reviendrai pas pour l'instant — que, compte tenu de la bonne volonté présente... Je me rappelle la discussion que nous avons eue à ce sujet parce que, encore une fois, cela m'intéressait particulièrement. Nous étions sérieux quand nous avons dit que nous pourrions revisiter ce sujet parce que certaines idées très intéressantes pourraient offrir aux simples députés la possibilité de jouer un rôle plus important. Nous sommes tous d'accord avec cela.
On n'obtiendrait pas cela dans un rapport dicté par le gouvernement, parce que cela serait futile. Aussi bien dire que l'opposition fera ce qu'on lui dit de faire. Compte tenu de l'environnement qui est le nôtre et du respect existant, nous participons pour montrer que, comme groupe, nous pensons que ce projet a du potentiel et que nous ne sommes pas opposés à l'idée de le réexaminer pour voir si on peut en tirer encore quelque chose et trouver une nouvelle solution viable qui permette aux simples députés de participer plus largement.
Je voudrais continuer en citant un autre extrait de ce rapport, monsieur le président:
Pour le moment, le Comité n’entend faire aucune recommandation au sujet de l’instauration du vote par procuration ou du vote électronique; il pourrait toutefois se pencher à nouveau sur la question à un stade ultérieur de son étude.
Encore une fois, pour en revenir à ce que disait Mme , cela a peut-être causé un accident majeur, un déraillement de train au ralenti. Nous ne savons pas.
Comme j'y ai participé, je peux vous dire que, quand nous en avons discuté, nous avons échangé quelques idées et décidé que nous y reviendrions, parce qu'il y a des ramifications bien au-delà du fait de simplement trouver l'idée intéressante. Tout cela a beaucoup à voir avec la nécessité d'en revenir aux leçons tirées des discussions sur le Parlement favorable à la vie de famille et avec l'idée que c'est toute une histoire de venir ici seulement pour voter, parce que nous savons que l'un des critères par lesquels nous sommes jugés, aussi injuste que cela soit, est le nombre de fois que nous votons.
Au fait, ils devraient vérifier qui a un parfait dossier de vote, parce que cela concerne ce qu'ils ne font pas. Ils ne vont donc jamais nulle part? Ils ne font donc jamais rien d'autre? Est-ce la seule chose qui compte, un chiffre artificiel flatteur?
Quoi qu'il en soit, et cela mis à part, c'est un véritable enjeu. Beaucoup de gens font de longues distances et avancent certains arguments très valables pour expliquer pourquoi on devrait pouvoir voter autrement qu'en se transbahutant physiquement d'un bout à l'autre du continent. Nous sommes nombreux à donner de bonnes raisons au fait que c'est ainsi et pourquoi cela fonctionne, mais il faut dire quand même que des arguments valables ont été avancés de tous les côtés. Nous n'avons pas pu nous entendre, mais nous étions sincères quand nous avons dit que nous pourrions en reparler. Si cela n'avait pas été le cas, nous ne l'aurions pas dit. Personne n'a forcé la main à personne. Ce n'était pas du gavage d'oie. C'est exactement ce que cela dit: on pourrait en reparler plus tard.
Je continue. C'est toujours très intéressant:
Pour l’heure, le Comité n’entend faire aucune recommandation au sujet du décorum à la Chambre. Il rappelle cependant qu’un des objectifs de la présente étude est d’identifier et d’éliminer les obstacles qui empêchent d’attirer ou de retenir davantage de Canadiens de tous horizons dans la fonction de député. C’est pourquoi le Comité pourrait se pencher à nouveau sur la question à un stade ultérieur de son étude.
Encore une fois, il ne s'agit pas de reporter cela ad vitam aeternam. Nous avons reconnu dans notre plan de travail, du moins à titre indicatif, que nous y reviendrions, ne serait-ce que parce que les députés qui tiennent à beaucoup de ces choses et qui n'ont pas vu les changements recommandés ici n'avaient pas l'intention d'abandonner. Ils voulaient continuer à défendre des points de vue, et c'est l'endroit où se discute cette question. Nous devions en être saisis de nouveau à un moment ou un autre, mais, en le formulant ainsi, nous respections le fait qu'il y a de véritables enjeux à régler ici.
Encore une fois, ce ne serait pas formulé ainsi dans un rapport dicté par le gouvernement. Si c'était le cas, ce genre de choses aurait été contesté parce que le rapport aurait eu l'apparence de quelque chose qu'il n'est pas, à savoir le fruit d'une collaboration. En l'occurrence, nous sommes tous disposés à appuyer chaque mot ici.
Encore une fois, Mme n'était pas d'accord avec tout et souhaitait y trouver plus. Je comprends bien, mais, au final, je pense que c'est un bon signe de compromis. Il y avait des choses là-dedans avec lesquelles je ne suis pas d'accord et des choses que je voudrais voir modifier, mais ce qui comptait, c'était que nous étions disposés à faire les recommandations concernant les choses sur lesquelles nous étions d'accord. Nous les avons mises dans le rapport et nous avons envoyé le tout à la Chambre, pour que, sur les questions convenues, nous puissions faire avancer les choses et être utiles, au lieu de ce qui se passe maintenant.
Je ne dirai rien de ce qui suit, mais je vais vous le dire. C'est tout à fait explicite. C'est tiré du rapport:
Le Comité souhaite que les députées en fin de grossesse, les jeunes mères ou parents ainsi que les aidants naturels bénéficient de la souplesse dont ils ont besoin. Le Comité n’entend toutefois pas faire de recommandations en la matière pour le moment, mais il envisage de se pencher à nouveau sur la question à un stade ultérieur de son étude.
À ce sujet, je dirai seulement une chose. Étant donné son importance, et parce que nous avons entendu des collègues faire des déclarations très sincères et senties, même si nous n'avons pas pu nous entendre — pourtant —, nous avons non seulement employé le vocabulaire respectueux utilisé auparavant pour dire que nous en reparlerions, mais nous avons insisté pour y dire que le Comité « envisage de se pencher à nouveau sur la question à un stade ultérieur de son étude ». Encore une fois, ce n'est pas le genre de vocabulaire qu'utiliserait un gouvernement dans un rapport dicté par lui, parce que ce serait vraiment risible.
Pour conclure au sujet de ce rapport, monsieur le président, je vais renvoyer au cinquième paragraphe à partir du bas, juste au-dessus de votre signature. Simplement pour rappeler le contexte, cela concerne le système de points de déplacement. C'est ce qu'on appelle ici le « système actuel ». Il se lit comme suit:
Le Comité souhaite que le Bureau de régie interne examine les pistes de solutions permettant de modifier l’actuel système afin d’encourager les conjoints et les enfants des députés à utiliser les points de déplacement. Le Comité suggère que le Bureau envisage de ne plus faire de distinction entre les points accordés aux voyageurs désignés et ceux alloués aux personnes à charge. Le Bureau pourrait aussi songer à créer un système de points de déplacement pour la famille, qui serait destiné à tous les membres de la famille d’un député, peu importe leur nombre.
On pourrait se demander ce qui pourrait donner lieu à ce genre de recommandation. Encore une fois, je ne vais pas donner de noms ni entrer dans les détails, mais, dans le monde réel de la politique qui est le nôtre, les médias, qui ont le pouvoir de nous demander des comptes, publient chaque année le compte de toutes nos dépenses de déplacement. Certains députés ont des familles plus nombreuses et doivent parcourir de plus grandes distances.
J'habite à Hamilton avec mon épouse Denise. Notre fille a 25 ans et se débrouille toute seule. Elle vient juste de terminer ses études universitaires et elle vit sa vie. Il n'y a donc que ma femme et moi, et on parle d'Hamilton. Quand Denise vient ici — ce n'est pas si fréquent, parce qu'elle est occupée par ses fonctions de directrice générale du YWCA d'Hamilton —, ce n'est pas un long voyage, ce n'est pas très coûteux, et il n'y a qu'elle. Si j'avais une épouse et deux ou trois enfants vivant dans une région éloignée de l'Ouest, le même nombre de visites représenterait des dépenses beaucoup plus importantes.
Je vais vous dire une chose. C'est la conjointe d'un député qui a expliqué qu'elle ne voyageait pas aussi souvent qu'elle le voudrait pour être avec son conjoint et père de ses enfants à cause de cette politique. Je n'ai jamais eu à me poser cette question. Jusqu'à récemment, les déplacements de ma fille Kayla pour venir me voir étaient admissibles. Lorsqu'elle venait, j'étais ravi qu'elle puisse être ici, dans la capitale, avec Denise et moi. Je ne me suis jamais demandé ce qu'on en penserait chez moi, parce que cela se produisait tout au plus deux ou trois fois par an.
Un billet d'avion d'ici à Hamilton, , est très différent d'un billet d'ici à Vancouver ou Calgary. Et on ne parle même pas de ceux qui vont à l'ouest, puis au nord, comme notre président, qui n'a pas formulé d'observations. Rien de cela n'a à voir avec lui, mais je pense qu'il est juste de dire que, si on se penche sur son mode de vie, la question se pose encore plus crûment. Si le président faisait venir trois ou quatre enfants aussi souvent que beaucoup d'entre nous le font de Toronto, disons, ou de la péninsule de Niagara, ce qui n'est pas un problème pour nous, ce serait un énorme enjeu politique pour lui. Une fois par an, on publie cet énorme chiffre, et les gens se mettent à penser: « Et voilà, ils ne se gênent pas pour rouler sur l'or avec nos impôts ».
Ce qui est injuste, c'est que nous n'avons pas à subir cela. On peut comparer mes déplacements à à ceux de ou à ceux d'autres collègues habitant dans la région de Hamilton. C'est le pire qui puisse arriver. Durant tout mon séjour ici, durant les presque 15 années que j'ai passées ici, je ne pense pas que qui que ce soit ait perdu les pédales, et les députés de Hamilton ont été, selon les périodes, des libéraux, des néo-démocrates et des conservateurs.
Je dois avouer que cela m'a brisé le coeur. Je n'arrêtais pas de penser aux petits de cinq ou six ans qui veulent voir leur maman ou leur papa. Nous fournissons ces moyens. L'une des choses qui m'ont le plus impressionné, quand je suis arrivé de Queen's Park, a été l'importance accordée à la famille. C'était bien supérieur à ce qui se passait à Queen's Park. Et je l'ai beaucoup apprécié. Encore une fois, cela ne me concernait pas particulièrement, puisque je n'habite pas loin et que je n'ai pas de grande famille immédiate, mais j'ai apprécié le fait de me trouver dans un endroit où l'on avait plus de respect, de considération et de sensibilité pour la situation de gens qui ne sont pas seulement des députés, mais des personnes comme les autres.
Quand on quitte le bureau, on redevient comme tout le monde, de là d'où nous venons. Quand j'ai appris — en l'occurrence d'une maman — qu'il fallait calculer le nombre de déplacements alors que, normalement, ils seraient venus voir leur papa... Encore une fois, il est très rare que je doive rester ici durant le week-end parce que j'ai quelque chose à faire à Ottawa. Hamilton est si près que je peux généralement rentrer chez moi — pas toujours —, et si je voyage ou donne des conférences, c'est différent. Je sais qu'il y a des députés de l'ouest, du nord et de l'est qui viennent ici et qui, par simple autopréservation, restent ici les week-ends.
Le lundi matin ou le lundi après-midi, on peut dire dans mon caucus qui vient de la Colombie-Britannique — je ne sais pas pour les autres — parce qu'ils ont les yeux comme ça... Beaucoup d'entre eux arrivent les yeux rouges. Et, en plus, ils vivent dans des régions aux fuseaux horaires différents. Ils vivent dans ce fuseau horaire, mais leurs électeurs, leur famille et leur bureau se trouvent dans un fuseau horaire complètement différent. Je suis bouleversé quand je dois aller en Afrique, et j'en ai pour 10 jours à m'en remettre. Ces gens vivent comme cela tout le temps.
Quand j'ai entendu cela, vraiment, tout ce à quoi je pouvais penser, c'était qu'un petit de cinq ou six ans voulait simplement être avec son papa, que nous avons des règles qui le permettent, et qu'ils ont décidé de ne pas faire le voyage à cause des mécanismes de déclaration des déplacements. C'est en raison de la nature de notre dialogue — personne ne se tenait au-dessus de notre tête avec un marteau en disant « — on n'en a presque fini avec ça », et nous étions tous traités de la même façon —, que nous avons créé cette structure. La raison pour laquelle je le sais est que je suis celui qui a fait cette proposition. Je voulais qu'on fasse quelque chose. Ce n'était pas juste. Jamais ma fille n'est venue à Ottawa parce que son père devait se soucier de la politique en vigueur, et pourtant il y a d'autres députés dont les enfants ne viennent pas voir leurs parents à cause de la politique en vigueur. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas équitable.
Nous n'avons pas pu réviser tout le système des déplacements. C'est un gros travail. C'est complexe. Il y a du personnel dont le travail à temps plein consiste à s'occuper de cette seule partie de notre vie: nos déplacements. Comme nous travaillions tous ensemble et que nous tenions compte de ce qui était dit, nous n'avions pas à nous inquiéter de la politique du jour.
Je vous le dis de mémoire, mais je crois que, quand j'ai lancé cette proposition, c'est un député libéral qui a dit qu'on pourrait peut-être envoyer quelque chose au Bureau de régie interne pour attirer son attention sur la question et lui demander d'y réfléchir. Je crois que c'est ainsi que les choses se sont déroulées. C'est ainsi que nous en sommes venus à la situation actuelle. Cela ne se serait pas produit s'il s'était agi d'un rapport dicté par le gouvernement. Je n'aurais pas été dans un état d'esprit exempt d'inquiétude à l'égard de la politique en vigueur. En l'occurrence, j'ai pu me préoccuper de ce dont témoignaient mes collègues et leurs familles. J'ai pu le prendre à coeur. J'ai pu essayer de trouver une solution en sachant que j'avais de mon côté un gouvernement majoritaire au moins disposé à discuter de ces idées. C'est pour cette raison que cela a fonctionné.
Le processus dans lequel nous sommes engagés actuellement ne permettra pas cela, et c'est malheureux parce que nous pourrions tout à fait être dans une autre situation. J'espère que nous y arriverons quand même, parce que, si cela ne marche pas... Vraiment, la seule façon de s'en sortir si nous ne trouvons pas de terrain d'entente, comme en s'inspirant du modèle de M. Chrétien ou de quelques autres suggestions proposées par l'intermédiaire de M. , si nous ne trouvons pas le moyen d'engager positivement ce comité dans un travail constructif, nous allons nous retrouver dans une situation — peu importe l'issue — où le gouvernement devra complètement lâcher prise ou tourner ses canons contre nous et employer sa majorité pour nous écraser. C'est là que nous en sommes.
Nous préférerions, comme vous pouvez le voir d'après le fait que cette lettre vient juste d'être rendue publique aujourd'hui... Ce n'est pas comme si je parlais d'une vieille politique et que de nouveaux éléments avaient pris le dessus. C'est cet après-midi que cette lettre a été rédigée et signée par le leader du et le pour offrir au gouvernement... Imaginez donc: c'est nous qui offrons au gouvernement une solution à la pagaille dont il est responsable.
C'est ce qui est en jeu, et cela fournit un modèle qui convenait à M. Chrétien, lequel a connu des difficultés à faire passer des choses à la Chambre, comme cela arrive à n'importe quel gouvernement. Mais le fait est que les gouvernements ne sont pas tous disposés à changer les règles par une intervention unilatérale. C'est la dernière chose à laquelle nous nous attendons d'un gouvernement qui a promis des voies ensoleillées, du respect et une participation constructive aux travaux des comités.
C'est plutôt le contraire qui se produit et ce qui est enrageant encore ici, c'est la raison pour laquelle il en est ainsi. Je pourrais me dire que ça tient debout s'il y avait un moyen que cela fonctionne. Je pourrais même imaginer comment vous avez monté le premier plan stratégique. Il était vicieux, mais ces choses arrivent. J'ai compris. Aucun problème. Si ce plan avait fonctionné, vous en seriez sortis indemnes, mais quand il a échoué, vous auriez dû... Il a encore échoué. Cela n'a pas fonctionné. À la fin de la semaine, nous commencions à attirer l'attention de la population canadienne, des médias et des observateurs qui nous appuyaient. Je vais y revenir quand je reprendrai la parole demain, à 9 heures.
Ce qui s'est produit, monsieur le président, quand vous avez suspendu les travaux vendredi — et je passerai sous silence certains épisodes, car nous n'en avons tout simplement pas besoin — et avez dit que nous reprendrions le lundi de la semaine suivante, à midi, je me suis dit que le gouvernement tentait une ruse, et je le comprenais. Ce qu'il essayait de faire me mettait en colère, mais, à tout le moins, je comprenais la manoeuvre. Cela a échoué, et il peut le constater maintenant, et ce qu'il veut, c'est de se laisser une semaine pour réfléchir à la façon de s'en sortir et de tourner la page.
Bien franchement, outre en parler à — mercredi, je pense, nous avons bavardé un certain temps — je n'y ai pas beaucoup pensé. En fait, je m'attendais peut-être à un appel de mon qui aurait voulu me parler pour dresser un plan d'action. J'aurais fait partie du tableau. En ma qualité à la fois de membre de ce comité et de président du comité de la planification et des priorités, j'aurais été consulté avant qu'une décision quelconque ne soit prise. Outre peut-être espérer un peu entendre parler de , je n'y ai pas pensé. Le gouvernement essayait une manoeuvre, aussi déloyale était-elle, d'accord, mais cela n'a pas fonctionné et il le sait. Il a été assez intelligent pour s'arranger pour éviter les critiques pendant une semaine sans raison quand il sait qu'une fois les travaux repris, il va tout mettre en oeuvre pour se sortir de ce pétrin.
Le fait qu'il y ait eu ajournement et que le gouvernement ait gagné une semaine m'apparaît tout à fait logique. Il n'y a pas à dire, quand tu es au gouvernement, c'est un cadeau d'avoir une semaine pour réfléchir à quelque chose, un cadeau du ciel. On n'accorde habituellement pas un délai aussi long, spécialement quand il s'agit de nouvelles affaires. Vous avez beaucoup de temps pour penser à ce à quoi vous pensiez, mais que dit ce vieil adage...? Je ne peux me rappeler du contexte exact, mais il y a un lien avec ce qui fait trébucher les gouvernements —, les événements, mon cher, les événements. Voilà ce qui se produit. Quatre-vingts pour cent du temps, vous êtes au gouvernement et vous étudiez des questions auxquelles vous ne vous étiez pas vraiment beaucoup intéressé quand vous faisiez partie de l'opposition, car le problème n'existait pas.
Monsieur le président, vous m'arrêtez ou vous m'accordez cinq minutes.
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Je suis comme ça, je n'y peux rien, et puis on s'y attend, d'une manière. Ce qu'on lit plutôt dans l'éditorial du
Globe and Mail, sur ce que le gouvernement pense de notre réaction à son document de travail, c'est que ses prétentions sont une farce cynique. Une « farce », j'adore ça! Je cite:
Le gouvernement Trudeau colporte une vision utopique du Parlement, où des députés de différents partis discutent poliment de ses projets de loi suivant un programme convenu mutuellement, et les acclamations fusent de partout lorsque la Chambre adopte des mesures entièrement fidèles aux compromis altruistes obtenus en toute collégialité dans les comités et à la Chambre même.
Chose certaine, par ses actions, le gouvernement libéral tient le NPD et les conservateurs aussi près d'un arrangement utopique qu'on puisse l'imaginer, quand on voit dans quelle harmonie nous travaillons ensemble à stopper l'érosion de nos droits collectifs, qui sont déjà si écorchés.
Et comme de raison, il se ne prive pas de faire du sarcasme.
Il est intéressant de voir, quand nous collaborons dans l'harmonie, au comité des comptes publics par exemple, que c'est presque du pareil au même. Et cela arrive, comme tant de fois, comme dans ce comité lorsque nous discutions exactement du même sujet dans deux études différentes.
Je viens de me faire éjecter par le président. Vous avez vu, n'est-ce pas? Vous voulez voir à quelle vitesse je plie l'échine. Très rapidement, parce que je sais où se trouve le pouvoir.
Je poursuis:
Dans ce paradis de la raison, le gouvernement n'a aucun plan secret et il ne dépose jamais de projets de loi obéissant à des mobiles politiques et exempts de toute faille. Il n'y a pas de Loi sur l'intégrité des élections, ni de projets de loi qui empiètent dans la vie privée des citoyens au nom de la lutte au terrorisme, ni de partisanerie flagrante d'aucune sorte. Il n'y a que des chemins ensoleillés sous des arcs-en-ciel limpides.
Parfois, je dois l'avouer, le donne l'impression qu'il voit vraiment les choses ainsi, mais c'est juste une observation personnelle. Cela n'enlève rien à ses autres talents évidents, sinon il ne serait pas où il est aujourd'hui, à New York, en tant que premier ministre du pays à s'entretenir avec le secrétaire général des Nations unies.
On trouve quand même ici des commentaires intéressants.
Je poursuis:
Ce serait bien commode pour M. Trudeau s'il pouvait faire croire aux Canadiens qu'il faut au Parlement « un réétalonnage des règles, de manière à ce que le juste désir de la minorité d’être entendue soit en équilibre avec le devoir de la majorité de donner suite à ses intentions législatives », comme on peut lire dans le document de travail de son gouvernement.
Mais cela aussi est une farce.
J'adore le mot « farce ». Je le trouve parfait pour émailler un discours.
Mais cela aussi est une farce. Le premier ministre pense-t-il vraiment qu'il existe un déséquilibre en faveur de l'opposition qui empêcherait le gouvernement de faire son « devoir »? Que les dés sont pipés contre lui? Si c'est le cas, il est absurde.
Je rappelle qu'il s'agit du Globe and Mail, qui essaie souvent de ramener le monde à la raison.
Voyez le langage qu'il utilise. Ce n'est pas nous qui tenons ce langage, quoique j'aurais bien aimé. C'est le Globe and Mail qui s'exprime sur un sujet où le gouvernement tente de faire passer ses désirs pour de la bienveillance maternelle et de la modernisation.
M. Alexandre Boulerice: C'est un mot clé, modernisation.
M. David Christopherson: C'est un mot à la mode, qui excuse bien des fautes politiques.
Je reprends:
Mais cela aussi est une farce. Le premier ministre pense-t-il vraiment qu'il existe un déséquilibre en faveur de l'opposition qui empêcherait le gouvernement de faire son « devoir »? Que les dés sont pipés contre lui? Si c'est le cas, il est absurde.
Le gouvernement propose aussi, faut-il préciser, de limiter à 10 minutes les interventions des membres des comités. À l'évidence, on cherche à empêcher l'opposition d'afficher publiquement sa dissidence en bloquant systématiquement les travaux.
Cela vous dit quelque chose? Parce que c'est exactement là où nous en sommes. Projetons-nous dans un an d'ici, si le gouvernement avait gain de cause et qu'il faisait quelque chose que le Globe and Mail dénoncerait aussi fermement qu'aujourd'hui, nous n'aurions plus la possibilité de faire ce que nous faisons maintenant, retarder le gouvernement.
C'est tout. Nous ne sommes pas en train de défaire le gouvernement. Nous ne l'empêchons pas d'exercer le pouvoir, sinon en exerçant notre droit de... Et rappelez-vous, c'est lui qui a préféré cette obstruction d'une durée indéterminée, plutôt qu'une petite à durée limitée comme cela se fait en comité, où on se réunit deux fois par semaine de 11 heures à 13 heures. Si les choses s'étaient déroulées comme M. Reid et moi le pensions, nous serions peut-être dans la même impasse, mais l'obstruction se ferait seulement le mardi et le jeudi entre 11 heures à 13 heures, lors des séances régulières du Comité.
Cela se produit tout le temps sur la Colline. On compte ici quelque chose comme 26 comités et, corrigez-moi si je me trompe, neuf salles de comité. Il y a plus de réunions en cours à tout moment, et je vous garantis que dans le courant d'une semaine, il y a au moins une menace ou un indice, sinon une demi-douzaine, que si le gouvernement ne se montre pas un peu plus raisonnable, il risque fort de provoquer de l'obstruction systématique. Cette menace, voire le moindre soupçon qu'elle se réalise, suffit souvent à prévenir un embâcle, et vogue la galère.
Enfin, le droit de parler jusqu'à ce qu'on ait fini n'est pas juste une affaire d'obstruction ou de cabotinage comme j'en fais maintenant.
Une voix: Voilà qui est bien dit.
M. David Christopherson: Nous avons plus à perdre aussi. Une des choses dont nous tirons fierté est que, peu importe les limites qu'on nous impose à la Chambre, en comité, nous pouvons compter sur une certaine latitude de la part de la présidence. Nous nous appelons parfois par nos prénoms quand les travaux progressent vite et bien, et il est permis de faire de petites digressions bien plus qu'à la Chambre, où c'est plutôt strict. Il y a encore des restrictions, comme le président ne manque pas me le rappeler ici.
Il est bon aussi de savoir qu'on peut aller en comité et déballer un dossier. J'ai parlé de la qualité de l'eau, un gros enjeu à Hamilton, et de l'environnement du havre de Hamilton, et non pas de la baie de Burlington, comme nos voisins s'obstinent à l'appeler. C'est une vieille querelle chez nous.
En partie parce que j'aime parler... encore une fois, on me le reproche à juste titre, et je l'accepte volontiers... mais surtout, il s'agit souvent, quand on arrive en comité... Bien des fois à la Chambre quand on étudie un projet de loi, on n'a même pas la chance de parler, parce qu'il n'y a pas tant de créneaux pour le faire. Nous sommes 338 et il n'est pas toujours possible de donner la parole à tous ceux qui veulent s'exprimer sur un point, étant donné que le temps consacré aux projets de loi est relativement limité.
Heureusement, pour compenser, nous pouvons nous réunir en comité, présenter tous nos arguments, disséquer point par point le projet de loi, la motion ou le sujet du jour, prendre le temps d'analyser en détail les enjeux qui préoccupent nos commettants, le point de vue qu'ils ont sur telle question qui touche à leur qualité de vie. Nous trouvons pour la plupart que c'est là un bon compromis, que nous sommes limités à la Chambre par des considérations pratiques et par les lois de la physique. Le temps nous est compté. Heureusement, nous pouvons nous reprendre en comité.
Durant mon temps de parole, si un député du gouvernement me dit: « Dave, pouvons-nous nous arrêter un instant sur ce point? Approfondir un peu? Nous voyons les choses différemment, vous du point de vue de vos commettants qui sont touchés et nous, pas nécessairement. »
Je vais dire oui, bien sûr. Je n'ai rien à perdre et tout à gagner. Voici un député ministériel qui écoute ce que j'ai à dire, qui se soucie du point de vue que je défends au nom des gens de Hamilton-Centre, qui veut s'assurer que je comprends bien, ou poser des questions pour mieux connaître ma position. Je suis tout à fait d'accord, monsieur le président. C'est très rare que nous refusions la parole à un collègue qui veut nous interrompre; nous savons que notre temps de parole n'en sera pas réduit, il est illimité. Nous serons pris avec moi qui voudrai discuter jusqu'à ce que j'en aie terminé. Alors mon collègue, qu'il soit conservateur, libéral ou de mon caucus, aura son tour et je l'écouterai aussi longtemps qu'il lui faudra pour défendre son point et disséquer les enjeux qui touchent ses commettants. Voilà aussi ce que nous risquons de perdre si on limite à 10 minutes notre temps de parole.
À moins qu'on veuille ménager la capacité du gouvernement d'expédier plus rapidement les travaux en comité et obtenir une garantie absolue du moment où le projet de loi sera adopté à la Chambre, je ne vois pas d'autre justification. Si vous prétendez, comme le dénonce cet éditorial, que l'opposition a trop de pouvoir et que les choses n'avancent pas à votre goût, ça ne prend pas. À ce que je sache, le droit de s'exprimer librement en comité sans risquer la clôture ou la guillotine, comme on dit dans certains milieux parlementaires... On a le droit de s'exprimer librement. N'est-ce pas le droit fondamental que nous croyons tous avoir en tant que députés?
Nous sommes tous souverains dans la mesure où chacun de nous est arrivé ici par le même chemin, celui du système uninominal majoritaire à un tour. Nous devrions avoir la représentation proportionnelle, mais le système est ce qu'il est et c'est ainsi que nous sommes tous arrivés ici. Pour autant que je sache, depuis le début, en comité, les députés ont eu le droit de dire leur mot.
Je poursuis ma lecture de l'éditorial, monsieur le président:
Le gouvernement propose aussi, faut-il préciser, de limiter à 10 minutes les interventions des membres des comités. À l'évidence, on cherche à empêcher l'opposition d'afficher publiquement sa dissidence en bloquant systématiquement les travaux.
Je viens tout juste de signaler d'autres choses que nous perdrions si on imposait une limite arbitraire de 10 minutes à notre temps de parole en comité. Même si on peut s'inscrire au rôle encore et encore, ce n'est pas pareil.
Je poursuis:
Une autre proposition consiste à recourir à des motions de « programmation », où l'opposition et le gouvernement s'entendent pour répartir le temps consacré à l'étude des projets de loi. Le gouvernement s'éviterait ainsi l'odieux d'attribuer le temps de façon unilatérale.
Une autre encore veut que le Parlement adopte les fameuses Questions adressées au premier ministre, comme en Grande-Bretagne, où pendant 30 minutes le mercredi, le premier ministre est sous le feu des questions des chefs de partis d'opposition. Ainsi, M. Trudeau pourrait fort bien s'en tenir à sa seule période de questions par semaine, ce qui réduirait d'autant l'intérêt des médias pour les journées où il s'absente...
On voit cela souvent, que l'attention se détourne parce que le n'est pas là, et il est de moins en moins là.
... et affaiblirait encore l'imputabilité du gouvernement.
D'ailleurs, pour rester dans le propos, nous avons vu hier le se lever pour répondre à chaque question et créer ainsi de facto la période des questions adressées au premier ministre. Un mercredi, comme par hasard!
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il n'a fallu pour cela changer aucune règle. Je ne m'éterniserai pas là-dessus, mais j'ai entendu un député ministériel... je crois que c'était en comité, à moins que je ne l'aie lu quelque part... raisonner que cette idée était tellement géniale qu'il faudrait l'adopter pour le grand bien des parlements futurs. Voyons donc, ça n'a pas de bon sens.
C'était un des meilleurs arguments pour être capables de faire des changements, et voilà qu'on a trouvé une façon détournée de procéder sans changer la moindre règle. Il semble donc maintenant que le mercredi soit le jour des questions adressées au . D'accord, pourvu que le soit présent les autres jours aussi, peut-être pas tous, vu qu'il a des responsabilités, mais plus qu'un seul jour en tout cas.
Je poursuis:
On trouve quelques idées utiles dans le document de travail du gouvernement, mais elles pâlissent devant le désir des libéraux de faciliter encore plus la vie d'un gouvernement majoritaire.
Je ne sais trop comment il s'y est pris, mais M. Chrétien a dirigé trois gouvernements majoritaires avec les règles actuelles, et il a réussi à faire adopter assez de mesures pour pouvoir dire aux citoyens: voici ce que j'ai fait avec le mandat que vous m'avez donné. Sans parler du père de l'actuel , qui a réussi à rapatrier la Constitution et à l'accompagner de la Charte des droits et libertés, un haut fait pour lequel on se souviendra de lui comme d'un dirigeant de toute première importance dans l'histoire de notre pays, c'est le moins qu'on puisse dire. Pierre Elliott Trudeau a réussi tout cela en dépit de tous les moyens d'obstruction dont dispose l'opposition. En fait, il en a probablement subi encore moins.
Tous ces gouvernements libéraux ont réussi à survivre à l'horrible menace que représente l'obstruction systématique, elle qui, jour après jour, étouffe peu à peu la vraie démocratie et dénie au gouvernement majoritaire du jour le droit d'exécuter le mandat pour lequel il a été élu.
En dépit de tout le pouvoir et de tous les moyens dilatoires de l'opposition, un gouvernement libéral a quand même réussi à rapatrier intégralement la Constitution. Mais les règles en vigueur ne conviennent pas au gouvernement actuel. Peut-être ses prédécesseurs libéraux ont-ils dû travailler plus fort que lui ne le souhaite, ou peut-être le facteur de nuisance a-t-il juste augmenté avec le temps, dans sa perception de l'opposition.
Il devient difficile de croire, ou plutôt mince pour le gouvernement de prétendre, qu'il a besoin des règles qu'il propose parce qu'une opposition récalcitrante fait usage de ses immenses pouvoirs pour contrer la volonté d'un gouvernement majoritaire libéral dûment élu, ou du moins qu'il entrevoit une façon de « faciliter encore plus », comme dit le Globe and Mail, l'exercice du pouvoir.
C'est pratiquement l'essence même du régime parlementaire, d'ailleurs, de faire en sorte que le parti ministériel se la coule la plus douce possible tant qu'il est au pouvoir. Nous savons tous que c'est la raison d'être du Parlement, faciliter la vie au gouvernement.
Bien entendu, cela ne tient pas debout.
Je reprends ma lecture:
Il est aussi décevant de constater à quel point les libéraux sont à contre-courant. Le déséquilibre au Parlement du Canada joue entièrement en faveur d'un gouvernement majoritaire et de son programme législatif, non pas l'inverse, comme le prétend absurdement le parti de M. Trudeau.
On ne dit pas « prétend » tout court. Ces éditorialistes ont vraiment le génie des mots.
Nous nous plaisons à penser que nous aussi, mais s'il y a quelqu'un qui mérite le titre... et je suis prêt à m'en remettre à M. Reid et à sa connaissance du domaine... s'il y a lieu de décerner à qui de droit le titre de génie des mots, il revient aux éditorialistes du Globe and Mail. Ils ne lancent pas des mots à la légère. C'est leur travail, les mots et le sens des mots, alors ils les choisissent avec soin. Je les soupçonne de se consulter parfois pour être certains que de tous les mots qu'offre la langue, ils choisissent celui qui rend le mieux, avec le plus de précision, l'idée qu'ils veulent exprimer dans une phrase.
Ils ont dû faire des pieds et des mains pour arrêter leur choix sur le mot « absurdement », parce qu'il est absurde de dire que le Parlement est biaisé en faveur de l'opposition. On peut difficilement lire la phrase sans éclater de rire. Rappelez-vous, c'est le Globe and Mail qui emploie le terme « absurdement »
Je poursuis:
C'est que les députés, qu'on élisait autrefois pour former des gouvernements et pour les surveiller, servent aujourd'hui surtout les désirs de leur parti.
Encore une fois, monsieur le président, j'ai aimé beaucoup de mes interactions avec M. Reid, un homme versé dans l'histoire de notre Parlement et du parlementarisme en général, et dans les sciences politiques. C'est un grand érudit et j'aime bien échanger avec lui.
Il n'y a pas si longtemps, je me souviens, nous débattions de la même question, celle de savoir à quel point nous avons perdu de vue ce que signifie réellement la démocratie parlementaire.
Je vais juste revenir brièvement à un exemple patent. Dans la Province de l'Ontario, autrefois, quand vous élisiez un député à l'Assemblée législative, il était votre représentant, c'était fondamental. C'était son travail de vous représenter au Parlement. Collectivement, les députés formaient et exerçaient les pouvoirs dévolus par la Constitution. Ce lien entre la personne élue et ses commettants était tellement fort, tellement bien compris. Si le premier ministre l'invitait à se joindre au conseil exécutif, à son Cabinet, autrement dit à la Couronne, alors le député devait renoncer à son siège, se présenter à nouveau dans la circonscription et obtenir la permission de faire passer avant ses commettants son serment et son devoir de s'acquitter des obligations ministérielles. On dirait presque un pays différent, mais quand on s'arrête au principe...
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Je suis heureux de ce qui vient de se produire, parce que c'est un exemple du genre de dynamique qu'il y a entre nous lorsque nous abordons des enjeux. Nous pouvons toujours nous fier à M. Reid pour nous fournir le contexte historique et nous montrer la voie ou nous souligner les leçons apprises dans le passé. Puis, des membres plus récents peuvent présenter leurs idées.
Mais, surtout, c'est une question de respect. Monsieur le président, je crois que tous ceux qui ont regardé cette brève interaction entre nous quatre ont eu droit à un très bon exemple de la façon dont nous pouvons travailler ensemble, que les caméras tournent ou non. Je mets quiconque au défi de me contredire. C'est intéressant, surtout lorsqu'on s'unit autour d'une cause commune, ce qui se produit la plupart du temps dans le cadre des travaux du Comité, comme c'est le cas dans le comité des comptes publics, contrairement à tous les autres comités de la Chambre.
Je le mentionne parce que je soulignais tout le chemin parcouru dans le cadre de notre processus évolutif. Étape par étape, d'une législature à l'autre, les choses évoluent, et les intérêts changent. Je lis actuellement un livre qui s'intitule Blood Oil; je crois que nous en avons tous obtenu un exemplaire. J'en suis environ au tiers, et il est entre autres question de la monarchie britannique et du transfert des pouvoirs de la Couronne, au bout du compte, au Parlement, tout comme de la guerre civile et de la façon dont tout a été chamboulé. Ils se sont débarrassés du monarque et lui ont coupé la tête. Puis, le chef du gouvernement qui a pris le pouvoir a fini par être lui aussi un genre de monstre tyrannique, et, au bout du compte, la monarchie est revenue. Cependant, ce qui est intéressant, c'est qu'il était question du pouvoir fondamental du Parlement de contrôler les mesures fiscales. Le fait d'avoir le contrôle sur les mesures fiscales limite le pouvoir de la Couronne. De nos jours, la Couronne, dans notre monarchie constitutionnelle, est représentée par ceux qui font partie du conseil exécutif, ce qu'on appelle couramment le Cabinet.
Je voulais seulement souligner le fait que nous nous sommes tellement éloignés que la relation qui existait entre les électeurs et les élus était très solide avant et que, pour se joindre au Cabinet, il fallait céder son siège, puis se présenter aux élections et gagner, sachant que nos électeurs nous permettaient de nous occuper d'autres priorités qu'eux; parce que, en effet, une fois qu'on est ministre, nos responsabilités conformément à ce serment professionnel doivent devenir notre priorité. Cela ne signifie pas qu'on oublie nos électeurs — bien au contraire —, c'est en fait un avantage, parce qu'on a davantage l'occasion d'influer sur les choses qui peuvent avoir un impact sur notre circonscription et qu'on peut participer à ces dossiers. Cependant, fondamentalement, lorsqu'on se joint au Cabinet, les affaires du gouvernement deviennent la première priorité, et donc, si l'on revient à la base, avant, il fallait obtenir une permission pour choisir des priorités autres que les dossiers importants pour nos électeurs. C'est fascinant.
Encore une fois, si l'on remet cette discussion dans le contexte actuel, où en arrivons-nous au bout du compte? Si on fait une extrapolation et qu'on s'imagine que, toutes les deux ou trois législatures, les parlements obtiennent de plus en plus de pouvoir, et l'opposition perd toutes ses occasions d'exercer un certain pouvoir, où en serons-nous dans 150 ans? C'est un peu effrayant de penser à retourner un peu plus de 150 ans en arrière, soit au monde que M. Reid et moi venons de décrire, à cette relation et à ce qu'il fallait faire. Lorsque je me suis joint au Cabinet, tout ce que j'ai eu à faire, c'était de dire oui. C'est tout. J'ai signé un document, prêté serment et voilà, j'étais ministre du Cabinet. S'il y a eu autant d'évolution et de dévolution, au cours des 150 dernières années, où serons-nous dans 150 ans de plus? Combien encore de la magie qui fait de notre système parlementaire le meilleur système possible dans le monde — selon bon nombre d'entre nous — restera-t-il?
Un Parlement sain doit compter sur une opposition saine, dynamique et loyale. Sans cela, on parle, au mieux, d'autocratie, et — je suppose — dans le pire des cas, de dictature. Ni l'un ni l'autre n'est acceptable ni bon pour les gens ordinaires.
Vous serez heureux de savoir, monsieur le président, qu'il ne reste que deux autres brefs paragraphes à cet éditorial. Puis, nous passerons à ce que vous aimez le plus de moi: de la nouveauté, parce que, dans ce cas-là, je ne me répète pas.
Je poursuis:
Il faut admirer le Globe and Mail. Je n'ai pas lu l'article depuis deux ou trois jours. J'avais oublié que cet extrait s'en venait. Ah, ah! N'est-ce pas merveilleux? Ça boucle la boucle.
La neutralisation des députés est un processus qui a été constant au cours des 50 dernières années, et c'est la raison pour laquelle tant de Canadiens trouvent le Parlement inutile.
On parle ici des règles actuelles, celles qui, selon le gouvernement, donnent trop de pouvoir à l'opposition et sont en train de devenir nuisibles à l'efficience rapide des voies ensoleillées.
Je poursuis:
L'obstruction de l'opposition et une période de questions à laquelle participe le premier ministre sont parmi les dernières façons pour nos représentants élus de tenir responsable un gouvernement majoritaire.
Je vais céder la parole à M. Reid, qui réussit habituellement très bien à décortiquer ces extraits — je le sais — pour ensuite y insuffler du concret, mais j'ai bien l'impression que ç'aurait pu être Nixon. Il y a eu un président américain qui a dit publiquement quelque chose du genre, qu'il aimerait avoir le pouvoir d'un premier ministre majoritaire dans le cadre du système parlementaire canadien, parce que, pour ce qui est du pouvoir direct absolu — nonobstant le bouton de lancement des missiles nucléaires, et nous ne voulons même pas y penser ces jours-ci —, le pouvoir d'un premier ministre canadien au sein d'un gouvernement majoritaire est extraordinaire.
Peu importe le joli nouveau processus qui nous y mène, la décision finale quant à l'identité des membres de la Chambre haute revient au . En fait, c'est la Reine, puis notre gouverneur général, et la décision est fondée sur une recommandation. C'est présenté ainsi, mais nous savons tous que, en réalité — et personne ne remet ce fait en question —, c'est le premier ministre qui nomme les membres de la Chambre haute.
J'aimerais rappeler que Poutine, au plus, nomme les gouverneurs. Il a changé la méthode: avant, on les élisait, mais maintenant, lui les nomme.
Notre nomme — et ça me brise le coeur de le dire puisque je suis un homme du peuple — les membres de la Chambre haute, de la Chambre rouge, la chambre qui représente la Couronne et les intérêts acquis. Il en a toujours été ainsi.
De plus, le nomme les juges de la Cour suprême du Canada. Actuellement, un certain président américain — comme c'est le cas des présidents américains du passé — donnerait tout pour pouvoir simplement dire, puis signer un papier qui le confirme, qui sera le prochain juge de la Cour suprême américaine. Cependant, il doit y avoir tout un processus d'audiences, puis un vote du Sénat. Nous n'avons pas ce genre de « nuisance », ici, avec laquelle le doit composer.
Ce n'est que depuis peu, et seulement parce que nous créons une nouvelle convention — dans assez longtemps, ce sera une convention, et je crois qu'on s'approche de cette époque — que le gouvernement peut conclure unilatéralement des traités internationaux.
Nous élaborons actuellement une convention en vertu de laquelle certains de ces traités et accords sont déposés devant la Chambre aux fins de débats et de vote. C'est parfait, mais il faut bien comprendre que ce n'est pas le processus établi. Les choses se passent ainsi en raison de la dynamique politique actuelle.
Le droit juridique de conclure un traité sans l'approbation du Parlement est entièrement la prérogative constitutionnelle du gouvernement au pouvoir; et le gouvernement au pouvoir, s'il est majoritaire, c'est, au bout du compte, le premier ministre. Ce pouvoir s'ajoute à tous les autres pouvoirs qui reviennent déjà au premier ministre. C'est la raison pour laquelle un président américain, que nous percevons souvent comme étant omnipotent, regarde avec envie au nord de la frontière et ne peut que rêver d'avoir ne serait-ce qu'une partie du pouvoir — du pouvoir accru — que détient un premier ministre majoritaire au sein du système parlementaire canadien.
Cela nous amène au dernier paragraphe du premier éditorial:
Un parti vraiment déterminé à favoriser la démocratie augmenterait l'indépendance des députés et leur permettrait de voter librement plutôt qu'en bloc, sous le contrôle du Cabinet du premier ministre ou du bureau du chef de l'opposition. Nous nous retrouvons plutôt avec les libéraux de Trudeau, dont les nouvelles règles menacent de rendre le gouvernement moins responsable et non plus.
C'est tiré du Globe and Mail et ce n'est pas exactement une analyse neutre, objective, froide et impartiale. Elle est teintée d'émotions et elle est émaillée de mots qui suscitent une réaction. L'auteur s'est évertué à faire ces choix.
N'oubliez pas, monsieur le président, que — du moins c'est ce que j'en ai compris — le gouvernement prévoyait que, lorsque les commentateurs allaient commencer à s'intéresser à autre chose qu'au budget, ils allaient s'intéresser brièvement aux travaux du comité de la procédure et des affaires de la Chambre et commenceraient à donner leur avis. Le gouvernement espérait que, à ce moment-là, au moment de la publication de cet éditorial — et d'autres éditoriaux aussi — le contenu en serait terriblement différent.
Je vois que mon collègue M. Doherty est de retour parmi nous.
Je suis heureux de vous voir, monsieur.
:
N'oubliez pas que vous allez avoir tout ce que je suis. Vous ne pouvez pas trier sur le volet les parties que vous aimez, si rares soient-elles.
Je continue:
Les Canadiens ont adhéré à la vision positive de Trudeau, et les premiers signaux leur ont donné espoir. Son ouverture... est clairement une amélioration comparativement à son prédécesseur. Le démusèlement des scientifiques du gouvernement et le rétablissement du formulaire détaillé du recensement étaient, aussi, des pas dans la bonne direction.
C'est vrai. Et l'article se poursuit:
Cependant, d'autres façons importantes, le premier ministre ne livre pas la marchandise. Ses retards liés aux réformes du cadre d'accès à l'information, son utilisation entêtée des activités de collecte de fonds où les gens paient pour avoir accès à lui, sa fausse promesse de nominations « ouvertes », sa parodie de réforme électorale — toutes ces choses affaiblissent la démocratie. Les propositions liées à la réforme procédurale auraient, au bout du compte, le même impact.
Cela signifie qu'elles auraient pour effet d'« affaiblir la démocratie ».
Monsieur le président, je suis heureux de vous dire que nous en sommes au dernier paragraphe de cet éditorial.
Un député: On en veut plus.
M. David Christopherson: Voici la conclusion:
L'augmentation de la confiance du public que Trudeau a apportée à Ottawa est une excellente occasion pour un gouvernement ambitieux de jouer un rôle actif. Cependant, cela s'accompagne aussi d'un risque. Nous voyons en Amérique et ailleurs ce qui peut se produire lorsque l'espoir se mute en cynisme.
On croirait presque lire un éditorial d'un journal interne du NPD. Wow! Et ce sont vos amis?
J'ai quelque chose de nouveau pour vous. Je sais que vous aimez le nouveau, parce que cela signifie que je ne me répète pas.
Qui n'aime pas écouter et entendre Andrew Coyne? Je croyais que certaines personnes allaient répondre à haute voix, mais...
C'est un homme fascinant. J'aime toujours son honnêteté lorsqu'il passe à l'émission At Issue. On ne peut jamais être sûr: « les arguments types ne sont pas notre genre » serait l'une des façons de décrire M. Coyne. On ne sait jamais vraiment exactement d'avance ce qu'il fera. Mon impression, c'est qu'il tente constamment d'éliminer les biais et d'être le plus équitable possible dans son approche et son analyse, et c'est la raison pour laquelle les gens écoutent ce qu'il a à dire. De toute évidence, c'est un conservateur avec un petit « C ».
Les points de vue qu'il utilise font souvent en sorte qu'il a des opinions auxquelles on ne s'attendait pas du tout. Que je sois d'accord ou non, souvent, je suis pris de court. Personne ne peut accuser M. Coyne d'être la marionnette de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Nous savons que la démocratie est quelque chose de très important à ses yeux. Il est, bien sûr, un défenseur de la représentation proportionnelle, d'un point de vue conservateur, je dirais, pour la simple raison qu'on peut difficilement affirmer que le système uninominal à un tour est un système juste.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement libéral actuel a fait campagne en promettant de l'éliminer. Il ne s'est pas engagé à l'égard de la représentation proportionnelle. En fait, les libéraux espéraient obtenir le système du scrutin préférentiel. Ils ont fait tout en leur pouvoir pour traficoter les livres de façon à obtenir ce résultat, mais personne n'a mordu à l'hameçon. Tout le monde savait que, s'ils avaient fait adopter ce système en vitesse, ça aurait été là une autre preuve du fait qu'ils essaient de réparer le système à leur avantage. Nous savons que cela aurait mené à beaucoup plus de gouvernements libéraux majoritaires que n'importe quoi d'autre.
M. Coyne est l'un des fervants — je crois que je peux utiliser ce mot — défenseurs et promoteurs de la représentation proportionnelle. Le 27 mars... Non, il s'est intéressé au dossier encore plus tôt. Il faut lui donner beaucoup de crédit. Le budget était alors à l'ordre du jour, et ils ont tout de même réussi à voir cela, malgré l'écran de fumée et toute l'attention liée au budget. Ce n'est pas rien.
Quiconque est ici le jour de la présentation du budget ou la veille sait à quel point tout est sens dessus dessous ici. On ne peut pas faire autrement que savoir que le budget s'en vient. Dans le hall d'entrée, les gens commencent à apporter toutes les pièces d'équipement supplémentaires et tous les accessoires de plus. Il se passe beaucoup de choses, alors je dois dire que le fait qu'un observateur du monde politique, quel qu'il soit — puisse voir clair dans tout cela et remarquer quelque chose d'autre qui se passe dans une petite salle de comité du sous-sol, dans la pièce 112 Nord... Il faut leur donner cela, ils font leur travail.
Et qu'est-ce que le toujours très intéressant et le très respecté M. Coyne avait à dire à ce sujet?
Et là, nous savons tous que les journalistes — les auteurs — n'écrivent pas les titres. Les titres sont choisis par des responsables de la rédaction, et ces gens font partie de la direction. Dans de nombreux cas, les titres reflètent l'aspect le plus attrayant qu'on peut mettre de l'avant pour communiquer un message. Souvent, aussi, on choisit les titres parce qu'ils sont astucieux. Il doit y avoir des compétitions à l'échelle internationale où l'on souligne le travail des gens qui trouvent des titres intéressants, uniques et créatifs.
Dans ce cas-ci, le titre est: « Andrew Coyne: la nouvelle tentative de récrire les règles de la Chambre confirme qu'il ne faut pas faire confiance aux libéraux ». C'est un titre qui doit être difficile à entendre.
Monsieur le président, voici ce qui est écrit dans l'article:
Les 18 mois au pouvoir du gouvernement Trudeau nous enseignent le cynisme. Chaque fois qu'on croit avoir touché le fond, chaque fois qu'on croit avoir percé les nombreux voiles de leur duplicité, on est ravi de découvrir une autre supercherie en dessous, habituellement défendue par un ministre souriant qui gazouille des variations sur l'air de « Il est toujours possible de faire mieux » et « Notre diversité est notre force ».
Les représentants du gouvernement Harper n'ont jamais essayé de prétendre qu'ils étaient autre chose que des personnes extrêmement déterminées à avoir le pouvoir, des réalistes de l'école du « ne te fais pas trop d'illusions » et de « c'est le mieux qu'on puisse faire ». Les libéraux ont fait des pieds et des mains pour souligner qu'ils étaient différents, comme si on ouvrait la voie à un nouveau genre de politique, soit en raison des excès du gouvernement Harper, soit en raison du changement de garde des générations, soit à cause du simple attrait dynastique du roi hippie. Mais, bien sûr, l'idéalisme n'était qu'une nouvelle forme plus insidieuse de supercherie, ou peut-être une reprise d'un vieux tour où Trudeau campe Kennedy et Harper joue Nixon.
La dernière occasion que nous avons de nous rappeler à quel point les gens de Trudeau sont cyniques — ils le sont, ils ne le sont pas devenus —, c'est qu'on cerne les sordides expédients auxquels le gouvernement tente actuellement de recourir pour forcer l'opposition à accepter, au nom de la gentille notion de « réforme parlementaire ».
« La gentille notion »: j'adore ça. C'est toute une phrase:
La dernière occasion que nous avons de nous rappeler à quel point les gens de Trudeau sont cyniques — ils le sont, ils ne le sont pas devenus —, c'est qu'on cerne les sordides expédients auxquels le gouvernement tente actuellement de recourir pour forcer l'opposition à accepter, au nom de la gentille notion de « réforme parlementaire ».
C'est de la poésie.
Il poursuit:
Ceux qui connaissent le style de Trudeau reconnaîtront dans le terme « réforme », comme dans « nominations fondées sur le mérite » et « politiques fondées sur des données probantes » comme le présage d'une vaste farce...
N'est-ce pas excellent? Nous sommes en avril et on parle de « farce ». C'est tout simplement exquis. Il poursuit:
... et ce n'est pas une exception: on ne vise pas plus ici une réforme authentique du Parlement que le gouvernement cherchait à rendre les élections plus équitables avec sa Loi sur l'intégrité des élections.
On dirait quasiment que nous faisons équipe avec l'équipe de rédaction du Globe and Mail, l'équipe de rédaction du Toronto Star et M. Andrew Coyne. À un moment donné, le gouvernement devra peut-être se rendre compte que c'est son petit Johnny qui est déphasé. Je me rappelle l'ancienne blague. On peut probablement en trouver une meilleure variation que celle que ma mère me racontait et dont je me souviens, mais c'est l'histoire d'une mère qui, sur le bord de la rue, regarde une parade militaire et voit son fils Johnny. Johnny marche à un rythme différent de tous les autres, et sa mère dit: « Eh bien, regardez donc ça: c'est seulement mon fils qui le fait bien.»
Non, ce n'est pas Johnny qui a raison, pour revenir au fait que votre gouvernement est bien seul à dire que c'est la bonne chose à faire. Vous êtes vraiment déphasés par rapport au reste de la parade pour ce qui est de la réelle démocratie, d'une réelle réforme démocratique et d'un réel changement.
L'auteur poursuit:
Nous en avons eu un avant-goût précoce avec cette tristement célèbre motion numéro six, lorsque Dominic LeBlanc, l'icône de la politique nouvel âge, était leader parlementaire du gouvernement...
Je suis désolé, Dom, mais c'est drôle. Il poursuit, en parlant de la motion numéro six:
... une modification des règles de la Chambre des communes qui aurait miné le droit du Parlement de débattre des projets de loi — qui aurait, en réalité, permis à un ministre ou un secrétaire parlementaire d'ajourner unilatéralement la Chambre...
Vous vous rappellerez que je parlais tantôt de certains des pouvoirs qui auraient été donnés aux ministres. Wow. Voilà une mesure vraiment draconienne. En effet, c'est ce à quoi je faisais référence. Un ministre pourrait unilatéralement ajourner la Chambre — ou ce pourrait être aussi un secrétaire parlementaire. Ajourner unilatéralement la Chambre... C'est ce que voulait le Roi Charles. Il aimait l'idée, c'est très efficient. Dans un contexte plus moderne — et je ne dis pas que c'était le cas dans son temps — ce genre de position permet de garantir que les trains arriveront à l'heure en gare. Mais si on est préoccupé par autre chose, par quelque chose de plus global que simplement s'assurer que les trains soient à l'heure, alors on ne peut qu'être contre une telle mesure.
Les grands démocrates... Oui, c'est un vrai changement: nous sommes passés d'une Chambre démocratique à un système parlementaire... Je ne veux pas manquer de respect aux secrétaires parlementaires. J'en ai déjà été un. À l'échelon provincial, on les appelle adjoints parlementaires. Ma première nomination a été en tant qu'adjoint parlementaire du ministre des Finances, et j'ai gardé ce poste jusqu'à ce que j'accède au Cabinet en tant que tel. Je ne veux pas rabaisser les adjoints parlementaires ni les secrétaires parlementaires, mais je tiens à souligner qu'ils sont assez bas dans l'échelle du pouvoir absolu. Personne n'a jamais confondu les pouvoirs d'un secrétaire parlementaire et ceux d'un ministre à part entière — personne.
Cependant, ce gouvernement, le gouvernement libéral des voies ensoleillées et du respect du Parlement de , était prêt à donner aux secrétaires parlementaires le pouvoir absolu d'ajourner la Chambre des communes. Et ce n'aurait été là qu'un des problèmes. M. Coyne poursuit:
... tout en imposant de strictes limites à la capacité de l'opposition de retarder les procédures n'eût été de l'affaire du coude.
Il sait être très drôle, non? Il poursuit:
Déjà là, on aurait dû comprendre à quel point les nombreuses déclarations de Trudeau étaient sincères concernant son respect pour la responsabilité démocratique: elles étaient aussi calculées et fausses — et aussi utiles! — que son féminisme.
Aïe! Ça, ça fait mal. Il dit:
Et là, les libéraux sont de retour, avec une nouvelle leader parlementaire inattaquable, Bardish Chagger, et ils tentent à nouveau de réécrire les règles de la Chambre dans l'intérêt de l'« efficience ».
Mon ajout éditorial serait — « dans l'intérêt de s'assurer que les trains sont à l'heure ». Il poursuit, monsieur le président en ces termes:
Officiellement, c'est seulement un « document de travail », mais, si c'est le cas, c'est un document que le gouvernement semble particulièrement réticent à aborder ou même à expliquer. Encore une fois, il y a des limites de temps proposées sur les tactiques procédurales de longue date que les partis de l'opposition peuvent utiliser pour retarder les affaires du gouvernement ou, sinon, exprimer leur mécontentement. Il y a donc aussi de nouvelles propositions encore plus draconiennes...
Ce n'est pas seulement moi qui utilise ce mot, M. Coyne croit que c'est le mot approprié dans ce contexte.
Encore une fois, monsieur , je crois qu'on peut avouer que M. Coyne pourrait être décrit comme un « auteur littéraire »: chaque mot qu'il utilise compte, et M. Coyne réfléchit à son impact, il l'utilise aussi à des fins stylistiques, mais, au bout du compte, il l'utilise pour son impact. Il a utilisé le mot « draconien ».
Encore ici, mon bon ami John Baird aimerait entendre tout ça, parce que j'avais l'habitude d'utiliser ce mot lorsque j'étais confronté à Mike Harris. J'avais déjà eu l'occasion, avant l'arrivée de Harper, de lutter contre des autocrates de droite. De toute façon, j'utilisais toujours le mot « draconien », et cela faisait toujours bien rire John dans différents contextes.
Je poursuis. M. Coyne dit ensuite ce qui suit:
Il y a aussi des propositions nouvelles et encore plus draconiennes pour limiter les débats et l'examen minutieux lié aux affaires du gouvernement, entre autres en raison d'un nombre fixe de jours pour chaque étape des projets de loi devant la Chambre — ce qui épargne au gouvernement la nécessité déplaisante d'avoir à faire adopter une motion pour limiter le débat — des limites sur les discours prononcés dans le cadre des travaux des comités...
C'est quelque chose que j'ai répété jusqu'à satiété et sans arrêt. Le président hoche la tête, parce qu'il doit rester là à écouter tout ce qu'on dit. M. Coyne poursuit:
... et l'élimination des séances du vendredi.
D'autres propositions ressemblent davantage à des occasions ratées. Comme au sein du Parlement britannique, on propose de réserver une période de questions par semaine aux questions à l'intention du premier ministre, ce qui serait davantage digne d'éloges si cette mesure venait s'ajouter à sa présence régulière aux périodes de questions quotidiennes plutôt que — ce qui semble fort probable — les remplacer.
Monsieur le président, encore une fois, il faut souligner que quasiment chaque commentaire de chaque membre de l'opposition, de l'équipe de rédaction du Globe, de l'équipe de rédaction du Star, et, maintenant, de M. Coyne, souligne que la question de savoir si le fait d'utiliser le mercredi pour permettre au premier ministre de répondre à toutes les questions est une bonne ou une mauvaise chose tient en grande partie à la question de savoir si ce sera la seule fois où le premier ministre se présentera, auquel cas, ce serait un très net avantage pour le gouvernement, qui n'aurait plus à perdre du temps pour se préparer à la satanée période de questions, chaque jour.
Encore une fois, je comprends. La période de questions n'était pas exactement ma période préférée lorsque j'étais ministre, c'est sûr. Je me souviens que la plus belle chose que je pouvais entendre, c'était, à un moment donné, en juin, lorsque le Président disait: « la Chambre ajourne jusqu'en septembre ». Je me disais: « Ah, parfait ». C'est la meilleure période pour un ministre du Cabinet: lorsqu'on n'a plus à subir ces satanées périodes de questions. Il fallait passer plein de temps pour se préparer. On n'a plus à s'occuper de tous les aspects complexes de notre portefeuille. On n'a pas à subir le stress lié aux points de presse subséquents, qui sont souvent encore plus durs que la période de questions à la Chambre. À la Chambre, tout ce qu'on a à faire c'est de répondre et de s'asseoir. Ce n'est pas aussi facile durant les points de presse.
C'était toujours bon à entendre: la Chambre ajourne pour l'été jusqu'à... On pouvait ensuite gouverner pendant deux mois sans cette Chambre et ces satanées périodes de questions. J'abattais beaucoup plus de travail. Ma journée était beaucoup plus productive parce que je n'avais pas à réserver de 45 minutes à une heure ou encore à deux heures pour me préparer à la période de questions.
Vu les ministères dont je m'occupais, c'est-à-dire celui du Solliciteur général et des Services correctionnels, c'est donc dire tous les services de police, tous les services d'incendie et tous les services d'urgence en plus des prisons et des services de probation et de mise en liberté sous condition, et ainsi de suite, et j'en passe... ce sont toutes des choses qui font d'excellentes manchettes. Vous savez ce qu'on dit: sang versé, grands titres assurés. Je ne peux pas vous dire combien de fois j'ai été la cible de la première question de l'opposition officielle, puis de M. Harris, qui était chef du troisième parti. Si ce n'était pas assez, le sénateur Runciman, qui siège à l'autre endroit, ici, était alors mon critique là-bas, et si Bob Runciman s'en est déjà pris à vous, vous savez que ce n'est pas une sinécure.
C'était une très bonne personne, soit dit en passant.
Si vous me le permettez, je vais vous raconter une histoire rapidement. Nous nous apprêtions à reprendre les travaux, en septembre, près de la fin de notre mandat, et nous avions une assez bonne intuition que la Chambre n'allait peut-être pas revenir, alors certains des anciens se levaient pour dire certaines choses qu'ils voulaient ajouter au compte rendu. Au bout du compte, la Chambre n'est pas revenue, et il y a eu des élections générales.
Le sénateur Runciman a été très généreux lorsqu'il s'est levé. Nous avions eu pas mal de solliciteurs généraux, des libéraux et des néo-démocrates. Le ministère semblait les broyer et les user. C'était mon tour de passer à tabac, et Bob a eu l'amabilité de se lever et de dire — je ne me rappelle pas ses mots exacts — que j'avais été l'un des plus gentils et des plus efficaces depuis un certain temps.
C'était un très beau compliment qu'on n'entend habituellement pas les gens dire, surtout Bob. Je ne le dirai pas, mais si quelqu'un connaît son surnom, vous savez qu'il n'a pas l'habitude de lancer des fleurs aux ministres à la Chambre, particulièrement lorsque c'est lui le critique. Cependant, il l'a fait à cette occasion. C'était quasiment une demi-phrase, ce n'était pas beaucoup. Puisque je suis un politicien et que je ne rate jamais une occasion, pouvez-vous imaginer ce qui s'est produit dans le cadre des élections provinciales suivantes dans Hamilton-Centre? Il y avait de très grosses lettres contenant des citations des critiques du ministre, qui disaient même des choses merveilleuses sur l'excellent travail que j'avais fait.
Bien sûr, j'étais à la Chambre quelques jours après les élections et j'ai levé la tête. Bob Runciman était debout devant moi et m'a dit: « merci, Dave, merci beaucoup ». Vous savez aussi bien que moi ce qu'a dû lui dire le candidat conservateur dans ces élections: « qu'est-ce que tu fais? Tu crois nous aider? Merci beaucoup ». Et là, je ne mentionne pas que j'ai un peu failli enfreindre un code tacite. On ne fait pas ce genre de choses, surtout lorsque quelqu'un n'agit pas comme à l'habitude. Le problème, c'est que j'ai appris l'existence de ce code après. Je ne l'ai pas fait délibérément. Je savais que ça n'allait pas être bien vu dans son camp, mais je ne m'en faisais pas trop pour lui. Les élections s'en venaient, et je m'inquiétais pour mon élection.
De toute façon, je dis tout cela parce qu'il y a un genre d'uniformité dans la quasi-totalité des arguments. Permettez-moi de le dire ainsi: avez-vous remarqué que, dans les critiques respectées du Globe and Mail, du Toronto Star et de M. Coyne, nonobstant le fait que l'accusation de cabotinage est justifiée et que je l'accepte parce que c'est vrai... Nous n'utilisons pas un très grand nombre d'arguments qui sont sans queue ni tête et que ne confirment pas ces autres entités sérieuses? Elles n'en ont que faire de nos jeux politiques. Elles traitent des enjeux tels qu'elles les voient.
Je crois que c'est édifiant que les arguments utilisés dans les trois cas sont aussi similaires à nos arguments, tout comme le fait que nous n'avons pas formulé d'argument que ces sources n'ont pas elles-mêmes souligné... Encore une fois, monsieur le président, je soulève toutes ces choses afin d'expliquer les raisons pour lesquelles, selon moi, le gouvernement a procédé de la sorte et afin d'essayer de trouver une quelconque justification pour tout cela... Au mieux, c'est un plan qui a échoué. Ces commentaires des groupes de rédaction, des comités de rédaction et des personnes de l'envergure de M. Coyne reflètent le fait qu'il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.
Tous les blâmes pointent directement vers le gouvernement libéral, qui, encore maintenant, refuse de reconnaître les critiques légitimes de l'opposition et des tierces parties intéressées dans le cadre de notre démocratie pluraliste. C'est très révélateur, et aussi un peu inhabituel.
Habituellement, ce qui se produit, c'est qu'on utilise à peu près tous les arguments. Très souvent, on fait flèche de tout bois pour voir ce qui fonctionne. Ce sont toutes différentes techniques que nous avons utilisées et que les libéraux ont utilisées lorsqu'ils étaient dans l'opposition. Très souvent, lorsque les adultes se mettent de la partie et fournissent une analyse à tête reposée de la situation, une bonne partie des débordements d'imagination ne sont même pas mentionnés, parce que ces choses ont été dites davantage à des fins politiques et de divertissement qu'en raison de leur pertinence dans le dossier.
Je crois encore qu'on peut dire honnêtement — et je reconnais ici un peu mes torts — que c'est souvent la façon dont on procède. Les arguments de l'opposition sont rarement aussi ciblés et autant repris par d'autres tierces parties indépendantes. Le gouvernement devrait trouver cette situation inquiétante. En fait, une bonne partie de ce qui se passe devrait être inquiétante, mais, dans ce cas-ci, ce devrait l'être énormément. Il n'y a pas de fissure, ici. Ce n'est pas comme si le gouvernement allait prendre la parole dans une minute pour commencer à présenter... quoi? De meilleurs éditoriaux? Il y a peut-être certaines personnes qui soutiennent le gouvernement, et j'aimerais bien savoir quels journaux mettent leur réputation sur la sellette pour appuyer ce genre de choses, mais il est évident que le gouvernement ne pourra rallier à sa cause aucun des intervenants d'importance. Lorsqu'il y a un compliment, il vient avec son lot de critiques. Je vais y revenir dans une seconde, monsieur le président, mais je suis sûr que tout cela doit rendre les députés libéraux de l'arrière-ban nerveux.
Je tiens à rappeler aux députés libéraux de l'arrière-ban mon expérience et mes cicatrices, devrais-je dire, de l'époque où j'ai siégé au sein du gouvernement et des réélections qui ont suivi. Nous avons commencé avec une importante majorité de 74 sièges le soir de l'élection. À la fermeture des bureaux de vote, aux élections suivantes, nous n'étions que 17.
Un député: C'est honteux.
M. David Christopherson: La pertinence de mon message aux députés libéraux de l'arrière-ban, c'est que, parmi les 17, seulement quatre étaient des ministres, j'étais l'un d'eux. Le soir de l'élection en 1990, nous avions six circonscriptions. Il y avait six circonscriptions à Hamilton, et nous avions remporté les six. Durant les élections qui ont suivi, en 1995, lorsque j'ai regardé autour de moi, j'étais le seul néo-démocrate encore là, et j'ai gagné mon élection par moins de 1 000 votes, comme le sait trop bien.
C'était celle à laquelle vous avez participé, Filomena?
Mme Filomena Tassi: Oui.
M. David Christopherson: Filomena était mon opposante libérale et elle m'a quasiment vaincu, c'était proche. De mémoire, je crois avoir gagné par environ 900 votes.
Franchement, si les conservateurs n'avaient pas aussi bien fait, j'aurais été laissé derrière. Cependant, puisque l'équipe de Harris a tout remporté, il y a eu un effet d'entraînement suffisant — le parti n'a jamais pu remporter Hamilton-Centre — pour que je puisse sauver mes arrières. C'est l'élection la plus serrée à laquelle j'ai participé. J'ai gagné par un cheveu. Je voulais simplement souligner aux députés du gouvernement de l'arrière-ban que, des 17 députés élus, seulement quatre n'étaient pas des ministres, ce qui vous montre à quel point il est difficile de survivre lorsque la marée change et qu'on n'a pas la chance d'avoir eu la publicité dont profite le ministre, avec tous les avantages que cela inclut. Vous pouvez bien montrer que vous avez fait certaines choses, et patati et patata... Il n'y en avait que quatre sur 17, alors, lorsque les députés d'arrière-ban du gouvernement — c'est la plupart d'entre vous — commencent à voir un tel alignement des planètes, regardez bien ce qui se passe devant vous.
Les conservateurs et le NPD sont pratiquement des frères de sang ici. Saviez-vous que, une fois par jour, nous nous réunissons pour chanter Kumbaya? Si c'était permis, nous ferions un petit feu de camp et nous porterions un blouson d'équipe.
Un député: Des blousons bleus.
M. David Christopherson: Pas bleus, mais bleu et orange, ce qui, soit dit en passant, sont les couleurs que j'ai utilisées lorsque je me suis présenté au poste de maire, ce qui avait été un échec lamentable. Mais c'est une autre histoire.
La première chose que vous avez faite, c'est ce que d'aucuns auraient pu considérer comme un défi insurmontable, une tâche politiquement impossible, mais les libéraux l'ont fait: les conservateurs et les néo-démocrates sont unis au sein de l'opposition contre le gouvernement, au point où nos employés travaillent en collaboration à l'unisson. Certains d'entre nous estiment que nous devrions quasiment avoir une chaise avec notre nom dessus dans le bureau du , parce que nous sommes là tout le temps et je suis là moi aussi à ruminer, mais surtout à mettre au point des combines dirigées contre vous.
Habituellement, les libéraux peuvent s'attendre à ce que, comme l'idéologie des conservateurs et celle du NPD n'ont pas tendance à se chevaucher très souvent, la situation soit à leur avantage, surtout pour un gouvernement majoritaire qui a tous les pouvoirs dont nous avons parlé, et comme il en est question dans ces éditoriaux. Quoi de mieux pour compléter une majorité écrasante — avec tous les pouvoirs que vous avez — qu'une opposition divisée? C'est la situation idéale. Mais, dans ce cas-ci, le gouvernement peut se féliciter, parce qu'il a réussi à unir les députés de l'opposition.
Et comment y est-il arrivé, monsieur le président? En étant encore plus antidémocratique que Harper. Mais là, quelque chose m'a peut-être échappé. Je ne suis pas toujours le plus rapide, et je n'essaie pas de le faire croire.
Un député: Dites que ce n'est pas vrai.
M. David Christopherson: Eh bien, il faut être honnête. Lorsqu'on a mon âge, il faut réfléchir de façon honnête.
D'après moi, ce sont surtout les députés d'arrière-ban qui devraient bien réfléchir à cet alignement des planètes: l'opposition est unie, les principaux guides d'opinion du pays reprochent au gouvernement ce qu'il fait dans un dossier relativement auquel il a déjà brisé une promesse majeure et trahi des milliers de ses partisans et, jour après jour, le Comité continue de se réunir jour et nuit et n'a pas beaucoup de belles choses à dire au sujet du gouvernement.
Je ne sais pas à quoi ils pensent dans le CPM, mais si j'étais assis sur l'une des banquettes du gouvernement que je vois devant moi et que j'étais un des députés de l'arrière-ban, je prendrais tout ce qui se passe très au sérieux parce qu'une bonne partie des gens qui ont voté pour vous voulaient abandonner le système uninominal majoritaire à un tour. Vous avez promis de le faire et vous êtes revenus sur votre promesse. Faites-moi confiance: ce n'est pas un aussi gros problème pour un procureur général de surmonter ce problème et d'être réélu parce que, n'oubliez pas, « la politique est toujours locale ».
Monsieur Reid, quel leader à la Chambre américain a dit cela? Nous le savons tous les deux.
:
C'était Tip O'Neill, absolument.
La politique est toujours locale. Par conséquent, si j'étais un des députés d'arrière-ban du gouvernement — et plus particulièrement les membres du Comité, mais même un député de l'arrière-ban de façon générale — pour ce qui est de ma propre réélection, j'accorderais une grande attention à l'importance que peut avoir l'étiquette « antidémocratique » et à quel point il est difficile de s'en défaire.
Nous avons appris entre les branches qu'il y a eu des discussions intéressantes durant la séance de réflexion des libéraux du week-end dernier à ce sujet. Il semblerait — selon les échos que nous avons obtenus — que certains d'entre vous comprennent que ce pourrait être un problème, que ce n'est pas une situation que vous pourrez retourner en votre faveur avec un 10 % et que, plus longtemps la situation dure, comme mon ami Jack Layton l'aurait dit, plus on met en évidence le problème. Le problème, c'est la trahison en ce qui a trait au changement du système uninominal majoritaire à un tour. C'était purement et simplement — et il n'y a aucune autre façon de voir les choses — une trahison. Puis, sur un dossier connexe, le gouvernement décide d'être encore plus antidémocratique en brisant la promesse qu'il a faite aux gens qui l'ont élu durant la campagne.
Il semblerait que les plus allumés, là-bas — toujours entre les branches — ont fait part de leur préoccupation durant la réunion du caucus. Malheureusement, on dirait bien que personne n'écoute. Personne n'écoute. Ils vous laissent là, seul dans votre embarcation de sauvetage. Vous dérivez, poussé par des vagues subséquentes d'arguments, des arguments justifiés — qui viennent des députés de l'opposition. Bon Dieu, s'il y a jamais eu un moment propice à être membre des comités responsables des transports, de la santé ou des comptes publics — n'importe quoi, mais pas le Comité de la procédure — c'est bien maintenant. Ce n'était peut-être pas un cadeau, mes amis, je n'en dirai pas plus, mais la situation empire chaque jour.
Je sais que je commence à irriter certains d'entre vous, je comprends, mais la vraiment mauvaise nouvelle, en fait, la bonne nouvelle, c'est que je finirai par arrêter. C'est le genre de choses qui arrivent.
Un député: Ah oui?
M. David Christopherson: Oui. À un moment donné, je m'arrêterai. J'ai seulement dormi pendant trois heures la nuit dernière, alors ça arrivera peut-être plus rapidement que je l'aurais préféré aujourd'hui. J'étais couché hier soir, en silence, mais mes yeux étaient grand ouverts. Je n'arrivais pas à dormir. Je n'arrêtais pas de penser à tous les arguments que je n'avais pas formulés.
Il y a donc là un peu de bonnes nouvelles, mais, vraiment, est-ce le mieux qu'on peut faire? Est-ce que la meilleure nouvelle dont vous parlez aujourd'hui c'est le fait que, à un moment donné, Christopherson va se la fermer? Est-ce le point saillant de votre journée? La mauvaise nouvelle, c'est qu'une fois que j'aurai terminé, il y a des conservateurs tout à fait prêts et disposés à prendre ma place et à souligner à quel point le gouvernement agit de façon non démocratique.
Un député: Amen.
M. David Christopherson: Les ministres du Cabinet que j'ai mentionnés tantôt ne sont pas ici, ils s'occupent d'affaires ministérielles, de choses importantes. On les traite de façon importante; ils sont à la télévision, on parle d'eux et ce sont eux qui sont ciblés durant la période de questions. Ce genre de choses aide vraiment à être réélu lorsqu'on obtient toute cette attention supplémentaire parce qu'on est un gros bonnet.
Être un député, c'est être un gros bonnet, mais on en est un encore plus gros lorsqu'on est ministre du cabinet, et le premier ministre?... Eh bien, je ne crois pas qu'il s'en fait trop avec vos difficultés, ici, parce qu'il est à New York à placoter avec le secrétaire général des Nations Unies. Je suis sûr qu'il ne souffre pas de crampes et qu'il n'a pas de saleté sous les ongles. Tout se passe très bien pour lui, merci. Il s'occupe d'affaires internationales. Il joue le rôle de et il prend des autoportraits — toutes ces choses qu'il fait —, et il a probablement une bonne chance d'être réélu dans sa circonscription aussi, puisque la politique, c'est toujours local. À quoi sert d'être un ministre important si on n'a plus de siège au sein du gouvernement. On n'est plus important du tout.
Ils vont tous très bien, mais certains députés d'arrière-ban membres d'autres comités commencent à être un peu préoccupés, surtout ceux qui sont ici depuis un certain temps. Je ne dirai rien de plus, à part vous demander de réfléchir à qui est assis près de l'action, qui s'en tient le plus loin possible et peut tout de même être déclaré membre du Comité. Ces membres sont assis là: des cibles faciles, voilà l'expression qui me vient à l'esprit.
Vous devriez être très préoccupés. Vous devriez vraiment l'être. Pas tout le monde. Certains d'entre vous ont été élus grâce à votre nom, mais avouons-le: une bonne partie des votes qui ont été déposés avec un X à côté de votre nom l'ont été en raison de la marque des libéraux présentée par Justin Trudeau. Comme le Toronto Star et le Globe and Mail l'ont souligné, au moins une partie de ce que les libéraux ont offert à ce moment-là n'est pas présente ici, aujourd'hui.
À ma connaissance, il n'y a encore aucune discussion entre les leaders à la Chambre. Parfois, ces discussions ont lieu rapidement et en douce, alors je ne suis pas sûr à 100 % qu'ils ne se parlent pas, mais je dis que, dans la plupart des cas, s'il y avait de telles tractations, Tyler et moi aurions au moins été informés, afin que nous puissions au moins avoir à l'esprit que, tandis que nous poursuivons nos activités, ici, il y a quelque chose qui est en jeu et qu'il ne faut pas l'oublier parce que les choses peuvent changer rapidement en conséquence. Je n'ai pas reçu un tel avis.
Avez-vous été informé de quoi que ce soit, Tyler?
Non. Tyler me dit qu'il n'a pas été informé de la tenue de réunions. On dirait bien que le gouvernement continue de faire ses affaires laissant les députés libéraux à leur sort.
Je vais poursuivre avec l'excellente contribution de M. Coyne à la discussion:
La seule limite au pouvoir du gouvernement de proroger la Chambre, ce que, on le sait tous, Stephen Harper a fait pour se sortir de situations politiques difficiles, sera l'exigence pour le gouvernement d'expliquer pourquoi il procède ainsi. (Pour être juste, les libéraux ont promis non pas de limiter ce pouvoir, seulement de ne pas en abuser.)
Tout indique qu'il n'y a pas lieu de retenir son souffle dans ce cas-ci. Il poursuit:
Ce qui est plus encourageant, c'est la proposition de donner au Président le pouvoir de scinder les projets de loi omnibus en parties distinctes sur lesquelles on voterait séparément.
Dans l'ensemble, cependant, il y a beaucoup de choses dans le document pouvant légitimement alarmer l'opposition.
Tu penses? Je le répète:
Dans l'ensemble, cependant, il y a beaucoup de choses dans le document pouvant légitimement alarmer l'opposition.
Il poursuit:
Pour en remettre une couche aux yeux de l'opposition, le jour même où le « document de travail » a été présenté, une motion a été déposée devant le comité de la chambre pertinent, celui sur la procédure et les affaires de la Chambre), apparemment à l'initiative d'un député libéral, exigeant un rapport assorti de recommandations concernant des changements du Règlement de la Chambre d'ici le 2 juin. Le gouvernement n'a offert aucune explication au sujet de l'empressement incongru et n'a pas non plus indiqué être prêt à réfléchir à de possibles amendements de l'opposition dans un dossier qui touche directement l'équilibre des pouvoirs au sein de la Chambre. Il n'est pas déraisonnable d'y voir là une motion numéro six révisée.
J'ai déjà parlé longuement et souligné à quel point la motion numéro six était exécrable, et de la rapidité avec laquelle le gouvernement a fait marche arrière lorsqu'il a constaté que, simplement parce que c'est lui qui la proposait, ça ne rendait pas la chose moins odieuse ni moins antidémocratique. C'est un argument que nous formulons depuis un certain temps, soit que le processus actuel est similaire à la motion numéro 6, même la façon dont vous allez nous l'imposer de force.
Je poursuis avec le texte de M. Coyne:
Si tout ce qui précède semble indûment suspect, n'oubliez pas qu'il y a un contexte, ici. Après le refus insouciant du premier ministre d'admettre ses torts dans le dossier des collectes de fonds dans le cadre desquelles les gens ont un accès privilégié au premier ministre, après la parodie des « nominations ouvertes » dans des circonscriptions alors que les décisions avaient clairement été prises en fonction des préférences du premier ministre, après la fraude élaborée liée à la réforme du Sénat, après toutes les promesses brisées sur tous les fronts depuis les missions de combat contre l'État islamique jusqu'au processus de soumissions ouvertes pour le remplacement des CF-18 en passant par — soupir — la réforme électorale, le gouvernement Trudeau ne mérite aucun bénéfice du doute.
Un député: Gros soupir.
M. David Christopherson: Ça mérite un gros soupir. Vous avez raison. C'est ce qu'il aurait fallu écrire: gros soupir.
Je poursuis:
Peu importe les avantages à court terme que ces ruses et d'autres ruses encore lui auront peut-être procurés, il y a un prix à payer, et ce prix est très simple: on ne peut pas lui faire confiance et, en fait, on ne lui fait pas confiance.
Le problème est mis en évidence. L'image de marque est minée. Y a-t-il une meilleure façon d'entacher davantage la marque libérale que de voir toutes ces entités influentes vous donner tous ces sobriquets non démocratiques? Le plus gros problème pour les députés d'arrière-ban du gouvernement, c'est que les critiques sont fondées; elles sont justifiées et méritées, et votre gouvernement ne fait rien pour vous sortir de ce pétrin.
Ils ont eu une semaine pour trouver une stratégie. Lorsqu'ils n'ont pas utilisé ce temps, le président leur a donné deux autres jours. Ils n'ont encore rien fait sauf, à ma connaissance, organiser une réunion relativement brève avec les leaders de la Chambre, et c'est tout, rien d'autre. Nous sommes revenus ici, hier, à 16 heures, pour reprendre là où nous nous étions arrêtés, et nous avons poursuivi jusqu'à minuit. Nous avons recommencé ce matin à 9 heures. Rien ne bouge.
Je le dis aux députés d'arrière-ban du gouvernement: nous, ici, du côté de l'opposition, avons bien assez de carburant pour garder le feu allumé pendant très, très longtemps. On dirait que, d'ici à ce que votre gouvernement ait déterminé ce qu'il veut faire... les responsables ont fait les calculs, et ils bénéficient d'une telle majorité qu'ils peuvent vraiment se permettre de perdre quelques poignées d'entre vous. Cela n'aura même pas d'impact sur le gouvernement majoritaire. Personne ne croit jamais que c'est eux qu'on jettera par-dessus bord, mais laissez-moi vous dire que, si j'étais un membre libéral du comité de la procédure, actuellement, je mettrais une veste de sauvetage juste au cas où.
Monsieur le président, j'ai terminé cet article.
Un député: Si près...
Des voix: Ah,ah!
M. David Christopherson: La bonne nouvelle, c'est — ne partez pas en peur — qu'il y en a un autre. Je sais que vous aimez la nouveauté, alors j'en ai beaucoup, beaucoup de nouveauté. J'en ai tellement. Voici une très belle photo de Lawrence Martin, et j'ai un autre gars... Les seuls noms associés à ce qui est du domaine public devraient faire trembler de peur le gouvernement, parce que jusqu'à présent j'ai lu le... On a l'embarras du choix, c'est comme la manne tombée du ciel. Ces articles de journaux n'arrêtent pas de s'empiler devant moi et de me donner des heures de contenu. Je devrais acheter un billet de loterie. Ce doit être mon jour de chance.
Je soulignais le poids accumulé de tous ceux qui se sont joints à la critique publique du gouvernement, outre les députés de la loyale opposition, de qui on peut s'attendre à de telles critiques. Nous avons commencé par le Glode and Mail. Puis nous sommes passés au Toronto Star. Nous avons ensuite parlé de M. Andrew Coyne.
Un député: L'alarme d'incendie sonne.
M. David Christopherson: Vous voyez à quel point nous avons du contenu? Il est maintenant incendiaire.
On dirait qu'il y a un incendie, un véritable incendie... Non? Oh. C'est comme le vrai changement: une fausse alarme.
Des voix: Ah, ah!
:
Ce n'est pas notre façon de faire, à nous, comme David Graham vient de le dire, et je suis d'accord. Lorsqu'il a dit « nous », il parlait de l'ensemble des députés, du Parlement. C'est là où j'essaie d'en venir.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, je tiens à dire à David Graham que c'est à ce niveau fondamental qu'il peut nous rester tant de respect les uns pour les autres que nous pouvons, au milieu de tout ça, faire preuve du même genre de courtoisie les uns à l'égard des autres et à l'égard d'un visiteur international. C'est parce que c'est notre façon de faire, à nous. C'est qui nous sommes et c'est la raison pour laquelle la situation actuelle est si aberrante.
Monsieur le président, je crois bon d'indiquer que je vais céder la parole avant 13 heures. Je veux simplement en avertir quiconque prendra ma relève.
Est-ce que ce sera vous, David? D'accord. Vous avez donc le temps de mettre de l'ordre dans vos pensées.
Je vais donc conclure bien avant 13 heures et je demande immédiatement que mon nom soit remis sur la liste; c'est une petite menace future. Je pourrais poursuivre, parce que je dois dire que je me sens assez bien, mais il y a d'autres personnes qui ont hâte de participer. Ce n'est pas comme la dernière fois, lorsque j'ai dû continuer parce que vous m'aviez abandonné. J'étais tout seul. C'était moi ou rien. On ne m'aidait pas. Maintenant, nous avons toute une équipe, et ma propre équipe.
Soit dit en passant, à nous tous, nous couvrons toutes les plages horaires de la prochaine semaine et demie jusqu'à la semaine de relâche. Avant la fin de la semaine de relâche, nous aurons préparé un nouvel horaire et nous aurons d'autres choses nouvelles à dire. Nous aurons beaucoup, beaucoup de choses nouvelles à dire, des choses pertinentes qui ne sont pas des répétitions.
Tandis que je conclus mes modestes et brèves remarques, que j'ai commencées hier à 16 heures, je souligne à nouveau aux députés d'arrière-ban du côté du gouvernement — je ne m'attends pas à ce qu'ils réagissent — que, si j'étais à leur place, j'irais frapper à la porte de quelqu'un pour savoir de quelle façon il nous sortira tous de ce pétrin. Actuellement, il n'y a rien à attendre à part toujours la même chose. Nous allons bientôt entendre un nouvel intervenant et obtenir un nouveau point de vue, dans ce cas-ci, du côté du gouvernement. Imaginez à quel point ce sera édifiant, et c'est sans mentionner l'excellente occasion que pourrait saisir la personne qui passera après lui.
Est-ce que ce sera M. Reid? Je suis curieux. Est-ce M. Reid? D'accord. Eh bien voilà, la journée des gros calibres.
Je suis prêt à céder la parole à M. Graham, qui, j'en suis sûr, en un tour de main, avec toute l'éloquence dont il peut faire preuve et les perceptions sur lesquelles il appuie ses commentaires, pourra tous nous convaincre totalement — tout ça — à quel point nous avons tort, à quel point le gouvernement est lésé, ici, à quel point il dirige le pays avec son coeur, et à quel point il est ici question d'efficience et de modernisation du Parlement. Il réussira à faire oublier aux gens la traîtrise liée à la réforme électorale.
Vous êtes capable, David. Je suis sûr que c'est possible. Rien d'autre...
Vraiment, maintenant que j'y pense, c'est ce qui semble le plus logique: nous sommes complètement passés à côté. Dans deux ou trois minutes, nous allons apprendre tous les secrets, à commencer par celui du 2 juin et sa grande importance — c'est difficile pour moi de poursuivre lorsque vous riez — ou le besoin d'éviter le 3 juin, date que, pour une raison ou pour une autre, le Parlement doit éviter à tout prix. Nous allons apprendre comment tout ça aidera l'opposition, et c'est simplement que nous ne comprenons pas.
Je suis sûr que c'est ce qui s'en vient, monsieur le président. Nous allons bénéficier d'une explication plus générale tout en étant plus succincte d'un membre du gouvernement, qui nous dira à quel point nous avons tout mal compris et nous expliquera que le Globe and Mail a tellement nui à l'intégrité du gouvernement libéral, pour ne pas mentionner son ancien ami et allié, le Toronto Star, en affirmant des choses manifestement fausses et de façon tellement méchante. Il parlera ensuite de la façon indigne dont M. Coyne a décrit les motivations du gouvernement. Je suis convaincu que, avant que tout soit terminé, nous allons écouter ce que d'autres intervenants ont à dire, mais M. Graham peut commencer la partie en nous fournissant l'explication dont nous avons besoin afin que nous, simples mortels, puissions comprendre la démocratie parlementaire telle qu'elle est vue depuis les hauts sommets des libéraux de Trudeau. Il nous expliquera que tout ce qui se produit ici, c'est simplement parce que nous ne comprenons pas.
De toute évidence, le gouvernement libéral a tellement d'avance sur nous quant à la façon dont il perçoit la démocratie parlementaire que nous aurons besoin désespérément, en plus de ne plus m'entendre parler, des perles de sagesse dont M. Graham nous fera bénéficier lorsqu'il décrira au nom du gouvernement à quel point nous avons vraiment mal compris, que le gouvernement ne veut blesser personne, qu'il veut aider. « Nous sommes le gouvernement. Nous sommes ici pour aider ». C'est une expression prisée que les gens adorent entendre: « je viens du gouvernement et je suis ici pour aider ».
Ça me donne quasiment le goût d'arrêter... quasiment.
M. Todd Doherty: Ça y était presque.
M. David Christopherson: Nous y sommes presque, monsieur Doherty. Je sens que ça s'approche, mais plus tant que ça. Je me suis un peu convaincu — c'est ce qui arrive — que c'est simplement que nous ne comprenons pas et que moi et d'autres avons eu tort. Nous voyons ça comme quelque chose de négatif. Le fait de perdre des droits que nous avions doit être une bonne chose, sinon, les libéraux ne nous les enlèveraient pas, parce que ce sont des libéraux et que, par définition, ils ne feraient jamais rien d'antidémocratique, vu que cela ne respecterait pas les voies ensoleillées. C'est évident que ce serait contraire à leur promesse.
Si j'ai raison, ça reviendrait à dire que vous mettez d'autant plus en évidence le problème. Je devais avoir tort. Ce doit être une bonne chose que nous ne puissions plus parler, que nous ne puissions plus ralentir le gouvernement, que nous soyons obligés de nous enlever de son chemin afin qu'il puisse continuer à faire toutes les bonnes choses pour lesquelles il a été élu. C'est probablement tout simplement que nous ne comprenons pas bien le fait que le gouvernement libéral aide en réalité notre démocratie.
Je n'ai aucun doute que, après l'intervention de M. Graham, il y aura des rétractions à la une...
Un député: Nous aurons vu le buisson ardent.
M. David Christopherson: ... et le Globe and Mail va dire: « Bon Dieu, nous sommes désolés. Nous n'avions pas compris, mais maintenant, nous comprenons ». Et le Star devra se prosterner encore plus — non? —, parce que ce sont des amis, souvent, et il a dit ici des choses assez dures. Une fois que M. Graham lui aura expliqué à quel point le journal avait tort et à quel point c'est mal d'affubler le gouvernement du sobriquet d'antidémocratique, lui aussi, peut-être même dans un numéro spécial pour regagner les bonnes grâces du gouvernement, avec une rétraction en première page relativement à son éditorial, commencera à réaliser, une fois qu'aura été utilisé le décodeur que M. Graham s'apprête à nous fournir que, au bout du compte, le document de travail est la plus importante contribution positive au Parlement canadien depuis que nous avons eu la bénédiction de connaître le premier Trudeau.
Ce doit être ça. Ce serait logique. Les libéraux procèdent ainsi parce qu'ils sont vraiment démocratiques et ils honorent leurs engagements et respectent l'opposition. Nous sommes seulement trop obstinés et têtus pour l'accepter et comprendre que c'est vraiment ce qui se passe.
Préparez-vous, membres de l'équipe de rédaction du Globe and Mail. Alerte! La même chose vaut pour l'équipe de rédaction du Toronto Star: réunion d'urgence, diffusion en direct!
Monsieur Coyne, peu importe ce que vous faites, arrêtez et regardez!
Chantal, John Ivison, tout le monde, arrêtez tout! Nous avons tous eu tort. C'est triste à dire et c'est difficile d'admettre qu'on a eu tort, mais j'ai bien l'impression que c'est le cas. Ce doit être ça, et j'ai tellement hâte de céder la parole. L'atmosphère est palpable. M. Graham, à lui seul, utilisera sa bague-décodeur secrète pour interpréter le document de travail que nous avons tous eu tort de voir comme néfaste à la démocratie. Nous allons le découvrir, comme des parents qui parlent à des enfants. On nous dira ce qu'est la réalité et on nous expliquera à quel point c'est bon pour nous.
Mon seul regret, c'est que nous n'avons pas laissé M. Graham parler plus tôt, mais je suis sûr que c'est ainsi que M. Reid commencera son discours, lui qui parle tout de suite après M. Graham. Je me sens mal pour M. Reid, qui est une des personnes les plus talentueuses, ici, parce que, comme une bande d'idiots, nous nous sommes ancrés dans notre opposition à ce document en croyant bêtement que c'était néfaste pour la démocratie. Pauvre M. Reid. C'est lui qui devra reconnaître tous les torts, parce que j'ai eu la chance de monter la situation en épingle hier soir, aujourd'hui, et aussi un peu la semaine passée. J'ai pu faire tout ce qui était plaisant; le problème, comme on est sur le point de l'entendre, c'est que j'étais probablement malavisé, aussi malavisé que l'équipe de rédaction du Globe and Mail, celle du Toronto Star, que M. Coyne, Mme Hébert, John Ivison, Lawrence Martin, nous tous. Nous n'avons tellement pas compris, et nous sommes très chanceux de vivre dans une ère où les « voies ensoleillées » est notre expression phare à nous tous, de pair avec la transparence et la responsabilisation.
Il ne peut pas vous sauver. Je suis désolé, David. Je vois David regarder le président. Il l'implore quasiment: « ne pouvez-vous pas faire quelque chose? » Ainsi va la vie. C'est la raison pour laquelle vous devez mettre un terme à tout ça, parce que vous n'avez pas à subir ce genre d'abus. Vous ne devriez pas avoir à m'écouter vous dire toutes ces choses. Vous êtes un libéral. Vous êtes un membre du gouvernement libéral. Qui suis-je pour vous parler ainsi? Vous avez tellement raison. Ah, pour qui je me prends. Je deviens tout simplement arrogant, mais où est le leader à la Chambre lorsqu'il devrait me remettre à ma place et me dire: « vous devenez un peu arrogant, Dave »? Vous parlez au gouvernement libéral, où est votre respect?
Le prochain élément de la liste est la période de questions et de réponses d'une demi-heure après la présentation de la motion de clôture ou d'attribution de temps afin de laisser au ministre qui propose la motion le temps de s'expliquer. Dans le rapport, on recommande que le débat concernant le recours à la clôture en vertu de l'article 57 — je ne sais pas très bien ce que c'est — ne se prolonge pas plus tard que 20 heures. Avant, c'était 23 heures. On recommande aussi de tenir des débats exploratoires, c'est quelque chose qu'on connaît tous. Il y en a eu un pendant la dernière semaine de séances.
Le SMIP, dans son rapport, a aussi recommandé d'avoir recours au comité plénier pour les débats d'urgence au lieu de les tenir dans le cadre d'une séance de la Chambre complète. En ce qui concerne les motions de procédure autorisant les comités à se déplacer qui sont proposées par l'entremise d'une demande de consentement unanime, on a recommandé qu'il faille que 10 députés ou plus s'opposent à la motion pour qu'elle soit rejetée. Ainsi, un seul député récalcitrant ne peut pas faire rejeter la motion. Même si, en pratique, ce genre de choses se fait habituellement par consentement unanime, la règle existe bel et bien.
Une autre recommandation, qui vous ferait probablement très plaisir, était de modifier le processus pour le Budget principal des dépenses de façon à ce que la date limite pour le débat du comité plénier tombe le 1er mai. En outre, il a été recommandé que l'avis des motions du jour de l'opposition soit déposé avant le début du jour de séance précédent, et non avant la fin du jour, comme c'était l'habitude. On recommande également dans le rapport qu'il ne devrait être permis de proposer des amendements aux motions du jour de l'opposition qu'avec le consentement du motionnaire. On recommande aussi d'officialiser l'habitude de convoquer la personne nommée à un poste parlementaire devant le comité pertinent et de communiquer automatiquement au comité les rapports de certains hauts fonctionnaires du Parlement.
Il y a également une poignée de recommandations qui ne concernent pas le Règlement de la Chambre, par exemple l'établissement d'un calendrier des réunions des comités. Il semble que les calendriers des réunions des comités étaient un peu moins prévisibles avant la publication de ce rapport, en 2002. Il est aussi recommandé d'aménager une autre salle pour la radiodiffusion des délibérations des comités. Ma recommandation favorite est celle du paragraphe 54, où le SMIP recommande que l'administration de la Chambre des communes dresse des plans en vue d'une utilisation accrue de la technologie pour la Chambre, les comités et les députés. C'était la deuxième fois que ce comité avait fait cette recommandation, et je crois qu'il y en a eu une troisième.
Le comité a produit cinq rapports pendant la 2e session de la 37e législature. Heureusement pour moi, ceux-ci sont un peu plus courts. Dans le premier rapport, on recommandait la création d'un tirage au sort pour déterminer la liste portant examen des affaires émanant des députés. On a aussi recommandé que pratiquement toutes les affaires émanant des députés puissent être mises aux voix. Il faut garder à l'esprit que le rapport présente les recommandations du comité; ce n'était pas une ébauche pour des amendements au Règlement. Même aujourd'hui, je ne sais toujours pas quel mécanisme a permis de déclencher une étude sur le Règlement à partir de ces recommandations.
Personnellement — et c'est quelque chose que j'ai dit lors de mon intervention de l'automne dernier à propos de l'article 51 du Règlement —, j'aimerais modifier légèrement le processus relatif au Règlement de façon à ce que tous les députés réélus conservent leur place sur la liste de priorité au début des travaux du Parlement, suivis par les membres sortants du Cabinet ou les autres députés précédemment inadmissibles, les nouveaux députés et, à la toute fin, les députés réélus qui avaient eu l'occasion de présenter un projet de loi émanant d'un député dans le cadre de la législature précédente. Je crois que le processus serait beaucoup plus équitable ainsi.
Dans son deuxième rapport, le comité n'a fait que se donner une date limite, soit le 13 juin 2003. Dans le troisième rapport, on abordait à nouveau la question des affaires émanant des députés qui avait été soulevée dans le premier rapport, mais avec plus de détails. Le quatrième rapport reprenait le contenu de tous les rapports précédents et abordait des questions relatives aux nouvelles technologies et au besoin de remplacer les caméras à la Chambre dans le cadre du Projet de rénovation à long terme de la Cité parlementaire. Comme vous le savez, dans le cadre de ce projet, l'immeuble dans lequel nous nous trouvons sera fermé dans un an. Nous allons devoir nous réunir dans l'édifice de l'Ouest, où le plafond est fait de verre fabriqué à Fenêtres MQ, une entreprise de Sainte-Agathe-des-Monts, ma ville natale, qui se trouve dans ma circonscription. Il a aussi été question dans le rapport, entre autres, d'ajouter des fiches et des connecteurs réseau à nos bureaux, que nous apprécions à coup sûr aujourd'hui.
Tout cela est le fruit du Projet d'infrastructure technologique à la Chambre, et non des efforts du comité lui-même. Le comité s'est contenté de suivre les progrès de cette étude externe. Le comité a également signifié, dans le rapport, son approbation pour la création de ParlVu. Je crois qu'il y a beaucoup de personnes qui regardent actuellement notre discussion grâce à ce système. On recommandait aussi, dans le quatrième rapport, de mettre des lutrins portatifs à la disposition de la Chambre, ce qui me donne espoir qu'on va un jour réparer ces chaises qui déchirent nos poches et qu'on va pouvoir s'assurer que l'heure indiquée par les horloges de la Chambre correspond à l'heure souhaitée par les députés.
Soit dit en passant, j'ai aussi d'autres projets favoris qui ne concernent pas le Règlement: celui où on veut permettre aux membres des équipes des leaders parlementaires de chaque parti — c'est-à-dire, le whip, le leader parlementaire à la Chambre, le whip adjoint, le leader parlementaire adjoint et Kevin — de se soustraire à l'article 17 du Règlement, selon lequel les députés ne peuvent prendre la parole que s'ils sont à leur siège.
Je m'éloigne du sujet, mais il y avait aussi dans le quatrième rapport une poignée de recommandations particulières visant le Règlement lui-même. La première recommandation était de remplacer — écoutez bien — les discours de 40 minutes à la deuxième et troisième lecture par des discours de 20 minutes. C'est ce que j'appelle être miséricordieux.
À la suite d'une longue discussion sur le besoin de rationaliser le processus relatif aux pétitions, on a recommandé d'apporter des modifications corrélatives mineures au Règlement, soit ajouter de nouvelles personnes à qui on veut adresser des pétitions. Le comité a également recommandé de modifier le Règlement pendant une période d'essai d'un an pour les cas où le gouvernement ne dépose pas à la Chambre dans un délai de 45 jours sa réponse à une pétition. On a aussi proposé, pour faire suite à l'un des rapports précédents, de modifier le processus pour le budget principal afin d'accorder aux députés une période de 15 minutes pour les questions et réponses. Cela s'applique à l'examen du budget et au comité plénier. De surcroît, le comité a rationalisé une recommandation qu'il avait faite précédemment à propos de la période de préavis pour les motions de l'opposition afin de l'inclure dans le Feuilleton des avis publié avant le retour de la Chambre, dans les cas où le retour se fait un jour réservé à l'opposition.
Pour finir, le comité a aussi recommandé de modifier le Règlement de façon à pouvoir supprimer l'avis présenté par un député ayant demandé de soulever une question pendant le débat d'ajournement et absent à ce moment. Il s'agit d'une sanction pour avoir été absent.
Le rapport final traite du vote électronique. Il y a un extrait dans ce rapport, qui, selon moi, est d'une grande pertinence pour notre discussion.
Je lis:
4. Les membres du Comité ont rendu visite à plusieurs assemblées législatives un peu partout dans le monde où le vote électronique est utilisé, dont, récemment, le Parlement écossais. Les législateurs avec qui nous nous sommes entretenus sont favorables dans l’ensemble au vote électronique. La technologie existe et est fiable, et les résultats sont exacts et rapides.
5. Nous tenons cependant à souligner que cette technologie doit être au service de la Chambre et ne devrait pas être le facteur déterminant dans les décisions prises en matière de procédure. Notre Règlement comporte des règles sur le vote par appel nominal, le report des votes et le choix des questions devant faire l’objet d’un vote à la Chambre. La Chambre et ses députés continueront de prendre les décisions qui s’imposent à ce sujet.
6. Toutefois, le Comité croit que le moment est venu d’examiner sérieusement l’introduction du vote électronique à la Chambre des communes du Canada.
7. Grâce au projet d’infrastructure technologique à la Chambre, qui sera mis en œuvre cet été et l’été prochain, la Chambre disposera de l’infrastructure nécessaire à la mise en place d’un système de vote électronique, si jamais un tel système était approuvé. Nous croyons que la Chambre devrait saisir l’occasion qui s’offre de définir les particularités du système de vote électronique dont elle pourrait se doter.
Nous recommandons l’approbation, en principe, du vote électronique à la Chambre des communes.
Nous recommandons en outre que le greffier de la Chambre élabore, en collaboration avec le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, un projet détaillé de système de vote électronique qui sera soumis à l’approbation de la Chambre au début de 2004 et qu’un tel système, s’il est approuvé, soit mis en place dans le cadre des rénovations de la Chambre à l’été 2004.
Tout cela n'a vraiment rien de nouveau. Nous attendons tous encore, bien sûr, que tout cela se fasse.
Je crois qu'il vaut la peine de relire tous ces rapports émanant de la soi-disant méthode Chrétien. Ils ont entraîné un grand nombre de petits changements qui sont encore en vigueur aujourd'hui, et cela s'est fait par consensus. Ces changements étaient véritablement importants, mais ils étaient de nature transactionnelle, plutôt que transformatrice.
Les sujets plus difficiles, comme les jours de séance, n'ont pas été abordés. On n'a pas non plus parlé de la période de questions du premier ministre. Pour ce qui a trait aux débats, on a simplement recommandé dans le rapport de remplacer les discours de 40 minutes pendant la première période par des discours de 20 minutes. On n'a pas vraiment abordé ni examiné sérieusement l'attribution du temps, malgré l'ajout d'une période de questions et réponses de 30 minutes. Ni la structure ni la gestion des comités n'ont été vraiment étudiées. Le vote électronique a fait l'objet d'une recommandation, sans plus. Il n'y a pas non plus eu de recommandation visant le calendrier de la Chambre. Il n'a pas été question du processus d'adoption des motions visant à donner des instructions; celui-ci peut vraiment causer des problèmes les journées écourtées. On n'a pas étudié la prorogation. Les règles omnibus ont aussi été évitées. À un moment donné, il faut s'attaquer aux questions difficiles, tenir des discussions difficiles et s'entendre sur ce qu'il faut faire.
Juste avant le congé parlementaire d'hiver, nous avons discuté d'une centaine d'idées, environ, qui ont été soulevées pendant notre débat d'octobre en vertu de l'article 51 du Règlement. Le débat concernait les règles. Nous n'avons pas cherché à faire appliquer le modèle de consensus. Nous avons pris chaque idée de la liste dans le compte rendu, et nous avons tous choisi des points que nous voulions défendre dans le cadre d'un débat futur.
Nous étions prêts à discuter, sans éliminer d'emblée les points qui ne plaisaient pas à certaines personnes. C'était tout le contraire, en fait. En tant que comité, nous avons laissé chaque membre défendre ses idées. Nous avons tenu un véritable débat et une véritable discussion à propos de chaque proposition. Peut-être pourrions-nous essayer de nous convaincre l'un l'autre qu'une idée est bonne ou mauvaise, et trouver une solution à partir de là.
Nous nous sommes engagés à moderniser le Parlement. Vous le savez. Je ne veux pas que quiconque ait un droit de veto sur nos engagements électoraux. Les vrais changements ne viennent pas facilement, et ça ne m'intéresse pas de n'apporter que des changements superficiels à des détails dans le Règlement, même s'ils ont aussi une importance. Gardez à l'esprit le fait que la ministre Chagger et moi-même — j'en profite pour souhaiter un bon anniversaire à la ministre — avons passé beaucoup de temps ici, mais dans les coulisses. Nous faisions partie du personnel d'Arnold et de Scott pendant la 41e législature. Nous savons ce que c'est que d'être un tiers parti; nous sommes aussi conscients du fait que cela pourrait se reproduire. À dire vrai, je me rappelle clairement que David Christopherson, lorsqu'il faisait partie de l'opposition officielle, défendait le droit d'un tiers parti de poser des questions pendant la deuxième période de questions. Il a dit que c'est quelque chose qu'il aimait quand lui était dans cette situation. C'est également notre position.
J'en ai vraiment assez d'entendre que nous essayons d'éliminer l'obstruction systématique, par exemple. Ce n'est pas vrai du tout. Selon moi, on pourrait formuler la chose de cette façon aux fins du Comité: lorsqu'un député prend la parole à propos d'une motion, ou à n'importe quel autre moment lorsqu'il n'y a pas d'indication contraire, un député peut s'exprimer aussi longtemps qu'il le souhaite, jusqu'à ce qu'un autre député demande de prendre la parole. Si un autre député demande de prendre la parole — en d'autres mots, d'être inscrit sur la liste des intervenants, ce qui est également une convention et non une règle —, le député qui a la parole ne pourra pas continuer de parler plus de 10 minutes. Cependant, il ou elle pourra toujours demander, en tout temps, d'être inscrit à nouveau sur la liste pour reprendre la parole.
Ce qu'on veut, en d'autres mots, c'est simplement de s'assurer que l'obstruction systématique peut non seulement se faire, mais qu'elle peut se faire plus facilement et de façon plus inclusive pour les autres membres du Comité. La limite de 10 minutes a été choisie de façon totalement arbitraire en fonction de la durée de la plupart des discours devant la Chambre. La durée appropriée devrait être quelque chose dont nous — répétez après moi, nous— « discuterons », dans le cadre d'une discussion de bonne foi.
Ici, au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, nous fonctionnons par consentement unanime; nos collègues cèdent occasionnellement la parole, pourvu qu'ils puissent la ravoir, comme M. Schmale l'a mentionné il y a quelques minutes.
Je doute que quiconque puisse dire qu'il n'y a pas une bonne chimie entre les membres du Comité. Nous nous entendons bien, et, très honnêtement, et je crois que nous avons des relations interpersonnelles amicales.
Nous sommes peut-être adversaires sur le plan politique, mais nous avons un très grand respect l'un envers l'autre, tous partis confondus. C'est loin d'être toujours le cas dans certains comités. Souvent — cela s'est déjà vu ici —, la seule façon d'interrompre une obstruction systématique sans mettre la séance elle-même en danger passe par la sonnerie d'appel. Résultat: on présente des motions à la Chambre avec l'appui des collègues — par exemple, « que le député prenne la parole » —, suivies de la mise aux voix par sonnerie d'appel de 30 minutes, puis c'est le déraillement complet de tous les comités sur la Colline du Parlement, les témoins sont renvoyés chez eux, cela nous coûte beaucoup d'argent et pratiquement rien n'est accompli, et pourquoi? Pour qu'un député qui fait de l'obstruction systématique puisse aller aux toilettes sans mettre l'obstruction en danger.
Des députés: Ah, ah!
M. David de Burgh Graham: Nous ne nous attaquons aucunement au droit de faire de l'obstruction, mais j'aimerais que nous discutions toutefois de la façon dont on pourrait rendre l'obstruction systématique « aisée pour le reste du Parlement ». Pourquoi est-ce qu'une dispute familiale entre les membres du PROC, du BILI ou du Comité mixte d'examen de la réglementation devrait interférer avec toutes les affaires de la Chambre?
En résumé, ce que je veux — ce que nous voulons — c'est discuter, tout simplement. Je veux pouvoir demander leur avis aux témoins. Nous avons eu la chance d'avoir des visiteurs en provenance de l'Écosse aujourd'hui, juste avant la période de questions, et nous avons appris que, dans ce pays, les députés ne font pas d'obstruction systématique; ils n'en ont pas le droit. C'est quelque chose d'intéressant que j'ai appris aujourd'hui. Je veux que l'on étudie les pratiques exemplaires des autres pays, que nous discutions davantage afin de trouver des façons de proposer des recommandations concrètes pour la réforme de la Chambre.
Si, plus loin dans le processus, il y a un rapport que vous, mes chers amis, jugez inacceptable, les rapports minoritaires ne sont pas la seule option qui s'offre à vous pour signifier votre désaccord. Dans ce cas, à ce moment, une obstruction systématique a du sens. Après tout, on ne peut pas présenter un rapport à la Chambre s'il n'a pas d'abord été mis aux voix.
Chers amis, c'est tout ce que j'ai à dire pour le moment. J'aimerais toutefois être inscrit à nouveau sur la liste des intervenants, monsieur le président. Je vais peut-être vouloir réagir à quelque chose à un moment donné.
Merci.
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J'imagine que le bruit de fond est dû à l'enthousiasme soulevé par la discussion.
Fait intéressant, j'ai avec moi une copie autographiée des mémoires de Diefenbaker. C'est un de mes électeurs qui me l'a donnée, un gentleman du nom de Lloyd Walkom. Il m'a dit qu'elle appartenait à son père, et que son père utilisait des billets de 50 $ comme signets. Je n'en ai pas encore trouvé, malheureusement, mais c'était une petite anecdote intéressante qu'il m'a racontée à propos de son père, qui est décédé.
Mais je veux revenir là où j'en étais, au guide des usages officiels. Lester Pearson a légué cet ouvrage sur le fonctionnement du gouvernement à ses successeurs avec ses idées, ses principes et la façon de les appliquer. Je veux citer son introduction, au début du livre:
Ayant reconnu depuis longtemps le besoin d'un guide exhaustif et clair sur un grand nombre de questions procédurales et constitutionnelles pour lesquelles le premier ministre, les ministres ou le gouvernement doivent de temps en temps exercer leur pouvoir discrétionnaire et leur jugement, nous avons rédigé cet ouvrage, le Manual of Official Procedure of the Government of Canada.
Je crois que le jugement est un important concept ici. Voici ce qu'il dit ensuite:
Le guide traite des principaux éléments du gouvernement, établit les positions législatives à adopter dans certaines situations et prescrit les éléments pertinents à prendre en considération dans le cadre du processus décisionnel lorsqu'il faut user du pouvoir discrétionnaire dans certaines circonstances. Aussi compris dans l'ouvrage sont les précédents assortis de descriptions et une explication de l'évolution des procédures. On y définit aussi les procédures administratives, et des documents pertinents ont été ajoutés à titre de sources ou d'exemples. Le guide a été conçu de façon à ce qu'on puisse ajouter de nouveaux éléments d'intérêt et de nouvelles pratiques lorsque les lois ou les conventions changent.
Le guide a été préparé par le Bureau du Conseil privé et est le fruit des efforts de M. Henry F. Davis, conseiller spécial, avec l'aide de M. André Millar, qui ont décidé de la forme et du contenu du guide.
Je ne crois pas qu'un guide des procédures similaire a été produit ailleurs dans le monde, et j'ai foi qu'il sera d'une grande aide à mes successeurs au poste de premier ministre et à tous ceux qui sont directement responsables des procédures du gouvernement du Canada.
C'est signé « L. B. Pearson, premier ministre, Ottawa, 1968 ».
Les députés peuvent voir toute la portée de ce guide. C'est un ouvrage volumineux, et il ne s'agit que du contenu principal. Il y a environ autant d'annexes, dans lesquelles on trouve certains documents et où on traite de certaines questions.
Le guide aborde un vaste éventail de questions que pourrait se poser le premier ministre ou le gouvernement de temps en temps relativement au fonctionnement précis du Parlement, par exemple la nomination des ministres, les élections, les funérailles ou les services commémoratifs. On peut trouver dans l'ouvrage le protocole à appliquer en cas de décès, selon qu'il s'agit d'un ministre en fonction, d'un ancien ministre de la Couronne ou d'un membre du Conseil privé. Il y a une section entière qui traite de questions relatives aux souverains. La Reine, en l'occurrence, mais la section s'applique à tout souverain futur également —, au gouverneur général, aux différentes distinctions honorifiques, ce genre de choses. Il y a aussi une longue analyse du Parlement, y compris la Chambre et le Sénat.
Je pense que cela pourrait nous éclairer dans le débat que nous menons ici et à l'autre endroit. Malheureusement, on dirait que la discussion est forcée de la même manière à l'autre endroit. Je crois que cela nuit aux deux Chambres du Parlement lorsqu'on nous force à prendre des décisions, à débattre de choses qui nous sont imposées. C'est ce que je voulais dire là-dessus.
Je veux revenir à la motion qui nous occupe. Même si cette motion comprend peut-être des objectifs louables, elle prévoit néanmoins que la guillotine tombera le 2 juin. C'est faisable. C'est faisable, pourvu qu'on adopte un amendement qui exige que le Comité fonctionne par consensus. Voilà le problème qui se pose: comment pouvons-nous nous mettre d'accord sur cet amendement afin de faire avancer notre discussion? On n'arrête pas de parler de ça.
Je veux attirer l'attention du Comité sur le passage du guide qui traite de la Chambre des communes elle-même et de son fonctionnement du point de vue gouvernemental. Nous devons également reconnaître que la Chambre des communes est un des organes législatifs du gouvernement. Notre système est très différent des systèmes qui comprennent un congrès ou un président où il y a une séparation bien nette entre les organes exécutif et législatif. Par exemple, il est souvent arrivé, aux États-Unis, qu'un membre de l'assemblée législative — un sénateur ou un membre de la Chambre des représentants, est nommé au conseil des ministres par le président. Lorsque cela arrive, la personne doit immédiatement renoncer à son siège à l'assemblée, parce qu'on ne peut pas siéger en même temps dans deux des organes du gouvernement.
Ce n'est pas le cas au Canada. Ces organes sont intégrés. On peut remonter jusqu'à l'exemple de Walter Bagehot — et je crois que la plupart des députés vont probablement reconnaître le nom de ce penseur britannique, ce philosophe politique britannique —, qui disait que le Cabinet était un « trait d'union », le lien entre les organes législatif et exécutif. Les ministres siègent aux deux, mais les organes sont néanmoins séparés, séparés par ce trait d'union. Je crois que c'est quelque chose qu'il faut garder à l'esprit lorsqu'on traite de ces questions.
Lorsqu'on discute du Règlement de la Chambre des communes, c'est du pouvoir législatif qu'il est question. Je vais citer le guide, parce que je crois que cela pourra nous éclairer sur la nécessité de cet amendement afin de veiller à ce que notre rapport soit fondé sur un consensus.
Point 1, page 263, première position — voici ce qui est écrit:
La Chambre des communes décide seule de ses propres règles de procédure, lesquelles sont énoncées dans le Règlement.
Ce n'est qu'une phrase, mais je crois qu'elle est d'une très grande importance. La Chambre des communes décide à elle seule de ce qui la concerne. Nous disons souvent que les comités sont maîtres de leur destinée, et c'est plutôt juste. La Chambre des communes est dans le même cas. Dans un Parlement du modèle Westminster, c'est vrai que les membres du pouvoir exécutif font également partie du pouvoir législatif, mais ça ne veut pas dire que le pouvoir exécutif peut prendre des décisions pour le pouvoir législatif.
Voilà ce qui me préoccupe tant dans ce document de travail. Il n'a pas été déposé, autant que je sache. Ce document de travail n'a jamais été déposé devant la Chambre des communes. C'est troublant, du point de vue d'un organe législatif, de constater qu'un document qui prétend vouloir amorcer une discussion sur le Règlement n'a, dans les faits, pas été déposé devant la Chambre des communes, l'organe qui devra, à un moment donné, prendre la décision de modifier ou non le Règlement. Il n'a pas été déposé à la Chambre. Je crois que c'est regrettable, et peut-être qu'on va corriger la situation d'ici peu, mais jusqu'ici, ce n'est pas le cas.
Même s'il s'agissait d'une erreur, je crois que c'est une preuve de mépris à notre égard, en tant que parlementaires et législateurs. Le document a été envoyé par courriel et publié en ligne, mais n'a pas été déposé au Parlement. Je sais que, parfois, certaines procédures, comme le dépôt d'un document, peuvent sembler excessives; le genre de choses qui n'est pas pertinent dans le monde moderne où nous avons accès au courriel. Il s'agit toutefois de processus symboliques, et je crois qu'ils témoignent du respect qu'il faut accorder à la Chambre des communes et à l'autre endroit également... mais je m'éloigne du sujet de la discussion.
La leader du gouvernement à la Chambre a préparé un document. Il va de soi que nous allons diverger sur certains points du document, comme c'est le cas sur un grand nombre de questions, mais le fait demeure qu'on a fait fi de la courtoisie élémentaire qui exige de déposer le document au Parlement, l'endroit où se prennent les décisions finales.
Je veux revenir au passage de tout à l'heure, à propos du fait que c'est la Chambre des communes qui décide à elle seule de ses règles de procédure, et pas le gouvernement. Je veux ajouter quelque chose, parce que, encore une fois, ce document comprend beaucoup d'informations sur la façon dont nous devons procéder pour apporter les changements. Je veux citer la deuxième partie de la section concernant la Chambre des communes, sous la rubrique « Procédures de la Chambre des communes ». Il s'agit du point II, « Contexte »:
Même si les règles de la Chambre peuvent revêtir un intérêt particulier pour le gouvernement et que celui-ci, à titre de parti principal, est investi d'une responsabilité particulière, la décision revient à l'ensemble de la Chambre. Il est préférable d'obtenir un consentement préalable pour tout changement proposé afin de prévenir les situations où les partis de l'opposition pourraient bloquer l'adoption des modifications.
Encore une fois, ce passage va au coeur de l'amendement, au coeur de notre discussion. M. Simms a déposé une motion, conformément à son droit, et un amendement a été proposé de ce côté-ci.
Ce que nous demandons ici, c'est de tenir cette discussion sans la date butoir du 2 juin, sans que le gouvernement nous fasse avaler de force l'amendement. Encore une fois, cela revient à ce que j'ai mentionné lorsque j'ai présenté ce document. Il s'agit de la lettre d'un premier ministre qui a servi pendant une période trouble — certainement pendant des moments difficiles — dans des gouvernements minoritaires, mais avant cela, également en tant que ministre des Affaires étrangères. J'ai toujours un peu de difficulté lorsque vient le temps de chanter les louanges d'un premier ministre libéral, mais je crois qu'on peut apprendre de nos prédécesseurs parlementaires. Lester B. Pearson est assurément un de ces grands parlementaires, dans la même mesure que son homologue de l'époque, M. Diefenbaker.
Encore une fois, s'il s'agit d'une lettre donnant des conseils à ses successeurs; le document est un trésor de conseils et de possibilités pour vraiment poser les fondations de la façon dont nous devrions procéder en adoptant une approche consensuelle où tous les partis auraient la possibilité de discuter de manière concrète sans la menace d'une action unilatérale. Certainement, c'est le conseil que le premier ministre Pearson a donné, et je crois certainement qu'il va dans le même sens que l'amendement de M. Reid sur la question.
Je veux approfondir le deuxième élément de la même page parce qu'il joue un petit rôle dans ce qui a été présenté hier par les leaders de l'opposition à la Chambre, tant la leader de l'opposition officielle que celui du troisième parti, les néo-démocrates. C'est l'idée d'un comité à la Chrétien composé de représentants des principaux partis et présidé par le vice-président de la Chambre des communes.
C'est ce que propose, d'une certaine manière, le manuel de procédure gouvernemental. L'élément 2, encore une fois à la page 264, indique ce qui suit:
Les changements proposés des règles de la Chambre sont examinés par un comité mis en place par la Chambre, habituellement à la suite d'une motion du gouvernement. Une mesure est prise pour modifier les règles à la lumière du rapport du comité.
On propose un comité distinct. On ne parle pas de sa composition, qui est quelque chose qui a été recommandé dans le document du leader parlementaire. Cela permettrait aux différents partis de discuter, de vraiment pouvoir aller de l'avant et élaborer des propositions d'un point de vue consensuel. Je crois qu'il est malheureux que, jusqu'ici, le gouvernement n'ait pas accepté la possibilité d'aller dans cette direction, mais j'espère que, à mesure que nous poursuivons cette discussion ce soir, dans les semaines et, éventuellement, les mois à venir, nous pourrons peut-être faire cela.
Je vais revenir au document un peu plus tard.
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Nous avons des exemples où des partis n'existent pas, mais où le gouvernement et l'opposition finissent par se cristalliser et jouer leur rôle.
Baker poursuit. Je ne vais pas tout lire le document. Il présente les propositions et la façon dont le document est structuré. Mais je veux lire ce passage parce que je crois qu'il est pertinent à la discussion que nous tenons aujourd'hui, et il serait peut-être judicieux pour la de prendre la question en délibéré relativement aux présentes propositions. Encore une fois, Baker a écrit ce qui suit:
Même si l'équilibre de ces propositions tend à être un inconvénient pour le gouvernement en place, certains changements de procédures acceptés par tous depuis longtemps sont nécessaires afin d'assurer l'examen efficace des affaires émanant du gouvernement. Un certain nombre figure dans les propositions.
Alors encore une fois, Baker reconnaît dans les paragraphes d'introduction que ces changements entraîneront quelques inconvénients pour son gouvernement. Le fait d'augmenter le rôle des députés d'arrière-ban et celui des parlementaires des deux côtés de la Chambre ne facilitera pas la tâche du gouvernement. L'octroi de plus de pouvoirs à des députés comme moi et à tous les autres députés de la Chambre représentera un obstacle. Cet octroi causera des problèmes qui devront être réglés. Mais en même temps, il a dit également que les différents partis admettent de plus en plus le fait qu'il existe des façons de mieux faire fonctionner la Chambre des communes, alors nous avons besoin de faire des compromis; c'est une négociation et une discussion. C'est la raison pour laquelle j'aime m'en remettre à ce document de travail au sens propre pour que les parlementaires entament une discussion.
J'ai mentionné au départ que le gouvernement avait déjà présenté au Parlement le document de travail. Il l'a présenté au Comité permanent de la procédure et de l'organisation, le prédécesseur de notre comité, à titre de renvoi. On pouvait aussi simplement présenter les changements du Règlement. On n'a pas fait cela dans le cas présent. On n'a pas changé le Règlement parce que cela aurait nui à la discussion que le gouvernement aurait pu tenir. Le gouvernement de l'époque l'a plutôt présenté au Parlement. Il a remis la déclaration de principe au comité permanent afin qu'il l'examine et se serve de l'expertise de nombreux groupes. Mais ce document passe en revue les différentes propositions, et à mesure que nous les examinerons, nous constaterons que nombre d'entre elles ont été adoptées. Je crois que la plupart d'entre nous conviendraient que certaines de ces propositions ont été, au fil du temps, très précieuses pour nous tous.
La première proposition aujourd'hui semble assez banale, mais à l'époque, elle ne l'était pas. Elle portait sur le calendrier de la session et le moment où les parlementaires sont ici. Elle prévoyait qu'il devrait y avoir des périodes fixes d'ajournement pour Noël, Pâques et la fin de juin:
Avant le moment prévu, une motion d'ajournement figurerait automatiquement au Feuilleton. Si la motion n'a pas été mise aux voix deux jours de séance après le moment prévu de l'ajournement à Noël et à Pâques et cinq jours après le moment prévu de l'ajournement de la fin de juin, la motion devrait être mise aux voix pendant deux heures, et la question, débattue.
La proposition offrait donc beaucoup de prévisibilité aux parlementaires, la possibilité de connaître le début des travaux de la Chambre des communes, le moment où ils devraient être à Ottawa et le moment où ils pouvaient s'attendre à retourner dans leur circonscription à des moments clés du calendrier: Noël, Pâques et aussi la pause estivale. Encore une fois, c'est évident aujourd'hui. Chaque année, nous connaissons habituellement les périodes où nous serons à Ottawa et lorsque la Chambre siège; cela correspond d'habitude à 26 semaines par année. Nous savons que, au cours de l'année, nous passerons du temps dans notre circonscription pendant les semaines de relâche, la pause de Noël et certainement au cours de la pause estivale. Mais le calendrier n'a pas toujours été structuré comme il l'est maintenant.
On tiendra toujours des discussions sur le calendrier de la Chambre, pour savoir si une semaine de relâche concorde avec un certain congé scolaire ou non, et ces discussions se tiennent par les voies habituelles. Je parle non pas de ces échanges — qui, à mon avis, font partie à juste titre des discussions des leaders parlementaires —, mais du fait d'avoir une structure de base sur laquelle on peut s'appuyer pour mener nos travaux.
Je réfléchis souvent et, autant que possible, j'essaie d'obtenir des conseils de mes prédécesseurs, que ce soit des députés locaux ou de circonscriptions avoisinantes. Ça me rappelle une situation survenue dans les années 1980, peu de temps après l'élection de 1988. Mon prédécesseur était M. Harry Brightwell. Il était député de Perth-Wilmot, qui est plus tard devenu Perth-Wellington-Waterloo, puis Perth-Wellington à la suite d'une fusion.
M. Brightwell racontait l'histoire de l'élection de 1988, qui a bien sûr été suivie par les discussions et le débat au Parlement sur le libre-échange. À l'époque, les députés menaient des débats, votaient et sont restés à Ottawa jusqu'à la veille de Noël, après minuit.
Ce n'est qu'à ce moment que la véritable discussion sur les changements du Règlement permettant plus de prévisibilité du calendrier de la Chambre des communes a vraiment touché une corde sensible pour nombre de personnes. Elles ont compris que des parlementaires de partout au Canada étaient à Ottawa à minuit, la veille de Noël et achevaient de voter sur l'entente de libre-échange avec les États-Unis, entente sur laquelle, incidemment, la campagne électorale avait porté.
C'est à ce moment que les choses se sont précipitées, et maintenant il semble évident que nous serons à la maison dans notre circonscription bien avant le congé de Noël pour célébrer avec notre famille. Je soulignerais également que, à ce stade, M. Brightwell m'a dit qu'ils sont arrivés si tard à l'aéroport — je crois que c'était à London — que tout était fermé. Il était impossible de quitter physiquement l'aéroport parce que les portes étaient toutes verrouillées. Ils ont fini par trouver un garde de sécurité qui les a laissés sortir.
Plus loin dans le document... Je vais laisser de côté le calendrier de la session parce que je crois que nous reconnaissons tous son importance et le fait qu'il fournit aux députés un degré de certitude.
L'autre point que je mentionnerais — et c'est une discussion qui aura lieu dans les prochaines années —, c'est que, cette année, en novembre 2017, une semaine de relâche s'amorcera après le jour du Souvenir. Pour nombre d'entre nous dans des collectivités rurales, la plupart de nos activités de commémoration du jour du Souvenir ont lieu avant ce congé, alors le fait que ce congé tombe un samedi cette année signifie que la plupart de ces activités se tiendront la semaine précédente. Toutefois, nous siégerons à Ottawa cette semaine-là, plutôt que la semaine suivante. C'est une discussion que les leaders de la Chambre auront, je l'espère, au cours des prochaines années.
Je veux passer à certaines des autres propositions de M. Baker qui se trouvent sous la rubrique des activités quotidiennes. Encore une fois, elles montrent certaines des choses que nous tenons maintenant pour acquises, certaines des approches pleines de bon sens que nous utilisons maintenant. La proposition numéro deux porte sur la période des questions. Les travaux de la Chambre commencent à 14 heures: « L'appel commence avant 14 heures de façon que la Chambre puisse reprendre ses travaux à 14 heures juste. »
Nous savons maintenant que la Chambre amorce ses travaux bien avant cette heure, mais l'autre point — encore une fois, les numéros du Règlement ont changé, alors ne portez pas trop attention aux numéros —, c'est que « les recours à l'article 43 du Règlement disparaissent et toute la période de 14 h à 15 h (11 h à midi le vendredi) est consacrée aux questions orales ».
C'est une pratique qui, aujourd'hui en 2017, nous semble normale à la Chambre des communes... La période des questions se tient du lundi au jeudi, à 14 heures, et le vendredi à 11 heures. C'est maintenant une pratique normale. C'est maintenant enchâssé dans notre Règlement, mais ce n'était pas le cas auparavant.
La chose intéressante — et nous avons remarqué que ça arrivait tout le temps —, c'est que des choses se produisent au cours de la période des questions. Il s'agit d'occasions où nous souhaiterions idéalement invoquer le Règlement — parfois pour des questions de privilège, mais plus souvent qu'autrement pour simplement invoquer le Règlement — au cours de la période des questions, mais nous constatons, en tant que parlementaires, que nous ne le faisons pas immédiatement. Nous attendons la fin de la période des questions. À ce moment, nous invoquons le Règlement ou nous soulevons la question de privilège.
Ce que j'ai trouvé d'intéressant, c'est qu'on l'a fait en vertu d'un règlement temporaire, qui était expiré depuis longtemps au moment du dépôt du document. On avait proposé d'adopter cette pratique à la Chambre des communes et qu'elle soit enchâssée dans le Règlement.
La proposition présentée par M. Baker se trouvait au numéro quatre: « Les rappels au Règlement et les questions de privilège sont habituellement renvoyés à la fin de la période de questions par M. l'Orateur. »
Encore une fois, c'est une approche pleine de bon sens. Elle permet le fonctionnement sans entrave de la période des questions. On s'occupe de tout recours au Règlement ou de toute question de privilège nécessaires immédiatement après la période des questions.
Je crois qu'il est important de noter parfois la pratique ou l'approche courtoise courante souvent adoptée à la Chambre. Si un député prévoit invoquer le Règlement, en temps opportun, il en avise le Président immédiatement qu'il le fera après la période des questions, alors le Président est prêt à régler cette question ou à s'en occuper tout de suite après. Souvent, dans le feu de l'action, on ne fait peut-être pas toujours preuve d'une telle courtoisie; ce n'est certainement pas obligatoire. Mais souvent, le Président dira qu'il a remarqué que le député de telle ou telle circonscription voulait invoquer le Règlement ou soulever une question de privilège.
C'est une chose importante. Auparavant, c'était simplement un règlement temporaire. On ne l'a pas invoqué abondamment. Mais encore une fois, comme il s'agissait d'une pratique courante, d'une approche pleine de bon sens, on a fini par l'enchâsser dans notre Règlement.
Maintenant, je veux passer à deux ou trois autres points. Le premier porte sur le quorum. Notre Chambre des communes a en réalité un quorum extrêmement bas de 20 députés, et cela comprend le Président ou le vice-président, quiconque préside la Chambre à ce moment-là, alors cela signifie que seulement 19 députés doivent être physiquement présents à la Chambre à un moment donné.
En passant, d'autres assemblées législatives beaucoup plus petites que la nôtre ont un nombre similaire. Je ne viens pas de l'Alberta, mais on m'a dit que son quorum est également de 20 députés. Comme il s'agit d'une législature beaucoup plus petite, il est intrigant que notre nombre soit si bas. Malgré tout, je suis certain que nombre d'entre nous ont siégé à la Chambre des communes à un moment donné, peut-être vers la fin de la journée, pendant l'heure réservée aux initiatives parlementaires ou souvent après l'heure du dîner lorsque certains d'entre nous prennent une pause pour manger un morceau, lorsque le quorum de la Chambre des communes pouvait souvent s'approcher dangereusement du nombre de 20, et cela pourrait poser certains problèmes.
Mais pour revenir aux législatures passées, c'était un véritable problème que le Parlement ajourne à ce moment-là: lorsqu'on n'avait pas le quorum, le Parlement ajournait simplement. Malgré un quorum relativement bas, nous voyons encore des situations où on n'a pas le quorum. Ce n'est pas toujours porté à l'attention du Président. Mais si c'était le cas, et qu'on ajournait simplement les travaux, cela causerait de réels problèmes pour le Parlement et le gouvernement... et également pour l'opposition, d'ailleurs, parce qu'il y a des jours où l'opposition maîtrise, si vous voulez, le calendrier de la Chambre et des jours désignés, où des motions de l'opposition sont déposées.
Mais la proposition soumise par Walter Baker, qui a fini par être adoptée, indiquait que: « Pour éviter les ajournements futiles en raison d'un défaut de quorum, la cloche devrait sonner pour réunir le quorum. » C'était une approche pleine de bon sens: si vous perdez le quorum, sonnez la cloche et appelez les députés afin de pouvoir poursuivre les travaux. On a fini par l'adopter. Elle fait maintenant partie de notre Règlement. Je ne peux pas préciser le numéro exact de l'article actuel, mais je sais que je l'ai consulté à l'occasion par curiosité. Habituellement, les députés font preuve de courtoisie à la Chambre. Il est rare qu'une personne demande à vérifier le quorum lorsqu'il y a un effort de bonne foi pour mener des débats à la Chambre des communes.
Cet exemple permet aux députés de retourner rapidement à la Chambre si on n'atteint pas le quorum, et il est habituellement facile de trouver 20 députés tout près de la Chambre. Cela permettait aussi à un député, à la suite de manigances auxquelles on assistait à l'époque, de se cacher rapidement, de faire en sorte de perdre le quorum et d'obtenir l'ajournement de la Chambre. Dans ce cas, cela permettait de s'occuper d'un ajournement futile, si vous voulez, de sorte que le sergent d'armes n'avait pas à se déplacer d'une pièce à une autre pour ramener lui-même les députés, ce qui peut être le cas au Parlement de certains de nos partenaires ou dans des parlements similaires au nôtre à l'étranger.
Comme je l'ai mentionné, certaines propositions pleines de bon sens figurent au début du document, des choses sensées, qui auraient obtenu le soutien de tous les partis. Nous avons celles dont j'ai parlé. Il y a également celles qui aideraient le gouvernement, et je vais en parler un peu, plus tard.
Fait important encore, il y a celles qui aident les parlementaires. Dans de nombreux cas, il s'agirait davantage des députés de l'opposition, mais un député du gouvernement aurait certainement le droit de tirer également profit de nombre de ces propositions.
Un de ces éléments importants tient au concept d'affaires émanant des députés. Encore une fois, il arrive qu'une bonne idée ne soit pas perçue comme telle avant de nombreuses années, et certaines des idées présentées ici pourraient encore en être de bonnes. Elles n'ont pas complètement été adoptées par les parlementaires qui nous ont précédés, mais elles fournissent néanmoins une capacité fascinante de discuter de diverses questions.
Une des premières propositions tenait au fait qu'il devrait y avoir des cycles désignés pour les débats sur les affaires émanant des députés. Selon la proposition, les mercredis, on commencerait les travaux par l'examen de projets de loi d'initiative parlementaire. Les jeudis, on examinerait les motions émanant des députés, et au terme de l'examen, le jeudi soir, une procédure de règlement viserait les contestations que des députés pourraient soulever relativement aux décisions concernant leur initiative parlementaire. Que l'initiative ait été refusée ou jugée irrecevable, la Chambre possédait une procédure à cet égard.
On aurait ensuite un deuxième cycle, au cours duquel on tiendrait une deuxième série de discussions, les jeudis, sur les projets de loi d'initiative parlementaire. Ensuite viendrait une deuxième série de motions d'adoption, suivie par une autre série de projets de loi d'initiative parlementaire, et il y aurait alternance au cours du processus. Encore une fois, nous n'avons pas tout à fait suivi cette pratique exacte, mais c'était néanmoins une proposition qui permettait aux députés d'avoir un horaire fixe pour entreprendre ces travaux.
Maintenant, dans le système actuel — ce n'est pas un mauvais système, mais on peut l'améliorer —, nous ne faisons pas de distinctions entre les projets de loi et les motions, et peut-être que nous devrions le faire. Toutefois, de la façon dont le système fonctionne à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas.
Une autre proposition que je trouve intéressante consiste à utiliser une suggestion du Parlement du Royaume-Uni, qui est en réalité similaire au cas qui nous occupe, mais pas tout à fait. Un projet de loi doit faire l'objet d'un débat d'environ deux heures et demie et ensuite être mis aux voix, et s'il ne l'est pas, il n'est plus prioritaire. La façon dont nous débattons des projets de loi maintenant fait en sorte qu'il retombe automatiquement au bas de la liste du Feuilleton, et ensuite il remonte la liste pour la deuxième heure. On suggère ici en réalité un débat, dans le cas présent, de deux heures et demie et ensuite, on le met aux voix peu de temps après ou il retombe au bas de la liste.
Au Royaume-Uni, ils ont une façon similaire de faire les choses, mais, en réalité, ils n'ont pas le même délai, je crois, alors ils peuvent prolonger le débat sur le projet de loi et, à un moment donné, le projet de loi se retrouve au bas de la liste. Alors les parlementaires doivent être vigilants et prêts à déposer une motion pour régler la question et s'assurer d'aller voter afin d'obtenir le nombre minimal de votes requis parce que le vote se tient souvent un vendredi. Ils doivent donc s'assurer d'avoir assez de députés en ville pour débattre de la motion.
Voici une autre chose que je trouve intéressante. Aucun parti n'a le monopole des bonnes idées. C'est à la page 12, au point 16(iii): selon la proposition, « Une motion présentée par le leader parlementaire du gouvernement visant le transfert du projet de loi aux Ordres émanant du gouvernement est adoptée avec une garantie que le projet de loi sera débattu au moins pendant 5 heures supplémentaires sous les Ordres émanant du gouvernement dans les 15 jours de séance. »
Je crois qu'il s'agit d'une idée fascinante. Pourtant, on ne l'a pas adoptée. Ça ne veut pas dire qu'elle ne pourra pas être adoptée dans l'avenir, mais elle permet au gouvernement de choisir un projet de loi d'initiative parlementaire comme s'il s'agissait d'un projet de loi émanant du gouvernement. Nous pouvons penser à des exemples de projets de loi d'initiative parlementaire présentés à la Chambre au cours de la présente législature et de la précédente, qui étaient de bonnes idées et qui ont bénéficié du soutien général du Parlement. Malheureusement, lorsqu'on a peu de temps pour examiner les projets de loi, on ne peut pas tenir le genre de débat complet qu'on tiendrait dans le cas d'un projet de loi émanant du gouvernement. Alors, avec cette possibilité, une bonne idée avancée par un député pourrait devenir un ordre émanant du gouvernement, et on pourrait mener des débats approfondis sur la question. Je crois que c'est une discussion qui vaut la peine d'être engagée. Nous n'aurons peut-être pas à débattre très souvent d'un projet de loi émanant d'un député de l'opposition, mais cela offrirait également cette possibilité à un député du gouvernement.
Une proposition du rapport — et je crois, encore une fois, que le consensus général à ce sujet est que tous les partis la soutiennent —, la proposition 21, selon laquelle on devrait utiliser le nom des députés au lieu du numéro du projet de loi ou de la motion pour le tirage au sort d'initiatives parlementaires. Le cas initial était que le numéro du projet de loi serait utilisé dans le cadre du tirage au sort afin de déterminer le moment du débat. Bien sûr, nous utilisons maintenant le nom des députés. Je crois que je suis le numéro 255, alors je serai très vieux lorsque viendra le temps de débattre de ma motion, mais c'est le hasard qui joue. Il n'existe aucun système parfait, mais je crois que le tirage est certainement un des systèmes les plus justes qu'on pourrait utiliser, et dans le cas présent, l'utilisation du nom du député au lieu du numéro du projet de loi offre certainement une flexibilité afin qu'un député décide quel projet de loi ou quelle motion il désire déposer. Ce système n'empêche pas les députés d'effectuer des changements selon l'évolution des choses, de la situation et des événements, comme c'est souvent le cas.
Ce sont là quelques propositions que Walter Baker a présentées à propos des projets de loi d'initiative parlementaire. En règle générale, elles avaient trait à des façons d'améliorer les chances d'adoption des projets de loi d'initiative parlementaire. Il est certain que je ne m'intéressais pas beaucoup aux affaires émanant des députés dans les années 1980. Je m'intéressais probablement surtout aux dessins animés à l'époque, mais pour avoir parlé à mes collègues qui ont siégé au cours de ces législatures, je reconnais effectivement les difficultés et les défis extrêmes liés à toute tentative de faire adopter ces projets de loi.
Je pense à mon collègue Rob Nicholson de Niagara Falls. Il vient tout juste de faire adopter, dans cette législature, son tout premier projet de loi, qui prévoit la mise en place d'un cadre national sur l'Alzheimer et d'autres formes de démence. Il n'a sûrement jamais eu la possibilité de proposer un projet de loi pendant de nombreuses années parce qu'il était membre du Cabinet au cours de la dernière décennie. De plus, au cours des années 1980 et au début des années 1990, lorsqu'il était membre des gouvernements de l'époque, il n'existait tout simplement pas de procédures et de possibilités concrètes pour entamer ces débats.
Maintenant, je veux aussi discuter du prochain élément. Je vous préviens à l'avance, je vais parler un peu des comités. Je sais que mon ami et collègue M. Lukiwski ronge son frein et est impatient de contribuer au débat.
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Quand j'ai abordé le premier ministre — et j'ai donné plusieurs autres exemples également, de situations où je pensais que le Règlement pouvait être modifié afin d'améliorer les procédures de la Chambre —, il a accepté, mais à quelques conditions. Certains des membres de l'opposition de cette époque pourraient estimer que c'est un peu exagéré, mais je peux vous assurer que c'est vrai. Il voulait s'assurer que ce n'était pas trop partisan et que nous n'allions rien faire pour tenter d'adopter des changements à toute vitesse. Par conséquent, quand nous avons établi le comité multipartite et que je l'ai présidé, j'ai affirmé que les règles que je voulais faire appliquer étaient simples. J'ai proposé que tous les partis politiques et tous les représentants de ce comité multipartite retournent à leur caucus, discutent des modifications possibles qu'ils voudraient voir apportées, puis reviennent en faire part au Comité à des fins de discussion sous une seule réserve: si quiconque siégeant à ce comité s'opposait à une proposition de modification du Règlement, la modification proposée allait être retirée — pas de discussion —, parce que, comme je l'ai souligné, le Règlement nous touche tous. Ce sont nos règles du jeu, et elles sont là pour profiter à tous les parlementaires et pour tous les aider. Mon raisonnement était que, si c'était le cas, alors, comment était-il possible que nous procédions sans obtenir l'unanimité? Si les règles mêmes qui nous guident doivent nous profiter à tous, alors, comment pouvons-nous modifier arbitrairement le Règlement — ou le laisser être modifié par une majorité —, si les modifications ne sont pas acceptées par les membres?
Il y a eu plusieurs exemples. Concernant le point de vue du NPD, je me rappelle très clairement lorsque Joe Comartin a déclaré qu'il voulait que l'on discute de l'article 56.1 du Règlement et qu'on envisage de le supprimer. Dans l'intérêt des membres du Comité qui ne connaissent peut-être pas l'article 56.1 du Règlement — ou pour les Canadiens qui nous regardent —, ce que fait cet article, c'est permettre au gouvernement d'obtenir une approbation à l'unanimité s'il n'a pas déjà réussi à en obtenir une. Comment peut-on faire cela? Si le gouvernement demande l'approbation à l'unanimité de, disons, l'adoption d'une motion ou d'un projet de loi et que le consentement unanime n'est pas accordé, il peut ensuite immédiatement invoquer l'article 56.1 du Règlement, lire le même projet de loi ou la même motion aux fins du compte rendu, et, si 25 députés de la Chambre ne se lèvent pas pour s'y opposer, le projet de loi ou la motion est considéré comme ayant été adopté. Nous avons eu recours à cet article deux ou trois fois entre 2011 et 2015, et nous le faisions habituellement un vendredi matin. Comme tout le monde le sait, habituellement, moins de députés se présentent aux séances du vendredi. De nombreux parlementaires rentrent chez eux le jeudi soir afin de pouvoir passer du temps dans leur circonscription, alors nous sautions littéralement sur l'occasion, quand les bancs de l'opposition étaient vides. Il nous arrivait même parfois de faire une petite visite dans l'antichambre de l'opposition pour voir combien de personnes pouvaient s'y trouver. Si nous avions l'impression que moins de 25 membres de l'opposition étaient présents, nous présentions une motion, elle était rejetée dans le cadre d'un vote par oui ou par non, nous la présentions de nouveau au titre de l'article 56.1 du Règlement, et, à deux ou trois occasions, elle a été adoptée. Je disais à la blague à mes collègues du NPD de voir cela comme une expérience d'apprentissage pour eux, mais cette tactique a eu un effet, car je pense qu'après la deuxième fois, l'opposition s'est assurée que, le vendredi matin et en tout temps, au moins 25 de ses membres étaient présents. M. Comartin voulait soulever cette question et proposer que l'article 56.1 du Règlement soit retiré du Règlement. Évidemment, cela n'a pas fonctionné, car nous nous y sommes opposés. La proposition n'a même pas fait l'objet d'une discussion. Elle n'a même pas été débattue. Cela aurait pu être un débat intéressant.
Je peux certainement donner de nombreuses raisons pour lesquelles l'article 56.1 a sa place dans le Règlement, mais, en raison des procédures, de la règle que j'ai mise en place pour notre comité multipartite, si quiconque s'opposait à une modification proposée, elle était exclue de la discussion. Voilà comment nous fonctionnions. Vous savez quoi? Cela fonctionnait bien. Nous avons apporté un certain nombre de modifications; la plupart d'entre elles étaient assez mineures, mais cela fonctionnait bien.
Je peux assurer les membres du Comité que tout le monde était tout à fait d'accord avec ma consigne à ce sujet, c'est-à-dire que nous devions avoir l'unanimité.
Je peux vous donner deux ou trois autres exemples de choses dont je n'ai même pas permis la présentation en tant que proposition. Si vous connaissez le Règlement, si vous connaissez les procédures et les pratiques de la Chambre, si vous avez lu O'Brien et Bosc, vous saurez qu'un gouvernement majoritaire a de nombreuses occasions d'imposer la tyrannie de la majorité au moyen de modifications apportées au Règlement.
Laissez-moi vous donner seulement un exemple. Lors des élections de 2011, le nombre de députés du Parti vert, du Bloc québécois et d'autres partis indépendants, si nous pouvons les appeler ainsi — des partis non affiliés, non enregistrés, non reconnus à la Chambre des communes —, est passé à environ sept ou huit. À plus d'une occasion, les trois grands partis — les conservateurs, les libéraux et le NPD — s'étaient entendus sur le fait qu'une motion, peut-être une motion visant à ajourner la séance tôt ou une quelconque autre motion qui semblait populaire auprès des trois partis, allait requérir un consentement unanime à la Chambre. À ces occasions, l'un des députés indépendants votait par un non, ce qui forçait cinq de nos députés à se lever. Ces partis ne comptaient que sept ou huit députés, mais ils étaient suffisants pour « se lever à cinq » et forcer un vote par assis et levé.
Bien entendu, ils n'avaient pas assez de députés pour pouvoir remporter ce vote, mais ils pouvaient au moins retarder la procédure et mettre le gouvernement dans une position où il devait faire retentir la sonnerie de 30 minutes et tenir un vote, alors le débat sur le projet de loi en question était reporté. C'était un irritant, alors un certain nombre de députés ont laissé entendre que la disposition exigeant que cinq députés se lèvent était en vigueur depuis bien des années. Au moment où elle avait été adoptée, il y avait beaucoup moins de députés au Parlement qu'aujourd'hui.
D'aucuns pourraient faire valoir, avec certaines justifications, qu'en tant que méthode inflationniste, nous devrions faire passer la disposition du Règlement de cinq à dix députés qui se lèvent. Si nous avions adopté cette modification, les députés indépendants n'auraient aucunement eu la capacité d'imposer une mise aux voix. Je peux affirmer aux membres que je n'ai même pas permis qu'on le propose. Pourquoi? Parce que cela porterait atteinte aux droits de certains parlementaires. Cela les priverait de leur capacité d'agir en tant qu'opposition efficace. Même s'ils étaient peu nombreux, ils avaient tout de même des droits. Nous aurions pu les leur retirer en un clin d'oeil. Cela n'a pas eu lieu, car d'autres membres de notre comité et moi-même respections les droits de tous les parlementaires, pas seulement la tyrannie de la majorité.
À propos de l'article 56.1 du Règlement, la même proposition avait été faite en raison du facteur inflationniste. La pratique selon laquelle 25 personnes doivent se lever pour arrêter l'adoption de quelque chose au titre de l'article 56.1 du Règlement avait cours il y a de nombreuses décennies, et la disposition a été enchâssée dans le Règlement. Il a été proposé — et nous aurions certainement pu le faire, si nous l'avions souhaité, car nous étions majoritaires — que nous fassions passer le nombre de 25 à, disons, 35 ou 40, voire au-delà, ce qui aurait rendu la tâche encore plus difficile aux partis de l'opposition qui souhaiteraient bloquer une proposition au titre de l'article 56.1 du Règlement. Cela n'a pas eu lieu. Nous n'avons même pas présenté cette motion. Pourquoi? Parce que ce serait injuste. Ce serait utiliser la tyrannie de la majorité pour tenter d'améliorer notre position, d'un point de vue politique. Cela n'a tout simplement pas eu lieu.
Voilà pourquoi je suis très préoccupé par ce qu'on tente de faire actuellement. Si le gouvernement veut vraiment apporter ces modifications, s'il croit sincèrement que les modifications proposées amélioreront le fonctionnement du Parlement, alors, il devrait les apporter. Il devrait présenter une motion et l'adopter. Il est majoritaire. Il a la capacité de le faire. Toutefois, il ne le fait pas, car il veut camoufler ses motifs politiques grâce au Comité.
Il veut pouvoir affirmer qu'un comité permanent du Parlement a recommandé les modifications et que, comme il s'agit d'un comité multipartite, nous allons adopter ces modifications. C'est de la frime, et, au mieux, c'est de l'hypocrisie.
Nous sommes là parce que nous reconnaissons ce que le gouvernement tente de faire. Il a la capacité de le faire, s'il le souhaite. S'il désire le faire unilatéralement dans la Chambre, qu'il le fasse tout simplement. Cependant, le fait de tenter de donner l'impression qu'un rapport déposé par le Comité permanent lui donne une approbation tacite pour le faire, bien franchement, c'est trompeur, malhonnête, et cela ne devrait pas être permis. Voilà pourquoi nous faisons de l'obstructionnisme.
Je veux également signaler aux membres du Comité que, pendant que j'étais le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre pendant cette période et le principal représentant de notre parti au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, à de nombreuses occasions, j'ai eu la possibilité de négocier avec des membres du Comité. Si M. Christopherson était là, je sais qu'il appuierait les propos que je suis sur le point de tenir. Je peux vous assurer que — à de nombreuses occasions où nous étions en train de négocier, concernant une motion ou la capacité des membres de l'opposition de présenter une question qu'ils voulaient aborder ou une foule d'autres questions qui sont soulevées de temps en temps devant le Comité —, lorsque je donnais ma parole à un membre de l'opposition, c'était ma parole d'honneur. J'ai toujours tenu mes promesses.
Un député: Bravo!
M. Tom Lukiwski: Je mentionne cela non pas pour me valoriser aux yeux des membres du Comité, mais plutôt pour dire qu'au cours des neuf années, j'ai eu l'occasion de prendre part à beaucoup de négociations avec des membres des partis de l'opposition et que je n'ai pas toujours rencontré des homologues qui tenaient parole. Cela ne favorise que le manque de confiance. Mon collègue , en a parlé un peu plus tôt.
Dans notre comité, je me suis assuré que, chaque fois que je prenais un engagement, je le respectais. Je peux également assurer les députés du fait que, de temps en temps, je me faisais réprimander, disons, par des personnes dont l'échelon salarial était supérieur au mien, parce que j'avais pris un engagement que d'autres ne voyaient pas d'un bon oeil. Toutefois, je respectais l'engagement. Ces autres, qui étaient peut-être un peu fâchés après moi, reconnaissaient le fait que je ne pouvais pas manquer à ma parole parce que, si je le faisais, le facteur confiance commencerait à se détériorer. Une fois que cela se produit, ici, il est très difficile d'arriver à quoi que ce soit.
Je mentionne cela seulement parce que je vous affirme — et je suis certain que d'autres l'ont affirmé également — que nous, en tant qu'opposition, ne laisserons pas cet obstructionnisme prendre fin. Je vous le garantis. Nous serons là tant que le gouvernement souhaitera continuer. Nous pouvons y être jusqu'à après le 2 juin. Nous pouvons nous rendre aux prochaines élections fédérales, si vous le souhaitez. Cela nous préoccupe à ce point.
a évoqué le fait que nous ne voyons pas d'inconvénient à tenir une discussion. Il a raison. Je n'y vois pas d'inconvénient, moi non plus. Toutefois, il faut le faire d'une manière qui nous permet d'obtenir le consentement unanime de tous les partis, comme cela touche tous les partis et tous les parlementaires. On ne peut pas apporter de modifications qui ne vont profiter qu'au gouvernement. J'ai donné des exemples de situations où nous avions eu la possibilité de le faire quand nous étions au pouvoir, mais ne l'avons pas fait. Je dois être honnête. Bien franchement, je ne vois pas grand-chose de l'autre côté de la Chambre — du côté du gouvernement — qui me fasse penser qu'il est disposé à conclure une telle entente. De fait, je vois tout le contraire. Je vois des choses, parfois presque tous les jours — des procédures et des tentatives de la part du gouvernement visant à arrêter un débat important —, qui me font vraiment douter de sa disposition à travailler avec les membres de l'opposition.
L'exemple le plus récent a eu lieu cet après-midi. Nous tenions un débat sur la question d'un privilège qui touche chacun des parlementaires: le droit qu'ils ont de se présenter à la Chambre librement et de pouvoir voter. Deux de nos députés se sont vu refuser ce droit tout récemment, et ils ont invoqué le Règlement auprès du Président. À très juste titre, il a affirmé que la question de privilège lui paraissait fondée à première vue. Ce n'est pas nouveau. Durant mes neuf années à la procédure et aux affaires de la Chambre, je crois que nous avons réglé la même question à trois occasions distinctes. Des députés distincts se sont vu refuser l'accès à la Colline pour diverses raisons. Parfois, c'était parce qu'il y avait une escorte motorisée. Parfois, c'était parce qu'un agent de sécurité ne reconnaissait pas la personne en tant que député. Par contre, il y a eu des fois où les députés se sont vu refuser l'accès à la Chambre et où ils ont manqué des votes.
Dans chacun de ces cas, le Président a déclaré que la question de privilège lui paraissait fondée à première vue. Un débat s'ensuivait dans la Chambre. On mettait la question aux voix. La Chambre approuvait un ordre de renvoi pour envoyer la question de privilège au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Voilà la méthode appropriée. Voilà la mesure qu'il convient de prendre. Qu'est-ce qui s'est passé, aujourd'hui? Le débat était en cours, et le gouvernement l'a arrêté. Il ne l'a pas reporté. Il l'a arrêté. Cela n'était jamais arrivé auparavant.
Malheureusement, mon collègue et ami, , qui n'est pas présent actuellement, a affirmé plus tôt que nous, les conservateurs, avions fait cela lors de la dernière session, la dernière législature. Ce n'est pas vrai. Je concède qu'un débat a été tenu sur le privilège et que nous avons imposé la clôture, mais un vote a été tenu. Les parlementaires de tous les partis ont été en mesure de voter sur cette question de privilège.
Ce n'est pas ce qui est arrivé. Le gouvernement actuel a arrêté le débat, et la question ne sera jamais mise aux voix. Des députés — des députés d'arrière-plan et de premier rang, des membres du gouvernement et de l'opposition — se sont vus privés du droit de voter sur une question de privilège qui pourrait avoir une incidence sur chacun d'entre nous, à un certain moment dans l'avenir. Il s'agissait d'une attaque contre le droit démocratique des parlementaires et d'une atteinte à ce droit. La tenue d'un vote n'a même pas été permise.
Faites-moi confiance à ce sujet, et vous le savez tous: les gouvernements ne sont que de passage. Vous avez maintenant établi un précédent, alors, un jour, peut-être dans un avenir pas si lointain, quand vous serez assis sur les bancs de l'opposition, le gouvernement de l'heure pourrait être majoritaire et pourra dire qu'il y a eu un précédent et qu'il n'est pas tenu de permettre aux députés de voter sur un privilège, même si la question est considérée comme étant fondée à première vue, parce que le gouvernement précédent avait refusé ce vote.
Le gouvernement s'aventure sur un terrain dangereux, mais il y a une solution facile.
Monsieur le président, je vois venir une intervention, alors je céderai certainement mon temps de parole aux fins de cette intervention.
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Cependant, avec tout le respect que je vous dois, la réalité, c'est que le débat a été arrêté. Même si vous affirmez que vous ne voulez pas arrêter le débat, c'est ce que vous avez fait. C'est ce que le gouvernement a fait. Il a présenté une motion afin de retourner aux ordres émanant du gouvernement. Il a arrêté le débat, et, maintenant, il est impossible pour l'opposition de reprendre le débat sur cette motion de privilège. Il est arrêté.
Il n'est pas remis à plus tard. Il n'est pas reporté. Il est terminé.
Les députés qui ont présenté la motion de privilège, qui a été considérée comme fondée à première vue, sont privés de la capacité d'en discuter davantage, d'en débattre et de voter à ce sujet dans la Chambre. Voilà ce qu'a fait le gouvernement. Encore une fois, j'en reviens à mon argument le plus élémentaire. Pourquoi sommes-nous même là?
Monsieur le président, vous faites un travail remarquable du simple fait que vous devez rester là, heure après heure, chaque jour, à écouter un débat qui, bien franchement, pourrait être presque sans fin, car il n'y a sur les bancs de l'opposition aucune volonté de permettre à ce débat de cesser, puisque vous savez quel sera le résultat. Dès que cela arrivera, le document de travail, les modifications proposées, seront mis aux voix. Les membres du gouvernement majoritaire vont l'adopter, un rapport sera déposé à la Chambre pour recommander les modifications proposées par le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, et le gouvernement se servira de cela comme bouclier en disant: « Il s'agit de recommandations du Comité. Nous ne faisons pas cela unilatéralement. Nous n'imposons pas notre volonté au Parlement. Il s'agissait d'une recommandation du Comité. » Exact. Je ne pense tout simplement pas qu'il s'agisse de quelque chose qu'une personne de bonne foi pourrait accepter.
Les gouvernements sont élus. Je l'ai déjà dit. Les gouvernements ont le droit de promulguer leurs propres lois. Ils ont le droit de tenter de façonner le Canada comme bon leur semble, mais les membres de l'opposition sont là pour une raison. Nous sommes là pour signaler les lacunes du gouvernement, du moins, à notre avis. Il y a des lacunes. Nous sommes là et avons le droit de débattre, et, parfois, de retarder — si nous estimons que c'est nécessaire — des motions et des projets de loi, mais, en l'occurrence, la situation est différente. Le Comité n'est pas en train de débattre d'un projet de loi émanant du gouvernement. Nous discutons des règles qui nous guident et qui sont tout à fait fondamentales aux parlements de partout dans le monde.
J'ai mentionné que de nombreux spécialistes de la procédure, comme M. Holtby et M. Yanover, s'opposeraient farouchement à toute modification du Règlement, à l'exception des ajustements les plus mineurs, car ils estiment que ces dispositions réglementaires, qui ont évolué au fil du temps, sont là pour une raison. Le gouvernement affirme qu'il souhaite moderniser le Parlement afin de le rendre plus efficient. Eh bien, si c'était vraiment à l'avantage de tous les parlementaires, si cela allait vraiment rendre le Parlement plus moderne, si cela allait vraiment le rendre plus efficient, alors, il ne devrait pas être difficile d'obtenir l'unanimité au sein de tous les partis, car, si les modifications qu'on propose d'apporter au Règlement étaient à notre avantage à tous, pourquoi ne les approuverions-nous pas?
Certaines des modifications que nous avons apportées la dernière fois, quand je présidais le Comité, étaient très mineures. Je veux vous donner deux ou trois exemples, car elles avaient été facilement acceptées à l'unanimité. Quelques-unes étaient en fait des motions concernant des situations obscures qui existaient peut-être il y a 100 ans, mais qui ne surviennent plus aujourd'hui.
Par exemple, le Règlement contenait une mention de l'heure du souper. Autrefois, il y avait une heure du souper au Parlement, car les séances n'avaient pas lieu aussi tôt que maintenant. Le Parlement ouvrait dans l'après-midi, et les députés se réunissaient dans la soirée, alors il y avait une heure du souper désignée, où les comités arrêtaient leur séance. Le Parlement s'arrêtait, et les députés avaient la possibilité de se rendre au restaurant parlementaire ou de descendre la Colline pour aller manger quelque chose, puis revenir. Maintenant, il n'y a plus d'heure du souper, alors nous avons simplement supprimé cette mention du Règlement.
Il y a aussi les mentions d'amendes de 5 $ imposées par le sergent d'armes en cas de transgression. Nous avons supprimé cette disposition et des questions semblables.
Il ne faisait aucun doute que tous les députés appuyaient ces modifications, car elles étaient logiques, mais si quoi que ce soit donnait à penser que le Règlement pourrait avoir une incidence négative sur un parti politique et sur sa capacité de faire son travail, ou bien sur un parlementaire, les modifications n'étaient même jamais abordées de nouveau.
Où est-ce que cela nous laisse? Cela nous laisse dans une position où nous allons continuer de faire de l'obstructionnisme, sauf si tout le monde pouvait entendre raison, et qu'il pouvait y avoir une certaine entente entre les leaders de la Chambre. Je suis d'accord; mon collègue a évoqué le fait que les leaders de la Chambre sont ceux qui prennent ces types de décisions. Franchement, ils donnent les ordres, et c'est pourquoi ils sont dans la position où ils se trouvent, mais je me rends aussi compte, pour l'avoir vécu — et quiconque a été au gouvernement le vit —, du fait que d'autres forces sont à l'oeuvre, pas seulement les processus de gestion de la Chambre. Je parle plus précisément du Cabinet du premier ministre.
Il ne fait aucun doute — et je ne demande à aucun de mes collègues du côté du gouvernement de le reconnaître ou même d'affirmer que c'est exact, mais nous savons tous que c'est le cas — que le Cabinet du premier ministre ne fait pas que des suggestions; il donne plutôt des ordres stricts quant à ce que les comités doivent faire. Mon bon ami, M. Simms — et je ne dis pas cela à la légère; il est un ami; je le considère comme un ami et comme l'un des gentils —, a déclaré que la motion qu'il avait présentée, celle dont nous discutons actuellement, la mention et l'amendement, était son oeuvre. Avec tout le respect que je lui dois, je crois que d'autres forces étaient à l'oeuvre. Je ne crois tout simplement pas qu'un document de travail a été transmis, et qu'à peine quelques heures plus tard, une motion pleinement traduite a été présentée au Comité. Je crois fermement qu'une décision a été prise à un échelon supérieur à celui-ci et qu'on a ordonné aux membres du gouvernement de respecter cette ligne de conduite.
Cela arrive. Je comprends cela. C'est arrivé dans notre cas. C'est arrivé dans le cas de gouvernements précédents. Cela arrivera dans le cas de gouvernements qui seront élus longtemps après le vôtre. Cela ne veut pas dire que c'est correct.
Si le gouvernement croit très fermement que ces modifications sont nécessaires, il a la capacité de les apporter dès maintenant, mais vous savez quoi? Je crois — et je pourrais me tromper à ce sujet — que la plupart des modifications proposées constituent en soi un genre de camouflage pour l'unique modification que le gouvernement veut réellement faire apporter, c'est-à-dire celle qui porte sur le processus relatif aux budgets des dépenses.
Laissez-moi vous présenter un petit contexte à ce sujet. Je suis le président du Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Ce comité a une responsabilité. Quand je dis « responsabilité », je veux dire qu'il fait affaire avec plusieurs ministères, notamment avec le Conseil du Trésor. Le , une autre personne que j'aime beaucoup et que je respecte énormément, s'est présenté devant notre comité à plusieurs occasions pour tenter de le convaincre de modifier l'échéance prévue dans le Règlement pour les budgets des dépenses afin qu'ils soient présentés non pas au plus tard le 31 mars, mais au plus tard le 1er mai. Il a affirmé qu'au bout du compte, il voulait mieux harmoniser le processus relatif aux budgets des dépenses avec le processus budgétaire. Honnêtement, il s'agit d'un objectif que j'appuie.
En ce moment, comme nous le savons tous, si vous connaissez moindrement le fonctionnement du système, c'est tout simplement l'inverse de ce qui devrait se passer. Un budget est présenté, et, après, le budget des dépenses arrive, au lieu que l'on commence par discuter des dépenses qui pourraient figurer dans le budget, puis que le budget suive l'approbation du budget des dépenses. On met la charrue avant les boeufs. D'autres administrations ont modifié le système de façon séquentielle et l'ont mieux harmonisé. Voilà ce que le gouvernement tente de faire.
Je félicite le gouvernement de cette tentative, mais tente de faire cela en modifiant le Règlement de manière à lui permettre, pour une période de deux ans, de changer le moment du budget des dépenses et celui où il est présenté aux comités. La difficulté qui se pose, c'est que, une fois qu'on modifie le Règlement, il n'y a aucune garantie que la modification sera un jour annulée.
Le gouvernement n'est pas tenu de modifier le Règlement. Il dispose d'un certain nombre d'options pour atteindre son objectif d'une meilleure harmonisation. Il a la capacité de présenter les renseignements financiers à tout moment. Il n'est ni restreint ni limité quant au moment où il peut le faire. On ne le force certainement pas à présenter un budget en mars ou en avril. Il peut le faire en janvier, s'il le souhaite, ce qui réglerait entièrement le problème. Cependant, a déclaré qu'il voulait que cela arrive, et il a ajouté que, s'il ne pouvait pas y arriver en s'adressant au comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires et en obtenant son approbation, il allait trouver un autre moyen. Je crois qu'il tente de trouver un autre moyen dans cette série de modifications.
Regardez seulement les quatre grandes modifications. Je crois savoir — et je tiens cette information seulement de ma lecture d'articles dans les médias — que le gouvernement a affirmé vouloir faire adopter quatre modifications principales du Règlement.
La première, c'est la tenue d'une période de questions du une fois par semaine. Le gouvernement n'a pas besoin de modifier le Règlement pour l'obtenir. Nous l'avons vu l'autre jour. Honnêtement, je félicite le premier ministre de faire cela. À ma connaissance, c'est la première fois qu'on le fait. Il n'a donné aucune réponse; néanmoins, il s'est levé pour dire quelque chose à propos de chaque question. Je lui accorde du mérite pour cela, mais il est inutile de modifier le Règlement à cette fin.
Le deuxième élément concerne la prorogation du Parlement, le fait de devoir modifier le Règlement afin de forcer les gouvernements à justifier les prorogations. Il est inutile de modifier le Règlement à cette fin. De fait, toute prorogation dont j'arrive à me souvenir a toujours été justifiée, et une certaine explication a été présentée. Il n'y a jamais eu de silence de mort, et une prorogation qui se produisait simplement. Que ce soit à l'échelon provincial ou fédéral, il y a toujours eu une raison, alors il est inutile de modifier le Règlement. Si le gouvernement souhaite proroger le Parlement, et je crois savoir qu'il envisage probablement une prorogation, peut-être cet été, c'est son droit, manifestement, mais il serait également un peu logique que le gouvernement puisse vouloir repartir à neuf à mi-chemin de son mandat de quatre ans. La prorogation serait logique à cet égard... Revenir avec un nouveau discours du Trône à un certain moment, plus tard, à l'automne. C'est un peu logique. Je peux comprendre cela, mais il est inutile de modifier le Règlement. Prorogez simplement le Parlement et présentez votre justification.
La troisième modification concerne l'élimination des projets de loi omnibus. C'est correct; vous n'avez qu'à ne pas en présenter. D'aucuns pourraient faire valoir que, eh bien, nous pouvons faire cela, mais nous voulons nous assurer que les gouvernements à venir ne le font pas. La réalité, c'est que vous n'êtes pas tenu de modifier le Règlement aujourd'hui pour mettre fin au recours à des projets de loi omnibus. Vous avez la capacité de le faire vous-même.
Que reste-t-il des quatre grandes modifications? Il ne reste que la modification du Règlement dans le but de régler la question du processus relatif aux budgets des dépenses et au moment de leur présentation. C'est la seule qui reste, et, même si le gouvernement a la capacité de régler la question sans modifier le Règlement, pour je ne sais quelle raison, le estime qu'il doit le faire, qu'il ne peut y arriver d'aucune autre manière.
Voilà pourquoi je crois qu'il s'agit de la véritable motivation qui sous-tend ce prétendu document de travail. Le reste, c'est presque un peu comme un subterfuge. « Mettons tout un tas de choses là-dedans et glissons-y cet élément, cette modification du Règlement, dans une série d'autres propositions de modifications. Les autres modifications nous importent peu, mais nous voulons vraiment obtenir celle-ci. » Je pense que c'est ce qui se passe en l'occurrence.
Si vous voulez tenir une discussion au sujet d'une meilleure harmonisation du budget des dépenses et du processus budgétaire, c'est fantastique. Nous tenons cette discussion aux opérations gouvernementales. Nous, les députés non membres du gouvernement, avons déclaré devant le Comité que nous sommes favorables à l'établissement d'un meilleur processus d'harmonisation. Ce serait logique, et il est possible de le faire. Il faudrait deux ou trois cycles budgétaires pour y arriver, mais c'est faisable. Toutefois, la façon dont le ministre le propose n'a pas été bien reçue, et il y a eu de l'opposition. Vous pouvez comprendre pourquoi. C'est parce que cela exigerait une modification du Règlement.
Même si je crois que le est de bonne foi — et comme je le dis, je le respecte énormément et je l'aime bien en tant que personne —, une fois qu'on modifie le Règlement, rien ne pourra empêcher des présidents du Conseil du Trésor d'abuser de la situation dans l'avenir. Rien ne garantit que le Règlement sera ramené à sa date initiale du 31 mars dans deux ans.
Une fois que le gouvernement aura modifié le Règlement en s'engageant à revenir aux anciennes dates ou aux anciennes façons de faire, rien ne l'empêchera de conserver les modifications apportées comme bon lui semble. Quant au précédent qui est en train d'être établi, je ne saurais trop insister sur le fait qu'il est extrêmement dangereux. Je peux certainement imaginer un moment où un gouvernement dans l'avenir prendra les modifications qui sont proposées actuellement et tentera de les manipuler à son propre avantage.
Tenons une discussion, mais une discussion sur une tribune où le gouvernement a toute la latitude voulue et est seul à avoir le droit et la capacité d'apporter des changements n'a aucun sens. Elle ne sert à rien. Ce n'est pas une discussion. Ce sont de belles paroles adressées à l'opposition afin de tenter de la tenir à l'écart et de dire: « Eh bien, vous savez, nous avons tenu des consultations. »
Non, vous n'en avez pas tenu. Tout ce que vous avez fait, c'est rendre compte d'un leurre. Une discussion significative veut dire approbation à l'unanimité des modifications apportées au Règlement.
Je mentionnerais à mes amis et collègues du côté du gouvernement que cette situation érode le peu de confiance qui reste entre les membres de l'opposition et ceux du gouvernement. Les membres du gouvernement savent bien que le fait qu'ils n'ont pas donné suite à leur engagement à l'égard de la réforme électorale a érodé beaucoup de la confiance et de la bonne volonté au sein du Parlement.
Je soulignerai également, pendant que je parle de la réforme électorale, que le gouvernement adopte maintenant la position consistant à dire: « Nous avons pris en campagne un engagement à l'égard d'une réforme démocratique à l'intérieur du Parlement, alors c'est pourquoi nous présentons ce document de travail. » Cela me semble un peu creux.
Non seulement il n'y a eu aucune discussion particulière au sujet d'un grand nombre des modifications proposées dans le prétendu document de travail, mais la plateforme électorale des libéraux avant les élections de 2015 contenait un engagement ferme à changer la façon dont nous votons au pays, plus précisément: « Ces élections seront les dernières à se dérouler sous un système uninominal majoritaire à un tour », définitivement, point final, point à la ligne.
Qu'est-il arrivé? Nous n'avons pas vu cela se produire.
Si vous ne respectez pas un engagement pris durant la campagne et une promesse électorale, comment pouvez-vous avoir l'audace de revenir ici en disant: « Nous devons faire cela. Nous devons apporter ces modifications parce que nous avons pris un engagement dans notre plateforme électorale »?
Non. Le gouvernement n'a absolument aucune raison de tenter de faire ce qu'il tente de faire par les modifications proposées. Je ne peux trouver aucune réflexion rationnelle qui me fasse penser que le gouvernement a raison de faire ce qu'il fait.
Par conséquent, nous en sommes là où nous en sommes, mais j'espère — et je le dis sincèrement — qu'il est possible pour le gouvernement de peut-être simplement revenir un peu en arrière. Il pourrait soit accepter d'établir un comité multipartite à l'intérieur du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre composé d'autant de représentants de chaque parti en prenant l'engagement que l'unanimité doit être obtenue avant que toute modification du Règlement soit mise en oeuvre, soit accepter la proposition de mon collègue, , consistant à établir un comité spécial sur la réforme parlementaire exigeant l'unanimité, ce qui a déjà été fait par un gouvernement libéral précédent.
Je sais que mes collègues du côté du gouvernement sont tous conscients de cela. Le premier ministre Chrétien avait pris la disposition selon laquelle un comité multipartite allait être établi, et il l'a été, et il devait obtenir un consentement unanime avant que toute modification soit apportée. Il fonctionnait bien. Il a toujours bien fonctionné. D'après mes souvenirs, c'est la première fois — quoiqu'on peut me corriger si je me trompe, mais je crois que je peux l'affirmer sans craindre de me tromper — dans l'histoire du Parlement canadien qu'un gouvernement tente de tenir en comité une discussion sur des modifications parlementaires et qu'il les recommande sans un consentement unanime.
Des gouvernements l'ont fait unilatéralement, mais pas dans le cadre du processus relatif au Comité. Ils ne l'ont jamais fait par le truchement de ce processus, alors, pourquoi maintenant? C'est simple. Le gouvernement cherche à camoufler quelque chose. Il veut pouvoir dire aux Canadiens que ces modifications ont été analysées, débattues à fond, et que le Comité les a recommandées, même s'il y a un rapport dissident.
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Merci, monsieur le président. Je suis très heureux d'avoir de nouveau la parole.
Moi aussi, je remercie M. Lukiwski de ses commentaires et de l'expérience qu'il a acquise pendant de nombreuses années en tant que secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre.
Je sais que les membres du Comité attendaient en retenant leur souffle de voir ce qui allait arriver ensuite dans le rapport de Walter Baker, et je ne tiendrai personne en haleine pendant bien plus longtemps.
Quand je me suis arrêté, nous parlions un peu des comités, et des suggestions avaient été faites dans le passé au sujet de la forme et de la structure de la Chambre des communes, en soi. Notre chambre est organisée selon le système traditionnel de Westminster, où l'opposition et le gouvernement se font face, chacun de leur côté. Il y a aussi d'autres façons de faire. Souvent, la structure d'un immeuble, la structure d'un établissement joue un rôle dans la façon dont cet établissement fonctionne. Assis ici, à la table du Comité, aujourd'hui, je constate qu'une salle de comité a la même structure depuis que je suis la politique. Il y a le gouvernement, l'opposition. Il y a le président, l'analyste, les greffiers et un endroit pour les témoins; et, honnêtement, c'est logique, d'un point de vue intuitif. Toutefois, il ne s'agit pas vraiment de la structure traditionnelle de la salle de comité.
Avant ce rapport, la table du comité était en forme de U. Il n'y avait pas de table tout au bout pour les témoins. De fait, les témoins d'un comité s'assoyaient à côté du président, alors il est certain que cela changeait la structure des interactions dans le cadre des travaux du comité. Les questions qui sont posées, la façon dont elles sont posées et la tournure que prend la discussion vont certainement être différentes si vous parlez en direction du président au lieu de vous adresser aux témoins en tant que tels.
Ce rapport — au point 24 du rapport — énonce que les « témoins convoqués par un comité sont assis à une table distincte en face du comité, plutôt qu'à côté du président. On pourra conserver la distribution actuelle en "U" et placer la table des témoins à l'extrémité du "U". Les fonctionnaires dont la présence est requise par un ministre sont assis à la même table que celui-ci ». Ensuite, il se poursuit ainsi: « Si le ministre l'exige, les responsables ministériels devraient être assis à la même table que ce dernier ». Alors lorsqu'un ministre assistait à la séance d'un comité, il s'asseyait là également.
Encore une fois, le rapport n'indique pas clairement quelle est la motivation de cette recommandation, mais je soupçonne qu'elle a un peu à voir avec le décorum. Si vous êtes face au président et que vous adressez vos questions aux témoins, je dirais que vous êtes plus enclin à les adresser directement au témoin parce que vous regardez dans la même direction. Selon la coutume, nous adressons les questions par l'entremise du président. Le fait de placer le président et les témoins à des extrémités différentes établit un peu une distance pour poser idéalement les questions par l'intermédiaire du président. En pratique, ce n'est pas le cas, du moins, pas dans tous les cas, et, plus souvent qu'autrement, les questions sont posées directement aux témoins.
D'un point de vue très général, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une catastrophe majeure pour un comité, mais c'est un dilemme intéressant dans lequel la façon dont le comité est structuré, la façon dont les tables sont placées, change la dynamique d'un comité et la façon dont il est structuré.
Une autre proposition concerne le nombre de membres des comités. Les recommandations des auteurs, c'est que ce nombre soit réduit à un maximum de 11 pour que la taille des comités soit mieux gérable. Notre comité compte actuellement 10 membres. Des arguments peuvent toujours être formulés en faveur de diverses tailles de comité. Je pense que la question de la taille que devrait avoir un comité se prête à un certain pouvoir discrétionnaire, selon l'enjeu, le débat et les types de questions abordées. Je pense que le document de travail reconnaît cela.
Un autre sujet important en ce qui concerne les comités, c'est la façon dont ils interagissent avec leurs ministères clients, avec l'information qu'ils reçoivent d'un ministère, qu'il s'agisse d'un rapport annuel, comme on les appelait... Maintenant, au cours des législatures actuelles, ce serait un rapport ministériel sur le rendement, un rapport sur les plans et les priorités ou tout autre rapport qui provient des ministères respectifs.
Selon une recommandation formulée en 1979 par Walter Baker, les rapports annuels de tous les ministères, organismes et sociétés d'État devraient être adressés de façon permanente et automatique au comité permanent compétent. Encore une fois, il s'agit d'une approche logique. Si vous savez que ces comités sont responsables d'une question particulière d'un ministère, les rapports ne devraient pas nécessairement être adressés à ces comités. Le fait de le structurer et de l'inclure dans le Règlement permet que cela se produise automatiquement lorsque cela arrive.
Encore une fois, il ne s'agit pas d'une idée révolutionnaire, mais elle a du bon sens. Comme je l'ai déjà mentionné, nombre des idées présentées dans ce document ont été adoptées. Celle-ci en est certainement une qui l'a été.
D'autres n'ont pas été adoptées, pour diverses raisons. Je trouve la prochaine intéressante, car je puis y voir une certaine logique, mais, en même temps, je peux aussi voir comment on pourrait en abuser. Il s'agit de la recommandation 28 du rapport de Walter Baker. La recommandation est ainsi libellée: « Il ne peut y avoir plus de cinq études de comité en cours au même moment », ce qui nous renvoie à un commentaire précédent. Je trouve cela intéressant. Du point de vue de l'efficience, nous pouvons probablement penser à des exemples au cours de législatures passées, ou même de la législature actuelle — je ne suis au courant d'aucun cas, actuellement —, où des comités s'empêtrent dans plusieurs études, sautent d'une étude à une autre et tentent de prévoir dans leur calendrier une heure de discussion sur une étude, une autre heure, sur une autre étude, au point où le Comité ne peut pas vraiment fonctionner de manière utile. Je ne suis au courant d'aucun cas actuellement, mais vous pouvez voir où cela pourrait peut-être entrer en ligne de compte.
L'imposition d'une limite supérieure au nombre d'études qui peuvent avoir lieu en même temps serait logique, du point de vue de l'efficience. Je peux comprendre cet argument, et je pense qu'on peut le faire valoir de ce point de vue. En même temps, si vous imposez une limite au nombre d'études qu'un comité peut entreprendre, cela pourrait entraver indûment les travaux de ces comités. Si un comité décide d'entreprendre six ou sept études en même temps, je suppose qu'il devrait se voir accorder cette marge de manœuvre et la possibilité de le faire. Parfois, au fil des témoignages, il n'est pas possible pour un témoin d'être disponible à un moment donné, alors on pourrait laisser une étude d'un comité en suspens pour un certain nombre de semaines, peut-être même des mois, jusqu'à ce qu'un témoin ou renseignement particulier soit accessible.
Il y un argument à faire valoir des deux côtés. En l'occurrence, il ne s'agissait pas d'une suggestion qui avait été adoptée, pour une raison ou pour une autre. Je n'ai pas été mis au courant de cette question précise, mais elle fournit ce sujet de débat. Pour en revenir à la motion et à l'amendement en question, ils nous ramènent à la notion d'entente entre plusieurs partis, d'ententes entre les personnes qui siègent à la table. Manifestement, pour une raison ou pour une autre, cette motion n'a pas fait l'objet d'une telle entente.
Les projets de loi émanant du gouvernement et l'ordre de priorité dans lequel ils sont présentés au Comité sont une autre question. Encore une fois, il s'agit d'une modification qui serait plus avantageuse pour un gouvernement et, encore une fois, c'est une question de compromis. Lorsqu'un document de travail est soumis, qu'une discussion est soulevée par un gouvernement, immédiatement, si tout est à sens unique, si tout est une approche musclée adoptée par le gouvernement, ce sera perçu de cette manière. Si des propositions sont faites concernant les solutions de rechange consistant à permettre à des députés, à de simples députés, à des députés d'arrière-ban... Je n'aime pas le terme « députés d'arrière-ban ». Je pense qu'il est un peu péjoratif, un peu négatif, mais nous l'utilisons parce que c'est le langage courant. Je sais que je l'emploie fréquemment lorsque je rédige des documents. Je ne l'aime pas, mais je ne pense pas qu'il y ait de meilleure solution. Quoi qu'il en soit, cela donnerait les possibilités nécessaires à tous ces députés.
Cette proposition fait partie de celles qui sont à l'avantage du gouvernement. Elle prévoit la priorité selon laquelle, lorsqu'un projet de loi émanant du gouvernement est présenté à un comité, il a la priorité par rapport à tous les autres travaux du comité en question. C'est quelque chose qui profite certainement à un gouvernement, des points de vue de l'efficience et de la progression des travaux, en lui donnant la possibilité de s'assurer que vous ne vous enlisez pas dans une autre étude ou une autre question qui est soumise au comité et qui empêcherait fort probablement la présentation d'un projet de loi pour une période donnée, surtout lorsque nous siégeons tous à des comités parlementaires.
Il ne s'agit pas de mon propre comité — je siège au Comité des langues officielles —, mais nous entreprenons un certain nombre d'études et, parfois, elles prennent aussi plusieurs mois à réaliser. Si un tel retard touche un projet de loi émanant du gouvernement, nous pouvons certainement voir le problème, du point de vue du gouvernement, du fait que son projet de loi pourrait être indûment entravé par les travaux d'un comité en raison d'autres études. La mise en place d'un tel mécanisme profiterait certainement à un gouvernement, possiblement aux dépens d'un comité. Voilà l'un des compromis qui aurait certes fait l'objet d'un débat, qui aurait été analysé et qui aurait fait l'objet d'une certaine forme de règlement à l'époque.
Il y a une autre chose que nous tenons actuellement pour acquise. Dès le début de mes commentaires, j'ai mentionné que je remerciais les membres du personnel, les recherchistes et les greffiers de notre comité et que nous tenons un peu leur présence pour acquise. Ils fournissent des consignes et une expertise, ils donnent des conseils, et nous présumons qu'ils seront toujours là. Cela n'a pas toujours été le cas. Cette capacité de recherche, cette fonction de recherche, n'a pas toujours été là, certainement pas dans la mesure actuellement assurée par le personnel de la Chambre des communes et la Bibliothèque du Parlement.
Selon la recommandation formulée par Walter Baker, ce personnel de recherche devrait être fourni aux comités en plus du personnel de la bibliothèque du Parlement et grâce à des budgets de recherche spéciaux pour la tenue d'enquêtes jugées appropriées par les commissaires de la régie interne, c'est-à-dire — encore une fois — le Bureau de régie interne, comme nous l'appelons aujourd'hui. De plus, le personnel de recherche devrait être administré par le greffier du comité, au nom de la Chambre.
Encore une fois, c'est quelque chose que nous tenons pour acquis, aujourd'hui, les opinions et les conseils d'expert qui nous sont donnés, mais cela n'a pas toujours été le cas. Certes, je suis assez convaincu du fait qu'il s'agit de quelque chose qui aurait fait l'objet d'une approbation générale de la part de tous les parlementaires, à l'époque, et qui aurait certainement été approuvé à ce moment-là. Encore une fois, les choses logiques n'ont pas toujours été adoptées, et, parfois, il faut du temps.
Même à notre époque, des arguments sont formulés selon lesquels nous devrions voir une extension encore plus grande des capacités de recherche accordées aux comités parlementaires. C'est une discussion qui vaut la peine d'être tenue. La structure des comités a changé au fil des ans, et il s'agit peut-être d'une occasion de tenir une discussion sur la nécessité de disposer de davantage de consignes relatives à la recherche indépendante.
J'ai mentionné il y a deux ou trois minutes l'argument au sujet du gouvernement qui propose que tous les projets de loi émanant de lui soient prioritaires devant les comités. Cela profiterait certainement au gouvernement. Encore une fois, on ne peut pas avoir un document de travail si on ne va pas dans la direction opposée également.
Le numéro 33 est une autre proposition faite par Walter Baker, c'est-à-dire que le gouvernement devrait être tenu de déposer une réponse à tous les rapports de comité dans les 21 jours de séance qui suivent. Maintenant, ce n'est plus 21 jours de séance. J'essaie de me rappeler le nombre de jours, mais c'est pas mal plus que 21. Encore une fois, il s'agit d'une proposition faite par la leader du gouvernement à la Chambre, qui contraindrait ses collègues du Cabinet à répondre aux rapports de comité dans un délai légèrement supérieur à quatre semaines civiles, 21 jours de séance. Ce processus n'est pas court, et il ne s'agit pas d'une occasion facile de répondre à des rapports de comité complets, mais il s'agit néanmoins non seulement d'une occasion pour les comités d'apporter une contribution importante à une discussion, à un débat, mais aussi d'une exigence que le gouvernement réponde et prenne des mesures en réponse à ces comités.
C'est un processus très important, ainsi qu'une discussion très importante, où nous observons ce va-et-vient dans un document de travail qui présente des options des deux côtés, lesquelles profiteraient à plus de gens qu'au seul gouvernement, de la même manière qu'on ne voudrait pas qu'un document de travail de l'opposition ne profite qu'à l'opposition.
Nous pensons souvent que nous allons être au pouvoir pour toujours, j'en suis certain. Je n'ai jamais servi du côté du gouvernement, et je ne suis là que depuis un an et demi. J'espère qu'à un certain moment — et nous allons voir ce qu'apporteront les prochaines élections —, nous serons un jour assis du côté du gouvernement. Je suis certain que les membres du gouvernement préféreraient rester de leur côté de la Chambre le plus longtemps possible, mais — ce sont les joies de la démocratie —, nous perdons des élections de temps en temps, et nous adoptons nos positions opposées. Nous devons être certains d'avoir la possibilité de nous voir dans une position des deux côtés de la Chambre.
Cela me fait penser à certaines de mes journées à l'université, où j'assistais à des cours magistraux, lesquels — j'en suis certain — étaient bien plus passionnants que l'exposé que je suis actuellement en train de présenter. Je me souviens des cours de philosophie politique, et d'un érudit appelé Rawls, qui traitait de la notion du voile de l'ignorance. Si vous deviez naître dans une société coiffé d'un voile de l'ignorance, sans savoir dans quelle situation de la vie vous alliez naître, quel genre de monde voudriez-vous voir?
Je pense à cela relativement à la question qui nous occupe. Dans le cadre de toutes élections données, on ne peut pas être certain de la position dans laquelle on va siéger à la Chambre. On ne peut pas être certain qu'on va être un ministre, un député d'arrière-ban du gouvernement, un député de premier plan de l'opposition, un critique, un député d'arrière-ban de l'opposition, peut-être un tiers ou un indépendant. On n'a pas cette connaissance.
Comme l'écrirait Rawls, le fait d'être né coiffé d'un voile de l'ignorance, c'est comme être élu en portant un tel voile également. Quel type de Chambre? Dans quel type de Parlement voulez-vous entrer lorsque vous n'êtes pas certain du côté de la Chambre où vous allez siéger? À mesure que j'ai parcouru ce rapport... je pense que nous avons illustré cette notion. Tenons une discussion où nous pourrons voir un côté ou l'autre d'un point de vue ou de l'autre, pas une discussion qui sera unilatéralement à l'avantage de l'opposition ou du gouvernement.
Mon collègue, , qui a maintenant été remplacé par et par également, a un peu abordé le processus relatif au budget des dépenses.
Ce processus est une bête fascinante. Vraiment. Les députés se rappellent peut-être que, durant le dernier projet de loi de crédits, j'ai invoqué le Règlement. J'avais des préoccupations importantes concernant la façon dont ce projet de loi de crédits était utilisé pour légiférer au moyen du budget des dépenses. Le Président s'est prononcé contre et a établi un certain précédent, comme c'est son devoir, mais il s'agissait néanmoins d'une discussion importante sur l'utilisation fréquente et, dans certains cas, peut-être, l'abus du processus relatif au budget des dépenses.
Ce budget est un défi de longue durée pour un gouvernement et pour une opposition. Certains collègues connaissent un monsieur appelé Hugh Segal. Il a servi au Sénat — l'autre endroit — pendant un peu plus de 10 ans, je crois. Il est maintenant le maître du Collège Massey, à Toronto.
J'ai connu le sénateur Segal lorsqu'il était professeur à l'Université Queen's. J'ai eu le privilège de suivre un de ses cours quand je faisais des études postdoctorales là-bas. Il affichait un intérêt marqué pour le processus relatif au budget des dépenses, surtout pour ce qu'on appelle la règle de la chose présumée, selon laquelle on présume que le budget des dépenses a été renvoyé à la Chambre au plus tard à une certaine date si le Comité ne l'a pas fait.
Sa crainte par rapport à cette règle tient au fait qu'elle va à l'encontre du principe de la suprématie parlementaire sur la bourse, le principe selon lequel toutes les dépenses du gouvernement doivent être approuvées par le Parlement. Bien entendu, comme il s'y connaissait beaucoup mieux que moi, il retournait à la Magna Carta, que — je pense — a abordée lors de séances passées. Je suis loin de connaître la Magna Carta aussi bien que mon collègue Garnett, alors je n'entrerai pas dans ce sujet, mais le sénateur Segal soulignait le fait que la règle de la chose présumée — le principe de la chose présumée — va à l'encontre d'une partie de la suprématie du Parlement qui a ce pouvoir sur la bourse.
Certes, c'était sous un gouvernement libéral que la modification avait été apportée, et je signalerais que c'était avec l'accord de l'opposition. L'opposition était formée des conservateurs, à l'époque, dont le chef était le très honorable Bob Stanfield, comme il a été nommé après son départ de la politique. Il s'agit là d'un exemple de situation directement liée au budget des dépenses, où une modification importante a été apportée, laquelle, selon certains arguments, pourrait offenser les principes de la suprématie parlementaire, même de la Magna Carta. Elle a néanmoins été apportée avec le consentement des partis de l'opposition, après une certaine discussion et certains compromis.
Cette modification a été apportée au début des années 1970. Je crois que c'était en 1972. Je crois que le Parlement était minoritaire à cette époque, après 1972, période où le gouvernement minoritaire du premier ministre Trudeau avait environ deux sièges de plus que les conservateurs de M. Stanfield, à l'époque, mais c'était néanmoins au début des années 1970. Le document dont nous discutons actuellement date de la fin des années 1970, de 1979.
Les propositions qui sont faites dans ce document relativement au budget des dépenses sont intéressantes parce que nous allons reconnaître certaines de ces modifications dans notre opération actuelle.
La première proposition sous la rubrique des crédits — « crédits » étant un autre terme pour désigner la notion de budget des dépenses — est au point 37. « Sur proposition du chef de l'opposition, deux ministères ne sont plus assujettis à la date limite de juin, le gouvernement conservant toutefois le droit de proposer la clôture. » Cela donne la possibilité de discuter un peu plus, de débattre un peu plus de ces questions.
Un autre point, c'est que le budget des dépenses ministériel devrait pouvoir faire l'objet d'un débat les jours désignés, et les questions, être posées 15 minutes avant l'heure de l'ajournement.
Les jours désignés, qu'on appelle sous leur forme actuelle les journées de l'opposition, sont toutefois beaucoup une fonction du processus relatif aux crédits, du processus relatif au budget des dépenses. Dans le cas d'un débat traditionnel, il porterait principalement sur le budget des dépenses et sur les processus qui s'y rattachent. Nous constatons que le processus est passé à un point de vue bien plus stratégique ou politique que celui qui est fondé sur les crédits. Cela a certainement changé le fonctionnement de ces jours, et on n'a certainement pas vu de modification des règles associée à notre modification du Règlement, mais cela a néanmoins changé la façon dont ces processus fonctionnent.
Un autre point, la troisième recommandation sur le sujet des crédits — et, encore une fois, c'en est une dont je suis au courant et que nous avons vue non pas dans la dernière période de crédits, mais dans la précédente —, c'est que les avis de l'opposition ou les rapports de comité éliminant partiellement un poste budgétaire ou un crédit devraient être acceptables du point de vue de la procédure et être mis aux voix à la Chambre. Il s'agit des postes budgétaires auxquels on s'oppose, de temps en temps à la Chambre des communes dans le cadre du processus relatif aux crédits.
Essentiellement, cela crée un désaccord avec un élément de crédit et, accessoirement aussi, on ne peut pas augmenter les crédits consentis à un ministère; on peut seulement les réduire. Dans le passé, il y a eu des situations où le budget des dépenses d'un ministère a été réduit symboliquement de 1 $. Cette réduction n'a certainement aucune incidence importante, mais il s'agit d'un argument formulé, selon lequel le comité, la Chambre est en désaccord avec le ministère en question pour une raison ou pour une autre.
Il se pourrait que le financement soit en fait trop peu élevé dans ce ministère. Il est arrivé, dans le passé, que des comités aient en fait réduit le budget des dépenses d'un ministère de 1 $, mais en faisant valoir qu'il s'agissait d'un geste symbolique.
Je sais que, dans le passé — deux gouverneurs généraux ont été nommés depuis; je crois que c'était sous la gouverneure générale Clarkson —, le comité a réduit le budget du gouverneur général d'une proportion qui, je crois, se situait autour de 10 % en guise d'opposition aux dépenses qui avaient été engagées à la résidence du gouverneur général, à cette époque. La diminution avait bénéficié d'une excellente couverture médiatique, à l'époque, mais c'était essentiellement un geste symbolique, même si elle a eu une incidence sur le fonctionnement de la résidence du gouverneur général, à l'époque.
Un autre problème tient au fait que, lorsqu'un rapport est long, il faut toujours une catégorie « divers » à la fin, et le rapport en question n'est pas différent. On ne peut pas toujours tout bien classer dans une ou deux catégories, alors l'établissement d'une catégorie « divers » est toujours une bonne option. L'auteur en a fait l'observation dans son introduction: « De nombreux observateurs sont d'avis que les discours prononcés à la Chambre des communes sont trop longs, souvent trop répétitifs et parfois peu pertinents ». Je suis certain que certaines personnes pensent que cela pourrait s'appliquer à moi en ce moment même.
La recommandation a été formulée par Walter Baker, à l'époque, dans le but de limiter la durée des discours prononcés à la Chambre afin qu'elle passe des 40 minutes actuelles à 20 minutes. Bien entendu, nous savons que cette recommandation a fini par être adoptée.
Selon moi, ce qui manque peut-être à la discussion, c'est la période supplémentaire qui est incluse dans ces débats également et qui est consacrée aux questions et aux réponses. Un discours de 20 minutes ne permet pas d'apporter à la Chambre une contribution de 10 ou de 30 minutes supplémentaires. Je sais que certains députés se réjouiraient d'avoir la possibilité de parler pendant beaucoup plus longtemps que 20 minutes à la Chambre. Je connais un de mes collègues, et je peux penser à un certain collègue du côté des libéraux, qui apportent des contributions importantes qui pourraient prendre beaucoup plus que 20 minutes et, si on leur en donnait la possibilité, je pense qu'ils l'apprécieraient.
Nous avons établi à la Chambre certains mécanismes qui permettent la présentation de discours illimités à la Chambre, et je pense qu'il s'agit d'une note importante que nous devons faire. Par exemple, le leader de l'opposition ou le premier ministre peut aborder une question pendant une période illimitée. Il y a des situations où le premier conférencier ayant abordé un projet de loi ou une motion n'a pas l'occasion de prendre la parole pour une période illimitée.
Je pense que ce sont des choses importantes à avoir et que, encore une fois, cela représente un petit échange, une petite discussion dans le cadre de laquelle le gouvernement et l'opposition ont la possibilité d'avoir leur mot à dire.
Le deuxième argument qui est formulé dans cette catégorie « divers », c'est que... Il s'agit du point 42. Je pense qu'il est intéressant parce qu'il formule une recommandation, mais qu'ensuite il ne fournit pas beaucoup de renseignements supplémentaires utiles.
Il porte sur les règles relatives à la pertinence et à la répétition. La recommandation est tout simplement la suivante: « Les règles de la pertinence et de la non-répétition dans les débats devraient être appliquées ». Elle ne précise pas comment et dans quelles circonstances quelque chose est répétitif. Est-ce une répétition dans un même discours? Est-ce une répétition de ses propres propos tenus dans un discours antérieur durant le discours qu'on est en train de prononcer? S'agit-il d'une répétition à l'intérieur de la Chambre dans son ensemble? Est-ce que quelqu'un présente de nouveaux points ou pas?
La recommandation ne clarifie pas cette question, et je pense qu'aujourd'hui nous pourrions encore tenir ce débat. Attention: divulgâcheur! L'un des prochains éléments que je veux aborder, c'est l'article 11 du Règlement. Cet article comprend l'élément de la pertinence et de la non-répétition. Je vais en parler un peu plus, pas précisément de cet aspect des choses, mais de l'autre moitié de l'article 11 du Règlement. Il s'agit de l'une des questions sur lesquelles nous devrions tenir un débat et une discussion. En quoi consiste cet article?
Je pense que nous avons probablement tous siégé à la Chambre relativement à certaines affaires qui pourraient être perçues comme étant courantes, comme étant un peu banales et un peu inintéressantes. Pourquoi en débattons-nous encore et encore? Nous pourrions voir certains éléments de répétition, une certaine pertinence, entrer en ligne de compte. Peut-être vaut-il la peine que nous discutions des façons dont nous pouvons modifier l'article 11 du Règlement, comment nous pouvons en changer l'interprétation et l'application.
À l'heure actuelle, le Président et d'autres personnes qui ont occupé cette fonction pendant de nombreuses années auparavant ont régné avec une grande latitude, des points de vue de la répétition et de la pertinence, au point que dans presque toutes les situations, on se borne tout simplement à inciter ou à avertir sérieusement l'intéressé pour qu'il revienne à la pertinence et à la question en jeu, au lieu d'appliquer strictement les règles. Une discussion pourrait avoir lieu à ce sujet. Encore une fois, c'était en 1979. Nous sommes près de 38 ans plus tard, et nous tenons encore cette discussion. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas en débattre. Cela veut simplement dire que c'est un débat répétitif depuis un certain temps.
Avant que je passe à un autre sujet que la déclaration de principe, je pense qu'il vaut la peine d'aborder la conclusion et les commentaires finaux qu'a formulés Walter Baker dans sa déclaration de principe:
La plupart des procédures proposées ouvrent de nouvelles possibilités à la Chambre en général, et à l'opposition en particulier. Par ailleurs, le gouvernement disposerait d'un peu plus de temps pour les affaires ministérielles, étant donné le raccourcissement des discours et la diminution du nombre de journées d'opposition. En général, les changements proposés, espérons-le, permettront à la Chambre des communes de pousser ses recherches plus à fond et d'être moins diffuse dans ses délibérations.
Nous avons là un vrai résumé du but d'un document de travail significatif. Oui, le gouvernement cherche à obtenir quelque chose. En 1979, le gouvernement sous l'honorable Walter Baker et le premier ministre Joe Clark cherchait quelque chose. Il recherchait un peu plus d'efficience en ce qui a trait aux débats, un peu plus de temps afin d'établir des ordres du gouvernement à la Chambre, qu'il s'agisse de projets de loi émanant du gouvernement ou de procédures gouvernementales. En revanche, il ouvre le processus, que ce soit pour les affaires émanant des députés ou pour les travaux d'un comité. Il se rend la tâche plus difficile, d'une certaine manière, mais il obtient aussi quelque chose en retour. Selon moi, c'est le but d'un document de travail efficace; c'est une possibilité effective d'apporter réellement une contribution significative. Voilà où j'espère que nous pourrons aller avec le Comité. C'est vraiment là que j'espère que nous pourrons amener l'étude en cours.
Je ne vais pas répéter les propos tenus par M. Christopherson hier, mais je soulignerais que même la prestation du document de travail fait qu'il est difficile de progresser de manière significative. Si nous pouvons au moins en venir à une entente afin d'aller de l'avant et de tenir une discussion sans la menace qu'une guillotine tranche le débat à ce sujet en faveur d'une proposition faite par une seule personne, qui ne profiterait qu'à un parti...
Je suis en train de parcourir mes notes, et je remarque que j'ai inclus une autre citation.
Ma circonscription est celle de Perth—Wellington. Cette magnifique circonscription est le foyer du Festival de Stratford, que j'encouragerais tous les députés à aller visiter. Le Festival de Stratford a la gentillesse de fournir aux parlementaires deux billets à titre gracieux. J'encouragerais les députés à en profiter.
Cela me rappelle — je pense que mon personnel l'a intégrée là-dedans — une citation de Shakespeare:
En conséquence, puisque la brièveté est l'âme de l'esprit
et que la prolixité en est le corps et la floraison extérieure,
je serai bref.
Peut-être.
Je vous avais prévenus. Nous avons tous notre disposition réglementaire fétiche. Nous avons tous un article du Règlement que — de temps en temps — nous aimons lire, sur lequel nous aimons faire des recherches et que nous aimons examiner quand nous n'arrivons pas à nous endormir, le soir.
Je suis certain que c'est le cas de tout le monde, et pas seulement moi, n'est-ce pas?
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Exactement. J'ai été distrait par mes chers collègues.
Il y a un fait intéressant concernant la notion de désignation. Nous avons abordé rapidement — et j'apprécie les interventions de mes collègues — la façon dont ces types de choses peuvent être utilisées dans les assemblées législatives provinciales pour, essentiellement, sinon causer une perturbation, au moins faire connaître l'enjeu à l'origine de l'affaire. Personne ne va interrompre les procédures, interrompre le déroulement des activités de la Chambre des communes pour quelque raison que ce soit. Ce genre de chose n'est avantageux pour personne. Ce n'est bénéfique ni pour le contrevenant, ni pour le gouvernement, ce n'est tout simplement pas le cas. Il y a toujours une raison de procéder ainsi, que ce soit pour retarder l'adoption d'une loi ou pour sensibiliser les médias ou le public, ce que, selon moi, M. Blaikie a très bien souligné là, lui aussi.
Selon moi, un des défis liés à l'enjeu précis de l'article 11 du Règlement, soit la notion de désignation d'un député et la possibilité de retirer des députés de la Chambre des communes — vu la façon dont cette pratique a évolué et s'est précisée —, c'est l'aspect des choses liées à la sensibilisation du public. Nous avons parlé rapidement de la relative désuétude de cette notion durant les premiers temps de la Confédération. On l'a utilisée davantage de temps en temps dans le cadre d'un processus excitant, mais quelque chose s'est produit dans les années 1970 qui a vraiment entraîné une augmentation de cette pratique. De 1978 à 1986, 23 députés ont été désignés durant la période de huit ans, ce qui représente une importante augmentation comparativement à toutes les années précédentes réunies. Un nombre important de députés ont été désignés, à compter de 1978. On peut donc se demander ce qui se passait de si important à la fin des années 1970 pour que, soudainement, on constate un tel changement important?
C'est vers cette époque exactement qu'on a commencé à téléviser les débats du Parlement sur CPAC. Lorsqu'on fait de tels changements, on s'expose toujours à la loi des conséquences involontaires. C'est un excellent exemple. Le fait d'ouvrir les portes du Parlement et de laisser entrer des caméras n'était pas un geste sans controverse à l'époque. C'était en fait un enjeu très controversé. Si l'on regarde l'autre endroit, ses travaux ne sont toujours pas télévisés, et nous sommes en 2017. Cela prouve bien la controverse qui peut accompagner les changements touchant la façon dont le gouvernement fonctionne, la façon dont la Chambre des communes fonctionne. Le changement à la fin des années 1970 qui a entraîné la télédiffusion de certains débats a assurément fourni aux députés l'occasion de se faire un peu de publicité, de faire les actualités locales de fin de journée, et c'est l'une des raisons pour lesquelles on a vu autant de membres être désignés durant cette période de huit ans par le Président. Ils étaient retirés, ce qui forçait la tenue d'un vote et perturbait le Parlement: c'était de la bonne télévision. Si l'on regarde un débat régulier sur CPAC, outre la période d'une heure réservée aux déclarations des députés et la période de questions, il y a des renseignements assez intéressants qui sont communiqués, mais je soupçonne qu'il y a moins de téléspectateurs qui regardent CPAC à l'extérieur de ces périodes. N'acceptez pas ce que je dis comme parole d'évangile, mais j'ai cru apprendre dans le cadre d'une intervention antérieure devant un comité que CPAC attire environ 90 000 téléspectateurs durant la période de questions d'une heure, et c'est, de loin, la période de la journée où il y a le plus de téléspectateurs. Cela prouve que les gens syntonisent CPAC pour regarder un aspect très précis des débats parlementaires. S'ils ont l'occasion de susciter un peu d'émotion, les députés seront enclins à le faire. Je crois que c'est ce qui s'est produit lorsqu'on regarde la période de 1978 à 1986: on utilisait cette pratique comme outil pour attirer l'attention et se faire un peu de publicité.
C'est intéressant de voir combien il y a de choses dont nous discutons au sein du Comité qui concordent. Cette analyse de la notion de désignation a ensuite été abordée dans le rapport McGrath de 1985. La recommandation formulée était qu'il fallait supprimer le besoin de passer au vote, le besoin pour un ministre de la Couronne de faire adopter une motion. Initialement, ce changement a été apporté de façon temporaire dans le Règlement. C'est une pratique qu'on voit de temps en temps: un article du Règlement est modifié pendant une certaine période, la modification a un statut temporaire. On peut ainsi voir ce que le changement donne, si le changement fonctionne. C'est ce qui s'est produit avec la notion de désignation, comme l'avait recommandé le rapport McGrath. À ce moment-là, le 3 juin 1987, les changements ont été apportés, et on s'est retrouvé avec le libellé actuel du Règlement de la Chambre des communes.
Durant la période temporaire, un seul député a été désigné. On notait déjà un peu une diminution. Ces changements ont été apportés en 1987. Nous sommes actuellement en 2017, soit 30 ans plus tard. Il y a seulement eu 12 désignations durant cette période, alors elles ont été relativement rares.
Ce qui est encore plus intéressant, c'est que, durant cette période de 30 ans, toutes les désignations ont eu lieu durant une période de moins de 10 ans, dans une période relativement courte, de mars 1993 au 6 décembre 2002. Dans chaque cas, la raison de la désignation était la même — et c'est habituellement la même raison dans la plupart des cas — soit pour avoir défié l'autorité du Président. Nous tous, parlementaires, élisons le Président. Même avant que ce dernier soit élu, lorsqu'un Président était effectivement nommé, nomination qui était confirmée par un vote par oui ou non, il devenait l'autorité ultime au sein de la Chambre des communes.
Les Présidents sont nommés pour maintenir l'ordre, oui, mais aussi pour défendre les droits des parlementaires. Parfois, je crois que le Président est injustement comparé à un arbitre, et les gens dans le public, les gens qui regardent les débats à la télévision, le voient comme un arbitre, quelqu'un qui essaie de maintenir l'ordre dans la Chambre des communes. En fait, le rôle du Président est beaucoup plus important que cela. Son rôle consiste à défendre chaque parlementaire, à défendre nos privilèges en tant que députés et notre capacité de faire notre travail. C'est ce que nous avons pu voir dans le passé, lorsqu'un Président a tranché, formulé des commentaires sur des questions de privilèges et même tranché des rappels au Règlement; son devoir tient à cette exception.
Lorsque nous mettons le Président ou la Présidente dans cette position... Il y a eu une Présidente, Jeanne Sauvé. Ce serait bien qu'il y ait plus de femmes, en politique en général, mais aussi à la présidence de la Chambre des communes.
Lorsque nous nommons le Président, nous lui accordons un certain niveau d'autorité. Lorsque les députés défient cette autorité, cela entache tous les députés et toute la Chambre. Lorsque les députés défient le Président, comme dans l'exemple cité dans la convention de désignation, il doit y avoir un certain problème à régler. C'est ce qui s'est produit dans ce cas-ci. Il y avait 12 exemples différents, et, dans chaque exemple, le député était désigné pour avoir défié l'autorité du Président.
J'aime toujours les chiffres. J'aime toujours souligner l'appartenance politique des députés et d'où ils viennent. Il y a eu 12 députés. La moitié d'entre eux, six, venaient du même parti politique, le Bloc Québécois. Parmi les six qui restent, quatre étaient du Parti réformiste, et les deux autres étaient des néo-démocrates. C'est une répartition intéressante. À ce moment-là, il ne s'agissait que de députés de l'opposition. Aucun député du gouvernement n'a jamais été désigné. Encore une fois, c'est logique du point de vue des procédures.
Dans bon nombre des enjeux précis, le problème initial n'était pas nécessairement le fait qu'un député défiait l'autorité du Président. Personne ne se lève pour simplement défier le Président sans raison. Pour revenir à une partie de cette conversation sur les motions dilatoires, sur la perturbation du déroulement des travaux de la Chambre des communes, il y a une raison sous-jacente. Dans chacun de ces cas, le problème est habituellement lié à l'utilisation d'un langage non parlementaire, mais il y a habituellement une raison d'utiliser un tel langage.
Le premier exemple dans cette période de 10 ans remonte au 24 mars 1993 durant la 34e législature; le Président était John Fraser, qui, incidemment, a été le premier Président élu de la Chambre des communes. Il avait été ministre des Pêches auparavant. Je n'étais pas là en 1986 lorsqu'il a été élu Président. On avait fait valoir qu'il avait été élu parce qu'il était considéré comme l'une des personnes les moins susceptibles d'être favorables au gouvernement au pouvoir. Il arrive qu'on utilise des méthodes suspectes de temps en temps.
Ce qui s'est produit dans ce premier exemple, en vertu du Règlement actuel, c'est qu'un député du NPD, David Barrett, dont la circonscription était Esquimalt—Juan de Fuca, faisait du chahut. Il laissait sous-entendre que le leader de la Chambre de l'époque, Harvie Andre, avait menti. Il utilisait un langage non parlementaire et c'est là un mot que les parlementaires ne peuvent pas utiliser dans le cadre d'un débat. Il a laissé sous-entendre que le leader parlementaire du gouvernement avait menti. C'était gratuit, et le Président Fraser a demandé au député de retirer ce qu'il avait dit. M. Barrett a refusé de le faire, a été désigné et il a été suspendu pour le reste de la séance.
Ce qui est intéressant, ce n'est pas qu'il avait utilisé des mots qui sont non parlementaires. De temps en temps, il nous arrive de déraper, et nous disons parfois des choses que nous ne devrions pas dire, tant dans la Chambre qu'à l'extérieur. Habituellement, dans un tel cas, on nous rappelle à l'ordre, et nous nous excusons. Nous retirons le commentaire. La question c'est, pourquoi ne le ferait-on pas? Pourquoi, dans certains cas, ne le ferait-on pas? Il y a souvent une raison.
Dans ce cas précis, il disait quelque chose au sujet de l'ALENA. La Chambre des communes débattait, à ce moment-là, de la ratification de l'ALENA, et le député faisait référence à des tactiques de guérillas concernant le projet de loi, et c'était une façon de faire particulière qui n'allait pas lui permettre de bloquer l'adoption de la loi. Le Parti conservateur avait la majorité à l'époque. Il utilisait la notion de désignation, la pratique qui consiste à causer une perturbation, pour perturber le déroulement des travaux. C'est un exemple, encore une fois, des conséquences inattendues d'un effort pour accroître le décorum, mais qui, en même temps, donne à l'opposition, à n'importe quel député, l'occasion de faire ressortir quelque chose.
En 1993, bien sûr, il y avait eu les fameuses élections d'octobre. J'étais en troisième année à l'époque, mais je me rappelle très bien les élections. Ce sont les premières élections que j'ai regardées à la télévision. Je me suis intéressé à la politique, soit dit en passant, en juin 1993 en regardant le congrès à la direction du Parti conservateur à la télévision, et en voyant Kim Campbell battre Jean Charest à la tête du parti. C'est la première fois que je me suis intéressé à la politique, et mon intérêt n'a pas tari depuis. C'était en juin. Plus tard, en octobre, puisque j'étais un jeune expert en politique, c'est ce que je pensais à l'époque, je regardais les résultats électoraux entrer, et j'ai vu le Parti conservateur être réduit à deux sièges: ceux d'Elsie Wayne et de Jean Charest, à l'époque. Nous avons récemment perdu Elsie Wayne, qui est décédée il n'y a pas si longtemps.
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Je ne cherchais pas une intervention. Je soulignais simplement la nature controversée de la Commission du blé pour nos collègues de l'Ouest. Bien sûr, pour un député de l'Ontario, ce n'était pas un problème. Encore une fois, l'objectif, ici, c'est qu'il s'agit d'un exemple d'une utilisation d'un article du Règlement pour créer des problèmes dans la Chambre.
Le prochain exemple est probablement l'un des plus émotifs, je dirais, et c'est celui qui s'est produit le 2 novembre 1995. Nous savons tous que, trois jours avant, il y avait eu le référendum au Québec. C'était une période extrêmement émotive dans la vie politique canadienne et la vie canadienne de mes collègues, qu'ils soient députés du Québec ou non. C'était une période de l'histoire extrêmement controversée et émotive.
Ce jour-là, le 2 novembre 1995, deux députés du Bloc québécois ont été désignés en même temps, essentiellement pour le même problème, soit d'avoir défié l'autorité du Président, et, plus précisément, d'avoir accusé la vice-première ministre de l'époque, Sheila Copps, d'avoir menti à la Chambre. Encore une fois, c'est une accusation très grave dans la Chambre, et c'est quelque chose que nous ne pouvons pas faire. Les deux députés ont été désignés pour la même raison. On leur a donné une seule occasion de se rétracter, et ils ont après cela rapidement été expulsés.
Les deux députés étaient Gilles Duceppe et Michel Bellehumeur. M. Duceppe, bien sûr, n'était pas chef du Bloc à ce moment-là, mais il était malgré tout un parlementaire reconnu en tant que premier député du Bloc élu. Il a dit, et je cite: « Notre pays traverse une période de grande tension. J'en surprendrai peut-être plusieurs en agissant aussi vite, mais je le fais en sachant fort bien que ma fonction première à la Chambre est de veiller à ce que notre institution soit respectée par tous ceux qui y siègent. » C'est une accusation très grave.
Cette fois-là, la réponse a été beaucoup reprise par les médias, ce qui, selon moi, est une des raisons pour lesquelles cela s'est produit. Tous les députés, bien sûr, ont un privilège parlementaire. On ne peut pas être poursuivi ni tenu responsable de ce qui est dit devant la Chambre des communes dans le cadre de procédures criminelles ou civiles.
Assurément, les médias avaient remarqué à l'époque qu'une bonne partie des commentaires formulés directement à l'endroit de la vice-première ministre de l'époque auraient été très diffamatoires s'ils avaient été dits à l'extérieur du foyer de la Chambre des communes. C'est quelque chose qui est très controversé, mais le fait qu'on permette de le faire dans la Chambre des communes signifie que les médias peuvent reprendre l'histoire et en parler. Cela signifie aussi que l'immunité du député ayant fait les déclarations offensantes est maintenue. Selon moi, c'est une autre situation intéressante où nous avons un article du Règlement de la Chambre qui est utilisé à d'autres fins.
Poursuivons, le 24 avril 1996, un député du Parti réformiste, Randy White, a accusé le premier ministre de l'époque, M. Chrétien, de mentir aux Canadiens sur le sujet de la TPS durant la campagne électorale de 1993. Encore une fois, la pratique était utilisée comme tactique par le parti de l'opposition — il s'agissait en fait du troisième parti, à l'époque — pour soulever un enjeu. L'objectif, à ce moment-là, était de mettre en lumière tous les revirements du gouvernement de l'époque, entre la promesse électorale et ce qui se produisait vraiment. Le gouvernement avait déjà écoulé deux ou trois années de son mandat, et l'objectif était de montrer ce qui se passait à l'époque. C'est l'exemple qui fait intervenir Randy White.
Un autre exemple, et c'est celui que je trouve intéressant parce que nous avons beaucoup de respect pour le député qui a été désigné, c'est le cas de Chuck Strahl. Nous le connaissons parce qu'il a longtemps servi dans la Chambre. Son fils, Mark, est maintenant membre de notre caucus. C'est assurément un homme très respecté et quelqu'un pour qui j'ai vraiment beaucoup de respect.
C'était intéressant.
C'est un exemple de situation où le commentaire plutôt inoffensif formulé initialement par M. Strahl a pour ainsi dire eu un effet boule de neige et, au bout du compte, il a été désigné. Nous savons que ce n'est pas dans le Règlement, mais dans O'Brien et Bosc, il y a un commentaire selon lequel on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. C'est le genre de problèmes qu'a eus M. Strahl dans cette situation.
Il questionnait le ministre de la Défense nationale au sujet de l'enquête sur la Somalie, qui était un enjeu très controversé en 1997, et il a utilisé les mots « dissimulation » et « camouflage », ce qui sous-entendait, bien sûr, que le gouvernement et le ministre avaient caché quelque chose ou camouflé quelque chose. Ce n'est pas aussi mal que certains des mots que nous utilisons de temps en temps, comme « mentir », accuser quelqu'un de mentir, mais ce ne sont malgré tout pas les mots parfaits à utiliser.
À ce moment-là, M. Strahl a tenté de faire valoir que ce n'était pas vraiment ces mots et que, en fait, il citait le juge Létourneau. La citation complète allait comme suit: « je ne serai pas l'instrument d'un tel camouflage. Ce sera impossible pour nous de nous pencher sur cette question ». Il citait donc une tierce partie, mais, encore une fois, la règle selon laquelle on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement s'applique.
Pour ceux d'entre vous qui connaissent , je crois que son père et lui sont des gens très distingués. M. Strahl père a dit qu'il était prêt à « retirer à contrecoeur » ses commentaires, mais, fait intéressant, ce n'était pas suffisant pour le Président de l'époque. Ce dernier estimait que de le faire « à contrecoeur » n'était pas approprié vu la gravité des commentaires. Par conséquent, le Président de l'époque, M. Parent, a adopté une approche très rigide. Puisque M. Strahl n'était pas prêt à retirer de façon inconditionnelle ses commentaires, mais qu'il le ferait seulement à contrecoeur, il a été expulsé de la Chambre, et il a essayé, encore une fois, d'exposer le défi de composer avec certaines raisons parlementaires.
Le huitième exemple d'une désignation durant la période concerne le député néo-démocrate Svend Robinson, député représentant Burnaby—Douglas, en Colombie-Britannique. Parfois, lorsqu'on entend certains mots dans la Chambre des communes, nous prenons du recul et nous nous demandons si c'est parlementaire ou non. Souvent, il est très clair que les mots ne sont pas parlementaires, et l'affaire est réglée très rapidement. Dans ce cas-ci, M. Robinson a fait référence à la notion de « trahison », un mot très chargé. Il était très clair d'entrée de jeu que cela allait être considéré comme un langage non parlementaire qu'il ne faut pas utiliser dans la Chambre des communes. En fait, c'est l'un des rares exemples de cas où il n'est pas question de mentir ou de ne pas dire la vérité; il s'agit de quelque chose d'autre.
Dans ce cas-ci, c'est plus intéressant. En fait, les médias n'y ont pas porté beaucoup attention. Le petit nombre de médias qui ont porté attention à cet enjeu précis ont laissé entendre que le député en question était plus susceptible de proférer ce genre d'accusations, « des effets théâtraux » est le terme qui avait été utilisé dans un article.
On peut presque se demander si, après une période relativement courte, c'est quelque chose qui devient moins courant, parce que son utilité a quasiment disparu.
Le neuvième exemple de désignation concernait un député du Bloc nommé Michel Gauthier, le député de Roberval—Lac-Saint-Jean. Selon moi, il s'agissait en fait d'un échange assez adroit entre le député Gauthier et le premier ministre. M. Gauthier a probablement été ciblé parce qu'il n'a pas su quand arrêter et quand s'asseoir. Le premier ministre Chrétien et M. Gauthier avaient tous les deux été avertis par le Président d'arrêter d'utiliser le mot « hypocrite » dans leurs échanges. Ils l'utilisaient tous les deux à l'endroit de l'autre et ce, malgré les interventions du Président. Le premier ministre a fini par arrêter de dire « hypocrite », mais Gauthier a poursuivi. Le Président lui a souligné et lui a demandé de se rétracter. Il a refusé, et il a été désigné.
En fait, cette situation a suscité une petite réaction intéressante à différents endroits. Si Twitter avait existé dans les années 1990, il y aurait eu des tempêtes sur Twitter lorsque ces situations se produisent, mais Twitter n'existait pas, et il fallait se fier aux médias imprimés pour obtenir une impression de la façon dont ces choses se déroulaient.
Paul Wells en a parlé dans un article du National Post à l'époque. Il a écrit ce qui suit: « on dirait bien que le Parlement s'effondre ». Il a ajouté: « c'était la pire période de questions en 20 ans ». Je ne sais pas si on peut définir objectivement à quel point il s'agissait d'une mauvaise période de questions ni dire de façon définitive qu'il s'agissait de la pire en 20 ans. Malgré tout, dans ce cas-ci, les médias ont un peu reconnu qu'il pouvait s'agir d'une façon plus négative que positive d'attirer l'attention sur un enjeu.
Dans cet exemple, la raison pour laquelle le geste a pu être considéré comme une réaction négative, c'est qu'il n'y avait pas d'enjeu politique important sous-jacent. Il n'y avait pas vraiment de bonne raison de désigner M. Gauthier. Il n'y avait aucun avantage pour lui à attirer l'attention du public sur ce qui se passait.
Passons au 10e exemple, qui concerne le même Président. La plupart des désignations viennent d'un seul Président, M. Parent. Il y a seulement deux députés qui ont été désignés par un autre. Le premier l'a été par M. Fraser, et le dernier, par un vice-président.
Le 10e exemple concerne Jim Abbott, le député de Kootenay—Columbia, en Colombie-Britannique. Je crois que c'est la semaine dernière que nous avons vu M. Abbott regarder la période de questions depuis la galerie. C'était bien de le voir parmi nous sur la Colline quelques années après son départ à la retraite.
En février 2000, la Chambre s'occupait d'un dossier assez controversé lié à un programme de DRHC. La ministre de Développement des ressources humaines Canada à l'époque était Jane Stewart. On lui posait des questions sur des problèmes liés à un programme. La ministre a dit ce qui suit:
Le parti d'en face préconise d'abolir ces programmes, et pourtant, comme je l'ai fait remarquer, les simples députés, dont celui de Skeena, celui de Nanaimo—Cowichan et même celui de Kootenay—Columbia, continuent d'appeler mon cabinet pour nous prier de nous dépêcher d'approuver les demandes de subventions.
M. Abbott, bien sûr, n'avait pas aimé le fait qu'on le prenait à partie et il était en désaccord avec la déclaration de la ministre. Il s'est donc rapidement levé et l'a accusée. Il a dit: « c'est un mensonge ». Encore une fois, c'est un exemple assez clair d'un langage non parlementaire. Alors, rapidement, le Président s'est levé et lui a demandé de retirer ses commentaires. Il ne l'a pas fait, et on lui a rapidement demandé de partir, ce qu'il a fait.
Ce que je trouve intéressant dans cet exemple, c'est que, en rétrospective, la ministre a dit à la Chambre qu'elle s'était trompée et que le député en question n'avait pas communiqué avec elle dans ce dossier. Il y a eu une certaine discussion dans les médias du fait que, si on essayait de décortiquer ce qui s'était passé, ce qu'elle avait dit n'était pas vrai. C'était un mensonge, en quelque sorte. Encore une fois, l'enjeu dépassait la véracité de la déclaration et concernait le décorum dans la Chambre. Il n'était pas question de savoir si quelque chose qui avait été dit était vrai. Il était question des mots utilisés et de la façon dont on réagissait à leur utilisation dans la Chambre des communes.
Le 11e exemple concerne Mme Suzanne Tremblay, une députée du Bloc de Rimouski-Neigette-Et-La-Mitis. En fait, c'est intéressant de voir comment le nom de certaines de ces circonscriptions a changé au fil des années. L'enjeu qu'elle soulevait concernait le caractère approprié de la façon dont les choses dégénèrent. On l'a menacée et on lui a demandé de retirer ses commentaires qui laissaient sous-entendre qu'un mensonge avait été proféré.
« On est rendu au XXIe siècle et on a droit à la vérité ici ». Même si elle n'utilisait pas vraiment des mots non parlementaires, son propos a été jugé non parlementaire. Cela a justifié qu'elle soit désignée et qu'elle soit expulsée pour le reste de la journée.
Encore une fois, à ce moment-là, la situation n'était pas associée à un enjeu stratégique vraiment important. Il n'y avait pas de couverture médiatique, et de toute évidence, la mesure ne jouait pas à ce moment-là un rôle dissuasif efficace. Il s'agissait d'un exemple de la façon dont l'utilité de certaines techniques traditionnelles diminue au fil du temps, au point où la toute dernière fois où un député a été désigné afin d'être expulsé de la Chambre des communes remonte au 6 décembre 2002. Le député en question était Yvan Loubier, de Saint-Hyacinthe—Bagot, un député du Bloc québécois du Québec.
C'est intéressant, parce que c'était en fait le vice-président Kilger qui a eu l'occasion de désigner le député. Encore une fois, il était question d'un langage non parlementaire, le mot « menteur » ayant été utilisé dans ce cas-ci. Du point de vue national, il ne s'agissait pas vraiment d'un problème, mais d'un point de vue local, il était question d'un important enjeu dans sa circonscription. Le dossier concernait l'accréditation d'un collège de Saint-Hyacinthe et concernait le fait que le ministre de l'Agriculture devait essentiellement accréditer le collège en question dans sa circonscription. Ce n'était donc pas un enjeu national.
Dans ce dossier, le député a vraiment pu rehausser son profil et mieux faire connaître sa défense de l'enjeu précis dans sa circonscription. Il a utilisé le Règlement pour promouvoir le dossier et obtenir une certaine couverture afin que les choses bougent.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, tout cela est assurément différent de ce qui se passe au sein de l'Assemblée législative de l'Ontario. Les Présidents de l'Ontario, M. Levac et M. Peters avant lui, étaient très stricts dans ces types de situations. Lorsqu'une personne est désignée, on s'attend à ce qu'elle soit expulsée rapidement et qu'on procède rapidement. C'est quelque chose qui se produit assez régulièrement, tellement qu'il y a eu un exemple au cours des deux ou trois dernières semaines.
L'un des exemples provinciaux les plus connus, cependant, concerne un député qui a utilisé le Règlement — il a utilisé une technique à sa disposition — et qui a réussi à faire apporter un changement important à la politique du gouvernement, à une loi du gouvernement. Cela nous rappelle ce qui a été dit déjà au sujet de la façon dont le Règlement, de la façon dont nos privilèges établis dans le Règlement et les privilèges liés à cette procédure nous permettent de faire certaines choses.
Le député provincial en question était à Alvin Curling, un député provincial libéral bien connu en Ontario. Il était le Mike Harris du gouvernement au pouvoir. Si M. était encore ici, je suis sûr qu'il nous aurait rappelé que lui aussi était membre de l'opposition à l'époque, et qu'il s'est beaucoup opposé à certaines de ces mesures.
Les membres de l'opposition essayaient d'empêcher qu'un projet de loi omnibus, le projet de loi 26, soit adopté. Essentiellement, les députés provinciaux refusaient de voter et étaient escortés, un après l'autre, par le sergent d'armes après avoir été désignés. Pour l'opposition, l'objectif était de retarder le vote le plus possible. À mesure que chaque député provincial refusait de se lever pour voter, le Président demandait qu'il soit désigné, et le sergent d'armes l'expulsait.
Le problème, c'était que, à ce moment-là, les collègues libéraux de M. Curling avaient oublié de lui dire ce qu'ils faisaient. Ils ne lui avaient pas dit qu'ils prévoyaient utiliser une technique procédurale et prévoyaient refuser de voter afin d'être escortés à l'extérieur. À ce moment-là, le fait de ne pas voter constituait un manquement aux privilèges de la Chambre.
Tandis que ces collègues refusaient tous de voter et étaient désignés, son tour est venu et il est simplement resté assis en refusant de bouger. Lorsque le sergent d'armes est venu le voir et lui a demandé de se lever, il a simplement refusé de bouger. Le processus à l'époque voulait que le sergent d'armes informe alors le Président qu'un recours à la force allait être nécessaire pour expulser le député. Le problème, c'est que la force n'avait jamais été utilisée au sein de l'Assemblée législative ontarienne pour expulser un député.
Voilà donc un exemple de député libéral — un éminent député de longue date, M. Curling — qui est assis là et qui ne bougeait pas. Le sergent d'armes, honnêtement, ne savait pas quoi faire, et ils ont donc appelé à Westminster, au Royaume-Uni, pour obtenir des conseils sur ce qu'il fallait faire. Apparemment, la suggestion à ce moment-là était de ne pas retirer physiquement le député, mais simplement d'attendre; il finirait bien par partir.
C'est ce qui s'est produit. Il est parti de lui-même plusieurs heures plus tard, mais pas avant que l'affaire ait suscité beaucoup d'attention au sein du public. Cette situation a été utilisée par les partis de l'opposition pour sensibiliser le public et obtenir de petites concessions du gouvernement sur le projet de loi omnibus précis qui était présenté par le gouvernement à ce moment-là.
Encore une fois, un autre exemple de la même situation au niveau provincial s'est produit en 2009. Un député provincial de Sarnia-Lambton, Bob Bailey, un député provincial posé mais réfléchi, a fait l'erreur de traiter le premier ministre de menteur. Il a ensuite expliqué que le premier ministre était non seulement un menteur, mais un menteur lâche, ce qui a eu pour effet de jeter de l'huile sur le feu. Le Président l'a désigné et lui a demandé de se retirer de l'Assemblée. Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, c'était le vice-président à l'époque, qui était aussi un député provincial conservateur. Par conséquent, voilà donc un exemple d'un député provincial conservateur qui désigne un autre député provincial conservateur. Encore ici, il s'agissait là d'une occasion pour un député provincial de l'opposition, alors que le gouvernement au pouvoir était majoritaire, de soulever un enjeu et de le mettre au premier plan. Dans un article de journal, après coup, il a écrit ce qui suit:
J'ai fait le choix draconien d'être expulsé pour faire valoir mon point de vue que les gens doivent être entendus sur cet enjeu. J'ai très bien entendu les citoyens dans ma circonscription et je sais ce qu'ils pensent de la TVH. Je crois fermement que les députés du gouvernement doivent sortir le projet de loi fiscal de Toronto et donner aux Ontariens l'occasion de le commenter.
Encore une fois, l'enjeu n'est pas vraiment l'enjeu du moment — la TVH, qui, bien sûr, a fini par passer —, mais il tient à l'occasion d'accroître la sensibilisation et de faire bouger des choses.
Je vous ai donné un peu de contexte du point de vue provincial; je vous rappelle encore qu'il s'agit d'un contexte plus réglementé que ce qui se passe à l'échelon fédéral. Nous voilà revenus à notre discussion actuelle; nous parlons du Règlement et de nos procédures dans la Chambre et nous les examinons d'une diversité de points de vue différents. La convention sur la désignation, ou l'occasion de désigner un député, existe encore, mais elle n'est pas utilisée et ne l'a pas été depuis 2002. Je crois qu'il nous vient tous à l'esprit des situations où il ne fait aucun doute que le Président aurait pu appliquer la convention de désignation, que ce soit le Président actuel ou d'anciens Présidents. Il y a maintenant eu trois Présidents distincts qui se sont succédé, le Président Milliken, le Président Scheer et le Président Regan, qui ont tous eu l'occasion d'utiliser cet outil, mais qui ne l'ont pas fait.
Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? C'est dans le Règlement. C'est un outil important, mais cela soulève la question de savoir si cette pratique ou cette convention a simplement cessé en raison de sa mauvaise utilisation. À mon avis, c'est ce qui est arrivé, et cela montre de quelle façon notre Règlement évolue, souvent sans effort conscient et souvent sans que les députés en débattent activement et le modifient.
Je vais citer David Docherty relativement à certaines des choses dont on parle. Il a écrit un livre, Legislatures, pour une série des Presses de l'Université de la Colombie-Britannique concernant une enquête sur la démocratie. Il a écrit que l'évaluation de la réussite d'un Président tient en grande partie aux « personnes favorisées par ses décisions ».
Cette affirmation était intéressante, selon moi, parce qu'un Président qui se montre trop favorable à un côté ou à l'autre perdra rapidement son autorité. Par conséquent, lorsque nous évaluons ces différents outils qui sont utilisés, il faut regarder de quelle façon ils sont appliqués, de quelle façon ils sont utilisés par les différents Présidents et s'ils sont utilisés de façon positive ou négative. Certains des défis associés à une disposition du Règlement constituent des défis plus importants aussi.
Plus tôt aujourd'hui, à la Chambre, nous avons débattu de la contestation de deux députés, qui ont manqué un vote à la Chambre des communes; l'objectif consistait à déterminer si leurs privilèges devaient être touchés.
Si nous revenons à la question de notre Règlement et à cette disposition précise du Règlement, si un député doit se retirer de la Chambre, il ne peut pas exercer ses privilèges. Un député ne peut pas voter après avoir été expulsé de la Chambre des communes.
Par conséquent, on pourrait trouver des exemples, dans le cadre de parlements minoritaires, où on pourrait abuser d'une telle pratique, possiblement, en faisant expulser un député de la Chambre juste avant un vote très important, un vote de confiance, par exemple. Il pourrait s'agir d'un important problème lié au fonctionnement approprié de la Chambre, mais aussi en ce qui concerne les privilèges des différents députés.
Puisque la pratique figure dans le Règlement, ce serait difficile de le faire valoir du point de vue des privilèges, mais aussi du point de vue politique et de celui du député. C'est une situation difficile, et il pourrait aussi s'agir d'un exemple de raisons pour lesquelles certaines mesures ne sont pas nécessairement prises de temps en temps.
Lorsqu'on regarde les autres outils auxquels les Présidents ont accès, ceux-ci les trouvent peut-être plus utiles. Par exemple, monsieur le Président Milliken, qui, actuellement, est le Président ayant les plus longs états de service au Canada, a eu l'occasion unique de servir en tant que Président dans des contextes minoritaires et majoritaires ainsi qu'en tant que député de l'opposition.
Lorsque le député refusait de retirer un commentaire non parlementaire, il omettait de lui donner la parole par la suite. Lorsqu'un député se levait pour parler, que ce soit durant la période de questions ou durant un débat, il ne lui donnait pas la parole. Encore une fois, on parle ici d'une importante mesure dissuasive, je dirais, surtout lorsque les députés veulent vraiment se lever durant la période de questions pour faire avancer les choses.
Le Président Fraser, durant les années où Mulroney était au pouvoir, a désigné seulement un député. Il a fait valoir qu'il trouvait difficile de permettre aux députés de tenter d'épater la galerie dans l'espoir d'obtenir de la publicité. C'est quelque chose qu'on a vu au fil des ans, et on verra ce genre de situations à l'avenir.
La dernière chose que j'aimerais dire à ce sujet, aussi, c'est que lorsqu'on regarde les enjeux précis dans ces cas, il était toujours question de langage parlementaire. Puis il y avait ensuite la question du pouvoir du Président et du non-respect de son autorité.
La question du décorum est beaucoup plus large que la simple question du langage non parlementaire et de la question de savoir si, oui ou non, certains de ces outils auxquels ont accès les parlementaires et le Président ne pourraient pas être utilisés à une autre fin qui aurait pour effet de réduire le décorum dans la Chambre des communes.
Je tiens aussi à souligner, avant de passer à autre chose, que, dans chaque cas, le Président n'agit jamais unilatéralement. Il ou elle — et, encore une fois, il s'agissait toujours de Présidents de sexe masculin — donne toujours l'occasion au député de se rétracter. Je crois que c'est une notion importante dans la démocratie parlementaire. Nous sommes tous égaux dans la Chambre des communes. Nous sommes tous élus indépendamment et nous faisons tous des erreurs. C'est important de fournir au député en question, s'il a enfreint les règles de la Chambre, s'il a offensé les personnes en question, l'occasion de se rétracter.
À l'avenir, je ne vais pas spéculer sur le fait de savoir si M. le Président Regan ira en ce sens et utilisera cet outil. Je crois que le Règlement le permet encore ou qu'il s'agit de quelque chose qui lui permettrait d'agir en ce sens si la décision était prise.
Je veux me pencher sur cet enjeu précis, parce que c'est un exemple de disposition du Règlement qui a évolué au cours des 149 — et presque 150 — années de la Confédération. La disposition a évolué dans sa forme écrite en ce qui concerne la façon dont elle est structurée du point de vue de l'utilisation qu'on en fait; et dans la mesure où elle n'est plus utilisée ces dernières années. C'est un exemple qu'il faut garder à l'esprit lorsqu'on étudie la question actuelle: il ne faut pas changer le Règlement sans bien examiner tout le contexte, sans bien réfléchir à tous les problèmes que pourrait créer un tel changement.
Je vais passer de ce sujet à un nouvel enjeu relativement auquel j'ai un intérêt personnel, et je parle ici de l'élection du Président, qui, encore une fois, est définie dans le Règlement.
C'est quelque chose qui a été mentionné avant par M. Blaikie et d'autres dans le sillage du rapport McGrath. Même avant cela, je crois, un ancien Président avait aussi fait la même recommandation dans les années 1970. Son nom m'échappe actuellement, mais je voulais citer l'extrait d'un article.
Je tiens à remercier les membres du Comité pour les introductions. Je crois que nous venons d'avoir une discussion qui en valait la peine. Merci, monsieur le président, de l'avoir permis. Je crois que cela nous offre un aperçu de ce que nous pourrions faire si nous donnions au Comité l'occasion de tenir cette discussion. Pour revenir à la motion et à l'amendement, je crois que nous pouvons y arriver, que ce soit grâce à l'amendement, à la motion ou par un autre moyen, comme le comité spécial qui a été proposé par les leaders à la Chambre de l'opposition et du tiers parti; je crois que nous pouvons y arriver. Il est absolument essentiel de permettre ce type de discussion. J'ai aimé la discussion qui vient d'avoir lieu.
Le commentaire de M. Johns sur la période de questions et la capacité d'avoir cette discussion est lié à l'une des choses que nous trouvons problématiques au sujet du Parlement.
Le Parlement, c'est à la fois l'immeuble dans lequel nous siégeons actuellement, et une institution. C'est une institution qui a certaines normes, certaines pratiques. La façon dont ces normes et pratiques évoluent influe sur la façon dont fonctionnent les choses.
Si nous regardons dans le passé à l'époque où les députés voyageaient ensemble par train, il y avait beaucoup de collégialité. Pendant plusieurs jours, les députés voyageaient en train, ensemble, et ils avaient l'occasion d'interagir. Nous n'avons plus cette occasion. Les vols sont courts. Nous sommes chacun dans notre voiture. Nous n'avons plus cette occasion d'interagir.
Ce que M. Johns essayait de dire, c'est qu'il est essentiel d'avoir l'occasion d'aller à la période de questions et d'attirer l'attention d'un ministre. J'ai en tête au moins deux exemples — un lié à une question d'immigration et l'autre, lié à la fonction publique — où j'ai eu l'occasion de parler avec des ministres. J'ai vraiment aimé ce qui était ressorti de ces discussions.
Je veux revenir à la notion de l'élection du Président de la Chambre des communes; c'est l'un des enjeux qui ont piqué ma curiosité.
Tout comme de nombreux chercheurs se penchent sur différents sujets d'étude, j'aime aborder des enjeux dont on n'a pas beaucoup parlé, les lacunes dans la littérature, des sujets qui ont peut-être été effleurés, mais qui n'ont jamais vraiment fait l'objet d'une analyse ou d'un examen direct.
En 2013, j'ai co-publié un article intitulé « Legislative Dissent Without Reprisal? An Alternative View of Speaker Selection ». Pour ceux qui veulent lire l'article en entier, il est publié dans The Journal of Legislative Studies, décembre 2013, volume 19, numéro 4. Vous pouvez y avoir accès en ligne. Vous pouvez le télécharger gratuitement aussi. The Journal of Legislative Studies le permet.
En passant, cette publication est une revue spécialisée, mais le rédacteur en chef est en fait Lord Norton of Louth, un député du comité constitutionnel de la Chambre des Lords britannique. Je vais peut-être plus tard parler de certains exemples connexes du Royaume-Uni.
L'élection du Président est une notion et une procédure fascinantes. Traditionnellement, le Président était élu sur la recommandation du premier ministre, ou par le premier ministre dans le cadre des assemblées législatives provinciales. Les choses se sont passées ainsi pendant très longtemps, depuis la Confédération.
À l'échelon fédéral, tout a changé en 1986, après le rapport McGrath. Quand le Président Bosley a renoncé à sa place, le Président Fraser a été élu. Dans certaines assemblées législatives provinciales, il a fallu un petit peu plus de temps pour y arriver. En Ontario, on a procédé ainsi pour la première fois en 1990.
Cependant, ce qui m'intéresse, ce n'est pas seulement la dimension procédurale de l'élection du Président, même si c'est important et, assurément, nous en parlerons; c'est plutôt les enjeux entourant l'élection du Président et la façon dont on a procédé à l'élection dans différents exemples.
Une des choses que j'aime, c'est de faire des comparaisons entre des exemples à l'échelon provincial et d'autres, à l'échelon fédéral. Je crois que, à l'échelon provincial, l'exemple de l'élection du Président dans le cadre de l'assemblée législative de l'Ontario montre très bien de quelle façon cette procédure peut vraiment influer sur la façon dont les députés provinciaux exercent leurs activités.
Très peu de recherches ont été réalisées sur l'élection du Président. On en parle principalement sous forme de manuel. Il est mentionné que le Président est élu, et il n'y a jamais eu d'étude approfondie de l'élection et du processus connexe.
Selon moi, je crois qu'il faut voir l'élection du Président comme étant plus qu'un simple exercice procédural et particulier; il s'agit plutôt d'un exercice collectif de l'assemblée législative. Plus précisément, je fais valoir que l'élection d'un Président par voie de scrutin secret peut en fait être considérée comme une forme de dissidence de l'assemblée contre le parti au gouvernement par ses propres députés, qui siègent au Parlement.
L'exemple de l'assemblée législative de l'Ontario est éclairant à ce sujet. Je vais aussi mentionner certains exemples fédéraux en cours de route. Le processus adopté par l'assemblée législative provinciale nous apprend des choses sur la façon dont on procède.
Pour structurer notre pensée à ce sujet, nous devons réfléchir à certaines des pensées et des considérations associées à l'élection d'un Président. Du point de vue du gouvernement, le gouvernement est impatient de choisir un Président de la Chambre des communes ou un Président d'une assemblée législative qui, dans une certaine mesure, est loyal au parti au pouvoir ou au moins ouvert à travailler avec lui. L'opposition, bien sûr, préférerait un Président qui est, peut-être, plus agressif, plus ouvert d'esprit et plus susceptible d'être non conformiste.
Dans un scénario idéal, le parti de l'opposition aimerait que le Président soit un député de l'opposition, cela ne fait aucun doute. Ce serait le meilleur scénario pour un parti de l'opposition. Dans un gouvernement majoritaire, il est très peu probable que cela se produise. Le scénario idéal, à défaut, ce serait un député ou un député provincial du gouvernement capable de jouer le rôle de Président en étant un peu plus non conformiste.
L'élection du Président est très importante en raison de la façon dont il est choisi. Lorsque nous votons pour le Président, nous le faisons dans le cadre d'un scrutin secret. Un tel scrutin utilisé pour l'élection du Président est vraiment la seule fois dans notre carrière parlementaire où nous pouvons voter de façon secrète. Nous ne votons pas sur les lois au moyen d'un scrutin secret, et ce n'est pas le cas non plus dans le cadre des travaux des comités. Les votes sont publics, même s'ils ne sont pas toujours versés au compte rendu. Habituellement, dans le cadre des votes par appel nominal, les noms sont consignés dans les Journaux. Il y a parfois un vote par oui ou non lorsqu'on n'exige pas un vote par appel nominal, mais, habituellement, même là, c'est une assez bonne indication de qui vote pour qui, que l'opposition vote oui ou non. Il est rare qu'un député, qu'il soit dans l'opposition ou le gouvernement, va voter contre son parti relativement à la question sérieuse de la législation gouvernementale. Nous avons vu certains exemples de ce type de situation.
Je n'ai pas encore vu les statistiques de la législature actuelle. Dans le cadre de législatures passées, différentes recherches ont été réalisées sur l'identité des députés les plus susceptibles d'aller contre la volonté de leur parti et l'indice de loyauté dans chaque exemple. Durant la dernière législature, il y avait en fait certains députés conservateurs qui occupaient les premières places sur cette liste. Dans le cadre de la législature actuelle, je soupçonne qu'il y a deux ou trois députés libéraux — que je pourrais nommer — dont le nom est probablement assez haut sur la liste, ce qui est tout à leur honneur. Cependant, nous pouvons le savoir, parce que l'information est consignée dans les Journaux. L'information est consignée dans le compte rendu des débats. Nous savons qui vote pour quel texte législatif parce qu'il se lève pour le faire.
Pour ce qui est de l'élection du Président de la Chambre ou du Président d'une assemblée législative, nous n'avons pas cette capacité. Seul le député en question qui remplit son bulletin de vote — j'allais dire qu'il « inscrit un X », mais c'est un bulletin préférentiel, alors il faut inscrire des chiffres — sait de quelle façon il vote, et personne n'en connaît le résultat. En fait, nous ne connaissons même pas les nombres totaux. Nous ne connaissons pas les résultats du premier tour de scrutin ni qui était le premier choix, il en va de même pour le deuxième et le troisième tour de scrutin. Nous ne connaissons pas cette information et nous ne savons pas combien de bulletins il faudrait, dans la situation actuelle, dans le cadre de laquelle nous ne procédons pas à plusieurs tours de scrutin et procédons plutôt à un scrutin préférentiel.
L'élection du Président peut être l'occasion d'un acte privé de dissension où un député précis, qu'on soit à l'échelon fédéral ou provincial, peut voter contre le résultat préféré de son parti, contre le résultat idéal de ses chefs.
Je veux passer en revue l'exemple de l'Ontario. L'exemple fédéral est associé à d'excellentes occasions — et je vais en discuter à la fin pour qu'on comprenne ce point de vue, mais l'exemple ontarien est meilleur, et ce, pour différentes raisons selon moi.
Je ne sais pas si je peux me considérer comme un spécialiste des sciences politiques ou utiliser le mot « science », parce que je ne crois pas que le milieu politique s'y prête parfaitement, mais c'est le mot que nous utilisons. Cependant, quand c'est possible, il est difficile de réaliser une expérience dans des conditions naturelles, dans le vrai monde, sans contrôler certaines variables. L'Ontario est un exemple unique à cet égard, et ce, pour un certain nombre de raisons.
Premièrement, depuis toutes les années où on utilise le scrutin secret pour élire le Président, il y a seulement eu des gouvernements majoritaires durant les années que nous avons étudiées dans l'article.
Deuxièmement, chaque parti politique a détenu le pouvoir en Ontario: les néo-démocrates, le parti conservateur de l'Ontario et le parti libéral de l'Ontario. C'est donc là pour nous l'occasion de comparer l'élection d'un Président dans chacun de ces scénarios.
Troisièmement, l'Ontario compte l'une des plus importantes assemblées législatives du Canada, arrivant seulement derrière la Chambre des communes fédérale. Cela nous permet d'étudier un grand Parlement, une importante assemblée législative, ce qui nous permet de voir les défis futurs.
Enfin, l'Ontario nous permet de voir une expérience naturelle au sein de l'assemblée législative en raison du fait que, en 1996, en préparation pour les élections provinciales de 1999, le gouvernement de Mike Harris à l'époque a présenté ce qui a été appelé la Loi réduisant le nombre de députés. C'était une loi visant à faire passer le nombre de députés provinciaux en Ontario de 130 à 103. Cela nous a permis de tenir compte de la taille de l'assemblée législative, du caucus et du Cabinet pour voir si c'est une variable qui influe sur l'élection du Président et le rôle que la dissension peut jouer dans cette élection.
L'Ontario n'est pas la première assemblée législative à avoir adopté le scrutin secret. Notre Parlement fédéral l'a fait en premier. À l'époque où j'ai publié l'article, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve n'avaient jamais été le théâtre d'élections contestées de Présidents. Je ne sais pas si cela a changé au cours des trois ou quatre dernières années, mais je vérifierai et je fournirai l'information au Comité.
L'introduction du scrutin secret a changé la dynamique. Nous pouvons évaluer la probabilité que différents enjeux pourraient avoir sur la dissension des députés. Une des choses qu'on peut regarder, c'est la popularité du parti au moment de l'élection du Président. Nous pouvons tenir compte de la taille du Cabinet et voir si cela a un impact. La probabilité de se joindre au Cabinet peut influer sur la décision de tenter d'obtenir le rôle de Président, et le pourcentage de nouveaux députés au début des travaux d'une assemblée à un moment donné aurait certainement aussi une incidence sur l'élection.
Cependant, le scrutin secret n'est pas une composante habituelle d'un Parlement de type Westminster. C'est un peu étranger à notre système. Ce n'est pas quelque chose que nous pourrions trouver ailleurs dans le Règlement, à part en ce qui a trait à l'élection du Président. Nous avons commencé à élire notre Président par scrutin secret au milieu des années 1980, mais il a fallu attendre jusqu'en 2009 pour que le Parlement de Westminster du Royaume-Uni commence à élire lui aussi son Président par scrutin secret. Ce n'est pas une approche courante.
Le Président John Bercow a été élu par scrutin secret après un assez important scandale lié aux dépenses au Royaume-Uni durant lequel le Président de l'époque a donné sa démission. C'était une rupture assez importante avec la tradition que d'adopter une telle approche au Royaume-Uni. Nous étions en avance sur notre temps dans la mesure où c'est quelque chose que nous faisions au Canada depuis près de 30 ans, comparativement à ce qui se passe au Royaume-Uni, où on procède ainsi depuis très peu de temps; les Britanniques ne l'ont fait qu'une fois.
Et même ici, au départ, lorsque nous avons adopté cette approche au Canada et qu'on a ainsi élu le Président Fraser en 1986, on voyait là un genre de singularité. On s'est un peu dit: « D'accord, on l'a fait une fois, le spectacle est donné, et on peut maintenant passer à autre chose ». Nous croyions rétablir le processus normal par la suite. Nous nous disions que, malgré le scrutin secret, il y aurait seulement un candidat, et le gouvernement continuerait de contrôler le processus. C'est vraiment ainsi qu'on croyait que les choses allaient se passer. À l'époque, différents chercheurs et différents anciens députés avaient réalisé des examens à ce sujet et avaient dit pour l'ensemble que ce n'était pas quelque chose qui avait duré. Ce n'était pas quelque chose qui allait rester.
Une personne qui a réalisé un examen à l'époque, Ned Franks, ou C.E.S. Franks, initialement de l'Université Queens et qui est maintenant professeur émérite là-bas, a écrit ce qui suit:
Je suis optimiste et j'ai le ferme espoir que, à l'avenir, la Chambre, peu importe les couleurs du parti, choisira comme Président quelqu'un en qui la Chambre a confiance et qu'elle veut voir... Je crois que le Président a la confiance des deux côtés de la Chambre et peut exercer un pouvoir sur la Chambre grâce à cette toute nouvelle méthode d'élection des Présidents. Par conséquent, je crois que c'est vraiment un avantage.
Bien sûr, cette opinion était tempérée par la croyance pessimiste que cela n'allait pas durer.
Le recours au scrutin secret est demeuré. Cette méthode a persisté, et elle a par la suite été adoptée lentement par les assemblées législatives provinciales aussi. En Ontario, un Président a été élu par scrutin secret pour une première fois en 1990. Avant, le Président était proposé par un ministre du gouvernement, habituellement le premier ministre, et sa candidature était appuyée par le chef de l'opposition. Il y avait ensuite un vote unanime de la Chambre. C'était la pratique habituelle de la Chambre.
Le dernier Président à ne pas avoir été élu par scrutin secret en Ontario est un homme du nom d'Edighoffer, qui était, soit dit en passant, député provincial de Perth, ma circonscription, à l'époque. Il s'agissait d'un député provincial libéral qui avait servi pendant de nombreuses années, mais il a été choisi à l'unanimité. Rien n'indiquait qu'il était un mauvais Président. En fait, il était très respecté. Il a choisi de ne pas se présenter à nouveau en 1990 et il a pris sa retraite en étant très apprécié par ses collègues du Parlement. Cependant, on sentait de plus en plus le besoin de rendre le processus démocratique. Par conséquent, lorsque le NPD a été élu en 1990, la démocratisation de l'assemblée législative était assurément en tête de ses préoccupations.
J'aurais aimé que M. Christopherson soit ici ce soir parce que, en fait, je vais citer plus tard certains de ses commentaires qui figurent dans l'article, et je crois qu'il aurait bien aimé cela.
:
C'est bien. Merci, monsieur le président.
Même si j'attendais avec impatience l'occasion, je suis aussi déçu que M. ne soit pas là. Je trouve qu'il nous a fourni beaucoup de bons renseignements. Ça fait un petit bout de temps que je n'ai eu une chance comme celle-ci. Je crois que c'était en fait le 21 mars, si je ne m'abuse, que j'ai eu l'occasion pour la dernière fois d'être au haut de la liste des intervenants. J'ai eu l'occasion d'intervenir et de dire quelques mots, ici et là, mais c'est la première fois que j'ai l'occasion de prendre la parole.
C'est parfait. J'attends déjà depuis un certain temps l'occasion de communiquer au Comité des propos de Canadiens que nous avons entendus. J'aimerais commencer par revenir rapidement sur là où nous nous trouvons et sur les raisons pour lesquelles nous sommes ici.
Je crois qu'il est important de ne pas l'oublier, monsieur le président. Nous avons vécu un certain nombre d'itérations de la réunion actuelle, et j'ai l'impression que nous tournons en rond. J'imagine qu'il est important que les gens comprennent pourquoi il en est ainsi.
Lorsque nous avons commencé la réunion... c'était le 21 mars? Est-ce la bonne date? Oui? C'était le 21 mars. Il devait s'agir d'une réunion de deux heures, non? Il était 11 heures et lorsque nous sommes entrés, des représentants d'Élections Canada étaient assis au bout de la table parce que nous étudiions la Loi électorale du Canada et certaines des modifications que le DGE d'Élections Canada proposait.
Nous examinions ces changements pour essayer de déterminer ceux qui étaient appropriés, et nous tenions ce que j'appellerais de bonnes conversations et de bonnes discussions au sujet de ces changements. Je crois que nous étions assez productifs et procédions de façon consensuelle, c'est-à-dire que nous nous entendions tous sur quelque chose avant de passer à autre chose. Si nous ne nous entendions pas sur quelque chose, nous savions qu'il fallait peut-être mettre cela de côté. Les choses semblaient fonctionner assez bien. Il semblait aussi s'agir de la façon dont nous procédons habituellement au sein du Comité.
Je suis ici depuis, si je ne m'abuse, bientôt quatre ans. Au moins trois ou quatre ans, assurément, et c'est ainsi qu'on a toujours fait les choses. J'ai parlé à des députés qui sont membres du Comité depuis plus longtemps que moi. M. est ici depuis un certain temps, tout comme M. . M. , évidemment, a été un député de ce côté pendant un certain temps. J'ai siégé avec lui au sein du Comité. Il a été ici, lui aussi, pour une partie du débat actuel, et je crois qu'il y a participé de façon exemplaire en formulant de très bons points et en prodiguant de très bons conseils. Je leur ai parlé, et ils m'ont dit que, autant qu'ils se souviennent — et leur expérience remonte à beaucoup plus loin que la mienne —, les choses se sont toujours passées ainsi, et cette méthode avait toujours semblé fonctionner.
Lorsque nous avons commencé la réunion actuelle, le 21 mars, la avait produit un document de travail durant la semaine de relâche. Le document concernait certains changements que les libéraux avaient déjà tenté en vain d'apporter à deux ou trois reprises, et renfermait certaines nouvelles idées dont personne n'avait jamais vraiment entendu parler.
Comme je l'ai souligné lorsque je suis intervenu précédemment dans le cadre des travaux du Comité, je crois avoir parlé pendant deux ou trois heures à ce moment-là... ce n'est pas habituellement considéré comme une intervention brève, mais dans le cadre de la réunion actuelle, il s'agit peut-être de l'intervention la plus brève qu'il y ait eu, du moins une des plus brèves. Ce que j'ai dit à ce moment-là relativement aux changements du Règlement dont il avait été discuté et qu'on avait suggéré durant le débat exploratoire sur le Règlement à la Chambre des communes — je crois qu'il s'agissait d'un débat exploratoire —, c'est qu'il y avait très peu de corrélation entre les suggestions compilées par notre greffier et ce qui figurait dans le prétendu document de travail de la .
On ne nous a toujours pas fourni une vraie explication au sujet de la raison pour laquelle il en est ainsi. On nous a dit qu'il s'agissait de promesses électorales, je ne sais trop. Je n'ai pas vu beaucoup de ces propositions dans les promesses électorales non plus. C'est un peu sorti de nulle part.
Nous avons entrepris la réunion pour discuter avec Élections Canada. Les représentants sont restés assis là pendant un certain temps. J'ai enfin demandé à M. le président si nous pouvions peut-être les laisser partir et les laisser vaquer à leurs occupations si nous devions simplement discuter d'un dossier qui ne les concernait pas du tout.
Évidemment, le gouvernement avait l'intention de soulever ce sujet durant la réunion, mais n'a pas cru bon d'informer qui que ce soit avant. Dès que la réunion a commencé, dans les secondes qui ont suivi, la motion que le gouvernement demandait à M. Simms de proposer a été présentée, de façon à ce que ce soit adopté à toute vitesse sans obtenir le consentement des partis de l'opposition, sans vraiment avoir à... Même s'ils affirmaient vouloir avoir une conversation... c'est ce que je les entends dire sans cesse, et je parle des membres du gouvernement. Je parle des députés de l'autre côté de la table en tant que tels.
On entend constamment parler de cette conversation ou de cette discussion, et nous voulons y participer. Je crois que les députés de l'autre côté sont sincères, mais je ne suis pas sûr que c'est aussi le cas de certaines des autres personnes qui le disent. La , en particulier, me vient à l'esprit. Vous pouvez bien dire vouloir une discussion, mais on a réellement la capacité de le faire, donc allons-y. J'y reviendrai dans un instant.
Ce que je voulais dire, c'est que s'ils veulent vraiment avoir une discussion, et c'était sensé être le point de départ, on aurait pu croire qu'ils auraient dit: « D'accord, regardez, voilà ce que nous voulons faire, et nous allons en parler durant la réunion. » Plutôt, on nous a dit: « Tenez: voici la motion, et nous allons l'adopter à toute vitesse. » Après ça, nous tous dans l'opposition étions là, ébahis, à nous demander ce qui se passe.
Vous pouvez comprendre que, d'entrée de jeu, on avait certains soupçons au sujet des intentions. Lorsque des gens disent une chose et en font une autre, des alarmes sont toujours déclenchées. C'est ce qui est arrivé ici. Les paroles et les actes ne concordaient pas.
C'est assez typique du . Ça semble être sa façon de faire. C'est son modus operandi. Il dit beaucoup de choses qui semblent merveilleuses à première vue tant qu'on n'y réfléchit pas trop.
Des voix: Oh, oh!
M. Blake Richards: Ça semble merveilleux, et c'est bien présenté. Il dit toutes les bonnes choses, mais, en fait, c'est un peu comme ces poupées: on tire sur une corde et elles disent deux ou trois choses. Il n'y a pas vraiment de contenu, et il n'y a pas beaucoup de mesures concrètes. C'est un peu le mode de fonctionnement du gouvernement. C'est assez frustrant, c'est le moins qu'on puisse dire, d'avoir à composer avec une telle situation.
Alors voici où nous en sommes. Ce document a été déposé devant nous. Les libéraux veulent adopter la motion à la hâte. L'opposition dit: « Attendez une seconde, ce n'est pas ainsi qu'on fait les choses. » On n'a jamais fait les choses de cette façon. C'est extrêmement inhabituel. Le processus ne semble pas empreint d'un esprit d'équité. Ce que vous proposez ne semble pas conforme à l'intérêt supérieur des Canadiens ». Si c'était vraiment là l'intention, on pourrait croire que quelqu'un aurait dit: « Hé, nous croyons que cela mérite de figurer sur notre liste de priorité, et nous allons soulever la question. » Les libéraux auraient pu dire qu'ils allaient en parler, et ils auraient pu dire aux représentants d'Élections Canada de ne pas venir perdre leur temps, de ne pas venir parce qu'ils voulaient tenir cette discussion ce jour-là.
À juste titre, mon collègue M. a proposé un amendement, un amendement très raisonnable. Je ne peux tout simplement pas comprendre pourquoi les membres de l'autre côté n'ont pas voulu l'approuver, n'ont pas voulu emboîter le pas et travailler à partir de là. C'est de cette façon qu'on a toujours fait les choses. Les gens de l'autre côté semblent raisonnables. Je crois que, au plus profond d'eux-mêmes, ils veulent probablement procéder de cette façon avec nous. Je le crois vraiment. C'est ce qu'on les a entendus dire. Je crois qu'ils aimeraient qu'on procède ainsi. L'amendement permettrait de le faire.
Cependant, je crois qu'il y a des gens en haut lieu qui disent qu'ils vont refuser l'amendement, parce que, de cette façon, ils ne pourraient pas faire exactement ce qu'ils veulent. Ils ne pourront pas faire simplement à leur tête. Ils ne peuvent pas apporter des changements sans que l'opposition ait son mot à dire, c'est-à-dire sans que les Canadiens aient voix au chapitre. Si un parti peut faire tout ce qu'il veut, cela signifie que les Canadiens sont laissés pour compte et ne participent pas au processus.
J'entends un téléphone sonner.
Un député: Je suis désolé.
M. Blake Richards: Est-ce que c'est qui appelle pour leur dire de ne pas reculer, de ne pas abandonner, et de ne pas laisser l'opposition avoir son mot à dire? Je ne sais pas. Cependant, il a appelé au mauvais numéro, parce que je ne crois pas que M. aura beaucoup de sympathie pour ce point de vue.
M. Jamie Schmale: Je peux le lui dire.
M. Blake Richards: Je ne peux pas imaginer que vous ayez beaucoup de sympathie pour cela, M. . Il faudrait peut-être appeler quelqu'un d'autre. Je ne sais pas.
De toute façon, au bout du compte, j'imagine qu'on peut espérer, à un moment donné, s'attendre de leur part à ce qu'ils fassent preuve, un peu, de la sincérité que j'ai perçue chez les membres de l'autre côté du Comité. Nous avons pu voir concrètement dans le cadre des travaux du Comité de quelle façon ils aiment fonctionner. Nous savons que c'est leur façon de travailler.
Les conversations et les échanges que j'entends dans les corridors près d'ici, de la part d'autres députés libéraux d'arrière-ban, me donnent à croire qu'ils sont assez frustrés eux aussi de l'approche adoptée par le gouvernement. J'ai entendu des échanges dans les corridors. J'ai entendu des gens se plaindre du cabinet du et se demander pourquoi il n'y a pas de conversations avec l'opposition. Pourquoi n'essaient-ils pas de régler le problème? Pourquoi est-ce que les leaders à la Chambre ne se parlent pas? Ce sont toutes des choses que nous entendons.
J'aimerais que la et le écoutent les députés libéraux qui disent ce genre de choses, ceux qui, j'en suis sûr, pensent ainsi. J'aimerais qu'ils les écoutent, parce que nous pourrions avoir une conversation. Nous pourrions aller de l'avant et discuter du Règlement. Je crois que c'est un exercice important, et un tel examen du Règlement a lieu dans quasiment tous les parlements. Dans le document de travail, il y a certaines choses qui valent la peine d'être discutées. Je pourrai revenir au contenu dans un instant, parce qu'il y a aussi des choses qui me préoccupent, c'est sûr, mais il y en a d'autres dont on pourrait assurément discuter.
J'imagine qu'il serait bien que certains des membres du Comité qui sont raisonnables... je crois qu'ils veulent qu'on aille de l'avant. Si l'un d'entre eux était , par exemple, ou , nous serions peut-être devant une personne qui est digne de confiance et capable d'avoir ce genre de discussions, et nous pourrions le faire. Actuellement, je ne crois pas que ces postes au pays sont comblés par des personnes qui sont vraiment prêtes à respecter leur parole et leurs actions et qui sont capables de vraiment accomplir le travail qui s'impose. C'est ça qui nous permettrait d'aller de l'avant.
On m'a dit hier soir —je suis sorti de la salle un peu — que la est passée. Je crois savoir qu'elle a apporté quelque chose comme un gâteau d'anniversaire à des députés et que tout le monde souriait. C'est merveilleux. D'après ce que j'ai entendu, tout le monde était très content, mais ce qui ne s'est pas produit, toujours d'après ce que j'en ai compris, c'est qu'il n'y a pas eu de discussion, et c'est ce qu'on n'arrête pas de nous dire durant les périodes de questions et ailleurs. La leader parlementaire du gouvernement répète à qui veut l'entendre qu'elle veut avoir une conversation, une discussion, mais il n'y en a pas eu.
Je crois que c'est probablement la dernière fois qu'elle est venue ici et que nous avons dit: « D'accord, discutons. » En tant que membres de l'opposition, nous avons mentionné des idées très importantes quant à la façon dont nous pourrions aller de l'avant, et on nous a dit: « Eh bien, discutons. » Nous avons dit que nous tentions justement de discuter à ce moment-là, mais les discussions ne peuvent pas être unilatérales. Il doit y avoir des compromis. Cela signifie que l'autre côté doit vouloir participer en faisant autre chose que répéter des points de discussion et des lieux communs. C'est un domaine où le gouvernement — le et les autres — excelle: les points de discussion et les lieux communs. Il s'en tire très bien, il faut le reconnaître, mais c'est à peu près tout.
C'est pour ça que nous sommes ici. Si les libéraux disaient simplement qu'ils voulaient avoir une conversation et une discussion, qu'ils le pensaient vraiment et qu'ils le faisaient vraiment, nous pourrions probablement trouver une façon d'arriver à un consensus. Nous pourrions peut-être faire adopter l'amendement, parce que, au bout du compte, s'il y avait une autre raison, actuellement, à part le fait que le gouvernement veut faire adopter la motion en toute hâte et apporter tous les changements, quels qu'ils soient, ils accepteraient l'amendement. Il n'y a aucune raison de ne pas le faire. Nous les avons entendus dire que l'opposition les empêchait de respecter leurs promesses électorales. Personne ne les croit, parce que les choses dont il est question dans le document de travail ne figuraient pas parmi leurs promesses électorales.
Voici ce dont je voulais parler. J'en ai parlé hier soir, mais il était tard, environ 22 h 30, et je ne vais pas être dupe et prétendre qu'il y a des millions de Canadiens qui nous regardent actuellement, ce matin, mais il y en a probablement plus qu'hier soir à 22 h 30. Il doit y en avoir un petit peu plus qui nous regardent ce matin. Selon moi, s'il y a une chose qu'il vaut la peine de rappeler, c'est la discussion sur les séances du vendredi.
Pour ce qui est des séances du vendredi, l'allégation actuelle est différente de celle qu'ils ont formulée avant. Ils ont essayé de deux ou trois façons différentes d'éliminer les séances du vendredi. Pour une raison quelconque, ils veulent vraiment éliminer ces séances. Ils ne veulent pas que le Parlement siège le vendredi. Je les ai entendus décrire leur souhait de différentes façons, comme le fait de fermer les lumières au Parlement le vendredi. D'autres ont décrit la chose en disant qu'il allait s'agir d'une journée de congé.
Nous en avons parlé un peu hier soir. Je ne dirai pas que quiconque veut avoir le vendredi de congé afin de pouvoir rester à la maison, de regarder la télévision et de manger des friandises. Je suis d'accord: ce n'est là l'intention de personne. Je crois que les gens seraient dans leur circonscription pour travailler ou pour d'autres raisons, mais c'est tout de même un jour de moins par semaine de travaux parlementaires, une journée de moins où il y aurait une période de questions et une journée de moins pour traiter des affaires émanant des députés.
Je sais qu'il a été dit qu'on pouvait ajouter des heures à d'autres journées. J'aimerais en faire abstraction pour un moment, mais, personnellement, je ne suis pas sûr que ça fonctionne. Je crois que cela enlève une certaine marge de manoeuvre aux députés. Je crois que cela rendra la situation plus difficile. Par exemple, si l'on commence plus tôt pour remplacer le vendredi, si on commence une heure et demie plus tôt, par exemple, ce qui est environ ce qu'il faudrait faire pour remplacer le vendredi, il faudrait commencer à 8 h 30. Nous savons tous qu'il y a beaucoup de choses qui se passent... En fait, il faudrait peut-être même commencer encore plus tôt parce qu'on ne pourrait pas, justement, commencer plus tôt le mercredi, et il faudrait peut-être même être ici à 8 h.
Quelle que soit l'heure — aux fins de la discussion, disons que c'est 8 h 30, ça ne change rien de toute façon —, nous savons ce qui se passe avant la séance de la Chambre, le matin. C'est à ce moment-là que les gens font leurs travaux préparatoires. S'il y a des gens qui veulent vous rencontrer et que, disons, vous êtes en service à la Chambre, ce jour-là, c'est à ce moment-là qu'ils peuvent le faire. C'est durant cette période qu'il peut y avoir une réunion-déjeuner.
Par exemple, je n'ai pas pu être ici pour le début de la réunion d'hier. Je recevais un groupe qui était à Ottawa. Il s'agissait de personnes de partout au Canada. On n'a pas une telle occasion chaque jour. J'ai travaillé sur un dossier avec eux, et ils voulaient que je leur parle durant le déjeuner. C'était donc l'occasion de le faire.
Ce qu'on ferait, essentiellement, c'est qu'on éliminerait ces occasions, parce que, à cause du changement, il faudrait le faire à 6 h ou je ne sais quoi. Ça commence à être un peu... Ces événements commencent habituellement à 7 h 30, ce qui est raisonnable, mais 6 h, c'est déraisonnable.
Il y a d'autres choses qu'on pourrait faire. On pourrait envisager d'allonger la journée. On pourrait ajouter de une heure et demie à deux heures à la fin de la journée, et on parle donc de 20 h ou 20 h 30, s'il n'y a pas de vote, avant la fin des travaux du Parlement, le soir. Je sais que, pour certains d'entre nous... je crois que ce point a été soulevé hier soir. Je crois que M. du NPD en a parlé. Il a soulevé un bon point. C'est ce que je fais moi aussi très souvent en tant que député de l'Ouest. Il y a une différence de deux heures. La Chambre termine ses travaux vers 18 h 30 ou 19 h.
Un député: Le décalage est de trois heures pour certains.
M. Blake Richards: Oui, le décalage est de trois heures pour certains. Pour moi, c'est deux heures, mais pour un député de la Colombie-Britannique, on parle de trois heures. C'est exact, et c'est pourquoi c'est une meilleure occasion pour eux... et c'est aussi un argument pour la possibilité du matin. Puisque nous faisons l'aller-retour, ce peut être difficile pour quelqu'un de l'Ouest. Vu le décalage de deux ou trois heures, si on doit commencer à 7 h ou 8 h, ce serait comme commencer à 4 h pour certains, parce que, lorsqu'ils retournent dans leur circonscription, bien sûr, c'est le fuseau horaire qu'ils utilisent.
Ce peut être difficile pour certaines personnes. En tout cas, ça l'est, pour moi. Je trouve que c'est un peu difficile. Je ne suis pas nécessairement une personne matinale, alors avoir à me lever à ce qui équivaut à 3 h 30 ou 4 heures, à mon âge, c'est un peu difficile pour être honnête. Je suis un oiseau de nuit, et j'aime travailler tard le soir. Si le Parlement doit siéger — et c'est le point que j'essaie de soulever, ici — jusqu'à 20 heures ou 20 h 30, le soir, les députés de l'Ouest perdront certaines des occasions qu'ils avaient de rattraper le temps perdu dans leur circonscription, parce que ce qui se produit, c'est que... c'est encore pire pour ceux de l'Est, puisque, alors, il est quasiment trop tard pour appeler qui que ce soit, même s'ils sont à la maison.
Souvent, la Chambre termine ses travaux alors que la journée de travail n'est pas encore totalement finie, alors je peux communiquer avec les personnes que je dois rejoindre à leur travail ou dans ces genres d'endroits si c'est encore possible. Je peux ensuite avoir un bref souper ou faire un peu d'exercice ou je ne sais quoi puis revenir au bureau. Je peux ensuite rejoindre tous les gens une fois qu'ils ont terminé de souper, à la maison. Si nous siégeons plus longtemps à la Chambre, je perdrai aussi certaines de ces occasions. Les choses commenceront à être plus difficiles. Je sais que des gens disent qu'ils pourront simplement être plus souvent dans leur circonscription le vendredi, qu'ils pourront en faire plus pour leurs électeurs. Je tiens à faire valoir que ce sera peut-être en fait le contraire. Je sais que ça peut sembler bizarre, au premier regard, mais lorsque vous y réfléchissez bien, vous perdez des occasions de communiquer avec vos électeurs avant et après la journée à la Chambre si on rallonge ces journées.
Une autre façon d'avoir plus de temps, si c'est ce qu'on veut vraiment faire, serait en fait de siéger le vendredi. Je dirais que, si vous voulez allonger les journées, eh bien, c'est parfait, et je peux comprendre le bien-fondé d'une telle mesure, mais je ne vois pas ce qu'on gagnerait en éliminant le vendredi. Je vais revenir à la question de la période de questions dans un instant, mais si vous voulez allonger les journées et, disons, même si elles passaient... Certaines personnes affirment que, pour pouvoir retourner dans leur circonscription, le vendredi, elles devraient encore.... Mais disons que le Parlement termine ses travaux vers 17 h 30, environ. On pourrait encore le faire. On ajoute quelques heures à la journée.
Pour ce qui est de ce qui arriverait, alors, si on devait ajouter toutes ces heures pendant 26 semaines, eh bien on pourrait probablement gagner deux ou trois semaines en travaillant le vendredi, et donc, peut-être, par exemple, on pourrait accorder aux gens quelques semaines de plus dans leur circonscription chaque année. C'est une proposition que je lance, comme ça. Je ne dis pas nécessairement que c'est une proposition, mais c'est un exemple de ce qu'on pourrait faire. Je fais valoir que, si on avait du temps au début et à la fin de la journée, comme c'est actuellement le cas au Parlement, pour travailler sur les dossiers liés à la circonscription, puis qu'on aurait encore deux ou trois semaines qu'on pourrait passer en entier dans nos circonscriptions, on pourrait accomplir beaucoup plus de travail de cette façon qu'en étant tout simplement chez soi le vendredi, quand on est un peu fatigué parce qu'on n'est pas arrivé à la maison avant 2 h du matin, disons, et qu'on a pris l'avion. On pourrait probablement en accomplir plus de cette façon.
Je crois que les arguments selon lesquels ce serait mieux pour les électeurs sont malhonnêtes.
Au bout du compte, ce qu'on fera, c'est d'éliminer une période de questions chaque semaine: 20 % des périodes de questions. C'est beaucoup. En éliminant 20 % des périodes de questions, ce qu'on fait, c'est qu'on élimine en fait 20 % de la responsabilisation. C'est ce que cela signifie. On élimine 20 % des moments où le gouvernement doit rendre des comptes aux Canadiens en raison de la rare occasion où, durant ces périodes, les membres de l'opposition peuvent poser des questions importantes, formuler leurs préoccupations et soulever les enjeux importants pour leurs électeurs, par exemple. Selon moi, c'est ce dont il est vraiment question.
Les libéraux ont présenté l'initiative sur le Parlement propice à la vie de famille et ont affirmé qu'il fallait éliminer le vendredi parce que c'est la bonne chose à faire pour soutenir les familles. Beaucoup de personnes se sont élevées et ont affirmé ne pas vraiment comprendre en quoi c'était une mesure propice à la famille. Certaines personnes pensaient probablement que ce l'était, mais beaucoup de personnes ne le pensaient pas, de sorte que les libéraux ont dit: « d'accord, nous allons reculer ».
Si vous regardez le rapport que nous avons produit — je ne l'ai pas devant moi, alors je ne me rappelle pas les mots exacts que nous avons utilisés — vous verrez que, essentiellement, nous avons indiqué que nous n'estimions pas qu'il était nécessaire d'éliminer les séances du vendredi. C'était la décision du Comité. On est arrivé à cette décision comme on le fait habituellement. C'était une décision consensuelle. Nous avons convenu à l'unanimité que c'est ainsi qu'il fallait faire.
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Oui, il a certainement réussi à le faire. J'en ai parlé hier soir. M. et moi sommes intervenus à quelques occasions durant le discours de M. , et nous étions d'accord sur toute la ligne. Comme j'ai dit hier soir, j'aime beaucoup M. Blaikie en tant que personne. Je me suis tourné vers lui hier soir et j'ai dit: « Je ne sais pas si vous buvez, mais je crois que nous pourrions prendre une bonne bière ensemble un de ces jours et que nous nous entendrions bien. » Il a un peu hoché de la tête. Je ne sais pas s'il voulait prendre une bière avec moi ou non, mais je crois qu'il voulait signifier par là qu'il en consomme une ou deux à l'occasion.
Je suis sûr que, si nous prenions cette bière, nous aurions probablement quelques désaccords au sujet de dossiers politiques. De façon générale, nous avons tendance à ne pas être d'accord sur ces choses, je crois, mais nous ne sommes pas en désaccord dans ce cas-ci. Je n'arrive pas à comprendre comment quelqu'un pourrait ne pas voir qu'il faut avoir un consensus et qu'il faut travailler ensemble. Lorsqu'on change les règles de fonctionnement du Parlement, il peut y avoir beaucoup de conséquences inattendues. Le fait de compter sur les points de vue différents des divers partis et des multiples personnes ayant des expériences variées est très utile dans le cadre d'une telle conversation selon moi. C'est important et nécessaire. Le gouvernement ne semble tout simplement pas comprendre.
Fait intéressant, pendant que M. Christopherson avait la parole, j'étais dans le corridor, et qui croyez-vous que j'ai vu? La . Elle dirigeait une visite d'un petit groupe de ses électeurs. Nous nous sommes dit bonjour et avons échangé quelques civilités. Je l'aime bien en tant que personne. Nous nous sommes toujours bien entendus. Avant qu'elle ne soit la leader parlementaire du gouvernement, ce qu'elle est encore, elle était ministre des Petites entreprises et du Tourisme. Elle occupe maintenant les deux postes. Je suis critique en matière de tourisme, et nous avons donc beaucoup discuté et nous avons appris à assez bien nous connaître l'un l'autre, j'imagine, du moins, assez pour papoter.
Je l'aime bien comme personne, mais on dirait presque qu'elle vit dans une réalité parallèle à la nôtre. Je lui ai dit que nous étions au beau milieu d'une réunion du Comité, que je devais y retourner, et elle m'a dit de continuer le bon travail que je faisais là. C'était quasiment comme si elle ne comprenait pas que c'est une totale et complète perte de temps alors que nous pourrions travailler sur des enjeux importants dès maintenant. Pourquoi faisons-nous cela? Parce qu'elle ne veut pas discuter pour que nous puissions trouver une façon de travailler sur ce dossier ensemble. C'est comme si elle évitait la réalité de la situation. Comme je l'ai mentionné plus tôt, elle est venue hier soir et elle a apporté un gâteau d'anniversaire, et elle agissait un peu comme s'il fallait tout simplement sourire et plaisanter. Non. Asseyons-nous, discutons et trouvons une façon de travailler ensemble pour aller de l'avant, mais d'une façon qui garantit qu'on ne fera rien sans l'approbation de tous les partis du Parlement. Ce serait un dénouement logique.
Comme je l'ai mentionné, je voulais procéder à une récapitulation, alors voici où nous en sommes. Si vous regardez la situation, je crois qu'elle ne peut clairement pas avoir d'autres raisons d'imposer ces choses par la force à part pour éviter au gouvernement et au d'être responsable. Ils veulent éviter d'être tenus responsables de leurs actes durant la période de questions et d'autres façons aussi: tout est conçu à cette fin. C'est ce dont il s'agit. C'est assez triste. Selon moi, c'est terrible pour la démocratie et pour notre pays que le gouvernement tente de faire ça.
Et laissez-moi vous dire que, selon moi, il y a beaucoup de Canadiens qui sont d'accord avec moi. Je sais qu'il y a une pétition qui circule en ce moment. J'ai demandé à certains de mes collègues assis derrière moi à l'arrière de la salle d'y jeter un coup d'oeil et de me laisser savoir, et je vais vous préciser le nombre de personnes qui ont signé la pétition. Je sais qu'il y a des dizaines de milliers de personnes qui ont signé la pétition et qui demandent au gouvernement de faire exactement ce que nous disons, c'est-à-dire de travailler en collaboration et de procéder par consentement unanime.
Les Canadiens ont signé cette pétition, mais ils envoient aussi des courriels. Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais en lire quelques-uns. J'en ai reçu des milliers. Je suis sûr que vous en avez reçu vous aussi, monsieur le président. Je crois que c'est aussi le cas des membres libéraux du Comité. Je suis sûr que d'autres membres du Comité en ont aussi reçu. Bon nombre de ces courriels m'ont été envoyés et ont été envoyés aussi aux députés libéraux. On dirait même que certains courriels ont été envoyés à tous les députés, éventuellement. J'en ai un devant les yeux actuellement.
J'aimerais prendre un peu de temps pour communiquer au Comité certaines pensées des Canadiens. Voici la façon dont ils voient les choses. Avant de lire ces courriels, je tiens à souligner qu'il y aura probablement certaines choses dans les courriels avec lesquelles je ne serai pas nécessairement complètement d'accord, mais je suis certes d'accord avec le sentiment que les gens tentent de véhiculer. Je suis certainement d'accord avec cette émotion, soit le fait qu'ils sont préoccupés par la façon dont le gouvernement tente de procéder et la façon dont ils voient leur démocratie être érodée par le gouvernement et ses tentatives.
Je vais lire en quelque sorte les courriels... La façon dont le premier est adressé est assez intéressante. On dirait qu'il est adressé à tous les députés libéraux du Comité, vous inclus, monsieur le président, et il est envoyé en copie conforme à deux ou trois députés conservateurs.
L'objet va comme suit: « Comité PROC: ce projet de loi n'est pas — « pas » est en majuscules — canadien ». Il y a plusieurs points d'exclamation qui suivent cette affirmation. Je crois que le titre est assez clair. La façon dont il est adressé est aussi intéressante: « À ceux qui tentent de détruire le tissu de notre pays. » Vous voyez à quel point cette personne prend l'enjeu au sérieux. Je vais lire le courriel. Comme je l'ai dit, je ne suis pas nécessairement d'accord avec tout le contenu, mais je suis d'accord avec l'intention et l'idée qui le sous-tendent, soit que le gouvernement ne devrait pas tenter d'imposer et d'adopter à la hâte ces choses. Je vais vous lire certains courriels et les commenter aussi.
Le premier se lit comme suit: « Présenter une proposition visant à limiter les débats à la Chambre des communes est un changement fondamental de notre démocratie canadienne et assurément un abus de pouvoir. Je suis atterré par ce que vous tentez de faire. Vous devez vraiment croire que les Canadiens ont la tête dans le sable quand vous faites comme bon vous semble. Cette tendance à changer les lois en douce doit arrêter.
« J'aimerais bien savoir si vos conseillers sont vraiment payés pour vous prodiguer de tels conseils. J'ai expliqué à mes enfants à quel point ils sont chanceux de vivre dans un pays démocratique. En quoi est-ce qu'imposer une limite de temps aux partis de l'opposition reflète l'esprit démocratique? En quoi le parti au pouvoir est-il tenu responsable de ses actes si personne n'a le droit de s'opposer à lui?
Si les libéraux demandent une semaine de quatre jours et continuent d'être payés le même salaire, alors les Canadiens demandent une semaine de travail de quatre jours et veulent continuer à recevoir le même salaire malgré le travail qui ne sera pas fait. N'est-ce pas complètement ridicule? Parfois, lorsqu'on lit quelque chose à haute voix, on le comprend différemment. Prenez un moment et dites à haute voix que vous voulez une semaine de travail de quatre jours, que vous voulez fermer le Parlement le vendredi et que vous voulez continuer à gagner le même salaire. Je sais ce qui se produirait dans mon milieu de travail si je demandais une semaine de travail de quatre jours pour le même salaire. Je serais congédié. Est-ce que cela signifie que tous les députés qui ne se présenteront pas au travail le vendredi auront le même sort?
Je suis absolument horrifié par ce que votre parti tente de faire. À quel moment le pays a-t-il arrêté d'être démocratique? »
Il y a plusieurs points d'interrogation et d'exclamation après ce passage. Ensuite:
« Pour reprendre les mots du — et c'est une citation — "une attaque du symbole et du siège de la démocratie est un geste lâche et répréhensible".
« Le a dépensé 127 000 $ de l'argent des contribuables pour ses vacances de Noël en famille. Justin Trudeau siège à la Chambre des communes et, à plusieurs occasions, il a été questionné par l'opposition sur son éthique et ses dépenses. Quelle a été sa seule réponse? Un air suffisant. La seule façon dont cela peut être interprété par les Canadiens, c'est que notre premier ministre n'aime pas être contesté et défié à la Chambre. Il n'est pas fait pour ce travail, et il préfère changer les lois qu'être responsable de ses décisions.
« Vous paierez le prix au moment des élections pour tout le sale travail que vous faites. Ne voyez-vous pas un peu partout au pays l'indignation des gens qui n'en peuvent plus de voir un gouvernement qui n'est pas tenu responsable de chaque sou dépensé et de chaque geste posé? Ce n'est pas bien. Ce devrait être un enjeu non partisan.
« L'obstruction se poursuivra. Les Canadiens doivent être entendus. Si une importante décision qui aura pour effet de modifier la démocratie doit être prise par la Chambre, alors les Canadiens doivent avoir l'occasion d'en entendre parler et de voter. Pourquoi les médias sont-ils silencieux? Tous les partis politiques croient que c'est mal, y compris les députés libéraux d'arrière-ban.
« Lorsque tous les partis s'entendent sur quelque chose, ce doit être que vous faites quelque chose de très mal — le mot « très » est en majuscules — et les tactiques sont dégoûtantes. La journée où vous deviez vous occuper du nouveau budget, vous avez tenté de faire adopter cette mesure en douce afin d'être encore moins responsables à l'égard des Canadiens que vous ne l'êtes actuellement.
« Si ma mémoire ne me joue pas de tours, n'est-ce pas là la même chose que ce que les libéraux ont essayé de faire l'année dernière? Et lorsque les choses ont dégénéré, Justin Trudeau a traversé la salle et a agressé physiquement une femme de l'opposition. C'est intéressant de voir qu'on tente la même chose de nouveau. Nous avons remarqué, libéraux. Nous voulons que vous soyez responsables de vos actes. Pourquoi faites-vous le sale travail de Justin Trudeau, simplement parce qu'il a trop peur d'être responsable de ses actes? C'est déplorable.
C'est signé par un citoyen très en colère.
Le président: Il n'a pas signé son nom?
M. Blake Richards: Oh, il a signé son nom, mais je n'ai pas obtenu son consentement pour le donner, alors je ne vais pas le faire. Je n'ai pas demandé de consentement à cette personne, alors je ne vais pas donner son nom, mais elle a signé, oui. C'est un courriel, alors, de toute évidence, son nom est associé à l'adresse de courriel aussi.
Au bout du compte, comme je l'ai dit, je ne suis pas nécessairement d'accord avec tout ce qui est dit là. J'ai mentionné la semaine de travail de quatre jours. Je reconnais qu'il n'y a probablement pas beaucoup de députés qui veulent tout simplement retourner à la maison, s'asseoir bien confortablement et regarder la télévision le vendredi, mais et d'autres tentent d'éviter d'être tenus responsables durant la période de questions du vendredi, c'est sûr.
Je crois que le ton de la lettre en dit beaucoup. Cette personne croit vraiment que le gouvernement tente d'éviter d'être tenu responsable. C'est le point que j'essaie de faire valoir, mais le courriel montre que les Canadiens pensent aussi comme moi.
Je vais en lire un autre. C'est une personne de Surrey, en Colombie-Britannique. Encore une fois, je n'ai pas vu préalablement ces courriels. Je les prends de façon aléatoire dans les milliers de courriels que j'ai reçus. Celui-ci va comme suit: « Bonjour, mesdames et messieurs les députés. Merci de servir ce magnifique pays qu'est le Canada. Je vous remercie de votre sacrifice pour la démocratie. Je vous écris au sujet de la motion présentée par le député Scott Simms, qui vise à modifier les règles de la Chambre. Je vous demande de protéger la liberté que nous avons dans notre démocratie et de mettre fin à ce projet de loi. »
Le ton de cette lettre est évidemment différent, monsieur le président. La personne demande aux députés de protéger la démocratie plutôt que d'exprimer son indignation face à ce qui se produit. Je crois que l'idée est la même, mais que l'approche est différente.
La personne poursuit et dit ce qui suit: « Sous le couvert de l'efficience, cette motion tente de limiter et de restreindre la responsabilisation au sein du gouvernement. Peut-être que les efforts visant à accroître l'efficience devraient être concentrés sur le budget. J'apprécie la créativité avec laquelle le gouvernement a trouvé de nouvelles façons de prendre plus d'argent dans mes poches. Il faudrait peut-être utiliser cette excellente capacité pour réduire les dépenses plutôt que de les accroître et, semble-t-il, d'éviter d'avoir à travailler.
« Je ne suis pas d'accord avec le fait que la Chambre ne siège pas le vendredi. Notre gouvernement a beaucoup d'enjeux importants à gérer, alors travailler une journée de moins à la Chambre limitera sa capacité de le faire. Je comprends que votre rôle, c'est de nous taxer, et je vous remercie de ce service, mais est-ce ce pour quoi vous avez été élus? C'est un travail difficile. Je crois aussi que le doit participer à plus d'une période de questions par semaine. A-t-il un problème avec la responsabilisation? Il est le chef du pays, et il devrait être là pour en assurer le fonctionnement. En outre, il devrait être responsable de son fonctionnement régulier.
« Je ne suis pas d'accord avec le fait de limiter le temps consacré au débat dans les comités et à la Chambre. Il s'agit selon moi d'une tentative claire d'éviter d'être responsable. L'opposition n'est pas là pour rien. Ce n'est pas une dictature. Les sièges appartiennent au peuple et pas à un parti quelconque. Ce ne sont pas toutes vos idées qui sont bonnes, et c'est la raison pour laquelle il y a des députés qui sont là pour les remettre en question, comme dans le dossier qui nous occupe.
« De quelle façon mes préoccupations citoyennes sont-elles entendues lorsque vous limitez mon droit de parole? Il faudrait imposer une limite de temps afin que les députés répondent aux questions écrites qui leur sont soumises: 45 jours semble équitable. Le fait qu'il n'y ait pas de délai permet aux députés de tout simplement faire fi des questions auxquelles ils ne veulent pas répondre, mais vous nous représentez tous et vous devez répondre aux questions, même celles que vous n'aimez pas.
« En dernier lieu, l'approche utilisée pour présenter cette motion semble trompeuse. Je suis favorable aux gains d'efficience et j'accepte avec prudence la modernisation, mais la semaine du budget ne semble pas le bon moment pour le faire. Qu'avez-vous à cacher? Pourquoi y a-t-il si peu d'informations qui ont été fournies aux Canadiens à ce sujet? Les Canadiens devraient être informés de tels enjeux, d'un tel changement fondamental de notre processus démocratique. Il devrait y avoir un débat ou une discussion totalement ouverts. Je vous demande d'arrêter cette motion. Je vous demande de maintenir la responsabilisation et la transparence au sein du gouvernement.
« Merci de nous représenter à la Chambre des communes ».
Celui-ci est signé: « Respectueusement ».
Encore une fois, le ton est différent, mais le courriel dit à peu près la même chose. Ce citoyen a aussi l'impression que le gouvernement tente d'éviter d'être responsable, que le premier ministre tente d'éviter ses responsabilités. On le comprend très bien en lisant la lettre lorsque la personne dit des choses comme: « De quelle façon mes préoccupations citoyennes sont-elles entendues lorsque vous limitez mon droit de parole? » et « Ce ne sont pas toutes vos idées qui sont bonnes, et c'est la raison pour laquelle il y a des députés qui sont là pour les remettre en question, comme dans le dossier qui nous occupe » et « Je ne suis pas d'accord avec le fait de limiter le temps consacré au débat dans les comités ».
Il est question de Justin Trudeau: « Il est le chef du pays, et il devrait être là pour en assurer le fonctionnement. En outre, il devrait être responsable de son fonctionnement régulier ». La lettre demande: « A-t-il un problème avec la responsabilisation? » C'est clair. Puis la lettre se termine comme suit: « Je vous demande de maintenir la responsabilisation et la transparence au sein du gouvernement ».
C'est ce que cette personne demande.
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Merci, monsieur le président.
Je comprends.
Nous allons revenir là où nous étions rendus. J'aimerais tout simplement souligner, comme je l'ai déjà dit, que je ne suis pas nécessairement d'accord avec tout ce qui est dit dans ces courriels. J'imagine que je ne remets pas en question la sincérité des gens. Ils travaillent le vendredi, et font d'autres choses. Pour moi, le problème n'est pas là.
Je crois aussi qu'il y a déjà une disposition en place en vertu de laquelle, si un député n'est pas ici un jour où le Parlement siège, sauf — et il doit l'attester en signant — s'il s'acquitte d'affaires publiques officielles, sa paye est réduite. S'il n'est pas ici et qu'il n'est pas à l'extérieur pour affaires publiques, pour participer à un événement, une réunion ailleurs, sa paye est réduite.
Ce que je peux dire, c'est que, tous les vendredis, soit je travaille ici, soit je vaque à des activités publiques quelconques ailleurs dans ma circonscription ou à un autre endroit. Cependant, ce que j'essaie de dire, ici, c'est que lorsqu'on annule la séance du vendredi à l'échelle du Parlement, on annule la période de questions. On annule la séance du Parlement. C'est très différent du fait que certains députés ne soient pas ici un jour précis. Évidemment, nous savons tous que, un mardi donné, un député peut se voir demander de donner un discours ailleurs, au pays, et il obtempérera. Cela ne signifie pas qu'il faut fermer le Parlement parce qu'il manque un ou deux députés. C'est un argument malhonnête.
Je vais lire quelques autres de ces courriels. Je crois que c'est important. Ce sont les points de vue de différentes personnes, mais, de ce que j'ai vu jusqu'à présent, ils semblent tous pointer dans la même direction. Ceux que je vous lis n'ont pas été présélectionnés. Je n'ai pas nécessairement lu ces courriels précis d'avance, même si j'en ai lu certains.
Voici ce que celui-ci dit: « En tant que citoyen canadien, je suis fortement en désaccord avec les changements proposés par les libéraux dans le but de fermer de façon permanente le Parlement le vendredi et de limiter les débats. Le Canada est un pays démocratique, et la démocratie va de pair avec la liberté d'expression. J'ai suivi les débats du Parlement, et il est on ne peut plus évident que le gouvernement libéral a de la difficulté à fournir des réponses honnêtes et informatives aux députés. On dirait que tous les membres du Parti libéral ont mémorisé les mêmes phrases qui concernent la classe moyenne et qui ne veulent rien dire.
« Justin Trudeau ne se présente pas pour la période de questions ou, lorsqu'il est là, et qu'il accepte qu'on lui pose une question, il n'arrive pas à répondre. C'est une honte pour le gouvernement canadien. Un bon chef donne l'exemple. Les libéraux veulent le vendredi de congé alors que toute la nation travaille le vendredi. De plus, ils veulent garder leur salaire. Ce que je comprends des dirigeants du Canada, ce pays que j'aime, c'est qu'ils ne veulent pas travailler. Ils n'ont pas à coeur le sort des gens. Ils sont paresseux et ne se responsabilisent pas pour leur piètre rendement. Ils m'ont trahi durant les élections.
Je crois que la personne voulait dire « ils m'ont menti durant les élections ».
Je poursuis le courriel: « Ils nous ont laissés seuls. Ce n'est pas le gouvernement que j'espérais pour mon pays. Justin Trudeau veut passer moins de temps au Parlement afin d'éviter la honte. Mon conseil serait qu'il fasse ses devoirs. Il doit apprendre comment être un chef, comment vraiment écouter son peuple, et je parle de l'ensemble de son peuple. Il faut écouter tout le monde... pour qu'un pays réussisse, il faut des entreprises fortes et une classe moyenne solide. Vu les politiques actuelles, la richesse s'en va partout sauf au Canada. Vendre le Canada à la Chine n'aidera pas notre budget.
« Je vis au Canada depuis 30 ans. Il m'a fallu un certain temps pour me sentir chez moi, ici, mais le Canada a été très bon pour moi. Je me suis bâti une très bonne vie ici, pour moi et mes enfants. Cependant, c'est de plus en plus difficile depuis la dernière élection gagnée par les libéraux. Je souhaite un grand avenir au Canada, et j'ai hâte aux prochaines élections. Je vais voter conservateur, ce parti qui, au fil des ans, et d'autant plus actuellement, semble déterminé à faire du Canada un pays fort et une terre d'avenir, comme c'était le cas avant.
« J'ai écouté de quelle façon vous prévoyez changer le Parlement pour l'adapter à votre caucus libéral. En tant qu'électeur, je suis craintif et je suis vraiment opposé à cette initiative. On a voté pour vous pour que vous soyez là cinq jours par semaine, et vous pouvez aussi passer de nombreuses semaines dans votre circonscription. Vous vous êtes voté une augmentation, et vous voulez maintenant faire moins d'heures. Pas avec mon argent. »
Et là, je ne crois pas que personne ne se soit vraiment voté une augmentation, il est donc évident que cette personne n'a pas compris ce qui s'est passé, mais peu importe.
Je poursuis la lecture du courriel: « Je m'attends aussi à ce que le premier ministre soit là pour la période de questions, comme beaucoup de premiers ministres l'ont fait avant lui — pas qu'il ne répond jamais aux questions qu'on lui pose, mais c'est son travail d'être là. Vous tentez aussi de limiter le temps de discours à la Chambre et, j'en ai bien peur, c'est inacceptable. Le débat est le fondement même de notre État démocratique. Comment osez-vous l'éliminer? Les libéraux tentent de faire du Canada une dictature. Eh bien, je ne les laisserai pas faire. Le peuple paie votre salaire, et vu le mécontentement qui est de plus en plus marqué, je crois que vous êtes aussi bien de vous trouver un autre travail. Nous, le peuple, allons nous assurer de ne pas vous donner un deuxième mandat. Je m'attends à ce que les gens votent non à ce changement ridicule. Devenez des adultes ou trouvez un autre emploi. »
Encore une fois, je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est dit, mais je crois que ce que les gens essaient de dire, c'est qu'ils s'attendent à ce que le et le gouvernement soient responsables. Ils s'attendent à ce qu'ils se présentent au travail. Ils croient que c'est vraiment là une tentative pour éviter toute reddition de compte. Lorsque les gens commencent à utiliser des mots comme « dictature », c'est évidemment aller un peu trop loin, mais je comprends quand même, d'une certaine façon, leur sentiment. On évite de se responsabiliser, non?
Celui-ci est assez court. Il va comme suit: « Mesdames et messieurs, je suis absolument dégoûté par l'arrogance pure et simple du Parti libéral. Vu la quantité d'argent des contribuables que Justin Trudeau se croit en droit de dépenser aussi librement qu'il le désire, je suis de ceux qui croient qu'il devrait être au travail du lundi au vendredi, sauf, si, bien sûr, ses habitudes de dépense et son chèque de paye reflètent sa proposition, soit un horaire de travail proposé d'une journée par semaine.
« Pour ce qui est du reste des députés du parti libéral, qui veulent réduire leur charge de travail en prenant tous les vendredis de congé, je vous rappelle, en tant que contribuable canadien, que je suis votre employeur. Si vous croyez que l'examen minutieux dont vous et vos collègues font l'objet en raison de vos piètres décisions et de votre refus d'écouter les gens, à qui vous devez d'occuper la fonction que vous exercez maintenant, est beaucoup trop lourd à supporter, pourquoi ne remettez-vous pas votre démission et ne prenez-vous pas le reste de la semaine de congé aussi? Vous êtes payés pour siéger au Parlement et être disponible pour répondre de vos décisions complètement unilatérales. Comment osez-vous me retirer mon droit de vous tenir responsables de vos actes? Des milliards de dollars sont en jeu — des milliards — et vous, vous tous, avez prouvé que vous n'étiez pas à la hauteur.
« Je suis fier d'être Canadien. Je ne suis pas fier que Justin Trudeau soit le chef de mon pays. Il n'est pas digne de la fonction qu'il occupe. Lui et vous, mesdames et messieurs du parti libéral, avez promis de la transparence que, avez-vous dit, n'offrait pas le gouvernement précédent, et vous voilà maintenant en train d'empêcher collectivement et activement les Canadiens d'obtenir de vraies réponses. Ce n'est pas parce que vous vous cachez derrière de belles paroles, ce que vous faites déjà. Non, vous ne répondrez pas aux questions des Canadiens au sujet de votre leadership parce que vous ne serez tout simplement pas là.
« Croyez-moi. Vos actes auront de graves conséquences en 2019 si vous poursuivez dans la même voie avec Justin Trudeau en tant que chef incompétent: en 2019, vous répondrez de vos actes. »
Encore une fois, je crois que c'est un peu exagéré; cela démontre le fait que les gens ont l'impression que le premier ministre et son gouvernement ne tentent absolument pas de se responsabiliser.
Je n'ai pas lu le prochain courriel, mais il commence comme suit: « Je suis une membre du Parti québécois ». Je vais le lire, parce que c'est une bonne façon de faire valoir un point. Je crois que certains pourraient croire que ce sont seulement des membres du Parti conservateur qui n'apprécient pas le Parti libéral qui écrivent ces lettres, mais ce n'est clairement pas le cas ici. Ce sont simplement des Canadiens qui écrivent spontanément pour faire connaître leurs préoccupations.
L'auteure est de Montréal, au Québec, et voici ce qu'elle dit: « Bonjour. Je suis une membre du parti québécois. J'ai entendu parler de la motion visant à fermer le Parlement le vendredi et à apporter d'autres changements au sujet des règles et des débats, un changement qui limiterait de façon permanente les débats et l'examen des projets de loi du gouvernement. Je suis outrée de cette initiative clandestine qui est la vôtre. Nous vivons dans un pays démocratique, pas une dictature. Qu'essayez-vous de faire en passant? Voulez-vous créer une dictature où la démocratie n'aura plus sa place? Je m'oppose à tout ce que vous allez essayer de faire concernant la fermeture du Parlement, la modification des règles et des débats et ce renversement pernicieux de notre démocratie.
« En tant que citoyenne canadienne, je m'oppose à de tels changements, qui n'auront que des répercussions négatives sur la démocratie pour laquelle nous nous sommes battus si fort. Je vous demande de retirer la motion qui propose de tels changements. »
Évidemment, elle exprime une préoccupation au sujet de la responsabilisation, et elle le fait sans mâcher ses mots. Elle souligne la même chose que les auteurs de tous les autres courriels que je vous ai lus. Tous ces gens croient que le premier ministre et le gouvernement essaient d'éviter d'être tenus responsables.
En voici un autre. Il est écrit: « je suis peiné et déçu d'apprendre que le parti libéral tente secrètement de changer nos processus démocratiques de façon à réduire la capacité des Canadiens de tenir le gouvernement responsable.
« Par exemple, les libéraux tentent en douce d'éliminer les séances du vendredi ou de faire du vendredi une journée complète plutôt qu'une demi-journée, de prévoir une seule journée par semaine durant laquelle le premier ministre répond aux questions durant la période de questions, d'allonger le délai qu'a le gouvernement pour répondre aux questions écrites des députés, le faisant passer de 45 à 65 jours, d'empêcher les membres de l'opposition de faire de l'obstruction en présentant des motions pouvant faire l'objet d'un débat, d'empêcher l'obstruction et éventuellement de limiter le temps attribué pour les débats sur les projets de loi d'initiative gouvernementale en établissant d'avance des délais pour discuter et adopter le projet de loi à la Chambre, de permettre d'étudier les projets de loi omnibus malgré la promesse à l'effet contraire des libéraux, mais de tenir des votes distincts sur les sujets non liés figurant dans le projet de loi, de permettre aux secrétaires parlementaires d'assumer un rôle plus important dans le cadre des comités, d'empêcher l'obstruction dans le cadre des travaux des comités en limitant les discours à 10 minutes, d'introduire le vote électronique à la Chambre des communes et d'accorder plus de temps pour débattre des affaires émanant des députés.
« Je vous demande de revenir sur votre décision dans ce dossier afin que les Canadiens puissent encore croire que leurs droits ne sont pas bafoués. De plus, si le plan libéral de réduire nos droits démocratiques est appliqué, je m'en souviendrai le jour de l'élection.
« Vous êtes élus par le peuple et pour le peuple. Une telle tentative de dénaturer les processus démocratiques n'est pas, selon moi, ce que les gens veulent. Si vous agissez conformément à vos intérêts, nous pourrons assurément apporter les changements nécessaires aux prochaines élections, alors, encore une fois, je vous demande d'arrêter » — le mot « arrêter » est en majuscules — » ce plan visant à limiter le processus démocratique et de laisser les processus qui sont déjà en place tranquilles. Je vous demande d'y voir incessamment. »
Encore une fois, la personne parle de dénaturer le processus démocratique et d'éviter la responsabilisation. Elle profère aussi la même menace — « menace » n'est pas vraiment le bon mot, mais je l'utilise, parce que c'est le mieux que je puisse faire — de laisser tomber les députés libéraux aux prochaines élections s'ils ne font pas ce qu'elle juge approprié du point de vue de la démocratie et de la responsabilisation du gouvernement.
Le prochain concerne le vendredi, les salaires et tout le reste. Je suis d'accord avec les commentaires selon lesquels les gens peuvent faire d'autres tâches, mais c'est la période de questions qui importe, ici, et la capacité de tenir le gouvernement responsable. Je vais laisser tomber celui-là, parce que je ne crois pas qu'il soit juste de continuer à lire ce genre de propos seul.
Le prochain courriel va comme suit: « Chers dirigeants et députés libéraux. J'ai honte de dire que je voulais du changement durant les dernières élections et que j'ai pris un risque avec les libéraux et voté pour Justin Trudeau. Je le regrette depuis maintenant plus d'un an. Justin Trudeau ne travaille pas pour les Canadiens; il travaille pour lui-même. Il ne se soucie pas de ce que veulent les Canadiens, il tente de modifier notre démocratie respectée et d'en faire une dictature.
« En tant que députés libéraux, vous devez faire un choix. Vous pouvez poursuivre dans la voie de Trudeau et être haïs par le peuple canadien et ne plus être élus, ou vous dresser devant Trudeau et faire ce qu'on vous a élus pour faire: défendre les Canadiens. Après les mensonges, les augmentations d'impôts et la dette à hauteur de milliards de dollars, de nombreux Canadiens promettent de ne plus JAMAIS — et « jamais » est en majuscules — « voter de nouveau pour les libéraux.
« Ce que vous tentez de faire actuellement à la Chambre des communes est mal, pernicieux, et ce n'est pas dans l'intérêt des Canadiens. Un gouvernement de dictature n'est pas ce que nous avons demandé, et c'est un retour en arrière. Les députés devraient travailler cinq jours par semaine, tout comme les Canadiens doivent travailler, et encore même plus maintenant puisqu'il faut payer ces factures démesurément élevées.
« Les motions et les projets de loi doivent être débattus à la Chambre des communes. Cela fait partie de notre gouvernement et de la démocratie. Vous ne pouvez pas tout simplement changer les règles parce que les libéraux sont au pouvoir. Les Canadiens ne le veulent pas, on ne nous consulte pas et on ne nous pose pas de questions sur les changements apportés à la façon dont le gouvernement fonctionne.
« Les sondages montrent que la cote des libéraux continue de chuter. Les Canadiens ne font pas confiance au gouvernement libéral majoritaire, peu importe leur appartenance politique. Arrêtez ces tractations en coulisse dans la Chambre des communes. Je peux vous promettre dès aujourd'hui, vu la façon dont Trudeau se comporte et vu le comportement des libéraux, que je ne vais plus jamais faire confiance à un politicien libéral qui dit vouloir tenir ses promesses ou faire ce qui est bien pour les Canadiens. »
C'est simplement signé: « de l'Ontario ». Ça ne précise pas où en Ontario, mais c'est dans cette province.
Je crois qu'il est important de remarquer quelque chose. Lorsque j'ai commencé à lire ces courriels, je suis sûr qu'il y avait certains députés libéraux — je voyais qu'il se passait beaucoup de choses de l'autre côté — qui étaient mal à l'aise avec ce processus et qui tentaient de trouver une façon de mettre fin à la lecture. Ce sont des courriels très accablants et critiques. Certains vont peut-être un peu trop loin, mais ils sont très critiques, et ils abordent tous les mêmes thèmes.
Je suis sûr que certains se sont probablement dit: « eh bien, c'est sûr, ce sont probablement tous des membres du parti conservateur. Peut-être que M. Richards leur a demandé d'écrire ces lettres ». Mais je peux vous dire à la lecture des noms que j'ai vus jusqu'à présent, qu'il n'y a même pas eu un courriel venant de ma province — de ce que j'ai pu voir —, pas un non plus de ma circonscription. Je ne reconnais aucun des noms. Ce ne sont pas des personnes que je connais. Ce n'est pas ce dont il s'agit. J'aimerais bien croire que j'ai beaucoup d'amis, mais on parle de milliers de courriels. Je ne sais pas si j'ai autant d'amis que ça.
Une personne était membre du Parti Québécois. Cette personne a indiqué que, même si elle avait voté pour du changement, pour , durant les dernières élections, elle avait maintenant honte, et elle le regrettait. Elle a dit qu'elle ne croit pas que Justin Trudeau travaille vraiment pour les Canadiens: il travaille pour lui-même. Mais elle a voté pour lui durant les dernières élections, alors de toute évidence, elle a vraiment changé d'avis.
Je comprends ça. Je comprends pourquoi les gens... Comme je l'ai mentionné tantôt, le a prononcé certaines phrases dont on peut se souvenir. Il tire sur la ficelle et il dit des choses qui ont l'air merveilleuses. Il a une belle coiffure, et tout ça. Les gens l'aiment. Puis, les gens le regardent agir, et il ne fait pas grand-chose. Il ne fait pas vraiment ce qu'il a dit qu'il allait faire. Ses gestes ne sont pas conformes à ce qu'il avait dit. Les gens commencent à être déçus.
M. Scott Simms: Vous voulez un Timbit?
M. Blake Edwards: Mon Dieu, M. Simms est vraiment une personne merveilleuse. Si seulement tous les libéraux étaient comme lui, peut-être que nous ne recevrions pas ce genre de lettre.
Des voix: Ah, ah!
M. Blake Edwards: Merci.
J'espère que tous les gens m'excuseront. Je vais le faire à la télévision. J'imagine que c'est un peu de la publicité pour Tim Hortons.
M. Scott Simms: Allez, je vais en prendre un moi aussi. Voilà. Santé!
Des voix: Ah, ah!
M. Blake Richards: C'est quelque chose de très canadien, non? Nous voici au Parlement en train de manger un Timbit.
M. Scott Simms: Pourquoi ne pas jouer au hockey?
M. Blake Richards: Oui, vraiment. Si quelqu'un pouvait m'apporter mon équipement de hockey, monsieur Simms...
Des voix: Ah, ah!
M. Scott Simms: Désolé de vous interrompre.
M. Blake Richards: Non, c'était une pause appréciée. Je vous en remercie.
Je regarde rapidement le prochain courriel. On dirait qu'il concerne encore une fois le vendredi, alors je ne veux pas taper sur le même clou encore une fois.
En voici un bref. Il commence comme suit: « Je veux faire part de mon objection au projet de loi qui a été présenté cette semaine relativement aux nouvelles règles parlementaires ».
Évidemment, je lis ces courriels tels quels. Les Canadiens ne suivent pas nécessairement d'aussi près ce que nous faisons dans le cadre du processus parlementaire. Ces personnes croient que c'est un projet de loi. Ce n'est évidemment pas un projet de loi en ce moment. Je lis tout simplement ce qui est écrit. Je crois que tout le monde comprend que les gens savent ce dont ils parlent. Ils savent que quelque chose a été présenté au Parlement. Ils présument que c'est un projet de loi. Je ne crois pas qu'il y ait de problème, ici, mais je tiens à souligner que je lis les courriels tels quels. Les objections et le ton de base restent les mêmes, que les gens croient qu'il s'agit d'un projet de loi, d'une discussion au sein d'un comité ou peu importe.
Il est écrit: « Je veux faire part de mon objection au projet de loi qui a été présenté cette semaine relativement aux nouvelles règles parlementaires. Vous, Trudeau, et les membres de votre parti, devez comprendre que vous travaillez pour les Canadiens. Vos politiques doivent faire l'objet d'un examen minutieux au nom de tous les citoyens. Le premier ministre doit arrêter d'agir comme une célébrité privilégiée et recommencer à travailler. Je ne vous laisserai pas empêcher les gens que j'ai élus pour me représenter de vous tenir responsable en mon nom. Vous devez arrêter et vous remettre au travail pour épargner aux Canadiens de la classe moyenne vos dépenses incontrôlées. Si ce projet de loi est adopté, je travaillerai dur pour m'assurer que les gens ne votent pas libéral à la prochaine élection. Je suis sûr que vous ferez la bonne chose aujourd'hui et que vous voterez pour les droits de tous les Canadiens, pas seulement ceux de M. Trudeau. »
C'est bref et succinct, mais ça résume bien le propos. La personne dit qu'elle ne laissera pas passer ça. Elle dit que le doit arrêter d'agir comme une célébrité privilégiée et commencer à vraiment travailler. Elle dit qu'il n'est pas acceptable que le Parti libéral tente d'empêcher les gens qui la représentent — évidemment, un député de l'opposition doit avoir été élu dans sa circonscription — de pouvoir tenir les libéraux responsables en son nom.
Ce qu'elle dit, essentiellement, c'est que ce ne devrait pas être la priorité. La priorité, ce devrait être de sauver la classe moyenne des dépenses incontrôlées des libéraux. Cela touche l'essence même de la promesse de « travailler pour la classe moyenne ».
On dirait que cette personne croit que, peut-être, si les libéraux réduisaient leurs dépenses un peu, cela aiderait la classe moyenne, et ce, beaucoup plus que toutes les autres affirmations qu'ils font. Elle ajoute qu'elle travaillera activement pour s'assurer que les gens ne votent pas pour les libéraux durant les prochaines élections si la mesure est prise. Elle vous demande donc de faire la bonne chose.
J'ai mentionné tantôt ne pas avoir encore vu de courriel de ma province. En voici un de Calgary, en Alberta. C'est une zone près de ma circonscription, alors je ne voudrais pas que ma province se sente laissée pour compte. Je ne sais pas ce qui est dit, mais je vais lire le courriel, qui va comme suit: « Je ne veux pas qu'on apporte des changements au processus de débat du Parlement. Limiter le temps de débat n'est plus démocratique. Il faut analyser les enjeux en profondeur: les avantages et les inconvénients, les idées, les statistiques et les chiffres doivent être décortiqués. Il y a des arguments à formuler et des déclarations sur les répercussions à entendre. On ne peut pas le faire en 10 minutes. C'est tout simplement fou, et cela ne permettra pas à nos représentants de prendre de saines décisions en notre nom, parce qu'ils n'auront pas assez de temps pour fournir les renseignements permettant de prendre une bonne décision avant le vote ».
La prochaine partie est en majuscules, et il y a un point d'exclamation après chaque phrase: « Arrêtez ce que vous faites! Ce n'est pas dans l'intérêt du Canada! Nous ne voulons pas de ce changement! Ne l'apportez pas! »
Puis, il est écrit: « Et nous voulons tous avoir vendredi de congé. Vous avez été embauché, et on a voté pour vous en fonction des conditions qui sont les vôtres. Maintenant, travaillez. »
Encore une fois, le courriel est assez bref. Mais la personne dit qu'il doit y avoir un débat, et que, parfois, 10 minutes ce n'est pas assez. Je crois que j'ai prouvé aujourd'hui — et je sais que d'autres membres du Comité l'ont prouvé aussi — que parfois, 10 minutes ce n'est pas assez.
Le prochain courriel vient d'une personne d'Imperial, en Saskatchewan. Je ne sais pas où se situe Imperial, mais c'est en Saskatchewan, de toute façon. Le courriel se lit comme suit: « Je crois savoir que vous êtes actuellement membre du comité PROC. Je crois aussi savoir que vous et votre Comité tentez de modifier une procédure de la Chambre des communes, c'est-à-dire de permettre l'adoption de projets de loi sans débat, d'éliminer les séances du vendredi et de permettre au premier ministre d'être au bureau une journée par semaine.
« Aux dernières nouvelles avant les dernières élections, notre pays était une démocratie ». Le dernier mot est en majuscules. « On dirait vraiment à mes yeux que le gouvernement libéral aimerait une dictature: leur façon de faire ou rien. Malheureusement, il y a beaucoup » — ce mot est aussi en majuscules — « de contribuables mécontents au pays, et votre gouvernement n'aide pas du tout la situation. Qui croyez-vous, déjà, paiera pour les folles dépenses que vous faites?
« Les représentants de notre gouvernement sont élus par le peuple et pour le peuple, et je ne crois pas que vous ayez demandé le point de vue de qui que ce soit dans ce dossier. Les pères fondateurs du pays se retourneraient dans leur tombe s'ils savaient ce que vous tentez de faire aujourd'hui ». La prochaine phrase est en majuscules: « C'est vraiment mal. Vous ne pouvez pas adopter des projets de loi dans notre Parlement sans débat approprié. Je vous supplie de réfléchir à ce que vous tentez de faire. »
Et c'est signé: « Un citoyen canadien préoccupé ».
Je crois que ce courriel est très évocateur. C'est très clair que la personne juge inapproprié pour le gouvernement de simplement imposer tout ce qu'il veut, de ne pas écouter l'opposition, de ne pas permettre un débat approprié et de ne pas écouter les Canadiens.
En voici un autre de Lake Country, en Colombie-Britannique. L'objet du courriel va comme suit: « Propositions en douce ». Le courriel a été envoyé à un certain nombre de députés libéraux, y compris le député libéral de la circonscription de Lake Country, en Colombie-Britannique, et il est envoyé en copie conforme aux députés conservateurs du Parlement. Il est écrit ce qui suit: « Aux personnes susmentionnées concernées, je vous écris cet après-midi au sujet de la proposition que vous avez tous déposée et à laquelle vous participez: 1) le vendredi de congé. Il faudrait pour ça réduire l'impôt des Canadiens en réduisant vos salaires, vos pensions et vos avantages sociaux. Vous le savez, non? 2) imposer une limite de temps aux questions et aux débats avec les députés. De quelle façon nos députés pourront-ils responsabiliser la Chambre des communes? Ce n'est pas un libre-service. En fait, c'est du fascisme déguisé. Puis-je vous rappeler que vous travaillez tous pour le peuple canadien et pas seulement pour servir les intérêts du parti libéral et de ceux qui le soutiennent?
« Vous pouvez utiliser des tableaux colorés, des graphiques, des beaux mots et des excuses pour essayer d'expliquer en quoi ce sera bénéfique pour tous les Canadiens, mais cela ne signifie pas que c'est vrai. En fait, ce que vous essayez tous de faire est mal et trompeur. Vous devez arrêter maintenant. Arrêtez d'essayer de changer les règles au profit de votre parti et de vos partisans. Ce n'est pas de la transparence, pas du tout. N'est-ce pas là votre programme que vous avez tous affirmé vouloir défendre? Je ne crois pas. Vous n'avez absolument aucun droit de changer les règles de notre démocratie puis de dire que c'est bénéfique pour nous tous.
« C'est disgracieux, et notre pays commence vraiment à avoir piètre mine. À tous ceux d'entre vous qui choisissent de ne pas défendre la liberté et qui détournent le regard, j'ai quelque chose à vous dire: si vous allez de l'avant, vous détruisez la démocratie telle que nous la connaissons. Même si vous pouvez avoir l'impression de vous en tirer en n'ayant pas à répondre de vos actes devant le peuple du Canada, je vous garantis que viendra un jour où vous devrez tous répondre de vos actes devant une instance bien plus élevée. Et ça, députés libéraux fédéraux de l'opposition, c'est la vérité. »
C'est signé: « Un Canadien très préoccupé », de Lake Country, en Colombie-Britannique.
Encore une fois, la personne ne mâche pas ses mots. Utiliser le terme « fascisme » en est un exemple. Dire que ce qui est fait est « mal et trompeur », c'est qu'il s'agit d'une « honte », affirmer que le Canada est « en piètre état » en raison de ce que ce gouvernement fait, ajouter que les députés détournent le regard de la vérité et dire qu'ils vont détruire la démocratie telle que nous la connaissons, et affirmer qu'un jour les députés libéraux devront tous répondre de leurs actes devant une instance bien plus élevée, ce sont des commentaires très graves. Cette personne croit vraiment que ce qui se passe est mal. C'est ce dont il s'agit.
Le prochain courriel que j'ai ici dit ce qui suit: « Je sais que les libéraux tentent secrètement d'apporter des changements en douce qui permettraient à cette honte nationale qui est le premier ministre, Justin Trudeau, de seulement devoir se présenter à la Chambre des communes une fois par semaine. Pour qui ou pour quoi se prend-il? De plus, je crois savoir que les libéraux veulent fermer de façon permanente le Parlement le vendredi. Ce n'est pas acceptable. » Ces deux derniers mots sont en majuscules, et il y a deux points d'exclamation à la fin. « Pourquoi est-ce que les libéraux tentent de le faire en cachette? Où sont les médias, ici? Pourquoi est-ce qu'on permet à tout ça de se produire?
« Je ne suis absolument pas d'accord avec tout ça, et ce n'est pas acceptable dans le cadre de notre démocratie. Sachez que, en tant que Canadien de l'Ouest, je n'arrive pas à croire que notre merveilleux pays est dirigé par un tel groupe de fous déconnectés, centrés sur eux-mêmes et inexpérimentés. Vous devez arrêter, et arrêtez de mentir aux Canadiens.
« Un Canadien très frustré et excédé qui ne soutiendra plus jamais les libéraux ». La dernière partie est en majuscules et est suivie d'un point d'exclamation.
Encore une fois, la personne ne mâche pas ses mots, disant que le est une honte nationale, demandant pourquoi il veut seulement se présenter à la Chambre des communes une fois par semaine, et mentionnant « un tel groupe de fous déconnectés, centrés sur eux-mêmes et inexpérimentés ». La personne ne mâche vraiment pas ses mots. Évidemment, à certains endroits, elle va trop loin dans ses propos, mais je crois que cela signifie que ces personnes sont très préoccupées, et c'est donc important d'écouter leur point de vue.
Quelques personnes ont dit se demander où étaient les médias, pourquoi les médias ne disaient rien. Voici ce que j'ai à dire à ce sujet. Je crois que le courriel que j'ai devant moi date du 22 mars, et l'autre, du 23 mars. Ils datent des deux ou trois premiers jours où cela s'est produit. Il n'y avait pas beaucoup d'intérêt des médias au départ. Il a fallu un peu de temps. Le budget était reporté, et des dossiers comme celui-ci ont reçu une certaine attention. Puis, les médias ont commencé à écrire au sujet de ce qui se passe maintenant et de commenter la situation.
Les commentaires des médias sont de nature similaire. Ils disent qu'il faut faire les choses différemment, que cela n'est pas vraiment conforme à la notion de responsabilisation et ce genre de choses. Les préoccupations de ces personnes sont peut-être liées au fait que, à ce moment-là, les médias n'en avaient pas parlé. S'ils écrivaient les mêmes courriels aujourd'hui, ils verraient les choses différemment.
Le prochain courriel est adressé à un membre précis du Comité, un des députés libéraux. Je ne le nommerai pas parce que je ne crois pas qu'il soit juste de le faire.
Le courriel va comme suit: « Pourquoi est-ce que vous et votre comité avez présenté une motion au nom du premier ministre Trudeau pour limiter le débat dans la Chambre des communes, ce qui constitue un changement fondamental de la façon dont fonctionne la démocratie canadienne? C'est épouvantable et très bizarre que vous et votre comité tentiez de faire passer cette mesure en douce le jour avant l'annonce du budget en espérant que personne ne la remarquera. C'est tellement mal. » Le mot « mal » est en majuscules, et il y a quatre points d'exclamation. Elle croit vraiment que c'est mal.
La personne poursuit en ces termes: « On dirait une dictature, selon moi, et cela mine la démocratie de notre pays. Les députés doivent toujours être la voix des Canadiens. C'est leur travail. On dirait que vous et les libéraux voulez pouvoir faire ce que bon vous semble sans être tenus responsables. »
Il est bref et succinct, ce courriel. La personne soulève à peu près les mêmes points que moi, soit que le et son parti veulent pouvoir faire ce que bon leur semble sans avoir à être tenus responsables.
La personne, ici, dit représenter 71 autres contribuables de l'Est canadien. Elle précise: « Je vous écris ce courriel au nom des 71 personnes dans mon cercle. J'irai directement au but: nous ne voulons pas que tous les députés libéraux susmentionnés et les autres députés libéraux modifient les processus parlementaires, plus précisément en annulant complètement la séance du vendredi afin que vous ayez une journée de congé. Ceux d'entre nous qui avons un emploi travaillons cinq ou six jours par semaine. Vingt-sept d'entre nous n'arrivons pas à trouver un travail à temps plein. Comment osez-vous, dans le sous-sol du Parlement, derrière des portes closes, essayer d'apporter ces changements?
« De plus, on ne permettra pas au premier ministre de travailler seulement un jour par semaine durant la période de questions. Le fait que ce soit ainsi au Royaume-Uni ne signifie pas qu'il peut le faire. Nous disons non. De plus, ne votez pas pour limiter le temps des débats. Tous les députés doivent pouvoir s'exprimer. En outre, nous disons non au document de travail sur la réforme de la Chambre, qui inclut les idées susmentionnées et certaines de vos autres idées sournoises.
« Nous et une majorité de Canadiens sommes contre ce que vous tentez de faire et nous appuyons nos députés respectifs afin qu'ils puissent continuer à lutter contre vos débats secrets honteux et détournés pendant que vous croyez que d'autres enjeux nous tiennent occupés. Ne faites pas reculer la démocratie canadienne. Ne pensez pas que nous ne vous regardons pas. La majorité silencieuse s'assurera que vous ne serez plus au pouvoir en 2019, et vous perdrez votre circonscription aussi ».
Encore une fois, c'est signé par la personne qui affirme représenter 71 autres contribuables de l'Est du Canada, qui sont tous des citoyens canadiens.
J'ai tout lu, parce que je ne crois pas qu'il faille censurer certaines parties du courriel lorsqu'il est question du congé le vendredi et du fait que des gens doivent travailler cinq ou six jours par semaine. Je sais que la plupart des députés, voire l'ensemble, le font, mais ce dont il est question, c'est la période de questions et le fait que le Parlement siège, et là, c'est une tout autre histoire.
Ensuite, le courriel parle de certaines des autres préoccupations de ces gens. La personne demande de ne pas faire reculer la démocratie canadienne. Il est écrit que les députés libéraux ne doivent pas présumer que les gens ne regardent pas ce qui se passe et qu'ils ne s'y intéressent pas, menaçant encore que cela pourrait leur coûter le pouvoir en 2019. Qu'ils pourraient perdre leurs sièges.
Voici le prochain courriel: « Je crois savoir que le Parlement du Canada tente d'apporter un changement en cachette qui limiterait de façon permanente le débat et l'examen de certains projets de loi. Le courriel concerne les changements proposés afin que le Parlement soit fermé de façon permanente le vendredi.
« Je suis sûr que vous savez tous que des entreprises canadiennes ont dû éliminer des milliers d'emplois et mettre fin à des projets dans le but de réduire les coûts. Dans certains cas, on a ciblé les vendredis de congé, puisque les entreprises devaient creuser encore plus pour faire des économies après avoir éliminé des milliers d'emplois. Si cette proposition des libéraux de ne pas travailler le vendredi est légitime, elle semble très ridicule. Et vous essayez de la faire adopter le jour du budget? Je n'ai pas encore vu les chiffres du budget » — le courriel a été écrit avant le budget, j'imagine — « et on dirait vraiment que la dure réalité vécue par le Canadien moyen, qui doit souvent occuper plus d'un emploi, ne vous passe même pas par l'esprit.
« En réalité, ce n'est qu'un autre exemple de ce qui fait maintenant partie de la mentalité de tous les libéraux: tout leur est dû. Et ce n'est tout simplement pas possible dans ce nouveau monde où le Canada est extrêmement endetté. Je serais heureux de soutenir la proposition si vous acceptiez de voir votre paye réduite ou si vous acceptiez de travailler des heures supplémentaires tous les autres jours pour compenser. De plus, votre approche est loin d'être transparente. On vous a fourni d'excellents emplois aux frais des contribuables canadiens. Resaisissez-vous. Je vous propose de réfléchir à ce que vous pouvez vraiment faire pour les contribuables canadiens avant de vous accorder ce qui, essentiellement, est une augmentation salariale. »
C'est vrai que les députés ont d'autres fonctions à remplir, mais le message est que les députés devraient être ici, que le gouvernement devrait être ici et rendre des comptes les vendredis, comme tous les autres jours.
Le prochain courriel s'adresse à deux ou trois députés libéraux en particulier, mais je ne vais pas les nommer. Je n'aime pas embarrasser les gens ou quelque chose du genre. Je ne crois pas que le message leur est adressé, en tant que tel. Je crois qu'il vise davantage le gouvernement libéral dans son ensemble.
Voici: « Je suis une fière Terre-Neuvienne qui vit présentement en Alberta. Je sais que vous êtes vous aussi de fiers Terre-Neuviens. » Je crains que l'on puisse deviner de qui on parle, et je m'en excuse. « C'est pourquoi je vous demande de prendre un peu de votre précieux temps pour lire ce que j'ai à dire et méditer sur mes opinions.
« Je suis née à St. John's en 1954 dans une famille de travailleurs acharnés. J'ai passé mon enfance dans ce que je crois encore être la plus belle ville au monde. Je suis une vraie petite fille de l'Est de la ville. Je suis tombée amoureuse d'un des membres extraordinaires de nos forces armées, un technicien en recherche et sauvetage qui venait de Comox, en Colombie-Britannique. Je l'ai épousé en 1978. Pendant 25 ans où mon époux a fièrement servi son pays, y compris 21 ans en recherche et sauvetage, nous avons vécu pleinement notre vie en voyageant d'un océan à l'autre.
« Nous avons décidé de nous établir et de prendre notre retraite à Rocky Mountain House, en Alberta » — c'est très près de ma circonscription, juste à côté, mais ça n'en fait pas partie — « là où notre voyage nous a menés. Mon pays, tout mon pays, me tient à coeur, et chaque jour, je me fais du souci pour l'avenir.
« Je vous envoie ce courriel pour vous parler en particulier de quelque chose que j'ai lu aujourd'hui. Nous sommes deux personnes ordinaires qui viennent de deux extrémités du pays, mais nous avons vécu assez longtemps pour savoir qu'il ne faut pas s'attaquer aux fondements de notre démocratie pour le simple plaisir de changer ou pour répondre aux demandes d'un homme qui me semble égocentrique. Mais ça, ce sera pour un autre courriel, à un autre moment. Qu'essaie-t-on de prouver? Rien du tout. Nous croyons que le pays a besoin de tout le temps nécessaire pour se reprendre en main; il le mérite. Peut-être n'avez-vous pas remarqué, mais nous nous égarons vraiment. Nous avons besoin que tous nos élus travaillent avec acharnement pour nous, pour mériter le salaire que nous leur versons, et cela comprend notre premier ministre “bien-aimé”. Nous méritons mieux. Et par nous, je parle de tous les Canadiens. Personne n'est supérieur à son voisin. Tant les familles qui sont ici depuis des générations que les gens d'ailleurs dans le monde qui essaient de leur mieux de faire partie de ce grand pays le méritent.
« Je vous implore donc de ne pas laisser le gouvernement libéral toucher à notre démocratie. Secouez-vous, et arrêtez-les, s'il vous plaît. Je vous remercie de votre temps et vous souhaite bonne chance dans vos efforts pour corriger les choses.
« Sincères salutations de la part d'une femme de 62 ans qui n'a jamais écrit à ses députés auparavant. Je me disais qu'il n'y avait pas de meilleur moment. »
Je crois que le message parle de lui-même; on veut que le gouvernement rende des comptes et on a l'impression que le veut éviter d'avoir à répondre de ce qu'il fait.
En voici une autre qui vient de Millgrove, en Ontario. Je lis: « Je suis un contribuable canadien de la classe moyenne. Aujourd'hui, plus de un an seulement après l'entrée au pouvoir de Justin Trudeau, je ressens le besoin d'écrire au gouvernement fédéral pour lui faire part de mes grandes préoccupations à propos de notre pays. Je veux des réponses. Vous vous demandez où je veux en venir? J'ai toute une liste, mais le tout est lié, alors je vous prie de me lire jusqu'au bout.
« J'ai récemment appris que le gouvernement libéral avait présenté une motion visant à éliminer les séances du vendredi au Parlement. Est-ce vrai? En outre, y a-t-il vraiment une motion visant à restreindre les études et les débats sur les projets de loi et à réduire la présence du premier ministre au Parlement à une journée par semaine? Si je n'avais pas vu une publication Facebook à propos de ces motions, j'aurais cru qu'il s'agissait de fausses nouvelles. Et après les dépenses extravagantes du premier ministre pour ses vacances — des vacances à 127 000 $, sérieusement? —, on augmente le salaire des députés. »
Je ne suis pas sûr d'où il a tiré ça. C'est une nouvelle pour moi, en tout cas.
« Il y a d'abord eu l'augmentation du coût des marchandises, des impôts et de la taxe sur le carbone et l'aide financière énorme de plusieurs millions de dollars pour des pays étrangers; tout cela a mené au déficit fédéral de 27 milliards de dollars qui a été annoncé hier — avec le sourire, qui plus est —, et aujourd'hui, il y a une motion pour éliminer les séances du vendredi et limiter l'examen des dépenses. C'est la goutte qui fait déborder le vase. Je refuse d'y croire. Vous voulez augmenter les impôts, travailler moins, augmenter vos salaires et empêcher qu'on surveille ce que vous faites.
« Laissez-moi établir une comparaison avec la vie réelle, parce qu'il semble que la confusion règne à Ottawa quant à la façon dont fonctionne la démocratie. Je suis à peu près certain qu'il n'y a pas une seule entreprise au monde qui consentirait à ce qu'un employé prenne congé le vendredi, augmente son salaire, ou gonfle ses dépenses et bâillonne son employeur si celui-ci ose le questionner. Voyez-vous, je suis l'un de vos millions d'employeurs qui sont forcés de payer pour ça.
« M. Morneau disait vrai hier quand il a présenté le budget: “On veut faire travailler les Canadiens.” C'est manifestement vrai, et je ne peux rien dire contre. Tous les contribuables canadiens vont devoir travailler plus fort pour payer la gestion indécente de ce gouvernement fédéral. Nous rentrons chez nous avec moins d'argent, alors que vous, vous demandez des congés et verrouillez les portes du pouvoir du gouvernement libéral.
« Je ne vois plus du tout de démocratie, mais si l'on étudiait la définition d'un régime totalitaire, on s'y retrouverait peut-être. Je suis l'un des employeurs du gouvernement, je veux qu'on m'explique. Je vais attendre votre réponse, et j'espère qu'elle arrivera aujourd'hui, parce que quelque chose me dit que je ne risque pas de la recevoir vendredi. »
Un peu d'humour à la fin, on dirait.
En voici une autre qui, encore une fois, est adressée à la plupart des membres du Comité ici présents: « Bonjour à tous et à toutes. J'ai deux ou trois commentaires à faire sur les changements proposés des procédures du Parlement. Avant tout, on doit appeler un chat un chat. L'élimination des séances du vendredi ne sert qu'à faciliter la vie de M. Trudeau et de ses amis... »
À dire vrai, je pense que je ne vais pas lire cette partie. Je trouve que ce n'est pas approprié.
« Deuxièmement, réduire sa présence au Parlement à une journée par semaine ne fait que restreindre le temps où il doit essuyer les critiques et répondre à des questions difficiles. Il pourra ainsi faire campagne et se pavaner avec sa magnifique coiffure et ses foules d'admirateurs. Le premier ministre se comporte dangereusement comme un dictateur en forçant l'adoption d'un programme purement égoïste visant à modifier nos procédures parlementaires sans discussion et sans passer par le processus de débat approprié.
« Pourquoi M. Trudeau essaie-t-il de court-circuiter les débats aussi sournoisement, de changer notre Parlement de façon si détournée? Pourquoi vous, les libéraux, essayez-vous d'étouffer les autres voix? Pourquoi accomplissez-vous son sale boulot? Quand allez-vous vous réveiller et servir le Canada en premier? Quand allez-vous demander à votre gouvernement libéral de répondre de leurs actes et comportements dangereux et irréfléchis? C'est notre démocratie qui est en jeu. Êtes-vous aveugle? Est-ce votre but de détruire complètement le Canada? Je m'attends à ce que le Parlement siège le vendredi, et je m'attends à ce que Trudeau se lève et réponde aux questions de la Chambre. Je m'attends à ce que vous ayez le courage de vous opposer à lui. »
Je n'ai pas grand besoin de commenter celui-là davantage.
En voici un qui ne passe pas par quatre chemins, même s'il n'est pas tendre: « Je dois dire que je suis très déçu d'apprendre ce qui se passe au Parlement. Je m'attends à ce que le Parlement siège le vendredi. Je m'attends aussi à ce que le premier ministre Trudeau réponde à toutes les questions qui lui sont posées à la Chambre. Il ne peut pas restreindre le droit de mon député d'examiner les projets de loi présentés par le gouvernement. Le Canada n'est pas une dictature. Que croyez-vous être en train de faire, que diable? Que Dieu nous vienne en aide. »
En voici une qui vient d'Oakville, en Ontario. Le message est très court: « Je tiens à vous faire part de mes préoccupations relativement à l'élimination des séances du vendredi au Parlement. Je n'approuve pas du tout cette initiative. Je vois d'un mauvais oeil la réduction du temps consacré à la discussion pour les questions qui doivent être examinées dans le meilleur intérêt de tous les Canadiens. »
L'auteur du prochain courriel est un médecin. Il a aussi été très bref: « J'écris ce courriel pour vous faire part de mes préoccupations quant à la tentative des libéraux de prendre notre démocratie en otage par l'intermédiaire des changements proposés aux règles de la Chambre des communes. Selon moi, il serait irresponsable d'accorder une demi-journée de congé de plus aux parlementaires, sans compter qu'il s'agit d'une mauvaise utilisation de nos impôts. »
Le prochain message vient d'un membre de nos forces armées à la retraite, un ancien combattant. Il vient de Fort McMurray, en Alberta. Je lis le courriel: « J'ai appris qu'un groupe de députés et vous, sous l'ordre du premier ministre, tentaient de faire adopter un texte législatif qui modifierait fondamentalement les règles du Parlement dans le but de mettre en place des pratiques qui vont à l'encontre de ce que les Canadiens veulent de leurs élus. Je trouve cela inacceptable. Il n'y a déjà pas assez de jours de séances au Parlement; trop de problèmes demeurent en suspens et doivent être résolus. Vous ne pouvez donc pas vous permettre de prendre un jour de congé par semaine. C'est ridicule. Entre autres, le gouvernement doit cesser de piétiner relativement aux questions concernant les anciens combattants, par exemple le suicide et les pensions à vie.
« J'ai passé 25 ans en uniforme à servir le Canada, ses systèmes et nos valeurs. J'ai risqué ma vie pendant trois ans et demi dans le cadre de sept affectations à des opérations, quatre aux Balkans et trois en Afghanistan. Vous vous demandez peut-être pourquoi moi et d'autres avons choisi de vivre ainsi, mais nous n'avons pas cherché à savoir pourquoi. Des ordres nous ont été donnés, issus de notre système démocratique. Les missions étaient définies clairement et, dans l'ensemble, appuyées par le public.
« Le soutien du gouvernement pendant les déploiements était défaillant, et il n'est toujours pas à la hauteur aujourd'hui. Le Parlement devrait continuer de siéger les vendredis afin de pouvoir régler ces questions ainsi que beaucoup d'autres tout aussi pressantes. Que le premier ministre n'ait pas à répondre aux questions de la Chambre des communes est assimilable à une dictature, et c'est inacceptable. Mon député, peu importe son parti, a le droit d'examiner très attentivement les textes législatifs proposés et de poser des questions jusqu'à ce qu'il obtienne des réponses. »
J'ai un commentaire ici. S'il fallait vraiment poser des questions jusqu'à ce qu'on obtienne des réponses véritables, on aurait à attendre très longtemps, d'après ce que j'ai vu de ce gouvernement jusqu'ici.
Mais laissez-moi continuer la lettre: « Si on répondait vraiment aux questions dès la première fois, et je veux dire de façon concrète et détaillée, alors ça ne prendrait pas aussi longtemps... Vous ne bernez personne avec la façon dont vos conversations tournent en rond; ce n'est que du bla-bla, et nous, Canadiens, méritons des réponses. Je suis représenté par mon député. Vous, en tant que député, vous représentez également les citoyens du Canada, comme le font tous les autres députés. C'est votre devoir de défendre nos attentes et notre volonté: nous ne voulons pas soutenir ce gouvernement qui a recours à des méthodes trompeuses et malhonnêtes pour procéder à des changements allant à l'encontre de notre volonté collective. J'exige que ces pratiques malhonnêtes cessent immédiatement. »
Avant tout, à propos de ses commentaires, je veux d'abord, évidemment, remercier cet homme du service qu'il a rendu à notre pays. Il a servi le Canada, comme il l'a dit, dans le cadre de sept affectations dans le cadre d'opérations. Il a servi dans les forces armées pendant 25 ans, il a risqué sa vie pour notre pays et pour notre démocratie, et je tiens à l'en remercier. Je sais aussi que tous les membres du Comité l'en remercient également.
Malheureusement, il a l'impression qu'on ne rend pas justice actuellement à la vie qu'il a risquée et aux sacrifices qu'il a faits. Il a l'impression que la démocratie est bafouée. Il dit dans sa lettre qu'il y a des problèmes concernant les anciens combattants, entre autres, qu'il faut régler. Il dit que le comportement du premier ministre est près de celui d'un dictateur et que c'est inacceptable. Il dit aussi que tous les députés, peu importe leur parti, ont le droit d'examiner un texte législatif et de poser des questions jusqu'à ce que les réponses soient obtenues. Il dit que les Canadiens — et il a écrit « Canadiens » en majuscules — ont le droit d'obtenir des réponses. Donc, ce qu'il dit, c'est qu'il est représenté par son député et que, par l'intermédiaire de celui-ci, il a le droit d'obtenir des réponses de ce gouvernement qui, selon lui, a recours à des pratiques malhonnêtes visant à apporter des changements allant à l'encontre de notre volonté collective. Il exige que cela cesse immédiatement.
En voici un qui vient de la Nouvelle-Écosse: « Je vous envoie ce court message pour exprimer mon désaccord avec la motion visant à fermer le Parlement les vendredis ».
Je dois ajouter quelque chose ici, parce que je me rends compte que dans quelques-uns des courriels, on semble croire que ce n'est pas seulement les députés qui ne travailleront pas les vendredis, mais que tout le Parlement sera fermé, ce qui veut dire qu'il n'y aura aucun député présent et que le Parlement n'aura aucun compte à rendre aux Canadiens sur ce qu'il fait. C'est quelque chose qui ressort dans beaucoup de ces courriels, et c'est une bonne chose, le fait que les gens reconnaissent que le Parlement doit siéger si l'on veut que le premier ministre et les autres rendent des comptes. C'est pourquoi ils nous parlent de la fermeture du Parlement les vendredis.
Je veux absolument lire le passage suivant: « Je serais prêt à appuyer la fermeture du Parti libéral pendant aussi longtemps que nécessaire si cela peut lui faire voir les choses de notre point de vue. »
J'imagine que cela prendra très longtemps. Évidemment, il veut exprimer sa frustration. C'est le but du message. Je doute qu'il souhaite vraiment la fin du Parti libéral, et ce n'est pas quelque chose que j'approuve, mais il continue en disant ceci: « Ne vous méprenez pas; vous êtes peut-être en situation majoritaire présentement, mais cela ne veut pas dire que vous avez l'appui de la majorité des Canadiens. Je suis sûr que la plupart des Canadiens sont aussi en colère que moi présentement et regardent avec horreur la dette que votre gouvernement accumule, une dette que l'on va refiler aux générations futures. Votre administration fait preuve d'une insouciance constante lorsque vient le temps de dépenser l'impôt; notre argent durement gagné. Il est temps de mettre fin à cette vision mondialiste effrénée; il faut déployer des efforts sur les vrais problèmes ici, au Canada, et ce sera impossible d'y arriver avec une journée de moins par semaine. Ce n'est pas la bonne approche si l'on veut régler nos problèmes. Pour l'amour du ciel, écoutez le peuple, et cela comprend ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, pas seulement ceux qui le sont. »
Bien évidemment, cette personne ne fait qu'exprimer sa frustration en évoquant l'idée de fermer le Parti libéral. Je suis sûr qu'elle ne le pensait pas vraiment, et je n'appuie pas du tout cette idée, mais cela met en évidence la frustration bien réelle du public à l'égard des actions du gouvernement.
Les prochains messages concernent le fait que les députés ne travaillent pas cinq jours par semaine; je vais les passer.
Ce courriel résume beaucoup de choses que nous ont dit les gens. La personne qui l'a envoyé vient de Lethbridge, en Alberta. Je lis: « J'ai éprouvé de la tristesse et de la déception quand j'ai entendu dire que le Parti libéral voulait modifier nos processus démocratiques de façon à réduire la capacité des Canadiens de demander au gouvernement de lui rendre des comptes. Par exemple, les libéraux essaient discrètement de... »
La suite est une énumération partielle des choses qu'il y a dans le document de travail. Je n'ai probablement pas besoin de les lire encore une fois. Je continue: « Je vous demande de revenir sur votre décision; les Canadiens doivent être convaincus que leurs droits ne sont pas réduits. En outre, si on décide de mettre en oeuvre le plan des libéraux de réduire nos droits démocratiques, je vais m'en souvenir le jour des élections. Vous avez été élus par le peuple, pour le peuple, et cette tentative de contourner notre processus démocratique est, à mon avis, contraire à la volonté du public. Si vous ne servez vraiment que vos propres intérêts, nous pourrons toujours faire les changements nécessaires aux prochaines élections. Donc, encore une fois, je vous demande de mettre un terme à votre plan pour restreindre le processus démocratique; ne touchez pas aux processus qui sont déjà en vigueur.
Je ne sais pas d'où vient le message suivant, mais l'indicatif régional est 204. C'est peut-être le Manitoba, mais je peux me tromper. Le numéro de téléphone est indiqué, mais je ne vais pas le donner au Comité; je n'en ai pas la permission. Ça dit: « Je vous remercie de servir notre pays. Je vous remercie de votre sacrifice. Merci de votre dévouement. Je vous remercie de votre engagement. Cependant, je suis préoccupé par ce que j'ai entendu à propos du texte législatif qui a été présenté à la Chambre des communes. »
J'ai une petite parenthèse à faire. Manifestement, le public croit qu'il s'agit d'un projet de loi, mais c'est un détail superficiel dans l'ensemble de leur message. Peu importe le terme qu'ils utilisent, ils sont contre cette proposition. Je continue. « Je suis un contribuable, citoyen et entrepreneur canadien. Je travaille six ou sept jours par semaine. Je réévalue constamment mon entreprise pour faire les rajustements requis. Je me mets à la disposition de mes associés, puisque la contribution de chacun est unique. Je communique avec mes clients afin de connaître leurs besoins et leurs préoccupations. Je ne prends pas de décisions hâtives. Elles peuvent avoir des conséquences coûteuses et néfastes. Si je fais cela, c'est parce que je crois à la responsabilité. Je le fais parce que je crois en notre pays. Parce que je crois que nous devons tous travailler ensemble à édifier une démocratie solide, et je dois insister pour que nos élus à Ottawa fassent de même. Travaillez dur au moins cinq jours par semaine. Nous n'avancerons pas en travaillant à temps partiel. Mettez-vous à notre disposition. Je m'attends de mon premier ministre qu'il dirige, avec d'autres, le pays, et ce, en tout temps. Ce genre de choses ne peut pas et ne doit pas se faire à distance. Ouvrez-vous les yeux. Informez-vous de l'opinion de tous nos élus. Après tout, même s'ils siègent de l'autre côté de la Chambre, ils représentent néanmoins les électeurs canadiens. Écoutez-les. Faites preuve de sagesse, et prenez vos décisions après y avoir mûrement réfléchi. »
Le courriel continue: « Vous ne pouvez y arriver qu'après avoir pris assez de temps pour récolter toutes les opinions et toute l'information. Je veux être clair: je m'oppose à l'élimination des séances du vendredi à la Chambre des communes. Je m'attends, n'en doutez pas, à ce que notre chef, le premier ministre, soit présent à la Chambre. Je m'attends à ce que la Chambre discute des lois aussi longtemps qu'il le faut pour prendre une décision éclairée. Il n'est pas question ici de lutte entre nous et eux. Il n'est pas question ici d'une surcharge de travail. Ce dont il est question ici, c'est d'édifier un pays fort et énergique. »
J'ai un bref commentaire à faire, monsieur le président, parce que je crois que cette personne a soulevé de bons points. Il nous a parlé de la façon dont il gère son entreprise. Il est à l'écoute de ses employés. Il prend son temps et évite de prendre des décisions hâtives. Il veut s'assurer qu'elles ne sont ni coûteuses ni néfastes...
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Mis à part cela, il y a un passage dans ce courriel où on dit qu'on ne vit pas « encore » dans une dictature. Il s'agit de mots très forts qui veulent dire, manifestement, que la personne qui a écrit le courriel croit que nous sommes en voie d'en devenir une. Elle ajoute qu'elle va toujours combattre cela.
Il est question, entre autres, du qui veut seulement répondre aux questions une fois par semaine. On trouve que c'est scandaleux. On trouve que c'est inacceptable de vouloir éliminer les séances du vendredi au Parlement. Le message de la lettre est que tous les partis doivent se pencher sur cette question; il faut que l'opinion de l'opposition et du public soit prise en considération dans ce qui est fait.
On met en relief le fait qu'il ne s'agit pas ici de partisanerie, et c'est tout à fait exact. Il ne s'agit pas d'une question partisane, et on ajoute, à juste titre, que c'est une question de décence et d'intégrité élémentaires.
Voici le prochain message: « Des choses louches sont en train de se passer sur la Colline du Parlement. Il semble que votre gouvernement essaie de faire adopter en douce par le Parlement des changements qui vont modifier la façon dont le Parlement fonctionne. En toute bonne conscience, je ne peux pas permettre que cela se fasse sans au moins tenter de m'y opposer et d'exprimer mon opinion. Une opposition forte fait partie de toute bonne démocratie. C'est de là que viennent les freins et les contrepoids qui garantissent que notre gouvernement nous rende des comptes. Nos voix doivent être entendues, et je trouve troublant que le gouvernement libéral tente de trouver de nouvelles façons de nous bâillonner.
« Même si on fait fi de l'attitude méprisante de M. Trudeau envers l'Alberta, ce que son gouvernement et lui sont en train de faire nous touche tous: nous nous endettons de plus en plus chaque année, ce qui veut dire que de plus en plus d'argent doit être consacré à rembourser la dette, de l'argent qui devrait être utilisé pour payer des programmes pour les Canadiens. Il y a aussi le fait que le premier ministre veut passer moins de temps devant la Chambre des communes pour répondre aux questions. Mais pourquoi? Qu'y a-t-il de plus important que de répondre aux questions des députés qui ont été élus par les Canadiens? Je n'ai pas voté pour le Parti libéral, mais j'ai bien voté, et mon député doit avoir une voix. C'est ça, la démocratie. Peut-être que le Parti libéral devrait revoir la définition. »
Elle nous fournit même la définition: « Doctrine politique d'après laquelle la souveraineté doit appartenir à l'ensemble des citoyens, habituellement représentés par des élus. »
Elle continue: « Le pouvoir absolu corrompt absolument. Aucun parti, y compris le mien, ne devrait pouvoir bâillonner ceux qui s'opposent à lui. Je ne suis pas surprise du fait que le Parti libéral veut travailler moins, avec moins d'opposition. Mais à quoi d'autre peut-on s'attendre d'un parti qui a lui-même affirmé avoir le droit divin de diriger le Canada? Ce que vous essayez de faire, c'est de me réduire au silence et de bafouer mes droits. Nous ne sommes pas insignifiants, et nous méritons un gouvernement qui travaille pour nous, parce qu'après tout, c'est un fait que vous travaillez pour nous tous, les Canadiens. Vous devriez garder cela à l'esprit. Mais j'arrête de fulminer: c'est le temps d'un égoportrait. »
C'est clair que l'auteure était en colère. Ce n'est pas une personne qui vote pour le Parti libéral, et cela montre encore une fois qu'il y a des partisans de tous partis confondus qui s'entendent sur ce même point. En d'autres mots, ils ont appris ce qui se passait ici et trouvent que c'est — pour prendre ce que cette personne a écrit — troublant.
Elle dit que des choses louches se passent au Parlement. Elle dit qu'on essaie de modifier en douce la façon dont fonctionne le Parlement et qu'elle ne peut pas, en toute bonne conscience, laisser cela arriver sans s'y opposer et sans exprimer son opinion. Elle dit qu'on essaie de la réduire au silence et de bafouer ses droits. Ce sont des mots plutôt forts et c'est compréhensible.
Je vous lis le prochain courriel: « Il ne va pas dans le meilleur intérêt du Canada qu'on ferme le Parlement le vendredi. Un grand nombre de Canadiens, moi entre autres, s'attendent à ce que tous les parlementaires soient au travail et que la Chambre soit pleine chaque jour de la semaine, y compris le vendredi. En ce qui concerne les manigances en coulisse du Parti libéral visant à modifier à l'insu des Canadiens la loi afin de restreindre de façon permanente l'examen et les débats concernant les projets de loi, je dois vous dire que le Canada n'est pas une dictature. Ici, c'est le Canada, une démocratie, et nous, le peuple, exigeons que les libéraux cessent leurs manigances sournoises. Je m'attends à ce que tout projet de loi ou tout texte législatif soit examiné minutieusement par tous les partis siégeant au Parlement, et ce, tous les jours de la semaine. Je suis également d'avis que le premier ministre Justin Trudeau ne peut pas être seulement présent à la Chambre à temps partiel. Les Canadiens méritent un premier ministre qui travaille à temps plein et qui répond aux questions des députés de la Chambre tous les jours. Dites à Justin Trudeau que les Canadiens veulent qu'il réponde à toutes les questions des députés lui-même sur tout texte législatif ou tout projet de loi que les libéraux de Justin Trudeau veulent imposer aux Canadiens.
« Je veux que vous méditiez longuement sur ce que je viens de dire et que vous arrêtiez de faire le sale travail de Justin Trudeau. Respectez d'abord et avant tout les Canadiens.
« Si vous avez des questions, n'hésitez pas à communiquer avec moi. Je me ferai un plaisir de vous répondre si vous ne comprenez pas quelque chose. »
Je crois que le message est assez clair dans celui-là. On juge que les libéraux essaient de faire le sale travail de Justin Trudeau et que ce n'est pas approprié. La personne qui a écrit la lettre demande que les Canadiens soient d'abord et avant tout traités avec respect.
Je passe à la personne suivante: « Afin de préserver la démocratie de notre pays, j'exige que le Parlement reste ouvert les vendredis, et je m'attends à ce que Trudeau réponde aux questions de la Chambre. C'est son travail de rendre des comptes aux Canadiens, et il doit être présent pour répondre aux questions et aux préoccupations de nos élus à propos de ses actions.
« Il ne revient pas aux libéraux de décider seuls de modifier les procédures parlementaires; ce n'est pas la façon dont on procède dans une démocratie.
« Je m'oppose également à ce qu'il y ait une limite de temps après laquelle les députés ne pourront plus s'opposer aux projets de votre gouvernement. Si vous essayez d'imposer ces changements en restreignant les objections, alors votre gouvernement sera défait aux prochaines élections, et le plus tôt sera le mieux.
« Où sont tous les emplois que Trudeau avait promis pendant sa campagne? Nous, Canadiens, devons apprendre à survivre avec moins d'argent, tandis que le gouvernement ne semble pas se serrer la ceinture. Est-ce bien ce qu'on appelle un gouvernement responsable? »
Ce que la personne dit, c'est que, bon sang, vous allez en payer le prix aux prochaines élections. Si vous apportez ce changement sans le consentement de tous les partis, vous allez perdre vos sièges, et ce qu'il dit, c'est que si cela se produit, alors ce ne sera pas trop tôt.
Le prochain courriel: « Bonjour, tout le monde. J'ai pris un peu de temps aujourd'hui pour examiner le document de travail sur les changements qu'il est proposé d'apporter au fonctionnement de la Chambre des communes. Après avoir examiné les changements proposés, j'ai été très déçu de voir que le Parti libéral appuie avec tant de force les processus qui, d'après ce que je comprends, finiraient par restreindre l'opinion des Canadiens.
« Notre Chambre des communes est une composante extrêmement importante de notre capacité de fonctionner en tant que membres diversifiés d'une collectivité qui peuvent collaborer, ici au Canada. Je m'oppose à cette idée d'étouffer la voix de nos élus, qui s'expriment en notre nom, tout comme je m'oppose à l'idée de permettre au gouvernement fédéral de refuser les débats.
« Je ne comprends pas du tout quel avantage procure l'élimination des séances du vendredi de la Chambre des communes. J'aimerais vraiment mieux comprendre de quelle façon ce changement pourrait avantager les Canadiens. En l'absence d'avantages concrets, je ne peux pas comprendre pourquoi on a proposé cela.
« Jusqu'à maintenant, je n'ai pas l'impression qu'on a expliqué de façon appropriée ces changements aux députés fédéraux et aux citoyens canadiens qu'ils représentent. Ceux-ci n'ont pas eu le temps de réfléchir aux conséquences éventuelles des changements proposés dans le document de travail. Ce n'est pas de cette façon que fonctionne mon programme politique au Canada. »
La personne s'est exprimée dans un vocabulaire très raisonnable. Elle a dit qu'elle était déçue de voir les libéraux appuyer ce qui semble être une façon de museler les Canadiens. Elle n'y voit aucun avantage, et elle ne croit pas non plus qu'il y a eu assez de temps pour en discuter, et elle a bien raison. Nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter en bonne et due forme. Ça a été présenté et déposé à toute vapeur devant le Comité sous la forme d'une motion.
Sans l'ombre d'un doute, celle-ci s'adresse aux libéraux qui siègent au Comité: « Je crois que la motion présentée au nom de Justin Trudeau visant à modifier les règles pour les débats de la Chambre ainsi qu'à réduire l'obligation du gouvernement de rendre des comptes est intéressée et honteuse. De plus, vous avez essayé de faire adopter la motion en douce le jour du dépôt du budget. C'est tout à fait lamentable. Une personne rationnelle qui observe la situation ne pourrait en venir qu'à une seule conclusion: le gouvernement libéral ne veut pas rendre de comptes aux Canadiens. »
On indique que la lettre a été envoyée en copie conforme aux autres députés, et on ajoute: « ainsi qu'à Kent Hehr, mon député. »
Le reste du message s'adresse à lui en particulier: « Kent, j'aimerais bien connaître votre position exacte sur cette motion. Ça a été une surprise d'apprendre que vous l'appuyez. Soyez assuré que vous en paierez le prix fort aux prochaines élections, vous et tous ceux qui ont proposé et appuyé cette motion insensée. »
La personne dit très clairement que même si elle a peut-être soutenu , le député libéral dans sa circonscription, au cours des dernières élections, il y aura certainement un prix très élevé à payer, ce qui, selon moi, veut dire qu'elle ne votera plus pour lui et qu'elle croit que d'autres vont également voter pour d'autres candidats qui appuient cette motion insensée. Elle dit: « Une personne rationnelle qui observe la situation ne pourrait en venir qu'à une seule conclusion: le gouvernement libéral ne veut pas rendre de comptes aux Canadiens. »
Je crois que c'est une conclusion assez juste. On dirait que cette motion a pour motif ultérieur d'essayer de réduire les comptes que le gouvernement a à rendre. Pensez-y: n'aura qu'à participer à la période de questions qu'une seule fois par semaine, et on va éliminer une des journées de la semaine où on tient une période de questions — c'est 20 % des périodes de questions en moins. En conséquence, cela réduit assurément notre capacité de demander au gouvernement de rendre des comptes. Lorsque vous envisagez de modifier la façon dont les comités fonctionnent pour vous permettre de faire adopter ce que vous voulez à toute vapeur, vous limitez notre capacité de vous demander de rendre des comptes. Vous limitez aussi la capacité de l'opposition de mettre des choses en lumière afin que le public puisse prendre une décision éclairée; est-il d'accord avec ce que le Parlement propose?
Passons au prochain courriel: « Je vous écris afin de vous faire part de mon désaccord avec les changements qui ont été proposés par le gouvernement libéral relativement aux règles de la Chambre des communes. Les règles du Parlement ont été établies afin de veiller à ce que tous les Canadiens aient une voix, étant représentés par leur député. Vous ne “modernisez” pas la Chambre des communes en éliminant les séances du vendredi. Vous ne “modernisez” pas la Chambre des communes en réduisant le nombre de jours où le premier ministre doit participer à la période de questions. Vous me muselez en réduisant le nombre de jours de séance de 20 %. Vous me muselez si les députés ne peuvent pas poser des questions au premier ministre chaque jour. Ce que vous avez fait le jour du dépôt du budget fédéral est une tentative évidente de faire taire les critiques. Les gouvernements ne sont pas éternels. Le jour viendra où vous siégerez de l'autre côté de la Chambre, et ce sera votre travail de demander au gouvernement de rendre des comptes. Gardez cela à l'esprit lorsque vous proposez des changements qui pourraient avoir des conséquences permanentes sur la façon dont les Canadiens sont représentés au Parlement. Il n'y a pas si longtemps, une situation similaire s'est produite avec la motion 6, qui visait à changer les règles. L'indignation des gens qui ne suivent habituellement pas les affaires concernant les procédures du Parlement était assourdissante. Vous croyez peut-être que les Canadiens ne font pas attention à ce genre de choses. C'est faux. J'espère que vous allez entendre raison et reconnaître que ces changements n'avantagent pas les Canadiens qui vous ont élus pour défendre leurs intérêts. »
La personne a soulevé de très bons points. Je crois que c'est le premier courriel que j'ai lu où c'était mentionné. C'est évident que la personne qui a écrit la lettre regarde les périodes de questions. Elle a écouté la leader du gouvernement à la Chambre répondre aux questions, puisqu'on y parle souvent de cette motion concernant la modernisation du Parlement. J'ai remarqué que la personne a écrit que vous ne « modernisez » pas la Chambre ainsi, entre guillemets. C'est tout à fait vrai. J'ai souvent pensé exactement la même chose pendant la période de questions lorsqu'on donnait cette réponse bidon selon laquelle on modernisait d'une façon ou d'une autre le Parlement en le fermant les vendredis et en réduisant la participation du premier ministre à une seule période de questions par semaine. Je veux dire, ce n'est que du baratin. La personne continue en disant que si vous réduisez les jours de séance de 20 % et que vous ne demandez au premier ministre de ne participer qu'à une seule période de questions par semaine, alors ce que vous faites, c'est vous assurer que mon opinion n'est pas présentée. Dans un certain nombre de lettres que j'ai lues jusqu'ici, on demande au gouvernement de bien réfléchir à ce qu'il fait, parce que, selon moi, ce qu'il essaie de faire, c'est de se faciliter la vie. Ce que le gouvernement veut, c'est pouvoir imposer son programme plus rapidement, mais ce faisant, il va modifier les règles à jamais. Il va modifier la façon dont le Parlement a toujours fonctionné. Je veux souligner que les libéraux vont finir par être dans l'opposition un jour ou l'autre, et ce jour est peut-être plus proche qu'ils ne le croient s'ils continuent à essayer d'éviter de devoir rendre des comptes. À un moment ou à un autre, ils seront dans l'opposition, et ils vont regretter les changements qu'ils ont imposés. C'est la stricte vérité.
Voici le prochain: « Je suis un Canadien en colère. J'ai appris sur les médias sociaux que le combat faisait rage dans une salle secrète de la Chambre des communes, un combat pour se défendre contre une menace qui avait déjà été repoussée dans le passé, une menace pour mes droits en tant que Canadien d'être représenté à la Chambre. Si la menace réussit, le gouvernement n'aura plus à rendre des comptes au Canada. Il s'agit d'une attaque en règle contre la démocratie. Honte à vous tous. Honte à vous de croire que le peuple canadien va simplement se laisser faire. Honte à vous d'avoir recours à une méthode si sournoise. Honte à vous de croire que la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour y entrer ne peuvent pas voir clair dans vos manigances. »
Ça continue: « Honte à vous de croire que les Canadiens sont stupides. Non, mais vous devez vraiment croire que nous sommes tous stupides si vous pensez que vous pourrez vous en tirer les mains blanches. En passant, vous avez répondu à toutes les questions qui ont été posées en répétant encore et encore les mêmes réponses préfabriquées.
« Honte à vous d'avoir failli à instaurer la prétendue transparence que vous étiez censés amener à la Chambre. Honte à vous d'avoir failli jusqu'ici à rendre des comptes aux Canadiens. Honte à vous d'avoir fait campagne sous les thèmes de la présence et de responsabilisation face aux Canadiens, seulement pour nous porter ce coup bas ensuite. Honte à vous d'avoir pris notre argent sans avoir l'intention de prendre le temps ni de déployer les efforts pour faire du Canada un monde meilleur. Honte à vous tous.
« Revenez immédiatement à la raison et cessez votre attaque. Ayez la décence de respecter la démocratie. Laissez aux Canadiens leur voix et leur juste représentation à la Chambre des communes, la Chambre où vous n'êtes que des invités temporaires, ne l'oubliez pas.
« J'espère que vous allez faire passer les intérêts du Canada en premier et renoncer à toute cette folie. »
La personne est assez contrariée, c'est évident. L'objet du courriel dit probablement tout ce qu'on a besoin de savoir, « Nous en avons assez ». Elle dit que le gouvernement libéral devrait avoir honte d'essayer de réduire son obligation de rendre des comptes.
Je vous lis le message de la prochaine personne: « Bonjour. Je vous écris au sujet de votre attaque contre notre démocratie canadienne. Mais qu'avez-vous donc en tête? Vous attaquez tous les Canadiens ainsi que la seule façon dont nos voix sont entendues au Parlement. Pendant sa campagne, a dit qu'il allait être un premier ministre présent et transparent et qu'il allait nous rendre des comptes à nous, vous savez, les Canadiens pour qui vous prétendez travailler. Je n'arrive pas à croire que vous essayez de changer les règles et de détruire la démocratie telle qu'on la connaît à la Chambre. La démocratie ne vous appartient pas, elle appartient aux Canadiens. C'est inconcevable, voilà tout ce que je peux dire. Encore une fois, honte à vous. Sachez bien que je n'ai pas oublié la dernière fois où cette idée insensée a été avancée. Je suppose que c'est pour cette raison que vous avez choisi de mener à toute vitesse votre attaque contre la démocratie.
« Un qui n'a à répondre aux questions qu'une seule fois par semaine? Voulez-vous rire de moi? Le Parlement n'est pas un club Med. Le premier ministre a un travail à faire. Il doit se présenter et répondre aux questions. J'en ai assez des réponses préfabriquées répétées ad nauseam. Quand on pose une question, on a le droit à une réponse qui ne soit pas prémâchée. Nous, le peuple, voulons de vraies réponses et voulons que le gouvernement nous rende des comptes.
« Réduire les débats? Vous venez de museler les Canadiens. C'est inacceptable. Voilà ce que font nos élus: ils nous représentent. En réduisant le temps pour les débats, c'est nous que vous muselez, pas eux. C'est notre temps à nous, les Canadiens, que nous voulons consacrer aux consultations que vous essayez de limiter. Vous ne voulez pas écouter ce qu'on a à dire. Les Canadiens s'expriment par l'intermédiaire des députés. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas?
« Plus de vendredis? Vous avez tous accepté vos postes en sachant que la semaine de travail durait cinq jours. Comment osez-vous essayer de modifier l'entente que vous avez conclue avec nous, les Canadiens?
« Et comme si ce n'était pas suffisant, j'ai dû apprendre tout cela par Facebook? Comment pouvez-vous dire que vous êtes transparents et que vous rendez des comptes aux Canadiens lorsque vous vous cachez quelque part pour essayer de faire adopter à toute vitesse cette motion insensée sans que le public en soit au courant? C'est honteux. Nous payons de l'impôt pour que vous occupiez votre siège cinq jours par semaine. Ce n'est pas votre propriété, pas plus que l'est la Chambre. Arrêtez tout de suite votre folie et commencez à faire votre travail, qui, soit dit en passant, est de travailler pour nous, les Canadiens, et pas contre nous.
« Incidemment, si vous trouvez que votre poste n'offre pas une assez bonne conciliation travail-famille, alors peut-être que vous n'êtes pas à la bonne place.
« J'espère que vous prendrez la bonne décision, que vous mettrez fin à cette folie dès maintenant et que vous ne remettrez jamais, au grand jamais, cela sur la table. Signé, un Canadien très préoccupé qui contribue à payer votre salaire. »
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos deux anciens députés qui ont, bien sûr, tous les deux servi le Canada à la Chambre pendant un grand nombre d'années. Je tiens à les remercier pour cela et à célébrer ce qu'ils ont accompli. Je me demande ce qu'ils auraient eu à dire à propos de cette motion si elle avait été présentée pendant qu'ils étaient dans l'opposition. Je me demande s'ils auraient été reconnaissants qu'on réduise leurs droits, qu'on leur les enlève, alors qu'ils étaient des députés censés représenter les citoyens du Canada.
Monsieur le président, je vais maintenant recommencer à vous lire certains des courriels que m'ont envoyés des Canadiens pour exprimer leurs préoccupations.
Le courriel suivant commence comme ceci: « Je suis dégoûté au plus haut point. Pour qui votre Comité travaille-t-il exactement? Je croyais que tous les parlementaires travaillaient dans le meilleur intérêt des Canadiens. Quiconque vote en faveur des modifications des politiques relatives aux séances de la Chambre afin de permettre à un égocentrique et à ses sbires de ne pas avoir à rendre des comptes ne mérite pas le soutien des Canadiens. J'espère qu'il y a des millions d'autres personnes qui partagent mon avis. Le Parti libéral et ses membres font fausse route. Peut-être qu'il est temps de tous les mettre à la retraite. »
Bref, net et précis. En gros, la personne dit que le gouvernement fait fausse route. Le gouvernement n'est au pouvoir que depuis un an et demi, et déjà les gens disent qu'il fait fausse route et qu'il serait peut-être temps que tous ses membres prennent leur retraite. Selon eux, le premier ministre est un égocentrique qui ne veut pas rendre des comptes au Canada; ils croient qu'il ne mérite pas le moindre soutien de la part des Canadiens.
On dirait que le prochain courriel a été envoyé à pratiquement tous les députés, ou presque. La personne qui l'a écrit vient de Saskatchewan.
Je lis: « Il est temps que les libéraux commencent à travailler pour les Canadiens et non pour Trudeau. Trudeau n'est pas votre patron. Votre patron, ce sont les Canadiens. Trudeau aime les dictateurs, alors que le Canada les déteste. Trudeau se comporte comme si vous étiez ses marionnettes, et vous le laissez faire. Vous n'avez pas été élus par Trudeau. Vous avez la responsabilité de servir les Canadiens, en particulier ces âmes en peine qui vous ont élu comme député dans leur circonscription. »
Je crois que le sentiment est clair.
Je continue: « Les Canadiens vous ont engagés pour accomplir un travail qui comprend des règles précises, une description de tâches, des conditions de travail et un horaire de travail à respecter. Les Canadiens peuvent toujours vous mettre à la porte, et à moins que vous soyez aveugle, sourd et complètement ignorant de la colère qui enflamme le pays d'un océan à l'autre à l'égard des libéraux au pouvoir; vous devriez commencer à réfléchir à votre future sécurité d'emploi. Si vous n'aimez plus votre travail, si vous trouvez que les conditions de travail sont invivables ou que vous trouvez trop difficile de participer aux séances des comités, si vous n'aimez pas tenir compte du point de vue de l'opposition pendant les séances, si vous ne pouvez pas respecter les opinions qui vont à l'encontre de celles de votre maître ou de ses plans dangereux pour saper notre démocratie et que vous ne pouvez pas tolérer de devoir rendre des comptes aux Canadiens cinq jours par semaine, alors j'ai une suggestion pour vous: démissionnez dès maintenant. On vous a engagés pour faire un travail qui comprend des règles, un horaire, des conditions de travail, etc. Donc... »
Je ne peux pas répéter les mots qui sont utilisés ici pour décrire Justin Trudeau, mais apparemment, la personne ne le porte manifestement pas dans son coeur.
Poursuivons: « Si vous n'êtes plus prêt à accepter ces conditions, alors, tant pis pour vous. Vous n'avez pas le droit de changer les règles qui régissent notre démocratie canadienne. Nous ne sommes pas encore une dictature. Nous sommes prêts à nous battre à mort pour vous empêcher. Trudeau vous a peut-être tous convaincus qu'il marche sur l'eau et que vous allez aussi bientôt y arriver. Réveillez-vous. Il est temps d'écouter ce que disent les Canadiens à propos de votre maître qui tire vos ficelles. Vous êtes en train de tourner en ridicule notre démocratie et le travail que vous êtes censés accomplir à la Chambre et pendant les séances des comités. Pour qui vous prenez-vous? Nous savons que Trudeau n'a aucun respect pour les petits Canadiens qu'il prétend vouloir aider. C'est en démissionnant que le premier ministre et vous pouvez nous aider. Prenez la porte ou démissionnez. Finissons-en une fois pour toutes, au lieu d'attendre jusqu'en 2019. Si le marionnettiste en chef croit si bien savoir ce que les Canadiens veulent, alors je vous mets au défi de lui demander de tenir des élections le soir même. Je n'ai jamais éprouvé autant de dégoût et de mépris pour un gouvernement au pouvoir que j'en éprouve pour Trudeau fils et sa joyeuse bande de voleurs. Ils font fausse route parce qu'ils ont suivi Trudeau, le Seigneur des lemmings, une fois de trop. »
À ma connaissance, c'est la première fois qu'on qualifie Trudeau de « Seigneur des lemmings ». C'est une expression intéressante.
La personne poursuit: « Son incompétence, son immaturité et son inaptitude en tant que premier ministre n'ont jamais été aussi évidentes. Il ne peut pas tolérer d'être remis en question ou d'être contesté à la Chambre des communes, et c'est pour cette raison qu'il ne veut y être qu'une fois par semaine. Notre pays, ou le monde... Justin Trudeau croit que son travail consiste à donner notre argent à des pays étrangers. L'opinion du public canadien est très différente à ce sujet. Il est temps pour Justin de grandir et de travailler à temps plein pour la première fois de sa vie.
« Vous devez vous racheter. Vous pouvez sauver votre réputation si, pour une fois, vous faites quelque chose. Arrêtez immédiatement cette folie. Mettez fin à ce fiasco dès maintenant, et peut-être qu'il gagnera un peu du respect des Canadiens qui regardent avec horreur Trudeau et ses conseillers comploter, sans respect pour aucun d'entre nous. »
Voilà une personne qui a certainement choisi de bien exprimer ses sentiments. Les gens sont en colère. L'objet du courriel était: « Préoccupations à propos de l'avenir du Canada »; il s'agit probablement des mots les plus modérés utilisés dans tout le courriel.
Voici l'objet du courriel suivant, « Je proteste contre l'absence de reddition de comptes ». Je lis: « J'éprouve beaucoup de mécontentement et de préoccupations quant à la façon dont le gouvernement essaie sournoisement d'imposer ces changements, des changements qui ne sont pas anodins. Je ne peux pas croire que ceux qui dirigent le Canada, le Parti libéral, ne comprennent pas la valeur du leadership.
« Le fait que vous voulez fermer le Parlement les vendredis et réduire les comptes que vous avez à rendre, une responsabilité qui incombe à tout gouvernement de répondre à des questions simples et claires, me laisse sans voix. Peu importe que vous soyez la personne à la tête du gouvernement fédéral ou le préfet d'une petite municipalité régionale, les gens au pouvoir doivent répondre aux questions des gens qu'ils servent. Ils ont le devoir de rendre des comptes, dans la mesure du possible, et de se soumettre volontairement et ouvertement aux examens nécessaires, parce que diriger un pays est une fonction importante, et essayer de le faire bien et honnêtement est tout aussi important. »
La prochaine partie est en caractères gras: « Je vous demande de faire vos preuves et d'être un exemple de gouvernance saine. Montrez-nous que vous croyez vraiment que vous servez les citoyens du Canada et que vous vous souciez de ce qu'ils ont à dire. Je ne crois vraiment pas que c'est le cas. »
Je suis sûr que cette personne espère qu'on va lui montrer qu'elle a tort, que le gouvernement va faire preuve de bonne volonté, et que les libéraux vont prouver qu'ils veulent servir les citoyens du pays et qu'ils se soucient vraiment de ce que les gens ont à dire.
Je vais lire le prochain message: « Ce message s'adresse aux députés concernés du Parti libéral. Vous ne pouvez pas modifier les règles de la Chambre des communes simplement parce que vous le désirez. Allez-vous remplacer le Robert's Rules par les « Règles de Trudeau »? Les règles de la Chambre des communes existent pour une raison, c'est-à-dire permettre à tous de prendre part aux débats et d'exprimer leur opinion au nom de leur province. C'est de la pure folie que de tenter d'éliminer cela.
« Chers libéraux, c'est avec regret — pas vraiment — que je dois vous remettre les pendules à l'heure: la Chambre des communes n'existe pas simplement pour vous faciliter la vie. La démocratie n'est pas censée être facile. Il faut prendre les meilleures décisions possible pour le pays, même si cela doit prendre toute la nuit. Si une personne dans la salle n'a pas la possibilité d'exprimer son opinion, alors où est la justice?
« Je ne comprends pas votre aveuglement. Que diriez-vous si c'était les libéraux qu'on essayait de museler? Vous seriez... » — je ne vais pas lire ce qui est écrit, mais disons que la personne voulait dire « en colère », en gros — « et franchement... » — encore une fois je ne vais pas lire le mot — « je suis en colère, comme bon nombre d'autres Canadiens. C'est inacceptable. Je ne peux pas croire que nous devons nous battre pour quelque chose d'aussi ridicule lorsqu'il y a beaucoup plus de problèmes importants qui méritent notre attention. »
À nouveau, je ne vais pas lire les mots qui sont utilisés, mais essentiellement, on dit que si Justin Trudeau ne veut répondre aux questions qu'une journée par semaine parce qu'il croit que c'est trop de travail, il ne devrait pas être premier ministre du tout.
Le message se termine sur ce qui suit: « J'éprouve une telle déception à l'égard de votre représentation du pays que j'en ai la migraine. » Cette personne semblait vraiment déçue.
Dans le prochain, on nous demande: « Comment pouvez-vous croire que vous faites honneur à notre grand pays de quelque façon que ce soit lorsque notre "merveilleux" premier ministre nous crible de plus en plus de dettes en dépensant sans compter et en se payant des vacances de luxe? Croyez-vous honnêtement que lui donner plus de jours de congé aidera notre pays de quelque façon que ce soit? Je crois sincèrement que cela ne fera qu'alourdir la dette du Canada et nous causera des problèmes que nous mettrons des années à résoudre. Vous imposez un fardeau de plus en plus lourd à notre pays et aux contribuables comme moi-même. Si vous croyez que plus de gens vont voter pour le Parti libéral aux prochaines élections après ce que vous avez tenté de faire, vous avez tort. »
Le courriel continue: « Pour ma part, je ne voterai pas pour votre parti aux prochaines élections à cause de ce genre de manoeuvres. Selon moi, vous, les hommes et les femmes qui sont payés pour servir les intérêts des Canadiens, avez échoué lamentablement sur toute la ligne. Respectueusement, une jeune personne très déçue parmi l'électorat. »
En passant, l'objet du courriel était « Des fouines au Parlement ». Cela montre à quel point la personne est contrariée; elle dit qu'elle ne votera pas pour le Parti libéral. Nous avons une jeune électrice ou un jeune électeur qui est très déçu, une jeune personne qui a suivi ce qui se faisait et qui dit que ce n'est pas correct.
Le prochain courriel s'adresse aux députés libéraux, même si, évidemment, il a été envoyé en copie conforme à tous les autres. Je lis: « Chers députés libéraux, vous ne pouvez pas modifier les règles du Parlement sans d'abord consulter les Canadiens. Vous n'êtes pas les propriétaires de vos sièges. Ce sont les Canadiens qui vous les ont confiés, alors arrêtez de vouloir imposer ces changements sans passer par le processus approprié. Comment osez-vous jouer avec la démocratie du Canada de cette façon? Vous voulez éviter de nous rendre des comptes. Vous devez renoncer à cette motion. »
Puis, la personne ajoute qu'elle attend notre réponse avec impatience.
Voici ce que dit la prochaine personne: « Je m'attends à ce que le Parlement reste ouvert les vendredis et qu'on y travaille. Je m'attends à ce que Trudeau réponde aux questions de la Chambre. Il ne peut pas restreindre les droits de mon député d'examiner minutieusement les lois. Je m'attends vraiment à ce qu'on témoigne davantage de respect pour l'impôt que je verse. Nous tous Canadiens n'envisagerions jamais de gaspiller autant d'argent que ne le fait le gouvernement, parce que nous connaissons la valeur de l'argent. Nous devons travailler dur et faire des choix difficiles pour soutenir notre famille. C'est un manque flagrant de respect que de prendre notre argent en impôts, simplement pour rester dans votre château et nous montrer à nous tous, paysans que nous sommes, à quel point vous êtes puissants en nous opprimant avec votre gaspillage éhonté. Ça me rend malade. »
Je pense que la personne — mis à part la partie où elle dit que cette initiative la rend malade — a très bien résumé dans le premier paragraphe de son message ce que pensent la plupart des Canadiens qui écrivent ces lettres, soit qu'ils s'attendent à ce que le Parlement soit ouvert les vendredis et à ce que Justin Trudeau réponde aux questions à la Chambre des communes. Les gens croient que le gouvernement ne devrait pas restreindre les droits des députés d'examiner minutieusement les lois. Voilà donc le problème, un résumé très succinct. Je crois que bon nombre de ces personnes ont vraiment de la difficulté à croire que tout cela est vrai, que le gouvernement essaie d'éliminer les droits des Canadiens et des personnes que les élus représentent.
La personne qui a écrit le prochain message vient de Toronto, en Ontario. Elle a écrit aux députés libéraux du Comité — mais, évidemment, nous avons tous reçu une copie conforme —; voici ce qui est écrit: « Nous, contribuables, sommes très préoccupés par ce qui suit » suivi d'une liste à puces. Je vais lire la liste: « Le déficit budgétaire élevé; les vacances du premier ministre qui nous ont coûté 127 000 $; les cadeaux pour Bombardier, sans aucun avantage pour les contribuables; ses affaires secrètes avec l'Aga Khan; la modification des règles du Parlement; le gaspillage de milliards de dollars pour des affaires des Nations unies qui ne nous concernent pas; notre faible PIB et ce que le premier ministre entend faire pour régler le problème; et bien d'autres choses. Si le premier ministre a le temps de parcourir le monde, alors il a le temps de travailler au Parlement les vendredis pour répondre à nos questions et à nos préoccupations. »
Je crois que ce que la personne voulait dire, c'est que s'il a autant de temps, alors il devrait pouvoir venir ici pour répondre à nos questions et préoccupations. Il est clair que la personne nourrissait un certain nombre de préoccupations elle-même.
La prochaine personne qui nous a envoyé un message vient de Hamilton, en Ontario. Je lis: « Je souhaite le bonjour aux membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je vous écris aujourd'hui pour vous faire part, avec respect, de mon désarroi à propos des changements proposés au Règlement de la Chambre et au fonctionnement du Parlement. Pourquoi avez-vous présenté cette motion? De qui émanent ces changements, de vous, ou du Cabinet du premier ministre? J'ai également envoyé une copie de ce courriel à mon député... » — aussi bien dire son nom — « et j'implore M. Christopherson de dire “non” à la fermeture de la Chambre des communes les vendredis. »
Je ne peux pas parler au nom de M. Christopherson, mais d'après ce que je l'ai entendu dire, je crois que vous pouvez compter sur lui pour dire « non ». À l'évidence, la personne espère que d'autres membres du Comité, en particulier les membres qui appartiennent au Parti libéral, vont choisir de suivre l'exemple de M. Christopherson.
Je poursuis la lecture: « Le contribuable canadien qui travaille dur mérite un gouvernement travaillant. Je vous prie de garder à l'esprit le fait que vous êtes des fonctionnaires élus à qui on a confié le mandat de représenter les gens de votre circonscription, et non les caprices du parti au pouvoir. Les citoyens de ce pays comptent sur vous pour travailler, pour les représenter et pour discuter de chaque sujet de façon exhaustive. Je vous demande, vous les députés, de bien vouloir passer le plus de temps possible à Ottawa. Il ne devrait y avoir aucune limite de temps pour débattre. Le Canada a une population diversifiée, et toutes nos opinions et toutes nos voix méritent d'être entendues. Les gouvernements doivent toujours se soumettre à un examen minutieux, et les députés de l'opposition représentent la majorité des Canadiens. En outre, le premier ministre devrait participer à la période de questions de la Chambre plus qu'une fois par semaine. Les contribuables n'ont pas à payer ses voyages qui ne servent qu'à flatter sa vanité lorsque les affaires du pays sont administrées à la Chambre des communes. »
J'ai encore quelques autres messages à lire aujourd'hui, monsieur le président, puis je vais probablement céder la parole à l'un de mes collègues. Je ne sais pas qui me suit sur la liste, mais il ou elle pourra se préparer.
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Très bien, rien n'a sauté. Il est à supposer que, quand nous serons dans l'édifice de l'Ouest, nous connaîtrons moins de ce genre de problèmes.
Quoi qu'il en soit, pour en revenir à notre sujet, le cycle consiste à faire un survol de l'examen du directeur général des élections, de nos recommandations concernant cet examen et, à partir de là, à passer au ministre puis à concevoir à ce moment-là un projet de loi.
La toujours vigilante Rachel Aiello, qui est actuellement assise au bureau des médias aux côtés de sa collègue Laura Rickewaert, a rédigé pour le Hill Times un certain nombre d'articles au sujet des progrès réalisés à l'égard de ce dossier. Cette progression est lente, mais c'est la nature d'une discussion détaillée sur un projet de loi détaillé.
Même si un ministre est responsable — tout comme ce doit être le cas au titre de notre Constitution —, contrairement à toutes les autres lois du Canada, ce ne sont pas le ministre et ses fonctionnaires qui s'occupent de la loi en question en travaillant à l'ébauche de projet de loi à l'interne, puis en la révélant. Au contraire, nous présumons essentiellement que les personnes qui, normalement, assumeraient le rôle joué par ces fonctionnaires sont les membres du Comité. Lorsque nous agissons de façon collégiale et comme un tout, nous jouons collectivement le rôle qui est attribué au ministre, lequel consiste à fournir des documents aux fins de la nouvelle loi électorale.
Ce n'était pas tout le fondement, mais c'était une partie du fondement de l'objection qu'un certain nombre de personnes avaient — M. Christopherson était le plus volubile — au sujet du projet de loi , qui a surgi avant que nous ayons terminé notre examen.
Notre processus a été violé par la présentation du projet de loi , par la manière dont il a été présenté. C'est-à-dire sans égard à la question de son contenu, auquel je pense que M. Christopherson s'opposait moins. Je sais certainement que c'était mon cas. Même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est prévu dans le projet de loi C-33, je pense que la façon dont il a été présenté, trop tôt dans le processus, posait un problème en soi.
Il a été présenté en décembre. C'était trop tôt. Toutefois, en toute équité, il arrive un moment où il est trop tard pour mettre en place certaines des modifications qui doivent être apportées à la Loi électorale du Canada, car il faut tout simplement du temps pour mettre en oeuvre certains de ces systèmes.
Bien entendu, il s'agissait exactement du même problème que celui qui existait relativement à la loi sur la réforme électorale. C'était toujours une question de savoir si nous pouvions obtenir la mise en place d'un nouveau système à temps pour les élections de 2019, compte tenu du temps qu'il faut pour accomplir toutes les diverses tâches qui devraient être accomplies à cet égard.
Je suis conscient du fait que nous ne discutons pas ici de la loi sur la réforme électorale. J'utilise cet exemple simplement parce qu'il s'agit d'une analogie que je connais très bien, du fait que j'ai siégé au Comité de la réforme électorale pendant un certain nombre de mois. J'ai eu l'occasion de poser au directeur général des élections ainsi qu'à l'ancien directeur général des élections, M. Jean-Pierre Kingsley, des questions très détaillées au sujet du temps qu'il faut pour amorcer les divers processus qui seraient enclenchés si nous devions passer à un nouveau système électoral. Certains des changements qu'ils ont mentionnés, certains de ceux qui sont les plus longs, ne sont pas, à proprement parler, pertinents. Ils ne sont pas du tout pertinents par rapport aux types de modifications qu'on envisage d'apporter à la Loi électorale du Canada. Le plus long et le plus compliqué tenait sans doute aux 20 à 24 mois requis pour procéder à un redécoupage. C'était la limite stricte, la limite extrême à laquelle ils faisaient face.
Ensuite, je leur ai posé une série de questions à l'occasion des diverses séances du Comité de la réforme électorale et de notre comité. J'ai demandé à ces deux messieurs de nommer d'autres problèmes qui pourraient survenir: la conception des bulletins de vote, la conception de manuels, et ainsi de suite. Même si ces problèmes sont moins chronophages que celui du redécoupage des circonscriptions électorales, il s'agit des aspects dans lesquels nous observons des analogies directes avec ce qui se passe dans le cas des modifications qu'on propose d'apporter à la Loi électorale du Canada.
Il faut un certain temps pour mettre en oeuvre ce changement. Bien entendu, tout doit être préparé par le Bureau du Directeur général des élections du Canada à des fins de distribution à nos 338 circonscriptions, dont certaines sont très éloignées. Toute nouvelle procédure doit être peaufinée, et un processus d'éducation doit avoir lieu — tout cela avant que les brefs soient émis — avec un directeur du scrutin provenant de chaque circonscription. Ensuite — durant la période d'émission des brefs ou dans celle qui la précède immédiatement —, on doit former les nombreux sous-directeurs du scrutin et greffiers du scrutin, afin que tout cela puisse être exécuté de façon harmonieuse, littéralement dans des dizaines de milliers de bureaux de vote situés dans l'ensemble du pays.
Les procédures ne doivent pas toutes être exécutées à tous les bureaux de vote. Certaines ne sont effectuées, par exemple, qu'aux 338 bureaux où les bulletins de vote anticipés sont comptés, ou au petit nombre de bureaux à partir desquels les bulletins de vote sont envoyés par la poste aux personnes qui votent à l'étranger, et ainsi de suite. Il y a beaucoup de travail. Tout est effectué en parallèle, et tout prend du temps.
C'est dans cette optique que la ministre a abordé le Comité, le 10 mars, et qu'elle nous a demandé de tenter de conclure nos travaux avant le mois de juin. En fait, elle a dit de préférence avant le 19 mai. Elle faisait allusion à nos travaux sur la Loi électorale du Canada. Je suppose que la mesure dans laquelle il serait difficile d'y arriver dépend de la personne à qui on pose la question.
Monsieur le président, quand vous avez parlé du Hill Times, vous avez mentionné que nous avions choisi les éléments les plus faciles, que nous les avions déjà réglés et que nous étions en train d'amorcer le travail plus difficile. Vous n'avez pas dit que les tâches suivantes... mais, cela suppose que les tâches plus chronophages — liées au fait de tenter de parcourir les aspects restants de la Loi électorale du Canada dont nous ne nous sommes pas encore occupés — sont encore à venir.
Mon propre point de vue, c'est que nous sommes en train de nous éduquer et que, par conséquent, nous acquérons de l'expertise qui nous permettra, en tant que groupe, de bouger plus rapidement, afin que nous puissions réaliser des progrès inattendus. Il s'agit là de mes commentaires publics, qui ont été publiés dans le Hill Times.
De plus, le fruit de mes réflexions privées, c'est que nous pourrions également suivre un processus de triage, dans le cadre duquel nous dirions: « Voici les éléments qui doivent vraiment être étudiés par le Comité. » Il pourrait y avoir d'autres aspects au sujet desquels nous pourrons dire: « Si nous n'arrivons pas à le faire, ce n'est pas aussi essentiel. » Nous pourrons peut-être ainsi traiter plus en profondeur certains des aspects de la Loi électorale, et pas d'autres, ou en traiter certains de façon plus détaillée, et d'autres, de façon plus superficielle.
La raison pour laquelle je mentionne cela, c'est que nous faisons face à des délais qui sont de plus en plus difficiles à respecter. La ministre avait reconnu à l'époque... Je n'ai pas sa déclaration sous les yeux, mais j'espère l'obtenir et en faire part au Comité avec une plus grande précision, car ce que j'aime de cette femme, c'est qu'elle exprime ses pensées de façon très précise. Vous avez des délais clairement définis à respecter, et il s'agit d'un atout précieux lorsque l'on tente de régler le problème que nous finissons par avoir, c'est-à-dire un temps limité, un nombre limité de ressources humaines et un sujet important à régler. De fait, elle a commencé par dire que nous avions tel nombre d'aspects à traiter, lesquels sont subordonnés à notre examen de la Loi électorale. De son point de vue, idéalement, le délai que nous devons respecter est le 19 mai.
Je pense que nous devrions admettre que le Comité ne pourra respecter ce délai. Monsieur le président — pour les besoins de la discussion — si nous devions nous résoudre à cesser toute activité liée à la question du Règlement et la mettre de côté jusqu'à ce que l'examen de la Loi électorale du Canada soit terminé — chose qui, selon moi, constituerait une solution logique — et que nous nous en tenions strictement à nos séances qui figurent à l'horaire, bien entendu, nous aurions une pause de deux semaines commençant... Je suppose que nous tiendrions une séance le jeudi, que nous aurions ensuite une pause de deux semaines, puis que nous reprendrions nos travaux en mai. Il faut un certain temps — habituellement, deux séances — avant que le rapport soit rédigé, contrairement à la compilation des recommandations.
Alors, faire rédiger le rapport et le faire envoyer à la Chambre d'ici le 19 mai... Qu'est-ce que ça donne? Nous avons prévu quatre séances, je pense, avant le 19 mai. Ce pourrait être six. Non, je pense que c'est quatre, monsieur le président, et deux de ces séances serviraient à quelque chose qui n'ajoute vraiment rien à notre sujet: la conception du rapport. Selon moi, le délai du 19 mai est déjà impossible à respecter.
La ministre a également affirmé: « Mais, je pourrais accepter le mois de juin. » Je pense que c'est ce dont il est question. L'accomplissement de cette tâche d'ici le mois de juin supposerait une quantité de travail très importante. Voilà le premier élément que nous devons régler.
Le deuxième élément que nous devons régler, monsieur le président, c'est le projet de loi en tant que tel, qui porte sur une partie du sujet en question. Ce que la ministre doit maintenant faire au moment de concevoir son projet de loi, c'est contourner le projet de loi , et il n'est pas du tout certain que le projet de loi , en soi, de façon exhaustive avec les articles de la loi qu'il modifie... Il a été conçu pour régler certains problèmes qui, selon le gouvernement, avaient été introduits dans la Loi électorale du Canada par le projet de loi précédent, lequel avait été adopté dans le sillage des audiences tenues par le Comité au cours de la dernière législature, c'est-à-dire la Loi sur l'intégrité des élections.
La ministre avait décrit ce projet de loi en disant qu'il allait porter sur ce qu'elle qualifiait de caractéristiques injustes de la Loi sur l'intégrité des élections. Je pense que, de son point de vue, il s'agissait d'une caractérisation sincère, parce qu'en regardant le projet de loi , j'ai remarqué qu'il n'annulait pas certains aspects de la Loi sur l'intégrité des élections. Cela m'amène à penser que la ministre et tout le Cabinet, qui, je le présume devait être d'accord avec ce projet de loi, estimaient qu'il s'agissait d'aspects justes de la Loi sur l'intégrité des élections. Ces aspects portent, par exemple, sur un certain nombre de domaines concernant les électeurs à l'étranger, et d'autres aspects ont également été laissés intacts, mais ils suivaient un ordre différent de celui dans lequel nous abordons les choses.
On suppose que le nouveau texte de loi aurait été façonné de manière à tenir compte des aspects de la Loi électorale qui ont été abordés dans le rapport du directeur général des élections et qui sont devenus le sujet des rapports sur lesquels travaille le Comité, mais qui n'ont pas été réglés au moyen du projet de loi .
Il y a la question — que nous n'avons pas encore vraiment abordée — de ce que nous faisons des aspects que le rapport du directeur général des élections ne mentionne pas et qui n'ont également pas été réglés par le projet de loi . Il pourrait s'agir d'un volet où vous pourriez mener l'exercice de triage et simplement dire: « Regardez, compte tenu de la période limitée dont nous disposons et du fait que le gouvernement a déjà réglé cette question dans le projet de loi , peut-être que nous devrions simplement retirer ces aspects de notre étude. Nous pourrions ainsi comprimer, en quelque sorte, le temps dont nous avons besoin pour examiner la Loi électorale.
Voilà où vous en êtes; la ministre travaille sur la nouvelle loi, le projet de loi , qui sera présenté à la Chambre des communes ce jeudi. J'ajouterais — monsieur le président — que cela soulève une question qui me préoccupe un peu. Je pense que les heures auxquelles notre séance est prévue, jeudi, pourraient chevaucher la période pendant laquelle ce projet de loi sera soumis à l'étude de la Chambre des communes. Je ne suis pas certain que ce soit exact, mais, comme les heures de jeudi ont été changées...
Oui, je vous remercie d'au moins l'envisager. Vous avez le projet de loi . Il doit faire l'objet d'une seconde lecture, puis il sera renvoyé au Comité. Il est concevable que nous le recevions avant le début de l'été, et cela pourrait poser problème. Je ne dis pas que cela va arriver, mais c'est certainement faisable.
Je présume que la Chambre va voter en faveur du projet de loi à la deuxième lecture, ce qui va inévitablement faire en sorte qu'il nous sera renvoyé et, cela pose problème, vu que nous discutons du Règlement, actuellement.
Un troisième texte de loi de la même ministre est fort pertinent. La a indiqué il y a un certain temps — il y a environ un mois, ou peut-être un peu plus longtemps — qu'elle allait produire une loi sur les finances électorales afin de modifier des aspects de la façon dont le financement est effectué. Nous ne connaissons pas tous les éléments qui vont être inclus dans ce projet de loi. Nous connaissons certains des éléments qu'il ne contiendra pas et quelques-uns de ceux qu'il contiendra, mais nous n'en connaissons pas tous les paramètres. Je sais seulement ce qui a été déclaré dans les médias. Par exemple, il ne changera pas la limite de dons actuellement fixée à 1 550 $... ou les 1 500 $ indexés en fonction de l'inflation, ce qui la fixe actuellement à 1 550 $.
Il portera sur une exigence selon laquelle le public doit déclarer les campagnes de financement auxquelles un ministre est présent. La logique qui sous-tend le préavis, c'est que cet événement ne sert pas... Je pense que je décris correctement les commentaires de la ministre Gould quand je dis que cela signifie que les campagnes de financement auxquelles une personne a versé de l'argent, disons, par exemple, 300 $ pour un billet, ne comprendront pas un accès confidentiel au ministre qui est présent. Vous obtenez tout de même l'accès au ministre, mais un accès dont le public n'entend parler qu'après coup. Vous pourriez le savoir à l'avance.
Je crois savoir que le Parti libéral a récemment adopté cette approche volontairement, et, en effet, on dirait que le parti tente de codifier un processus qu'il a adopté afin de le rendre obligatoire pour tous les partis. Bien entendu, seul le Parti libéral a des ministres en ce moment, pour mentionner l'évidence, alors, je soupçonne que cela comprendrait également tous les parlementaires. Quiconque paie pour assister à tout événement auquel le député est présent sera visé, sauf qu'on affirme que les événements strictement locaux ne seront pas visés. Je ne sais pas exactement comment les libéraux vont procéder. Peut-être que cela dépend du fait que les fonds sont versés à l'association de circonscription ou au parti. Ce n'est pas clair, à mes yeux. Quoi qu'il en soit, la semaine dernière, j'ai vu un article de journal affirmant que ce projet de loi allait être présenté ce printemps et que la ministre était en train de consulter les autres partis à ce sujet.
Je ne sais trop comment, je croyais à tort que ce projet de loi allait être présenté cet automne, pas ce printemps. Alors, j'ai pris l'article de journal et interpellé la ministre à la Chambre; je me suis assis à côté d'elle, et nous avons commencé à bavarder. C'était censé être une brève conversation. Cela a fini par être une période très gênante pour moi parce que, presque immédiatement après que je suis allé m'asseoir avec elle, Kevin Lamoureux s'est levé, et j'étais dans le champ de la caméra. Il a commencé à faire un discours qui était une dure critique de mon leader à la Chambre, alors, j'ai dû m'asseoir sur le sol et tenter de me tenir la tête cachée derrière un bureau, mais rien de cela n'est la faute de la ministre Gould. J'avais tout simplement choisi le mauvais moment.
Elle a affirmé que, oui, en effet, elle prévoyait présenter ce projet de loi ce printemps. Elle a précisé qu'elle avait déjà consulté l'un des partis et qu'elle tentait d'organiser une rencontre avec des représentants de mon parti. Je sais que cette rencontre n'a pas encore eu lieu, car j'y aurais été présent en ma qualité de critique compétent, mais elle a ensuite poursuivi en exposant un peu son échéancier. Elle a dit: « Vous savez, je ne contrôle pas exactement les délais à l'égard de ces choses; le projet de loi doit être soumis à l'approbation du Cabinet. » Je suppose que le processus qu'elle doit suivre relativement au Cabinet ressemble à celui que devaient suivre les gouvernements, dans le passé. Le projet de loi est habituellement d'abord présenté au comité du Cabinet, qui se réunit et l'approuve, et, ensuite, un exposé est présenté par le président du comité du Cabinet, en présence du ministre compétent. Ensuite, si le projet de loi est approuvé, il revient à la Chambre pour y être présenté, mais cela aura lieu ce printemps.
Il se pourrait qu'il soit simplement présenté ce printemps, qu'il fasse l'objet d'une première lecture, mais pas d'une deuxième avant la fin de l'été. Nous n'avons pas entamé de discussions à ce sujet, et, en toute équité, je pense qu'elle ne le sait pas. Toutefois, si jamais c'était le cas, ce texte de loi pourrait se retrouver devant le Comité. Il n'est pas tout à fait impossible qu'il soit soumis à l'étude du Comité ce printemps, et je dis cela pour la raison suivante: parce qu'en tant que texte de loi, il doit passer par la Chambre, puis par le Sénat. Comme vous le savez, l'une des choses dont le gouvernement se plaint, c'est que le Sénat n'agit pas rapidement. En effet, tous les gouvernements de toute l'histoire de notre confédération s'en sont plaints. Si vous retournez lire les débats des années 1860 au sujet de ce qu'était la situation avant la Confédération, nous avions le Conseil législatif de la Province du Canada, et vous vous rendez compte que ce conseil se plaignait de la même chose au sujet de cet organisme, lui aussi. Ainsi, cette situation existe depuis la nuit des temps, ou au moins depuis que nous tenons les dossiers du hansard.
On s'inquiète légitimement de la possibilité que quelque chose comme ceci se produise: si le Comité et la Chambre ne règlent pas cette question particulière avant l'automne et que la Chambre reprend ses travaux à la mi-septembre, nous allons étudier cette affaire — ce nouveau projet de loi financier — pendant le reste du mois de septembre. Pourtant, si nous ne commençons pas à l'étudier au sein du Comité avant septembre, il serait optimiste d'espérer qu'il sorte de la Chambre des communes avant la fin septembre. Il serait difficile d'imaginer qu'il en sorte avant la pause du mois d'octobre, le congé de l'Action de Grâces. Ainsi, il est maintenant question qu'il revienne à la mi-octobre. Il serait envoyé au Sénat, et les probabilités que ce projet de loi soit approuvé de manière à ce qu'il puisse recevoir la sanction royale d'ici la fin de 2017 sont très minces. Cela signifie que les règles financières, qui sont établies pour l'année civile en cours, demeureront en vigueur pour toute l'année 2018. Alors, je comprends pourquoi elle voudrait faire adopter ce projet de loi rapidement, ce qui signifie qu'il pourrait se retrouver à notre ordre du jour en juin également. C'est un scénario réaliste. Ainsi, trois textes de loi nous seront tous présentés par la ministre Gould, et nous devrons les étudier tous ce printemps.
Je devrais faire un pas en arrière et reconnaître que, en ce qui concerne la recommandation que nous formulons par rapport au projet de loi qui n'a pas encore été rédigé et qui donnerait suite à l'examen de la Loi électorale du Canada, il n'est pas question d'un processus législatif. Il s'agit d'une pratique qui a été adoptée, ici, afin de régler la question de la réforme de la loi électorale. Alors, nous ne tentons pas de faire adopter un projet de loi d'ici la fin de juin; nous tentons de faire mener une étude et de formuler des recommandations, qui amèneront ensuite la ministre à déposer le projet de loi à l'automne. Elle a été très claire à ce sujet lors de la rencontre qu'elle a tenue ici le 10 mars. Elle n'envisage pas le dépôt de ce texte de loi au mois de juin; elle parle de disposer de l'été pour concevoir, à l'aide de ses responsables, un projet de loi qui est le plus conforme possible à nos recommandations. Toutefois, en tant que ministre de la Couronne, elle a droit d'être en désaccord avec certaines des recommandations et de dire: « Je pense que le DGE avait raison de recommander X, alors que le Comité a recommandé non pas X, mais Y », ou bien « Je suis en désaccord avec les deux, et j'adopte autre chose.»
Il est très probable — et je suis certain que c'est le cas, comme c'était la pratique, dans le passé — qu'elle lirait attentivement nos rapports — comme je suis convaincu qu'elle le fait — et qu'elle irait rencontrer avec ses responsables le directeur général des élections et les responsables du Bureau du Directeur général des élections du Canada, supposément, à plus d'une occasion, afin de discuter du fait que la réponse qu'elle est en train de rédiger semble réalisable, de leur point de vue. En fait, en ce moment, il n'y a aucun directeur général des élections, alors ce serait le DGE par intérim.
À mon avis, cela prendrait tout l'été. C'est très facile à imaginer. Alors, la ministre revient, la Chambre reprend ses travaux le 8, le 9 ou le 10 — vers ces dates-là —, et la ministre pourrait présenter ce projet de loi immédiatement à la première lecture. De fait, je suis pratiquement certain que c'est exactement ce qu'il adviendrait de ce texte de loi. Le 10 mars, elle a tenu avec nous... une discussion sur certains des éléments qu'elle tenterait d'obtenir. Il est clair qu'elle espérait que ce projet de loi passe par la Chambre et le Sénat et qu'il reçoive la sanction royale d'ici le 31 décembre afin qu'il puisse, lui aussi, entrer en vigueur... quoique, en toute équité, pour ce qui est du projet de loi, son entrée en vigueur n'est pas aussi importante que la diffusion d'un certain message selon lequel il va entrer en vigueur. Si le Bureau du Directeur général des élections du Canada peut être convaincu qu'il va être adopté, le processus législatif relatif à cette question étant généralement non partisan... Je pense que, concernant un texte de loi technique comme celui-ci, il est probable qu'il sera essentiellement non partisan. Notre rôle consisterait à repérer les erreurs techniques. Nous examinons actuellement un texte de loi conçu par la ministre et son personnel, en collaboration avec le DGE, après avoir effectué un examen et après que le DGE en a effectué un. Il est à supposer que les très gros problèmes ont été éliminés du système, à ce stade, alors espérons que nous pourrons procéder avec une certaine rapidité, à ce moment-là, ainsi qu'au Sénat.
Espérons qu'ainsi, il serait possible pour ce projet de loi d'être adopté avec une certaine rapidité, mais nous devons tout de même l'étudier. L'étude doit tout de même avoir lieu. Nous n'avons absolument aucun contrôle sur la façon dont les choses se déroulent à l'autre endroit. Comme je l'ai mentionné, le fait que nous n'avons actuellement pas de DGE complique un peu les choses. Le processus d'embauche d'un DGE est en cours. Il s'agit d'un processus d'embauche public, qui se déroule à sa propre vitesse, alors il y a là un problème supplémentaire du point de vue de la rapidité avec laquelle le DGE répondra. On peut supposer que le fait de ne pas avoir de DGE permanent, puis d'en avoir un nouveau à un certain moment au milieu de ce processus n'accélérera pas l'adoption par le directeur général des élections et par son bureau des recommandations formulées ici, ce qui nous encourage à accélérer davantage nos travaux. Certes, je pense qu'aucun DGE par intérim ne serait à l'aise de faire entrer quelque chose en vigueur, sachant que le projet de loi n'a pas l'approbation d'une personne qui sera nommée sous peu et qui sera le patron. Si je faisais partie du personnel du Bureau du directeur général des élections du Canada, je ne voudrais pas que cette personne entre et se retrouve devant plein de faits accomplis que le nouveau patron pourrait ne pas approuver, des choses qui l'ont été, dans un sens, afin de pousser cette personne à perdre son pouvoir décisionnel par rapport à ces changements. Voilà certains des problèmes pratiques qui se posent.
Compte tenu de tout cela, de tous ces problèmes qui sont liés à la et à la charge de travail qu'elle nous a attribuée, j'ai rédigé une lettre à son intention pour lui demander comment elle va régler cette situation ainsi que pour l'encourager à envisager de négocier avec certains de ses collègues du Cabinet afin de leur faire changer l'orientation qu'ils adoptent, soit la grande importance qu'ils accordent à l'examen du Règlement d'ici un délai fixé au mois de juin afin que nous puissions régler, de la façon la plus professionnelle possible, les questions que nous étudions et que nous allons devoir régler... la charge de travail qui était déjà lourde, en marge, et qui a, selon la façon dont on la mesure, triplé depuis ce moment-là.
C'est une lettre qui va être envoyée et qui porte la date d'aujourd'hui. Je vais simplement la lire mot pour mot. Je pense qu'il serait utile aux membres du Comité de voir exactement de quoi je veux parler afin qu'ils sachent ce qu'elle va recevoir. S'ils veulent communiquer avec elle — parce qu'ils sont d'accord avec mes propos ou parce qu'ils sont en désaccord —, ils peuvent le faire. Je pense que cela rend la chose pertinente par rapport à nos travaux en cours.
Je vous remercie de l'invitation qui a été envoyée à mon bureau le 3 avril 2017 concernant une rencontre en personne. J'apprécie votre ouverture régulière et continue à l'idée de me rencontrer afin de discuter de votre portefeuille et d'affaires touchant le Comité permanent de la procédure des affaires de la Chambre (PROC). Ces deux éléments sont pertinents par rapport à ma lettre d'aujourd'hui.
Durant votre dernière comparution devant le PROC, le 9 mars 2017...
Monsieur le président, je dois m'arrêter là. Je pense que je n'ai pas arrêté de parler du « 10 mars » concernant la comparution de la ministre . C'était le 9 mars. Il s'agissait d'un jeudi. Le 10 mars, c'est la date à laquelle le document de travail de la ministre a été présenté ainsi que la motion de M. . C'est exact.
Je vais le noter, car je veux revenir sur les dates en ce qui concerne ces documents. Je pense qu'il y a un élément important dont je n'avais pas pris conscience plus tôt dans le cadre de notre discussion, lequel, selon moi, aide à expliquer une partie du problème auquel nous faisons face. Parfois, la main gauche ne sait pas ce que fait la main droite, et cela peut mener à d'autres problèmes en cours de route. Je pense que cela pourrait s'être produit, en l'occurrence, sans que ce soit la faute de quiconque.
D'accord. Revenons à la lettre:
Durant votre dernière comparution devant [le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre], le 9 mars 2017, vous avez demandé au Comité de présenter son prochain compte rendu sur le rapport du directeur général des élections intitulé Un régime électoral pour le XXIe siècle: Recommandations du directeur général des élections du Canada à la suite de la 42e élection générale ...
Je reprends ensuite la citation suivante de la ministre au sujet des comptes rendus:
...« avant l'ajournement d'été, de préférence d'ici le 19 mai, je pense que nous serions bien placés pour faire progresser d’importantes réformes qui permettront d’améliorer le processus électoral pour les Canadiens », notamment grâce à un projet de loi que vous espérez déposer à l'automne qui vient.
Jusqu'ici, le PROC a consacré 16 séances à la production de deux comptes rendus sur le rapport du directeur général des élections. Le 9 mars, quand vous avez demandé [au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre] qu'il présente un autre compte rendu d'ici le 19 mai, [le Comité] aurait normalement disposé de 12 séances supplémentaires pendant lesquelles préparer ce rapport. [Quatre] de ces 12 périodes de séance se sont écoulées sans qu'aucun autre progrès n'ait été réalisé à l'égard du rapport.
Comme j'envoie cette lettre aujourd'hui, je vais devoir changer ce chiffre pour cinq. Voyons voir: est-ce exact? Oui, la séance d'aujourd'hui est la cinquième. Je vais poursuivre:
Pour l'instant, on ne sait pas vraiment combien de séances [le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre] sera en mesure de consacrer à ce rapport ni s'il pourra présenter un compte rendu avant la date que vous aviez demandée.
Je ne répéterai pas mes commentaires. J'attirerai simplement encore une fois votre attention sur ce sujet, c'est-à-dire que je pense déjà que nous devons admettre que le 19 mai est une cause perdue, même si je pense qu'il est encore possible de respecter le délai de juin pour la présentation d'un compte rendu à la ministre, si nous effectuons un certain triage.
Pour en revenir à la lettre:
Cette incertitude est due à des événements précipités par votre collègue du cabinet, la leader à la Chambre, [Bardish Chagger], le 10 mars 2017 et depuis cette date, soit le lendemain de votre dernière visite au [Comité de la procédure et des affaires de la Chambre]. ... Ces événements ont interrompu la capacité du Comité de travailler sur le rapport du directeur général des élections.
La lettre se poursuit ainsi:
À la lumière de la situation qui règne actuellement au [Comité de la procédure et des affaires de la Chambre], je vous écris pour vous demander si vous pourriez donner à [notre comité] des indications quant à un certain nombre de questions, notamment les suivantes:
1. Si le délai du 19 mai pour la production d'un rapport est flexible;...
Je pense en fait que la réponse qu'elle a donnée à cette question, c'était que oui, elle l'était — qu'il s'agissait d'une date de préférence —, mais j'espère que sa réponse donnera une certaine indication du degré de cette flexibilité et du moment qui sera pour elle ce que je considère comme une date limite ultime.
Par exemple, vous avez l'intention d'aller voter à une certaine heure. Vous avez l'intention de le faire au milieu de l'après-midi, mais un événement survient — vous devez amener les enfants à la garderie, puis une autre situation se présente —, mais nous savons tous qu'il y a un moment où le bureau de scrutin ferme. Il s'agit de votre échéance ultime pour aller voter. Eh bien, il y a une date limite ultime pour remettre ce rapport à la ministre. J'espère susciter une réponse précisant quelle est cette date. Ou bien, si elle souhaite donner une réponse plus nuancée au sujet des parties qui devraient arriver en premier — s'il doit y avoir plusieurs dates limites ultimes —, ce serait très bien.
C'était la première question. Je vais poursuivre:
2. Si vous accepteriez tout de même un compte rendu avant l'ajournement de la Chambre pour l'été, comme vous l'avez indiqué;
3. Quelles solutions de rechange vous pourriez proposer afin que vous receviez la rétroaction à temps pour qu'elle puisse être prise en compte aux fins de votre projet de loi automnal;
4. Quel est votre point de vue concernant la façon dont [le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre] devrait classer par ordre de priorité les travaux qui lui sont confiés, ou qui lui seront confiés, dans la mesure où ces éléments sont conflictuels. Les voici:
a. le rapport sur les recommandations du DGE;
b. le projet de loi C-33, qui [au moment de rédiger la présente lettre] est à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre;
c. le projet de loi que vous prévoyez présenter ce printemps sur [le financement des partis politiques];
d. la discussion continue sur les modifications qu'on propose d'apporter au Règlement de la Chambre des communes, à la lumière du document de travail publié par la leader à la Chambre le 10 mars 2017, qui fait actuellement l'objet d'une motion demandant la rédaction d'un rapport d'ici le 2 juin 2017.
Comme vous le savez...
:
C'est exact. La partie subséquente — bien sûr —, c'est qu'il n'a pas été réélu.
Même si cette discussion est intéressante, je pense qu'elle reflète un genre d'élection qui existait au XVIIIe siècle, au Royaume-Uni, qui n'existe plus depuis longtemps dans ce pays ni dans le nôtre, dans le cadre duquel des gens étaient élus à titre individuel et n'étaient pas très étroitement liés à un parti. Les partis en question de cette époque — les Tories et les Whigs — n'étaient pas des partis dans le sens où nous employons le terme. Ce terme était essentiellement... Parfois, le mot qu'on utilisait à sa place était « faction », et il s'agit de la meilleure façon de les comprendre.
C'était un peu comme la façon dont les gens parlent des factions rouge et bleue du Parti conservateur, par exemple. En outre, il a été question à une époque d'une faction Chrétien et d'une faction Martin chez les libéraux. Au NPD, il y a eu le mouvement Waffle et, maintenant, il y a les gens qui appuient le manifeste Un bond vers l'avant et d'autres qui font partie de divers groupes.
Voilà comment les partis étaient perçus à cette époque. Au XVIIIe siècle, le Parlement, en soi, était l'unique organisme décideur. Bien entendu, à cette époque, il était en grande partie indépendant de l'exécutif, et l'exécutif était indépendant du Parlement. Cette fenêtre commençait à se refermer. Vers l'an 1720 ou 1725, il y a eu un premier ministre. Walpole a été le premier, c'est-à-dire le premier ministre à être premier parmi ses pairs, qui se présentait devant le roi pour parler d'une seule voix au nom du Cabinet en affirmant que: « tous vos ministres vous conseillent ainsi ».
Entre parenthèses, c'était quelque chose que le roi voulait. Le roi George Ier était en fait une personne très déplaisante, mais il était aussi très absorbé dans les affaires de son petit royaume de Hanovre, dans le Nord de l'Allemagne. Il menait des guerres avec tous ses voisins, et il a appris qu'il avait été choisi comme roi d'Angleterre, alors il a franchi la mer du Nord, a été couronné et est retourné en Allemagne, où il a passé le reste de sa vie. Il n'y a eu aucune autre participation directe de sa part dans les affaires britanniques.
Quand je suis allé en Australie, les Australiens tenaient un débat sur la possibilité de devenir une république. Les gens disaient qu'il fallait avoir un résident comme chef d'État, qu'il ne peut s'agir d'une personne qui vit à l'étranger, et que les Britanniques ne toléreraient jamais cette situation, si les rôles étaient inversés. Bien entendu, la réponse appropriée était: « Eh bien, en fait, les Britanniques ont été les premiers à vivre une telle situation. Ils ont eu un Allemand comme chef d'État pendant un certain temps. George Ier a en fait été enterré en Allemagne.
Quoi qu'il en soit, le résultat de cette situation a été qu'il n'était pas à proximité immédiate de ses ministres et qu'il ne pouvait pas demander à chacun d'entre eux de lui donner des conseils personnels, alors il a amené un seul ministre à tout regrouper, tous les conseils, et à les lui présenter en un seul bloc. Je veux dire que cette personne, c'était Horace Walpole, mais ce n'est pas exact. Horace Walpole était le neveu du premier ministre. Il est ensuite devenu un célèbre auteur de romans gothiques; on écrivait« Gothick » avec un « k » à la fin. Il a été l'architecte de Strawberry Hill au début de la renaissance romantique de l'architecture gothique.
Le premier ministre Walpole résumait ces choses. Cela ne plaisait pas aux médias. Ils estimaient que, dans le gouvernement classique, qu'ils connaissaient bien, à l'époque, le roi obtenait ses conseils de l'ensemble de ses ministres, puis prenait ses décisions. C'est ainsi que la prédécesseure du roi, la reine Anne, menait ses affaires. Elle avait un certain nombre de ministres sélectionnés à même les diverses factions ou divers partis de la Chambre. Elle prenait ensuite des décisions exécutives fondées sur leurs conseils. L'idée d'un ministre qui rend des comptes au roi, et personne d'autre, était perçue comme une atteinte au style de gouvernement collégial qui existait. Le terme « premier ministre » était en fait lourdement chargé d'opprobre; c'était un terme de désapprobation. Quoi qu'il en soit, à la fin du XVIIIe siècle, cette convention avait été solidifiée, mais les partis en tant que tels étaient encore des organismes officieux. Ils étaient considérés davantage comme des factions que comme des partis.
C'était dans ce contexte qu'Edmund Burke a formulé son commentaire visant essentiellement à répondre à une question au sujet de l'opportunité de retourner consulter les électeurs de Bristol entre les élections pour leur demander leur avis au sujet de ceci ou de cela. Il a adopté une approche qui est différente de la mienne. Il arrive souvent que nous nous retrouvions à agir en tant que députés indépendants, lorsqu'il n'y a aucune discipline de parti à l'égard d'une certaine question et, si on a assez de temps, on peut retourner consulter ses électeurs. C'est quelque chose que j'ai fait à un certain nombre d'occasions, tout récemment sur le projet de loi concernant l'aide médicale à mourir quand j'ai demandé à mes électeurs si je devrais voter pour ou contre le projet de loi. Environ les deux tiers d'entre eux m'ont demandé de voter en faveur du projet de loi.
Il aurait pu adopter une version de cette approche, mais il affirmait ne pas l'avoir fait. Il disait que, ce qu'il avait fait, c'était utiliser sa conscience et son jugement, et plus particulièrement son jugement. Il a affirmé que les gens devraient le considérer comme un juge. Il se rendait au Parlement armé du même sens de l'impartialité et d'un meilleur accès aux renseignements accessibles, chose qui était en fait un argument valide, à cette époque. Il était difficile de faire parvenir de l'information à Bristol au sujet de l'un des grands enjeux de l'heure sans un décalage considérable. La communication allait à la vitesse des diligences qui transportaient les lettres et les journaux, mais ce n'est manifestement pas le cas aujourd'hui.
Dans l'intervalle de 220 ans — pour arrondir — qui sépare l'époque d'Edmund Burke de la nôtre, des partis au sens plus moderne du terme ont vu le jour. Toute l'histoire du début du XIXe siècle, en Grande-Bretagne, c'est le raffermissement des structures de parti, chose qui est vraiment arrivée à sa maturité, selon moi, à l'ère de Gladstone et Disraeli, qui a mené à deux visions clairement définies du pays et du chef des partis respectifs, c'est-à-dire que Gladstone était le chef des libéraux, et Disraeli, le chef des conservateurs, chacun ayant produit un manifeste très clair, comme on les appelait en Grande-Bretagne — ou un programme, comme nous les appelons au Canada. Une compréhension claire a été acquise. Auparavant, à l'époque, il n'était pas certain — quoique la convention était en train de s'établir — que, si vous étiez vaincu à l'égard d'un élément clé à la Chambre des communes, le gouvernement allait tomber, et qu'il serait attendu que le premier ministre donne pour conseil à la Reine de demander la tenue de nouvelles élections. C'est à cette époque que cette structure s'est solidifiée: durant la période Disraeli-Gladstone, qui s'étend des années 1860 aux années 1880.
C'est de là que vient l'idée d'un mandat élaboré: un mandat collectif selon lequel le gouvernement en entier est composé de personnes qui ont été élues en fonction du manifeste ou du programme produit durant les élections précédentes. Ainsi, nous avons élaboré ce qu'on pourrait appeler la théorie du mandat, la théorie au sujet de ce que peut comprendre un mandat.
Faites-vous face à une situation où le gouvernement a simplement indiqué une orientation générale, comme le fait qu'il fera preuve de probité financière ou qu'il aura de petits déficits sans définir ce terme? Ou bien avez-vous des attentes plus détaillées, comme si le gouvernement a dit qu'il détenait le pouvoir absolu de mettre en œuvre sa proposition, mais qu'il ne la formulait pas ensuite, il ne devrait vraiment pas aller de l'avant? Ou bien est-ce que vous disposez d'une certaine liberté dans les domaines où vous n'avez pas formulé expressément de politique?
Je soutiendrais que, lorsque nous examinons cette situation, il y a plusieurs réponses à ces questions.
Tout d'abord, quelle part du vote avez-vous obtenue? Je ne veux pas revenir sans fin sur le débat concernant la réforme électorale, dans le cadre duquel des gens ont fait valoir que les libéraux ont obtenu 39,5 % du vote et 55 % des sièges et, par conséquent, 100 % du pouvoir. Dans les arguments des personnes qui étaient en faveur de la représentation proportionnelle, cela donne à penser qu'ils ont un mandat très limité. On aurait pu dire la même chose au sujet du gouvernement dont je faisais partie, qui a été élu en 2011 grâce à un pourcentage identique du vote.
Par conséquent, on pourrait faire valoir que personne n'a vraiment de plein mandat, mais je ne vois rien qui indique que c'est ainsi que les Canadiens voient la situation. Ils s'attendent à ce que les élus gouvernent. Ils comprennent que ce n'est pas la préférence du parti élu que d'obtenir moins de la moitié des votes; ce sont les résultats obtenus. Évidemment, aucun parti n'affirme qu'il va délibérément tenter de tenir son pourcentage de vote sous les 50 %, alors on ne peut pas blâmer de ne pas avoir obtenu 50 % du vote. S'il avait pu trouver un moyen de le faire, je pense que nous croyons tous que, en toute sincérité, il aurait tenté d'obtenir 50 % du vote. Personne ne va remettre cela en question.
Alors, disons-nous que nous sommes prêts à gouverner comme si notre gouvernement était minoritaire en tout temps, même si nous sommes majoritaires? Je n'ai jamais vu cet argument être présenté. Je pense que la convention, ou la pratique, canadienne, ou bien la compréhension des Canadiens concernant la théorie du mandat, c'est que si vous obtenez un gouvernement majoritaire, chose qui, dans une certaine mesure, est déterminée par le sort — et que, si vous vous en tenez aux 39 % et que vous les manipulez un peu, vous obtenez un gouvernement minoritaire —, il est raisonnable que vous tentiez de donner suite à votre mandat électoral.
Voilà l'idée que formulait la ministre . Elle disait: « Regardez, ce n'est pas un gouvernement minoritaire. C'est un gouvernement majoritaire. Nous détenons la majorité des sièges, et les gens ont voté pour nous afin que nous donnions suite à ce programme. Si c'étaient les conservateurs qui avaient obtenu un gouvernement majoritaire, ils auraient cherché à réaliser leur programme. Aucun d'entre nous n'est censé affirmer que nous mettons notre programme de côté et que nous gouvernons comme si nous n'étions qu'un gouvernement minoritaire. »
Il y a manifestement un vaste écart entre la façon dont on agit lorsqu'on est minoritaire et la façon dont on agit dans le cas d'un gouvernement majoritaire. Ayant été des deux côtés — minoritaire et majoritaire — du gouvernement et ayant été des deux côtés à l'opposition, je peux affirmer sans craindre de me tromper qu'on agit de manières très différentes. L'opposition se comporte de façons différentes, elle aussi. Elle est en fait plus limitée, à certains égards, sous un gouvernement minoritaire, car elle reconnaît qu'elle pourrait renverser le gouvernement; ainsi, elle doit faire attention de ne pas le renverser si elle n'a pas l'intention de le faire. Le gouvernement obtient ainsi un certain degré de liberté lui permettant de dire qu'il va agir d'une certaine manière et que, s'il est renversé en le faisant, il tiendra des élections. Selon la situation dans les sondages, cela peut être un obstacle considérable à la prise de mesures trop enthousiastes de la part de l'opposition.
Je pensais que personne ne comprenait cela mieux que Stephen Harper, qui s'est débrouillé pour gouverner avec deux minorités successives. Si vous regardez l'histoire du Canada, vous allez vous rendre compte que — incroyable mais vrai; ce sont des faits — aucun gouvernement minoritaire conservateur précédent n'avait jamais survécu assez longtemps pour que son budget entre en vigueur. Aucun gouvernement conservateur n'avait jamais produit de budget qui a été approuvé à la Chambre des communes et qui a été promulgué.
Il y a eu des minorités conservatrices, dont une, en 1957, sous Diefenbaker, qui a déclenché des élections de façon inattendue, au début de 1958. Il y a eu la deuxième minorité de Diefenbaker, qui a échoué très rapidement au début des années 1960. En 1962, il a été élu à la tête d'un gouvernement minoritaire et a perdu les élections, en 1963, en raison de son budget, je crois. Il y a eu la minorité de Clark, qui a été renversée en raison de son budget, elle aussi. Après, nous avons tous été éclipsés.
Alors, c'était un accomplissement important. Il y a eu de nombreuses minorités libérales, et la raison pour laquelle elles fonctionnent, c'est que, depuis que nous avons établi la minorité... Avant les années 1920, nous n'avions jamais eu de minorités, mais depuis cette époque, le troisième parti ayant les chiffres les moins importants a toujours été à gauche, de sorte que, si on divise le spectre, il est possible pour les libéraux de gouverner. Cela ne fonctionne pas toujours, mais si vous êtes un acteur politique doué, comme Mackenzie King, par exemple, qui a gouverné pendant toutes les années 1920 à la tête de gouvernements minoritaires et qui n'a pas remporté de majorité avant 1935, il est possible d'y arriver.
En effet, comme l'a souligné Pierre Trudeau, la minorité peut vous permettre de faire passer des parties de votre programme. Si vous faites partie de l'aile progressiste du Parti libéral et que votre propre parti résiste, vous pouvez dire: « Eh bien, nos collègues du NPD exigent ceci, sans quoi ils vont nous renverser; ainsi, nous devons nous déplacer un peu vers la gauche. En fait, il s'est fait un devoir d'insister sur le fait qu'il s'était débrouillé pour atteindre certains objectifs stratégiques durant la période de 1972 à 1974, auxquels il n'aurait pas pu accéder s'il avait obtenu un plus grand nombre de sièges dans un gouvernement majoritaire. J'ai appris cela en lisant l'autobiographie de David Lewis. Il était le chef du NPD durant cette période.
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C'est exact. Cette pratique a un nom, la procédure Simms, du nom de notre collègue , qui l'a lancée. Tout cela tient à une vieille règle selon laquelle rien ne peut créer un précédent si c'est fait avec le consentement unanime des membres, et on peut tout faire avec le consentement unanime des membres.
Nous avons tous accepté, une fois, de permettre à M. Simms d'intervenir de cette manière, et il a été le premier à le faire. C'est un outil utile. Nous avons continué à nous en servir jusqu'au moment où Mme , jeudi ou vendredi dernier — je ne m'en souviens plus — a voulu poser une question à M. . Il était réticent à lui céder la parole même temporairement, jusqu'à ce qu'on puisse lui confirmer que sa question était en fait conforme à la procédure Simms, et il a fallu que M. Christopherson intervienne et fournisse cette information.
Autrement dit, nous avons établi notre propre ensemble de pratiques, ici même, en une série de réunions qui durent depuis seulement trois semaines, et ces pratiques nous permettent de fonctionner et de rétablir efficacement les règles d'un débat parlementaire ordinaire, même si les règles officielles, en fait, ne l'avaient pas prévu. D'un côté, cela témoigne de l'ingéniosité d'un système qui n'a pas en fait de créateur, notre système parlementaire, dont nous sommes tout simplement un petit rameau au faîte d'un arbre qui plonge ses racines dans le premier parlement qui s'est réuni dans l'Angleterre médiévale. Mais nous faisons exactement la même chose et, à notre manière, nous sommes des pionniers.
Cela nous ramène à la période des questions adressées au et aux règles qui s'appliquent à notre période de questions; ces règles sont essentiellement conventionnelles. Ces conventions sont si anciennes que nous n'avons pas à les écrire tant que personne n'essaie de les enfreindre, et alors, de deux choses l'une: ou cette personne fait l'objet d'un opprobre général, les gens s'indignant de ce qu'elle a pu faire, ou nous décidons qu'il vaudrait mieux coucher sur le papier la règle en question. Il n'est pas nécessaire de mettre les conventions par écrit, par exemple en ce qui concerne la période de questions, tant que personne ne désire les changer; on peut les mettre par écrit, mais cela n'est pas nécessaire.
J'imagine que, demain, on discutera de la question de savoir si le devra encore une fois répondre à toutes les questions. La situation sera un peu différente de ce qu'elle était mercredi dernier, puisque nous recevons ce jour-là un invité de marque, qui s'adressera à la Chambre des communes, un événement qui ne se produit que deux ou trois fois pendant une législature. Notre dernier invité du genre était le président des États-Unis. Ce n'est pas une chose qui se produit tous les jours, et cela pourrait changer la nature de la période de questions. Nous verrons bien.
Quoi qu'il en soit, ce que le a montré de façon très spectaculaire, c'est qu'il n'est pas nécessaire de modifier le Règlement pour tenir sa promesse, ce qui nous ramène à la déclaration de la , selon laquelle nous ne pouvons pas laisser l'opposition mettre son veto à une promesse électorale du gouvernement. Mais personne n'a utilisé le droit de veto, car aucune promesse supposant la modification du Règlement n'avait été faite.
Passons au point suivant; je vais citer encore une fois le programme électoral du Parti libéral. Au tout début de la page 30, on lit ceci: « Nous permettrons également au Président de la Chambre des communes de demander des explications aux députés ou de leur imposer des sanctions pendant la période de questions, et nous donnerons plus de temps aux députés de la Chambre pour poser les questions et y répondre. »
Je m'arrête ici pour dire que, en ce qui concerne les sanctions imposées aux députés pendant la période de questions, encore une fois, il n'est pas nécessaire de modifier le Règlement. Le Président a à sa disposition un certain nombre de pouvoirs que les Présidents précédents ont décidé de ne pas utiliser. J'ai commencé ma carrière au Parlement comme simple employé, à la fin du XXe siècle. À cette époque, il arrivait de temps à autre au Président de désigner certains députés qui s'étaient comportés de façon particulièrement dérangeante. Un député ainsi désigné se voyait interdire l'accès à la Chambre tant qu'il ne s'était pas présenté devant la barre de la Chambre pour, essentiellement, implorer son pardon.
Nous ne pensons même plus à la barre de la Chambre, et pourtant, les députés la franchissent toujours. C'est la barre de métal qui est située à l'entrée.
Un député qui a été sanctionné, qui a été désigné, se voit enlever le privilège de représenter la circonscription qui l'a élu et n'a plus accès à la Chambre; il doit demander à l'ensemble des députés de bien vouloir lui permettre d'y revenir. C'est un pouvoir qui existait et qui n'a pas été supprimé.
Voici ce qui s'est passé: le Président Milliken, celui qui a accumulé le plus grand nombre d'années de service — en passant, il fait partie de mes électeurs, il habite dans ma circonscription, Lanark—Frontenac—Kingston, dans la région rurale de Kingston, la magnifique région rurale de Kingston, que je représente —, n'a jamais désigné de député. Il était plus clément, mais, à mon avis, il exerçait son pouvoir plus efficacement. Le Président Scheer a suivi son exemple.
Lorsqu'un membre devenait particulièrement dérangeant, et qu'il chahutait de façon excessive... nous chahutons tous un peu, mais il y a une différence entre chahuter et chahuter de façon à déranger; c'est ce dérangement qui pose problème, le fait qu'un député manque de respect aux autres députés ou à l'ensemble de la Chambre.
Je me souviens d'avoir entendu le Président Milliken le dire très clairement à un député de la Saskatchewan, Jim Pankiw. Vous êtes ici depuis aussi longtemps que moi, monsieur le président, vous vous souviendrez de Jim Pankiw, du Nord de la Saskatchewan.
Il dérangeait, d'une façon ou d'une autre — je ne me souviens pas exactement —, alors le Président s'est levé, a éteint le micro du député et, avant d'en revenir aux affaires de la Chambre, il lui a dit: « Je ne vous verrai peut-être pas, la prochaine fois que vous allez demander la parole. » C'était une façon d'attirer l'attention sur M. Pankiw et aussi sur les représentants. À l'époque, il y avait, dans l'antichambre, des représentants de l'Alliance canadienne. Le Président leur a dit: « Veuillez expliquer à votre député que, s'il se lève, je ferai comme si je ne l'avais pas vu; il ne pourra donc pas participer à la période de questions. Je vais tout simplement faire comme si je ne l'avais pas vu, et vous allez donc devoir revoir votre fonctionnement. » Au bout du compte, il a été renvoyé de la Chambre pour de nombreuses raisons. Il ne pouvait même plus déposer de pétition, pendant toute la période.
M. Pankiw avait donc l'option, qu'il a fini par prendre — je ne sais pas combien de temps il lui a fallu —, de s'adresser au Président, soit à la Chambre même ou, soit, plus probablement, à son bureau, pour discuter avec lui des comportements inacceptables, et il a pu le faire sans subir l'humiliation de se présenter devant la barre de la Chambre et sans faire perdre du temps à toute la Chambre.
Voyez-vous où je veux en venir? Il s'agit déjà pour le Président d'un outil très précieux, et notre Président actuel n'a pas eu à s'en servir, même s'il a laissé entendre qu'il pourrait le faire. Cette seule insinuation suffit. Tout le monde veut jouer, et, pour nous amener à respecter les règles, il suffit de nous laisser entendre que nous n'aurons plus le droit de jouer. Le Président n'a eu besoin que de l'insinuer. Le Président Milliken a dû à quelques reprises prendre des mesures, et cela s'est révélé bien plus efficace que la méthode employée par le Président précédent, qui désignait les gens.
Un député qui est expulsé de la Chambre peut faire tout un plat à ce propos, en disant: « Je représente le peuple. » Mais un député qui se débat et qui hurle pendant qu'il se fait expulser de la Chambre réussit là un coup de publicité très efficace.
Un de mes amis, Terre-Neuvien comme moi, m'a parlé des frasques d'Andy Wells, qui, au bout du compte, si ma mémoire est fidèle, est devenu maire de St. John's. Il était député à la Chambre d'assemblée de Terre-Neuve. Il s'en faisait régulièrement expulser, et, pendant qu'on le traînait hors de la Chambre, il hurlait le plus fort qu'il le pouvait « Le peuple ne sera pas réduit au silence »; cela a fini par devenir sa marque de commerce. Et je connais d'autres députés qui ont agi de la même manière.
Je prétends tout simplement que, si l'on veut pouvoir demander des explications et imposer des sanctions aux députés pendant la période de questions, il n'est pas nécessaire de modifier le Règlement. Ces pouvoirs existent déjà. Il est toujours possible d'expulser quelqu'un, dans la confusion la plus totale. On n'utilise pas ces pouvoirs, parce qu'on a sous la main un scalpel, et les Présidents s'en sont l'un après l'autre servi. Il leur a donné de plus en plus de précision en les aidant à maintenir la discipline.
J'ai quelque chose à ajouter à ce sujet, monsieur le président. J'ai déjà travaillé dans le domaine des médias. J'écrivais des articles pour le Western Report. J'écrivais d'Ottawa des articles pour le Western Report, qui était publié en Alberta. J'écrivais aussi pour le National Post, mais c'est une autre histoire. Il s'agissait d'éditoriaux.
Pour le Western Report, j'avais des articles à écrire. J'avais une heure de tombée à respecter. Je devais produire toutes les semaines un nombre x de mots. Il fallait remplir un certain nombre de pouces-colonnes, comme on disait, peu importe que le contenu soit digne d'intérêt ou non. C'était à refaire toutes les semaines, que dis-je, tous les jours, et, dans le domaine de l'imprimé, l'heure de tombée est loin d'être aussi tranchée que dans le domaine des médias électroniques, où on dispose d'un nombre x de minutes ou de secondes à respecter exactement; si vous voulez en dire plus ou en écrire plus, c'est bien dommage, mais si vous en avez moins à dire ou à écrire, c'est encore pire.
En réalité, tout cela est un véritable lit de Procuste. Et, devant ce problème... Je suis éditorialiste et je dois formuler une opinion intelligente et éclairée, en 800 ou 900 mots, tous les trois jours, deux fois par semaine, une fois par semaine, peu importe. Je ne suis pas certain des délais. Cela dépend de la publication, j'imagine, mais vous me connaissez. Si j'étais Chantal Hébert, Andrew Coyne ou un autre chroniqueur, ce serait là mon travail. Il est difficile de trouver quelque chose à dire chaque fois, alors les journalistes...
J'y arrive. C'est pertinent, monsieur le président. Je dois tout simplement donner le contexte.
Les journalistes rédigent des articles que l'on appelle des articles « froids ». Ces articles sont toujours d'actualité et peuvent être publiés à n'importe quel moment, quand le journaliste n'a rien d'autre à proposer. Le congé des Fêtes est un problème, et les articles « froids » sont utiles à ce moment-là.
Il y a aussi, l'été, une saison morte. Comme les gens desquels on tire de bonnes histoires sont en vacances, c'est une saison morte. Pendant cette période de l'année, le journaliste local n'a pour tout bon sujet de reportage que l'histoire des agents qui ont exigé que quelques enfants démontent le petit comptoir de limonade qu'ils avaient mis sur pied afin d'amasser de l'argent et lutter contre la faim dans le tiers monde, par exemple. Vous savez de quoi je parle, il faut aller à la pêche pour trouver des sujets de reportage, mais vous pouvez aussi en écrire d'avance. C'est ce que fait Steve Martin dans le film Los Angeles Story, dans le rôle d'un présentateur météo qui rédige d'avance ses bulletins, sachant que, à Los Angeles, la météo ne varie jamais.
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Oui, il est temps d'avancer.
Je sais qu'on a parlé précédemment de la question de la confiance, et j'avais dit à ce moment-là que la confiance doit être réciproque. Si tout le monde abordait cette question en toute franchise et que tous les députés pouvaient d'une manière ou d'une autre présenter leurs idées, par exemple, comme dans le précédent débat que nous avons eu au sujet du Règlement, nous pourrions tirer des leçons de ce débat. C'est de cette tâche que notre Comité a été chargé. Notre Comité doit mener une étude sur le Règlement.
Ce serait pour nous le moment idéal de proposer des solutions s'appliquant au Règlement, les solutions présentées par nos collègues ou celles que nous présentons ici, au Comité, ou même celles suggérées par le gouvernement. Il n'y a pas de mal à cela, dans la mesure où se sont de bonnes idées. S'il ne s'agit pas de bonnes idées, nous pouvons aussi en parler, mais il n'y a aucun mal à ce que l'on nous soumette des idées, pour que nous en discutions, puisque ces idées sont celles que le gouvernement voudrait mettre en oeuvre. C'est cela, la participation.
On aurait pu aborder les choses différemment. Supposons que le gouvernement ou la leader à la Chambre nous avaient remis un document de travail sans y intégrer certaines idées comme matière à discussion. Nous n'aurions eu qu'à poursuivre notre travail. Nous avions commencé, mais, quel mal y a-t-il à disposer de quelques renseignements privilégiés ou à avoir une idée de ce qui les intéresse? Il est possible que le Comité ne soit pas d'accord avec ces choses-là. Cela arrive constamment, dans les autres comités également. Les projets de loi sont présentés aux comités. Les comités proposent des amendements. C'est ça, le travail des comités. Vous connaissez l'intention d'un projet de loi, vous savez ce que le gouvernement cherche à faire.
C'est la même chose, même s'il ne s'agit pas ici d'un projet de loi. Il s'agit tout simplement d'un document de travail qui doit nous servir de point de départ. Je crois qu'il est bien que nous ayons cette discussion. J'ai vraiment eu l'impression, hier, d'avoir reçu un avertissement. Si j'avais décidé d'inviter ma famille à s'installer ici, j'aurais fait le mauvais choix, en ce qui me concerne, du moins. À quoi est-ce que ça aurait servi? Vous pouvez bien inviter la famille à participer à un événement, un jour donné, mais les choses peuvent partir en vrille, et c'est difficile. Comment trouver une gardienne à cinq minutes d'avis? Vous êtes en plein travail et vous vous dites, il est 18 heures ou 19 heures, et vous avez prévu de faire quelque chose; comment allez-vous y arriver? Ce n'est pas facile pour les gens qui n'ont pas accès aux mesures de soutien que les parlementaires ont toujours eues. Je ne veux pas dire par là que je n'ai pas beaucoup de soutien. Je ne serais pas ici si je n'en avais pas, mais j'ai tout simplement réalisé, encore une fois, hier, que c'était une situation très difficile.
Je veux servir mon pays. Je veux faire du bon travail. On m'a envoyée ici pour que je vote, et je crois comprendre que, pour voter, il faut être à la Chambre et que nous devons nous acquitter de notre rôle en tant que membres d'un comité. Devons-nous consacrer 24 heures sur 24 aux travaux du Comité si cela se résume à faire du surplace sans rien donner de productif? Je ne crois pas que les Canadiens considèrent que c'est une bonne façon de dépenser l'argent des contribuables. Ce qu'ils veulent, c'est que nous avancions. Qu'il s'agisse des règles de procédure, d'un projet de loi qu'ils ont appuyé lorsqu'ils ont voté, ou encore qu'il s'agisse des brillantes études que mènent les comités, ils veulent que nous terminions les études et que nous présentions des recommandations au gouvernement, et ils attendent de voir si le gouvernement mettra ou non ces recommandations en oeuvre. C'est ça, notre travail en tant que parlementaires, et j'aimerais beaucoup retourner à mon travail et faire ce que j'ai à faire.
Rien ne garantit que l'une ou l'autre de ces mesures se réalisera. Je sais que d'aucuns craignent que ces mesures soient mises en oeuvre. Elles pourraient l'être de toute façon. Quel mal y a-t-il à débattre de ces propositions en comité, puisque les comités ont été créés justement pour cela, débattre des idées et présenter des recommandations? C'est une bonne chose que nous ayons une certaine orientation, que la leader à la Chambre nous ait donné un aperçu de ses réflexions. Cela nous donne un certain objectif, mais rien ne nous empêche d'y inclure toute une série d'autres mesures qui, selon l'opposition, devraient être mises en oeuvre.
Je sais que les membres de l'opposition et tout le monde, en fait, veulent recruter de nouveaux jeunes Canadiens qui se présenteront au nom de leur parti et qui deviendront, comme nous, des parlementaires.
Je sais que les gens disent souvent: « Évitons de parler du vendredi. Où est le problème? Vous pouvez faire un choix. Vous pouvez faire ceci, vous pouvez faire cela. » C'est vrai. Comme le disait un de mes collègues, c'est un choix que je fais souvent. Je choisis de travailler dans mon bureau de circonscription, le vendredi. Vendredi dernier, nous étions ici, et j'ai dû annuler une vingtaine de rendez-vous, et, oh là là! Les gens n'étaient pas contents. Ils pensent que vous ne travaillez pas si vous ne pouvez pas les recevoir quand ils ont à discuter d'un problème d'immigration, d'un problème avec l'ARC, peu importe le service dont ils ont besoin.
Les gens veulent rencontrer en personne leur député. Bien sûr, j'essaie de le faire, et je le fais; j'ai repoussé tous les rendez-vous au samedi, et, le samedi et le dimanche, je devais participer à d'autres événements, j'avais d'autres engagements. C'est la même chose pour nous tous, et nous sommes prêts à le faire, mais est-ce qu'il faudra que ça se passe toujours ainsi? Ne devrions-nous pas pouvoir rencontrer nos électeurs une fois par semaine? Est-ce qu'ils doivent attendre deux ou trois semaines avant de pouvoir nous rencontrer?
Je crois que c'est un travail important, et je crois que le travail que nous faisons ici est tout aussi important. Nous devrions continuer ce travail, je ne crois pas que nous devrions retrancher ne serait-ce qu'une heure. Il existe toutes sortes de manières de changer les horaires, et il y a toutes sortes de propositions. Et, même s'il ne s'agit pas des meilleures propositions qui soient, même si nous pensons que, au bout du compte, nous allons devoir passer ici quatre heures, les vendredis, qu'il n'existe aucune autre avenue qui permettrait à notre Parlement d'avancer, de mettre en oeuvre cette recommandation ou cette proposition, ce n'est pas grave. Nous devons en discuter franchement.
Je ne crois pas que cela convainque qui que ce soit, dans l'opposition, de discuter maintenant de cette question, puisque, au Parlement, tout le monde ne pense qu'à ce qu'il peut gagner ou à ce qu'il peut perdre plutôt qu'à ce qui est bien et à ce qui est mal. J'ai même remarqué que certains parlementaires hésitent parfois à faire ce qu'il conviendrait de faire parce qu'ils ont appris, après un certain temps, que cela n'est pas nécessairement dans leur intérêt. On essaie parfois de faire quelque chose de bien pour les gens, et ça se retourne contre nous. On ne sait jamais. Après un certain temps, on devient un peu plus détaché. On ne veut plus que notre nom soit associé à une chose ou à une autre, de crainte d'être pointé du doigt pour avoir tenu tête à quelqu'un en lui disant: « Mais non, je crois que c'est une bonne idée, même si c'est celle d'un autre parti » ou encore « Je crois que c'est une bonne idée, même si elle a été présentée par un groupe peu reconnu. Je vais me faire son porte-parole, je vais prendre position et parler de ces enjeux, au sein de notre Comité ou d'un autre. » Je crois généralement que nous travaillons réellement bien, ensemble. J'aimerais qu'il en soit toujours ainsi, et j'aimerais que nous laissions de côté les questions partisanes.
Je ne crois pas qu'il s'agisse ici d'une question qui intéresse plus particulièrement les libéraux ou un autre parti. Il s'agit de la question de savoir comment nous pouvons améliorer le fonctionnement de notre Chambre à notre avantage à tous et, en conséquence, comment nous pouvons faire un meilleur travail pour les Canadiens. Ces changements nous permettraient d'en faire tellement plus. De nombreux autres pays ont réussi cela. La question ne devrait pas être partisane, je ne crois pas qu'elle le soit. Je ne crois pas que cela change du tout au tout le fonctionnement de notre Chambre. Je crois que nous pouvons faire du bon travail et qu'il est possible, de temps à autre, d'apporter quelques améliorations ici et là, de modifier notre Règlement, d'apporter d'autres changements... d'en faire un peu plus que ce sur quoi nous nous sommes entendus la dernière fois. La dernière fois, nous n'avons réussi à présenter que quatre recommandations, dans notre rapport provisoire. C'est quand même désolant, quand on sait combien d'excellents témoins ont comparu devant nous, et combien de propositions intéressantes ils ont présentées — je pense par exemple à l'idée d'une chambre parallèle, une idée toute nouvelle, vraiment, que nous étions nombreux à ne pas vraiment connaître —, au bout du compte, nous avons passé la plus grande partie de notre temps à parler des autobus et de choses qui étaient déjà faites et en place.
La Chambre des communes a déjà pris des mesures pour que les députés aient accès aux services d'une gardienne sur appel, rémunérée à l'heure. Je crois que c'était une excellente initiative. Je n'ai pas encore eu la chance d'utiliser ce service, mais certains responsables nous ont affirmé que les services étaient déjà offerts. Ô miracle! C'était l'une des recommandations. L'administration a bien fait de prendre des mesures dans ce dossier. Nous l'approuvons, en tant que membres d'un comité. Je me demandais tout simplement si, advenant qu'il n'avait pas pris cette initiative et mis sur pied ce programme, notre Comité lui-même aurait un jour réussi à formuler une telle recommandation.
Je suis très sceptique. Je ne crois pas que nous aurions pu faire cela. Nous aurions politisé la chose. « Un instant! Qu'en penseront les Canadiens? » Nous n'aurions pas discuté de cette question comme il faut le faire. Je crois que les gens parfois cherchent avant tout à plaire à leurs électeurs ou à jouer avec leurs émotions plutôt que d'être honnêtes avec eux-mêmes quant au véritable sujet de la discussion et d'exposer les deux côtés de la médaille.
On entend partout dire que nous voulons tous une journée de congé. Personne ne veut une journée de congé. Nous voulons travailler pour les membres de notre collectivité. Personne ne veut une journée de congé. Personne ici n'en a. Il est très rare que nous prenions des vacances. De toute façon, je travaille beaucoup moins ici que dans ma circonscription. Ici, je n'ai rien d'autre à faire que de rester assise toute la journée. Aujourd'hui, c'est notre anniversaire. Depuis trois semaines, nous n'avons à peu près rien fait. Est-ce que je pourrais m'en tirer comme ça, dans ma circonscription? Jamais de la vie.
D'une certaine façon, venir au Parlement, c'est un peu comme prendre une pause. Les choses évoluent tellement lentement, nous avons du temps pour réfléchir à divers dossiers, lorsque nous sommes à la Chambre. Peut-être que nous ne participons pas autant aux débats que nous le ferions si les débats étaient structurés de façon qu'il y ait véritablement des échanges, mais ce n'est plus ainsi que la Chambre fonctionne.
Quand j'étais petite, je regardais la période de questions, et j'étais fascinée. C'est très intéressant à regarder, à la télévision. Une fois ici, toutefois, j'ai bien vu comment cela se passait au quotidien — on ne s'entend même pas parler, tout le monde crie —, je n'étais plus aussi fascinée. Quand les gens se déplacent pour venir voir cela, ils ne sont probablement pas trop impressionnés eux non plus. Mais j'ai toujours été impressionnée quand je regardais cela à la télévision. Je crois que c'est un peu ce qui me distingue. J'appréciais, jusqu'à un certain point, les coups donnés et les coups rendus.
Comme j'ai travaillé en tant qu'avocate, j'étais convaincue que les débats étaient... Il faut que les arguments soient fondés sur des faits. Il faut que les arguments soient fondés sur des éléments probants, sur des preuves; autrement, le juge vous rappellera à l'ordre. Vous ne pouvez pas tout simplement, dans une salle de tribunal, présenter des arguments faisant appel aux émotions.
Ça a été à coup sûr un grand changement. Les gens me demandent comment l'exercice du droit peut préparer une personne à la vie au Parlement. Bien sûr, vous acquérez beaucoup de compétences utiles lorsque vous pratiquez le droit — je ne l'ai pas pratiqué très longtemps, mais j'espère bien m'y remettre un jour —, c'est extrêmement différent. Vous acquérez beaucoup de compétences très utiles, mais c'est très différent.
Ce n'est pas comme si vous deviez vous concentrer sur un point pour le réfuter. Il arrive peut-être de temps à autre qu'un bon parlementaire le fasse. À mon avis, pour la plupart des gens, le sujet importe peu; ils veulent tout simplement toucher au coeur des gens, en appeler en quelque sorte à leurs sentiments, plutôt que de présenter des arguments fondés sur des chiffres, des faits et quelques recherches, comme un juge les aurait obligés à faire. J'estime que c'est une norme correcte. Je ne crois pas que ce soit une norme très élevée. Quand vous discutez, vous devriez parler de choses dont vous pouvez prouver la vérité, et cela concerne les deux camps. Cela se passe ainsi, habituellement, dans tous les débats. Les arguments présentés de part et d'autre doivent être valides.
Je maintiens qu'ici, à la Chambre, nous utilisons beaucoup de temps d'antenne à parler, non pas nécessairement de faits, de chiffres ou d'arguments valides, mais, parfois, en cherchant à jouer sur les émotions des gens. Je crois que nous pouvons faire mieux, et le Règlement est un point de départ.
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J'étais dans l'aviation.
J'y ai passé beaucoup de temps. Mon rôle était en réalité de promouvoir le Canada sur la scène internationale de même que les groupes avec lesquels je travaillais. J'ai travaillé en étroite collaboration avec des gouvernements provinciaux ainsi que des groupes de l'industrie, et j'ai eu beaucoup de plaisir. J'ai eu l'occasion de voir des lieux incroyables et de faire des choses que la plupart des gens ne font que lire ou voir sur Internet. Je me sens très privilégié, et cette carrière m'a donné un point de vue différent.
Je ferais sans aucun doute des choses différemment. Je dirai que j'ai souvent choisi de faire passer ma carrière avant ma famille, mon obligation envers les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé primait. Je pense que j'aurais pu faire mieux à cet égard. J'en ai parlé à la Chambre, alors c'est attesté: je repense à la fois où mon beau-frère a été découvert sans vie alors que je mettais mes valises dans mon automobile. Je devais présenter un exposé à Kuala Lumpur, et à un moment où j'aurais dû être avec ma famille, j'ai choisi mon obligation envers les gens de mon entreprise. J'ai serré dans mes bras mon épouse, monté dans l'automobile, pris l'avion et ensuite fait mon exposé à la conférence. Il y a des choses que nous ne pouvons pas refaire.
Ce que je veux dire, c'est que nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous améliorer dans ce que nous faisons et par rapport à la façon dont nous gérons notre vie.
M. Jamie Schmale: On peut toujours faire mieux, mon ami.
M. Todd Doherty: On peut toujours faire mieux. Il ne revient pas qu'au Parlement de faire mieux et de faire les choses différemment, cela nous revient. Je le dis en raison du commentaire qui a été fait selon lequel si nous ne nous modernisons pas, nous ne verrons pas davantage de personnes raisonnables comme Mme Sahota ou nous ne briserons jamais le plafond de verre.
Je cherche toujours des modèles de comportement pour mes trois filles. Je sais que j'ai déjà mentionné cela, mais j'ai trois filles qui ont une volonté incroyablement forte et j'ai toujours voulu trouver des modèles positifs. Je veux qu'elles soient des meneuses. À mon avis, il ne doit pas s'agir nécessairement d'un modèle féminin; ce doit être un modèle de leadership. Je ne veux pas leur faciliter la vie; je désire qu'elles méritent ce qu'elles font. Ce que nous devrions faire, c'est de créer un environnement dans lequel elles peuvent réussir.
Je vais reparler d'une de mes filles puisque nous allons dans cette direction. J'ai une fille adulte qui est handicapée. Elle s'appelle Kaitlyn. Nous ne l'avons jamais traitée différemment. Nous ne lui avons jamais trouvé d'excuses. Elle ne sait pas qu'elle est différente. Nous avons les mêmes attentes pour elle que pour ses soeurs. Elle doit faire ses corvées, à contrecoeur, comme toutes mes filles. Elle doit faire des efforts pour avoir du succès. Elle travaille, et c'est un des meilleurs employés. Laissez-moi vous dire, je suis fier d'elle tous les jours. Elle demeurera avec nous le restant de sa vie. Elle se lève le matin et brave la neige, nous l'amenons en automobile ou encore elle prend l'autobus, mais elle est ponctuelle. Elle a fait des choses incroyables. Elle pourrait être assise ici aujourd'hui, et vous ne sauriez jamais qu'elle est handicapée. Les ordinateurs n'ont pas de secret pour elle, et elle peut faire une tonne de choses, mais le problème, c'est qu'il y en a certaines qu'elle ne pourra jamais faire. Nous savons cela. Nous avons eu besoin de beaucoup de temps, comme parents, pour accepter cela.
Ma fille aînée ne se mariera peut-être jamais ni n'aura d'enfants. Notre difficulté était que... les larmes me montent aux yeux quand j'en parle. En tant que parents, notre travail est non pas de faciliter la vie de nos enfants, mais de leur enseigner les façons de réussir. Il nous revient de les protéger contre les personnes qui essaient de les décourager, qui les attaquent et font ces choses.
Ce que je viens de dire est un préambule à notre discussion sur l'équilibre des sexes et le fait de briser le plafond de verre. Je m'offusque parfois contre cela. Ce n'est pas que je ne crois pas que nous devons faire tout ce que nous pouvons afin de nous assurer d'avoir des femmes fortes en politique. Je vais vous donner la même réponse que j'ai donnée lorsqu'on m'a posé la question à l'époque: il existe des femmes fortes qui feraient des députés fantastiques. Il y en a tout autour de moi. Nous avons des femmes députées à la Chambre qui sont des personnes incroyables. Mes collègues qui sont ici; je suis toujours émerveillé par nos députées qui ont brisé le plafond de verre, monsieur le président, sans avoir eu besoin d'être appuyées.
Je ne veux pas que mes enfants ou d'autres enfants disent qu'ils ont reçu un laissez-passer pour être ici. Nous avons des personnes incroyables des deux côtés qui sont des adversaires redoutables. Je suis désolé, monsieur le président, parce que j'ai emprunté cette voie où... Je voudrais faire un commentaire là-dessus parce que Mme Sahota a dit que si nous ne changeons pas cela, que si nous ne modernisons pas l'institution, nous ne verrons pas davantage de personnes raisonnables franchir ces portes et nous ne briserons jamais le plafond de verre.
Je crois qu'il y a d'autres choses que nous pouvons plutôt faire que d'enlever les débats ou d'imposer une façon de faire sous le prétexte de moderniser le Parlement. Si c'est vraiment l'idée du gouvernement, alors peut-être qu'il aurait dû dire quelque chose parce que je ne crois pas que le document de travail le mentionne, mais j'y reviendrai dans un moment.
L'autre commentaire souligne le fait que le document de travail visait à assurer l'importance du rôle de chaque député. Monsieur le président, je parierais que le rôle de chaque député est déjà important. Il importe de conserver la voix des électeurs qui nous ont choisis pour être leur voix au Parlement et être cette voix, non pas la voix d'Ottawa dans notre circonscription, mais bien le contraire.
Elle a aussi mentionné que nous ne voulons pas que les choses changent. Je crois qu'elle a tort. Encore une fois, c'est une affirmation inexacte. Ce n'est pas que nous ne voulons pas que les choses changent. Je pense, comme mon collègue l'a mentionné plus tôt, ce n'est pas du tout cela.
Certains prétendent que les députés conservateurs ou néo-démocrates ont peur du changement et que nous sommes sur la défensive parce que nous ne voulons pas l'accepter. Ce n'est pas la vérité, monsieur le président. La réalité est que des choses devraient être faites, mais les négociations ou les discussions devraient se tenir dans les deux sens.
Je ramène toujours ça au fait de m'occuper de mes enfants ou de joueurs de hockey parce que je suis également entraîneur. Je suis entraîneur sportif depuis toujours. Si je disais à mes enfants qu'ils ne peuvent pas faire quelque chose, ils éviteraient le problème et iraient trouver leur mère pour voir s'ils peuvent faire quelque chose à leur manière. C'est la question de confiance ici. Nous avons toujours dit à nos enfants que non, c'est non. Mon épouse et moi-même faisons équipe à cet égard.
En réalité, la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, c'est que les députés du gouvernement ont décidé qu'ils allaient présenter un document de travail. Ils ne l'ont pas présenté à l'opposition afin de tenir une véritable discussion. Ils l'ont présenté aux médias en disant: « Entamons une discussion dans les médias. » On a fait fi du respect. Le respect se mérite; ce n'est pas un droit. S'il s'agissait véritablement d'un document de travail, il n'aurait pas été présenté dans le cadre d'un point de presse et ensuite, trois heures plus tard, au moyen d'une motion présentée à un comité pour l'examiner.
Monsieur le président, je suis certain que vous pouvez comprendre pourquoi nous nous insurgeons et faisons preuve de méfiance, mais nous devons remonter peu plus loin en arrière. Parlons de la façon dont nous pouvons miner la confiance. Je reviendrai à la conversation que nous avons engagée cette soirée-là. M. Badawey a dit: « Pourquoi ne pouvons-nous pas seulement tenir cette discussion? » C'était une excellente question.
Je crois que j'ai répondu deux choses. La première tient à la confiance. Nous ne pouvons pas savoir à coup sûr que ce qui est dit fera en réalité l'objet d'un suivi et que nous entamerons réellement une discussion. Encore une fois, vous ne devriez pas avoir à négocier ou à discuter par l'intermédiaire des médias. Je crois qu'il s'agissait d'une des choses qui ont été mentionnées. Cela a commencé par le point de presse et la présentation au Comité. On a aussi dit qu'il s'agissait uniquement de victoire ou de défaite. Je ne suis pas du tout d'accord avec cela. Je crois que, dans l'état des choses, nous nous battons tous pour faire entendre la voix de nos électeurs.
Il a aussi été mentionné que nous n'avons rien accompli depuis trois semaines. Monsieur le président, à nos collègues du Comité et à ceux qui sont présents, je dirais que nous avons accompli beaucoup de choses. Nous avons défendu la démocratie. Nous avons demandé des changements. Nous avons fait exactement ce que nous demandaient les personnes qui nous ont élus: défendre leur voix et nous assurer qu'elle n'est pas réduite au silence. Je crois qu'il est tellement important, tandis que nous allons de l'avant, de ne pas oublier la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui: la confiance.
Au cours de ma pause, monsieur le président, et j'ai examiné la raison pour laquelle nous en sommes à ce point. J'ai fait des recherches, si vous voulez. Il existe de nombreuses façons différentes d'altérer la confiance.
Nous savons tous que le mensonge est le premier comportement qui mine la confiance. C'est aussi la raison principale que donnent les personnes qui croient que leur confiance a été trahie. Nous pouvons faire des choses, toutefois, qui ne nous demandent pas de mentir; nous n'avons pas besoin de tromper ou de manipuler quelqu'un pour miner sa confiance, mais nous pouvons le faire avec des comportements simples, ordinaires et quotidiens. Je crois qu'il était important de reconnaître que chaque gouvernement, député et personne désire être perçu comme digne de confiance. Je crois, pour donner suite aux commentaires de Mme Sahota, que nous désirons tous être en mesure de travailler en collaboration dans un environnement de confiance. Nous voulons fonctionner avec confiance, de manière à ce que si le gouvernement dit qu'il va faire quelque chose, nous puissions lui faire confiance qu'il le fera; pourtant, nous avons constaté que ça ne s'est pas produit à d'autres occasions.
Souvent, nous ne voyons pas l'effet de nos propres actions; nous fonctionnons avec une conscience défectueuse, si vous voulez. Nous pouvons altérer la confiance sans même le savoir, si nous croyons aveuglément que nous connaissons tout mieux que quiconque.
Je veux revenir au commentaire qui a été fait plus tôt sur le document de travail. À la suite de reportages médiatiques sur le document de travail qui a été présenté, la leader parlementaire a dit que plus elle passe du temps à la Chambre, plus elle sent qu'on doit la moderniser. Eh bien, je vais revenir à mon premier commentaire qui montre que je suis loin de n'être un débutant qui a passé 18 mois à la Chambre...
Je ne sais pas si vous l'avez vu ou non, mais souvent, même lorsque je ne suis pas en fonction à la Chambre, j'écoute les débats. Je veux vraiment entendre tous les intervenants. J'ai des suggestions. Je crois qu'il y a des choses que nous pouvons faire mieux, mais je ne suis pas certain que le terme serait « moderniser ». Je n'oserais pas rédiger un document de travail. Je ne suis pas certain que... Même si elle s'attribue le mérite d'avoir rédigé le document de travail, je serais intéressé à savoir si, pour une personne... à moins qu'elle ait étudié les procédures parlementaires dans... Je ne connais pas sa formation, mais je doute qu'elle ait étudié les procédures parlementaires dans son ancienne vie. Peut-être que c'est quelque chose qu'elle a appris en coulisse, alors lorsqu'elle a été élue, elle pouvait arriver et — alléluia — moderniser le Parlement.
Je ne comprends pas. Elle joue un rôle très important, celui de leader parlementaire, et elle a eu en réalité assez de temps pour rédiger un tel document. Je connais mon horaire, pour ce qui est des comités auxquels je siège, des questions que nous examinons et du temps que je dois passer avec mes électeurs. J'ai fait des choses assez incroyables, je crois, en tant que nouveau député. J'ai présenté quatre projets de loi d'initiative parlementaire, dont un à l'aide d'efforts très concertés bénéficiant du soutien de tous les partis.
Je suis très heureux de voir que mon projet de loi C-211 a été adopté unanimement à l'étape de la deuxième lecture. Je crois que nous avons envoyé un message fort à nos braves hommes et femmes en uniforme qui servent notre pays et nos collectivités chaque jour et qui souffrent de TSPT ou de troubles de santé mentale. Je rappellerais au gouvernement que ça trois semaines maintenant que nous avons tous voté de manière unanime, et un comité doit examiner le projet de loi afin que nous puissions faire avancer parce que nous n'avons rien fait, sauf créer en réalité davantage d'espoir.
Voici ce que je veux dire: le document de travail comporte peut-être certaines bonnes choses — et loin de moi l'idée de critiquer certains aspects, et je ne vais pas dire qu'elle est une menteuse, monsieur le président; loin de moi de dire cela —, je ne peux pas croire honnêtement que c'est elle en réalité qui a rédigé le document de travail.
Sur ce, je comprends effectivement les commentaires qu'a faits M. Simms à la Chambre la semaine dernière ou la semaine précédente lorsqu'il a parlé du décalage à cet égard. Il a admis que, en réalité, il avait vu le document de travail au préalable. Nous avons beaucoup travaillé avec M. Simms dans le cadre de notre comité des pêches, dont il est président, et je l'apprécie, tout comme son humour teinté d'autodérision.
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Il y a pertinence. Ce que je dis, monsieur le président, c'est qu'il y a des choses dont nous pouvons nous passer à la Chambre, lorsque nous tenons des conversations avec nos amis sur les pratiques exemplaires, et je crois qu'elles sont très importantes. Lorsque je discute avec Scott ou d'autres collègues sur la façon de traiter telle ou telle question, il y a tant de choses que nous pouvons apprendre.
Je ne sais pas si M. Masse a eu l'occasion de s'exprimer sur la question, il figure pourtant sur la liste... Nous avons eu les interventions de M. Reid et peut-être celles de M. Simms. Je ne sais pas s'il a été en mesure de prendre la parole jusqu'à maintenant... M. Christopherson a parlé, et j'ai écouté attentivement son très long exposé animé, mais mûrement réfléchi. Nous pouvons apprendre des choses de nos prédécesseurs, et je crois que c'est très important.
Je regarde autour de la table et à l'exception des MM. Simms, Masse et Reid et de vous, monsieur le président, je ne sais pas s'il y a beaucoup d'expérience parlementaire.
La valeur que nous avons collectivement en tant que Parlement, c'est celle que représentent nos prédécesseurs, les choses qui ont fonctionné... et non pas le fait de décider que nous y connaissons mieux. Je pense que c'est ce que nous avons vu avec le document de travail. Ce n'est pas tout à fait cela; je crois que c'est en réalité un plan pour aller de l'avant avec certaines choses travesties en document de travail. Le gouvernement a beau dire qu'il s'agit d'un document de travail, mais je ne pense vraiment pas que c'en soit un.
Je vais revenir à la confiance, monsieur le président, parce que c'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous avons vu beaucoup de choses dernièrement. Je vais vous dire que je ne suis pas ici pour défendre des choses qui ont été faites auparavant. Je suis un nouveau député. Je n'ai pas le privilège d'avoir été ici à la dernière législature, mais je peux vous dire ce que j'ai constaté depuis un certain temps.
Je reviens au 17 mai de l'an passé, lorsque les choses ne semblaient pas bien progresser. Le gouvernement a présenté une motion, la motion 6. La façon dont elle a été présentée était très maladroite. Je crois vraiment que c'est à ce moment-là que les choses se sont gâtées. Certains feraient valoir, probablement même dans ma propre équipe, que les choses se sont gâtées bien avant cela. Je crois qu'on a utilisé le mot « draconienne » en parlant de la motion 6.
Je ne suis pas un passionné d'histoire parlementaire, alors je ne peux pas dire avec certitude que ça n'a jamais été fait. Toutefois, je crois qu'on a déjà dit que « cela n'a jamais été fait au cours de l'histoire parlementaire » en parlant de l'imposition de la motion 6. Elle visait uniquement à retirer toute perception de pouvoir de l'opposition. Ce que le gouvernement allait faire, s'il n'aimait pas le déroulement des choses, c'est de nous faire avaler la pilule de force.
Essentiellement, ce que nous avons vu, c'est un M. Trudeau très en colère, qui n'aimait pas la manière dont les choses se passaient, alors il allait nous montrer de quel bois il se chauffait. Peu importe ce qui s'est produit... c'est lorsque le premier ministre a joué du coude... En tout cas, c'était une tempête dans un verre d'eau, mais l'essentiel était que le gouvernement a décidé qu'il allait adopter la motion 6, ce qui allait retirer les pouvoirs ou la perception de pouvoir qu'avait l'opposition. Il allait nous montrer que, si nous ne suivions pas ses règles, il allait seulement, de manière arbitraire, les adopter et nous les imposer.
Monsieur le président, j'ai assisté à l'incident, et on m'a demandé de prendre la parole le jour suivant au sujet de ce que j'avais vu et de l'intention du geste. J'imagine que mes commentaires étaient les suivants: qu'il ne nous revenait pas de décrire l'intention. Comment pourrions-nous connaître l'intention de la personne qui a commis le geste à ce moment-là. Je ne lis pas dans les pensées. Il ne me revient pas de fournir une explication; cela revient vraiment à la personne qui a commis le geste.
Je crois que nous avons vu un certain nombre de choses depuis l'incident qui nous ont vraiment amenés à remettre en question l'intégrité du gouvernement à certains égards. Il ne s'agit pas de mettre tous les députés de ce côté dans le même panier. Nous avons d'incroyables députés qui font partie du gouvernement.
Je reviendrai sur cet élément. Je ne crois pas que Mme Chagger est en réalité l'auteure du document de travail. Je crois qu'il vient d'ailleurs et je crois que les actions que nous avons vues, qui émanent du CPM, font en sorte que les gens ne lui font pas confiance. Nous l'avons même vu dans les médias, où on a beaucoup parlé du gouvernement précédent. Selon les médias, cependant, vous saviez au moins à quoi vous en tenir avec le premier ministre Harper.
Pardonnez-moi, je n'arrive pas à me rappeler la citation exacte, mais une chose demeure vraie: « On ne peut pas faire confiance aux libéraux. » Il ne s'agit pas de mes mots, monsieur le président; ce commentaire vient des médias, qui ont pour la plupart été très indulgents envers le gouvernement. On pourrait faire valoir qu'ils ont été très, très gentils.
Même les gens dans les médias, qui ont été par le passé très favorables, demandent ce qui se passe. Ils remettent également en question le comportement du gouvernement, alors ce n'est pas juste l'opposition. Je penserais que la majorité des Canadiens ne connaissent probablement même pas l'objet de notre débat, mais les médias remarquent en réalité certaines des choses qui se passent.
Selon une des coupures de presse que j'ai en ma possession, l'héritage de M. Trudeau sera l'arrogance. Elle mentionne l'autre élément que je voulais aborder. Ce que nous voyons, avec le document de travail, la motion 6 et certaines des actions que nous voyons chaque jour, c'est qu'il y a un réel mépris pour la Chambre et l'opposition. Il n'existe aucun respect.
Je ne peux pas commenter la situation qui régnait lorsque je n'étais pas ici — je crois qu'on en parlera plus tard —, alors j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Je serai la première personne à admettre nos torts. Je crois que c'est très important. Ce que nous avons vu, du moins de la part du Cabinet du premier ministre, toutefois, c'est qu'on affiche un véritable mépris pour l'opposition. Qu'il s'agisse de la motion 6 ou du document de travail, monsieur le président, « c'est comme ça que ça va se passer ».
Je vous assure que c'est plus ou moins la façon dont on a parlé du document de travail: « Écoutez, nous savons que les médias sont de notre côté — ils nous adorent —, alors ce que nous allons faire... »
Ça s'est probablement passé ainsi: « Je sais ce que nous allons faire. » Ils étaient tous regroupés et ont dit: « Écoutez, nous allons leur faire perdre leur calme. Que pensez-vous de cette idée: nous allons tenir un point de presse, et comme nous sommes sur le point de réformer et d'améliorer les choses, nous allons présenter ce document de travail. Nous allons faire en sorte que le public soit de notre côté, et ensuite l'opposition n'aura pas un mot à dire parce que nous allons lui faire avaler en quelque sorte le document de travail. »
La tactique a échoué et s'est retournée contre le gouvernement, pour la première fois, parce que les médias ne sont pas aussi dupes que nous le pensions; ce sont des personnes très intelligentes et érudites. Elles peuvent voir clair dans le jeu du gouvernement. Je crois que le gouvernement a provoqué une réaction indésirable. Cela témoigne du thème général à la Chambre, lequel ensuite se retrouve au coeur des discussions du Comité.
Vous savez, monsieur le président, si vous et moi étions à bord d'un autobus et que vous me disiez que le ciel est bleu et qu'il semble que des averses s'abattront sur nous plus tard dans l'après-midi, je vous croirais.
Si nous sortions soudainement et que vous me disiez que le ciel est bleu, je dirais automatiquement, non, il est noir. Nous n'avons pas cette confiance. Le lien est brisé. D'une manière ou d'une autre, peu importe la couleur du ciel, le lien de confiance est brisé. Je vais très sincèrement vous dire ceci, monsieur le président. Les gens vont probablement rire. Je suis très fier d'être membre du caucus conservateur, mais je suis probablement une des personnes les moins partisanes que vous rencontrerez à l'extérieur du Parlement.
Vous voyez, je vous ai dit que des gens riraient.
Lorsque j'ai été élu par les bonnes gens de Cariboo—Prince George, c'était un honneur incroyable. Certaines personnes m'ont même dit pourquoi elles n'avaient pas voté pour moi, mais je leur ai dit qu'il n'y avait pas de mal. Qu'elles aient voté pour moi ou non, je représente toute la circonscription. Qu'elles aient voté pour les libéraux, les néo-démocrates — quelle honte — ou d'autres, je représente tout le monde. Les médias disaient: « Wow, le résultat national n'était pas ce que vous... Comment cela sera-t-il possible? Que ferez-vous? Vous serez maintenant dans l'opposition; oh, Dieu nous garde. »
Même si j'ai été déçu du résultat national, j'avais hâte de voir la suite des choses parce que je crois que, si vous parlez à quiconque avec qui j'ai travaillé par le passé, vous verriez que notre meilleur travail, nous l'accomplissons lorsque nous trouvons un terrain d'entente... que ce soit pour l'aviation ou d'autres domaines. Ce n'est pas une question de victoire ou de défaite. Je pense que, dans une relation saine — je suis marié depuis longtemps —, nous avons besoin de faire des compromis et de reconnaître cela.
Le gouvernement a un travail à faire. L'opposition également. Je suis arrivé ici les yeux pleins d'étoiles, rempli de sentiments altruistes et j'ai dit que j'allais tout faire en mon pouvoir pour jeter des ponts et travailler en collaboration. J'avais l'expérience acquise à l'égard de mon projet de loi . Je savais ce que je devais faire. J'étais déçu, mais j'ai vu cela comme une possibilité.
Je crois que nombre de nos nouveaux collègues étaient dans la même situation. Nous avons amené de l'énergie et tous dit la même chose, probablement comme un petit chien. C'est ça qui est fantastique avec les chiots et les chiens. On dit que vous pourriez les enfermer à l'arrière de votre camion pendant une heure et, à votre retour, ils agiteraient la queue et seraient heureux de vous voir. J'ai un grand labrador noir que je ne vois pas aussi souvent que je le voudrais, mais c'est mon choix. Je vous dis ceci, monsieur le président: chaque fois que je reviens à la maison, c'est comme s'il savait que je revenais. Toute la famille lui dit probablement que je suis sur le point d'arriver. Il est très content de me voir et impatient d'aller se promener.
C'était probablement comme ça que nous étions. Les députés expérimentés de nos caucus nous voyaient vraisemblablement comme des personnes aux yeux brillants, excités comme des chiots. Nous avions hâte de nous faire de nouveaux amis, même de l'autre côté.
Laissez-moi vous dire une chose. Je ne crois pas que nous aurions été capables de faire ce que nous avons fait avec mon projet de loi si nous n'avions pas eu le type d'attitude qui nous a permis de travailler en étroite collaboration avec des députés d'en face. Nous avons vu d'autres députés du gouvernement qui avaient des projets de loi d'initiative parlementaire qui ont été adoptés. Le député de Coquitlam—Port Coquitlam, M. McKinnon, a présenté, à mon avis, un excellent projet de loi. Je crois qu'il a donné l'espoir aux Canadiens que nous pouvons travailler ensemble.
Ce que je veux dire, pour revenir à la situation, c'est que je suis devenu un peu frustré. Si je peux le dire, je crois que le m'a laissé tomber, nous a tous laissé tomber, à la lumière de ses actes du 17 mai de l'an passé, et des actes qui ont suivi par la suite. Je m'attendais à mieux. Je crois que c'est également le cas des Canadiens. Je pense, en effet, que les députés de votre propre gouvernement, de votre propre caucus, même s'ils ne disent rien publiquement, diraient en privé qu'ils s'attendaient à mieux.
Effectivement, j'ai conversé avec des députés de tous les partis. En privé, je pense qu'ils faisaient preuve d'une véritable franchise concernant certains de leurs commentaires sur des promesses brisées après l'élection du gouvernement. Je me souviens qu'un député a même dit: « J'ai essentiellement menti, à mes électeurs, sur le pas de leur porte, parce que j'ai cru qu'il s'agissait de quelque chose que nous allions vraiment faire et tenir notre promesse. » Ils m'ont cru. Je crois que les Canadiens, pour la plupart — comme nous l'avons vu, 39 % — ont cru le changement que avait proposé.
Cela me ramène à un autre commentaire que je voulais faire. Il est difficile de gouverner. Cela exige un plan, mais aussi que la personne qui présente le plan, s'il y en a un, ou la personne responsable — je pense que nous convenons tous que, peu importe notre allégeance, il devrait toujours y avoir un responsable — ne gouverne pas avec ses émotions. Il devrait y avoir un leadership appuyé sur des principes et un plan. Je crois que les Canadiens désirent également voir qu'il y a un plan. Nous n'avons pas vu cela. Nous avons vu beaucoup de choses, mais pas de plan réel.
À mon avis, ce que nous voyons dans certaines des manoeuvres improvisées, le remaniement, la nouvelle leader parlementaire et le fait de déplacer les choses, c'est qu'ils ont fait campagne en disant qu'ils avaient un plan, mais il n'y en avait pas en réalité. Peut-être même, monsieur le président, si j'ose dire... je ne crois pas qu'ils s'attendaient à être élus. Ils pensaient: « Voilà ce que nous allons dire, et nous allons voir si les gens nous croient en réalité. » Lorsque leur élection semblait se concrétiser, peut-être qu'ils se sont dit: « Bonté divine. Je crois que nous allons vraiment être élus. Qu'est-ce que nous allons faire? Ne vous en faites pas. Les budgets s'équilibrent d'eux-mêmes, n'est-ce pas? »
Nous avons en quelque sorte démontré que cela ne se produit pas. Nous avons fait des promesses aux Canadiens d'un océan à l'autre et nous avons accompli de grandes choses, mais nous dépensons au-delà de nos moyens. Je crois que c'est là le défi. Ce que nous voyons maintenant, peut-être avec le CPM, c'est que le gouvernement improvise. Il n'a aucun plan, il gouverne donc avec ses émotions.
Je reviens à nouveau sur le document de travail. Je doute fort que ait participé à sa rédaction de quelque façon que ce soit. Elle était peut-être dans la pièce lorsqu'on avançait certaines idées. Je ne sais pas. Je mets seulement des mots dans la bouche des gens. Je laisse parler mon coeur. C'est tout ce que je sais faire.
Je voudrais revenir, si je le peux, sur ce que je disais... parce que c'est pertinent, monsieur le président. Je n'avais jamais participé à un débat avant d'être élu. Je peux argumenter comme les meilleurs députés avec mon épouse. Je perds toujours, ce qui est correct. Je perds toujours également avec mes enfants.
Nous avons engagé un débat. Je pensais que j'étais très préparé. J'avais tous les documents sur toutes les questions qui allaient être débattues et j'étais très préparé. J'étais prêt, comme je le suis ici en quelque sorte. Nous avions l'endroit où le débat aurait lieu, et aucun document n'était autorisé. Vous n'aviez pas le droit d'avoir des documents à l'appui avec vous. Vous deviez vous débrouiller tout seul.
Je n'ai pas honte de dire que j'ai échoué lamentablement. En fait, j'attendais une rétroaction le jour suivant — c'était un des plus grands débats — de ma campagne, et je la connaissais déjà. Comme je l'ai dit plus tôt, je suis mon pire critique, alors j'attendais la rétroaction. J'attendais qu'on me dise: « Vous avez fait une erreur ici; voici ce que vous auriez dû dire ». Elle n'est jamais venue. Le jour suivant, comme vous tous le savez probablement, monsieur le président, de notre propre circonscription, nous avons tenu des débats. Chaque circonscription en a tenu une multitude. Le jour suivant, j'ai participé à trois débats, d'un bout à l'autre de ma circonscription. J'avais besoin de rétroaction. Je voulais savoir où j'avais commis des fautes.
Mon directeur de campagne, à qui j'avais envoyé fébrilement des messages textes, ne m'a jamais répondu. Il a finalement communiqué avec moi le 9 octobre 2015, jour de mon anniversaire, à environ 13 heures. C'était juste avant que je quitte mon domicile pour le troisième débat, et il est arrivé avec une languette adhésive qu'il a collée avec force sur mon bureau. C'est tout ce qu'il a fait, et il est reparti. La note disait: « Laisse parler ton coeur: tu ne te tromperas jamais. »
Je crois que d'autres de l'autre côté ont mentionné à quelques reprises qu'il est important de ne pas se laisser prendre dans des histoires de « ma parole contre la tienne », de victoire ou de défaite. Nous devons laisser parler notre coeur. Tout ce que je sais faire, c'est de dire aux autres comment le faire. Que nous aimions cela ou non, c'est ce que nous faisons à Cariboo.
Vous savez, Cariboo est un endroit merveilleux. Il est incroyable. Je suis très fier de venir de Cariboo. Monsieur le président, c'est un endroit où les gens vous regardent dans les yeux et vous demandent avec sincérité: « Comment allez-vous ». Nous disons « À vos souhaits » lorsque vous éternuez. Nous disons également « Gesundheit ». Nous ouvrons la porte aux gens. J'ai des électeurs incroyables. J'ai travaillé longtemps à l'étranger, comme je l'ai mentionné plus tôt; je représentais ma région partout dans le monde. Je devenais un peu fougueux lorsque nous étions dans une salle de conférence quelque part au pays et qu'une personne me demandait d'où je venais et, après avoir répondu entendu ma réponse, qu'elle me demandait en fronçant le nez: « Comment trouvez-vous cela? » Je vais vous dire, nous avons des gens extraordinaires, le sel de la terre. Nous avons des pionniers qui travaillent dur à Cariboo.
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Je vous en remercie. En réalité, c'est dans mon document. Je vais y revenir.
M. Robert-Falcon Ouellette: D'accord.
M. Todd Doherty: Je veux seulement soulever le point concernant le fait de politiser une question. Vous savez, il y a eu des occasions et des situations où tous les partis se sont exprimés dans les médias et où nous avons mené nos négociations non pas autour de la table, mais peut-être au moyen des médias. Ça arrive parfois.
Je trouve intéressant que ce point ait été soulevé par l'autre côté, le fait de politiser une question, parce que ce n'est pas nous qui l'avons fait cette fois-ci.
Je reviens sur mon commentaire concernant la façon de miner la confiance. Je vais utiliser l'exemple qui suit. Vous êtes vous déjà fâché contre quelqu'un, que ce soit une personne dans votre caucus, ou peut-être quelqu'un d'autre que vous avez côtoyé dans votre vie antérieure, et que, au lieu d'essayer de régler le problème entre vous, vous avez exacerbé le problème en choisissant l'option « répondre à tous » ou en envoyant une copie à tous, à votre supérieur, à celui de l'autre personne ou au patron de votre supérieur? Voilà la façon d'exacerber un problème. J'utilise cet exemple parce que j'affirmerais, respectueusement, que la leader du gouvernement à la Chambre a exacerbé cette question et qu'elle n'avait peut-être pas prévu les conséquences du fait de porter la question à l'attention des médias.
Je reviens au document que j'ai présenté devant le Comité. Vous contournez la personne ou le groupe en question. Vous choisissez d'éluder le problème...
Peut-être que je parle trop. Il me semble qu'on va m'accrocher et me faire taire.
Des voix: Ah, ah!
M. Todd Doherty: Je suis ici maintenant. J'ai attendu.
Laissez-moi vous dire ce qui s'est passé la semaine dernière, alors que je devais être ici. Vous ne vous doutiez pas...
Un député: N'oubliez pas que vous devez aussi nous parler de trois projets de loi.
M. Todd Doherty: Que faisons-nous pour miner la confiance? Voilà une question qui a été soulevée la semaine dernière. Un certain nombre de choses différentes ont miné la confiance. Cela rejoint mon commentaire selon lequel moi-même et d'autres sommes arrivés ici avec les meilleures intentions du monde. Nous n'étions pas désabusés à notre arrivée. Nous ne le sommes pas maintenant, mais le lien de confiance a été brisé.
Cela me ramène au point où j'ai dit que vous contournez toutes les personnes là. Vous choisissez d'envoyer un courriel ou un message texte ou de déléguer à d'autres la tâche de communiquer un message difficile à livrer. Que Mme Chagger l'ait rédigé ou pas, je suis d'avis que cela venait du cabinet du premier ministre et qu'on le lui a remis pour qu'elle transmette le message. Ce n'est pas rien. Vous dites des demi-vérités, utilisez la manipulation des médias, l'esquive, des propos fuyants et des communications qui ne sont pas fondées sur l'intégrité, la franchise et l'honnêteté. Cela a une incidence sur la confiance.
Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Quand un côté est délibérément opaque ou flou et que ses communications sont évasives, il offre un différent type de transparence. Par ailleurs, il y a des propos que nous avons beaucoup entendus au cours des 18 derniers mois. Le gouvernement devait adopter une nouvelle façon de gouverner, ouverte et transparente. Peut-être qu'au fil du temps, même s'il avait les meilleures intentions à cet égard, il n'avait peut-être pas de plan sur la façon d'y arriver, et qu'il improvise au fur et à mesure. Dans notre législature, nous avons une opposition très efficace, une des plus solides que nous ayons vue depuis longtemps. Peut-être que le parti au pouvoir se démène parce que nous avons été très efficaces de notre côté. Mme Duncan hoche la tête. Je crois que c'est peut-être... ou peut-être que...
Quoi qu'il en soit, voici une autre façon de miner la confiance, monsieur le président. C'est de promettre beaucoup et de faire peu. Certains appellent cela du battage publicitaire. D'autres utilisent une formule, qui est d'ailleurs courante dans la circonscription de Cariboo, et qui pourrait se traduire par « grand parleur, petit faiseur ». Le résultat est le même: si vous ne prenez pas vos propos au sérieux, pourquoi une autre personne devrait-elle les croire? C'est ce que nous avons constaté depuis quelque temps.
Encore une fois, le budget 2017 a été déposé...
Vous allez me demander pourquoi je parle de cela, monsieur le président, et me demander si c'est pertinent. Ce l'est, monsieur le président. Quant à savoir pourquoi ce l'est, je vais revenir à la raison pour laquelle, à mon avis, ce document a été présenté à ce moment-là.
Que s'est-il passé le lendemain? Le budget a été présenté. Le gouvernement savait qu'il contenait des points faibles, que ça ne serait probablement pas le budget tape-à-l'oeil qui retiendrait l'attention qu'il souhaitait. Il avait besoin de faire diversion, d'utiliser un écran de fumée si vous voulez. C'était une tactique de diversion.
J'avancerais ceci, monsieur le président. Encore une fois, je ne sais pas si c'est vrai. Qui sait ce qui se passe derrière les portes closes? Ça me dépasse. Toutefois, je suis d'avis que la diversion que constitue la présentation de ce document nous a portés à délaisser la discussion concernant le budget, et le fait qu'il n'est peut-être pas à la hauteur dans certains domaines. De quoi parlons-nous à la place? Nous ne discutons pas du fait que les entreprises en foresterie et dans le domaine du bois d'oeuvre n'ont pas été mentionnées, même pas une seule fois, ni d'un plan pour arriver à une entente sur le bois d'oeuvre, ce qui est très important dans ma circonscription de Cariboo—Prince George.
Monsieur le président, je ne sais pas si vous m'avez entendu parler de ce sujet à la Chambre. C'est pertinent. Plus de 140 collectivités en Colombie-Britannique dépendent de l'industrie forestière. Les membres de ces collectivités attendaient le dépôt du budget 2017 pour savoir connaître le plan d'action du gouvernement, savoir si de l'aide était prévue, comme ils l'espéraient — je ne sais pas quelle forme cela pourrait prendre — ou si des négociations pour arriver à une entente seraient amorcées. Ils n'ont rien vu de cela.
Je sais que vous vous approchez du micro pour m'interroger sur la pertinence, mais faites-moi confiance, tout cela est structuré.
En réalité, ce document a été présenté pour attirer l'attention sur autre chose que les incidences du budget sur les Canadiens. Pendant les trois dernières semaines, ce document a vraiment dominé bon nombre des discussions à la Chambre, et ici, dans notre Comité.
Je reviens au document que j'ai préparé. C'est intéressant, parce que, tout en parlant de la confiance et des raisons pour lesquelles le lien a été brisé, nous cherchons à blâmer les autres. Nous avons beaucoup observé cela. Je ne sais pas si c'était monnaie courante dans les législatures précédentes, ou ailleurs. On entend: « Eh bien, le gouvernement a fait ceci, et les conservateurs ont fait cela, donc nous allons continuer de faire les choses de cette façon » ou « Nous ne sommes pas aussi mauvais qu'eux; si nous ne faisons pas quelque chose, c'est parce qu'eux l'ont négligée ».
Voici ce que j'avance: si vous aviez véritablement un plan pour gouverner, vous ne chercheriez pas à rejeter le blâme sur les autres. Vous n'auriez pas besoin de jouer à ce jeu. Il y a des moments où vous devez diriger, mais il y en a d'autres où vous devez chercher le consensus. Les véritables dirigeants cherchent le consensus. Ils sont vraiment des rassembleurs.
Pensez à certains des meilleurs dirigeants ou entraîneurs que vous ayez connus. Je ne sais pas si vous avez pratiqué des sports, monsieur le président. Comme je l'ai mentionné, j'ai longtemps été entraîneur. Par moment, il faut prendre des décisions, mais vous devez avoir un plan pour atteindre l'objectif, et connaître les étapes à suivre. Ensuite, vous devez créer le consensus quand vous mettez en oeuvre votre plan.
Pour revenir à ce que j'ai dit précédemment, le Règlement fixe les règles du jeu. Vous ne pouvez pas changer les règles de façon arbitraire, parce que vous n'aimez pas ce qui se passe. Il ne vous appartient pas de le faire, d'empêcher les Canadiens de s'exprimer ni de réduire l'opposition au silence, parce que vous n'aimez pas que les membres de l'opposition exercent des pressions sur vous et qu'ils défendent les intérêts des électeurs. Fondamentalement, c'est inadmissible. C'est pourquoi vous nous voyez acculés au mur.
Monsieur le président, je ne sais pas combien d'heures vous avez passées dans ce fauteuil depuis quelque temps, mais si vous cherchez qui blâmer... Je ne crois pas que nous devrions blâmer quelqu'un de toute façon, mais on nous a beaucoup blâmés. Nous faisons notre travail, c'est-à-dire être les porte-parole des électeurs. Je vous renvoie à O'Brien et Bosc, à l'ouvrage intitulé « La procédure et les usages de la Chambre des communes »; cela concerne directement notre discussion.
J'ai mentionné la liberté de parole. Il ne s'agit pas d'avoir le droit de se lever en Chambre et de dire ce que l'on veut. Il s'agit d'être le porte-parole de nos électeurs. Nous nous battons pour faire entendre nos voix et celles de nos électeurs. Selon moi, c'est intéressant quand la leader du gouvernement à la Chambre se lève et affirme que nous pourrions faire avancer les travaux et accomplir de plus grandes choses et de façon plus productive. Je vous dis ceci: mes électeurs s'attendent à ce que je fasse valoir leurs intérêts haut et fort ici, à Ottawa, et que je m'assure que leur voix ne soit pas réduite au silence ni étouffée — c'est ce que l'on constate à la lecture de ce document de travail.
J'ai parlé quelque peu de la façon d'établir la confiance, des manières dont elle a été minée et de la façon dont cela se produit. Je souhaite parler de la façon de faire grandir la confiance. Je crois qu'il est important que les dirigeants qui bâtissent la confiance se fondent sur trois éléments essentiels: tout d'abord, ils accordent leur confiance; ils communiquent de façon efficace; et ils font preuve d'authenticité quand ils sont présents. N'est-ce pas fabuleux? Qu'ils fassent preuve d'authenticité quand ils se présentent. Selon moi, c'est important parce que cela est lié à ce que j'ai dit concernant le mépris à l'égard de la Chambre.
Encore une fois, je ne peux que parler de ce que je connais. Parfois, les membres de l'opposition ont l'impression que la période de questions — ou la période de réponses, comme Mme Duncan aimerait l'appeler — dérange presque le , parce qu'il doit y être, et c'est peut-être le cas pour certains de ses ministres aussi. Ils ont mieux à faire que d'être obligés de rendre des comptes aux citoyens, ce qui, encore une fois, fait partie de notre travail d'élus.
C'est très intéressant. Je reviens à ma remarque sur le fait que les dirigeants fassent preuve d'authenticité quand ils sont présents. Les dirigeants qui bâtissent la confiance se fondent sur trois éléments: ils accordent leur confiance en premier; ils communiquent de façon efficace; et ils font preuve d'authenticité quand ils sont présents. Si nous souhaitons véritablement discuter et tenir des propos pertinents, voici une idée novatrice, monsieur le président. Si nous modernisons la Chambre, que diriez-vous que notre soit présent et qu'il participe vraiment? Voilà une idée nouvelle. Que diriez-vous que nos ministres se présentent? Je ne dirai pas « tous » les ministres, parce que je suis d'avis que certains ministres, comme je l'ai mentionné précédemment, répondent à de grandes questions. Ils n'ont pas besoin de notes pour répondre; ils connaissent assez bien leurs dossiers. Si nous devons nous améliorer, faisons preuve d'une réelle participation. Qu'ils n'affichent pas un air ennuyé, comme si nous leur étions inférieurs. J'aimerais leur rappeler par cet exercice, et par votre entremise, monsieur le président, qu'ils ont déjà été à notre place. Encore une fois, en retournant en arrière, j'ai lu certains commentaires de députés qui siégeaient dans l'opposition auparavant, et certains d'entre eux étaient d'assez bons chahuteurs, si je peux me permettre. C'est étonnant de voir à quel point on peut oublier rapidement ce que c'était d'être dans l'autre camp.
Ensuite, les dirigeants efficaces comprennent que la confiance dans le milieu de travail peut grandir et créer des exemples d'excellence. Cela transcende les éléments de base. Voici une autre façon de faire grandir la confiance dans ce domaine: devenons très bons dans ce que nous faisons. J'ai toujours dit à mon équipe, quand j'étais dans le domaine de l'aviation et quand j'étais entraîneur: « Si tu es un marqueur de buts, soit le meilleur marqueur que tu peux être. Si tu es un batailleur, il est à souhaiter que tu fasses ce qui te rend célèbre, mais sois le meilleur dans ce que tu fais. » Voici mon mot d'ordre: peu importe le dossier sur lequel je travaille, qu'il s'agisse de pêcheries ou du TSPT, sur lequel porte mon projet de loi , je veux devenir un expert dans ce que je fais. C'est le plus beau compliment qui peut m'être adressé.
Voici un exemple. J'étais à l'étranger et rencontrais des responsables de FedEx. J'étais assis en face des vice-présidents de l'entreprise. J'étais un humble gestionnaire canadien dans le domaine de l'aviation et je discutais avec des gens de FedEx.
Monsieur le président, peu importe ce qui se dit en face, c'est à vous que je m'adresse. Peu importe s'ils choisissent d'écouter ou non.
Le plus beau compliment qu'on m'a fait, c'est que je connaissais leur industrie. Je connaissais leur domaine d'affaires et je connaissais très bien FedEx. Je crois que nous devons, comme membres du Parlement, être les meilleurs députés qui soient. Soyons intéressés et pertinents, devenons des experts et excellons dans ce que nous avons à faire.
Pour revenir à mon commentaire précédent sur le fait que, parfois, notre semble peu intéressé, je ne sais pas si c'est la réalité. Je ne le sais vraiment pas. Certains de mes électeurs sont venus ici et souhaitaient le rencontrer. Il a été courtois. Il les a rencontrés ou a pris une photo avec eux et que sais-je encore. En toute honnêteté, il est... je vais rendre à César ce qui appartient à César.
Comme je l'ai mentionné, je ne suis qu'un petit gars de la région de Cariboo, je ne suis pas toujours les procédures. Je ne sais pas toujours ce qui est politiquement correct. J'ai reçu la visite du maire de Prince George ici. Je suis très fier de nos collectivités et je suis fier de les mettre en valeur. C'était drôle, parce que j'ai dit que, ce qui m'importait, ce n'était pas tant qu'il rencontre le , mais que le premier ministre rencontre mon maire. C'était vraiment ce qui m'importait.
Donc, j'ai frappé à la porte. Qui suis-je pour ignorer les gardes de sécurité? Ils m'ont demandé ce que je faisais. Je leur ai répondu que j'étais un député — « —Ne voyez-vous pas ma bague? » et d'autres remarques de ce genre — et je leur ai parlé du privilège et que sais-je encore. Le , et c'est tout à son honneur, a consacré 10 minutes de son horaire chargé pour rencontrer le maire de ma collectivité.
Je ne sais pas s'il est indifférent. Je ne sais pas s'il est... je ne sais pas si ça lui passe par-dessus la tête ou non, mais c'est l'expression qu'on lit sur son visage.
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Oui, certainement, et je pense que cela devrait nous inciter à la prudence.
Prenons différents enjeux. Lorsque nous allons à contre-courant de l'opinion publique et de nos électeurs, c'est souvent à notre détriment. Nous l'avons constaté par le passé pour un certain nombre d'enjeux sociaux. La peine capitale en fait probablement partie.
Cela fait maintenant plusieurs décennies que la peine capitale est officiellement abolie au Canada. Son abolition a été temporaire pendant un certain temps, pendant une décennie, mais elle a été abolie officiellement dans les années 1980.
Même encore aujourd'hui, des sondages montrent que le public manifeste encore un certain appui pour la peine capitale. Le Parlement peut se retrouver, à bien des égards, en dissonance avec le public canadien. Cela ne veut pas dire que le public ne finira pas par nous rattraper; c'est souvent le cas. C'est juste une question de temps. Nous le constatons souvent pour divers enjeux.
Certains collègues ont peut-être lu différents articles d'un dénommé Rainer Knopff, un politicologue qui a souvent écrit avec Ian Brodie, que nous connaissons pour avoir été le chef de cabinet de l'ancien premier ministre.
Ils ont écrit un peu sur le sujet, dans le contexte de la réaction du Parlement aux interventions de la Cour suprême en laissant entendre que le Parlement et la Cour suprême devancent souvent l'opinion publique sur certaines questions sans laisser suffisamment de temps pour que l'idée fasse son chemin dans l'opinion publique. Il nous arrive souvent de brûler les étapes quand nous décidons de nous pencher, à tort ou à raison, sur certaines questions qui suscitent un débat.
Ils font une recommandation à cet égard. Cela nous ramène aussi aux propos d'Edmund Burke sur la position que nous prenons à l'égard de certains sujets et de notre prise en compte des opinions de nos électeurs.
Je n'ai pas honte de le dire. Je ne nie pas que j'ai seulement été élu avec environ 40 % des voix. Je n'ai pas obtenu plus de 50 %, comme M. Richards, dans sa circonscription.
Je reconnais néanmoins que j'ai des obligations envers la totalité de mes électeurs. Aussi difficile cela puisse-t-il être parfois, j'ai le devoir de tenir compte, de mon mieux, de leurs opinions lorsque nous discutons de sujets importants à la Chambre. Comme Burke avant moi, j'attendrai de voir les résultats des élections qui auront lieu dans quelques années pour savoir si j'ai réussi ou non à le faire, mais c'est certainement une considération importante.
J'avais donc ces brefs commentaires à faire au sujet des remarques de Bob Stanfield. Je voudrais maintenant remonter un peu plus loin, à un article de 1978. C'était avant le débat que nous avons eu au sujet des comités Lefebvre et McGrath.
Un certain John Reid était le député de Kenora—Rainy River. Il a fait un discours à l'Université de Victoria, à l'occasion d'une conférence nationale sur le processus législatif. Son discours a été réimprimé dans la Revue parlementaire canadienne, volume 1, numéro 1, de juin 1978. Il était libéral et faisait alors partie du gouvernement. Il a parlé des responsabilités des législateurs, des responsabilités des parlementaires. Il écrit que les responsabilités législatives du député de l'arrière-ban sont très importantes et font partie intégrante de sa vie de tous les jours. Il ajoute ceci:
Si certains députés ont certaines causes, certains intérêts à défendre, il ne s'ensuit pas qu'ils pourront participer activement au processus législatif. Cette expérience éducative constitue, cependant, le sujet d'un autre essai.
Il a parlé du processus législatif et de la façon dont les députés peuvent y participer ainsi que du système de comités. Je soulève la question parce que nous en avons parlé avant.
Si nous examinons tous les rapports que nous recevons et que nous avons lus jusqu'ici, ils décrivent souvent les comités non pas comme une panacée, mais comme une tribune qui permet des discussions approfondies et productives, et qui peut aussi devenir une source de frustration. Il est question ici du système en place à l'époque, avant qu'un grand nombre de changements ne soient apportés. John Reid parle du sentiment de frustration que les députés éprouvent à l'égard des comités. Il insiste sur ce point.
Je sais qu'on en a parlé, de l'autre côté de la table, à propos du processus budgétaire, par exemple. Cela me ramène à ce dont j'ai parlé un peu plus tôt lors en répondant brièvement à cette intervention. L'examen du Budget des dépenses pose un problème depuis de nombreuses années. Il n'y a pas de solution idéale. Les efforts déployés au début des années 1970 pour mettre en place le principe selon lequel un comité est réputé avoir fait rapport du Budget des dépenses ont, d'une certaine façon, facilité les choses pour le gouvernement. L'opposition avait alors donné son accord. C'est tout à fait légitime, sans aucun doute, étant donné que trois grands partis étaient pour. Ils ont choisi cette voie.
J'aborde le sujet car, comme c'est mentionné ici et comme on en a parlé ailleurs, le processus budgétaire représente un énorme défi. Le directeur parlementaire du budget actuellement en poste a reconnu certains des problèmes que cela pose et que le ministre Brison a fait valoir également.
M. Reid — je crois qu'il se prénomme John — parle de l'examen des prévisions budgétaires. Il déclare ceci:
Selon le Règlement, le gouvernement doit déposer ses prévisions budgétaires pour l'année et les renvoyer aux divers comités permanents avant le 1er mars. Les comités ont alors jusqu'au 31 mai pour les étudier. À la fin de ce processus, un projet de loi portant affectation de crédits est déposé au Parlement à la fin de juin, pour fin d'étude et d'adoption. Parallèlement au déroulement du processus concernant les subsides, les partis d'opposition disposent de 25 jours de priorité à la Chambre des communes, répartis tout au long de l'année parlementaire, mais concentrés en mai et juin. Au cours de ces 25 jours, ils peuvent choisir les sujets de discussion. Outre leurs attaques dirigées contre le gouvernement, ils peuvent, et ils le font d'ailleurs, soulever des questions nécessitant une solution d'ordre législatif.
Nous oublions souvent, je pense, que les journées d'opposition, les jours des subsides, les jours désignés, selon le nom que vous leur donnez, sont reliés au processus d'affectation des crédits. Ils sont reliés à l'examen des prévisions budgétaires. Au fil des ans, je dirais qu'on a cessé de les réserver aux subsides pour discuter de politiques et d'enjeux de nature plus générale ainsi que de motions ayant diverses conséquences sur les travaux de la Chambre. Nous nous sommes éloignés de ce genre de choses, ce qui ne veut pas dire que les discussions actuelles ne sont pas utiles. Elles jouent un rôle. Pour revenir à ce que j'ai dit au départ, elles répondent certainement au troisième principe de Frank voulant que le gouvernement rende des comptes. Les jours des subsides, les jours désignés, quel que soit le nom que vous leur donnez, remplissent certainement cette fonction.
Ils font également partie du processus budgétaire. Nous le remarquons lorsque nous arrivons au dernier jour désigné de la période des subsides, lorsque le gouvernement présente un projet de loi de crédits. C'est alors que nous siégeons en comité plénier pendant un certain temps. Nous faisons l'étude article par article du projet de loi. Nous en faisons rapport à la Chambre. Tout le processus législatif se déroule en une seule soirée.
Lorsque nous arrivons ici pour la première fois, nous pensons souvent savoir ce que nous faisons. Ensuite, nous nous rendons compte que nous avons énormément à apprendre. Je l'ai certainement constaté à de nombreuses reprises.
Au cours de ce processus, en général le porte-parole pour le Conseil du Trésor demande au président du Conseil du Trésor si le projet de loi est présenté sous sa forme habituelle. Une fois, peu après l'arrivée au pouvoir du gouvernement, on s'est rendu compte que le projet de loi n'était pas sous sa forme habituelle. Il a été difficile de le faire corriger à l'autre endroit. À ce moment-là, je m'étais demandé quel était le but de cette question. Pourquoi la posait-on? Elle ne semblait pas logique. Pourquoi demander au président du Conseil du Trésor si le projet de loi est sous sa forme habituelle?
Bien entendu, j'ai trouvé quelqu'un qui a pu me donner la réponse. C'était John Holtby, un ami de longue date, un vieil ami du Parlement que je considère comme le meilleur spécialiste du Parlement et de la procédure parlementaire, et qui est un coauteur de la 6e édition du Beauchesne. Il m'a expliqué que le Parlement n'a pas beaucoup l'occasion d'examiner un projet de loi de crédits, parce qu'il le reçoit le jour même. Il fait l'objet des trois lectures le même jour. Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour en discuter, en débattre, ou pour le lire lorsque les trois lectures ont lieu au cours d'une même séance de la Chambre, en une dizaine de minutes. Le Président quitte le fauteuil. Le Vice-président préside le comité plénier et le débat a lieu. Par conséquent, le président du Conseil du Trésor répond par l'affirmative au porte-parole qui lui pose la question pour rassurer la Chambre.
Nous croyons le ministre sur parole. Lorsqu'il dit que le projet de loi est sous sa forme habituelle, nous nous fions à sa parole. Souvent, le président du Conseil du Trésor dit qu'il est sous la même forme que lorsqu'il a été adopté à telle ou telle date au cours du précédent débat sur les subsides. Vous croyez le gouvernement sur parole. Pendant la période des crédits, le gouvernement suit les précédents. Bien entendu, le même processus a lieu au cours de la période des crédits suivante. Nous nous attendons à voir la même chose.
Nous devons relier cela au processus d'examen du Budget des dépenses. Il ne fait aucun doute que nous devons en discuter. Changer simplement le Règlement pour résoudre certains problèmes reliés aux méthodes de comptabilité du gouvernement n'est pas une solution plausible. Ce n'est pas une solution réaliste. Le Conseil du Trésor et les ministres compétents, ainsi que les ministères, devraient commencer par régler les problèmes qui sont les leurs avant de vouloir modifier le Règlement. Si l'on change le Règlement pour le processus budgétaire, cela ne réglera en rien les problèmes internes que le système de comptabilité du gouvernement pose depuis un certain temps.
Je mentionnerais que les prévisions budgétaires permettent aux comités de jeter un petit coup d'oeil sur les opérations d'un ministère. Mme Kwan a mentionné que les sept minutes accordées pour questionner le ministre ne sont pas suffisantes. On reconnaîtra, je pense, qu'on ne peut pas faire une analyse approfondie et poser des questions détaillées en sept minutes. Nous serions certainement disposés à effectuer une analyse plus poussée. Nous pouvons le faire en partie en comité plénier lorsque deux ministères disposent de plus de temps, mais ce n'est pas suffisant.
J'étais au Comité des opérations gouvernementales quand le a témoigné, l'autre jour. Il a notamment proposé que les ministres témoignent à deux reprises devant un comité parlementaire. J'ai trouvé cela intéressant, car cela limite le nombre de fois où un ministre devrait comparaître. En principe, un ministre doit pouvoir comparaître devant un comité à n'importe quel moment, à de nombreuses reprises si nécessaire. Pour le processus budgétaire, en tout cas, je pense que la plupart des comités aimeraient que le ministre soit présent assez longtemps pour discuter des programmes de dépenses de son ministère et de ses prévisions budgétaires.
Dans le cadre de nos fonctions à la Chambre, nous avons également la possibilité d'entendre les ministres sur les questions dont la Chambre est saisie, les projets de loi, les travaux parlementaires et le budget. Je trouve déplorable de vouloir imposer artificiellement une limite de deux comparutions. C'est malheureusement la méthode que le ministre semblait proposer.
Dans cet article, M. Reid parle du Comité des comptes publics. Encore une fois, il s'agit de John Reid, de Kenora—Rainy River et non pas de même si ce dernier aurait, j'en suis sûr, beaucoup à dire, lui aussi, à ce sujet. Nous apprenons beaucoup lorsque nous arrivons ici et j'ai trouvé intéressant que le Comité des comptes publics soit, en fait, présidé par un député de l'opposition. C'est une chose que nous apprenons lorsque nous venons ici. Il y a également deux autres comités, mais je trouve intéressant que le Comité des comptes publics soit présidé par un député de l'opposition. M. Reid écrit ceci dans son article:
Le Comité des comptes publics est un comité qui travaille en étroite collaboration avec le vérificateur général. Les décisions prises par ce comité ont déjà influencé les lois comme par exemple à la suite des enquêtes effectuées après examen du rapport du vérificateur général. Par exemple, le dernier document en date sur les corporations de la Couronne est l'aboutissement direct de l'enquête effectuée par le Comité des comptes publics dans les affaires de l'Énergie atomique du Canada.
Si nous examinons les différents comités, celui des comptes publics est, je pense, l'une des entités les plus spéciales de cet endroit, car il fait beaucoup parler de lui, comme nous l'avons constaté par le passé, lorsqu'il entreprend ses études. Nous avons parlé un peu, tout à l'heure, des questions adressées aux présidents des comités, etc.
J'ai déjà dit que de l'enfance jusqu'à la fin de mes études universitaires, j'ai toujours été un téléspectateur assidu des délibérations parlementaires. Je me rappelle qu'à l'époque des débats qui allaient aboutir au rapport Gomery sur le scandale des commandites, la majeure partie de l'enquête avait été menée selon un point de vue politique par le Comité des comptes publics, sur la base du rapport de la vérificatrice générale de l'époque, Sheila Fraser.
Dans le temps, une des techniques utilisées pour aborder l'aspect comptable de l'enquête était que le chef de l'opposition — Stephen Harper à l'époque — pose des questions au président de son propre comité, qui était John Williams, député d'Edmonton—St. Albert. La tactique avait pour but de publiciser la question et d'attirer l'intérêt du public en se servant du président du comité des comptes publics et du comité lui-même. Cette approche s'est avérée un outil précieux pour l'examen des dépenses du gouvernement et l'analyse des préoccupations soulevées par la vérificatrice générale concernant un élément en particulier.
La tâche du vérificateur général revêt une importance capitale pour le Parlement. Les vérificateurs généraux agissent en toute indépendance par rapport au gouvernement. Ils sont nommés pour 10 ans. Leur mandat n'étant pas renouvelable, ils jouissent d'une grande autonomie dans l'exercice de leurs fonctions. Avec le recul, il est facile de constater qu'au cours des législatures successives, de une, le vérificateur général a eu une très grande influence sur l'entreprise d'études, de deux, les décisions du Comité des comptes publics ont également exercé une influence que je qualifierai de constructive. Les travaux du Comité peuvent mener à d'importants changements dans notre façon de fonctionner — des changements pour le mieux.
Souvent, lorsqu'il soulève une préoccupation, le vérificateur général formule des recommandations que le gouvernement a le choix d'accepter, de refuser ou de modifier. Lorsque le vérificateur général présente des rapports que le Comité a l'occasion d'étudier en comité, on peut voir des améliorations dans la façon de fonctionner du gouvernement. C'est un point qu'il importe de prendre en considération dans notre réflexion sur le rôle du Comité.
D'une certaine façon, je pense que tous les partis — tout dépendant du parti au pouvoir — redoutent le rapport du vérificateur général. Personne ne souhaite être mis sur la sellette pour raison de mauvaise gestion potentielle. Quelle que soit notre affiliation politique, je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que le poste de vérificateur général est crucial pour le fonctionnement du Parlement.
J'aimerais aborder certains autres points. Je vois que minuit approche, alors j'aimerais parler d'une observation que fait M. Reid dans le document de travail. J'y vois un lien avec la discussion entre Mmes Duncan et May vers le début de la réunion, à propos du rôle des partis politiques dans tout le processus.
Dans cet article, M. Reid écrit:
Bien entendu, l'un des principaux domaines dans lesquels un député d'arrière-ban peut exercer une fonction législative est la conséquence directe de sa participation à l'élaboration de la politique de son parti. À certains égards, ce domaine peut représenter la part la plus importante du travail législatif d'un simple député. Je ne me suis pas encore penché sur ce volet des activités d'un simple député. Je n'ai pas non plus abordé la question des entraves à la réforme de la fonction législative; ces entraves sont implicites non pas tant dans la nature du système partisan, mais dans le fait que la Chambre des communes, et dans une moindre mesure tout ce qui en émane, est un champ de bataille entre les partis, voire entre les idées.
On entend souvent dire que la panacée serait l'absence de partis politiques, sauf que cette idée ne tient pas compte du rôle que les partis politiques jouent dans l'élaboration de politiques et dans le processus politique. Mme Duncan a parlé du processus populaire auquel son parti adhère. Notre parti a son propre processus politique. Tous les deux ans, nous tenons un congrès national où nous rencontrons nos membres de toutes les circonscriptions et discutons de l'orientation à prendre sur des questions diverses. Ces discussions inspirent nos travaux parlementaires. Pendant les débats à la Chambre, il n'est pas rare que l'on se reporte à nos documents d'orientation pour revoir dans quelle direction le parti nous a encouragés à aller. Ces congrès nous aident à garder le cap sur les attentes de ceux qui forment la base du parti. Il arrive trop souvent que les partis politiques aient mauvaise presse; on les discrédite, on les présente toujours sous un angle négatif.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela me fait plaisir de pouvoir m'adresser au Comité aujourd'hui parce que mon parti n'a pas souvent l'occasion de le faire. Je sais que mon collègue en avait long à dire et je le remercie personnellement de me permettre d'intervenir à mon tour.
Les députés de mon parti n'ont pas très souvent l'occasion d'intervenir. En fait, notre temps de parole est extrêmement réduit en comité, pour ne pas dire nul. La seule exception à cela fut quand le Comité spécial sur la réforme électorale a permis au Bloc québécois d'y siéger. Outre ce comité, depuis la dernière législature, nous n'avons pu siéger à aucun comité. Cela représente un problème important pour nous, parce que chaque fois qu'un projet de loi est soumis et que nous avons des points à faire valoir, nous ne sommes pas en mesure de le faire ni de suggérer des amendements. Il arrive que nous puissions le faire, mais très fréquemment, nous n'arrivons pas à le faire comme nous le voudrions.
Tout cela cause des problèmes particuliers. Nous sommes des députés au même titre que tous les autres députés à la Chambre des communes, c'est-à-dire que nous avons été élus par les citoyens de notre circonscription. Il y a 11 députés dans cette situation à la Chambre des communes. Non, nous sommes maintenant 12 députés puisqu'un ancien député libéral siège maintenant comme député indépendant.
Nous avons reçu des gens de notre circonscription le même mandat que les autres députés ont reçu des leurs, qui est de les représenter à la Chambre des communes. C'est une injustice parce que nous ne sommes pas en mesure de représenter ces citoyens comme les autres députés le font.
C'est quelque chose sur lequel le Comité devrait se pencher, pour faire en sorte que ce soit pris en compte dans d'éventuelles modifications au Règlement. Il faut que les députés puissent faire valoir leurs points de vue dans tous les comités de la Chambre, et pas seulement dans ceux qui traitent du Règlement de la Chambre et des changements aux règles démocratiques s'appliquant aux comités.
Les règles démocratiques ont été discutées précédemment dans le cadre du comité qui s'est penché sur le changement du mode de scrutin. J'ai apprécié le fait qu'on nous ait manifesté une ouverture et qu'on nous ait permis de prendre la parole pour faire valoir nos points de vue. À mon sens, c'était essentiel. Quand on change les règles de notre démocratie et que des gens ne sont pas invités autour de la table, c'est un déni de démocratie parce que ces gens font partie du processus démocratique.
Dans le cas qui nous concerne, c'est un peu la même chose puisqu'il est question de changements à apporter au Règlement de la Chambre des communes. Il est évident que ce règlement est un élément essentiel du fonctionnement du Parlement. À partir du moment où on change la vie des parlementaires, il est important qu'on entende ce que tous les parlementaires ont à dire à ce sujet. À ce titre, j'apprécie que le Comité nous donne la parole, mais je pense que de nous donner la parole seulement en cette occasion n'est pas suffisant. Il faudrait aussi nous donner la parole à d'autres occasions, en fait, dans l'ensemble des comités.
Je ne pense pas pour autant qu'on devrait instituer une pratique consistant à affecter automatiquement un député à un comité. Nous sommes 10 députés indépendants, puisque vous ne voulez pas nous reconnaître en tant que députés du Bloc québécois. Comme il y a plus que 10 comités, le nombre de députés de notre parti ne nous permettrait pas d'assister à tous les comités. Néanmoins, il faut regarder la possibilité, pour les députés considérés comme indépendants, d'assister à ces comités, peu importe lequel, et d'y participer de manière concrète, qu'il y ait un seul ou 11 députés indépendants élus à la Chambre des communes. C'est un élément essentiel qui permettrait à tout le monde de participer à la vie démocratique parlementaire.
Je suis persuadé que les partis considérés comme indépendants pourraient s'entendre pour décider qui prendrait la place de députés indépendants un jour donné. À titre d'exemple, je suis persuadé que la députée de serait assidue au Comité permanent de l'environnement et du développement durable. Je suis persuadé qu'elle nous laisserait souvent sa place dans d'autres comités. Quand nous aurions des interventions à faire dans des comités qui l'intéressent personnellement, il n'y aurait pas de problème non plus. Je pense que ce serait un élément positif.
Ce serait d'autant plus souhaitable qu'en démocratie, on parle de multiplication des points de vue. Le fait d'avoir le point de vue de tous les partis est encore plus intéressant pour la Chambre et pour l'ensemble des députés.
Nous avons chacun reçu à nos bureaux un document qui a été rendu public. Il s'agit d'un document d'orientation du gouvernement décrivant les changements qu'il souhaite apporter.
Un de ces changements consiste à siéger quatre jours par semaine plutôt que cinq. C'est une avenue intéressante à explorer, mais elle comporte de nombreux risques.
D'abord, il est important que chaque député puisse passer du temps dans sa circonscription, mais il doit aussi en passer suffisamment sur la Colline. Si on décide de siéger quatre jours par semaine, par exemple, cela veut-il dire que les députés considérés comme indépendants vont voir le nombre de leurs questions diminuer? En ce moment, chaque député indépendant a le droit de poser une question par semaine. Le Bloc québécois a 10 députés et il a donc droit à 10 questions par semaine. Ayant un seul député, le Parti vert n'a droit qu'à une question par semaine. Il ne faudrait pas que ces députés perdent la possibilité de poser leurs questions. Déjà qu'ils ne peuvent poser que très peu de questions, ils pourraient en poser encore moins. À mon sens, le système actuel est déjà complètement dysfonctionnel. En ce qui concerne les questions, ce n'est pas normal que les partis ne soient pas reconnus à moins de 12 députés. Qu'ils aient dix, cinq, quatre, deux ou un député, les partis devraient être reconnus.
Dans le document d'orientation qui nous a été remis, il y est beaucoup fait référence à Londres. On donne l'exemple du Parlement britannique qui ne siège pas toujours cinq jours par semaine et où le premier ministre ne siège qu'une fois par semaine pour répondre aux questions, comme ce qui est proposé dans le document d'orientation. Cependant, à Londres, les partis comptant deux députés et plus sont reconnus, alors qu'ici, cela en prend 12 pour qu'ils le soient. En Grande-Bretagne, la population est de 60 millions d'habitants et celle du Canada, de 35 millions. Si on utilise un facteur d'équivalence en termes de millions d'habitants, un parti devrait être reconnu à partir d'un seul député. Si on utilise la pure équivalence du fonctionnement du Parlement britannique, c'est ce qu'il faut faire.
Je ne trouve pas normal que les députés n'aient pas les mêmes ressources. Être reconnu, cela veut dire poser davantage de questions. Dans une période des questions où une centaine de questions et plus peuvent être posées, le parti qui n'est pas en mesure de poser des questions ne peut même pas être inscrit à l'ordre du jour et commenter ce qui se passe un jour donné. C'est absolument essentiel que tous les partis politiques puissent intervenir tous les jours sur des enjeux névralgiques. Il se passe des choses dans la société et quand les députés de ces partis ne peuvent pas être entendus, on n'entend pas du tout leurs points de vue.
Le changement consistant à siéger quatre jours par semaine sous-entend qu'il y aurait plus de semaines où l'on siégerait pour compenser et pour garder le nombre d'heures où le gouvernement siège. C'est quelque chose qu'on peut examiner, mais nous nous demandons ce qu'il adviendrait des semaines de relâche. Cela veut-il dire que les semaines de relâche parlementaire disparaîtraient? Est-ce que nous siégerions plus souvent? Tous les députés doivent avoir du temps pour passer dans leurs circonscriptions, surtout celles dont le territoire est très grand.
Il faut aussi penser aux dates importantes. Il arrive que la date du 24 juin soit un jour de séance de la Chambre, ce que nous trouvons complètement inconcevable comme députés du Québec. Le 24 juin est la fête nationale du Québec et c'est une journée extrêmement importante pour les Québécois. Tous les citoyens québécois s'attendent à voir leur député dans leur circonscription, à le rencontrer, à fêter avec lui et à partager ce moment important. Pour nous, il serait essentiel que la date du 24 juin soit libérée, afin que les députés québécois puissent aller dans leurs circonscriptions. Je suis persuadé que les députés québécois des autres partis seront du même avis. Pour tout le monde au Québec, la fête nationale est une date très importante.
Dans le même document d'orientation, il est question de donner la possibilité aux députés indépendants de siéger aux comités. Cela nous réjouit, mais sachez que siéger aux comités demande aux députés d'y consacrer du temps de préparation. Lorsque ces députés considérés comme indépendants sont invités à des comités, ce temps est exigeant. On dit souvent que le temps, c'est de l'argent. Ces députés ont besoin de ressources financières supplémentaires, car ils n'ont pas assez de moyens actuellement pour se préparer à assister aux comités. Le fait d'assister à des comités entraîne des responsabilités supplémentaires et des ressources financières doivent absolument être accordées en conséquence.
Si jamais il y a une réforme qui permet aux députés indépendants de siéger à des comités ou, encore, à des partis d'être reconnus à différents degrés — par exemple, reconnaître un groupe parlementaire sans reconnaître un parti ou reconnaître des partis à partir d'un plus petit seuil minimal —, il faudrait que les budgets soient également disponibles à partir d'un seuil plus bas. Ce n'est pas vrai que les députés seront en mesure de prendre une plus grande charge de travail sans avoir les ressources financières pour accomplir ce travail. Je pense qu'il s'agit de l'élément le plus important dont nous vous faisons part aujourd'hui: avoir des ressources financières supplémentaires est essentiel.
En ce moment, nos députés au Bloc québécois doivent réduire leurs ressources destinées à leurs bureaux de circonscription pour être en mesure de faire un peu de travail parlementaire. Cela fait en sorte qu'ils ne sont pas sur un pied d'égalité avec les autres députés des partis reconnus. Tous les députés doivent être en mesure de servir leurs citoyens dans leur circonscription sans avoir à amputer leur budget de circonscription pour faire du travail parlementaire. Ce qui se passe en ce moment est très difficile pour nos députés. Je pense que c'est important que tout le monde soit capable de donner un service qui a du sens dans la circonscription et sur la Colline, et ce, tant en ce qui a trait aux cas (ou dossiers) de circonscription qu'aux travaux parlementaires.
Dans le document, il y a aussi un point qui parle du vote électronique. Nous regardons cela avec un certain intérêt. Toutefois, il semble y avoir une certaine ambiguïté quant à savoir comment s'appliquerait ce vote électronique. Il est écrit que les députés pourraient continuer de travailler dans leur circonscription tout en effectuant un vote électronique ou en continuant de travailler à la Chambre. Nous nous demandons de quelle façon des mesures de sécurité pourraient être mises en place pour que le député qui se trouve dans sa circonscription puisse avoir le bon contexte lui permettant de voter pour ou contre un projet de loi. Comment pourrait-on faire pour s'assurer que le vote du député est fait par le vrai député? Par exemple, ce n'est pas normal que quelqu'un en déplacement vote sans qu'on puisse vérifier son identité. Je pense que les systèmes de sécurité doivent être bien fiables. Il nous faut vraiment la preuve que ce serait concret et efficace.
Qu'on le veuille ou non, il y a une histoire qui explique la façon dont nous votons en ce moment. L'histoire derrière la manière dont le vote se fait présentement est un symbole important pour beaucoup de gens. Si un changement est apporté à la façon de voter, je pense qu'il serait important qu'à certaines occasions importantes, comme un vote sur le discours du Trône, sur le budget ou sur d'autres éléments comme ceux-là, il soit permis de voter de façon traditionnelle. Cela fait partie de la tradition et de l'histoire, tout comme l'habillement des pages, du Président de la Chambre ou de certains fonctionnaires. Le vote de façon traditionnelle devrait continuer de pouvoir se faire à certaines occasions importantes.
Nous n'avons pas terminé de nous faire une idée sur le fait de siéger quatre jours par semaine, mais nous manifestons une ouverture à cet égard, tout comme sur le fait de voter de façon électronique. Je pense que c'est important d'en parler et que c'est une bonne idée de soumettre cette idée à ce comité pour en discuter, aujourd'hui.
Il y a toutefois quelque chose qui nous inquiète dans le document présenté. C'est au sujet de l'attribution de temps. Il semble y avoir une possibilité pour le gouvernement de recourir plus facilement à des attributions de temps, c'est-à-dire de faire en sorte que la Chambre soit forcée de se positionner sur certains enjeux et de couper court aux débats qui ont lieu, tant à la Chambre que dans les comités. Nous avons une inquiétude par rapport à cela parce que, selon la manière dont les choses fonctionnent présentement, il y a énormément de projets de loi sur lesquels nous ne sommes même pas en mesure de prendre position ou de débattre à la Chambre. Cela est également un problème.
Dans d'autres parlements du monde, je pense à l'Assemblée nationale du Québec par exemple, à partir du moment où il y a un seul député qui veut prendre la parole, il a le droit de le faire. Il peut s'exprimer sur tous les projets de loi qui sont présentés et sur tout ce qui est discuté.
Nous ne trouvons pas normal de ne pas être en mesure de nous exprimer. S'il y a un projet de loi qui est déposé, c'est important que tous les députés soient entendus. À 10 députés, ce n'est pas vrai que nous formons un groupe au nombre insuffisant pour être en mesure de nous exprimer. Il y a des groupes parlementaires composés de 12 députés. Avec deux députés additionnels, ils sont en mesure de s'exprimer sur l'ensemble des sujets alors que nous, avec 10 députés, nous ne le sommes pas. Il y a quelque chose qui ne fonctionne tout simplement pas dans cette façon de faire, en ce moment. C'est important que des modifications soient apportées à ce sujet. S'il est plus facile de recourir à des attributions de temps, nous craignons que celui nuise aux députés qui, comme nous, ont déjà de la difficulté à faire valoir leur point de vue dans le cadre des débats.
Traditionnellement, nous avons toujours voté contre ces attributions de temps parce que nous trouvons que c'est une façon pour le gouvernement de couper court aux débats.
Nous trouvons que couper court aux débats est dangereux. En effet, il est important que les députés soient en mesure de faire valoir leurs points de vue. Il y a 338 députés à la Chambre des communes et je pense que si 338 personnes prennent la parole sur un projet de loi, ce n'est peut-être pas la fin du monde. Il est même intéressant de prendre connaissance de la vision de chacun des députés à la Chambre sur chacun des projets de loi.
Vous savez, certains proviennent peut-être du même parti, mais cela ne veut pas dire qu'ils ont le même point de vue; les gens votent avant tout pour un député. C'est ainsi que fonctionne notre système et il est important qu'on le reconnaisse encore aujourd'hui.
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Nous avons de fortes inquiétudes en ce qui concerne l'attribution de temps. En effet, ce n'est pas une question qu'il faut prendre à la légère. Quand on bâillonne des parlementaires, c'est qu'on veut les empêcher de s'exprimer. Or nous sommes élus au Parlement précisément pour être en mesure de nous exprimer. Nous avons donc de sérieux doutes sur l'usage du bâillon et nous avons bien hâte de voir quelle forme cela va prendre. C'est un instrument dangereux à l'égard duquel il faut user de prudence. La démocratie consiste à donner à chacun la possibilité de s'exprimer. Or, le fait d'empêcher les gens d'exprimer leur avis sur des enjeux nuit directement à la démocratie.
Par ailleurs, nous notons dans le document que le gouvernement est préoccupé par le fait que le traitement des motions a parfois comme effet de modifier l'ordre du jour qu'il a établi lui-même ou, à l'occasion, que les autres partis ont établi. À mon avis, il est important de maintenir la possibilité de traiter de telles motions. Lorsque, dans l'actualité, des situations urgentes surviennent, il est important que le Parlement soit en mesure de s'en saisir. Il peut s'agir d'un attentat terroriste ou d'une crise alimentaire majeure, par exemple. Il y a une foule d'urgences dont le Parlement doit pouvoir discuter.
Ces situations ne conviennent pas toujours au gouvernement, mais il faut néanmoins que le Parlement puisse se saisir de ces questions. En outre, l'opposition doit pouvoir mettre le gouvernement sur la sellette, à l'occasion. Cela fait partie du rôle du Parlement et des partis de l'opposition. Cela ne veut pas dire que l'opposition ne fait pas du bon travail. Je pense au contraire que le fait de mettre parfois le gouvernement sur la sellette indique que l'opposition joue bien son rôle. En effet, le gouvernement se doit d'être transparent en tout temps et l'opposition doit l'aider à respecter cette obligation.
Dans ce document, on parle aussi de la possibilité que le premier ministre ne soit présent qu'une fois par semaine à la Chambre, ce que nous considérons problématique. Un siège lui est réservé à la Chambre. Nous comprenons qu'en certaines circonstances, il ne puisse pas y être, mais la période des questions ne dure qu'une heure environ. Il y a 24 heures dans une journée et 5 jours ouvrables dans une semaine. Or je crois que, dans le cas du premier ministre, être présent à la Chambre cinq heures par semaine n'est pas exagéré. C'est très peu par rapport au nombre d'heures que compte une semaine. Je pense que le premier ministre doit rendre des comptes et que, pour une question de transparence, il doit aussi être présent à la Chambre. À mon avis, les ministres doivent eux aussi y être le plus souvent possible. Il arrive très souvent que les ministres ne soient pas à la Chambre. Or les questions ne sont pas toujours adressées au premier ministre. Elles sont souvent posées aux ministres.
J'aimerais maintenant parler des projets de loi émanant des députés, les projets de loi d'initiative parlementaire. Les partis présentent des motions, mais ils présentent aussi des projets de loi. Les députés qui sont considérés indépendants peuvent également présenter des projets de loi. Tous les députés suivent passablement le même processus. Or très peu de temps est attribué pour débattre des projets de loi d'initiative parlementaire. Nous croyons qu'il devrait y en avoir davantage et que c'est important. Les partis et le gouvernement pèsent lourd dans la balance, mais les projets de loi d'initiative parlementaire doivent aussi être entendus. Ils soulèvent parfois des questions importantes et peuvent permettre des avancées significatives.
Les projets de loi ne sont pas toujours partisans. Évidemment, tous les députés ont leurs idées et celles-ci sont généralement conformes à celles de leur parti. Il est donc normal que cette tendance se reflète dans les projets de loi d'initiative parlementaire. Cela ne signifie pas pour autant que ces projets de loi ne sont pas intéressants et qu'ils ne méritent pas d'être débattus. À mon avis, il faudrait augmenter le montant de temps accordé pour les débattre. C'est d'autant plus important que les députés ne peuvent pas en déposer beaucoup.
Pour ma part, je ne serai probablement pas en mesure d'en déposer un seul au cours de tout mon mandat, étant donné que j'ai obtenu un chiffre supérieur à 200 lors du tirage au sort. Je n'aurai pas cette possibilité, bien qu'il s'agisse de mon premier mandat. Ce sera peut-être le seul, d'ailleurs, même si je ne le souhaite pas. Il n'empêche que si c'est mon seul mandat, j'aurai été député pendant quatre ans sans pouvoir faire débattre un seul projet de loi à la Chambre. Je trouve que ce n'est pas normal et que cela ne devrait pas exister. C'est néanmoins le système avec lequel nous devons composer présentement.
Le fait que les votes se déroulent souvent dans la journée est une autre chose qui nous préoccupe beaucoup. Un député a beaucoup de travail et il doit souvent travailler à son bureau, à Ottawa, pendant la journée.
Par ailleurs, les votes ont lieu de façon sporadique. Tout de suite après la période des questions, nous retournons à nos bureaux pour nous apercevoir régulièrement qu'il y a un vote et qu'il nous faut retourner à la Chambre. Parfois, nous pouvons passer une journée complète sans être en mesure de travailler sur nos dossiers.
Évidemment, pour les partis qui comptent plus de députés, ce n'est pas grave puisqu'ils ont un personnel nombreux, une véritable armée. Plusieurs fonctionnaires travaillent derrière eux.
Cependant, dans le cas des plus petits partis, les députés doivent faire plus de travail. Quand il y a cinq, six, huit ou dix votes dans la même journée, qui ont lieu à des moments dispersés, nous passons nos journées à faire des allers-retours entre nos bureaux et la Chambre. Nous ne sommes donc pas en mesure de travailler à nos dossiers de circonscription et à nos dossiers parlementaires. Comme nous avons moins de ressources, nous sommes plus pénalisés que tous les autres. Il serait donc important de penser à ces députés lorsqu'on aménage les choses. Je ne sais pas exactement comment les choses pourraient être aménagées, mais je pense qu'il est important d'être en mesure de mieux planifier la journée pour les députés parce que tout le monde a du travail à faire.
Parfois, nous rencontrons des citoyens, des groupes et des représentants d'organisations au Québec qui partent de nos circonscriptions. Cela peut être une association de producteurs de poulets, une association de producteurs d'oeufs ou une association d'éleveurs de porcs. Toutes sortes d'associations pourraient vouloir venir nous rencontrer. Nous prenons rendez-vous avec ces représentants d'associations et ils s'attendent à nous rencontrer. Lorsqu'il y a des votes à tous les moments de la journée, il n'est pas facile d'avoir des rencontres productives avec eux. Il faudrait être en mesure de planifier plus facilement notre emploi du temps, ce qui serait intéressant. Il reste à voir comment cela peut se concrétiser en réalité, ce que nous avons hâte de voir.
C'est la même chose pour les gens qui répondent aux questions. J'ai mentionné plus tôt que le premier ministre devrait être plus souvent présent à la Chambre afin de répondre aux questions. Nous pensons que l'obligation de répondre aux questions ne devrait pas s'appliquer uniquement au premier ministre. Je pense que les ministres, aussi, ont le devoir d'être présents à la Chambre pour répondre aux questions. Très souvent, la réponse provient d'un secrétaire parlementaire. Beaucoup de secrétaires parlementaires sont certainement dévoués et intéressés par les dossiers qui leur sont attribués, mais, qu'on le veuille ou non, ils ne prennent pas les décisions finales. En fin de compte, le ministre prend les décisions, il est responsable. Le ministre doit donc être en mesure de répondre aux questions des députés quand elles s'adressent à lui. Je pense que c'est la base.
Je ne sais pas si un mécanisme pourrait forcer la personne interpellée à répondre à la question. Souvent, des gens qui ne connaissent pas du tout le dossier répondent aux questions en lisant simplement une feuille, ce qui ne fait pas avancer le débat. Les réponses n'aident personne à mieux comprendre le dossier. Nous sommes donc obligés de poser la même question cinq, six, huit, dix ou vingt fois et, chaque fois, nous obtenons une réponse avec difficulté. Si nous obtenons difficilement une réponse du ministre ou du premier ministre, imaginez ce que c'est lorsqu'un autre député ou un secrétaire parlementaire nous répond. Nous espérons toujours qu'il donne une bonne réponse, ce qui arrive parfois, mais je pense qu'il est important que le ministre soit présent.
De plus, il serait important que ce règlement stipule que les ministres doivent, eux aussi, passer un minimum de temps à la Chambre. Ce règlement ne devrait pas s'appliquer seulement au premier ministre.
Cette semaine, nous avons aussi parlé de ce qu'on appelle les projets de loi omnibus. C'est revenu sur le tapis. Comme on le sait, l'ancien gouvernement était un spécialiste de ces projets de loi, mais nous découvrons que le gouvernement actuel a aussi un amour particulier pour ce type de projets de loi.
On se rappelle du projet de loi . On y a découvert une mesure qui touchait plus particulièrement une loi sur la protection du consommateur. Cela aurait soustrait les banques à cette disposition. Nous trouvons que c'est inadmissible. Il devrait y avoir une restriction sur les projets de loi omnibus pour faire en sorte que, quand on touche un thème ou un ministère différent, un projet de loi différent soit obligatoirement proposé. Il n'est pas normal d'avoir des projets de loi qui touchent 200, 300 ou 500 thèmes différents.
J'ai mentionné plus tôt qu'un plus petit groupe parlementaire a moins de ressources et qu'il est plus difficile de passer en revue la totalité d'un projet de loi. Imaginez si un projet de loi fait 200, 300, 400 ou 600 pages; dans le cas qui nous concerne, avec moins de ressources, il est beaucoup plus difficile non seulement d'avoir une position éclairée et complète, mais aussi de trouver les éléments du projet de loi qui intéressent les gens de nos circonscriptions. À partir de ce moment, je pense qu'il serait essentiel qu'il y ait une limite à l'épaisseur des projets de loi.
Je ne sais pas comment une telle chose peut se faire parce que, parfois, certains projets de loi sont complexes. Au moins, il devrait y avoir des façons de comprendre la teneur des projets de loi. De petites pilules empoisonnées ne devraient pas non plus être glissées un peu partout dans le projet de loi parce que c'est de là que vient le problème. Les petites pilules empoisonnées glissées un peu partout dans le projet de loi ne créent pas une meilleure image pour le gouvernement parce que quand on trouve ces pilules empoisonnées et qu'on en parle au public, la population n'est pas heureuse et le gouvernement est mis sur la sellette. Donc, le gouvernement, à la base, ne devrait jamais faire de telles choses.
En ce qui a trait aux débats à la Chambre, il est présentement difficile, comme je l'ai mentionné, de prendre la parole sur des projets de loi. Il arrive même dans certaines occasions qu'on ne puisse pas du tout prendre la parole. Il existe une procédure pour séparer le temps de parole des parlementaires, c'est-à-dire de séparer les 20 minutes en deux tranches de 10 minutes — nous trouvons cela intéressant — mais il y aurait aussi lieu de séparer la période de 10 minutes en tranches de 4 ou de 5 minutes, de manière à aider les parlementaires des plus petits partis à prendre la parole. Encore là, il serait important que plusieurs personnes prennent la parole.
Il reste aussi un point à régler relativement à la prise de parole: il est important de pouvoir aussi poser des questions à quelqu'un qui intervient dans un débat. Je vous soumets cette question bien humblement. Je pense qu'il faut y réfléchir. Je cherche des moyens de donner le plus de temps de parole possible à tous les députés. En fait, en 20 minutes, il arrive parfois qu'on se répète, mais peut-être qu'on serait plus concis en 10 minutes. Alors, si on donne à plus de personnes l'occasion de parler, la discussion devient plus constructive. Cela pourrait donc être envisagé.
Un autre élément, qui constitue en ce moment un irritant, touche la période de questions. Présentement, durant la période de questions, nos questions sont systématiquement placées en dernier. Nous comprenons que les partis qui comptent plus de députés puissent prendre la parole en premier. Je crois que cela se trouve dans le protocole et dans l'ordre des choses. Par contre, nous pensons que le fait d'avoir systématiquement la dernière question de la journée nous permet difficilement d'attirer l'attention du public, puisque plus le temps passe, plus les gens deviennent fatigués et donc moins attentifs. Alors, si vous et moi devenons de moins en moins attentifs à mesure qu'avance la période de questions, il en est de même pour les gens qui nous regardent sur la chaîne parlementaire. C'est encore plus vrai en ce qui concerne les journalistes. Pour une question de démocratie et de diversification des points de vue, il est aussi important que les députés des plus petits partis puissent poser des questions avant d'arriver à la toute fin de la période de questions.
Donc, il y aurait moyen d'inscrire les questions de ces partis à d'autres moments, peut-être après les premiers blocs, parce qu'il existe un bloc réservé au premier groupe de l'opposition et un autre au deuxième groupe de l'opposition. On pourrait aussi prévoir des blocs pour les autres groupes de l'opposition. Cela assurerait une approche plus équilibrée dans les choses et, évidemment, sur le nombre de questions. La situation actuelle m'apparaît complètement injuste. Il faut que les petits partis de l'opposition puissent aussi avoir droit à plus de questions et à plus de ressources. Ce n'est pas normal que certains partis disposent de millions de dollars en recherche, alors que nous, nous n'avons droit à aucun budget de recherche.
Je pense qu'il y a actuellement un parti à la Chambre qui compte une trentaine de députés. Nous en avons une dizaine, soit un tiers de la députation de ce parti. Par contre, nous sommes très loin d'avoir le tiers des questions à la Chambre auquel ce parti a droit et très loin d'avoir le tiers de ses ressources financières. Donc, je pense que des changements majeurs devraient être apportés à cet égard. Je pense qu'il est essentiel que nous puissions nous exprimer au même niveau que tous les autres partis.
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Est-ce que j'ai dit Laurier? J'aurais dû dire St-Laurent. Merci beaucoup de cette correction.
Personne ne voulait de la clôture, mais comme elle faisait partie du Règlement, St-Laurent a pu l'utiliser.
Je souligne cela pour une bonne raison. J'ai mentionné plus tôt dans mon intervention que ce que nous faisons en ce moment aura des répercussions, aura des conséquences. Ce n'était peut-être pas évident pour les gens à l'époque, mais toute action entraîne une réaction. Même s'il n'y avait pas d'intention d'adopter une motion de clôture après 1913, on y a eu recours, parce que cette mesure était à la disposition du gouvernement au pouvoir.
Maintenant, passons de 1956 à 1969, lorsque la motion d'attribution de temps a été introduite pour la première fois par Pierre Trudeau, le père du actuel. Elle a fait l'objet d'un vif débat, mais la réaction n'a pas été aussi viscérale qu'elle ne l'avait été en 1956, et certainement pas autant qu'en 1913, parce qu'en 1969, les Canadiens s'étaient en quelque sorte acclimatés au fait que les législatures avaient la capacité de mettre fin aux débats. Le premier ministre Trudeau, le père, une fois de plus, a soumis son caucus à la discipline de parti et la motion d'attribution de temps est devenue un article du Règlement.
Je note avec beaucoup d'intérêt et je le mentionne aux membres du Comité qu'au cours des cinq années précédant l'introduction, l'approbation et l'adoption ultime de la motion d'attribution de temps comme outil parlementaire, plusieurs comités parlementaires de la procédure ont discuté de cette motion, et en cinq occasions différentes, des comités de tous les partis ont décidé de ne pas approuver la motion d'attribution de temps. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas eu le consentement unanime.
Je le souligne parce que cela fait partie d'une longue tradition. Qu'un comité spécial sur la réforme parlementaire soit mis sur pied ou non, qu'un comité de tous les partis soit formé ou non pour examiner des changements éventuels au Règlement, à chaque fois, au fil de l'histoire, tous les parlementaires se sont entendus pour dire qu'ils devaient avoir le consentement unanime — c'est-à-dire jusqu'à maintenant.
Il ne fait aucun doute que ce que le gouvernement actuel essaie de faire, c'est d'éliminer la capacité de l'opposition d'empêcher que des changements soient apportés à un article du Règlement en ne convenant pas d'accorder le consentement unanime, en permettant tout simplement à un comité parlementaire au sein duquel ils sont majoritaires de déterminer quels articles devraient être modifiés.
Monsieur le président, il ne s'agit pas à mon avis d'une discussion, comme l'actuel gouvernement se plaît continuellement à dire qu'il veut avoir. Ce n'est pas une conversation, parce qu'une conversation se fait dans les deux sens, et vous devez pouvoir écouter et accepter les arguments des deux côtés et les deux points de vue. Il s'agit tout simplement d'une tentative totalitaire du gouvernement d'imposer unilatéralement sa volonté à l'opposition sous le couvert d'un comité parlementaire.
Je dirais à mes honorables collègues du parti ministériel que cette situation a le potentiel d'être extrêmement problématique pour eux d'un point de vue électoral. Cette tentative musclée, autoritaire du gouvernement de limiter la capacité de l'opposition de faire valoir les règles de ce lieu sera perçue comme étant dictatoriale, draconienne, et ils pourraient fort bien finir par en payer le prix.
J'ai parlé un peu plus tôt du nombre de députés libéraux qui ont été élus par une très faible majorité au cours de la dernière élection et à quel point ils ont déçu un grand nombre d'électeurs progressistes par leurs actions jusqu'à maintenant. Ils ont grandement déçu les progressistes qui cherchaient un gouvernement qui donnerait suite à son engagement de procéder à une réforme électorale. Ils ont été déçus par un gouvernement qui a dit qu'il respecterait la volonté des compétences provinciales et environnementales en approuvant des pipelines. Ils ont été déçus, c'est le moins que l'on puisse dire, que le gouvernement ait fait plusieurs promesses et ne les ait pas remplies — les deux que je viens de mentionner plus le fait que les modestes déficits de 10 milliards de dollars ont maintenant atteint 30 milliards de dollars.
Il y a énormément d'électeurs progressistes, d'après moi, de partout au Canada qui vont repenser à leur position et à leur appui aux libéraux en raison de ces déceptions. Je dirais que l'actuel plan d'action ne fera qu'ajouter à la frustration et à la déception de ces électeurs progressistes. Je suis convaincu que cela se traduira en votes, mais pas pour les libéraux.
J'ajouterais aussi à l'intention des membres de notre comité que l'un des avantages d'être élu est que les députés d'arrière-ban, au sein d'un gouvernement véritablement informé, ont le respect de leur parti. J'ajouterais bien humblement que ce respect n'a pas été accordé à quiconque autour de la table. Vous savez aussi bien que moi que vous avez reçu des instructions de suivre un certain plan d'action afin de vous assurer qu'à tout le moins l'actuelle obstruction systématique se poursuive. Je soupçonne — même si je ne pourrai probablement jamais le prouver avec certitude — que beaucoup d'entre vous en votre for intérieur sont en désaccord avec l'approche adoptée par le gouvernement.
Je peux parler d'expérience et dire qu'au cours de la législature précédente — je pense que la plupart de mes collègues, s'ils étaient tout à fait honnêtes, en conviendraient — il y a des initiatives dans lesquelles notre gouvernement s'est engagé par le passé avec lesquelles un grand nombre d'entre nous ne seraient pas d'accord, mais nous n'avons que nous à blâmer pour avoir gardé le silence. Nous pouvons toujours nous replier sur le bon vieil adage voulant que, eh bien, nous ne suivions que la discipline de parti. Je suis d'accord pour avoir un front uni, parce que si vous ne l'avez pas, ce serait la catastrophe politique pour n'importe quel parti politique. Cependant, vient un temps où chaque parlementaire et chaque citoyen doit dire que c'est assez.
Je suis convaincu que chaque Canadien connaît la différence entre le bien et le mal. Nous le savons intuitivement. Il est tout simplement mal d'imposer la volonté du gouvernement, la tyrannie de la majorité, au processus politique et au Règlement qui nous guident tous. Je suis convaincu que si les députés ministériels — dont un grand nombre à notre table — parlaient en toute honnêteté, ils seraient d'accord avec cet énoncé.
Cela n'aura aucune incidence sur le résultat, mais je peux vous dire ceci. Ayant remporté mon élection en cinq occasions, je sais ce que c'est que de retourner devant mes électeurs et d'essayer de leur expliquer un plan d'action que mon gouvernement a adopté et qui n'était pas apprécié. Vous pouvez bien tourner la nouvelle dans tous les sens, mais dans les faits, les électeurs le savent lorsqu'un plan d'action adopté n'est pas justifié.
Je l'ai entendu haut et fort au cours de la dernière élection et de la dernière campagne. Heureusement pour moi, mes électeurs ne m'ont pas blâmé, mais ils ont blâmé le premier ministre et le gouvernement. Franchement, si j'avais été n'importe où ailleurs au Canada que dans les Prairies, il y a de fortes chances que je n'aurais pas été réélu, tout simplement parce que les électeurs voulaient exprimer leur mécontentement vis-à-vis des actions de notre gouvernement.
Les premières personnes du parti ministériel qui vivront potentiellement les maux découlant de cette action, combinée aux actions de leur gouvernement auparavant, sont les députés d'arrière-ban. On leur demandera pourquoi ils ne se sont pas levés et n'ont pas dit non.
Au crédit du gouvernement actuel, et des députés du Parti libéral, en quelques occasions j'ai été heureux de constater que des députés ministériels se levaient en opposition à leurs ordres, habituellement pour ce qui est de projets de loi d'initiative parlementaire. Je pense que c'est extrêmement positif. Je pense que c'est sain. Mais il s'agit de quelque chose qui va au-delà de tout simplement un projet de loi d'initiative parlementaire. S'il y a un moment où les députés d'arrière-ban du gouvernement devraient dire non, nous ne sommes pas d'accord avec ce plan d'action, ce moment est venu. Croyez-moi, si certains de ces changements sont adoptés, et si vous réussissez à vous faire réélire, vous allez à un moment ou un autre vous retrouver dans l'opposition, et vous devrez vivre avec les changements que vous aurez apportés. Ce ne sera pas très beau.
Je dirais aussi que si le gouvernement acceptait tout simplement que la tradition de longue date du consentement unanime soit exigée, il pourrait être agréablement surpris des réactions à l'égard de certains des points dont vous voulez discuter. Plus que quoi que ce soit d'autre, la présente impasse que nous vivons disparaîtrait complètement. Il pourrait y avoir un débat fructueux sur des changements éventuels.
Je peux laisser savoir aux députés ministériels qu'au cours de la législature précédente, pendant les discussions de notre comité de tous les partis, un grand nombre des points soulevés dans son document de travail ont été soulevés et discutés par notre comité. Ce n'est pas que tous ces points se heurtaient à une opposition féroce. Dans certains cas, il se peut qu'un parti ait eu des objections pour une raison précise. À ce moment-là, nous retirions la proposition de nos discussions. Cependant, la discussion était intelligente, raisonnée et rationnelle. À l'occasion, des arguments parvenaient à faire changer l'opinion d'autres membres. Cela pourrait être le cas ici, mais cela ne se produira pas si le gouvernement demeure sur sa position et n'exige pas ou ne demande pas le consentement unanime.
Autrement dit, si le gouvernement veut continuer sur cette voie, et il semble que c'est précisément ce qu'il fait, les députés de l'opposition n'auront d'autre choix que de continuer leur opposition, et non seulement de continuer nos tactiques comme les obstructions systématiques, mais d'augmenter en intensité l'opposition en ayant recours à d'autres méthodes tactiques et procédurales.
M. Mel Arnold: Nous n'avons pas le choix.
M. Tom Lukiwski: Mon collègue, M. Arnold, a bien raison. Nous n'avons pas le choix. Nous devons pouvoir montrer notre mécontentement aussi vigoureusement et clairement que nous le pouvons pour essayer de souligner l'importance de ce dont nous discutons. Il ne suffit pas de dire tout simplement qu'il s'agit d'un enjeu qui ne concerne pas la plupart des Canadiens, que c'est de la cuisine interne. C'est peut-être vrai, mais cela touche néanmoins les Canadiens, parce que cela a une incidence sur la façon dont leurs députés ont la capacité de faire leur travail.
Autrement dit, cela restreint la capacité de tout parti de l'opposition de jouer son rôle efficacement. Les exemples sont nombreux, tout au long de l'histoire, de dispositions législatives potentiellement dommageables et préjudiciables qui ont été stoppées et n'ont pu être adoptées parce qu'un parti de l'opposition compétent était en place. Malheureusement, lorsqu'il parle d'efficacité, ce gouvernement pense uniquement à l'efficacité du Règlement pour ses propres fins: supprimer les obstacles qui pourraient surgir sur sa route, ainsi qu'empêcher les partis de l'opposition d'avoir la possibilité de ralentir la progression des dispositions législatives et, dans certains cas, d'en retarder et d'en empêcher l'adoption. Je ne suis pas contre l'efficacité, mais je ne suis certainement pas pour une forme de dictature, ce qui semble être l'approche envisagée par ce gouvernement.
Prenons quelques exemples tirés du document de travail. Parmi les suggestions les plus inoffensives en apparence du gouvernement figure la modification du délai de réponse à une question écrite inscrite au Feuilleton, pour le faire passer de 45 à 65 jours ou, comme le mentionne le gouvernement dans son document de travail, l'imposition d'une « limite supérieure », afin qu'un gouvernement puisse répondre dans les 45 à 65 jours. On justifie cela en disant que la limite supérieure de 65 jours ferait en sorte que le gouvernement ait davantage de temps pour donner une réponse plus réfléchie et rigoureuse.
À mon avis, ce sont des balivernes. Je siège ici depuis près de 14 ans. J'ai fait partie du gouvernement pendant neuf ans. J'ai vu des questions de l'opposition qui nous ont obligés dans certains cas à fournir une réponse pouvant comporter de 50 à 100 pages. Comme je l'ai mentionné dans ma dernière intervention, pour prouver ce que j'avance, il m'est arrivé de prendre la parole à la Chambre et de faire lecture d'une des questions du Parti libéral, alors dans l'opposition. Il m'a fallu 17 minutes. Et on parle là d'une seule question.
J'ai suggéré que l'on établisse peut-être certaines règles concernant les types de questions qui peuvent être posées, afin d'empêcher les partis de l'opposition d'abuser de leur droit de poser des questions écrites. De nombreux fonctionnaires ont dû consacrer des jours et des jours à élaborer des réponses, qui ont par la suite dû être traduites dans les deux langues officielles, photocopiées et soumises. Le coût pour notre gouvernement était énorme. J'ai fait le calcul et j'ai constaté que l'on avait consacré littéralement 10 millions de dollars à répondre aux questions de l'opposition, dont de nombreuses, bien franchement, étaient dilatoires. Elles n'avaient pour but que de perturber les activités de l'État en obligeant des professionnels aguerris à laisser de côté leur travail pour y répondre. Il s'agissait là d'une tactique d'obstruction à son meilleur.
À l'époque, j'en avais appelé au premier ministre pour que nous envisagions à tout le moins un examen du Règlement, parce que je croyais que nous pourrions ainsi économiser aux contribuables des millions de dollars. Le premier ministre était d'avis qu'il s'agissait d'un concept intéressant et m'a demandé de lui faire parvenir une note à ce sujet, comme il le faisait habituellement pour les députés qui avaient des idées qui, selon lui, méritaient d'être explorées.
Je l'ai fait. Je lui ai envoyé une note. Nous avons eu une discussion, au terme de laquelle le premier ministre m'a clairement signifié que toute modification apportée au Règlement devait l'être pour les bonnes raisons. Il n'avait pas été question de consentement unanime à ce moment-là. C'est une idée que j'ai soumise de ma propre initiative lorsque le Comité a été constitué. Les consignes du premier ministre à mon endroit étaient toutefois très claires. Si les modifications au Règlement proposées par le Comité étaient sensées, d'accord. Toutefois nous, et par « nous » j'entends le gouvernement, ne devions pas soumettre de propositions susceptibles d'empiéter sur les droits des partis de l'opposition.
Cela m'a surpris, bien honnêtement, parce que le premier ministre était un stratège politique très avisé, brillant diront certains. Des modifications au Règlement, qui n'avaient pas été incluses dans ce document de travail, mais que j'avais certainement envisagées, auraient eu pour effet de museler l'opposition. Le premier ministre ne voulait rien entendre de cela. Je crois qu'il comprenait mieux que quiconque d'autre dans notre parti pourquoi le Règlement avait été adopté au départ.
Le moins que l'on puisse dire du premier ministre d'alors, c'est qu'il comprenait ce que signifie la démocratie.
Une voix: Bravo!
M. Tom Lukiwski: Il savait que, comme nous avions la majorité, si nous le souhaitions, nous pouvions modifier le Règlement de nombreuses façons différentes, ce qui nous aurait profité considérablement et aurait éliminé complètement, je dis bien complètement, la capacité des députés de l'opposition d'exiger de nous que nous leur rendions des comptes. Il ne voulait pas être complice d'une telle chose.
Par conséquent, lorsque devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, j'ai soulevé le fait que les dispositions législatives nous obligeaient à étudier le Règlement entre le soixantième et le quatre-vingt-dixième jour suivant la première séance de la nouvelle législature, comme c'est le cas dans toutes les législatures, j'ai suggéré que nous allions un peu plus loin et que, plutôt que d'en débattre pendant une journée à la Chambre, nous prenions des mesures et déterminions si nous pouvions approuver des changements susceptibles d'améliorer le Règlement, d'éliminer certains éléments obscurs qui y figuraient à ce moment-là et, idéalement, de faire de la Chambre des communes un meilleur endroit où travailler et agir.
Les députés de l'opposition étaient d'accord et, à notre première réunion, j'ai soumis une proposition. Celle-ci ne venait pas du Cabinet du premier ministre. Il s'agissait d'une proposition que je considérais comme appropriée compte tenu des conversations que j'avais eues avec ce dernier. J'ai été celui qui a suggéré que nous envisagions des modifications au Règlement, mais en adoptant une démarche qui ferait en sorte que si l'un ou l'autre des députés du Comité s'objectait à une modification proposée, pour une raison ou pour une autre, cette proposition ne serait pas étudiée. Nous n'en avons même pas débattu. Nous n'avons pas tenté de convaincre d'autres députés de la valeur de la modification proposée. Nous l'avons simplement laissé tomber. Vous savez quoi? Il s'agissait probablement du comité, en fait du sous-comité, le plus efficace auquel j'ai participé.
Tous les députés du Comité ont fait rapport à leurs caucus. Ceux-ci ont été consultés de façon exhaustive au sujet des modifications que les députés de notre caucus souhaitaient voir adopter. Puis, nous sommes revenus à la table, nous avons soumis nos modifications respectives et nous sommes partis de là. Je peux vous dire, très honnêtement, que certaines des modifications comprises dans votre document de travail avaient été proposées par notre caucus lors de la législature précédente. Il avait été recommandé par quelques personnes, pas très nombreuses, que l'on adopte la semaine de quatre jours. Cela figure dans votre document de travail. D'autres avaient mentionné le vote électronique. De nombreuses autres discussions se sont tenues au sujet d'éléments susceptibles de museler l'opposition et, comme je l'ai dit, je n'étais pas d'accord avec cette façon de faire.
Je l'ai mentionné dans ma dernière intervention, monsieur le président, mais je vais le répéter, parce qu'il y a de nouveaux députés présents à la table. Je souhaite donner quelques exemples de ce dont je parle. Lors de la précédente législature, seulement sept ou huit députés ne représentaient pas des partis reconnus, par cela j'entends des partis ayant un caucus de 12 députés. Mme May était là, représentant le Parti vert. Je crois qu'il y avait deux ou trois députés du Bloc québécois, ainsi que deux ou trois députés affiliés à d'autres mouvements et partis politiques québécois souverainistes. Au total, toutefois, je crois qu'ils étaient seulement huit.
À deux ou trois reprises au cours de la dernière législature, les trois principaux partis se sont entendus au sujet de certaines motions. Normalement, celles-ci avaient trait à des choses comme le temps de parole ou le consentement unanime sur un sujet susceptible d'obtenir l'accord des conservateurs, des libéraux et des néo-démocrates. À deux ou trois occasions, toutefois, lorsque nous avons soumis la motion demandant un consentement unanime, un ou plusieurs des sept ou huit députés que l'on pourrait qualifier d'indépendants ont dit « non ».
Qu'est-il arrivé? Eh bien, cinq députés devaient se lever pour forcer la tenue d'un vote, ce qu'ils ont fait. En fin de compte, la motion que nous avions soumise a été approuvée, mais cela a pris une heure. Les cloches ont sonné pendant 30 minutes et il a fallu tenir un vote. Cela a retardé d'une heure l'ordre du jour du gouvernement. Certains diront que ce n'est pas grand-chose, mais il en va autrement si cela se produit souvent.
Ce gouvernement constate ce qui arrive lorsque des votes non souhaités ou inutiles sont demandés. Cela bouleverse complètement le programme législatif et cela est fait à dessein.
Toutefois, je digresse. Pour revenir à la question du jour, comme certains l'ont suggéré, la procédure qui fait en sorte que cinq députés doivent se lever pour forcer un vote remonte à plusieurs décennies, lorsque les députés à la Chambre étaient beaucoup moins nombreux qu'ils ne le sont maintenant. D'un simple point de vue mathématique, on pourrait se demander, compte tenu que la disposition des cinq députés était utilisée lorsque la législature comptait 180 députés seulement, s'il serait sensé de modifier le Règlement pour qu'il faille avoir 10 députés pour forcer un vote maintenant que nous sommes plus de 300? Quel effet une telle disposition aurait-elle? Dans ce contexte politique, elle aurait empêché Mme May, les députés du Bloc et les autres députés indépendants de pouvoir un jour forcer un vote.
Nous ne l'avons pas adoptée. Je n'aurais même pas permis que cela soit abordé dans un comité multipartite, parce que, compte tenu des conversations que j'avais eues avec le premier ministre, je savais que sa réponse aurait été « non ». Bien honnêtement, je craignais un peu d'être pris à partie si j'avais permis que nous en débattions en comité. Toutefois, je ne l'ai pas fait parce que je savais que ce n'est pas ce que le premier ministre souhaitait. Je savais aussi qu'il ne s'agissait pas de la bonne voie à suivre. Pouvions-nous, grâce à la tyrannie de la majorité, empêcher chaque député de la Chambre, y compris les indépendants, de faire leur travail, de faire ce qu'ils jugeaient nécessaire pour représenter leurs électeurs? Je crois que cela n'était tout simplement pas approprié. Nous ne sommes donc pas allés plus loin.
Puisqu'il est question de nombre, dans ma dernière intervention, j'ai aussi mentionné un autre scénario. Il s'agit de l'article 56.1 du Règlement, auquel nous avons eu recours avec succès à un certain nombre de reprises, à la fois lorsque les libéraux formaient l'opposition officielle et lorsque le NPD formait l'opposition officielle.
Au bénéfice de ceux ici présents qui sont nouveaux et qui ne savent pas en quoi consiste l'article 56.1 du Règlement, cet article signifie essentiellement que si un gouvernement présente une motion demandant un consentement unanime et que ce consentement n'est pas obtenu, la même motion peut être déposée à nouveau aux termes de l'article 56.1 du Règlement et peut être considérée comme adoptée s'il n'y a pas 25 députés qui se lèvent.
Il est arrivé à l'occasion que nous attendions jusqu'au vendredi matin, lorsque le nombre de députés présents est habituellement plus faible qu'à l'habitude. Il est aussi arrivé que des éclaireurs soient envoyés dans les salons de l'opposition, afin de déterminer combien de députés s'y trouvaient, plutôt qu'à leur siège à la Chambre. Comme nous le savons tous, il arrive souvent que les députés ne se présentent pas le vendredi matin, à moins que leur whip ne soit très autoritaire. Nous attendions donc jusqu'à ce que nous puissions gagner, parce qu'il n'y avait pas 25 députés susceptibles de s'opposer. Nous invoquions alors l'article 56.1 du Règlement relativement à une motion, et vous savez quoi? Cette motion était adoptée, alors qu'elle ne l'aurait pas été autrement.
Certains des députés de notre caucus ont laissé entendre que les partis de l'opposition étaient maintenant au courant de la manoeuvre, et que leurs whips n'allaient jamais autoriser que moins de 25 personnes soient présentes à tout moment, et que nous ne pourrions plus jamais procéder de cette façon. Un député que je ne nommerai pas et qui a été défait à la dernière élection, et peut-être était-ce une bonne chose, a alors proposé de modifier la disposition pour faire passer le nombre de 25 à 35 ou à 40. Cela aurait fait en sorte que l'on aurait pu faire adopter des motions en vertu de l'article 56.1 du Règlement à tout coup. Cela aurait à tout le moins eu pour effet de faire enrager les députés de l'opposition, parce qu'un plus grand nombre de leurs députés auraient dû demeurer à Ottawa le vendredi.
Je n'ai pas laissé cela se produire. Je ne pouvais tout simplement pas accepter l'idée, et la question n'a jamais été débattue dans notre comité multipartite, parce qu'il s'agissait d'une mauvaise façon de faire et parce que je savais que le premier ministre n'était pas d'accord.
Ce ne sont là que deux exemples de ce qu'un parti majoritaire peut faire pour modifier le Règlement, en négation absolument complète de la démocratie. Je pèse mes mots. Je ne veux pas tomber dans l'exagération, mais c'est exactement cela que les députés du gouvernement tentent de faire. La démocratie parlementaire de type Westminster a été créée par des personnes très savantes, et il y a une raison pour cela. Ces personnes ont reconnu l'utilité de la législature comme organisme décisionnaire, mais aussi la capacité des députés de l'opposition de contribuer à ce processus. Il me semble extrêmement dangereux de priver les députés de l'opposition de la possibilité de demander des comptes au gouvernement.
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Filomena, je crois que vous en faites partie aussi. Vous n'avez pas besoin de cela non plus. Mais ce n'est pas à moi de vous montrer comment planifier votre prochaine stratégie électorale. Tout ce que je vous dis, sur la base de mon expérience, c'est que vous ne profiterez pas de cela. Cela ne vous aidera pas. Pensez-y.
Pensez aussi au fait que nous n'avons pas à être ici. Nous pouvons nous sortir de cela très simplement, si vous le souhaitez, en suivant la tradition qui a guidé les parlementaires pendant des siècles, c'est-à-dire se réunir, s'asseoir et discuter. Quel est l'art du possible? Qu'est-ce qui ferait de la Chambre une institution plus forte, plus moderne et plus efficace?
Vous avez soumis certains exemples, que vous pourriez dans certains cas me persuader d'approuver. J'aimerais entendre certains arguments. Il y en a certains avec lesquels je suis en désaccord, et j'aimerais pouvoir en débattre et présenter les arguments que j'ai pour justifier pourquoi il s'agit d'une mauvaise façon de penser, à mon avis.
J'ai commencé à parler, il y a quelques minutes, de l'une des modifications proposées concernant les réponses aux questions écrites, les questions inscrites au Feuilleton, pour faire passer le délai ferme de 45 jours à une limite supérieure de 65 jours. Tout ce que cela fait, c'est de permettre au gouvernement de ne pas avoir à rendre de comptes pendant 20 jours de plus. Il s'agit en soi d'une tactique d'obstruction. Pendant neuf ans, lorsque nous étions au gouvernement, nous avons reçu des questions très exhaustives, et nous avons toujours pu y répondre dans un délai de 45 jours. Dans des cas extrêmes, lorsqu'un gouvernement n'est pas en mesure de répondre dans un délai de 45 jours, il existe des dispositions pour obtenir des exemptions et des prolongements. Vous n'avez pas à modifier le Règlement pour gagner 20 jours, parce que tout ce que cela vous permettra de faire, c'est de retarder de 20 jours le moment d'avoir à rendre des comptes à l'opposition et aux Canadiens. Nous savons tous ce qui se produit lorsque la Chambre est dissoute ou ajourne et que la réponse à une question n'a pas été soumise. Rien ne se fait pas pendant l'été ou le congé de Noël. Et la réponse ne peut pas être soumise tant que la Chambre ne reprend pas ses travaux.
Il existe de nombreuses possibilités pour le gouvernement de retarder une réponse pendant plusieurs mois, juste en accordant un délai de 20 jours. S'il s'agit d'une question qui pourrait entraîner des problèmes graves et importants pour le gouvernement, par exemple, des questions d'approvisionnement ou d'autres questions pour lesquelles le gouvernement serait vulnérable politiquement, ce prolongement de 20 jours a des conséquences importantes. C'est pourquoi cette suggestion a été faite; pas pour que le gouvernement soit mieux placé pour donner une réponse plus complète et détaillée, mais simplement pour lui permettre de retarder encore davantage les choses. Je ne peux pas souscrire à cela. J'aimerais que nous puissions avoir ce débat et soumettre des preuves que votre suggestion est mal intentionnée, mais je n'ai pas cette possibilité, non pas uniquement à cause de votre réticence, mais aussi à cause de votre obstination à vous soustraire à une tradition qui a guidé les parlementaires depuis que le Canada est devenu une nation, c'est-à-dire l'obtention d'un consentement unanime lorsqu'il s'agit à proprement parler des règles de la Chambre.
J'ai examiné certains des éléments contenus dans votre document de travail. Comme Candice l'a souligné, nombre d'entre eux ne nécessitent pas de modification du Règlement. Nous avons débattu en long et en large de la proposition d'officialiser une période de questions destinées au premier ministre. Pourquoi avez-vous besoin d'officialiser cela? Il peut faire comme il a fait les mercredis des dernières semaines: se présenter, prendre la parole et ne pas répondre réellement aux questions, ce qui a frustré considérablement l'opposition, mais à tout le moins, être présent.
Vous n'avez pas à codifier ce processus. Par conséquent, comme je l'ai mentionné précédemment — et je vous l'assure — les futurs premiers ministres se pencheraient sur cette question et diraient « Eh bien, il faut être présent une fois par jour et c'est bien tout ce que je vais faire ». Tout geste posé entraîne une réaction, et voilà ce qui se passerait.
Comme je le souligne encore une fois, si nous étions le gouvernement de l'heure et notre premier ministre n'était présent qu'une fois par jour ou qu'une seule fois par semaine, vous seriez furieux. Lorsque le premier ministre Harper était présent trois jours par semaine, vous étiez mécontents. Cependant, c'est ce que vous tentez de faire, ou si ce n'est pas le cas, il s'agit bien là de la conséquence de votre intention.
Pensez-y bien. Réfléchissez à la question de prorogation. Pourquoi devez-vous codifier ce processus? D'après la suggestion que vous présentez, un gouvernement qui désire proroger le Parlement doit se justifier. Eh bien, tout le monde le fait maintenant d'une certaine façon. La prorogation n'est pas un gros mot. À vrai dire, on s'en sert régulièrement au niveau provincial et fédéral et, en fait, elle peut être relativement utile.
Dans le cycle de vie de ce gouvernement, il est tout juste à mi-parcours d'un mandat d'une durée de quatre ans. Je m'attends à ce que le premier ministre, pendant l'été, proroge le Parlement et retarde la reprise des travaux probablement jusqu'à plus tard en octobre si ce n'est pas avant l'ajournement de cette Chambre. À ce moment-là, il reviendra en prononçant un discours du Trône. Il repartira à zéro. Il présentera au Parlement et aux Canadiens son plan pour la dernière moitié de son mandat.
C'est tout naturel et normal. Je ne m'oppose pas du tout à cette façon de faire. Mais pourquoi devez-vous consacrer ce processus? Une fois que ce processus est établi, la façon de le présenter pourrait être utilisée abusivement par les prochains gouvernements et les futurs premiers ministres. Ce processus n'est pas nécessaire et il est plutôt dangereux. Je pèse mes mots et je pense ce que je dis. Bon nombre de ces changements menacent les procédures parlementaires non seulement maintenant, mais à l'avenir.
Fait intéressant, il existe un article sur l'attribution de temps. Je vous ai dressé l'historique de l'attribution de temps: comment cette notion a été inaugurée par Pierre Trudeau, la colère qui en a découlé et comment il a dû adopter une disposition en matière de clôture afin de pouvoir codifier la disposition sur l'attribution de temps. Il s'agit d'une façon de faire qui est non seulement inquiétante, mais elle laisse entendre également que le gouvernement de Pierre Trudeau, en vue de s'assurer de jouir de tous les avantages qu'il possédait déjà en tant que gouvernement majoritaire, a décidé de modifier les règles pour que ce soit encore plus difficile pour les députés de l'opposition d'exprimer leurs inquiétudes concernant différents textes de loi.
Ce qui m'inquiète encore plus dans votre document de discussion c'est votre volonté d'imposer une durée limitée aux interventions en comité. Comme on l'a précisé avant moi, cette obstruction systématique vise à contrer votre tentative de nous refuser le droit de nous opposer. Voilà de quoi il en retourne. Vous essayez de nuire au droit de parole des députés de l'opposition. Pourquoi? Parce que cette procédure ne vous convient pas. Vous estimez que cela n'est pas du tout pratique de devoir composer avec les députés de l'opposition qui vous empêchent de légiférer selon l'échéancier qui vous convient.
M. David Christopherson: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Tom Lukiwski: Voilà un art de bien dire les choses, David.
Cette façon de faire n'est tout simplement pas acceptable et cela ne devrait pas l'être pour un parlementaire, quelle que soit son affiliation politique ou son allégeance politique.
Encore une fois, j'invite un député ministériel pour que ce dernier puisse m'expliquer pourquoi ne pas demander le consentement unanime, en tenant compte de l'histoire, des conventions et des traditions qui nous ont été présentées, qui est la bonne chose à faire. Je serais plus que disposé à lui céder mon temps de parole et à lui prêter une oreille attentive. La seule difficulté, c'est que ce ne sera pas possible à expliquer, puisqu'il n'existe aucune raison valable. La raison n'est pas satisfaisante. La seule justification possible, ce processus vous serait profitable à vous et il ne profiterait pas à personne d'autre. Elle profitera seulement au Parti libéral. De façon encore plus élémentaire, elle sera profitable aux libéraux, non seulement au Parti libéral.
Monsieur le président, je sais que, peu importe mes propos, ceux de mes collègues, le niveau passionné du débat et la conviction de nos arguments, nous n'obtiendrons pas d'approbation des députés d'en face et je ne m'attends pas à cela. Je n'essaie certainement pas de les persuader de changer d'avis à cette table. S'il doit y avoir un changement de cap, il ne peut provenir que des personnes dont l'échelle salariale est légèrement supérieure à celle de mes collèges d'en face, mais j'espère sincèrement que nous pourrons aborder cette question.
Selon les propos de M. Christopherson, peut-être que, pendant les deux semaines lorsque tous les députés retournent dans leur circonscription pour célébrer leur fête religieuse — pour certains, ce sera la fête de Pâques — et passent du temps en famille et avec des amis et discutent avec les électeurs, le temps consacré à l'extérieur de ce lieu permettra de calmer les esprits.
Je sais, comme je l'ai mentionné précédemment, que notre leader à la Chambre a interpellé à plusieurs occasions le leader du gouvernement à la Chambre, mais les concessions faites n'ont pas seulement été rabrouées, elles ont été ignorées, et il s'agit là d'une source de frustration.
Je peux vous affirmer que ce ne sont pas seulement les députés de l'opposition qui ressentent de la frustration au cours de la période des questions lorsque l'on répond à des questions légitimes par les mêmes propos boiteux et insipides que nous avons entendus au cours du dernier mois et demi, mais les Canadiens sont également très mécontents.
Si on présente un point valide, un motif convaincant, on ne devrait pas avoir de mal à le justifier au nom du gouvernement. On ne devrait pas avoir de difficulté à expliquer aux Canadiens la position qui est adoptée, mais vous n'avez défendu aucune position. Vous présentez des points de discussion: « Nous voulons avoir une conservation. Nous voulons tenir une discussion. » Eh bien, il y en a une maintenant et elle va durer un certain temps, mais il ne s'agit pas d'une discussion au sens que lui prêtent la plupart des Canadiens.
Pour les Canadiens, pour un Canadien typique, une discussion consiste à entendre les propos des deux parties et celles-ci peuvent faire valoir leurs arguments qui sont raisonnables et valables, et on espère, à l'issue de cette discussion, la conclusion d'un accord. Cela ne se produit pas tout le temps. Manifestement, cela ne se produit pas au Parlement la plupart du temps. Parfois, le mieux que nous puissions dire est que nous acceptons de ne pas nous entendre, mais du moins les discussions visent un échange intelligent d'idées. Ce n'est pas le cas dans ce contexte-ci.
Nos propos, nos suggestions, nos recommandations ne sont pas pris en compte. Peu importe les concessions que nous faisons. Il importe peu si nous sommes disposés à faire des compromis. L'intransigeance de ce gouvernement est renversante.
Je crois en toute honnêteté que si le gouvernement acceptait des exigences unanimes sur les modifications à apporter au Règlement, certaines des suggestions formulées par le gouvernement seraient probablement acceptées par les députés de l'opposition.
Au sujet du point présenté par mon collègue M. Christopherson, j'aimerais bien croire que nous, à titre de députés des partis de l'opposition, pourrions formuler quelques suggestions utiles qui pourraient être acceptées par le gouvernement. Je ne suggère pas d'envisager le Règlement comme un document vivant, mais il y a eu de multiples changements, de nombreuses modifications, au fil des ans, qui profitent aux parlementaires, qui permettent d'améliorer la procédure parlementaire, d'où une meilleure efficacité du fonctionnement du Parlement, ce qui semble obséder le gouvernement actuel, mais ces mesures ont toujours été adoptées grâce au regroupement et à l'accord de tous les parlementaires. Cela va de soi. Selon le gros bon sens, si tous les parlementaires s'entendent sur une voie à suivre proposée, il s'agit probablement de la bonne voie.
Il arrive parfois dans la vie d'un gouvernement majoritaire que ce dernier se sente obligé de recourir à toutes les tactiques procédurales à sa disposition pour faire adopter à toute vapeur une loi, des procédures comme l'attribution de temps et la clôture. J'en conviens. Je faisais partie d'un gouvernement qui y a eu recours. Je ne conteste pas ces mesures, car les législatures ont utilisé cette façon de fonctionner au cours des 70 dernières années, mais je m'offusque vivement à la tentative actuelle de modifier les règles de façon si radicale et profonde que cette façon de procéder modifie les règles du jeu, pour employer une analogie au monde du sport, de façon unilatérale.
Je ne prétends pas être spécialiste de la procédure et de la pratique parlementaires, mais j'ai certaines connaissances. J'ai appris quelques rudiments au cours de mes neuf années passées à mon poste.
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Je répondrai directement aux points de M. Simms, mais je voulais d'abord établir le contexte de ce point en invoquant l'argument philosophique sous-jacent que je voulais invoquer en ce qui concerne la programmation. Il s'agissait d'un argument explicitement présenté par Mme O'Malley dans la baladodiffusion. Elle a soulevé un point qui m'a fait développer, je pense, ce qu’elle pourrait penser ou non à ce sujet.
J’ai des préoccupations plus générales au sujet de la programmation, même en ce qui a trait aux répercussions stratégiques potentielles au regard du gouvernement et de l'opposition. C'est l’une des préoccupations, mais ce n'est pas la seule.
Mme O'Malley a souligné dans le cadre de cette baladodiffusion que la programmation ne limite pas seulement l'opposition, mais qu’elle limite aussi évidemment le gouvernement. Vous établissez à l'avance que vous consacrerez un certain nombre de jours à débattre de cela, puis à l'étudier, puis à en débattre à nouveau, puis enfin à voter. Cela limite tout le monde, notre institution, notre latitude. Cela limite notre capacité de réagir aux nouveaux éléments d’information qui se présentent et aux nouveaux événements qui se produisent.
Je pense que l'idée de la programmation part essentiellement d’une mauvaise compréhension de ce que nous sommes censés faire lorsque nous étudions et débattons un projet de loi. Je pense que c'est plus évident dans une situation comme celle que M. Simms a décrite. Il a parlé d’une personne qui avait préparé une certaine série d'arguments, et qui a été interrompue à mi-chemin au moment de présenter ces arguments. Elle n’avait pu faire valoir tous les arguments qu'elle avait préparés. Elle en a ressenti une grande frustration, et c’est parfaitement compréhensible.
En fait, les débats ou les discussions ne visent pas à faire en sorte que tous puissent faire valoir leurs arguments, les débattre et poursuivre le processus. Une discussion ou un débat consiste avant tout pour les deux parties à commencer peut-être par soumettre certaines propositions à la Chambre, à en discuter, puis chaque partie répond aux propositions de l'autre et il y a ensuite un va-et-vient de réponses et de contre-propositions.
En bout de ligne, certains points sont réglés, il peut y avoir entente, et peut-être simplement une reconnaissance selon laquelle les divergences constituent en fait des différences philosophiques plus fondamentales qui ne sont pas conciliables. Dans ce contexte, une preuve peut être présentée à l'appui d'une série d'arguments, et être ensuite contrée par les arguments de l’autre partie. Ce processus se poursuit à mesure que les arguments, que les preuves, et que les expériences personnelles sont associés et comparés les uns avec les autres, et invoqués à l'appui de différents arguments.
D'une façon ou d'une autre, ce processus, s'il est observé correctement, est nécessairement imprévisible puisqu’à moins de connaître exactement les arguments que présentera l’autre partie, et de savoir exactement comment j’y répondrai, et de savoir exactement comment l’autre partie y répondra à son tour, il est impossible de prédire exactement combien de temps cela prendra.
La même chose s’applique à une simple question que l'on pourrait débattre. C'est encore plus vrai dans le cas du débat d’un projet de loi. Il arrive souvent qu’un projet de loi présenté par le gouvernement soit considéré comme une simple mesure administrative, mais que l'opposition y soit fondamentalement hostile, et la discussion se déroule alors dans un climat différent de celui qui était prévu initialement. Peut-être que le gouvernement présente le projet de loi d'une manière à laquelle l'opposition ne s'attendait pas, avec de nouveaux arguments originaux auxquels l'opposition doit répondre. Cela ne se produit que dans le processus du débat comme nous le connaissons à la Chambre des communes, qui est un processus imprévisible idéalement constitué de réfutations et de contre-réfutations.
Malheureusement, il arrive parfois que cela se passe autrement. Malheureusement, le débat à la Chambre des communes ressemble plus à des gens qui lisent des discours et qui se comportent en purs étrangers, mais ce n'est pas ainsi que cela doit se passer. Il devrait plutôt y avoir un va-et-vient de réfutations constructives sur des questions de fond.
Si tout se passe comme il se doit, il est impossible de prédire où mènera le débat. On peut risquer des estimations, mais il faut avoir la latitude nécessaire pour dire que si, par exemple, M. Berthold a présenté un point dans le débat à ce sujet, il faut plus d’orateurs du gouvernement pour répondre à ce point parce qu’il n’avait pas été prévu, ou parce qu’une nouvelle étude qui vient d’être publiée énonce quelque chose de différent, et nous devons maintenant l’évaluer et en discuter. C’est particulièrement vrai dans le cadre des comités, où l’on entend des témoins-experts dire des choses qui prennent les députés totalement par surprise.
Il nous arrive parfois de travailler en vase clos dans notre contexte. Nous discutons avec un certain groupe de personnes, ou une certaine catégorie d'intervenants. Le projet de loi fait peu à peu son chemin et se rend à l’étape du comité. Tout à coup, quelqu'un de l'industrie nous signale que ce projet de loi qui nous semblait d’ordre administratif au début cause quelques problèmes à l’industrie.
Quand j'étais membre du personnel politique, j'étais adjoint au secrétaire parlementaire à l’époque où était ministre. Je travaillais avec Mike Lake, qui était le secrétaire parlementaire de l'époque, à la loi anti pourriel. Personne n'aime les pourriels, ou « spam » en anglais, sauf peut-être si on parle de la fameuse viande en conserve, mais personne n'est en faveur des pourriels qui aboutissent dans notre boîte de réception. C'est un problème que nous connaissons bien en tant que députés.
Cependant, lorsque nous avons étudié cette question au comité, des gens sont venus nous dire que la façon dont nous définissions le pourriel dans le cadre de notre projet de loi soulevait des problèmes relativement aux personnes qui exercent certaines activités de marketing, même des personnes qui avaient été référées. Quelqu'un aurait pu communiquer avec une personne après que cette dernière lui ait été référée, mais la loi considérait cela comme un pourriel, alors que l’intention initiale visait surtout, selon moi, ceux qui envoient des courriels à des centaines de milliers de personnes, avec peut-être une intention malveillante, comme les logiciels-espions, l’hameçonnage et ce genre de choses.
Ce n'est qu’un exemple de situation où, s’il y avait eu programmation dans ce cas, le gouvernement aurait pu dire simplement qu’il y aurait deux réunions en comité, une journée à l'étape du rapport et une journée en troisième lecture, et que le projet de loi aurait été adopté. Peut-être que les partis d'opposition auraient accepté, en se disant eux aussi qu’il ne s’agissait que d’une formalité.
Tout d’un coup, des témoins viennent dire devant le comité que tout n’est pas si simple en fin de compte. Vous vous demandez alors quoi faire? Il y a eu une réunion, et deux réunions ont été prévues. L’idéal serait de pouvoir appeler davantage de témoins qui pourraient confirmer ou non si la préoccupation soulevée par ce groupe en particulier est représentative de l'ensemble de l'industrie. Ont-ils raison? Y a-t-il des éléments que nous pouvons préciser dans cette loi? Nous devons tenir d’autres réunions.
Dans ce cas, ce n'est pas seulement une question du gouvernement qui utilise cette façon de faire contre l'opposition, bien que ce soit aussi une préoccupation. Il s’agit en l’occurrence d’une institution qui pourrait s’imposer elle-même des limitations qui l’empêchent de délibérer efficacement au sujet d’un projet de loi.
Que faites-vous dans ce cas? Soit vous essayez de faire adopter le projet de loi, soit vous essayez, mais à partir de renseignements limités. Vous essayez d'apporter des amendements ou peut-être que vous défaites le projet de loi et forcez le gouvernement à le présenter de nouveau, mais en le programmant différemment, ce qui n'est pas très productif et ne constitue pas une bonne utilisation du temps à la Chambre.
Il faut évidemment reconnaître, dans la façon dont nous structurons les travaux à la Chambre, que nous voulons établir des paramètres de la durée consacrée à la discussion d’enjeux particuliers, et que certaines questions comportent davantage de contraintes de temps que d'autres.
Le temps requis pour les débats à la Chambre, ainsi que pour l'étude, varie tout au long du processus en réaction aux types d'arguments qui sont présentés. On ne sait pas nécessairement combien de temps il faudra pour clore une discussion, surtout pour quelque chose d'aussi complexe qu'un projet de loi, avant que le processus ne soit bel et bien terminé.
C'est un point auquel les membres doivent réfléchir selon moi en ce qui a trait à la programmation. Encore une fois, il ne s'agit pas seulement d’une lutte entre le gouvernement et l'opposition; il s'agit de savoir si l'institution a la latitude requise pour faire le genre de travail auquel les Canadiens s'attendent, à savoir mener des examens détaillés des divers projets de loi.
C'était l’argument sous-jacent que je voulais soulever à ce moment-ci au sujet de la programmation, mais pour répondre plus précisément aux arguments de M. Simms, j’estime toujours que nous devons être prudents quand nous comparons le système britannique et le système canadien. Nos pays, nos sociétés et nos institutions politiques sont, à première vue, très semblables. Il existe toutefois des différences très marquées au niveau de la culture politique qui éclairent la manière dont ces institutions fonctionnent dans la réalité, ainsi que la façon dont les personnes qui travaillent au sein de ces institutions se comportent dans la réalité.
Une chose m'a frappé quand j'étais étudiant à la maîtrise au Royaume-Uni, juste après la création de la coalition de David Cameron et Nick Clegg. Ici, nous avions des gouvernements minoritaires, mais ils ne cherchaient pas spontanément à former des coalitions. On s'attendait à ce qu'ils collaborent avec les partis d'opposition au cas par cas. De l'autre côté de l'Atlantique, on s'attendait plutôt à ce qu'un processus de coalition soit mis en branle. On peut penser que la culture politique britannique a été influencée par les débats et les configurations politiques de l'Europe continentale, où la représentation proportionnelle et les coalitions prédominent. En observant la situation des pays voisins, les Britanniques en sont venus à voir les coalitions comme une chose plutôt normale.
Le système britannique diffère du nôtre en ce que les députés y sont réputés indépendants de leur parti ou de leur chef. C'est représentatif de plusieurs autres aspects de leur système. Depuis longtemps, au Canada, les chefs des partis politiques sont élus par des mouvements de masse issus des membres. Après son élection, le chef doit nouer des liens avec le caucus parlementaire, lequel lui aurait possiblement préféré quelqu'un d'autre. À ce propos, je me retiendrai de citer en exemple ce qui se passe par ici en ce moment.
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Si elle croyait au principe de répondre aux questions, elle pourrait l'appliquer unilatéralement, et nous n'y verrions pas d'inconvénient dans ce cas particulier. Le problème est, encore une fois, que ce document de travail porte sur des questions qui, dans certains cas, ne peuvent même pas être réglées de façon satisfaisante par le Règlement. Mais ce sont assurément des questions qu'on s'attendrait à voir soulever par quelqu'un qui a à coeur les intérêts du gouvernement dans le contexte de cette discussion, dans le contexte de cette interaction.
Je pense que c'est ce qui ressort de notre expérience directe de deux « périodes de questions du premier ministre ». En réalité, le fait que cela se soit produit étaye clairement l'argument de l'opposition — à savoir que le premier ministre peut très bien faire cela sans changer le Règlement. Selon nos conventions, le Règlement n'impose pas qui répond ou ne répond pas aux questions en général. Il est clair que la principale préoccupation des députés de l'opposition est la qualité des réponses.
Si je pose une question, par exemple sur un enjeu politique de fond, et que le premier ministre me donne des non-réponses comme on en a entendu aujourd'hui, je dirais probablement que j'aime autant entendre le secrétaire parlementaire, à supposer qu'il connaisse le dossier et puisse répondre à la question. Le premier ministre devrait connaître ces dossiers et devrait être en mesure de répondre à ces questions.
Il y a eu une question d'ordre judiciaire, et je crois que cela avait à voir avec la loi de Wynn, mais je peux me tromper. On a posé une question d'ordre judiciaire au premier ministre dans une assemblée publique. Pour l'essentiel, il a dit qu'il ne savait pas quelle était la prise de position, mais qu'il faisait confiance au ministre de la Justice. Je vous le demande, à quoi sert d'avoir une période de questions avec le premier ministre, si le premier ministre répond ce genre de choses? Il ne l'a pas dit à la Chambre, mais il l'a dit dans une assemblée publique. Il a déclaré qu'il ne savait pas vraiment pourquoi il avait adopté cette prise de position, mais qu'il faisait confiance à son ministre à cet égard. C'est bien beau que le premier ministre fasse confiance à ses ministres, mais il devrait être en mesure de rendre compte raisonnablement des positions adoptées par son gouvernement, surtout si ces prises de position ont fait l'objet, on le suppose, d'une discussion au Cabinet. Et pourtant, il a écarté une question très importante en invoquant la confiance qu'il a dans son ministre.
Nous avons toutes les raisons d'être préoccupés par la qualité des réponses. Mon sentiment jusqu'ici, et je n'étais pas particulièrement impressionné par la qualité des réponses que nous avons reçues au début, est que la qualité des réponses données par le premier ministre au cours de la période de questions était, en fait, nettement inférieure. Cela tient en quelques notes d'allocution. Et, dans le cas de la question de l'éthique, par exemple, nous avons un refus flagrant de répondre.
Je ne suis pas assez naïf pour croire que ce sont des problèmes qui pourraient être réglés au moyen du Règlement. Le Règlement ne peut pas entièrement imposer le degré de profondeur des réponses que nous aimerions obtenir des ministres. En fin de compte, il appartient aux Canadiens d'examiner et d'évaluer la qualité des réponses fournies par le gouvernement et d'en tenir compte lorsqu'ils décideront pour qui ils veulent voter à la prochaine élection.
Si on parle de modifier le Règlement, le genre de modifications, l'orientation des modifications dont il est question sont consternantes. Cela me ramène à l'argument que j'étais en train d'avancer lorsque M. MacGregor a sauté dans l'arène, c'est-à-dire à la question de la modernisation. Que signifie le mot « modernisation »? Si cela signifie qu'on aura moins de réponses, je suis contre. Si cela signifie qu'on accordera plus de pouvoir au gouvernement et que l'opposition aura moins le pouvoir, ou n'aura aucun pouvoir, de lui demander des comptes, je suis contre. Si la modernisation signifie que l'opposition n'a pas la possibilité de participer aux décisions concernant la modification du Règlement, je suis contre la modernisation.
Par contre, je suis pour la modernisation, si cela signifie que l'on adopte cette modification et que l'on entame une conversation constructive, une conversation fondée sur des règles fondamentales convenues, une conversation entre députés qui puisse donner lieu à un résultat que tout le monde entérine et qui oriente le Règlement dans une direction sur laquelle nous sommes tous d'accord. Je suppose que je suis en train d'employer un certain langage progressiste et tourné vers l'avenir, mais je le fais dans l'espoir qu'on améliorera le Règlement.
C'est le genre de modernisation à laquelle je suis favorable, une modernisation qui donne du pouvoir aux députés, une modernisation qui nous donne à tous plus de latitude pour proposer des projets de loi d'initiative parlementaire et pour en débattre et passer au vote. Actuellement, assez peu de députés, même s'ils sont là depuis quatre ans, ont effectivement la possibilité d'obtenir un vote sur un projet de loi d'initiative parlementaire. Si on parle de changements permettant que plus de députés puissent faire cela, c'est le genre de modernisation à laquelle je suis favorable. Mais je ne crois pas que qui que ce soit ici, quelle que soit leur position sur ces questions, puisse dire, simplement à partir du mot lui-même, s'il est pour ou contre la modernisation.
Tandis que nous essayons ici de parvenir à des conclusions constructives, nous devrions légitimement nous méfier du genre de vocabulaire employé s'il ne signifie rien en réalité. Nous devrions employer des termes clairement définis et qui veulent dire quelque chose dans le cadre de notre discours. C'est une chose plutôt fondamentale à exiger quand nous entendons les propositions de la leader du gouvernement à la Chambre.
Il y a une autre chose dont on n'a pas discuté, je crois, jusqu'ici dans ce comité: c'est la relation entre les changements apportés au Règlement de la Chambre des communes et la façon dont ils seront effectués, d'une part, et le Sénat d'autre part, compte tenu du pouvoir et de l'influence relatifs de la Chambre des communes et du Sénat. Il est intéressant de constater qu'on nous propose actuellement des changements très profonds au fonctionnement de la Chambre des communes et au fonctionnement du Sénat, dans les deux cas au nom de la modernisation. Ce qui me frappe, cependant, c'est la façon dont ces changements vont en fait dans des directions opposées.
Je ne sais pas si quelqu'un a creusé la question et l'a analysée, mais c'est quelque chose qui m'a immédiatement frappé puisque, en tant que député, j'ai participé activement aux débats relatifs au projet de loi , c'est-à-dire du projet de loi du gouvernement sur l'euthanasie. Dès le départ, ce processus a engagé la Chambre des communes et le Sénat. Et, compte tenu désir du gouvernement de régler rapidement les choses, le travail effectué avec le Sénat a été très important. Un comité mixte de la Chambre des communes et du Sénat a fait une première étude sur la question de l'euthanasie et en a rendu compte à la Chambre dans un rapport. Il s'agissait d'un rapport dissident. Après quoi, le projet de loi a été proposé.
Le projet de loi a été proposé à la Chambre des communes et y a été débattu. Finalement, le gouvernement a invoqué l'attribution de temps. Puis, il y a eu un vote sur l'attribution de temps, c'est-à-dire un vote sur la motion. Le projet de loi a été confié à un comité, qui a proposé toute une série de modifications. J'en ai proposé 13, dont 3 ont été adoptées, et le reste a été rejeté. Les changements acceptés étaient assez mineurs et n'ont pas amélioré le projet de loi, loin de là selon moi.
J'ai pu proposer quatre modifications à l'étape du rapport à la Chambre, mais elles ont toutes été refusées. En soi, c'est une chose assez rare. Le Règlement ne prévoit de modifications à l'étape du rapport que dans de très rares cas, mais, compte tenu de l'importance exceptionnelle de cette question, son caractère très délicat et les divergences d'opinions, j'ai plaidé ma cause devant le président. D'autres députés sont également intervenus dans le même sens, et le président a décidé que, oui, on pouvait faire des modifications à l'étape du rapport.
Il y a eu des modifications à l'étape du rapport. Un vote a été prévu, et j'ai passé ma nuit à envoyer des courriels aux autres députés pour les encourager à voter en faveur de mes modifications. Quelques députés du gouvernement ont voté en faveur de mes modifications, mais il y en a eu tout au plus cinq ou six. Toutes les modifications proposées par l'opposition à la Chambre ont été rejetées.
Les modifications ont été adoptées. Le projet de loi a ensuite été adopté en troisième lecture, et c'est là l'élément de contraste important. Le projet de loi C-14 a ensuite été envoyé au Sénat, où des modifications substantielles ont été proposées et adoptées, dont une très semblable à l'une de celles que j'avais proposées à l'étape du rapport à la Chambre des communes et qui avait été rejetée. Cette modification avait trait à la nécessité de donner de l'information sur les soins palliatifs aux personnes demandant l'aide à mourir.
Le projet de loi a été adopté à la Chambre. Il comportait plusieurs amendements, dont l'un considérable, qui aurait assoupli les critères d'admissibilité de façon draconienne. Bien que ces critères d'admissibilité me semblaient ambigus de toute manière, et qu'il n'était pas clair que l'assouplissement préconisé était très différent de ce que préconisait le Sénat ou de ce qui se trouvait dans la version originale, il n'en demeure pas moins que, du point de vue de la perception, et du point de vue linguistique à tout le moins, cela amenait un assouplissement important de ce processus. Puis, tout cela est retourné à la Chambre, où on a voté une motion pour appuyer certains amendements du Sénat, mais pas d'autres.
Ce qui était remarquable à ce moment-là était que le gouvernement ne souhaitait pas apporter certains des amendements du Sénat, particulièrement celui qui assouplissait les critères de façon draconienne, mais il a accepté d'appuyer certains des amendements du Sénat incluant, tout particulièrement, celui que j'avais proposé. Ce n'était pas le même, mais il était semblable à celui que j'avais proposé et qui avait été rejeté à l'étape du rapport. Le gouvernement savait qu'il voulait que ce projet de loi soit adopté par le Sénat et stratégiquement, il ne pouvait pas rejeter tous les amendements du Sénat. Il voulait en rejeter certains, mais pas tous.
Alors, tout cela est revenu à la Chambre. Le gouvernement a proposé cette motion pour appuyer certains des amendements du Sénat, mais pas d'autres, et renvoyer par la suite le projet de loi quelque peu amendé au Sénat. Tout cela s'est passé dans la même journée. Je pense que c'était un jeudi, juste avant la fin de la session en juin. Cette motion a été adoptée.
À l'époque, si ma mémoire est bonne, tous les membres du gouvernement, avec la possible exception d'un petit groupe de personnes, ont voté pour cette motion du gouvernement qui appuyait certains amendements du Sénat, même si ces mêmes députés avaient voté contre l'un de ces amendements quand il venait de moi, à l'étape du rapport. Puis, la version révisée du projet de loi a été retournée au Sénat, où il a été proposé qu'on l'amende à nouveau. Cette proposition a été rejetée, puis le projet de loi a été adopté tel qu'il avait été reçu de la Chambre. Le projet de loi C-14 a été adopté et a été envoyé pour recevoir la sanction royale, puis il est devenu loi. C'est de cette façon que ça s'est passé.
Ce qui est intéressant dans ce processus est le fait qu'en tant que député élu du Parlement, j'ai eu en réalité beaucoup moins d'influence dans ce processus législatif qu'un sénateur, qui a proposé le même amendement. Il me semble évident que les députés du côté gouvernemental votent solidairement à la Chambre, puisqu'ils ont rejeté l'amendement d'un député de l'opposition, amendement qui a ensuite été accepté au Sénat, que les membres du gouvernement, de façon générale, votent solidairement à la Chambre. On semble s'efforcer d'aller plus loin encore qu'au moment du débat autour du projet de loi — et c'est écrit dans ce document de travail — de renforcer la centralisation de la structure à la Chambre des communes, dans le but de faciliter la tâche au gouvernement quand il s'agit de faire adopter des lois sans avoir à les soumettre à de longues interventions en comité. Cela permettra au gouvernement d'effectuer la programmation des travaux, et ainsi de suite.
Dans le contexte de la Chambre des communes, le gouvernement fait quantité de choses qui ont un effet centralisateur. Parallèlement, la discussion dans le contexte sénatorial est totalement différente. Le gouvernement n'a même pas de leader du gouvernement au Sénat. Il a un représentant du gouvernement qui, dans les faits, remplit à peu près les mêmes fonctions. Je ne suis pas un expert du Sénat, mais il est évident qu'au Sénat, on cherche à encourager des sénateurs individuels à agir de façon plus indépendante, de façon non partisane, de façon à pouvoir se distancier des orientations de leur parti. Il y a beaucoup de groupes différents au Sénat. Nous avons encore un caucus conservateur au Sénat, mais il y a aussi les libéraux du Sénat, qui sont censés être indépendants — ça dépend des jours — et des groupes non affiliés d'indépendants. Puis, il y a des gens qui sont indépendants du Sénat, des sénateurs libéraux indépendants et le caucus indépendant des non-affiliés.
Tout cela est évidemment déconcertant, mais c'est le genre de contexte dans lequel des membres individuels, dans une Chambre de 100 membres, peuvent exercer une grande influence dans les faits. Si un membre peut, à lui seul, persuader ses collègues d'appuyer quelque chose, alors cela peut passer au Sénat. Et cela met beaucoup de pression sur le gouvernement pour qu'il adopte tous ces changements ou certains d'entre eux, comme c'est arrivé avec le projet de loi . Mais si un député à la Chambre des communes propose une idée, un amendement à une loi, il est fort probable, de la façon dont les choses fonctionnent, que les députés voteront selon la ligne de parti et que la proposition sera rejetée.
Nous devrions nous préoccuper du rôle des membres individuels du Parlement, mais je crois que nous devrions être particulièrement préoccupés si, du fait de ces deux forces opposées que sont la réforme et la modernisation — soit donner plus de pouvoir aux personnes à l'intérieur du Sénat, ou renforcer l'efficacité au centre, à la Chambre des communes —, nous augmentons en fait la disparité de pouvoir et d'influence sur le processus législatif entre les membres du Sénat et les membres de la Chambre.
Je pense que le Sénat est important. Le Sénat a un rôle important à jouer. J'ai été sidéré en tant que nouveau député, engagé dès le départ dans le débat sur le projet de loi de me rendre compte que des sénateurs nommés — des gens installés par un premier ministre, qui n'ont pas eu à gagner des élections et, dans bien des cas, n'ont jamais cherché à se faire élire — avaient dans les faits plus d'influence sur l'adoption des projets de loi. Ça s'est avéré dans le cas des amendements du projet de loi C-14. Les membres du Sénat avaient plus d'influence que ceux de la Chambre des communes.
En regard des changements apportés au Règlement, de la façon dont ces changements sont effectués et des personnes qui ont participé à les opérer, nous devons porter une attention particulière à la nature des changements effectués au Sénat, si nous souhaitons créer un contexte dans lequel la Chambre des communes demeure la Chambre la plus importante. En principe, nous acceptons tous l'idée que la Chambre des communes — la Chambre élue, pas seulement la Chambre dans son ensemble par rapport au Sénat, mais les membres individuels de la Chambre — devrait avoir plus d'influence que les membres individuels du Sénat.
Certains députés ont préconisé l'abolition du Sénat, c'est connu; d'autres sont plutôt en faveur d'un Sénat élu. Ce sont là des débats plus vastes qui requièrent des changements à la Constitution. Les changements que nous apportons au Règlement ont une incidence sur l'influence relative de la Chambre et du Sénat, et nous devons en être conscients dans la discussion que nous avons en ce moment.
D'après la description que nous fait M. Graham de cette proposition, la Chambre des communes ressemblerait encore plus à un studio de télévision. L'idée est d'avoir des points rouges qui nous permettraient de regarder telle ou telle caméra. Évidemment, cette façon de faire n'est pas conforme à la tradition ou à la convention. Nous regardons normalement les autres membres et nous les amenons à participer à la conversation ou nous regardons la personne à qui nous nous adressons.
L'introduction des caméras visait à montrer au public ce qui se passait en chambre, mais on n'a peut-être pas prévu que la présence des caméras modifierait le déroulement des débats. Avant la présence des caméras, nous avions une assemblée délibérante ouverte au public. Les comptes rendus étaient publiés, évidemment. Les journalistes étaient présents aux séances et ils rendaient compte des débats. Le grand public était également présent. En revanche, avec l'introduction des caméras, les députés cherchent toujours à être au devant de la scène et une grande importance est accordée à l'image, à la présentation et à la forme au détriment de la substance.
Voilà un bon exemple de changements qui nous semblent tout simplement faire partie du monde moderne, alors qu'en réalité, ils ont un effet de distorsion sur le fonctionnement de l'institution. J'aimerais au passage citer qui disait que « l'effet de distorsion » découle de ces changements.
La proposition de M. Graham est intéressante, mais je crains que cette nouvelle initiative ne modifie encore plus le fonctionnement de la Chambre des communes qui ressemblerait davantage à un studio de télévision qu'à une assemblée délibérante. Je ne pense pas qu'il soit réaliste ou souhaitable de revenir en arrière et de retirer les caméras, mais il faut être conscient que les changements n'ont pas toujours l'effet recherché. Cela montre qu'il faut une plus grande participation des députés de tous les partis à la discussion. Il peut s'agir d'interventions qui ne relèvent aucunement de la partisanerie ou dont la nature n'a rien de stratégique. Elles peuvent provenir de députés de l'opposition ou de députés plus expérimentés, mais peut-être pas, après tout. Elles peuvent porter sur des questions qu'ils connaissent peut-être ou qui ne reflètent pas nécessairement les préoccupations des députés ministériels.
L'un des problèmes que posent les prises de décisions unilatérales, surtout lorsqu'un nouveau gouvernement composé de nouveaux députés est au pouvoir, est que ce dernier ne peut puiser à même l'expérience des vétérans qui sont plus nombreux au sein des autres partis. Je pense qu'actuellement le député qui a le plus d'ancienneté en cette enceinte est un membre du Bloc, un parti non reconnu. Nous aurons éventuellement plus de vétérans au sein des partis d'opposition que sur les banquettes ministérielles. Si un parti qui a été au pouvoir se retrouve dans l'opposition, il peut avoir quelques nouveaux députés, mais les députés réélus sont généralement nombreux. En revanche, lorsque le caucus d'un parti augmente substantiellement, comme c'est le cas avec l'actuel gouvernement — du troisième rang il est passé au gouvernement — une grande majorité de députés du côté du gouvernement, la grande majorité des ministres, je pense, et la leader du gouvernement certainement sont de nouveaux députés.
La participation de l'opposition est importante — l'exemple des caméras et de leurs conséquences l'illustre bien — notamment parce que l'opposition permet de puiser à même l'expérience et la connaissance institutionnelle présentes en cette Chambre. Si la leader du gouvernement était autorisée à apporter ces changements unilatéralement, c'est au gouvernement, mais avec les compétences de son équipe, que reviendrait la responsabilité d'ajouter des députés au comité ou de les retirer. Ce processus, ainsi que le démontre ce document de travail, serait fortement orienté par la leader du gouvernement. En fait, cette personne exerce la fonction de députée depuis moins de deux ans et elle veut dicter les modalités de cette soi-disant modernisation du Règlement afin d'y apporter des changements fondamentaux, voire révolutionnaires. Il est étonnant que nous puissions envisager des changements d'une telle ampleur sans devoir recourir à l'expérience de tous les partis de la Chambre.
Je ne veux pas dire par là que les nouveaux députés ne peuvent présenter d'arguments valides à propos du Règlement. Manifestement, je suis moi-même un nouveau député. Je suis devenu député en même temps que la leader parlementaire. Les nouveaux députés peuvent avoir une vision différente des choses et souhaiter mettre de l'avant des changements qui ne semblent pas si nécessaires à ceux qui siègent ici depuis très longtemps.
Nous devons chercher un meilleur équilibre en tenant compte à la fois de l'opinion des nouveaux députés et de celle des députés qui siègent ici depuis plus longtemps. L'expérience et les connaissances contextuelles de ces derniers nous renseignent sur l'approche à privilégier, et cet amendement nous permettra d'atteindre cet équilibre. Il vise à établir l'équilibre entre le gouvernement et l'opposition, mais je pense qu'il traite également des différentes façons d'équilibrer l'actuel processus de délibération. Il vise à établir un juste équilibre entre le gouvernement et l'opposition, entre les partis majoritaires et les partis minoritaires, entre les partis reconnus et les partis non reconnus, entre les personnes sur les banquettes ministérielles et celles qui n'y sont pas, aussi bien au gouvernement que dans toute la Chambre. Cet amendement rétablirait l'équilibre entre les nouveaux membres et les membres expérimentés qui ont vécu toutes sortes d'expériences.
Bien sûr, certains députés examinent le Règlement à partir de l'expérience qu'ils en ont tirée en tant qu'anciens membres du personnel politique. J'ai déjà été un employé politique et le fait d'avoir moi-même navigué dans ces eaux m'a amené à envisager le Règlement sous un nouvel angle. J'ai personnellement travaillé sur certains aspects du Règlement, notamment sur la préparation de la période des questions et sur les comités parlementaires.
Évidemment, certains mécanismes qui sont bien connus du personnel de la Chambre ne font pas vraiment partie de la réalité des députés. Le fait est que nous faisons souvent appel à notre personnel lorsqu'il nous faut poser des questions spécifiques ou lorsque des motions particulières doivent être présentées dans ce contexte.
Cet amendement concerne la multitude d'opinions dont il faut prendre acte et les nombreuses expériences de tout un chacun qui doivent être mises à contribution. Certains députés sont d'anciens membres du personnel politique. D'autres portent sur cette enceinte un regard relativement neuf. D'autres encore considèrent le Règlement comme autant de procédures opérationnelles qu'ils ont pu observer dans le secteur privé, notamment en ce qui touche le temps alloué, les séances, la répartition du travail, la manière dont la Chambre structure ses travaux par rapport au secteur privé, etc.
Nous avons des députés — M. Christopherson notamment — qui viennent d'autres assemblées législatives et qui ont une expérience au niveau provincial. Dans certains cas nous avons des gens qui ont travaillé à l'échelle municipale. Leur vision du Règlement est également différente. Elle s'appuie sur l'expérience acquise dans d'autres assemblées législatives. Ces différentes perspectives et ces expériences variées définissent la manière dont les députés appréhendent les questions qui leur sont soumises. Il est important que nous écoutions ces voix et qu'elles aient droit au chapitre.
Je ne sais si des députés ont déjà été sénateurs, mais je sais que des sénateurs ont déjà été députés. Je sais que des sénateurs ont quitté le Sénat pour se présenter comme députés, mais je ne sais pas si des gens ont fait le cheminement inverse. Quoi qu'il en soit, c'est un autre type d'expérience dans laquelle nous pouvons puiser lorsque toutes les voix sont appelées à se prononcer.
Dans le cadre de cet amendement, le Comité pourrait non seulement s'assurer que toutes ces voix sont officiellement entendues, mais également que les personnes capables de s'exprimer le fassent, puis que les députés en discutent et fassent entendre ces voix concrètement. Si nous parvenons à représenter et à faire participer les députés des différents partis à la discussion, nous obtiendrons nécessairement un meilleur résultat grâce à la diversité des voix qui auront été mises en évidence.
Le document de discussion aborde une question que j'ai déjà mentionnée dans un autre contexte, avant que le gouvernement n'introduise le projet de loi sur l'exécution du budget: c'est au sujet du projet de loi omnibus. J'ai de la difficulté à comprendre la position du gouvernement à l'égard de ce projet de loi. Hier, pendant la période de questions, le a tenté de faire la distinction entre un bon et un mauvais projet de loi omnibus. À ses yeux, les bons projets de loi omnibus sont proposés par un gouvernement libéral et les mauvais sont proposés par un gouvernement conservateur, semble-t-il. Nous pouvons comprendre son point de vue, évidemment. Nous avons tous une préférence pour les lois qui sont proposées par les députés de notre côté, mais la question touchant le « caractère omnibus » d'un projet de loi ne dépend pas du parti qui le présente. Selon moi, certaines discussions du document de travail sont enfermées dans une logique binaire... Ou c'est un projet de loi omnibus ou ce n'en est pas un.
En réalité, de nombreux projets de loi présentés en chambre traitent de différentes dispositions qui ne doivent pas nécessairement être incluses dans les projets de loi, mais qui ont un certain fil conducteur. Ces projets de loi finiront peut-être par devenir des projets de loi omnibus, mais pour le moment ils ne répondent pas à tous les critères.
L'un des projets de loi que nous avons étudiés portait sur la réponse à la crise des opioïdes au Canada. Nous n'étions pas d'accord avec le NPD sur cette question. Nous considérions au caucus conservateur que certaines dispositions du projet de loi n'auraient pas dû en faire partie. Nous étions tout à fait d'accord avec de nombreuses dispositions, notamment en ce qui touche l'application plus rigoureuse de la réglementation sur les presses à comprimés. Nous pensions non seulement que c'était une bonne mesure, mais qu'il fallait en accélérer l'entrée en vigueur. En revanche, le projet de loi comprenait des dispositions sur lesquelles nous n'étions pas d'accord, notamment en ce qui concerne le processus de consultation communautaire et la mise en place de centres d'injection supervisée que le gouvernement aime désigner comme étant des centres de consommation supervisée, une appellation un peu trompeuse à notre avis.
De toute façon, outre ces aspects positifs sur lesquels nous étions tous d'accord, la mesure législative abordait la proposition du gouvernement visant à éliminer la plupart des exigences relatives à la participation des communautés avant la construction d'un centre de consommation supervisée. Nous avons étudié le projet de loi et nous nous sommes dit qu'il fallait non seulement soutenir certains aspects, mais qu'il fallait en accélérer le processus d'adoption en chambre. En revanche, nous étions totalement opposés à certains autres aspects du projet de loi.
Dans son document de travail, la leader du gouvernement fait remarquer qu'un projet de loi omnibus permet aux députés de voter pour une partie seulement d'un projet de loi. Il en est ainsi de la majorité des mesures législatives présentées à la Chambre. Il y aura toujours quelqu'un quelque part qui ne sera pas d'accord avec une partie ou une autre du projet de loi. À moins qu'une mesure législative ne comporte qu'une seule disposition ou qu'elle n'apporte qu'un changement particulier à un article — ce qui est plutôt irréaliste et rendrait la Chambre totalement inefficace —, chaque fois que des changements politiques sont apportés à une mesure législative on se retrouve avec des députés favorables à ces changements et d'autres qui ne le sont pas.
Hier j'ai parlé du débat entourant le projet de loi , une mesure législative du gouvernement sur l'euthanasie. Cette mesure comprenait de nombreuses dispositions et deux questions très distinctes devaient être abordées. Malheureusement, ces deux questions ont souvent été confondues dans les discussions publiques. Il y avait la question du critère d'admissibilité à l'euthanasie et la question des garanties, à savoir quelles étaient les exigences administratives à observer pour qu'une personne puisse demander l'euthanasie. Le fait est qu'il s'agissait de deux questions distinctes. Il était possible d'envisager des critères d'admissibilité plus ouverts et moins de garanties, mais il était également possible d'envisager des critères d'admissibilité plus ouverts, plus libéraux, tout en instaurant plus de garanties. Nous étions confrontés à toutes ces questions philosophiques et à ces différentes dispositions dans une même mesure législative.
Bien sûr, officiellement, personne n'aurait dit que le projet de loi était un projet de loi omnibus. Il définissait les conditions pour la légalisation de l'euthanasie et de l'aide au suicide. Nous pourrions donc accepter, relativement parlant, qu'il portait sur une seule question, mais c'était un pas vers une loi omnibus, du moins si l'on s'en tient à la définition du document de travail du gouvernement, selon laquelle une loi omnibus serait une loi qui contient des dispositions que certains députés peuvent apprécier moins que d'autres.
Ce qui s'est passé avec la loi sur la crise relative aux opioïdes — je ne me souviens pas de la référence exacte — c'est qu'on avait invoqué le Règlement afin d'obtenir le consentement unanime de scinder le projet de loi. C'est le caucus conservateur qui l'a proposé, je crois que c'était , notre porte-parole en matière de santé. Ainsi, il y aurait eu deux projets de loi distincts et celui contenant les dispositions qui faisaient l'unanimité aurait avancé d'un seul coup jusqu'à la fin de la troisième lecture. Il aurait bien sûr été renvoyé au Comité, mais les dispositions controversées auraient été séparées.
L'avantage de cette approche, c'est qu'elle aurait accéléré les démarches au lieu de les ralentir. Elle aurait permis l'adoption sans plus tarder des dispositions sur lesquelles nous étions tous d'accord. Ces dispositions auraient pu entrer en vigueur et commencer à avoir un effet positif pendant que le débat sur les dispositions controversées se poursuivait.
Cette façon de faire est particulièrement sage si l'on songe à l'interaction entre la Chambre et le Sénat. Si on a deux projets de loi distincts au Sénat et que le Sénat en modifie un mais pas l'autre, le seul qui doit revenir à la Chambre est celui qui a été modifié. L'autre obtiendra directement la sanction royale. Or, si toutes les dispositions figurent dans le même projet de loi, celui-ci devra intégralement revenir à la Chambre à nouveau.
Dans les cas où l'opposition est prête à accélérer certaines dispositions... comme nous l'avons vu pour ce projet de loi, malgré le grand intérêt public qu'il y avait à ce que le gouvernement appuie le fractionnement, il ne l'a pas fait. Le consentement unanime a été refusé pour cette proposition.
Voilà qui témoigne des opinions réelles du gouvernement sur des projets de loi qui, sans être des lois omnibus à proprement parler, le sont à certains égards. Dans un cas raisonnable comme celui-ci, le gouvernement n'a pas voulu autoriser le fractionnement, même si c'était tout à fait pertinent et opportun, compte tenu de l'intérêt public. Il a refusé la demande de consentement unanime, ce qui résume l'approche qu'il a suivie pour les projets de loi omnibus jusqu'ici.
Je crois que nous avons déjà des exemples de lois omnibus à part entière que ce gouvernement a adoptés. Quant au degré de leur nature omnibus, vous aurez beaucoup de mal à trouver la moindre distinction de principe entre les lois omnibus du gouvernement précédent et de celui-ci.
Nous avons un projet de loi d'exécution du budget -— j'ai mes notes sous les yeux — qui modifie une vingtaine de lois et contient plus de 300 pages. Le défend cette loi avec des propos identiques à ceux que le gouvernement précédent a avancés, il me semble qu'à juste titre, à l'endroit des projets de loi d'exécution du budget. Quand il s'agit d'un ensemble de mesures liées au budget et à la mise en œuvre du plan financier du gouvernement, il y a un fil conducteur. Ce ne sont pas des éléments entièrement indépendants. Ils se rapportent au plan économique du gouvernement.
C'est légitime, mais encore, presque tout ce qui concerne la politique gouvernementale a un rapport avec l'économie. Les valeurs sociales entrent sans doute en jeu aussi, mais presque tout a un rapport avec l'économie. L'immigration a des répercussions sur l'économie. La politique sociale, la politique en matière de drogues, la justice pénale, tout dépend des dépenses publiques ou répercute sur celles-ci.
Il en est ainsi pour chaque domaine politique. Le gouvernement a déclaré lors de l'élection qu'il s'opposait aux projets de loi omnibus, et voilà qu'il redéfinit son opposition pour dire que les seuls projets de loi omnibus auxquels il s'oppose sont ceux dont les dispositions ne gardent absolument aucune relation plausible entre elles. C'est tout un départ, compte tenu de ce que nous disons à propos des projets de loi omnibus.
Nous devrions, de bonne foi, chercher des moyens de scinder les projets de loi lorsque nous le pouvons, surtout s'il existe une volonté de l'opposition d'accélérer certains aspects avec lesquels elle est d'accord, mais savoir ce qui constitue ou non un projet de loi omnibus ne sera jamais une science exacte —et je pense que le gouvernement s'en aperçoit maintenant, s'il ne l'a pas fait avant. C'est ce qui soulève des questions à l'égard de la proposition du document de travail voulant que le Président puisse scinder les projets de loi. Or, le Président étant quelqu'un de non partisan dans le cadre de ses fonctions à la Chambre, il faudra lui donner quelques critères. Sur quoi se fonderait-il pour décider de scinder oui ou non un projet de loi? Si, dans nos discussions ici, nous ne pouvons même pas arriver à faire la distinction entre un mauvais projet de loi omnibus et un autre qui serait acceptable, à toutes fins pratiques, nous plaçons le Président dans une position quasiment impossible.
Ce qui est clair en ce qui a trait aux lois omnibus, c'est que le gouvernement est en train de rompre sa promesse. Il avait déclaré qu'il allait se débarrasser des lois omnibus, mais voilà qu'il propose quelque chose de clairement semblable, pas pour les questions de fond, bien sûr, mais pour la forme, à ce que nous avons vu des gouvernements qui se sont succédés au cours de notre histoire récente.
Il importe de savoir comment nous devons gérer la question des budgets et des projets de loi d'exécution du budget, car ces lois porteront toujours sur une diversité de mesures. Il n'en saurait être autrement. Si nous voulons que le gouvernement présente un budget chaque année, comme il le devrait, beaucoup de domaines politiques y seront nécessairement abordés. Un budget ne peut pas porter sur certaines choses et pas sur d'autres. Il devra couvrir tout aspect qui s'inscrit dans les activités du gouvernement fédéral.
En ce qui concerne les lois omnibus et les questions de réforme, nous pouvons envisager d'autres types de réformes qui se prêteraient au genre d'examen minutieux des documents que le public et de nombreux députés souhaitent voir, sans être irréalistes à propos du budget. Il est intéressant de constater que le seul projet de loi majeur où le nombre de jours prévu pour le débat est prescrit par le Règlement est le budget lui-même. Les quatre ou cinq jours prévus s'écoulent et c'est la fin du débat budgétaire. Le budget est automatiquement mis en place.
Si vous songez à l'ampleur des mesures couvertes par un budget et au nombre de lois que le gouvernement va changer au cours d'une année, il est probable qu'avec le projecteur que nous avons ici... Désolé, j'ai perdu le fil de ma pensée.
Compte tenu du nombre de jours que nous avons et du parcours de ce gouvernement en ce qui a trait au Règlement, nous verrons sans doute davantage de lois modifiées dans le cadre de la loi omnibus d'exécution du budget qu'en vertu d'autres projets de loi ponctuels émanant du gouvernement. Malgré l'importance du processus, nous le limitons à un nombre relativement restreint de jours — je ne me souviens pas exactement s'il s'agit de quatre ou cinq jours — et nous discutons de modifications aux lois qui dépassent toutes celles qui peuvent se produire le reste de l'année.
Peut-être qu'un changement au Règlement que nous devrions envisager serait d'allouer plus de jours au débat sur le budget. La mesure répondrait à certaines préoccupations des députés qui tiennent à ce que les documents budgétaires relativement longs que nous voyons soient adéquatement examinés. Ce serait un changement possible.
Un autre changement à envisager et qui, selon moi, serait utile pour les députés de tous les partis à l'heure de devoir délibérer et se prononcer, serait de faire en sorte que tous les comités, ou au moins un plus grand nombre de comités, étudient le budget. Selon le processus actuel, le Comité des finances procède à des consultations prébudgétaires et examine le projet de loi d'exécution du budget. Aucune disposition ne prévoit que ce projet de loi soit renvoyé à plusieurs comités. Et si nous faisions en sorte que tous les comités de la Chambre, ou du moins la plupart des comités, s'occupent d'une partie de l'étude...
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Merci, monsieur le président.
Je pense que c'est une bonne précision sur les règles et les changements proposés par la leader du gouvernement à la Chambre, qui cherche à modifier le degré de participation du Président. Comme vous l'avez souligné, monsieur le président, cela viendrait changer foncièrement l'idée que nous nous faisons des fonctions du Président.
Jusqu'à présent, il n'a jamais appartenu au Président de contrôler des aspects liés au contenu, y compris au niveau des réponses aux questions et des questions d'exactitude. Il ne s'agit pas d'invoquer le Règlement si quelqu'un dit quelque chose qui n'est pas vrai; c'est simplement perçu comme un point de débat. Il en va de même pour les projets de loi omnibus. Nous ne nous attendons nullement à ce que le Président fasse une évaluation et affirme que telle ou telle question s'inscrit fondamentalement sous un autre thème. Il faudrait pour cela qu'il suive une voie qu'il n'a jamais empruntée jusqu'ici, à savoir juger le contenu. Cela dit, j'aimerais aborder d'autres thèmes.
Les aspects à examiner dans le contexte de cet amendement sont la façon dont le temps de ce comité est géré et le genre d'autres questions à lui soumettre. C'est évidemment un comité extrêmement important. C'est celui qui étudie tous les aspects procéduraux et mécaniques de ce qui se passe à la Chambre. La difficulté pour lui, tient à ce qu'il faut parfois discuter de problèmes différents qui se posent en même temps. Le comité doit s'organiser pour les conditions et l'échéancier de l'étude afin d'aborder ces divers problèmes de la manière la plus efficace qui soit. Voilà le genre de considérations auxquelles nous devons réfléchir dans le contexte de cette étude et de cet amendement.
Inutile de vous dire que nous discutons assez longuement des affaires du Comité en prévision d'une éventuelle étude. Cette longue discussion est importante, car c'est dans ce contexte que nous, l'opposition, tous les partis d'opposition, y compris ceux qui ne sont pas reconnus, estimons que nous nous battons pour l'intégrité fondamentale de notre système démocratique. Nous nous battons pour que l'on ne modifie pas unilatéralement les règles de base qui régissent le fonctionnement du Parlement et il est important que nous le fassions. Nous continuerons de le faire tant et aussi longtemps que le gouvernement ne changera pas de disposition à l'égard de ces questions.
En attendant, le Comité doit étudier d'autres questions urgentes. Je suppose que le débat se poursuit — bon, pas tout à fait; il est sur le point de reprendre à la Chambre — sur une question de privilège d'importance majeure. Des députés ont signalé qu'il est arrivé qu'on les empêche de voter et ce, à plusieurs reprises. Il est primordial que nous ayons ce droit, car nous sommes censés pouvoir accéder sans entrave à l'enceinte parlementaire. Or, certains d'entre nous n'ont pu y accéder librement et se sont vu refuser leur droit de vote en conséquence. C'est une importante question de privilège qui est en train d'être débattue à la Chambre en ce moment-même.
En ce moment, à la Chambre, nous débattons une question secondaire de privilège et un amendement, qui traitent à la fois de la question de privilège originale et de la légitimité du gouvernement à avoir mis fin au débat sur une question de privilège sans passer aux voix.
Ce sont des problèmes critiques car ils se rapportent aux droits fondamentaux des députés à être présents, à voter et à représenter leurs électeurs. Ce sont des droits qu'ils doivent avoir, mais il a suffi d'une erreur quelconque pour les en priver. C'est un problème qui peut se répéter et ce comité se doit de l'étudier.
La motion présentée à la Chambre à l'égard de cette étude demandait que le Comité s'y penche en priorité. Pourquoi est-ce important?
En tant que députés, nous faisons beaucoup de choses différentes. Nous prononçons des discours. Nous participons à des études. Nous consultons nos électeurs. Nous rédigeons des lettres. Mais la fonction principale d'un député, la chose la plus importante que nous pouvons faire contrairement à ceux qui ne sont pas députés, c'est voter à la Chambre des communes. C'est l'essentiel du travail.
Une question de privilège comme celle des députés qui se voient empêchés de voter à la Chambre des communes est fondamentalement le genre de problème dont le comité PROC devrait discuter en priorité, puisqu'il lui appartient d'évaluer ces questions et de se prononcer en conséquence.
Or, la résistance absolue du gouvernement à accepter l'amendement est venue saper l'efficacité du travail à la Chambre en raison du manque de coopération entre le gouvernement et l'opposition et partant, d'un manque de coopération généralisé. Cela fait partie du problème. Il y a aussi la question du travail essentiel que ce comité doit poursuivre, en particulier en ce qui a trait aux questions de privilège.
Un de nos membres a présenté une motion pour l'étude de la question du privilège au Comité. Les députés peuvent nous présenter des motions, mais la procédure voudrait que la question soit votée à la Chambre. Il appartient bien évidemment aux députés de voter pour ou contre des amendements. Ils suivront, espérons-le, la dictée de leur conscience, mais en définitive, ils ont le droit de voter comme ils l'entendent.
Si la motion est approuvée à la Chambre, modifiée ou non, elle sera oui ou non envoyée ici à PROC. Dans l'affirmative, une fois ici, elle sera débattue, étudiée, etc.
En l'absence de l'amendement et indépendamment de ce qui se passe à la Chambre, nous pourrions continuer à retarder indéfiniment le moment de discuter de cette question de privilège vitale. Si nous ne parvenons pas à un consensus qui nous permette d'avancer, nous laisserons passer l'occasion dont le Comité a besoin pour faire son travail à ce chapitre. Pour y parvenir, il faudra selon moi adopter l'amendement qui prévoit la participation de tous les partis et qui atteint l'objectif que certains députés ministériels ont dit vouloir dès le départ. Ils veulent un rapport approuvé à l'unanimité, mais, quelle qu'en soit la raison, ils ne sont tout simplement pas intéressés à adopter l'amendement. Eh bien, si vous voulez un climat de collaboration, si vous souhaitez que toutes les voix soient représentées dans ce débat, contentez-vous d'approuver l'amendement. Ce serait une bonne façon de vous occuper du Règlement en plus de permettre au Comité d'aborder ces questions de privilège vitales.
Un autre aspect qui doit être reconnu au sujet des modifications à apporter au Règlement — d'aucuns proposent un référendum public sur le Règlement —, c'est que leur échéancier n'est pas aussi fulgurant que d'autres. Nous pourrions bien accepter un cadre qui comprenne l'unanimité pour que l'étude ait lieu et convenir qu'elle pourrait avoir lieu à l'automne. En attendant, nous pourrions en profiter pour avancer sur ces questions de privilège qui occupent tellement la Chambre.
Je n'ai entendu personne dire que ces questions de privilège ne sont pas importantes. Curieusement, des députés ministériels ont reproché à l'opposition d'avoir donné une connotation politique à la question, comme s'ils avaient oublié où nous en sommes, mais ils ne nient pas pour autant l'importance cruciale d'en discuter. Celle-ci étant reconnue, je pense que nous devrions adopter cette motion en appuyant l'amendement d'une manière qui reflète cette reconnaissance, mais nous devrions également procéder aux autres études qui se font si nécessaires.
L'autre question que ce comité pourrait étudier est celle qui porte sur la Loi électorale du Canada. Certains collègues sont mieux versés que moi à ce sujet. Je crois comprendre que le Comité a accepté d'entreprendre une étude sur cette loi ce printemps et qu'il entend y contribuer de façon substantielle.
L'inaction à ce chapitre causerait divers problèmes dans la mesure où elle entraînerait des mesures prises unilatéralement. Il y a la question de l'action unilatérale du gouvernement à l'égard du Règlement. Ensuite, en l'absence d'une étude au Comité, qui est maintenant empêchée par cette insistance à adopter une approche unilatérale au Règlement, il y a les préoccupations relatives à la procédure du côté de la Loi électorale. Il est important que les députés participent à ce débat. On dirait qu'il n'y a tout simplement pas d'intérêt ou de volonté à conclure un accord qui nous permettrait d'avancer.
La leader du gouvernement à la Chambre parle souvent d'avoir des conversations, mais il est peut-être difficile de comprendre dans ce contexte ce qu'elle entend par « avoir une conversation ». Avoir une conversation devrait vouloir dire chercher une forme de consensus qui permette d'agir. En règle générale, une conversation est un moyen pour atteindre une fin, pas une fin en elle-même. Une conversation est un moyen d'obtenir quelque chose d'externe, un bienfait donné qui ne fait pas partie du processus d'échanger des propos. En l'occurrence, il s'agirait de modifications au Règlement qui, tout en reflétant la sagesse de toute la Chambre, pas seulement celle d'une ou de quelques personnes ou d'un parti, permettraient à ce comité de fonctionner de manière constructive pour passer ensuite à certaines questions critiques qui n'ont pas encore été abordées et qu'il s'agit absolument d'étudier pour savoir ce qu'il en sera du Règlement.
Ayant parlé d'autres aspects des travaux du Comité, je voudrais revenir au document de travail de la leader du gouvernement à la Chambre. J'ai eu une intervention il y a environ une semaine et demie, mais malheureusement, comme mon temps était limité, je n'ai pas pu parler de tous les aspects du document de travail. Je veux le faire maintenant. Ensuite, je veux parler de la réponse du Parti vert, son document de travail sur les changements à apporter au Règlement. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui y est dit. Je ne sais même pas si je suis tout à fait d'accord avec la plupart de son contenu, seulement avec certaines parties. En tout cas, je pense qu'il est assez provocateur.
Je crois que c'est M. Chan qui a félicité Mme May pour avoir présenté ce document de travail. Je me demande cependant si le gouvernement la féliciterait s'il l'avait lu en détail, car il est très critique de l'approche adoptée dans le document de travail du gouvernement. À bien des égards, il s'écarte beaucoup plus du gouvernement que nous qui sommes le parti officiel de l'opposition. Je ne sais pas si Mme May a eu l'occasion de parler de ce document au Comité, mais je crois que cela contribuerait au débat.
Si on considère le document de travail du gouvernement et celui du Parti vert comme deux exemples de propositions pour modifier le Règlement, on s'aperçoit comment « modernisation » peut avoir un sens radicalement différent. D'une part, cela peut signifier la soi-disant réforme d'améliorer le pouvoir exécutif pour accélérer l'adoption des lois. De l'autre, il s'agirait de diminuer le pouvoir central et de renforcer la capacité des députés de participer au processus.
Je dirais que ces approches ne s'excluent pas mutuellement. Certaines propositions pourraient renforcer la capacité des députés à la fois que l'efficacité du processus législatif. En menant une étude qui inclurait le cadre établi par l'amendement où l'unanimité et la participation de tous les partis sont une exigence, nous pourrions chercher des solutions pour atteindre réellement tous ces objectifs, augmentant l'efficacité sans déroger au rôle important des députés. Il est peut-être difficile de savoir exactement en quoi elles consisteraient.
Il faudrait connaître l'avis des experts sur les répercussions des divers changements. Le document de travail du gouvernement pourrait souligner des éléments qui, en fin de compte, atteignent l'objectif de renforcer le rôle des députés tout en réglant l'efficacité du processus législatif. Cependant, en l'absence d'une entente préalable sur la façon dont cela fonctionnerait, nous ne saurions avoir la certitude que le gouvernement tirera les bonnes conclusions des témoins que nous entendons.
Si nous passons à une étude sans amendement et le gouvernement entend des témoins dire que s'il fait x, y et z, il va augmenter son pouvoir, les députés ministériels pourraient trouver l'idée excellente et vouloir procéder de la sorte au lieu de tirer la bonne conclusion d'un tel témoignage. La bonne conclusion serait d'entendre toutes ces préoccupations et de rappeler que nous devons nous montrer prudents à l'heure de vouloir faire quelque chose qui augmente le pouvoir du gouvernement, à moins qu'il y ait des changements compensatoires de l'autre côté.
Il se peut que le facteur unanimité vous donne de quoi marchander à l'égard du Règlement. On pourrait consentir à appuyer certaines dispositions qui renforcent concrètement le pouvoir du gouvernement, à condition que d'autres renforcent concrètement le pouvoir de l'opposition. Les députés peuvent convenir que ces propositions sont plus ou moins équilibrées et qu'elles sont globalement bénéfiques pour l'ensemble de l'institution.
C'est le genre de discussion, le genre de cadre, qui serait possible si nous exigions clairement au départ que toutes les voix participent à la conversation. Mais cette exigence viendra à manquer si l'amendement n'est pas approuvé. C'est un peu de contexte pour mieux illustrer mes propos suivants.
Pour ceux qui suivent à la maison, j'en étais au thème 3 du document du travail, qui porte sur la gestion des comités. C'est intéressant dans la mesure où il est question des changements qui pourraient se produire au niveau de la structure des comités et de l'équilibre relatif entre les comités et le gouvernement et d'autres acteurs au sein de cette institution. Le document contient des propositions importantes et intéressantes, mais j'ai des préoccupations majeures, en particulier à l'égard de ce qui y est dit des comités. Je vois ces arguments comme un tour de passe-passe, car ils vont soudainement dans un sens différent de celui que l'on attend.
Avant d'aborder la gestion des comités, je devrais passer en revue la section sur les lois soi-disant omnibus, qui se trouve juste avant. C'est relativement court, et il y est question de ce que je disais tout à l'heure, surtout dans le contexte de ce projet de loi omnibus très important que le gouvernement a présenté.
J'y lis: « Le gouvernement s’est engagé à mettre fin au recours inapproprié à des lois omnibus ». Je ne pense pas que ce soit les termes utilisés dans le programme électoral des libéraux. Je crois qu'ils avaient dit qu'ils se débarrasseraient des lois omnibus. Mes collègues voudront bien me corriger si je me trompe, mais nous voyons des changements subtils dans un langage qui mène en quelque sorte à une promesse rompue. Pour commencer, ils allaient se débarrasser des lois omnibus. Ensuite, ils ne s'en débarrassent pas, se contentant de mettre fin au « recours inapproprié à des lois omnibus ». Lorsqu'ils s'expriment ainsi, on dirait que ce qu'ils ont à l'esprit c'est le recours des conservateurs aux lois omnibus. Je dirais quant à moi qu'il faut se montrer conservateur — et je le dis dans les deux sens du mot — à l'heure de recourir aux lois omnibus.
Quoi qu'il en soit, on lit ensuite: « Un projet de loi omnibus désigne tout projet de loi qui renferme des éléments distincts et sans rapport les uns avec les autres ». Selon cette définition n'importe quel projet de loi peut être qualifié de projet de loi omnibus puisque tous renferment « des éléments distincts et sans rapport les uns avec les autres ». Et si l'on s'arrête sur le sens de « sans rapport les uns avec les autres », il ne saurait plus être question de projet de loi omnibus lorsqu'un projet de loi renferme des éléments sans rapport les uns avec les autres, parce que l'on peut considérer que tous les projets de loi, toutes les thématiques que nous abordons ici ont un certain rapport entre elles. Y a-t-il un rapport entre l'immigration et la santé? Oui, bien sûr. Y a-t-il un rapport entre la justice criminelle et la finance? Oui bien sûr. Même les domaines politiques éloignés les uns des autres ont des rapports entre eux. On a là une définition qui ne définit rien.
Le texte poursuit dans la même veine en disant que « Les députés sont alors contraints de voter pour ou contre un projet de loi contenant des éléments qu’ils appuient et d’autres auxquels ils s’opposent. » C'est ce qui arrive tout le temps. En gros, la démarche habituelle veut que l'on se penche sur le principe du projet de loi en seconde lecture puis éventuellement qu'on le mette aux voix lors de la seconde lecture, même si certains éléments soulèvent des objections de fond, parce qu'on estime qu'elles pourraient être levées lors du passage en comité.
avait présenté un projet de loi à titre privé prévoyant des peines minimales obligatoires plus strictes pour les conducteurs en état d'ivresse de même que des contrôles obligatoires visant essentiellement à autoriser la police à demander à quiconque de se soumettre à un test d'alcoolémie étant donné qu'il n'est pas exigé d'établir une cause probable. Il s'agit de deux dispositions de nature tout à fait différente que l'on trouve aussi dans un projet de loi d'intérêt privé. J'étais tout à fait partisan de ce projet de loi et j'ai encouragé les députés à voter pour lui. Même si vous êtes contre les peines minimales obligatoires, mais que vous approuviez les contrôles obligatoires, il vous faudrait voter pour ce projet de loi de manière à pouvoir appuyer les contrôles obligatoires. Même si vous êtes pour les peines minimales obligatoires, il vous faudrait soutenir ce projet de loi pour manifester votre soutien aux peines minimales obligatoires. Cela semble rationnel en deuxième lecture, puisque vous allez soumettre ce projet de loi pour étude à un comité, à qui il appartiendra ensuite de le rédiger dans les termes qui conviennent et de décider quels éléments du projet de loi doivent être maintenus ou pas. C'est peut-être un projet de loi qui aurait pu être scindé, mais évidemment étant donné les limites imposées dans le cadre des affaires abordées à titre privé par les députés, on comprend que les députés dont les chances de faire avancer la législation à titre individuel sont déjà très restreintes, cherchent à aborder les différents éléments de la législation dans un format semblable.
Mon propre projet de loi présenté à titre privé, le projet de loi , que je viens tout juste d'avoir la chance de présenter dans son entièreté cette semaine, est un projet de loi qui avait été présenté en première lecture par Irwin Cotler, député libéral sous l'ancienne législature. Il avait reçu l'appui durant cette législature de M. , député d'Etobicoke-Centre. C'est un bon texte législatif non partisan.
Je ne qualifierais pas ce texte de projet de loi omnibus, encore qu'il renferme des éléments différents, mais qui ont tous trait au prélèvement d'organes sans consentement. Il y est question de Canadiens qui se proposent d'aller chercher un organe à l'étranger, et de la façon d'établir qu'il y a eu consentement pour l'organe en question à leur retour, mais il est également question du fait que les personnes qui se livrent à ce genre d'activité de prélèvement d'organes ne sont pas admissibles au Canada. Cela traite de santé puisque cela soulève la question de la structure de contrôle à mettre en place concernant la personne qui reçoit un organe. Cela traite d'une question relevant du droit pénal. Dans le fond, c'est un projet de loi concernant la justice puisque cela concerne les peines dont seraient passibles les auteurs de ces terribles violations des droits de l'homme associées au prélèvement d'organes.
C'est ça mon projet de loi, le projet de loi , et nous avons déjà, en rapport avec un thème semblable, des éléments clés de droit pénal, de santé et d'immigration. Il est bien possible que des députés disent que, eux, pour quelque motif que ce soit, ne sont pas d'accord avec les dispositions relatives à la non-admissibilité, mais qu'ils sont partisans d'exiger que les Canadiens obtiennent le consentement pour recevoir un organe. Je pense que les députés devraient soutenir mon projet de loi dans son entièreté parce que c'est vraiment un projet de loi excellent, mais il se peut que certains députés aiment certaines parties et pas certaines autres. Le simple fait qu'il traite de nombreux aspects différents de la même question n'en fait pas un projet de loi omnibus. Même la façon dont on décrit et explique les projets de loi omnibus dans ce document de travail est en complète contradiction avec la description que l'on en fait habituellement dans le débat public.
Avec cette définition, on peut dire de pratiquement n'importe quel projet de loi que c'est un projet de loi omnibus. Je veux dire que certains projets de loi, comme la loi Wynn n'ont en réalité changé qu'un seul mot dans le Code criminel. C'est un projet de loi si simple qu'on peut dire très clairement « oui, c'est un mot » et vous êtes soit pour soit contre. Il n'y a pas la difficulté, disons, d'être pour certaines de ses parties, mais contre certaines autres. Il s'agissait de savoir si certains éléments de preuve pouvaient être présentés relativement à une condamnation précédente de l'intéressé dans le contexte d'une audition de mise en liberté conditionnelle. La nouvelle disposition visait à en permettre la présentation. C'est là le genre de projet de loi qui, oui, de prime abord, serait classé au bas de l'échelle des projets de loi omnibus si l'on mettait au point un barème de « l'omnibusité ». Tous les autres projets de loi ou presque, y compris ceux d'initiative parlementaire abordent différents éléments.
Certains députés se prononcent contre des projets de loi, même s'ils sont plutôt petits ou simples, sur la base des attendus. Pour ma part, je vote sur la base des dispositions de fond, pas des attendus, mais nous avons entendu des députés nous dire « je ne peux pas appuyer ce projet de loi, non pas en raison de son contenu intrinsèque, mais en raison des affirmations énoncées dans les attendus », l'idée étant que lorsqu'on vote pour un projet de loi comportant certains attendus, on appuie les idées qui les inspirent. C'est la démarche de certains députés. Ce n'est pas la mienne, mais même pour de petits textes de loi très simples, si l'on doit voter pour ou contre sur la base des attendus, on se trouve immanquablement dans une situation où les députés sont contraints de voter pour ou contre un projet de loi comportant des éléments qu'ils pourraient appuyer ou rejeter.
Le document de travail poursuit sur la question du projet de loi omnibus: « Le seul recours des députés a été de chercher, au moment de l’étude en comité, à séparer les éléments des projets de loi omnibus, mais il est rare que leurs motions aboutissent à un vote ou fassent l’objet d’un consentement unanime. » C'est vrai. Il est rare que l'on segmente les projets de loi. La segmentation des projets de loi soulève des problèmes potentiels, de toute évidence, en termes d'efficacité et également pour ce qui est des affaires émanant des députés. Certains projets de loi, même s'ils traitent de dispositions de nature différente n'ont pas besoin d'être scindés. Je ne pense pas que mon projet de loi avait besoin d'être scindé en cinq ou six uniquement parce qu'il aborde de nombreux aspects différents de la question du prélèvement d'organes. Je pense qu'il constitue un tout par sa thématique. Il reste relativement bref. Il occupe deux pages, pas 300 pages comme le projet de loi d'exécution du budget, mais il aborde effectivement différents domaines politiques ainsi que l'interaction et le rapport entre ces différents domaines.
Il est proposé, en l'occurrence, que « Puisque le greffier de la Chambre a le pouvoir, en vertu de l’article 39(2) du Règlement, de séparer les questions écrites, on pourrait utiliser une approche analogue pour que le Président de la Chambre ait le pouvoir de séparer des éléments d’un projet de loi omnibus. » Je ne pense pas que cela ait été dit auparavant, mais c'est pousser un peu loin de dire que puisque l'on peut séparer les questions écrites, on peut scinder les projets de loi. Les projets de loi ne sont pas des questions écrites. Il existe des différences de fond. Naturellement, oui, les députés ne peuvent inscrire au Feuilleton qu'un nombre limité de questions de sorte que séparer les questions écrites a un certain effet sur le fond. Les implications de fond en matière d'orientation, l'importance des controverses potentielles entourant une décision du président de scinder un projet de loi sont d'une tout autre ampleur que celles découlant de la séparation des questions inscrite au Feuilleton. La différence entre les deux est tout à fait énorme. Je m'étonne qu'il n'en soit pas fait clairement état...